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Les rivets de la passerelle de la navette impériale cliquetèrent, puis celle-ci s’inclina dans un frottement de métal huilé, et la luminosité extrême de Korriban agressa le regard de la Twi’lek, braqué néanmoins sur la silhouette du bâtiment de l’Académie Sith. Myir attendit que l’appareil fût totalement stabilisé avant de jeter un regard derrière elle, où se tenait un Emhyr à la mine exténuée. A la lumière du jour, il paraissait encore plus à bout que lorsqu’il avait été transféré du croiseur à la navette, quelques heures avant. Si la Twi’lek n’avait pu le garder près d’elle pendant le voyage en raison des rapports qu’elle devait fournir à sa hiérarchie, elle s’était assurée qu’on lui avait administré des premiers soins et surtout qu’il obtînt un statut de prisonnier « de luxe », autrement dit sans torture ni attribution automatique. La petite notoriété que Myir avait acquise grâce à ses victoires sur Makem Te avait probablement contribué à ce que ses ordres fussent respectés, même si elle avait constaté que les soins apportés à Emhyr avaient été plutôt sommaires. Pour sa part, elle avait eu droit, en plus d’une consultation médicale, à une bonne douche et une tenue propre enfilée par-dessus les bandages qui recouvraient maintenant les blessures que lui avait infligées son acolyte la veille. A défaut d'être pimpante de santé, au moins était-elle détendue, ses lekkus reposant lascivement sur ses épaules couleur d'opale.

Car oui, de longues heures depuis leur aventure. Tout s’était passé très vite : Emhyr et Myir avaient atteint les dignitaires républicains, avaient eu recours à quelques menaces pour les faire remonter jusqu’au centre de défense planétaire avant que l’Impératrice fisse passer l’ordre d’un cessez-le-feu et d’une retraite imminente. Dès lors, ils avaient été extraits, comme les autres, par une navette qui les avaient ramenés sur un croiseur impérial. Ce dernier avait sauté dans l’hyperespace en quelques minutes.
Pendant le voyage, donc, Myir avait été rafistolée, avait fait ses rapports oraux et écrits, avait insisté pour ramener elle-même son prisonnier à l’Académie de Korriban. La faveur lui avait été accordée sans trop de difficulté : on n’avait pas souhaité ennuyer l’Impératrice avec un tel point de détail alors qu’il courait la rumeur selon laquelle elle n’était pas d’une humeur très réjouie…

- Bienvenue sur Korriban,
déclara Myir avant de descendre par la passerelle.

En quelques instants, l’astre de la planète martela leur peau de ses rayons agressifs, les réchauffant à leur en brûler les rétines. Ils rejoignirent l’Académie d’un pas vif, désireux de trouver l’ombre salvatrice de l’édifice.
A l’intérieur, les apprentis vaquaient à leurs occupations sans leur prêter plus d’attention que nécessaire : l’arrivée de multiples navettes en provenance du croiseur de retour de guerre fournissait à tous quantités de tâches et d’activités : enfermer les prisonniers négligeables dans les salles de tortures, envoyer à la maintenant les armes et machines défectueuses ou devant être révisées, soigner les soldats ou apprentis ayant servi sur le terrain… Bref, au milieu d’un tel remue-ménage, Myir et son invité passèrent relativement inaperçus. De plus, Emhyr était libre de ses mouvements, quand bien même la Twi'lek lui avait de nouveau subtilisé son sabre laser, plus par une mesure symbolique que par nécessité. Il ne devait pas oublier sa part du marché : il était son prisonnier.

- Je vous conseille de ne pas me quitter d’une semelle, avisa-t-elle à voix basse. Je n’ai pas envie que vous suscitiez l’intérêt d’une mauvaise personne.

Autant qu’il n’agaçât pas un seigneur Sith un peu pointilleux ou un apprenti en mal de reconnaissance dès son arrivée. C’était ce qu’il y avait de plus désagréable, ici : ce besoin sans cesse repoussé de montrer aux autres la cruauté dont on était capable. Une belle bande d’imbéciles… Mais nécessaire lorsque de la chair à canon était requise. Bien heureusement, il y avait des cerveaux pour mettre un peu d’ordre dans tout cela et agir avec intelligence… Et Emhyr était sur le point d’en rencontrer un.

L’entrevue avec Darth Odium, demandée dès que Myir avait pu le faire à bord du croiseur, avait été accordée, et ils n’eurent guère à attendre pour pouvoir entrer dans une salle de réunion qui leur avait été réservée : la pièce relativement sombre et voutée, avec en son centre une longue table entourée de fauteuils ouvragés en métal, les accueillit dans le silence et la fraîcheur bienvenue des vieux châteaux de civilisations perdues. Myir retrouva les sensations qu’elle avait eues lors de sa première rencontre avec le chagrien : cette tension entre sécurité et danger, entre assurance et prise de risque… Entre fierté et dévotion.

Le Seigneur Sith les avait précédés. A peine Myir l’aperçut-elle qu’elle le salua en s’inclinant révérencieusement. Tout son corps était tendu dans son salut, vieux réflexes hérités des audiences devant le Conseil. Malgré la fatigue, son port était droit et ses paroles claires.

- Seigneur Odium, guerrière Alshain, au rapport.


Elle attendit qu’il lui donnât la permission de s’exprimer.

- Seigneur, grâce à vos instructions, j’ai été en mesure de faire mes preuves et d’accomplir avec succès les missions qui m’ont été confiées par l’Impératrice sur Makem Te, énonça-t-elle, non sans une pointe de fierté dans la voix. Je maîtrise par ailleurs le pouvoir que vous m’avez enseigné, et j’ai pu même abattre une Jedi sur Makem Te, sans l’ombre d’un regret.

C’était vrai. Elle avait pensé que tuer la kaminoan lui ferait quelque chose… mais non, elle n’avait rien ressenti du tout. Elle n’était d’ailleurs pas certaine de l’avoir mise à mort : le temps était trop précieux pour s’attarder sur la condition physique de leur adversaire. Si elle n’avait pas péri tout de suite, sûrement cela était-il arrivé quelques heures ou minutes plus tard, car les blessures de la Jedi ne lui avaient certainement pas permis de rentrer seule dans son camp.

Mais maintenant qu’elle avait accompli son devoir, pourquoi revenait-elle vers Darth Odium, au juste ? Elle le considérait comme un mentor, et ne se voyait pas spécialement faire son rapport à qui que ce soit d’autre. Il était un guide en lequel elle avait confiance, au contraire de tous les autres Seigneurs Sith qu’elle avait croisé. Et en particulier, elle avait besoin de quelqu’un de confiance pour assurer l’avenir de son prisonnier : hors de question de laisser mourir un tel potentiel ; elle ne voulait pas qu’un Darth Valeras ou une Darth Calliope l’exécutassent sur un coup de tête. Elle était particulièrement fière de sa prise, on ne la lui gâcherait pas ainsi.

- Par ailleurs, Seigneur Odium, je vous ramène… un homme de potentiel,
fit-elle en regardant cette fois Emhyr. C’est un bretteur hors pair, doté d'une sensibilité à la Force, qui m’a aidée lors de mes missions sur Makem Te. Je pense que… nous pourrions en faire quelque chose.

Son regard chercha de nouveau celui du Chagrien, dont elle cherchait inconsciemment l’approbation. Elle craignait que le Seigneur ne décidât qu’Emhyr n’en valait pas la peine. Que lui arriverait-il alors ? Serait-il exécuté, là, devant elle ? Ou envoyé dans les salles de torture pour servir de cobaye aux apprentis ? Pourquoi ces éventualités-là la frustraient-elles autant ?
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A peine posée, la navette laissa déjà choir sa rampe de sortie. Laquelle s'abattit en un bruit de métal sourd, heurtant le sable et peut-être quelques rochers. Même sans voir la luminosité atroce qui venait de l'extérieur, Emhyr pouvait sentir la chaleur émanant de la planète. Il savait où il était, pour en avoir entendu parler plusieurs fois. Il n'y avait qu'un seul monde, chez les Sith, où une telle chaleur et un tel environnement était possible : Korriban. Son travail allait pouvoir commencer, si tant est qu'il pouvait y avoir un travail à faire, quand il s'agissait de jouer au prisonnier converti. En parlant de ça, il se leva, tourna la tête vers le soldat impérial qui ne le quittait pas d'une semelle depuis l'entrée dans cette navette, sur ordre de Myir.

 « Quand je serais devenu un Sith, je vous retrouverais. Et là, on verra qui est le plus faible des deux. Bonne journée ! »

Souviens-toi de qui tu es. Difficile à oublier, tant il se sentait étranger en posant le pied sur le sable orangé de la planète. Il n'y avait pas grand chose de notable, ni même d'impressionnant, en fait, ici. Des rochers, du sable surtout, à perte de vue. Des montagnes, certaines proches et certaines lointaines. Rien qui ne soit véritablement marquant de l'emprise des Sith sur cet endroit. Phindar était plus impressionnant, en vérité. Mais peut-être n'était-ce qu'une illusion. Que derrière cette apparence d'austérité se cachait justement l'ennemi, tapi dans l'ombre. Ca ressemblait bien aux Sith, et par conséquent c'était tout à fait possible.

Son œil exercé balaya les alentours, alors qu'il suivait docilement Myir vers le bâtiment principal. L'Académie. Entourée d'un ensemble tout sauf organisé. Mais le vrai danger est à l'intérieur. Débarquer est aisé, si on sait où se poser. Prendre l'endroit d'assaut est une autre affaire. Mais s'il y avait quelque chose ici qui le frappait vraiment, c'était plutôt le fait que tout était... orange, ici. Les pierres, le sable, même les couleurs du bâtiment principal semblaient s'imprégner des grains incrustés sur les murs. Et dans la Force, c'était encore différent. Tout était chargé d'une sensation étrange ici. Pas tant le Côté Obscur, qui, s'il était présent, ne paraissait pas plus menaçant qu'ailleurs dans la Galaxie. Mais plutôt un sentiment permanent de danger. Une tension, dans l'air et dans la Force. Un avertissement aux non-initiés : la mort pouvait venir à tout instant ici.

Rien de notable pour l'intérieur, en fait. De hauts murs, de la propreté, des statues, des bannières, des Sith en masse, des esclaves, quelques soldats, mais rien de vraiment important. Il n'avait peut-être pas non plus la capacité à bien analyser la situation ; fatigue et blessures le rendaient faibles. Il avait eu le droit à des soins sommaires et à un passage devant le miroir. J'aurais pu rire de ma tête de cadavre si j'étais rasé. Mais même ça, je n'ai pas le droit. Il se gratta le visage, là où il sentait des poils rêches commencer de pousser. Ca aurait peut-être l'avantage de le faire changer aux yeux des autres, cela dit. Son regard tomba sur le dos de la Twi'lek, devant lui, et il se laissa doucement bercer par le balancement des lekkus, le temps que le trajet se termine.

