Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
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Presque une heure s’était déjà écoulée dans l’imposante entrée luxueusement décorée du Palais Royal d’Ondéron depuis que la navette de Kolin s’était posée sur le spatioport jouxtant l’imposante demeure de la famille royale. Volontaire forcé, le gamin s’était levé aux aurores, missionné pour apporter « en mains propres » un datapad au responsable du protocole du palais. Lyrae son compagnon d’infortune avait préféré rester à la navette le temps que son apprenti remplisse sa mission. Le Chevalier n’était pas encore assez fou pour laisser son jeune élève piloter seul, malgré ses progrès et avait été donc contraint d’écourter sa nuit pour conduire le padawan.

La sécurité avait été renforcée au palais, on avait fouillé Kolin à l’entrée, il s’était ensuite présenté à l’accueil. Derrière un immense bureau d’acajou sculpté, une vieille femme à l’air strict à peine réveillée s’était enquérit de la demande du morveux grincheux. Tapotant sur son poste elle hocha la tête et invita Kolin à s’asseoir dans le hall.

Les minutes s’égrainant, à moitié allongé sur son fauteuil rouge Kolin fixait le majestueux plafond peint avec soin et avec finesse. Il réajusta sa bure sale encore tâchée du plat de tomates servi la veille à la cantine du Temple.

N’en pouvant plus d’attendre, il se leva et entreprit d’explorer le hall. Il reconnut sur une des titanesque peintures accrochée au mur le portrait de la Chancelière Suprême. Cette même dame, plutôt sexy au demeurant qui lui avait remis une médaille pour ses prétendus actes héroïques sur Félucia. Le hall était somptueusement décoré : des tableaux tapissaient des murs rouges aux teins chatoyants dont les frises or et bleues ne parvenaient pas pourtant pas à dépareiller l’ensemble tandis que de belles statues s'appuyaient sur des colonnes de marbre nacrées.

- Blast, ces aristos ça se refuse rien.

Trois tours du hall plus tard, commençant doucement mais sûrement à perdre patience, le garçon s’amusa quelques minutes avec une brochure diplomatique disposée sur la table basse autours des fauteuils. Il n’en lu qu’une page avant de la reposer nonchalamment et de se lever pour aller vers le bureau de l’accueil.

- Il arrive le chef du protocole ?

- Avez-vous rempli le formulaire B-23 ?

- Heu, le quoi ?

- Mais enfin, c’est normal ! Vous devez aller au bureau 14 au fond de ce couloir, remplir le formulaire et me le ramener ! Il y a des règles ici.

Dit la femme d’une voix acariâtre comme si cela coulait de source en tendant son doigt rabougri vers un large couloir derrière elle. Kolin soupira bien plus fort que nécessaire, se demandant pourquoi elle ne lui avait pas indiqué plus tôt et se mit en route marchant à pas lent dans l’interminable couloir pour rejoindre enfin le bureau 14. « Bureau fermé » annonçait un écriteau accroché en dessous des chiffres dorés du numéro du bureau. Tapant du pied, Kolin revint à l’accueil et expliqua la situation tâchant de garder son calme.

- C’est pourquoi ?

- Vous m’avez vu y a 5 minutes, le bureau 14 est fermé !

- Ah ! Mais oui, il est trop tôt ! Hum, vous pouvez aller au bureau 11 mais il se trouve à l’étage et il n’y a que les gens accrédités qui peuvent y aller, vous êtes accrédité mon petit bout de chou !

- Bah non et j’suis pas votre bout de chou, je suis un Jedi !

- Pour vous faire accréditer, comme vous êtes un Jedi, il me faudrait une lettre signée d’un membre du Conseil des Jedis, d’une pièce d’identité, de vos empreintes digitales et d’une photo datant de moins de 6 mois au format classique stellaire approuvée par le bureau des identités et des transferts de Corsucant. Votre demande sera traitée sous 7 jours ouvrés, vous aurez ensuite une carte à récupérer au service accréditation qui vous permettra d'accéder au premier étage.

- Non mais, je n’ai pas ça, j’ai un datapad à remettre au Chef du protocole, c’est si difficile à comprendre ? Je vais pas poireauter 8 jours pour ça ?

Grogna le garçon au bord de perdre patience. La femme pianota sur son ordinateur à toute allure, déterminée à trouver une solution aux lourdeurs de l'administration !

- Hum, c’est un datapad de type rouge ? Si il est rouge, on doit pouvoir le faire passer en sceller par un droïde comme ça vous serez sûr qu’il arrivera bien à destination.

- Heu, j’sais pas c’est un datapad quoi. Gromela Kolin en montrant l'objet du crime.

- Ah non c’est un datapad de type orange ça. Pour le faire passer en catégorie rouge vous devez aller au bureau 18, le dernier tout au fond à gauche et remplir le formulaire X-37.

- C’est où encore ça ?

Répliqua le garçon en tapant d'une main ferme sur le bureau.

- Je pourrais vous accompagner mais c’est ma pause, revenez dans vingt minutes mon petit bout de chou, vous êtes trop mimi hein vous les enfants Jedis !

Elle lui fit un immense sourire et quitta le bureau.

- Je vais la buter...

Kolin venait de comprendre comment certains Jedis passaient du côté obscur de la Force.

Écoutant son instinct. Il localisa le grand escalier à droite l’imposant bureau couvert d’un tapis rouge et le grimpa quatre à quatre. Il s’arrêta au premier étage. Deux gardes armés attendaient un peu plus loin devant une large porte magnétique.

- Jeune homme salutations, poil au menton vous êtes accrédité ?

- Vous êtes tous comme ça ici ! Je dois voir le chef du protocole !

- Pas d’accréditation, pas de passage, pas de bras, pas de bantha !

Le garde se mit à rire en regardant son collègue complice sous le regard exaspéré de Kolin qui était arrivé à la porte du Palais depuis déjà une heure ! De rage le garçon se mit à hurler en donnant un coup de pied dans une plante verte qui se renversa.

- Non mais sérieux, il est où le Chef du protocole ?

- Écoutez jeune Jedi, vous ne pouvez pas passer. Arrêtez d’insister et veuillez parler vous calmer.

- T’as les oreilles bouchées avec de la cire de Hutt ou t’es juste idiot ? Je suis mandaté par Maître Razor en personne !

- Dernier avertissement, taisez-vous et allez-vous asseoir ou c’est moi qui fait vous fait asseoir !

Kolin redescendit bien décidé à rentrer au vaisseau retrouver Lyrae et lui dire que la mission était annulée et que décidément c’était vraiment une maison de fous ici ! De retour au rez de chaussé, il croisa une jeune fille escortée par un garde quelques mètres en retrait. La petite se dirigeait vers l’escalier ! C’était sa chance ! La Force lui faisait un clin d’œil !

Il l’interpella avec autant de finesse qu’un gamoréen ivre.

- Eh toi là ! Allo, allo !

Il fit quelques pas pour aller vers elle.

- Je te parle petite ! J’ai besoin que tu me rendes un service !

Le garde derrière la petite princesse se rapprocha à grand pas posant la main sur un blaster accroché à sa ceinture.

- Relax, j’suis padawan du Temple ! J'ai vraiment la tronche d'un criminel ?

Il fit un pas en arrière ne voulant pas risquer un incident avec le garde et leva les bras en l'air pour signifier qu'il se rendait.

[Désolé pour le pavé et pour le craquage]
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Un début de journée comme les autres pour la jeune Milésya Kira, héritière de la planète Ondéron et sœur ainée d'un adorable poupon nommé Ethan.

Retournée sur Ondéron pour se reposer et retrouver ses marques dans son palais familier, elle y avait retrouvé certaines de ses nourrices, son appartement privé au sommet du palais, non loin de l'aile réservée à sa mère - mais son emploi du temps était soigneusement minuté.
Car voilà la parade qu'avait trouvé ses précepteurs à ses fuites et à ses petites farces : le chronométrage.
Ainsi, elle avait droit à un lever et un habillage de deux heures le matin - en comptant le bain et la coiffure - une demi-heure de déjeuner, puis ensuite trois heures de leçons, suivi d'une autre pause d'une demi-heure où elle avait quartier libre. Une heure de leçons plus tard, elle avait droit de prendre son diner et de s'amuser pendant une heure et demi, suivi d'une heure de sport pour "s'aérer l'esprit et fortifier son corps". Enfin, trois heures d'études plus tard, elle était libre pendant une demi-heure de faire ce qu'elle voulait, avant de lire, de faire ses devoirs et de réviser jusqu'à l'heure du souper. Après, la petite princesse avait loisir de s'amuser jusqu'à l'heure du coucher, qui était censé se produire plus ou moins une grosse heure après le repas.

Un emploi du temps qui avait fait soupirer l'enfant. Elle s'y était néanmoins astreinte, sachant que les chefs d'Etat devaient être évidemment les plus instruits et les meilleurs de leur planète, et que si elle voulait briller dans les écoles privées de Coruscant dans un futur proche, il lui faudrait être la meilleure élève d'Ondéron.
Aussi s'était-elle mise à travailler avec acharnement. Ondéronien, coruscanti, aldéraannais, basic et corellisi était au programme, tout comme les mathématiques, géographie planétaire, connaissance des races non-humaines, musique et sciences technologiques. Une heure par jour était concentrée sur l'art oratoire et les débats divers, tandis que le sport consistait essentiellement à découvrir ce qu'il était seyant à une jeune princesse de pratiquer : danse, leçon de maintien, art de la révérence, gymnastique traditionnelle et Rinfort-ball, jeu aquatique où s'agissait d'atteindre des cibles dans l'eau, derrière l'adversaire et les boucliers soniques qui s'activaient de manière presque aléatoire.

