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Temple Jedi d’Ondéron – 5h58

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt; Dans ce même rituel immuable perdurant depuis des dizaines d’années Hildegarde s’était levée aux aurores pour son entraînement quotidien. Les années passant elle avait avancé cette heure pour deux raisons. Le Juyo, cet art antique et dangereux dont elle gardait précieusement les secrets : nombre de Padawans et de Chevaliers en étaient curieux et voulaient en connaître les arcanes ce qu’elle s’était interdit. D’entraîner à l’aube était une garantie d’être tranquille. La seconde raison était son âge, la fine fleur de Carratos se fanait un peu plus chaque jour perdant un peu de son éclat à mesure que les padawans grandissaient. Son corps le lui disait, les nouvelles générations finiraient par prendre sa place, la mamie le savait mais ne voulait pas de témoins.

Un beau jour elle ne marcherait plus, finirait gâteuse avant de mourir et d'être oubliée. Un jour personne plus personne ne viendrait lui demander conseil, un jour, elle n'aurait plus de larmes à sécher sur de jeunes joues, un jour elle n’aurait plus d’erreurs à corriger, un jour elle n’aurait plus personne à aider, plus personne à défendre.

Plus personne à aimer.

Elle aimait ce moment hors du Temps à l’extrême limite entre la nuit et jour. Les couloirs qu’elle traversa étaient déserts, la grande bibliothèque étaient murés d’un silence si profond qu’en tendant l’oreille, les plus sages pouvaient presque parvenir à entendre la Force respirer. À cette heure les gazouillis et les rires complices des initiés ne raisonnaient pas encore dans la cafeteria dans laquelle elle but un café. De face, elle était d’une froideur cadavérique mais au fond d’elle, elle aimait ces enfants qui rappelaient que l’Ordre Jedi était une famille, un cœur battant dont chaque battement était un peu plus vivace que le précédent.

Bonjour R-178, peux-tu avoir l’amabilité de démarrer le programme Rubis au niveau 15.

Dit la Maître Jedi au droïde en charge des programmes d’entrainements de la grande salle vitrée donnant sur les jardins. Chignon serré, elle retira sa bure sous laquelle se cachaient un beau gilet brodé couleur pastel aux rayures dorées et un pantalon large tout de blanc immaculé.

Bonjour Maître Marja, comment allez-vous ce matin ? Le médecin vous a suggéré de ne pas dépasser le niveau 10, je peux vous proposer à la place le programme Jade au niveau 9 ?

Si les médecins y connaissaient quelque chose en médecine ça se saurait, depuis le temps. Programme Rubis niveau 15.

La Maître alluma son sabre vert et le fit tournoyer autour d’elle en s’étirant.

Puis-je permettre d’insister Maître Marja, je ne voudrais pas vous voir blessée.

R178, sois tu lances ce programme où je m’arrange pour qu’on te transfère sur une Frégate dans la bordure extérieure.

Dit -elle en souriant connaissant le caractère trop prudent du droïde tout en continuant à s’échauffer.

Plutôt servir l’Empire que d’aller sur une frégate avec ces vieux modèles protocolaires malpolis. Je dois quand même vous rappeler que je vois sur votre agenda que le padawan Glurba à rendez-vous avec-vous à 6 heures 30 soit dans 27 minutes.

Trois sphères sortirent d’une cavité sur l’un des murs et se mirent à tournoyer autour de la vieille femme. Hildegarde se mit en garde en forme VII

Je me souviens, Maître El’Dor m’a parlé de lui. Profil du padawan ?

Les trois sphères commencèrent à attaquer bombardant leur cible de tirs d’entraînement. Hildegarde était encore très habile sautant et réalisant plusieurs pirouettes pour esquiver ou dévier les tirs incessants dans sa direction. Elle puisa dans ses émotions les plus profondes, intensifiant son investissement psychique pour amplifier sa puissance et se mit à répliquer.

Glurba Lugliiamo, Hutt, 125 années standards, nouvellement arrivé au Temple, en surpoids. Maître El’Dor l’a mis au régime. Beaucoup de mucus, ce qui est en réalité un pléonasme compte tenu du fait qu’il soit un Hutt.

D’une vague de Force elle fit reculer les trois boules un peu belliqueuses, elle en fit s’écraser une sur le mur de la salle avant de reprendre ses attaques, sabre loin du corps. Dans un tourbillon vert, elle enchaîna les feintes avant de porter un coup décisif, ample et saccadé découpant en deux les deux boules restantes.

Attention Maître Marja, je vais envoyer les sphères avec sabres lasers.

Deux nouvelles sphères, plus grosses et rouges, sortirent de la cavité avec de longs sabres blancs sur un de leur côté. Ils se mirent immédiatement à attaquer, très rapidement.

Du potentiel ou de la chair fraîche à envoyer au suicide pour la gloire et l’ego de Maître Brock ?

Dit-elle froide comme l’acier en se défendant face aux attaques répétées. Ressentant une vive douleur au pied, elle manqua de trébucher ne se rattrapant que grâce à la Force alors qu’un sabre blanc la frappa à l’épaule. Les émotions décuplées, à fleur de peau à cause du Juyo elle poussa un cri de colère. Dans un mouvement fluide, elle lança son sabre à toute volée qui transperça l’une des sphères. En communion avec la Force elle sauta en avant en attirant son sabre vers elle au même moment et trancha en deux la seconde sphère d’un mouvement vif comme l’éclair.

Vous vous ferez votre avis Maître. Vous allez bien ?

Rouge de colère de s’être faite touchée, La Maître ronchonna en rangeant sa lame tout en dévisageant avec sévérité le droïde.

Tu n’enregistres pas cette session R-178 c’est un ordre.

C’est vous le Maître, Maître.

Et ne sois pas insolent !

La salle retrouva son calme. Hildegarde vexée ronchonna à nouveau dans sa barbe prévoyant d’envoyer un mail au service en charge de programme pour vérifier que les algorithmes de calculs n’avaient pas été modifiés.

Si je puis me permettre de citer une parole de feu Maître Lidiang, « Connaître ses limites est le meilleur moyen de… »

Maître Lidiang nous a quitté en s’urinant dessus dans son lit. Où est ce padawan, si il est retard c’est lui que j’envoie sur la bordure extérieure.

Sans une parole de plus, elle se mit en tailleur et ferma les yeux. Elle s’éleva pour méditer son sabre posé devant elle.
Glurba Lugliiamo
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Oui, Glurba se sentait très bien chez les Jedis, même s'il estimait que sa vraie place aurait dû être au sein d'un kajidic. Oui, Glurba aimait se battre au sabre-laser, en dépit de toute prédisposition de sa race. Oui, Glurba avait beaucoup de respect pour les Maîtres Jedis prêts à lui enseigner leur savoir et à parfaire ses talents au combat. Mais bon sang, devoir se lever avant l'aube pour aller à un entraînement à 6h30, ça, ça lui était pénible. Le Hutt aimait dormir, comme il aimait manger comme un glouton, comme il aimait boire à s'en faire fondre la trachée, comme il aimait les câlins avec ceux qui n'étaient pas trop dégoûtés par son corps justement encore plus dégoûtant que la moyenne pour un Hutt. Bref, Glurba aimait vivre la vie pleinement et librement. Les contraintes de ce genre, ce n'était vraiment pas facile pour lui. Forcer un Hutt à se lever avant l'aube, s'il n'y avait pas de l'abus, franchement...