Il fut tiré de ses pensées par le dénomme Odium. Il nota ce nom dans sa tête, et détailla le Chagrien du regard. Même au sommet de sa forme, Emhyr ne lui aurait pas tenu tête : c'était un colosse. Il ne doutait pas que les couleurs de sa peau avaient un quelconque rapport avec le Côté Obscur, mais il se garda de dire quoique ce soit. En fait, il avait plutôt l'intention de rester silencieux pour l'instant, laissant Myir parler à sa place. Et pourtant, il ne put s'empêcher de parler, dès qu'elle eut terminé de parler. Avec un grand sourire aux lèvres, il exécuta une courbette à l'intention du Sith.

 « Emhyr, pour vous servir. N'y voyez qu'un compliment, mais j'adore l'effet de lumière sur votre peau. Très tendance. Myir a été assez aimable pour me faire visiter le sable de Korriban, mais pas les douches ni les lits. Ne lui en tenez pas rigueur, abîmer sa jolie peau me chagrinerait, je vous prie. Oh, et je suis à 100 % de votre côté. Vive l'Empire et l'Impératrice, hein ? »

Le Jedi qui fait semblant de ne pas avoir peur, de s'en foutre. Le bad guy, quoi. Je l'ai peut-être un peu trop bien joué, vu son regard. Miséricorde, dans quoi je me suis foutu moi...

Dans une sacrée merde, probablement.
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Odium se saisit de l'un des rapports qui traînaient sur son bureau. La situation sur Felicia était catastrophique. Les féluciens avaient tout bonnement déclaré leur indépendance. Un choix dangereux. Le chagrien avait requis différentes solutions pour mettre fin à cette délicate sédition pour l'Empire. L'impératrice avait finalement opté pour la voie la plus prosaïque. Il ne faisait nul doute que cela donnerait des résultats intéressants. Le Castellan Noir s'inquiétait surtout des dissidences qui commençaient à créer des instabilités dans la machine bien rodée qu'était l'Empire Sith. Il faisait de son mieux pour colmater les révoltes, apaiser les tensions quand il le fallait, parfois avec l'aide de Valeras, parfois avec des apprentis. Il ignorait combien de temps la situation allait durer. Maintenant Felucia. On frappa à la porte.

- Entrez !

Le chagrien posa ses dossiers sur coin de son bureau. Son regard mordoré se braqua sur les nouveaux venus. Myir avait été exemplaire sur Makem Te. Ses actions et sa réussite avaient permis d'atténuer un peu l'échec de l'Empire lors des derniers événements. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de fierté quand elle annonçait que c'était grâce à son enseignement qu'elle devait son succès. Odium avait su rapidement que la Twi'Lek ferait un bon élément pour l'Empire. Un élément calme, efficace, redoutable.

- L'Empire peut s'enorgueillir d'avoir des membres tels que vous dans ses rangs, guerrière. Rompez. Vous avez abattu un jedi ? Impressionnant ! Ces bestioles ne se laissent pas abattre aisément...

Odium observa l'homme que la guerrière lui avait amené. Un ancien jedi. Il sentait la Lumière mais pas de cette manière forte et indubitable. C'était plus discret, l'homme s'était détourné, ce qui rendait d'autant plus difficile ses projets à lire dans la Force. Le Sith n'arrivait pas à déterminer la volonté réelle de l'individu. Ce n'était pas inhabituel. Il était même assez courant que les utilisateurs de la Force finissent par développer des moyens de défense, parfois par réflexe, pour éviter que l'on lise dans leur esprit de manière trop aisée. L'homme ne semblait pas agressif. Il avait le visage rongé par la fatigue et la souffrance mais gardait le regard vif. C'était un homme déterminé. Il avait également la langue bien pendu.

Darth Odium était un imposant chagrien dont l'apparence suffisait en général à faire taire les insultes et les moqueries. L'homme pouvait-il sérieusement comprendre la raison de la teinte de sa peau, la douleur dans la dévotion quand l'encre avait pénétrer sa peau sur chaque parcelle de son corps ? Certainement pas. Il était encore trop tôt, il semblait encore trop ignorant, l'esprit habité par les préjugés et les mensonges qui parcouraient la galaxie comme la peste, la pensée empoisonnée par le caractère dogmatique et étroit de la formation des jedi. Odium eut un bref rictus qui dévoila ses crocs de prédateur antique.

- Trêve de compliments, je vais finir par rougir.

Un sacré petit plaisantin ce brave homme. Le chagrien retrouva instantanément son sérieux, son large visage tendu par la concentration lui donnant l'air vaguement menaçant.

- Je suis Darth Odium. Seigneur Sith, je siège également au Conseil Noir en tant que Castellan. Si j'étais vous j'éviterais ce genre de scène auprès de Darth Laduim ou de la Main Noire, ils n'ont pas un sens de l'humour particulièrement développé. Un bretteur hors pair donc ? Sensibilité à la Force ? Sans vouloir vous vexer vous ne ressemblez pas à un jedi. Les jedi sont un peu plus… dignes, habituellement. Que savez-vous des Sith ?

Il espérait que le dénommé Emhyr savait ce qu'était le Conseil Noir ; Il ressemblait à un clochard spatial. Il devait avoir quitté le Temple il y a un bout de temps. Odium doutait sincèrement que les jedi aient un sens de l'humour particulièrement exacerbé. Il les voyait comme des vieillards cacochymes et imbus d'eux-mêmes incapables de se remettre en question. Il avait du mal à imaginer la prise de Myir comme un vrai jedi. Darth Odium se leva avec un peu de difficulté. Sa prothèse était douloureuse depuis ce matin mais il faisait fi. De toute façon il dominait largement ses deux invités.

- Je suppose que vous allez pouvoir me montrer les multiples talents que la guerrière Alshain vous prête. Quelle forme du sabre est votre préférée ?

Le chagrien avait toujours considéré cette composante comme un signe important du caractère de son interlocuteur. Pour sa part, avant de devenir inutile sur le champ de bataille, Odium appréciait particulièrement la makashi. Il fut même capable de manier les deux sabres qu'il maniait à sa ceinture. Il avait gardé la technique et le savoir-faire de l'art de combattre à deux lames mais il ne parvenait plus à l'appliquer réellement.
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La Twi’lek sentit brûler en elle le feu de l’orgueil lorsqu’elle entendit les compliments du chagrien. Elle se délecta de ces émotions chaleureuses : ici, sur Korriban, il n’était pas interdit d’être fière de soi, surtout quand on le méritait. Auprès du Conseil Jedi, jamais telle récompense, jamais telle reconnaissance ne lui auraient été permises.

Ce bref instant de félicita fut toutefois rapidement balayé par les propos de son prisonnier, qui avait décidé de faire un entrée auprès du Seigneur… Toute particulière. Myir tourna vers lui son visage fermé pour lui jeter un regard noir et lourd de reproches. Mais à quoi jouait cet imbécile ?? Essayait-il donc de se faire tuer ? Quelle chance il avait qu’elle l’eût amené à Darth Odium, et non à un Sith sanguinaire qui, à pareilles assertions aurait répondu par une exécution sommaire… ou pire.

Le Chagrien se leva, les toisant de toute sa hauteur et ajoutant au contraste qui faisait paraître Emhyr comme un tout petit être, presque misérable. Il était épuisé, c’était évident. Voilà pourquoi il se comportait ainsi. Il était à bout, effrayé, peut-être pensait-il qu’il allait mourir, et donc il détrompait son esprit avec un brin d’humour absurde. Ou alors… Ou alors, il faisait ça pour décrédibiliser l’acte de Myir, pour faire échouer son projet de remettre un trophée à son camp. La Twi’lek fronça les sourcils et détourna son regard de son prisonnier. Elle l’avait tellement admiré, sur Makem Te, et voilà que désormais il l’agaçait. Il allait falloir qu’elle intervînt, contre sa volonté s’il le fallait, si elle voulait qu’il s’en sortît à peu près indemne.

Myir fit un pas vers le Seigneur Odium pendant que celui-ci posait ses questions.

- Seigneur Odium. Emhyr s’est soumis à ma volonté après un combat acharné durant lequel il a été gravement blessé. Après quoi, il m’a aidé à tromper les gardes du centre de défense planétaire de Makem Te et a même menacé et tué pour que je puisse en prendre le contrôle. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers les otages dans les souterrains de Mille Mille, et c’est là que j’ai abattu la Jedi… Avec encore une fois l’aide d’Emhyr. Alors qu'il aurait pu en profiter pour me tuer, j'étais en position d'infériorité s'il s'était allié à la Jedi. Mais il ne l'a pas fait.

Oui, il avait bien fait tout cela, songea-t-elle en lui accordant malgré elle un nouveau regard, comme pour lui rappeler ses propres actes. Puis elle s’intéressa de nouveau au Chagrien en espérant que son bref récit pût mettre en exergue la valeur de son prisonnier.

- Il n’est pas l’un des nôtres pour autant, j’en ai bien conscience. Mais, soumis à notre volonté… Il serait un atout considérable contre nos ennemis sur le terrain.

Elle se doutait que cette formulation ne plairait pas à l’humain. Tant pis : elle faisait cela pour sauver sa vie, ou bien lui épargner l’assignation misérable qu’il se réservait s’il continuait à se comporter ainsi face aux Seigneurs de Korriban. Finalement, elle ne voyait qu’une seule solution pour qu’un tel élément fût accepté parmi les rangs des Sith : qu’il fût étroitement surveillé. Que l’Empire eût une garantie.

Myir prit une inspiration, comme pour rassembler son courage.

- Il ne nous est pas loyal. Pas encore. Mais nous pourrions le former comme vous m’avez inculquée ma loyauté envers l’Empire. S’il le faut, je suis prête à m'en charger. Sous votre contrôle et vos consignes, bien entendu. Je me porterai garante de son allégeance… Ou l’exécuterai moi-même si je constate qu’il s’agit d’un échec.

Elle avait dit cela sans quitter le Seigneur du regard, ses yeux dans les siens pour lui montrer son honnêteté. Oui, elle voulait avoir sa place dans l’Empire. Faire ses preuves comme guerrière et acquérir la reconnaissance de l’Empire : c’était fait. Maintenant, la prochaine étape était de montrer qu’elle pouvait être un véritable leader. L’était-elle ? Pas encore. Il lui faudrait du temps… Et des pions. Et un bras droit en qui elle pourrait avoir confiance. Or, un tel élément ne se trouverait ni sur Korriban, ni sur Dromund Kaas, elle le savait. Elle avait besoin de quelqu’un qui avait la même intelligence qu’elle, mais qu’elle maîtriserait suffisamment. Or, les apprentis étaient de petits imbéciles qui ne chercheraient qu’à la supprimer à la première occasion. Non, Emhyr était le candidat parfait.
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Le regard d'Emhyr se durcit aux mots de la Sith à ses côtés. Avait-il donc été si idiot au point de croire qu'on le laisserait déambuler à sa guise ? Non, probablement pas. Mais il se doutait bien qu'il n'y aurait pas que des bons côtés, au contraire. Il avait tout de même commis une erreur : celle de croire qu'il pourrait rester tel qu'il était. Vivre chez les Sith, que ce soit ou non en restant loyal à la République, allait être difficile. Très difficile. Ce n'était pas tant le choc culturel, ou même le fait qu'il se trouvait sur une planète de sable orange et à la chaleur insupportable. C'était surtout parce qu'ici, le Côté Obscur et les Sith avaient tendance à tout changer.

Il inclina légèrement la tête en direction d'Odium, conscient d'avoir été un peu trop loin. Un peu d'humilité ne fera pas de mal. D'autant que j'ai vraiment besoin d'une douche. Et maintenant, il allait répondre à ses questions. Et lui prouver qu'il en savait bien assez pour être à la fois prometteur et dangereux. Les meilleurs candidats. Ceux qu'il fallait maîtriser et former en même temps.

 « Je n'aurais pas la prétention de connaître sur le bout des doigts votre politique et votre façon de voir les choses, seigneur Odium. De manière générale, j'ai découvert que les Sith voient la Force comme un outil, un moyen de parvenir à leurs fins, aussi diverses soient-elles. La plupart se limitent à cette vision étriquée, afin d'assouvir leurs désirs et leur soif de pouvoir, recherchant toujours davantage de façon de maîtriser la Force, à n'importe quel prix. Le pragmatisme, voilà ce qui caractérise les Sith. Mais pour certains, et ceux-là ont mon plus grand respect d'avoir une telle vision, la Force n'est pas juste un outil. C'est aussi une entité. Ils mêlent les visions Jedi et Sith, confondant les codes bien établis dans les têtes des jeunes, pour en ressortir grandis. J'ai moi-même cette vision, bien que je ne sois pas un Sith. Seuls les aveugles se bornent à un seul point de vue. »

Il marqua une pause, jetant un coup d'oeil vers Myir avant de poursuivre. Merci de m'avoir sauvé, très chère.

 « Je pourrais continuer longtemps sur ma vision, votre vision, leur vision... Peu importe au final. Vous ne me voulez pas pour ma façon de voir les choses. Mais bien pour mes talents au sabre, comme en témoigne votre dernière question. Pour y répondre, sachez que je préfère un subtil mélange fait maison de Soresu et d'Ataru. Ni trop de défense, ni trop d'attaque. Et ce que ma chère Myir ici présente vous a dit est vrai aussi. Mais, un brin d'honnêteté ne fera pas de mal, alors je vais vous dire clairement pourquoi je suis là. »

C'était le moment d'être convaincant. Il en était capable.

 « Ma première idée était de me faire prisonnier et de vous espionner. Normal, me direz-vous, et je suppose qu'on ne peut pas en attendre moins. Mais j'ai rapidement réalisé qu'un tel objectif était voué à l'échec, aussi me suis-je posé la question : pourquoi pas rester et découvrir des choses que je ne saurais découvrir ailleurs ? On sait parfaitement, tous les trois, que je ne saurais probablement jamais un vrai Sith. Ni même aussi délicieusement rouge que vous. Mais la curiosité me pousse à venir vers où. Après tout, vous avez su retourner Myir, n'est-ce pas ? Alors essayez un être un peu plus coriace. »

Il avait vu juste pour Myir, il le savait. Il avait noté la réaction dans le mouvement gêné de la Twi'lek, l'éclair dans les yeux d'Odium. Il avait vu juste, mais pour autant il n'était pas certain d'avoir fait ce qu'il fallait. Les Sith étaient bien plus complexes à influencer que les Jedi, car il ne suffisait pas de leur faire miroiter des moyens de contrôle. Surtout qu'avec Odium, Emhyr était plus ou moins persuadé d'avoir affaire à un individu plus intelligent que ses congénères. Ceux dont la vision n'est pas étriquée. Mais verra-t-il clair dans mon propre jeu ? Ou est-ce qu'il se laissera abuser?
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Spoiler:

Tout en écoutant Myir parler, Odium reporta un regard circonspect sur le nouveau venu. La difficulté qu'il avait à lire dans la Force qui entourait Emhyr ne signifiait qu'une seule chose : il s'agissait de l'un de ces éléments inclassables qui étaient incapables de se retrouver dans les catégories de pensée classique qui entouraient la Force. C'était un électron libre, un indépendant, le genre d'élément qui était mal vu aussi bien par l'Ordre que par l'Empire, car même si l'un et l'autre se prétendaient de mode de pensée contraire, les deux mastodontes gardaient un point commun : ils étaient des groupes sociaux structurants nécessitant des membres loyaux capables de suivre des règles. Même l'empire avait, sans mauvais jeu de mot, ses propres moutons noirs. Il arrive que certains membres soient bien trop chaotiques pour s'imbriquer dans les chaînons de l'organisation impériale, ils devenaient alors des jedi noirs. Mais Emhyr ne semblait pas appartenir à cette catégorie.

Ce qui frappa le plus l'imposant chagrien, outre le fait que l'on trouve le rouge de sa peau « délicieux », était que la guerrière semblait persuadée que son invité saurait rejoindre les rangs. Le dit invité prévint quand à lui qu'il n'était pas un bon matériau du côté Obcur. Sans doute était-ce le cas à cet instant. Sans doute cela pouvait-il évoluer avec le temps. Il ne connaissait pas encore les us et coutumes des loyaux de l'Empire mais sans réelle volonté de s'adapter ou de faire partie du tout, ce serait d'une complexité indéfinissable.

- C'est très courageux d'admettre votre volonté première, j'apprécie votre honnêteté, bien que je sois curieux de savoir pour quel partie extérieure vous comptiez partager des informations ? Pas l'Ordre jedi, ils vous auraient jeté depuis longtemps si vous n'êtes pas parti par vous-même...

Il n'était pas certain d'Emhyr. Myir avait raison par certains côtés. Il y avait une pénurie de bons éléments parmi les guerriers et l'humain représenterait un asset non négligeable alors qu'au vu des derniers événements il était certain que des éléments inconnus cherchaient à provoquer des conflits entre la République et l'Empire et à plonger la galaxie dans le chaos. Quelqu'un cherchait de toute évidence à diviser pour mieux régner et il fallait se préparer à tout et Odium doutait de la capacité de l'Empire à résister à une guerre générale en l'état des choses. Mais Emhyr n'était pas homme à se dédier à une cause aussi aisément.

- Allons, allons. Malgré ma ravissante couleur rouge je m'intéresse non seulement à vos qualités personnelles en plus de vos talents au sabre.

Odium se souvint de quelques mots qu'avait prononcés Myir. Il avait eu l'occasion de s'allier avec une jedi et il ne l'a pas fait. Il avait une raison précise d'être ici et si ce n'était pas pour espionner c'était pour une autre raison. Raison inconnue qui poussait Odium à la plus grande méfiance. Le seigneur Sith jugea qu'il était encore tôt, ou du moins que le moment n'était pas approprié. Emhyr n répondrait pas de manière honnête, bien que le chagrien fut curieux de connaître la vérité. Il se tut et préféra revenir sur l'art du sabre même si Emhyr se trompait. Même s'il était le plus grand maître du sabre de ces temps, le duelliste le plus redoutable de la galaxie, ce n'était rien s'il retournait sa veste. A terme il pouvait causer plus de dommages.

- Un mélange d'ataru et de soresu ? Vous devez être une personne très ambivalente ?

L'ataru était une forme de combat dynamique et agressive, presque exclusivement dirigée sur l'attaque. Le soresu était un style défensif. Emhyr avait surement tenté de créer un style de combat aussi équilibré que possible.

- Myir, qu'est-ce que qui vous fait pensé qu'il pourrait devenir un Sith valable malgré ses talents au sabre ?
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Myir fut soulagée d'entendre son compagnon se décider enfin à prendre leur conversation au sérieux. Il montrait enfin quelque déférence envers le Seigneur Odium, ce qui eut pour effet de détendre sensiblement la Twi'lek, qui se mit à respirer plus paisiblement, l'oreille attentive aux échanges de deux autres protagonistes.
Emhyr faisait preuve d'une analyse philosophique de la Force qui, bien que présentée succinctement, était la preuve qu'il avait conduit une réflexion avancée sur la question. Qu'il était doté d'intelligence. Myir n'était pas sûre d'avoir elle-même eu véritablement cette démarche. Les aspects philosophiques des choses ne l'intéressaient guère : les mots et les pensées n'étaient que bien accessoires aux résultats qu'elle ambitionnait. Les actes, les évènements, les faits. Voilà qui captivaient généralement son attention, ainsi que les stratégies qui pouvaient les relier entre eux.

La Twi'lek échangea un regard avec l'humain, sans comprendre exactement pourquoi il lui avait fait ces yeux froids. Il était rentré dans le rang, au moins en apparence, pour s'adresser à Darth Odium et c'était tout ce qui comptait. Elle se contenta de rester stoïque.

Elle ne put toutefois empêcher ses yeux de s'arrondir lorsqu'Emhyr poursuivit ses déclarations. Se faire prisonnier ?! Sous-entendait-il qu'il s'était laissé vaincre ? Quel grossier mensonge ! Elle l'avait vu se battre, elle savait quand on se jouait d'elle. Elle l'avait blessé à plusieurs reprises, elle se souvenait de sa respiration, sa sueur, ses yeux de vaincu lorsqu'il lui avait demandé d'arrêter le combat là. Certes, il avait trouvé un moyen de rester en vie, et c'était peut-être à ce moment-là qu'il avait décidé de jouer les prisonniers pour espionner les Sith. Mais l'orgueil de la Twi'lek était toutefois considérablement piqué d'avoir pu rater une telle intention chez son compagnon d'armes. Ce fut pourquoi elle répondit froidement à Emhyr, lorsque celui-ci mentionna le revirement de Myir :

- Je n'ai pas été "retournée" par le Seigneur Odium, Emhyr. J'ai choisi de quitter les Jedi et de suivre l'Impératrice pour des raisons que vous ne sauriez comprendre, à la suite d'évènements qu'il serait inutile de vous conter : vous n'êtes pas prêt à les entendre.

Son ton était mordant, mais son regard resta obstinément dirigé vers le Chagrien, dont la vue imposante l'aidait à conserver son calme. Darth Odium avait un étrange effet apaisant sur elle... Mais sur l'humain, visiblement, il avait pour effet de lui faire exposer une personnalité arrogante. Pour qui se prenait-il, pour préjuger ainsi de son passé ? Myir inspira lentement. Pourquoi, d'abord, s'énervait-elle à ce point à cause de lui ? Ce qu'il pensait d'elle n'aurait dû lui faire ni chaud ni froid. Et si Darth Odium lui confiait la garde d'Emhyr, elle saurait lui rappeler qu'il lui devait la vie. Cette pensée la calma temporairement.

Les questions du chagrien, en attendant, étaient pertinentes. A qui Emhyr aurait-il voulu revendre l'information ? Bonne question... Mais entre les Hutt, la République, les Jedi... de nombreux candidats seraient prêts à payer pour obtenir des informations cruciales concernant l'Empire. Des informations internes. Myir tâcha de se promettre de ne pas prendre trop de risques de confidentialité avec l'humain, à l'avenir. Que lui avait-elle déjà transmis par inadvertance ?

Ses réflexions furent balayées par la question de Darth Odium. Elle prit quelques instants pour réfléchir. Emhyr pourrait être loyal, un jour... Elle sentait chez lui cette aspiration à un équilibre qu'un sens apporté à sa vie pourrait éventuellement combler. L'Empire le pouvait-il ? Il le faisait bien pour elle, pourquoi pas lui ? Cependant, l'humain avait encore trop d'a priori sur les Sith, voire sur lui-même, ce qui le poussait à rejeter toute idée de loyauté envers l'Empire un jour. Il se connaissait certainement très mal. Comment pouvait-il en être autrement ? En attendant, il était venu pour une raison. Et si ce n'était par loyauté, c'était que l'Empire avait quelque chose à lui offrir d'autre. Quelque chose qu'elle et le chagrien finiraient peut-être par découvrir.

- Je pense qu'Emhyr n'est que peu concerné par les conflits intergalactiques, commença-t-elle pour exposer son analyse. Il est homme à poursuivre ses propres objectifs, selon ses propres moyens et sa propre vision de la Force. C'est certainement pour cela qu'il n'a pu rester enchaîné au Code Jedi...

Elle fit une pause, et déposa sur l'humain un regard pensif, comme si elle ne voyait plus l'individu derrière ce masque de nonchalance, mais une créature unique, d'un intérêt scientifique assuré.

- Je l'admets, je n'ai aucune idée de ses objectifs, ajouta-t-elle en se tournant de nouveau vers le seigneur Sith. Mais j'ai comme l'intime conviction que s'il consentait à ouvrir ses désirs à l'Empire... Ou bien à une partie de l'Empire... Alors l'Empire pourrait l'aider à atteindre au moins certains de ces objectifs. Si ceux-ci sont capitaux à ses yeux, je ne doute pas qu'Emhyr comprendrait l'importance de passer un marché d'égal à égal, où l'Empire trouverait son compte, lui aussi.

Restait à savoir si Emhyr était prêt à avouer quelques unes de ses motivations dans un avenir plus ou moins proche... Et si l'Empire saurait accepter de négocier. L'Impératrice, selon l'analyse de la twi'lek, disposait d'une tonne de chair à canon, mais finalement de peu de figures de valeur, de combattants hors pair. L'épisode de Makem Te en était la preuve : stratégiquement l'Empire s'en était bien sorti, mais du point de vue de la pure confrontation, les Jedi leur avaient été supérieurs... C'était pourquoi ils avaient dû battre en retraite. Ils devaient renforcer leur force de frappe pour contrer les Jedi, dont n'hésiterait pas à se servir la République. Et pour cela, une personne comme Emhyr pouvait être un atout considérable.

- Je sais que cette analyse revient à dire que nous pourrions faire d'Emhyr un mercenaire à notre solde avec son accord, admit-elle à contre-cœur, mais je sais aussi qu'il a l'intelligence de reconnaître de bons partenaires lorsqu'il en voit. Un premier contrat équitable pourrait être le début d'une longue coopération favorable à l'Empire. En particulier contre des Jedi aguerris... Dont il saura certainement se défendre aussi bien que moi, contrairement à nos hordes d'apprentis qui manquent d'expérience, ainsi qu'à nos soldats, qui font de bonnes troupes contre la République, mais qui seront balayées par l'usage de la Force.

Elle s'interrompit là, se demandant si Darth Odium verrait dans son exposé des failles qu'elle n'avait encore su déceler.
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Gardant son calme et le silence face à l'invective de la Twi'lek, Emhyr pressentit que ce qui allait suivre pouvait être instructif. Elle avait des réserves plus que légitimes à son sujet, et même, elle se croyait au-dessus de lui. Son parcours, de son point de vue, était un objet d'une plus grande importance qu'il ne saurait l'imaginer, et cela le fit presque sourire. Presque seulement, car en vérité il témoignait d'une arrogance typique des Sith va-t-en guerre. Il espérait simplement qu'elle parlerait un jour, car si elle ne le faisait jamais, cela ne pourrait signifier qu'une chose : qu'elle ne serait jamais au niveau d'Odium.

A propos du Chagrien... C'était étrange, de se tenir là, à l'écouter et à parler avec lui, alors qu'il était un prisonnier, un ex-Jedi, un espion de la République (ça, il espérait bien le garder pour lui quelques temps). Par principe, il détestait certains aspects de l'Empire, en particulier l'esclavage. Il ne pourrait jamais corroborer cela. Mais là où c'était étrange, c'est qu'il était réellement et sincèrement – se surprenant lui-même – fasciné par ce qu'une conversation avec Odium pouvait apporter. Il commençait à se dire que jouer les espions allait être plus difficile que prévu. On m'a pas vraiment formé pour ça, à vrai dire. J'ai choisi moi-même de venir ici. Il repensa à Konstancja, et essaya de se convaincre qu'il faisait ce qu'il fallait. Ce qui n'était pas plus facile.

Il essaya d'imaginer tous les scénarios possible, à partir de là, maintenant, se laissant guider par son esprit et par la Force. Le premier qui lui vint à l'esprit fut le pire, sans doute ; il se vit finir Seigneur Sith, corrompu par le Côté Obscur et une soif de pouvoir qui n'était pas la sienne. Il se voyait devenir un homme qu'il préférerait tuer. Mais cette fin, aussi sombre était-elle, n'était pas la pire, en fin de compte. Non, il y avait pire. La seconde vision, celle où il était devenu aussi un Sith, différait en ceci : il n'était pas juste corrompu, il était devenu profondément mauvais. Il se voyait retrouver son amie, Konstancja, son ancienne Padawan, Lyanna, et les tuer toutes les deux pour effacer son passé. Il préféra se concentrer pour passer à une autre vision.

La troisième fut plus... clémente. En fait, elle était carrément utopique. Pendant qu'Odium et Myir parlaient, lui, essayait de ne pas trop laisser la Force lui montrer des choses impossibles. Surtout pas la vision d'une Myir moins corrompue, se battant à ses côtés pour des causes qui ne regardaient qu'eux. Il avait tenté de le faire par le passé, avant de sentir qu'il devait le faire pour la République. Mais tout cela paraissait impossible, hautement improbable en tout cas. Aussi se réconforta-t-il quand la Force lui montra, dans une quatrième et dernière vision, un Emhyr non atteint par la corruption de l'Obscur, mais qui faisait ce qu'il lui paraissait juste pour survivre et améliorer les choses autour de lui. Dans l'Empire ? Impossible à dire. Mais si c'était possible...

Si la Force le montre, c'est que c'est possible. Mais y parvenir ne sera pas évident. Il va falloir des concessions. Et il avait désespérément besoin d'une pause, là. Genre une douche, de quoi se raser, et possiblement dormir. Il se doutait que les Sith n'aimeraient pas un tel aveu de faiblesse, mais lui s'en fichait pas mal sur le coup. D'autant qu'une sacrée envie de pisser venait de le prendre.

 « Euh, dîtes, excusez-moi d'interrompre ce débat fort enrichissant culturellement parlant... mais en fait j'aurais vraiment besoin d'un passage aux toilettes. Et, si ce n'est pas trop demandé en ma qualité de prisonnier, une douche et quelques heures de sommeil ? J'dis ça, c'est pas que pour moi. Allons, seigneur Odium, regardez-la, la pauvre Myir, elle a l'air sur le point de s'effondrer de fatigue. »

Il adressa un clin d’œil à la Twi'lek, par simple espièglerie. Au fond, il s'attendait à recevoir des coups, plutôt que ce qu'il demandait. Ca aurait été moins surprenant, en plus. Il était prisonnier chez les Sith, après tout. Les méchants. Les bad guys.
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Le regard d'Odium vrilla sur Emhyr, un éclair d'aberration brillant furtivement les pupilles mordorées du seigneur Sith. Par la Force il s'était sérieusement mis à geindre.s Etait-il comme ces enfants qui ne supportaient pas que l'attention soit détournée pendant quelques instants de leur petite personne ? Aimait-il tant que cela taper sur les nerfs des personnes qu'il venait à peine de rencontrer et qui tenaient son salut dans la paume de leur main ? L'homme lui rappelait un peu cet énorme et agaçant hutt qui avait tenté de lui faire perdre son calme à grand renfort de mauvaise foi sur le Star Home. Erreur somme toute classique des ignorants qui étaient persuadés que les Sith perdaient leur sang-froid dès qu'on les titillait plus de trente secondes.

- Je suis actuellement en train tergiverser pour savoir si oui ou non je vous laisse la vie sauve. Alors retenez-vous ou je vous garantis que vous ne pourrez plus vous soulager sans l'aide d'une tierce personne !

Myir tenait-elle sérieusement à servir de nounou à ce blondinet insolent ? Le chagrien avait l'étrange impression qu'il cachait sa peur derrière ses sarcasmes. Beaucoup de petites frappes avaient cette amusante tendance. Malgré cela, les arguments de la Twi'Lek faisaient mouche. Ils manquaient de forces vives. Beaucoup des nouvelles recrues ne parvenaient à compléter leur formation, aboutissant à un creux démographique assez troublant pour alerter jusqu'à Dart Laduim. L'échec de l'Empire était-il imputable à cette faiblesse structurelle ? Les Sith pouvaient-ils se permettre le luxe de refuser des bras alors que la situation politique était encore très instable ? Odium leva les yeux vers l'homme et demeura quelques instants silencieux.

- Je vais rester sur ma décision. Je pense que vous êtes venu avec une idée en tête et j'espère que cette idée n'était de détruire l'Empire Sith de l'intérieur parce que vous êtes, soyons réaliste, un clochard affaibli qui meurt d'envie de pisser. Mais Myir semble croire en votre potentiel et vous avez gagné son respect, j'imagine autrement que grâce à votre éloquence ou à votre personnalité solaire parce que vous êtes loin de m'éblouir en ces matières.

Darth Odium se leva. Malgré la hauteur de la pièce, ses cornes cerclées de métal frôlaient le plafond. Il dominait sans peine la Twi'Lek et l'humain. Il se dirigea d'un pas tranquille vers la sortie de son bureau en intimant les deux autres à le suivre. Korriban était encore calme à ses heures de forte chaleur. L'activité se réduisait aux salles d'entraînement à l'abri du soleil brûlant et aux reflets ardents du désert.

- Vous comprendrez cependant que malgré la confiance que m'inspirent vos paroles, guerrière, je souhaiterais tout de même voir notre nouvel ami en action. Ce serait tout de même étrange d'incorporer un étranger si… indécis dans la Force sans même passer quelques tests préliminaires.

Odium n'était pas le plus sévère des seigneurs Sith mais il n'avait aucune envie de passer pour un chef de guerre mou du genou qui passait tous les caprices de sa nouvelle guerrière favorite. Emhyr allait devoir mériter sa place comme n'importe qui.

- Je vais donc vous permettre de vous soulager et de vous laver. De toute évdence le manque d'hygiène vous rend grincheux. En revanche un peu de méditation en guise de repos vous serait suffisant, n'est-ce pas ? Si votre langue fonctionne à plein régime, je ne vois pas de raison d'imaginer que vos facultés motrices et votre maîtrise de la Force soient au point mort, non ? Voici où vous pourrez vous changer rapidement.

Cellule était un mot tout à fait représentatif de l'endroit que désignait le gros chagrien. Le confort de Korriban était assez rudimentaire pour tous ceux qui y étaient au bas de l'échelle. Un pièce nue avec les meubles de stricte nécessite, une étroite ouverture dans le mur laissant passer un vif rai de lumière. Un sol irrégulier sur lequel il y avait un peu de sable mélangé à la poussière. Une bure sombre de Sith pour ne pas trop détonner avec le reste des disciples. Cette chambre

Odium parlait presque avec distraction. Il était occupé à essayer d'imaginer des épreuves pour ce brave Emhyr dont il ne connaissait rien de plus que les louanges de Myir. Il y avait cependant une évidence qui s'imposa à lui comme une révélation divine, il le testerait sur la Force et la guerrière sur le physique, ce qui serait sans doute une épreuve pour elle-aussi. Avait-elle eu jadis quand elle était jedi à former des nouveaux ?

- Dites-moi, Myir, comment pouvez-vous me prouver que ces capacités physiques sont aussi excellentes que vous le prétendez ?
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Nouveau regard noir en direction de l’humain. Elle, fatiguée ? Pas le moins du monde, elle pourrait même lui donner une seconde raclée si Emhyr était candidat ! En croisant le regard épuisé du prisonnier et son clin d’œil, cependant, elle comprit qu’il faisait un trait d’humour. Ah, oui, cette chose censée vous faire montrer vos dents et émettant des sons de gorge saccadés. Elle n’avait jamais eu le sens de l’humour. Elle se revit enfant, au Temple, quand elle prenait des notes en cours et que les autres se moquaient du professeur. Elle n’avait jamais compris l’intérêt de perturber l’enseignement, jamais compris les échanges sociaux qui se faisaient autour de la moquerie ou des jeux de mots. Quand est-ce qu’elle avait ri pour la dernière fois ? Elle ne s’en souvenait pas. Ou peut-être riait-elle parfois, sans s’en rendre compte, lorsqu’elle se battait. Peut-être avait-elle déjà ri avec Emhyr, privilège qu’elle n’accordait guère : elle ne s’en souvenait plus. Elle ne lui sourit pas, mais son expression se fit moins dure. Elle ne savait pas comment réagir face à ce comportement nonchalant qui, pour elle, n’était qu’une erreur d’appréciation des risques : s’il fâchait le Chagrien, il pouvait finir la tête tranchée. Probablement n’en avait-il pas conscience.
Darth Odium lui rappela cependant les enjeux avec une élégance qui aurait pu, cette fois, faire sourire la Twi’lek. Mais elle était fatiguée. Emhyr avait raison, du repos serait le bienvenue, mais elle avait des priorités avant d’aller se réfugier dans sa cellule : établir pour de bon le cas Emhyr en faisait partie.

Sans se faire prier, la Twi’lek suivit le Chagrien dès qu’il se fût levé. Il s’adressa à elle dès qu’ils furent sortis et Myir s’empressa d’acquiescer.

- Tout à fait, Seigneur Odium. Des tests et même une période probatoire sont plus que nécessaires, approuva-t-elle sans connaître réellement la teneur de ces épreuves ni si Emhyr serait à la hauteur.

Elle allait faire des suggestions mais ils s’interrompirent à proximité d’une minuscule cellule dénuée de toute ornementation. Elle ressemblait beaucoup à la chambre de Myir, finalement, sauf qu’elle était encore plus petite. Mais pour la Twi’lek, c’était un confort amplement suffisant. L’Académie n’était pas un lieu de vacances, et elle avait de toute façon du mal à trouver un intérêt particulier dans les tableaux, les sculptures, les moulages et autres holoanimations qui ornementaient certains quartiers de leurs supérieurs. A quoi tout ça leur servait-il ? Myir aimait le terrain, et tout ce confort n’était qu’un signe qu’ils s’étaient empâtés dans un immobilisme complaisant. Une cellule spartiate était tout ce qu’il vous fallait pour vous remettre d’aplomb avant de repartir en mission.

Pendant que le prisonnier découvrait son temporaire petit havre de paix, le Chagrien s’adressa de nouveau à elle.

- Je pourrais le combattre de nouveau sous vos yeux, proposa-t-elle d’emblée. Il ne sera peut-être pas au meilleur de sa forme, mais sur Makem Te, il a su me tenir tête pendant près de quarante minutes. J’ai rarement rencontré une résistance aussi technique et intelligente…

Mais que représentait-elle comme élément d’étalonnage ? Etait-ce pertinent de le comparer à elle-même ? Il fallait qu’elle lui montrât que c’était le cas.

- Je ne suis peut-être pas le plus parfait gage d’excellence au sabre, mais être une bretteuse est bien ma spécialité,
expliqua-t-elle. Au Temple Jedi, je battais beaucoup de mes camarades et même sur le terrain, je n’ai que rarement été vaincue. Par des Sith, ce n’est arrivé que trois fois au cours de toutes mes missions : un seigneur fou du nom de Darth Shakaxhi, bien avant l’évènement de l’Empire, sur Alderaan, m’a donné une raclée dont je me souviendrai toujours.

Il était rare qu’elle fît appel à de vieux souvenirs. Mais c’était un temps fort, un tournant de sa carrière chez les Jedi. La première gifle qui avait tout remis en question. Les deux autres avaient terminé le travail.

- La seconde fois, c’était ici même, sur Korriban. Nous étions sous couverture avec d’autres Jedi au début de l’Empire. Nous avons été capturé… Et Darth Deinos en personne s’était chargé de me torturer.

Elle frémit.

- La troisième fois, sur Byss. Avec l’aide de deux mercenaires, nous avons défait Darth Riakath malgré l’aide de l’Impératrice elle-même,
souffla-t-elle comme si elle souhaitait que seul Darth Odium l’entendît. Mes deux compagnons sont tombés sous leurs coups mais Riakath également… Et je me suis ensuite retrouvée en duel face à Darth Ynnitach. La suite, vous la connaissez.

Darth Ynnitach l’avait mise hors d’état de nuire après qu’elle lui eût tenu tête. Le fait même d’avoir échangé des passes avec l’Impératrice en personne lui semblait être une gageure de ses capacités techniques de bretteuse. De plus, ses trois adversaires invaincus étaient tous des Seigneurs Sith de renom, même si deux d'entre eux avaient finalement été définitivement mis hors d'état de nuire par la suite.

- Bref, j’ai rarement rencontré combattant si prompt à parer mes défenses et m’infliger des attaques… mortelles. Il n’avait pas peur de me tuer. C’est là que j’ai compris qu’il ne pouvait s’agir d’un véritable Jedi.

Elle profita de ce qu’Emhyr était occupé de l’autre côté de la porte de la cellule pour ajouter à voix basse.

- Je pense que c’est une âme égarée qui croit ne pouvoir appartenir à aucun troupeau. Je pense qu’il se trompe. Si nous pouvions lui révéler à lui-même son potentiel... Il pourrait être, en plus d'un bon combattant, un leader de grande qualité.


Elle percevait en lui un charisme non révélé, muselé par les propres croyances négatives d'Emhyr sur sa propre personne. Comme elle, il pouvait un jour s'ouvrir comme une fleur sous le soleil puissant de l'Empire.

Bref, elle était prête à réitérer son combat contre Emhyr sous les yeux de Darth Odium pour lui prouver ses dires. Elle en avait envie aussi. Envie de retrouver les sensations qui les avaient unis, envie de retrouver l'adrénaline qui avait rendu leur danse si haletante. Mais peut-être le Chagrien en déciderait-il autrement. Dans un vieux réflexe peut-être hérité du Temple Jedi, elle s'en remettait à la sagesse de son supérieur.


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Une fois seul dans la cellule, Emhyr se laissa tomber sur le lit, se prenant la tête dans les mains. Bon sang, mais qu'est-ce qui lui avait pris ?! Il aurait du trahir Myir dès le début et éviter qu'elle ne se couvre de gloire et d'arrogance au passage. Il l'avait fait par bonté d'âme ? Non. Par plaisir de vengeance bien froide ? Non plus. Il ignorait ce qui l'avait poussé à tenter une idée aussi stupide que de jouer l'espion chez les Sith, mais ça partait mal, très mal. Et malgré qu'il dispose d'un petit temps de répit, il ne se sentait pas plus calme pour autant. Il commença par se calmer en pissant un bon coup, puis en se déshabillant. En grimaçant et en étouffant des jurons.

Il était couvert de blessures, de boursouflures et d’ecchymoses en tout sens. Absolument partout. Ses muscles lui faisaient mal partout, si bien qu'il ne pouvait retenir de temps en temps une exclamation de douleur. Bon sang, ce qu'il ne donnerait pas pour une nuit de sommeil ! Il était parfaitement conscient que s'il s'étalait dans son misérable lit, il dormirait pendant une journée complète. Il n'était pas prêt de le faire, malheureusement. On était chez les Sith, après tout.

 « Ouais, le confort, vous connaissez pas, hein ? » dit-il en examinant le sol sableux.

Il ne pouvait pas se permettre de se plaindre. Il était conscient d'être relativement bien traité, pour un ex-Jedi, et un prisonnier de guerre de surcroît. S'il avait été un simple soldat, ou un type sans importance, il aurait fini torturé jusqu'à la folie, ou exécuter purement et simplement avant même d'arriver sur Korriban. Il devait sa survie à son importance, ou à ses capacités. Voir à la Twi'lek, dont la simple présence à ses côtés le perturbait. Car il lui devait en partie sa survie, c'était indéniable.

Il vérifia qu'il n'avait aucune blessure trop importante, puis prit une vapodouche du pauvre. Oui, car ici, pas question d'avoir un confort optimal non plus, si bien qu'il s'était presque attendu à recevoir du sable et non la vapeur et l'eau. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Aussi, il se dépêcha, puis, une fois propre – et un peu reposé par l'effet de la chaleur sur ses muscles – il tendit la main vers les vêtements propres qu'on lui confiait. Noir, et encore du noir. Tant pis. On ferait avec.

Un passage par le miroir crasseux le choqua. Certes, il ne s'était pas rasé depuis plusieurs jours, mais ça lui donnait vraiment l'impression, avec les quelques mèches grises de ses cheveux, qu'il avait pris dix à vingt années d'un coup. L'épuisement se voyait sur son visage. Mais peu importait. Je dois continuer, pas vrai ? Comme toujours. Oui, il le devait. Même s'il était à bout de forces, même s'il se sentait plus vieux qu'il ne l'était. Même s'il allait probablement devoir affronter une Sith et son mentor. Même s'il s'apprêtait à vivre d'âpres moments parmi eux.

Il ressortit, essayant de figer un sourire convaincant sur son visage. Aussi convaincant qu'on pouvait l'être pour amadouer deux Sith qui ne voulaient que sa mort, sauf s'il pouvait être utile.

 « Me voilà fin prêt. Merci d'avoir accéder à ma requête, seigneur Odium, c'est bien aimable à vous. Myir, toujours aussi resplendissante, même sans une bonne vapodouche. On s'y met ? »
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Odium leva les yeux au ciel. Décidément, le clochard gris n’était pas prêt de lâcher ses bons mots.

- Excusez-moi de vous décevoir, vous vous attendiez sûrement à une suite royale ? Contentez-vous de ce qu’on vous donne sans vous mettre à geindre toutes les 5 minutes, vous serez bien aimable.

Une fois Emhyr (enfin) disparu, Myir s’était immédiatement proposée pour le battre à nouveau. La Twi’Lek se montrait impliquée et vindicative, des qualités qui montraient sa conversion vers l’Obscur et satisfaisait au plus haut point l’imposant chagrien. Ce dernier avait pleinement conscience des capacités martiales de l’ancienne jedi. Il écouta cependant avec une attention redoublée les histoires passées, les anciennes défaites. Darth Shakaxhi n’élevait en lui que des souvenirs vagues et lointains, il appartenait à un temps révolu, sûrement quand Odium lui-même avait été trahi par son apprenti et s’était contraint à l’exil. Un échec brutal qui avait rebattu les cartes de sa propre existence. Darth Deinos lui était bien plus familier, bien qu’il ne l’ait jamais connu de manière très approfondie. Il n’y avait nulle honte à échouer face à des Seigneurs Sith, surtout quand ces derniers étaient devenus de véritables machines à tuer, comme Darth Riakath.

- Certes la philosophie Sith est sévère quant à l’échec, mais c’est aussi la plus douloureuse et la plus intense façon d’apprendre, rétorqua Odium en imitant la voix basse de Myir qui désirait sûrement que ses paroles échappent aux délicates oreilles d’Emhyr.

Il fut particulièrement intéressé par le fait qu’Emhyr avait réellement tenté de tuer la guerrière Sith. Odium avait pu apprendre certaines choses sur les jedi et leurs façons de faire, de réfléchir. Un jedi devait éviter le plus possible de tuer leur adversaire. A vrai dire le coup de sabre parfait pour eux devait toucher le manche de celui de leur opposant afin de le désarmer. Au pire, ils pouvaient sectionner la main à la base du poignet, mais, au grand jamais, n’étaient tolérés des actes aussi violents que les bras ou les jambes coupés. A présent, Odium comprenait mieux le sentiment de Myir. Il était peut-être après tout possible que quelque part au fond de lui, Emhyr possède la violence nécessaire pour devenir un réel Sith.

Il était cependant encore trop tôt. L’homme doutait. Il ne s’agenouillerait devant aucun drapeau. Si conversion un jour il y aurait, ce serait au travers d’un processus. Ce serait sans doute plus long que pour d’autres apprentis qui pressentaient l’appel du côté Obscur de manière viscérale et évidente. Emhyr avait été trop pragmatique pour le Temple des jedi, il serait également très pragmatique pour l’Empire Sith.

Emhyr daigna réapparaître, frais et dispos. Faisant tournoyer sa cape, Odium prit la direction de l’un des terrains d’entraînement. La proposition de Myir était encore la plus simple à mettre en place. Dans les couloirs il ignora les gestes respectueux de salut que lui adressaient de temps à autre les apprentis qui se dirigeaient vers leur prochain entraînement. Le Soleil de Korriban était à présent au plus haut dans le ciel, pour quiconque ne vivait pas depuis longtemps sur la planète, la chaleur frôlait l’insurmontable et déformait le paysage monotone de la planète. Odium s’arrêta. Il savait qu’à cette heure-ci le second terrain était généralement vide. Dans une cour carrée, le sol était couvert d’une fine poussière cuivrée. Les marques des anciens combats avaient tracé des sillons à même le sol millénaire. Dans un coin, un vieil automate en bois au bras brisé tenait tant bien que mal debout.

- Myir m’a fait l’aimable proposition de se battre de nouveau avec vous. Je connais ses talents martiaux, je sais qu’elle fera tout ce qui qui est en son pouvoir pour vous défaire. Myir, commencez.

Odium avait parlé sur un ton presque désinvolte. Emhyr semblant relativement plus frais que la Twi’lek, il souhaitait que cette dernière amorce le combat sans lui laisser l’occasion de déverser le venin perfide qui s’échappait de sa bouche de manière incessante depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Le seigneur Sith espérait vaguement que l’homme serait aussi habile de ses piques que de la lame.
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Même par un simple mouvement de tête ou une phrase anodine, voir ses récits et ses choix approuvés par Darth Odium était source de grande satisfaction intérieure pour Myir. Elle se sentait rayonner de fierté de susciter l’accord de ce mentor qui s’était naturellement imposé à elle, quand bien même elle dissimulait cette accès d’orgueil par ce masque autoritaire qui, en presque toutes circonstances, était le sien. Elle gravait en son for intérieur l’enseignement du Seigneur : ce que l’on apprenait de l’échec. Leçon déjà enseignée au Temple Jedi et pourtant, son ancien Ordre ne lui avait jamais fait ressentir cette vérité proche de la révélation : lorsque l'on tombait au combat face à un Sith, alors, l’on n’apprenait rien sur soi en tant que Jedi, sinon que l’on n’était pas aussi performant. Maintenant qu’elle était dans le camp adverse, cependant, ses échecs face à des seigneurs Sith recelaient d’un enseignement profond sur ce qui ferait d'elle une meilleure combattante ou une meilleure stratège, car alors elle pouvait s'inspirer de ceux qui l'avaient mis à terre.

Dès qu’Emhyr sortit de la cellule, l’imposant Chagrien tourna les talons en faisant virevolter sa cape, prenant la direction pour les mener à leur nouvelle trajectoire. Myir s’empressa de le suivre, non sans un regard chargé de reproche pour exhorter son prisonnier à la prudence : quand allait-il donc cesser cet humour qui le faisait passer pour un imbécile, et qui ne faisait rire que lui ? Au plus vite il la bouclerait, au plus vite son sort serait traité. Ralentir le processus n’engendrerait que des risques supplémentaires pour sa personne. Pourquoi refusait-il de le comprendre ?

Ils débouchèrent sur une cour au centre de laquelle un terrain d’entraînement recouvert de sable fin et cuivré. Étrangement, cela lui rappela la tempête de sable au cœur de laquelle Emhyr et elle s’étaient affrontés une première fois : ils ne seraient guère dépaysés. Sans plus attendre, elle s’engagea d’un côté du terrain, dégainant son sabre sans l’activer. Tandis que ses yeux suivaient la silhouette du prisonnier le temps qu’il se mît en place, elle effectua quelques mouvements des bras et des jambes pour s’échauffer quelque peu. Aussitôt, des courbatures se rappelèrent à son bon souvenir. La blessure à sa hanche la faisait souffrir chaque fois que sa peau était étirée de ce côté de son corps, mais elle endura la douleur sans mot dire. Il faudrait simplement qu’elle veillât à ne pas rouvrir la plaie. Emhyr allait-il profiter de ce point faible ? Elle serait aussi dure avec lui qu’il se montrerait avec elle, afin de tenter de conserver le dessus sur l’adversaire sans non plus épuiser ses forces inutilement.

Enfin vint le temps du combat. Myir renversa ses lekkus en arrière lorsqu’elle alluma sa lame, puis adopta une position défensive, laissant se rapprocher son adversaire. Emhyr était fatigué. Cela se voyait sur ses traits. Pourtant, il faisait preuve d’une certaine détermination physique : lorsqu’il tenta une première attaque, peu agressive mais donnant le ton de leur affrontement rapide, elle perçut en lui les mêmes certitudes que sur Makem Te. Il se battait en sachant pourquoi. Il se battait non seulement avec son corps, mais aussi avec son passé, ses blessures d’antan et sa faculté à être resté debout tout ce temps. Ni la fatigue ni les blessures ne comptait plus : il tenait debout et enchaînait les mouvements, tout aussi absorbé par le combat qu’elle, lui semblait-il.

Myir le testa plusieurs fois relativement gentiment, jusque la pointe de la lame bleue d’Emhyr lui toucha l’épaule, la brûlant subitement. La douleur réveilla la même rage froide qui l’animait au combat, l’énergie surnaturelle qui la portait pour gagner, et elle enchaîna des attaques plus sévères. Il para avec force et technique, elle tenta la surprise pour le déstabiliser. Il s’adapta à ses bottes improvisées, en profitant pour mettre au jour les faiblesses de la Twi’lek.

Ainsi, ils étaient repartis dans leur danse. Les mouvements étaient moins élégants que sur Makem Te, certains moins imprévisibles aussi : comme la répétition d’un spectacle bien rôdé à la fin d’une longue tournée, la danse était belle et majestueuse mais tachetée de petites imprécisions, de petites erreurs qui leur aurait coûté la vie au combat. La situation agaça Myir, qui prit momentanément quelque distance, le temps de respirer. Elle tourna le regard vers le Chagrien, qui les observait toujours de son œil aiguisé, tandis qu’elle prenait conscience de la chaleur qui les étreignait tous les trois. Sa peau était luisante de sueur, qui perlait sur le sable, le mouchetant de taches sombres.
L’attention de la Twi’lek se reporta sur le prisonnier, et elle se remit en garde.

- Allons allons,
lui dit-elle, glanant quelques secondes pour reprendre son souffle. Je sais que vous pouvez faire mieux que ça.

Dans une meilleure condition physique, sans nul doute. Si elle-même n’était pas aussi épuisée, elle serait certainement à même de parer des attaques plus compliquées. Mais n’était-ce pas dans l’adversité que se révélaient les talents de chacun ?

Myir fondit de nouveau vers son adversaire. Ils se retrouvèrent à quelques centimètres l’un de l’autre et le corps de la Twi’lek ondula le long de la lame bleue pour pénétrer la garde d’Emhyr. Il apprenait vite : sur Makem Te, il était surpris de ces entrées subtiles de Myir ; désormais il jouait avec, lui laissant des opportunités pour mieux la piéger. Elle faillit se laisser avoir une ou deux fois, s’échappant au dernier moment pour éviter une blessure mortelle.

A frôler ainsi le danger, elle retrouva l’espace d’un bref instant l’ivresse de leur tout premier combat, mais le sentiment s’envola rapidement pour laisser place à la fatigue, et la Twi’lek retomba dans une série de gestes moins précis visant à prévenir toute attaque trop rapprochée. Elle se morigéna intérieurement pour cette défense bâclée, mais ses muscles ne pouvaient guère lui offrir mieux.
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Avoir attaqué le premier ne lui apporta aucune satisfaction, aucune sensation d'engager de nouveau la danse de la mort. Car si, au cours de ce combat, Emhyr ressentit à nouveau toutes les forces de son corps se mobiliser pour répondre à son instinct, il n'y eut pas un seul instant où il se sentit de nouveau profondément vivant, en train d'en découvre pour sa survie avec un adversaire qui faisait de même. Il s'agissait d'un test, un entraînement, une simple mascarade. Et donc, il n'y avait pas la même sensation que sur Makem Te.

Non pas qu'il dépréciait le duel. Se battre à nouveau contre Myir avait du charme, d'autant qu'il se sentait de nouveau en harmonie avec son arme et avec son adversaire. Il en vint presque à oublier la présence de Darth Odium, à écarter le fait qu'il était sur Korriban, coupé de la République, loin de tout ce qui pourrait lui assurer une vie calme et tranquille. Mais il ne voulait pas, de toute façon, d'une vie calme et tranquille. Il puisa dans cette pensée un peu de réconfort, en se disant encore une fois que la situation aurait pu être pire. Les Sith ne semblaient pas avoir trop envie de le tuer pour le moment. Enfin, la Twi'lek. Le Chagrien, lui, il prendrait certainement un grand plaisir à lui faire fermer sa bouche.

