Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
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Nom d’un chien kath, Ondéron ! Le Chevalier avait rarement été aussi content de se lever à l’aube sur la planète du Temple. Non qu’il se sentît particulièrement en joie de rencontrer le tas de droïdes à réparer qu’on avait dû laisser à son intention au hangar, mais se réveiller dans une couchette bien chaude, sans risquer de se prendre un astéroïde dans la carlingue ou d’exploser sous les tirs d’un croiseur qui voulait supprimer toute intelligence de la surface de la planète… C’était quelque peu reposant. D’autant plus reposant que Jana avait eu la bonne idée d’aller partir en sortie d’archéologie de plusieurs jours avec ses camarades padawan et le chevalier Laezea, et que Laïkin était aux mains de sa mère.

Les cheveux en bataille et la mine endormie, Lyrae s’extirpa du lit, opéra quelques mouvements d’hygiène sommaires dans la salle d’eau de sa cellule avant d’enfiler sa bure et de se glisser dans les couloirs du Temple encore sombres et silencieux. Le pas traînant, il parcourut la distance qui le séparait du hangar, bravant la fraîche brise matinale au dehors puis l’odeur peu ragoûtante de l’édifice où étaient stationnés la plupart des vaisseaux de petite et moyenne classe de la flotte Jedi. C’était un mélange d’effluves de carburant, d’huile, de métal roussi et de peinture fraîche. L’odeur de chez lui, en somme.
Le Jedi salua un confrère qui montait la garde avant de se faufiler entre les appareils spatiaux puis de rejoindre une pièce sombre. Il actionna un interrupteur, et des néons bruyants illuminèrent un véritable bric-à-brac de métal, composé de membres de droïdes, de caisses remplies de pièces détachés, de fiches explicatives que des doigts noirs avaient salies sans gêne et de bidons remplis de liquides décapants, dégraissants, de carburants et d’autres substances dont Lyrae avait oublié le nom tout autant que l’utilité – il se servait toujours des mêmes. Sur un établi avaient été déposés en vrac des droïdes ou morceaux d’appareils voués à être réparés, et un datapad devait recenser toutes les choses qui restaient à réaliser dans le Temple sans qu’on ne pût déplacer l’objet ou la pièce : hyperdrive d’une navette en panne, réseau électrique des archives défaillant… Tout le genre de choses qui nécessitait qu’un technicien se déplaçât. Mais aujourd’hui, après l’aventure vécue sur Roon, Lyrae n’avait plus envie que d’une chose : une journée tranquille loin du grabuge, avec une petite sieste en fin de matinée, un goûter dans l’après-midi et une soirée en amoureux avec sa douce compagne.

Persuadé d’avoir acquis une solitude bien méritée pour de longues heures, le Chevalier retroussa ses manches et se mit au travail en sifflotant et discutant parfois avec le buste d’un droïde de protocole désactivé qu’on avait laissé là.

- Que tu dis ! J’ai failli laisser ma peau là-bas figure-toi. Mais bon, t’sais le pilote que j’suis… On a bifurqué, hop hop hop entre les astéroïdes et pfiou ! Largués comme des banthas les chasseurs Sith !

Le droïde s’obstina dans un silence morne. Ce n’était pas très important. Tout en essayant d’ouvrir en deux la sphère de combat récalcitrante à l’aide d’un tournevis, Lyrae allait poursuivre pour raconter comment il avait sauvé Luuna au cœur d’une usine de fabrication d’armes sur le point d’exploser quand il sentit une présence derrière lui. Il referma la bouche aussi sec et pivota sur son tabouret grinçant. Dans l’encadrement de la porte se tenait un gosse tout maigrichon. Bon… C’était toujours mieux que de se faire surprendre en train de parler tout seul par un maître du Conseil, non ?

- Hé ben, salut toi, reste pas dehors.

Lyrae laissa retomber la sphère de métal sur l’établi avec un bruit sourd, gardant son tournevis dans sa main valide – déjà pleine de tâches – et de croiser les bras sur sa poitrine. Depuis quand est-ce qu’il était là, ce gosse, en fait ?

- Heu… Qu’est-ce qui t’amène ? On t’envoie chercher quelque chose ?

De toute façon il avait jamais été à l’aise avec les gens de moins d’un mètre trente.

Kolin Valkizath
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- Répète ça voir chair à Bantha !

Menaça le frêle morceau d’humain en serrant le poing en direction du malheureux Turgot, un Twi’Lek d’une quinzaine d’année qui avait eu la malchance d’être désigné comme binôme de Kolin pour un entrainement au sabre laser. Sous la supervision de Maître Adel un bretteur hors pairs, une quinzaine de padawans suivaient un cours très matinal de désarmement. Le Maître d’une quarantaine d’années était bien connu au Temple à la fois pour ses compétences martiales et pour la discipline stricte qu’il imposait aux padawans.

- J’ai dit que tu puais la sueur et que tu n’étais pas de mon niveau, on n’apprend rien, ni toi, ni moi.

Tança sèchement derechef Turgot en dégainant à nouveau son sabre laser toisant Kolin d’un air dédaigneux.

- Tu vas voir ta tronche quand j’vais t’bo…

- Silence, vous deux.

Trancha le professeur en fronçant les sourcils tandis que Kolin adressait un regard meurtrier à son vis-à-vis résistant tant bien que mal à l’envie de lui sauter dessus. Sous l’instruction d’Adel, le petit groupe reprit l’entrainement du jour consistant à réaliser une série d’attaques pour désarmer son adversaire. Les sabres laser réglés sur une puissance faible ne pouvaient pas blesser mais brûlaient légèrement la chair, l’enseignant émérite ayant décrété que c’était en se brûlant qu’on apprenait le mieux à reconnaître ce qui était chaud. La passe d’arme se déroula sous une tension presque palpable et bien que le Maître ait pu sentir les antagonismes entre les deux combattants, il laissa faire se contentant de scruter d’un œil furtif Kolin et Turgot.

Le morceau d’humain bien que n’ayant pas l’apanage de la force physique commençait à peu près à savoir manier l’arme séculaire des Jedis. Turgot lui était plus expérimenté et réussit plusieurs fois à désarmer Kolin tout en affichant un sourire parfaitement satisfait. Le Maître leur demanda de refaire une dernière passe. Les sabres lasers s’entrechoquèrent et se croisèrent en grésillant dans de belles arabesques, le Twi’Lek avait le dessus encore mais cette fois-ci pas question de le laisser gagner.

- Blast, y a le feu dans les dortoirs !

S’exclama un Kolin très convaincant en regardant par la baie vitrée qui donnait sur les dortoirs des padawans. Turgot détourna son attention un court instant ne résistant pas à la tentation de tourner la tête, une seconde. Une seconde, une petite seconde qui permit au roublard de Coruscant de lui asséner un violent coup de pied de toutes ses forces dans le tibia le faisant choir. Le Twi’Lek au sol poussa un cri strident. La ruse était la meilleure arme, ici ou à Coruscant les règles étaient les mêmes. Ce n’était pas toujours le plus fort qui l’emportait.

Turgot ne comprit que trop tard qu’il venait de se faire avoir par la plus vieille ruse du monde. Un genou au sol, Kolin, triomphant n’eut plus qu’à désarmer son adversaire et en pointant sa propre arme vers sa tête. Une larme avait roulé sur la mine déconfite de Turgot, qu’elle soit liée à son ego froissé ou à la douleur grinçante de son membre meurtri, Kolin n’en eut cure, très content d’avoir rabattu le caquet à celui qui l’avait insulté durant une heure.

- Valkizath !

Hurla Maître Adel à qui la scène n’avait pas échappée. D’un revers de la main il attira le sabre de Kolin à lui et le somma de faire des excuses à son adversaire toujours à genoux qui tâchait maladroitement de se relever.

- J’lai désarmé, j’ai gagné c’est tout, puis il m’insulte depuis le début du cours, vous êtes pas juste !

Grogna-il ne se dégonflant pas devant l’aura de son Maître qui s’était rapproché de lui et le jugeait d’un air sévère de sa haute stature.

Trois minutes plus tard, le padawan marchait d’un pas vif en direction du hangar où Adel l’avait envoyé pour être puni. Il ne lui avait pas rendu son sabre, le menaçant de renvoi, d’en parler au Conseil, le comparant à un animal sauvage qui aurait sa place dans la jungle d’Ondéron plutôt qu’au Temple, dénonçant enfin son manque de chevalerie. La force et la dureté de ses mots venaient sans doute autant du fait qu’un enfant ait osé lui répondre que de l’acte en lui-même.

Le garçon en avait presque pleuré de rage et d’injustice, en quittant la salle d’entrainement à l’abri des regards. Il avait frappé sur le mur s’égratignant la main en espérant illusoirement que cette rage étancherait sa colère. Geste incontrôlé pour une détresse ne pouvant s’exprimer que de cette façon. En arrivant au hangar principal, il s’était un peu calmé. L’ire ayant laissé place à sa sœur : la tristesse qui s’était gravée sur les traits durs du garçonnet.

Un drôle de chevalier était là. Il parlait tout seul. Son bras bionique ressemblait à celui de Zelonion. L’humain ne l’avait jamais vu mais se douta que  c’était sans doute la personne qu’il cherchait. D’une petite voix qu’il s’efforça de garder la plus stoïque possible, Kolin répondit poliment à son interlocuteur posant son regard vers le droïde avec qui le Chevalier conversait. Son ton était dur, à son image mais trahissait l’inquiétude d’être renvoyé du Temple.

- Chevalier O’sil ? le Maître Adel m’a puni, il m’a demandé de laver les vaisseaux du hangar sous votre supervision.

Un silence gênant s’ensuivit à mesure que les yeux océans du garçon se rapprochaient dangereusement de ses bottes ne pouvant soutenir le regard du Chevalier attendant que le couperet tombe à nouveau.

- Je commence par quoi ?

Termina-il résigné à son sort.
Lyrae O'Sil
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Lyrae haussa un sourcil surpris. Le gamin ressemblait plus à un fil de fer mal peigné qu’à un padawan. Ils avaient diminué les rations des gosses au réfectoire ou quoi ? Avec un soupir, le chevalier se leva de son tabouret pivotant et déposa sans délicatesse ses outils sur son plan de travail.
Bon, ce n’était pas la première fois qu’on lui envoyait des petits en pénitence dans le hangar. Surtout par Maître Adel, qui avait visiblement la punition facile. Ce qui l’agaçait, c’était que les gamins ne faisaient pas si bien le travail que lui. Ils oubliaient des tâches quand ils nettoyaient, ils oubliaient des pièces quand ils remontaient un droïde, ou tout simplement ils étaient idiots. Pourtant, Lyrae pouvait apprécier les padawan, mais ceux qu’on lui envoyait étaient rarement les plus souples. Mais bon… Il y aurait sûrement une navette à lui faire astiquer.

Le Chevalier se leva après quelques secondes de silence, puis attrapa un seau sur une étagère, qu’il colla dans les mains du padawan en sortant de la pièce. A l’intérieur, sous une bouteille remplie d’un liquide bleu vaguement gluant, des éponges énormes et un grattoir abimé étaient encore humides.

