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« Je tiens encore à m’excuser, Sénateur Fylesan… »

Les doigts de l’Alsakani tapotaient sur le rebord de la console située devant lui tandis que sa navette fendait l’espace en direction de la nuée de points bleus indiqués sur le radar, et dont les silhouettes se profilaient à l’horizon depuis déjà quelques minutes. Son esprit étaient occupé ailleurs, à traiter la masse d’informations lancé à toute vitesse en pleine figure au cours des négociations à bord du Furtivo et le dénouement de la bataille de Dubrillion. Ainsi, Emalia Kira était parvenu à s’en sortir malgré la situation désespérée dans laquelle elle s’était mis toute seule sans raison. C’était une bonne chose qu’elle n’ait pas été tuée ou même capturé par l’ennemi avant que celui-ci ne décide de se retirer. La République s’évitait un débat futile et dénué d’intérêt qui aurait pu la mener à faire les mêmes concessions que lors du Traité d’Artorias. Pourtant, la victoire de Dubrillion avait un goût des plus amers pour la République mais surtout pour l’homme qu’il était. La République n’avait gagné qu’une bataille à la Pyrrhus, et dix de ces victoires la mènerait à la défaite. Les pertes étaient extrêmement lourdes, mais Emalia Kira pouvait revenir avec le faux sourire de victoire. Son « plan » a fonctionné, certes, mais à quel prix ? Jeresen ne savait même pas si elle présenterait officiellement une déclaration de guerre devant le Sénat ou si elle se contenterait comme il le pensait, de glisser ses pieds dans ses escarpins pour laisser l’Empire tranquille et se faire couronner Reine Victorieuse contre l’oppresseur Dubrillonnais. Pour sa part, la situation était plus délicate. Le retour d’Emalia mettait en péril les possibles garanties sur lesquelles ils étaient tombés d’accord avec la Sénatrice Laz’ziark et de fait toute sa position vis-à-vis de l’Archaïad, sur Alsakan. Le Roi Fird lui-même était monté au créneau pour épurer ses conseils et éviter une catastrophe, sous les garanties que les choses changeraient, qu’Alsakan aurait un poids encore plus fort dans la République. Jeresen n’était pas encore certain d’avoir échoué, la situation ne s’était pas encore suffisamment tassée, mais il n’en attendait pas grand-chose. Le contraire serait une véritable surprise. Il lui restait pourtant bien des choses à accomplir, et celle dont il allait s’occuper dès à présent pouvait encore inverser la tendance. La flotte de l’Hégémonie tout entière était à sa disposition, excepté les bâtiments restés en retrait pour maintenir la sécurité d’Alsakan. Une flotte dont il comptait bien se servir pour agir avant la République et donner l’impulsion nécessaire pour faire bouger les choses, et peut-être même placer le Sénat et la Chancelière, voir même plus de monde encore, devant le fait accompli. Il s’était fortement opposé à pareille méthode lorsqu’elle avait été employée après Makem Te, mais la situation était désormais bien différente. Sa situation était bien différente. S’il n’agissait pas, toute sa famille risquait d’être entachée par ses erreurs, voir même exclu de l’Archaïad pour avoir osé agir à l’encontre de celle-ci, et cela même si le Roi leur avait son soutien. Ce dernier était le monarque absolu, mais même lui devait parfois savoir faire machine arrière, pour assurer l’avenir d’Alsakan. Et en cet instant, rebrousser chemin reviendrait à désavouer Jeresen, son représentant au Sénat.

Son regard rivé sur le transparacier, ses pupilles restaient focalisées sur les balises de navigation lumineuses et clignotantes idéalement réparties sur les surfaces en duracier qui servaient de coque et de blindage aux nouveaux croiseurs-cuirassés Alsakanis. Le design de ces bâtiments étaient révolutionnaire pour ce peuple qui avait toujours cherché à se doter une force efficace et puissante capable de rivaliser avec les plus grands. La philosophie de la guerre ayant changé, l’adaptation entrainait forcément de nouvelles créations, ainsi que de nouvelles tactiques et stratégies. Au loin, comblant l’immensité des trous laissés au milieu de la flotte de navires modernes flottaient des reliques du temps où la guerre navale était concentrée sur les routes commerciales et où les combats n’opposaient que rarement des vaisseaux capitaux. Long et effilés tel un sabre-laser, ces navires seraient eux aussi bientôt remplacé par leurs successeurs, pensés et armés pour combattre ennemi qui s’avèrerait redoutable sortit de l’Ombre il y a de ça quelques années : l’Empire Sith. C’était une véritable avance, une prouesse technologique. Ces nouveaux navires, à l’instar de ceux nouvellement conçus par la République sur Mon Calamari, étaient là pour mener leurs équipages à la victoire. La vrai, la seule, l’unique, bien différente du massacre insensé de Dubrillion.

Le regard de l’Alsakani dévia soudainement, son esprit expulsant ses pensées récentes pour se concentrer sur l’instant présent. Les précédents propos résonnaient encore dans son esprit alors qu’il clignait calmement des yeux, l’air las. Ses pupilles ne se portèrent pas vers son interlocuteur et restaient inévitablement rivées vers le sol :

« Vous n’avez rien à vous reproché, capitaine. Vous étiez en infériorité numérique en plus de disposer d’une flotte fortement meurtrie par les précédents affrontements. La situation dans laquelle nous vous avons laissé était incertaine, dangereuse. Nous n’aurions jamais dû quitter le navire pour les obligations futiles que l’on nous a imposé. Si quelqu’un doit s’excuser pour ce massacre, pour l’annihilation de la majeure partie de la flotte du Gardien du Tionese, ce n’est certainement pas vous. »

Son regard remonta finalement vers le républicain, alors que l’intonation du Sénateur se faisait toujours aussi grave. Je’styylir avait agi comme il avait pu. Changer de chaine de commandement aussi rapidement n’était jamais bon pour le moral des troupes, et lorsque la situation est déjà catastrophique, voir un Amiral quitter le bord sans donner de véritables raisons suffit à saper vos dernières réserves de motivation.