Évidemment, Milésya ne voyait plus les journées passer. Bien trop occupée pour penser à autre chose qu'à ses études et à ses problèmes immédiats - par exemple, ruser pour trouver du temps pour jouer avec bébé Ethan - elle avait même peine à s'occuper de sa petite souris-droïde qui la suivait pourtant partout.
Et ce jour-là, il fallait avouer que l'enfant se sentait fatiguée. Un peu fiévreuse, un peu nauséeuse, elle avait perdu de sa vivacité habituelle, et, refusant son repas du matin, la jeune princesse avait somnolé dans les jardins quelques minutes en écoutant de la musique, goûtant la solitude toute relative avec un plaisir rare. Mais l'heure était revenue d'étudier, et elle dû se faire violence pour obéir au garde attentif qui la réveilla doucement pour lui rappeler l'heure.

En se frottant les yeux encore un peu flous de sommeil, elle fit quelques pas dans l'immense hall que dominait un grand escalier recouvert d'un grand tapis rouge. Elle aurait certes pu prendre l'ascenseur privé qui était réservé aux membres de la famille royale ; mais elle était trop étourdie pour y penser. Le luxe éhonté des lieux était comme invisible pour elle - de même que les bureaux administratifs de l'intendance, dont elle saluait vaguement les employés par pure politesse, et plus par automatisme qu'autre chose. Tout cela ne la concernait pas, alors pourquoi s'en encombrer l'esprit ?

Mais à peine eut-elle posé un pied sur l'escalier que la fillette fut interpellé par ... un padawan ? C'était en tout cas ce que sa bure et son apparente jeunesse lui soufflait, mais elle eut un mouvement de recul alors qu'il se précipitait vers elle en hurlant.
Son garde arriva à la même vitesse ; et le padawan leva les bras en signe de reddition. Bon, il fallait intervenir : on ne savait jamais comment ces adeptes de la Force pouvaient réagir. Peut-être en vendant SA planète une deuxième fois à l'ennemi, par exemple.

- "Elley, tout va bien. C'est un padawan... il n'a pas de sabre."

Et s'il s'agissait d'un sith déguisé ?
Mais elle réfréna la bouffée de terreur qui l'envahit brièvement, et elle se força à sourire avec politesse. Après tout, il fallait continuer à entretenir un minimum de relation avec ces individus.

- "On ne sait jamais à qui on a à faire, padawan. Mais permettez-moi de me présenter : je suis Milésya Kira, fille ainée de la Reine et Chancelière Suprême Emalia Kira. Qui es-tu, et pourquoi m'as-tu appelé ..?"

Elle faillit rajouter "si cavalièrement", mais la petite fille n'était pas mesquine. Et puis il n'avait rien d'un ennemi - du moins pour l'instant.
D'un geste machinal, elle lissa sa robe bleue à plis asymétriques, avant de rajuster une mèche de sa coiffure nattée. Elle espérait vaguement avoir un air royal, même si ses yeux, un peu rouges et bouffis de fatigue, semblaient plutôt indiquer une gosse en manque de sommeil.

- "Et on s'incline devant son Altesse", rajouta une voix féminine à côté de l'enfant. Un autre garde en grande tenue d'apparat était redescendu en contemplant la scène, surprenant Milésya de son apparition pourtant peu discrète. Même si le décorum était lourd et inadapté, il était nécessaire, lui serinait-on pratiquement chaque jour. De toute manière, qui lui demandait son avis ? Personne. Alors la royale demoiselle rajouta d'un ton un peu ennuyé à son interlocuteur, qui semblait un peu plus âgé qu'elle :

- "Ils sont très formels sur le protocole, moi, je n'en vois pas vraiment l'intérêt...
- Votre Altesse ! Ne dites pas cela devant un inconnu !
- Il est trop tôt pour les leçons, Elley."

La petite fille soupira, attendant que le padawan exécute sa révérence... sinon, les gardes allaient se mettre en colère. Même si c'était parfaitement vain. En quoi une révérence pouvait-elle faire la différence entre le respect ou le mépris ?
Kolin Valkizath
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- Techniquement, si j’ai un sabre mais j’tranche que du Sith, pis j’voudrais pas dégueulasser la moquette quoi !

Se gaussa Kolin en bombant le torse à la première réplique de la ravissante demoiselle qui lui faisait face solidement escortée. Nullement décontenancé par la royale fillette il ne perdit pas une miette de son aplomb naturel. Une princesse ! Vraiment ? Le garçon arqua un sourcil de surprise en toisant sans gêne le regard enfantin de la future souveraine et, quelle princesse. Son visage poupon ne parvenait pas à tarir la source de la grâce qui prenait source sur ses traits finement ciselés comme si ils avaient été taillés par un sculpteur dont la beauté aurait fait pâlir plus d’un padawan. Blast ! Elle était canon.

La moue de surprise s’agrandit à l’évocation de son nom. Un nom qu’il connaissait bien, puisqu’il avait tenté lors de la remise des médailles sur Corsucant d’offrir sa paire de souliers à une dame endimanchée qui partageait le même patronyme. Ce nom, ce maintien, c’était bien la fille de la Chancelière Suprême. Il n’en fit guère de cérémonie n’ayant pas particulièrement aimé cette soirée au Sénat à discourir de politiques sous couvert de sourires trop polis pour être totalement honnêtes. Il était trop souillon pour ce genre d’endroit pour ce genre de personnes. Un costume de location ne pouvait pas cacher une éducation sommaire et un langage châtié. Il en fut en revanche surpris de découvrir que la Chancelière était originaire d’Ondéron.

- J’sais, j’sais ta mère m’a refilé une breloque dorée à accrocher sur le torse à Coruscant. Moi c’est Kolin mais tu peux m’appeler Ko.

Nota-t-il sans grande prétention avant de reprendre la parole d’une voix qui trahissait son ennui et son impatience.

- J’dois remettre ça au chef du protocole c’est un datapad important.

Il leva le bras pour montrer fièrement le datapad révélant dans le temps un trou dans sa bure au niveau de l’aisselle.

La voix féminine lui demandant de s’incliner résonna dans sa tête. Il jeta un regard gonflé de fierté envers la femme et haussa les épaules d’un air cavalier avec un fin sourire. Drapé dans une fierté toute irrationnelle, il décida malgré tout de s’exécuter. Lors d’un cours de géopolitique on lui avait appris que les relations diplomatiques étaient importantes et qu’il fallait parfois se plier aux exigences les plus étranges. Que la princesse ne fût pas à l’aise, ce n’était pas vraiment son problème au final, puis sa jolie frimousse était un argument qui plaidait en sa faveur. D’un geste leste, imitant les vieux Holofilms à moitié rongé par les insectes qu’il avait eu l’occasion de voir dans les bas-fonds, il attrapa la main gracile de la fillette et y déposa un doux et bruyant baiser en courbant quelque peu l’échine. Sa cérémonieuse révérence achevée il releva la tête avec un volage sourire soufflant vers son front pour remettre en place une mèche capricieuse de ses cheveux gras.

- Trop blast de voir une princesse !

Toujours aussi sûr de lui et bercé par une drôle de sensation qui lui causait des picotements dans l’estomac il libéra la petite main.

- J’voudrais pas abuser de ton temps, mais tu pourrais me conduire chez le chef du protocole, les types de ton palais, ils sont genre, lourdingues tu vois ? Ça serait sympa après j’me tire puisque j’ai l’impression que j’suis pas le bienvenue dans ce zouinge

Laissant son regard s’en aller dans les cheveux bien peignés de son vis-à-vis Kolin se demanda à quoi pouvait bien ressembler la vie d’une princesse. La petite fille n’avait probablement jamais connue la faim ni les difficultés. Il la jugea sévèrement ; Les privilégiés et les nantis ne trouvaient pas grâce à ses yeux et ce encore moins depuis sa présence à la cérémonie sur Coruscant. Pourtant quelque chose lui plaisait chez cette princesse. Il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Une intuition de la Force sans doute.

Elle pourrait sans doute l’aider, les Jedis et la République était alliés et Kolin ne possédait pas suffisamment de connaissance pour comprendre les engrenages et autres poulies qui régissaient les relations entre les deux acteurs d’une même scène. Il détestait les politiques par principe suprême en raison de ses origines mais, avec le temps il avait appris à prendre un peu de recul sur les choses. Il avait toujours jugé les gens à ce qu’ils faisaient et non à cause de ce qu’ils étaient.

Dans les souterrains remplis d’immondices au fin fond de la Cour des Miraculeux, on ne trouvait pas de princesse. La féodalité prenait une autre forme, le pouvoir se gagnait dans le sang et la terreur. Nul ne pouvait rien y faire. La mère de Kolin avait été chassée de son ancien travail quelques années plus tôt lorsque que le gang des Balossar avait pris le contrôle de la Cantina et ne voyait pas d’un bon œil qu’une humaine continue à faire le service. Les règles étaient les mêmes, peut importe l’endroit. Il y avait ceux qui dirigeaient et ceux qui faisaient la révérence. Les convenances en moins, convenances dont le padawan n’avait d’ailleurs aucune idée.

- J’crois que j’connais pas grand-chose au protocole de toute façon.

Conclut le garçon en réplique à sa dernière remarque.

- T'es d'accord ?
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La demoiselle écarquilla grand ses yeux.

Elle ne savait pas que les padawans se battaient aussi contre le siths. Même si c'était logique en y réfléchissant quelques secondes - elle savait que Zelonion avait été blessé, une fois - et surtout, les Jedis avaient tendance à aller en première ligne. Pour apprendre, apparemment, il fallait toujours se mouiller. Même si on l'ensevelissait sous la théorie (parce qu'elle s'était mouillée, elle, un peu trop.).

Le pauvre ! Il avait même reçu une médaille, et la princesse l'enviait un peu, tout autant qu'elle le plaignait d'être allé se battre contre des siths. Ils étaient si effrayants, qu'elle en faisait encore des cauchemars aujourd'hui... même si sa psychose commençait tout doucement à s'estomper. En tout cas, Milésya était un peu surprise de le voir. Il ne sentait pas très bon, ses cheveux étaient en bataille, et sa bure semblait toute sale - à moins, songea l'enfant avec effroi, qu'il ne s'agisse de tâches de sang ! Quelle horreur !

