Il existe des missions qui vous semblent irréelles, d’autres encore vous paraissent stupides. C’était bien une mission réunissant ces deux facteurs perturbants qui venait de m’être confiée par Darth Laduim : pénétrer le tombeau de Marka Ragnos, illustre Seigneur Noir des Sith, pour y récupérer une tablette. Ce n’était pas une simple mission, c’était une folle mission. Les témoignages de ceux qui y étaient allé et qui avaient pu en revenir étaient tout simplement déroutants pour ne pas dire effrayants. Et c’était là-dedans qu’on voulait nous envoyer. Autant nous exécuter tout de suite, on gagnerait du temps, non ?

Plus sérieusement j’espérais bien parvenir à me sortir de cette situation déplaisante et c’est pourquoi j’avais tout mis en œuvre pour disposer du plus d’informations possibles sur ce tombeau. J’avais profité de la position d’Isobel pour me faire ramener un maximum d‘indications et même une cartographie à peu près correcte de la zone explorée du tombeau. Le hic était justement là, car si cette tablette eut été présente dans la partie explorée des catacombes, alors cela ferait des siècles qu’elle aurait été récupérée. Cela voulait dire qu’une chose : nous devrions nous avancer plus profond encore, vers des zones inexplorées. C’était une chose inquiétante lorsque l’on savait que ce tombeau était profondément corrompu. Il s’agissait d’un lieu où la Force venait se jouer de vous à grand coup d’hallucinations et autres tromperies dantesques jusqu’à ce que vous finissiez dévoré ou assassiné par votre partenaire de mission.

Justement, ma partenaire n’était pas n’importe qui puisqu’il s‘agissait de Yana. Lorsque j’avais appris que j’allais faire équipe avec elle, je me sentis immédiatement plus à l’aise. Ce n’était pas cette chère Ysanne en qui j’avais toute confiance, mais presque. Elle ne m’avait pas trompé et je savais que je pouvais compter sur elle dans de pareilles situations, surtout lorsque nous sommes contraintes de nous y jeter. Enfin bref…

J’avais travaillé de longues haleine sur l’étude des phénomènes étranges qui rendaient fou les acolytes, n’y trouvant aucune logique dans leurs sources avant de me plonger sur la carte que j’avais pu récupérer dans les archives de l’académie. J’avais établi un itinéraire visant à nous exposer le moins possible mais j’avais surtout prit en compte le fait qu’une fois à l’intérieur, le Côté Obscur risquait de tromper nos sens. Ainsi, j’avais plus retenu des points de repère qu’un chemin exact.

Enfin, j’avais récupéré des fournitures médicales ainsi qu’une masse non négligeable de provisions. Voyager léger était peut-être un avantage, mais je préférais être alourdie par un trop plein de nourriture ou d’eau que de mourir perdue et assoiffée dans les tréfonds d’un tombeau perdu. Et puis il y avait cette impression qui me laissait penser que je ne faisais pas le plus mauvais choix. De toute manière, j’avais assez de nourriture pour deux ou trois gros jours, preuve que je ne comptais pas rester là-bas trop longtemps.

Je ne m’estimais cependant pas assez préparée pour cette mission mais nous avions déjà pris trop de retard envers les autres groupes et je ne voulais pas avoir à risquer de trop ma vie face aux lames écarlates des autres apprentis. La copie de la carte posée sur le bureau de mes appartements, j’observais donc encore et encore les points que j’estimais importants. Il y avait visiblement trois longs couloirs qui n’avaient pas été explorés. Qui sait ce qui pourrait bien se trouver au-delà. Je ne savais réellement lequel prendre, bien que mon cheminement sur la carte ne laisse place au doute qu’autour de deux d’entre eux. L’un semblait visiblement descendre vers les profondeurs et l’autre, au contraire, semblait se perdre vers un autre type d’inconnu.

Je fus interrompu que par l’arrivée de ma partenaire de mission, dont j’avais senti la présence dans la Force au moment même où elle avait sonné à la porte de mes appartements. C’est avec un sourire sincère et amical dressé sur mes lèvres que je vins l’accueillir –une chose bien rare :

« Ah, Yana ! Tu vas bien ? Viens, entre. Je me demandais ce qui pouvait bien te retenir. »

La faisant traverser mes appartements quelque peu plus vaste que ceux habituels des acolytes, je venais la guider vers mon bureau où se trouvait l’ensemble de mes affaires concernant notre expédition.

« Met-toi à l’aise si tu le souhaites. Ce qui nous attend risque bien de nous tourmenter pendant de longues semaines… J’ai ici une carte de la zone explorée du tombeau. Je ne sais pas si tu as pu y avoir accès, mais je soupçonne la tablette d’être quelque part au-delà de ces trois accès menant vers les profondeurs des catacombes. J’ai une préférence pour ces deux-là, qui me semblent plus prometteurs… » expliquais-je avec un certain entrain non sans un parfait sérieux. « Et toi, tu as trouvé des indices quand à la tablette que l’on est sensé récupérer ? »

Je l’observais, réfléchissant encore aux données que j’avais pu récolter quand à l’objet que nous étions sensé retrouver.