« Je suis le seul responsable. Je vous dois des excuses, à vous, et à tous ceux qui ont donné leur vie en mon absence. »

Au travers du cockpit, les silhouettes des navires s’étaient agrandies et le vaisseau dans lequel Jeresen se trouvait virait de bord pour éviter le gigantesque croiseur-cuirassé qui venait obstruer les verrières en transparacier. Bientôt, l’appareil venait frôler le blindage avant de faire son entrée dans le hangar supérieur du bâtiment, située à la proue du titan de métal dont la taille excédait de deux centaines de mètres les plus gros bâtiments de la flotte Impériale.

« Mais je ne compte pas laisser les choses ainsi. Si nous avons remporté la bataille de Dubrillion, ce n’est pas grâce à notre puissance, mais seulement parce que l’Ordre Jedi et les mondes neutres sont intervenus pour inverser la tendance et nous mener à une victoire des plus couteuses. Si l’Empire doit s’en prendre à quelqu’un désormais, ce n’est pas à la République qu’il s’en prendra. Les mondes neutres, peu importe d’où ait pu surgir leur soudaine puissance, vont être les premières victimes. » Il se leva de son siège, alors que leur vaisseau se cramponnait au sol du hangar. Sa lassitude disparaissait pour laisser place à un détermination retrouvée. « Sans l’aide de la République, sans notre aide, tout ces mondes seront balayés comme poussière au vent. »

« C’est une évidence, mais en tant qu’officier de la République je suis impuissant. Si l’on ne m’ordonne pas d’avancer, je ne peux pas me résoudre à le faire. Je ne suis pas Amiral, je ne peux pas prendre la décision d’aller les aider. La flotte est décimée, elle serait incapable d’apporter le moindre soutien. »

Jeresen descendit la rampe menant au hangar, le capitaine à ses côtés alors qu’ils s’avançaient vers le maigre comité d’accueil qui les attendaient à quelques dizaines de mètres de là. L’Alsakani savait parfaitement que Je’styylir ne pouvait rien faire. Il ne lui avait pas demandé de venir pour espérer avoir le soutien de la République. Il n’en avait pas besoin, et il ne l’espérait pas, et encore moins venant d’Emalia Kira. Le contraire serait une véritable surprise.

« Si un ordre vous semble immoral ou profondément insensé, il est de votre devoir d’y désobéir. Là où la désobéissance peut-être vu comme de la trahison ou de la lâcheté, c’est au contraire bien du courage qu’il faut avoir pour s’opposer à toute une hiérarchie. Mais je ne suis pas là pour vous convaincre de désobéir et d’emmener ce qu’il reste des forces républicaines dans le secteur derrière moi, Je’styylir. Si vous êtes ici, c’est parce que je tiens à m’entourer des meilleurs, et croyez-le ou non, vous êtes l’un des officiers Républicains les plus expérimentés en ce qui concerne les Impériaux. Tout comme moi, vous les avez vus à l’œuvre, vous savez comment ils agissent. Votre présence m’est précieuse. »

« Mais pourquoi faire, Sénateur Fylesan ? » La réponse, pourtant, vînt bien vite illuminer son regard alors que les traits de son visage s’arquaient sous l’étonnement. « Oh ! Vous allez vraiment… »

Oui, il allait vraiment le faire. Il avait bien compris. S’il l’avait fait venir ici, c’était bien parce que Jeresen comptait agir avec la flotte de l’Hégémonie, sans le moindre accord de la République. Alsakan était restée muette depuis bien des siècles, mais comme un D’oemir endormi, son réveil serait le début d’un renouveau. Du moins, c’est ce que Jeresen espérait. Il salua d’un geste de la main le capitaine Thicehk venu l’accueillir bien loin de sa passerelle, laquelle les invitait presque immédiatement à la suivre après les présentations. Ils avaient beaucoup de choses à préparer, à commencer par peaufiner le plan concocté par ses confrères Alsakaneses. La jeune femme donnait le rythme, guidant le trio vers les hauteurs de la passerelle.

« Étant donné la zone à couvrir, Amiral, cela risque d’être compliqué de porter assistance à tout les mondes de la zone neutre si l’Empire se décide à les assiéger. Nous n’avons pas assez de navire pour occuper le terrain. »

« C’est pourquoi nous comptons sur les bonnes intentions des mondes neutres. Nous avons prit des dispositions pour les informer de notre venue, mais ça reste à eux de décider s’ils veulent oui ou non de notre aide. Cependant, ils ont fait le premier pas, dans l’espoir que la République viendrait dans leur camp alors que les Impériaux patrouillent dans leur espace en toute impunité. A présent, les Impériaux vont s’en prendre à eux. C’est une évidence. Ils ont donc tout intérêt à coopérer, surtout depuis que leurs dissensions aient été balayées par leur besoin de coopérer lors de la bataille de Dubrillion. Ils ont besoin de notre aide, et ils l’accepteront. De plus, nous ne venons pas occuper leur terrain, mais le protéger. »

« Certes, mais ils vont tous vouloir avoir le commandement des opérations… »

La discussion était rythmée par le pas rapide du trio alors qu’ils avalaient les mètres les séparant du pont de commandement. Jeresen était bien conscient que ce qu’il s’apprêtait à faire était risqué, mais les mondes neutres allaient bien devoir s’aligner avec lui s’ils voulaient réellement être protégés. Ses doigts venaient tracer sur une tablette le plan qu’il avait en tête, et qu’il avait déjà partagé avec les capitaines des bâtiments. Il était hors de question de venir affronter frontalement l’Empire. D’après les renseignements issus de la bataille autour de Dubrillion, les Impériaux disposeraient de trois flottes presque au complet entre Artorias, Bastion et Lorrd. Soit une force combinée trois fois plus nombreuse que la flotte de combat actuellement réunie autour de l’Amiral Hirken, le vaisseau amiral de l’Hégémonie d’Alsakan. Il allait falloir ruser, et mener des actions visant à harponner une partie des forces ennemies, les détruire et repartir avant l’arrivée des renforts. Mais seulement si l’Empire venait à s’en prendre aux mondes neutres, ou à sa propre flotte.

