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« Trésor, si trois baisers te font du bien, attends le vrai, et tu finiras au paradis à coup sûr. »

J’ai pas pu résister. Trop tard, c’est sorti tout seul. C’est que j’ai de mauvaises habitudes aussi, alors même si j’ai bien compris qu’il faut que je ralentisse sur les vannes à sous-entendus pervers, c’est compliqué quand on me tend des perches comme ça. Que voulez-vous, c’est mon fond de commerce dans l’espace hutt, la tchatche, sinon, avec mes qualités exceptionnelles pour se foutre dans la mouise, on ne survit pas très longtemps. Et puis … Faire des plaisanteries vaseuses, ça me vient facilement, c’est comme une seconde nature à ce stade. Je contrôle pas. Encore, là, franchement, je fais des efforts surzeltroniens pour éviter d’en sortir une trop … Trop. Faut voir son petit air gêné quand j’ai eu le malheur d’évoquer un plan à plusieurs : je crois que mon petit jedi a envie de découvrir des choses, mais qu’il va quand même pas falloir le brusquer. Dommage, une petite orgie, ça détend ! Enfin, ça tend plus exactement … Bref ! Voilà, je recommence. Darel, mon chéri, tu es un incorrigible crétin à la langue trop pendue.

Le pire ? C’est que j’ai touché juste en plus. Même si je n’arrive pas à savoir si ça le soulage de dire la vérité ou si ça l’ennuie. Un mélange des deux, je pense. Brusquement, je me demande quel âge il a. Moins que moi, c’est certain. Il fait pas môme, hein, attention, sinon, ça pourrait pas trop marcher, j’ai pas le goût des mouflets à peine pubère, merci bien, mes mâles, je les apprécie … Virils. Non pas que j’ai des critères particuliers non plus, honnêtement, je suis pas très difficile tant que ça ne ressemble pas à un hutt. Mais j’ai toujours trouvé amusant de découvrir ce qui se cachait sous les minois des gros bras, et leur révéler qu’ils adorent ne pas être ce qu’ils croient. Et je dois avouer que ne pas être ce que l’on attend de moi est également excitant, en un sens. Je crois simplement que j’aime tromper les attentes. Alors, c’est pour ça que les apparences …

« Pas forcément, non. Mais d’un autre côté, j’ai appris à ne pas fier aux qu’en dira-t-on. On risque souvent d’être surpris … Alors, honnêtement, clair que c’est pas forcément ce à quoi je m’attendais, sauf que comme t’avais l’air bien entreprenant et chaud comme la braise, j’me suis dit que tu devais faire partie de ceux qui cachaient bien leur jeu.

Désolé de dire ça, mon chéri, mais avec ton don pour me faire des appels du pied de dingue, j’me suis dit que j’avais affaire à quelqu’un qui partageait plus que ce que je pensais avec mes méthodes de drague. J’ai pas vraiment cherché plus loin. On tombe rarement sur … disons, que la faune à laquelle je suis habituée est plutôt du genre directe, et c’est pas pour rien, si tu vois c’que j’veux dire … Donc je pense pas à demander.

C’pas grave, après … Faut bien commencer un jour. Et je comprends que ça te démange la partie basse, mon biquet. A un moment, faut lâcher les tauntauns, comme on dit. Juste que … euh … T’aurais peut-être pas apprécié autant … enfin, j’aurais pas été … bref.»


Je dis comment en version édulcorée que s’il avait pas l’habitude, il aurait sans doute fui à toute jambe … Ou se serait retrouvé incapable de marcher pendant un petit moment ? Oh, on va arrêter de tourner autour du pot. Pas comme si ça avait traversé l’esprit de personne depuis le début. Depuis le temps, j’ai perdu l’habitude d’être doux. Attention, je suis attentionné, je sais jusqu’où pousser mes avantages, faut pas croire. Juste que … Bah, souvent, les jambes en l’air au fin fond de Nar Shaddaa, c’est à qui prendra le dessus, c’est l’exploitation des pulsions les plus sordides, les plus infâmes pour les uns, délicieuses pour les autres. Y a pas de barrières. Alors, au bout d’un moment, on les oublie. On se laisser aller à ce plaisir pur, brut, de prendre son dû sans arrière-pensée, dans cette fuite éperdue des corps qui se déchaînent et s’entrechoquent plus qu’ils se caressent et se rencontrent.

En fait, je me demande s’il a pas fait ça juste pour se prouver un truc. Juste parce qu’il est perturbé. Et quoi de mieux que de se taper le zeltron de service pour ça ? Quelque part, ça m’agace, alors que j’ai pas envie de m’énerver. Je sens dans l’air qu’il est sur le point d’exploser, que j’ai vraiment tapé dans le mille de ce qui cloche chez lui. Foutu don d’empathie, parce que sa rage m’envahit et que j’ai du mal à garder les idées claires. Les émotions les plus violentes ont toujours été … comme intoxicantes. Là-dessus, je comprends les siths, pour ça qu’ils sont si redoutables. Se relier aux sentiments de quelqu’un, même superficiellement comme ma race le fait, voir la susciter … C’est terrible autant que diablement enivrant. Je saurais pas expliquer davantage. C’est comme ça, c’est tout.

