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CHAPITRE 1

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Coruscant – 20h14
Le soleil se couchait sur Coruscant. Des ombres se faufilaient telles des cours d'eau sinueux, recouvrant les ruelles avant de bondir tout droit vers les sommets des grattes-ciel. À l'image d'une vague de ténèbres impalpables, l'obscurité du crépuscule inondait les quartiers commerçants, les centres médicaux et les esplanades publiques. Les dernières lueurs du jour, disparaissant sous la ligne d'horizon revêtaient d'éclats dorés le sommet des structures d'acier et de verre jusqu'à temps que les ombres conquérantes viennent dévorer touts résidus de lumière.
Au cour d'une nuit sans lune, des millions d'années auparavant, peut-être même avant l'avènement de créatures douées de conscience, un tel crépuscule aurait plongé la planète dans une obscurité absolue. À peine troublée par le scintillement distant des étoiles. Mais pas cette nuit là. En ces tristes temps de conflits, de guerre froide où les Sith avaient fait leur menaçant retour et où les peuples étaient coincés entre deux feux, à l'image de Dubrillion ou Kashyyyk, Coruscant demeurait le cœur flamboyant de la plus majestueuse des civilisations dans la grande histoire de la galaxie. Bien que son soleil eut été disparu, l'immense cité se mit à briller de mille feux. On distinguait des nuées d'airspeeder et de navettes plongeant à travers les colonnes de verre telles des lucioles virevoltant au dessus d'une prairie de miroir. Des lampadaires et des loupiotes bleutées s'allumaient à chaque coins de rue, dispensant leur douce luminosité, comme autant de promesse d'un avenir plus paisible à chaque habitant de la planète.

Pourtant, dans les quartiers supérieurs de la cité-capitale qui ne dort jamais, l'agitation régnait. Deux speeder blindés de la police coruscanti filèrent à travers une artère vidée de sa population tandis qu'aux abords de l'entrée d'un immeuble semi-haut au sommet revêtant une coupelle d'acier ronde et brillante, des officiers divers s'agglutinaient. Dans un des appartements de l'immeuble chic et à l'odeur de propre dut à l'utilisation de produits chimiques aseptisant à outrance, une armée d'enquêteurs tant droïdes qu'Humains, Bothans ou encore Twi'Leks étaient en alerte, tous en uniforme. Les un examinaient les lieux à l'aide d'appareils de vision à infra-rouge ou à spectre électromagnétique, les autres tentaient de repérer des traces de pas, des empruntes digitales sur les murs ou une quelconque exhalaison de phéromones qui pourrait donner un indice. Mais cela faisait prêt d'une heure que le luxueux appartement était passé au peigne fin sans que rien de véritablement décisif ne soit découvert. À proximité d'une baie vitrée fracassée et dont les bris de verre crépitaient sous les semelles de ses bottes tels des coquillages de Bal'demnic, le capitaine des forces de police coruscanti scrutait, l'air perplexe et inquiet à la fois un petit data-pad sur lequel il recevait en direct les rapports des diverses analyses ainsi que les observations de ses agents. Les droïdes commençaient à déployer des bandeaux d'énergie générés par de petites batteries qu'on fixaient au sol ou sur les murs afin de démarquer la zone du crime et signaler que son accès était désormais interdit à toute personne non autorisée.

Lorsque bon nombre d'opération de routine dans ce genre de cas furent faites, un lieutenant vint s'entretenir avec le capitaine qui entre temps avait décortiqué les images d'holo-surveillance et le réseau Holonet pour s'assurer qu'il n'y aurait aucun indice là non plus. Puis, résigné, il sortit de l'appartement. Sur le trottoir doucement éclairé, il fut abordé par un homme au visage faussement tourmenté. C'était le Sénateur Treidum Zethe de Druckenwell. Haut d'un peu plus d'un mètre quatre-vingt, sa chevelure grise impeccablement plaquée vers l'arrière, son teint de peau net comme si il venait de sortir d'une séance de soin du visage aux algues de Naboo et la droiture de ses épaules trahissaient sa voix exagérément tremblotante. Il était vêtu d'un long manteau et d'un uniforme d'apparat de luxe laissant deviner si pas ses origines aristocratiques, au moins son statut, puisqu’étant en plus du rang de Sénateur, détenteur de la majorité des actions d'une florissante industrie de production et de distribution de métaux lourd sur Druckenwell.

- « Qu'avez-vous trouvé capitaine ? Demanda-t-il. Le capitaine de police secoua légèrement la tête.

- Pas grand chose de concluant monsieur, navré. Ceux qui ont fait ça sont des professionnels, ils savent ce qu'ils font...

- Des professionnels ? Des vils criminels, des lâches qui s'attaquent aux femmes, du vulgaire terrorisme tout au plus, ne parlez pas de ces maudits ravisseurs comme si ils étaient impressionnants à voir ! S'emporta aussitôt le Sénateur avant de reprendre son calme et que sa voix redevienne hésitante.

- Pardonnez moi monsieur.

- De combien de temps disposons nous dans ce genre d'affaire ?

- Cela peut dépendre de plusieurs facteurs, mais en général, au-delà des soixante-douze heures standards sans nouvelles des ravisseurs, on considère que la victime est perdue... Avoua le capitaine, soudainement mal à l'aise quand bien même il a dut dévoiler ce genre d'information délicate des centaines de fois dans sa carrière.

- Par les étoiles, non … » souffla le Sénateur en baissant le regard.

Son attitude proche de l'abandon et de la complainte contrastait avec son uniforme minutieusement taillé. Vingt minutes plus tôt, il siégeait encore au Sénat où la Rotonde avait officialisé la venue au sein de la république de Kashyyyk. Le capitaine mena le Sénateur prêt d'un véhicule de police pour qu'il s'y adosse avant qu'il n'y ai un drame et il ordonna à un droïde de surveillance de prévenir l'antenne médicale la plus proche pour pouvoir y accueillir le Sénateur.

Soudain, de la poche intérieure du veston de Zethe parvint une sonnerie, sobre mais efficace et reconnaissable. Il échangea un coup d’œil avec le capitaine et tira alors un petit holo-disque qu'il tint dans le creux de sa main avant qu'il ne s'active. Une forme bleutée, pas plus grand qu'une quinzaine de centimètres et présentant un individu casqué, armé d'un fusil blaster à longue porté attaché dans son dos en bandoulière apparut. À en juger par ses mains griffues, ses avants-bras découverts présentant des plaques d'écailles rugueuses et par le sifflement de sa voix menaçante, il s'agissait d'un Trandoshan. L’individu savait qu'il aurait toute l'attention de son interlocuteur, il parla donc :

- « Sénateur Zethe, sincèrement navré de devoir vous faire vivre autant de malheurs. La langue de l'individu holographique fourcha et on put distinguer un sinistre sifflement même à travers les parois de son casque. Je suis Sarkyss Vossk, chef suprême de la Guilde de Chasse Trandoshan Cypra Mundi et votre épouse, madame Zethe est notre prisonnière. Le capitaine de police fut interloqué, d'un geste nerveux du bras il enclin plusieurs de ses agents à proximité de s'approcher avant de leur ordonner d'essayer de tracer le signal. Avant que je vous communique nos exigences, il est de bon ton de signaler qu'il est inutile d'essayer de nous repérer par quelconque moyen technologique, nous sommes déjà loin de Coruscant. Ma guilde est certainement la plus mystérieuse de tout Trandosha et notre discrétion s'affilie à celles des ombres et des fantômes des contes horrifiques de toute la galaxie. Si je ne veux pas qu'on retrouve notre trace, il en sera ainsi. Le Sénateur jeta un nouveau regard très inquiet au capitaine qui soudainement avait perdu toute conviction en ce qu'il venait d'ordonner.

- Que voulez-vous, ordure ?! Grogna Zethe.

- En espérant que vous avez bien saisi mon avertissement, passons à ce qui m'intéresse réellement. Cet acte n'a rien de personnel ni de politique, il se trouve tout simplement que ma guilde a besoin d'argent pour subsister. C'est que les temps sont durs, vous savez... nouveau sifflement à glacer les ardeurs sexuels d'un Zeltron pour le restant de ses jours. Je réclame la somme d'un demi milliard de crédits en échange de la libération de votre femme. Le Sénateur eu un haut le cœur magnifiquement feint. J'ai pleine conscience que c'est une somme faramineuse, aussi je vous laisserais le temps de la réunir. Mais je ne doute pas que dans votre position de Sénateur et homme d'affaire ambitieux, vous disposez d'une telle somme. Je prendrais contact avec vous demain soir à la même heure pour établir les modalités finales de l'échange.

- Attendez, je … vous avez perdu la tête, monstre ! Vous ne savez pas à qui vous avez à faire ! S'exclama le Sénateur, mais son intonation incertaine n'allait pas de paire avec le sens de son invective. Le Trandoshan ne fut pas décontenancé le moins du monde.