Heureusement, c'était pour un entraînement au sabre-laser, du moins c'est ce qu'il avait compris. Il avait rendez-vous à 6h30 avec Maître Marja, une vieille Humaine rouillée. Ah c'est sûr, ce n'était pas Maître El'Dor. Cette Humaine possédait plus de rides que Borenga et Ragda réunis. Ca changerait de la vivacité et de la vitalité d'étalon déployées par le Nazzar. Mais elle restait une Maître Jedi et Glurba la respecterait comme telle.

Et la respecter, c'était aussi se pointer à l'heure dans la salle d'entraînement. Glurba se leva donc tôt. Il n'avait pourtant pas besoin de prendre le temps de se laver ; c'était un Hutt, pourquoi se laverait-il avec de l'eau claire ? L'Académie Jedi d'Ondéron ne disposait pas dans ses locaux de quoi prendre des bains d'excréments acides, qui avaient l'effet astringent nécessaire pour nettoyer l'épiderme des Hutts des résidus de mucus et de bave qui se compactaient dans les endroits les moins exposés. Il ne fallait pas y voir une notion d'hygiène là-dedans. Pour Glurba comme pour tout Hutt, l'hygiène était une notion parmi les plus floues qui existaient. C'est à peine si en cent vingt-cinq ans standards de vie, Glurba avait réussi à comprendre pourquoi les Humains et Proches-Humains se lavaient, eux. Pour Glurba, ces bains étaient simplement un petit luxe, un moment de plaisir et de détente, et cela faisait quand même du bien de sentir son épiderme être effacé au profit d'une peau neuve et débarrassée de tout.

Bref, si Glurba se leva tôt, c'est uniquement parce qu'il devait tenir compte de son affligeante lenteur de déplacement – même si de son point de vue, il n'était pas lent du tout, il était même assez rapide pour un Hutt, c'est juste toutes les autres races qui arrivaient à être plus rapides que lui “éventuellement”. Le Hutt rampa dans les couloirs déserts du Temple, laissant une traînée de mucus au sol dans son sillage, qui disparaîtrait d'elle-même en moins d'une heure. Il n'avait pas pris la peine d'essuyer la couche de bave verdâtre qui avait dégouliné de sa bouche le long de sa poitrine, souillant sa bure cousue sur mesure.

Il arriva dans la salle d'entraînement à 6h29 très exactement. Un instant, dans les couloirs, il avait eu peur d'arriver en retard, ayant eu du mal à se réveiller. Glurba n'était pas complètement frais, mais un entraînement au sabre-laser allait avoir tôt fait de le réveiller. La vieille Humaine fripée était déjà là à l'attendre. Il s'annonça solennellement :

GLURBA – Maître Marja, le bonjour. Avez-vous passé une nuit agréable ? J'espère que vous ne m'avez pas trop attendu, il me semble être à l'heure.
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Hildegarde continua de léviter paisiblement les yeux fermés lorsqu’elle entendit la porte coulissante de la grande salle d’entraînement s’ouvrir. Elle ressentit la présence de Glurba et son lien avec la Force. La vieille Maître ne bougea pas pour autant quand la voix du padawan retentit dans le silence ambiant. Hildegarde conserva le silence, continuant son exercice de méditation. Ce fut le droïde resté légèrement en retrait qui prit la parole en premier selon les ordres préenregistrés la veille.

Bon matin padawan Lugliiamo, je suis R-178 responsable de cette salle d’entraînement en charge des programmes d’entraînement. Je vous confirme que vous êtes à l’heure ! Veuillez régler la puissance du cristal de votre sabre laser sur le mode entraînement. Comme prévu, je vais lancer le programme Bambou niveau 4.

Une trappe s’ouvrit sur l’un des murs de la salle alors qu’une lumière rouge s’alluma se mit à tournoyer indiquant qu’une session venait de débuter. Une sphère mécanique s’échappa de la cavité et se mit à tournoyer lentement autour de Glurba. Une lame blanchâtre jaillit sur l’une des faces de la sphère d’entraînement.

Hildegarde finit par se lever et attrapa son sabre d’une main leste. D’un mouvement d’auriculaire elle libéra la lame verte et la fit tournoyer autour d’elle dans un gracieux moulinet latéral avant de se mettre aux côtés de son élève du jour.

Elle ne fit pas de remarque sur l’état déplorable de la bure du Hutt et se contenta de froncer les sourcils en pinçant les lèvres. L’émanation de mucus était une caractéristique naturelle chez les Hutt et il aurait été aussi mal avisé de punir le padawan pour ceci que de reprocher à un poisson de ne pas savoir courir une course de fond.

L’élégante Maître eut beau chercher dans les recoins les plus reculés de sa mémoire, elle ne se souvenait pas avoir déjà entraîné un Hutt. Il allait falloir composer avec les caractéristiques si particulières de Glurba, c’était un défi intéressant, une nouveauté qui n’était pas pour déplaire à l’imperturbable et acariâtre Maître Jedi.

Enclenche la session R-178 en duplication avec cible unique pour moi

La sphère propulsée par ses petits réacteurs fondit sur Glurba à vitesse modérée et tenta de l’attaquer plusieurs fois. Le programme d’entraînement était volontairement facile mais, pas trop. Selon le profil de l’élève dans la base de données de l’Ordre, Glurba n’était pas tout à fait un débutant. Une seconde sphère s’échappa du mur et se mit à attaquer Hildegarde qui se défendit sans chercher à répliquer contre l’engin volant.

Padawan Glurba.

Hildegarde, gracieuse, s’élança dans une aérienne cabriole tout en délicatesse passant au-dessus de l’imposante silhouette du Hutt en déviant un coup de sabre qui allait passer sa garde.

Quelle est ta plus grande force et ta plus grande faiblesse ?

Demanda la vieille Jedi reprenant sa place initiale en passant à la forme III se défendant avec la force tranquille qui la caractérisait.

Se connaître était la première qualité de tout Jedi, connaître ses forces et ses manquements était la plus grande marque de sagesse pour un combattant. Une connaissance parfaite de soi-même permettait de savoir quand attaquer, consentait à entrevoir les limites de son corps et de son lien avec la Force.

Cette première question était la même depuis toujours. Le premier padawan qu’elle avait entrainé plus de 50 ans avant cette belle matinée avait dû s’y plier.
Hildegarde par le passé avait été l’une des meilleures Maître d’Armes de l’Ordre, reconnue unanimement pour sa dextérité. Gardienne presque unique du Juyo, si sa vivacité avait décliné, sa lecture du combat au sabre n’avait rien perdu de sa précision. Elle nota avec précisions le style de son padawan notant intérieurement tous les axes d’amélioration sur lequel ils auraient à travailler.

