Le museau canin qui dépassait légèrement de la capuche se froissa. Les odeurs décuplées de saleté, les relents de maladie et de mort ne plaisaient pas à Lune qui continuait pourtant sa marche d'un pas ferme. Sous sa toge vieillie, le Chevalier évoluait incognito parmi la raclure dont Coruscant la brillante aimerait surement se débarrasser. Dealers, prostitués, gosses des rues pullulaient, alors, pourquoi Lune pistait-il précisément ce paumé ? Peut-être parce qu'il émanait de lui une légère connexion avec la Force, justement mêlée avec cette effluve d'urgence, proche de la fin. Si jeune ? C'était trop triste.

Alors Lune, discrètement l'avait suivi, jusqu'à ce que l'homme se pose dans un coin suffisamment tranquille pour que le Jedi l'aborde. Certains de ses collègues, extrémistes il fallait l'avouer, auraient profité de la faiblesse de l'inconnu pour lui proposer de grossir les rangs de l'Ordre bien dégarnis-entre la possibilité déjà pauvre de naître avec un taux de Midichloriens suffisant et l'écrémage au niveau des aspirants puis des Padawans eux-même, le Temple comptait peu de membres en proportion avec les citoyens qu'ils protégeaient.- Pour sa part, le Shistavanéen se méfiait des recrues reconnaissantes, celles qui "servaient" quelqu'un à cause d'une dette. Cela marchait jusqu'à ce que la personne songe avoir payé son dû, en plus de ne pas durer, cette loyauté était rarement sincère.

Du coup, le Chevalier n'avait dans l'optique que d'accomplir son devoir, à savoir soutenir un citoyen lambda en danger. Certes, ils étaient nombreux, mais celui-ci semblait encore un peu plus nécessiteux que ses frères en haillon.

Doucement, après s'être assuré que l'inconnu était naturellement acculé, le Jedi sortit de l'ombre. Il s'approcha avec une lenteur toute évaluée. C'était une situation des plus étranges, comme sortie d'un de ces films d'auteurs voulant casser avec les stéréotypes, la bête essayant d'apprivoiser l'humain, considéré comme l'image même de la civilisation. Sans mot dire, le Chevalier lui envoya une légère onde de Force chaleureuse, qui, loin d'être intrusive se contentait de frôler son esprit. Dans le même geste, il tendit un sandwich empaqueté dans une pochette transparente. Son propre repas sacrifié sans remords, jambon beurre, le classique indémodable.

Lune s'assit sur un carton à peu près propre, découvrant son visage. Il savait que son aspect lupin pouvait effrayer mais songeait que l'image de l'étranger encapuchonné serait encore pire, surtout qu'ici, ce n'était pas de bonne augure. Le regard évitant de croiser celui de l'effarouché, le jeune Jedi lui lança amicalement le Sandwich, libre à ce dernier de l'attraper au vol ou non. Puis, apparemment peu intéressé par l'effarouché, le Chevalier sortit son datapad sur lequel il commença à pianoter, comme s'il était tranquillement installé dans un bureau. Bien visible, il avait posé à ses côtés un deuxième sandwich au fromage, comme une invitation à "plus" si l'homme se décidait.

Depuis son arrivée sur Coruscant, l’état de santé de K’eh n’avait eu de cesse de se dégrader. Alors qu’il venait de Nar Shaddaa pourtant bien plus mal réputée en matière de gangs et de pauvreté. Le jeune homme avait de plus en plus de mal à manger. Les crises faisaient que la nourriture était de moins en moins gaspillée et les poubelles étaient souvent les territoires d’autres qui avaient l’avantage d’être mieux bâtis ou bien en groupe. K’eh était seul et faible. D’autant qu’il souffrait encore des séquelles de sa dernière rencontre avec les membres du gang dominant. Si la jeune femme n’était pas intervenue, il y serait passé. Les blessures et une jambe cassée faisaient que le jeune homme avait beaucoup plus de mal à se déplacer. Il était désormais forcé de se déplacer avec une canne de fortune en guise de béquille.

La dure vie du jeune homme sur Coruscant s’expliquait aussi par sa sensibilité à la Force. Sur Nar Shaddaa, les Jedis étaient quasiment absents et les gens étaient peu regardants sur les sensibles à la Force. Mais sur Coruscant, il y avait un temple Jedi, et vu qu’ils faisaient la police dans le coin, ils étaient vraiment peu appréciés. Les sensibles à la Force étaient persécutés, car pour les gangs c’était un moyen de se venger des Jedis.

Après une nuit infructueuse en terme de recherche de nourriture, K’eh avait décidé de se reposer, fatigué de se déplacer avec une béquille. Il finit par trouver un tas de cartons et s’y installa afin de pouvoir dormir. Le jeune homme remarqua qu’une autre personne avait aussi décidé de venir dans le même cul-de-sac miteux que lui. Il portait une tenue brune ressemblant à celle d’un quelconque habitant des ces quartiers miteux au vu de l’usure … ou bien d’un Jedi. K’eh espérait que ça soit la première option. L’individu s’approchait doucement du vagabond. Malheureusement pour le jeune homme, ce fut la seconde option qui semblait se préciser quand il eut une étrange sensation qui semblait venir de l’individu. Un sensible à la Force comme lui ?! Un Jedi ?! Mais l’onde de Force pour une fois paraissait chaleureuse, douce, rien à voir avec ce que K’eh avait l’habitude de ressentir à cause de la Force. En alerte, le jeune homme se dissimula sous sa cape en boule dans le coin sur son bout de carton.

Bien que se voilant le visage, K’eh avait fait en sorte de pouvoir garder un œil sur le nouveau venu. L’individu tendit un sandwich au jeune homme qui resta bouche bée. C’était bien l’une des premières fois qu’on lui donnait délibérément à manger. D’habitude, on préférait l’envoyer balader, même des poubelles alors que c’était des déchets dont plus personne ne voulait. K’eh gardait une certaine méfiance mais son estomac criait famine et ça faisait des jours qu’il ne s’était rien mis sous la dent.