La fillette déglutit. Il valait mieux ne pas penser à ce genre de choses. Visiblement, il devait avoir peut-être la quinzaine d'années ; et ses joues enfantines rougirent de confusion stupide, alors qu'il prit sa main pour la baiser. Le contact de ses lèvres sur sa peau la déconcertait, mais pas négativement ; c'était étrange à définir. Étrange et troublant. Elle lui offrit un sourire maladroit mais radieux, avant de pencher doucement sa tête bien peignée. Il fallait aller voir le chef du protocole ? Rien de plus facile, même si Milésya n'aimait pas spécialement ce vieux grincheux qui marmonnait toujours sur son propre comportement.

- "Je suis sûre que ça doit pouvoir se faire. Il es souvent occupé, mais nous allons aller le voir ensemble. A moi, on ne me refuse jamais l'accès à ses bureaux. Mais... ça veut dire quoi, "trop blast" ?
- Votre Altesse, il s'agit d'un vilain mot. Ne les écoutez pas."

Elley, le garde du corps royal, lança un regard d'avertissement au padawan. En voilà un qui allait pourrir l'éducation de sa petite princesse, et qui allait, en prime, lui apporter des ennuis. Il ne l'aimait pas. Ah non, il ne l'aimait pas du tout, ce petit gamin padawan !

- "Et oui, cela se voit que tu connais pas grand-chose au protocole. Princesse, je vous conseille de ne pas...
- Je l'accompagnerai. C'est mon devoir de veiller à ce que les padawans puissent faire leur travail. Après tout, nous les abritons encore sur la planète, et tant qu'ils sont là et qu'ils nous protègent, alors... nous nous comporterons tous correctement."

Elle avait tellement de questions à poser aux jedis, tellement de choses dans son cœur à leur dire ; mais elle ne disait rien, elle se taisait. Pour agir comme ça avec ce padawan ? Il éveillait des sentiments contradictoires que la fillette de dix ans ne savait pas exprimer. D'étonnement, de surprise... et un peu de fascination. Et du regret. Elle avait tellement aimé, autrefois, joué avec les petits futurs jedis de son âge ! Au sein du Temple, elle s'était sentie protégée, aimée - et maintenant, elle ne savait plus vraiment si la princesse devait les détester, les haïr ... ou leur faire confiance. Que tout se passerait bien, finalement.

Sa petite tête tournait, et un peu de sueur vint mouiller son front plus pâle qu'à l'ordinaire.

- "Ko, viens avec moi. je t'emmène voir Lord Koliospee. Qu'est-ce un "zouingue" ? C'est amusant comme mot ! Si tu veux, si tu as du temps, je t'emmènerai un peu visiter le château. Il n'y a presque personne quand Mère n'est pas là... il n'y a que ma suite personnelle. Et puis j'ai une interrogation ce matin... si tu peux m'aider à la reporter en retour...

Elle émit un petit rire innocent, tandis que son garde du corps claquait sa langue d'un air faussement réprobateur. Bah ! Lui aussi comprenait qu'elle n'ait pas envie de faire ce devoir en corellisi !

- "Comment tu as eu ta médaille, Ko ?"

Elle était curieuse, car même s'ils commençaient tous à remonter l'escalier en direction de l'étage supérieur, elle ne prêtait guère attention au décor somptueux qui l'environnait. Ce padawan étrange était bien plus passionnant !
Kolin Valkizath
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Kolin se surprit à sourire benoitement quand la princesse reprit la parole accédant à sa requête. On ne pouvait rêver d’une meilleure guide que la fille de la grande patronne surtout qu’elle était aussi jolie sous ses airs d’enfant trop policée. Au moins cette rencontre fortuite allait l’aider à remplir sa mission ; Mission qui venait de descendre d’un cran dans les priorités du jeune Kolin. Milésya l’intriguait. Sa naïve candeur le fit rire doucement et il se perdit dans un fin sourire à sa question songeant que la princesse n’avait jamais dû mettre les pieds dans les bas-fonds. Le padawan ignora complétement la garde chiourme qui accompagnait sa protégée et répondit d’une voix pédagogue.

- Blast, t’vois ça veut dire plein de trucs. Si un type te cherche des noises, tu peux lui dire « blast, c’est quoi ton blême » ou alors c’est si y a un truc vachement chouette t’as le droit de dire blast. Puis aussi, tu peux le décliner si un Sith te provoque tu peux lui dire que tu vas le blaster. Après, blast ça peut dire aussi qu’un truc est trop surprenant ! Blast c’est un mot mais t’en a d’autres. Carafouine c’est embêter ou rouglis c’est les pieds. Une « crupule » c’est un problème. Tu peux faire des combinaisons. Genre « blast, ce type me carafouine pas mal les rouglis ! Allez essaye ! »

Drôle de question drôle de réponse. Kolin ne s’était jamais vraiment posé la question sur l’origine de ces mots qu’il avait l’habitude d’employer. L’argot était ancré en lui depuis toujours, son langage était déplorable à l’image de son éducation. Sur la fin avant de rejoindre les Jedis il ne fréquentait plus l’école et accumulait les lacunes, il lui préférait la rue, cette rue qu’il avait appris à aimer et à domestiquer et où il se sentait plus à sa place. Les rats d’égouts devaient rester avec les rats d’égouts disait son père qui ne voyait rien d’utile à apprendre dans une école, les écoles n’apprenaient pas à devenir un homme.

La rue elle forgeait le caractère et apprenait à survivre. Kolin était un écorché, à son arrivée au Temple il avait dû combler un retard immense que ses deux années au Temple étaient loin d’avoir effacé. Comme une évidence, il avait compris que sa place n'était pas dans les couloirs de pierre du Temple. La Force ne l'avait jamais baigné que de sang, et les bas-fonds de Coruscant lui semblaient infiniment plus rassurants que les salles de classe pleines de Jedis en culottes courtes. Sa guide lui paraissait tellement propre, tellement instruire et jolie. Si elle pile, alors il était face.

- Merci princesse, du coup c’est blast !

Répondit le garçon rempli d’assurance en imprimant un sourire volage sur ses lèvres rosées. La proposition éveilla en lui une curiosité insoupçonnée. Il s’empressa d’accepter d’un signe de la tête sans aucune considération pour Lyrae qui attendait depuis plus d’une heure dans la navette. Son Maître comprendrait sans peine que la mission était prioritaire.

- Un zouingue ? Bah c’est un endroit comme ici. J’me sens pas très à l’aise, j’pense que ton hall est plus grand que le bloc où j’vivais mais ouais pour la visite c’est blast !

À quoi pouvait bien ressembler la vie d’une princesse ? À quoi servait une princesse ? Que faisait une princesse ? Il n’en avait aucune idée et ne s’était jamais vraiment posée la question. À ses yeux Milésya était une bête curieuse, un anachronisme issu d’un récit ancien. Une interrogation, il détestait les interrogations lui aussi s’arrangeant pour copier sur Samaël ou pour récolter une punition qui de toute façon était moins contraignante que de devoir apprendre des leçons. Il comprenait parfaitement la jeune femme et n’avait rien contre l’idée de l’aider à son tour.

Il lui emboîta le pas et gravit les marches du superbe escalier jusqu’au couloir auquel il s’était vu refuser l’accès. En si galante compagnie, il n’eut aucun mal à franchir la porte toujours solidement gardée et il ne manqua pas d’adresser un sourire goguenard aux soldats qui s’inclinèrent au passage de la jeune monarque.

La question de la médaille le gêna et il resta silencieux un instant cherchant ses mots en avançant dans le dédale de couloirs à la recherche de Lord Koliospee, pudique et quasiment certain de n’avoir pas mérité cette médaille il se força à répondre d’une voix grave, distante.

- J’étais sur Félucia avec un autre padawan quand les météorites sont arrivés. J’me suis battu contre un Sith puis un rancor, une grosse bête avec des dents gigantesques. On a prévenu des gens qu’ils pouvaient aller se planquer dans un bunker. Puis j’ai été blessé, j’ai failli crever. Mais c’est pas vraiment moi que ta mère a récompensé c’est les Jedis.

Il marqua une pause et soupira longuement.

- J’méritais pas de médaille, j’ai juste sauvé ma peau. Des tas de gens sont morts, c’est eux qui auraient dû avoir des médailles pas moi.

Kolin s’était détesté de devoir sourire quand la Chancelière lui avait accroché son pins sur le torse. Il s’était détesté de se gaver de petits fours quand les habitants de Félucia avaient tout à reconstruire. Les médias avaient parlé de la catastrophe humanitaire que quelques semaines puis avaient fini par oublier par tourner la page, laissant les féluciens dans le dénuement, dans l’oubli.

- Et toi du coup ? Princesse ça consiste en quoi ? Tu s’ras Reine un jour genre ?

Répliqua-t-il aussitôt pour chasser ce souvenir et aussi car il était très curieux d’en savoir plus sur la petite princesse, dérouté qu’il était par sa rencontre avec elle.
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[justify]En pénétrant dans le couloir principal du premier étage, Milésya Kira se sentait de très bonne humeur.

A nouveau, elle ressentait le bonheur de retrouver avec des padawans. Leur franc-parler, tous les souvenirs qu'elle avait pu engranger au fur et à mesure des années, au cœur du Temple Jedi, à jouer dans les jardins, à les poursuivre en criant de joie, à se faire poursuivre, à jouer à la balle, à la poupée avec les plus petits d'entre eux ! Des souvenirs ineffables, du temps où tout était paisible dans son petit monde. Où Mère était encore accessible dans son bureau du Palais, où il n'existait aucune menace capable de détruire sa jolie bulle dorée. Où toutes ses nounous étaient là, quand elle s'amusait à se cacher dans le palais en rigolant, où papa-Jake la prenait dans ses bras, s'amusait avec elle à jouer à ses jeux de société, et faisait sourire Mère ...