Le défi serait grand pour Glurba. À première vue il n’était pas taillé pour le sabre en raison de la lente mobilité inhérente à sa race mais la grand-mère était confiante. Si la Force avait accordé le privilège à Glurba d’entrer en contact avec elle, il n’y avait pas à questionner. La Force était toute puissante et ne se trompait jamais, le Meilleur de tous les Jedis ne devait son pouvoir qu’à sa connexion avec la toute puissante gardienne de la vie.

Que crois-tu que les meilleurs bretteurs de notre Ordre aient en commun

Demanda-t-elle finalement d’une voix sibylline.


Glurba Lugliiamo
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Silence. Pas de réponse, rien. Juste un instant de flottement... au sens figuré comme au sens propre. Maître Marja était en effet en pleine lévitation méditative. Glurba s'avança un peu dans la salle, sans perturber la méditation de la Maître Jedi. Il aurait en effet été très mal avisé d'insister. Maître Marja l'avait entendu entrer, évidemment, et elle n'en avait même pas eu besoin : elle avait aussi senti sa Force, surtout dans cet état de méditation. Si elle ne répondait pas, c'est qu'elle ne voulait pas répondre, et insister serait malpoli. Glurba resta donc silencieux lui-même. Finalement, un droïde s'approcha de lui. Il était en charge des programmes d'entraînement robotisés.

Il lui confirma être à l'heure, ce que Glurba savait déjà et n'avait demandé que par politesse. Telle une formalité, il lui demanda d'allumer son sabre-laser en réglant la puissance du cristal sur le mode “Entraînement”. S'exécutant, le Padawan fit vrombir le trait blanc luminescent caractéristique de son rang. L'éclairage de la salle changea pour du rouge, signalant le début de la phase d'entraînement. Une trappe s'ouvrit sur un mur, laissant s'échapper une sphère volante, de laquelle s'alluma une lame-laser blanchâtre que Glurba savait moins puissante que sa propre arme. Cependant, les blessures restaient réelles, bien que prévues pour être superficielles.

Enfin Maître Marja sortit de sa méditation et se tourna vers le Padawan. Elle avait une espèce de coiffure qui défiait la gravité. Ce que les Humains pouvaient se donner l'air ridicule, parfois... Et pourtant, ce vieux bout de femme dégageait quelque chose, pas seulement de par son âge. Elle avait une façon de vous regarder qui vous donnait une impression d'être toisé à chaque instant. Quelque chose d'altier aussi, comme si vous n'étiez rien pour elle. L'on sentait tout de suite de l'assurance et de l'autorité en elle, et l'on se sentait écrasé par cela. Maître Marja était la colombe qui disait avec mépris au corbeau qu'il était indigne de voler à sa hauteur.

Ce fut très difficile pour Glurba de se sentir ainsi toisé par une Humaine. Ce froncement de sourcils et ce princement de lèvres lui auraient hérissé les poils s'il en avait eus. Pourtant, il avait face à lui une Maître Jedi qui avait donc toute légitimité pour le toiser de la sorte. Et puis, tout cela n'était qu'une impression. Que se passait-il vraiment dans cette tête aux poils d'argent ?

Maître Marja réclama une seconde sphère d'entraînement, uniquement pour elle. Quant à la première sphère, elle commença à attaquer Glurba. Le Hutt subit les premiers assauts, qui n'étaient pas très agressifs mais déjà trop vifs pour lui. Dans son style de combat, Glurba était plus un “tank” : il cherchait à épuiser son adversaire à l'usure tout en lui montrant que chaque attaque qui lui était portée était inefficace, cherchant là à prendre l'ascendant psychologique, pour porter peu de coups mais qui feraient mouche à chaque fois. Ce style était typiquement impropre au combat contre une unité mécanique : comment vaincre l'endurance d'un droïde et prendre un ascendant psychologique dessus ?

Glurba essaya donc de se défendre de façon instinctive contre la sphère, avec assez peu de succès. L'Humaine fripée paraissait tellement plus vive... Il y avait de quoi attaquer l'ego du Hutt.

HILDEGARDE – Padawan Glurba....

Tout en parlant, Maître Marja effectua une pirouette par-dessus Glurba qui fut distrait, essayant de parer une attaque de la Maître Jedi, qui ne vint pas. Il récolta deux éraflures supplémentaire sur sa peau suintante par la lame de la sphère qui ne s'était pas arrêtée de le harceler.

HILDEGARDE – Quelle est ta plus grande force et ta plus grande faiblesse ?

C'était une question piège ? Attendait-elle une réponse particulière ou bien était-ce une vraie question pour mieux le connaître ? Glurba savait qu'elle avait discuté avec Maître El'Dor, elle devait donc avoir déjà une idée de sa plus grande force et de sa plus grande faiblesse. C'était donc une question piège. Mais qu'attendait-elle comme réponse, alors ?

GLURBA – J'ai beaucoup de forces. Ma plus grande est ma ténacité. J'ai d'innombrables avantages à ce niveau sur les autres races.

Glurba avait choisi le mot “ténacité” avec soin. Il s'était déjà interrogé sur ses forces et ses faiblesses. Mettre le doigt dessus faisait au demeurant partie de ses quêtes en tant que Padawan. Il n'eut donc pas trop à réfléchir pour répondre à la question de Maître Marja, et le mot “ténacité” lui vint mécaniquement, car il avait trouvé que cette notion regroupait plusieurs atouts que lui apportait sa constitution de Hutt : l'endurance, non seulement physique mais aussi psychologique, donc sa capacité à supporter des efforts physiques répétés et à ne pas craquer mentalement, mais aussi sa capacité à encaisser les blessures et la douleur, et à se régénérer, un sérieux avantage que les Hutts partageaient avec de rares races comme les Trandosiens, et globalement la grande difficulté pour autrui à lui infliger une blessure mortelle – les Hutts étaient en effet ainsi constitués que leurs points vitaux étaient non seulement bien plus limités que chez les autres races en général, mais aussi bien plus difficile à atteindre. Un Hutt pouvait recevoir un tir de blaster en pleine tête et parfaitement survivre et finir à se régénérer là aussi. C'était un avantage incommensurable. Glurba était aussi combatif, il n'abandonnait pas le combat facilement, et quand ses alliés avaient besoin de fuir, il était toujours le dernier à rester sur place pour couvrir leur fuite.
Tout cela, il le regroupait sous le terme “ténacité”.

GLURBA – Ma plus grande faiblesse est sans conteste ma faible maîtrise de la Force.

