Invité
Anonymous
Le sénat était partagé. Plus qu'il ne le devrait, cela semblait plutôt clair au Rendilien. Peut-être n'avait-il, finalement, pas fait la bonne décision. Mais qu'importe, après une déclaration publique, il faut se tenir à une telle décision, surtout lorsque l'on expose ses idées avec la fermeté qu'il avait démontrée lors de cette séance au sénat. Mais il était une chose bien certaine pour lui, il fallait désormais s'assurer de ne pas se retrouver isoler, pour cela, il avait déjà repéré deux partis pouvant le soutenir.

Tout d'abord, le parti du FLR, en accord avec sa vision des nationalisations. Mais plusieurs points pêchaient, tout d'abord Grendo avait reculé durant son discours, surement pour une place au gouvernement, au grand damne du Rendilien qui ne pouvait se permettre de retourner sa veste ainsi, il ne tenait pas à être aussi humilié. Il ne tenait pas à perdre la crédibilité qu'il pouvait avoir à changer de camp simplement par peur de perdre. Parfois, une défaite n'est que la plus grande des victoires.

Le sénateur S'orn semblait lui n'avoir que faire de sa crédibilité, il masquait à peine sa volonté de gagner en puissance, et ce même s'il devait renoncer à ses idéaux énoncés plus tôt, de même le sénateur trouvaient certains points du programme du Neimoidien assez utopiste, de même qu'il se trouvait être un homme apprécié des ouvriers et employés, peu enclin à être de nouveau l'homme d'affaire dur qu'il fut à un moment et qui l'opposa à son paternel.

L'autre camp était celui de l'ancienne ministre de la Justice et du sénateur Alsakan, ou tout du moins ce qui pouvait-être un camp. Les deux s'accordaient pour dire que la chancelière devaient quitter son poste et ils ne semblaient pas vouloir en démordre, ce qui montrait un certain front commun, malgré les désaccords possibles avec eux. Si rien d'officiel n'existait quelques rumeurs parlaient d'une alliance entre ces deux sénateurs.

Afin d'avoir toutes les cartes en vue de son futur jeu Remis se décida à aller parler à cette alliance ainsi qu'au FLR, décidant par la suite de quel parti rejoindre, d'où se placer et de que faire sur l'échiquier galactique. C'est dans ce but que, une fois la séance au sénat terminé le sénateur de Rendili ne se décida pas à rentrer de suite. Sur Rendili le conseil grognait, la mobilisation de la flotte était demandée et les regards tournés vers le sénateur.

Il avait à agir rapidement, car bientôt, c'est le conseil d'administration de Rendili qui lui demanderait des comptes, qui lui demanderait d'expliquer ce qui se passe en dehors ainsi que ses propres plans pour son monde. Le Prévôt-en-chef avait peur, chaque membre du conseil hésitait quant à ce qu'il fallait faire, pour l'instant Remis voulait voir la patience être leur principale action, car il y avait trop en jeu pour tenter simplement en improvisant.

Tandis qu'il quittait sa nacelle Remis demanda aux autres représentants de son monde, ses assistants et son garde du corps de l'attendre à la navette, puis il partit dans la direction opposée, suivant du regard l'ancienne ministre de la Justice quelques mètres devant lui. Il respira un grand coup et se décida à préparer sa première entrevue diplomatique dans le but de réellement positionner Rendili sur l'échiquier diplomatique qu'était le sénat.

De ce qu'il savait la rencontre n'allait pas être simple, l'ancienne ministre de la Justice avait un certain... Dédain envers les grandes compagnies et Remis en représentaient trois, dont Rendili StarDrive, même si officiellement la république était désormais actionnaire majoritaire. Mais malgré cela la rencontre s'annonçait assez tendue. Pas de quoi décourager le rendilien qui voyait plus loin qu'un simple conflit d'opinions.

Il fallait faire bloc s'ils voulaient paraître imposants. Le Rendilien suivit donc la sénatrice jusqu'à une salle dans laquelle elle sembla faire quelques manipulations puis lancer une communication. Loin de vouloir écouter aux portes Remis n'attendit pas vraiment de savoir ce qui se disait entre la sénatrice et la ou les personnes présentes par hologramme. Il s'invita dans la pièce en toquant sur le mur puis se manifesta encore un peu d'un raclement de gorge.

« Excusez-moi de vous interrompre sénatrice, auriez-vous un instant s'il vous plaît ? »

Puis il salua d'un mouvement de tête la sénatrice et son interlocuteur qu'il reconnut être le sénateur d'Alsakan, rien de très étonnant de les voir ensemble finalement.
Invité
Anonymous
« Peu importe les résultat finaux. Nous devons agir, plus tôt que prévu peut-être, mais il est indispensable d’exploiter notre avantage, maintenant que le FLR s’est durablement décrédibilisé dans toute cette affaire. »

Avec un sourire notoirement cruel, Ress songea à la volée de bois vert administrée à ce dernier par les sénateurs d’Impératrice Têta et … Rendili, curieusement. Elle qui pensait ordinairement pis que pendre de cette planète l’avait vue remonter en flèche dans son estime. Quelqu’un de courageux avait-il enfin pris les rênes de ce nid de serpent ? Quoique, au vu de certains locataires de la Rotonde, le terme aurait été plus utile pour cette dernière, et ce au sens propre comme au figuré.

« Notre prise de position a fait parler. Plus que fait parler. J’ai plusieurs de mes amis qui sont prêts à me suivre … Et je gage que tu es dans la même position. Nous en avons déjà parlé, sur Bilbringi. Tu m’as dit que tu comptais t’engager, à l’Opéra. Et tu étais prêt à le faire lors de la crise de Dubrillion.

Je vous propose enfin une concrétisation. Nous la préparons depuis longtemps. Nous en avons la conviction depuis des lustres. Agissons mon ami. Notre destin est entre nos mains, plus que jamais, et je suis persuadée que nous pouvons créer une réelle alternative à ce pitoyable défilé de crétins décérébrés aux dents qui rayent tellement leur nacelle qu’elles vont finir par céder. »


Quoi ? Il ne fallait quand même pas s’attendre à ce que l’éruptive balosar emploie un vocabulaire châtié pour désigner ceux dont elle pensait pis que pendre. Et encore, elle avait fait dans le léger, par rapport à ce qu’elle aurait éructé en privé et dans sa langue maternelle, fort bien pourvue en insultes particulièrement salée, et qui avaient toutes tendance à parler d’un bâton de mort à enfoncer quelque part. On appellerait cela la couleur locale, en somme. Cependant, au-delà de la violence verbale, il y avait une intense révolte contre le comportement moutonnier de certains, de même que le souhait de mettre à profit les événements récents pour faire avancer ses idées. Et pour ça, elle avait besoin de Jeresen Fylesan. L’homme avait été exemplaire dans la Rotonde, et ne lui avait jamais failli. Aujourd’hui, à l’heure où il risquait sa vie pour protéger les mondes neutres, il convenait de l’aider à son tour.

« Je t’ai envoyé l’ébauche que je conservais dans mes notes personnelles. J’y ai adjoins tes suggestions de notre dernier entretien, ainsi que quelques précisions personnelles au vu de la situation actuelle et des derniers débats. Si tu me donnes ton accord après vérifications, alors je pense que j’ai un plan pour nous offrir un maximum d’audience. »

Avec un sourire amusé, elle ajouta à voix basse :

« D’après ma collègue de Vulpter, le bleu de l’hologramme te va fort bien. Un plan pour nous rallier les sénatrices, mon cher ? Quel machiavélisme. »

L’espace d’un instant, elle laissa flotter le début de tension romantique que sa phrase avait fait naître. Repensait-elle à leur égarement, sur Bilbringi ? Assurément. Il se passait peu de moments où ce n’était pas le cas, en vérité, et elle se demandait parfois s’il n’y avait pas là … Mais bref. Ce n’était pas le moment d’avoir des pensées frivoles. Et pourtant. Face au danger, alors que son cœur saignait toujours et pleurait son fils disparu, elle craignait de voir un autre homme de son entourage partir trop vite, dans des circonstances par trop similaires. Alors, au milieu des complots, des tractations, de son existence politique, elle s’autorisa une mince fenêtre d’injonction privée, finissant par déclarer à la figure bleutée, avec une douceur étonnante dans la voix :

« Ne te fais pas tuer. S’il te plaît. »

Avant de renchérir, une lueur bravache dans le regard :

« Sinon, comment ferais-je pour empêcher efficacement cette Rotonde de tourner ? Il manquerait son nouveau trublion en chef ! »


C’est à cet instant précis qu’on toqua à la porte. Qui pouvait bien vouloir la voir ? Une présence amie, venue la féliciter, l’encourager ? Un adversaire, décidé à la vilipender personnellement ? Instantanément, son pouls s’accéléra, presque stupidement, la réaction étant due à sa peur maladive d’un assassinat, d’un complot visant à la supprimer. Après tout, certains avaient failli réussir, quelques années auparavant. En ces instants où tout pouvait basculer, la sécurité s’effondrait autant que les certitudes.

« Quelqu’un vient. Reste, si tu peux. Autant être deux pour recevoir des louanges ou se faire hurler dessus, non. Entrez ! »

L’homme dans l’encadrement la laissa pourtant pantoise. Que venait faire Menk là ? Pourquoi l’avoir suivi ? Pourquoi vouloir lui … parler ? Ordinairement, elle faisait tout pour l’éviter. Tout. N’avait jamais caché sa hargne contre l’entreprise, la planète responsable à ses yeux de la mort de sa mère. N’avait jamais non plus renié ses combats de jeunesse contre cette dernière, qui lui avaient paradoxalement valu l’envol de sa carrière. Certes, cela faisait plus de vingt ans, trente pour le meurtre de sa génitrice. Et pourtant, malgré le temps, la rancune demeurait vivace, irrationnelle. Alors, un bref instant, l’impétueuse fut tentée de lâcher un mot de trop. Et puis son regard dériva vers l’hologramme de Jeresen Fylesan, et elle sut. S’ils voulaient construire un projet réel, chacun devrait faire des efforts, composer avec des éléments qui ne lui étaient pas familiers. C’était cela, se montrer à la hauteur de sa tâche, de la République, agir avec dignité. Quitte à ravaler sa verve.

« Je vous en prie, Sénateur Menk. Si cela ne dérange pas le Sénateur Fylesan, avec qui j’étais en train de converser. »

Pas de sourire, pas d’expression amicale, juste un ton sec et nasillard, son timbre habituel quand elle ne faisait pas l’effort nécessaire à une tirade où à un visage ami. Déjà, ses antennes roulaient dans tous les sens, cherchant à détecter une intention hostile. Aucun sentiment de la sorte lui parvint, ce qui eut le mérite de la tranquiliser. Le sixième sens balosar était loin d’être infaillible … Mais à défaut d’un autre moyen sous la main, c’est celui qu’elle utiliserait pour se rassurer.

« Il y a … beaucoup à dire, sur toutes nos discussions. J’ai été … agréablement surprise de votre second discours, Sénateur Menk. Pour un peu, j’aurais pu faire le même. »

Le pire ? Elle disait la vérité. Et rien que ce fait devait traduire le caractère ubuesque de ce qu’il se passait dans la Rotonde.

« Avouez qu’il y a de quoi trouver la chose … intéressante. »

Amusante, aussi. Tordante. Franchement ridicule. Beaucoup de mots auraient mieux convenu, mais celui-ci était … étrangement correct, également. Parce que des points de convergence jusque-là inconnus étaient apparus, dans une recomposition soudaine, peut-être éphémère, peut-être pas, de l’ensemble sénatorial. Qui sait, était-ce la suite logique de ces événements ?

« Que puis-je pour vous ? Que pouvons-nous, à vrai dire ? Je présume que ce n'est pas réellement Balosar qui vous préoccupe à cet instant. Je me trompe ? »

Ils étaient alliés. Il était temps de l’affirmer. Remis Menk serait le premier interlocuteur de ce nouveau duo aussi improbable que soudé par une volonté commune … et une impérieuse soif de changements.
Invité
Anonymous

Jeresen était là. Du moins, sa projection holographique flottait toujours entre les murs du Sénat. Non plus au cœur de la Rotonde, où elle avait pu reproduire à la perfection ses propos, mais bien dans une des nombreuses salles qui peuplaient le titanesque bâtiment. Lui, était toujours à bord de l’Amiral Hirken, vaisseau amiral de sa flotte qui s’apprêtait à fondre au secours des Anx, au cœur de la Zone Neutre. Presque stoïque, l’hologramme de l’Alsakani ne trahissait aucune émotion, presque comme si la Balosar avait effectué un arrêt sur l’image pour mieux en scruter les détails. Attentif, l’humain écoutait avec attention Ress Laz’ziark et opinait finalement du chef lorsqu’elle commenta une fois de plus la position qu’avait prit le Sénateur S’Orn et son mouvement politique peu de temps auparavant. Il se souvenait encore de la longue tirade enflammée qu’il avait lancée, emporté par le soutien des sénateurs d’Impératrice Teta et Rendili. Il fut d’ailleurs grandement surpris mais également soulagé d’apprendre que certaines rumeurs qui semblaient courir au Sénat concernant ce dernier étaient infondées. Du moins, partiellement. Quand au Sénateur A’Lifa, la position qu’il avait adopté en deuxième intention l’avait grandement déçu. En vérité, bien des gens l’avaient déçu en ce jour, mais d’autres avaient entretenu l’espoir républicain, celui-là même en lequel il avait toujours cru.

Un léger sourire s’afficha finalement sur son visage, annonçant le réveil de l’homme qui se cachait encore derrière son stoïcisme, en réponse aux propos vitriolés de la Sénatrice concernant leurs confrères qui n’avaient pas été à même de sauver leur dignité face à la Chancelière Kira. Il ne partageait pas la même haine que la Balosar à leur égard, mais ce qu’il avait dit à la Sénatrice Anthana concernant le devoir du militaire pouvait tout aussi bien s’appliquer au politique. Ils avaient fait preuve d’une immense lâcheté en agissant de la sorte –pour ne pas parler de trahison, et rien ne pourraient à ses yeux laver un pareil affront.

« Nous en avons longuement débattu, en effet. J’ai également certains soutiens certains, et nous n’aurons en effet pas de meilleure occasion. Le FLR est faible, et le pouvoir de la chancelière est ébranlé. Les choses sont également en train de changer sur Alsakan. Les rumeurs concernant la politique interne de mon monde doivent déjà être parvenues au Sénat…

Je peux désormais t’assurer que personne ne viendra plus s’interposer quand à notre engagement. »


La décision de Son Altesse était indiscutable. Il avait longtemps manœuvré pour faire valoir cette idée devant ses Conseillers et toute l’Archaïad. A de nombreuses reprises, il avait avancé les avantages de tout ces préparatifs, et les garanties qui ressortaient de toutes ces réunions avec la Balosar, mais aussi avec certains mondes alliés et fiables d’Alsakan.
L’Alsakani dévia soudainement le regard en constatant que la transmission de Ress était arrivée et il venait attraper un pad de données sur lequel il pianota. Il esquissa rapidement un nouveau sourire, avant de relever la tête vers la Balosar. Sa petite allusion à la Sénatrice de Vulpter était typiquement le genre de réflexion amusante qu’il appréciait chez la Balosar. Elle trahissait une complicité désormais travaillée et sincère. Légèrement de profil, son regard c’était figé dans celui de sa partenaire, alors qu’il repensait à ce qu’ils avaient fait sur Bilbringi. Pensait-elle à la même chose ? Assurément. Il connaissait désormais trop bien Ress Laz’ziark pour savoir ce que trahissait son regard, le mouvement léger de ses antennes ou encore les traits de son visage dans une telle situation. Il se sentait soudainement songeur, et quelque peu mal à l’aise de ne pas pouvoir être présent au Sénat, pour assister à cette entrevue en chair et en os.

Mais finalement la Balosar rompit le silence. Sa phrase, prononcée avec une douceur que peu de gens lui connaissait, le toucha profondément. Jeresen dévia presque immédiatement son regard, préférant le faire s’échouer vers des horizons qui ne pourraient pas percer à jour l’incertitude qui le berçait sur le sujet. Il ne pouvait pas garantir qu’il reviendrait. Il partait au combat, et quand bien même il se trouvait à bord d’un véritable navire de bataille, la guerre restait un art parfois bien incertain.

Il redressa finalement la tête, légèrement amusé par la remarque de sa comparse. Décidément, la Balosar était capable de rebondir à tout moment.

« Ne t’en fais pas. Nous avons bâti ce projet ensemble, et je tiens à ce que nous l'exécutions et le portions. » Il esquissa un sourire sincère et ouvert, si bien que la Balosar pouvait lire ses pensées sans la moindre hésitations. « Et nous le porterons; Ensemble. »

Son regard resta figé lorsque Ress sembla soudainement s’agiter, et c’est assez naïvement qu’il tenta de bouger pour ce qui pouvait bien se cacher derrière la projection holographique de la Balosar. Il ne le pouvait, bien évidemment, puisque les projecteurs ne portaient pas aussi loin. Aussi se contenta-t-il d’une simple remarque, soudainement plus neutre, moins libérée :

« Un problème ? »

La réponse de Balosar ne se fit pas attendre, il fut quelque peu rassuré de la voir se calmer. Il y avait encore beaucoup de choses qu’il ignorait de Ress Laz’ziark, mais il n’avait pas de doute quand à la raison profonde de son inquiétude soudaine. Fort heureusement, en cet instant cette dernière n’était pas fondée, à moins que le Sénateur Menk ne fut en réalité un assassin guère intelligent pour mener une attaque au cœur du Sénat, et qui plus est devant témoin sans avoir prit la peine de masquer son identité.
Cependant, la présence d’un individu tiers fit disparaître la moindre émotion indésirable du visage de Jeresen, lequel étai toujours bien droit. Il croisa les bras dans son dos, tout en inclinant légèrement la tête pour saluer respectueusement le nouvel arrivant.

