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C'est avec la musique à fond que le yacht personnel de Ben Doyle pénétra dans l'espace d'Agamar. Jamais encore le rédacteur en chef du Coruscant Post n'était-il venu sur cette planète. Jamais l'idée de faire un tel voyage ne lui aurait même traversé l'esprit. Qu'aurait-il bien pu vouloir faire sur ce territoire quasi intégralement forestier, lui le coruscanti pur jus, l'amoureux de la ville-monde? Ben n'aimait rien tant que les oecuménopolis et sa préférée était évidemment le centre républicain, où il était né et où il vivait sa vie avec le plus de plaisir et de passion possibles.

Agamar, planète de forêts et de champs soigneusement entretenus. Planète d'agriculteurs, dont le Gouverneur avait, d'après les informations qu'il avait réunies, entamé un projet de croissance industrielle ne faisant pas forcément l'unanimité. En vérité, Ben ne connaissait rien des subtilités politiques locales de ce coin de verdure situé dans la bordure extérieure. Il comptait sur son interlocuteur sur place pour combler ses lacunes. Quand même, le sénateur même de la planète serait certainement en mesure de l'éclairer!

Qu'est-ce qu'y amenait Ben sur Agamar? Ses vacances et une interview. Contradictoire? Peut-être, ok, mais Ben ne pouvait décemment imaginer passer à côté de cet interview. Sachant que le sénateur Niganoht Qademanda, encore un nom incroyable, était un Anacondan, ça risquait d'être sympa. Il attendait avec impatience de voir le serpent se servir un verre de vin et le boire. Ou découper sa viande. A moins qu'il ne soit le repas? Brrr... Ben ne pouvait s'empêcher d'avoir une certaine répulsion à l'égard des reptiles, en particulier de ceux n'ayant pas de pattes et glissant sur leur ventre, comme bien des individus de l'espèce humaine. Sans doute une réminiscence d'une époque où les reptiles se nourrissaient abondamment de mammifères.

Mais pour une interview, la découverte d'une nouvelle planète, un lit assuré et l'éventualité d'un nouveau camarade, Ben était prêt à risquer d'être avalé gloutonnement par un python intelligent. Cela dit, il ne pouvait guère en vouloir au sénateur Qademanda s'il lui donnait faim. Son tour de taille devait le rendre pour le moins appétissant. Lui qui revenait tout juste d'un gala de charité, il avait encore particulièrement bien mangé. Un régime s'imposait. Ou pas. Certes, il était gros. Mais cela restait tout à fait acceptable, non? Ben pensa à Toïd Lavron, actionnaire de BiscuitBaron... Franchement oui ça allait. Ben s'estimait presque maigre maintenant, svelte, léger, aérien.

D'une main, il plongea dans le bocal de biscuits. Il en retira un et l'engouffra rapidement, tel un ophidien. Quelle heure devait-il être sur cette planète? Il regarda sa montre, qui s'adaptait automatiquement au fuseau horaire de la planète de destination, et découvrit qu'il était onze heures du matin sur Agamar. Parfait, pile poil l'heure de l'apéro. Le petit bonhomme quitta la banquette sur laquelle il était agréablement couché dans un élégant singlet blanc, et se dirigea vers sa garde-robe. D'un geste expert, il sortit un de ses nombreux complet-vestons, sélectionnant un gris agrémenté de fines et discrètes lignes verticales. Il enfila rapidement une chemise blanche habituelle, la ferma à l'aide de boutons de manchette en argent, représentant subtilement le logo du crédit républicain, puis mit une cravate. Il sélectionna une gris-vert, l'estimant adaptée à l'habitat forestier qui l'attendait. Il enfila son veston puis prit une paire de chaussures. Il évita de prendre celles en écailles, qui ne seraient probablement pas du goût d'un Anacondan. Mieux valait ne pas troubler un serpent géant capable de vous avaler entièrement pour vous diriger plusieurs heures. Furent donc choisies de bonnes grosses Floterpillor, aussi agréables à l'oeil que pratiques pour un environnement autre que citadin.