Il dit cela spontanément, encore une fois parce qu'il y avait réfléchi, et que c'était à la fois très sincère mais aussi plus facile à reconnaître que d'autres faiblesses. Pourquoi plus facile ? Car cela n'était pas lié à sa race. D'aucuns diraient que sa plus grande faiblesse était son manque de mobilité, mais cela n'était pas possible à faire dire à Glurba. Il avait aussi une tendance désespérante à se laisser distraire, et à se laisser aller aux plaisirs simples de la vie. Seulement, pour lui, l'hédonisme n'était pas un défaut, alors qu'il était proscrit chez les Jedis. Difficile donc pour Glurba d'en parler de la sorte.

HILDEGARDE – Que crois-tu que les meilleurs bretteurs de notre Ordre aient en commun ?

Là encore, Glurba répondit assez mécaniquement : quand on a cint vingt-six ans et que l'on est toujours Padawan depuis trente-huit ans, on a eu le temps de réfléchir à pas mal de questions bateau de ce genre.

GLURBA – Ils voient au-delà du combat et savent que la victoire s'obtient de bien diverses manières, pas seulement en ôtant la vie à l'opposant.

Même le mot “opposant” avait été soigneusement choisi au lieu de “ennemi”. Une oreille comme celle de Maître Marja serait forcément attentive au choix des mots.

Mais il était difficile de parler en même temps que de se battre contre une sphère tournoyante. Glurba avait déjà reçu presque une dizaine d'éraflures, un peu partout sur le corps. A l'inverse, ses propres attaques manquaient beaucoup leur cible, trop petite et trop mobile. Glurba se rappela alors un enseignement acquis lors de son entraînement contre Maître El'Dor. A un moment, ce dernier avait fait travailler Glurba sur sa technique de désarmement. La sphère était petite, mais sa lame faisait la même taille que celle d'un sabre-laser standard. Glurba décida donc d'adapter sa tactique : au lieu de chercher à frapper directement la sphère, il frappa la lame.

Au début, cela ne sembla pas avoir beaucoup d'effet, mais gagnant de la confiance, Glurba para plus efficacement les attaques, en se concentrant uniquement sur la lame, et il retourna des frappes de plus en plus fortes. En s'acharnant, il commença à faire sortir la sphère de son pattern. Il ne pouvait pas la désarmer, mais il la déstabilisait, au sens le plus littéral. Il frappa, encore et encore plus fort, et la sphère tournoya en déroute et s'écrasa par terre.
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- Ne soyez pas distrait même quand vous parlez. Concentrez-vous, votre cerveau est capable de faire deux choses à la fois.

Tança Hildegarde alors que la sphère avait profité d’un moment de déconcentration pour percer sa défense. Le Hutt se rendrait peut être compte rapidement que la vieille Jedi ne posait pas les questions innocemment. Son questionnement avait en fait plusieurs buts. Le premier était simple : mieux le connaître. Elle en était persuadée on ne pouvait pas réellement connaître une personne à partir d’une discussion avec un tiers ou à la lecture d’un dossier. Le second était de le tester là où il venait de s’incliner : gérer sa défense et discuter en même temps. Un exercice bien difficile pour un Jedi et tout particulièrement pour un padawan.

- Cet avantage offert par votre race ne peut se suffire à lui-même vous en avez conscience ?

Répliqua-t-elle en tournant la tête vers le padawan pour observer plus en détails ses mouvements.

- Gardez en tête que nous ne maîtrisons pas la Force, ni vous, ni moi. La Force nous laisse utiliser son inépuisable et infini pouvoir. Vous pouvez croire que je joue sur les mots mais cette nuance aussi fine soit t-elle peut faire la de différence.

Cette théorie bien que non partagée par l’intégralité des utilisateurs de la Force était un des piliers d’Hildegarde, considérer avoir une quelconque Maîtrise sur la Force relevait d’une immodestie qu’elle rappelait souvent à des Jedis bien plus expérimentés que Glurba. La Force ne faisait qu’autoriser, que prêter : la décision de donner ou de prendre lui appartenait ; elle donnait plus facilement à ceux qui savaient la comprendre.

La vielle femme plongea en avant en vrillant pour déstabiliser la sphère qui l’attaquait et l’envoya s’écraser contre le mural de la salle dans un grand bruit. Elle rangea son sabre et s’attarda un peu plus sur les mouvements de Glurba et sur sa technique purement académique. Elle ne put s’empêcher d’émettre un petit rire qui ne se voulait pas moqueur quand le padawan répondit à sa question piège. La réponse du Hutt transpirait l’académisme.

- Faux, les plus grands Jedis s’entrainent beaucoup, sont sans cesse conscients de leurs forces et de leurs faiblesses et se remettent tout le temps en question. Le reste n’est que doctrine de vieux Maîtres ayant passé trop de temps à l’ombre d’une salle de méditation.

Finalement le padawan parvint à bout de sa sphère en changeant de méthode. R-178 allait envoyer deux nouvelles sphères mais Hildegarde l’en dissuada d’un signe de la main pour laisser au padawan le temps de récupérer un moment.

- Bien, pour récapituler. Votre plus grande force est votre ténacité, votre plus grande faiblesse est votre manque de relation avec la Force. Vous êtes conscients de ces deux éléments et donc, vous partagez déjà deux points communs aux plus grands duellistes de l’Ordre. C’est un bon début.

Hildegarde avait été elle aussi une très grande bretteuse par le passé, encore reconnue pour être une des seules à savoir employer le Juyo, elle savait de quoi elle parlait et le fait qu’elle soit aussi directe qu’un missile de croisière n’avait pas pu échapper à son élève. Naturellement le manque de mobilité de Glurba ne lui avait pas échappé et c’était en réalité là sa plus grande faiblesse mais elle préférait montrer le chemin, c’était à Glurba de l’emprunter. À quoi bon lui répéter comme tous les autres Jedis qu’il manquait de vitesse et de dextérité ? Elle n’était pas un Hutt mais pourtant elle imaginait à quel point il pouvait être difficile de subir cette lenteur. Ce fardeau était celui du padawan, lui seul avait le pouvoir d’en tirer totalement avantage.

- Si votre diagnostic est exact. Il ne vous reste plus qu’à vous remettre en question pour progresser et à beaucoup travailler. Vous êtes d’accord ?

D’un signe de tête elle fit signe au droïde de lancer deux nouvelles sphère. Chacun la sienne. Le niveau avait été augmenté d’un décille. Les Sphères seraient plus rapides.

- N’utilisez pas la Force padawan, laissez-vous remplir par elle. Ouvrez-lui la porte et donnez-vous tout entier à elle, ne pensez pas au contrôle. Cherchez l’harmonie, vous travaillez ensemble comme des égaux.

Elle ralluma son sabre et s’attaqua à sa propre sphère. Ses muscles commençaient à se réveiller et elle se sentait de plus en plus à l’aise. Elle joua avec son opposant, évitant au dernier moment les assauts avec une agilité remarquable pour son âge. La vieille femme tournoya autour de la sphère en parant avec aisance les coups. Elle feinta deux fois et trancha en deux la machine qui s’écrasa au sol.