« Nous ne voyons pas d’inconvénients à rester quelques minutes de plus. Nous sommes encore assez loin de notre destination. »

Le ton était plat mais pas inamical. A la différence de Ress Laz’ziark, Jeresen n’avait pas d’animosité contre le Sénateur de Rendili. Il n’avait donc aucun raison de se montrer hostile. Il en avait d’autant moins que Remis Menk s’était montré à ses côtés lors de la dernière réunion du Sénat, tout en portant des valeurs qu’il couvait lui-même au plus profond de son être.

« A dire vrai, nous avons tout deux été agréablement surpris par votre constance dans votre discours. Il est si regrettable de voir de nos jours certains Sénateurs abandonner toutes leurs convictions pour satisfaire une ambition personnelle. »

Il marqua une pause.

« Nous sommes soulagé de voir que vous n’êtes pas comme ces gens-là, Sénateur Menk. » lâcha-t-il finalement, parlant cette fois-ci à titre personnel.

Pour la suite, il laissa parler Ress Laz’ziark. Elle était en effet celle qui était présente physiquement face au Rendili. Pourtant, cela ne les empêchaient pas de se montrer côte à côte, en tant qu’alliés, d’où son hochement de tête sincère pour appuyer les propos de la Balosar.

Jeresen réagirait lorsqu’il le devrait, comme il l’avait toujours fait.
Invité
Anonymous
La sénatrice de Balosar ne semblait pas particulièrement enjouée de voir Remis, à la vue de la réputation de celle-ci la chose ne semblait pas réellement étonnante étant donné le passif de la sénatrice avec la principale entreprise Rendilienne, la discutions allait être légèrement compliquée étant donné ce passif, pourtant le sénateur n'allait pas se démonter pour autant, à la vue de la séance dont ils sortaient et de ce qu'ils s'était passé à ce moment Rendili avait besoin de soutien.

Remis restait malgré tout souriant, sur de lui et de ses chances, sa planète avait un certain poids et après la situation qu'ils avaient connus au sénat ils avaient besoin de se renforcer et de faire front commun, eux qui s'opposaient ouvertement à la chancelière désormais, un soutien commun était profitable pour les deux camps. A la vue des décisions prises et du camp adopté par le sénateur de Rendili il se trouvait désormais obligé de travailler avec un camp, à la vue de ses désaccords avec le sénateur S'orn et donc du FLR il était désormais probable qu'il cherche d'autres soutiens.

La sénatrice Balosar répondit alors, finalement d'accord pour discuter avec lui. Le sénateur d'Alsakan accepta également, un soulagement pour le Rendilien qui franchissait donc le premier pas : la discutions diplomatique. Remis signala de la tête son remerciement pour la discutions à venir. Il rentra dans la pièce en quelques pas et se positionna non loin de la sénatrice Balosar qui le félicitait pour son discours.

« Merci. Depuis que je suis entré en service je me bats contre ce genre de personnes qui ne se tiennent pas à leurs idéaux, qui brisent leurs serments et abandonnent toutes logique pour leur gloire personnelle. »


Remis secoua la tête de gauche à droite en finissant sa phrase, comme s'il était déçu de ce qu'il avait vu et étendu lors de cette séance au sénat. Les retournements de veste de certains sénateurs, la naïveté et la stupidité d'autres. Dans les faits il s'attendait bien à ce que quelques fous soutiennent la chancelière, mais certainement pas au retournement de veste du leader du FLR. Déçu par ce personnage il avait maintenant du mal à se dire qu'il rejoindrait quelqu'un ayant décrédibiliser ses idées là.

« Je me suis toujours dis que le combat le plus important à mener était celui de ses convictions, voir ainsi des représentants de milliards de personne retourner leur veste par simple appât du gain... C'est consternant. »

Et stupide surtout. Le sénateur Rendilien pouvait difficilement comprendre comment l'on pouvait songer à cela. Perdre la face pour un poste au gouvernement ? Remis secoua de nouveau la tête. Il en revenait à peine que certains agissaient comme ça, non pas qu'il désespérait pour leurs idéaux, il trouvait juste ce genre de personnes indigne d'être à un tel niveau décisionnel, lui qui, pourtant, raffolait des débats difficile et du jeu de la politique. Fier de sa personne et de sa stature le sénateur Rendilien était quelqu'un pensant que les autres sénateurs se doivent d'être à son niveau, qu'il estime très élevé.

Dans tous les cas la sénatrice approuvait les dires du Rendilien à tel point qu'elle aurait put faire un discours à peu près similaire. Tandis qu'elle dit trouver la chose intéressante Remis hocha la tête de manière affirmative, un petit sourire sur le visage. Peut-être était-ce le mot, même si il trouvait cela plus proche d'un coïncidence qu'autre chose. Remis trouvait de nombreux défauts à ses interlocuteurs, pourtant ils étaient rester droit dans leurs bottes et avaient tenu malgré le refus de la chancelière.

Le sénateur Alsakani semblait également surpris, agréablement, du camp qu'avait choisi le Rendili dans ce bref conflit diplomatique au sénat. Remis acquiesça, comme pour remercier l'Alsakani suite au compliment qu'il venait de lui faire. Malgré tout, se plaçait dans un situation comme celle-ci était assez difficile pour le sénateur, sa planète était liée à la république d'assez loin et il devait maintenant agir pour que cela ne créé par trop de problème, des soutiens seraient requis.

La sénatrice de Balosar s'en doutait et elle demanda donc finalement la raison de la présence de Remis ici, affirmant qu'il ne venait pas simplement pour discuter diplomatie entre Balosar et Rendili. Remis acquiesça, pour le moment il n'avait pas trop la tête à des accords commerciaux. Il y avait une mouvance politique à initier et à rejoindre.

« Vous ne vous trompez pas, en effet. Cette séance au sénat a été... Riche en instruction. Les mouvements politique actuels sont pour le moins inquiétant, à la vue de la position que je viens de prendre au sénat... Il est évident que je ne peux me contenter d'ignorer tout ce qu'il se passe et d'agir seul, à la vue de cette séance il me parait plutôt évident que nos points de vue convergent sur plusieurs points, bien que ce ne le soit pas sur la totalité. Il me semble plutôt évident que nous avons également beaucoup d'opposants au sénat. Je pense que vous savez ou je veux en venir, pardonnez moi d'être direct, mais je n'aime pas les longues conversation pleines de faux-semblants. Je suis là pour discuter d'une possibilité de rapprochement ou de coopération mutuel dans le but de faire front. »

Remis planta son regard dans celui de la sénatrice, le regard sérieux et les mains dans le dos.
Invité
Anonymous
Ravaler les commentaires acerbes qui lui venaient fut nettement plus difficile que ce à quoi Ress s’était attendue. Décidément, la galaxie décidait de la mettre dans les pires positions ces jours derniers. Sans doute que l’épuisement et l’émotion profonde qui l’animait jouaient, elle qui avait d’ordinaire un peu plus de facilité à se contrôler. Sauf que là, il lui fallut réellement fournir un effort profond, son visage se tordant en des moues d’une froideur totale à mesure que le sénateur en face d’elle commentait la séance de la journée. Débiter son fiel ne servirait à rien, elle en avait conscience, sinon à se faire un ennemi d’un homme qui lui tendait la main. Et pourtant … Sa planète, elle la détestait. Remis Menk était tout ce qu’elle honnissait, cet humain représentait ce pour quoi elle s’était engagée, le moteur qui l’avait fait se battre si fort pour exister durant toutes ses années d’étude, puis d’avocate crève-la-faim et prête à en découdre.

Néanmoins … L’entendre parler d’appât du gain lui arracha une expression d’une ironie rare. Comme si les industriels de sa chère Stardrive ne rêvait pas que de ça du matin jusqu’au soir. Comme s’ils ne bâtissaient pas leurs vies sur le malheur des autres. Comme s’ils n’étaient pas tous, dans cette Rotonde, à quelques exceptions près, dominés par cette envie de s’enrichir, de prendre toujours plus de pouvoir. Pourquoi ne le seraient-ils pas ? Ils étaient nés pour cela. Dès l’enfance, on leur avait seriné qu’ils étaient beaux, grands et forts, que tout leur était dû. Combien avaient échappé à la justice sur une simple décision arbitraire d’un monarque fantoche ? Les bruits couraient, dans le monde de la justice, et elle-même avait eu accès aux archives républicaines, y trouvant de délicieux cadavres dans certains placards. Les trois-quarts du temps, les affaires étaient classées, et provenaient simplement des dossiers spéciaux faits par les renseignements. Il n’empêche … Voir tant d’impunité notée noir sur blanc avait de quoi dégoûter n’importe qui avec deux grammes d’équité.