Heureusement, ou malheureusement, ce que j’entends me fait l’effet d’une douche froide. Oh non, pas le contenu en tant que tel … Franchement, j’ai vu largement pire ! Ou écouté. Non, c’est plus la réalisation brutale que j’avais raison auparavant dans mes réflexions qui me calme presque instantanément. Il ne va pas bien. Ce garçon a vécu un réel bouleversement, et d’une façon totalement dégueulasse. J’ai pas d’autres mots, désolé. Ca me débecte que certains profitent des gens pour … Ouais, non. On touche à l’intime là, pas juste au pognon. Faire un casse, j’m’en fous, par exemple. Le fric, ça se remplace. L’estime de soi ? Moins. J’sais de quoi je parle. A une époque, j’étais une épave abandonnée par son premier amour, et en plus de la loque sentimentale que j’étais, j’avais sombré. J’pense qu’il y a pas besoin d’avoir fait dix ans de psychologie pour se rendre compte que si j’ai sombré à ce point, si j’ai tellement voulu m’avilir dans n’importe quoi, surtout le sexe et la drogue, y avait sans doute un p’tit lien de cause à effet. Et du coup … J’me sens mal pour lui. Tout simplement. C’est dur, de se voir agir d’une façon complètement contraire à ce qu’on croyait être soi, devoir le réaliser, puis faire cette recherche au plus profond de son cœur pour savoir si cette hébétude était vraiment un désir, ou simplement l’effet d’une passe. Y a pas de réponses toutes faites. Mais si j’ai un seul conseil à lui donner … C’est de pas faire comme moi. De pas se plonger tête baissée dans les idioties, juste pour essayer de savoir si oui ou non c’est bien lui. Ce genre de choses, ça vient avec le temps. Je sais juste pas comment lui dire. Pourtant, y a une chose dont je suis sûre, et je suis presque déçu qu’il pense que j’aurais pu avoir un comportement aussi puéril que celui qu’il indique. Je suis pas un salaud. Enfin si. Juste pas là-dessus.

« Je vois pas ce qu’il y aurait de drôle, Joclad. »

J’ai parlé d’une voix douce, qui tranche avec mon propos ordinairement si gouailleur. L’espace d’un instant, je crois que mon moi profond s’exprime, que le médecin revient, cette fois pour prendre en charge une âme et non un corps blessé. Ce n’est pas grave. Je sais aussi faire. Paraît que j’écoute bien. Quand j’arrive à m’arrêter de parler, en tout cas.

« Je sais pas trop comment dire ça mais … J’ai pas vraiment changé d’avis par rapport à ce que je venais de dire juste avant. C’est moche. Non, c’est immonde, crade, dégueulasse, et tous les synonymes possibles. Jouer avec les émotions des gens pour s’amuser à leurs dépens, c’est répugnant. Parce que ça peut facilement briser quelqu’un.

C’est dur, de se voir agir d’une certaine façon, alors qu’on en a pas forcément envie. Y a pas vraiment de question d’avoir aimé ça ou pas, tu sais. D’abord parce que les phéromones et les conditions qui ont sans doute été mises étaient faites pour que ce soit le cas. Et ensuite, tout simplement parce que ce ne sera jamais réellement du plaisir comme on peut en avoir quand on désire vraiment quelque chose par soi-même, à froid, sobrement. C’est … un désir artificiel, même s’il peut faire appel à nos envies profondes et en jouer. Sauf qu’à la fin, ce n’est pas toi qui a donné l’impulsion. Et ça change tout.

Vulgairement … Tu peux arriver à prendre mécaniquement du plaisir dans beaucoup de situations. Le corps peut avoir des réactions qui nous gênent ou nous dégoûtent. Sauf que si tu n’étais pas consentant … Tout est faussé. »


Je passe une main dans mes cheveux, conscient que j’en ai beaucoup dit. Et le pire, c’est que j’arrive pas à m’arrêter. Ah, qu’est-ce que vous voulez, j’ai fini major de ma promo en psy à la fac de médecine, fallait que ça ressorte un jour. En plus, c’est pour la bonne cause.

« Maintenant si c’est ce qui te branche, pourquoi pas. Chacun sa came. J’ai connu un type, dans le temps, Luis … Un caid, un chef de bande, le genre tatoué, costaud, que t’as pas envie de croiser le soir, et qui adorait rouler des mécaniques devant les gonzesses pour se la raconter. Bah j’peux t’assurer que dans mon pieu, les rôles étaient pas ce que tout le monde croyait … Et qu’il avait des envies qui cadraient pas trop avec cette image, le Luis ! Donc tu vois … Y a pas à s’en faire.

Et puis, c’est pas si original. J’en connais des tas, des gars qui aiment se travestir. La plupart préfèrent les femmes, d’ailleurs. Comme quoi, y en a pour tous les goûts dans cette basse galaxie. L’essentiel … C’est que ça vienne de toi. Pas d’une infusion de phéromones, ou juste … D’une envie de te prouver quelque chose, en bien ou en mal. »


Je le regarde, et pose enfin la question qui me brûle la langue depuis un bon moment :

« Si c’est pour ça que t’as envie d’essayer avec un mec … Y a pas de rapport, de un. Et de deux, te presse pas si t’as juste envie pour te libérer. Je pense pas que ça marchera. Le sexe comme palliatif à se regarder en face, à vraiment faire la part des choses sur où on en est, ça marche qu’un instant. Puis ça retombe, et tu te sens comme une merde. J’en sais quelque chose. J’ai fait ça pendant des années. C’est que quand j’ai eu le courage de … faire le vide dans ma vie et recommencer que j’ai vraiment pu être moi-même, et même prendre mon pied d’une façon tout à fait nouvelle.

Si t’as envie, t’as envie hein ! Se préserver pour le grand amour et patatis, c’est des conneries ! J’pense juste … Que si t’es encore secoué par ce que t’as vécu et que t’as du mal à l’assumer, t’as peut-être voulu tenter le coup pour voir. Et je te dis pas que ça sera mauvais. Juste que à la fin, t’en sauras pas vraiment plus, si c’est ça que tu cherches. »


A ce moment j’hésite. Deux heures avant, j’aurais sauté sur l’occasion … Dans tous les sens du terme. Mais … Voilà. Maintenant, j’aurais l’impression d’être un connard qui profite. Et je veux pas être ce type, parce que j’en ai trop souffert de cette engeance-là. Oui, en fin de compte … Je suis peut-être pas totalement cet imbécile qui ne pense qu’avec son membre. Comme quoi, quand je dis que les apparences sont trompeuses. Alors je mets le pilote automatique, puis je me lève … Et pose une main sur son épaule.