- Que pourriez-vous faire pour que la Force vous laisse utiliser un peu plus de sa puissance ?






Glurba Lugliiamo
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HILDEGARDE – Ne soyez pas distrait même quand vous parlez. Concentrez-vous, votre cerveau est capable de faire deux choses à la fois.

Maître Marja avait une façon si sèche, froide et directe de parler ! Maître El'Dor passait pour un tendre à côté d'elle. En l'écoutant, Glurba eut le sentiment que Maître Marja ne savait émettre un compliment sans le nuancer immédiatement. Avec son air altier à vous analyser continuellement, elle était la reine de la critique, comme un besoin maladif de casser l'assurance que pouvaient prendre les élèves.

HILDEGARDE – Cet avantage offert par votre race ne peut se suffire à lui-même vous en avez conscience ?

C'était déjà un énorme avantage ! Glurba avait choisi le mot “ténacité” pour résumer un ensemble d'avantages critiques, non pas un seul qui aurait été insuffisant. Régénération rapide des blessures, endurance physique, endurance mentale, résistance à la douleur, insensibilité aux pouvoirs mentaux de la Force, inaccessibilité et rareté des points vitaux, combativité et pugnacité... Voilà tous les avantages que Glurba venait de lui résumer en un seul mot, et Maître Marja osait trouver cela insuffisant ?! Elle n'avait pas dû comprendre le sens implicite du mot employé par Glurba. Le Hutt avait voulu parler finement, mais pour le coup, il avait usé de trop de finesse pour la Maître Jedi qui ne mesurait pas bien l'ampleur des avantages raciaux que Glurba venait d'énoncer. C'était déjà énorme par rapport à la quasi totalité des races humanoïdes !

Maître Marja était une grincheuse, une éternelle insatisfaite. Glurba le devina tout de suite. Il ne devait pas s'attendre à recevoir des compliments de sa part. Lui qui aimait que l'on flatte son orgueil, il allait bien s'ennuyer.

HILDEGARDE – Gardez en tête que nous ne maîtrisons pas la Force, ni vous, ni moi. La Force nous laisse utiliser son inépuisable et infini pouvoir. Vous pouvez croire que je joue sur les mots mais cette nuance aussi fine soit t-elle peut faire la différence.

Glurba aimait manipuler les mots, aussi ne risquait-il pas de reprocher à Maître Marja de jouer sur les mots. Elle avait raison de le faire : la tournure d'une phrase avait son importance, et pouvait révéler des choses même inconsciente chez son interlocuteur.

Après en avoir fini avec sa sphère d'entraînement, Maître Marja corrigea la réponse de Glurba sur ce que les meilleurs bretteurs de l'Ordre avaient en commun.

HILDEGARDE – Faux, les plus grands Jedis s’entraînent beaucoup, sont sans cesse conscients de leurs forces et de leurs faiblesses et se remettent tout le temps en question. Le reste n’est que doctrine de vieux Maîtres ayant passé trop de temps à l’ombre d’une salle de méditation.

Glurba eut envie de se moquer, mais se retint par respect pour la Maître Jedi. Comment cette dernière pouvait-elle corriger sa réponse de cette façon-là ?! Glurba estimait avoir répondu quelque chose de tout à fait pertinent. En même temps, cela le flattait un peu puisqu'il adoptait naturellement l'optique d'accomplir ses objectifs de bien diverses manières et pas seulement par la manière forte ; c'est pour cette raison qu'il fut d'autant plus vexé de se voir donner tort par Maître Marja. Surtout pour ça ! Maître Marja se moquait de toute autre possible réponse que celle qu'elle aurait voulu entendre, alors que c'était bien sa réponse à elle qui était d'une banalité affligeante ! « Les plus grands Jedis s'entraînaient beaucoup et se remettaient toujours en question » ?! Encore une fois, Glurba estima avoir été beaucoup plus fin que la Maître Jedi.
Maître Marja se donnait de beaux airs, mais elle avait quand même pas mal l'esprit étriqué...

HILDEGARDE – Bien, pour récapituler. Votre plus grande force est votre ténacité, votre plus grande faiblesse est votre manque de relation avec la Force. Vous êtes conscients de ces deux éléments et donc, vous partagez déjà deux points communs aux plus grands duellistes de l’Ordre. C’est un bon début.

Glurba commençait déjà à avoir du mal à prendre Maître Marja au sérieux, après les deux âneries consécutives que cette dernière venait de lui étaler. C'est difficile de montrer du respect à quelqu'un que l'on ne prend pas au sérieux. Glurba retint un rictus mais la commissure de ses lèvres s'étira imperceptiblement.

HILDEGARDE – Si votre diagnostic est exact, il ne vous reste plus qu’à vous remettre en question pour progresser et à beaucoup travailler. Vous êtes d’accord ?

Se remettre en question restait malgré tout un travail très difficile pour Glurba, et sur ce point Maître Marja avait bien raison. Glurba restait toujours sûr de ses qualités et de ses défauts et personne ne pouvait le faire douter de lui-même. Si Glurba estimait avoir raison sur un point, seule la Force elle-même pouvait l'amener à se demander s'il n'avait pas finalement tort.

GLURBA – Oui, et je sais aussi que les plus grands Jedis savent tout remettre en question, pas seulement eux-mêmes. C'est ainsi qu'ils deviennent sages.

Ce que c'était ironique que d'entendre Glurba parler de sagesse ! Glurba faisait semblant de savoir de quoi il parlait...

Deux nouvelles sphères sortirent du mur : une pour le Padawan, l'autre pour la Maître. Glurba se mit en garde, et commença à essuyer quelques attaques. Il avait déjà eu du mal contre la précédentes, à cause de sa pauvre dextérité dans le combat au corps-à-corps, mais le niveau venait de monter d'un cran. Maître Marja lui parla en même temps qu'elle se battait, et Glurba comprit qu'il allait devoir s'exercer à parler sans être distrait, puisque « son cerveau était capable de faire deux choses à la fois »...

HILDEGARDE – N’utilisez pas la Force padawan, laissez-vous remplir par elle. Ouvrez-lui la porte et donnez-vous tout entier à elle, ne pensez pas au contrôle. Cherchez l’harmonie, vous travaillez ensemble comme des égaux.

Glurba ne comptait de toute façon pas faire appel à la Force pour vaincre une sphère d'entraînement ! Et s'il devait s'entraîner, ce ne serait pas sur un programme d'entraînement à la difficulté déjà élevée pour un combat physique. Et encore, techniquement, ce programme d'entraînement n'était pas dans les rangs difficiles. Il était parmi “les moins faciles des rangs faciles”. Si Glurba n'avait pas été un Hutt, il n'aurait pas eu plus d'une égratignure par la première sphère ; or il en avait déjà onze...

Peut-être que Maître Marja lui parlait de la Force parce que Glurba avait justement admis que c'était son plus important point faible. Mais il y avait de meilleures conditions pour s'entraîner à cela ! Comment Glurba pouvait-il à la fois se concentrer sur sa défense face à une sphère trop vive pour lui, sur sa conversation avec Maître Marja, et sur l'harmonie avec la Force ?