Est-ce qu'elle avait changé tant que ça ? Pourquoi est-ce que tout avait changé ? Ce padawan était vraiment adorable et drôle - malgré son état fiévreux, la royale fillette s'amusait énormément du vocabulaire de son interlocuteur. "Blast que c'était hilarant !"
Intriguée, les yeux brillant, elle l'écouta débiter ses phrases d'argot, inconsciente de la vie difficile qu'il avait dû mener pour en savoir autant.

Tout sourire, la pré-ado que devenait gentiment Milésya réfléchit quelques secondes. Elle aussi pouvait parler ce drôle de langage ... peut-être faudrait dire à ses précepteurs de rajouter le langage de la planère de Kolin. Ou plutôt "Ko" ! Même si c'était bizarre que quelqu'un vous embête les pieds...

- "Alors... Moi, ce matin, j'ai carafouiné ma nourrice pour faire un blast de sport de combat mais elle veut même pas... Trop pas blast !"

La gamine pouffa de rire. C'était génial, ce vocabulaire ! On aurait dit un langage secret d'espion, utilisé sûrement uniquement par les Jedis ! Waow ! Elle connaissait désormais un de leur code de guerre... c'était formidable ! Enthousiasmée, la petite fille battit des mains, faisant un peu tressauter ses boucles brunes encadrant son petit visage enfantin.
Mais à nouveau, elle fixa Kolin, intriguée.
N'étais-ce pas étrange d'habiter un "bloc" ? On aurait un peu dit le vocable que sa mère et son entourage employait autour des quartiers de Coruscant, sauf que son hall ne pouvait pas être plus grand qu'un quartier. Après tout, le palais d'Ondéron n'était pas si grand comparé au Sénat !

- "D'ailleurs, où est-ce que tu habitais, avant d'arriver au Temple ? Tu sais, je suis beaucoup venue au Temple, mais je ne t'y ai jamais vu. Bon... Cela fait plus d'un an standard que je ne suis pas venu, alors c'est sans doute pour ça. Mais il n'y a guère que sur Coruscant que j'ai entendu parler de "blocs"... Tu sais, avec Mère, nous habitons principalement Coruscant désormais. Mais je dois revenir ici de temps en temps pour montrer que la dynastie des Kira s'occupe toujours de la planète."

D'un petit pas nonchalant - car elle n'était nullement pressée d'arriver à destination, la jeune princesse bifurqua dans un corridor plus intime, où des employés semblaient balayer la pièce à l'affût de matériel espion. Mais Milésya n'y fit pas attention, bien trop occupée à écouter son nouvel ami lui raconter ses actes de bravoure. Il semblait si inconscient du service qu'il avait rendu à la République - et ce qu'il avait vu et fait semblait si terrible que l'enfant s'arrêter pour regarder l'adolescent avec des yeux graves, presque effrayés.

- "Tu as affronté un sith ET un rancor tout seul ?!"

Dans sa voix, de la stupéfaction nettement discernable. Elle avait déjà vu cette bête mythique dans un holofilm, et ils avaient montré ses dents gigantesques... Il avait prévenu des gens de se cacher dans un bunker... Il avait même failli mourir (ce qui semblait presque normal au vu des dangers qu'il avait encouru...!)...
Alors la noble ondéronienne se planta devant l'adolescent, de toute sa dignité royale, avant d'esquisser un sourire grave qu'elle ne se connaissait pas.
Dire qu'elle faisait encore des cauchemars de ce sith qui aait failli l'enlever ! Jamais elle ne pourrait oublier...

- "Tu as accompli une immense prouesse, Ko. C'est grâce à toi que ces gens ont pu être sauvé dans ce bunker... tu as mis ta vie en danger pour nous tous, et c'est très beau. Et tu méritais amplement cette médaille, j'en suis sûre. Tu as fait de ton mieux, et tu es un héros !"

Malgré l'accent naïf de ses paroles, l'enfant était tout à fait sincère. Puis, prise d'une impulsion inconnue, elle se haussa sur la pointe des pieds, avant de l'embrasser sur la joue. Toute rose et un peu gênée, la princesse se retourna, avant de continuer à marcher jusqu'au fond du couloir. La tête lui tournait plus fort. Elle devait être vraiment malade, aujourd'hui !

- "Tu sais... moi, j'ai failli être enlevée par un sith,lorsque Mère était sénatrice. C'est un Maitre Jedi qui m'a sauvé, mais moi... je n'ai rien pu faire. Il m'attendait devant les grille du conduit, au Sénat. C'est une des choses qui arrivent quand on est princesse, parce que les méchants veulent parfois faire pression sur Mère pour qu'elle prenne les décisions qu'ils veulent eux. C'est pour cela que j'ai plusieurs gardes du corps à moi. Ils viennent me protéger. Avant, je devais avoir un Maitre Jedi, mais comme Mère et moi nous sommes en colère contre eux, alors il n'est pas venu finalement."

Elle marqua une petite pause, avec le sentiment qu'elle avait dû dire quelque chose qu'elle n'aurait pas dû. Tant pis, car elle ne savait pas vraiment ce que c'était !

- "Oui, je deviendrais Reine lorsque je serai plus grande, car je suis la Princesse héritière d'Ondéron. Je dois apprendre beaucoup de choses pour qu'Ondéron reste en sécurité, prospère et que tout le monde sur la planète soit heureux. Comme il n'y aura plus les Jedis ni la République, nous devrons nous débrouiller tout seul, et je serai responsable de toutes les vies d'Ondéron. Alors je dois beaucoup travailler."

Kolin et elle deviendraient ennemis alors, car les Jedis n'auraient sûrement plus le droit de venir sur Ondéron si les siths en prenaient possession.
Cette pensée lui mit les larmes aux yeux, avant qu'elle ne se souvint des propos d'Alys. Qui sait, ce serait peut-être amusant de faire alliance avec ces derniers ? Ils avaient beaucoup de technologie...
Kolin Valkizath
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Un demi rire complice accompagna la démonstration de la princesse. Sans ses atours de petite fille bien élevée et son maintien royal elle en aurait été presque crédible aux oreilles d’un non initié. Il salua l’effort d’un pouce en l’air en continuant à marcher paisiblement dans les couloirs, sans datapad toujours en main.

- Comment on peut s’occuper de la planète quand on n’y est pas ? Enfin, j’ai vu ta mère, elle a l’air hyper occupée. T’as des frères et sœurs ?

Demanda-t-il pour chasser la première partie de la question sur ses origines. De toute évidence Milésya était bien renseignée et n’en était pas à sa première expérience avec les padawans. Kolin de nature sauvage fréquentait peu les apprentis et les initiés, ne les croisant le plus souvent que par obligation. Sa nature solitaire ne le poussant guère à nouer plus de relations que nécessaires. Il y avait des exceptions, comme Samaël et d’autres mais la majorité de ses condisciples n’étaient rien d’autre que des colocataires.

- Je suis arrivé tard au Temple, normalement les gosses arrivent tout petit, c’est pour ça, on m’a repéré tard. On peut rien t’cacher, je viens de Coruscant.

Il ne parla pas des bas-fonds ou de la Cour des Miraculés qui l’avait vue naître. Comme aurait t-il pu lui en parler ? Pour les politiques et les biens nés les habitants des souterrains inspiraient au mieux la pitié ou au pire le mépris. Tous sur Coruscant connaissaient la situation des souterrains, la peur, la faim, la violence omniprésente, l’abandon, la crasse. Il ne voulait pas d’un jugement qu’il se savait condamné à encaisser si il avait le malheur d’en dire plus. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas pleuré, si longtemps qu’il avait décidé de ne plus jamais laisser voir les preuves de sa souffrance, car elles étaient trop facilement utilisées et retournées contre lui. Les perles d’eau ne naissaient plus dans ses prunelles d’or, elles mourraient sur son cœur meurtri. Mais avant, avant, quand il était encore trop jeune, trop inexpérimenté, pour réussir à juguler les flots bouillants d’un chagrin et d’une honte qui après l’avoir possédé tout entier ne demandaient qu’à s’échapper, forçant tous les barrages et toutes les protections.

Les souterrains étaient un Maître impitoyable, ses élèves progressaient vite ou ne survivaient pas longtemps. Les cicatrices étaient d’autres médailles, bien moins belles mais possédant la même valeur.

Les bas fonds étaient pour les habitants d’en haut une curiosité mais pour ceux qui avaient le malheur de les hanter la curiosité se muait en une réalité implacable brisant même les plus courageux. Kolin trouvait la compagnie de la princesse agréable, il sentait dans son grand regard solaire autre chose que du mépris et du dégoût, ce quelque chose lui plaisait ; pourquoi prendre le risque de lui montrer le revers de la médaille ?

- Non, non on était deux, j’étais avec Kanien un pote à moi du Temple. J’ai été blessé mais on a fait fuir le Sith, il avait un sabre laser rouge et il se battait bien, mais ce bantha a bousillé le vaisseau et on a dû fuir. Là un rancor géant nous a attaqués et il a essayé de nous bouffer, on s’est réfugié dans une antenne et c’est là qu’on a pu prévenir les gens. Après, j’ai été blessé et Kanien m’a sauvé la vie.

L’adolescent cessa de marcher lorsque la princesse se mit face à elle. Il esquissa une moue volage, pas habitué à se livrer de la sorte à une parfaite inconnue. Les souvenirs de Félucia étaient des lettres mortes, que pouvoir pouvait bien posséder cette drôle d’Ondérienne pour le faire se livrer de la sorte ?

Le fugace bisou sur sa joue l’électrifia tout entier. Il aurait dû trouver cela ridicule mais il en ressentit au contraire une forme de fierté. Ses joues se teintèrent de rouge quelques secondes. Que se passait t-il ? La Force lui jouait t-il un tour dont elle avait le secret ?