« Tu peux te reposer si tu veux. Avec tout ce qui s’est passé et ce que tu as encaissé … Ça pourrait te faire du bien.

Juste … Je sais pas pourquoi tu m’as dit tout ça. T’étais pas obligé, tu sais. Mais … Pour c’que ça vaut … J’suis vraiment désolé.

Même si je sais pas comment t’aider. »


Ni pourquoi je m’en préoccupe, en fait. On se reverra jamais. On se connait pas. Sauf que c’est plus fort que moi.
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J’affichais un sourire amusé à sa nouvelle remarque, et je ne pouvais m’empêcher de l’imaginer au milieu de l’Espace Hutt à balancer ce genre de punchlines face à une bande de tarés à l’esprit détruit par les bâtons de la morts prêts à en découdre. A moins de les déconcerter, la suite devaient être tout de suite moins amusantes. Mais le franc-parler et le côté plus qu’osé des remarques étaient ce qui me plaisaient pas mal chez le Zeltron. En plus de son regard de braise et de ses lèvres délicieuses. Enfin, voilà que je m’égare ! Mon esprit n’était mal tourné, loin de là, en réalité. J’étais quelqu’un de particulièrement inexpérimenté et les blagues aussi salaces ne faisaient pas encore partie de mon vocabulaire. Alors oui, elles me surprenaient. Mais pourtant, elles m’amusaient.

Malgré ce côté décalé, le Zeltron ne manquaient pas de sens, et possédaient une capacité de raisonnement de loin largement supérieure à celle du contrebandier moyen, ce qui n’était clairement pas pour me déplaire. Je n’étais clairement pas de ceux qui appréciaient les abrutis. Il avait finit par comprendre que je n’étais pas du genre expérimenté, et qu’il aurait peut-être été trop loin s’il n’avait finit, justement, par s’en rendre compte. Il avait mit du temps, certes, mais il l’avait comprit. Et j’appréciais grandement son jugement, tout autant que le reste de ses propos.

« Bah… ce n’est pas exactement ça, en effet. J’étais… j’avais vraiment envie, hein ! C’est juste que, bon, je pensais que tu avais compris. Mais l’on commet tout des erreurs d’appréciations. »

Il ne pouvait clairement pas savoir. J’avais essayé de lui donner quelques indices, mais je comprenais parfaitement qu’il ne les ait pas bien interprétés. J’étais resté trop vague, et la faute m’était grandement due. Au final, les choses s’étaient bien passées, et l’intervention dérangeante des Hapiens s’étaient révélée plutôt salutaire. De ce point de vue, du moins.

Je le trouvais réellement sympathique, et je remerciais encore une fois la Force de m’avoir permit de croiser son chemin plutôt que celui d’un autre sur Hapès. Je n’osais pas imaginer ce que j’aurais pu faire si j’étais tombé sur un type prompt à me livrer aux forces de sécurités. AU lieu de ça, j’étais tombé sur un zeltron sur lequel je pouvais compter, et auquel je pouvais me confier. Je trouvais qu’il m’en disait déjà beaucoup trop sur lui, et je ne pouvais me retenir de me confier un peu plus sur moi-même.

« En fait, ce n’est pas tout à fait ma « première fois », tu vois. Enfin, c’est tout comme. Je ne l’ai encore jamais fait avec… un homme. Mais je comprends que tu ais d’autres habitudes, et ça ne me pose aucun problèmes, Darel. Vraiment.

Et puis si jamais je te sentais aller trop loin, je t’aurais arrêté. Bon, c’est clair que ça aurait été moins glamour, ça aurait tout cassé, mais je l’aurais fais. Tu n’as pas à t’en faire, tu ne pouvais pas le deviner, après tout. »


Ah ça pour l’arrêter, je l’aurais arrêté. Je ne sais pas exactement comment j’aurais réagi, mais c’était certain que les choses ne se serraient sans doute pas passer de la même manière si j’avais dû intervenir soudainement. Peut-être se serait-il stoppé tout de suite. Ou peut-être aurait-il pensé que j’exagérais, ou que sais-je d’autres. Je ne le connaissais que très peu, et j’étais d’ailleurs encore étonné d’avoir flashé sur lui de cette manière. Alors au lit, je n’avais pas la moindre idée de la manière dont il se comportait. Enfin, si, j’avais une toute petite idée qui ne me déplaisait pas tant que ça. En fait, qui ne me déplaisait pas du tout. M’enfin, ça vous n’avez pas à en connaître.

« Tu me rassures, tu sais ? Pour quelqu’un qui n’y connait pas grand-chose, qui a été éduqué dans un environnement confiné, aseptisé même, c’est une découverte brutale, et qui remet en cause beaucoup de choses. Ce que je t’ai dis, je l’ai vraiment ressenti. Comme une avalanche. Pourtant, je sais très bien que ce n’était pas vraiment moi. Que la chose m’a répugné.

La drogue que l’on m’a injecté a pour effet de faire ressurgir des facettes méconnues de la personnalité. C’est pourquoi toutes ces questions se sont posées. Je sais très bien qui je suis pour autant, et que si ces aspects restent enfouis au fond de mon esprit, c’est pour une raison simple : ce n’est pas vraiment moi. Au naturel, du moins. »


Il fallait admettre que cet enseignement au sein de l’Ordre était assez léger, pour ne pas dire évité. On apprenait les choses générales, mais les relations étant plutôt déconseillées dans leur cadre général, que dire alors de l’acte en lui-même ? Je m’étais renseigné qu’après coup, après les événements de Halmad et d’Impératrice Téta. Soit à 22 ans. Bah ouais, chez les Jedi on est plutôt du genre à être en retard. Pour la grande majorité, en tout cas. Mais bon, on fait avec ce que l’on a, c'est-à-dire pas grand-chose. Même si je suis certain que l’on pourrait facilement me caser dans la rubrique « très bon élève », avec le retard que j’avais accumulé dans le domaine.