HILDEGARDE – Que pourriez-vous faire pour que la Force vous laisse utiliser un peu plus de sa puissance ?

Glurba essaya de se dégager des assauts de la sphère, mais ce fut chose difficile. Il rampait déjà avec lenteur, et était ralenti par son propre mucus. Glurba accepta de laisser la sphère lui causer une entaille de plus pour la frapper lourdement ; il sacrifia donc toute défense pour enfin trancher l'appareil de combat en deux. En réalité, il était déjà passé à quatorze cicatrices. Cela signifiait que la seconde sphère ne lui en avait infligées que trois, contre onze pour la première, mais ce nombre aurait été beaucoup plus élevé si Glurba avait cherché à se battre plus finement sans sacrifier sa défense.

GLURBA – Maître Marja, comment voulez-vous que je réussisse à « chercher l'harmonie » avec la Force si je dois en même temps me défendre contre des sphères aussi vives que ça, et qu'en plus je dois me concentrer sur notre conversation ? Ces sphères sont d'un niveau relativement difficile, et sauf le respect que je vous dois, Maître Marja, ne pensez-vous pas que vous sautez quelques étapes si votre but est de me faire travailler sur mon point faible ?

La Limace en bavait, dans tous les sens du terme. Néanmoins, le Hutt n'avait pas menti sur une chose : il était encore loin d'être essoufflé, et ne geignait pas sous les quatorze éraflures zébrant son corps, signe d'endurance à l'effort et à la douleur. Glurba pouvait citer des Padawans qui à sa place auraient déjà demandé à arrêter.
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L’altière Jedi sentait bien que son « style » déplaisait à Glurba. Elle avait ce don pour mettre ses interlocuteurs mal à l’aise et n’avait pas son pareil pour contrarier les padawans qui lui donnait une réputation aussi plaisante que celle d’un contrebandier de la bordure extérieure. Si soixante ans plus tôt elle avait cherché à tempérer son état d’esprit pour se faire aimer, les années l’avaient conforté dans l’idée qu’elle avait raison et que le reste du monde, Jedi compris avaient tort. Elle ne serait jamais la Maître gentille et compréhensive que tous les initiés s’arrachaient. L’amour qu’elle donnait prenait une autre forme.

L’évocation de la remise en question lui arracha un faible sourire. Le Hutt possédait de la répartie, c’était une qualité qu’elle appréciait et qui sortait bien plus souvent des mauvaises situations que d’être un expert en Makashi.

- Je pourrais vous dire que je suis d’accord avec vous mais ce serait aller à l’encontre des instructions du vénérable Conseil.

Commenta-t-elle en haussant les épaules tout en replaçant une mèche de cheveux qui s’était évadée de son chignon. Cette assertion de la part d’un « jeune » l’avait surprise. Où était passé le bon vieux temps où les padawans n’avaient que d’autres préoccupations que d’écouter leurs Maîtres ? Fichue époque qui autorisait tout et donnait aux padawans l’idée qu’ils avaient le droit d’avoir un avis. Elle espéra que Glurba saisirait la nuance dans sa réponse. Dans le fond elle n’était pas en désaccord avec lui mais elle ne pouvait le lui dire : les choses ne fonctionnaient pas de la sorte. Elle non plus n’avait jamais été douée pour écouter les ordres.

A la vieille école, on écoutait en hochant la tête sans discuter les consignes. Et les padawans avaient le culot de se plaindre. Le premier Maître d’Hildegarde avait été tellement dure avec elle qu’elle en avait pleuré à chaudes larmes chaque nuit, se levant avec une boule au ventre chaque matin, mais c’était bien cette destruction qui l’avait endurcie.

- La sagesse se gagne aussi en écoutant, voyez-vous.

Son sabre éteint à la main elle observa méthodiquement les mouvements de Glurba alors qu’il se démenait avec la sphère d’entraînement. Elle nota quelques erreurs de posture et de tenue qu’elle ne manquerait pas de corriger un peu plus tard. Sacrifier sa défense pour frapper était une technique qui allait en cohérence avec la plus grande force de Glurba, sa ténacité. Cette technique si elle fonctionnait n’était pas tenable contre un vrai adversaire.

Les deux sphères étaient à présent à terre. La mamie se massa les tempes en dévisageant sévèrement le Hutt lorsqu’il prit la parole pour encore et toujours se plaindre, elle perdit patience et apostropha sèchement le droïde resté dans un coin de la pièce. Hildegarde Marja ne supportait pas d’être contredite, jamais, par personne.

- R178, aurions-nous un programme plus simple pour le padawan Lugliiamo, peut-être une introduction au combat au sabre pour les jeunes initiés.

- Je peux proposer le programme « Ruban 1 » ou « L’Arc-en-ciel de l'initié » mais si je puis me permettre Maître, on utilise habituellement ce type de programme pour des padawans bien plus jeunes. Il y aurait peut-être le…

Dans claquement de doigt parfaitement insupportable elle coupa le droïde et s’assit en tailleur pour restaurer son calme.

- La ténacité, de quelle ténacité parles-tu Glurba ? Où est-elle ? Tu trouves que je t’en demande trop ? Tu me trouves dure et injuste ; mais je suis à l’image de la vie que tu as choisie.

Elle se releva et s’approcha de l’imposante silhouette du Hutt. Son visage changea à mesure que ses traits se firent plus doux ; délicatement elle posa sa main sur le bras flasque du padawan cherchant à se lier à lui via la Force. La voix de la vieille Jedi brisa le silence, une étrange mélancolie teintée d’une forme de tristesse se figea dans ses paroles alors qu’elle passait au tutoiement.

- Nous sommes en guerre Glurba, à l’aube d’une guerre mortelle contre l’Empire. Au cours de ma vie, j’ai vu trop de mes frères et sœurs tomber sous les coups de nos ennemis car ils n’étaient pas suffisamment entrainés, trop frivoles, trop sûrs d’eux et de leurs capacités, incapable d’écouter. Je me refuse catégoriquement à faire plaisir à mes élèves ou de le complaire dans leur niveau. Ce n’est pas mon rôle. Je les sors de leur zone de confiance et ils en souffrent. C’est ainsi que je fonctionne. Certains deviennent alors de grands Jedis capables de protéger les plus faibles, capables de transmettre, capables de défendre ce qui compte. Car c’est de cela dont nous parlons, cet entraînement est bien plus qu’un simple exercice, un jour ça sera ton tour de transmettre, un jour viendra, tu seras le gardien de la vie des padawans. Quand un jour tu auras à défendre des malheureux de la folie des Hommes, tu devras être prêt.

Elle frémit en repensant à l’attaque du Temple survenue quelques années auparavant où l’un de ses premiers padawan, devenu Maître avait perdu la vie. La vision d’horreur de tant de jeunes Jedis morts la hantait encore, elle et tant d’autres au Temple.

