Notre mission avec Yana s’était révélée plus longue que prévue et nous n’étions pas parvenu à rapporter l’objet que nous convoitions dans les temps. Du moins, c’était la justification que l’on nou avait fourni à notre retour, et je n’en étais pas fière. Je ne souhaitais pas particulièrement participer à ce tournoi qui ne me concernait plus, mais c’était également un moyen de me situer dans ma « formation » privilégiée par rapport aux autres apprentis de l’Académie. Je n’avais que faire d’attirer l’attention de certains Seigneurs ou Guerriers, pour tout dire. J’étais déjà au service de la Sorcière Suprême, et cela me suffisait parfaitement. Alors pourquoi participer, alors que j’aurais simplement pu repartir d’où je venais ? Pour le challenge, et surtout pour ne pas donner l’impression que je me défaussais de certaines de mes responsabilités quant à « l’échec » de notre pseudo-mission.

Pour tout dire, j’avais déjà un mauvais pressentiment quand au résultat de ce tournoi, et je ne m’attendais pas vraiment à le remporter. Face à ce sentiment supplémentaire d’inutilité, je ne me sentais pas vraiment sereine, mais je comptais bien faire bonne figure et me surpasser pour ne pas me montrer ridicule. Le combat au sabre, fort et violent, n’était pas ma grande spécialité. Je préférais agir dans l’ombre, ou alors combattre efficacement et sans faire preuve d’une puissance que je ne possédais pas. En somme, les potentiels spectateurs risquaient d’être déçus s’ils attendaient quelque chose d’explosif de ma part. J’étais plutôt habile avec la Forme IV et je me débrouillais avec la Forme II, plus pure mais moins pratique à mon sens.

Je ne m’inquiétais pas trop, car je savais que je parviendrais à m’en sortir quoi qu’il soit. J’étais suffisamment débrouillarde et influente pour ne pas finir allongée sans vie au milieu de tous ces vautours et rapaces désireux de se saisir de la place que je possédais. Une unique chose m’importait désormais alors que j’avançais dans les couloirs de pierres menant vers la salle des combats : faire face, et faire montre de tout mon talent.

A vrai dire, je ne savais pas trop quoi penser de ce combat. J’avais appris peu de temps auparavant que mon adversaire n’était autre que mon ancienne partenaire, celle qui avait fait de son mieux à mes côtés pour ramener l’objet souhaité à l’Académie. Peut-être voulaient-ils voir si cette récente proximité allait influencer le combat ? Yana était peut-être une des rares apprenties a qui je pouvais potentiellement faire confiance, je n’allais pas faire de différence en ce jour. Toute forme d’amitié allait disparaître sur ce terrain, et je n’allais pas retenir mes coups. Une fois arrivé dans l’enceinte où allait se tenir le combat, je m’écartais pour venir me positionner au cœur de l’arène circulaire sableuse et déjà bien tachée du sang des pauvres larves qui y étaient tombées. Je faisais déjà appel à la Force alors que le maitre d’armes rappelait des règles que j’avais déjà bien trop entendu par le passé. C’était ces moments que j’avais toujours redouté, moi qui préférais tisser ma toile dans l’ombre et frapper mes rivaux et mes adversaires là où ils ne s’y attendaient pas. J’avais l’habitutde de laisser l’adversaire mener la danse, pour mieux le piéger à l’arrivée. C’était une forme d’attentisme que j’avais développé chez les Jedi lors de mon long séjour dans leur Temple. C’était là un temps désormais révolu.

Je finissais par relever le regard pour toiser la Zeltronne qui me faisait face, sachant pertinemment qu’elle n’hésiterait pas à utiliser de ses dons pour tenter de m’affaiblir, de me perturber. Je ne devrais en aucun cas me laisser surprendre, et je dressais déjà un mur psychique qu’elle devrait enfoncer si elle désirait me malmener.