« L’appât du gain gouverne quatre-vingt pour cent de la Rotonde, et cent pour cent du FLR. Ce n’est pas une surprise de voir qu’il s’exprime dans les cénacles du pouvoir. Le contraire eut été même fort amusant. Faire preuve de rectitude morale n’est pas l’apanage sénatorial qui me vient le premier à l’esprit. »

Faire fi des faux-semblants ? Pas de problèmes. Ress savait faire. Elle ne garantissait pas cependant que ce soit une écoute agréable. Mais soit. Elle tenterait. A voir si Remis Menk allait jusqu’au bout de sa démarche. S’il avait bien conscience, également, de la personne à laquelle il faisait face.

« Soit. Je n’aime pas non plus les faux-semblants et les ronds de jambe. Pour le moment, je ne vois qu’un point commun entre vous et moi : le fait que nous nous opposons tous deux à la prise de pouvoir inepte de la Chancelière. Le Sénateur Fylesan en a sans doute plus, mais pour ma part, c’est à peu près tout ce qui nous rassemble.

Et la dernière fois que des êtres aux oppositions si profondes se sont alliées dans un but commun, le résultat a été le Rassemblement républicain et la mandature Scalia. Concrètement, la seule chose que ses soutiens avaient en commun était la volonté de prendre sa place. Si notre seul point commun est de vouloir destituer Emalia Kira … Autant voter simplement ensemble. Je ne tiens pas à réitérer la déliquescence de ces partis uniquement mus par … précisément, l’appât d’un certain gain, pour reprendre vos termes. »


On ne pouvait pas lui faire le reproche de manquer de franchise, au moins. Et la suite ne risquait pas d’arranger l’affaire. Elle espérait simplement que Jeresen Fylesan comme Remis Menk comprennent qu’elle ne faisait qu’énoncer des faits, et qu’elle n’était pas du genre à tourner le dos à ses convictions pour de la vulgaire politique politicienne.

« Soyons francs. Vous n’aimez pas les tournes-casaques ? Moi non plus. Et honnêtement … Notre alliance potentielle me fait pour le moment cet effet. Comprenez bien. J’ai bâti ma carrière contre votre entreprise planétaire première, et pour des causes que je crois juste. A l’heure actuelle, plusieurs responsables des catastrophes industrielles qui ont coûté la vie à plusieurs milliers des miens n’ont toujours pas été arrêté. Votre gouvernement les a toujours protégé. Rien que ça me fait frémir.

Vous parlez de points communs ? Bien. Voici ce en quoi je crois : à la liberté de chacun, à la justice, à l’équité, à la solidarité de tous, au respect du droit des individus contre les grands cartels et pouvoirs, quels qu’ils soient.

Et le Sénateur Fylesan partage cela, du moins, je le crois. Une coopération sans fond mène à l’ambition aveugle et … aux comportements que nous avons observés dans la Rotonde. Je ne tiens pas à y participer. »


Ress ne pouvait pas être plus claire, plus honnête envers son passé, ses croyances et ce qu’elle désirait fonder avec l’alsakani.

« Libre à vous de vous engager sur … de réelles bases, après cela. Il y a simplement … des obstacles à surmonter, aussi bien politiques que personnels. Et les ignorer serait idiot, contre-productif et foncièrement hypocrite.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas pour cette … liberté d’expression. »

Invité
Anonymous

« Consternant est un mot encore bien faible. »

A vrai dire, Jeresen allait avoir du mal à digérer ce qu’il avait vu et entendu en ce jour au cœur de la Rotonde. Il était fort heureux qu’il ait d’autres affaires à s’occuper rapidement, auquel cas il aurait plié bagages pour revenir aussi vite que possible vers le Noyau. Il était hors de question que le Sénat puisse voter un quelconque renforcement des pouvoirs de la Chancelière. Pas après ce qui s’était passé avec Dubrillion. Que certains Sénateurs préfèrent soutenir Emalia Kira et son gouvernement, ça il pouvait encore le concevoir. Mais plus ? C’était tout simplement insensé. Trop de pouvoirs entre les mains d’une même personne n’amenaient généralement rien de bon.

« Il est extrêmement dangereux d’entendre certains de nos confrères affirmer être prêt à renouveler leur confiance envers la Chancelière Kira, tout en renforçant ses pouvoirs, après qu’elle ait agi de la sorte contre les principes fondamentaux de la République. »

Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Tous les trois étaient d’accord sur les faits et sur les principes et Jeresen n’avait fait que synthétiser. Le sujet de la discussion à venir était bien plus important, et surtout, ne venait pas d’être discuté pendant des heures au cœur d’une Rotonde en perdition. Remis Menk était venu leur faire une proposition. Une demande qui n’était pas dénué d’intérêt et qui prenait tout son sens suite aux débats qui venaient d’ébranler le Sénat. Les trois Sénateurs avaient été sur la même longueur d’onde en demandant l’éviction de la Chancelière et en dénonçant le retournement de veste du FLR et d’autres Sénateurs. Tout les trois étaient conscients de la situation, de sa gravité et des opportunités qu’elle dégageait. Jeresen en parlait justement avec Ress avant que Remis Menk ne fasse son apparition.

Pourtant, si la requête du Sénateur de Rendili était fort intéressante, Jeresen restait méfiant et venait tout juste de commencer à évaluer le pour et le contre. Ress, elle, fut plus rapide à la détente et son analyse se révéla exacte, bien que personnelle. Peut-être trop, d’ailleurs. Jeresen était conscient, tout comme le reste du Sénat ou encore de Balosar, que la Sénatrice Laz’ziark avait fait de sa lutte contre les méfaits de Rendili Stardrive un des combats de son existence et revenir sur des années de bataille pour sceller un accord sur des bases inexistantes, parce qu’elle partageait un point de vue commun avec l’adversaire, serait très mal vu.

Il fallait évidemment des garanties et Jeresen ne voulait pas créer un nouveau Rassemblement Républicain. Il ne voulait pas créer quelque chose qui servirait uniquement de tremplin à un seul homme. Le projet qu’il avait avec Ress Laz’ziark et d’autres Sénateurs était bien différent. Il s’agissait d’une Union, d’une Alliance où tout les peuples seraient égaux et pourraient bénéficier des mêmes avantages. Ce ne devait pas être qu’un simple parti politique visant à s’emparer de la Chancellerie pour la garder à tout prix. Ce qu’il voulait, c’était créer un véritable futur pour la République.

Mais avant d’évoquer la chose, il devait d’abord calmer le jeu et faire retomber les tensions qui risquaient d’apparaître suite à la prise de parole de la Balosar. Il devait reformuler, et surtout préciser tout en apportant son soutien à la Sénatrice.

« Tout comme vous Sénatrice, nous ne voulons pas d’un nouveau Rassemblement Républicain. Cette période, pourtant courte, a laissé une empreinte nauséabonde sur la politique interne et le fonctionnement de notre République. Nous ne voulons pas d’une alliance d’apparence ou chacun agirait uniquement pour sa cause, pour ses intérêts personnels. » Il marqua une pause. « Les bruits de couloirs, à ce sujet, parlent d’eux-mêmes. »

L’UGSS n’était pas encore officiellement fondée et ne devait pas faire son apparition avant quelques temps, des semaines, voir des mois. Mais la situation avait évolué. Ress avait remit la question sur le tapis suite à la séance extraordinaire au Sénat. La Balosar avait raison, il fallait lancer le mouvement. Un mouvement qui avait forcément commencé à s’ébruiter dans les couloirs du Sénat. Ress et Jeresen n’étaient pas les deux seuls à s’être impliqués, et les nombreuses rencontres diplomatiques ne pouvaient pas être passées inaperçues.
Cependant, si les rumeurs de l’existence d’une entente avaient pu circuler, le contenu réel restait sans doute un mystère. Les détails, tout du moins.

Le Sénateur Menk avait eu l’initiative de venir les voir pour prendre la température, et Jeresen comptait bien lui en offrir un aperçu. Mais d’abord, il fallait mettre les différents de côté. Ou du moins faire semblant, en énonçant un fait que personne ne pouvait ignorer :

« Cependant, les faits du passé ne doivent pas nous aveugler pour autant. Nous concevons parfaitement le fait que la Rendili Stardrive n’est pas une entreprise modèle, qu’elle est même loin de l’être. Hélas, ses actionnaires n’ont fait que profiter d’un système fait pour les avantager, et leur donner un pouvoir fort pour asseoir leur autorité dans l’administration Républicaine. Mais la Rendili Stardrive n’est pas la seule, et ne sera pas la dernière à pratiquer cette politique à l’avenir si ces mêmes personnes qui renouvellent leur confiance en Emalia Kira finissent par atteindre le pouvoir qu’ils convoitent. »

La chose faite, l’Alsakani pivota légèrement, sa projection holographique grésillant et saturant quelques secondes alors que son vaisseau émergeait de vitesse-lumière, perturbant le signal. Il attendit que la connexion finisse par se stabiliser avant de reprendre :

« La Sénatrice Laz’iark vous a énoncé une partie des idées fortes en lesquelles nous croyons et qui posent les bases de notre coopération. A ce sujet Sénateur Menk, vous êtes celui ayant choisi de faire un pas dans notre direction en vous présentant devant nous, et ce en toute connaissance de cause. Du moins, nous l’espérons. »

Sinon il risquerait d’être déçu. Il était clair que Ress serait intransigeante et lui-même serait le premier à exiger des contreparties solides. Encore une fois, Jeresen ne cherchait pas à attirer les mondes influents de la République dans son giron en leur promettant tout et n’importe quoi. Avec l’UGSS, l’Alsakani espérait sincèrement pouvoir bâtir une mouvance sur des bases fortes et respectables, des idées qui ne devaient pas venir d’une seule et unique personne mais bien d’une entente cordiale.

