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Il fut une période de sa vie où Jeresen n’appréciait guère toutes les rodomontades mondaines et les grandes cérémonies m’as-tu-vu organisées ici et là par les grands de son monde et de la Galaxie. Étre né au cœur de la haute-noblesse d’un des mondes les plus réputés de la République, Fondateur qui plus est et profondément conservateur aurait normalement dû le sevrer de tout rejet. Pourtant, il fut un moment où l’overdose fut telle qu’il manqua de trouver les mondanités inutiles et répugnantes. Grand bien lui en fit puisqu’il pu parcourir la République de long en large et se forger une réelle expérience et établir de réelles certitudes quand à l’état et l’évolution de l’entité séculaire qui l’avait vu naître, car ce n’était pas en restant cloitré au cœur de son manoir ou de son palais que l’on pouvait créer le changement. C’était là un des grands défauts des grands de son monde natal qui, exceptés les grands officiers militaires et certains cas isolés, n’avaient jamais mis le pied hors d’Alsakan pour se forger une opinion fondée sur la République et la Galaxie mais qui se croyaient pourtant de réels experts sur ces sujets.

Pourtant, le goût des mondanités lui était revenu au bout de quelques années seulement. Son entrée dans les très secrets services de renseignement de la République y avait beaucoup joué. C’est toujours aussi fou de constater le manque de discrétion de la plupart des gens et tout les indices qu’ils pouvaient jeter aux regards de tous au cour d’une simple réception. Évidemment, il fallait savoir où chercher, où regarder, où écouter pour récolter les précieuses indications mais n’oublions pas que ce fut là l’une des principales tâches qui furent confiées à l’Alsakani pendant des années, et cela même s’il fut longtemps un homme de terrain au service du renseignement Républicain puis Alsakani.

Jeresen était-il donc réellement dangereux ? Potentiellement, oui, surtout si l’on venait renifler dans ses pieds ou ceux d’Alsakan. Cependant, et bien qu’il eut à faire des choses illégales et qui aurait parfois dû lui coûter la prison à vie s’il n’avait pas été en mission pour les hautes sphères, il restait quelqu’un sur qui l’on pouvait se reposer. A condition, bien sûr, de ne pas lui avoir causé du tort auparavant. Une personne rancunière ? Sans aucun doute, et il prenait souvent son temps avant de donner du bâton en conséquence. Le dernier exemple en date étant la pilule mal digérée sur Makem Te, lorsqu’un vulgaire amiral incapable de voir sur le moyen terme lui demanda de stopper alors qu’il était sur le point de mettre la main sur l’Impératrice Ynnitach.

Il était une personne difficile, mais la Maitre Von résumait assez bien les choses à son sujet. Jeresen n’était une personne réellement obtue au cœur de la Rotonde : il ne s’opposait que rarement en bloc aux propositions faites et cherchait au contraire à arrondir les angles plutôt que de bloquer la lente machine Républicaines alors que ses prédécesseurs n’auraient eu aucune pitié à agir de la sorte. En revanche, il y avait des points sur lesquels il serait intraitable et ne bougerait pas d’un iota. Après tout, il restait Humain et Alsakani de surcroît. Aussi laissa-t-il apparaître un sourire sur son visage comme pour féliciter la Jedi de l’avoir plutôt bien cerner au cours de son mandat.

La suite n’était guère discutable. Jeresen connaissait évidemment le passé de l’ex-Chancelière mais il ne s’était pas réellement attardé sur tous les détails. Il savait ce qu’était un Maitre d’Armes en général et il en déduisit donc qu’il devait s’agir de la même chose au sein de l’Ordre Jedi. En revanche, et même à trois, il était assez inconcevable de prendre d’assaut un croiseur fort de huit mille hommes et de s’en emparer. Cependant, un acte héroïque se révèle stupide que s’il n’est pas couronné de succès, et ce n’était pas le cas de celui mené par la Maitre Jedi et ses deux confrères.

En revanche, Jeresen restait tout aussi modeste que l’ex-Chancelière sur ses propres faits d’arme au cours de la bataille. Certes il disposait de moins de forces mais la situation, telle qu’elle fut sur Makem Te avait beaucoup joué en sa faveur. Il se permit donc une remarque qui résumait plutôt bien son action :

« Vous savez, le seul moyen vous permettant de vaincre l’ennemi est de savoir de surprendre. »

Que de philosophie pour laisser paraître l’évidence même.