- En attendant de pouvoir mettre un terme favorable à cette triste histoire, je vous déconseille fortement de faire quelque chose de stupide. Ou votre femme ne sera ni la première, ni la dernière des membres de votre famille à perdre la vie... 

Et l'hologramme disparut instantanément. Le Sénateur rangea son holo-disque et dut s'appuyer sur la carlingue du speeder de police à proximité pour ne pas tomber à la renverse. Aussitôt la communication terminée, le capitaine de police interrogea ses hommes d'un regard désespéré, ses derniers hochèrent la tête tristement. La tentative de repérage de l'appel avait, comme prévu par le Trandoshan misérablement échouée. Le capitaine laissa un instant seul le Sénateur dont les mains agrippées sur ses genoux ne cessaient de trembloter, puis il s'approcha.

- Monsieur, je dois vous emmener au poste, nous avons besoin de votre déposition.

- Il faut avertir le Sénat, capitaine... sut dire l'autre.

- Ce sera fait monsieur, nous allons envoyer un communiqué officiel, voulez-vous le rendre public où le limiter aux seuls Sénateurs de la République ?

- Hors de question de rendre cette affaire publique capitaine ! Un tel malheur pourrait avoir des effets désastreux sur mon entreprise... ! Prévenez en priorité la Chancelière Von et les Ministres compétents, je veux voir Vorkosigan dés ce soir.

- Vorkosigan ? Ne voudriez-vous pas plutôt rencontrer le Ministre de la Sécurité Intérieure ? Questionna le capitaine de police soudain suspicieux.

- Non ! Seul Vorkosigan pourra m'aider, c'est à lui que j'accepterais de parler, à lui seul ! »
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CHAPITRE 2

Coruscant - 21h27
- « Je vous en prie, installez-vous. » fit Leto en pénétrant dans son bureau d'un pas alerte, le ton de sa voix passablement distordue par de l'ironie. Sur ses talons, l'impressionnant Wookie Fulgore, toujours accompagné de sa fidèle arbalète-laser tenue en bandoulière dans son dos. À part le Jedi lui-même, une des très rares personnalités à encore être autorisée à se promener armée dans les couloirs du Ministère de la Justice. Dans le bureau, il y avait quatre personnes, en entrant à droite, là où était disposés quelques fauteuils au design épuré et une table basse en verre fumé,  un policer coruscanti et un des conseillers sénatoriaux appartenant à un système dont Leto avait oublié le nom. Face à l'entrée, le capitaine de police Damat qui le salua comme il se devait, son calot attaché à sa ceinture, tandis qu'ayant prit place derrière le zinc et s'étant permis d'allumer les moniteurs informatiques, le Sénateur Treidum Zethe de Druckenwell. Une scène étrange, à croire que c'était le propriétaire des lieux d'habitude, Leto en l’occurrence qui était convié pour voir le Ministre de la Justice dans son bureau...

Leto se planta devant son bureau tandis que Fulgore alla s'adosser prêt de l'entrée. Et devant l'insistant regard d'acier du Jedi, le Sénateur leva la tête vers lui, mais ne quitta pas son siège de circonstance.

- « Ah, monsieur Vorkosigan, à vrai dire je ne vous attendez pas si tôt, vous êtes réactif ! Leto n'était pas dupe et décela une étrange touche d'ironie, comme il avait put y en avoir dans sa propre remarque quelques secondes plus tôt. Il était un peu plus de vingt-et-une heures et Leto n'était, malheureusement pas pour lui dans ce genre de situation un fonctionnaire de l’État. Il avait don prit la décision de répondre favorablement à l'appel d'urgence du Sénateur.

- Venons-en au fait, Sénateur, inutile de vous dire que même pour un Ministre, c'est très inhabituel de recevoir quelqu'un dans son bureau si tardivement. Fulgore grommela d'acquiescement, ce qui lui donna le droit de recevoir un regard foudroyant du Sénateur mécontent, quand bien même il n'avait probablement pas compris ce que disait le géant à poil. Lorsqu'il reporta son attention vers le Jedi, Zethe s'exprima.

- Quelqu'un est entré par effraction à mon domicile ce soir, et ma femme a été victime d'un kidnapping. Il n'y avait clairement pas mis les formes.

