Vriska avait fait l'aller jusqu'à Korriban sans se presser. Elle n'avait annulé que quelques rencontres mineurs pour rejoindre la planète des anciens seigneurs sith. Elle savait, dans les grandes lignes, dans quel état se trouvait son apprentie, mais peu importait : elle n'allait certainement pas pouvoir l'aider et Wed'lek ne bougerait pas avant qu'elle n'arrive, pour des raisons évidentes. Et ce n'était pas comme si elle n'avait pas déjà connu ce genre de situation auparavant : il fallait croire que ses apprentis aimaient à se faire mutiler au combat. Elle se contenta donc de transmettre des instructions précises quant aux soins qu'il convenait de lui apporter et quant à son mécontentement si la twi'lek venait à mourir avant qu'elle n'ai pu la retrouver.

Quand elle posa finalement le pied sur la planète, l'hôpital fut sa première destination. Elle n'eut qu'à peine besoin de se faire reconnaître : la nouvelle de son arrivée avait du se propager rapidement parmi les médecins. L'un d'eux s'approcha. Elle pouvait sentir le malaise en lui. Sans doute ces gens habitués aux caprices des siths avaient-ils déjà pu voir de leur yeux ce que donnait un seigneur sith déçu. Le médecin bredouilla des explications et voulut se retirer précipitamment, mais un geste de la main le retint, le figeant dans une attente inquiète :

« Un instant docteur. Vous avez dis qu'elle est enceinte ?
-Oui. Nous ne l'avons remarqué qu'en l'opérant. Les difficultés que cela soulevait n'ont pas été facile à contourner et... » Elle fit stopper son babillage d'un geste :
« De qui est ce bébé ?
-Nous... nous n'en avons aucune idée votre Excellence. Nous n'avons pu que constater la présence d'un fœtus en cours de développement. Nous n'avons procédé à aucun examen encore, son état est suffisamment préoccupant pour attirer toute notre attention.
-Je vois. Vous pouvez disposer docteur. »

Dans un soupir, le médecin s'éloigna rapidement, apparemment peu désireux d'être retenu plus longtemps dans l'entourage immédiat de la noire conseillère. Vriska se dirigea vers la porte de son apprenti et poussa celle-ci sans toquer. Elle s'imagina l'espace d'un instant trouver, au chevet de Wed'lek, un amant qui s’avérerait être le père, mais il n'en fut rien. C'était même assez stupide : à supposer que le responsable se trouve sur Korriban, il s'agissait d'un sith, et les siths n'étaient pas portés sur les preuves d'attention.
Il n'y avait que Wed'lek, occupée à s'examiner dans un miroir. Celle-ci se retourna vers elle et s'inclina profondément, comme elle en avait l'habitude. Puis elle se mit à chercher du papier avant de griffonner quelque chose sur une feuille et de la lui tendre. Vriska la parcourut des yeux puis la déchira en deux avant de laisser retomber les morceaux.

« Ridicule. »

Elle tendit la main et vint poser un index sous le menton de son apprentie. Elle lui releva la tête, la forçant même à se redresser au mieux qu'elle le pouvait, jusqu'à ce que le seul moyen qu'elle puisse continuer de se grandir soit de se mettre sur la pointe des pieds. Elle laissa retomber sa main tout en marchant lentement, passant derrière la twi'lek et s'adressant à elle sans donner l'air de la regarder.

« Darth Araya était un puissant seigneur sith, un de nos combattants les plus renommés. Un intime, dit-on, de la Dame Noire. Mon supérieur, à l'époque. Et Ysanne était son apprentie. Lorsqu'il est mort, celle-ci avait faillit devenir l'élève de Darth Valeras. Un autre sith renommé et, à l'époque, mon supérieur » elle ne dit pas que cette situation n'avait été que très brève puisqu'elle avait quitté l'Inquisition pour rentrer dans le Conseil Noir très peu de temps après que Darth Valeras fut officiellement nommé Grand Inquisiteur : « Et aujourd'hui elle est l'apprentie de Darth Ynnitach, notre Dame Noire, et donc ma supérieure. »

Elle se retourna vers Wed'lek. Désormais, un léger sourire étirait ses lèvres et quand elle repris la parole, sa voix était nettement plus chaleureuse :

« Te voir gagner m'aurait emplie de fierté, évidemment. Mais ta défaite n'est ni une honte ni une faute. Certains prétendent qu'il n'existe que deux voies : gagner, ou mourir. Et pourtant tu es là, bien vivante, même si quelques désagréments subsistent encore, et tu as perdu. Ta défaite, de même que l'aurait été ton éventuelle victoire, n'est pas importante. Ce qui compte c'est que tu retiendra de cette expérience. La façon dont tu t'en serviras pour, par la suite, te renforcer et affermir ton pouvoir.
Cette blessure » elle toucha du bout du doigt les bioniques visibles « aurait tué bien des combattants. Mais pas toi. Alors trouve ce qui t'a fait tenir, dompte-le et sert-en pour vaincre tes futurs ennemis, quels qu'ils soient et sous quelque forme qu'ils se présentent. Si tu échoues à cela, et seulement si tu échoues à cela, tu m'auras déçu. Suis-je bien clair ? »