« Un adversaire qui ne s’attend pas à vous voir agir se met à hésiter et à commettre des erreur. Il ne vous reste plus qu’à exploiter ces failles pour le terrasser. Mais je suis certain que je ne vous apprends rien, Maitre Von. »

Ce jour-là, Jeresen n’avait pas fait que surprendre ses adversaires. Il les avait mené en bateau, là où il voulait qu’ils soient. En réalité, ce fut un concours de circonstances et la traitrise d’un Sénateur corrompu jusqu’à la moelle qui l’empêchèrent de jeter le corps de l’Impératrice dans le vide glacial de l’espace intersidéral.
Cependant, de là à dire que l’Alsakani avait fait preuve de génie... Il ne fallait pas non plus pousser le Hutt dans la gueule du Sarlaac.

Jeresen salua néanmoins poliment la Jedi qui s’éloigna pour laisser les deux aristocrates discuter discrètement. Cela n’aurait pas gêné l’Alsakani que la Maitre d’Armes ne soit resté mais il ne pouvait pas lui refuser de vouloir s’éclipser. Et puis cela lui offrait désormais l’entretien qu’il espérait avoir avec la Reine d’Ondéron. Il se sentait quelque peu plus à son aise aux côté d’une femme qui comprenait ses origines et s’y complaisait. D’où la manœuvre habile et la réponse tout aussi prévisible d’Emalia Kira. En soit, cette dernière ne lésinait pas non plus sur les flatteries, comme en témoignait son changement radical d’attitude une fois la Jedi et l’holocaméra parties.

Il prit une nouvelle gorgée de champagne tout en écoutant attentivement la Chancelière qui se dévoilait enfin. Il n’était effectivement pas là pour récolter des informations sur les prévisions d’Emalia Kira, bien que certains n’aient eu aucuns scrupules à tenter la chose, quitte à la faire boire pour obtenir leurs réponses. Au contraire, et la Reine d’Ondéron avait vu juste, il préférait discuter des récents évènements :

« C’est effectivement de cela que je souhaitais m’entretenir avec vous, Vôtre Majesté. »

L’Alsakani la laissa poursuivre son raisonnement et mettre en évidence les différences de constatation face aux évènements. Il ne s’attendait cependant pas à constater tant d’opposition dans la manière d’appréhender les choses. Certes, des erreurs furent commises et il faudra y remédier. En revanche, le reste était discutable. Il avait vu les manœuvres des Hutts et des Impériaux de ses propres yeux. Il avait agis en conséquence pour finir par y mener la danse. Plus intéressant encore, il avait pu constater en direct les retournements de tactique et de stratégie. Le fait était que les éléments étaient trompeurs et il pensait avoir réussi à déjouer les écrans de fumées dressés par les différents protagonistes pour masquer les vérités.

« Je participerais volontiers à cette réunion, Vôtre Majesté. Cependant, je pense que votre présence à ce sommet est indispensable pour que vous puissiez peser le pour et le contre des constatations de chacun » soumit-il à la Chancelière sous le ton de la confidence, avant de don er quelques indices sur le même ton : « Je pense personnellement que nous avons été manipulés. La flotte Impériale était trop peu nombreuse pour s’opposer à nos forces et il n’y a pas eu de diversions. Les Hutts ont cessés d’attaquer les Impériaux à notre arrivée. Qui plus est, le Sénateur Rejliidic a, comme par magie, disparu au cœur des évènements. »

Il marqua une pause, son regard allant de droite à gauche pour y chercher d’éventuelles oreilles indiscrètes avant de conclure :

« Je pense que l’on a cherché à provoquer la confrontation. Pour quelles raisons, j’ai quelques pistes. Mais je ne peux pas dévoiler mes sources et mes preuves en ces lieux, Vôtre Majesté. Et j’ose espérer que votre Ministre chargé de la Défense saura se montrer à la hauteur pour résister aux tentations externes comme internes. »

Il pourrait éventuellement en dire plus, mais il attendrait pour cela la demande de la Chancelière. Il avait ses propres convictions mais il ne pouvait être certain qu’elles furent partagées par son interlocutrice. Quand à ce qu’il pensait réellement de Vanesta Holdoll, ce n’était pas vraiment encourageant. C’était peut-être une brillante militaire, avec une carrière que Jeresen ne pouvait discuter. En revanche, son expérience politique relevait presque du néant et elle risquait de se faire manger de tout côtés.

Et s’il le fallait, Jeresen serait l’un des premiers à le faire si les propositions de la chef des armées se révélaient guères encourageantes.

Ses pensées furent cependant balayées par l’odeur qui se dégageait de l’individu qui venait de se mettre à les observer. Son regard sembla remonter les effluves, pour se poser sur le corps écailleux du Trandoshan qui l’avait bien fait rire auparavant. Pourtant, l’attitude que lui portait l’Alsakani avait changé. L’amusement avait disparu pour laisser place à un air empli de dédain. La ceinture qu’il arborait autour de son crâne l’aurait bien fait rire si l’individu n’était pas venu les déranger ainsi débraillé et… alcoolisé ? Bon, il n’était peut-être pas saoul pour autant mais l’odeur de rhum lui collait déjà bien à la peau… enfin, aux écailles.