- L'enquête est en cours. Enchaina aussitôt le capitaine de police, comme si il s'était senti obligé de réagir du tac-o-tac avant que Leto ne pose la question de savoir si la police faisait correctement son travail ou pas. Mais à vrai dire, nous avons reçu des éléments qui nous conduise à une situation très particulière.

- Et bien, expliquez-vous. La justice républicaine est certes imparfaite, mais elle ne saurait être injuste face à cela.

- Il ne s'agit pas d'une question de justice, monsieur. L'officier hésita. Nous avons reçu un appel des ravisseurs, ce sont des Trandoshan, et d'après ce que nous savons, la femme de monsieur le Sénateur serait déjà sur un cargo en dehors du territoire républicain.

- Des Trandoshan ? D'une guilde de chasse ? Le Wookie ronfla, nettement circonspect.

- Oui, la guilde Cypra Mundi d'après ce qu'on sait. Leto soupira comme si il redoutait que ce nom là soit évoqué dans la conversation.

- Une des pires, vraiment. Précisa-t-il, même si tout le monde pensait désormais le savoir. Mais un bruit sourd vint déranger la réflexion des trois hommes, comme la tête d'un marteau qu'on avait laissé tomber sur un sol de pierre. Leto se retourna et vit le policier assis derrière lui s'amuser avec une sphère métallique finement gravée, jonglant et gesticulant avec comme un artiste raté de cirque. La sphère, de la taille d'un poing bondit d'une main à l'autre tandis que le policier semblait s'en amuser mais avant qu'il ne puisse la rattraper, la sphère s'était mise à léviter devant son nez. Puis, en un instant, elle s'était retrouvée dans la paume ferme et sure de Vorkosigan. Il s'agissait d'un objet décoratif de bien peu de valeur commerciale, mais qui avait une histoire et qui attirait l'affection du Jedi. Un cadeau que lui avait offert l'Arkanienne Alys Vel'Ath lors de ses voyages stellaires. Et voir un idiot s'amuser avec au risque de l'abimer, voilà qui pouvait rendre le Maître irritable. Le Sénateur reprit avec une voix plus posée, ayant prit le temps de sous-peser son intervention probablement pour mieux convaincre le Jedi.

- Nous savons que vous avez l'habitude de lutter contre les Trandoshan. Votre travail sur Kashyyyk... par les étoiles c'était admirable ! S'exclama-t-il, ce qui laissa Vorkosigan dubitatif sur ce soudain élan d'exaltation. Le Sénateur se pencha sur le bureau du Ministre comme pour lui susurrer un secret à l'oreille, sa voix se modifia en conséquence, devenant légèrement plus appuyée dans les tons graves. Vous mieux que quiconque savez comment contrer ces horribles monstres, je vous en prie, intervenez ! Leto ne se laissa pas amadouer si facilement, il pressentait qu'il y avait anguille sous roche.

- Nous avons des agents d'élite capables de faire le travail, des hommes surentrainés. Pourquoi moi ?

- Parce que eux ne sont pas des Jedi, pardi ! Rétorqua le Sénateur avec force. Leto s'approcha.

- Et pourtant, ils sont on ne peut plus compétents. Par ailleurs, les Jedi ne sont en aucun cas des miliciens, on ne peut les envoyer face au danger comme cela sans réfléchir. Si je devais sauver toute les femmes victimes de kidnapping dans la galaxie, je ne viendrais jamais à bout de ma tâche.

- Ce n'est pas n'importe quelle femme ! Répondit le capitaine de police qui lui aussi commençait à manquer de patience. Leto planta son regard dans le sien, ce qui eu pour effet de le faire reculer d'un pas.

- Aux yeux de la Force, si, toutes les femmes comme touts les hommes se valent, peu importe leur rang ou leur désignation.

Language Wookie : Si tu ne veux pas y aller, moi j'irais ! Fulgore s'était approché dans le dos de Leto, ce dernier parla par dessus son épaule.

- Hors de question, tu n'es pas encore prêt.

Language Wookie : Je sais me battre, et je n'ai qu'une envie c'est d'aller mettre une raclée à ces maudits Trandoshan, je peux faire le boulot ! Grogna le Wookie tandis que le Sénateur fronça les sourcils, manifestement contrarié par l'arrivé du géant poilu dans le débat. Leto soupira.

- Je ne veux pas que tu y ailles seul, c'est non négociable. D'ailleurs, se jeter dans la gueule du loup n'est probablement pas la meilleure solution, on ne parle pas nécessairement de leur reprendre madame Zethe par la force.