- J’ai juré de protéger les faibles en arrivant chez les Jedis, j’ai juste fait ce pourquoi j’suis fait.

Victoire modeste. Kolin était quelqu’un de profondément désintéressé, ne cherchant ni gloire, ni récompense.

- Pourquoi vous êtes en colère contre les Jedis ?

Questionna-t-il naïvement d’une voix contrite. Il n’eut aucun mal à sentir que Milésya taisait un plus grand mal. Elle qui semblait les avoir côtoyé et apprécié. Pourquoi cette réaction brusque ? Il fut piqué par la curiosité. Dans son inexpérience, les Jedis étaient du bon côté. La République en revanche était pour Kolin beaucoup moins exempte de reproches, Félucia avait été abandonnée à son triste sort. Les gens des souterrains continuaient à mourir de faim ne pouvant même pas renifler les mets des soirées plantureuses du Sénat.

- Je suis désolé que tu aies eu des problèmes, c’est pas blast. Comment tu t’en es sorti ?

La dernière phrase de la princesse le fit à nouveau tiquer, il serra les dents.

- Personne ne sait de quoi est fait l’avenir, même les vieux grincheux qui dirigent les Jedis. Tu sais, j’viens d’un endroit où personne ne s’est battu pour qu’on soit heureux. Alors si toi tu peux le faire, fais-le, je te fais confiance, mais c’est pas en restant dans ce zoing que tu sauras c’que vivent les vrais gens.

Sa voix se fit plus amère, presque acide alors qu’il reprit la parole en plongeant à nouveau ses prunelles dans celles de Milésya sans aucune pudeur.

- Personne ne pourra te protéger des Siths à part les Jedis. Si on est plus là, vous ne serez plus là non plus et c’est les Siths qui vont gagner. Ta couronne ne pourra pas parer un sabre laser rouge.

Il retrouva une voix plus douce ne voulant pas s’emporter face à sa belle princesse.

- Je serai là pour te protéger.

Kolin aurait pu passer des minutes entières rien qu'à la regarder, et il n'y avait dans cette observation silencieuse qu'il lui faisait subir aucune complaisance, aucune provocation, aucune volonté de la mettre mal à l'aise. Simplement elle était différente, et cette différence l'intriguait car s'il n'en connaissait pas les raisons, son intuition lui soufflait qu'elles étaient profondes.

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Kolin était captivant.

Comme Alys, il lui faisait découvrir des territoires jusque là inconnus, la fascinait par son langage exotique et par ses manières étranges.
Il semblait avoir tellement d'expérience que Milésya s'en trouvait très impressionnée - autant que par sa modestie. A la Cour, les nobles lui exposaient souvent leurs mérites.... même si aucun d'eux n'avaient jamais reçu de médailles de la part de Mère. Malgré sa tête qui s'était mise à bourdonner et le fait qu'elle se sentait étrangement légère, la jeune princesse se sentait très excitée de se trouver près d'un véritable héros. Et même s'il était lui-même jedi, elle n'arrivait pas totalement à lui en vouloir à lui. Après tout, comme elle, il n'avait que peu de prises sur les évènements qui se passaient au Sénat Galactique...

- "Mère gouverne Ondéron par l'intermédiaire de ses conseillers. Je crois qu'ils lui font des rapports et qu'elle prend les grosses décisions à Coruscant désormais. Et moi, je suis là pour montrer au peuple d'Ondéron que nous ne les oublieront jamais. Même si Mère est très occupée, elle cherche toujours comment elle peut aider la planète, tu vois. Avant, moi et Ethan la voyions tous les jours, mais maintenant, ce n'est plus possible. C'est la politique qui veut ça... Mais elle m'envoie souvent des messages holographiques, alors c'est presque comme si elle était là. J'ai un petit frère, Ethan, qui est presque encore un bébé : il a presque deux ans standard, maintenant."

Elle ne parla pas de papa-Jake. Le sujet était définitivement trop douloureux, et les larmes qui lui montaient aux yeux trop familières. Elle n'avait pas besoin de lui, personne n'avait besoin de lui, na ! Il n'avait qu'à être resté avec eux...

- "Et toi ? Tu revois parfois ta famille ? Elle doit être très fière de toi. Est-ce que tu as des holos-photos de chez toi ?"

Cet aspect de la vie des jedis lui échappait totalement. Il était si étrange, si cruel de penser qu'on pouvait être séparé de sa famille que la demoiselle avait du mal à l'imaginer. A sa place, elle n'aurait pas pu supporter d'aller habiter dans un Temple étroit et de dormir dans un dortoir, avec plusieurs lits dans une même chambre, bien cela arrivât parfois, lorsqu'elle invitait ses amies à dormir. Mais cela restait exceptionnel...
A nouveau, elle croisa les yeux de Kolin. Quelque chose en lui la mettait en confiance, détendait ce ressort intérieur qui la poussait à courir tout le temps, à étudier toujours plus, à être constamment occupée. Et elle avait un peu envie de dormir, ce qui était très rare à cette heure de la matinée.

A nouveau, elle reprit un couloir différent, avant de s'arrêter devant un ascenseur.

- "Elley, j'ai besoin de ta clé. Nous devons aller au troisième étage."

Elle offrit de nouveau un sourire au padawan à côté d'elle, bien qu'elle se sentît mal à l'aise. Ils seraient bientôt des ennemis, et elle sentait confusément que la situation ne serait pas simple. Mais il fallait pourtant lui répondre ; elle en avait tellement envie qu'elle se sentait comme un poids dans l'estomac, alors qu'ils attendaient tous que la cage métallique arrive. A cette heure-ci, elle était cependant très sollicitée. Milésya savait que la partie administrative du palais d'Ondéron bruissait toujours d'activité - et d'inconnus.

- "Je ne pense pas que tu pourras me protéger. C'est lorsque le Chancelier Suprême était un Jedi qu'il nous a tous vendu. Toute la planète. Elle sera aux siths, et mon précepteur a dit que dans ces conditions-là, alors je serai obligée d'en épouser un pour veiller sur notre planète. C'est à cause des Jedis. Ils ont préféré Artorias à leur propre planète. Nous vous avons donné des terres et plein de choses, et les Jedis nous ont donné aux ennemis. Alors...j'imagine que nous en seront aussi tous deux, même si je ne penserai pas trop de mal des Jedis. Moi, je suis Républicaine. Mais je n'ai pas le droit de fuir."

L'angoisse lui tordait le ventre à nouveau, et elle éternua avec force. Des larmes menaçaient à nouveau ses paupières, mais elle transforma vite le chagrin en colère. Ce n'était pas juste, non, pas juste du tout ! Elle avait joué avec les enfants de la famille royale d'Artorias, Ondéron les avait accueilli avec sincérité - et voilà le prix à payer.

- "J'ai joué avec ces traitres, ces vilains de la famille royale d'Artorias. Ils nous sacrifient tous pour eux !"

Sa colère s'amplifiait au fur et à mesure des secondes. C'était mauvais, mauvais de penser à tout cela. Mais qu'avait-elle choisi ? Rien. Et lorsqu'elle avait été plaider la cause de sa planète, tout le monde avait rit d'elle. Même les Jedis présents. Pourquoi personne n'avait-il donc pris leur défense à eux ?!

- "Moi, je sais ce que vivent les vrais gens. Je suis une vraie princesse, et une fois, tu sais, Kolin, pour mon anniversaire, j'ai eu le droit de me promener presque toute seule. Comme tout le monde. Pourquoi est-ce que personne non plus ne t'as protégé ? A Coruscant, il y a beaucoup de policiers et de Jedis. Mon précepteur dit que c'est une des planètes les plus civilisées de tous les mondes du Noyau. Alors je pensais que tout le monde devait être très heureux, là-bas..."

Elle s'avança dans le luxueux ascenseur. Dans la glace, son teint était livide, et ses yeux sombres un peu gonflés, et un peu rougeâtres. Mais elle n'y fit pas attention. Elle reporta simplement son attention sur le padawan à côté d'elle. Celui en qui elle avait envie de faire confiance, mais en qui il ne fallait pas, surtout pas, faire confiance.

- "Est-ce que c'est du sang, sur ton habit...?"
Kolin Valkizath
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Le padawan s’adossa contre le mur d’un air nonchalant en écoutant avidement les paroles de sa belle princesse qui lui offrait son Monde dans un simple regard. L’évocation fugace d’Ethan son cadet lui rappela ses propres petits frères. Les jumeaux Arn et Mikko tous deux restés sur Corsucant dans la crasse et la pauvreté, abandonnés par leurs deux grands frères qui avaient pourtant juré de toujours être là pour les protéger des coups durs de la vie. Il pensait à leur tristesse et à leur incompréhension, la même que quand Joris s’était envolé sans se retourner. Pas une journée ne passait sans que le garçon ne pense à sa famille, tiraillé entre tristesse et culpabilité. Milésya et lui ne partageaient sans doute quasiment rien mais ce pont brandi entre eux leur offrait un point commun bien plus précieux que le plus somptueux des palais.

Des holos-photos, Kolin n’en avait jamais possédé la moindre. Loin dans ses souvenirs quelques camarades d’école - quand il la fréquentait encore - lui montrait des photos de famille, de moments de bonheur, témoignages du passé qu’un jour beau jour ils regarderaient avec nostalgie. Chez les Valkizath il n’y avait presque que des mauvais souvenirs, rien à afficher, rien à conserver.

- Ta mère à des responsabilités c’est normal. Tu dois t’occuper d’Ethan, j’suis sûr qu’il compte beaucoup sur toi. Ton père, c’est un Roi ou un truc comme ça ? T'as des holo-photos toi ?

Il songea un court instant à sa remarque sur sa propre famille, elle était à cent lieues d’imaginer sa réalité et c’était très bien comme ça.