Le nouveau venu alla s’installer sur un carton et retira sa capuche dévoilant une tête de loup, ce qui eut de quoi intimider K’eh, mais à côté de ce que le jeune homme avait déjà vu parmi les gangsters, ce loup paraissait sympathique. L’individu lança amicalement le sandwich qui tomba juste sous le nez de K’eh. L’odeur du sandwich ne put pas vraiment faire résister longtemps le jeune homme, au vu de ses sens exacerbés à cause de la Force. Le canidé avait de son côté sorti son pad et pianotait dessus. K’eh ne résista pas au premier sandwich et se jeta dessus dévoilant son visage et son corps meurtri. Le jeune homme avait la face barrée d’une cicatrice sous les yeux que ses mèches crasseuses peinaient à masquer. Son corps décoré de quelques tatouages était lardé de diverses blessures qui cicatrisaient et certaines d'entre-elles s'infectaient. Tout cela était clairement visible, vu que le jeune homme ne portait qu'un pagne en dessous de sa cape. Il déchira la pochette pour manger le contenu en prenant soin de ne pas laisser une seule miette. Il remarqua par la suite un second sandwich posé à côté du type. Mais K’eh hésitait vraiment à le prendre. Si ça se trouve, le loup l’avait gardé pour son propre repas. Et ce dernier avait été bien gentil de lui donner un premier sandwich.

Le jeune homme resta dans son coin mais inspectait l’individu K’eh avait désormais compris que ce n’était clairement pas un autre mendiant. Le type semblait être sensible à la Force. Puis surtout il avait un pad. Aucun mendiant n’aurait un tel engin entre ses mains. Si les infos de K’eh étaient bonnes, ce loup était un Jedi. Peut-être que ce type était venu pour le capturer pour l’enrôler de force dans l’Ordre Jedi. Le jeune homme devait poser le pour et le contre. K’eh ne voulait pas se battre, devoir obéir à des ordres et perdre son indépendance. De l’autre côté, il aurait peut-être des réponses à certaines de ses questions au sujet de la Force, ne serait sûrement persécuté et bénéficierait d’un lit, de sécurité et de la nourriture. Il n’avait pas vraiment le choix, il ne pouvait pas vraiment fuir le Jedi au vu de son état. Puis les Jedi c’était une catégorie largement au dessus des gangsters. C’était de redoutables combattants. Ils avaient beau ne pas avoir d’armure et de blasters, le peu que K’eh avait entendu sur le sujet montrait que ces types n’étaient clairement pas du menu fretin. De plus, de nombreuses interrogations minaient le jeune homme et un Jedi était probablement la personne la plus à même d’y répondre. Et au point où K’eh en était, il n’avait plus rien à perdre. Puis ceci permettrait de détourner son attention du sandwich qui le faisait saliver. Alors il se risqua d’aborder le type en tentant de ne pas croiser son regard et surtout en devant se retenir à cause de l’odeur du sandwich.

« Euh … j’ai ressenti … un truc … un truc bizarre quand t… vous êtes venus … Vous aussi … vous êtes comme … comme moi avec ces sensations bizarres … ?! »

L'humain était en mauvais état, peut-être pas autant que Lune lorsqu'il avait été sévèrement blessé par le traître, mais suffisamment pour mourir à petit feu. D'ici un certain temps, les choses pourraient se précipiter pour l'inconnu. La faiblesse générait l'incapacité de lutter, laquelle entraînait l'impossibilité de se mourir, juste avant la fin. Le jeune loup connaissait bien cette triste quoique nécessaire loi de la nature, il était juste plus dramatique encore lorsqu'elle s'appliquait au sein d'une des civilisations apparemment les plus avancées.

- Oui, je l'ai aussi senti. C'est la Force. Toi et moi y sommes sensibles.

Précisa le Shistavanéen en songeant que son interlocuteur parlait simplement de la Force. Quoiqu'il en soit, il n'y connaissait rien, alors autant éviter de le submerger, car les beaux discours sur les Ondes chaleureuses, l'Amour des Midichloriens ne nourriraient pas cet homme. D'ailleurs, Lune avait été surpris que ce dernier lui parle, et comble du raffinement, en le vouvoyant. Quelle était donc son histoire ? Un fils de commerçant tombé en disgrâce après la mort de ses parents ? Un riche ayant renoncé à une vie stable mais ennuyeuse ? Un mal-né comme lui, de base condamné à errer à 4 pattes ?

- L'autre est pour toi aussi.

Signifia le canidé en tendant le sandwich à l'homme, posant un regard calme sur ce dernier. Ses questions s'effacèrent pour laisser place à quelque chose de plus pragmatique. Aussitôt les yeux du prédateur se chargèrent de lui confirmer l'état de sa potentielle "proie" en détails. Faiblesse générale quoiqu'accentuée au niveau des appuis. La béquille ne devait pas beaucoup aider, ni pour la douleur, ni pour la praticité. Lune sentait aussi des relents de saleté et d'autre chose émaner de l'inconnu. L'alcool ? Il ne saurait le dire vraiment, car ici, tout s'imbibait de l'odeur préférée des hères ivres.

- Écoute, je sais que nous ne sommes pas très appréciés ici, mais je vais te le dire pour une seule et unique raison. Je suis Jedi, et l'un de mes devoirs est d'apporter mon aide à ceux qui en ont besoin. Je peux te ramener au Temple pour qu'on voit ta jambe, elle ne va pas guérir seule et je ne suis pas spécialisé en soin. Si les os se ressoudent mal tu risques de souffrir à vie. On te proposera aussi à manger et à boire, rien ne te forcera à rester.

Lune savait que beaucoup de sans-abri refusaient l'aide, craignant de devoir la payer ensuite, surtout que les Jedis aidaient plutôt au niveau de la justice, pas du logement des pauvres. Toutefois lorsqu'ils trouvaient une âme en peine, incapable d'être soulagée sur le moment, il était normal d'intervenir, surtout que le Shistavanéen avait trouvé l'inconnu après un retour de mission, il n'interrompait donc aucune mission.

- Si tu ne veux pas venir, tu auras au moins eu deux sandwichs à te mettre dans le ventre et je t'achèterai quelque chose d'autres pour les jours à venir, si tu me promets de ne pas gaspiller.