Language Wookie : Tu ne pourra pas m'en empêcher, Leto. J'irais combattre les Trandoshan, avec ta bénédiction ou pas. Leto se retourna, soudainement, il sentait que la dette de vie que Fulgore avait envers lui s'inversait, mais ce n'était pas le but du Wookie qui agissait pour d'autres raisons. Il aurait aimé lui faire comprendre que la haine qui le motivait contre les Trandoshan le mènerait surement vers la mort. Que le Côté Obscur, quand bien même il n'était pas sensible à la Force pourrait influencer son esprit et le conduire à sa perte. Mais ce n'était ni le lieux, ni le moment, il aurait besoin de temps et de réflexion pour pouvoir apaiser le cœur de son compagnon Wookie. Le Jedi avait désormais une crainte, c'était que Fulgore aille jusqu'au bout de sa volonté et ne le quitte pour aller tenter quelque chose de malheureux face à la guilde Cypra Mundi. Et il savait qu'aussi vaillant était-il, seul face à eux, il mourrait. En héros, peut-être, mais il mourrait, assurément.

- Que décidez vous, monsieur Vorkosigan ? Leto redonna de l'attention au Sénateur Zethe, qui commençait à s'impatienter. Il mesura une dernière fois la décision qu'il s'apprêtait à prendre, puis déclara enfin :

- Très bien, je vais m'occuper de votre affaire. Le Wookie sera mon partenaire. »

▪▪▪

Leto avait passé toute la nuit à tenter d'élaborer un plan d'approche. Très vite, l'éventualité de prendre contact avec la guilde Cypra Mundi avait été écartée. Tout simplement parce comme l'avait dis le ravisseur, elle était hors d'atteinte. Ses membres et dirigeants quasiment inconnus, ses lieux d'opération tout autant, et l'appel reçu avait été camouflé de telle sorte que le signal ne pouvait être tracé. De plus, Leto craignait que les Trandoshan ne se débarrassent de la femme du Sénateur si ils apprenaient que la République essayait d'entrer en contact avec eux. Vossk avait spécifié certaines choses très précises, et lors d'une gestion d'enlèvement, la première chose qu'on apprenait à faire aux enquêteurs pour gagner du temps et préparer une stratégie, c'était d'obéir aux exigences des ravisseurs.

Puis Fulgore avait émit l'idée de se porter prisonnier, capturé par un esclavagiste ou un chasseur afin d'être mené au Trandoshan. Il avait soutenu cette idée en arguant le fait que pour les guildes de chasse Trandoshanes, rien n'avait plus de valeur que des trophées fait avec des têtes de Wookies décapités. Pour tout bon chasseur sanguinaire qui se respecte, une proie de race Falleen était aussi une cible de choix, les reptiles originaires du secteur Doldur étaient des êtres discrets, voir introvertis. Peu d'entre eux aimaient se mélanger aux autres races, et encore moins quitter leur système natal, si bien qu'au fil des siècles, au sein de la civilisation Falleen, un sentiment de supériorité racial était né, les poussant à considérer leur planète comme le centre de tout. Une sorte de rivalité entre espèce reptilienne avait vu le jour entre les Falleen, à la beauté et aux phéromones sensationnelles et les Trandoshan à la soif de sang et aux capacités de combat sans commune mesure.

Ce plan n'avait pas été approuvé par tous, mais il restait probablement le plus direct pour entre en contact avec Cypra Mundi. Leto avait sut convaincre ses partenaires des services secrets et de la police en disant que le degrés de dangerosité de l'opération n'était pas à prendre en compte, à partir du moment où quoiqu'il arrive, la marge d'erreur était égale à zéro, comme c'était le cas ici, en l’occurrence. Dangereux pour dangereux, il ne pouvait de toute façon plus reculer.

Pendant plusieurs heures, les services secrets et les forces de police s'étaient entraidées pour faire bouger les choses, procurer le matériel nécessaire, prendre plusieurs précautions et songer aux moindres détails de l'opération qui était en train d'être mise sur pied. Lorsqu'au petit matin, sur une des plate-forme d’atterrissage du Temple Jedi de Coruscant vint se poser dans un grondement tonitruant une navette. Leto sortait du hangar dans lequel il avait croisé un Maître du Conseil duquel il reçut l'autorisation express de s'engager dans cette opération de sauvetage.