La vieille femme ôta sa main du padawan rompant le lien dans la Force qui l'avait unie quelques instants avec le Padawan. Elle souffla de dépit, ne prenant pas particulièrement de plaisir à une nouvelle fois être la mégère de service.

- Si tu me trouves trop dur, si tu penses que ma méthode n’est pas la bonne, si tu crois que je saute les étapes, si tu penses que ton cerveau n’est pas capable de faire trois choses à la fois, si tu penses ne pas en être capable alors cessons cet entraînement, je n'ai pas de temps à perdre avec des pusillanimes .

La fine fleur de Carratos avait retrouvé de sa vigueur. Elle retira sa bure laissant apparaitre des vêtements plus moulants aux teints pastels roses ; une impérieuse envie de continuer à s’entraîner lui brûlait l'estomac.

- Sinon, accepte de m’écouter et continuons.

En attendant la réponse du padawan, la Jedi s’étira en maugréant dans sa barbe que la climatisation de la salle était mal réglée.
Glurba Lugliiamo
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Glurba avait au moins marqué un point : il avait réussi à mettre Maître Marja d'accord sur l'une des qualités des plus grands Jedis. Il était très prétentieux de la part du “jeune” Padawan – jeune à cent vingt-sept ans, mais oui, jeune, compte tenu de sa race – que de répondre comme s'il savait mieux qu'un Maître Jedi la réponse à cette question ; mais justement, le Hutt était prétentieux. C'est justement pour cela, certainement, que Maître Marja ne put se résoudre qu'à demi-mot à reconnaître qu'il disait vrai, mais ce fut suffisant pour arracher un sourire fier à Glurba. Il était beaucoup plus fin et pertinent de dire que les plus grands Maîtres Jedis partageaient certaines qualités mentales, plutôt que de dire qu'ils s'entraînaient beaucoup. En quelque sorte, en admettant cela même à demi-mot, Maître Marja remonta dans son estime. En tant que Maître Jedi, elle démontrait justement que ce que disait Glurba était vrai : elle venait elle-même de se remettre en question. Ca avait bien valu la peine de le contredire pour en arriver là...

Seulement, Maître Marja s'était déjà fait contredire une première fois, alors quand Glurba lui reprocha de ne pas lui prodiguer un entraînement adéquat, son regard se fit visiblement plus dur et elle apostropha sèchement le droïde en charge des programmes d'entraînement :

HILDEGARDE – R178, aurions-nous un programme plus simple pour le Padawan Lugliiamo, peut-être une introduction au combat au sabre pour les jeunes initiés ?

Maître Marja cherchait à le ridiculiser, seule réponse qu'elle trouva face à la pertinence de son objection. Glurba se retint de rouler les yeux au ciel, ne voulant pas se montrer impudent à ce point devant un Maître Jedi. Là, ça aurait été une marque de manque de respect.
Le droïde commença à suggérer quelques programmes pour débutants. Maître Marja espérait-elle vexer Glurba ? Au contraire, le Hutt lâcha un petit rire. C'était tellement incongru. Ce n'était pas de cette manière que Maître Marja allait lui donner tort. C'était trop ridicule pour avoir un impact rhétorique. On ne la faisait pas à Glurba, celle-là. Il y avait un juste milieu entre le programme d'entraînement qu'elle avait choisi, et les programmes pour les tout débutants, et Maître Marja le savait très bien.

HILDEGARDE – La ténacité, de quelle ténacité parles-tu Glurba ? Où est-elle ? Tu trouves que je t'en demande trop ? Tu me trouves dure et injuste ; mais je suis à l'image de la vie que tu as choisie.

Tiens donc, elle se mettait à le tutoyer tout à coup ? Pour quelle raison ? Glurba aurait accepté de se faire tutoyer par Maître El'Dor, car ce dernier était un bel étalon viril avec qui Glurba rêvait secrètement de partager quelques instants de complicité charnelle, mais Maître Marja ne lui faisait... pas tout à fait cet effet.

Dans le fond, cependant, Maître Marja venait de dire quelque chose qui méritait réflexion : la vie était dure, notamment la vie de Jedi, alors les entraînements devaient l'être autant. En somme, simplifier un entraînement n'était pas favorable à l'épanouissement d'un grand Jedi. C'était un bon argument, et en réalité, Glurba était même assez d'accord sur le principe. Au lieu de l'admettre à demi-mot à la manière d'Hildegarde, il préféra se taire.

HILDEGARDE – Nous sommes en guerre Glurba, à l'aube d'une guerre mortelle contre l'Empire. Au cours de ma vie, j'ai vu trop de mes frères et sœurs tomber sous les coups de nos ennemis car ils n'étaient pas suffisamment entraînés, trop frivoles, trop sûrs d'eux et de leurs capacités, incapables d'écouter. Je me refuse catégoriquement à faire plaisir à mes élèves ou de le complaire dans leur niveau.

Sa justification se comprenait, elle avait raison. Néanmoins, Glurba ne se considérait évidemment pas trop sûr de lui, ni frivole, ni incapable d'écouter. C'était pourtant bien le cas... Mais allez le lui faire reconnaître ! Glurba ne dit rien cependant, car l'histoire de Maître Marja justifiait son exigence. Elle ne voulait plus voir de jeunes Jedis périr sur le terrain à cause d'entraînements trop mous. Glurba respectait cela.
Maître Marja s'avança tout près de lui et posa une main sur le bras visqueux du Hutt, ignorant le mucus qu'elle allait récolter sur les doigts et la paume.

HILDEGARDE – Ce n'est pas mon rôle. Je les sors de leur zone de confiance et ils en souffrent. C'est ainsi que je fonctionne. Certains deviennent alors de grands Jedis capables de protéger les plus faibles, capables de transmettre, capables de défendre ce qui compte. Car c'est de cela dont nous parlons, cet entraînement est bien plus qu'un simple exercice, un jour ça sera ton tour de transmettre, un jour viendra, tu seras le gardien de la vie des Padawans. Quand un jour tu auras à défendre des malheureux de la folie des Hommes, tu devras être prêt.

Cette perspective enchantait Glurba, et il était flatteur pour lui que Maître Marja l'envisageât avec cette assurance. Un jour, Glurba deviendrait Maître Jedi. Un jour, ce serait Glurba qui dirigerait l'entraînement d'un jeune Padawan. Serait-il un professeur souple ou exigeant ? Préfèrerait-il voir les élèves souffrir à l'entraînement pour les pousser dans leurs retranchements, ou bien leur administrer des entraînements souples au risque qu'ils ne soient pas assez préparés une fois sur le terrain face à des Siths dont la vie aurait été faite de combats incessants ?

Maître Marja retira sa main, sans réaliser qu'elle avait maintenant du mucus collant dessus. Glurba sentit son esprit se reposer d'un coup, et comprit en retard que la Maître Jedi venait d'établir un lien de Force l'espace d'un instant.