- Viens par ici, fit Lyrae en se dirigeant vers le fond du hangar où étaient soigneusement alignés les chasseurs, que le Chevalier désigna d’un vague mouvement de la main. Nos deux Star Saber ont particulièrement besoin d’un coup d’jet d’eau, et puis il y a aussi les embouchures des canons laser des Stinger à désencrasser. Il va te falloir un escabeau…

Lorsqu’ils parvinrent à quelques mètres des deux appareils, dont l’un était en cours de vérification par un droïde technicien, Lyrae réalisa qu’il parlait peut-être wookie pour le padawan. Après tout, il était loin de pouvoir être sûr que le gosse eût quelques notions techniques dans le domaine. Il avait plutôt l’air du genre à bien connaître les rues malfamées et les meilleures blagues d’Iziz qu’être un cador de la technologie. Mais on ne savait jamais à quoi s’attendre, avec ces bêtes-là…

- Les Star Saber, ce sont les deux que tu vois là-bas, précisa-t-il avec un mouvement du menton. Ceux au nez effilé avec les motifs verts. Enfin… c’était vert avant, mais ils avaient déjà bien sillonné la Bordure quand la République nous les a filé, et maintenant ça ressemble plutôt à du... marron... caca doigt.

Il haussa les épaules. Ça restait de bons éléments de la flotte, même s’ils n’étaient plus vraiment à la mode. Il se tourna ensuite vers une série de chasseurs aux courbes plus séduisantes : deux réacteurs gris sombre surmontés du cockpit aux allures de fusée et au-dessus desquels trônaient au bout de courtes ailes verticales les fameux canons laser.

- Et ça bonhomme, ce sont les Stinger, ceux qui ont la côte. Ils ont déjà été lavés la semaine dernière, mais ils partiront en patrouille dans le secteur de la route perlemienne la semaine prochaine et j’ai pas envie que leurs tirs soit déviés par des saletés... Il va falloir y aller avec une brosse à dent. Il y en a une dans ton seau.

Lyrae adressa un sourire ravi au jeune padawan, sans réaliser que ce qu’il venait d’annoncer ne serait pas forcément source de réjouissance. Puis il fronça le nez, songeant vaguement qu'il y avait une drôle d'odeur qui traînait. Peut-être faudrait-il améliorer la ventilation du hangar, un de ces quatre.

Après avoir fait un tour derrière une autre série de chasseurs à la forme triangulaire ornés d’une bande rouge, le Chevalier revint en déroulant un tuyau d’une main, et de l’autre il portait sur son épaule un escabeau qu’il espérait suffisamment grand pour que le petit pût atteindre les canons lasers. Il déposa le tout devant le gamin.

- Ben voilà, tu as tout ce qu’il te faut. Tu m’appelles si t’as un souci, je suis pas loin. Comment tu t’appelles, déjà ?

Le chevalier ne se souvenait même plus si le nom du padawan lui avait été donné. Peu importe, c’était pas comme s’il les côtoyait souvent, en ce moment. Entre les missions et le fait de devoir s’occuper d’un nouveau-né, il n’avait plus vraiment le temps d’enseigner quoique ce soit. Ça ne lui manquait pas vraiment ; il n’avait jamais eu d’affinité particulière avec les moins d’un mètre quarante.

- Ah oui ! J’allais oublier. Evite d’arroser P4, il est pas vraiment étanche depuis qu’on a remplacé son bras articulé par celui d’un de ses cousins… Bon, je vais me chercher de quoi travailler pas loin, moi.

Sur ce, Lyrae tourna les talons et se dirigea de nouveau vers la salle où le padawan l’avait trouvé. Il avait bien pensé le laisser sans surveillance pendant un moment, mais il avait trop peur que le gosse fût capable d’envoyer le jet d’eau dans un cockpit ouvert ou de brancher l’aspirateur alors qu’il était encore trempé. S’il y avait bien une chose qu’il avait appris ici, c’est qu’on ne pouvait pas compter sur les morveux. Encore moins ceux que lui envoyait Maître Adel…

Mais bon, c'était certainement sans risque de s'absenter juste quelques minutes !
Kolin Valkizath
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Faussement calme, Kolin attrapa le sceau si généreusement tendu par Lyrae et observa dans le silence le plus monastique le contenu de son cadeau. Il en fallait plus pour faire peur au gamin des rues qui avait déjà par le passé récuré des objets infiniment plus sales que les reliquats de la flotte Jedi. Quand son père s’était envolé, Kolin avait été obligé de participer à l’effort de guerre. Misérablement et pour quelques crédits il avait travaillé au mépris des risques pour sa santé à ramoner des cheminées de Carbonne dans les usines des souterrains. Cette besogne l’avait forgé. Maigres et agiles seuls les enfants étaient capables de se glisser dans les cheminées noires et enfumées pour nettoyer les résidus carbonisés. Le code du travail des enfants était un problème de riches et puis comme le disait la sagesse populaire des bas-fonds : « un droïde coûte cher à réparer, un gosse est gratuit à mettre au monde ».

La punition était dure à encaisser mais au moins dès que ce fils de Chutta de Turgot le croiserait dans les couloirs il se rappellerait à quel point son tibia lui avait fait mal et se garderait bien de l’insulter à nouveau. Cette satisfaction était pourtant la seule, le jeune padawan multipliait les punitions et malgré toute sa bonne volonté et son envie de bien faire il ne parvenait pas à contrôler ses nerfs et à rentrer dans le rang. Étranger parmi ses comparses, voilà ce qu’il était. La Force était seule responsable de cette rencontre impromptue avec les Jedis, le hasard son unique complice.

Sans faire de vagues et tâchant de paraitre le plus indifférent possible, le padawan emboita le pas au Chevalier à la découverte des vaisseaux des Jedis. Kolin n’était pas familier de ces engins. Son seul et unique voyage dans l’espace l’avait conduit au Temple. Les Star Saber étaient impressionnants et altiers, le garçon posa avec respect la main sur la coque d’un d’entre eux comme si il caressait les naseaux d’un étalon fougueux. Kolin ne put s’empêcher de laisser ses prunelles vagabonder sur les courbes impétueuses des deux aigles métalliques. Même sales et décrépis ils étaient magnifiques à tous les niveaux. Les Stinger, plus modernes et plus reluisants n’entrèrent pas autant dans les grâces du petit bout d’humain. Si il avait eu à choisir il aurait embarqué sans l’ombre d’une hésitation dans un Star Saber. Visiblement Lyrae lui avait une nette préférence pour les vaisseaux à la mode.

Il fut rappelé à la réalité par la voix de Lyrae et ne broncha pas à l’évocation du nettoyage des canons lasers, il se contenta d’hocher la tête en regardant encore et encore le bras cybernétique de son bourreau du jour.

- Kolin Valkizath

Répondit le gosse d’une voix distante en se grattant la tête songeant qu'il s'était présenté dix secondes avant. Un simple « OK » laconique trouva écho à l’invective sentencié par le gardien des lieux. Gardien qui semblait passionné par ces engins volants, il avait dû en voir des mondes celui-là.

Un coup d’œil sur R4 plus tard, le garçon entreprit de commencer sa corvée, il ne comptait pas ménager ses efforts. Plus vite il aurait terminé, plus vite il pourrait aller essayer de récupérer son sabre et retrouver Samaël, ce dernier serait sans doute curieux de sa péripétie. Le travail s’annonçait toutefois assez titanesque et c’est en soupirant qu’il se mit au travail plongeant les mains dans le sceau et s’emparant de l’éponge, elle était usée. Combien de doigts de padawans paumés s’étaient posés avant les siens sur cette éponge se demanda le garçon. Il repensa un court instant à sa vie d’avant sur Coruscant et s’imagina ce que dirait Joris en le voyant : Joris, son grand frère de 19 ans qui s’était enrôlé dans l’armée de la République.

Il allait commencer à récurer la coque du premier Star Saber mais il se ravisa décidant de commencer par la partie du travail la plus ingrate : les canons lasers des Stinger. L’éponge fut remplacée par une arme bien plus redoutable : une brosse à dents si abimée qu’on aurait pu croire qu’elle avait servie à retirer la plaque dentaire d’un Rancor. Faisant fi de toute règle d’hygiène il la trempa dans le sceau avant de mettre le manche dans sa bouche. Il toisa d’un air dédaigneux l’escabeau

D’un geste leste, Kolin prit appui sur la carcasse du Stinger et entreprit de l’escalader – non sans peine – il s’agrippa à l’instinct aux prises qu’il pouvait trouver et finit par rejoindre le cockpit du vaisseau. Il résista à l’envie d’y rentrer. Une seconde plus tard il atteignait l’aile au niveau du canon laser. Trois mètres au-dessus du sol, l’acrobate se laissa choir enroulant ses jambes et ses bras autours du canon. Enfin, dans un ultime effort il parvint à glisser jusqu’à l’embouchure de tir et entreprit de brosser. Concentré pour garder son équilibre, il lava d’une main avec acharnement l’embouchure y mettant tout son cœur. En s’abandonnant, ça lui permettait de penser à autre chose qu’à Turgot ou à Maître Adel.

Les bruits de pas du Chevalier qui revenait ne le déconcentrèrent pas de sa tâche, il se contenta de dire curieux :

- Et après que vous ayez semé les chasseurs Siths, il s’est passé quoi alors ? C’est vous qui avez mis ces vaisseaux dans cet état ?

Demanda il sans méchanceté avec une vraie curiosité dans la voix. Lyrae apprécierait peut être d’avoir un interlocuteur plutôt que de parler seul comme un demeuré. Aux premiers abords il n’avait pas l’air très prolixe mais Kolin n’en avait rien à faire, de toute façon une bande de vieux Maîtres Jedis étaient peut-être en train de l’exclure du Temple en ce moment.
Lyrae O'Sil
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Kolin Valkizath, jamais entendu parler. Un petit nouveau, peut-être, à moins que Lyrae l’eût déjà vu mais déjà oublié, ce qui était tout autant possible. Il allait falloir qu’il se souvînt au moins de « Kolin ». Lorsqu’il donnait quelques cours de mécanique, il n’arrêtait pas de s’emmêler les pinceaux dans les prénoms, ce qui amusait beaucoup les plus jeunes – et ce qui avait le don d’agacer le chevalier déjà en difficulté dans l’art d’imposer de l’autorité dans une classe de chenapans. Pourquoi est-ce qu’on ne zappait pas les prénoms ? On pouvait tout aussi bien coller des numéros sur les fronts des gosses, ce serait bien plus pratique. Et puis, ils éviteraient peut-être un peu les gonflements d’ego des premiers de la classe ainsi !

En revenant de l’atelier, un seau remplie d’eau savonneuse dans une main et un seau de petits objets plein d’huile dans l’autre, il constata que le petit s’était déjà mis au travail. Dédaignant l’escabeau, il était agrippé à l’aile d’un Stinger comme un mynock intéressé par son câblage. Si seulement il pouvait être encore aussi léger, et atteindre avec autant de facilité tous les petits recoins de ses appareils ! Pouvait-il marchander avec Maître Adel d’avoir un peu plus souvent des petits singes comme celui-là ? Le dernier envoyé était un Nautolan phobique des droïdes qui avait hurlé toutes les dix minutes d’une voix suraiguë. Lyrae l’avait renvoyé avant même qu’il n’eut terminé ses tâches, afin de s’en débarrasser. Mais le petit Kolin, lui, s’était mis au travail sans rechigner.

Le Chevalier s’installa à quelques mètres, sous le nez d’un autre Stinger. Une volumineuse boîte à outils en métal fit office de siège tandis qu’il se mit à récurer à son tour les toutes petites pièces. Chacune devait être nettoyée de tout résidu, avant d’être vérifiée voire testée avant d’être remise dans le stock de maintenance du hangar ou bien d’être définitivement mise au rebut.

La question du gamin tira le Jedi de ses rêveries, qui releva le nez avec étonnement. Il fut un bref instant partagé entre l’embarras d’avoir été surpris à discuter tout seul, et la fierté d’avoir réussi avec brio une mission importante pour le Conseil. Il haussa les épaules.