- Les Jedis ne sont pas autorisés à revoir leur famille, moi c’est pareil. Mon grand frère Joris est dans l’armée de la République, je pense qu’il est fier de moi mais ça fait trois ans que je l’ai pas vu, j’ai deux autres petits frères qui ont presque six années standards.

Joris était son idole, son modèle, son héros à lui. D’une main il tira de l’encolure de sa bure son pendentif métallique en forme de flèche que lui avait offert son ainé au moment où il quittait à jamais les souterrains. Kolin se rapprocha ensuite de la princesse et lui montra la breloque d’un air rempli de fierté. Privilège indu, seul Samaël avait déjà vu son plus précieux trésor. Le pendentif taillé dans du métal de récupération évoquait les lignes et les contours des artefacts provenant des sanctuaires mythologiques de Vordala, la légende que lui avait racontée Joris était que ces pendentifs contenaient un morceau de l’âme de chaque personne l’ayant porté, amplifiant ainsi le pouvoir du médaillon à mesure que les générations se succédaient.

- Regarde, c’est mon holo-photo à moi. C’est mon frère qui me l’a donné, c’est mon porte bonheur grâce à ça, j’sais qu’il pense à moi. Enfin j’crois.

Son sourire était malgré tout un peu crispé. En baissant sa garde, il s’exposait aux moqueries de son interlocutrice pour qui cette fadaise et ce médaillon grossièrement réalisé n’arrivait pas à la cheville du plus petit bijou royal sa possession.

Ils se remirent ensuite en chemin vers l’ascenseur de service qui devait mener au bureau du diplomate. Quelque chose clochait dans le regard triste de la fillette. Cette colère il la connaissait et savait la reconnaître pour l’avoir déjà porté sur le visage et pour l’avoir déjà vue parée sur les plus innocents faciès. Il en ressentit un vif chagrin. Les états d’âmes d’une princesse sans ennuis et baignant dans l’insouciance aurait dû le laisser dans l’indifférence la plus glaciale mais Kolin n’avait jamais vraiment su rester de marbre face à la tristesse, c’était sans doute l’une de ses plus grande faiblesse. La voie des Jedis ne l’avait pas aidée : il détestait cette part d’humanité qui ressurgissait parfois sans prévenir de son armure façonnée par les coups de son père et la rudesse de son enfance.

Puis il y eut cette colère, volcanique et ces mots durs et terribles qu’une si belle et jeune princesse ne devrait pas être forcé de prononcer. Épouser un Sith : quelle horreur ! Ces attaques contre les siens le mirent en colère à son tour, il allait répondre sèchement tout le bien qu’il pensait des politiciens et de cette soit disant République que Milésya semblait vouloir incarner. À la place il lui offrit un sourire et passa une main douce dans ses longs cheveux.

- Ne sois pas triste. Tu veux que je fasse arrêter ton précepteur par les Jedis pour toutes les béises qu’il raconte ? Tu épouseras un prince qui sera aussi joli que toi. Puis, si les Jedis ont fait des conneries, j’crois que les politiciens et les Reines n’ont pas fait que des bonnes choses non plus. Les adultes font tous des trucs pas bien tu ne crois pas ?

Affirma le padawan sans se départir de son assurance habituelle.

- Les Siths n’aiment que la mort et la destruction, ils n’ont rien à faire des faibles y veulent pas aider les planètes, ils ne pensent qu’à eux et au côté obscur de la Force. Je les déteste. J’suis pas assez sage pour savoir si Maître Von à bien bossé quand elle avait la place de ta mère mais je sais qu’elle ne laisserait pas des gens innocents en danger.

Il refusait de croire un seul instant que les Jedis aient pu prendre une décision condamnant des innocents. S’il y avait beaucoup d’idiots au Temple, tous les membres de l’Ordre se battaient pour le même idéal. Il l’avait vu sur Félucia, toute cette énergie déployée pour secourir les populations. Naturellement il n’était pas dans l’intimité du Conseil et des dirigeants et encore moins dans celui d’Alyria Von mais il ne pouvait imaginer un seul instant que cette dernière ait pu être animée d’une mauvaise intention.

- Comment tu peux dire que tu connais les vrais gens si tu as à peine été autorisé à te promener toute seule ? Tu devrais penser par toi-même et arrêter d’écouter ton précepteur qui raconte que des conneries !

Kolin sentit finalement une nouvelle pointe de colère percer dans sa voix résolue. Il pénétra dans l’ascenseur et attendit que les portes dorées se ferment.

- Tu sais pourquoi personne ne m’a protégé sur Corsucant, parce que tout le monde s’en fous des gens comme moi. On n’intéresse personne, les politiques savent ce que vivent les pauvres et s’en moquent. C’est comme ça. J’te dis pas que les Jedis sont parfaits, ils sont même craignos parfois avec leur grands airs et leurs idées craignos mais eux ne détournent pas la tête quand ils voient la merde. Alors je t’interdis de dire du mal des Jedis devant moi.

Il n’avait pas crié, mais son ton avait changé. Sa dernière phrase avait été crachée, il secoua la tête profondément alors que lentement l’ascenseur s’ébranlait. Pourquoi s’était t-il mit en colère ? Son bras crispé sur le datapad, il baissa le regard, désolé pour son emportement. Sa belle princesse ne méritait pas ça. Elle n’avait pas à subir de plein fouet le passé et les ressentiments qu’avaient Kolin. Cette dualité primaire entre bien et mal qui agitait le garçon des souterrains ne regardait que lui. Quel genre de Jedi s’emportait contre un enfant ?

- J’suis désolé, j’voulais pas dire ça. C’est juste que, j’comprends pas. J’veux pas que tu pleures à cause de moi.

S’épancha t-il rempli de regrets.
Kolin ne répondit pas au sujet de sa bure se rendant compte qu’elle était complétement tâchée et qu’il aurait déjà dû la changer depuis plusieurs jours. Vestige de son ancienne vie, le brun avait encore beaucoup de mal avec les standards de l’hygiène galactique.

- Je te le jure sur la tête de mes frères, quand je dirigerai l’Ordre Jedi nous ferons tout pour protéger Ondéron et la galaxie, je ne trahirai pas ma promesse ! Et tu sais, toi et moi à nous deux on peut changer la galaxie ! Tu crois pas ?

Reprit le padawan en bombant légèrement le torse plongeant son regard grave dans les yeux gonflés de Milésya. Il le pensait, un jour, il serait au Conseil des Jedis et lui prendrait les bonnes décisions pour protéger ceux qui en avaient besoin. Le jour où le vieux Maître Jedi lui avait sauvé la vie sur les poubelles des souterrains il avait compris que quelque chose de plus grand l’attendait. Naïvement sans doute. Cette même naïveté lui donnait aujourd’hui des ailes, lui donnait la force de repousser ses limites et de vouloir faire le bien autour de lui.
Un regard pour Elley plus tard, Kolin se surprit et passa ses bras autour dans le dos de la princesse et l’enserra doucement pour la rassurer et lui montrer à quel point il avait été maladroit.
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Partagée entre plusieurs sentiments, Elley pénétra dans l'élégante cabine d'ascenseur, dont les moulures délicates d'argent et crème offraient comme une oasis de douceur après les couleurs plus vives des couloirs. Elle ne savait réellement que penser du padawan qui semblait susciter de si vives émotions chez sa Grâce Milésya Kira, sa petite protégée envers qui elle avait un devoir permanent.
D'une part, même si le garçon s'emportait vite, il était évident qu'il ne ferait aucun mal physique à la jeune princesse. D'un autre côté, il enfonçait un peu plus la fillette dans son obsession, et elle pouvait présager qu'une violente dispute allait éclater. Et que la princesse en serait certainement bouleversée, ce qui perturberait sa journée. Devait-elle intervenir en outrepassant les limites de ses fonctions ? Elle n'était ni sa psy, ni sa nourrice, ni sa mère - qui soit dit en passant, trouverait peut-être l'altercation salutaire. Mais elle était l'amie invisible de la petite fille, qu'elle trouvait parfois trop émotive et trop fragile encore pour toutes ces histoires politiques.

Son esprit balança quelques secondes - avant que ledit Kolin ne s'approche de l'enfant, ne l'enlace d'une main. Une demi-seconde, elle avait eu envie de sauter à la gorge du forceux, avant de sagement se raviser. Ce garçon ne lui ferait aucun mal physiquement.

Quant à la demoiselle concernée, plongée qu'elle était dans sa colère grandissante (qui avait le droit de lui crier dessus ?! Sûrement pas cet imbécile de padawan à la bute tâchée et qui n'était rien, rien du tout !), elle ne vit pas venir le câlin. Surprise, sa colère retomba presque aussitôt, et l'enfant prit le temps de regarder son interlocuteur dans les yeux. L'adolescent semblait sincère dans ses excuses, et quelque chose lui soufflait qu'elle-même avait sans doute provoqué cette colère. Après tout, elle avait insulté les membres de son Ordre, ce qui l'aurait elle-même mis dans une rage folle s'il avait fait la même en s'attaquant à sa Mère.

- "Quand tu seras Maitre de l'Ordre Jedi, tu m'aideras malgré le Traité ? Le Traité d'Artorias du Maitre Jedi Halussius Arnor ? Tu me le promets ? Tu ne laisseras pas les siths m'épouser, prendre possession de la planète ?"

Dans sa voix résonnait un réel espoir. Ses petites mains fraiches serraient celles de l'adolescent, tandis que ses yeux sombres, où perçait une lueur noisette, fixaient les prunelles de son interlocuteur.

- "Oui... à nous deux... nous changerons la Galaxie. Quand je serai Chancelière Suprême à mon tour, quand tu seras Maitre de l'Ordre. Nous établirons une belle galaxie, où la police protègera tout le monde à Coruscant. Je dirai à Mère ce que tu as dit, que ... que... les pauvres à Coruscant... tout le monde les oubliaient. Moi, je ne savais pas ce qui se passait. Tu sais, je suis allée dans les niveaux inférieurs... Une fois, je suis allée à une réception au niveau -46. C'est très bas sous la surface, on ne voit pas tout à fait le ciel. Plus personne ne t'oubliera, ne vous oubliera. Je te le promet !"