Ce qui c’était passé sur Impératrice Téta était à accepter. Les choses s’étaient produites malgré-moi, et c’est cet aspect là que je ne devais surtout pas oublier. Le fait que j’avais été forcé, contraint d’agir de la sorte. Alors non, je n’étais pas comme son Luis. Non, je ne me complaisais pas à me balader en tutu, ou même en talons. J’avais même détesté après coup ce qu’il s’était passé. Il y avait des aspects que j’avais pu aimer, mais dans la globalité la chose m’avait dégoûté. Certes, j’avais pu apprécier la douceur des bas sur mes jambes l’espace de quelques instants, par exemple. Mais je vous rappelle que j’étais drogué et sous l’emprise de substances inhibitrices. Du coup, me travestir totalement, c’était hors de question ! Ou alors, il pourrait effectivement y avoir quelque chose dans des cas extrêmement particuliers et relevant du domaine purement privé, une fois encore. Rien qui ne vous regarde, en somme !

« Hé, je ne suis pas comme ton caïd, là. Enfin, pas sur cet aspect là. Me travestir, comme tu nommes la chose, ne m’intéresse absolument pas ! Ce n’est pas une envie, ni même une nécessité. Au quotidien, je suis très bien comme je suis. J’ai déjà fais la part des choses lors de mon retour, et j’ai parfaitement réussi à faire le ménage dans mon esprit. »

Non mais oh ! Tout d’abord je n’étais pas un monsieur muscle de l’Espace Hutt. Certes j’étais très bien bâti, mais j’avais aussi un cerveau. Tout comme je savais très bien que je préférerais sans doute les hommes aux femmes. J’étais allé de déconvenues en déconvenues, et mon expérience avec Alys, aussi agréable fut-elle, ne m’avait pourtant pas convaincu. De là, pour autant, à jouer le rôle de la femme dans un couple, surement pas !

« Je sais très bien ce que je veux, Darel. Et ça n’a rien à voir avec tout ça. Si j’ai voulu essayer avec un mec, avec toi, ce n’était pas pour chercher des réponses. »

Puisqu’une fois encore, j’étais convaincu de ce que je voulais. Mais ce n’étais plus cela qui me tracassait, mais plutôt de voir le Zeltron s’excuser pour rien, suite à mes révélations. Il n’avait pas à dire qu’il était désolé. Je soupirais, baissant mon regard un instant avant de le redresser. Quelque chose en moi était attristé de l’entendre dire ce genre de choses, et j’avais l’impression que c’était à moi, maintenant, d’agir et d’intervenir :

« Tu n’y es pour rien, Darel.

Tu n’y étais pas, tu n’es pas fautif. J’avais juste besoin de le dire. Ça couvait depuis longtemps, et je ne pense pas que mon entourage aurait été très réceptif à ce que j’avais à dire.

Tu étais simplement la personne qui l’était le plus. Je l’ai senti, c’est comme ça. »


Je tressaillais très légèrement lorsque sa main vînt se poser sur mon épaule, et j’avais du mal à garder mon regard dans celui de braise qu’était le sien. Il avait raison, j’avais peut-être besoin de me reposer. Pourtant, je ne me sentais plus vraiment fatigué. Je ne savais trop comment retranscrire ce que je voulais.

Ou plutôt si, en fait. Je le savais pertinemment. Sauf que, comme d’habitude, je n’osais pas le dire franchement.
Bon sang, je devais arrêter de tourner autour du pot. Je le désirais, j’avais envie de sentir à nouveau son corps contre le miens. J’avais envie d’explorer à nouveau ses lèvres. Tout cela n’avait strictement rien à voir avec Impératrice Téta. Ce n’était qu’un désir, une volonté implacable.

Et c’est avec la même volonté que mes lèvres s’écrasèrent sur les siennes avec désir et volonté. Je ne laissais néanmoins pas libre court à mon envie et je me contentais simplement de venir enrouler mon bras derrière lui pour un échange plutôt fugace mais intense, dont le but était simplement d’exprimer un désir que j’espérais toujours partagé. Et je me retirais juste suffisamment pour écarter nos lèvres, et pour que nos regards se figent l’un dans l’autre.

Je restais près de lui, murmurant doucement ce qu’il méritait d’entendre, et ce qu’il me restait à lui dire :

« Je n’ai pas besoin d’aide supplémentaire pour tout ça, Darel. Tu en as déjà assez fait. »

Il n’était pas obligé de prendre tout ce temps avec moi. Suite à ce qui s’était passé, suite à mes révélations, il aurait très bien pu se renfermer sur lui-même et garder tout cela pour lui. Je ne lui en aurais pas voulu. Pourtant, il avait fait ce pas, il avait prit le temps de me rassurer et de me conforter dans mes analyses. Ce que je ressentais pour lui était définitivement sincère, et ce qu’il m’avait fait brièvement découvrir n’était à mes yeux qu’un maigre échantillon de ce qu’il pouvait réellement m’offrir.

« Pour le reste… j’ai vraiment apprécié la manière dont tu as pris le contrôle des choses. J’étais… transporté. Je crois… Je crois que j’ai vraiment besoin de perdre pied. De laisser de côté ce contrôle que j’ai constamment sur moi-même. Tout à l’heure… »

Je déglutissais légèrement, clignant des yeux, cherchant son odeur.

« Tout à l’heure tu m’as apporté un grain de liberté. Et j’ai adoré. Je n’imagine même pas ce que tu pourrais m’offrir de plus.

Je veux juste, avec toi... perdre le contrôle. »


Je n’allais pas m’égarer sur les détails, et encore moins sur ce que j’espérais voir de lui. J’estimais qu’il avait compris. Et puis vous n’avez rien à en savoir, de toute manière ! Allez, oust !

Finalement, mon regard s’égara vers l’infini de l’espace, à la recherche d’un rivage où s’échouer tel une vague sur une plage.

Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi, mais ce Zeltron là me rendait fou. Et des folies, j’avais hâte d’en faire avec lui. Lui et lui seul. Et cela même si je savais, au fond de moi, que l’on ne se reverrait sans doute pas. Bien que j’espérais le contraire, je ne pouvais pas me voiler la face. Il était contrebandier, et moi Jedi. Nos chemins étaient faits pour se séparer, je devrais l’accepter.


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« Cherche pas, j’étais major de ma promo en psycho, ça doit se sentir, j’dois avoir l’odeur du carnet et du divan qui continue à me coller à la peau.

Si j’étais pas contrebandier, j’aurais pu être sexologue. Manque de pot, les hutts ont plus besoin des premiers que des seconds. J’ai vraiment raté ma vocation, faut croire. »


Une petite boutade pour détendre l’atmosphère, à savoir ma spécialité, au cas où vous n’auriez pas compris depuis le temps que je ne sais pas être sérieux plus de cinq secondes d’affilée, et que les conversations pesantes ont tendance à me retourner l’estomac. Et puis, être tout doux, tout à l’écoute comme ça, presque professionnel, ça me ressemble pas. Enfin si, ça ressemble à l’autre Darel, celui que j’étais étant plus jeune, l’étudiant en médecine ivre d’aider et de faire ses preuves, gentil et serviable … Bref, plus trop moi. Est-ce qu’il me manque, ce Darel-là ? Je mentirais en disant que ce n’est pas le cas. Tout était plus simple à l’époque. J’avais un but, quelque chose qui me faisait me lever le matin. Je veux dire, qui en valait la peine, autrement que le fait de traîner ma carcasse et d’essayer vaguement de me refaire une santé. Oui, bien sûr, le goût du risque me fait vivre, du stupre aussi. Mais … Il m’arrive de me demander quelle aurait été ma vie, si j’avais pas fait toutes ces conneries. Peut-être que je serais un gros bonnet chirurgien au milieu de Coruscant, marié avec un bon gars qui serait avocat ou un truc du genre. Tiens, si ça se trouve, j’aurais des gosses aussi. Merde, ça fait bizarre de penser à ça.

Et puis, c’est étrange de s’entendre dire par un inconnu qu’il a eu suffisamment confiance en vous pour vous sortir un truc super gênant. Bah oui, moi s’il m’arrivait une horreur pareille … J’irais pas la raconter au premier type venu un peu compréhensif. Plutôt à des amis. Bon, c’est vrai que finalement, j’en ai pas des masses, des vrais de vrais. J’en aurais parlé à Silas, tiens. Dans le temps. J’suis pas sûr qu’il aurait compris grand-chose, ou qu’il aurait pas roulé furieusement des yeux tellement il aurait été gêné … Mais je sais qu’il m’aurait écouté, qu’il aurait essayé de comprendre, d’aider, sans faire de remarques à la con. C’est à ça qu’on reconnait les vrais amis, je crois. Ils ont beau ne pas forcément tout apprécier, tout appréhender … à la fin, quand quelque chose de grave arrive, ils écoutent. Les jedis sont-ils trop coincés dans leurs préjugés pour ne pas y parvenir ? Possible. En même temps, de ce que je me souviens, ceux que j’ai fréquenté dans le temps n’étaient pas de mauvais bougres. J’ai même souvenir de quelques-uns qui faisaient des oreilles attentives, toujours à te rassurer si t’avais des doutes sur ta vocation, par exemple. Bon, j’avoue, parfois, ils étaient lénifiants à toujours être rassurants et te dire de croire en la Force et autres machins bizarres … Mais je sais pas. J’étais plutôt en confiance, je crois, de ce que je me souviens. Après, c’est sûr que c’est pas trop pareil, niveau sujet. M’enfin, quand même. C’est triste, de pas réussir à parler de soi à ses potes, non ? De tout ce qu’on est, pas seulement ce qui est conforme à l’image qu’on renvoie, qu’on devrait donner ? En amitié, faut savoir accepter les côtés moins faciles à accepter pour certains, ou qui nous sont étrangers. Du moins, c’est ma conception. C’est aussi pour ça que, sous mes airs sociables, je suis plutôt un solitaire. Enfin, c’est plus compliqué que ça. J’aime la foule, le bruit, les gens, la compagnie et clairement, la timidité et moi, on se connaît pas. Juste que mes relations sont souvent … superficielles. Je laisse rarement les gens tout savoir de moi, être vraiment des amis. Ce sont soit des plans cul, soit des partenaires temporaires de boulot, des potes de boisson. Même mon ex-partenaire a mis du temps à m’apprivoiser complètement. Alors oui, c’est rare que je m’ouvre vraiment : cathar échaudé craint l’eau froide, comme on dit. Faut … que je le sente, quoi. Et mine de rien … Les coups de foudre, en amour comme en amitié, ça arrive pas souvent.

Peut-être que justement, si j’arrive à parler un peu de moi avec lui, c’est parce qu’il y a un courant qui accroche, ou alors que justement, je ne suis pas du tout dans l’optique d’en obtenir quoique ce soit, que depuis plusieurs minutes, j’ai adopté presque une posture de professionnel. Et c’est bête, mais en tant que médecin, mine de rien, je sais écouter. Eh oui, je fais pas que parler ! Enfin, c’est souvent le cas, mais quand on obtient mon attention, je pense que je suis plutôt pas une mauvaise épaule sur laquelle chialer. J’ai toujours été bon pour ça, que ce soit pendant mes études ou dans la vie, plus tard. J’me souviens quand Silas se faisait bouler par sa vieille maîtresse, c’était moi qui l’écoutait râler ou pleurnicher. J’ai jamais pigé toute l’étendue de l’histoire, et je la saurais sans doute jamais. C’était juste une maîtresse femme qui avait pas autant envie de lui que lui d’elle. Bref, tout ça pour dire que je crois que quand il me parlait d’elle, il était un peu apaisé. Et moi … Bah, j’écoutais, j’analysais, mettant mon esprit logique au service de la mécanique complexe des sentiments et de l’algorithme de l’attachement pour essayer d’en démêler l’équation de la déception amoureuse. Hein, les métaphores mathématiques ? Je suis un scientifique ! Parfois, ça ressort sans que je m’en rende compte … Déformation professionnelle. Bon, de toute manière, vous avez compris ce que je veux dire.