« Et ils l’auront partiellement, tant que nous serons dans leur espace, ils y sont chez eux. Le meilleur moyen est encore d’ignorer les mouvements des mondes neutres s’étant rassemblés derrière l’Empire et de se concentrer sur ceux venus nous aider à Dubrillion. Nous séparerons donc la flotte en deux puissantes flottilles. Je dirigerais la première, à bord de l’Amiral Hirken. Nous nous positionnerons entre Gravlex Med et Bimmiel. Si les flottes Sith doivent surgir, ce sera probablement par là. La seconde flottille sera armée autour du Frappe de Rucapar et se positionnera entre Argazda et Ciutric. Nous enverrons des éclaireurs entre Ord Trasi et Akuria ainsi qu’entre Bimmiel et Lorrd. »

Jeresen glissa la tablette dans les mains de Jes’tyylir, le seul qui n’était pas encore au courant des manœuvres envisagées. Dès lors, il le saurait.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]



« Avec un tel dispositif, nous devrions être capables de détecter toute présence Sith dans la zone neutre. »

Le large sas en duracier s’ouvrait devant eux, dévoilant la vaste passerelle de l’Amiral Hirken et ses officiers de pont au travail. A l’autre extrémité, les vitres en transparacier donnaient sur l’espace et surplombait l’immensité du métal protégeant le navire de l’environnement hostile de l’espace. Un homme de pont informa le reste de leur arrivée, et ils s’engouffrèrent vers le centre de la vaste pièce, au centre de la passerelle qui séparait la fosse en deux. Au cœur de celle-ci, les hommes étaient concentrés sur leur travail et leurs écrans, à l’affut du moindre signe suspect, du moindre disfonctionnement. L’ensemble du personnel était soigné, et droit dans ses bottes.

« Nous comptons également sur la bonne volonté des mondes neutres à coopérer entre eux pour quadriller eux-mêmes le terrain. Avec un tel dispositif, il nous sera facile d’intervenir. »

« Capitaine, l’Amiral Nivohn à bord du Frappe de Rucapar ! Il nous informe que sa flottille est prête à faire mouvement. »

Jeresen détourna le regard vers la projection holographique où l’ensemble de la flotte était représentée sous des formes géométriques simplifiées. Le nouveau système de coordination et d’information en temps réel était vraiment efficace. Via cette interface, il était possible de connaitre en direct l’état et les paramètres de chaque bâtiment appartenant à la flotte : état des boucliers, systèmes critiques, etc... Celle-ci était fortement compacte, les navires si proche les uns des autres qu’il semblait possible de les toucher en tendant la main. De telles formations aussi serrées étaient utilisées pour naviguer en vitesse lumière.

« Nous sommes également tous prêts, Amiral. Nous partons dès que vous en aurez donné l’ordre. »

A peine avait-il finit de mener une campagne qu’il se lançait déjà dans une autre. Il avait délaissé son rôle de Sénateur pour venir sur Dubrillion, laissant temporairement sa place à Jon au Sénat. Il parlait en son nom depuis déjà trop longtemps, et Jeresen allait devoir y intervenir d’une manière ou d’une autre. Il ne pouvait pas quitter son poste, pas maintenant. S’il devait intervenir au cours d’une séance extraordinaire, alors il le ferait depuis cette passerelle, par l’intermédiaire d’une communication sécurisée. Il était hors de question pour lui de démissionner du poste de Sénateur qu’il avait obtenu tant que Son Altesse Fird ne le lui avait pas demandé. Ce qu’il s’apprêtait à faire serait soutenu par son monde tant qu’il n’y aurait pas de faux pas, mais il comptait bien ne pas laisser le choix à l’Archaïad. S’il agissait, il espérait ne pas être le seul à le faire. Que fera la République, si les intérêts d’un de ses mondes fondateurs se voyaient menacés ? Et quid des Jedi ? Ils étaient sortis de nulle part, au cœur de la Zone Neutre. C’est qu’ils y avaient forcément des intérêts à y défendre, quelques qu’ils soient. Mais comment pourraient-ils refuser de continuer de protéger des vies, alors qu’ils avaient eux-mêmes franchi la ligne menant au conflit contre l’Empire, pour lutter contre sa barbarie ? Jeresen avait de nouveau une véritable cause à défendre, un idéal qui battait au cœur de son être. Il se sentait garant d’une mission, comme l’avaient été ses ancêtres il y a des siècles lorsqu’ils avaient luttés pour la sauvegarde de la « Démocratie Républicaine » contre l’idéologie et le fanatisme religieux. Lui, se battrait pour la liberté, contre l’autoritarisme, l’oppression, la tyrannie et la barbarie d’un empire.

Hochant doucement la tête, il s’avança vers le bord de la coursive, son regard glissant vers l’officier responsable des communications.

« A toute la flotte, préparation pour le saut en vitesse-lumière jusqu’aux coordonnées 456-YG selon la procédure standard. Nous nous séparerons qu’une fois en zone neutre. »

L’officier acquiesça et Jeresen se laissa doucement glisser vers l’extrémité de la coursive, face aux vitres en transparacier qui le séparait du vide inhospitalier de l’espace intersidéral. Il sentit son vaisseau trembler, alors qu’au loin le navire éclaireur venait de sauter en vitesse lumière pour ouvrir la voie et jouer le rôle d’appât. C’était là une technique que Jeresen avait envisagé pour contrer les puits artificiels des navires impériaux et ainsi retourner l’effet de la surprise contre eux. Le navire éclaireur diffusait une puissante quantité d’énergie, de sorte à se faire passer pour plus que ce qu’il était réellement. Croyant voir une escadre en vitesse-lumière, les impériaux le forcerait à sortir sous le feu de leurs turbolasers. Puis, pris d’incompréhension face à la ruse, il se ferait à leur tour surprendre par l’arrivée de la véritable force, laquelle surgirait prête au combat, pour les terrasser. Enfin, ce n’était là que de la pure théorie, basée sur les statistiques et les probabilités des réactions de l’adversaire.

Il y eu un délai de quelques minutes, avant que les vaisseaux autour du sien ne se fasse happer à leur tour en vitesse-lumière, les uns après les autres. Le sol se mit à trembler de plus en plus fort, et se fut à son tour de se voir jeter au cœur de l’hyperespace, l’espace se distordant et perdant son obscurité.

