(jet d'intelligence pour retenir la carte)

Le dernier coup qui avait atteint l’apprenti à la tête eut raison de sa hardiesse. Le sombre combattant qui avait tant brillé par son audace s’était enfui comme un pleutre laissant victorieux les deux padawans au milieu du carnage.

Kolin s’était écroulé au sol les bras en étoiles, ivre de fatigue et de douleur. Il avait fermé les yeux sentant la pression redescendre peu à peu. Pourtant, ni la douleur, ni la fatigue, ni le vaisseau en ruine ne parvenaient à effacer le sourire qui irradiait son visage couvert de sang séché et de saleté. La victoire était double : le Sith était en déroute et le garçon des souterrains avait réussi à faire équipe avec un autre padawan sans heurts.

Kanien : si Kolin avait pu gager que sa taille soit égale à sa vaillance, il avait fait fausse route. La peluche avait été le meilleur d’eux deux. Il y avait eu cette connexion dans la Force entre les deux enfants, ce lien qu’il leur avait permis de l’emporter. La sensation avait été étrange, nouvelle, volcanique, tendue jusqu’au paroxysme, jusqu’à un point où Kolin avait presque pu lire dans les pensées de son acolyte. La Force lui avait offert plus bien qu’un simple allié pendant la bataille, il le savait, jusqu’au tréfonds de son âme : le drôle de petit Ewok aurait à présent une place spéciale dans sa vie, il ne pouvait y avoir d’erreur.

Ses yeux se rouvrirent pour recevoir de plein fouet la promesse d’une nouvelle menace tout aussi mortelle que la précédente. Les comètes filaient dans le ciel rougeoyant de Félucia laissant derrières elles des traînées ardentes. La fin était proche, elles frapperaient bientôt la planète arrachant toutes vies.

Kolin se releva et tapa sobrement sur l’épaule de son camarade en guise de félicitations. Ils n’avaient pas le temps pour des embrassades et le rat des villes n’avait jamais été un enfant démonstratif. Cette tape amicale était le signe de l’estime qu’il avait pour son camarade et c’était déjà un immense pas.

- Hors de question de crever sur cette planète pourrie.

Il entra dans le vaisseau à son tour pour avoir la confirmation qu’ils étaient définitivement fichus. L’état des commandes interdisait tout décollage et quand bien même, comment auraient-il fait. Où étaient tous ces Jedis qui les avaient amenés ici et qui maintenant les laissaient à leur triste sort ? Tous des menteurs, ils avaient fuis pour sauver leurs peaux.

- On est foutus peluche, y-a plus qu’à…


Il s’interrompit quand Kanien actionna la radio et que la voix tremblante délivra son message à travers les grésillements. Irréel espoir d’un chimérique salut. Nouvelle fausse promesse rajoutée à l’addition déjà salée de l’échec total qu’était cette mission, ils n’avaient pourtant rien de mieux à se raccrocher. L'Ewok fila au datapad tandis que l’humain se mit à fouiller le vaisseau. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il trouva un sac et y plongea deux rations de survie et quelques poches d’eau potable.

Les lumières s’éteignirent dans le vaisseau signe du dernier souffle du générateur de secours. Kanien avait le plan en tête. Ils devaient maintenant rejoindre ce bunker.

Sabre à la ceinture, les deux padawans se mirent en route quittant pas à pas le champ de bataille et la carcasse. Le décor désolé encore enflammé où s’étaient affrontés les trois utilisateurs de la Force laissa place peu à peu à la tranquille forêt de champignons géants de Félucia. Tout était devenu paisible à nouveau, comme détaché du temps. Seuls les bruits des oiseaux domptant les courants d’airs brisaient le calme presque surnaturel des lieux.

- C’est pas juste, combien de gens vont mourir ici. C’est vraiment pas juste, ça m’fout les nerfs en boule.

Pour la première fois, les misérables vies de la cours de Miraculés ne lui semblaient pas les pires dans la galaxie. Au moins eux avaient une chance, l’espoir ténu d’un futur plus brillant. Il ne restait rien aux habitants de Félucia, rien d’autre que l’exil pour les uns et la mort pour les autres. Le petit être ressentit l’injustice comme une nouvelle blessure dans son innocence.