J’attendis patiemment que le maître d’armes se recula. J’avais bien l’intention de prendre les devants dans ce combat, et mettre la pression sur son adversaire. Elle ne me connaissait que trop peu, et je comptais bien sur ce fait pour garder l’avantage, et cela même si l’inverse était tout aussi vrai. A l’exception que j’avais pu lire des rapports la concernant, mais je ne pouvais pas prendre de simples lignes pour argent comptant. Mon regard dévia un instant vers l’estrade et l’assemblée de Sith réunis. Une apparence froide, imperturbable et sûre. Voilà ce que je leur offrais, et lorsque le signal fut donné, je bondissais.

Je me projetais directement vers la Zeltronne, avalant la distance qui me séparait d’elle de quelques pas, dans une trajectoire parabolique. La lame de mon arme ne tarda pas à jaillir dans son bruit caractéristique. Et alors que j’arrivais au contact, je feintais de frapper à hauteur de jambe pour réellement bondir sur mes appuis et offrir une véritable fente aérienne qui se devait puissante, rapide et efficace…. En théorie.

Car en pratique… bah… ce n’était pas ça. Ma lame alizarine fendit l’air et fit que cela. Ma frappe était trop imprécise, et je dus me rétablir rapidement sur mes appuis, pour m’apprêter à riposter. Pour changer, ça commençait mal. Très mal.

Quelle ironie.

J’avais raté ma frappe et je comprenais parfaitement pourquoi. Ce n’était pas un de ces tours de la Force, ou encore une imprécision dans mon mouvement. C’était juste… un manque soudain de volonté, un souhait de ne pas frapper trop fort, ni trop de précision. Elle avait osé le faire, comme je m’attendais. Les phéromones étaient bien là, et je n’avais pas été capable de les contrer de la manière dont je l’avais fais précédemment, lors de notre entrainement. M’avait-elle floué, ce jour-là ? Avait-elle osé me faire croire que j’en étais capable pour mieux me piéger plus tard ? Si tel était le cas, alors elle devrait payer pour son insolence. Je la découperais moi-même, s’il le fallait. Je... ouais… non. Là, tout de suite, j’avais juste envie d’une seule chose : lui sauter dessus, l’embrasser, la…


NON ! Je ne devais pas me laisser entrainer ! Prise d’un spasme soudain, je bondissais de côté pour constater la lame de la Zeltronne presque s’enfoncer dans le sable ou mon pied était précédemment ancré. Mon regard suivait son mouvement, alors que je restais immobile à constater la situation dans laquelle je me trouvais. Elle avait vraiment osé, mais il en faudrait plus pour me plier, pour me vaincre. Je n’allais pas lâcher prise, et j’allais lui faire payer l’affront qu’elle me faisait subir devant l’assemblée de Seigneurs et de Guerriers qui m’observait. Même si je n’avais que faire de les satisfaire, je ne pouvais pas me laisser tourner en ridicule par une pauvre Zeltronne de même pas dix-huit ans ! Je devais contre-attaquer, et de manière suffisamment déterminée pour pouvoir surpasser ses maudites phéromones boostées aux hormones.

J’agissais donc, faisant appel à la Force pour me relever psychologiquement et pour me lancer en avant, en direction de la Zeltronne. Je laissais le flux m’entourer et me transpercer, pour venir l’intercepter et le tordre pour le diriger dans le prolongement de mon bras, pour finalement le projeter en direction de Yana. Le but était simple : la déstabiliser suffisamment pour obtenir d’elle qu’elle cesse de projeter ses phéromones dans les airs. Ou plutôt qu’elle ne réitère plus cette stratégie. Mais aussi pour m’offrir l’opportunité de frapper.

Ce combat ne pouvait pas ressembler à celui que j’avais mené à bord du navire de Chancelier Arnor, à proximité de Flydon Maxima. Il ne pouvait pas y avoir d’échec, ni même de retraite possible. Yana n’était plus une alliée potentielle, plus depuis qu’elle avait osé utiliser son donc racial contre moi. I était peut-être facile de se faire des alliés de circonstances sur Korriban, mais il était encore plus simple de les lâcher lorsque ces derniers n’avaient plus aucuns intérêts, ou dans mon cas, maintenant qu’elle avait osé de flouer.