Jeresen l’écouta malgré tout, portant un regard léger en direction de la Chancelière avant de répondre calmement au Trandoshan, non sans laisser échapper sa réelle désapprobation :

« C’est effectivement le cas. Nous vous remercions pour votre discernement. » Il attendit qu’il rebrousse chemin, avant de rajouter un simple « Bonne soirée. »

Une fois qu’il fut suffisamment loin, l’Alsakani pivota de quelques degrés pour se recentrer sur la conversation qu’il entretenait avec la Reine d’Ondéron pour demander le plus naturellement du monde, et sur un ton amical retrouvé :

« Où en étions-nous, déjà ? »
Kolin Valkizath
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Le regard désapprobateur du Chevalier apprit à Kolin qu’il avait sans doute baissé un peu trop sa garde et qu’il aurait été plus sagace en gardant ses malheureuses paroles enfermées dans un coin de son esprit balayé par les vagues du doute. Se taire et observer étaient pourtant l’une des règles cardinales de là où il venait. Les bavards et les curieux ne vivaient jamais trop longtemps dans les bas-fonds. Le silence régnait en Maître et si les oreilles traînaient, les bouches restaient closes par peur des coups si dispendieusement distribués par la ceinture paternelle ou pire par peur représailles des gangs omnipotents qui tenaient les bas-fonds sous leur coup.

Dans l’univers plus libre des Jedis, moins dangereux, Kolin avait tendance à oublier les préceptes qui lui avaient été inculqués. Il s’en voulut d’avoir exprimé une opinion contraire aux idéaux des Jedis et contrainte à la pensée de Joclad.

Le Chevalier affable lui rappelait par endroit son propre grand frère, son héros et modèle. Par sa douceur, sa sagesse et par le fait qu’il le considérât comme un égal puis, il y avait cette façon de le regarder ; quelque part entre bienveillance et jugement sévère. Joris avait été lui aussi une sorte de mentor pour Kolin, bien qu’impuissant face à la violence paternelle, il l’avait toujours guidé sur le chemin qu’il estimait le bon, prenant sa défense, couvrant ses arrières, mettant sa vie en jeu pour lui. La confiance que le cadet portait à son frère, tant idéalisé n’avait pas de limites. Le départ de celui-ci n’en avait d’ailleurs été que plus déchirant.

- Désolé, j’voulais pas dire ça.

Répondit gauchement le padawan sentant son enthousiasme s’évaporer comme écrasé par le poids des prunelles claires posées sur lui.


- Mon frère dit que certaines personnes ne savent pas quel chemin emprunter et sont incapables de faire la différence entre le bien et le mal, dans ce cas on devrait laisser leurs personnalités et leurs originalités aux Sith et aux gens des gangs ? Je j’crois que notre faiblesse à nous les Jedis c’est qu’on est civilisés et même si, j’avoue c’est cool. Les Siths ne s’embarrassent pas de ces préceptes. Bien sûr qu’on ne doit pas être comme les Siths, ou alors on serait du côté obscur.

Le côté Obscur le terrifiait. Il marqua une pause et murmura à demi-mot une phrase qu’il avait presque honte de dire après la leçon de Joclad.


- Mais ne doit-on pas protéger la République contre elle-même ?

Le garçon laissa aller ses yeux bleus sur les occupants de la salle, le groupe formait un mélange cosmopolite, hommes, femmes, aliens, vieux, jeunes. La Galaxie était représentée dans toute sa diversité et ses différences. Le Sénat aurait presque un goût des bas-fonds par son altérité s’il n’y avait pas toutes ces indécentes richesses. Kolin aimait cette diversité pour avoir passé toute son enfance dans un milieu où se mêlaient les peuples et les histoires. C’était au fond peut être ça que le Chevalier voulait montrer : que la République elle seule pouvait rassembler et fédérer sous une même bannière tant de différences, était-ce sa façon à lui de faire ouvrir les yeux au padawan benêt ?


- Je n’abandonnerai jamais ce en quoi croient les Jedis, nous sommes la justice et on protège les faibles. C’est juré et j'ai pas b'soin d'une médaille pourrie pour ça.

Fidèle à sa parole, le gosse se racla la gorge et libéra un mollard verdâtre sur le tapis rouge au sol.


- Je suis l’apprenti de Lyrae, enfin du Chevalier O’sil, mais je crois qu’on est pas très doués ni lui pour moi pour discuter de ces choses-là. On discute, mais de vrais trucs pas de sentiments de gonzesses à jupons quoi. J'sais pas où il est là, sûrement dans un plan louche.