Le Jedi progressa le long de la passerelle d'accès à la plate-forme d’atterrissage et accueilli trois personnages qui étaient descendus du vaisseau. L'un d'eux était un agent républicain spécialiste des opérations sous couverture, le second était le capitaine de police Damat et le troisième un ingénieur mécanique responsable de la maintenance des vaisseaux diplomatiques républicains. Tous se saluèrent et Leto entreprit de faire le tour de la carlingue pour examen. De loin, il avait déjà constater plusieurs choses contrariante, mais plus il s'approchait, et plus la situation ne lui convenait guère. Il tapota, effleura et agrippa des câbles, des tuyaux, des plaques de duracier blindés et autres pièces de la surface du vaisseau avant de revenir vers ses trois partenaires, le visage couvert de dépit.

- « Alors monsieur, c'est bien ce que vous avez demandé ? Un Mante D5, on l'a rafistolé, la peinture est encore fraiche ! Dit l'agent républicain, c'est lui qui tiendrait le rôle du chasseur de prime responsable de la capture factice du Falleen et du Wookie.

- La peinture est encore fraiche, dites-vous ? C'est bien le problème, le D5 est commun chez les chasseurs de prime de la galaxie, mais personne ne tombera dans le panneau d'un vaisseau de chasseur de prime flambant neuf comme celui-ci ! L'agent républicain parut interloqué tandis que le capitaine Damat prit un air pensif. Donnez moi votre pistolaser. Ordonna le Jedi à Damat, qui s’exécuta après une seconde d'hésitation. Leto pointa l'arme vers le vaisseau et tira une fois, le laser s'écrasa sur la carcasse métallique dans un gong caractéristique.

- Hey ! Mais qu'est-ce que vous faite bon sang ?! S'exclama Damat. Là où Leto avait tiré, on pouvait désormais voir un impact de laser noirâtre d'un diamètre d'environ dix centimètres.

- Il faut donner l'illusion que ce vaisseau appartient à un véritable chasseur de prime, il ne suffit pas de se déguiser et de se balader avec un collier de détonateurs thermiques pour jouer la comédie. Argumenta Leto. L'agent républicain hocha la tête doucement, semblant comprendre là où il voulait en venir. Leto rendit son arme au policier avant de continuer : Créez des impacts de laser sur la carlingue du vaisseau, son blindage résistera très facilement à un simple pistolaser. Mais les impacts et les dommages causés au vaisseau lui donneront une allure un peu plus crédible, comme si ce vaisseau avait vécu des batailles spatiales ou des échauffourées avec d'autres criminels.

- Vous avez raison, c'est essentiel. Affirma l'agent républicain. Nous devrions aussi s'occuper de l'intérieur, en y repensant, c'est un peu trop propre et confortable pour faire un bon vaisseau de chasseur de prime ! » Dit-il avec un timide sourire.

L'heure suivante, Leto avait quitté sa bure et son uniforme de Jedi et les avait troqué contre un haut de corps ample couleur flavre surmonté d'un gilet sans manche de couleur noir. En bas, il avait enfilé un pantalon de cuir de la même couleur, rapiécé au niveaux des genoux. Évidemment, pour garantir la qualité de sa couverture, il avait été contraint de se séparer de son sabre-laser et l'avait confié à l'agent républicain qui jouerait le rôle du chasseur de prime ayant capturer le Wookie et le Falleen. Le sabre serait ainsi conservé dans le Mante D5, à l'abri mais à disposition du Jedi et de l'agent républicain si jamais l'urgence de la situation exigeait de s'en servir.
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CHAPITRE 3

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- « Avance, sale monstre ! » Grogna le républicain grimé en chasseur de prime à l'attention du Wookie. Le coup de crosse de fusil blaster qu'il encaissa dans le bas du dos ne suffit pas à lui arracher un cri de douleur, mais il feint admirablement bien et grommela de mécontentement.

Leto, menottes magnétisées aux poignets, et Fulgore, entravé par une épaisse barre de duracier qui l'obligeait à écarter ses bras perpendiculairement à son torse marchaient devant le chasseur de prime qui faisait semblant de les tenir en joue de son disrupteur. La cale du vaisseau-cachot de la Cypra Mundi était froide, métallique, mal éclairée, des néons blancs crachotaient une lueur inhumaine auxquelles on aurait prêté volontiers une nature fantomatique tant les jeux d'ombres et de lumières du décors semblaient surnaturels. Le petit groupe s'éloignait du Mante D5 amarré un peu plus loin dans le hangar en direction des montes-charges lorsqu'il fut accueillis par un troupeau de Trandoshan sorti de portes latérales. Suffisant pour effrayer n'importe quel groupe de chasseur de prime, même bien préparé, et surtout suffisamment armés pour réduire en poussière une garnison entière de l'armée républicaine, les Trandoshans s'imposèrent instantanément à leurs visiteurs.