Lui donner de l'argent, pour qu'il le boive ? Hors de question, évidemment. Quoiqu'il en soit, le Chevalier avait un ton très calme, il rangea son datapad sans se précipiter. Pourquoi s'énerver ? Il avait de la peine pour le sans domicile fixe mais ne considérait pas avoir pour enjeu de le sauver à tout prix, surtout si ce dernier ne le souhaitait pas. Sa proposition souffrirait un refus avec une certaine dose de regrets mais sans plus. Lune détestait la pitié, et surtout il comprenait plus que d'autres, que certains veuillent rester dans leur misère, que ce soit comme son père conditionné ou sa génitrice, forcée pour X ou Y raison.

- Tu peux m'appeler Lune. Et toi, comment te nommes-tu ?

Fit-il naturellement, ayant tutoyé l'homme tout au long de ses propos, non pas par manque de respect, juste comme un aîné face à un plus jeune qu'il pouvait protéger alors qu'ils avaient sûrement le même âge à quelques années près. Cela dit, il instaurait un rang similaire en ne donnant pas son titre pour que son vis-à-vis se sente plus à l'aise.

- Et bien, K'eh...

Sérieusement ? Les oreilles de Lune se plaquèrent sur son crâne, tandis que les poils de sa crête dorsale se gonflaient. Le gros vilain chauve entouré de deux droïds montés avec des armes hétéroclites récupérées on-ne-sait-où ? Seraient-ils en plein holofilm de série B ? Est-ce que le gangster était aussi stupide que le voulait le stéréotype du second tape-dur ? En tout cas, son chef, s'il en était un, n'était pas présent. Probablement parce que K'eh, tel que le suggérait son aspect physique, n'était que du menu fretin.

Un bruit derrière le jeune Jedi le fit se retourner. Les données changeaient à une vitesse folle. Avant d'avoir pu achever sa phrase, en effet, il senti le danger une seconde avant qu'il n'arrive -et donc un bon nombre de secondes trop tard.- et maintenant, l'humain le plus chétif venait de s'évanouir. Le Shistavanée serra les crocs, choisissant de répondre sans agressivité apparente, un brin moqueur. Les délinquants de fonds de tiroir, il les connaissait bien. Sur Coruscant, ces derniers n'étaient que des enfants de choeur, lorsqu'à l'instar du père de Lune, et donc indirectement lui, on avait fricoté avec la pègre de Tatooine.

- Ah la blague des chiens, je m'y attendais.

Bien qu'il était inquiet pour le Sans Domicile Fixe qui venait de se recroqueviller, le Chevalier avait préféré ne pas faire attention à lui, y compris pour le rassurer, car si la brute s'en apercevait, elle pourrait en profiter et commencer le chantage en modifiant sa cible. Du reste, Lune n'aurait pas eu le temps de faire quoique ce soit pour K'eh, car les droïds et leur chef venaient de lui foncer dessus. D'un geste souple, apparemment indifférent pour le sort du mendiant, le Jedi sauta par-dessus eux. Lui qui avait mis une vieille toge pour ressembler à un sbire de plus des bas-fond n'y était pas parvenu Décidément, le chauve devait être bien informé, ou simplement très observateur. D'ailleurs, avait-il réellement tué un Jedi ?

- Tous ne se ressemblent pas.

Se contenta de dire le Shistavanéen sans chercher à défendre les siens. Pour quoi faire ? Dans la bouche de ce dégénéré, le mot "ramolli" n'était pas une insulte, juste symptomatique d'une grande ignorance. Quoique, pas tout à fait, comme l'avait stipulé implicitement le Chevalier, il y avait de tout, même dans l'Ordre. Lui avait ses défauts, les autres aussi. Maître Kôl était un vrai fainéant à ce propos.

Sans pour autant sortir son sabre-laser, histoire de laisser planer le doute sur sa vraie identité -Il avait après tout, simplement formulé une hypothèse concernant les Jedis.- Lune bondit par-dessus le trio. Il lança un aboiement bref qui fit sourire son ennemi. Toutefois, l'objectif était atteint. Invités à se retourner vivement, les capteurs de droïds s'étaient laissés guidé par le son potentiellement annonciateur de danger. Quant au chauve, grisé par le besoin de "s'amuser", voyant son expression concernant les "clébards" renforcé, il avait délaissé la proie facile cachée.

Le Shistavanéen esquissa un nouveau bond pour atterrir sur un muret, comme s'il allait fuir. D'un geste de la main, il fit glisser sa toge, tombant à 4 pattes. Cela fit encore d'avantage rire l'adversaire du Jedi, tout en demeurant attentif. En effet, il était moins idiot que ne le suggérait son physique. Toutefois, Lune profitait d'un autre avantage; la rareté de sa race. Bien que cela le pousse à se sentir seul à ses heures, il pouvait surprendre avec ses capacités inconnues. Les Shistavanéens pouvaient se déplacer aussi rapidement qu'un animal en prenant une démarche quadrupède.

- Pour en revenir aux toutous que tu affectionnes tant... Erreur dans ton cours de biologie. La branche des loups s'est séparée depuis longtemps de celle de leur cousin apprivoisé...

C'est donc bien à 4 pattes et pourvu d'attributs d'animal sauvage-quoiqu'il demeure suffisamment calme au vu de son statut de Jedi.- que le Chevalier sauta sur le gangster. Les deux droïds tirèrent une seconde après qu'il ait bondi. Pour des machines des rues, ils étaient bien réalisés. Peu importe, le canidé visait clairement le chauve, supposant que les robots étaient réglés pour cesser de tirer si leur maître pouvait être touché.

Le chauve et Lune tombèrent au sol, et le Jedi eut un geste surprenant, s'il avait d'abord fait mine d'envoyer un coup de poing dans l'épaule du gangster, il se ravisa pour lui mordre l'autre côté. Le jeune Jedi avait longtemps hésité à utiliser ses capacités naturelles, d'ailleurs il avait été bridé vis-à-vis de ça, mais aujourd'hui et dans certaines circonstances, le Shistavanéen s'estimait capable de se contrôler. L'homme hurla et un craquement se fit entendre. Lune se retira presque aussitôt, avant que le sang ne soit trop important, pour sauter en arrière, se suffisant de son agilité naturelle.