Étant encore suffisamment proche d’elle, je partais donc immédiatement au contact, positionnant un pied devant l’autre alors que je venais transformer mes mouvements erratiques d’Ataru en des translations calculées du Makashi. Ma lame, elle, s’apprêtait à frapper non pas à hauteur d’épaule comme le suggérerait l’armement de mon bras, mais bien au niveau de la taille…

J’avais peut-être manqué ma frappe, mais la manœuvre évasive de mon adversaire ne l’avait pas suffisamment bien positionné pour offrir une réelle riposte. Je la regardais avec animosité, alors qu’elle semblait analyser la situation dans laquelle elle s’était lancée en jouant avec ses phéromones. Il n’y aurait aucune largesse de ma part, si c’était ce qu’elle espérait. Elle avait osé tenter de me flouer –ou pas, mais l’effet était le même, elle allait le payer. Peu m’importait, de tout manière : nous étions dans l’arène, il n’y avait plus d’amitié. Si je devais la tuer, si la chose m’était exigée, je n’hésiterais pas. Il n’y aurait pas de pitié. L’avait-elle compris ? Peut-être était-ce pour cela qu’elle avait agi de la sorte ?

Non. Elle était mon ennemie, et ma lame ne saurait être hésitante. L’effet des phéromones était toujours là, et je luttais contre certaines pulsions et autres envies. Je ne savais si je devais attaquer dès maintenant ou patienter encore quelques secondes. Des secondes qui pouvaient bien vite devenir des minutes. Ce combat ne donnait rien de concret pour l’instant, et la tension semblait à son comble dans les tribunes. Si l’ambiance s’était révélée plutôt calme, la partie la plus basse de l’assemblée ne tarda pas à s’agiter, que ce soit pour nous supporter l’une et l’autre ou encore pour nous inciter à en venir plus vite aux mains… enfin, aux lames de nos sabres. Le sable n’était pas encore tâché de notre sang, mais les choses pouvaient changer bien vite dans ce genre d’endroits.

Je regardais la Zeltronne tourner autour de moi, telle la prédatrice prête à bondir sur sa proie. Je n’étais pas du bon côté de la scène. D’ordinaire, c’était moi qui tournais autour des autres, dans l’attente de l’ouverture pour frapper au cœur. Ses propos résonnaient désagréablement dans ma tête, et j’avais juste envie qu’elle se taise. Ses explications sur les phéromones ne m’intéressaient pas. Seules de choses importaient : la nécessité de m’en débarrasser au plus vite, pour ne pas paraître ridicule. Si elle avait réussi à me perturber cette fois-ci, peut-être pouvait-elle aller plus loin et me forcer à faire des choses déplacées sous les yeux du public ?

Cette chose était impensable, et elle avait beau chuchoter pour ne pas dévoiler le contenu de notre conversation aux observateurs, je lâchais sans la moindre volonté d’apaisement :

« Tu m’cherches ?! »

Je crachais presque mes paroles, dans l’espoir de la choquer, de la déstabiliser voir peut-être de l’apeurer. Je voulais qu’elle cesse de m’importuner avec cette voix qui m’attirait. Foutues phéromones ! Mais non, elle continuait, et elle me provoquait, en plus ! S’en était trop, beaucoup trop. Ma paranoïa combiné à mon agacement eut raison de moi, et je bondissais dans sa direction sans la moindre hésitation, avec férocité et véhémence.