Ben se regarda dans le miroir, satisfait, puis s'empara de sa petite valise. Depuis combien d'années l'avait-il? Mystère, en tout cas elle était solide. Il vérifia qu'il avait tout sur lui : thermo géant de café, cigares dans une poche intérieure, portefeuille dans l'autre et chewing-gums à la menthe. Il était paré pour l'inconnu.

Avec vigueur et enjouement, Ben Doyle sortit du vaisseau et prit la direction du comité d'accueil. Pas difficile à trouver, c'était celui avec un serpent géant. C'était décidément une bien belle journée sur Agamar. Le soleil resplendissait, arrosant le tarmac de l'astroport local de ses rayons. Il ne faisait pas trop chaud, juste bon. Un petit vent frais, provenant sans doute de forêts non loin, rafraîchissait l'atmosphère de façon tout à fait exquise. Ben respira à plein poumons cet air frais et revivifiant. Il n'aimait guère voyager en hyperespace... mais découvrir une nouvelle planète lui plaisait toujours, pour autant qu'après une semaine on le laisse rentrer sur Coruscant. Découvrir un écosystème, les cultures locales - en particulier la gastronomie bien sûr - rencontrer des individus d'horizons différents, remarquer des modes de vies, tout cela le passionnait.

    « Ah, sénateur Qademanda, ravi de faire votre connaissance! Vous m'excuserez de ne pas vous serrer la main vu que vous n'en avez pas ahaha! Puisque la nature ne m'a pas donné de queue, nous sommes quittes héhéhé. »


Ce fut donc sur cette remarque ambigüe que les présentations furent faites.
Niganoht Qademanda
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Ah, les journalistes... En trois ans depuis que Niganoht était Sénateur, il en avait rencontrés plus qu'en vingt-sept ans auparavant. Ils faisaient partie du monde politique, en quelque sorte, du moins y étaient-ils très liés. Il fallait donc faire avec. Niganoht n'était pas de ces “hommes” politiques qui méprisaient les journalistes et feignaient de ne jamais vouloir avoir affaire à eux. Il considérait que cela faisait partie du métier. Ils étaient par ailleurs un lien assez incontournable entre les politiques et la population. Ils constituaient un moyen de communication. Le citoyen standard faisait appel aux journaux, qu'ils soient télévisés ou écrits, pour se tenir informé des dernières nouvelles du monde politique. Il était donc normal de se servir des journalistes. Quant aux politiques qui passaient leur temps à les critiquer, Niganoht jugeait cette attitude assez hypocrite : ces mêmes politiques étaient assez contents finalement de pouvoir se servir des médias pour faire passer leurs messages, et ne devaient pas oublier que sans eux, ils seraient inaudibles auprès d'une grande part de la population.

Il arrivait bien sûr que les journaux aillent trop loin. Niganoht avait souvent été victime de journaux qui faisaient passer des opinions subjectives comme des vérités que le peuple gobait assez facilement. Niganoht savait qu'il fallait jouer avec les journalistes, mais il y avait bien des fois où il avait envie d'en bouffer tout crus. Il leur devait pour beaucoup son impopularité auprès des Agamarans – beaucoup disaient à tort “Agamariens”. Ca faisait partie du jeu, mais les journalistes oubliaient souvent de garder un équilibre entre l'honnêteté éditoriale et le besoin d'audimat et de recettes financières. Raconter n'importe quoi pour se faire plus de fric, c'était ignoble, et Niganoht combattait ces pratiques avec ferveur.

Il espérait que Ben Doyle n'était pas de ces journalistes peu scrupuleux. Il était rédacteur en chef du Coruscant Post, un journal papier influent, et c'est lui que Niganoht devait accueillir aujourd'hui pour une interview. Le rendez-vous était pris depuis trois semaines, mais les derniers évènements dans la capitale d'Agamar rendaient l'occurence malvenue : plusieurs propriétaires agriculteurs avaient lancé une manifestation de protestation contre un projet d'expansion d'une usine polluante qui les menaçait d'expropriation. Niganoht soutenait évidemment les agriculteurs, ayant toujours milité pour la préservation écologique de sa planète. Ces immenses forêts étaient une richesse forte d'Agamar, mais Shaffzi n'était évidemment pas de cet avis car il estimait que l'industrialisation massive serait un propulseur à la croissance économique. Niganoht préférait une planète saine et belle à une planète riche mais polluée.