« Après tout, je ne pense pas qu’il n’y ait qu’une seule et unique « ancienne tablette en argile gravé par le Seigneur Sith en personne », si tu vois ce que je veux dire… Dans tout les cas, j’ai réservé un speeder pour nous rendre sur les lieux. Je me fais guère d’inquiétude quand aux menaces de ce tombeau. Ce qui m’inquiète réellement, c’est la capacité du lieu à troubler nos esprits. Il est fort probable que l’on se fasse avoir plus d’une fois. Il faudra rester attentives.»

Spoiler:

Elle ne me faisait pas totalement confiance. Je pouvais facilement le sentir en ces lieux qui m’étaient particulièrement familier. J’avais pensé que notre petite réunion en compagnie d’Ysanne, au sujet de l’influence des phéromones, avait éventuellement apaiser certains doutes qu’elle pouvait avoir à mon sujet. Je m’étais visiblement trompée et c’était là fort dommage. Pour ma part, je n’avais pas pour autant une confiance aveugle en Yana mais je la considérais tout de même un peu comme une alliée. Elle n’avait pas cherché à m’être très menaçante et je n’avais aucune raison de vouloir sa peau. C’est pourquoi j’avais paru aussi détendue en l’accueillant même si j’étais particulièrement inquiète quand à la mission qui nous avait été confié. Pénétrer seules dans ce tombeau ne me plaisait guère mais nous allions devoir faire avec les nombreuses difficultés qui allaient se dresser sur notre chemin.

« Ce n’est pas grave, ne t’excuse pas. Je préfère que l’on prenne un peu de retard sur les autres et revenir entière que de partir la fleur au blaster et finir le reste de mes jours au fond d’un vieux tombeau maudit. »

Après lui avoir expliqué succinctement les recherches que j’avais effectuées dans les archives et dans la base de données qui m’était accessible de la part de Riakath, j’en venais à considérer ses propres recherches qui l’avaient mise en retard. Ou plutôt sa réponse à ma question, en fait. Une réponse qui semblait avoir du sens à l’écoute de ses explications. Je ne connaissais pas le « maitre » de Yana et je n’avais aucune idée de ses compétences mais ses paroles pouvaient effectivement servir d’indices dans notre recherche de cette fameuse tablette. Ou alors le dit « maitre » ne savait pas du tout de quoi il parlait et nous serions alors dans de beaux draps. Cependant, il s’agissait là de notre seul véritable piste et il aurait été stupide de la négliger.

Qui plus est, Yana marquait également d’autres points en soulevant le fait que nous devrions surement nous méfier de possibles fausses copies et autres tromperies. Les tombeaux Sith étaient bien connus pour leur corruption et les illusions qu’ils pouvaient projeter dans l’esprit des individus qui partaient les explorer. Il ne fallait pas non plus oublier tout les pièges réellement existants. Les fausses tablettes et autres artefacts en faisaient partie. Pour le reste…

« Tu as raison. Nous devrons rester particulièrement vigilantes. Je te fais confiance pour couvrir mes arrières. Je ferais de mon mieux pour te protéger également. On est un duo, il faudra rester soudées et solidaires. Le moindre signe de défiance pourrait vite nous mener à la catastrophe. »

J’approuvais ses dires et j’observais le matériel qu’elle avait décidé de prendre avec elle. On avait chacune penser à un aspect différent de la mission, ce qui nous rendait complémentaire.C ‘était un bon début. Je souriais donc avant de venir chercher mon propre sac et de vérifier que mon sabre-laser était bien accroché à ma ceinture de cuir noir. Finalement, je lui faisais signe de m’accompagner vers la sortie.

« Allez, en route. Je nous ait fait réserver un speeder. »

Cela dit, j’attendais qu’elle me rejoigne dans le couloir pour refermer mes appartements avant de prendre le chemin de l’aire des speeders. Je restais volontairement silencieuse pendant notre trajet à travers les couloirs de l’Académie pour ne pas risquer de dévoiler notre plan de route à des indiscrets soucieux de nous faire échouer. C’était mon côté paranoïaque. Mais en ce lieu, c’était une chose plus que nécessaire. Ce n’est qu’une fois installées à bord de l’appareil assez étroit, moi aux commandes et Yana collée à mes côtés, que j’osais prendre la parole tandis que nous nous élancions déjà vers notre destination.

« Tu as parlé de sortilèges et autres malédictions. Dis-m’en plus. Il faut que l’on soit toutes les deux à même de savoir ce qui nous attend là-bas. »

Bien. Yana avait compris l’importance de la quête qui nous avait été confiée et la nécessité de la mener à bien ensemble. J’estimais d’ailleurs que revenir seule à l’Acédémie avec la tablette serait considéré comme un échec, car la mission devait être accomplie à deux. On se connaissait suffisamment pour ne pas se mettre de bâtons dans les pattes durant notre progression dans la grotte que nous devions inspecter. J’étais un peu désolée de convier Yana à embarquer dans ce speeder bien trop étroit mais ce fut le seul qu’on eut la délicatesse de m’offrir sans que je ne fasse usage de mes sabres pour obtenir mieux. J’avais peut-être l’habitude de prendre ce que e pensais me revenir de droit, opposition ou pas, mais il y avait des limites que je ne dépassais pas. Le speeder n’était qu’accessoire et ne nous servirait pas longtemps. Inutile donc de venir en saisir un de luxe.