« La ferme ! »

Sans attendre, je tombais sur elle, ma lame frappant de bas en haut sur une fente oblique visant à l’éventrer. Aucune délicatesse, juste une férocité digne du Juyo. Un style qui ne me correspondait pas, mais qui surgissait parfois pour transmettre un seul message : c’était trop, beaucoup trop…

Spoiler:

« Uhf ! »

Ma frappe avait porté, et cela malgré l’esquive de ma comparse Zeltronne. Cette dernière était vraiment agile, sans doute tout autant que moi. Si bien que j’eu du mal à anticiper sa réaction face à mon attaque. Ma lame eut beau frapper sa cuisse, ce fut bien son genou à elle qui vînt s’écraser contre ma mâchoire. J’encaissais le choc sans vraiment réagir, ma tête partant sur le côté et mon corps en arrière. Je chutais lourdement sur le sol sablonneux alors que son coup venait de faire des dégâts sur mon corps plutôt solide en apparence mais tout de même assez frêle. J’avais beau travailler ma résistance physique, je n’avais pas encore atteint une constitution que j’estimais suffisante pour pouvoir rivaliser avec certains gorilles capables d’encaisser plusieurs coups de sabre sans réellement se sentir affaiblis. Fort heureusement, ce n’était pas une lame d’énergie qui m’avait frappé mais seulement le genou d’une apprentie ayant apparemment à peine plus de force physique que moi.

Un filet de sang s’échappait de mes lèvres pour venir se répandre sur le sable, accompagné de ma salive alors que je prenais vite conscience de ma soudaine position de faiblesse. L’adrénaline du combat et les dangers qui en découlait me ramenait bien vite face à la réalité, ne m’offrant bien heureusement pas le loisir de rester sonnée, à la merci de la Zeltronne qui, malgré ses soit disant bonnes intentions pouvaient très bien saisir l’opportunité de m’achever là, maintenant. C’était impossible, car je ne pouvais pas en rester là. Il était question de ma réputation. Je ne pouvais tout simplement pas me laisser abattre par une Zeltronne de même pas vingt ans alors que j’aspirais à bénéficier d’un meilleur statut que celui d’apprentie au sein de la pseudo hiérarchie Impérialo-Sith.

D’un bond rapide, donc, je pivotais sur moi-même, prenant appui de mes mains sur le sol sablonneux pour me projeter sur le côté et sur mes pieds, mon sabre revenant aussitôt dans ma main et laissant de nouveau jaillir sa lame alizarine tandis que, féline, je me retrouvais dans une position suffisamment solide. Campée sur les talons de mes bottes, une main en appui sur le sol, mon regard venait se fixer sur celle qui m’avait accompagné dans le tombeau Sith. Ma lame, sur ma droite, n’attendait qu’une chose : être commandée par ma volonté de reprendre l’affrontement pour offrir une correction à notre adversaire commun. La Force était ma vassale, et mon sabre l’extension de mon corps et de ma volonté.

Et ma volonté était désormais bien claire et définie : j’allais leur donner le spectacle qu’ils voulaient, j’allais chercher à la terrasser, quoi qu’il puisse en coûter. J’appelais la Force à moi, pour qu’elle vienne accompagner ce souhait et projeter une vague télékinésique pour la destabiliser. Le succès, hélas, ne fut pas vraiment au rendez-vous. Mais la tentative, elle, me permettait d’enchainer bien vite sur la suite de mon idée, car je ne tardais pas à quitter ma position statique pour fondre sur la Zeltronne, mon sabre venant fendre l’air dans une première feinte alors que j’arrivais sur elle. Mes pieds d’appuis tournaient sur les talons, alors que je pivotais pour couper mon élan, me permettant de pivoter au corps à corps et de donner ma lame en offrande au corps de la Zeltronne avec suffisamment de force pour décrire mon attaque comme une application d’un mélange entre le Juyo et l’Ataru : la vitesse d’exécution, ainsi que les mouvements employés étaient typiquement ceux décrits dans les techniques dîtes Su Ma de la Forme IV, alors que la puissance de la frappe, exécutée avec précision, était typique de la Forme VII.

« Souffre ! » lâchais-je avec hargne à son intention.