« Nous sommes en vitesse-lumière. Notre arrivée aux coordonnées convenues est prévue dans un peu plus de trois heures. »

Il pivota, dans un demi-tour-droite sans la moindre discipline pour faire face à la jeune femme pleine de talent :

« Parfait. Contactez-moi au moindre problème, je serais dans la salle d’honneur. »

Le simple hochement vif du menton de l’officier en charge du bâtiment suffit et il fit le tour du projecteur holographique pour disparaitre derrière le sas. Il n’alla pas bien loin, la salle d’honneur dont il parlait se trouvant à quelques mètres de là. Il avait besoin de réfléchir à sa stratégie, car il n’était pas certain que les mondes neutres acceptent l’entrée en jeu d’Alsakan, et encore moins de se plier en bonne partie à ses exigences. Pourtant, s’il avait raison et que les Impériaux se lançaient dans des représailles –c’était même une quasi certitude, ils devraient rentrer dans le rang d’eux-mêmes. Le souci, c’est qu’il serait peut-être déjà trop tard. C’était là une inconnue qu’il ne pouvait résoudre facilement, surtout si le Sénat venait à requérir sa présence. En revanche, s’il pouvait essayer de convaincre certains de l’aider, c’était sans doute les Jedi. Jeresen pensait que la principale raison de leur inaction était que la République n’agissait pas, et que sans soutien, il ne pourrait lutter efficacement et rapidement contre l’Empire et les Sith de manière directe. L’Alsakani avait une parfaite confiance en leur jugement, et son monde avait toujours considéré l’Ordre Jedi comme un allié de poids là où beaucoup au sein de la République les dénigraient. S’il pouvait avoir leur soutien, et même leur appui dans ce qu’il allait entreprendre, alors peut-être que les mondes neutres ne seraient pas laissés à l’abandon. Le soutien de la République était incertain, car convaincre le Sénat revenait à devoir satisfaire les volontés de centaines de représentant. Au sein de l’Ordre Jedi, les dissensions au sein de leur Conseil étaient forcément bien moins nombreuses.

La porte coulissa derrière-lui pour se refermer, le laissant seul avec le silence de la vaste pièce, sa main glissant un instant sur la table de bois, son regard fuyant, vide, vers un coin de la pièce. Jeresen réfléchissait. Que devait-il faire ? Demander une entrevue prendrait des heures, voir des jours. Un simple message, donc. Serait-ce suffisant pour attirer leur attention ? Ce qu’il venait de faire, à savoir engager Alsakan, devait largement suffire. Ce message n’était que la suite logique à un enchaînement événements bien trop évidents. Ses pupilles retrouvèrent leur activité alors que l’homme quittait sa léthargie pour se diriger vers la console gérant le système de communication holographique. Enregistrer ce message était une nécessité, et il avait moins de trois heures pour le faire. Une fois ce temps écoulé, il y avait un risque qu’il soit trop occupé pour le faire.

Il prenait une légère inspiration, alors qu’il se préparait à se lancer. L’Alsakani était debout, les mains fortement nouées dans son dos. Le buste droit, il apparaissait tout de même quelque peu éreinté par la succession si soudaine des événements bien qu’il cherchait à ne pas le laisser transparaître. Son regard dévia l’instant d’une seconde vers la console d’enregistrement, pour s’assurer qu’elle était bien fonctionnelle puis il se lança, laissant tomber les locutions nobiliaires pour une première personne qui se voulait franche et sincère :

« Honorables Maitres, je suis le Sénateur Fylesan, représentant de l’Hégémonie d’Alsakan. J’aurais préféré passer par une entrevue plus directe mais une telle procédure aurait pris plus de temps que je n’en ai pour vous transmettre ces informations. Je vous contacte par l’intermédiaire de ce message holographique car nous avons besoin de votre appui… »
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Le cuirassé de classe Harrower « Imperator » croisait au large de Birgis, monde stratégique des Sith et devenu depuis l’attaque sur Dubrillion un centre névralgique, remplaçant le rôle aussi de soutien pour la flotte Sith depuis les dégâts infligés sur Artorias. Ce vaisseau appartient à la 1ère Flotte. Comme les autres vaisseaux présents autour de lui. « L’imperator » est le navire étendard de cette même flotte. Depuis le départ précipité de Dubrillion l’Impératrice des Sith, Darth Ynnitach, avait élue domicile sur ce dernier. La 7ème Flotte ayant subie des dommages durant la bataille spatiale autour de la planète et aux alentours dans la Zone Neutre, devenue à présent Zone Franche dans le langage Sith.
 
Les unités durement étrillées de la 7ème Flotte avaient été retirées du front. Oui, la République pense peut être que, la bataille terminée, la victoire est acquise ? Rien de plus faux. Les forces vives de l’Empire sont encore capables de s’opposer à cette invasion. La 7ème Flotte, bien qu’amoindrie reste encore capable d’agir. Et elle le fait dans la Zone Franche, dans les secteurs Obtrexta et Braxant en particulier. Des éléments de la  1ère Flotte font de même depuis Artorias, accentuant la pression autour de Dubrillion, coupant la planète peu à peu du reste de la galaxie. Certains passages sont encore ouverts mais ceux là ne le resteront bien longtemps.
 
La 7ème Flotte s’est battue est a été vaincue. Même si, en la circonstance elle s’est bien comportée au combat. Cela étant dit, leur commandement à failli. Il a faillit dans sa mission de surveillance du secteur qui leur était impartie. Laissant une flotte républicaine tracer son chemin dans la Zone Neutre et avoir le luxe d’arriver en position de combat sur Dubrillion. Leurs unités auraient dû être interceptées ! Leur flotte aurait dû être fractionnée et tronçonnée morceau par morceau tout le long du parcours ! Cette mission n’a pas été remplie…
 