L'enjeu pour Niganoht était donc de convaincre Ben Doyle à sa cause pour obtenir des papiers bien orientés dans le Coruscant Post, et s'aider ainsi de ce média pour faire pression sur Shaffzi et obtenir gain de cause des mouvements écologistes.

Le vaisseau du journaliste atterrit sur l'astroport palatin. L'Anacondan ne s'habillait jamais, pas même une couronne ou quelque babiole sur la tête, rien. Néanmoins, derrière lui, le Ministre de l'Ecologie, le Ministre de l'Economie et le Ministre des Relations Galactiques étaient dressés en grandes pompes. Leur présence derrière Niganoht n'était pas due qu'aux circonstances : ils étaient les yeux et les oreilles de Shaffzi, absent pour cette rencontre.
Les évènements récents mis à part, le ciel offrait un bleu magnifique, un soleil éclatant et une légère brise agréable, pour l'arrivée de Ben Doyle. La planète Agamar se présentait sous ses plus beaux atours.

Quand Ben Doyle descendit de son vaisseau, Niganoht le vit justement, non sans amusement, prendre une grande inspiration les yeux fermés. Ah, c'est sûr, l'air d'Agamar était infiniment plus sain que celui de Coruscant ! Dire que Coruscant était un modèle pour Shaffzi... Il fallait vraiment avoir une drôle de vision du monde. Niganoht s'apprêta à accueillir le journaliste Humain mais ce dernier s'empressa de s'exclamer :

BEN – Ah, sénateur Qademanda, ravi de faire votre connaissance ! Vous m'excuserez de ne pas vous serrer la main vu que vous n'en avez pas, hahaha ! Puisque la nature ne m'a pas donné de queue, nous sommes quittes, héhéhé.

Exaspérant. Ce devait être la cent millième personne à faire la blague à Niganoht sur l'impossibilité de lui serrer la main ; mais à cet instant, Niganoht eut l'impression d'avoir face à lui un guignol de classe supérieur. Il s'efforça malgré tout de sourire, comme s'il goûtait à la blague.

NIGANOHT – Nous dirons cela, alors ! Soyez le bienvenue sur Agamar, Monsieur Doyle. J'espère que votre voyage s'est agréablement passé et n'a pas été trop long. Vous êtes parti de Coruscant, je suppose ?

Ces formalités d'usage passées, Niganoht invita Ben Doyle à marcher à ses côtés pour sortir de l'astroport. Il lui présenta les trois Ministres présents, ainsi que les autres personnes : son attaché de presse, son porte-parole, et les quelques autres.
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Visiblement le reptile n'avait pas mal pris sa blague. Enfin... difficile de discerner des émotions sur une tête de serpent. Mais vu qu'il n'avait pas été englouti, Ben supposait que l'Anacondan acceptait l'humour, même mauvais. A moins qu'il n'attende simplement le moment pour qu'ils soient seuls... manger les invités en public n'était probablement pas une très bonne chose pour assurer l'avancement d'une carrière politique.

Ben salua poliment tout le petit monde qui était venu l'accueillir. Il ne s'était pas attendu à tout ça. Trois ministres du patelin, un porte-parole, un attaché de presse... Hé ben dis donc, on savait recevoir sur Agamar. On attendait sans doute de lui quelque article sympathique. Quand bien même, cela restait un comité d'accueil pour le moins conséquent. Enfin bon, la planète n'avait pas une population bien grande non plus.

    « En réalité je viens tout juste de Telerath, où avait lieu le gala de charité annuel... Ce n'est pas loin d'ici, c'est sur la Route Commerciale de Vaathkree, entre Ploo et Taris. Le trajet n'a pas duré bien longtemps! »


Un large speeder les attendait et le journaliste prit place à l'intérieur, le sénateur Qademanda "assis" près de lui. Ben avait encore du mal à se faire à ce serpent géant. Il avait du mal à réfréner une peur et une angoisse instinctives. Le reste de la troupe avait pris place à l'avant, ainsi que dans un autre transport. Ben préféra crever aussitôt l'abcès, profitant qu'il pouvait parler seul à seul, sans être trop entendu, avec son hôte.