- Écoute, peluche, si on rencontre des gens sur notre passage. On doit les emmener avec nous, on doit s’le jurer.

Dit-il en s’arrêtant et en plongeant ses yeux bleutés dans ceux de son camarade.

- Sinon on pourra plus jamais s’matter la tronche en face.

Un peu plus un bruit ne sursauter Kolin, derrière l’un des gros champignons se trouvait une drôle de créature. Un verre énorme était en train de lécher la tige géante d’un des champignons. Bien que Kolin n’en connaisse pas le nom, il s’agissait d’un Gélasticot. Une idée germa dans la tête du gamin et il fit signe à l’ewok de se taire et il lui chuchota.

- J’vais monter dessus et quand elle sera calme tu viendras dessus avec moi, on ira plus vite comme ça. C’est loin leur fichu abri.

Pour illustrer son propos, Kolin avança discrètement vers la larve géante aux reflets bleus et grise. Il sentait que c’était sans danger. Son instinct ne le trompait que rarement et il était même convaincu que la Force lui avait offert un sixième sens en échange de la vie difficile qu’elle lui avait fait subir.

À deux mètres de la repoussante limace, le brun prit son élan et bondit avec toute sa vitesse pour escalader le dos de la limace et pour en prendre le contrôle en évitant de se faire renverser en arrière.

(jet de charisme pour amadouer le braconnier)

Les fesses légèrement enfoncées sur le dos de la limace géante, Kolin se cramponnait avec un certain dégoût à la tête visqueuse de l’animal qui s’était docilement laissé apprivoiser n’émettant que quelques mouvements lorsque le garçon l’avait escaladée. L'animal s'était remis à lécher le tronc du champignon géant en face de lui. Il ne restait plus qu’à faire embarquer Kanien qui, visiblement ne partageait pas son appétences pour les créatures malodorantes et exotiques.

La monture improvisée n’avait pas l’air d’être la plus dynamique des créatures de la planète et en réfléchissant une seconde, Kolin se demanda si son idée était si bonne que ça.

Mais, sur Félucia, rien ne se passait jamais comme prévu. Comment diables les deux padawans n’avaient-ils pas pu ressentir la présence belliqueuse qui était soudainement apparue et menaçait ouvertement la petite peluche. L’homme avait dû être attiré par le bruit de la fréquence radio ou du combat. Le gastéropode géant émit un petit cri sentant une menace tandis que Kanien levait les bras en guise de reddition ne voulant pas attaquer l’importun.

- Pose ton flingot bantha puant ou je t’éclate toutes les dents.

Menaça Kolin en portant la main à son sabre laser.

L’homme était hirsute et ne ressemblait pas à un soldat de l’Empire. C’était tout au plus un chasseur sachant chasser sans son chien qui cherchait un endroit où aller, une porte de sortie pour échapper au cruel destin qui l’attendait. Les deux padawans avaient bon cœur et l’auraient sûrement laissé aller avec eux. Ils s’étaient jurés quelques instants avant d’essayer d’aider les malheureux qu’ils croiseraient sur leur chemin et voilà qu'ils ne pouvaient même pas appliquer leurs belles paroles.

Mais on ne braquait pas un Jedi de la sorte surtout quand le Jedi en question était son compagnon. Dans les sous-sols de Corsucant, cette situation était presque banale et Kolin l’avait déjà expérimentée par le passé. Fatigué et stressé, il se laissa emporter par la colère. Il ne mit qu’une seconde à réagir et profitant que l’attention de l’homme soit portée sur Kanien, le gosse hirsute tira son sabre laser de sa ceinture. Le garçon ferma son œil gauche et arma son bras en direction de l’assaillant pour la lancer avec force en direction de l’homme. S’il ratait son coup, Kanien aurait le temps d’intervenir.



L’arme frôla la tête de l’homme. D’un geste de la main, Kolin utilisa la Force pour faire revenir le sabre dans sa main.

