La missive m’était venue d’un initié d’à peine dix ans. Il avait couru à travers les couloirs du Temple, à ma recherche, pour venir me transmettre le précieux message. Il était fier d’avoir réussi, et je l’avais remercié sobrement. J’avais encore du mal à me faire à l’idée que j’étais réellement Chevalier Jedi, alors que cela faisait déjà quatre ans que j’avais réussi les épreuves et que je n’étais plus Padawan. Les années s’étaient écoulées si vite, avec leurs nombreux rebondissements. J’avais participé à tous les évènements majeurs qui avaient rythmé la vie de la Galaxie depuis cet instant : Coruscant, Aargau, Makem Te et maintenant Dubrillion. J’avais malgré-moi gagné une certaine notoriété au Temple, alors que j’avais toujours souhaité resté discret. J’avais affronté des Sith, j’avais même été emprisonné par eux. Combien de padawans, ou encore d’initiés, étaient venus me poser des questions, ou avaient entendu les histoires du Padawan Gett à mon sujet ? J’en ignorais le nombre exact, mais connaissant le Corellien, les faits avaient dû se répandre comme une trainée de poudre. Heureusement que je ne lui avais pas encore parlé de ma mission dans le secteur Kanz. Vous imaginez, si je lui avais dis que je m’étais infiltré à bord d’un cuirassé de l’Empire pour le saboter, mais que la mission avait brusquement changé lorsque j’avais affronté une puissante Sith ? Personnellement, je ne préférais même pas le concevoir.

Je me remémorais encore ces évènements. Cette Sith avait hanté mes nuits il y a de ça des années. C’était elle qui m’avait interrogé, et qui m’avait libéré dans l’espoir que j’infiltre les Jedi, que j’explose au cœur du Temple. Ce fut un échec. Maitre Tianesli avait parfaitement cerné le problème et m’avait empêché de sombrer. Pourtant, la revoir avait fait ressurgir des souvenirs indésirables et je me souvenais encore des sensations qui entouraient sa présence. Je me souvenais de ce froid intense, glacial. Je me souvenais de ce puissant sentiment de malaise, de cette nausée qui m’avait presque terrassé. Enfin, je me souvenais de la noirceur qui hantait le couloir et qui avait cherché à pénétrer mon esprit. Heureusement, la présence de Maitre El’dor fut salutaire. Mes compétences martiales, bien qu’exceptionnelles pour un Jedi de mon âge, n’avait pas suffit à compenser mon manque de connaissance dans les Arts de la Force et s’étaient rapidement faites balayer par la puissance de Nosfera. Sans la Lumière intense que dégageait le Nazzar, je n’aurais sans doute pas pu vaincre et m’échapper avec lui de ce cuirassé. Je n’aurais sans doute pas reçu cette missive de la part de cet initié.

Missive qui venait du Conseil Jedi lui-même, et qui expliquait sans l’ombre d’un doute l’excitation qui jaillissait du jeune Jedi au moment de me la transmettre. J’avais pris connaissance du contenu après l’avoir congédié, mais ce dernier n’était pas très fourni. Mais venant du Conseil, ce n’était pas très surprenant. Les Maitres préféraient souvent avoir les concernés enf ace d’eux pour communiquer et entrer dans les détails. Pour ma part, c’était bien plus préférable que de donner toutes les informations dans un simple message textuel ou verbal transmit par un intermédiaire, aussi digne de confiance puisse-t-il être.

Je m’étais donc exécuté peu de temps après, quand bien même la demande n’était pas explicitée comme urgente. Mais j’étais quelqu’un d’intéressé, et faire patienter un membre du Conseil, surtout lorsque ce dernier en est le Grand Maitre, n’a jamais fais partie de mes habitudes. Surtout que pour une fois, la demande n’avait pas été précédée par des bruits de couloirs. De fait, je la considérais comme d’autant plus importante. En général, une information qui ne fuite pas est une information d’importance.
Entrant finalement dans l’une des salles d’holoprojection, je venais refermer la porte derrière-moi avant de venir insérer mon comlink dans un des lecteurs prévus à cet effet. Là, je pianotais, avant de demander l’établissement de la communication. La salle fut subitement plongée dans l’obscurité, comme pour mieux faire ressortir l’image holographique qui se dessinait. Je montais sur le socle émetteur situé en face du projecteur, afin de pouvoir être vu et entendu.

J’attendis quelques instants, le temps que la communication sécurisée s’établisse et lorsque l’image fut clairement établie, je demandais :

« Maitre Don, me recevez-vous clairement ? »

Ce n’est que lorsque j’eus reçu la confirmation que je m’inclinais respectueusement selon le protocole et les traditions. J’avais toujours respecté le vieux maitre, et ce malgré les rumeurs qui avaient, il y a bien longtemps, terni sa réputation et portées la chape de l’Inquisition au dessus de l’Ordre.

« Maitre Don, j’ai bien reçu le message du Conseil, qui me demandait de prendre contact avec vous. Que vous aviez une demande à me faire parvenir suite à la dernière réunion du Conseil.

Est-ce bien exact ? »