J’écoutais attentivement ma partenaire de mission alors que je nous élançais à travers le désert rocailleux et sablonneux de Korriban, nous éloignant de la structure bien visible de l’Académie. Nous n’allions pas bien loin mais nous n’avions pas de temps à perdre. Il nous fallait accomplir cette mission le plus vite possible pour espérer éviter de participer au tournoi. Je ne tenais pas à me battre pour ma survie sous les yeux de Guerriers et Seigneurs assoiffés de mort de et spectacle.
Yana avait raison et je l’écoutais attentivement. Nous ne pouvions pas être certaines de posséder toutes les informations sur ce tombeau. Il était même évident que certaines informations avaient été volontairement omises par les personnes qui les avaient renseignées pour assurer un certain défi à ceux qui viendraient de nouveau s’y aventurer. Les protections mises en place ne seraient peut-être pas mortelles, mais elles étaient suffisantes pour nous mener à notre perte. Car une fois prises par la folie, que pourrions nous faire ? Sans nourriture et sans eau, notre espérance de vie se limiterait à quelques jours seulement. Après, nous serions mortes. Ainsi, les risques restaient les mêmes. Il ne fallait pas que j’oublie la qualité raciale de ma partenaire en cas de crise de folie de sa part. Elle pourrait très bien me neutraliser avec sans que je n’en prenne conscience.

« Je suis d’accord. Cependant, la folie pourrait très bien être un test. Il va falloir faire preuve de discernement pour différencier les pièges des tests mis en place pour nous barrer la route. J’ai confiance en notre capacité à progresser, et à se porter assistance mutuellement. La coopération est nécessaire. Et sincèrement, je la préfère avec toi. »

Ou Ysanne. Les autres étaient trop dangereux, trop méconnus pour que je ne puisse me risquer à leur côté dans pareille aventure.

Je finissais par stopper le speeder à une centaine de mètres de notre objectif, sur une position en surplomb. De là, au sommet de ces quelques mètres de rocaille, nous pourrions observer la zone sans trop de problèmes. Je sortais du speeder en première et agrippait le sac qui contenait tout le nécessaire. Je l’enfilais par-dessus la cape légère couvrant mon corps des brulures du soleil de Korriban. Car si j’avais bien chargé mon sac, le reste de ma tenue restait très légère et ne consistait qu’en peu de choses –cf la signature. Quelques tissus bien positionnés pour couvrir les parties les plus intimes, le reste n’était qu’accessoire pour attirer l’attention et attiser certaines pulsions chez mes potentiels adversaires. Provocatrice jusqu’au bout, oui. Mais la légèreté permettait l’agilité. Une caractéristique essentielle lorsque la plupart de mes ennemis n’étaient que de grosses brutes lentes et lourdes.

Je faisais signe à Yana de s’avancer avec moi vers la limite du surplomb, là où une légère dune nous protègerais des regards indiscrets –enfin, pas du sien, mais ça je m’en moquait. C’était une Zeltronne, après tout, non ?
Une fois arrivée quelques mètres plus loin, je tombais à genoux pour réduire ma silhouette visible, laissant le tissu qui gainait mes jambes servir de bouclier thermique contre le sable chaud et brulant. Je posais mon sac devant moi, pour servir d’appui, avant d’en sortir une jumelle. Je la portais à un de mes yeux, pour mieux discerner ce qui se trouvait à l’entrée du tombeau. Je grimaçais légèrement en constatant qu’il n’y avait pas que du sable et autres cailloux pour nous accueillir, et je lâchais simplement à l’intention de ma partenaire :

« On a de la compagnie. Je compte trois... non, quatre K’lor occupées à dévorer plusieurs cadavres. Des acolytes, à première vue. Elle nous barre la route. »

Les K’lor. Des limaces extrêmement au poison extrêmement vénéneux et armées de puissantes griffes à chacune de leurs pattes ainsi qu’autour de leur « tête ». Rapides et agiles. Les affronter, si elles n’étaient que quatre, serait facile. Mais s’il y en avait plus, la retraite serait notre meilleur option.

« Je ne vois qu’elles. On peut les éliminer et poursuivre notre route. On peut aussi attendre, elles semblent seulement être là pour se nourrir et pourrait passer leur chemin ensuite. Mais chaque secondes perdues nous met en retard. Je préfère la première solution. Tu en vois d’autres ? »

Je laissais à Yana le choix. Nous étions partenaire et je préférais encore m’élancer pour affronter ces limaces. Cependant, si la Zeltronne en voyait d’autres, alors la situation se compliquerait…