- Pose ton flingot j’ai dit ! On a un endroit où aller, un endroit où on aura la vie sauve. On t’emmène ! On est des Jedis

Enfin, presque.

L’homme ne pouvait être que désespéré. Qu’attendait-il en braquant deux gosses perdus dans une forêt géante sur une limace géante ? Les deux padawans n’avaient ni valeur, ni richesses dont il aurait pu s'emparer. Son acte était désespéré, et les Jedis devaient faire preuve de charité. Charité ou alors finir assassiner froidement.

Tour de : Kanien. Compétences à utiliser : Charisme OU Agilité.

(jet d'agilité pour effectuer une attaque au sabre afin de désarmer le braconnier)

Tour de : Kolin. Compétences à utiliser : Force OU Constitution.

Kanien, comme à son habitude se montra à la hauteur. Le premier tir fit sursauter le padawan qui manqua de tomber à la renverse de son imposante chenille. En une seconde, Kolin était descendu du gastéropode géant pour prêter main forte à son acolyte. Le garçon utilisa la Force pour récupérer son sabre et fondit en trombe vers le pillard. Irrité d’avoir manqué sa cible le padawan mit un point d’honneur à rattraper son erreur et à punir l’homme de sa témérité. Le second coup de feu résonna dans la forêt de champignons alors que tel un félin, Kolin se rapprochait du quidam.

Son camarade velu frappa au niveau de l’arbalète avec la redoutable précision que Kolin lui connaissait. L’arme fut coupée en deux et s’échappa des mains du braconnier dont les traits déformés par la rage se muèrent en une autre expression : la peur. Désarçonné et impressionné par le sabre laser brillant de Kanien, l’homme fit un pas en arrière et perdit l’équilibre. Le gosse des rues, rusé et opportuniste ne manqua pas l’occasion et se jeta sur lui le faisant tomber à l’aide de la Force. Dans un grognement hagard, le vieil homme s’écroula en arrière se cognant le dos contre le sol boueux.

Consumé par la colère et par la fatigue, les émotions à fleur de peau, Kolin se rua vers lui en poussant un grand cri lancéolé. Il alluma son sabre et le pointa en direction de la gorge du braconnier décomposé par la peur, pointant le bout de la lame à quelques centimètres à peine du cou de l’adversaire

Il était à sa merci.

Une envie furieuse et atavique de le tuer le traversa tout entier. En émoi, blessé, épuisé, s’étant vraiment sentit en danger, le garçon des rues tremblait répercutant ses tressaillements jusqu’à la cime de son sabre qui menaçait de s’enfoncer à tout instant dans la chair.

- Pitié, ne me tuez pas. Je ne voulais pas, ma planète.

Implora le braconnier en geignant, mendiant pour sa vie.

- Je t’avais dit de poser ton flingot, abruti. On doit faire quoi maint’nant ? Te laisser vivre pour q’tu nous attaque par derrière.

Hurla Kolin de toutes ses forces ayant complétement oublié la présence de Kanien à quelques pas de lui redoutant le pire, une volcanique colère dévorant son visage d’enfant qui ne portait plus les traces de la candeur depuis bien longtemps.

- Pitié Jedis, je vous en supplie.

Implora à nouveau le braconnier fondant en larmes en voyant sa dernière heure arriver. Le mot « Jedis » et les regards insistants de Kanien sur lui eurent raison de la colère de Kolin. Ce simple mot le rappelait à ce qu’il était à présent, un membre de l’Ordre Jedi. Un padawan au service de la Galaxie et de ses habitants. Il ne pouvait prendre la vie d’un être. S’il succombait, il aurait été renvoyé à ce qu’il avait été, un nuisible des souterrains perdu et condamné à y rester et à finir sa vie en prison comme on lui avait beaucoup répété à l’école. Aujourd’hui, grâce à l’Ordre, il était devenu meilleur avait fait taire ne serait-ce qu’un peu la bête sauvage qui se déchaînait en lui et se repaissait de ses souffrances et de sa sensibilité presque animale.

Que penserait Kanien qui était si bon avec lui depuis le début, que penserait Samaël qui voyait toujours ce qu’il y avait de mieux en lui, que penserait Joris et pire que penserait-il de lui-même.