Un léger « bip » sonore et lumineux s’affichait sur l’un des panneaux de communications de la passerelle. L’amiral Stevens, femme officier, étoile montante de la Flotte Sith, appuyée par la Reine Noire, commandant la 1ère Flotte, et vétéran de plusieurs campagnes comme celle d’Artorias, le regardait avec appréhension. Il était suivi d’un second puis d’un troisième. C’était des communications prioritaires pour la Dame Noire des Sith. Son regard allait sur elle. Qui était à quelques mètres, face à l’amiral Golthan de la 7ème Flotte. Celui qui était à blâmer pour l’échec de Dubrillion. Echec  que l’amiral Stevens ressentait aussi comme étant le sien, puisque c’était elle qui l’avait mis en avant. Cependant il n’était pas le seul à blâmer. Le Moff Curley de Dubrillion portait une part de responsabilité. Mais il avait eu le bon goût de mourir dans l’attaque républicaine. Au moins il avait sauvé sa réputation, à défaut de perdre les deux s’il avait survécu. L’amiral Golthan, son « poulain » avait beau se tenir droit comme « i » il transpirait. Bientôt il portait une main au col de sa veste noire, tirant dessus. L’air conditionné fonctionnait bien, l’ambiance était loin d’être celle de Dromund Kaas. Il tombait à genoux et elle s’efforçait de ne pas détourner complètement le regard. Un peu par pudeur et à l’idée de ne pas penser au fait que c’est le sort qui lui serait réservée en cas d’échec. Des sons étouffés quittaient la bouche ouverte du malheureux avant de s’effondrer au sol. Un silence pesant régnant sur la passerelle. Le regard de la Dame Noire des Sith restait posé lui encore un instant alors qu’il venait d’expirer pour la dernière fois, à ses pieds. Darth Ynnitach finissait par s’en détourner et se diriger vers l’amiral Stevens qui tâchait de garder contenance. Déjà, deux membres d’équipage s’employaient à retirer le corps de l’officier défunt.
 
-Majesté. Vous avez trois transmissions en attente.
 
-Passez-les-moi.
 
Les trois formes holographiques s’affichaient simultanément devant elle. Pour un certain « confort », elles s’affichaient à taille réelle. A sa vue, elles s’inclinaient toutes les trois à manière égale. Sachant qu’ils étaient présents, ensembles, hors de question de faire plus au point de paraître trop servile ou plus que de raison. Se trouvait le seigneur Senjak, membre du Conseil Noir. Se trouvait le seigneur Odium, membre du Conseil Noir. Se trouvait le seigneur Lumen, nouvelle à ce jour.
 
-Mes seigneurs, il est temps que la vengeance de l’Empire s’applique à ceux qui ont eu l’outrecuidance de nous défier ! Les mondes félons de la Zone Franche ! Cependant, nous ne devons pas oublier ceux qui se sont révélés être des alliés en ces circonstances.

Dame Senjak. Vous vous rendrez sur Bastion. Il faut poursuivre notre entente avec le Dynaste Rondinga Sarreti. Vous aurez aussi à traiter avec les émissaires de Bescane et Jaemus. Faites en sorte de renforcer notre alliance avec eux. Cependant, n’oubliez pas qu’à présent nous devons considérer que nous sommes en guerre avec la République.
 
 Message implicite de la Reine Noire pour rappeler à celle qui est la « Voix de l’Empire » que son attitude durant la bataille de Dubrillion n’a pas été oublié et appréciée à sa juste mesure. Que parlementer avec un ennemi qui vous attaque par traîtrise ne sera plus tolérée. Seul son anéantissement le sera.   
 
-Dame Lumen. Se sera votre première mission sur mon ordre. Votre volonté d’écraser les ennemis de l’Empire et des Sith n’a pas été oubliée. Pour cette mission, vous travaillerez en collaboration avec le seigneur Senjak. Pendant qu’elle négociera avec nos alliés, vous mènerez de justes représailles contre les Anx et en particulier contre leur monde, Gravlex Med. Les forces sous vos ordres proviendront de la 7ème Flotte avec nos alliés de Bastion. Le Dynaste Sarreti hait les Anx et j’ose penser qu’aucune exaction ne sera trop douce.
 
Darth Lumen est une arme entre Ses mains. Une arme telle un sabre laser ou un croiseur. Cette fois elle sera une extension de sa volonté. En tant qu’arme de Darth Ynnitach, Lumen fera ce qui lui est demandé. De porter souffrances, morts, désolations et effroi à tous ceux qui rêvent encore de s’élever contre l’Empire ou de rééditer l’inconséquence de cette péronnelle insupportable qu’est la Chancelière Kira. Ondéron épargnée ? Nous verrons…
 
-Seigneur Odium. Vous prendrez le commandement de forces de la 5ème Flotte de l’amiral Kraaz. Votre mission sera d’attaquer Lorrd. Hors de question de laisser un monde soit disant « neutre » qui se sent aussi proche de la République et qui est à nos frontières ! Votre tâche sera de conduire des représailles contre ce monde. D’anéantir ses forces militaires, ses alliés s’il en a et de l’occuper une bonne pour toute ! Que le drapeau de l’Empire flotte définitivement sur ce monde !
 
La vengeance est aussi une arme. Un sentiment à exploiter parmi les siens. Chose que la Dame Noire des Sith exploite non sans plaisir. Le seigneur Odium ressent encore l’emprunte de l’échec durant l’attaque sur Dubrillion. Son désir de revanche et sa soif de sang qui en découle pourront être étanchés…
 
-Mes seigneurs. Vous avez vos ordres. Allez porter la Parole de l’Empire à nos alliés et notre Fureur à nos ennemis. Que la Force soit votre vassale !
 
Les trois silhouettes des seigneurs Sith s’inclinaient avant de disparaître comme elles étaient apparues. Les ordres étaient donnés. Depuis le temps qu’ils attendaient ça. Le jour où la Dame Noire des Sith leur permettrait de repartir en guerre, de faire entendre le fracas des armes, de donner le goût de la chasse et, si la Force le veut, donner la victoire. Etait-ce néanmoins le bon choix ? Il n’y en avait pas en réalité. Mais la Sith était tirée de ses questionnements par la présence de l’amiral Stevens. Elle aussi attendait.
 
-Majesté.
 
-Amiral Stevens. A présent que l’amiral Golthan n’est plus et en attendant qu’un successeur ne prenne le relais, le commandement des restes de la 7ème Flotte encore actifs passent sous vos ordres. D’un geste de la main, une carte holographique apparaissait à l’endroit ou se trouvait les représentations holographiques des seigneurs Sith. Vous agirez ici. Contre Dubrillion. Vous allez commencer par en faire le siège. Les éléments de la 7ème Flotte qui ne protègeront pas nos nouveaux « amis » et qui ne seront pas engagés contre Gravlex Med à leurs côtés, seront à votre disposition. Votre tâche sera de couper ce « cordon ombilical » reliant la République à Dubrillion. Hors de question qu’ils puissent renforcer leur position ! Puis peu à peu, vous renforcerez votre étreinte de sorte qu’ils se sentent eux aussi étouffer !
 