- On a fait plusieurs sauts en hyperespace, sur des trajectoires totalement différentes,
expliqua-t-il platement, pour être sûrs qu’ils perdent définitivement notre trace. Une fois qu’on a été sûrs de pas être suivis, on est rentrés sur Ondéron pour ramener au Conseil les échantillons qu’on a trouvés sur Roon. Et voilà.

C’était fou, il arrivait vachement bien à raconter de supers histoires quand il était seul ou seulement avec Laïkin – beaucoup trop jeune pour comprendre quoique ce soit - mais dès qu’il avait un véritable auditoire, ses talents d’orateur retombaient à plat. C’était sûrement juste que Kolin était arrivé à la fin de l’histoire.
Mais la deuxième question du gamin le fit sourire.

- Ah, nan ! On n’était pas là-bas pour faire la guerre, ces vaisseaux-là sont des chasseurs pour se défendre. Nan, cette fois-là, on était dans une navette d’exploration. Un truc un tout petit peu plus gros, avec de quoi prendre de la cargaison, des provisions… Et une petite pièce de repos à l’arrière. On en a pas mal et dans plusieurs modèles dans l’autre aile du hangar. Elles servent surtout à l’ExploCorps, en fait. C’est pas vraiment fait pour se battre, mais y’a toujours une bonne tourelle de défense en cas d’pépin.

Le Chevalier dut faire un effort pour s’interrompre. Il oubliait toujours que les vaisseaux n’étaient pas le centre du monde pour le reste de la galaxie. Surtout pour le reste de l’Ordre, en fait. Mais c’était pourtant passionnant ! C’était peut-être pour ça qu’il s’était mis à saouler les droïdes hors service : pour protéger les cerveaux de ses collègues.

- Enfin bref,
ne put-il s’empêcher de conclure en revenant aux fameux chasseurs, désignant les Stinger d’un mouvement du menton. Ceux-là ont fait beaucoup de séances d’entraînement ces derniers temps. On a formé plein de nouveaux dessus… Et quand on fait ça au-dessus de la jungle, ils accumulent de toute sorte de saletés. En gros, tu nettoies de la bouillie de moucheron, désolé.

Lyrae s’intéressa à la pièce suivante dans son seau et s’absorba dans son nettoyage, tout en poursuivant ses explications.

- Les Star Saber, c’est pas pareil. Ils sont partis en mission de sécurité sur Kashyyyk, rapport au fait que les wookies avaient besoin d’aide et que le Conseil voulait faire un peu de continuité avec le boulot de Maître Vorkosigan. Tu sais, notre Jedi Ministre de la Justice.

Certains d’entre les Jedi, il y avait pas à dire, avaient vraiment des destins hors du commun. Pas comme Lyrae, quoi.

- Bon, donc ils ont vadrouillé là-bas plusieurs semaines, et les voilà de retour. Et bien sûr, comme d’hab, personne n’a pensé à les bichonner un peu sur place !

Après s’être échiné à désencrasser le minuscule piston, les mains noircis, Lyrae jeta un œil au travail du gosse. Ce n’était pas trop mal. Il vérifierait de plus près un peu plus tard, mais le petit semblait avoir la main agile et précise et surtout, avoir la patience et la minutie nécessaire pour effectuer ce genre de travail.

- Et toi alors ? Raconte un peu, comment t’as réussi à mettre Maître Adel en pétard ? T’as mis le feu au tapis d’entraînement avec ton sabre ?


Les anecdotes sur les cours que les Chevaliers instructeurs se racontaient entre eux au réfectoire étaient souvent à mourir de rire. Lyrae ne pouvait s’empêcher de se remémorer avec honte ses propres bévues en classe lorsqu’il était lui-même padawan. C’était pas censé se transformer en bons souvenirs, au bout d’un moment ?
Kolin Valkizath
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- Ah vous avez fui quoi.

Fit remarquer spontanément Kolin toujours accroché à l’embouchure du canon crasseux. À ses yeux encore trop candides les Chevaliers Jedis n’avaient jamais peur de rien, luttaient courageusement contre les Siths en défendant la veuve et l’orphelin au mépris de leur propre vie. Bercé par les légendes des grands Jedis sans peurs et sans reproches, le petit garçon venait de tomber de haut. Entre un Lyrae fuyant devant le combat contre les abjects Siths et un Maître Adel l’ayant puni arbitrairement, sa confiance envers l’Ordre venait de fondre comme neige au soleil. De manière générale il ne faisait confiance à personne et s’il avait pu baisser sa garde au Temple, il le regrettait maintenant amèrement.

L’enfant termina de nettoyer l’embouchure du canon en y plongeant la manche de sa tunique blanche. L’état du canon lui paraissant à présent satisfaisant. Il se laissa tomber avec la souplesse d’un félin. L’idée de nettoyer des mouches écrasées ne lui arracha même pas une moue de dégout tant il était préoccupé par son sort et par la cruelle destinée que devait lui préparer Maître Adel. Voulant garder la face il ne dit rien et se contenta la mine sombre de plonger la brosse à dents dans le sceau et de recommencer son manège jusqu’à la seconde aile du noble Stinger.

- C’est facile à conduire un vaisseau, enfin j’veux dire genre un Star Saber ?

Quand il se ferait chasser du Temple, il devrait bien apprendre un métier. Devenir pilote ne pouvait pas être pire que de finir chiffonnier dans les souterrains de Coruscant. Les noms exotiques des planètes égrenées au fil des diatribes de Lyrae avaient quelque chose d’envoutant, de presque enchanteur. Lyrae prophétisait tant les vaisseaux du hangar que Kolin fut touché par la grâce. Même en récurant lui aussi, le Chevalier avait une faculté à expliquer les choses qui plaisait à son unique auditeur. Loin des tournures de phrases alambiquées et des concepts métaphysiques hors de portée de compréhension pour un gosse sachant à peine lire, Lyrae au contraire s’exprimait avec une simplicité et rusticité qui lui rappelait celle de son père et sentait bon le langage de la rue dont les accents plantureux lui manquaient.

La galaxie semblait si vaste, en ferait-il un jour le tour ? Pouvait-on visiter toutes les planètes ? S’il en découvrait une, pourrait-il lui donner le nom de Joris en hommage à son frère ? Tant de questions qui tourbillonnaient dans son esprit et qui ne trouveraient sans doute jamais de réponses.

- Si y avait une justice ça se saurait.

Fit remarquer Kolin nonchalamment la tête plongée dans l’embouchure crasse du canon récurant à s’en abîmer les ongles. Maître Vorkosigan, il l’avait déjà aperçu de loin. Certains padawans dont Kolin pensaient qu’il était presque immortel et qu’il maîtrisait toutes les formes du combat au sabre laser, un simple regard du Fallen suffisait à faire trembler une armée.

Ça ne serait n'était ni un adieu, ni un au revoir. Comment aurait ce pu l'être? Dit-on cela à quelqu'un que l'on n’a pas salué? Son arrivée ici avait été discrète, sous cape. Comme sa personne. Vaine, inaperçue, sans consistance. Pourquoi l'honneur d'une nouvelle chance. Il ne méritait rien. Rien d'autre que de se retirer, sans dignité et sans fierté, avec cette même indifférence qu'il nourrissait pour lui et tous ces évènements qui le touchaient. Les Miraculés resteraient toujours et à jamais les crasseux des poubelles, La Force toute puissante sois-t-elle ne possédait pas cette faculté.

Il se laissa à nouveau tomber. Toujours sans rechigner le rejeton se dirigea vers le second Stinger non loin de son garde chiourme. En passant il ne put résister à la tentation de jeter un œil peu discret sur son bras mécanique. Tout en grimpant il répondit à la question du Jedi ne sachant guère quel effet auraient ses aveux.

- Y a un padawan qui s’moquait de moi depuis longtemps. Il tut son nom, les balances ne vivaient jamais très longtemps. – On faisait des passes d’armes et j’me suis énervé, j’lui ait fait croire qu’y avait le feu au dortoir pour qui s’retourne et je lui ai mis un coup de pied vachement fort dans le tibia. Il a crié comme un bantha qui accouche. Du coup j’ai gagné et j’lai désarmé.

Pas particulièrement fier de ses actes il ne fanfaronna pas, décrivant simplement ce qui s’était passé, la voix molle.

- Maître Adel dit que j’ai enfreint les règles d’la bienséquence

Les Jedis devaient contrôler leurs émotions et leur colère, tous ces sentiments n’avaient qu’une issue : le terrible côté obscur de la Force, un monde dont on ne revenait jamais et qui faisait trembler de terreur les Jedis les plus aguerris. Kolin savait qu’il avait mal agi. En blessant le Twi’Lek aussi méchant soit-il il avait blessé la Force elle-même. Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi Turgot n’était pas puni lui aussi. L’injustice : comme sur Coruscant, rien, jamais, ne changerait. La vie même du garçon était un autel à l’injustice, il s’y était habitué. Il regrettait amèrement de s’être aveuglé en pensant que les choses seraient différentes ici.

- Vous voulez que j’m’occupe de ces pièces aussi ? Vous êtes pas padawan, vous.

Termina l’enfant désignant d’une main le sceau que manipulait Lyrae. Quitte à être puni autant se rendre utile et peut être même que le Chevalier le laisserait rentrer dans l’un des cockpits. Il ne semblait au fond pas si étrange que ça. Toutes les connaissances qu’il avait aurait de quoi impressionner les chasseurs de primes qui passaient leur temps à comparer leurs vaisseaux dans les cantinas.
Lyrae O'Sil
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Lyrae accueillit la remarque avec une moue désabusée, mais ne fit aucun commentaire. Ah, c’était facile pour les mômes, rester tranquille à s’entraîner au Temple, mais ils ne s’étaient pas trouvés nez à nez avec un croiseur ennemi et des bataillons entiers de chasseurs pour les étriper comme lui ! Mais ça ne servait à rien de défendre son cas. Kolin, comme tous les autres, la ramènerait moins le jour où ils connaîtraient leur première petite séance de torture dans l’Empire, ou ce genre de super aventure.

S’absorbant de nouveau dans son propre travail, le Chevalier choisit de s’intéresser plutôt à la question du pilotage. Là au moins, il ne pourrait pas être pris en défaut.

- Ah, bah piloter un chasseur, ça n’a rien à voir avec un cargo ou un croiseur, hein. Pour faire simple, les grosses machines, on dit qu’on les pilotes ‘aux instruments’, c’est-à-dire que c’est généralement l’ordinateur de bord qui calcule la trajectoire et fait tout le boulot, sauf en cas de manœuvre un peu délicate. Et le pilote sert à entrer les données de navigation et surveiller les radars. Mais dans des petits appareils comme ça, on dit qu’on pilote ‘à vue’. Donc on manœuvre vraiment presque tout le temps, ça demande pas mal de concentration et un peu de connaissances sur les principes de base du pilotage. Rien de bien vraiment compliqué. Ce qui est le plus dur… C’est la pratique. Ça prend du temps, d’apprendre à piloter : d’acquérir les bons réflexes, de s’habituer à la sensibilité des commandes de pilotage. Moi par exemple, je me suis entraîné pendant deux ans dans un simulateur de vol avant qu’on me laisse piloter un vrai chasseur ! J’avais à peine deux ou trois ans de plus que toi quand c’est arrivé, ceci dit.