    « Je n'veux pas paraître rude mais... ne l'prenez pas mal si je suis un peu tendu avec vous au début. C'est juste que, de base, les serpents, les reptiles tout ça... on va dire que c'est pas trop mon truc. Hum. Rien contre vous, ça va passer hein! Comme pas mal d'humains, j'ai, comme qui dirait un peu, disons, d'appréhension, avec certains individus à écailles. Enfin, heureusement qu'vous êtes pas une araignée ahaha! Brrr... Bon bon, m'avez compris je pense? Faut pas l'prendre mal, j'vais m'habituer. »


Au moins, c'était honnête. Certains humains craignaient les serpents plus que d'autres. Ben n'en faisait pas partie. Il appartenait simplement à la masse de son espèce qui restait assez mal à l'aise avec ces créatures. Alors faire face à un Anacondan, on pouvait bien concevoir que ce n'était pas forcément quelque chose d'assez aisé. Préférant passer à autre chose, le rédac' chef du Post décida de lancer un peu la conversation, histoire de détendre l'atmosphère et d'apprendre quelques petites choses sur la sympathique région dans laquelle il se trouvait maintenant.

    « Peut-être pourriez-vous me renseigner un peu sur votre planète? J'connais les grandes lignes : planète forestière, attachée à sa préservation écologique... Mais pour être franc je n'en connais rien de plus, ou à peine. Quels sont vos institutions? Le Gouverneur local est un certain... Shaffzi c'est bien cela? Plus vous m'en apprendrez sur le monde que vous représentez au sénat, mieux ça sera! »


Le gros bonhomme sortit un calepin et un stylo. Ce genre d'instruments était de plus en plus rarement utilisé dans une galaxie essentiellement tournée vers le numérique. Mais Ben avait besoin d'un support matériel, du moins dans son travail de journaliste. Comme trader puis banquier, il n'avait eu aucun mal à jongler avec les chiffres sur un ordinateur. Mais il avait maintenant depuis de longues années un métier bien différent, il l'exerçait donc en conséquence différemment.

Un coup d'oeil jeté par la vitre du speeder renseigna Ben sur la présence de manifestants, bien plus loin, qui brandissaient des pancartes sur une place. Le cortège semblait prendre de l'ampleur et des policiers n'étaient pas bien loin, prêts à intervenir en cas de débordements. Le coruscanti fronça les sourcils, Agamar n'était-elle pas censée être une planète tranquille et sans histoire?

    « Dites... qui sont ces gens, là, vous voyez? C'est une manifestation contre quoi? »


Ce séjour allait s'avérer peut-être moins calme que prévu.
Niganoht Qademanda
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BEN – En réalité je viens tout juste de Télérath, où avait lieu le gala de charité annuel... Ce n'est pas loin d'ici, c'est sur la Route Commerciale de Vaath'kror, entre Ploo et Taris. Le trajet n'a pas duré bien longtemps !

Niganoht avait viisté une fois Vaath'kror. Ses habitants étaient remarquables : une race minérale ! Ca ne s'inventait pas ! Comment un être composé majoritairement de roche pouvait-il être doté de vie, d'intelligence et de mobilité ? Des êtres fascinants. Un jour, il faudrait que Niganoht retourne sur cette planète, pour le plaisir de revoir cette race. Quant à Télérath, il y était allé une fois également ; une planète qui avait été touchée par les Guerres Mandaloriennes quelques siècles plus tôt. Rien d'aussi marquant que Vaath'kror néanmoins.

NIGANOHT – Ah, bien.