-A vos ordres, Majesté !
 
-La passerelle est à vous, amiral. Prévenez-moi lorsque les attaques auront commencées.
 
-Oui Majesté !
 
Darth Ynnitach quittait la passerelle avec à sa suite le reste de sa « cours ». Ceux se rendant sur la passerelle s’écartait au passage. A deux pas derrière la Sith se trouvait le colonel Akurii des Renseignements Impériaux. Il était toujours là. L’échec de Dubrillion ne lui avait pas porté préjudice. Ou du moins qu’il avait su manœuvrer pour passer au travers du courant, pour ne pas dire tourbillon, de fureur de l’Impératrice des Sith. Celui-ci s’avançait pour arriver derrière la Sith à un pas derrière elle.
 
-Majesté. J’ai reçu des nouvelles de nos agents sur Argazda.
 
-Mmmmh. La Sith s’avançait jusqu’à la porte qui lui faisait face. Deux de ses gardes l’entourait. L’un d’eux l’ouvrit et elle s’engouffrait à l’intérieur, le reste à sa suite.
 
-Le seigneur Odium a fait forte impression, comme toujours, en prenant des otages. Plus encore en les exécutants. Cela dit, tous sur Argazda ne sont pas du même avis de ceux qui se plaignent de notre présence. En l’occurrence sur le fait de se mettre à dos une puissance ne refusant pas l’esclavage qui reste leur gagne-pain principal. Oh bien sûr, l’idée de finir comme l’une de ces nombreuses races ayant disparue et oubliée de tous a sans doute joué aussi, Majesté.
 
-Mmmmh. Une chose à la fois. Après Lorrd, ils sont les prochains. Ils le savent et veulent juste gagner du temps. Quoi d’autre ? Darth Ynnitach ignorait pourquoi elle tolérait encore la présence d’un être aussi spécial à ses côtés en matière de renseignements… Surtout avec une manière aussi spéciale de présenter les choses…
 
-D’après certains yeux que nous possédons chez les républicains, il y aurait du mouvement. Quoi de plus normal suite à l’attaque sur Dubrillion ? Des forces provenant d’Alsakan. Elles avanceraient en deux groupes, peut être trois. L’un d’eux longe notre frontière près de la voie Hydienne sur Vinsoth. Ciutric serait dans la logique de cette progression. L’autre aurait été vue en croisant Horus. Le troisième reste à l’état de possibilité. Aucune indication de la route suivie ni de  preuves tangibles de son existence
 
-Des forces Alsakani ? Curieux…
 
Curieux en effet. Pourquoi la République enverrait-elle des forces qui sont généralement cantonnées à des tâches défensives. Peut être que le « monstre » républicain n’est pas aussi centralisé qu’on le prétend. Peut être n’est-il pas aussi unifié qu’on ne le pense. Que l’inconséquence de la Chancelière est bien plus lourde de conséquences… Même dans une victoire éphémère ? Si seulement l’Impératrice des Sith avait une meilleure vision de ce qui se passe au Sénat. Peut être faudra-il y placer des pions, un jour… Alsakan, cela faisait penser à la Dame Noire à cet amiral et sénateur… Fylen… Fylesa… Fylesian ou un nom comme ça. Un fier militaire dans son genre, pétri d’idéal et de convictions dans un monstre boursouflé de sa propre suffisance…
 
-Très bien, Akurii. Allez dire à l’amiral Stevens que sont « ami » Alsakani approche.  Et que l’amiral Desaiine de la 6ème Flotte se prépare à faire approcher ses forces dévolues à la Zone Franche de Ciutric, comme il était convenu.
 
-Bien, Majesté. Lâchait-il un brin surpris par le ton familier employé par la Sith.
 
Darth Ynnitach appréciait la surprise qu’elle venait de faire naître auprès de l’homme des RI qui la sert. Qu’elle était, après quelques mois, encore capable de le surprendre. Un petit jeu auquel il lui arrivait de se livrer avec ce genre d’individu. A présent seule, le reste de sa cour attendant dans l’antichambre des quartiers qui lui était attribués, la Sith se plongeait dans l’étude d’un autre centre d’intérêt qui n’avait rien à voir avec la Zone Neutre/Franche, de la République ou de l’Empire. Mais de son pouvoir personnel…
Invité
Anonymous

« Quelles sont les nouvelles de Coruscant, Amiral ? Pouvons-nous compter sur leur aide ? »

Jeresen venait de sortir de la salle de conférence dans laquelle il s’était emmuré depuis plusieurs heures pour débattre en silence au cœur de la Rotonde enflammée du Sénat. La Séance extraordinaire organisée par la Chancelière Kira était terminée depuis quelques temps déjà, mais l’Alsakani était resté enfermé pour s’entretenir en privé avec la Sénatrice Laz’ziark, représentante de Balosar et le Sénateur Menk de Rendili. L’arrivée de ce dernier avait allongé la discussion tout en en déviant le sujet initial. Là où il avait été question de lancer officiellement leur mouvement au cœur de la Rotonde, il s’était retrouvé à faire front aux côtés de Balosar dans des négociations avec Rendili. Des négociations qui avaient, certes, un lien avec la future UGSS.

Ces discussions ne l’avaient pas pour autant éloigné de sa situation actuelle. Il n’était pas sur Coruscant avec eux. Il était désormais au cœur de la Zone Neutre, à quelques dizaines de minutes-lumières de la première force impériale patrouillant dans la région. Il n’était pas là pour discuter avec eux, mais bien pour les empêcher de grappiller un peu plus de terrain alors que la République cherchait encore ce qu’elle devait faire suite à l’attaque de Dubrillion. Certes, le Sénat avait fait plusieurs choix en ce jour, mais ces derniers ne pouvaient pas avoir de répercussions immédiates sur l’équilibre des forces. Tout comme le reste, d’ailleurs.