Il y en avait passé des heures, et pour cause : à l’époque, un peu mal à l’aise d’être arrivé tardivement au Temple et ayant du mal à s’intégrer, le simulateur de vol avait été un refuge hypnotisant l’adolescent des heures durant. Loin de son mal-être social, Lyrae avait développé sans s’en rendre compte des compétences qui avaient orienté toute sa formation de Jedi. A défaut d’avoir les qualités naturelles d’un Jedi, il avait acquis une technicité à laquelle il devait son salut dans l’Ordre.

- Les Star Saber, ils sont plutôt faciles par rapport à d’autres chasseurs, ouais, parce qu’ils répondent vite et bien aux commandes. Probablement parce que le système est relativement simple, comparé à d’autres vaisseaux. Alors bon, je t’en ferai pas essayer un, mais si tu veux te faire la main sur un simulateur un de ces quatre, passe me voir en soirée. La journée, il y a trop de monde qui s’entraîne, j’aurai pas le temps de t’expliquer. On a un programme et une cabine qui réplique parfaitement les Star Saber, c’est même là-dessus que j’ai appris.

Les vieilles machines étaient les meilleures. Pour piloter un Stinger, il fallait maîtriser beaucoup plus de notions techniques, principalement parce que leur modernité les faisait reposer sur un système plus avancé de pilotage qui combinait ordinateur de bord et manœuvre par le pilote. Leur carcasse de Star Saber, elle, était relativement simple et avait une faculté toute particulière à prouver à l’apprenti pilote que la moindre petite virée pouvait se terminer en crash mortel. En astiquant une nouvelle pièce, Lyrae souriait au souvenir de ses propres échecs sur la machine : à la fois exaltant et extrêmement frustrant. Pendant ce temps, il ne remarqua même pas le regard du môme sur son bras atypique. Ses doigts mécaniques jouaient habilement avec une pièce dont suintait une huile sombre et visqueuse.

Mais le récit du gamin le tira de sa tâche. Il laissa échapper un éclat de rire bruyant, qui résonna dans le hangar entre les machines endormies. Bienséquence et feu aux dortoirs.

- Ha ha ha, quel stratège tu fais ! Tu m’étonnes que Maître Adel a pas apprécié… Si t’es pas bon au sabre, tu devrais t’essayer aux enseignements tactiques. T’en boucherais p’tet un coin au premier de la classe sans te coltiner le décrassage de mes vaisseaux ensuite.

Pauvre gosse. Il avait pas la carrure pour être le bretteur dominant de la classe. Encore que dans ce domaine, l’apparence était loin de ne pas receler d’étranges surprises. A dire vrai, Kolin aurait pu aussi compter sur sa souplesse et son agilité hors normes, si du moins Lyrae se basait sur sa facilité à grimper comme un primate sur les Stinger, pour surprendre ses adversaires les plus volumineux. Le Chevalier pivota sur son séant pour observer le gamin. A y regarder de plus près, il était vraiment chétif comme un kinrath. Il essaya de se rappeler à quoi il ressemblait lui-même à cet âge, mais il n’arrivait pas à se représenter. En plus, il était difficile de donner un âge à Kolin. Il arborait le visage fermé d’une petite teigne adolescente mais il avait l’air monté sur un fil de fer. A bien y réfléchir, non, il ne l’avait jamais vu avant. Lyrae fronça les sourcils.

- T’es là depuis longtemps, toi ? Tu m’dis rien…


Il haussa les épaules. Il était de moins en moins souvent au Temple, ceci expliquait peut-être cela.

A la question de Kolin, il resta toutefois pensif quelques secondes. Il éleva la pièce qu’il tenait dans ses mains au niveau de ses yeux pour l’observer de plus près. Puis il laissa échapper un petit soupir et projeta la pièce quelques mètres plus loin. Elle atterrit sur un tas désordonné de pièces détachées que Lyrae évita soigneusement du regard – oui, il savait qu’il aurait déjà dû nettoyer son tas d’ordures et le mettre aux déchets, mais le tas en question était là depuis plusieurs jours et n’avait pas pris feu. Il attendrait bien encore demain. Ou après-demain.
Le Chevalier adressa au môme un sourire résigné.

- Je suis pas padawan, mais c’est qu’il faut les connaître un petit peu ces pièces-là. Pour retirer toutes celles qui sont défectueuses. Je pourrais t’apprendre, tu me diras, mais bon… Ca prendrait un bout de temps. Si tu prends un abonnement aux punitions de Maître Adel, pourquoi pas !

Derrière Kolin, une étrange série de trilles électroniques retentit. Lyrae jura à voix haute, jeta son éponge noire dans le seau remplie d’eau aussi sombre et entreprit d’aller au secours du droïde qui s’était, comme régulièrement déboîté une articulation au cours de son opération technique sur le Star Saber. Lyrae entreprit de dégager P4, puis il plongea à son tour la tête dans le ventre du chasseur.

- Ah, hé merde, il m'a arraché l'injecteur ! Maudit droïde,
maugréa-t-il avant de hausser la voix pour être entendu de l'extérieur. Kolin ! Apporte-moi une lampe, tu veux ? Y'en a dans l'atelier !
Kolin Valkizath
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- J’ai fini les canons.

Annonça Kolin en essuyant avec sa manche déjà couverte d’huile les quelques gouttes de sueurs qui avaient perlées sur ses tempes.

Le mioche avait à présent agrippé le tuyau d’arrosage et s’en était fait un harnais qu’il enroula autours de sa taille le temps d’escalader prestement le premier Star Saber. L’ascension fut un peu plus acrobatique car les prises étaient moins nombreuses sur ces modèles de vaisseaux plus anciens.

Debout sur son perchoir, le garçon ouvrit le tuyau et se mit à arroser la carlingue métallique couverte de saletés. Il tendit l’oreille pour écouter attentivement l’explication du Chevalier. Il considéra que le « pilotage à vue » était beaucoup plus cool ! À choisir, il préférerait piloter un chasseur léger et maniable plutôt qu’un immense vaisseau et à écouter Lyrae ; Ils partageaient sans doute cette affinité. Il s'imagina le Chevalier aux commandes d’un Star Saber à voler en rase mottes à travers les grattes ciels de Coruscant en totale communion avec sa machine, libre comme l’air. À en croire son récit il avait tout d’un pilote émérite ; Kolin en fut un peu jaloux. Lui, n’avait été qu’une seule fois un vaisseau, celui qui l’avait conduit au Temple. Le même sans doute le ramènerait chez lui.

Il manqua de perdre l’équilibre à la proposition du Jedi et se rattrapa de justesse à l’aileron du chasseur. Son cœur avait fait un bond à l’idée de pouvoir s’essayer au pilotage. Lyrae sans le savoir était l’un des premiers adultes à se montrer gentil envers sa petite personne. L’idée était grisante et aurait pu le faire rayonner d’un bonheur absolu s’il n’y avait pas eu l’épée de Damoclès du renvoi.

Un instant, il songea à l’un des astroport de Coruscant où il avait l’habitude d’aller avec son frère Joris bien des années auparavant. Allongés non loin des pistes derrière le grillage, les deux garçons regardaient les oiseaux métalliques s’envoler dans un vrombissement de moteur assourdissant pour disparaître dans les cieux diaphanes de la nuit noire. Les frères s’étaient jurés qu’un jour, un jour, ils s’envoleraient et partiraient à la découverte de l’univers et de toutes les merveilles qu’il renfermait en son sein. Cette époque lui manquait, son frère lui manquait et cette réminiscence soudaine l’assomma et manqua de lui blesser les yeux alors qu’il répondait faiblement.

- Merci Maître, vraiment, mais j’vais sûrement être viré d’ici, c’est pas la première fois que j’déconne.

À quoi bon se retourner vers un présent déjà passé ? Le futur et ses mystères enrobés d’aventures promettaient d'être riche... en quoi ? Inutile d'avoir peur, n'ont peur que ceux qui peuvent perdre quelque chose. Kolin avait déjà perdu. Logique implacable du gagnant malchanceux.

- J’suis pas mauvais au sabre, c’est juste que quand on ne peut pas gagner par la force faut savoir ruser quoi.

Bien que manquant de puissance, Kolin était suffisamment rapide et agile pour tirer son épingle du jeu, Turgot lui était plus fort, plus expérimenté et savait exploiter les points faibles en l’occurrence la colère qui gonflait si facilement les veines du padawan.

- J’suis là depuis… Coupant le tuyau, Kolin compta sur ses doigts les semaines avant de se rendre compte qu’il lui manquait au moins une main pour arriver au compte… - Trois mois, j’crois, j'suis nouveau et c'est pas tous les jours facile. J'crois que j'suis pas trop le bienvenue au Temple. Personne ou presque m'accepte.

Les jours défilaient à une vitesse ahurissante et pour cause, les padawans étaient sans cesse occupés et n’avaient jamais une minute de répit. En particulier les « tardifs » comme se plaisait à appeler Maître Adel les padawans qui avaient rejoint le Temple plus âgés.

Kolin n’avait jamais vu Lyrae et personne dans son entourage n’avait mentionné son prénom. L’homme si prolixe semblait passer tout son temps dans l’espace, dans un simulateur de vol ou dans le hangar ce qui expliquait sans doute son manque de notoriété auprès de la jeune génération de sales gosses d’Ondéron. Pourtant, il avait quelque chose de tout simplement fascinant et dégageait une aura qui plaisait au mioche.

- J’viens de Coruscant, dans le noyau et vous ?

Continua le garçon en rallumant la lance et en s’attaquant à un autre côté du chasseur. Les habitants de la ville planète précisaient souvent de quel niveau ils étaient originaires : signe de reconnaissance sociale et d’appartenance. Kolin n’en ressentit pas le besoin. Il avait souvent eu honte de venir des bas-fonds, souvent eu honte d’être celui qu’on regardait de travers à cause de ses vêtements sales ou de ses difficultés à lire. Il avait grandi avec le mépris des autres à cause de ses origines et se gardait bien à présent de préciser qu’il venait de la décharge sachant bien qu’il ne savait pas le cacher. Lyrae le savait peut être même déjà.

Le Chevalier semblait être un original et sa remarque sur les punitions le fit rire franchement. Si il n’avait pas eu le cœur aussi lourd, il lui aurait fait remarquer qu’il avait autant apprit en quinze minutes de punitions qu’en trois heures de cours avec Maître Adel.

- Donc c’est facile à piloter cet engin !

Dit-il malicieux en regardant le cockpit vaisseau ouvert.

Un instinct se réveilla chez le petit humain, s’il était exclu de l’Ordre pourquoi ne s’autoriserait-il pas un baroud d’honneur ? Sans le savoir, Lyrae lui avait donné assez d’informations pour qu’il essaye. Se considérant comme déjà renvoyé du Temple, pourquoi ne pas mettre en pratique ce qu’il avait appris ici : suivre son instinct, écouter la Force.

Et la Force, comme pour lui donner raison emprisonna l’homme qui se retrouva coincé dans le droïde capricieux. Le même que le laveur de vaisseau improvisé ne devait surtout pas arroser pour éviter de lui griller les circuits. Entendant son prénom, il se précipita pour descendre du vaisseau et alla chercher dans la remise la lampe torche. Du moins, c’est ce qu’aurait fait un Kolin dans une situation émotionnelle normale.

- J’arrive, j’arrive !

Dit-il en levant à nouveau les yeux vers le poste de pilotage du Star Saber. Sans réfléchir, guidé par son instinct et par une furieuse et irrépressible envie de liberté qui l’avait piquée au vif, il entra dans le cockpit. Fichu pour fichu autant s’arroger un dernier plaisir. Enfin il allait prendre le droit de goûter à une de choses qu’on lui avait interdit, l’amusement. Pas d'enfance, plus enfance, obligé de grandir trop vite, beaucoup trop vite.