Du coup-là, j’amasse les pièces du puzzle. C’est amusant, ses réactions. Et en même temps, certaines m’étonnent. Par exemple, ça me rassure un brin qu’il m’explique qu’il n’est pas complètement puceau, juste niveau mâles. Bah oui, il a déjà goûté un peu, il connaît les bases, il risque pas de pas savoir complètement quoi faire. En même temps, c’est drôle d’être aussi gêné du coup. J’veux dire, il a déjà connu le plaisir, l’envie … Je vois pas trop où est le problème, en fait. Enfin, bon, d’accord, c’est pas la même chose. Encore que. C’est pas le même matériel de l’autre côté, si j’ose dire, mais y a pas mal de pratiques en commun, quand on y pense. Et finalement, l’élan initial, le plaisir partagé, le sentiment irrépressible ... Il est commun. Quoique … S’il a pas aimé, ou s’il aimerait … Ah. Oui. D’accord. Je vois. Hum. C’est pas impossible à pratiquer avec une femme, mais je doute que la fille en question ait directement attaqué par ça. Quand même, j’suis curieux :

« Avec les filles avant … ça c’est bien passé ? Ou c’était pas ton truc et c’est pour ça que tu te dis que tu voudrais essayer autre chose ? Ou c’était ton truc mais pas seulement ? »

La question n’a aucun intérêt, je vous l’accorde. C’est juste parce que je suis une inénarrable fouine qui n’adore rien tant que farfouiller dans la vie des gens. Quoique, ça pourrait aussi l’aider à verbaliser, à savoir où il en est. Comme pour le reste …

« Content d’avoir pu t’aider. Après … Je crois que pour n’importe qui, ce genre d’expériences serait traumatisante. Ce n’est pas parce qu’on grandit dans un milieu ouvert qu’on est préparé à des découvertes extrêmes. Parfois, se voir d’une manière aussi perturbante est tout simplement trop complexe, et ce pour n’importe qui. »

Je ne réponds pas à ce qu’il dit sur Luis. Il a l’air d’être presque vexé par ce que j’ai dit. Pourtant, c’était juste pour dédramatiser, le mettre à l’aise si jamais … Bon, je dis pas que la réponse m’arrange pas, après. Si je n’ai pas d’attirance pour les femmes, c’est qu’il y a une raison. Et je n’ai jamais caché apprécier une certaine forme de virilité. Chacun ses goûts, comme j’ai toujours dit. L’essentiel, eh bien …

« L’essentiel, c’est de savoir qui tu es et où tu en es, en effet. Si c’est le cas, tant mieux. »

Et le fait qu’il veuille me rassurer, me dédouaner continue de me toucher. Or, comme je sais pas faire avec les sentiments … Je ricane la première chose qui me vient à l’esprit, avec un sourire un peu tordu :

« C’est parce que je suis un homme très ouvert, ça. »

Subtilité, mon amie, mon aimée … Je l’ai déjà dit. Je ne sais pas être sérieux. Et je sens que le moment l’est. Je perçois le changement dans sa physionomie, dans son esprit, qui paraît plus calme, plus … décidé. Il s’est passé quelque chose, et je ne sais pas quoi. Ou plutôt si … Je hume dans l’air une odeur que je reconnaîtrais entre mille, même si je ne sais pas trop comment y réagir. Je ne devrais pas … abuser de la situation non ? Il faudrait que je me recule, que je retourne m’asseoir, que je brise cette tension entre nous qui ne cesse de fluctuer, mais que je continue à percevoir, à goûter presque malgré moi, que j’entretiens par mes remarques. Au moment où je rassemble tant bien que mal mes forces et ma résolution, Joclad vient les briser en écrasant ses lèvres contre les miennes en un baiser passionné. Comme aimanté, je commence à lui répondre, avant de sentir qu’il ne désire pas trop l’approfondir, puisqu’il se détache rapidement. Mais le mal est fait. Le désir est de retour, et cette fois, je ne sais pas si j’arriverais à m’arrêter. Et il ne va pas m’aider à me contrôler. Oh non. Ce qu’il dit me transperce, excite mes envies, parce que ce besoin d’abandon, c’est ce que je préfère chez un partenaire. Mon cerveau semble s’arrêter, en proie à une électrisation sensuelle et psychologique que seul un aveu de la sorte peut provoquer en moi, activant mes fantasmes les plus profonds. Je pourrais lui arracher ses vêtements maintenant, le prendre contre le mur tout de suite. S’il ne m’en avait pas autant dit, j’aurais été plus que tenté de le faire. Mais je dois me contrôler. Réfréner mes pulsions. Inspirer profondément. Et enfin parler, mettre les choses au clair, parce qu’après, il n’y aura pas de retour possible, et que je ne veux ni regrets, ni complications :

« Je ne veux pas de relation. Si je fais ce que tu me demandes … Il n’y aura rien d’autre. Je sais que tu l’as compris … Mais je tiens à le redire. Que tout soit parfaitement clair.