L’Alsakani était pensif, les mains croisées dans son dos alors qu’il prenait conscience de la présence du capitaine Thicehk. Cette dernière avait certainement dû attendre derrière le sas depuis plusieurs dizaines de minutes, ou peut-être même des heures.

« Nous sommes libre d’agir, capitaine Thicehk. Aujourd’hui, le Sénat a voté l’entrée en guerre de la République contre l’Empire. De plus, nous pouvons désormais compter sur la jurisprudence d’Emalia Kira, le Sénat ayant accepté son coup d’éclat inconstitutionnel. Mais voyez-vous, je doute que la Chancelière prenne la décision d’exécuter un nouveau mouvement de flotte pour nous aider.

Sur ce coup là, nous sommes seuls. »


La jurisprudence d’Emalia Kira. Les mots étaient forts, mais ils en disaient long sur les arrières pensés de l’Alsakani. Oui, c’était évident à présent, il ne portait pas l’Ondéronienne dans son cœur. Mais cette dernière, ainsi que le Sénat, lui avait ouvert une porte en or, une véritable échappatoire à toutes les poursuites qui pourraient être attentées contre Alsakan. Après tout, si la Chancelière pouvait se permettre de violer la Constitution lorsque c’était nécessaire, alors Alsakan pouvait bien en faire de même. Et pourquoi pas Naboo, Commenor, Bilbringi ou encore Lianna ? Et pourquoi pas tout le monde, tant qu’à faire ?

Mais Jeresen n’était pas là pour débattre du sujet, quand bien même il aurait été intéressant de connaître l’avis de la capitaine sur le sujet. L’Alsakani avait déjà exploré le sujet en large et en travers au cours des dernières heures, et ce à un tel point que l’idée de lancer le sujet une fois de plus lui donnait la migraine. Il allait s’en passer, donc.

« Seuls ? L’Ordre Jedi a pourtant affirmé son soutien dans notre intervention. D’ailleurs, d’après nos derniers relevés ils devraient arriver d’un moment à l’autre. »

La réaction quasi-immédiate de Thicehk le fit sourire. Non, il n’avait pas oublié que l’Ordre Jedi avait répondu à son appel, mais il savait aussi que leur participation serait sans doute légère du fait du cours laps de temps. Néanmoins, leur participation signifiait beaucoup. Jeresen avait toujours eu un immense respect pour l’Ordre Jedi et il était certain qu’ils apporteraient des résultats.

« Bien. Invitez-les à bord dès qu’ils seront sortis de vitesse-lumière. » répondit-il, avant d’inviter l’Alsakanie à le suivre vers la passerelle. « Et ces relevés, que disent-ils d’autres ? »

Du coin de l’œil, Jeresen avait bien vu le flot d’informations qui défilait sur le pad de la militaire et sa curiosité était désormais piquée à vif. Il ne s’attendait pas forcément à de bonnes nouvelles, et encore moins à ce que l’Empire ait décidé de se retirer totalement de la Zone Neutre. A vrai dire, les précédents rapports laissaient à penser tout le contraire. Mais bon, il était toujours temps de rêver, même à son âge. Mais hélas, son interlocutrice coupa court à son imagination alors qu’ils franchissaient le sas donnant sur le pont de commandement aux vastes vitres en transparacier donnant sur l’espace.

« Je n’ai pas beaucoup de bonnes nouvelles à vous fournir, Amiral. Nos éclaireurs ont perdu la trace de la flotte impériale stationnée près de Dubrillion. Il y a eu plusieurs arrivées de vaisseaux quelques heures avant qu’elle ne saute en vitesse-lumière. »

« Ils vont frapper quelque part. Il faut que nos éclaireurs renforcent leur vigilance dans les secteurs voisins. » rétorqua-t-il tout en saluant les officiers de passerelles présents sur leur passage.

« Ce sera fait, Amiral. » fit-elle en opinant du chef tout en gardant son regard braqué sur le visage de l’Alsakani, et cela avant de plonger son regard sur pad de données. « L’Amiral Nivohn nous a pour sa part confirmé l’initiative Impériale à proximité de Lorrd et ses éclaireurs ont rapporté de nombreuses informations relatives à des mouvements autour de Ciutric. Concernant Dubrillion, il semblerait que les Impériaux poursuivent leur manœuvre d’encerclement sans pour autant passer à l’offensive. »

Jeresen fit la grimace lorsqu’il entendit le rapport concernant Dubrillion et retînt de laisser paraître son inquiétude. D’après les dernières informations qu’il avait eu de Ress, il avait entendu parler qu’elle devait se rendre sur Dubrillion accompagnée d’autres Sénateurs. Son ventre se noua un instant alors qu’une volée d’hypothèses plus inquiétantes les unes que les autres venaient à germer dans son esprit. Allait-elle bien ? Était-elle arrivée sur Dubrillion avant que les forces impériales entament leur manœuvre ? En était-elle déjà repartie ? D’une certaine manière, bien qu’il savait que les échanges intimes qu’ils avaient eu sur Bilbringi n’avaient pas de lendemain, il n’était toujours pas parvenu à se convaincre de tourner la page, et donc d’ignorer les sentiments qu’il avait envers la Balosar.

Il cligna des yeux pour effacer ces pensées de son esprit, cherchant à se convaincre malgré-lui que tout irait bien pour elle, pour se concentrer uniquement sur le bref rapport simplifié que lui avait fait le capitaine du navire amiral sur lequel il se trouvait. Il devait faire un choix entre Lorrd et Ciutric. Un choix difficile. Un choix qu’il avait déjà prit lorsque les premiers rapports étaient tombés. Lorrd serait privilégiée, car les retours la concernant étaient moins bons que ceux de Ciutric.

« Entendu. Dîtes à l’Amiral Nivohn de concentrer ses efforts sur Lorrd dans un premier temps. Si jamais il estime que la situation n’est pas tenable, alors il devra se replier au cœur de la Zone Neutre et entamer une chasse aux navires impériaux. Sa priorité, le cas échéant, sera de s’en prendre aux convois de ravitaillement. Si l’on ne peut pas repousser l’Empire à deux endroits, alors nous l’étoufferons. »

La tactique Alsakanie classique, rodée, et vieille de plusieurs millénaires. A l’époque, il s’agissait alors de paralyser le commerce de Coruscant et des Grandes Compagnies le long de l’Hydienne, de la Perlemienne et de la Passe Corellienne en menant des guerres de course contre les navires marchands et leur escorte. Ainsi, le ravitaillement des mondes sous l’influence de Coruscant était coupé, et le seul moyen de le rétablir était pour la République de faire manœuvrer ses flottes. Ensuite, le véritable jeu de guerre commençait. Il en serait de même dans la Zone Neutre, et cette fois-ci l’Empire en serait la cible.