Il osa jeter un petit coup d'oeil à K'eh, lui lançant une onde Force légère et chaleureuse. Ensuite, il se mit en garde, l'air impassible. A la prochaine attaque, le jeune Chevalier n'hésiterait pas à lancer une vague pour projeter le chauve et sa clique contre le mur.

[HJ: Je te laisse décider si les trois gangsters attaquent. K'eh peut rester immobile ou également "attaquer". De la même manière tu peux décider si la vague de Force fonctionne, je n'ai pas trop fait avancer la chose car je ne voulais pas te jouer, ni être grosbill^^. Si quelque chose te gênes, je modifierai sans souci.]

- Et quelqu'un qui attaque les faibles, bien entouré de ses sbires, comment tu appelles ça ?

Cette fois, un brin de colère avait percé dans la voir du Jedi. Le museau froissé, il avait pu humer l'odeur de la chair brûlée, mêlée au sang presque cuit. Pour l'animal, c'était un plaisir incommensurable, pour le défenseur, une torture. N'ayant pas le choix, Lune sortit son sabre-laser. Sans même répondre à K'eh, il le repoussa derrière lui de son bras, reculant dans un coin. De là, il renvoya un nouveau tir de droíd, puis leva la pattes pour projeter son compère contre le chauve. Ce dernier, plus agile qu'on ne pourrait le croire se décala, laissant son robot s'écraser contre un mur.

Le chevalier bondit sur lui, la lame de son sabre tournée vers le sol pour achever le premier être d'acier, puis il retira son arme du corps grésillant, s'approchant fermement du mercenaire. Il devait agir vite car K'eh restait malheureusement à découvert et il ne permettrait pas qu'un nouveau coup le touche.

- Tu as encore une chance de fuir.

Même si le Chevalier savait qu'à ce stade, l'ennemi ne partirait pas, il devait lui laisser cette occasion. Evidemment, l'autre n'en profita pss et lui signa juste une menace de mort en passant sa main sur sa gorge puissante. Avant même qu'il ne s'approche, Lune tendit encore la patte pour lui lancer une onde de Force. Contre une brute pareille, le corps à corps serait risqué car s'il était agile, Lune manquait parfois de puissance, contrairement à son paternel qui était une masse solide comme un roc. L'individu se prit la vague mais continua d'avancer après avoir supporté le coup de vent. Il était puissant, aucun doute là-dessus.

Lune recula au maximum, au point que son dos touche ou presque en tout cas, la poitrine de son protégé. Il balaya l'espace de son sabre, visant les jambes de son adversaire, lequel réagit en sautant sur place. Cela dit c'était le geste d'évitement qu'attendait Lune car tandis que l'autre était en l'air, il utilisa encore la Force, jetant cette fois le chauve contre le mur. Un gargouillis se fit entendre, puis il cessa de se mouvoir, clairement assomé.

- Il va falloir partir d'ici rapidement. Je vais te porter.

Leur bataille avait du attirer bien des regards et oreilles indiscrètes. Qui sait si certains ne voudraient pas venger le chauve. Sans parler de ce dernier qui pourrait se redresser même si le coup avait été violent.

K'eh ne devait pas être bien lourd et Lune était entraîné, il savait comment porter un blessé en lui infligeant le moins de secousses possibles. Il fallait juste que le garçon acceptem car ce serait contre productif de le forcer, au risque qu'il ne se débatte et s'agite, empirant ses plaies. Plus tard, il demanderait des renforts pour ramasser la grosse brute et le faire arrêter pour violence sur la voie publique et outrage à agent de la loi. Tout comme il interrogerait le SDF sur ses relations avec le gangster l'urgence terminée.

- Indique-moi la sortie vers la surface la plus rapide.

Ordonna-t-il d'un ton ferme quoique loin d'être agressif. Il n'avait plus le temps d'apprivoiser le jeune humain, puisqu'il devait le sauver.

[HJ : je me suis permis de gagner au final mais je n'ai pas mentionné l'oeil de K'eh car je ne sais pas si tu veux que ce soit définitif, que l'oeil soit remplacé par un cybernétique ou pas etc... Désolé aussi des fautes, je suis sur un clavier espagnol.]

- Est-ce qu'il y a un moyen de remonter à pied ? Par n'importe quel raccourci ?

Bien sûr, les citoyens lambdas n'avaient pas pour habitude d'indiquer un chemin à vol d'oiseau mais vu leur situation, le Shistavanéen était prêt à gravir les toits. Avec un poids-aussi léger soit-il- comme K'eh, la tâche serait bien plus ardue, puisqu'il ne pourrait pas cavaler comme un animal. Néanmoins, il comptait sur ses griffes acérées pour le maintenir sur les tuiles, ainsi que son entraînement de Jedi, à défaut d'être aussi souple qu'un félin. Ils devaient partir d'ici, à tout prix. Lune ne savait pas quelle était la réputation et l'importance du gringalet désormais dans ses bras, or, si c'était une source d'informations ou d'agacement, voir des deux, très importante, ils seraient vite retrouvés. C'était d'ailleurs à parier que la rumeur courrait sur leur présence et leur petit scandale.

Sans porter plus d'attention au tutoiement, Lune tourna la tête vers la gauche pour aviser le muret sur lequel il avait précédemment pris son élan pour sauter sur le mercenaire. Il n'était clairement pas le type de personne à s'embarrasser de démonstrations respectueuses à travers des codes de langages aussi raffinés qu'hypocrites. Non seulement ils n'avaient présentement pas le temps pour s'y adonner, mais en plus, naturellement déjà, le Shistavanéen état du genre à valoriser les actes plus que le verbe.