Si le trajet avait été court, Ben Doyle ne devait donc pas être trop fatigué. Il n'aurait qu'à le signaler, sinon : une suite lui avait été réservée, et il pourrait s'y reposer si le besoin s'en faisait sentir.
Deux navettes-speeders étaient prêtes à amener tout le beau monde au palais gouvernemental, que l'on pouvait apercevoir de loin depuis l'astroport. Il s'agissait d'un magnifique bâtiment d'une couleur blanc cassé reflétant parfaitement les rayons du soleil, et se distinguant par ses multiples baies vitrées et sa coupole de verre. Il ne fallait que cinq minutes pour relier le palais et l'astroport en navette. Niganoht et Ben Doyle prirent évidemment place dans la même. Le reste du comité d'Agamar se répartit entre les deux. Niganoht prit place juste à côté de Ben Doyle, à l'arrière.

Les deux speeders partirent ensemble. L'Humain ventripotent remuait un peu sur son siège et se grattait nerveusement quand il ne se raclait pas la gorge. Manifestement, quelque chose le mettait mal à l'aise ; Niganoht put lécher quelques phéromones de stress émanant de lui, mais ne voulut pas lui montrer qu'il percevait son malaise, cela ne risquant que de l'accroître. En fait, Ben Doyle parla de lui-même :

BEN – Je n'veux pas paraître rude mais... ne l'prenez pas mal si je suis un peu tendu avec vous au début. C'est juste que, de base, les serpents, les reptiles tout ça... on va dire que c'est pas trop mon truc. Hum. Rien contre vous, ça va passer hein ! Comme pas mal d'Humains, j'ai, comme qui dirait un peu, disons, d'“appréhension”, avec certains individus à écailles. Enfin, heureusement qu'vous êtes pas une araignée, hahaha ! Brrr... Bon bon, m'avez compris, je pense ? Faut pas l'prendre mal, j'vais m'habituer.

Les causes du stress de Ben étaient faciles à deviner, en fait, tout du moins elles n'étaient pas étonnantes. Niganoht ne le prit pas mal, bien que cette désinvolture et cette façon de vouloir faire le comique l'exaspéraient pas mal. Il se dit que cet humour un poil raciste était une façon pour l'Humain de tempérer son malaise. “On va dire ça”. Enfin, heureusement, dans la capitale d'Agamar où les Anacondans étaient l'un des animaux de compagnie les plus populaires, les gens n'avaient en général pas peur des serpents, ou du moins pas plus que les gens pouvaient avoir peur des chiens sur Coruscant. Il est vrai toutefois que Niganoht avait pu se rendre compte à de multiples reprises que sur la plupart des autres planètes, et même dans certaines autres régions d'Agamar où les Anacondans étaient moins courants, les gens et notamment les races mammifères telles que les Humains avaient pour beaucoup les serpents en horreur. Ben Doyle avait au moins la franchise de prévenir, Niganoht pouvait bien au moins lui reconnaître ça.

BEN – Peut-être pourriez-vous me renseigner un peu sur votre planète ? J'connais les grandes lignes : planète forestière, attachée à sa préservation écologique... Mais pour être franc, je n'en connais rien de plus, ou à peine. Quels sont vos institutions ? Le Gouverneur local est un certain... Shaffzi c'est bien cela ? Plus vous m'en apprendrez sur le monde que vous représentez au Sénat, mieux ça sera !

C'était de toute façon l'un des objectifs de cette interview, non ? Ben Doyle aurait tout le temps de poser ses questions sur Agamar, et Niganoht lui dirait tout ce qu'il y avait à savoir. Ils n'allaient pas pouvoir aborder tous les sujets de la planète en cinq minutes dans un speeder ! Pourtant, un peu pressé, Ben Doyle sortit... un calepin et un stylo ! Whow ! Si ça, c'était pas la vieille école ! Il prenait vraiment des notes sur un calepin pendant ses interviews ? Pourquoi ne pas enregistrer les réponses de Niganoht sur un datapad, comme le faisaient quatre-vingt-dix-huit pour cent des journalistes ?

NIGANOHT – Bien sûr. Après tout, vous êtes venu pour ça. Détendez-vous, nous avons tout notre temps.

Niganoht cherchait aussi à mettre Ben Doyle à l'aise par rapport à sa crainte des serpents. Ce n'était pas agréable de le “sentir” – au sens littéral – stresser de la sorte. Déjà que Niganoht ne pouvait pas dire qu'il trouvait l'odeur des Humains très agréable, alors celle d'un Humain grassouillet stressé n'allait pas dans le bon sens.