Son cœur se mit à battre si fort dans sa poitrine qu’il en fut secoué. Il enfila le casque avec micro sur le siège. Il posa ensuite ses yeux bleus rêveurs sur le tableau de bord couvert de boutons multicolores. Appuyant aléatoirement sur les différentes commandes, il finit par trouver la bonne combinaison et alluma les moteurs qui se mirent à rugir. Deux belles flammes bleues s’échappèrent des réacteurs sur les flancs du Star Saber.

- Comment on ferme le cockpit là-dessus ?

S’interrogea-il à haute voix alors que tout doucement le vaisseau commença à se mouvoir en direction du mur gauche du hangar. Les deux tuyaux reliés au félin ailé s’échappèrent de leurs orifices en faisant un grand bruit de vapeur. Kolin inclina légèrement le joystick de pilotage vers la gauche pour faire tourner l’appareil en direction de la porte ouverte du hangar, cockpit toujours ouvert. Doucement mais, inexorablement, le vaisseau se dirigeait vers la sortie.

Maître Adel lui avait dit qu’il fallait parfois apprendre par soi-même, son adage avait trouvé preneur. Au fond, le garçon voulait impressionner Lyrae. Drôle de manière, mais Kolin n’avait jamais rien fait comme tout le monde. Il avait une certaine sympathie bien qu’inexplicable pour le Chevalier et en voulant lui prouver qu’il savait – peut-être – piloter il voulait le rendre fier de lui.

Lyrae O'Sil
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Un mélange d’embarras et d’amusement avait assailli le Chevalier. La naïveté du gosse était certes rigolote. On ne se faisait pas exclure pour si peu, on risquait de se faire exclure si on agressait une sénatrice ou si on faisait des bébés avec une autre Jedi. A ce moment-là seulement, on pouvait avoir vraiment peur pour sa place dans l’Ordre… Et encore, il y en avait qui en réchappait. Lyrae aurait bien partagé ces réflexions, mais il n’était vraiment pas sûr que son expérience dût servir d’exemple à un padawan. Le Conseil désapprouverait sûrement ce qu’ils considéreraient être un encouragement à mal se comporter.
En attendant, le gosse lui rappelait sa propre jeunesse, du temps où il se sentait totalement inadapté au Temple – il se sentait toujours comme tel, mais il avait fait son trou de manière à s’y trouver une place pas trop dérangeante – mais il ne savait quels mots employer pour le rassurer. Ce genre de conversation à la limite de l’introspection, c’était vraiment pas son truc, ça le fichait mal à l’aise.

- Bah,
conclut-il en haussant les épaules. Tu dois juste t’habituer c’est tout, et puis que le Temple s’habitue à toi, j’imagine…

Heureusement, la planète d’origine du mioche le sauva pour l’orienter sur un terrain plus anodin.

- Ah, un Coruscanti !
fit-il avec un sourire. J’en viens aussi. Du quadrant 25, où mes parents avaient un genre de brasserie qui accueillait les pilotes de cargo les plus malodorants du Noyau.

Sa famille lui manquait-elle ? Non. Son enfance avant le Temple lui paraissait être une période floue, parsemée de doutes et de souvenirs déformés par le temps. Il avait été si plongé dans ses propres émotions d’adolescents sur Ondéron qu’il n’avait jamais vraiment ressenti l’envie de retourner chez lui. Et il ne l’avait jamais fait. Devrait-il le faire, annoncer à ses parents qu’ils avaient un petit fils, désormais ? Pas sûr qu’ils le prendraient bien. En outre, Laïkin était sensible à la Force. Ce n’était donc pas comme s’ils pouvaient espérer développer une relation avec lui…

L’intervention du droïde défectueux avait toutefois mis un terme à cette conversation, et il se trouvait maintenant là, la tête enfoncée dans le ventre du chasseur qui suintait l’huile sombre. Sa tenue allait encore être dans un sacré état. Tant pis.

Lorsque les moteurs du Star Saber voisin se mirent à rugir de leur feulement si caractéristique, Lyrae ne réagit pas immédiatement. Kolin était dans l’atelier, il n’avait entendu personne arriver, donc… Qui avait allumé ce vaisseau ? Fronçant les sourcils, le Chevalier se contorsionna pour ressortir avec une légère angoisse de sa cache pour voir la petite tête casquée du môme dépasser du cockpit d’un Star Saber qui se dirigeait doucement vers la sortie du hangar.

- HÉ ! cria-t-il inutilement.

Bousculant P4 qui protesta d’un nouveau trille électronique et renversant au passage le seau d’eau noircie par l’huile et la crasse qui se répandit au sol, le Chevalier s’élança à la poursuite du chasseur qui prenait une légère accélération. Lorsque du coin de l’œil il aperçut les tuyaux tombés au sol dont s’échappait une fumée blanche et légère. Immédiatement, il bifurqua dans leur direction.

- KOLIN, TOUCHE A RIEN, J’ARRIVE ! hurla-t-il tandis qu’il se jetait sur les vannes.

Le gaz servant à désinfecter et préserver l’intérieur des moteurs des chasseurs était également toxique. Ils étaient déjà en mauvaise posture, alors autant limiter le risque de sur-accident…

Ceci fait, il s’élança de nouveau à la poursuite du vaisseau, qui cette fois pointait le bout de son nez à l’extérieur. Le Chevalier imagina un scénario diabolique dans lequel Kolin tenterait de piloter le chasseur mais le ferait s’écraser sur un groupe de padawans en plein entraînement dans le parc, et cette imagination soudaine lui donna des ailes. Heureusement la vitesse du Star Saber semblait relativement limitée, s’agissant du mode de démarrage qui leur servait à stationner correctement les appareils. Il fallait juste espérer que Kolin ne s’amusât pas à passer les vitesses suivantes. Auquel cas…

- PRES DU SOL, RESTE PRES DU SOL !


Lyrae dérapa sur les gravillons devant l’entrée du hangar tandis qu’il effectuait au pas de course une courbe visant à lui éviter de passer près des deux imposantes flammes bleues qui poussaient doucement le Star Saber. Puis il piqua un sprint vers le cockpit et au dernier moment, bondit vers le bord de la cabine toujours ouverte, à laquelle il s’accrocha bruyamment. Suspendu à quelques centimètres du sol, il se hissa tant bien que mal, verrouilla ses bras sur le bord du cockpit avant de taper sur un bouton à proximité sans aucune délicatesse. Instantanément, les flammes bleuses disparurent et le Star Saber se reposa, légèrement bancal, sur ses pieds d’atterrissage.

Le Chevalier était toujours dans cette position incongrue, ouvrant la bouche pour demander à Kolin ce qui lui était passé par la tête quand une voix dans son dos le devança.

- On peut savoir ce que vous faites, exactement ?

Lyrae referma la bouche et croisa le regard du môme. Ses yeux paraissaient arrondis sous son casque trop grand pour lui, et le Chevalier se dit qu’il remettrait le sermon à plus tard. A un moment où il ne serait pas encore en train de devoir s’expliquer à un membre du Conseil, par exemple.

Le Chevalier se laissa retomber à terre et se retourna pour faire face à l’auteur de la voix, qu’il avait reconnue : Maître Brock, ce Nautolan sévère et brillant général de guerre. Lyrae constata sans surprise que les traits fermés du maître du Conseil s’accordaient rudement bien avec ces yeux sombres qui paraissaient vouloir le fusiller. Il fallait dire que Maître Brock n’avait pas vraiment fait partie de ceux qui avaient prêché en sa faveur, lorsqu’il avait dû comparaître devant le Conseil pour répondre de ses actes. Mais le pire, c’était qu’il n’était pas seul : accompagné de Maître Vandreen d’une part, et d’une humaine qui, vu son riche apparat, n’avait rien d’une Jedi.
Lyrae s’éclaircit la voix tout en posant une main sur la carlingue du Star Saber. Puis il afficha un sourire qui se voulait le plus naturel possible.

- Hé bien, hum. On manœuvrait un petit peu cet engin avec Kolin.


Les yeux des trois auditeurs migrèrent tous vers la petite silhouette à bord du cockpit. Ça ne serait pas suffisant, comme explication. Il allait falloir détourner la conversation, et fissa.

- Le chasseur a pas tourné depuis quelques jours, il faut bien que de temps en temps il prenne l’air parce que…
- Vous faites piloter des padawans de cet âge ? l’interrompit Raxle Vandreen, visiblement perplexe.
- Hein ? Ah, non, jamais ! Enfin, normalement, jamais, mais c’est que… C’est que Kolin a comme un don, vous voyez, mentit-il, sans gêne. Il était si à l’aise au simulateur que j’ai pensé que c’était un potentiel à exploiter. C’est rare, à cet âge-là… Mais bon, j’étais juste derrière, hein, je le surveillais !

Lyrae mit toute son énergie à se détendre. Penser à Luuna, au beau soleil qui les baignait agréablement, à sa récente mission qui avait été un succès. Il ne fallait surtout pas que les maîtres captassent son anxiété. Après tout, il pouvait suer à cause de l’effort qu’il venait de faire, non ?

Maître Brock croisa les bras sur sa poitrine, affichant une moue peu convaincue.

- Vraiment ? En voilà une bonne nouvelle, padawan Valkizath. Voilà qui devrait canaliser un peu ce tempérament turbulent. Chevalier O’Sil, j’aimerais que vous me fassiez part à l’avenir de ses progrès en la matière, n’est-ce pas ? Je veux voir ce petit génie à l’œuvre. La semaine prochaine, par exemple. Qu’en dites-vous ?

Le Nautolan les gratifia tous deux d’un sourire acerbe. Lyrae prit le visage le plus avenant qu’il put et secoua positivement la tête. Il traiterait ce problème plus tard.

- Veuillez ranger tout cela, maintenant, Chevalier O’Sil,
trancha Maître Vandreen sans animosité, pour sa part. Nous faisons visiter le Temple à l’Ambassadrice de Corellia sur Ondéron. Et notre parc est censé être un lieu de paix, je vous rappelle.
- Oh, oui, bien sûr. Je vous souhaite à tous les trois une bonne visite.

Lyrae se retourna vers Kolin, sentant le poids des regards des Maîtres sur ses épaules. Il croisa une nouvelle fois le regard du gamin, et il tenta de faire passer par l’expression de son visage un message du type : « alors tu restes tranquille maintenant et tu fais ce que je te dis parce que si ça a l’air d’une bêtise on est tous les deux dans la crotte de bantha », mais il n’était pas sûr que tous les détails passeraient effectivement. Il s’adressa au padawan d’une voix à la fois blanche et pédagogique.

- Alors, Kolin, tu vas lui faire faire demi-tour, ok ? C’est tout simple. Tu démarres les moteurs en mode de première chauffe, comme je t’ai expliqué tout à l’heure, et puis tu le fais pivoter sur 180 degrés… Et pas d’accélération, compris ?
Kolin Valkizath
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Une moue d’étonnement s’était laquée sur le visage aérien de Kolin lorsque Lyrae affirma venir du Quadrant 25. Ce niveau n’était pas aussi mal famé que les souterrains mais ne risquait pas pour autant d’attirer le gratin de la galaxie. Dans son imaginaire de petit garçon les Jedis fréquentaient et étaient originaires des niveaux supérieurs, ceux où l’air était respirable et la température agréable. Un preux chevalier Jedi eût-il un bras robotique avait plus sa place dans le marbre des salons ouatés du Sénat que dans la boue de la plèbe. Cette simple affirmation fit remonter Lyrae dans son estime, il se l’imagina parfaitement à son aise au niveau 1313 à siroter un cocktail au Joyau Cristallin pieds sur la table en rotant.