L'un d'eux ne perdit pas une seconde et s’avançât avec encore plus d'élan que ses congénères et siffla :

- « C'est toi Clex, le chasseur ? Le républicain hocha silencieusement la tête. Il était expérimenté, il savait jouer des rôles pour effectuer des opérations d'infiltration, mais se retrouver face à une douzaine de bêtes sanguinaires et armées jusqu'aux dents comme celles qu'il avait sous les yeux était toujours une expérience particulière. Entre ricanements, sifflements, grognements et autres bruits peu encourageants, ce n'était pas simple de garder son sang froid. Alors ce n'était pas du pipo, tu as bien capturé un Wookie et un Falleen... c'est surprenant, tu sais. L'air faussement suspicieux du lézard ne fit pas frémir le républicain. En vérité, et il le savait car Leto l'avait mis en garde, pour bien connaître la mentalité de ces créatures, que les Trandoshans allaient certainement se montrer faussement dubitatifs pour camoufler leur jalousie de ne pas avoir réussi à capturer eux-même d'aussi belles proies.

- Ma prime ? Je vous fais cadeau des menottes, vu le tarif pour ces deux têtes. Dit le républicain de façon négligée. Le Trandoshan siffla entre ses lèvres écailleuses. Il fit un signe de tête à un de ces compères derrière lui. Celui-ci tapota lourdement sur un data-pad, patienta quelques secondes puis rendit son signe de tête à son supérieur.

- Ton compte a été crédité de la somme que tu demande... Le lézard cracha un graillon verdâtre sur le sol froid du hangar et conclut : la Guilde en aurait tirée trois fois plus de fric si elle avait capturé ces deux... trophées elle-même, mais soit. Tire toi si tu n'as plus rien à faire ici. »

Sans mot dire, le républicain opina du chef et tourna les talons, la tension montant étrangement en lui dés lors qu'il n'eut plus Leto et Fulgore dans son champ de vision. Tandis que le Jedi et le Wookie furent secoués et menés fermement vers l'arrière de la cale, ils purent entendre le vrombissement caractéristique de la mise en activation d'un champ de force afin de créer un sas dans le hangar. La partie où se situait Leto et les autres était sous gravité, tandis que l'autre partie ne l'était plus, le hangar ouvrit ses portes massives pour laisser s'échapper le Mante D5 et son pilote.

À partir de cet instant, Leto savait qu'il était presque livré à lui-même et que sa mission commençait réellement. Il ne savait pas trop pour l'instant si il devait se concentrer sur sa survie ou sur sa tâche qu'était de retrouver la femme du Sénateur Zethe, à supposer qu'elle soit encore en vie. Il se contenta alors de suivre les instructions qu'on lui dictait sans trop achopper et il fut conduit à travers les coursives puantes du cargo Trandoshan, le sol huileux et les parois rouillées témoignant du peu de civilisation dont faisait preuve ces barbares entre-eux. Le confort minimal ne leur importait pas, seule la satisfaction d'une chasse sanglante rondement menée, la gloire et la reconnaissance déférées aux plus grands guerriers de leur peuple comptaient pour ces individus presque tous exclusivement intéressés par les trophées et les traques sauvages. Leto ouvrit son esprit, ses doutes s'évaporèrent, il n'avait pour le moment aucune raison de paniquer, il le savait, et il savait que cette mission l'isolerait, le porterait dans une abime de ténèbres où la violence et la cruauté seraient les maîtres mots. Mais il était Jedi, il était porteur d'espoir, et il savait lutter contre ce genre d'influence nocive et effrayante, celle du chaos, celle du Côté Obscur.