Quoiqu'il en soit, la tête bouillonnante, le Chevalier anticipait déjà malgré lui ce qu'il pourrait dire au Temple pour que K'eh y demeure plus longtemps. En soi, le fait d'avoir été attaqué pour avoir été vu avec un Jedi devrait largement aider, même si pour ça, Lune devait avouer une faute, comme ne pas avoir été assez prudent. C'était sûrement vrai d'ailleurs puisque le chauve semblait déjà connaître son statut avant de le rencontrer, sans parler du fait qu'il s'était laissé suivre. Il faudrait remédier à cette grave erreur ayant déjà coûté un oeil à son cadet bien que les gangsters paraissaient le poursuivre autant que lui, mais qu'importe... Pour l'instant, le plus urgent était d'amener le civil en lieu sûr.

- Je n'ai pas de vaisseau. Au pire, on prendra les navettes.

Plus lentes, ces dernières mettaient aussi la vie de citoyens en péril, pourvu que le chauve décide d'attenter à la sécurité de ses deux ennemis en plein jour, néanmoins, ces navettes étaient également plus rapides, avec des arrêts. De quoi se fondre dans la masse et brouiller les pistes. Si les toits ne faisaient pas office de billet de sortie, la navette commune restait une option. Ni K'eh ni lui en ce moment paraissaient bien honnête, mais vu la foule qui circulait ici, ce ne serait pas un souci. Le Jedi possédait en plus sa carte d'identité, indiquant son statut. Il lui suffirait de s'en servir lorsque les bonnes gens de la société moyenne s'offusqueraient de leur apparence.

C'est ainsi que le loup se mit à errer un peu au hasard pour commencer dans les rues. Il s'arrêtait parfois brièvement, tant pour se repérer, reprendre son souffle que pour soigner l'oeil de K'eh avec les moyens du bord. Une compresse appliquée en deux fois, un peu de Force en espérant le soulager de sa douleur, puis il reprenait sa route. Evitant la moindre silhouette humaine comme la peste, le loup contournait poubelles, recoins nauséabonds et détritus à même le sol pour se fondre dans la semi-obscurité, bénissant le manque de soleil des lieux. Il était plutôt calme, mais surtout concentré sur sa tâche, essayant aussi de se montrer rassurant pour le civil. Si ce dernier commençait à paniquer, la situation deviendrait encore plus dangereuse.

- Tu peux marcher un peu ? On a encore l'air plus suspects comme ça.

Demanda Lune en avisant la débouchée d'une ruelle qui paraissait un peu plus proche des niveaux fréquentables. Désormais, plus que la rapidité, c'était la ruse qui pourrait les sauver.

[HJ: J'espère que ça ne te dérange pas si Lune attrape d'office K'Eh, et désolé, le rp n'avance pas énormément :/ Je ne savais pas si tu souhaitais une confrontation ou autre.]

Les oreilles de Lune pivotèrent en une seconde, suivant le bruit inquiétant de voix criardes. Ses yeux repérèrent rapidement les gangsters embusqués. Bon sang, mais qu'avait donc bien pu faire K'Eh pour mériter un tel déploiement ? Pour sa part, le Chevalier était entré dans les bas-fonds il y avait environ deux heures, le tout sans arrêter personne, pas le moindre remous. Bon, mis à part les 15 dernières minutes, mais était-ce suffisant pour attirer les vengeurs ? Si c'était le cas, Coruscant avait du souci à se faire car les délinquants étaient encore mieux entraînés que la police, une véritable armée.

D'un coup, sans prévenir, le canidé faucha les jambes du "freluquet" pour le faire basculer dans ses bras et entamer une course parmi la foule. La logique devrait le pousser à se fondre dans la masse pour éviter des tirs, seulement, le Chevalier préférait ne pas compter sur le sens de la justice des gangsters qui pourraient tuer des innocents sans trop hésiter, juste pour en finir avec eux. C'est ainsi que le loup choisit de s'écarter de la foule. Après avoir tourné-viré de nombreuses fois, zigue-zaguant sans se rendre immédiatement au Temple pour perdre leurs adversaires.

Emportant son passager le plus précautionneusement possible, le Jedi changea de trottoir et s'engagea dans une petite ruelle pour arrêter un taxi. Comme il put, il sortit sa plaque d'identification.

- Chevalier Lune, emmenez-nous au Temple Jedi.

Son comportement avait changé, avant de s'engager dans la navette, il avait rabattu sa capuche sur son visage, puis pénétra tranquillement dans le véhicule, enjoignant K'Eh à le suivre mais sans le presser. Il comptait sur la tranquillité de la rue pour qu'on ne les soupçonne pas et que les délinquants perdent leur piste. C'était une des raisons pour laquelle d'ailleurs, le Chevalier avait décidé de réquisitionner un taxi, même si le Temple était proche. Une fois là-bas, il s'arrangerait pour payer le chauffeur, un vieil humain visiblement déranger de prendre K'eh et son étrange "toutou sauvage" à bord de son gagne-pain volant, si Jedi soit-il.

- Ils ont une limite de territoire ?

Si c'était un gang, les ennemis de K'Eh devaient forcément respecter des frontières, sous peine de créer une guerre inutile. Malgré tout, Lune avait peur que cela ne les arrête pas, car ils avaient vraiment l'air intéressé par le jeune sans-abri. Leur seule chance de s'en sortir vraiment était d'arriver au Temple. Heureusement, pour l'instant, ils semblaient bien partis.

La réponse de K'Eh s'embruma puis disparut, désormais et heureusement inutile. Le taxi s'éleva, loin de la souillure de Coruscant. Lorsqu'ils descendirent, le Temple se dressait devant eux, Lune resta un moment impassible, comme s'il redécouvrait la façade du bâtiment; pourtant, il le connaissait encore mieux que celui d'Ondéron, depuis qu'il s'était spécialisé dans les missions sur Coruscant (infiltration et pistage notamment). Le jeune Jedi prenait simplement pleine conscience de ce qu'il allait faire; proposer des soins à K'Eh mais aussi et surtout, un changement radical de vie. Était-ce bien conseillé ? Car bien que le Chevalier n'ait aucune intention de recruter le sans-abri, l'entrée de ce dernier dans son monde restait un choc.