La zone ciblée était simple, car la frappe pivotante ne visait qu’une seule chose, à savoir le bassin de la Zeltronne. L’action en elle-même était violente et visait souvent simplement à trancher l’adversaire en deux, dans un Saï Tok assez approximatif. Sauf que si je voulais lui faire payer, je ne voulais pas vraiment la tuer non plus. Ma frappe, si elle était puissante et précise, n’était donc pas à cette fin, mais plutôt exercée avec ma volonté de blesser assez gravement pour l’handicaper. A elle, ensuite, de résister voir de rester en vie…

Spoiler:

J’avais touché, et ma lame avait éraflé la peau de la Zeltronne sur mon passage. Il n’y avait rien de plus réconfortant sur l’instant que de sentir la très légère odeur de brulé qui émanait de la balafre déposée sur le corps de mon adversaire. Alerte du danger de rester à proximité de Yana, je profitais de mon pied d’appui pour m’écarter, et ainsi éviter sa riposte habile mais imprécise. Dirigé vers le haut, sa lame me manqua de peu et je remerciais mon agilité et mon aisance dans mes déplacements. Je lui avais offert mon dos et elle n’avait su profiter de l’ouverture, du boulevard qui lui était offert pour me mettre à l’épreuve. Sincèrement, je ne pensais pas être en mesure de stopper sa lame si sa frappe s’était révélée plus précise. J’étais donc soulagée de son manque de réussite. A présent, maintenant que j’étais face à elle, que nos regards se croisaient à nouveau, me frapper et m’atteindre serait bien plus difficile. Je ne comptais pas lui offrir de nouvelles ouvertures, ou même lui laisser l’occasion de m’attaquer. En résumé, lui mettre suffisamment de pression pour la forcer à contrer et à reculer. Ainsi, elle ne pourrait pas me mettre en difficulté, ou même en danger. Et ce n’était pas ses paroles provocatrices qui allaient me bouleverser. J’avais assez enduré avec Isobel, ou encore lors de mes précédentes années passées à écouter les remontrances des Jedi ou les insultes et les bassesses des autres apprentis. J’avais atteint ma place, j’avais passé un cap. Certes, il était toujours possible de me déstabiliser. Je suis Arkanienne et je possède un égo et une vision de ma personne des plus développés.

Elle attendait une réponse, c’était évident. Peut-être espérait-elle me voir me jeter dans la bataille et lui offrir une ouverture. Elle se trompait. Je détestais me lancer bêtement dans un affrontement, et je préférais plutôt la patience à la stupidité.

« Ne prends pas cet air si fier, Yana. Ce n’est pas un coup de genou qui va changer les choses. Il va te falloir faire mieux… »

Je lui rendais le sourire, alors que je me décalais lentement sur le côté, dans une petite ronde. J’étais de nouveau à ma place, là où je pouvais toiser l’adversaire, ou plus souvent ma proie. Nos positions étaient désormais inversées, et je comptais bien profiter de l’instant, faire monter la pression chez la Zeltronne avant de tenter quelque chose de nouveau. Je pouvais compter sur mon Ataru pour me jeter sur elle et repartir rapidement à l’abri, mais je ne devais pas gaspiller mes cartouches. Je devais en faire l’usage aux bons moments.

Non, je préférais encore profiter et sourire à son invitation, à sa demande. Oui, il était temps d’offrir un vrai spectacle à notre assemblée, mais il fallait savoir faire durer la surprise pour la rendre des plus savoureuses. Elle attendait, comme tous nos spectateurs. Elle pouvait prendre l’initiative, mais ne le souhaitait visiblement pas. En somme, tout reposait sur moi, et je délectais de détenir pareil pouvoir. Je la toisais, mes pas s’apposant dans le sable l’un après l’autre, déposant la marque de mes bottes et de leurs talons. Puis, j’armais soudainement alors que j’appelais la Force pour m’appuyer dans mon œuvre. Je m’élançais d’un bon dans sa direction, dans une attaque aérienne visant les épaules. Je ne frappais pas la tête, car je ne voulais évidemment pas la tuer, ni même la mutiler. Ma frappe visait seulement à la blesser suffisamment pour rendre son bras inutilisable. Une blessure à l’épaule provoquait généralement un engourdissement du membre, et je comptais bien là-dessus pour offrir un spectacle particulier à nos spectateurs, celui du chasseur tournant autour de la bête blessée, qu’il achève à petits feux, par à-coups.