En réalité, Lyrae était totalement différent des autres interlocuteurs qu’il avait eu le loisir de côtoyer. Sa nonchalance teintée de désinvolture tranchait radicalement avec la rigueur et l’austérité intrinsèque de ses confrères, il y avait aussi son comportement, comportement que Kolin n’arrivait pas à cerner. Puis, cette passion pour les vaisseaux.

Passion contagieuse au demeurant.

Le Star Saber continuait sa lente route vers le hangar, Kolin resta sourd aux aboiements du Jedi cherchant à s’approprier les commandes du chasseur. Le manche vrombissait paisiblement entre ses paumes noircies par la crasse lui offrant un sentiment de puissance inédit, une irrépressible envie de d’indépendance et de conquête.

Où pouvait bien se trouver la commande des canons ? Est-ce que les contre-mesures fonctionnaient convenablement ? Loin, haut, très haut dans le ciel, il verrait peut être les lunes d’Aargau réputées pour abriter les sublimes Hutt, ces femmes à la beauté d’opale aux formes aussi veloutées que tentatrices. Au hasard d’un détour à travers les étoiles, il trouverait peut être la planète de Samaël et pourrait dire à ses parents que leur fils était un padawan formidable en dépit de son écœurante manie d’être gentil avec tout le monde.

Lyrae ne semblait pas partager son enthousiasme et ses rêveries. Kolin n’allait pas lui rendre la tâche facile pour autant. Il était commun que les enfants adoraient faire exactement l’inverse de ce qu’ordonnaient les adultes. Aussi, quand le Chevalier lui ordonna de rester au sol, le padawan tira brutalement sur le manche déclenchant une lamentation de moteurs. Kolin tourna la tête sur la gauche pour apercevoir la figure d’un Lyrae essoufflé cramponné au cockpit. Une seconde et deux boutons plus tard l’appareil retombait paisiblement au sol.

- On peut être puni alors qu’on est déjà en punition ? Ca f’rait genre une repunition ou une punipunition, puninition, pupunition ?

Questionna-il bêtement anticipant une sévère remontrance tout en remontant le casque qui s’était tellement enfoncé sur sa tête qu’il masquait à présent ses yeux bleus. L’avalanche de réprimandes n’arriva finalement pas et ce fut une voix forte qui tira le garçon de ses pensées.

Curieux, il se pencha par-dessus le cockpit pour regarder qui en était le propriétaire. À la différence de Lyrae, le petit Coruscanti ne connaissait pas les membres du Conseil Jedi. Naturellement, il y avait eu le discours de bienvenue aux padawans par le vieux crouton dégarni Saï Don mais c’était à peu près tout. La femme qui accompagnait les deux Maîtres était belle et altière, elle lui rappela sa mère, les guenilles en moins.

La pression et l’adrénaline était retombées, deux Maîtres et un Chevalier témoins d’un « emprunt » caractérisé de vaisseau, son compte était bon, scellé dans la carbonite. Un gosse ça pouvait aller en prison ?

Au moins il partirait sur une note positive qui ne manquerait pas de raisonner dans tous les dortoirs des padawans pour un temps. La tête penchée, Kolin écoutait. Ressentait les paroles de Lyrae remplies d’aplomb et le soutien de ce quidam qui lui offrait le salut dans un simple mensonge. Il ne cherchait pas à comprendre, ne cherchait plus. À quoi bon. Si la fatalité était une compagne, elle lui avait désigné un nouvel amant, autant l’embrasser à son tour en mentant à son tour. Ça ne serait ni la première, ni la dernière fois.

- Oui, oui Maître, Le Chevalier Lyrae me montrait les commandes du Star Saber, vous savez les simulateurs c’est bon pour les gosses… C’est un super prof mais il me surveille hein, il est pas fou…

Un regard noir du Chevalier en question le fit taire alors que ce dernier tentait bien involontairement de se tirer de la mélasse. Malgré un jeu d’acteur plutôt convaincant, la surprise s'était peinte sur les traits impénétrables de Kolin. Pourquoi donc, prenait-il sa défense et pire le couvrait alors qu’il avait volontairement ignoré ses ordres ; il aurait été plus simple pour lui de tout balancer. Lyrae ne lui devait rien et il n’était ni son père, ni son ami.

Ce mec était cinglé, stratosphérique, mais blast, que c’était cool !

Le garçonnet imita la posture de Maître Brock en croisant à son tour les bras sur son torse noueux le fixant sans détours. On ne taxerait pas l’impétueuse jeunesse des padawans de couardise, il n’avait peur de rien et répliqua au défi lancé par le Maître en fronçant les sourcils et plantant ses prunelles océanes dans celle de l’homme poisson.

- Ok, je vous ferai une démo avec des loopings et des vrilles, comme ça vous verrez que Lyr, heu le Chevalier Lyrae est l’meilleur prof de pilotage du Temple.

Commenta le garçon plein d’enthousiasme à grand renfort de bruitages ce qui fit sourire amicalement l’Ambassadrice qui ne manqua pas de souligner avec douceur que la relève des Jedis était assurée. Sa remarque bienveillante mit le sale gosse en confiance et le remplit d’un culot monstre qui n’allait pas plaire au nouveau professeur de pilotage. Son éducation de rat d’égout ne pouvait pas mieux s’exprimer qu’avec cette phrase.

- M’dame l’Ambassadrice vous pouvez v’nir aussi. Proposa Kolin avec un grand sourire malicieux.

Maître Brock faillit réagir mais la délicieuse diplomate fut la plus rapide,

- Si mon emploi du temps me le permet et si le vénérable Conseil des Jedis m’y autorise je serai flattée de vous voir piloter. Votre Maître semble beaucoup vous apprécier et je n’ai aucun doute sur ses capacités.

Dit-elle de sa tessiture d’ange. Son ton cuivré trahissait tout en douceur qu’elle avait parfaitement compris le manège des deux accusés.

En proie à des émotions totalement contradictoires, le padawan était passé par tous les extrêmes en l’espace d’une heure. Haine d’avoir été puni injustement, envie furieuse de quitter à tout jamais cet endroit où il n’avait pas sa place, étrange admiration pour le Chevalier, exaltation et envie de liberté en essayant de dérober le vaisseau, incompréhension en voyant le brave Lyrae mentir aux membres du Conseil Jedi pour le défendre et pour finir, envie de plaire à cette femme lumineuse qui lui rappelait tant sa mère.

- Ok, je fais comme vous dites Chevalier !

Tandis que le trio s’éclipsait. Les moteurs se rallumèrent, la carlingue s’ébranla tremblotant doucement. Kolin fit pivoter le manche pour remettre le vaisseau dans la direction du Hangar. Sans accélérer – il ne savait pas où étaient les vitesses – il parvint doucement à remettre le Saber à sa position d’origine. Comme un cabri, le padawan sauta du vaisseau en gardant le casque et se positionna devant la silhouette de son nouveau formateur. La parenthèse diplomatique était passée et il ne fallait pas être un télépathe pour deviner que Lyrae devait être furieux : il n’y avait pas de témoins, il pouvait le faire disparaître tranquille.

- Pourquoi vous m’avez défendu, fallait me balancer, ils font ça les gens au Q25.

Il prit l’initiative en parlant le premier levant les yeux vers le Chevalier après avoir constaté l’état du hangar sans dessus dessous après son coup d’éclat. Les tuyaux jonchaient le sol qui par endroit était recouvert d’huile noirâtre. Au moins ses ennuis avec Maître Adel venaient d’être relégués loin derrière ceux que pouvait lui causer l’humain qui lui faisait face. Kolin était désobéissant et très souvent insupportable, les règles de civilité et de la bienséance lui étaient étrangères mais, il savait ce qu’était l’honneur. De toute évidence le malheureux Jedi n’en manquait pas. Il se sentit coupable et fronça les sourcils, il avait une dette envers lui à présent et non content de s’être mis – encore – dans l’embarras, il avait jugé bon d’embarquer celui qui initialement n’avait rien demandé à personne : Lyrae O’sil.

- C’est le moment où je dois dire que j’suis désolé ?

Questionna l’enfant pour lui sachant pertinemment que Lyrae était en droit de lui trancher la tête avec son sabre laser.

- Vous avez vu elle était canon l’Ambassadrice on ira sur Corellia un jour en chasseur pas vrai ?

Reprit-il sans laisser le temps au Chevalier le temps d’en placer une.

- On commence par quoi du coup ? Intarissable, Kolin voulut reprendre la parole, mais une voix mauvaise se fit entendre à l'entrée du Hangar. Maître Adel, qui venait de finir son cours venait voir où en était son puni et sa punition avait été proprement exécutée. Il se racla la gorge et toussa pour manifester son étonnement en voyant le désordre ambiant. Le vieux Maître avait en main le sabre laser de Kolin.

- Chevalier O'sil, Valkizath !

L'homme eut un regard mauvais en direction du padawan puant dont la bure était couverte de crasse.

Je viens voir comment avance la punition du padawan. Il semblerait qu'il reste encore, beaucoup, de travail. Vous y passerez la nuit si il le faut jeune homme. A ce propos, le padawan Turgot à le tibia et le genou cassé, je tiens à vous redire à quel point votre comportement a été inadmissible, ça ne s'arrêtera pas là.

Déblatéra Maître Adel sans cacher son dégoût manifeste pour Kolin.

- Quand à vous Chevalier O'sil, veuillez sévir si vous jugez que le travail n'est pas fait convenablement, ce garçon est de la mauvaise graine de Coruscant, faites attention; il vous jouera des tours.

Continua sans aucune gène le professeur en regardant sceptique les deux tuyaux au sol en faisant bien comprendre à Lyrae, que lui, ne jugeait pas le travail fait convenablement.
Lyrae O'Sil
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Autant certains des mensonges proférés par le chevalier et le petit Kolin pouvaient être tout à fait crédibles – Lyrae l'espérait tout du moins – autant le coup du meilleur prof de pilotage, c'était le meilleur moyen de dénoncer leur supercherie : le Jedi n'était pas un bon professeur, pour la simple et bonne raison qu'il évitait soigneusement d'enseigner à ces petites terreurs qu'étaient les padawan. Il avait été jugé si mauvais que le Conseil lui avait même retiré sa première padawan, Jana Tiluüra, pour l'envoyer dans une colonie de l'Agricorps afin qu'elle pût être formée loin de lui. Rien que d'y repenser, Lyrae l'avait encore mauvaise. Mais peut-être n'était-ce pas parce qu'il était si nul dans l'enseignement. Il y avait peut-être eu un lien avec le fait qu'il s’était retrouvé père adoptif de Jana, en quelques sortes, à cause de sa relation amoureuse avec Luuna. Et aujourd'hui, il prouvait qu'il était incapable de surveiller convenablement un padawan sans que cela ne finît en catastrophe. Autant dire que le Conseil n’avait pas fini de le tenir à l’œil, encore une fois.
Et ils l'auraient d'autant plus dans le collimateur si l'Ambassadrice de Corellia revenait le visiter pour vérifier les progrès de Kolin. Lyrae afficha un grand sourire gêné, incapable d'ajouter quoi que ce soit pour rattraper le culot de son élève aussi zélé qu'idiot.