Du sexe. Juste du sexe. Rien de plus. »


J’ajoute doucement :

« Et … J’ai besoin que tu me fasses confiance. Mais si quelque chose te déplaît … Dis-le. Et j’arrêterais immédiatement. »

Avant de clore cette discussion nécessaire par une promesse :

« J’essayerais de ne pas trop utiliser mes phéromones. Ou de retarder et d’atténuer au mieux leurs effets. Je crois que ce sera mieux pour toi. »

D’abord, ses expériences précédentes avec cette prédisposition raciale ne m’incitent pas vraiment à y recourir abondamment. Ensuite, tout simplement parce que je pense que s’il désire connaître véritablement une nouvelle expérience, mieux vaut que l’essentiel des sensations ressenties viennent de lui, et pas de mon propre désir que je projetterais sur lui. C’est, il me semble, plus respectueux de sa situation, quand bien même ça va me demander un effort extrême de concentration. Peu importe. Après tout, j’ai bien compris quel serait mon rôle. Et justement, j’aurais besoin de toute ma concentration. Pour ne pas aller trop loin. Pour le mettre à l’aise.

« Suis-moi. »

Ma voix est plus grave, plus doucereuse. C’est ma voix de dieu de la fesse, comme j’aime l’appeler, celle que j’aime prendre dans ce genre de circonstances, qui fait résonner mes plus humbles demandes comme des ordres qui ne souffrent pas de contestation. La tension est palpable pendant tout le trajet jusqu’à ma cabine, parce que cette fois, normalement, il n’y aura pas d’échappatoire. Mes sens sont en alerte … Et sitôt la porte fermée, je le plaque contre cette dernière avant de le mordre violemment dans le cou, le marquant immédiatement avant de remonter jusqu’à son oreille que je suçote, avant de l’embrasser tandis que mes mains défont ses vêtements avec une hargne contrôlée, ne laissant que peu de chance à ces pauvres bouts de tissu qui se tiennent entre l’objet de mon désir et moi. Et alors que je joue avec ses lèvres, que mes dents les malmènent dans leur partie la plus charnue, la plus chaude et la plus suave, que ma langue dévore chaque recoin de sa bouche, j’exhale cette demande, cet ordre, cette promesse :

« Je te veux tout entier pour moi. Abandonne-toi. »

Laisse-moi parcourir ta peau de ma langue et de mes mains, laisse-moi la décorer autant que j’en aurais envie, laisse-moi guider ton plaisir à chaque minute, laisse-moi t’entendre me supplier de t’offrir la délivrance.

Laisse-moi t’apprendre à me désirer autant que tu me fais envie. Laisse-moi t’apprendre à m’aimer.
Invité
Anonymous


« Je n’ai pas eu de problèmes, si c’est ce que tu demandes. Je te répondrais donc oui, ça s’est bien passé. J’ai apprécié, même. Je pense que oui, c’est mon truc, mais pas que. Que je suis attiré par les deux facettes. Tu comprends ? »

Je n’avais jamais eu de doutes véritables à ce sujet. Que ce soit ce que j’avais pu vivre avec Alys, qui m’avait fait découvrir ce que c’était réellement, et mes flirts avec Kara avant sa disparition et Callista avant mon retour de Sy Mirth, j’avais apprécié ce qui avait pu se passer avec la gente féminine. Pourtant, j’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose, que je n’avais pas tout explorée. Cette impression était née il y a quelque temps déjà, mais je n’avais jamais cherché à l’explorer pleinement, par manque de temps d’abord puis par timidité, aussi. Et ça, jusqu’au moment où j’étais tombé nez à nez avec Darel. Je ne sais pas si c’était à cause de son tempérament, ou si j’avais senti son intérêt pour moi, mais j’avais moi-même ressenti un besoin. Une quasi-nécessité.

Alors oui, je pouvais l’admettre bien volontiers, j’étais attiré autant par les hommes que par les femmes. Plus encore, je pense que j’avais étouffé depuis bien longtemps une légère préférence, par tabou et par crainte du regard des autres. Mais je ne fermais aucune porte, le passé l’avait bien prouvé. D’ailleurs, à ce sujet, je ne pouvais dire si je saurais être capable d’aimer réellement un homme. Ce que j’avais pu ressentir pour Kara et Callista avait du mal à se retranscrire, par exemple, avec Darel, sans doute du fait qu’il était un homme, comme moi, justement. Comme si mon esprit, habitué à des us et coutumes, trouvait la chose anormale. Il serait sans doute amener à évoluer, à considérer la chose comme parfaitement cohérente et envisageable, mais ce ne serait visiblement pas avec le Zeltron, bien qu’il ait répondu avec envie à ma dernière tentative, à mon dernier baiser. Nos lèvres s’étaient collées, et nous avions échangé une fois de plus notre envie de l’autre, quand bien même j’avais pu ressentir chez lui une très légère hésitation. Puis il s’était relâché, pour profiter avec moi de ce nouveau rapprochement. Puis m’étant détaché à nouveau, il m’affirmait de nouveau clairement ce qu’il souhaitait voir se développer entre nous ; ou plutôt ce qu’il ne voulait pas.

J’opinais doucement du chef, car je n’envisageais pas autre chose dans mon état d’esprit actuel. Pourtant, déjà, je me demandais si je ne ressentirais par un certain manquement lorsque nos routes se sépareront :

« Je l’ai bien compris, Darel. Je l’ai compris dès le premier instant. »

C’était pourtant une nécessité. Si j’acceptais le fait de pouvoir développer une relation, j’estimais que l’attachement ne devait pas être une obligation, et encore moins une contrainte. C’était là une notion trop dangereuse, que je ne maîtrisais pas parfaitement, et je ne voulais surtout pas commettre l’erreur fatale commise par certains avant moi. Mes parents étaient parvenus à s’aimer, sans pour autant que ma mère soit réellement impactée par leur attachement mutuel, car elle avait accepté le fait de devoir tout abandonner, si nécessaire, pour ne pas toucher à l’obscurité. J’étais prêt à faire la même chose, mais pas avec un parfait inconnu. Avec le temps, peut-être que quelque chose aurait pu s’envisager. Mais Darel avait déjà coupé court à ce genre d’éventualités. Peut-être, au final, que ce n’était pas un moindre mal. Seul l’avenir, et la Force, seront à même de nous le dire de toute façon.

