Mon sabre balaya le vent et je me maudissais déjà de ne pas avoir pu profiter de pareille occasion pour mettre en difficulté mon adversaire. La Twi’lek était habile et agile et j’étais pour ma part encore trop imprécise. Je montais lentement en régime, et je commençais enfin à retrouver mes repères ainsi que les sensations que j’avais un peu perdu ces derniers temps. L’adrénaline me gardait en éveil, et j’espérais que Syn allait au moins profiter de mon action pour frapper fort la guerrière qui nous faisait face. Il en avait les moyens, même si je ne pouvais m’empêcher de le rabaisser.

Sauf que voilà… il ne profita pas de l’ouverture et se contenta d’attaquer d’un mouvement aérien certes élégant mais hélas totalement inefficace là où il aurait pu de nouveau déchainer ses éclairs et fondre dans la foulée sur la Twi’lek. C’est ce que j’aurais personnellement fait si je m’étais retrouvé dans sa situation. A vrai dire, je me maudissais de ne pas avoir gardé avec moi le sabre que j’avais récupéré sur le cadavre d’un des Jedi d’Ilum au lieu de le laisser dans un des tiroirs de ma chambre.

J’avais envie de déchaîner les lames, bien que ma maîtrise du Jar’kai était loin d’être suffisante pour maintenir pareille performance sur la durée. Cependant, même si l’usage n’était fait que pour quelques secondes, il pouvait déstabiliser l’adversaire et offrir une ouverture. Tant pis, ce serait pour une prochaine fois. Pour l’instant, je devais me contenter de cet allié guère opportuniste et qui semblait attendre que je fasse un miracle pour daigner passer véritablement à l’action. A moins qu’il ne soit déjà à fond ? Ce serait vraiment dramatique !

C’est pourquoi je venais profiter de l’occasion pour me porter au contact, sans attendre. Ma lame alizarine vînt croiser celle de la Twi’lek, les deux sabres crépitant alors que je pivotais pour frapper de côté, puis vers le bas, et ainsi de suite, le but étant de l’acculer et trouver une faille entre deux accrochages. Je serrais les dents, laissant l’obscurité m’envahir à chaque pas. Sur Korriban, c’était chose aisée. Sur un monde comme Ilum, ce fut bien plus délicat ! Nos lames finirent par se bloquer l’une-l’autre et je fus contrainte de m’immobiliser, mon regard devenu noir se figeant dans celui de la guerrière. D’un coup sec, je me décalais, lâchant toute résistance dans mon poignet, inclinant le buste en arrière alors que ma lame se rabattait vers le bas pour frapper sa jambe, et plus précisément son flanc et sa cuisse.

Je ne sentis aucune résistance, si ce n’est l’air que je balayais alors que je pivotais avec légèreté pour m’écarter en lâchant un ou deux jurons en Arakanien. Rageuse de mes manquements, je laissais l’Obscurité me submerger, soulevant une des cibles d’entrainement de la pièce pour la lancer vers la Twi’lek !

Enfin… essayer, quoi. Car bon, c’est le mur d’en face et non la guerrière qui vînt subir l’attaque de plein fouet, signe d’un nouvel échec qui n’allait pas aider à me calmer…

Spoiler:

Ne pas dépasser les limites et rester maitresse de mes émotions. Je me répétais cette phrase, encore et encore, pour m’en convaincre. Je ne voulais qu’une chose, parvenir à la toucher, à l’atteindre, mais je ne devais pas laisser cette volonté obstruer le reste au risque de me faire piéger. La rage et la colère étaient des outils puissants mais ils avaient le malheur d’être instables. Trop de colère, trop de rage pouvaient mener à la distraction donc à la perte. C’était le meilleur moyen d’offrir des ouvertures ou des opportunités à ses adversaires par le biais d’erreurs d’inattention qui pouvaient se payer chères. La haine, en revanche, était plus « sécuritaire » bien qu’elle disposait du même défaut que les autres. Cependant, elle était plus simple à réguler ou avait, à mes yeux, l’avantage de pouvoir être générée artificiellement de manière plus simple. Sans doute était-ce mes origines Arkaniennes et mon intérêt pour la culture de mon peuple, que je n’avais pas pu appréhender dans mes très jeunes années. La haine, justement, faisait son apparition alors que Syn semblait enfin se réveiller et parvenir à faire quelque chose alors que moi, bah… toujours rien. Et ce n’était pas le commentaire de Myir qui allait y changer quelque chose.

Oui, je ressentais la haine grimper en moi, dirigée non pas contre la Twi’lek mais bien à l’encontre de mon partenaire de combat. Cela voulait-il dire que j’allais m’en prendre à lui ? Pas encore, pas tant que la Twi’lek ne m’offrirait pas d’intérêts à le faire. Le trahir ou changer de camp ne me gênait pas du tout, si ce n’est de laisser derrière moi une pancarte d’opportuniste et de personnalité peu fiable. Mais après-tout, n’étais-je pas une Sith ? Je ne ferais que respecter le credo, comme dirait l’autre. Je préférais donc utiliser cette haine contre la guerrière en la transformant en une détermination que je voulais incapable. Je devais montrer le meilleur de moi-même, ne pas me brider et cesser de feindre être en déca de mes réelles capacités.

Je m’étais rapprochée en sentant le mouvement initié par Syn, pour attaquer la Twi’lek. Frappée par la décharge éclairs de mon partenaire de combat, je pensais qu’elle serait incapable de réellement me frapper, m’offrant ainsi l’opportunité de porter un coup, peut-être même un tournant. Sauf qu’au contraire, c’est elle qui prit l’initiative en déviant son mouvement pour tenter de me toucher. Instinctivement, je ramenais mon sabre en opposition, pour tenter de contrer au mieux la frappe plutôt précise de la guerrière.

« Aaah ! » lâchais-je dans un cri alors que la lame de mon adversaire venait lécher mon bras armé.s

J’agissais cependant immédiatement, utilisant un appui pour effectuer une rotation et ainsi m’écarter dans l’angle mort de la Twi’lek alors que Syn s’avançait déjà pour attaquer. D’un geste rapide, je récupérais mon sabre dans ma main gauche, laissant mon bras pendre. Je n’ignorais pas la douleur, pour mieux m’en servir à mon avantage et retourner la douleur catalysée contre celle qui m’avait une nouvelle fois meurtrie pour profiter sans le moindre scrupule de la manœuvre de mon partenaire de combat.

Alors qu’elle paraît tout juste la frappe de Syn, je venais à mon tour la frapper de ma lame rougeoyante, dans un déplacement typiquement linéaire de la Forme II, en direction de son dos, alors que je sentais lentement la fatigue poindre du fait de mes actions inhabituelles. J’étais en effet plutôt friande, du fait de ma constitution et de ma force de frappe toute relative, à tournoyer autour de mon adversaire pour l’épuiser plus vite que je ne le faisais moi-même. Frapper touts azimuts, au contraire, était plus compliquée pour moi, et je n’étais pas encore assez douée avec le Makashi.

Spoiler: