Darth Velvet
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Champagne et politique. Je connais le parfum de ces soirées mondaines, les rouages festifs de ces réceptions huppées. Toujours les mêmes conversations futiles sous les froufrous strassés des Dames, les mêmes simulacres de débat teinté de ruse et de langue de bois, les danses, les buffets grandioses, l’alcool… Une lassitude nauséeuse m’étreint. Tant de richesses exhibées, affranchies de moralité, tant de réjouissances luxueuses pour une vulgaire intronisation de politicien probablement véreux, alors que juste sous nos pieds, les bas-fonds de Corruscant exhalent leur pauvreté dévoyée et la faim. La politique a ça d’écœurante, qu’elle s’érige en fondamental d’un monde dont elle ignore l’indigence et la corruption. Oh, évidemment, tous ne sont aussi vicié que l’air de cette ville-planète… et heureusement sinon quel avenir pour une République ?

La foule se presse autour des tables dressées, somptueusement parées de petits fours, de sculptures de glace, de fruits frais et mets raffinés. Les serviteurs, quant à eux, le dos droit, l’air fier dans leur livrée d’ébène, serpentent entre les convives, les mains prises sur des plateaux débordant de verres en cristal. Quelques notes de musique égayent discrètement l’ambiance chargée de discussions frivoles. Des groupes se forment, se décomposent, se rassemblent autour de quelques délibérations ponctués d’éclats, pour se dissoudre dans la salle. La nuit pourrait s’annoncer longue, alors qu’il me faut déambuler, muse fantoche du Sénateur de Bakura, à ses côtés, sous les traits d’une autre, sous le masque de Sweety. Mais il en sera rien… non pas ce soir…

J’esquisse un sourire de pure politesse à mon interlocuteur dont le regard s’attarde davantage sur les courbes de ma féminité habilement dissimulées par le jeu d'ombre des dentelles violines que sur ma conversation. Il est temps pour moi de prendre congé, de m’éloigner de mon employeur dont j’assure la sécurité sous cette identité fallacieuse d’oiseau de nuit, pour me mettre en chasse. Ma robe bruisse élégamment, à chacun de mes pas, le satin moiré glissant sur le dallage de marbre blanc. L’on m’interpelle, mais je m’esquive, fendant la vague humanoïde, la balayant du regard jusqu’à l’apercevoir.

L’holophoto, encore abandonnée sur mon chevet, ne lui fait pas honneur. Elle en délaisse la prestance naturelle, et la démarche de ceux dissimulant en leur sein, une force inattendue. Est-il réellement celui qu’on prétend ou est-ce une façade crée de toutes pièces pour asservir l’opinion à des fins par trop personnel. Le vernis s’écaillera-t-il lorsque mes ongles l’égratigneront ? Il ne m’est permis de le savoir, pas encore. J’ignore les motifs et les obligations scellés dans la volonté de mes indésireux commanditaires, cependant je me refuse à cette obéissance aveugle. Leurs menaces ne m’impressionnent pas mais pour autant ma curiosité s’en trouve attisée. Sénateur, serais-tu, un autre de ces Janos, menteur et manipulateur, rompu aux exercices malhonnêtes de ces fripouilles. Les rumeurs te disent intégre, la vérité infuse-t-elle ces propos, où n’est ce que divagations de média, de compatriotes ou de confrères, quémandeurs de bonnes grâces. Il me tarde de le savoir… Je guette, attendant le moment opportun où ceux qui l’entourent comme une armée de larbins s’éclipseront. Tôt ou tard, quelqu’un ou quelque chose stimulera leur départ, et je suis une femme patiente.

Finalement, l’attente n’est guère longue et je compte bien mettre à mon profit, ce rare intermède entre deux discussions de collaborateurs. Je me presse vers lui, m’emparant au passage sur un plateau, de deux verres. Il me faut jouer mon rôle, et je m’y atèle avec une perfection frôlant l’hypocrisie. D’une démarche souple et chaloupée, de celle des prédateurs et des félins, je le rejoins.

« Sénateur Jeresen Fylesan ? … Permettez-moi… » L’interpellais-je d’une voix monocorde, tout en lui offrant l’un des verres.

Pour être franche, je m’attends à quelques rebuffades, lorsqu’il se remémorera mon visage, mon identité factice et les raisons de ma présence en ces lieux. Il faut dire que ma mise parle pour deux. Ma robe, longue et noire bordée de violine, cascade sur ma peau avec une sensualité provocante sans être vulgaire. Pour autant, elle en révèle bien plus qu’il n’en faut sur mon illusoire profession.

« Il me faut absolument m’entretenir avec vous, c’est une question… » Je m’approche, me haussant sur la pointe des pieds – tout en prenant soin d’éviter de le frôler- pour susurrer à sa seule attention « ... de vie ou de mort. La votre pour être exacte. »

Piquer son intérêt.

« Nous devons discuter. Maintenant mais pas ici. Le lieu ne s’y prête guère. Isolons-nous à l’étage si vous le voulez bien. » Continuais-je avec sincérité et sans apparat. Je lève mes yeux sur lui, harponnant son regard céruléen, cherchant dans son azur les prémices d’une réponse sous l’écueil de la surprise.

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Des soirées de perdues, voilà à quoi ce résumaient en général ce genre de réceptions sur Coruscant. Rares étaient-celles où Jeresen pouvait accrocher des discussions intéressantes et pertinentes. La plupart des propos que lui et ses suivants happaient consistaient généralement en des ragots de couloirs plus ou moins fondés. L’Alsakani se prêtait pourtant au jeu autant que possible, ne serait-ce que pour afficher sa présence et celle de son monde aux soirées mondaines de la Rotonde. S’il avait du mal avec le côté froufrou et grandiose de ce genre de réception, il aimait se jeter dans l’arène, ne serait-ce que pour venir y déjouer les rumeurs et les pièges tendus à son égard avec ses confrères bien moins scrupuleux et vicié par la corruption. Il aimait croire qu’il parviendrait un jour à rassembler un bloc solide et fiable autour duquel il pourrait construire un véritable projet commun.

L’Alsakani ne pouvait se résigner à voir la République glisser lentement vers un état léthargique disposant de pouvoirs considérables pouvant mettre à mal le système en partie établi par ses ancêtres il y a plusieurs millénaires de cela. A ses yeux, trop de pouvoirs avaient été donné à l’Etat Fédéral et la réforme de la constitution avait été dans sa majeure partie une erreur qu’il fallait corriger. Voilà le genre de sujets sur lesquelles il espérait pouvoir débattre librement lors de ce genre de rassemblement, et non pas sur la première rumeur de couloirs sans intérêt aucun.

Quelle ne fut pas sa réaction, lorsque son assistant vînt lancer la discussion sur un dossier épineux pour Alsakan, et qu’il avait longuement défendu devant l’Archaïad et les Conseils de Son Altesse, le Roi Fird :

« Que dois-je répondre aux demandes insistantes de l’ACA ? »

En réponse, un simple air consterné suivit d’un soupir d’agacement suffit à étouffer els premiers foyers d’insistance de son partenaire. Croisant les bras devant lui, le sénateur répondit avec un désintérêt flagrant tant la chose avait longuement été débattue par le passé :

« C’est encore au sujet du contrat que nous avons déjà négocié sur le renouvelle de la flotte ? Il me semble que nous été on ne peut plus clair. Nous allons recevoir les dix exemplaires de présérie d’ici quelques semaines. Ils seront longuement éprouver durant l’année à venir. S’ils se montrent concluants, alors nous passerons à la seconde phase. Il n’y a rien à rediscuter, du moins pas avant mon retour de Bilbringi. »

« Je vois. Les Conseils ont également fait savoir la nécessité d’une nouvelle audience, au sujet de votre projet pour Balosar. Il semblerait que vous ayez réussi à faire mouche la première fois. »

Balosar, enfin un sujet intéressant. Hélas, il n’avait plus rien à débattre avec son collègue à ce sujet. Ce n’était plus lui qu’il fallait convaincre, mais bien l’Archaïad. Une tâche âpre et difficile, mais Jeresen semblait confiant quand à ses chances d’aboutir sur un accord.

« Encore heureux, c’était le but escompté, je ne me présente pas devant les Conseils pour des prunes. Essayez de placer un rendez-vous dans la semaine. »

L’assistant acquiesça et sembla vouloir embrayer sur un autre sujet. Jeresen le stoppa net, d’un signe clair de la main avant d’ajouter, quelque peu insistant mais sur un ton purement amical :

« Nous pourrions éviter de discuter de ce genre de choses ce soir ? Allez donc profiter de cette réception au lieu de venir m’accaparer avec des sujets que nous pourrons traiter demain. Allez, débarrassez-moi le plancher. »

La chose fut aussitôt dite que l’assemblée compacte sembla se déliter lentement, s’éloignant vers les différents buffets ou bien encore à la recherche d’une connaissance. Jeresen avait confiance en leur discrétion concernant certains dossiers qu’il désirait garder plus ou moins secrets pour l’instant. Rien de compromettant, évidemment. Mais chaque chose devait être dévoilée en son temps.

Jeresen espérait enfin pouvoir profiter de sa solitude un instant, avant de se laisser plonger à nouveau dans les envers de ces soirées mondaines. Hélas, il fut bien trop vite rattrapé par la réalité de la chose. Il ne fut pas difficile pour lui de repérer la Mirialan qui fondait dans sa direction tant il l’avait souvent vu en compagnie du Sénateur de Bakura lors de ses réceptions. Là encore, elle ne dérogeait pas à la règle que le Hutt avait sans doute exigée, tant sa tenue légère et cascadée en révélait sur ses atouts. L’Alsakani n’avait cessé d’exprimer tout bas son désaccord quant à ces pratiques désobligeantes, mais il savait aussi qu’il allait avoir du mal à s’éclipser avant qu’elle ne le rejoigne.

Tant pis, il allait faire face, détournant son regard pour éviter de la fixer de trop. Jeresen se laissait accroché, attrapant le verre qui lui était tendu sans pour autant toucher au somptueux qu’il contenait, se contentant de répondre simplement :

« Lui-même, en effet. »

Il se méfiait. Quoi de plus naturel lorsque l’on savait qu’elle ne devait sa présence en ces lieux qu’à celle du Sénateur de Bakura, avec qui le Sénateur espérait ne jamais rien avoir à faire. Jeresen avait publiquement exprimé son désaccord et sa désapprobation lorsqu’il fut nommé Ministre Spécial, avant d’être rattrapé par des affaires qui ne le surprenait pas. Il était le parfait représentant de son espèce, que pouvait-on lui reprocher ? Tout, justement. Peut-être avait-il envoyé sa muse pour le tromper, pour l’embarquer malgré lui dans une affaire douteuse.

La suite, pourtant, vient couper court à ses pensées premières, le prenant suffisamment de court pour laisser transparaître sa surprise sur son visage. Ses yeux s’arrondissent un court instant, avant qu’il ne finisse par rebondir avec amusement, feintant l’indifférence quand au sujet énoncé :

« Oh, rien que ça ? Vous n’êtes pas la première à venir m’informer de ce genre de choses. Les rumeurs d’assassinats sur ma tête sont monnaies courantes. Qu’est-ce qui me prouve qu’il n’en est pas de même concernant la vôtre ?»

S’il semblait l’air de prendre la chose avec indifférence, l’Alsakani était en réalité bien plus préoccupé. Cette femme, qui se voulait être l’amusement du Sénateur de Bakura, s’auréolait d’un intérêt tout particulier aux yeux de l’Alsakani. Ses propos trahissaient, d’une certaine manière, le faux rôle qu’elle jouait à chaque réception, lorsque Rejliidic était présent. Bien qu’il était las de toutes les précautions prisent à son égard par sa délégation pour éviter toute attaque contre son égard, l’Alsakani en avait bien trop vu lors de ses péripéties au sein de l’armée pour délaisser la moindre information à ce sujet. Il y avait cependant des limites aux concessions qu’il pouvait faire à son interlocutrice.

« Nous isoler ? Alors que je ne connais même pas votre véritable identité, et non ce nom d’emprunt que vous exhibez ? Vos arguments me semblent bien maigres…»

Première condition sine quoi none au maintient de son écoute. Si elle s’y pliait, alors peut-être viendrait-il à accepter l’idée de s’éclipser vers l’étage plus calme et moins fréquenté du lieu. D’un geste discret, il signalait l’imprévu à ses gardes du corps, et plus particulièrement Elliot, en qui il avait toute sa confiance et était responsable du dispositif de sécurité.
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Un sourire, délicieusement amusé, ourle d’une lenteur délibérée mes lèvres brillantes de gloss, se prolongeant jusqu’au turquoise pétillant de mes prunelles soulignées de noir. J’avais envisagé une répartie de sa part, je crois même que j’aurais été déçue s’il avait souscrit à mon souhait sans coup férir. S’il souhaite me désarçonner en affichant un masque d’impassibilité et d’indifférence, ce n’est en tout cas, pas d’une efficacité éprouvée. Au fond, il n’est jamais agréable de se savoir la cible d’autrui, et encore moins si l’on en ignore les motifs. Au fond je sais que sa curiosité, ne serait-ce que venant de cette part de lui anciennement affectée aux services de la sécurité intérieure comme le clame haut et fort son pedigree, le chatouille aux entournures. Mon regard glisse impudiquement sur son visage, et bien qu’il s’essaye à éviter de regarder avec insistance dans ma direction, je ne me gêne pas, moi, pour détailler les traits plutôt avenant de sa personne et tenter de percer à jour les secrets enfermés dans l’éclat mercuriale de ses yeux.

«  Ce n’est pas vraiment étonnant que l’on vous ai gravé une cible au dos… Les politiciens ont cette mauvaise manie d'être particulièrement impopulaires auprès de certaines tranches de la société et de se faire beaucoup d’ennemis. Et plus on est proche du pouvoir, et plus leurs nombres augmentent. J’ai peur que ce soit la une généralité pour chacun de vos confrères, bien qu’il est vrai que vous vous soyez également fait votre lot de détracteurs d’une façon plus triviale… » Commençais-je d’une voix onctueuse, presque compatissante si on en retire la pointe de sarcasme. « … je pourrais presque vous plaindre. Presque seulement. »

Mes doigts jouent négligemment sur la coupe de champagne, alors que je relève, bien qu’il soit particulièrement discret, le petit signe qu’il fait. Je me retourne, instinctivement, recherchant en vain à qui il s’adresse. Probablement à un individu de la même race que moi, ceux qui ne battent ces fêtes, non pour le plaisir d’une discussion ou d’une danse, mais pour le travail. Finalement cela n’a aucune importance, je doute qu’il me fasse écarter, pas immédiatement alors que son intérêt est piqué, et qu’il attend moi, plus que je ne suis prête à lui accorder.

«  Mais vous savez, Sénateur, malgré tout je suis certaine qu’aucun de vos assassins n’est venu s’en entretenir avec vous de vive voix. Voyez donc ma démarche comme une exception… et une preuve de ma bonne foi à votre égard...   » embrassant l'assemblée en s'assurant que nul n'est trop proche pour entendre mes paroles, à peine plus que murmurées. « N'ayez pas l'air aussi déconfit. Vous attirez les regards et bientôt on se demandera quelle couleuvre je viens de vous faire avaler. Cela attire invariablement les vautours et les mauvaises langues. Je doute que ce soit opportun, je n'apprécie pas vraiment ni les uns, ni les autres, de toutes évidences vous non plus et comme je vous l'ai dit, cette affaire nécessite un peu de discrétion... »

Je l'observe un instant. Il m'est difficile de deviner ce à quoi il pense. S'imagine-t-il que je suis envoyé par Ragda ? Croit-il que le champagne bullant dans sa coupe recèle les miasmes d'un poison. Possible... L'étrange sensation d'être épiée me picote l'épine dorsale. Ce n'est pas la première fois, ce soir, pourtant je ne parvient à en surprendre l'origine. Un soupir fond sur ma bouche, nous ne serons plus seuls très longtemps encore. Je dois le convaincre de m'accompagner, bien qu'en théorie, qu'il le fasse ou non soit secondaire.... je pourrais me dispenser de sa présence mais... je ne sais pas, il y a chez cet humain, quelque chose qui m'attire, irrésistiblement, sans que je parvienne à mettre un mot sur cette sensation. Comme une bulle chaleureuse, un sentiment de confiance bien qu'il n'ait rien fait pour qu'on la lui accorde.

« Je n'ai pas empoisonné votre coupe, Sénateur... Connaissez vous ce dicton Corellien ? Si l'on souhaite ta mort, que ma vie paie pour la tienne ! »

A ces mots, mes doigts gantés se lovent contre le dos sa main, l'emprisonnant avec une douceur presque sensuelle, l'obligeant à s'approcher de moi. Mes lèvres se posent délicatement sur le bord cristallin du verre, puis aspire une petite gorgée du pétillant, alors que mon regard audacieux s'ancre dans le sien entre défi et séduction.

« Velvet... » glissais-je en m'écartant, délivrant mon nom comme un aveu «  Je m'appelle Velvet. »

Je ne joue pas, plus vraiment. Évidemment j'aurais pu lui indiquer n'importe quel patronyme, comptant sur le fait qu'il ne pourrait être vérifier, mais en cet instant précis, il me paraît important de faire preuve de franchise. J'ignore si elle sera perçue à sa juste valeur, mais qu'importe...

« Au cas où, vous vous poseriez la question, Le sénateur de Bakura n'est pas au courant de notre entretien, pas davantage que ce qu'il concerne. Je crois que l'un comme l'autre ne vous portez pas dans le cœur, aussi soyez assuré que je payerais vraisemblablement cher ce petit aparté, mais il n'en ai nullement l'instigateur... Humm je crois qu'on vient vers nous. Peut-être ai-je de trop sous estimer la curiosité de certains devant notre étrange assortiment... Aussi comme je n'ignore pas la réputation qui est la mienne, et que je ne saurais vouloir entacher la vôtre en vous obligeant dans mon sillage... Rejoignez moi, s'il vous plaît... je vous attendrais dans la bibliothèque de l'étage, le salon vert... je gage que vous trouverez dans mal. Venez seul ou si vous craignez que je vous tende un guet-apens venez accompagné... mais venez. »

Je m'éloigne, lui adressant un dernier salut et sourire de convenance, juste pour les spectateurs nous entourant comme une marée mielleuse et hypocrite. Sans attendre, je me dirige vers l'étage, grimpant avec évanescence l'escalier imposant,, abandonnant le murmure houleux de la foule pour suivre un corridor et atterrir précisément là où je le souhaitais. Le salon, tout en vieilleries et en objet d'un autre âge, expose ses tentures vertes et ses étalages remplis de livres. Ma robe bruisse sur le parquet ciré et mon index court sur les tranches des livres, un peu rêveur, un peu inquiet.
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Jeresen devait l’admettre, la Mirialan qu’il avait en face de lui savait y faire pour attirer l’attention. L’Alsakani était presque captivé par ses charmes, bien qu’il ne soit clairement pas intéressé par ce genre de dérives. Elle sait jouer de ses atouts, tant corporels que verbal, il ne peut le nier bien qu’il tente de ne pas trop les contempler. De par son approche osée, elle avait attisé la curiosité du Sénateur, qui ne voyait nullement l’intérêt de son confrère Hutt dans pareille manœuvre. S’il y avait bien un sujet que l’Alsakani prenait réellement au sérieux, c’était bien les menaces qui pesaient sur son dos et qui avaient tendance à rester tenaces malgré les années, et surtout, malgré sa nouvelle distance obtenue par son statut de Sénateur. Il restait tout de même la figure de la lutte contre la corruption sur Alsakan, et celui qui avait osé mettre le pied dans la fourmilière en s’attaquant aux bas-fonds de la ville-monde. Il n’avait peut-être pas résolu l’intégralité des problèmes, c’était impossible, mais il avait suffisamment secoué la chose pour que les menaces d’assassinat contre sa personne affluent. Pire encore, il avait même fait adopter un plan visant à poursuivre le processus bien des années après qu’il eut quitté son poste pour celui de chef de la délégation d’Alsakan au Sénat. Si bien qu’à l’heure actuelle, des réseaux étaient encore démantelés chaque jour. C’est pourquoi les intimidations étaient prises au sérieux par son service de sécurité, car les potentiels commanditaires disposaient de moyens de mettre leurs menaces à exécution.

En soit, ses détracteurs n’étaient pas forcément ceux auxquels sont habitués la plupart des politiciens de la Rotonde, bien qu’il ait sans doute des ennemis au sein du vaste hémicycle. Il n’avait pas véritablement de retour sur une quelconque impopularité sur Alsakan, preuve étant qu’il était toujours à son poste. Le Roi Fird était quelqu’un de très à cheval sur la manière dont était perçu ses représentants par son peuple, et il ne prendrait sans doute pas de risques en laissant quelqu’un de mal aimé à un poste aussi important. Jeresen en était pleinement conscient.


« Votre analyse est tout à fait exacte, bien que mes… détracteurs soient pour la plupart bien différents de ceux auxquels mes confrères sont habitués. Je dirais plutôt que mes opposants ont plutôt tendances à verser dans l’illégalité. »


Jeresen esquissa un léger sourire pour appuyer ses maigres propos, mais aussi pour réagir à cette pointe de sarcasme qu’il avait sentit dans les dires de la Mirialan. Du coin du regard, l’Alsakani remarqua la réaction des membres de sa garde, lesquels s’apprêtaient désormais à la suivre au cas où il se déplacerait hors de la salle de réception. Cependant, l’Alsakani n’a aucune raison de faire écarter son interlocutrice, sa curiosité étant piquée à vif. Toujours un peu trop stoïque, il commençait à peine à se détendre alors que la Mirialan lui faisait justement part de cette situation qui, il l’avait lui aussi remarqué, avait tendance à attirer les regards. Quoi de plus surprenant. Après tout, Jeresen se laissait rarement aborder par des individus de l’acabit de celle qui lui faisait la discussion actuellement.


« Vous marquez des points. Il est vrai qu’aucun de ces assassins n’est venu me rencontrer en personne, auquel cas ils auraient sans doute mal tournés. Je comprends vos nécessités, mais comprenez ma méfiance…»

Si elle s’était un minimum renseigné sur son passé avant de venir l’aborder, alors elle n’aurait aucun mal à comprendre la signification de ses propos. Jeresen était entraîné et parfaitement capable de défaire la plupart de ses agresseurs. Il n’avait en effet, fort heureusement d‘ailleurs, jamais eu à croiser le chemin d’un adepte de la Force.

Lentement, Jeresen récupérait le peu de contenance qu’il avait perdu, se montrant plus naturel alors qu’il continuait, discrètement, de scruter l’assemblée qui reprenait petit à petit ses habitudes après avoir observé, quelques instants, une originalité dans leur soirée. Ses doigts glissaient le long de la coupe qui lui avait été tendu, son regard semblant se perdre quelques instants sur les bulles qui remontaient rapidement à la surface du liquide. Il est soudainement écarté de ses pensées par la remarque de la Mirialan, qui le fait quelque peu sourire. Il était évident que la coupe n’était pas empoisonnée. Il l’avait vu s’en saisir sur le plateau d’un des serveurs, il n’avait pas d’inquiétude à ce sujet, à moins que son assassin n’ait voulu s’occuper de toute l’assemblée d’un seul coup. Sans réellement s’y opposer, il l laisse jouer son jeu, l’autorisant à poser ses doigts sur sa main. Il était nécessaire de laisser la chose couler pour faire resurgir une certaine indifférence quand aux propos de la Mirialan, feinte évidemment, uniquement destinée à tromper l’assemblée et non cette… Velvet. Là encore, il devait sans doute s’agir d’un surnom mais il sonnait déjà plus sincère que le sobriquet de Sweety.

A cette pensée, Jeresen ne pouvait empêcher le doute resurgir quand aux véritables intentions de la Mirialan. Etait-elle réellement sincère ou était-ce là un stratagème très élaboré de la part de Rejliidic ? Il était de moins en moins sûr de la possibilité de la chose, et il fut surpris de voir la Mirialan aborder le sujet. C’était à croire qu’elle lisait dans ses pensées ! Son invitation, elle, était particulièrement tentante et restait dans le ton de la précédente, à savoir se retrouver dans un coin plus tranquille, loin des regards indiscrets. Visiblement, le secret qu’elle cachait devait être important, ou bien peut-être était-ce parce que l’assassin dont elle parlait était également présent dans la pièce. L’Alsakani aurait aimé la questionner plus, mais déjà d’autres invités semblaient se diriger vers lui. Il les reconnaissait assez aisément, puisqu’il s’agissait des représentants de Bormea et d’Opatajji, des mondes très proches d’Alsakan tant géographiquement que philosophiquement.

« Je verrais ce que je peux faire, mais ça risque d’être un peu long… »

D’une certaine manière, Jeresen accédait à sa demande par cette simple phrase, alors qu’elle s’éclipsait déjà au travers de la foule avec une grâce certaine mais osée. En retour, l’Alsakani n’offrit pas grand-chose, déjà abordé par ses deux confrères désireux d’aborder des sujets importants.

Jeresen laissa ses lèvres tremper dans le précieux liquide, y goûtant lentement pour le savourer alors que ses nouveaux interlocuteurs mettaient en avant la coopération entre Alsakan et leurs mondes, plus particulièrement les volets économiques et militaires. Alsakan mettait déjà sa flotte à disposition de ces deux mondes voisins, assurant ainsi leur protection. Jeresen ne pouvait décider seul, et il ne put que renvoyer sa décision à plus tard. Pour être sincère, il voulait surtout éviter de tomber dans des promesses qu’il ne pourrait pas tenir. La discussion s’éternisa, et Jeresen dû trouver une parade pour s’éclipser, promettant néanmoins un rendez-vous dans la semaine qui venait. Finalement, il s’écartait, posant sa coupe vide sur le plat d’un des serveurs pour finalement rejoindre Jonn, son assistant. Le sénateur se montre suffisamment pressant pour l’arracher à sa discussion, l’entrainant discrètement à sa suite vers l’escalier, grimpant calmement vers l’étage tout en lui expliquant la situation. Jonn n’était pas que son assistant Sénatorial, il était également responsable de sa sécurité.

D’où l’invitation.

Finalement, le duo ne tarda pas à remonter le long du corridor, atterrissant rapidement à destination. Jonn semblait quelque peu préoccupé, visiblement guère convaincu par les informations que Jeresen lui avait offertes. A vrai dire, l’Alsakani n’était pas totalement convaincu non plus mais il voulait tout de même laisser sa chance à celle qui avait prit suffisamment de risques pour venir l’aborder. Entrant dans la pièce, Jeresen laissa son assistant venir à sa suite, glissant les bras dans son dos alors qu’il refermait la porte, pour plus de discrétion. Il n’avait pas manqué de discerner Elliott au fond du couloir, ce qui laissait présager que Jonn avait prit ses disposition pour sécuriser le lieu. Parfait. La porte close, il pivota enfin :


« Vous prenez peut-être des risques mais j’en prends tout autant en acceptant de vous écouter, Velvet. Voici Jonn, mon assistant. J’estime sa présence nécessaire. Prenez un siège si vous le désirez, nous vous écoutons… »

Le ton était moins travaillé et moins cordial, presque pressant. Jeresen n’avait plus besoin de masquer son jeu face à la foule, celle-ci n’étant plus présente. Le côté militaire, martial, revenait alors qu’ils allaient entrer dans le vif du sujet. Du moins, il l’espérait.
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Le temps ne me semble guère long, les minutes ou les heures s’égrenant sous les mots d'une lecture passionnante. Page après page, ligne après ligne, je m'immerge dans un monde de romance, m'oubliant, patientant calmement dans la douceur feutrée du salon, propice aux lectures et aux rencontres secrètes. Puis, soudainement, une vibration dans la force, comme un léger frisson voyageant sur mon corps, résonne de sa future présence. Bien que j'enferme dans le cocon de mon cœur, mon aura, question de prudence, je ne peux manquer cette perturbation éphémère. Un sourire froisse mes lèvres, diaphane et fugitif. Je referme le livre, au moment où ils entrent, refermant derrière eux, pour ne laisser aucune révélation de notre entrevue, filtrer vers des indiscrets indésirables. Je me relève, abandonnant le confort ouaté d'un fauteuil, tout en adressant un signe de tête au compagnon du sénateur.
Il est amusant de voir, lorsque le public s'efface, la facette intime d'un homme rompu aux feux d'une rampe politique. Je suis toujours étonnée de saisir le contraste entre le Ragda de l'ombre et celui siégeant à la Rotonde. Qu'en est-il pour l'alsakani ? Perdra-t-il toute retenue, toute politesse ? Non... je ne le crois pas, mais en vérité qui risque d'être le plus étonné de la métamorphe de l'autre. Lui ou moi ? Lui... assurément... je doute qu'il puisse véritablement me surprendre.

Mon regard l'abandonne et se tourne sur l'assistant, fugacement, presque sans intérêt, notant juste ce pli à la commissure des lèvres, entre dédain et jugement. Ma robe, bruisse élégamment sur le parquet ciré, alors que je comble les pas qui nous séparent, mon livre toujours clos en main. Mais de la femme apprêtée pour le plaisir d'un homme, ou plutôt d'un hutt, il ne reste plus que moi, la réelle, celle sans les fards et les masques de ce monde factice et retors, très différente de Sweety, et à la fois intrinsèquement semblable dans mes gestes fluides et félins. Un peu comme le reflet déformé d'un miroir de cirque ambulant..

« Le seul risque que vous prenez Sénateur, c'est de donner lieu à un commérage si l'on nous surprend ensemble. Quoique nous ayons un chaperon...Je ne suis pas armée, et vous êtes accompagné, sans compté vos gardes du corps dont je soupçonne la présence dans le corridor. Mais nous ne sommes pas là pour ça.. »

Ma voix, à son instar, ne se pare plus de séductions mielleuses et de faux-semblant, elle résonne uniforme, monocorde à la limite d'une froideur toute professionnelle. Il est inutile de jouer. Le temps de cet homme est précieux, autant que le mien, et je n'ai jamais été une oratrice de grand talent. S'il y a maintes façons d'aborder le sujet pour lequel je l'attire ici, j'ai choisie de le faire avec franchise, sincérité, et sans les verbiages inutiles si propre aux gens de sa race.

« Je ne vais pas y aller par quatre chemins... » commençais-je presque brutale, directe dédaignant cette chaise que l'on me propose comme l'instrument d'un interrogatoire. «  Il y a deux jours, j'ai reçu un colis un peu particulier, accompagnés d'une série de directives qui vous concerne. Les ordres étaient clairs et précis. Vous séduire, vous attirer dans une chambre indiquée de cette villa, vous droguer et attendre de nouvelles instructions. La méthode étant à ma discrétion, ainsi que l'ordre pour procéder. Une fiole accompagnait toutes les infos dont j'avais besoin... En cas de refus, bien évidemment, on me propose une agonie longue, douloureuse et probablement immédiate...»

Mon regard se plisse passant de l'un à l'autre des hommes. Ils ne me croiront pas sur paroles, pas sur des approximations et des possibilités. Tout comme moi, ils ont besoin de faits concrets pour étayer leur réflexion, fomenter une stratégie viable. Ma main s'engouffre entre l'étoffe moirée et soyeuse, glissant sur l'élégance d'un bas de dentelle pour s'attarder sur une jarretelle particulière. Dissimulée sous la soie et le satin, je dévoile ma cuisse chamarrée d'un trésor. Un flacon surgit d'entre mes doigts, avec la dextérité d'une magicienne de rue, ainsi qu'une puce de sauvegarde pour datapad. La robe retombe, dans un froissement discret alors que je leur tend l'un et l'autre.

« Je n'ai rien de plus pour étayer mes paroles que ceci... La carte contient les consignes ainsi que votre emploi du temps de la journée Sénateur, et quelques petites informations... personnelles. Pour autant que je sache et d'après ce qu'il m'a été possible de vérifier, le dossier est bien renseigné. Quand au sérum... je parierais sur un narcotique puissant mais avec effet de retardement. Enfin … »  J'esquisse un sourire en lame «  … c'est ainsi que j'aurais procédé personnellement. »

Je n'ignore pas faire preuve d'imprudence, la façade protocolaire et charmeuse de ma fausse identité se délitant à mesure que les mots coulent de ma bouche, s'émiettant sous mon honnêté crue. Il est évident que son regard s'égare sur moi, très différemment, cherchant à percer sous les dentelles et les soies, l'éclat d'une vérité qu'il devine déjà. Oui... je ne suis pas celle qui paraît, pas uniquement une poupée de salon, pas qu'une demi-mondaine que l'on exhibe pour la frime, pour provoquer. Mais la bure n'a jamais fait le jedi, et le maquillage encore moins la prostituée. Mais qu'importe...

« Vous comprendrez mon insistance à vous rencontrer. Voyez vous, je ne tiens pas à participer à ce complot. Et si je n'apprécie guère les menaces, je crois que j’exècre encore plus que l'on tente de se servir de moi ... »

Je marque une pose, mes iris turquoise, éclat bleuté aux accents de sincérité transperce les siennes, exposant les doutes qui me taraudent depuis que j'ai reçu le colis.

« Cependant... j'ignore encore, bien que vous soyez la cible de cette machination, s'il s'agit d'un traquenard pour vous seul... ou pour atteindre Redjiilic au travers de moi et vous, en se servant de votre antagonisme mutuel... A moins que ce soit une pierre... deux coups. »
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« Un simple commérage, croyez-vous ? S’il y a bien une chose qu’il ne faut pas sous-estimer, c’est bien leur ingéniosité. Il suffit que la situation leur semble appropriée pour qu’ils commencent à répandre leur venin. »


Un léger sourire venait s’étirer sur son visage neutre pour venir rompre l’attitude martiale adoptée à son arrivée tandis qu’il constatait le changement de ton de son interlocutrice. A présent qu’ils étaient seuls et loin du gratin de la soirée, les premiers masques tombaient pour laisser transparaître les personnalités véritables et non les emprunts effectués pour l’occasion. L’Alsakani appréciait la franchise de la Mirialan, bien que ses paroles résonnaient encore et encore dans son esprit. La menace semblait bien réelle, bien qu’aucune preuve n’était encore avancée pour venir approuver ces dires. Il aurait facilement pu se faire avoir, et peut-être venait-il d’échapper de justesse à une tentative d’assassinat sans que son service de protection n’ait pu y faire quoi que ce soit. A ce sujet, il n’était pas étonnant de voir le responsable du dit service bouillonner :


« Vous deviez faire quoi ?! » s’exclama Jonn, bondissant presque sur place tel un vieux jouet sur ressort.


Jeresen sentit son assistant partir au quart de tour et s’interposa d’un bras ferme et tendu, comme pour lui bloquer le passage avant de préciser, sur un ton calme mais transpirant d’autorité :


« Du calme, Jonn. Je préfère encore sa franchise…. Laisse-là poursuivre. »

L’Alsakani croisa ses bras à nouveau, son ouïe plus attentive que jamais. Il avait besoin de savoir, de comprendre comment pareille menace n’avait pas pu être décelée à l’avance. Cependant, sans preuves, Jeresen ne pouvait être totalement convaincu de la véracité des propos de la locutrice. Le regard du Sénateur, attentif et sur le qui-vive, suivait le mouvement de la Mirialan sans aucune retenue, et surtout, sans arrière-pensée. Il s’agissait uniquement d’une étude professionnelle, une nécessité face à l’inconnu. Qui sait ce qu’elle pouvait bien cacher là-dessous, lui qui avait déjà vu bien des choses au fil des années. C’était presque si plus rien ne pouvait désormais l’étonner. Ses yeux azurs glissaient sur la soie, pour venir repérer ce que la Mirialan était venue récupérer, tel un trésor devant être caché et protégé. En l’occurrence, il s’agissait ici d’une petite fiole et une puce de données. Le premier objet devait sans doute contenir le narcotique qui aurait dû neutraliser les sens de l’Alsakani, le deuxième pouvait quand à lui contenir bien des informations…


« Faites voir.. » dit-il, récupérant la fiole et la carte, observant quelques instants la première avant de connecter la seconde à son pad pour y consulter les données. Il les survola, lisant en diagonale tout une mine d’informations concrètes et toutes véridiques, certaines étant quelque peu confidentielles. On pouvait presque lire son inquiétude et son agacement sur son visage, alors qu’il constatait la véracité des propos de la Mirialan. « Dans tout les cas, ce que vous dîtes est fort inquiétant. Il ne me semble pas qu’il y ait déjà eu de tentatives aussi avancées que celle-ci. Il faudra faire analyser cela, Jonn »


D’un geste rapide, l’Alsakani retirait la puce de son bloc de données pour tendre les deux preuves à son assistant, un regard lourd de sens venant appuyer ses inquiétudes. Tout ceci ne laissait que deux options, toutes déplaisantes. Des mouchards avaient pu être implanter sur le réseau réservé à sa délégation, que ce soit au Sénat ou dans ses bureaux sur Alsakan, la deuxième option étant plus probable quand aux données récupérées sur sa personne. Certains sujets n’avaient jamais été évoqués sur le sol de la capitale galactique. La seconde option, pire que la première, consistait à penser que ces informations avaient été glanées auprès d’un membre de sa délégation en personne. L’idée ne lui plaisait guère mais cette dernière restait la plus plausible. S’il exécrait une chose, c’était bien de devoir compter un traître dans ses rangs. Le dernier en question avait finit étendu sur le sol après avoir reçu une décharge de blaster en pleine tête, sous le coup de la colère et de l’exaspération.

La situation actuelle restait cependant bien différente, et Jeresen n’avait aucune raison d’agir une nouvelle fois de la sorte. Néanmoins, le problème se devait d’être résolu au plus vite et l’Alsakani comptait bien tout faire pour que ce soit le cas.


« Oui, sans doute. J’aurais sans doute également procédé de la même manière. C’est toujours plus discret que de devoir trainer le corps au nez et à la vue de tout le monde, et ça limite les risques que la cible réalise trop rapidement ce qu’il se passe. »


L’Alsakani n’était pas dupe. Les propos de la Mirialan la trahissaient, ce qui ne semblait pas la gêner plus particulièrement. Il ne pouvait nier son courage et son honnêteté, elle qui venait de lui crier au grand jour qu’elle n’était pas celle qu’elle prétendait être depuis le début, trompant ainsi sans doute Rejliidic lui-même sans qu’il ne s’en rende compte. A moins que lui aussi n’ait joué double-jeu depuis le début ? Cela ne ferait qu’ajouter une couche supplémentaire à la pile de justifications qui faisait que Jeresen ne pouvait apprécier son homologue Hutt.

Dès lors, la curiosité du sénateur était de nouveau piquée à vif. Qui était-elle réellement ? Que faisait-elle lors de ces soirées mondaines ? Le fait qu’elle ait joué le rôle d’espionne pour le compte de Redjiilic était évident. Mais qu’en était-il du reste ?

Son regard glissait avec une attention toute particulière sur la Mirialan, comme à la recherche d’indices pouvant l’amener sur une piste intéressante. Ses vieux réflexes se réactivaient rapidement et aisément face à cette femme pleine de secrets. Sa vision venait finalement se poser sur la sienne, inquisitrice, alors que ses paroles tombaient :


« Je le comprends, en effet. Mais cela soulève bien d’autres questions. Il me semble désormais évident que vous n’êtes pas celle que vous prétendez être. Qui êtes-vous réellement, et pourquoi jouer pareil rôle au côté du Sénateur Redjiilic ? »


Il marquait une pause, expirant légèrement. Il était nécessaire pour lui d’en savoir plus et de connaître le dénouement prévu de cette affaire. La plupart de ses ennemis avaient toujours voulu sa mort, alors pourquoi vouloir l’assommer ? Les réalisations étaient bien trop nombreuses pour être toutes envisagées. Il lui fallait restreindre le champ des possibles.

Lentement, ses bras se déliaient, tandis qu’il demandait :


« Concernant le reste, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. Saviez-vous de quelles manières les nouvelles directives devaient vous être données ? »

Dès lors, le bal des questionnements étaient ouvert et Jonn n’hésita pas à y participer par une question tout aussi pertinente :

« Et les commanditaires ? De qui s’agit-il ? Avez-vous ne serait-ce qu’une idée sur la question ? »

Et encore, connaissant Jonn, Jeresen savait que ce n’était sans doute que le début d’un long interrogatoire auquel il se réservait le droit de mettre fin lorsque cela l’arrangerait…
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« Oh… mais je ne prétends rien Sénateur. Je suis exactement celle que l’on veut que je sois ou plutôt celle que l’on veut voir. Regardez, vous-même, jusqu’à aujourd’hui, vous n’avez toujours que vu Sweety, les robes couteuses un brin audacieuse, le maquillage et les strass, accompagné d’un Sénateur et présentée comme une amie. Vous.. Vous en avez déduit que je n’étais qu’une de ces femmes qui se vendent pour quelques crédits. Votre propension à sauter aux conclusions hâtives sur un visuel, et à fixer un jugement sur des aprioris, est votre erreur. Oh rassurez vous, vous êtes très loin d’être le seul… mais… »

Je m’approche, dévorant les quelques pas qui nous sépare pour m’approcher si près qu’il pourrait, en tendant les mains, me prendre dans ses bras. Ma démarche est souple, chaloupée, de celle des belles de nuit ou des prédatrices. Je me hausse sur la pointe de mes pieds, pour fondre mon regard céruléen, dans le sien.

« … ne me demandez pas de vous ouvrir les yeux. Les secrets sont l’apanage des Dames, et mon privilège. Devinez si vous le désirez mais comprenez moi bien, Sénateur, je ne suis pas ici pour disserter sur mes relations avec Ragda ou pour vous apporter quoi que ce soit à son encontre. Nos liens ne vous concernent nullement et si d’aventure vous m’avancez l’argumentaire qu’il pourrait bien y avoir un lien, alors laissez moi vous confirmer que les organisateurs de ce petit complot, ne voient en moi que la prostituée, tout comme vous, il y a encore quelques instants. »

Ma langue claque sur mon palais, signe annonciateur d’un agacement certain teinté d’une pointe d’exaspération et d’impatience. Je me détourne, reprend une certaine distance. Les questions dévient de leur court, et si je comprends leurs curiosités, il me faut les évincer, revenir aux origines de notre affaire, jalonner la situation et parvenir à un stratagème. La résolution de cet imbroglio m’est importante, et je préfère à une épée de Damoclès pendant au dessus de mon cou, la réalité des faits et de cette opportunité.

« Je n’ai aucune manière de savoir comment j’aurais été contactée. Mais je suis certaine d’être sous surveillance même si je n’ai pu déterminer d’où et de qui elle provient. J’imagine qu’il en va de même pour vous. «

Le genre de surveillance qui vous hérisse, qui glisse ses doigts glacés sur votre échine, cause un frissonnement intempestif le long de votre épine dorsale. Du genre qui vous pousse à vous retourner que vous contempler l’absence de danger ou d’œillades sournoises. Depuis que je suis entrée dans cette villa, il me semble sentir sur ma nuque un souffle invisible, dérangeant, sans pour autant que je puisse découvrir l’origine de cette désagréable sensation. Il y a juste ici, dans l’intimité ouaté de cette bibliothèque, où je ne ressens ce désagrément. Mais un ressenti, n’est rien d’autres qu’une vague intuition, pour moi c’est suffisant, mais pour lui… peu probable.

Je dévisage l’Alaskani et son comparse, m’attardant sur ce dernier avec une moue marquant la considération que je voue à sa question. Quel imbécile pédant ! L’orage gronde dans mon regard, diluant dans l’azur un éclat ombrageux. Quand à la tempête naissante dans ma voix houleuse, elle demeure, braises d’une contrariété couvant sous la glace de mon intonation hivernale

« Avez-vous une question plus pertinente à m’offrir Monsieur Jonn ? Croyez vous que si je connaissais les auteurs de cette affaire, j’aurais besoin de vous ? Avons-nous réellement du temps à perdre avec ces parfaites évidences ? Nous pouvons passer toute la nuit en conjonctions et en suppositions, mais s’il est un temps pour la réflexion, il est aussi une heure pour l’action. Je veux autant que vous découvrir se qui se trame. Vous voyez, il y a deux façons d’envisager les informations que je viens de vous donner. La première… nous n’agissons pas. Vous ferez votre petite enquête de votre coté, glanerez ou non des suspects, trouverez des preuves, des coupables, mais n’aurez jamais la certitude d’avoir découvert le cerveau de l’opération, la tête du dragon. Une épée suspendue juste au dessus de vous Sénateur. Et.. Peut être qu’alors, le prochain assassin aura moins de scrupules que moi, à vous voir mourir. La seconde possibilité est de saisir cette chance de découvrir qui se cache derrière ce complot, en jouant leur jeu, avec nos règles…. » Je marque une pause, m’attendant à ce que le conseiller bondisse à nouveau comme un vieux diable sur son ressort. » … autrement dit, en m’accompagnant dans cette chambre, Sénateur. »
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Jeresen eut envie de rire sans retenue en entendant les propos de son interlocutrice tant il ne s’accordait pas avec sa propre pensée quand à la condition de la Mirialan. Il fut évident dès le premier jour que Velvet ne pouvait pas agir que pour quelques crédits auprès du Hutt. Ces limaces avaient évidemment l’habitude de se pavaner accompagné de quelques suivantes, mais celle-ci avait quelque chose en plus, et rien n’agaçait plus Jeresen que de ne pas savoir ce qu’était ce « plus ».

Face à pareille erreur de jugement, l’Alsakani se sentit obligé de recadrer la chose et de donner son point de vue, ne serait-ce que pour s’opposer à celui de la Mirialan. Evidemment que certains sénateurs étaient stupides, mais tous ne l’étaient pas :

« Ne me prenez pas pour un imbécile. Il ne faut pas être né de la dernière pluie pour savoir que vous n’êtes pas celle que vous prétendez être en jouant ce rôle. Je pense que la majorité de mes confrères l’ont bien compris. L’inconnue est plutôt de savoir ce que vous êtes réellement, derrière ce masque de Sweety. Evidemment, certains se sont laissé avoir, mais ce n’est pas mon cas. Je sais parfaitement que vous n’êtes pas l’une de ces femmes, et cela depuis longtemps. » dit-il, sur un ton un peu plus sec et moins amical que précédemment.

Le sénateur regarda la Mirialan s’approcher avec un certain désintérêt pour son mouvement sensuel, exprimant là son désintérêt pour pareilles futilités dans une discussion de cette importance. Son regard perçant vînt se perdre dans le sien, à la recherche du moindre indice, de la moindre réaction de son corps pouvant lui donner des indices quand à sa véritable attitude. Ses propos ne furent pas une surprise pour l’Alsakani, lequel s’attendait à pareil refus à sa question. Il aurait lui-même botté en touche s’il s’était retrouvé dans sa situation. Ses secrets étaient sans doute les choses les plus précieuses, car les dévoiler ferait échouer à jamais sa couverture actuelle, bien qu’elle fût désormais bien entamée du fait de ses maigres aveux. Mais s’il comprenait la nécessité, il ne pouvait pas ne pas réagir à son tour pour préciser le fond de sa pensée :

« C’est votre choix de ne rien nous révéler sur votre personne, mais comprenez que cela ne jouera pas en votre faveur. Je ne sous-entends rien, et je préfère encore me baser sur des faits plutôt que de partir en conjecture. Et le fait est que vous être propre du Sénateur, ce qui donne l’impression que votre rôle à ses côtés est plus important qu’il n’y paraît. Mais je peux très bien me tromper, c’est pourquoi je ne vous ais pas encore jugé. »

Il l’observa s’éloigner, se détournant quelque peu pour laisser ses yeux courir lentement sur le nom des livres et autres mémoires présents dans la pièce, ne pouvant qu’être d’accord avec la vision de son interlocutrice, bien que l’idée ne lui plaisait guère. Il était évident qu’il était épié, sinon comment auraient-ils pu obtenir autant d’informations à son sujet ? Tout comme il était prévisible que les commanditaires avaient tout fait pour s’assurer un maximum d’anonymat.

« C’est fortement probable, oui. Mais dans ce cas, peut-être sommes-nous actuellement écouté. Et dans ce cas, tout ce que nous pourrons planifier contre eux est voué à l’échec. Je pense cependant que ce n’est pas le cas, et que le dispositif de surveillance se trouve dans la salle où vous deviez me mener. »

Là-bas, ou alors en extérieur, à bord d’un mini ou micro drone. Quoi qu’il en soit, Jeresen ne pouvait que constater l’évidence et se résoudre à l’accepter le temps de trouver une solution. Jeresen voyait déjà Jonn partir à la chasse aux sorcières au sein de la délégation pour y trouver le ou les traitres ayant fait filtré les informations. Il aurait dû s’attendre à sa réaction sur l’instant également, lorsque la Mirialan mit en évidence la lenteur du système judiciaire classique et la difficulté des enquêtes « traditionnelles ». Elle avait raison. Ils avaient l’opportunité de couper l’herbe sous le pied des assassins, là, tout de suite. Jeresen ne pouvait rater pareille occasion. Son instinct des Forces Spéciales reprenait le dessus, malgré lui, ce qui lui valait parfois de prendre des risques inconsidérés.

« Vous accompagner et donc vous jeter dans la gueule du gundark ? Vous êtes folle ! La patience est parfois la meilleure des vertues, et jusqu’à présent aucune menace n’a réellement peser sur vous, Monsieur. »

Jeresen soupira, avant de stopper Jonn dans son élan pour s’assurer qu’il n’allait pas étriper leur informatrice. Jonn était trop fermé, peu enclin à la prise de risque.

« Du calme. Il n’est pas nécessaire de s’entretuer. Jonn, elle a raison. Il est temps de mettre un terme à cette mascarade. Je veux savoir qui se cache derrière toute cette histoire. Ne vous en faites pas pour moi, je suis armé, je me débrouillerais si les choses dégénèrent. Et je pourrais compter sur le soutien de Velvet ici présente, n’est-ce pas ? »

L’Alsakani laissa sa main glisser dans sa veste, pour en sortir son pistolet blaster pour en vérifier la charge, s’approchant de la Mirialan pour passer à la phase 2 de leur « plan ».

« J’ai pris ma décision, Jonn. Je vous fais confiance pour la suite. Faites donc de même en ce qui me concerne. Quand à nous, Velvet, comment procédons-nous ? Je propose de jouer le jeu. Je fais semblant d’être terrassé par la drogue et vous faites ce que vous avez à faire. Si le commanditaire ou un de ses pions arrive, on regarde comment ça se passe et on le harponne pour lui soutirer les informations dont nous avons besoin. C’est sommaire, classique, mais fiable.»