Sauf que les choses ne se passaient pas vraiment comme prévu, depuis le début de cet affrontement. Nos coups étaient souvent trop imprécis. Peut-être était-ce dû aux restes de phéromones lâchés par Yana, et qui nous affectaient toutes les deux. Je ne saurais le dire réellement. Mon coup passa donc à côté alors que je retombais sur mes appuis, à ses côtés. Peut-être s’était-elle écartée à temps.

Quoiqu’il en soit, je ne lui offrais aucune possibilité de riposte. Je fléchissais mes genoux, délaissant un appui pour effectuer une roulade sur le sol, et gagner ainsi les mètres suffisant pour me retrouver à distance de sécurité. Mon regard, lui, déviait vers l’arrière pour observer la réaction de Yana, alors que je me réceptionnais, me redressant de nouveau sur mes jambes pour lui faire face. J’avais peut-être échoué sur ma tentative, mais il ne s’agissait là que de la première.

Cependant, je réalisais que je venais de lui offrir des opportunités, voir même de lui donner l’initiative. Tout dépendait désormais de sa réaction…

« C'est c'que l'on va voir…

Non, le coup de genou n’avait strictement rien changé à ma détermination, à ma volonté de la vaincre. Je n’avais nullement agi par stupidité, mais bien par colère et par haine. Elle avait osé me jouer ce genre de mauvais tour. Elle ne pouvait espérer être totalement épargnée dans ce combat. Nous étions dans l’antre du grand tournoi des apprentis, et je ne pouvais pas la laisser m’humilier de la sorte. Elle avait beau me provoquer et chercher la faille en moi, ses propos ne faisaient que s’écraser contre la falaise dressée par mes émotions. Non, elle n’allait pas gagner aussi facilement, et elle devra me passer sur le corps pour espérer me vaincre. Je ne lui laisserais aucune opportunité, aucune faille dans laquelle s’engouffrer. Je comptais bien la terrasser, et lui rappeler sa place qui est la sienne, à savoir derrière-moi. Nous étions peut-être amies, mais cela ne voulait pas dire grand-chose pour tout ces Sith. J’avais une considération différentes pour ceux que je rangeais dans cette catégorie. J’avais un peu plus d’estime pour eux, et j’estimais pouvoir leur faire confiance. Mais après ce coup bas, Yana allait devoir se racheter si elle ne voulait pas que je la marque à la fin de ce duel –à condition que je gagne, évidemment !

Si j’avais bondis dans sa direction, c’était uniquement our frapper et me reculer aussitôt. Je ne voulais pas lui laisser l’occasion de me frapper dans le dos. Hélas, mon mouvement légèrement décalé m’avait placé dans une situation délicate tout en offrant l’opportunité à Yana de m’agresser. La Zeltronne s’était évidemment saisie de l’occasion pour me suivre, mais je parvenais habilement à m’écarter et à opposer ma lame alizarine contre la sienne. Les deux armes crépitèrent sou l’impact et je me reculais soudainement d’un pas pour mieux attaquer, et ramener ma lame dans une trajectoire tournoyante. Mon corps suivit presque aussitôt, alors que mon arme s’abattait dans sa direction : je pivotais de moitié, ma jambe droite partant vers l’extérieur pour soutenir mon mouvement vers l’intérieur.

Ma lame vînt donc s’abattre de côté, dans une fente horizontale puissante et précise. Le but était évidemment de blesser, et le coup pouvait très bien être mortel à condition d’y mettre plus de puissance. Je ne l’avais pas fait, car je ne désirais pas sa mort. Je voulais lui faire payer, certes, mais je ne voulais pas la mutiler non plus. Yana était une personne agréable en dehors de l’arène, et j’avais encore un mince espoir qu’elle ait reconsidéré son mode opératoire…