Sa main tremblait un peu. Et inopinément, la petite fille lui offrit un sourire sincère, où perçait son extrême innocence, sa candeur intouchée. Où perçait un sentiment éloigné mais voisin de la colère, peut-être engendrée par celle-ci ; un sentiment tout neuf, qu'elle ne comprenait pas - et qu'elle sentait intuitivement n'avoir pas besoin de comprendre.
Elle ajouta d'une voix douce, presque d'un murmure.

- "Le cadeau de ton frère est très beau... je n'ai rien vu d'aussi original. Mon père est Duc sur Corellia, alors lui aussi a beaucoup de responsabilité. Parfois, je pars en vacances chez lui, mais je m'y ennuie un peu... Il n'y a pas vraiment d'autres enfants que moi, même si Père en invite de temps en temps. Il dit qu'il vaut mieux la compagnie des adultes pour entrainer son esprit. Enfin, ils parlent toujours de politique. Quand tu auras déposé ton datapad, tu aimerais voir ma chambre ? C'est là-bas où j'ai conservé toutes les holos-photos qu'il envoie."

Parler de son autre papa était plus délicat et douloureux. Mais après tout, il venait bien de lui montrer le médaillon de son frère...
Comme à regret, elle rompit le contact de leurs deux mains, tandis que la porte de l'ascenseur s'ouvrait enfin.

- "Il y a aussi papa-Jake. Mais je n'ai pas le droit de parler de lui, c'est... un papa secret. Il ne faut pas que la presse sache qu'il existe, sinon ils vont le chercher et ils sauront que c'est le papa d'Ethan. Lui, il me manque plus que Père... je ne sais pas pourquoi."

Milésya savait fort bien pourquoi, en réalité. Parce qu'avec papa-Jake, on pouvait s'installer sur ses genoux ; parce qu'avec papa-Jake, Mère avait l'air détendue et heureuse. Qu'ils pouvaient se promener dans les jardins comme une vraie famille, qu'ils se faisaient des bisous et que tout était très rassurant quand il était là. Que serait-elle devenue si papa-Jake n'avait pas été là après l'épisode du Sénat ? Il parlait un peu comme Kolin. Soudain, la ressemblance de vocabulaire la frappa, tandis qu'ils progressaient en direction de la fameuse porte de Lord Koliospee.
Mais la fillette ne dit rien. Elle se contenta de frapper à la porte sculptée, laquelle coulissa sans bruit sur un bureau austère mais plutôt impressionnant, tant le plafond était haut et le secrétaire occupé à taper sur un ordinateur.

A sa vue, cependant, il se leva comme un diable sorti de sa boite, s'inclina profondément avant de poser une question d'une voix quelque peu hésitante :

- "Votre Grâce ! C'est un honneur auquel je ne m'attendais pas. Que puis-je pour vous ?
- L'Ordre Jedi a un datapad à communiquer à Lord Koliospee en personne. Alors ouvrez-nous la porte, s'il vous plait.
- Tout de suite, votre Grâce. Lord Koliospee est très occupé, mais bien sûr, il fera une exception pour vous, Princesse."

La royale fillette coula un regard amusé vers son nouvel ami, alors que le secrétaire se hâtait d'entrer en communication avec son supérieur, et que la porte du fond s'ouvrait aussitôt.

D'un geste royal, Milésya de la Maison Kira invita Kolin à entrer.

- "Je t'attends ici ! Nous irons ensuite regarder les holos-photos !"

Son cœur battait la chamade à l'idée de passer encore du temps avec le padawan si étrange, qui lui rappelait tant et tant papa-Jake. Comme si elle retrouvait le sentiment de sécurité que ce dernier lui avait procuré toutes ces années, après une longue période d'angoisse et d'errements...
Kolin Valkizath
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Kolin sentit la petite princesse s’apaiser à mesure que sa colère retombait peu à peu et que le rouge la quittait. Un sourire s’ourla sur le visage du padawan quand elle lui adressa sa requête. Ce titre lui allait si bien, il était loin de briller autant que les vieux machins du Conseil, la route serait longue, semée d’embuches. Pourtant, il se mit à y croire une fraction de seconde. Quel pied de nez au destin et à l’ordre établi : un gamin des rues, né dans la merde, battu toute son enfance devenir le grand Maître de l’Ordre des Jedis pour aller claquer des bises aux politiques et aux Rois de la Galaxie.

- Je ne peux pas faire de promesses que je ne suis pas sûr de tenir.

Règle cardinale de là où il venait. Derrière les balances, ceux qui ne tenaient pas leurs promesses était détestés de tous, mis au banc du microcosme qu’était les souterrains. Dans un endroit où la justice n’existait pas et où les contrats signés sur datapad étaient rares, la parole était sacrée. Usuellement les habitants avaient l’habitude de se cracher mutuellement dans la main pour sceller un accord mais, Kolin malgré sa rudesse sentait bien que cracher dans la main de sa belle princesse risquerait de provoquer une crise diplomatique pouvant aller jusqu’à la destruction de la planète toute entière.

Si le garçon s’interdisait les promesses en l’air il fut surpris de la sincérité de Milésya quand elle lui promit d’aider les siens. Il haussa les épaules n’en croyant pas un mot. Un souvenir acide remonta de sa mémoire. Bien des années avant la Sénatrice de Coruscant était descendue dans la cour des miraculeux. Lourdement escortée, elle fut horrifiée et s’était pavée de mille promesses. Jurant dans les yeux des habitants rigoureusement sélectionnés que tout changerait après les élections si elle était réélue. Rien n’avait changé ici-bas, les promesses des nantis fondaient comme neige au soleil, il n’y avait guère que les simplets et les enfants comme Kolin qui avaient vus dans le discours de la Sénatrice des lendemains chantants.

Il ne se faisait plus d’illusions mais ne voulait pas entraîner la belle enfant dans ses chimères brisées.

- Le -46 c’est encore les communs, j’pense pas qu’on emmènerait une princesse tout en bas, c’est trop dangereux. De là où je viens tout peut te buter. J’ai déjà été braqué par des blaster de types qui avaient trop bus. J’aurai pu mourir pleins de fois.

Il pensa à son frère, le petit Arn. À défaut de sauver les miraculeux, Milésya aurait peut-être le pouvoir de mobiliser son pouvoir pour venir en aide à Arn qui – d’après les dernières nouvelles – avait de plus en plus de mal aux poumons.

- Merci c’est mon plus beau cadeau, de toute ma vie.

Dit-il fièrement en rangeant son pendentif après l'avoir embrassé chassant Arn de ses pensées en un instant. Que lui avait fait cette incroyable princesse pour qu’il parvienne à ne pas tout casser et à devenir agressif à l’évocation de sa famille ? Maîtrisait t-elle la Force ? L’avait t-elle ensorcelé ? Que faisait ce sourire béat sur son visage juvénile ?

- Deux papas ça compense une maman que tu ne vois jamais ?

Reprit t-il maladroit en lorgnant vers le plafond doré de l’ascenseur.

- Pourquoi tu ne dois pas parler de lui, ça a l’air d’être un type réglo ?

Les paroles tenues de la jeune fille n’avaient pas échappés au padawan. Elle venait de faire une bourde et une grosse. Son frère était en réalité sans doute son demi-frère. Ombre au tableau d’une famille royale se complaisant dans son apparente perfection. La rayure sur ce tableau idyllique n’était pas montrable aux yeux des autres. Fissure supplémentaire entre leurs deux mondes, si différents, mais pourtant si proches. Chez Kolin, les familles parfaites n’existaient pas. Néanmoins, pas une fois le petit garçon avait dit du mal de son père même avec les joues tuméfiés par les coups. Le coupable était une chute dans les escaliers ou un contrebandier ivre et tant pis si personne n’y croyait au moins les apparences étaient sauves.

- Ça me fait plaisir de voir ta chambre si tu m’y autorises.

Répliqua le garçon piqué au vif de découvrir un peu plus l’univers de Milésya, un monde rempli d’inconnues et de contradictions mais qui le fascinait. Elle le fascinait.
Sans oublier de remercier sa guide d’un signe de la tête, Kolin s’avança avec cette démarche assurée qui le caractérisait et sans adresser un mot au secrétaire, il pénétra dans le bureau du vénérable Lord Koliospee. Le vieil homme fut surpris et haussa les épaules d’un air méfiant en voyant l’état de son visiteur, il invita poliment le padawan à s’asseoir, il refusa.

- J’vais pas traîner ça va. Je vous apporte ça de la part de Maître Yannu, il a dit que c’était important, un truc en rapport avec les traités commerciaux j’crois.

Sans plus de cérémonie le garçon déposa le datapad sur l’imposant bureau de son hôte et le gratifia d’un débonnaire « allez tchuss ! ». Il fit volte-face et quitta le bureau aussi vite qu’il était arrivé ne pouvant s’empêcher de penser que le vieux croulant aurait pu envoyer un droïde plutôt qu’un padawan pour sa livraison.
Il retourna auprès de sa princesse alors que la présence de Lyrae resté dans le vaisseau lui traversa vaguement et éphémèrement l’esprit. Son Maître attendrait bien un peu plus et puis, il ne fallait pas faire d’entorse au protocole.

[color=pink]- Tu devrais venir au Temple de temps en temps y a pleins de gosses, bon la plupart son insupportables mais y a quand même trois ou quatre qui sont pas trop craignos tu vois. Tu sais je m’entraîne dur pour devenir plus fort et plus intelligent, un jour j’serai peut-être aussi instruit que ton père, celui qui est sur Corellia.

Docilement il se laissa guider vers la chambre de la princesse et se risqua pour une requête.