PS : Désolé pour la réponse, je ne la trouve pas super-super.
Darth Velvet
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Je n'aime pas cette façon, dont mon nom roule sur sa langue, à croire que la saveur en est terriblement amère. Un petit arrière goût d'orgueil blessé peut être ? Ou la résurgence de ses doutes, de ses hypothèses concernant celle que je suis réellement, s'érigeant dans cette intonation désagréable et sentencieuse. J'imagine à demi, le rictus intérieur frôlant ses lèvres, lorsque les syllabes de mon nom leurs échappent. Oh... évidemment rien ne filtre sur ses traits durcis par les jeux sournois de cette vie de politicien. Un profil de glace... mais sous la minéralité séculaire de son visage, je pressens le bouillonnement et les exactions d'une intelligence percutante et d'une personnalité marquée. Tout ceci n'est peut être qu'un détail, mais il m'agace au plus haut point. J'ai soudainement cette sensation persistante et détestable d'être considérée comme un indésirable cloporte, utile, certes, mais à qui on ne laisse le loisir de ses mouvements et de la parole, que sur son bon-vouloir. Mes prunelles d'azur s’étrécissent en deux fentes d'un bleu céruléen aux allures d'orage. Je ne crois pas un mot de ces soit-disantes intuitions me concernant, pas plus que celle de ses prétendus collègues aussi avisés qu'une meute de Vornsk rongeant avec avidité la carcasse de la République, de leurs ambitions personnelles et de leurs querelles intestines. Comment auraient-ils le temps de se préoccuper des états d'âme et des fonctions véritables d'une demi-mondaine, tout investis dans leur politique moribonde et les traquenards à répandre sur les chemins de leurs adversaires, si ce n'est pour quelques propositions douteuses et lubriques. Ses explications sonnent à mes oreilles comme l'expression désappointée de son amour-propre bafouée, et de sa fierté froissée, mise à mal par ce qui se trouvait sous son regard sans qu'il ne le perce à jour. Qu'importe sa vanité égratigné et sa suffisance toute aristocratique, je ne suis pas là pour ça, pas plus que pour débattre des illusions dont je me drape à dessein. Quoi qu'il en soit, je ne peux l'accuser d'être lent d'esprit, contrairement à ce Jon, dont le faciès s'ourle tantôt d'indignation, tantôt d'une colère froide et professionnelle.

« On vous a laissé entrer armé ? » débitais-je d'une voix acidulée « Décidément la sécurité de cette villa est désespérante. A la hauteur de son propriétaire j'imagine... Mais ne soyez donc pas si pressé de jouer les victimes. Notre petite excursion dans cette chambre nécessite un peu de préparation et un minimum de doigté si nous souhaitons tirer quelque chose d'exploitable de cette situation. Et... je suis certaine que votre assistant me sera gré de ma sollicitude et de ma prévoyance à votre égard. Nous ne voudrions tout de même pas que vous soyez amoché... »

Je relève un pan de tissu chatoyant, pour la seconde fois de notre entretien, sur ma cuisse pour pour atteindre, toujours cette même jarretelle, judicieusement dissimulée au creux de mon aine, et extirper du bouillonnement de tissu, deux objets. Je m’approche de l’alaskani, déposant dans sa paume, un émetteur quasi-indétectable.

« Pour que votre assistant puisse suivre nos déplacements, et nos signaux vitaux…. Je vous conseille de le placer à un endroit discret, facile d’accès et proche d’une veine. » lui annonçais-je simultanément de mon geste, avant de me diriger vers l’humain en question.

« Et pour vous… le récepteur. Vous pourrez nous suivre depuis votre bloc de données. Ainsi, s’ils nous arrivaient un problème, nous pourrions déclencher une alerte à votre attention, d’une pression sur l’émetteur. »

Je l'observe. Il enclenche rapidement l'élément fournis dans son pad, pianotant avidement sur le bloc, jusqu'à divulguer un léger soupir maintenant que la courbe des battements de nos cœurs s'affichent sur son écran. Je ne sais pourquoi, mais soudainement je ne peux résister à la tentation perfide de me pencher vers son oreille, chuchotant presque d’une voix où se teintent sarcasmes et condescendance :

«  Allons, Allons, je vous ramènerai votre petit sénateur chéri intact... enfin autant qu'il me le sera possible ! , Mais pour l'heure et dans le but de soigner les apparence au cas où votre arrivée ici, aurais été observée, il est préférable que vous sortiez Monsieur Jon. Histoire que nous mettions la touche finale à ce guet-apens.»

Je ne lui laisse d'autre choix que la sortie, tenant la porte nonchalamment, pour le rejeter vers le couloir et l'homme de main qui s'y dissimule, devinant qu'il quête l'approbation de son supérieur d'une regard interrogatif.

« Ne vous inquiétez pas, le Sénateur est armé et s'il se sent en danger durant les quelques minutes de ce tête à tête, je ne doute pas qu'il sache comment faire pour appuyer sur un émetteur. Maintenant si vous nous permettez, je veux régler personnellement les derniers détails avec lui. Ah ! oui... Monsieur Jon, évitez le zèle et tenez vous à distance respectable, ne sait-on jamais qui et comment l'on nous surveille. »

Refermant délicatement la porte derrière le claquement de ses pas, je m'avance vers les étagères débordantes de volumes et de livres anciens de la bibliothèque. J'ouvre le bar dissimulé sous une porte de bois de rose ouvragé, à croire que je suis une habituée de lieu pour connaître l'exact emplacement de la cache d'alcool. J'extirpe, parmi les rangées de flacons aux effluves enivrantes, une bouteille d'un vieux whisky corellien que je tends à Jeresen. Le liquide ambré exhale une forte odeur d'alcool, parfaite pour ce que j'ai en tête.

« Vous devriez peut-être vous en parfumer. Je serais bien plus crédible en parvenant à vous traîner dans la chambre si vous êtes aviné, plutôt que sobre... Il est clair que je ne suis guère votre genre de femme... » J'esquisse un sourire amusé. « … ça saute au yeux. En outre, ce sera toujours une excuse plausible pour vous conduire dans un endroit calme si nous rencontrons quelques indésirables curieux, même si votre notoriété s'en trouve quelque peu... égratignée, mais c'est toujours plus raisonnable j'imagine, que de suivre une prostituée dans son antre... Enfin c'est à vous de voir. Dissimulez bien votre arme, on ne sait jamais s'il y avait une fouille ou... » Ma voix retombe sans achever. Ce n'est pas nécessaire... j'avais oublié que ce n'est certainement pas une première pour lui, et les reflexes ont la vie tenace, il n'a probablement que faire de mes conseils et je me passe volontiers de le materner. « Nous y allons dans 5 minutes. Comme ça, votre employé a le temps de se mettre en place, nous de nous préparer et les espions susceptibles de nous surveiller imaginer tout leur saoul notre entrevue plus intime... »

Qu'il choisisse de s'imbiber d'alcool, ajustant au passage son col ou ses cheveux trop sages, ou qu'il préféré m'accompagner en tant qu'admirateur énamouré ou libidineux, je m'adapte à son choix. Sweety ou une bonne âme venant en aide à un homme fortement alcoolisé, ne change rien de mon image mais tout de sa réputation. C'est pour cette raison que je lui offre le dernier mot, de nous deux il est celui qui se risque le plus aux quolibets et persiflages, même si je doute véritablement que nous croisions grand monde dans les étages de cette villa luxueuse.

« Vous êtes prêt ? »
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Elle ne le croyait peut-être pas, mais la situation était tout aussi réciproque. Ils devaient parvenir à établir une relation de confiance entre eux, mais la chose n’était pas simple. Les secrets de la Mirialan freinaient le côté espion de l’Alsakani, qui ne cessait de lui répéter que ce n’était pas une bonne idée, qu’il n’avait pas toutes les cartes en main. C’était effectivement le cas, mais Jeresen n’avait pas vraiment le choix. Son côté aventurier lui disait d’aller de l’avant, et sa logique l’incitait également à aller en ce sens. Il était rare de parvenir à intercepter un des assassins ayant déjà tenté d’attenter à sa vie. C’était une occasion à ne pas manquer. Cependant, il ne pouvait réellement avoir confiance en Velvet. Il s’en méfiait clairement, et il préférait ne pas le lui cacher. C’était une manière pour lui de montrer sa sincérité. Jeresen ne tenait pas à se faire manipuler, d’où les précautions qu’il prenait toujours en s’armant. La surprise de la Mirialan était magnifique, comme si cela était réellement étonnant. L’Alsakani avait passé des années au sein des renseignements Républicain, à s’infiltrer en sous-marin pour dévoiler et détruire les menaces. De fait, cacher une arme n’était pas des plus compliqué. Parfois, il était préférable de mettre en évidence ce que l’on souhaitait réellement caché, si bien que les observateurs, ne croyant pas en la possibilité, se laisseraient berner. Ça ne marchait pas souvent, évidemment, mais c’était quelque d’éprouvé.

« Cela vous étonne ? Je pensais que vous connaissiez mon dossier, je suis quelque peu… déçu. » lança-t-il, avec un certain degré d’amusement. « Plus sérieusement, je sais où cacher certaines choses. Tout comme vous, d’ailleurs. »

La Mirialan n’était que parts d’ombres et de mystères. Un danger, une menace potentielle. Il ne pouvait négliger le fait que l’assassin pouvait être elle. Que les documents qu’elle lui avait livrés n’étaient qu’un appât destiné à l’enfermer entre ses griffes. A chaque instant, cette dernière l’étonnait, et il ne pouvait cacher sa légère inquiétude. L’Alsakani avait l’impression de marcher sur des œufs avec un tireur d’élite prêt à tout à l’abattre, et cela à chaque instant.

« Vous êtes trop bien équipée pour le simple rôle que vous essayez de me faire avaler. » dit-il, en récupérant l’émetteur en question.

Il l’observa sous toutes ses couches, offrant un regard d’autant plus suspicieux à l’égard de Velvet. Elle ne faisait rien pour arranger son cas, bien qu’elle se montrait coopérative et à l’écoute des inquiétudes de Jon. Ses méthodes ressemblaient bien trop à celles de Jeresen il y a de ça quelques années : micros, émetteurs, récepteurs, espionnage, etc.…
L’Alsakani prit un temps fou avant de placer l’émetteur à proximité d’une de ses veines, le long de son bras, non loin du coude. Ce n’était pas forcément très discret, mais c’était déjà mieux que rien. De toute manière, il ne comptait pas laisser son assassin potentiel l’approcher à moins d’un mètre sans dégainer son arme ou tout simplement agir pour le neutraliser avec vigueur.

Quand à Jon, il ne pouvait pas évidemment les accompagner. Il devait rester suffisamment loin d’eux, sans pour autant se trouver hors de portée. Il devait s’assurer que tout soit fait pour qu’il n’y ait aucun accroc. C’est pourquoi, malgré sa suspicion, l’Alsakani alla dans le sens de la Mirialan :

« En effet, je saurais me débrouiller. Ne vous en faîtes pas, Jon. Allez plutôt vous occuper de trouver une excuse à mon absence. Un appel urgent, par exemple. Ou que sais-je. Débrouillez-vous. Mais assurez-vous que je ne croise personne ici-haut. »

L’absence de Jeresen risquait de se faire remarquer tôt ou tard, il était donc préférable de s’assurer que personne n’irait fouiner dans les couloirs pour le chercher. Jon pourrait facilement osrtir une histoire lié au jeu nobiliaire d’Alsakan ou bien encore une urgence liée à un contrat important. La seconde idée avait l’avantage d’attiser les curiosités, et donc de harponner les plus curieux suffisamment longtemps pour que l’Alsakani puisse mener ses opérations à terme en toute discrétion.

Jon sembla protester au début, mais il savait qu’il n’aurait pas le dernier mot. C’est pourquoi il allait tout faire pour s’assurer que nous ne croisions personne. Absolument personne. Sans doute enverrait-il un de ses hommes se balader dans les couloirs adjacents et les autres étages pour avoir la certitude que je ne serais pas vu. Puis, il s’occuperait sans doute de supprimer l’intégralité des bandes vidéo et sonores de la zone pour ne laisser aucune trace de notre passage. Il connaissait trop bien les intérêts en jeu.

Jeresen préféra se concentrer sur la Mirialan et la bouteille de whisky Corellien qui s’approchait un peu trop près de lui, avec des intentions guère recommandables pour sa personne. Si l’Alsakani prit la bouteille, se fut pour la reposer presque aussitôt sur la table basse disposée au milieu des luxueux fauteuils. Il était hors de question qu’il se parfume d’alcool, et cela pour des raisons évidentes. Le risque était trop grand, et cela même avec toutes les précautions que Jon pouvait prendre.

« Vous plaisantez ? C’est hors de question, je ne sais pas qui nous risquons de croiser au dehors, et je ne tiens pas à sentir l’alcool pour tout le reste de la soirée. Je me contenterais de feinter dans le pire des cas, même si je doute que l’on ne nous épie dans les couloirs. Auquel cas notre plan aurait déjà du plomb dans l’aile. Les seules personnes que nous rencontrerons seront presque de facto des suspects. »

Conclusion logique. Si Jon avait effectivement bien fait son travail, ce dont Jeresen ne doutait pas, alors ils ne croiseront personne si ce n’est celui ou ceux sensés interagir avec Velvet. Dès lors, jouer le jeu ne posait aucun problème. Une fois dans la chambre et la suite du plan dévoilé, il faudra alors le ou les immobiliser pour ensuite les interroger. L’Alsakani voulait connaître les réels commanditaires et les raisons de leurs forfaits. Il était possible que ces menaces soient en rapport avec la pression exercée sur certains trafics par l’administration que Jeresen avait laissé derrière lui, avant son accession au poste de Sénateur. En réalité, les possibilités étaient nombreuses et Jeresen ne voulaient ignorer aucune piste, préférant balayer large et perdre du temps que d’éliminer trop de suppositions et d’y louper la bonne.