Avoua Kolin avec une pointe de regret dans la voix sans se rendre compte qu’il venait peut être d’insulter Joclad qu’il tenait pourtant en haute estime à la mesure où celui-ci le faisant se diriger vers le coin de la grande terrasse, loin du tumulte des politiques. Plein d’attention, Kolin écouta sans se départir le récit de la mission du Chevalier et de son Maître sur ce monde qui sonnait exotique sous le joug d’un d’un tyran. Il l’imagina sabre à la main à découper tout ce qui avait le malheur de se dresser entre lui et l’objectif de sa mission. Ô bien sûr, ce n’était pas Jedi de se battre d’ôter la vie mais, sur Félucia ou sur n’importe quel autre monde la violence était une alliée nécessaire. Si tous les Jedis apprenaient à se servir d’un sabre ce n’était pas pour faire joli. Dans le cours animés par Alyria et lui, Kolin avait déjà pu constater que Joclad était un bretteur talentueux.

- Vous avez dj’a tué au nom de la liberté ou au nom des Jedis ? Beaucoup de gens ? Des civils ?

Demanda-t-il curieux avant de répondre à la propre question qui lui avait été posé en imaginant si Joclad avait un parcours jonché de cadavres derrière lui ou non.


- Non jamais, les gens du milieu voyagent pas beaucoup, faut être riche ou être Jedi pour ça. J’aime bien Ondéron et la forêt ça change de tout le Duracier de Coruscant. Vous êtes de quel bled vous ?

En réalité Coruscant, son atmosphère de fourmilière lui manquait. Les habitants du Temple étaient trop propres, trop policés, très loin du melting pot cosmopolite de la Cour des miraculeux. Chez les Jedis les jours se suivaient et se ressemblaient dans une routine superbement maîtrisée faisant naître un sentiment de sécurité à Kolin. Les crasseux miraculés qui hantaient les souterrains lui manquait parfois. Ses frères lui manquaient, sa mère aussi et tous les éléments imprévisibles faits de l’éphémère du quotidien. Nulle journée ne se ressemblait et c’était là toute la magie des souterrains.


- Sur Félucia, avec Kanien on a rencontré un Sith, mais on l’a laissé fuir, vous pensez qu’on aurait dû le butter ?

La salle commençait à se désemplir.
Emalia Kira
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Elle avait vu juste. C’était l’histoire de Makem Te qui occupait toujours les pensées du Sénateur d’Alsakan. Il acceptait de participer à l’analyse des évènements qui s’étaient produits, tout en conseillant la Chancelière de se joindre à eux. Emalia haussa les sourcils, froissant son front, mélange de résignation et d’une grimace qui signifiait « j’aimerais bien ».

- Malheureusement, ma volonté de pousser mes ministres et les sénateurs à s’organiser en groupes de travail est en grande partie due à mon manque de temps personnel pour m’occuper personnellement de tous les sujets auxquels est confronté ce gouvernement, formula-t-elle pour décliner poliment le Conseil du Sénateur.

Elle était obligée de lever les yeux vers lui lorsqu’elle lui parlait, malgré ses talons. Il était plus grand qu’elle de presque vingt centimètres, estima-t-elle, songeant qu’elle ne devrait pas rester trop près de lui pour ne pas avoir l’air minuscule sur les holocaméras. Mais elle chassa bien vite ces pensées futiles.

- Mais je ferai mon possible pour m’impliquer et être présente lors de la formulation des constats du groupe de travail, car cela reste un sujet primordial.

D’autant plus primordial qu’elle comptait engranger quelques connaissances en matière militaire, un domaine où ses lacunes étaient importantes. Ondéron n’avait pas de véritable défense hormis une sécurité planétaire et la police royale, car les Jedi faisaient office de rempart envers les agressions extérieures. Au moins avaient-ils une utilité sur sa planète.
Le Sénateur poursuivit, et Emalia fronça les sourcils, soucieuse. Elle aussi avait compris que quelque chose n’avait pas tourné rond pendant la crise de Makem Te : bien sûr, Borenga avait piégé l’Empire et la République en les réunissant, pariant probablement sur la possibilité de pouvoir déclencher la guerre puis se ranger du côté du vainqueur, monnayant son aide militaire contre quelques-uns des territoires désirés. Cette ambition avait échoué lamentablement : ni la République ni l’Empire ne s’étaient associé véritablement à Borenga pour vaincre, reléguant le Hutt à l’état de parasite négligeable. Mais si un parasite négligeable il avait été, comment l’escalade de violence avait-elle pu avoir lieu entre l’Empire et la République ? La LMP avait tiré la première…
L’alsakani évoqua Rejliidic, auquel Emalia pensait aussi. Elle grimaça de dégoût.