Je l’avisais à nouveau, un sourire léger sur les lèvres, mon regard toujours posé sur le sien :

« Si je n’avais pas confiance en toi, nous ne ferions pas tout ça. »

J’appréciais d’autant plus ses propos, et sa volonté de ne pas laisser trop agir ses prédispositions raciales pour ne pas me donner l’impression de revivre, partiellement, ce que j’avais pu ressentir sur Impératrice Téta. Pourtant, je me sentais un peu gêné, car agir ainsi nécessiterait de la retenue et de la concentration de sa part, et je ne voulais pas qu’il puisse passer à côté de certaines choses, de certains ressentis, ou tout simplement son plaisir pour n’en offrir qu’à moi. Sur Impératrice Téta, mes ravisseurs m’avait volontairement drogué pour me rendre incapable de réagir lors de l’usage des phéromones. Ce ne serait pas le cas maintenant, et je serais donc certainement à même de l’interrompre malgré tout.

« Ce serait peut-être mieux pour moi, mais pas forcément pour toi. C’est gentil de ta part de vouloir te retenir, mais ne te force pas. »

Je lui avais dis que je voulais lui laisser le contrôle, et cela passait aussi par cet aspect. Je voulais enfin pouvoir mettre en aparté, pendant cet instant, le contrôle que j’avais développé sur moi-même depuis presque vingt ans. Pour cela, j’allais tout simplement doubler la protection que Léonard m’avait aidé à dresser entre la Force et mes émotions, car j’estimais que l’amour en tant que tel, et l’attachement en lui-même était une émanation de la Force, et plus particulièrement de sa facette lumineuse. C’était les conséquences du déchirement qui étaient obscures. Aussi, il suffisait donc d’accepter le déchirement comme une nécessité, une chose qui, au final, arrivera forcément un jour ou l’autre pour s’en détacher. C’était d’ailleurs, j’imagine, ce qu’avait appliqué ma mère.

Bref, je pourrais débattre longtemps pour défendre mon point de vue, mais pas avec Darel. Je pense que son point de vue était encore différent et n’opposerait pas avec le miens. De toute façon, le ton de son invitation me fit tout oublier. Un ton qui noyait toute contestation et qui m’attirait sans difficulté à sa suite. Je ne savais pas vraiment ce qui m’attendait, car notre précédente tentative avait été avortée par notre sortie du Consortium. Désormais nous irions jusqu’au bout. Rien ne devrait, normalement, s’opposer à cette échéance. Y penser développait une certaine appréhension, qui vola en éclat dès le franchissement de sa porte de chambre. Plaqué subitement contre le mur, je laissais échapper ma surprise d’un léger gémissement lorsque je sens ses lèvres épouser mon cou. Je fermais les yeux alors qu’il remontait, et je plaquais une main contre lui et l’autre contre la porte alors qu’il prenait la peine de retirer, sans le moindre ménagement et avec une certaine autorité.

Ouvrant de nouveau les yeux, je laissais mon regard glisser dans son cou alors qu’il me parlait une nouvelle fois. Je soupirais à son oreille, ma voix imprimée d’un profond désir :

« Je le suis déjà… »

M’abandonner à lui, je l’avais fais aussitôt, et ce durant un long moment. Nos corps s’étaient rencontrés à plusieurs reprises, dans des rounds successifs. Je n’avais pas hésité à le laisser dicter le tempo, désireux de découvrir et de ressentir. Il m’avait offert tout son Désir, et j’avais donné en écho tout mon Plaisir. Il m’avait guidé à chaque instant, rythmant mes plaisirs et multipliant mes désirs. Ce que j’avais vécu avec Alys était radicalement différent de ce que je vivais avec mon Zeltron. Plus de rythme, plus de vigueur. Plus de virilité. Je m’étais totalement abandonné, laissant mes sens grimper et se libérer selon son bon vouloir. Emporté par notre entrain commun, je ne l’avais arrêté qu’une fois, lorsque je ne m’étais pas estimé prêt, pour mieux me préparer. Puis, nous nous étions arrêtés une fois plus que comblés, et j’avais pu profiter de la lente retombée de mes émotions.

Finalement, je m’étais laissé entraîner dans un lourd sommeil pour laisser mon esprit repenser encore et encore à ce qui venait de se dérouler et s’imprégner de l’immense satisfaction que j’en retirais. Ce ne fus qu’à mon réveil, seul, au cœur du lit, que je réalisais l’ampleur éphémère de ce que j’avais échangé avec lui. Qu’il n’y aurait, sans doute, pas de seconde fois. Bougeant dans les draps, je m’étirais encore pour soulager mon corps encore épuisé par ses récents efforts. J’avais pensé que le réveil serait plus douloureux mais ce n’était pas vraiment le cas.

Je soupirais, en constatant une nouvelle fois ma solitude. Darel m’avait laissé je ne sais quand. Peut-être même était-il partit une fois les affaires terminées. Il n’avait vouloir que du sexe, et nous l’avions eu. Était-ce judicieux, donc, d’en rester là malgré le plaisir partagé ? Sans doute, oui. Il était mieux à même de le savoir. J’étais encore un novice, et lui, était expérimenté. Il me l’avait fait remarqué une fois encore lors de notre long corps à corps.

Je m’étais levé doucement, pas encore bien réveillé, pour arracher un long bâillement alors que, d’une main, je venais récupérer mes vêtements. J’enfilais mon pantalon à moitié assis sur le lit, avant de faire de même avec le reste. Seulement après je quittais la chambre, la contemplant encore une fois avant de remonter les couloirs du vaisseau en direction des seuls bruits que je distinguais. Darel devait être dans le cockpit, à préparer l’approche où que sais-je encore. Personnellement, je repensais encore à chaque détail de nos ébats, et scrutait chaque image marquante qui venait traverser mon esprit comme mon corps.

Et lorsque j’arrivais finalement au poste de pilotage, il était là.


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