Sortant de sa mini transe, Lune s'ébroua -un détail possiblement comique- puis se retourna vers la navette. Par chance, le voyage avait été court, donc il avait de quoi payer, le visage du chauffeur s'éclaira, car il avait songé qu'en réquisitionnant sa navette, il n'aurait rien eu.

- Viens.

Lança-t-il seulement en tendant son bras vers l'arrière pour ramener K'Eh près de lui, tout en l'aidant avec ses blessures. Fait étonnant, malgré son oeil apparemment crevé et sa jambe cassée, le jeune homme restait debout. Paradoxe d'un homme en très mauvais état qui possédait une force que lui-même s'ignorait certainement. N'importe qui n'avait pas les capacités de tenir, y compris en tremblant, le soigner devenait urgent, surtout vis-à-vis de sa nouvelle blessure.

- Je ne veux pas t'obliger, encore une fois K'Eh, mais je pense que cela devient encore plus nécessaire de te faire rentrer dans au Temple pour te soigner. Nous avons une excellente infirmerie. Une fois remis sur pieds, tu pourras simplement sortir.

Coupable de l'oeil crevé ? Lune l'était peut-être, ou tout du moins en partie, car l'humain semblait déjà avoir de gros ennuis avec cette bande. A vrai dire, le Chevalier rêvait de lui demander d'où venait cette haine presque "flatteuse" car particulièrement personnelle du gang. Le fait qu'il ait la Force serait-elle l'unique raison ? Le Jedi avait du mal à y croire, surtout qu'à part un ou deux incidents en cas d'émotions fortes, il n'était pas écrit sur le front des sensibles qu'ils l'étaient. Quoiqu'il en soit c'était presque une "aubaine" car sa présumée responsabilité expliquerait un séjour plus long à l'infirmerie. Le Temple, s'il aidait les citoyens, n'était quand même pas une oeuvre de charité, ou du moins pas dans ce sens car il était tourné vers les actions en justice. En revanche, si une rixe avait eu lieu en présence d'un Jedi ou à cause de ce dernier, ou si le risque de mort était imminent, le patient était reçu. Le premier cas, bien qu'il mettre Lune en faute pourrait justifier l'internement de K'Eh et tant pis pour sa réputation, le canidé n'était pas là pour se faire aimer. A ce propos, c'était curieusement depuis qu'il avait cessé de chercher le consentement de ses pairs à tout prix qu'il avait gagné leur confiance, ces derniers arrêtant de surveiller le prédateur qui sommeillait en lui.

Le loup sortit un comlink, à l'instant où K'Eh l'assurerait de son "oui", il déclencherait la procédure médicale. Un brancard viendrait chercher le sans-abri et il serait alors pris en charge par des médecins, Jedis le plus souvent, parfois non. Plus que la Force dans son état, ce serait la pure science qui pourrait le guérir. Étant lui aussi formé aux soins basiques, Lune énumérait dans sa tête le travail à faire. Les médecins le haïraient probablement car l'humain avait besoin de nombreuses interventions, chirurgicale pour sa jambe peut-être, des médicaments pour son oeil et probablement un rééquilibrage de sa nutrition progressif, sans parler d'une possible addiction à l'alcool. Si K'Eh avait trop bu certains dégâts seraient irréversibles sur son organisme, mais ils pourraient peut-être stopper la descente aux enfers.

- Je les appelle ?

[HJ: Je suppose que K'Eh va dire oui, dans ce cas n'hésite pas à décrire les interventions (probablement faites d'urgence, donc sans délai d'attente, notamment pour essayer de sauver l'oeil (quoique sans succès)). On les imagine "conventionnelles" dans ce cas... Le Temple engageant des personnes sérieuses et qualifiées, je n'imagine pas de vice de procédure particulier. A mon avis, K'Eh sera bien traité, de façon y compris un peu plus personnelle avec les infirmières essayant de le rassurer... Du coup, vas-y sans souci ]

- Qu'est-ce que tu nous a encore ramené, chevalier ?

Les crocs de Lune se serrèrent, au point de ne laisser aucun espace. Némerion était un humain de deux ans son aîné, constamment en opposition et compétition avec lui depuis leur prime jeunesse. Bien vu par le Conseil quoique jugé un tantinet agressif pour ne pas dire opportuniste, le colosse aux cheveux blonds gominés et au sourire ultra-blanc accomplissait la majorité de ses missions avec succès. Toujours dans le paradoxe vis-à-vis du loup, il s'était spécialisé dans la diplomatie, brillant aux côtés des Sénateurs et autres politiciens, probablement envieux de faire son chemin en ce sens, surtout depuis que deux Jedis successifs avaient été nommé chancelier.

Amusé par ce qu'il voyait à travers le double-vitrage, l'humain étrangement au courant des moindres faits et gestes de Lune le raillait sans s'en cacher. Y compris chez les Jedis, la cécité existait. Ce chevalier quoiqu'en soit, honnête et habile, n'avait selon le Shistavanéen, rien à faire chez eux.

- Au moins, il a la Force selon les analyses, pas complètement inutile donc. Tu vas en faire ton Padawan ? S'il disparaît encore, tu ne prends pas beaucoup de risques.

Sans réellement penser que derrière la porte, l'intéressé pouvait les entendre, Lune répondit froidement. Il savait que son aîné cherchait à lui faire perdre son sang-froid. Naguère par curiosité malsaine de voir un prédateur en colère, aujourd'hui pour le mettre en défaut.

- L'un de nos principes est bien d'aider sans chercher à recevoir, non ? ça répond à ta question ?

- Avoue, t'as la trouille que même ce nullard se barre sous ta minable tutelle.

Les deux Jedis allaient continuer leur bagarre lorsqu'une infirmière au chignon sévèrement épinglé les fusilla du regard. C'était une bonne petite femme rondelette d'1m50 mais aucun des deux "mâles" ne pipa mot. Dans le service, Madame Doll était crainte par tous, y compris des maîtres. C'était une des meilleures de Medcorps et pourtant, elle n'avait ni la Force, ni le grade de docteur, préférant la simplicité à laquelle était sensée s'astreindre les Jedis. Très douce avec les patients, elle n'avait aucune pitié pour les fauteurs. Lune lui coula un regard sincèrement désolé pour ne pas dire... Reconnaissant. Un jour viendrait où il apprendrait à ignorer les piques de Némerion.