Quand enfin ils furent seuls et que Lyrae eût terminé de tourner autour du Star Saber pour vérifier que le vaisseau n'avait rien et que son stationnement se faisait sans encombre, le chevalier éprouva un grand soulagement de voir le padawan s’extraire enfin de l'appareil. Sans ménagement, il s'empara du casque sur la tête de Kolin pour le lui ôter et ainsi mieux voir son visage rond, sale, et qui débitait tout un tas de trucs comme si cela allait le faire échapper à la petite conversation qu'ils devaient avoir tous les deux. Lyrae finit par ignorer les paroles de Kolin quand celui-ci dériva vers l'apparence de l'Ambassadrice. Non qu'il ne partageait pas son opinion, mais il n'était pas d'humeur pour ce genre de propos.

- Hé tête de bantha, le coupa-t-il en tâchant de ne pas crier, t'essaies de me faire bannir ou quoi ?!

Au même moment, une voix surgit dans son dos, et Lyrae fit volte-face, le sang glacé par l’idée que le Conseil avait pu décider de revenir visiter le hangar, que Kolin et lui ne venaient pas spécialement d’arranger. Heureusement, ce n’était que peu Maître Abel et sa mauvaise humeur qui les rejoignaient. Lyrae lâcha un soupir, constata autour de lui les dégâts avec les tuyaux au sol, le seau renversé et les vaisseaux qui n’avaient pas fini d’être nettoyés. Il était en train de s’exhorter à la patience lorsque Maître Abel eut cette phrase malheureuse sur les mauvaises graines de Coruscant. Interloqué, le Chevalier Jedi défia Maître Abel du regard : désignait-il aussi Lyrae lui-même, ou était-ce une simple coïncidence ? Plus jeune le Chevalier avait lui aussi été un élève du vieux Maître, et il ne se souvenait pas que le professeur l’eût jamais porté dans son cœur. Il fallait dire que Lyrae n’était pas exactement brillant dans le domaine du maniement du sabre, même s’il avait fini par apprendre à s’en servir convenablement, comme tous.
Maître Abel ne sembla pas remarquer la susceptibilité éveillée du Chevalier et poursuivit sur le même ton réprobateur. S’en suivit un drôle de silence gêné pendant que Lyrae allait déposer sur un établi le casque chipé par l’apprenti. Il fit quelques pas, ses réflexions se remettant en ordre avant de se retourner vers le Maître.

- Effectivement, nous n’avons pas fini, expliqua-t-il soudain froidement en croisant les bras sur la poitrine. Le padawan Valkizath a encore beaucoup à apprendre… Et il apprendra. Et lorsqu’il aura terminé d’apprendre ici, il se pourrait bien qu’il vous fasse changer d’avis sur le potentiel des mauvaises graines de Coruscant.

Maître Abel croisa le regard du Chevalier, visiblement surpris d’une telle réponse en inconscient du défi qu’il venait de susciter chez Lyrae. Sceptique, il finit par froncer les sourcils.

- Vous m’en direz tant, Chevalier O’Sil.


Et le professeur tourna les talons, non sans adresser un dernier regard mauvais au jeune Valkizath. Lyrae le suivit du regard, et attendit qu’il fût bel et bien sorti du hangar avant de décroiser les bras et de soupirer.

- Kolin, on va avoir un invité supplémentaire, à la démonstration de la semaine prochaine,
dit-il toutefois avec détermination.

Comment en étaient-ils arrivés là ? Former un padawan au pilotage en une semaine, c’était de la folie. Et tout ça pour quoi ? Pour essayer de prouver au Conseil qu’il pouvait réellement faire une bonne action auprès des padawan, au sein du Temple, sans être seulement un Chevalier « tout juste » utile. Initialement, il voulait juste minimiser le petit dérapage de Kolin. Mais maintenant que même Maître Abel avait sous-entendu qu’il n’était pas capable de mener à bien la punition d’un padawan, voire que les jeunes élevés dans les bas-fonds de Coruscant étaient irrattrapables, il l’avait pris pour une affaire personnelle.
Oh, ce n’était pas bien. Ce n’était pas très Jedi, de se sentir insulté. Mais ce n’était pas très Jedi non plus de se laisser faire quand on attendait de vous la même discipline qu’un petit premier de la classe élevé au petit lait de la haute société d’Aldera. Et puis, au diable la morale : il était mécanicien et pilote, et il était bien plus utile en ces temps de tension que le meilleur des philosophes du Temple !

Toutefois, le défi était de taille. Lyrae se tourna vers le padawan, le visage grave. Il n’était plus question d’abandonner.

- Remets les tuyaux en place, nettoie ce qui s’est renversé du seau, et ensuite tu vas te laver les mains, énonça-t-il, la voix désincarnée. Pendant ce temps, je vais allumer le simulateur.

Sans regarder si Kolin se mettait à la tâche – avec ce qu’ils venaient de vivre, il doutait fort que le padawan eût envie de recommencer à faire le pitre -, Lyrae se dirigea vers le fond du hangar, et déverrouilla une porte qui coulissa. Au-delà, une salle était plongée dans l’obscurité. A l’intérieur, d’étranges œufs mécaniques, de deux fois la taille d’un être humain adulte, trônaient, endormis, reliés au plafond par d’étranges tuyaux et câbles électriques. Une console centrale était disposée au centre de la pièce, vers laquelle tous les câbles convergeaient par le plafond. Lyrae s’y glissa et alluma la console qui s’illumina de boutons de couleurs différentes. Des moniteurs affichèrent un message d’attente tandis que le Chevalier tapotait sur un clavier. Quelques secondes plus tard, l’un des œufs se sectionna en son centre et les deux parties se séparèrent, dévoilant le contenu de l’appareil : un siège sombre en cuir et tout un dispositif ressemblant trait pour trait à l’intérieur d’un Star Saber. A la place de la vitre du cockpit, un écran formé par la paroi de l’œuf, dans lequel l’apprenti pilote serait immergé.
Lyrae choisit un scénario de base, et l’écran afficha une piste décollage dans un désert. Puis le Chevalier alla décrocher l’un des casques les plus petits suspendus au mur pour le poser dans la cabine de simulation, puis il s’équipa lui-même d’un casque audio et d’un micro.

Lorsque Kolin le rejoignit enfin, Lyrae désigna l’œuf ouvert.

- Bon, je sais pas ce que t’avais prévu cette semaine, mais t’annules tout. Tu vas pas beaucoup dormir mon pote, et t’as intérêt à rester concentré, parce que si tu impressionnes pas la galerie la semaine prochaine, toi et moi on est peut-être fichus.

Surtout moi, pensa Lyrae.

- Allez allez, grimpe ! Règle numéro 1 : la sécurité. Toujours vérifier l’état de ton casque, l’état des sangles, l’état de ta combinaison, l’état de ton appareil respiratoire si tu vas dans l’espace. Pour l’instant, on va rester dans des vols aériens.

Une fois Kolin installé, il vérifia que le padawan attachait correctement ses sangles de sécurité. Il n’y avait rien de compliqué là-dedans, mais il lui montra tout de même rapidement comment ça se serrait autour de la taille et des épaules, grâce à quelques tractions sur les extrémités des sangles.

- Tes sangles te servent à ne pas te fracasser le crâne contre ton cockpit ou ton tableau de bord. Si elles sont lâches, tu vas te balader à la moindre secousse. Donc tu les serres jusqu’à ce que tu puisses plus respirer ou presque. Compris ?

Il laissa là le jeune homme pour rejoindre la commande, de laquelle il pourrait commander la fermeture de l’œuf.

- Je vais fermer le cockpit, tu gardes tes mains à l’intérieur. Si tu te sens pas bien enfermé, que tu as l’impression d’avoir du mal à respirer, c’est que t’es claustrophobe. Et si c’est le cas, pense à l’Ambassadrice ou au genou cassé de l'autre Turbo, parce que je vais pas rouvrir pour autant.

Sur ce, Lyrae actionna la commande et l’appareil de simulation se referma sur lui-même. Il porta le regard sur l’un des moniteurs, qui affichait la même image, en plus étroite, que celle que Kolin avait face à lui, avec quelques marqueurs colorés en plus. Lyrae ajusta son micro pour le ramener près de sa bouche.

- Chevalier O’Sil à padawan Valkizath. Vous me recevez ? Terminé.
Kolin Valkizath
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Le gosse resta de marbre devant les attaques répétées de Maître Adel, trop retourné par les événements surréalistes qui venaient de se produire. Le regard noir de Lyrae n’augurait rien de bon. L’homme qui lui avait semblé si flegmatique et taciturne venait de s’exposer sous un nouveau ciel dont les nuages gris qui semblaient danser dans le fond de ses yeux étaient à deux doigts de libérer un torrent d’éclair. Mérité, justifié ? Sans doute, le tour de Kolin si il avait été exécuté sans intention de nuire aurait pu avoir de graves conséquences.

Difficile de dire qui de Kolin ou de Maître Adel fut le plus surpris par l’audace toute chevaleresque de Lyrae qui venait de s’exposer une fois de plus pour se ranger du côté du petit garçon. Offrant ainsi son flanc vulnérable au vieux Jedi pour venir au secours d’un sale môme à qui il ne devait rien d’autres que des ennuis était une démonstration de caractère qui laissa Kolin bouche bée, en retrait, suspendu à la sourde tension qui s’était tissée entre les deux hommes. Ce n’était pas une simple question d’orgueil qui se jouait, Kolin le savait et avait deviné, Lyrae était aussi originaire de Coruscant et ne semblait pas vraiment être dans les bonnes grâces du Conseil.

Il regretta d’avoir douté du sens de l’honneur du Chevalier qui l’avait couvert deux fois au mépris de ses propres intérêt, Kolin éprouva une vraie culpabilité, la même qu’il ressentait lorsqu’il décevait Joris, la même qu’il avait ressenti dans à l’école lorsqu’il peinait à lire à haute voix sous les regards accusateurs de ses camarades, la même culpabilité qui lui marquait les chairs plus durement que les coups de son soulard de géniteur.

Lyrae était un mec bien.

Maître Adel parti, Kolin se tourna vers son protecteur l’air contrit.

- On va leur montrer à tous ces tocards. Vous serez pas banni j’le jure sur la tête de mon frère.

Confirma le gosse comme un défi lancé à la Galaxie toute entière. L’échec n’était plus permis, il y avait trop en jeu. De plus, l’idée de piloter un Star Saber lancé à toute allure dans les cieux d’Ondéron le laissait rêveur. À grandir dans des souterrains le ciel revêtait une dimension à la limite du mystique, de l’iconique. Aujourd’hui Kolin avait enfin l’occasion de tutoyer ce morceau de rêve qui l'avait tant transcendé.

Suivant les ordres, avec une motivation retrouvée et le cœur rempli de bravoure, le gosse se plia de bonne grâce aux demandes de l'homme. À bout de bras il replaça les deux tuyaux de l’auguste chasseur puis s’attela à la délicate tâche du nettoyage du liquide visqueux qui s’était écoulé dans le hangar. Une dizaine de minutes plus tard un Kolin aux mains propres rejoignit la salle du simulateur de vol. Ne sachant ou poser les yeux tant il était fasciné par les tuyaux qui s’entremêlaient et s’entrecroisaient il se contenta de s'avancer vers l'oeuf qui lui avait été désigné.


- Je vais travailler autant qu’vous voulez pas de problème.

Kolin pénétra dans la capsule. Suivant à la lettre les instructions de son formateur, il se sangla et se casque vérifiant qu’il était solidement arrimé à son siège. Les longs doigts fins du padawan se posèrent respectueusement sur le manche, effleurant légèrement le tableau de bord principal sans appuyer sur une seule touche, comme si ses doigts tendres se promenaient sur les naseaux veloutés d'un cheval fougueux. Il ne savait pas piloter. Pourtant et sans qu'il puisse se l'expliquer, il ressentait envers les chasseurs une attraction qui flirtait avec le désir.