C’est pourquoi il s’entendait si bien avec la Balosar. Ensemble, ils se comprenaient.

« Vous comprendrez donc que nous ayons des exigences fortes sur certains sujets, dont ce différent séculaire entre Balosar et Rendili, et nous nous rangeons derrière l’avis de la Sénatrice Laz’ziark. Il serait inutile et bien stupide de les ignorer. C’est là le seul moyen à nos yeux d’établir une coopération forte et confiante. Si vous voulez réellement d’un accord, il vous faudra accepter les changements. Nous ne sommes pas là pour vous convaincre en vous vendant des projets chimériques ou fallacieux. »

Au contraire, Jeresen était plutôt du genre à proposer des choses concrètes et réalisables, de véritables projets bénéfiques à l’ensemble des parties en jeu. Il n’agissait pas par intérêt personnel dans ce genre de décision, et Remis Menk devait bien comprendre la situation.

« Vous êtes venu à nous Sénateur Menk, et une fois encore, c’est à vous de nous convaincre. »

En en venant à eux, le sénateur se devait d’être conscient que les choses allaient devoir changer s’ils voulaient se faire entendre. Pour autant, Jeresen n’était pas totalement hermétique à l’idée d’un rapprochement avec Rendili, à condition bien évidemment qu’ils tombent d’accord sur des garanties. Entre Ress et lui, il n’y avait pas photo : il serait le plus facile à convaincre, mais pas le moins méfiant pour autant.

« Néanmoins, n’y voyez pas là un refus total. Le passé nous incite à rester méfiant vis-à-vis des autres, mais il faut aussi parfois savoir accepter des changements lorsque ceux-ci se présentent et nous sommes prêt à le faire. » Il avisa du regard le Sénateur Menk, pour marteler ses propos : « Si c’est bien là ce dont il s’agit. »
Invité
Anonymous
Les deux sénateurs s'accordaient sur la dangerosité de la situation au sénat. Le taux de sénateur pourri était exceptionnellement haut, Remis secoua la tête de déception en entendant les chiffres avancés par la sénatrice de Balosar, au fond, il s'en moquait un peu, pourtant, il n'avait là pas trop d'autres options que d'affirmer son désarroi à ce sujet. Au fond, il se disait que c'était l'essence même de la politique la corruption, mais il avait toujours eu l'idée d'être un peu à part des modèles classiques, d'être l'agitateur progressiste.

La Balosar montrait une certaine hostilité envers Remis et Rendili, mais visiblement, elle préférait les discussions franches et sans détour, un point positif, bien que quelques fois un bon jeu du langage était appréciable, malgré tout ce que Remis pouvait dire. Dans tous les cas, l'ancienne ministre de la Justice semblait relativement hostile au sénateur de Rendili, elle débuta plutôt froidement en affirmant que si c'était juste pour voter ensemble, ils n'avaient pas un réel intérêt à s'allier.

Elle ne serait pas si simple à intéresser, promesses et intérêts communs n'allaient sans doute pas être suffisant pour avoir le soutien de l'UGSS. Elle redoutait que le simple fait de s'allier amène à quelques erreurs semblables à ce qui arriva par le passé, avec la mandature du chancelier Scalia et le rassemblement politique précédent. Pourtant tous n'étaient pas idiots au point de laisser une telle chose arriver encore, tout comme la situation, aujourd'hui, différait bien.

Elle continua, toujours en montrant une hostilité non masquée envers Rendili. Le sourire sur le visage de Remis disparut légèrement tandis qu'elle montrait toujours plus son désaccord envers les entreprises de Rendili. Et particulièrement Rendili StarDrive contre laquelle elle mena un procès par le passé et que le gouvernement de Rendili a toujours protégé. Le visage de Remis regagna un air un peu plus amical tandis qu'il se forçait, il avait encore quelques petites cartes à jouer en stock dans cette discussion.

Elle mettait en avant son sens de la justice, de l'égalité. Quelqu'un de droit, de réellement droit, voilà bien quelque chose avec laquelle Remis n'avait jamais réellement pensé composer, pourtant étrangement cette chose ne lui donnait qu'un peu plus envie de se placer de ce côté. Si rejoindre sera plus difficile, une fois en place, il y aura plus de chance de stabilité qu'avec des politiciens ambitieux et avides de pouvoir, prêt à changer de camp et à trahir dans leur intérêt, ce qu'était prêt à faire Remis, au moment opportun.

Elle continua en affirmant que les premiers pas était à faire par Remis, tout en avertissant que ça ne serait pas simple. Bien entendu que ça ne serait pas simple, ça risquait même d'approcher le dangereux. Mais comme a dit un célèbre Nautolan « Le Danger est la petite touche qui différencie l’intéressant du passionnant. » Puis elle termina en demandant an Rendili de ne pas s'inquiéter de cette liberté d'expression. Non, ce n'est qu'un obstacle de plus, simplement.

Le sénateur Alsakani semblait lui un peu moins opposé à ce fait, il appuyait les dires de la Balosar, mais semblait aussi vouloir tempérer un peu ce point-là, simplement, il n'était pas aussi opposé à Rendili que ne l'était l'ancienne ministre de la Justice. Il affirma néanmoins qu'il n'était pas là pour convaincre le sénateur de Rendili, mais l'inverse était plutôt vrai. En soit c'était plus habile de prendre le chose ainsi plutôt que de concéder du terrain, dans une discussion diplomatique, c'était la base que de ne pas se placer dans une position défavorable.

Le sénateur Alsakani affirmait néanmoins que ce n'était pas un refus total, qu'il y avait encore à voir et à faire pour changer les choses, Remis ne put qu'acquiescer sur le point de la méfiance envers les autres, lui qui accordait difficilement sa confiance avait là un défi de choix. Néanmoins, il devait bien admettre que les mots de la Balosar pesaient, il n'y aurait sans doute pas une situation parfaitement calme et stable entre les politiciens, mais c'était le mieux à faire.

« Je ne peux pas nier que vos mots me touchent Madame Laz'ziark, il serait faux-jeton et malvenu de le nier, vous toucher à la fierté d'une planète... Pour autant, je ne peux pas vous donner tort. Le gouvernement de Rendili n'est pas exemplaire, ceci depuis des années. Ils refusent de voir la vérité en face et s'enferment dans leurs idées. Depuis quelques années, je tente de fédérer un mouvement progressiste, dans l'espoir de voir les choses évoluer. Depuis mon niveau d'accréditation, j'ai vu, et entendu, des choses que je ne peux que regretter, des choses qui sont d'elle-même des insultes envers un esprit que j'essaie, tant bien que mal, d'instaurer à Rendili. »

Remis se tut un instant, comme si le sujet était assez difficile. Il s'avançait pas mal et embellissait les faits, surtout qu'il portait peu d'attention à ce genre de choses en vérité, mais c'était là le personnage dont il souhaitait s'entourait, celui d'un progressiste soucieux de ce qui pourrait arriver demain et de ne pas refaire les erreurs d'hier. Il releva la tête et planta son regard dans celui de la Balosar.

« Je ne peux que m'excuser au nom de Rendili pour le tort qui fut causé aux vôtres madame, malgré le peu que cela représente. Ou tout du moins je ne peux que m'excuser ici et maintenant. Mais sachez que je ferais mon possible pour que demain, l'on sache ce qui s'est passé lors de ses catastrophes industrielles. Je ferais mon possible pour que les responsables voient ce qu'ils ont fait. Je ferais mon possible pour qu'ils soient jugés à la hauteur de leur méfait. »

De nouveau Remis laissa le silence planer, laissant ses mots être compris, dans les faits cela passait plus pour un détail qu'autre-chose, l'affaire se compliquerait simplement si un Prévôt de Rendili était mouillé dans cette histoire, mais le sénateur avait encore plus d'un tour dans son sac pour faire pression sur le conseil et faire bouger les choses.