HILDEGARDE – Si tu me trouves trop dur, si tu penses que ma méthode n'est pas la bonne, si tu crois que je saute les étapes, si tu penses que ton cerveau n'est pas capable de faire trois choses à la fois, si tu penses ne pas en être capable alors cessons cet entraînement, je n'ai pas de temps à perdre avec des pusillanimes. Sinon, accepte de m'écouter et continuons.

Encore une fois, Maître Marja tenta une manœuvre rhétorique à laquelle le Hutt n'était pas bien sensible puisqu'il sut trop bien l'identifier. Cependant, elle venait de réussir une chose : l'attendrir. Ses arguments, pour certains, avaient fait mouche, et elle les avait bien justifiés. Glurba prit un instant pour formuler une réponse toute en modération :

GLURBA – Maître Marja, je vous respecte. Tout comme je respecte chacun des Maîtres Jedis formant notre Ordre. Vous avez des choses à nous enseigner, je suis là pour recevoir ces enseignements. Je suis plus sensible à votre vécu qu'à vos tournures rhétoriques. Faire mine d'accepter de quitter un extrême en suggérant l'autre extrême, ici en me suggérant des programmes d'entraînement de trop bas niveau, ce n'est pas ce qui me convainc. Je suis un Hutt, je connais trop bien ces techniques de manipulation. Quant à essayer de me dévaloriser sur mon manque de capacités ou sur ma prétendue pusillanimité, c'est un jeu dans lequel je ne rentrerai pas, car vous savez de toute manière que quelqu'un comme moi n'a rien d'un pusillanime. Je vous respecte, Maître Marja, mais je ne suis pas un idiot. Et je comprends votre volonté d'administrer des entraînements durs. Les deux sphères m'ont infligé quelques égratignures, ce n'est rien, je savais que je pourrais encaisser cela. Regardez-moi : je ne me plains même pas de la douleur. Oui, je suis tenace, et j'en ai tenu compte pour vaincre ces deux sphères, à ma manière. Mais elles sont trop vives et ont quand même réussi à me toucher. J'aime m'entraîner, Maître Marja, je m'entraînerai encore et toujours, sans relâche ; et bientôt, même ces sphères ne réussiront pas à m'égratigner une seule fois avant que je ne les tranche. Vous ne perdez pas votre temps avec moi. C'est vous qui supervisez : mettez-moi face à la difficulté que je vous jugez appropriée. C'est vous le Maître Jedi et je ne remets pas en cause votre méthode.
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Le mucus qui recouvrait sa main ne lui arracha nulle moue de dégout ou d’écœurement. Malgré son ascendance royale et son maintien précieux l’identifiant plus aisément comme une sénatrice à la retraire que comme un Jedi, Hildegarde était rustique. Une guerrière qui n’avait jamais eu peur de sa salir les mains dans tous les sens du terme. Le bon vieux temps comme elle se plaisait à le dire. Ce bon vieux temps de l’ivresse des missions sur le front, au cœur de l’action sabre à la main lui manquait, terriblement, c’était son côté pile.

Elle écouta paisiblement Glurba discourir. À défaut d’être un grand combattant, il était un beau parleur. Personne n'était parfait songea-t-elle. L’art de la rhétorique était inné chez les Hutts, elle le savait. Le padawan en usait les rouages et les mécaniques avec subtilité. Sa manœuvre était habile et n’en était pas dénuée de sens pour autant, chose rare. Il évitait les attaques ad hominem, c’était habile, il fallait le reconnaître.
Hélas pour lui, la vieille femme était intraitable et rien ne savait la faire douter. C’était son côté face. Celle d’une femme d’âge mûr maniant elle aussi savamment la rhétorique. Elle qui chuchotait à l’oreille des monarques et des sénateurs, elle dont le seul regard pouvait pétrifier sur place le plus cruel contrebandier.

La répartie de Glurba l’outra profondément bien. Le décalage entre ses paroles et son attitude était ubuesque. Il ne suffisait pas d’invoquer le respect pour qu’il apparaisse. Elle resta immobile et stoïque telle une statue inanimée.

La vieille humaine ne répondit pas immédiatement et fit quelques pas dans la salle pour retrouver sa bure accrochée à un porte manteau en réfléchissant, elle passa son vêtement de Jedi. Ce vêtement qui reflétait l’humilité des Jedis, leur capacité à être des serviteurs plutôt des que servis. Cette bure n’était pas qu’une tunique, elle était un symbole porté à la vue de tous.
Elle eut ensuite un sursaut en se mordant la lèvre en comprenant soudainement ce qui l’empêcha de déchainer sa colère sur le Hutt pour châtier cette nouvelle insolence qui la vexa profondément et lui fit mal. Elle avait haussé le ton au départ pour le faire réagir, pour lui faire admettre que non, sa principale faiblesse était sa piètre mobilité, elle l’avait bousculé pour qu’il prenne au sérieux ce qui se passait ici.

Le pousser dans ses retranchements n’avait pas marché.
Glurba ne l’intéressait plus, l’âge passant sa patience s’amenuisait à mesure que les pétales de la fine fleur de Carratos se fanaient. Sa vie entière avait été dédiée aux padawans, elle s’était battue pour eux, défiant plus d’une fois le Conseil, allant jusqu’à traquer Saï Don dans sa chambre au beau milieu de la nuit : elle ne méritait pas tant de suffisance. Glurba payait sans le savoir d’un seul coup plusieurs années de frustration, Maître Marja ne tolérait pas que l’on n’aille pas dans son sens. Le manque d’humilité et de réceptivité du padawan lui fit baisser les armes.

- Nous allons arrêter là.

La vieille femme avait parlé calmement sans une once de colère ou de mépris dans la voix, on sentait plus de la résignation dans sa douce voix qui n’avait rien à voir avec celle d’avant.

- Maître El’Dor sera un enseignant bien plus efficace que moi dans votre cas. Nous sommes tous plus ou moins réceptif à certaines méthodes d’apprentissage, je ne crois pas pouvoir vous apporter ce que vous recherchez et j’en suis désolée.

Elle apostropha le droïde.

- R178

- Maître Marja ?

- Enregistre la séance et transfère là à Maître El’Dor je te prie. Fais préparer mon vaisseau et fais savoir au secrétariat du Sénateur Marja que je le rejoindrai pour déjeuner sur Carratos.[/color][/b]

- Bien Maître.

La vieille femme eut un dernier regard pour son padawan.

- Je vous souhaite de vous épanouir et de devenir un grand Jedi Glurba, vous en avez les capacités.

Dit-elle sans ambages pensant chaque parole qui était sortie de sa bouche pincée avant de sortir de la salle en direction de la salle des douches.

Le droïde prit ensuite la parole en réinitialisant les programmes d’entraînements.

- Ne vous formalisez pas padawan Glurba, Maître El’Dor est un grand Jedi lui aussi. Votre prochain cours est dans vingt minutes, vous feriez mieux d’y aller.
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