Il glissa de nouveau son arme de poing, discrètement, pour la camoufler là où personne ne pensait généralement à chercher. Les palpations se limitaient généralement au torse et aux jambes et la plupart des agents de sécurité n’osaient pas trop s’éterniser avec des gens d’importance. Ils préféraient généralement éviter les histoires et ne faisaient donc que moins bien leur travail. Il était alors très simple de les berner. Jeresen s’occupa ensuite d’arranger son col avant de s’assurer que l’émetteur était toujours bien en place et facilement accessible. Une fois fait, il s’approcha pour venir se porter à côté de la Mirialan :

« Je suis prêt, oui. »
Darth Velvet
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« A votre guise, Sénateur … » répliquais-je en reposant la flasque sur une desserte pour m’en remettre à son choix.

Je ne partage pas son avis sur la faiblesse de notre entreprise en cas d’une surveillance intensive, qu’elle soit menée depuis les dédales de corridors à l’ancienne, ou depuis tout autre point à l’aide de technologie plus pointues. On me demandait d’amener le politicien dans une chambre, les directives pour le conduire jusqu’à la porte n’étaient qu’une flopée indicatives. D’où ma méfiance exacerbée… Même si ma couverture est égratignée sous le regard de Fylesan, elle demeure intègre pour les commanditaires. Je doute qu’ils, quels qu’ils soient, se formalisent de mes méthodes, le résultat, j’imagine, seul important. Alors un petit entretien… en tête à tête… pourrait aussi bien passer pour une forme de séduction menée dans une alcôve plus intime que celles des danses de salons.

« Je doutes de la culpabilité de ces suspects. M’est avis que nous avons affaire à plus finaud qu’un imbécile incapable de filature. Pas avec ces renseignements sur vous, et pas avec cette petite stratégie parfaite machiavélique, mais je peux me fourvoyer. »

J’ouvre la porte, glissant un œil pour confirmer l’absence de toute présence. Il n’y a personne, juste le profil déluré et scrutateur d’une peinture trônant dans un cadre rococo doré, pour émettre sur notre étrange duo, un jugement. Je m’extraie à pas feutrés de la pièce, invitant le sénateur à me suivre, avant de marquer une légère pause hésitante. Je n’ignore pas qu’il me faut, revêtir à nouveau, les oripeaux de Sweety, sa gestuelle, sa proximité dans un rôle que j’exècre bien davantage que celui d’ »ornement » pour Ragda. Mes prunelles se teintent de glace, et mes traits frémissent fugacement, d’un sentiment entre répulsion et dégoût, avant de se fondre dans ce masque impassible et polaire, dans cette froideur usuelle qui étreint mon visage lorsque je suis moi.

Ma main gantée se pose sur son bras, l’effleure comme si un contact plus prononcé, plus intense pourrait me brûler, réticence et crispation réunie dans ce seul geste pourtant anodin. Je prends sur moi pour ne pas l’ôter, pour affubler mes lèvres d’un sourire de circonstance, alors que menacent en moi les prémisses d’une tempête. Je l’étouffe, je la noie d’un soupir discret, concentrant mes pensées, non sur cette chaleur sous mes doigts, mais sur les objectifs à venir.
D’un pas rapide et souple, nous arpentons les corridors, comme deux âmes en peine, esseulés dans le silence ouaté d’une musique de bal ténue et de ses murmures, si loin qu’ils en sont à peine audibles. Nous ne croisons rien ni personne, alors que nous comblons les derniers mètres jusqu’à cette chambre. Je tends mon esprit, guettant dans la Force, le tressaillement d’une entité agité de mauvaises intentions à notre égard. En vain. Maintenant nous sommes là où nous devions être, ou plutôt juste devant l’inconnu. Je frappe. Aucune réponse. Après un regard à mon compagnon, je tourne la poignée et entre. C’est une chambre, tout à fait dans l’esprit décoratif du reste de la villa. Luxueuse, dorée et surchargée. Un lit ovale disposé au centre de la pièce, éventre ses draps de satin blanc, sur les fourrures soyeuses d’un tapis. Il y a même une cheminée, où un feu factice brûle voluptueusement. La porte se referme.

Je fais nonchalamment le tour, mes yeux se posant sur tout et rien, admirant les bibelots, pistant de potentiels micros ou caméras sans rien apercevoir. Aucun dispositif de surveillance, pour ce qu’il me semble, même si je ne puis en être totalement assurée.

« Il ne nous reste plus qu’à… »
Un frisson glisse le long de mon échine. Une intuition … désagréable… préoccupante… Mon nez se fronce. Il y a dans l’atmosphère, comme une fragrance d’amande et de fruits. Ma langue claque sur mon palais lorsque j’en reconnais la substance. Narcotique.

« Ne respirez pas ! » ordonnais-je en me précipitant vers la porte… close, le mécanisme bloqué. Bien évidemment.

Quand à la fenêtre, même combat. Impossible à ouvrir. Du moins pas par une méthode traditionnelle. J’envisage un instant de demander au Sénateur de faire feu sur le vitrage, mais n’est-ce pas le meilleur moyen de faire fuir ceux que nous souhaitions attraper ? Reste la solution de boucher l’arrivée du gaz avant que son effet ne soit totalement opérationnel sur nous…. J’arrache du lit, les draps, repère l’un des tuyaux d’où il provient.

« Aidez-moi, vite… » Dis-je, collant à ma bouche et mon nez, le tissu pour ne pas trop absorber ce fichu soporifique alors que j’avisais de la bouche d’aération, bien trop haute pour moi-seule.

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« C’est une possibilité, oui. Cependant, c’est bien souvent des petits exécutants que viennent les plus grandes erreurs. »

Combien de fois son équipe et lui avaient-ils utilisés ce genre d’erreurs pour traiter leurs objectifs lorsqu’il travailla pour le compte des services spéciaux de la République ? Ce genre d’exécutants se divisait souvent en deux catégories : les premiers n’étaient pas fiables et leur loyauté n’était acheté que grâce à de belles sommes d’argent. Les seconds, eux, étaient souvent loyaux mais trop privilégiés, au point de commettre des erreurs stupides. A première vue, Jeresen aurait pu cataloguer la Mirialan dans une de ces catégories mais l’Alsakani n’était pas dupe. Elle cachait peut-être bien son jeu mais les indices qu’elle avait laissés sur son chemin commençaient à effriter sa couverture. Au final, elle semblait en savoir beaucoup trop pour ce qu’elle prétendait être, et Jeresen commençait à sincèrement se méfier. Des deux, c’était peut-être elle la plus dangereuse.

Jeresen n’avait cependant guère de choix à sa disposition et celui qui l’avait prit était le meilleur mais aussi le plus risqué. Il attendit que sa « partenaire » eut terminé de vérifier que la voie était libre pour la rejoindre. Il préférait la laisser agir à sa guise pour se caler sur elle et tenter de reproduire au mieux la scène qu’elle voulait mettre en place. L’Alsakani n’était pas un parfait acteur de cinéma mais il savait donner le change, et cela encore plus lorsqu’il n’y avait que des murs et des peintures pour l’observer.
Le pas était rapide et souple, à l’instar d’une danse. Jeresen avait dissipé sa façade neutre, adoptant des traits et un air plus amical et jovial, comme si ce qui allait suivre était ce qu’il avait toujours souhaité. Ce n’était évidement pas le cas, et ils ne croisèrent personne. Ce ne fut pas pour lui déplaire.

C’est en arrivant devant la porte de la chambre que la tension monta. Il ne pouvait savoir que sa partenaire était capable de voir et de ressentir ce qui se trouvait derrière. S’il avait des soupçons, ce n’était certainement sur son affinité à la Force. L’Alsakani n’avait absolument aucun moyen de le savoir. Il la laissa frapper, avant de finalement entrer à sa suite. Si la chambre était spacieuse et splendidement décorée, Jeresen ne pouvait nier l’impression qui semblait l’attraper et l’éteindre, comme une vieille réaction préméditée et préparée face à un danger ou une menace inconnue et invisible. Si l’ambiance était tout à fait agréable, elle sonnait faux…

« J’ai une étrange sensation… » lâcha-t-il, exprimant sa suspicion face à une atmosphère qui n’avait rien pour le rassurer.

La confirmation, elle, ne tarda pas à venir de la Mirialan qui s’agita soudainement, comme soudainement alerte du danger qui les guettait. L’avertissement ne fit que l’inquiéter que plus, réveillant en lui des réflexes développés par des années de rigueur et de discipline au sein des armées. Le Sénateur retînt immédiatement sa respiration avant de se diriger vers les draps en quelques enjambées, déchirant un vaste bout de tissu qu’il replia sur son visage, le fixant pour se libérer les mains. D’un regard panoramique, il identifiait rapidement les différents problèmes auxquels ils avaient à faire : la porte verrouillée qui résistait à la Mirialan et la fenêtre sans doute dans le même état. Une simple rafale de blaster suffirait à la détruire, mais ce ne serait qu’en dernier recours, si jamais ils ne parvenaient pas à colmater les aérations. Jeresen avait besoin de connaître les commanditaires, et donc utiliser la force le ferait échouer dans ses objectifs. Leur cible ne se présenterait pas.

L’Alsakani opta donc pour la solution la plus improbable, à savoir boucher tout les tuyaux, comptant sur son ouïe pour le guider. Il en boucha rapidement un qui se trouvait sous le lit, grâce à un morceau de drap déchiré, avant de se redresser pour venir porter secours à celle qui l’avait mit dans cette situation. A cet instant, il n’était plus le Sénateur devant défendre ses principes, ses responsabilités et surtout son prestige. Il se battait peut-être pour sa survie, et tout le reste n’avait dès lors plus d’importance. S’approchant rapidement de Velvet, respirant le moins possible au travers de son maigre filtre de tissu, il n’hésita pas à poser ses mains sur ses cuisses gainées par ses bas, raffermissant sa prise pour soulever sa petite taille dans les airs et porter la Mirialan à hauteur du tuyau.

Jeresen n’avait pas le temps de s’excuser de la manœuvre, ni même de penser aux potentielles conséquences. Ils avaient déjà bouché deux arrivées de gaz, et ce n’étaient sans doute pas les dernières. C’est pourquoi, re-déposant sa comparse au sol, il lâcha l’évidence :

« Il y en a sans doute d’autres ! »

Aussitôt dit, l’Alsakani se projeta vers les recoins de la pièce, posant ses mains sur les tapisseries et les tableaux, tendant l’oreille à la recherche du moindre sifflement indicateur de la présence d’une arrivée de gaz qui commençait déjà à faire effet sur sa personne. Il toussotait, et sentait une certaine légèreté l’attraper. Sa détermination était cependant plus forte, et il partit en apnée suffisamment longtemps pour boucher deux arrivées supplémentaires, sans doute parmi les dernières.

Les secondes et les minutes, elles, s’égrenaient au fur et à mesure qu’il s‘afférait et se sentait dériver vers une vaste étendue cotonneuse. Fort heureusement, le temps passé à résister semblait enfin payé alors que des bruits se faisaient entendre derrière la porte dont il se rapprocha pour se coller contre le mur qu’elle juxtaposait.

« Je crois que quelqu’un vient… » lança-t-il à l’intention de sa compagne d’infortune, se préparant visiblement à se défendre.

Il restait cependant caché, écoutant les bruits de pas pour en estimer le nombre. Il n’y avait qu’une seule personne, deux tout au plus. Si ces dernières venaient, cela voulait aussi dire que l’arrivée de gaz avait été stoppée. A moins qu’elles ne furent équipées de masques filtrants. Au fil des secondes, l’Alsakani put avoir la certitude qu’ils étaient deux, et il comptait bien sur la Mirialan pour l’aider à les maitriser. Il n’était plus question pour lui de feinter mais bien d’agir.

Lorsque la porte coulissa, il laissa le premier individu s’élancer vers le milieu de la pièce, le laissant à Velvet pour se concentrer sur le second. Lorsqu’il passa l’embrasure, l’Alsakani analysa la situation en quelques secondes : individu de taille similaire, svelte mais surtout armée d’un blaster. Ni une ni deux, il s’élança pour agripper l’arme de ses deux mains. Il l’écarta d’un geste sec, le désarmant aussi sec avant d’envoyer son coude au visage et son genou dans les côtes. L’adversaire décontenancé et blessé, Jeresen l’attrapa rapidement par le bras avant de balayer ses jambes pour le ramener au sol non sans laisser le crâne de l’agresseur épouser le sol, le réduisant au silence pour un temps.