« Si vous ne me croyez pas, je le conçois. Pourtant, vous qui parler d'égalité, vous devez bien savoir que tout le monde n'est pas à mettre dans un même sac. Je me bats pour que les choses changent depuis que je suis au conseil d’administration, que l'on reconnaisse au peuple le droit de parler en son nom et que l’administration est l'intégrité qu'elle devrait depuis toujours avoir. »

Une fois de plus le Rendili laissa le silence revenir, il avait été porté à sa place par un soutien populaire sur lequel il jouait depuis son début, les affaires d'égalité n'étaient en soit qu'une corde à rajouter à son arc dans le but de se rapprocher du parti soutenant également la destitution de la chancelière.

« Je ne vous ferais pas l'affront de dire que nous serons toujours d'accord, c'est évidemment faux, pour autant, je crois que nous avons plus de points en commun que notre opposition à la chancelière. Je crois en une décentralisation du pouvoir et au retour à une autonomie locale plus grande. Je crois en la fin d'un mandat offrant tous les pouvoirs à la chancellerie, à un retour à la république telle que nos ancêtres la voyaient lorsqu'elle fut fondée. Je crois en un monde en perpétuel mouvement, un monde dans lequel la voix de la majorité devrait être entendue et non pas étouffée comme de nombreuses personnes le veulent. Je crois en un monde dans lequel les victimes seraient traités comme telle, et non pas soumises à ceux ayant le pouvoir. Je crois en une république dans laquelle le sénat serait un organe vital, non pas juste un détail que l'on se permet de passer. Je crois en une république dans laquelle chaque voix est entendue, écoutée et comprise. Alors c'est un fait. Nous ne pourrons être toujours d'accord, je ne pourrais pas étouffer mes idées simplement pour vous suivre. Pourtant, je crois que nous voyons les choses d'une façon plutôt semblable. Je pense que nous aurons des désaccords si nous optons pour un rapprochement, pourtant, je ne crois pas qu'il y est plus d'oppositions que de rapprochements. Je ne crois pas que ce que je vous propose là soit simplement une alliance pour un vote. Mais pour de nombreux votes à venir et une galaxie laissant chacun parler, une galaxie dans laquelle toutes les voies seront écoutées. »

Et je crois en ce que je dis, c'est peut-être ainsi qu'il aurait pu conclure. Remis avait toujours eu l'art de se faire passer pour un progressiste droit dans ses bottes, quand bien même qu'en vérité, il agisse pour un gain en puissance plus que dans le réel souci d'autrui.
Invité
Anonymous
« J’accepte vos excuses … Mais mon peuple attend plus, je ne vous le cacherais pas. Si j’ai été élu contre la corruption ordinaire si favorables aux méga-corporations galactiques, c’est parce que les balosars sont fatigués de réclamer justice sans jamais parvenir à l’obtenir.

Nous avons souffert trop longtemps de la puissance de quelques-uns … Comme désormais, la République entière. Si nous voulons que l’opposition soit crédible … Autant commencer à prouver notre respect sincère des principes que nous disons tous défendre, non ? »


Intérieurement, Ress savait que, par un coup du sort, Emalia Kira venait peut-être ironiquement de lui servir sur un plateau la tête de ceux qu’elle pourchassait depuis si longtemps. Comme quoi, il n’y aurait pas que du mauvais qui ressortirait de cette séance. De l’injustice pouvait jaillir l’équité, comme de la fange de Balosar avait jailli, presque dix ans auparavant, un profond cri de ralliement pour le changement. Ces heures passées dans la Rotonde avait créé une déchirure profonde, une ligne de fracture entre ceux qui avaient courbé l’échine et ceux qui l’avaient refusé, alors qu’ils venaient d’horizons différents. Bien sûr, leurs objectifs personnels divergeaient. Certes. Evidemment. Elle devait reconnaître qu’entendre certains déblatérer sur les entreprises comme rempart contre les privations de liberté … Elle avait manqué s’étouffer de rire. Comme si ces dernières avaient un jour été réellement intéressées par autres choses que leur profit. Au fond, les vieilles recettes ressurgissaient … Et cette fois, aux dépens de ceux qui les avaient toujours privilégié. Qu’il était délicieusement amusant de voir l’arroseur arrosé de la sorte. Elle s’en délectait presque. Chacun ses petits plaisirs, après tout.

« Ma dernière demande d’extradition a été rejetée par votre prédécesseure et votre prévôt-en-chef. Je vais en déposer une nouvelle d’ici peu. A vous d’agir au nom de la justice, que nous chérissons tous tant. L’ancien directeur général de la Stardrive est impliqué, je ne vous le cacherais pas. »

Le propos était limpide. Même pas besoin de l’expliciter. La reprise de liens diplomatiques ne pouvait passer selon l’avocate que par la réparation des anciens torts. Sans compter qu’un procès lui serait grandement favorable. Le peuple n’aimait rien tant que punir ses anciens tortionnaires, après tout. Voir les anciens grands déchus de leur piédestal avait une saveur toute particulière. La justice avait cette beauté qu’elle transformait le plus grand des hommes en un détenu commun, surtout sur Balosar, connue pour ses conditions de détention misérables en raison de la surpopulation carcérale. Du reste, après les événements récents, il lui fallait frapper un grand coup, et un tribunal populaire lui fournirait l’emprise nécessaire et définitive pour lancer son projet le plus ambitieux, celui qu’elle construisait depuis des années, minutieusement, en compilant les données et les enquêtes, usant de sa position d’avocate et de son réseau pour obtenir des assurances juridiques et préparer le terrain à ce qui s’annonçait comme une révolution pour son peuple. Mais il n’était pas encore tant. Ces dernières années, elle avait travaillé pour consolider les acquis de sa gouvernance et obtenir des soutiens extérieurs. Désormais, il était temps de voir plus haut.

« Pour le reste … J’entends bien vos propos, néanmoins, mes années de militantisme m’ont appris qu’il vaut mieux avoir un programme commun qu’un accord de principe. Et n’avoir que des désaccords minimes sur ledit programme commun. Ces derniers peuvent exister … Mais soyons logiques : face à la lutte qui va s’engager, la Chancellerie exploitera chaque faille, chaque aspérité que nous pourrons lui offrir. Un front aussi uni que possible s’avèrera nécessaire. Ou alors … Des statuts très particuliers. Et jouer sur les … marges, disons. Enfin cela … Nous savons tous faire, normalement. Sinon, nous ne serions pas à ces places. »

Ress échangea un regard avec Jeresen Fylesan, histoire d’obtenir son soutien, avant de tendre un datapad au sénateur de Rendili :

« Voici une ébauche de ce que nous considérons tous deux comme les pierres angulaires de nos futurs combats. Y a-t-il d’ores et déjà des points qui vous sont problématiques ? »

Spoiler:
Invité
Anonymous

« Oh, rassurez-vous Sénateur Menk. Votre gouvernement n’est pas le seul à manquer d’exemplarité. Mais sachez que nous apprécions votre opinion ainsi que les idées portées par le mouvement que vous essayez d’initier à Rendili. »

L’Alsakani était particulièrement sincère. Les bras croisés dans le dos, il scrutait encore avec attention les moindres réactions du Rendili, avec toujours ce même objectif : trouver la vérité, le mensonge, ou la sincérité. Il l’écoutait toujours d’une oreille attentive, quand bien même il recevait à chaque instant de nouveaux comptes-rendus sur la situation dans la Zone Neutre par le biais d’un des écrans présents dans sur l’un des murs de la pièce. Bien que les propos du Sénateur Menk ne le concernait pas vraiment –ils étaient plutôt tournés vers la Balosar, vu le sujet-, Jeresen se sentait désormais obliger de commenter, d’intervenir. Car bien qu’il représentait son monde et Ress le sien, le duo s’apprêtait désormais à jouer dans la même cour, à affronter les épreuves en semble. La fondation à venir de l’Union Galactique des Systèmes Solidaires amenaient de nouvelles aspirations, mais aussi de nouveaux besoins, de nouveaux devoirs.

« Nous vous croyons, Sénateur. Mais tout comme Balosar, nous attendons de véritables garanties. Que ce soit sur les propos que vous tenez en privé devant nous, mais pas seulement. » répondit-il après que Ress soit elle-même intervenue sur le sujet.

S’il avait agi de la sorte pour soutenir Ress Laz’ziark concernant les mésententes entres Rendili et Balosar, il tenait également à pointer du doigt les choix forts faits par le Sénateur Menk pendant la session au Sénat. Ce qu’il avait décidé de faire avec les entreprises de son monde était osé, et Jeresen voyait là une potentielle volonté réactionnaire. A vrai dire, le choix du Rendili lui faisait beaucoup penser aux décisions qu’avait pris son propre monde lors des vingt derniers millénaires et qui avait causé que trop de conflits entre Alsakan et la République. Peu de gens étaient autant capables de discerner ce genre de tensions, ce genre de risques, que les Alsakanis sur pareil sujet. Ils étaient ceux qui avaient réussi à déclencher de véritables guerres civiles à cause d’un simple conflit commercial avec leur voisine et rivale.