- Je me suis fait les mêmes réflexions, souffla-t-elle avec dédain. Cette grosse limace véreuse nous a contactés, sur le Star Home, et a essayé de nous pousser à…

Le trandoshan refit brusquement son apparition, passablement débraillé, un ceinture sur le front et une bouteille de rhum à la main. Comme son instinct le lui dictait, Emalia grimaça rapidement un sourire enjoué à son attention, mais fut soulagée de constater qu’il n’avait pas décidé de se joindre de nouveau à eux. Tout de même, se montrer dans un accoutrement pareil, n’avait-il pas honte ! Déjà que son comportement… Bref, il faudrait qu’elle signalât au service protocole du Sénat d’éviter d’inviter les collègues des Jedi qui ne savaient pas se tenir.

L’alsakani reporta son attention sur elle rapidement, et la Chancelière se rappela ce qu’elle était en train de révéler. Des choses qu’elle ferait peut-être mieux de garder pour elle-même, tout du moins dans cet endroit bondé de mondes et d’oreilles indiscrètes.

- Bref, je disais que le Sénateur Rejliidic avait eu un comportement suspect. Il a été destitué de ses fonctions, le savez-vous ? Il n’assurait apparemment plus grand-chose au poste de représentant de Bakura, et son gouvernement a dû sentir qu’il était temps de se débarrasser d’un être qui avait déjà causé du tort à leur réputation.

Le Hutt n’allait pas lui manquer. Oh non. Elle s’était finalement débarrassée du dernier membre de l’équipe de corrompus qui s’était jouée d’elle lors des précédentes élections, et elle n’en était pas peu fière. L’ennui, c’était que Rejliidic était certainement parti avec des informations cruciales. Le retrouver allait être compliqué.

- Vous savez ce que je pense de cet énergumène, poursuivit-elle, faisant allusion aux commentaires qu’elle avait fait à la presse sur le Hutt. Il a collaboré avec l’Empire une fois, et il n’est pas impossible qu’il l’ait fait une deuxième fois. Mais il est totalement discrédité, maintenant. Il ne fera plus de mal au Sénat.

Emalia était confiante. Loin d’elle, la menace Rejliidic paraissait triviale. Borenga n’avait pas la masse militaire nécessaire pour mettre la République en danger. C’était sur l’Empire qu’elle souhaitait se concentrer. Toutefois, Fylesan n’avait pas tort : mieux valait tirer cette affaire au clair, afin d’être sûre qu’elle ne constituait plus un danger. Elle acquiesça, les yeux dans le vide, comme si le sénateur venait de lui formuler une suggestion, alors qu’elle n’avait bien sûr que supposé qu’il avait suivi sa pensée.

- Mais vous avez raison. Mieux vaut être certain qu’il ne nous nuira plus. Il y a déjà des enquêtes sur la LMP, afin de déterminer ce qu’il s’est produit exactement, mais je vais aussi envoyer les services de renseignement enquêter plus près de Bakura.

La Chancelière retrouva son regard confiant et son sourire aimable lorsqu’elle se tourna de nouveau vers son interlocuteur.

- Hé bien, on dirait que je vais avoir du travail, n’est-ce pas ? Quoiqu’il en soit, j’ai été ravie de faire plus amplement connaissance avec vous, Sénateur.

Elle avait plus ou moins cerné un homme droit, ainsi que l’on en attendait d’un ex-militaire, qui était tout autant un fin diplomate habitué des réunions mondaines. Il s’était également positionné plutôt comme un allié de la Chancelière, jusqu’ici, qui se félicitait d’être déjà entourée d’autant de partisans. Certainement la soutiendrait-il rapidement dans la Rotonde, présageait-elle avec bonne humeur.
A quelques mètres de là, Shib’lecra lui fit un petit signe de tête entendu. A côté d’elle se tenait un humain à la peau sombre en costume blanc, le port altier. Emalia comprit que la Twi’lek souhaitait le lui présenter.

- Je suis navrée, Sénateur Fylesan, je vais devoir vous laisser. Je dois rencontrer encore beaucoup de personnes dans le court laps de temps que durera la soirée, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. Nous aurons certainement l’occasion de nous revoir. N’hésitez pas à me solliciter, je porte une grande importance aux affaires que nous avons évoquées ce soir. Je vous souhaite une excellente soirée, Sénateur.