Et ce, sans doute plus tôt que prévu…

« Amiral ! Nous recevons une communication urgente en provenance de Gravlex Med ! Les Anx ont repéré une flotte impériale émergeant de vitesse-lumière en orbite de la quatrième planète du système. »

L’alerte émergea des tréfonds de la fosse du pont de commandement et Jeresen se retourna presque immédiatement en direction de celle-ci. Il vînt se poser contre la rambarde, ses mains fermement cramponnées alors que son regard venait se glisser sur le lanceur de la nouvelle.

« Le flotte disparue, sans aucuns doutes… Ouvrez le canal et faites préparer la flotte pour un saut vers Gravlex Med. »

« A vos ordres ! » rétorqua l’officier avant de se replonger sur sa console.

Jeresen opina du chef et se retourna pour se positionner face à sa table de commandement. D’un appui léger sur un des boutons, il faisait apparaître une projection holographique du système de Gravlex Med alors qu’une seconde projection holographique, plus petite, laissait apparaître un Anx visiblement âgé.

« Commandant, nous vous écoutons. Quelle est la situation ? » questionna immédiatement Jeresen.

« Sénateur Fylesan, c’est un véritable soulagement pour moi de vous entendre. Certains étaient sceptiques quand aux garanties que vous nous aviez faites. Ils ne pensaient pas que vous répondriez présent lorsque le moment fatidique viendrait. »

Jeresen laissa échapper un léger sourire à cette idée qui ne l’étonna guère. Il ne représentait pas la République lorsqu’il avait prit contact avec les Anx, peu de temps après que Dubrillion fut libéré par la République. Il était parfaitement compréhensible que certaines personnes n’aient pas prit ses garanties au sérieux.

« Les forces impériales ont d’abord progressé lentement, comme si elles étaient sur leurs gardes. Peut-être s’attendaient-ils à trouver plus de forces en orbite, ou bien à tomber sur de véritables surprises. Mais ils ont rapidement accéléré jusqu’à se heurter aux premières défenses orbitales. Mais ça ne les a pas retenus bien longtemps. » Au fur et à mesure que l’Anx parlait, la projection holographique de Gravlex Med s’animait pour simuler les mouvements de la flotte Impériale ainsi que ceux des défenseurs. « Ils vont bientôt se confronter au champ de mines, mais il semblerait qu’ils l’ait détecté. Une partie de leur flotte s’est séparée pour tenter un contournement. Nous avons lancé nos vaisseaux et la confrontation se rapproche. Bien que nous soyons plutôt relativement bien armés, nous ne pourrons pas résister seul à leur force d’invasion. »

C’était évident, et Jeresen acquiesça alors que les nouveaux mouvements impériaux étaient retranscrits sur la projection holographique. Cependant, les informations n’étaient pas suffisantes pour prédire ce que l’Empire allait réellement faire pour s’emparer de l’orbite de Gravlex Med.

Tandis que Jeresen se concentrait sur la carte, son esprit réfléchissant à une éventuelle stratégie, un officier de pont vînt lui souffler que les appareils de l’Ordre Jedi étaient enfin arrivés et qu’ils initiaient leur approche de l’Amiral Hirken. Il acquiesça, congédiant l’officier de pont pour se recentrer sur la discussion en cours :

« Qu’en est-il de leur puissance de feu, commandant ? »

« Elle est conséquente, Sénateur. Au moins une dizaine de cuirassés et plus d’une trentaine d’escorteurs. Leur formation s’étend pour éviter les mines. Il y a aussi pas mal de corvettes.

Nous allons profiter de leur passage dans le champ de mine pour les attaquer. Nous connaissons la position exacte de chacun des explosifs. Nous pouvons les surprendre. »


Jeresen grimaça. L’idée était bonne mais elle faisait omission d’un détail important. Une partie de la flotte impériale avait initié un contournement, et il était fort probable qu’elle finisse par encercler la flotte Anx si elle passait à l’attaque. Pour autant, une telle frappe pouvait permettre de faire pas mal de dégâts. L’Alsakani resta songeur un instant, alors que les triangles rouges représentants les forces impériales se rapprochaient lentement de ceux bleus représentants les Anx.

« Vous êtes le mieux placé pour prendre des décisions, commandant. Nous nous mettons en ordre de marche dès que possible. Jusque là, je préconise le silence absolu sur les communications. Si nous pouvons surprendre les Impériaux par notre arrivée, nous pourrions avoir l’initiative. »

Du moins, en théorie. S’il y avait bien quelque chose que Jeresen avait appris sur Makem Te et Dubrillion, c’est qu’avec l’Empire tout était possible. Leurs commandants étaient parfois imprévisibles, et il fallait être capable de réagir vite, avec un bon esprit d’initiative pour espérer s’en sortir.

La communication prit fin, et Jeresen se tourna vers Thicehk. L’Alsakanie n’avait pas cessé de contempler la projection holographique. D’un geste vague de la main, le Sénateur attira son attention et il lui fit signe de la suivre. Immédiatement après, il entama une marche vers les baies en transparacier qui donnaient vers l’espace. Il contempla la flotte qui se positionnait en ordre de marche, prête à faire un saut vers l’inconnu.

« Capitaine. Veuillez faire passer le mot au reste de la flotte : nous partons pour Gravlex Med, formation d’attaque Sierra. Je donnerais les instructions une fois que nous serons en vitesse-lumière. »

Il déglutit doucement, alors que son esprit se préparait désormais à l’affrontement qui se profilait. La République avait voté la Guerre. Lui, allait la vivre.

Il fit volte-face, ses yeux glissant vers la militaire pour trouver le regard qui se terrait sous sa casquette d’officier supérieur.

« Ah, et retrouvez-moi au hangar supérieur. Nous devons informer nos alliés Jedi de la situation. »
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