Au lieu de ça, il décida d'entrer pour saluer K'eh. Le visage de l'infirmière justicière s'adoucit et elle prévint le concerné puis laissa passer le Chevalier. Les oreilles de ce dernier, inconsciemment s'abaissèrent légèrement à l'horizontal. Il ne pouvait qu'imaginer la vie misérable qu'avait mené K'eh jusque là, un peu comme la sienne, sauf que son calvaire à lui s'était arrêté avant. Le Jedi avait connu la trahison d'un estimé collègue par la suite, couplée à la perte de Padawans, mais il avait souvent mangé à sa faim -sauf en mission.-

- Alors K'eh, comment te sens-tu ?

Son ton n'avait pas versé dans le pathos malgré sa compassion. Il demeurait assez doux mais également sûr. Le loup s'assit sur une chaise qu'il ramena au bord du lit; veillant toutefois à ne pas trop coller le sans-abri pour lui laisser un minimum d'espace. Il attrapa le dossier médical, le regarda brièvement, ses oreilles se couchèrent d'avantage en voyant que l'oeil du blessé était irrécupérable.

- Si tu veux parler, tu peux.

Signifia simplement le loup dont les oreilles s'étaient redressées vers l'humain. Entre-temps il avait retiré sa toge et croisé ses bras contre le dossier retourné de la chaise. Sa longue queue touffue tombait doucement contre les barreaux, il semblait à la fois attentif et apaisé, digne mais informel à la fois, comme pour inspirer confiance à K'eh. Quant à son "tu peux parler", c'était un moyen plus simple sans doute, d'inviter ce dernier à tout lâcher sur le gang qui le poursuivait. Probablement était-ce une histoire de crédit non remboursé en y songeant bien. En tout cas l'invitation demeurait facultative et non agressive. Ils avaient le temps.

Allait-il réellement répondre "c'est normal" ? Ou "Je suis là pour ça" ? Préférant épargner K'eh de ces platitudes, le jeune chevalier se contenta de hocher brièvement la tête. De plus, inutile de se gorger d'une victoire qui n'en était pas une, le sans-abri avait encore un long chemin à parcourir.

D'une oreille attentive, Lune suivit le récit, notant au fur et à mesure en son for intérieur quel était le travail à accomplir. Celui-ci s'étendait au-delà d'une remise sur pieds, car si le Temple soignait K'eh pour que ce dernier soit retrouvé dans le même état ou pire dans quelques semaines, autant dire que ça ne valait pas la peine. Le Chevalier imaginait déjà une réassignation d'identité, les papiers à remplir, les raisons à donner, faire passer la requête auprès de l'Ordre qui pourrait l'appuyer pour mieux ensuite, la présenter à la République. C'était long, fastidieux, mais on faisait les choses bien ou on ne les faisaient pas selon la politique de lune.

- Uniquement à cause de la Force donc ? As-tu revu cette mercenaire ?

Demanda brièvement le Shistavanéen, avec cette fois un crayon pour noter sous le dossier médical quelques références qui lui serviraient plus tard. Tandis que K'eh se rendormirait, il effectuerait de minutieuses recherches pour évaluer les options du jeune humain. Pour l'instant neutre, il ne semblait pas chercher à convaincre à tout prix le patient que la Force n'était pas une mauvaise compagne, au contraire. Il n'était pas là pour recruter, sinon trouver une solution aux soucis d'un K'eh certainement sans études, d'ailleurs analphabète s'il se rappelait bien des propos de ce dernier dans une ruelle. Se rappelant du dit détail, Lune l'inscrivit à la suite. Pas facile... Mais pourquoi ne pas éventuellement engager son cadet dans une formation de mécanique, voir dans une entreprise de nettoyage ? Un petit travail honorable pour le faire sortir de la rue, mais aussi de l'alcoolisme.

- Tu n'as aucune dette ? Est-ce que tu as déjà travaillé ? Il va aussi falloir arrêter de boire.

Le ton du jeune Jedi s'adoucit. K'eh n'avait pas eu un passé simple, de même que son futur demeurait obscur. Pour autant, avec une bonne dose d'efforts, il devrait pouvoir s'en sortir, et surtout il n'était plus seul. Petit à petit Lune espérait le lui faire comprendre.

- Il existe des programmes de protection et de réinsertion dans la société. On pourrait songer à t'y inscrire, mais d'abord, je veux savoir si tu souhaites effectuer ces démarches. Elles sont lourdes et fastidieuses, tant administrativement que mentalement. J'ai besoin de ton engagement.

Ce n'était qu'un premier jet, car Lune ne savait pas vraiment à quoi s'attendre avec le cas de son interlocuteur. Tout dépendait de ses réponses et de bien d'autres encore à venir.

- Pendant ta convalescence, je pourrai t'enseigner à contrôler la Force si tu le souhaites. Une formation mineure pour la museler autant que possible.

Les oreilles de Lune s'abaissèrent légèrement, comme si ses propos avaient été plus vite que sa volonté. En effet, il n'avait pas très envie de s'engager dans le rôle de professeur après avoir eu deux apprentis à sombrer du côté obscur. Une fatalité avait conclut une enquête sérieuse du Conseil qui avait conservé sa confiance en lui. Néanmoins le Chevalier lui n'avait pas encore guéri; il doutait beaucoup de sa personne, sans parler d'une perte significative de patience. K'eh ne serait pas un Padawan toutefois, se tâchait-il de rappeler. Désormais que le jeune homme était sous sa protection, le Jedi ne pouvait pas laisser les choses à moitié. Trouver un travail, se resocialiser, cela ne servirait à rien si l'humain était encore victime de ses midichloriens. Donc, bien qu'il trouve ça un peu triste, Lune enseignerait à ce dernier à museler ses pouvoirs. Il existait également une technique plus violente consistant à couper complètement un individu de la Force mais au fond, le Chevalier ignorait si c'était une légende ou la réalité, sans compter que cela lui semblait beaucoup trop dangereux. K'eh pourrait parfaitement apprendre à gérer le flux de ses dons, sans pour autant le développer.