La souveraine s’éclipsa ainsi pour retrouver la vice-chancelière, qui lui présenta rapidement le haut magistrat avec qui elle s’entretenait, et qui devait l’alerter de certains dossiers importants en cours. Tous trois s’isolèrent pour discuter plus tranquillement, dans un espace privé. Emalia en profita pour se débarrasser de sa coupe de boisson encore à moitié pleine et se restaurer un peu à l’abri des regards indiscrets, toujours exaltée par la tournure des évènements de la soirée. Tout lui paraissait merveilleux. Rejliidic, Borenga, l’Impératrice… Tous n’étaient que les ombres de cauchemars oubliés, relégués au placard le temps d’une nuit de champagne et de discussions mondaines. Chancelière de la République Galactique ! C’était encore plus grandiose que tout ce qu’elle avait pu rêver de devenir à son adolescence.


Spoiler:
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« Ce n’est rien. »

Tout le monde avait le droit de s’égarer ou d’avoir ses propres idées. Je n’étais pas là pour le formater à suivre un Code que je trouvais moi-même parfois maladroit ou incomplet lorsque confronté à certaines facettes de la réalité. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’essayer d’en interpréter les aspects de certains passages.

Je restais attentif à son récit, l’écoutant avec attention. Je ne connaissais pas son histoire, ni même celle de sa famille. Chaque indice qu’il m’offrait me permettait de l’interpréter et donc de me faire une idée de ce qui pouvait bien se tramer dans son esprit. Et pour être sincère, il me surprenait parfois par ses réflexions et ses citations. L’arrivée de son frère dans la conversation me surpris quelque peu, et je comprenais à présent qu’il comptait beaucoup pour lui et qu’il était très attentif aux conseils qu’il pouvait lui donner. Au final, il me donnait l’impression de quelqu’un ayant besoin d’être réconforter.

Personnellement, je comptais bien l’amener à trouver la solution par lui-même :

« Qu’est-ce que le Bien, et qu’est-ce que le Mal, Kolin ? Ce ne sont que des interprétations. Ce sont justement ces… originalités qui différencient les individus ou les groupes. Les Sith pensent d’abord à eux-mêmes, quitte à massacrer ou à asservir les peuples. Ils n’ont que faire des autres, et ceux qui affirment le contraire ne sont que des manipulateurs. Ils sont un fléau, et ce qui décrirait le mieux l’idée de ce que l’on se fait du Mal. Comme tu l’as bien exprimé, ils ne s’embarrassent pas des préceptes. Les gangs, eux, ne sont souvent que nuisibles. Ce n’est pas eux dont il faut s’occuper, mais plutôt de leurs trafics pour les démanteler. »

Tiens, justement, pourquoi ne pas lui poser un deuxième sujet de réflexion lié au premier ?

« Mais d’ailleurs, qu’est-ce que le Côté Obscur, Padawan ? Le Mal ? »

Et cette fois-ci, je n’allais pas lui donner d’indices. Je voulais l’entendre, sans qu’il ne me lâche les phrases qu’on lui avait fait apprendre par cœur sur le sujet. Je voulais qu’il utilise sa maigre expérience sur Félucia pour se faire un premier avis. Ensuite, peut-être que je l’aiguillerais quant à ma façon de penser sur le sujet.

Sur un autre domaine, plus complexe, il méritait une réponse. Ne serait-ce que pour le fait qu’il ait conscience que l’un de nos devoirs était bien de protéger la République contre elle-même, qu’il ne suffisait pas de s’occuper es choses sans balayer devant notre porte. Les Jedi ne faisaient pas partie intégrante de la République, et en cela nous pouvions plus aisément remarquer les défauts qui naissaient années après années, à cause de la corruption par exemple.

« Tu as mis le doigt sur notre mission la plus importante : protéger la République contre elle-même. Cette dernière n’est clairement pas parfaite, mais c’est elle qui se rapproche le plus de nos idéaux de paix et de justice dans la Galaxie. De fait, c’est à nous de veiller qu’elle ne dérive pas, quoi que puisse en dire ces politiciens. »

Et ils en disaient, des choses stupides. Que ce soit au sujet de l’état de la République, de la Galaxie ou même encore de l’Ordre Jedi. Nous n’étions pas foncièrement aimé, mais nous faisions notre devoir. Les gens que nous aidons en viennent à nous respecter. Mais les autres…. Il est normal pour eux de ne pas nous comprendre, de nous voir comme der sorciers. Certaines cultures voyaient les Jedi comme l’incarnation du Mal, parce que nous avions la capacité de faire des choses qui étaient inconcevables pour eux.