Et de fait, il décida de préciser ses propos pour mieux les mettre en valeur. Et surtout, les faire porter.

« Vous serez observé sur les points que vous avez défendu face à l’assemblée et il serait malheureux de vous voir faire machine arrière si le gouvernement venait à vous offrir ce que vous désirez. Comprenez par là que nous sommes en totale adéquation avec les remarques de la Sénatrice Laz’ziark. Il est absolument hors de question de présenter un front désuni face à la Chancellerie, face au gouvernement de la République. »

Tout d’abord, il serait fort malheureux de voir Rendili faire machine arrière, mettre un genou à terre pour se prosterner après avoir osé aller aussi loin. D’une certaine façon, Jeresen estimait que le Sénateur Menk avait franchi un point de non-retour, tout comme lui l’avait fait en franchissant la Zone Neutre avant même l’entrée en guerre de la République. A ce sujet, ce vote lui offrait une légitimité qu’il avait eue peur de ne pas pouvoir obtenir. En recentrant le sujet, Jeresen serait grandement déçu par un désengagement de Rendili après que Remis Menk ait fait tout ce chemin pour venir les rencontrer. C’est pourquoi il avait besoin de garanties concrètes avant d’accepter quoi que ce soit. Il était hors de question de faire face à une éventuelle trahison ou un quelconque retournement de veste.

Car ce qu’il s’apprêtait à officialiser avec Ress Laz’ziark nécessitait l’implication de chacun. Il ne s’agissait pas un moule rigide, ou aucune concession ne serait faite. Non, il s’agissait là d’une véritable association, d’une véritable alliance construite autour de volontés communes, d’aspirations et d’idéaux propres aux fondements de la République avec une réelle volonté progressiste, un réel désir de faire tomber les privilèges. C’est pourquoi, une fois de plus, il devait être certain que le Sénateur de Rendili méritait réellement cette place, en plus d’éventuellement le vouloir. Remis Menk avait, en quelque sorte, avec ce débat enflammé au Sénat, passer l’Écrit. Pour espérer avoir une place, il devait désormais réussir le Grand Oral.

L’Alsakani acquiesça donc, en conséquence, à la demande sous-entendue de la Balosar par l’intermédiaire d’un mouvement appuyé du chef. Le Rendili avait donné ses premiers arguments, il était à présent tant de rentrer dans le concret, de le confronter à la réalité, à ce qui l’attendait s’il souhaitait réellement s’engager.

Jeresen laissa le temps au Sénateur de bien prendre conscience des premières lignes de l’ébauche que Ress lui avait tendu avant de reprendre :

« Comme vous le savez, Alsakan n’a jamais cherché à cacher son jeu sur de tels sujets. Notre position est connue depuis des millénaires et n’a que très peu évoluée. Pourtant, nous avons décidé d’aller de l’avant en initiant, avec nos amis Balosar, un mouvement plus progressiste et fondé sur des valeurs qui ne sont pas seulement propres à nos deux entités, mais bien à une grande majorité de la République. Il s’agit là d’une alternative qui prend ses racines dans les valeurs fondatrices de notre République pour s’étendre au-delà des barrières dressées au cours de millénaires de favoritisme envers certains mondes, envers certaines entités. »

Ce qu’il voulait dire par là, c’est qu’Alsakan était à l’origine de ce mouvement, de cette main tendue aux mondes dénigrés par le pouvoir fédéral au profit du corporatisme outrancier. Et qu’en conséquence, son propre monde avait accepté de laisser de côté ses avantages, sa puissance, son rayonnement pour se placer à égalité des autres membres fondateurs de l’UGSS. Et que donc, bien évidemment, il devrait en être de même pour Rendili. Selon lui, c’était la meilleure façon de procéder pour espérer, un jour, transformer ces idées en réformes et ainsi mettre réellement en application les véritables principes à l’origine de la fondation de la République. Il était assez ironique, d’ailleurs, de constater que c’était bien en se plongeant dans les idées du passé qu’apparaissait les graines de ce mouvement qu’ils voulaient progressiste.

« A présent que le Sénat a voté l’État de Guerre, nous devons nous montrer plus vigilants que jamais. La guerre entraîne la peur, la méfiance, le désarroi, l’inquiétude. Sur ce point, nous ne vous apprenons rien. Elle tend à étouffer, lentement, les règles démocratiques dans l’établissement, à terme, d’un gouvernement fort et disposant de pouvoirs si étendus que la survie même de la démocratie Républicaine se retrouve en péril. La République a déjà sombré dans ce scénario par le passé. Il est de notre devoir d’éviter sa rechute. C’est pourquoi ces points représentent l’essence même de ce mouvement.
C’est aussi pour cela que nous devons offrir au gouvernement un front uni ; que nous demandons à chacun de faire preuve de réciprocité dans ses engagements. »


Ce point là était également important et justifiait d’autant plus la nécessité de faire front, tous ensembles, aux futurs mouvements obscurs de la Chancellerie ou de son gouvernement. Bien évidemment, l’idée n’était pas de faire opposition à chaque proposition mais bien de veiller, sur ce sujet précis, à ce que les élites confortablement assises dans les sièges du pouvoir ne tendent pas à transformer la démocratie républicaine en une forme quelconque d’autocratie.
Jeresen partageait évidemment les arguments avancés par Ress, et il n’avait pas trouvé nécessaire de les appuyer d’un argumentaire supplémentaire. L’Alsakani préférait, au contraire, appuyer sur la volonté profonde qu’il avait voulu inspirer à ce mouvement, et sur le fait que ce dernier n’était en rien un tremplin pour faire atteindre, que ce soit à la Balosar ou lui, les sièges du pouvoir suprême :

« Car nous ne représentons pas un mouvement rigide, ne prônant que l’ascension d’un seul individu. Nous formons une véritable association, une entente. Et c’est pour cela que nous offrons une parole égale à chaque membre. Il est donc légitime, si vous vous sentez réellement concerné par les principes que nous partageons, que vous puissiez également exprimer vos potentiels désaccords. »

D’un geste de la main, il invitait le Sénateur à proposer ses idées, à donner son avis sur ce que Ress lui avait tendu. Jeresen avait déjà bien monopolisé le temps de parole et il se reconcentra un bref instant sur les données qui défilaient sur les écrans disposés au dessus de son nez, hors de la vue de ses interlocuteurs.
D’un geste de la main, il fit glisser le flux d’informations avant d’en détourner son regard pour mieux le concentrer sur le Rendili.

Ses prochaines paroles seraient importantes, et il ne voulait surtout pas les manquer.
Invité
Anonymous
Pas de doute, ces deux politiciens ne seraient pas parmis les plus simple à convaincre ou à ralier. Mais le Rendilien ne perdait pas espoir, l'idée qui lui trottait derrière la tête demandait des soutiens et actuellement il n'en voyait pas vraiment d'autres que l'UGSS. Ress restait méfiante, ses mots transpiraient un doute vis à vis de Remis. Un doute légitime et normal. Après tout le Rendilien était membre du conseil d'administration de Rendili depuis quelques années maintenant.

Et s'il avait battit la carrière sur le soutien des ouvriers et employés en général il n'en avait pas toujours été ainsi. Pour autant il s'efforçait d'effacer l'ancien lui buter et arrogant face au petit peuple pour que celui qu'il construisait depuis soit le seul visage qu'on lui connaisse. D'un hochement de tête aimable il prit la plaquette que lui tendait le sénatrice, tout en lisant en diagonale ce qui y était noté. Quelques points lui plaisaient simplement, ne serait-ce que le combat pour la décentralisation.

De plus la soif de justice de la Balosar collait bien avec l'image qu'il donnait de sa personne sur son monde depuis plusieurs années maintenant. Elle affirma que l'ancien directeur de Rendili Star Drive était mouillé dans l'histoire qu'elle cherchait à régler depuis longtemps. Point intéressant. Dans le système Rendilien, le PDG est choisi par le Prévôt-en-chef. Bien souvent c'est un homme de confiance de celui-ci.

Et ceci ne manquait pas, avant les nationalisations c'était le plus fidèle soutien du Prévôt-en-chef. Voilà une occasion en or que le Rendilien ne manquerait pas de saisir, afin d'assurer sa position de force au conseil, en jetant le discrédit sur le camp d'en face. Remis acquiesça pour toute réponse, il ferait ce qu'il avait à faire, encore plus maintenant qu'il y avait à la clé un gain d'influence dans son monde en plus de l'alliance avec d'autres mondes.

L'Alsakani prit alors la parole tandis que Remis lisait le programme de l'UGSS. Il approuvait les positions fortes du Rendilien mais souhaitait que celui-ci ne fasse pas marche arrière, masquant à peine la déception et le désaccord qu'une telle décision engendrerait. Tandis qu'il finissait sa phrase Remis releva la tête pour fixer à nouveau l'hologramme de l'Alsakani, le visage plutôt dur et froid, touché par les convictions qu'il portait.