- Padawan Valkizath, je préférerai la voix de l’ambassadrice mais j’vous reçois.

Effleurant du bout des doigts à nouveau le manche, le caressant comme on embrasserait la peau d’un amant ivre de désir. Puis enfin, il prit place, prenant entière possession du levier. Ses doigts coururent les boutons à la mesure des paroles de Lyrae, tandis qu'une mélodie sombre et douce de moteurs réduisait l'air ambiant à sa seule souveraineté. Un d'ode pour cette journée qui allait changer tellement de choses.

Les premiers essais furent peu fructueux. Les crashs s’enchainaient, de même que les erreurs de pilotages étaient nombreuses. Le maniement du vaisseau n’avait rien de naturel et Kolin soupçonna même le Chevalier Jedi d’augmenter la difficulté des différents programmes qui s’affichaient sur l’écran qui lui faisait face. Les heures se suivaient et se ressemblaient, conseils et ordres hurlés dans le micro, assiette mal calibrée, vitesse trop rapide puis trop lente, lacet décalé, roulis trop appuyé. Il y avait mille façons de se tromper dans un Star Saber, mille façon de s'écraser au sol et une seule pour réussir. Le chemin allait être long.

J-7


- Padawan Valkizath, j’vous reçois cinq sur cinq, dites, c’est quoi un anémomètre ?

Les yeux rougis par les heures passées dans le simulateur, Kolin accusait le coup. Lyrae était un formateur exigeant. Passionné, il corrigeait – installé à son tableau de bord – chaque erreur, chaque hésitation, inlassablement il distillait ses conseils et ses leçons pareil à un prophète à son unique fidèle. Il ne laissait rien passer. L’exercice le plus périlleux était d’arriver à faire passer le Saber dans des cercles rouges matérialisés à l’écran, le moindre échec déclenchait une lumière rouge et un bip strident.
À la fin de la journée le résultat de la simulation indiquait un résultat de 24%

J-6

- Padawan Valkizath à Chevalier Lyrae, j’ai envie de pisser on fait une pause ?

Après avoir rêvé de vol stationnaire et de variomètre toute la nuit. Kolin s’était lancé dans un nouvel exercice en vol orbital, les commandes répondaient très différemment en raison de l’atmosphère et de l’apesanteur. Les sensations étaient nouvelles et assez déroutantes. Le garçon n’était toujours pas très à l’aise. Les exercices se succédaient avec des résultats plus ou moins mitigés.

À la fin de la journée, le résultat de la simulation indiquait un résultat de 30%

J-5


- Padawan Valkizath à Chevalier Lyrae, on peut activer les roquettes ?

La journée fut divisée en deux parties. Si un chasseur apprenait à se piloter par la pratique, il était indispensable de connaître pléthore de notions théoriques toutes plus almabiquées les unes que les autres et dont la finesse échappait totalement au jeune pilote. Le professeur lui semblait nager parfaitement à son aise dans l'océan rempli de jargons et de notions techniques. Point faible d’un Kolin instinctif et frondeur de nature, les leçon se firent dans la souffrance. Des heures interminables, il écoutait, notait grossièrement les notions apprises de son professeur qui malgré la fatigue conservait un calme olympien. Kolin se fit la réflexion que depuis trois jours, les deux malheureux passaient leurs journées dans le Hangar ne s’arrêtant que pour déjeuner et pour dîner. Kolin appréciait Lyrae, du moins l’estimait assez pour tâcher de s’appliquer et de faire son mieux malgré ses lacunes. Il avait juré sur la tête de son frère et seuls les tocards brisaient leurs promesses. De là où il venait, l'honneur était sacré, plus encore que la famille.

La seconde partie fut consacrée à des exercices de trajectoires et de gestion de la vitesse et de l’altitude.

J-4


- Padawan Valkizathor le pilote à Chevalier Lyrae, j’ai mal au crâne on peut arrêter plus tôt aujourd’hui ?

Un « non » tancé comme l’éclair accueillit cette demande insolite. La journée fut consacrée à une séance de simulation pour les manœuvres de vol et pour apprendre à piloter en compagnie d’autres vaisseaux. À la fin de la journée, le résultat de la simulation indiquait un résultat de 45%

J-3


- Padawan Valkizath à Chevalier Lyrae, y a pas une simulation avec une attaque de Siths ?

Kolin commençait à se sentir vraiment à l’aise. Se sentant poussé des ailes par les encouragements et la pédagogie de son formateur. Ne ménageant pas sa peine, se donnant corps et âme au Star Saber jamais rassasié, il avait progressé, vraiment progressé. Le Chasseur répondait désormais correctement à ses demandes. La journée fut ponctuée par de nouveaux exercices et par de nouvelles notions de pilotage ainsi qu’à une formation théorique sur les vols à grande vitesse.

À la fin de la journée, le résultat de la simulation indiquait un résultat de 55%

J-2

-C’est vrai on va piloter pour de vrai, avec le vrai Star Saber ?

À deux jours de l’examen, la pression commençaient à monter chez les deux protagonistes. Le Conseil ne laisserait rien passer. D’autant plus que Lyrae avait appris que l’Ambassadrice s’était libérée spécialement pour l’occasion. Faire passer les Jedis pour des amateurs auprès d'une représentante plénipotentiaire de la République était une option que personne ne pouvait accepter. Pour la première fois Kolin pilota un vrai Star Saber et ne se tua pas.

J-1


- Padawan Valkizath à Chevalier Lyrae, j’crois que j’ai un peu peur. Mais vous l’dîtes à personne !

La dernière journée d’entraînement fut un rappel général des innombrables notions apprises durant la plus dure semaine que n’ai jamais vécu Kolin. Le Chevalier avait écrit un programme avec une petite surprise à la fin pour la démonstration. Son élève y passerait la nuit si il le fallait, mais il devrait le connaître sur le bout des doigts pour le lendemain.

Jour J

Ce matin-là, Kolin espérait ne pas se réveiller. Trop tard. Il attendait patiemment, une étincelle dans le cœur. Le ciel virait cramoisi ce matin, un incendie rien que pour lui. Rien que pour ses beaux yeux embués de fatigue, la brise mordante du matin piquait ses paupières. Il était arrivé tôt au hangar, Lyrae n’était pas encore arrivé.

Du bout des doigts, il caressa le Star Saber qui n’attendait plus que lui. De toute sa courte vie il ne s’était jamais senti aussi anxieux même si ses traits n’en laissaient rien paraitre. Pression pour lui mais surtout pour Lyrae. Cette semaine à huit clos l’avait rapproché du Chevalier. Ni lui, ni Kolin ne s’étaient livrés ou mis à découvert mais, toute l’énergie déployée par l’homme au bras robotique pour le former méritait de trouver une récompense. Le petit padawan ne pourrait plus se regarder dans les yeux s’il le décevait.

Songeur, le garçon effectua toutes les vérifications extérieures de l’appareil tout en répétant à haute voix le programme qu’ils avaient travaillés tous les deux.

Seul dans le grand hangar, Kolin alla déposer un petit paquet à l’endroit où Lyrae avait l’habitude d’installer ses affaires le matin. Le garçon avait trouvé le temps de tailler dans une branche de bois une petite statuette représentant grossièrement un Chasseur sur lequel était gravé en lettres majuscules un simple « merci ». Le Coruscanti était pudique, peu exubérant mais avait pris sur lui pour ce geste aussi simple que symbolique : il y tenait. La vie dans les souterrains de Coruscant était dure, très dure surtout pour les faibles, et si la gentillesse et la reconnaissance n’y avaient pas leurs place, elles n’en devenaient que plus précieuses.

Peu de temps après, Lyrae entra avec Maître Brock, Maître Adel, Maître Vandreen accompagnés par l’Ambassadrice dans sa robe de lumière. Le Nautalan prit la parole d’une voix blanche :

- Chevalier O’sil, padawan Valkizath, comme prévu. J’espère sincèrement que vous ne nous ferez pas perdre votre temps.

Kolin sentit sa gorge se serrer.

- Bonne chance à tous les deux, je suis convaincue que vous allez nous en mettre plein la vue. Maître Brock, nous nous installons dans le parc ?

L’Ambassadrice adressa un grand sourire rempli de douceur aux deux Jedis alors que Maître Brock fit signe à la petite troupe de se diriger vers le parc. Maître Adel, fidèle sa mauvaise humeur lança un regard de défi au Chevalier avant de se retourner en bougonnant une phrase inintelligible qui ne ressemblait pas à des encouragements.

Après quelques conseils de dernière minute, Kolin entra dans le Star Saber et se sangla, vérifiant avec soin qu’il était bien attaché. Les commandes multicolores du vaisseau n’avaient plus de secrets pour lui. Lyrae avait été un Maître exigeant mais redoutablement efficace. Dans un mélange de confiance et d’appréhension, le gosse alluma le micro de son casque tandis que Lyrae partit à grandes enjambées rejoindre le petit groupe.


- Padawan Valkizath à Chevalier Lyrae, je vous reçois cinq sur cinq. À la dernière simulation j’ai eu 58% de réussite, ça fait 34% de chance de se crasher, enfin 35%, oh et on s’en tape !

Guidé par la Force et par son instinct. Kolin s’empara du manche et alluma les moteurs. Il vérifia les commandes, tapota sur quelques pour libérer les tuyaux et ouvrir les volets de décollage et mit les gaz. Concentré comme jamais, il sortit sur hangar dans un rugissement de moteur et entama les premières manœuvres. Toutes ces heures d’entrainement avaient payées : le petit pilote haut comme trois pommes fit montre de ce qu’il avait appris enchaînant les mouvements les plus simples. Les commandes répondaient presque à l’instinct et par chance le vent était faible. Le padawan savait exactement quoi faire à exactement quel moment. Piloter était devenu presque aussi naturel que marcher.

Le piquet et la vrille étaient les clous de la démonstration. Si le premier fut hésitant, le second se déroula à merveille. Kolin hurla dans le micro en guise de satisfaction alors qu’il préparait le clou du spectacle. Il prit de l’altitude et redescendit en direction du groupe de Jedis très attentifs au ballet aérien qui se jouait sous leurs yeux. Le Star Saber se stabilisa à trente mètres d’altitude. Kolin pressa alors la manette des gaz et freina d’un coup sec à une cinquantaine de mètres du groupe qui purent sentir une forte rafale de vent leur arriver droit dessus. L’Ambassadrice en perdit son chapeau.


- Je rentre au bercail !

Le show était terminé. Pendant que Kolin ramenait le vaisseau tranquillement vers le Hangar, Maître Brock fit quelques pas vers Lyrae et prit la parole avec un faible sourire narquois qui tranchait avec sa rigueur naturelle.

- Chevalier O’sil, j’imagine que ça n’a pas dû être de tout repos. Tout apprendre en une semaine.

Lyrae voulut répondre mais le Nautolan l’interrompit.

- Je vous adresse mes félicitations Chevalier. Comme quoi tout le monde peut se tromper. J’en regretterai presque de vous avoir jugé si sévèrement. Pour vous récompenser de vos efforts et pour vous montrer que le Conseil lui aussi sait prendre du recul, nous vous confions la formation du padawan.

Le Maître marqua une pause comme pour réfléchir à ses mots et reprit la parole en posant une main sur l’épaule du Chevalier.

- Ne nous décevez pas mais surtout, ne vous décevez pas Chevalier. Il semble que vous avez l’un sur l’autre une influence positive, nous sommes convaincus que votre association peut être fructueuse si vous y mettez les moyens.


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