- Il y a un bunker souterrain vers la capitale, au nord. Tu auras la vie sauve, tu trouveras des gens qui t’y guideront. Si tu te repointes, on t’loupera pas.

Ronchonna Kolin en rengainant son sabre laser avant d’essuyer son front couvert de sueur. Il regretta de s’être laissé emporter par la panique et adressa un regard en coin à son compagnon.

- On y va Kanien, allons-y à pieds !

Les deux padawans reprirent leur route ayant délaissés la chenille géante toujours accrochée à sucer son champignon.

Le chemin était interminable, Kolin regardait furtivement derrière lui à intervalle régulier pour être sûr que le braconnier ne les suivait pas. La forêt se densifiait et s’assombrissait à la lumière des météorites. À en croire l’ewok, ils n’en étaient qu’au début de la longue route qui pourraient les conduire vers le salut. Le garçon de Coruscant était resté silencieux sur toute la route cherchant à reprendre ses esprits, tout chamboulé qu’il était de son idée de meurtre. Amer, il s’en voulait.

Un grand bruit se fit soudainement entendre sur le côté gauche de l’imposante sylve aux reflets colorés, un bruit de pas lourd au point de s’entendre, un nouveau bruit retentit alors qu’ils virent des oiseaux s’envoler des arbres environnements qui avaient rejoints les champignons.

- Blast. Me dit pas que c’est…

Si Félucia était connu pour ses forêts et pour la gentillesse de ses habitants, sa réputation tenait aussi du fait des différentes créatures exotiques qui la peuplaient. Dans le vaisseau qui avaient conduits les padawans jusqu’à la planète, le pilote s’était fendu d’une remarque au sujet des Rancors qui trouvaient refuge dans les sous-bois du système. Tout le monde avait ri à bord du vaisseau jugeant que les chances de se faire attaquer par une telle créature étaient aussi fines que de rencontrer un apprenti Sith en pleine forêt et de la vaincre au son d’une chanson en Hutt.

Un hurlement aussi fort que le tonnerre se fit entendre en écho aux bruits de pas sur le côté gauche du chemin. La bête sauvage, si c’était un rancor était à bonne distance mais, il était de notoriété publique que les prédateurs courraient toujours plus vite que leurs proies.

- Je savais qu’on aurait dû sécher cette fichue leçon ! Kanien, cours !

Ordonna le garçon en tapotant l’épaule de son camarade et pointant vers la droite.

(jet de dextérité)

Trop époumoné pour courir aussi lestement qu'à son habitude, Kolin s’arrêta aux côtés de Kanien réfléchissant alors qu’il reprenait son souffle les mains posés sur les genoux, torse en avant. Sa tête et son cou dégoulinaient de sueur adolescente. Sur Coruscant, cette situation ne se serait jamais produite, le garçon s’était laissé aller depuis son arrivée sur Ondéron. La crainte omniprésence d’une attaque ou d’un piège dans les souterrains obligeait les gamins des rues à une prudence de tous les instants et à une réactivité presque instinctive. Le calme monastique du Temple Jedi était un piège dans lequel Kolin était tombé : ne jamais baisser sa garde, nulle part, à aucun moment.

Dans les cieux incandescents, les promesses d’une mort brutale ramenèrent Kolin à la matérialité de leur destinée. C'était beau ce pourpre qui blessait l'horizon. Le sang répandu des dieux vengeurs, opprobre du destin de Félucia. Même aux firmaments des combats se livraient, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'il se sente au bord du gouffre de ce soleil couchant. D’autant plus que ; un nouveau râlement venu droit d’outre-tombe raisonna dans le calme de la forêt. Il se rapprochait.

Kanien lança sa pierre pour détourner l’attention de la créature alors que les deux s’étaient remis à avancer à vive allure. Malgré sa bonne volonté, le caillou heurta un des arbres au lieu d’aller se perdre dans les tréfonds boisés. Le padwan humain sentit un tressaillement dans sa colonne vertébrale, il le sentait, la présence se rapprochait et elle était gigantesque.

Les ennuis ne s’arrêtaient-il donc jamais ?

Les deux frêles garçonnets n’étaient pas de taille à lutter contre l’invisible présence qui daigna enfin se montrer au grand jour. Un arbre s’écroula sur le chemin de terre dans un vacarme assourdissant laissant apparaître l’immense créature. Un rancor leur faisait face et bien Kolin en ignorât le nom, une chose était sûre le monstre haut de plusieurs mètres ne venait pas en ami. Ses deux pattes avant velues frappèrent le sol tandis qu’avec lenteur il tourna sa tête en direction des deux padawans ouvrant en grand sa gueule béante. Cette planète toute entière voulait les assassiner, il n’y avait plus de doute. Kolin sentit son cœur se serrer, pétrifié soudainement par la terreur. Ses prunelles claires ne reflétaient plus rien d’autre qu’une peur primale et atavique. En un éclair il comprit pourquoi le chasseur rôdait dans les parages.

- Par les deux joyaux d’mon slip, on est foutus.

Finit par articuler le garçon à son compagnon.

Un éclair fugace traversa son esprit, il devait y avoir une solution. S’ils ne pouvaient vaincre par la force, ils étaient malins. Le rancor, les toisaient de ses petits yeux tandis que Kolin aussi doucement que possible ouvrit le sac qu’il avait trouvé sur le vaisseau et en sortit les deux rations de survie. Avec ses ongles – trop longs – il les ouvrit et appuya sur le bouton pour transformer la poudre en vrais aliments. Il utilisa la Force pour faire léviter paisiblement la nourriture vers le rancor qui poussa un nouveau hurlement à déchirer les tympans les plus solides.

- Sur la gauche, tu vois au bout y a un bâtiment, une antenne. On fonce, à trois !

Il décompta sur ses doigts jusque trois et les deux padawans se mirent à courir en direction de la structure dont l'antenne avait attiré l'attention du gosse des rues. Puissant dans de nouvelles et insoupçonnées réserves d’énergie, Kolin ne se retourna pas. Comme dopé par la peur panique du rancor. Sur le chemin, au travers les arbres se trouvait le grand bâtiment qui ressemblait à une antenne relai ou à un centre de communication. Le bâtiment métallique haut de plusieurs étages était surmonté d’une piste d’atterrissage, l’endroit était désertique et la station relai semblait à l’abandon comme en témoignait le lierre rampant qui reprenait peu à peu possession des lieux.

Les deux padawans arrivèrent pour tomber nez à nez avec une imposante porte coulissante. Celle-ci était presque fermée et ne laissait que trop peu de place pour passer. Il fallait la déplacer. Seulement de quelques centimètres. Ainsi, les deux enfants pourraient se mettre à l'abri. Sans se retourner Kolin empoigna des deux mains l’imposante porte en métal et entreprit de la pousser pour la faire coulisser.

[ Jet de Force pour faire coulisser la porte de quelques centimètres]

Fin comme une brindille le garçon parvint à se faufiler dans l’interstice entre la porte et le mur métallique. Kolin était totalement paniqué voyant que Kanien ne pourrait pas passer, la nature ayant été plus généreuse avec le minuscule Ewok. Le padawan eut beau tirer de toutes ses forces sur son camarade, il ne passait pas. Saloperie de cantine Jedi trop grasse.

À l’évocation de son idée Kolin posa son regard à travers la porte redoutant le pire. Les grognements meurtriers raisonnaient jusqu’à l’intérieur de l’imposante structure se répercutant jusqu’à la cime métallique de la station de télécommunication.

- Que la Force soit avec toi la carpette !

Murmura Kolin tout bas ayant compris où voulait en venir son camarade. Kolin jura à haute voix se maudissant d’être aussi impuissant en cet instant. À nouveau, Kanien visa juste et Kolin fut aveuglé par le torrent de lumière qui pénétra dans le bâtiment tandis que la porte s’envolait avec fracas sous la force titanesque du rancor. Un autre cri déchirant fendit le silence au moment où l’ewok rejoignait son camarade évitant de justesse un nouveau coup de pattes vengeur.