« Ne vous inquiétez pas Sénateur. Je ne reviendrais pas sur mes mots. Je n'aiderais pas un gouvernement comme celui-ci, mais je soutiens tous ceux qui veulent se battre pour la république en laquelle j'ai foi. »

Remis se permettait peut-être des folies, à promettre à ceux le voulant son soutien et son industrie pour qu'ils mènent la guerre à leur façon et sans avoir l'obligation de se reposer sur la chancelière. C'était là simplement un trait de plus pour lui, le fait de vouloir faire bouger les choses et de décentraliser une république trop proche du totalitarisme Impérial. Pour appuyer ses propos le sénateur absent mit en avant la position ancienne et dure d'Alsakan. Un maigre sourire aux lèvres Remis répondit.

« Oh, je le sais. Vous avez, par le passé, fait fleurir notre vente de vaisseaux. »

Son sourire se coupa ensuite, retrouvant le sérieux qu'il avait avant cette phrase.

« Mais je regrette que jamais mon gouvernement n'ait prit la décision de s'opposer à la centralisation croissante de la république. Maintenant si je dois voir notre vente de vaisseaux fleurir, que ce soit pour que chacun puisse être libre sans devoir tout donner à ceux qui ne les remercient pas. »

Sous-entendu d'une chancelière agissant tel un électron libre. Jeresen affirma ensuite sa vision du mouvement qu'il initiait avec la Balosar. Une équité dans la république, une opposition au totalitarisme croissant de la chancelière, ainsi qu'un mouvement uni et non pas fait pour aider une seule personne. De jolis mots, ceux de personnes défendant leurs idéaux. Même si, dans tous les cas, certains auront toujours une voix plus forte. Remis releva la tête et fixa les sénateurs, posant le datapad sur le table et les gratifiant d'un bref applaudissement.

« Si nous avions été en séance ouverte, sans doute aurai-je put applaudire bien plus. Je salue dans tous les cas le mouvement que vous initiez, je ne peux qu'être d'accord avec vous tant l'état totalitaire qui s'inscrit autour de nous devient évident. Une bonne majorité des sénateurs ne suit que l'avis des plus influents comme des moutons, voilà un mal évident et déplorable. »

Il fit une pause et reprit le datapad qu'il consulta à nouveau un instant.

« Bien entendu, il sera faux de dire que tout va bien et que je soutiendrais toujours à 100% vos idées et vos façons de voir les choses. Mais n'est-ce pas là un peu ce que vous cherchez aussi ? Que chacun ait une vision de la cause que vous défendez, tant que celle-ci est défendue. Je ne veux pas d'un accord de principe non plus, je veux pouvoir discuter avec des gens qui partagent mon opinion, les soutenir, qu'ils me soutiennent et que l'on se batte ensemble pour une vison qui nous est propre de la république. Je conçois qu'il est fort difficile de se projeter dans une véritable coopération entre mon monde, bien trop peu exemplaire par moment, et ce que vous tentez de défendre. Mais j'ai l'espoir que ce combat altérera aussi la façon dont fonctionne ma planète, puisse cela faire comprendre à chacun qu'il ne faut pas oublier son prochain. »

Puis il se tut, tendant la plaquette à la sénatrice. Non pas qu'il n'en voulait pas. Mais qu'à la vue de la coopération qu'il voyait, il n'avait pas vraiment besoin d'un programme, les mots de chacun ayant bien plus de valeurs que tous les écrits de la galaxie.
Invité
Anonymous
Il arrivait des moments où chacun savait que les lignes ne bougeraient plus. C’était vrai en matière militaire, économique, administrative et bien entendu politique. Tout sénateur savait jusqu’où il pouvait se permettre d’avancer ses pions, et jusqu’où assaillir les digues de ses interlocuteurs d’un flot continu de questions, de doutes ou de circonvolutions pour enfin arriver au point ferme, dur, où tout demeurait sur la table. Désormais, Remis Menk, Jeresen Fylesan et Ress Laz’ziark avaient atteint ce point de non-retour où il convenait de prendre une décision … ou d’ajourner tout du moins leur réunion improvisée.

Qu’avait-elle donc appris au cours de cette discussion pour le moins impromptue ? Que Jeresen Fylesan était toujours sur la même longueur d’ondes qu’elle, quoique nettement plus à l’écoute d’un être comme le représentant de Rendili. C’était logique, et elle ne s’était pas attendue à le voir l’accueillir avec une méfiance similaire à la sienne, tout d’abord parce qu’il n’avait pas le même passif à l’égard de cette planète qu’elle-même, et ensuite tout simplement parce qu’ils différaient sur certains points, et que cela ne servait à rien d’occulter ce fait. Ils devraient faire avec, aussi pour le moment, elle se satisfaisait assez de leur unité apparente, n’ayant que peu de problème à endosser le rôle notoirement ingrat de celle qui ne cachait ni ses réticences, ni son hostilité primaire. Certains auraient dit qu’une telle attitude n’était pas digne d’une sénatrice. Pour Ress, elle représentait au contraire la quintessence de la différence entre sa vision de la politique et celle que véhiculait la plupart de ses comparses peuplant la Rotonde. Les moyens importaient, contrairement au dicton célèbre, et elle n’avait jamais été prête à mettre la fierté si mise à mal des balosars de côté pour se rouler aux pieds des plus puissants. A cet égard, elle n’avait rien d’une diplomate, dans le sens où elle conservait toujours cette volonté farouche de dire les choses comme elles étaient, peu importe le coût de cette entreprise.

Déjà, elle avait remarqué que cette attitude n’avait pas eu l’heur de plaire à Emalia Kira, du temps où elle n’était que Ministre du Travail. Sans doute s’était-elle attendue à une réunion moins rude, où les syndicalistes se seraient contenté d’applaudir des deux mains pour une fois qu’on leur offrait les miettes qu’ils demandaient depuis des années. C’était mal la connaître. Ce moment avait-il été annonciateur d’une entente qui n’avait jamais été réellement effective ? A l’époque, l’avocate avait décidé de prendre cela pour une divergence de caractère, persuadée que le politique servirait à un moment à faire le lien. Désormais, et contrairement à tous les us et coutumes du milieu, elle s’en tiendrait à une nouvelle maxime : oui, les ententes personnelles comptaient, et il était illusoire de penser le contraire. Les alliances faites uniquement de poignées de main faussement cordiales et d’ambitions partagées, même nobles, vacillaient toujours quand les intérêts privés étaient en jeu, quand le liant politique ne suffisait plus. Voilà pourquoi elle croyait dans son projet avec le sénateur d’Alsakan, et pourquoi elle tenait à ne pas reproduire de fâcheuses erreurs en s’ouvrant trop tôt, ou trop vite. Les intentions ne suffisaient pas. Et elle n’avait plus la force de croire à des paroles qui lui plairaient à un moment mais se révéleraient creuses plus tard. Il était temps de trancher. Et elle allait le faire, à sa manière si franche, comme d’habitude.

« J’entends bien ce que vous nous dites. Et je crois que nous sommes arrivés à ce moment fatidique où tout est sur la table, et où les dés attendent d’être jetés. Pour autant … Je ne vais pas le faire maintenant. Ne vous méprenez pas, laissez-moi vous expliquer pourquoi. »

Ce n’était pas une fin de non-recevoir, au contraire, simplement une manière de temporiser, d’aplanir la situation en dressant une ligne de conduite claire entre eux.

« Notre projet va voir le jour sous peu. Nous vous demanderons d’ailleurs à ce sujet une certaine discrétion pour que, le moment venu, l’impact soit le plus fort possible. Pour le reste, vous avez lu nos idées, et je vous ai fait part de mes attentes personnelles. Je ne vous ai rien caché de mes doutes, et vous n’avez pas essayé de faire croire que vous adhériez à l’ensemble de nos propositions. Voilà au moins une base salutaire d’honnêteté.

Acquittez-vous de ma demande, méditez votre envie de vous engager à nos côtés, et si cette aventure vous convient toujours, alors nous discuterons avec plaisir de votre adhésion à notre mouvement. Mais gardons-nous d’une certaine précipitation, dans l’ivresse du moment et de la détestation commune de ce que devient la République. Nous ne voulons pas seulement nous opposer : nous voulons aussi construire, ensemble, une autre voie, tracer un autre chemin. »


Ce fut ce moment précis que la Sénatrice de Vulpter choisit pour entrer en trombe pour interpeller Ress sur la reprise avant l’heure des séances pleinières, sans doute à propos des informations qui allaient être déclassifiées.

« Je crois que notre entretien vient de trouver là sa fin. Sénateur Mensk, Sénateur Fylesan … »

Elle laissa les deux hommes se saluer puis, après un dernier regard entendu, coupa la communication avec le représentant d’Alsakan, avant de serrer la main du Rendilien tandis que tous deux reprenaient le chemin de la Rotonde, la surprise se peignant sur le visage de ceux qui voyaient les deux sénateurs cheminer de concert … Le vent du changement n’en finissait décidément plus de balayer le Sénat.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn