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L'ASTROLABE


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J’avais les poches bien remplies des crédits de la république et de l’empire, de l’argent bien gagné en trahissant mon employeur de la veille au profit de son concurrent. Bon, tout bien pesé pas si bien gagné que cela mais le sentiment de profonde satisfaction créé par un compte en banque largement créditeur avait eu tôt fait de vaporiser ma culpabilité en petites paillettes colorées chantonnant la douce mélodie du shopping. Et, à ce propos, j’étais à l’endroit idéal pour cela. L’Astrolabe, en dehors d’être une plate-forme de contrebande avait cet excellent avantage de proposer au même endroit des marchandises provenant de toute la galaxie. Cela tombait bien car je souhaitais acquérir certains objets peu communs et un environnement cosmopolite comme celui-ci faciliterait mes démarches.

C’est accompagné de mon amant Cathar du moment que je me dirigeais vers le pont 7 où un marchand qui proposait des surplus militaires et d’exploration m’avait été indiqué. La boutique se présentait comme un entrepôt de taille moyenne où du matériel était entreposé sur quatre rangées de 5 travées de 5 mètres de haut. Caisses, armures, tentes et cordages s’entassaient dans un fourbi compact de magasin bien approvisionné dont il fallait être le propriétaire pour en connaitre le contenu avec exactitude. Un talz de grande taille, près de 2 m 50, se tenait à la caisse près de l’entrée et le petit gilet satiné vert ainsi que sa casquette et sa double paire de lunettes de soleil montraient qu’il s’était particulièrement bien adapté à son nouvel environnement.

« Bonjour, je suis à la recherche d’une combinaison spatiale assez légère pour pouvoir être portée en gravité normale. »

Les talzs sont des êtres doux et calmes mais celui-ci avait du laisser loin derrière lui les aspects les plus placides de sa race. Si sa réponse plaintive et délicatement modulée était inintelligible à mes oreilles, son traducteur automatique avait été réglé sur une voix grave et sèche dont le débit nerveux surprenait mais qui était en accord avec sa gestuelle vive.
« Ok, tu veux une combi. Pas de soucis. Pour toi, le Cathar ?
- Pour moi.
- Facile. » Il se pencha par-dessus le comptoir, releva ses lunettes inférieures d’une griffe, et estima ma corpulence d’un regard glissé sur ma silhouette. Même ainsi il me surplombait encore de 50 centimètres.

« A ta taille je vais avoir du Tarroidien et du Siniteenien. » Il se pencha encore un peu plus et ajouta, sur le ton de la confidence « J’ai une combinaison skakonienne aussi. » Assez rare pour être noté en effet, les Skakoniens n’ayant pas pour habitude de délaisser leur armure. Je préférais ne pas chercher à savoir dans quelles circonstances il avait pu les obtenir. Il se redressa d’un coup et pianota à toute allure du bout de ses griffes, rejetant ses lunettes devant ses yeux d’un mouvement brusque de la tête.

« Je te montre ça. »

Plusieurs droïds s’élevèrent pour aller se saisir de caisses situées sur les rayonnages et après un court vol vinrent se poser à ses côtés. Sans effort, il se pencha pour sortir trois combinaisons. La première ressemblait plus à un équipement de technicien. Souple, plutôt légère elle comportait des gants à 7 doigts adaptés à des mains griffues.

« Pour les gants, ce n’est pas un problème, j’en ai d’autres qu’on pourra adapter »

Elle remplissait les critères de base à savoir souple et portable mais elle manquait cruellement d’élégance. L’étanchéité était assurée par des couches successives de polymères caoutchouteux certes parfaitement adaptés au travail dans l’espace mais avec lesquels j’allais ressembler à un bibendum. Le talz ne s’y trompa pas et me montra immédiatement la combinaison Siniteenien qui était déjà nettement plus intéressante. Composée de plaques plastomères noires, j’appréciais son côté lustré qui donnait un petit côté dangereux et élégant. Par contre il fallait oublier la discrétion : l’armure était clairement militaire. Mais je pourrais sans doute la retoucher pour lui donner un aspect un peu plus civil, peut être par des effets décoratifs.

« Ah, c’est mieux ça n’est pas ? » Il ne s’était pas laisser tromper sur mon intérêt.
« Et la skakonienne »

Bien plus imposante, la dernière armure était composée de plaques de duracier qui promettaient une solidité exemplaire. Plusieurs traces carbonées à sa surface montraient qu’elle avait essuyé le feu à plusieurs reprises. Pas certaine que son dernier possesseur soit encore en vie. Quelques rapides manipulations m’apprirent que l’armure était de toute façon bien trop lourde pour moi. Jamais je ne réussirait à la porter plus de quelques minutes ce qui rendait l’achat inutile pour l’usage que je souhaitais en faire. Je soulevais du comptoir la Siniteenien pour la montrer à mon compagnon.

« Tu en penses quoi ?
- Tu ne pourras jamais la porter. Le torse fait une fois et demi le tien et les proportions des membres sont trop courtes. Tu vas flotter dedans et te sentir à l’étroit à la fois. Par contre j’aime bien les bottes », ajouta-t-il de sa voix feulée, une lumière intéressée dans le regard. Forcément, les bottes ressemblaient à des cuissardes qui s’arrêtaient un peu au dessus du genou et leur talon de 5 cm donnait un aspect féminin élancé qui ne le laissait pas indifférent.

« Tu as raison. », dis-je en reposant la combinaison. « Pour les bottes on verra plus tard
- Je te le rappellerai. », dit-il amusé.

J’allais annoncer mon désintérêt au talz mais il ne m’en laissa pas le temps.

« Une feeorienne alors. Pas très fréquent, trop massive mais j’ai un modèle qui t’ira très bien. A porter par un enfant de chez eux mais vu leur constitution, les proportions seront bonnes. » D’une griffe rapide il dessina ma silhouette dans les airs avant de pianoter à nouveau sur sa console. Les drones se réveillèrent et récupérèrent les armures qu’ils rangèrent dans les caisses et les caisses sur les rayonnages avant de descendre un grand sac de toile bleue. Le talz s’inclina au dessus, brandit trois griffes devant lui, paumes tournées vers le haut, dans un geste un peu théâtral et dégagea les liens de l’ouverture avant d’extraire la combinaison.

Elle semblait effectivement bien plus adaptée à mes besoins. Certes, elle avait un côté un peu primitif qui ne m’emballait pas mais l’équilibre proportion, poids, esthétisme était correct. Comme elle était prévue pour un enfant, elle était plutôt légère et l’aspect primitif donnait une apparence d’exploration. Cela correspondait à mes recherches mais sans le coup de cœur que j’aurais bien aimé avoir.

Sans trop d’enthousiasme je montrais l’armure au cathar qui lui non plus ne semblait pas emballé.

« Tu pourras toujours la retoucher un peu. »

Mais là encore, le talz ne me laissa pas réagir. Sans attendre, il enchaina sur une nouvelle proposition.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]« Ah, les arkaniennes sont difficiles. Comme toutes les femmes. Il faut savoir être exigeante. J’ai bien quelque chose d’autre à vous proposer mais c’est rare, du premier choix. » Il baissa la tête pour me regarder de ses 4 yeux à la fois par-dessus ses lunettes. « Et cher. Une kaminoanienne. Tu es intéressée ? »

Une kaminoanienne ? Et comment que j’étais intéressée ! Sans doute une des rares races de la galaxie aussi avancée que les Arkaniens et avec une constitution aussi faible que la mienne. S’il avait une armure de chez eux il y avait une chance pour qu’elle soit adaptée à mes désirs !

« Oui, je vois que tu es intéressée. Mais ne viens pas te plaindre que c’est cher. Tu vois, je ne range pas la feeorienne, comme ça, pas de scrupule. Si l’une ne convient pas, on a toujours l’autre sous le coude. » Et dans un nouveau geste théâtral il planta sa griffe sur la console afin d’envoyer le drone chercher un caisson verrouillé hermétiquement qu’il ouvrit une fois rapporté. La combinaison qu’il en extrayait était à la fois souple et résistante, légère, résolument avancée technologiquement sans pour autant donner un aspect intimidant.

« Avec auto ajustement en fonction des morphologies, 25 positions préréglées, renforcement des articulations, système de colmatage automatisé des fuites, affichage tactile dans le casque et ordinateur de bord incorporé. Tout cela pour un poids négligeable, à peine supérieur à celui d’une combinaison en cuir, une dizaine de kilos. A peine sensible dans l’espace, impossible de faire moins sous gravité mais le plus merveilleux c’est qu’elle est légèrement assistée par de petits servomoteurs judicieusement implantés qui finissent de compenser son poids. »

Mes yeux brillaient d’excitation, j’étais sous le charme ! Il était probable que le talz avait su dès le début quel article me conviendrait mais il m’avait fait attendre volontairement afin de faire monter la pression et les enchères aussi. Quand il m’annonça son prix exorbitant j’étais convaincue que j’allais céder.

« 10.000 crédits. Rien du tout pour une merveille pareille. »

Sa notion de rien du tout était scandaleuse mais comment lutter ? La fonction « réglage de la hauteur du talon » fini de convaincre mon amant du bien fondé de l’argumentation du vendeur et je du céder à 8500 crédits après ce que j’espérais avoir été d’âpres négociations, sans trop m’illusionner non plus.

Mais j’étais carrément fière de mon acquisition !
Et le talz de son opération.
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color=#cc66ff]« Bien, tu as ta combinaison. Mais est-ce tu veux les accessoires ? »[/color]

Je gémis inférieurement à la fois d’anticipation et de crainte pour mon portefeuille. Ce talz était un sacré roublard. Si j’avais acheté l’ensemble en une fois, j’aurais pu demander un prix. Là il préférait me faire payer plein pot avant de m’allécher avec autre chose. Mais pas question de me faire avoir cette fois ci. Je jouais la fine bouche.

« Ca pourrait, il faut voir. Mais pas n’importe quoi à n’importe quel prix.
- Jamais. Pas à une arkanienne. » Au moins il avait compris à qui il avait affaire !
- Regarde, un holster à 100 crédits, un harnais de stabilisation à 500, la ligne de vie avec son filin remorqueur à 300, le lot de 2 bouteilles d’oxygène de rechange à 200, le kit de réparation à 250, le manuel d’utilisation… je te l’offre, tiens prends le. La radio de secours longue portée à 350 crédits, la capsule de survie portative 1000. Très pratique quand on est sur le point d’y passer. Un petit bouton et tu es immédiatement entourée d’une bulle autonome pour 24h avec micro émetteur pour appeler les secours. Un drone personnel eclipse. Cher lui aussi mais parfaitement adapté à l’espace et à progresser en gravité 1 à 3. J’en garde toujours un en réserve pour les clients exigeants. Légèrement blindé, très modulaire, avec plusieurs points de fixation pour monter des armes ou des racks de matériel. 7500 crédits, le prix de la qualité que veux-tu ? Mais si ce que tu cherches c’est la protection, il faut que je te parle du système modulaire qui se fixe sur ta combinaison. C’est un système astucieux de jambières, plastron et brassières fixés à une armature en duracier qui vient entourer son porteur et se clipper autour de sa silhouette. C’est nettement plus lourd bien sur mais c’est adapté à l’espace ou à des missions courtes sous gravité. Bien sûr le prix est important. 3500 crédits, le prix de la sécurité. Mais il ne faudrait pas non plus qu’une jolie fleur telle que toi soit blessée, ton ami sera d’accord avec moi. »

C’est pas vrai, ce type allait me mettre sur la paille ! Jamais je n’aurais du venir ici. Pourtant tout ce qu’il proposait était intéressant, la facture allait juste être exorbitante. Je perdis le fil lorsqu’il commença à évoquer les différentes options de la cuisine de la tente « Extrem’home », un modèle luxe à 700 crédit auto montée, légère, avec mobilier pliable incorporé.

La ligne de vie 300, les bouteilles 200, la capsule de survie portative 1000, le drone 7500, l’armure 3500, la tente 700… Juste en accessoires, j’en avais pour 13200 crédits. Après d’âpres négociations, je réussis à m’en sortir pour 11000 crédits. Cette fois ci les murmures du talz s’étaient faits plus agacés, plus secs, je me doutais que le prix était mieux marchandé.

8500 crédits d’armure plus 11500 d’accessoires, 20000 crédits juste dans une boutique. J’allais devoir tirer un trait sur la capsule de survie et freiner sec sur les dépenses si je voulais être encore capable de faire quelques achats avant mon départ. Partie avec l’équivalent de plusieurs mois de salaire d’économie, je venais de tout dépenser en quelques minutes. Il ne me restait plus que 1000 crédits et comme je n’étais pas du genre à prévoir les problèmes logistiques, je me retrouvais avec une énorme pile de courses que j’étais incapable de porter. Heureusement que le Cathar était là pour ça. Entre la tente en travers des épaules, l’armure an bandoulière dans le dos, le drone pas encore rechargé dans ses bras et tout le reste réparti dans des sacs, il était surchargé. Je me sentais un peu coupable à plus d’un titre : d’avoir violenté mon portefeuille mais aussi de profiter de sa gentillesse. Curieux comme je pouvais m’accommoder de travailler pour des Siths et des Jedis la même semaine mais comment de petites choses anodines pouvaient me poser des problèmes de conscience.

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« On rentre ?
- Bonne idée.
- Je ferai juste un petit crochet par une boutique. Il y a quelques affaires que j’aimerais m’acheter. Ils ont des fauteuils tu pourras t’asseoir.» Il allait protester mais la perspective d’un siège le convainquit qu’un peu de patience n’était pas au dessus de ses forces.

Le magasin où je voulais m’arrêter ne payait pas de mine. Une sorte de friperie vintage avec une devanture d’à peine 3 mètres de long mais il y avait beaucoup d’articles originaux dont j’appréciais l’élégance : chapeaux, corsets, chemisiers, robes et bijoux et quelques articles plus coquins dessous et résilles.

C’était surtout les chemisiers qui avaient motivé ma venue, ainsi qu’un corset blanc à baleines souples. Le regard de mon amant était largement plus intéressé par les bodys.

« Et ça Alys ? Cela t’irait bien. » Le body ne portait le nom de vêtement que de manière purement symbolique : totalement transparent, la résille noire dévoilait tout le corps et les dentelles ne cachaient que le strict minimum.

« Je pensais plutôt acheter cela. », dis-je en montrant des sous-vêtements pastels bien plus sages.
Sans vouloir me contredire, il était clair que des dessous pratiques n’avaient pas la même valeur à ses yeux que ceux largement plus affriolants qui avaient sa préférence.
« Ils te vont bien aussi », dit-il légèrement déçu.
Au moment de passer en caisse il n’avait toujours pas reposé le body. Je levais un regard interrogateur vers lui. « Je le prends tout de même … à tout hasard.
- Ce n’est pas ta taille tu sais. », dis-je amusée.

700 crédits de plus, j’étais un vrai gouffre financier !

« Direction l’hôtel cette fois ci ! »
Il me suivit sans rechigner, bien décider à me faire essayer son achat dès que possible. Et puis après tout, pourquoi pas !
Dès les affaires posées, je récupérais le body pour aller l’essayer dans la salle de bain.
« Je vais prendre une douche » Sa queue féline qui battait la mesure m’apprit qu’il m’attendrait sagement.

Une demi-heure plus tard je sortais de la salle de bain et le regard brillant de mon amant confirma que son choix était le bon. Avec douceur, il vint me chercher pour me porter sur le lit où nous fîmes l’amour pendant une bonne heure. Epuisée, je me laissais alors sombrer dans le sommeil.

Au matin, il dormait encore. Comme les chats, il avait besoin de beaucoup de sommeil. Je me serrais contre lui à la recherche de confort et après un moment de cocooning, laissais mon esprit dériver dans les flux informatiques. Le réseau du vaisseau s’étalait devant moi, dans sa version informatisée la plus pure. Je remontais de grilles en réseaux, glissant à travers les pare-feux comme un poisson au travers des mailles du filet. Je ne voulais rien pirater, juste profiter de cette sensation grisante d’être un peu plus qu’humaine, d’explorer un mode totalement inconnu du plus grand nombre. Ici, j’étais une entité démiurge. Je pouvais ouvrir une porte, déclencher une alarme, activer un drone… C’était aussi l’occasion d’examiner les codes locaux, les mesures de sécurité, les habitudes de programmation de tel ou tel technicien. Je retouchais légèrement un code ici et là, perturbée par de grossières erreurs de codage et laissait un ester-egg dans la programmation d’un film diffusé en holo bar : des images de chatons placées subliminalement pendant les scènes d’action. ..

Deux heures plus tard je m’éveillais. Le Cathar était debout, je ne l’avais pas entendu se réveiller ni m’appeler et me secouer, totalement absorbée que j’étais par le réseau. Mais j’étais bien, parfaitement détendue, moi-même comme jamais en dehors de ces moments de réalité virtuelle qui étaient ma drogue et ma dépendance.
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