- Il ne s'agit évidemment pas d'un entraînement, puisqu'on ne veut pas que ton potentiel se développe, simplement d'un genre de bulle qui pourrait te "couper" des effets de la Force ou du moins les atténuer. A partir de méditation et d'équilibre pour rediriger les visions, les diluer.

Loin d'apprendre à manier le sabre-laser, K'eh devrait, s'il l'acceptait, suivre le cheminement d'un apprenti débutant dans un premier temps. Apprendre à se tranquilliser pour prendre conscience de son potentiel et savoir écouter la Force, sauf qu'ensuite, il devrait continuer à encourager la léthargie mentale. Lune devait se renseigner, mais cela semblait plutôt logique. Au lieu d'éveiller les pouvoirs de son cadet, il devrait les pousser à perdre de leur vigueur, à se laisser dominer par le cerveau et à se cacher. Un genre de cohabitation où K'eh reprenait doucement le pouvoir. L'idée en elle-même chagrinait le chevalier mais si c'était ce que désirait son interlocuteur, il s'exécuterait. Après, si le processus semblait un tantinet triste, la finalité ne l'était pas tant que ça, si K'eh trouvait un travail ainsi qu'une dignité.

Se tournant vivement vers la vitre, le jeune Chevalier leva la patte instinctivement pour fermer le rideau avec la Force. Cela n'avait été qu'une brise mais se rappelant de la gêne de K'eh vis-à-vis de cette puissance mystique le loup s'inquiéta légèrement de sa réaction. Plus intéressé par l'identité de l'imbécile voyeur derrière le rideau, Lune répondit, honnêtement quoique renâclant légèrement.

- Un autre Jedi, on ne s'apprécie pas spécialement.

Après tout, les siens n'étaient pas des anges, ni lui d'ailleurs. Eux aussi avaient leurs rancœurs, concurrences personnelles bien que cela semble plus feutré que dans la société. En effet, sélectionnés et entraînés pour modérer leurs sentiments, les Jedis étaient sensément des êtres à part, pondérés dans la plupart des cas, mais aussi honnêtes comme aimait le croire Lune. Lui ne voulait pas cacher ses défauts, même si cela coûtait de les avouer-un autre défaut d'ailleurs.-

- Repose-toi, prends ton temps. Lorsque tu seras prêt, fais-moi appeler, et dis-moi si tu es prêt à commencer le programme.


Ou plutôt "les", car ils avaient fort à faire. S'ébrouant légèrement, le loup fixa un instant les rideaux, comme s'il essayait de transpercer ces deniers, ce qui était un peu le cas. Satisfait de découvrir que la présence de son "adversaire" avait disparu, le Jedi posa la main sur la porte, prêt à partir.

[HJ: Tu peux faire une ellipse si tu veux... Pour d'éventuelles questions de K'eh voir sa décision ! Entre temps j'imagine que Lune viendra lui rendre visite et discuter un peu avec lui. Je le vois bien t'amener tes repas... :) ]

(Hj: La moitié du rp a été faite sur téléphone avec un pouce blessé xd. Donc pardon pour la qualité)

Un sourire ourla les babines de Lune. Il ne gagnait rien en aidant K'eh, sinon une montagne d'ennuis. D'ailleurs si l'entraînement empirait sa situation, c'est le Shistavanéen qui serait tenu pour responsable. Cela dit être Jedi ne voulait justement pas dire accepter un défi dans l'espoir d'obtenir des faveurs amors Lune devait se montrer heureux de cette décision qii ne pouvait qu'apporter du bonheur à l'humain délaissé.

-Je t'aiderai mais pour que cela fonctionne il faudra que tu le fasses aussi... T'aider je veux dire.

Dans sa tête le Chevalier programmait déjà un entraînement. Il pourrait commencer par de la pure résistance. Du sport, une rééducation alimentaire pour que K'eh retrouve une bonne santé et que le moral suive, sans parler de sa dignité, égarée depuis longtemps sans doute.

- d'abord nous allons nous entraîner physiquement. Résister à tes visions demandera une bonne capacité mentale mais ton corps lui aussi doit tenir la route. Si tu te fatigues sainement tu auras aussi moins de chances d'être assailli. Se sentir bien dans son corps est le oremier pas pour apprivoiser son cerveau. Depuis combien de temps es-tu sevré ?

Lune savait qu'on n'aurait normalement pas servi d'alcool à K'eh à l'infirmerie mais il ne doutait pas que ce dernier soit un petit malin. Il aurait ou en faire rentrer en douce ou alors réellement jouer le jeu. Ressentait-il toujours le manque ?

- Est-ce que tu as déjà pensé à un objectif à long terme ? Quelque chose que tu voudrais faire après ta réinsertion ?

Demanda tranquillement le canidé, sans être pressé ni urgent, seulement intéressé par son curieux interlocuteur. Finalement il choisit de s'assoir et posa sa patte à ses côtés pour inviter K'eh à le faire, Le marbre froid fit frissonner son pelage, son "ennemi" de toujours passa, goguenard. Pour cet homme d'action rester planté sur le carrelage comme un mendiant n'évoquait pas le début d'un entraînement. Pour Lune, ce moment était fondamental. Il ignora la remarque silencieuse et reporta son attention sur l'humain. Cette réinsertion serait difficile car contrairement à ce que certains songeaient, Lune n'avait pas l'intention de tromper le mendiant en le préparant à devenir Jedi. Il respecterait son souhait malgré la "perte de temps" et d'opportunité que cela signifiait pour lui, de même qu'il ferait taire son instinct qui hurlait que ce travail était contre-nature. Pour le loup en effet, abandonner la Force était comme renoncer à une arme encore plus précieuse que ses griffes ou que ses crocs. Son seul espoir, si profondément enfoui qu'il n'en avait pas conscience, était qu'au milieu de l'entrainement, avant que le chemin ne se scinde vers le délaissement de ses dons-ou du moins l'endormissement-, irrévocable, l'humain se rendrait compte de ses possibilités. Qui sait, peut-être aurait-il lui aussi envie d'aider les autres.