Raison de plus de continuer son petit jeu de désinvolture totale.

Le combat, en lui-même, fut difficile. Pas au sens où il faillit y laisser la vie, mais plutôt au sens où toute la fatigue de ces derniers jours revenait d'un coup. Il fut un peu soulagé de voir que c'était pareil pour sa partenaire : elle était épuisée, et rapidement, elle montra des signes de faiblesse. Au même rythme que lui, à vrai dire. Mais, se rendant compte qu'il ne parlait plus, concentré comme il était, il brisa finalement le silence à un moment donné. Tous deux étaient courbaturés, et le sérieux d'Odium à côté donnait envie de plaisanter.

 « Ce coup-ci était bien mou, très chère. Vous n'allez tout de même pas vous effondrer ? On vient à peine de commencer ! »

De fait, lui-même n'était pas loin de tomber de fatigue. Il paraît, ripostait, frappait, au même rythme aléatoire et de plus en plus faible que la femme en face de lui. Tantôt proche au point de voir les gouttes de sueur sur sa peau, tantôt assez loin pour s'autoriser un moment de répit. Il sourit, de temps à autre, voyant que ce combat allait de toute façon se terminer sur une égalité. Aucun des deux n'allait réussir à l'emporter sur l'autre, à moins qu'il ne la laisse gagner. Non, pas cette fois. Je ne lui laisserais pas ce plaisir. Et Odium pourrait mal l'interpréter.

Il se battit donc jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'à un moment, collés l'un à l'autre, poussant sur leurs lames respectives, ils se fixent du regard. Pour Emhyr, c'était l'occasion d'admirer de près le visage de la Twi'lek, la couleur de ses yeux, de sa peau, sa mâchoire serrée par l'effort. Il fut content de voir que ses prunelles ne prenaient pas la couleur mordorée des Sith corrompus par le Côté Obscur. C'était une bonne chose. Puis, soudainement, il sut ce qu'il fallait faire.

Il se laissa aller, entraînant Myir dans sa propre inertie alors qu'il s'effaçait, et ils s'écartèrent l'un de l'autre. Vaincus par la fatigue, tous deux tombèrent au sol, incapable de bouger davantage. A vrai dire, même sur Makem Te Emhyr ne s'était senti aussi faible. Il avait fourni quand même pas mal d'efforts, là, vidant les forces de son corps. Une chance qu'il n'ait pas penser à utiliser de la Force pour se maintenir debout. Il était convaincu que sinon il allait se faire exploser.

Il se redressa sur les coudes, et ne put résister à l'idée de plaisanter encore, en regardant Odium.

 « Alors, ça vous paraît pas mal ? J'aurais bien donné davantage de ma personne, mais... pfiou. Je m'en serais voulu d'abîmer la jolie peau de Myir. »
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Odium avait rejoint l'une des cours d'entraînement à grand renforts d'effets de cape du plus bel effet. Ses ouailles étaient sur ses talons, dont Emhyr propre comme un sou neuf et l'air plus renfrogné que jamais. Les apprentis qui étaient dans les couloirs, peu nombreux, leur jetèrent des regards curieux. Ils ne connaissaient encore que peu Myir bien qu'elle se soit taillée une redoutable réputation lors des récents événements. Quant à Emhyr, il avait cet aura trouble qui devait paraître bien étrange à de jeunes gens habitués à la puissance du côté Obscur. Odium les ignora superbement. Il n'avait nullement le temps d'expliquer les multiples nuances de la Force à des esprits médiocres. Ce qui n'empêcha pas certaines jeunes pousses à se mettre discrètement aux fenêtres pour observer le combat. Ils alalient peut-être en prendre de la graine.

A peine les deux compères mis en place sur le terrain, Odium constata avec un mélange de plaisir et de surprise que les duellistes avaient commencé à se mettre sur la trogne avec une joie presque malsaine. Ils ne perdaient pas de temps. Il avait à peine eu le temps de s'appuyer nonchalamment sur un imposant pilier couleur de sable. Myir n'avait effectué que quelques mouvements d'échauffement qui lui avaient arraché une fugitive grimace de couleur. Cette dernière avait laissé place rapidement à son habituel masque de détermination. Mais le chagrien avait eu le temps de capter l'expression. Ce fut Emhyr qui attaqua le premier.

Comme Odium s'en doutait, les adversaires étaient fatigués, voire épuisés. Certains de leurs gestes manquaient un peu de précision dans l’exécution, certaines bottes manquaient d'audace et de créativité, certains mouvements trahissaient une douleur encore trop récente. Dans l'ensemble cependant, ils montrèrent tous deux qu'ils étaient de redoutables escrimeurs et firent preuve d'une grande détermination. Le seigneur Sith aurait espéré que la fatigue aurait tiré certaines ressources insoupçonnées, ce combat avait alors le défaut des duels qui n'aboutissaient pas à une mise à mort : une chorégraphie bien rodée mais qui manquait de ce feu difficile à décrire qui vous prenait aux tripes quand votre vie ne tenait qu'à un fil et que vous rencontriez enfin un adversaire à votre mesure.

Il y avait longtemps qu'Odium n'était plus vraiment un combattant du sabre. Le combat entre Emhyr et Myir fit naître en lui une vague nostalgie. Il avait même perdu la coordination nécessaire pour utiliser ses deux sabres. Ils les gardaient tous deux à la ceinture comme objets d'apparats et pour intimider ses ennemis et connaissances.

- Je suis remarquablement déçu de constater que l'épuisement ne vous a pas coupé l'envie de la fermer, rétorqua Odium à un Emhyr tout rougeaud des efforts qu'il venait de fournir. Au sein de l'empire nous apprécions moyennement les tire-au-flancs, au prochain combat je veux que vous finissiez muet comme une carpe, quitte à ce que je sectionne votre langue moi-même au sabre…

Odium effleura le manche de son propre sabre de son imposante main, il pouvait aisément attraper la tête d'Emhyr et l'étouffer sans même forcer, avec un air carnassier avant de reprendre un air sérieux et digne.

- Vous n'étiez pas parfaits, observa-t-il (il parlait bien évidemment à Emhyr). La fatigue sûrement, et le fait que la guerrière Alshain n'allait pas vous tuer. Fort dommage. Mais je pense que vous nous serez utile malgré tout.

Le chagrien se tourna ensuite vers Myir. Il n'avait rien à ajouter au vagabond. Il était de toute façon trop tôt pour savoir s'il était réellement fiable.

- Vous vous êtes bien battue, guerrière. Vous méritez un long moment de répit.

La question épineuse ne tarda cependant pas à surgir dans l'esprit d'Odium : que faire de ce chez Emhyr ?

- Vous allez rester dans les murs de Korriban quelques temps. Il faut faudra maîtriser quelques pouvoirs du côté obscur pour a minima justifier votre présence parmi nous. Si certains viennent vous défier, n'hésitez pas à prononcer mon nom. Cela devrait suffire à calmer leurs ardeurs...
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Myir ignora la pique lancée par Emhyr. Il était tellement meilleur quand il ne plaisantait pas. Il faudrait qu'elle lui dît, un jour où il l'agacerait. Elle garda cette réflexion dans un coin de son esprit, pour le moment opportun. Elle sentait venir que si elle s'engageait à travailler avec son prisonnier, il lui donnerait du fil à retordre. Elle s'efforçait de croire que cela était dû à son ignorance du côté obscur de la Force. Un jour, il verrait. Comme elle, il comprendrait le potentiel, la profondeur offerte par la Force. Mais pas encore. Pour le moment, il était centré sur lui-même, sur son histoire personnelle qui l'avait blasé, quoiqu'elle contenait. Comme elle, avant, il était aveugle. Il ouvrirait les yeux.

Les yeux d'Emhyr à quelques centimètres des siens. Sombres et reflétant pourtant le soleil de Korriban. Myir crut voir un étrange reflet de satisfaction dans ce regard habituellement peu expressif, avant de comprendre, trop tard, qu'elle s'était laissée piéger dans ce face à face. Sous le poids de sa propre force, elle s'effondra avec surprise lorsque son prisonnier se retira. Elle tomba à genoux puis sur les mains, sabre toujours allumé, la respiration haletante. En périphérie de son champ de vision, elle vit que son compagnon s'était lui aussi effondré. Elle lui jeta un regard mécontent.

Mais pourquoi au juste ? Elle ne le savait guère. Elle n'avait pas pu le vaincre, et cela était frustrant. Elle n'avait pas non plus était vaincue, ce qui au moins aurait eu le mérite de convaincre Darth Odium plus efficacement. Tandis que Myir cherchait encore pourquoi elle lui en voulait, Emhyr cependant se chargea de lui rappeler comme il pouvait être agaçant en s'adressant au Seigneur Sith. Elle soupira bruyamment avant de se relever, non sans grogner lorsqu'elle sentit la blessure de sa hanche la faire souffrir. La plaie avait dû se rouvrir. Un coup d'oeil à son flanc, sur lequel le haut de son pantalon s'assombrissait d'une tâche pourpre, lui confirma cette crainte. Elle n'allait pas pouvoir rester des leurs très longtemps, mais il était hors de question de prendre la fuite. Elle écouterait le dénouement de cette rencontre jusqu'au bout. Serrant les dents, elle fit face au Seigneur Sith, constatant en levant un sourcil que des paires d'yeux les observaient depuis les fenêtres de l'Académie. Puis elle les ignora et baissa les yeux pour subir les paroles de Darth Odium. Une légère brise lécha sa peau humidifiée par la sueur et la fit frisonner. Ses lekkus se rassemblèrent autour de son cou, comme pour la protéger.

Le Chagrien était déçu, bien sûr. Elle prenait cette déception pour elle, bien qu'il semblât plutôt s'adresser à Emhyr. Elle était loin d'être au meilleur de sa forme. La Twi'lek se demanda un bref instant ce dont le chagrien était lui-même capable, sans s'avouer toutefois que le défier serait un honneur particulièrement excitant. Voir une telle créature en action, avec une telle puissance... Et pourtant chercher des failles et entrevoir une victoire... Myir effaça rapidement cette scène de ses pensées. Mains derrière le dos, en position de repos militaire, les yeux concentrés au sol devant elle. L'aura d'Emhyr n'était qu'à quelques pas. Elle le sentait s'agiter légèrement.

- Je vous remercie, Seigneur Odium,
souffla-t-elle, à peine audible.

Du repos, oui. Dormir, se soigner, se restaurer. Le silence, enfin, la sérénité. Oui, la Twi'lek en avait encore besoin. Cela lui restait-il des Jedi, ou bien était-ce la nécessité du repos, tout simplement ? Elle connaissait ses conditions pour être efficace. Le repos était incontournable, après quoi Myir retournerait immédiatement sur le terrain.