En revanche, j’étais quelque peu irrité de remarquer que Kolin pouvait lui aussi sortir des stupidités sans même s’en rendre compte. Réalisait-il ce qu’ilv enit de dire ? Qu’il venait de m’insulter en disant cela ? Je déglutissais, pour retenir une pique bien placée. Au lieu de ça, je ne faisais qu’un constat :

« Le chevalier O’sil, je vois. »

Je le connaissais pour l’avoir déjà rencontré. Je me souvenais de ce moment où nous avions dû accompagner une Padawan blessée à l’Infirmerie, en provenance d’un autre monde. Avec ces deux individus inconnus qui nous l’avait mené. Je n’étais pas encore Chevalier, à l’époque. Je ne savais pas qu’il avait ce genre de pensées vis-à-vis de nos devoirs…

« Je l’ai croisé plusieurs fois, et même rencontré lorsque je n’étais qu’un apprenti Jedi. C’est quelqu’un de bien malgré ce que pourront te dire certains de nos confrères au sujets que quelques unes de ses… aventures. Mais tu devrais insister pour discuter de ce genre de sujets, Padawan. C’est ceux-là qui te seront nécessaires pour passer les épreuves, que ce soit pour toi des sentiments de gonzesses à jupons ou pas. »

Petite réprimande, accompagnée de l’intonation qui allait bien. Il devait faire attention à ce qu’il disait, et surtout à ne pas exprimer tout ce qu’il lui passait par la tête. Surtout lorsque quelqu’un prenait du temps pour lui expliquer la manière dont il entrevoyait ces sujets qu’ils considéraient comme des plus futiles. Je n’avais clairement pas apprécié ses propos, et je voulais qu’il le comprenne sans pour autant le sanctionner. Nous n’étions pas là pour ça. Au Temple, les choses auraient pu être différente s’il avait avoué ce qu’il en pensait devant Maitre Ob’tu, par exemple.

Et puis, s’il considérait ses questions comme stupides, pourquoi les avait-il posé ? Pensait-il que connaître si j’avais déjà tué des gens était futile ? Personnellement, ce n’était pas mon cas. J’accordais beaucoup trop d’importance à la vie et je m’en voulais toujours de devoir parfois abattre mon sabre pour prendre la vie d’un individu et l’offrir à la Force. Je comptais même chacune d’entre-elles, les signalant dans un carnet que je gardais toujours avec moi. C’était une manière de me souvenir de mes échecs, de me rappeler que je n’étais pas une machine mais bien un être vivant qui avait prit la vie d’autres pour assurer la Paix et la Justice.

« J’ai déjà tué des gens, oui. Beaucoup trop de gens. Tuer ne serait-ce qu’une seule personne, c’est déjà trop. Mais hélas, c’est parfois la seule solution. Des civils, des militaires, des droïdes… »

Je déviais légèrement mon regard, comme si en parler me remémorait bien des souvenirs. J’aurais pu me souvenir de chacun de mes combats, de chacune de ces vies prises si je pouvais m’arrêter pour méditer un moment en communion avec la Force. En réalité, la Force offrait des possibilités infinies. Avec elle, je pouvais me replonger dans des paysages que j’avais déjà visité ou que j’avais souvent arpenté. Avec elle, je pouvais entrevoir le schéma biologique des individus lorsque je prodiguais des soins.

En parlant de décor et de paysage, je ne pouvais que sourire aux propos du Padawan. D’une certaine façon, je partageais son avis sur la plénitude d’Ondéron. Il était vrai que la jungle qui encerclait le Temple était paisible et agréable, si l’on oubliait toutes les créatures prêtes à vous y faire la peau.

Je souriais de nouveau, avant de donner ma propre réponse à sa question :

« Moi ? Des plaines de Corellia. Disons que le Duracier et moi, ça fait deux. Pour la confidence, je n’apprécie guère les mondes-villes comme Coruscant. Je m’y sens trop à l’étroit, il y a bien trop de monde. Ce n’est pas aussi calme qu’Ondéron, par exemple. Enfin, tu sais de quoi je parle. »

Que Corellia pouvait me manquer, parfois. Le calme des plaines, pouvoir marcher entre les champs et les cultures, pouvoir longer le long de la rivière qui passait près de la maison de mes parents et y écouter l’écoulement de l’eau pure. C’était un assez contraste avec le côté humide d’Ondéron, avec sa jungle luxuriante et le bruit de sa faune. Deux endroits agréables où j’aimais passer du Temps entre mes missions.

Je revenais à notre sujet de discussion, pour réaliser qu’il était passé du tauntaun au bantha. C’est vrai ; quel était le rapport entre ma planète de naissance et le fait de savoir si tuer un Sith ou non était une bonne chose ? Aucun, à moins que je n’ai pas réussi à suivre les indices que Kolin avait disséminé.