NIGANOHT – En tout cas, pour répondre à cette première question, oui, le Gouverneur d'Agamar se nomme Shaffzi, c'est un Fosh. Il ne sera pas présent pendant notre interview, mais peut-être aurez-vous l'occasion de le rencontrer. Nous serons arrivés au palais dans une petite poignée de minutes, nous nous mettrons à l'aise pour échanger.

Sur le trajet, Niganoht eut le déplaisir de voir que des manifestants avaient pris place près de la route reliant l'astroport et le palais gouvernemental. Ils avaient appris d'une façon ou d'une autre que le rédacteur en chef du Coruscant Post était de passage et s'étaient organisés pour se faire voir dès son arrivée. Des forces de police contenaient le petit attroupement de manifestants mais Niganoht se serait bien apssé de cette “publicité”. Ben Doyle ne manqua pas de s'étonner :

BEN – Dites... qui sont ces gens, là, vous voyez ? C'est une manifestation contre quoi ?

Niganoht allait devoir aborder ce sujet plus tôt que prévu.

NIGANOHT – Ce sont des agriculteurs, pour la plupart, qui sont menacés d'expropriation à cause du projet d'expansion d'une usine polluante. Vous apprendrez bien vite que le Gouverneur Shaffzi et moi-même avons deux visions très divergentes de notre planète. Ne regardez pas ces gens d'un mauvais œil, ils ont de très bonnes raisons de se plaindre, et l'une de mes préoccupations du moment est justement d'apaiser ce conflit.

Voilà qui était dit, et de toute façon, le sujet reviendrait sur la table, Niganoht le savait. Il préférait en discuter au calme dans le palais. Faire l'interview dans un speeder, ce n'était pas les conditions les plus conviviales. Pendant le reste du trajet, l'Anacondan laissa sa langue bifide se glisser régulièrement hors de sa bouche, dans un réflexe naturel d'analyser et de retenir l'odeur corporelle de son invité journaliste. Enfin, les deux speeders arrivèrent sur le parking de la navette. L'attaché de presse vint aider Ben Doyle à descendre, tandis que Niganoht se glissa dehors par l'autre côté.

Devant eux ce dressait le palais gouvernemental, magnifié par le beau temps ensoleillé.

NIGANOHT – Voici le palais gouvernemental. Nous l'appelons la Serre Splendide, du fait de ses multiples baies vitrées, dont sa coupole, et des divers ornements végétaux à l'intérieur. Vous qui semblez aimer l'humour, beaucoup de gens s'amusent du jeu de mots que produit le nom du palais depuis que le Gouverneur est un Fosh. Il faut savoir qu'avant Shaffzi, le Gouverneur a été son père, pendant six ans. Cela fait donc au total neuf ans que le Gouverneur d'Agamar est un Fosh, or les pieds des Foshs sont des serres de rapace, comme vous devez le savoir.

Niganoht eut involontairement un petit tremblement dans la voix en évoquant les Fosh et ce trait physique aux pieds qui les rapprochait des rapaces.

NIGANOHT – Enfin, ça fait plus de neuf ans que ce bâtiment s'appelle la Serre Splendide et cela n'a donc rien à voir avec les pieds des Foshs. Je vous en prie, entrez.

Maintenant qu'ils étaient devant le bâtiment, non seulement l'on pouvait effectivement avoir un aperçu de tous les ornements végétaux à travers les baies vitrées, comme si des arbres de différentes espèces poussaient naturellement à l'intérieur du bâtiment, mais aussi l'on pouvait observer en partie l'immense jardin qui entourait le palais aux trois-quarts. Un jardin qui ressemblait en fait à une forêt artificielle, avec des passerelles servant de promenades et des fontaines tous les cent mètres. L'on entendait d'ici la Nature chanter, mélange de mélodies d'oiseaux et de basses d'amphibiens.

NIGANOHT – Oh, et tant que je parle de ça : si jamais vous rencontrez le Gouverneur Shaffzi, évitez de lui parler de son père, il est mort il y a trois ans.
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