Il n’espérait dès lors qu’une chose, qu’il ne s’était pas trompé sur le compte de la Mirialan et qu’elle était capable de s’occuper de la suite.
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Mes dents s’ancrent durement dans la chair tendre et galbée de ma lèvre, et mes prunelles, éclair d’azur et de rage, se voilent, projetant leurs ombres funestes sur mon visage figé, profil de jade emprisonné dans la glace. En mon cœur, l’océan gronde, et le ciel s’embrase d’une inéluctable colère alors que ses mains glissent sur ma taille et me soulèvent. A ma demande… je musèle l’aigreur de mes émotions, et tais le fourmillement né du désir sauvage d’arracher ses doigts. Il est un temps pour s’effaroucher et un autre pour survivre. Je bouche l’aération, contenant mes humeurs d’un gant d’acier, espérant qu’il n’accorde aucune attention, à mon rictus, à cette flambée haineuse de mon regard, ou à mon hostile froideur suintant dans ma voix avec une certaine rudesse.

« Oui. Il y en a probablement d’autre. » assurais-je à demi-agacée, dissimulant mes velléités sous un sarcasme.

C’est comme si ces mains avaient laissées leurs empruntes sur ma peau, au travers de la fine couche de soie de ma robe, comme si je pouvais encore sentir leur chaleur s’instiller dans mes veines en un poison irrépressible. Bon sang, quelle idiote, laisser mon esprit vagabonder dans les affres de ma folie alors que le gaz menace notre sécurité et l’intégrité de notre enquête. Fallait-il que je sois fatidiquement sur les nerfs, les sentiments à fleur de peau, pour laisser mes émotions parasites mettre en danger notre collaboration.

Rejetant les affres moroses polluant mes pensées et agissements, je me joins à ses efforts pour endiguer la brume délétère et soporifique du gaz. Rapidement, l’air à défaut d’être sain n’a plus rien de suffoquant, mais cette bonne nouvelle n’arrive qu’avec le bruit cadencé de pas dans le couloir. Mes lèvres se pincent d’agacement. Seule, je me serais étendue sur la moquette damassée, gisante simulée dans la minéralité séculaire d’un feint évanouissement. Plus subtil… plus malin. A croire que les années militaires du Sénateur ont contribué davantage à muscler son corps que sa cervelle… Je soupire devant la vision éclair et efficace de Jeresen , et celle de sa victime, plaquée contre le sol.

« Très subtil… vraiment… » Déclarais-je en refermant la porte. « Démolir le messager n’est pas ce qu’il y a de plus habile. »

Je me penche sur l’homme, laissant à mon comparse le soin de récupérer son arme. Un soupir m’assaille, je doute que l’on tire beaucoup d’information de cet humain en livrée de serviteurs. Mes doigts fouillent rapidement ses poches, écartant au passage, un surin harnaché à sa cheville. Rien. Quoi d’étonnant en même temps. Qui se promènerait armé de ses mauvaises intentions et de ses papiers d’identité hormis un amateur ou un imbécile.

« Il va falloir attendre son réveil. Espérons qu’il agisse vraiment seul. »

L’attente n’est finalement pas très longue. Ses cils papillonnent un instant dans un râle douloureux, tandis qu’il tente de se redresser sur ses coudes pour jauger son environnement. Il a ce regard perdu, amnésique de ceux dont les derniers instants de conscience s’effacent sous le tambourinement lancinant d’une migraine avant qu’un éclair de réminiscences ne grave leurs rétines d’une lucidité retrouvée. Je ne lui laisse nulle occasion de se redresser et mon pied s’en va faucher ses appuis. Il retombe lourdement, crâne contre sol et invectives aux lèvres.

« Salope ! »

Mon pied s’ancre sur son torse et le talon aiguille de ma chaussure s’enfonce sans pitié pour lui arracher un léger cri entre surprise et douleur.

« Restons poli, je vous prie. » déclarais-je en le maintenant au sol avant que ses mains vengeresses ne se referment en étau sur ma cheville offerte.

Une erreur… A sa décharge, je doute qu’il imagine en moi celle que je suis réellement, s’attardant sur les chutes de soie, le satin, la dentelle et le maquillage de demi-mondaine caractérisant Sweety à la perfection, mais tellement éloigné de la réalité. J’esquisse un sourire froid et cruel. Sa dague prélevée durant ma fouille se fige dans son épaule, le manche encore vibrant sous mon lancé parfait. Pauvre petit papillon épinglé sur le sol de ce boudoir, glapissant et frissonnant sous mes attentions, alors que sa main devenue inutile retombe le long de son corps et que la seconde tente d’ôter mon présent si profondément enfoncé dans sa chair.

« Allons, Allons… vous êtes pris au piège, il ne sert à rien de tenter quoi que ce soit. » je lève mes yeux sur le Sénateur, me moquant éperdument d’y lire une quelconque condamnation ou désabusement. « Voyez vous, le Sénateur est un adroit tireur, et si vous vous avisiez d’essayer encore de bouger le petit doigt, il tirera… en commençant par les rotules… c’est douloureux les genoux vous savez et tellement long à guérir. »

« Vous ne pouvez.. »

« Bien sûr que si, légitime défense… Mais nous sommes civilisés. Nous n’allons pas en arriver là, n’est ce pas ? Vous allez nous dire qui vous êtes, comment vous êtes arrivés à cette petite fête, quels sont vos ordres et de qui vous les tenez. Et si vous êtes bien sage, et coopératif… »


J’ôte mon escarpin de son thorax et arrache d’un geste le couteau de son épaule ensanglantée. Les courbes de mon visage, ciselés dans la glace, dénudent un sourire en lame alors que je laisse apparaitre sous le vernis précieux de ma courtoisie, les prémices de ma cruauté sauvage et de mon obscurité reflétés en flammes ardentes au cœur de mes prunelles d’azur brulé. D’hiver et d’ombres, mon aura perle et se diffuse dans l’atmosphère en sombres menaces et promesses à venir.

« … je le laisserais s’occuper de vous et vous remettre aux autorités. Et croyez moi, ce sera beaucoup plus agréable pour vous. Beaucoup plus. »

« Je… je… »
bredouille-t-il, son regard m’évaluant lentement, avant de se reporter sur le Sénateur et à nouveau sur moi.

Je l’attrape par l’encolure du gilet, avec la force d’un épicanthix, pour le remettre debout et le projeter contre le lit.

« J’attends ! » déclarais en le regardant s’écrouler parmi les coussins moelleux tout en jouant négligemment avec son arme.

« Je… je dirais rien… »

« Parfait.»

Je me penche vers lui, apposant de part et d’autre de ses cuisses mes mains, m’inclinant jusqu’à ce que ma bouche s’approche de son oreille, pour susurrer telle une amante à son aimé. Ma voix se fait chaude, douce et chuchottante, secrète pour que le sénateur n’en saisisse la teneur. Lentement, il pâlit, son sang se retire de ses joues, appliquant à ses traits juvéniles et agréables une teinte crayeuse. Je me redresse, croisant nonchalamment mes bras sur ma poitrine.

« Je sais pas grand-chose… j’ai eu de contact avec lui que par l’holonet et par pad ; C’est un pote qui m’a branché sur le coup. J’avais besoin de fric et je sais pas c’est qui. Je connais pas son nom. Il m’a tout fourni y compris le job pour me glisser ici ! Je devais… faire passer ça pour un accident. On m’a dit que vous seriez dans le coltard que ce serait fastoche. J’devais vous mettre une balle dans la tête chacun et faire en sorte qu’on croie, qu’il vous avait tué par jalousie et c’était ensuite suicidé… »

« Hmmm… crédibilité douteuse… Tous le monde sait que le Sénateur ne fréquente pas mon genre de femmes et que je suis liée à un autre. »

« Ben … mon pote a du laissé des trucs chez vous. Des lettres d’amour, des cadeaux hyper cheros, des trucs comme ça… »

« Merveilleux… »
crissais-je agacée.

« Ouai, même qu’il voulait faire pareil chez lui mais le chef a dit que c’était trop dangereux, qu’on se ferait prendre et qu’il le ferait lui-même… J’sais rien de plus ! »


« Vraiment ? »

« Ouais… je l’jure ! Enfin… m’a dit de lui rapporter un truc. Une preuve quoi, que le taff était bien fait… »

« Vous deviez l’emmener où ? »

« Dans un casier de l’aérogare…. L’numéro 458-58B… »

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L’individu était à terre et son arme désormais dans les mains de l’Alsakani. Il s’agissait d’un modèle de base, à bas prix et peu fiable. Ce genre de pétoire avait en réalité plus de chance d’exploser dans les mains de son utilisateur que d’éliminer sa cible. Ses formes étaient des plus archaïques et guères attirantes, comme si l’arme était vendue en pièces détaches ou bien fabriquée au marteau et au burin. La cartouche de gaz elle-même semblait incrustée à même la poignée garde-main –elle restait néanmoins facile à retirer, et donc à changer. Leur assassin devait être un véritable débutant pour utiliser ce genre d’outil bas de gamme, voire un individu lambda qui avait saisi l’opportunité d’arrondir un peu plus ses fins de mois. Pas de chance, il était tombé sur plus forts que lui et il devra assumer les conséquences de ses actes à son réveil. L’Alsakani retira la cartouche de gaz par précaution et s’assura que les sûretés de l’arme étaient engagées avant de s’en débarrasser sur le dessus d’une des commodes disposées dans la vaste chambre. C’est seulement là qu’il avisa la Mirialan et considéra ses propos d’un haussement des épaules suffisamment prononcé pour lui faire comprendre qu’il n’avait en soi strictement rien à faire de ses réprimandes. Jeresen pensait au contraire avoir agi pour le mieux, en s’assurant que leur assaillant serait neutralisé rapidement pour ne pas pouvoir appeler de l’aide. Ses réflexes étaient toujours présents malgré les années, même si son corps s’était un peu assagi avec le temps. Qui plus est, ce n’était pas un simple sous-fifre recruté sur le tas qui lui aurait posé beaucoup de difficultés. De toute manière, y avait-il de meilleure manière de procéder dans ce genre de cas ? Pour le Sénateur, pas vraiment. Feindre l’inconscience était une idée, mais elle n’était pas suffisamment viable. C’est pourquoi il fixa cette fameuse Sweety et lui répondit avec certitude :

« C’était la solution présentant le moindre risque. Peut-être auriez vous souhaiter feindre l’inconscience, mais rien ne nous garantissait qu’il ne nous aurait pas simplement éliminé avec son arme. » Il avisa l’homme encore assommé et étalé sur le sol avant de reprendre : « Je n’agis jamais sans réflexion préalable. On ne se méfie jamais assez des individus comme ceux-là ».

Il avait tout de même eu la jugeote d’enfiler une tenue de serviteur, ce qui laissait entrevoir une certaine réflexion de sa part. A moins que ce ne fut là son véritable emploi, auquel cas le service de sécurité et de profilage mis en place pour la réception était globalement à revoir. En fait, peu importe le cas, tout cela était déjà à revoir. L’Alsakani était lui-même rentré armé, ce qui présageait déjà des failles dans ce domaine. Il n’était donc que moyennement surpris de constater qu’il n’était pas le seul. Ce dont il ne se doutait pas, cependant, c’était des réelles capacités de la Mirialan ainsi que de son passé. Après tout, s’il avait su ce qu’elle était réellement, il ne lui aurait jamais fait confiance, et donc jamais suivit jusqu’à cette chambre. Mais comment aurait-il pu le savoir ?

Alors que leur assaillant émergeait des nimbes, l’Alsakani se tenait en retrait sans pour autant désapprouver une partie des méthodes employées par Velvet. Ils avaient besoin d’informations, et cet individu ne devait pas savoir grand-chose. Il était donc nécessaire qu’il lui révéla tout ce dont il avait connaissance. Tout d’abord ce qui avait été prévu les concernant, mais aussi les noms de ses partenaires et commanditaires. Enfin, si possible, la manière dont-il devait de nouveau les rencontrer pour récupérer le petit pécule qui lui était destiné. De fait, faire pression était nécessaire, et la Mirialan semblait au fait de certaines… méthodes relativement efficaces.

Des méthodes qui trahissaient une certaine expérience, et qui ne faisait que renforcer la méfiance que pouvait avoir l’Alsakani à l’égard de la Mirialan. Elle n’était en rien une de ces femmes de compagnie prisées des Hutts et autres Sénateurs imbus d’eux-mêmes. Tout cet attirail n’était que trompe-l’œil, et l’Alsakani avait bien failli se faire embrumer comme les autres par cet écran de fumée disséminé par Sweety et les manières mises en œuvre. Elle se montra d’abord brutale, pour mieux s’assurer de l’éveil de leur prisonnier, lequel répliqua aussitôt par une insulte à la hauteur du déguisement de la « partenaire » de l’Alsakani, lequel ne partageait absolument pas la torture physique qu’elle lui faisait subir. Il savait que l’efficacité de ce genre de méthode était discutable, car si elle permettait d’obtenir des renseignements, elle n’assurait en rien de la validité de ses derniers. C’est pourquoi il resta silencieux lorsque la Mirialan expliqua ce qu’il pourrait être amené à faire s’il ne coopérait pas, et cela simplement parce qu’il ne le ferait pas de lui-même. Mutiler un prisonnier était contraire à son code de conduite. Il n’y avait donc aucune chance qu’il ne prenne un quelconque plaisir à faire usage de son arme dans cette optique. De plus, tirer plusieurs décharges résonnerait dans tout l’étage, voir même au-delà, et l’Alsakani ne tenait pas à rameuter tout le gratin et le service de sécurité. De fait, les propos de la Mirialan n’étaient qu’un vulgaire bluff, mais Jeresen s’appliqua au mieux pour offrir un visage déterminé de sorte à fournir suffisamment de contenance.

Concernant la légitime défense, elle ne s’appliquait déjà plus puisqu’ils n’étaient plus en danger et que la Mirialan avait déjà agi de manière disproportionnée en venant poignarder l’épaule de leur prisonnier. Tout cela était désormais hors de tout cadre légal, et c’est pourquoi le Sénateur préférait s’en détacher. Heureusement, l’individu auquel ils avaient à faire n’était pas assez cultivé pour le savoir, ce qui offrait certaines possibilités. Quand à la violence offerte par Velvet, Jeresen la partageait. Lui aussi était en colère contre cet homme, et ces personnes qui en voulait à sa vie. Après tout, n’était-ce pas naturel ? Cependant, les méthodes du Sénateur restaient différentes, et il pouvait se reposer sur son propre service de sécurité pour s’occuper de questionner les gêneurs.

Mais Sweety semblait s’y connaître suffisamment pour forcer leur prisonnier à parler. La violence laissa en effet place à un moment en apparence plus intime, mais l’affichage livide du visage de leur prisonnier laissait à penser que la teneur de leur discussion secrète était d’un tout autre acabit. En soit, Jeresen préférait que ça reste entre eux, car cela lui évitait de s’offusquer, et donc de mettre à mal la stratégie de la Mirialan. Mirialan qui le faisait de plus en plus douter. Elle était habile, savait questionner et pouvait se montrer manipulatrice. Peut-être qu’elle n’était rien d’autre qu’un autre assassin, au final. Un assassin qui se séparait de ses concurrents avant de venir s’occuper de sa proie en personne. Par sécurité, Jeresen sortit son pad pour donner des informations à Jonn sur le déroulé des évènements, et pour s’assurer qu’il était prêt à intervenir.

Puis, il écoutait enfin les révélations de leur assaillant d’un air pensif. Il avait vu juste sur le statut de ce dernier. Plusieurs indices l’avaient déjà trahi à ce sujet. Il ne pu empêcher un regard suffisant en direction de la Mirialan lorsque celui-ci exposa le mode opératoire prévu, avec l’air de lui lancer un « Je vous l’avais dis » qui ne laissait pas de place au doute. Par contre, il trouvait clairement bancal le stratagème mis en place pour faire croire à un meurtre suivi d’un suicide, car comme l’avait exprimé Velvet, la probabilité d’une relation pareille flirtait avec le Zéro Absolu. Jeresen pianota cependant les révélations à destination de Jonn, pour que ce dernier puisse tenter de prendre sur le fait le responsable de toute cette histoire si ce dernier venait effectivement à déposer des informations compromettantes dans ses appartements.

Finalement, l’Alsakani préféra carrément demander à Jonn de les rejoindre alors que leur prisonnier finissait de leur révéler ce qu’il pouvait bien savoir. Ce serait l’occasion de s’en débarrasser en le lui remettant et donc de penser à la suite et à ce fameux casier.

« Je pense qu’il est peu probable que le commanditaire parvienne à glisser pareilles choses dans mes appartements, ou même sur mon lieu de travail. J’ai tout de même prévenu mon service de sécurité pour qu’ils restent sur le qui-vive. On ne sait jamais, peut-être qu’ils le prendront sur le fait. »

Son regard glissa vers leur prisonnier, alors qu’il réfléchissait aux tenants et aboutissants.

« J’ai demandé à Jonn de nous rejoindre. Il pourra récupérer notre inviter et en disposer… A moins que l’on ne l’utilise pour pister ce fameux casier ainsi que la personne devant récupérer cette preuve. Vous comprendrez aisément que je ne peux m’afficher avec vous en public, Velvet. Ce serait trop risqué pour vous, votre image mais aussi la mienne. Il faudra trouver un stratagème, ou autre chose. »

Et surtout risqué pour sa personne. Cette Sweety devenait dangereuse…
Darth Velvet
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« Vous les avez prévenus ? » claquais-je, interloquée, le visage emprunt d’une surprise non feinte. « Je croyais, au vu des informations que l’on m’avait fait parvenir, que nous avions établi que l’un de vos collaborateurs proches pouvaient être mouillés dans cette affaire… si c’est le cas, il est à présent au courant que vous cherchez à le coincer chez vous ! Vous n’attraperez que du vent... Bon sang sénateur, votre service de sécurité à plus des allures de gruyère qu’autre chose ! Vous tenez vraiment à les informer de chacune de nos avancées ? »

Comment peut-on respirer autant de suffisance et manquer de la plus élémentaire des prudences ? Se croire invulnérable, inaltérable n’est qu’à un pas de la déchéance. Et c’est un chemin qu’il emprunte avec peu de délicatesse. Je n’arrive à croire qu’il ait divulgué nos dernières découvertes à tout son personnel et sa garde rapprochée. Je soupire de frustration. Qu’importe le mal est fait à présent, et je ne peux plus rien y changer. Je m’installe sur le lit, lui laissant l’office de notre prisonnier.

J’ignore qui tire les fils de cette machination, le nom du marionnettiste mais les esquisses d’un coupable idéal se dessine sous les révélations de notre assassin en devenir. Je ne crois pas que cette tentative vise particulièrement Ragda ou moi-même. Je ne suis qu’un élément de destruction, une arme employée à mauvais escient dans la trame d’un piège destiné à l’Alaskani. J’en suis intimement convaincue, je ne suis pas la cible, juste le dommage collatéral. Pourquoi moi ? Peut-être parce que je représente la perdition ou que je suis une perte facile évoluant dans ce monde politicien ou tout autre mort de femme médiatisée de son cercle usuel paraitrait suspect… Une anonyme sans intérêt, à laquelle on ne prête guère plus de temps que celui de quelques baisers et ébats volés au cœur d’une alcôve sombre. Qui s’étonnerait de la mort d’une prostituée par un client jaloux ou un amoureux transi et délaissé pour quelques crédits ? Personne… cela arrive tout les jours sur cette planète mortifère.

« Dangereux pour moi. Non sénateur, il n’y a aucun danger pour moi. Je suis parfaitement capable de me défendre je vous l’ai dit. Et nous sommes ce que nous paraissons aux yeux de la multitude… sans tout ça » désignant d’un geste ma mise « Je ne suis qu’une femme parmi tant d’autres, sans rien de bien remarquable. Vous en revanche… c’est une autre histoire. Mais je vous en prie, n’essayez pas de me faire croire que ma survie vous importe. Je ne suis pas une idiote, elle n’est pas à votre ordre du jour. »

Je me redresse, cependant, avec cette facilité et cette grâce qui caractérise les félins ou les guerriers.

« En tout cas, je ne saurais que vivement vous conseiller de mettre un terme à cette mascarade, parce que bien qu’échouée rien ne dit qu’elle ne sera réitérée. Et pour être parfaitement honnête, je doute que mon employeur ou moi-même soyons réellement les cibles de ces attentions. Cependant, comme l’on m’a à mon insu, jetée dans cette fosse aux Vornsks, je souhaite vous aider à les arrêter. «

J’esquisse un sourire en lame

« Je n’apprécie guère que l’on se joue de moi, ni que l’on me menace de la sorte… Evidemment vous pouvez décliner et préférer vous référer en tout à vos hommes de main et potentiellement à l’instigateur de votre mort plutôt qu’à moi, je ne doute pas qu’ils soient plus fiables à vos yeux. » continuais-je non sans quelques sarcasmes avec, de toutes façons, l’intention de poursuivre mon enquête avec ou non son aval.

« Personnellement, j’attendrais en embuscade devant le casier, en espérant que vous n’ayez pas ruiné les chances que la taupe se montre. Reste à savoir si je le ferais seule ou accompagnée.»

Invité
Anonymous

« Mon service de sécurité ne peut pas être en cause. Il s’agit de personnes triées sur le volet, par moi-même, pour assurer ma sécurité. Ils sont professionnels et rigoureux. Mon cercle de collaborateur est bien plus large, et je suis convaincu que cet assassin fait partie de ce cercle-là. »

Le sénateur était convaincu que sa garde rapprochée ne pouvait être corrompue, fragilisée par un traitre. Jonn, comme la plupart de ceux qui assuraient sa protection avaient travaillé avec lui au sein des renseignements républicain ou au cœur du directoire de la sécurité intérieure d’Alsakan. Il avait néanmoins une idée sur l’identité du traître, ou plutôt de sa position au sein de ses collaborateurs. L’ennemi était déjà à l’intérieur du dispositif, au-delà des véritables barrières, de la principale sécurité. C’était la seule manière d’expliquer comment il avait pu se glisser aussi facilement entre les mailles du filet.

« Si l’ennemi est à l’intérieur, et que votre sécurité est principalement dirigée vers l’extérieur, il est tout à fait normal que celui-ci puisse s’épanouir. Désormais, la menace étant partiellement identifiée, ses marges de manœuvres se verront réduites petit à petit, de façon discrète. »

Un peu comme l’on piège le gibier lors d’une chasse dans le domaine des Dix-Vallées, sur Alsakan. Jeresen laisserait sans doute une porte de sortie après avoir cerné le réseau, pour faire croire à ce dernier l’existence d’une voie échappatoire. Un piège, bien évidemment. Un piège qui se refermerait sur lui, ou sur eux s’ils étaient plusieurs.

« Le but n’est pas de fermer les vannes de façon brutale, mais bien d’amener la cible doucement vers sa perte. De le mettre en confiance pour mieux le neutraliser. »

Que dire, cependant, des propos de la Mirialan ? Si cette dernière continuait de camper sur ses convictions, leur collaboration se verrait impactée. D’ailleurs, l’Alsakani se demandait si faire confiance à celle qui suivait de près le sénateur de Bakura était une bonne chose. Il ne pouvait se défaire de l’idée qu’il s’agissait peut-être là d’un plan finement pensé par le Hutt pour le piéger lui dans un scandale qui mettrait à mal son image plutôt irréprochable.

Il avisa une nouvelle fois la Mirialan d’un regard ferme et méfiant :

« Que vous sachiez vous défendre est une chose, mais ne tombez pas dans la suffisance que vous venez de critiquer chez moi. Arrêtez d’affirmer à tout va que vous n’êtes rien d’autre qu’une femme parmi tant d’autres. Vous me mentez depuis le début sur ce point, nous le savons tout les deux. »

Elle cachait son jeu, et l’Alsakani était frustré de ne pas parvenir à décoder ses expressions. Lui qui avait l’habitude de comprendre et de déchiffrer les volontés de ses collaborateurs, voilà qu’il se retrouvait face à un mur à l’allure imperméable. Ce n’était pas là chose à rassurer l’Alsakani qui avait passé des années dans les services secrets de la République. Devait-il vraiment avoir confiance en elle ? Elle n’était clairement pas innocente. Jeresen en était convaincu. Mais alors, dans ce cas, qu’était-elle réellement ?

« Votre survie m’importe, vraiment. La chose est peut-être différente avec votre patron, mais ce n’est pas mon cas. Si ces personnes vous ont demandé de me neutraliser, soyez certaine qu’ils tiendront à ne laisser aucun témoin…» répondit-il à la remarque exaspérante de la verte, avec une sincérité convaincante.

Remettre en compte sa parole, son honnêteté, lorsqu’il n’y avait pas de raison de le faire avait pour habitude d’agacer l’Alsakani, qui n’avait pas hésité à le faire comprendre en pointant du doigt le Hutt qu’il estimait corrompu et indigne des fonctions qui lui avaient été confiées. Mais il retrouve toute sa concentration lorsque la Mirialan évoqua la nécessité de démanteler le réseau, et donc de détruire la menace qui planait sur sa tête.

« Sur ce point nous sommes d’accord. La menace se doit d’être écartée. C’est pourquoi j’accepte votre aide, mais je pense que vous comprenez ma méfiance à votre égard. »

Quand au plan en lui-même, il n’y avait pas trente-mille solutions. Celle évoquée par la verte était sans doute la plus directe, mais aussi la meilleure. Ils ne coinceront pas le responsable, c’était chose certaine, mais au moins mettront-ils la main sur un intermédiaire d’une plus grande importance que l’exécutant qu’ils avaient neutralisé.

« Nous irons ensemble. Mais il est hors de question que l’on me voit à vos côtés, ou plutôt que je prenne le risque que l’on puisse vous reconnaître pour ce que vous cherchez à vous faire passer auprès du sénateur de Bakura. »

Il était hors de question qu’on puisse le voir accompagné de la sorte.
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