Une part d'elle retrouvait déjà un semblant de calme. Darth Odium n'avait pas décidé de mettre à mort Emhyr. Si celui-ci apprenait à se taire à l'Académie, il aurait bientôt l'occasion de faire ses preuves, lui aussi. L'Empire fonctionnait au mérite, Myir en était la preuve. D'un mouvement de tête, elle remercia de nouveau le Chagrien, puis attendit qu'on lui donnât l'ordre de se retirer. Lorsqu'il vint enfin, elle eut un dernier regard pour Emhyr. Que lui dire, sinon de se tenir tranquille ? Qu'elle allait veiller à cela ? Qu'ils se reverraient bientôt ? Inutile de se ridiculiser, il savait bien tout cela. Elle lui adressa donc un simple signe de tête avant de se retirer, marchant le plus droi possible pour éviter de montrer la douleur qu'elle ressentait.

A quelques mètres, enfin, le repos, les anti-douleurs, vite.
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Maîtriser des pouvoirs de la Force, du Côté Obscur ? Il retint une nouvelle pique, laquelle aurait pu se révéler fatale en vérité. Emhyr ne doutait pas d'avoir les capacités de pouvoir faire un ou deux étranglements de Force, voir un petit éclair de rien du tout. Bon, certes, il n'était pas au niveau de l'Impératrice ou encore d'Odium, à ce niveau-là, mais il était à peu près persuadé de pouvoir rivaliser avec Myir. La Twi'lek était une guerrière, elle s'intéressait probablement peu aux subtilités. C'était bien dommage. Pour le coup, le Jedi gris se sentait bien plus à même de discuter de ce genre de choses avec le Chagrien.

Mais pouvait-il vraiment en engager la conversation ? Il doutait que celui-ci se laisse impressionner par une bravade. Néanmoins, quitte à montrer un signe de docilité, autant s'efforcer de paraître intéressé par ce que le maître pouvait offrir, comme connaissances. Car, s'il était de nature assez hostile à l'Empire, à l'esclavage et aux Sith, il n'était pas insensible aux connaissances, au savoir, de toute nature. Au contraire, il était un fervent partisan du fait que, bon ou mauvais, le savoir ne permettait que de se rapprocher de la sagesse. Même s'il en était sûrement assez loin. La sagesse ne m'aurait pas conduit ici. Et pourtant, il restait persuadé d'avoir fait le bon choix.

Il se releva, attendit que Myir parte, puis il fit un pas en direction d'Odium. Autour d'eux, les regards s'effaçaient. Il n'y avait plus de combat à voir.

 « Seigneur Odium, si vous permettez. J'aimerais vous parler, en privé. »

Ils allèrent un peu à l'écart. La réticence du Chagrien était palpable, mais Emhyr espérait que la curiosité et l'intérêt d'une conversation autour de la Force l'empêcherait de le zigouiller.

 « Vous ne m'aimez pas, et je vous assure que c'est réciproque. Mais je pense que vous êtes intelligent, et donc que je peux vous parler de mon point de vue sans que vous ne pensiez que je suis un sombre écervelé. Loin de moi l'idée de la dénigrer, mais Myir est comme beaucoup d'autres Sith : étriquée. Elle pense que ceux qui ne sont pas Sith sont forcément aveugles. »

Il marqua une pause, comme pour tendre l'oreille au cas où la Twi'lek serait là à les espionner.

 « Là où je veux en venir, c'est qu'on sait tous les deux que je ne serais jamais un vrai Sith. Quelque chose m'en empêchera toujours : une mort prématurée, une volonté de ma part, un aléa du destin, bref tout et n'importe quoi. Vous parlez de maîtriser quelques pouvoirs du Côté Obscur ; je peux y arriver sans problème. Je ne suis plus un Jedi depuis bien longtemps, maintenant, ce qui fait que j'ai une vision nettement plus intéressante et plus large qu'eux. Ce qui veut dire que quelqu'un comme vous peut le comprendre aussi. »

Il marqua une autre pause, avant de poursuivre. Il ignorait pourquoi il disait ça à Odium. Parce qu'il pensait que le Chagrien comprendrait ? L'envisagerait lorsqu'il se servirait de lui ? Ou pour simplement lui rappeler qu'Emhyr ne serait jamais complètement à sa botte ?

 « Les Jedi pensent qu'il y a un Côté Lumineux, et un Côté Obscur, lequel détruit ou corrompt tout. Les Sith pensent que le Lumineux est faible, indigne de leur pragmatique vision. Mais j'ai découvert, qu'en vérité chacun de nous utilise les deux sans forcément le voir. Si j'use d'un éclair de Force, j'utilise le Côté Obscur, mais ça ne fait pas de moi un Sith ou un être corrompu. Ce que je veux vous dire, Darth Odium, c'est que vous-même, vous devriez le savoir. Et par conséquent, comprendre que la curiosité et la soif de connaissances me poussent auprès de vous. Ca, et le fait que je suis un prisonnier de guerre. »

Maintenant, l'ultime carte. Se vendre. Mais l'honnêteté sauverait sa tête.

 « Vous voulez savoir ce que j'étais, avant d'être prisonnier ? Un espion. J'ai eu également une part assez active dans l'anti-esclavagisme, ces dernières années. Je pense qu'il est préférable que vous le sachiez avant de décider, définitivement, si oui ou non je peux être votre pote. »
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Odium congédia la guerrière Sith d'un signe de tête. Elle s'était bien battue mais son visage arrivait à peine à dissimuler la douleur et la fatigue. Elle s'éloigna, sachant rester digne. A peine fut-elle sortie de leur champ de vision que le chagrien constata qu'Emhyr voulait lui parler. Il fut dans un premier temps surpris. Leur premier contact n'avait pas été spécialement chaleureux. A vrai dire, le Sith avait plutôt imaginé une relation tacite : L'Empire utiliserait Emhyr et Emhyr utiliserait utiliserait l'Empire, chacun pour réaliser leurs ambitions. Mais peut-être, peut-être, il existait une chance de faire naître chez lui un réel intérêt pour l'Obscur. Les arts Sith fascinaient de par leur mystère. Il s'agissait de secrets gardés sur Korriban pendant des siècles, même les jedi n'avaient ne pouvaient se targuer de connaître l'ensemble de ce qui faisait la puissance l'Obscur.

Odium se garda bien de rétorquer ne serait-ce qu'un mot sur le fait que tous ceux qui n'étaient pas sith étaient aveugles. Il avait toujours eu cette pensée étrange, qui devait sonner bien incongrue dans les hautes instances de l'Empire, qu'ils faisaient partie d'une forme d'équilibre. Pas de lumière sans ombre. Pas d'ordre sans chaos. Pas de sagesse sans folie. Il trouvait cependant que la philosophie Sith, dans son acceptation de la part animale et sauvage des êtres intelligents, dans la faveur qu'elle donnait à la puissance et au pouvoir, avait quelque chose de sain que la très lisse pensée jedi. Au moins Emhyr n'était-il plus embrumé par ces pensées niaises et limitantes.

- Je vois, fit tout simplement le Sith. Saviez-vous que Myir avait également longtemps fait partie des jedi ?

Myir était encore dans une période que le chagrien appellerait lune de miel. Elle avait encore une vision extrême et idéaliste des Sith, après tout il avait de son mieux pour en montrer les avantages. Mais il craignait qu'un contact avec un jedi puisse raviver sa loyauté à son ancien camp.

- Sa vision que vous appelez étriquée n'est que le résultat de sa récence. Vous n'êtes pas si différent, vous ne connaissez pas grand-chose du côté obscur, même si vous semblez le plus honnêtement du monde persuadé su contraire.

Odium contempla brièvement le visage buriné de l'ancien jedi. C'était un homme qui avait connu des épreuves, la souffrance, avec une grande expérience de la vie qui l'avait éloigné du temple, il n'était pas compliqué pour le Seigneur Sith d'arriver à de telles conclusions. De plus, certaines paroles prononcées par Emhyr rendirent le chagrien pensif. Il tendit sa main sur le côté, une pierre se souleva du sol, venant voler de la poussière autour d'elle. Odium fit léviter la pierre avec douceur, un tour d'une facilité presque enfantine étant donné la puissance dans la Force qu'il avait par acquérir.

- Il me semble que les jedi n'ont jamais vraiment apprécié le terme « utiliser la Force ». Vous n'êtes pas un grand praticien de la Force Unifiée, n'est-ce pas ? C'est vrai, n'importe qui peut utiliser des pouvoirs considérés comme Obscur. Etouffer. Lancer des Eclairs. Puiser dans la vie d'autrui.

Odium fit danser la pierre près de sa main, la faisant voleter avec précision comme un petit oiseau. Il n'allait se relancer dans tout un cours sur les deux philosophies dominantes qui scindaient les pratiquants de la Force de manière peut-être aussi franche que la dichotomie côté Obscur/côté Lumineux.

- Vous pourrez sans nul doute produire des éclairs et Etouffer, mais cela dépendra bien plus de votre accoutumance à la mentalité qui est la nôtre moins que de mon assiduité à vous montrer les subtilités de nos secrets. Ce sont après que des applications particulières de la télékinésie. Car l'Obscur ne se dissimule pas dans la nature de ses pouvoirs en eux-mêmes, ne sont-ils pas rien d'autre que des outils comme nous l'apprend si bien notre doctrine ? Ce doit être l'une des premières choses que l'on apprend aux jeunes initiés débarquant nubiles au Temple.

Odium tourna sa main, paume vers le ciel, le caillou vint se poser dessus, toujours semblant mué par une vie propre. Il luisait légèrement sous le ciel Korribanite. Le chagrien baissa de nouveau son regard mordoré sur Emhyr, espérant qu'il suivait toujours ou qu'il ne l’interromprait d'une spiritualité malvenue dont il avait le secret.

- En réalité c'est une vision partielle et un peu naïve. En réalité, simplement le fait de vouloir maîtriser ces techniques vous corrompt. Vous prenez sûrement l'apprentissage des techniques Sith à la légère. Ce ne sont jamais que quelques éclairs, quelques étouffements. Ce sont des pouvoirs qui viennent puiser dans votre haine, ce n'est jamais quelque chose d'anodin, ni de simple. Qui viennent puiser dans l'envie que vous avez de faire souffrir un autre. C'est pour cela que contrairement aux idées reçues, ce n'est pas un apprentissage des plus simples. Les arts Sith ne peuvent être pratiqués sans volonté de nuire, le seul moyen de s'améliorer est de s'exercer sur de la chair.

Odium ferma le poing et serra avec force. La pierre se brisa dans un bruit étouffé. Il ouvrit sa paume et quelques morceaux de pierre tombèrent sur le sol, presque sans émettre un son. Il avait subtilement tiqué en entendant Emhyr mettre en avant son passé d'anti-esclavagiste. C'était courageux, mais inquiétant. L'Empire assujettissait les faibles. C'était sa loi. Le chagrien avait du mal à imaginer l'homme tourner le dos à ses convictions aussi vite au nom d'une curiosité mal soignée.

- Si vous êtes si curieux de nos pouvoirs. Il faudra vous débarrasser de vos allures de chevalier blanc que vous dissimulez bien mal derrière votre attitude désinvolte. Pensez-vous réellement être prêt à faire ce genre de sacrifice ?

Darth Odium croisa les bras et se redressa. Il dominait Emhyr de toute sa hauteur. Il était arriver à ce qu'il voulait. Retourner l'interrogation d'Emhyr à l'envoyeur, tester sa résolution.
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