- Ça m’gêne un peu de te demander ça mais comme tu es riche. Tu penses que tu pourrais filer quelque créds pour faire soigner mon petit frère Arn. Faut pas donner l’argent à ma mère elle dépenserait tout pour des conneries mais il a vraiment b’soin d’aide. Tu pourrais faire ça ?

C'était peut être la dernière fois qu'il rencontrait quelqu'un qui semblait l'apprécier et qui avait entre ses jeunes mains le pouvoir de faire la différence dans sa vie, il aurait fallut être fou pour ne pas essayer, malgré la honte de se montrer vulnérable.


[Je suis vraiment désolé du retard, je suis totalement à la ramasse en ce moment...]
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Tandis que le padawan disparaissait dans la pièce dévolue au chambellan, la petite fille ne pouvait s'empêcher d'être songeuse, assez fébrile. qu'importait qu'il lui demande des passes-droits ; elle ne le regrettait pas, avec l'inconscience et l'égoïsme de la jeunesse.
Il était si différent de tout ceux qu'elle connaissait : il ne ressemblait certes pas aux courtisans qui encombraient le palais d'Ondéron, ni aux politiciens du Sénat. Cela lui donnait envie de revenir au Temple, quelque part - bien que le souvenir de leur trahison continuait de la hanter. Kolin vendrait-il Ondéron aux siths, s'il avait été à la place de l'ancien Chancelier Suprême ?

Milésya décida que non. Il était bien trop sincère, bien trop pur pour tous les vendre. Lui était comme Mère : il se battrait jusqu'au bout. Enfin... il avait l'air comme ça.

Il accepta d'aller voir sa chambre, et la royale gamine sentit son cœur s'illuminer d'une joie sincère. Elle avait beaucoup d'autres amis à la crèche du Sénat mais ... c'était différent avec lui, d'une manière inexplicable. Il avait été braqué par des hommes qui avaient trop bu, comme dans les films ! IN-CRO-YABLE. Ce n'était pas au Sénat, ni à la maison d'Ondéron qu'elle entendrait ça à nouveau !

- "Tu as dû avoir tellement peur chez toi... mais... mais tu verras, moi, je t'accompagnerai si tu vas à nouveau là-bas. Nous irons avec les gardes et ils leur diront d'arrêter. Sinon ils seront punis et ils iront en prison."

La jeune princesse émit un bref soupir. Penser à papa-Jake était douloureux. Cela faisait si longtemps qu'elle ne parlait plus de lui à personne, et là, en foulant le plancher de bois ciré recouvert d'un épais tapis, la fillette se sentait tentée comme jamais. C'était dangereux, il pouvait tout révéler à la presse, et cela créerait (encore) un énorme scandale ; mais instinctivement, la demoiselle sentait qu'il ne la dénoncerait pas. Mais elle pouvait se tromper : et ce ne serait pas la première fois, malheureusement.

- "Tu sais, pour cette histoire de Jake... tu ferais mieux de l'oublier. J'ai dit ça comme ça. J'ai tout inventé, parce que je trouve que ça serait bien d'avoir deux papa. Un, c'est suffisant en fait !"

Elle força un petit rire. Gênée de son mensonge, l'héritière de la Maison Kira d'Ondéron détourna le regard, et profita du changement de conversation avec plaisir. Pendant quelques secondes, elle le dévisagea, étonnée de sa demande ; avant de lui offrir à nouveau un sourire gentil et naïf. Pauvre petit Arn, malade dans un endroit où sa mère dépensait son argent pour boire ! C'était si horrible que l'enfant s'arrêta tout net, pour se tourner vers son nouvel ami. Elle sentait sa tête si lourde qu'elle avait du mal à la maintenir, avant qu'une quinte de toux très forte ne vienne franchir la barrière de ses lèvres.

- "Kolin, je t'ai promis que je ne t'oublierai pas. Alors je vais demander qu'il soit soigner sur mon argent de poche, dans un hôpital près du Sénat. Ensuite, il pourrait peut-être venir habiter sur Iziz. Avec ta maman, peut-être, et comme ça elle irait mieux, si elle n'habite pas dans cet endroit affreux. Tu pourras les voir souvent, et vous serez heureux ! Qu'est-ce que tu en penses ...?"

Elle eut un violent haut-le-cœur.

- "Je crois... que je suis malade... donne ton com' à Elley..."

Sans aucune dignité, Milésya se mit à courir dans les couloirs, avant de disparaitre dans un cabinet de toilettes judicieusement dissimulé dans la paroi.
Le garde du corps la suivit du regard, avant de toiser le padawan d'un air sombre.

- "Il sera fait selon les désirs de son Altesse, et j'attends ton numéro de com' et les coordonnées de ta famille sur Coruscant. Cependant, je tiens à te prévenir, padawan. Je ne laisserait personne profiter d'une enfant. La prochaine fois que tu t'aviseras de lui demander quelque chose, cela sera rapporté à la Reine et Chancelière Suprême. Même les padawans ne doivent pas profiter de la naïveté et de la générosité d'autrui, fut-elle princesse. Est-ce bien clair ?"
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
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- Tu as un grand cœur princesse, tu seras une merveilleuse Reine.

Répondit Kolin avec une certaine gravité alors que sa princesse lui proposait une escorte pour retourner dans les souterrains sordides de Coruscant. Le garçon était envouté, d’où venait ce sentiment naissant qui causait en lui tant d’émoi ? Pourquoi ne voulait t-il plus quitter cette drôle de jeune fille qu’il avait pourtant jugé si sévèrement au premier regard ? Si différente mais pourtant si proche. Il y avait chez Milésya une fragilité et une sensibilité pour laquelle Kolin se serait damné, pour laquelle il aurait tout offert. La fine enfant lui faisait penser à une fleur fragile balayée par la bise d’un hiver rigoureux. Ténue et délicate, resplendissante de beauté, encore plus belle sous les caprices des éléments. Egayant les cœurs de pierre.

Les fardeaux savaient si bien s’affranchir des classes sociales, frappant indistinctement les habitants de la galaxie. Kolin savait qu’il pourrait profiter d’elle. Il le faisait, en demandant, en quémandant de l’aide qu’il ne pouvait pas lui-même fournir. Tous les miraculés le savaient : les victoires ne se demandaient pas, elles se prenaient. Lui qui ne demandait jamais rien, courbait l’échine en s’exposant et en offrant le pouvoir de vie ou de mort sur son petit frère. Ce n’était pas dans son habitude mais avant elle, bien peu de gens s’étaient intéressés à sa condition aussi facilement. Les discours des adultes et des Jedis à plus forte raison étaient toujours remplis de pragmatisme et de relativisme de sérieux tandis que Milésya n’avait nul besoin de se parer d’autours pour exprimer ce qu’elle ressentait et ce qu’elle était, au plus profond d’elle-même.

- Jake, qui c’est Jake ? Jamais entendu parler de lui.

Un clin d’œil espiègle accueillit cette déclaration. Nul secret n’était mieux gardé que par les padawans. Le malaise de sa bienfaitrice était évident. De plus, nul ne pouvait tromper la Force. Les blessures liées à ce Jake avaient l’air profonde. Au bal des apparences dans lequel la jeune fille dansait il ne devaient pas y avoir de fausse note, les ratures sur les feuilles n’étaient pas autorisées et si elles existaient elles devaient être cachées. Un peu comme quand il avait reçu la médaille de la part de la Chancelière Suprême et qu’il n’avait même pas pu s’approcher d’elle.
En réalité Jake ne l’intéressait pas. La Force lui avait offert l’extraordinaire opportunité de pouvoir faire soigner Arn et cette idée oblitérait tout le reste. Depuis qu’il était en âge de comprendre les rouages de la vie, Kolin savait que la chance souriait rarement et que toute occasion était bonne à prendre.

Joris, son grand frère en partant lui avait confié les clés de la maison, lui faisant comprendre que la sécurité de sa famille était désormais sa priorité, que l’enfance était terminée. C’était lui l’homme de la maison. Le fardeau avait été terriblement lourd à porter, les maigres activités du garçon n’étaient pas suffisantes pour faire la différence. La poignée de crédits qu’il ramenait ne couvrait pas les dépenses de santé. Il n’avait rien pu faire, prisonnier de sa condition.
En quittant Coruscant pour rejoindre les Jedis il avait à nouveau trahi la promesse qu’il avait faite à Joris, celle de veiller sur les siens. Des jours durant il avait eu honte d’avoir une assiette pleine en face de lui alors que ses frères n’avaient rien.

Puis avec le temps, il avait un peu oublié. Agrippé par cette vie trépidante, happé par ses nouveaux amis et par la voie des Jedis. Il en avait honte, mais de moins en moins. Ne plus dormir dans l’odeur de l’urine était devenu une normalité alors qu’elle était un luxe quand il venait de franchir le seuil du Temple.

- Si tu pouvais faire ça, ça serait vraiment, vraiment, vraiment blast. J’aurai une dette éternelle envers toi, ça serait….

Un brusque haut le cœur de la part de la princesse le coupa dans son élan alors qu’il rayonnait de bonheur et d’espérance.

- Princesse, Mylé ?

S’inquiéta Kolin en tendant le bras, mais trop doucement pour retenir la fragile fillette qui disparut en un instant par une porte dérobée laissant le padawan désœuvré et pantois au milieu du couloir. Le garde du corps l’interpella. L’humain effaça son sourire béat et reprit son usuelle tête de dur à cuire.

- Je vous ferai parvenir ça. Au lieu de dire des conneries, occupez-vous de la princesse et faites-moi savoir quand elle ira mieux, c’est bien votre boulot non ?

La garde ne répliqua pas se contentant de souffler profondément et demanda à un autre sbire d’escorter le padawan vers la sortie.

C’est un garçon maussade qui était entré dans le palais, et un garçon heureux de toute son âme qui le quittait. Peut-être avait-il abusé de la générosité de la princesse, peut-être.
Mais les victoires ne se demandaient pas, elles se prenaient.



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