J’écoutais son récit, sans pour autant savoir quoi y répondre. Il n’avait pas donné beaucoup de détail, et le sujet était assez difficile à aborder tant il représentait une des nombreuses confrontations entre le Code Jedi et la réalité. Que devions-nous faire, face à un Sith. Je soupirais légèrement en me rappelant le nombre de fois où je m’étais confronté aux plus anciens sur le sujet, lorsque je n’étais qu’un Initié. A l’époque, je n’aimais déjà pas que l’on ne me donne pas les réponses à mes questions, que l’on ne satisfaisait pas ma curiosité.

« Ce n’est pas à moi de prendre cette décision, Kolin, mais bien à toi seul. Je sais que les textes nous imposent de ne pas le faire mais… honnêtement, de toi à moi Kolin, un Sith représente un danger. Certains peuvent être libérés, sauvés de leurs mauvaises intentions. Le Padawan Silthar en est l’exemple. Mais les autres, ceux qui refusent l’éventualité, sont à mon avis trop dangereux pour vivre. »

Enfin… J’avais encore des doutes à dissiper au sujet de Yun Silthar. J’avais fais face aux Sith, j’avais finis prisonnier chez eux et j’avais donc fais la connaissance de certains spécimens. De fait, ma méfiance à son égard était logique à mes yeux, mais je me devais de ne pas faire partager mes craintes à Kolin. Il était jeune et je ne voulais pas qu’il dispose de préjugés à l’égard d’un quelconque membre de l’Ordre par ma faute.

Cependant, je ne pouvais que le mettre en garde face aux Sith et à la dangerosité qu’ils représentaient. J’avais beaucoup évolué sur ce sujet avec les années. Il fut une époque où je n’aurais jamais pu abattre mon sabre sur Shaar-là, par exemple. Hors, si je la rencontrais de nouveau à ce jour et que je la terrassais, alors il n’y aurait pas d’hésitation. Je la tuerais. Mon revirement fut long mais n’était que dans la continuité des enseignements d’Ilia. J’étais persuadé d’être un Gardien, défenseur des idéaux de l’Ordre, de la Justice et de la Paix. Mais j’étais en réalité plus que ça. Ilia était bien plus que ça avant qu’elle ne rejoigne le continuum de la Force.

M’enfin, il y avait énormément de choses à dire sur le sujet mais trop de temps pour les évoquer. En effet, mon odorat et ma vue m’informèrent de l’arrivée d’un invité inattendu et pour le moins surprenant. J’avisais ce Trandoshan qui nous interpellait, en évitant de laisser filtrer le moindre dédain vis-à-vis de son accoutrement et du fait qu’il sentait l’alcool à des parsecs de là. Mon regard dévia quelques secondes vers Kolin pour interpréter sa réaction.

« Je crains qu’il ne soit trop jeune pour cela, Ranger. » Je changeais volontairement le sujet, tout en refusant poliment son offre d’un geste de la main. Je n’allais tout de même pas boire sous le nez de Kolin alors que je venais de désapprouver l’idée-même de lui en donner : « Vous étiez sur Makem Te, c’est bien ça ? »

Manœuvre classique : aller à l’opposé de la proposition originale en posant une question fermée et ainsi l’inviter à se centrer sur le nouveau sujet désormais ouvert. D’ailleurs, la réponse n’attendait pas de réelle réponse puisque je connaissais déjà cette dernière. Il y avait été, puisqu’il avait été médaillé pour cela. Par contre, ce qui était intéressant était bien de savoir pourquoi, car les missions des Rangers Ondéroniens étaient aussi diverses que variées mais consistaient souvent à assister les Jedi dans leurs missions. Des sortes de partenaires, ou acolytes le temps de remplir les tâches nécessaires au succès de ces actions.

Je me tournais une nouvelle fois vers Kolin, pour le libérer de notre discussion, le sujet ayant subitement dévié :

« Si tu veux, tu peux y aller Kolin. A moins que tu n’ais d’autres questions. »

Enfin, il pouvait très bien rester ! Je n’étais pas fermé à toute nouvelle discussion et il pouvait très bien m’asséner de nouvelles questions. La seule différence étant que nous allions devoir faire avec la présence inopinée du Trandoshan qui, avec le recul, était peut-être un individu fascinant si l’on ne se fiait pas à la ceinture qu’il avait autour du crâne.

« Chevalier Draayi. Enchanté de faire votre connaissance… Galdur. J’ai déjà eu à travailler avec un de vos camarades, mais ça ne s’est hélas pas très bien terminé pour lui. » Oh non. Le voyait sur Hapes ne lui avait pas sourit, puisqu’il n’en était jamais revenu. Hélas. Mais il avait accompli sa mission avant de disparaître. « Vous venez de Trandosha, c’est bien ça ? Je me demande… qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre les Rangers Ondéroniens ? »

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