- Refait plus jamais ça, crétin, tu m’as foutu la trouille de ma vie, j’ai failli chier dans mon froc.

Une secousse frappa le bâtiment faisant trébucher le maigre humain. L’ignoble créature continuait sa chasse aux padawans et elle ne baisserait certainement pas les pattes face au refuge temporaire des deux padawans.

- Pétard, y a pas un truc sur cette planète qui veut pas nous flinguer.

La lumière laiteuse du sabre laser du Coruscanti illumina un peu plus le long couloir. Prudemment, les deux jeunes Jedis avancèrent dans le bâtiment silencieux et abandonné. L’atmosphère était humide et la nature avait peu à peu repris ses droits se mêlant à l’étonnante modernité du bâtiment. Une affiche attira l’attention de l’humain qui approcha son sabre laser pour pouvoir la distinguer.

« Félu-Love, votre radio favorite, de 7 à 777 ans »

L’affiche était illustrée par un chanteur Mirakulien avec un bandeau jaune fluorescent couvrant ses orbites vides. Une seconde plus tard les connexions se firent d’elles-mêmes. Kolin s’était demandé comment le vaisseau arrivait à capter si finement le réseau de radiocommunications d’une radio privée de Félucia alors qu’ils étaient perdus au milieu de la forêt. Le jingle juste avant la chanson du Hutt ne trompait pas : Félu-Love.

La réponse était immaculée. La station continuait d’émettre. Si elle était abandonnée l’antenne n’avait pas été désactivée pour assurer une couverture plus large.

- Oh blast mon vieux, je crois qu’on peut émettre un message d’ici. J’ai un pote qui émettait sur une fréquence privée de Corsucant pour prévenir les dealers quand les soldats descendaient, je suis sûr que je peux réussir !

Les deux padawans se mirent à courir au travers des couloirs à la recherche de la salle des communications. Une nouvelle fois ils se raccrochaient à un infime, faible et inatteignable espoir de survie. Abandonnés au milieu d’une forêt, sans vaisseau, poursuivis par un rancor sur une planète en proie à une destruction imminente. Malgré cela, ni Kolin ni Kanien ne baisseraient les bras. Le premier était expert en situation désespérée : toute sa vie n’avait été qu’un perpétuel combat où les chances de vaincre n’avaient jamais été de son côté et malgré sa fragilité ; il possédait une résilience que rien ne pourrait jamais ébranler. Le second avait été arraché à son Monde natal. Orphelin de planète, désavantagé en apparence par sa race, moqué parfois au Temple son cœur était aussi pur que le cristal et son courage pouvait déplacer des montagnes.

Ils gravirent un escalier grinçant en colimaçon faiblement éclairs par des faibles lumières blafardes. Tandis qu’ils courraient au premier étage le bâtiment trembla une seconde fois et un crissement de métal déchiré se fit entendre dans les niveaux supérieurs. L’assaillant n’avait pas dit son dernier mot, son instinct de prédateur était affuté comme une lame de boucher.

Les deux padawans arrivèrent à tâtons devant une grande salle fermée par une porte grillagée. Derrière cette nouvelle barrière se trouvait plusieurs grandes consoles et postes de travail sur lesquels brillaient des boutons lumineux. Des dizaines d’écrans poussiéreux dont certains étaient allumés tapissaient le mur du fond. Sur une grande table de mixage trônaient plusieurs casques avec micro. La Force, elle leur restait fidèle. Ils étaient au bon endroit, avec un peu de chance, ils pourraient émettre un signal de détresse, si du moins il restait encore quelqu’un pour l’entendre.

Kolin se rua sur la porte en essayant de l’ouvrir sans grand succès. Il rangea son sabre laser et soupira en fermant les yeux, cherchant l’harmonie avec la Force. Concentré comme jamais il fit le vide et arrêta de respirer et avança ses deux mains en utilisant la télékinésie sur la porte. Des veines épaisses comme des petits serpents se formèrent sur son front et dans son cou alors qu’il essayait d’ouvrir le verrou en cassant la serrure.



Dans un craquement sourd le verrou tomba au sol. La voie était libre.

(jet d'intelligence pour actionner le courant)