Son esprit ne fit qu'un avec la Force, ses sens en alerte, en expansion constante, il gagna la clairvoyance quasi absolue pendant les quelques minutes où il était contraint de suivre ses tortionnaires à travers leur vaisseau putride et peu accueillant. Mais un instant après, la fatalité prit le pas quelque peu. Sa recherche mentale avait fait chou blanc. Il avait eu beau scanner l'intégralité du vaisseau, il n'avait décelé aucune trace d'essence vitale semblable à ce qu'il aurait put rattacher à un être vivant telle que la femme du Sénateur. Ici, il était formel, il n'y avait que des Trandoshans, des bombes de nerfs à vifs, brûlantes et grondantes dans la Force tels des volcans. Il y avait aussi des prisonniers, ou en tout cas il supposait que les êtres vivants très faibles qu'il avait ressenti étaient de pauvres proies capturées aux quatre coins de la galaxie. Des Humains comme des aliens. Il avait même été capable de reconnaitre la présence d'un Nautolan cloitré au fin fond d'une cellule, pour en avoir côtoyer un de très prêt pendant presque dix ans, son Padawan Kalen Nelaru. Mais aucune trace d'une femme humaine, encore moins la femme du Sénateur...

Leto n'eut pas le temps d'y penser plus, ni même de faire des hypothèses dans sa tête ou encore d'établir une suite logique pour tenter de déterminer où pouvait être la femme du Sénateur. Les informations lui manquaient de toute façon. Pour le moment, il devait être attentif au moindre détail, aux indices, peut-être une bribe de conversation, un morceaux de message aperçu sur l'écran d'un terminal, un discret et rapide scan mental dans l'esprit d'un Trandoshan, bref, tout ce qui pourrait lui apporter des informations. Mais sa petite investigation devait tourner court car il se trouvait désormais, Fulgore et lui, devant un nouveau groupe de Trandoshan tandis que le premier prit congé.

Ces nouveaux Trandoshan -décidément très nombreux dans ce cargo, bien trop nombreux pour que Leto puisse en venir à bout seul, même armé de son sabre-laser, étaient vêtus autrement que les premiers. Eux portaient des armures faites de belles pièces d'acier entaillés, parfois noircies par les effets d'explosions et feux qu'ils eurent à subir, à certains endroits peint d'une encre rouge cramoisie traçant des symboles guerriers. Probablement un système de hiérarchie simplifiée par image auquel obéissait la guilde Cypra Mundi. Dans le centre de commande du vaisseau, vide et gris, pourvu d'une simple baie vitrée à travers laquelle on pouvait voir l'espace noir et infini, quelques ordinateurs fonctionnaient, émettant une terne lumière bleutée et de temps à autres un presque inaudible ''bip''. Sur la paroi de gauche, Leto aperçu un rail de rangement supportant une demi-douzaine de fusils blaster de gros calibre tandis qu'au fond, sur un bureau était disposé plusieurs autres armes contondantes, des bâtons électrifiés et matraques à impulsion.

Le Trandoshan qui s’avança vers ses deux détenus mesurait plus de deux mètres. Il était musculeux, menaçant, ses gestes vifs rappelaient sans conteste le comportement d'un prédateur qui humait l’appétissante odeur de la chair fraiche. Ses yeux perçants se posèrent tour à tour sur le Wookie et le Falleen. Son visage était lacéré de cicatrices, certaines étaient grisâtres tandis que d'autres étaient plus rouges, signe qu'elles étaient encore toutes fraiches. Son sifflement sinistre fit grogner Fulgore qui retroussa ses lèvres pour montrer les crocs, tel un chien Akk prêt à défendre son maître. Aussitôt, deux autres Trandoshans derrière s'emparèrent de leurs matraques à impulsion, prêt à venir calmer leur proie. Le premier Trandoshan esquissa un geste de la main.

- « Ne vous inquiétez pas, mes amis, celui-là, nous le dresseront et si il survit, il sera l'attraction favorite de notre cirque à monstres sur Trandosha. Je peux le garantir. Siffla-t-il sombrement en lâchant un regard assassin au Wookie, tout en gardant un calme olympien, paradoxalement. Le Trandoshan s'approcha de Leto, il inhala de ses nasaux reptiliens, comme si il sentait un plat de viande cuite à la broche. Il regardait le Falleen avec intensité. Leto put percevoir à travers la Force à quel point ce Trandoshan était bouillonnant d'obscurité. Telle une torche au feu immuable, il émanait de lui un flot de ténèbres que même le Jedi avait rarement vu dans sa vie. Quand à lui, il me paraît spécial. Comment t'appelles-tu Falleen ?

- Mon nom importe peu, je suis un paria de la société qui se bat pour survivre. Rétorqua calmement Leto. Il avait choisi d'être le plus évasif possible, il était bien entendu hors de question de dévoiler à tous qu'il était un Maître Jedi. Pour brouiller les pistes, il préféra faire appel au bon vieux cliché du prisonnier un peu bête, un peu casse-cou, quitte à se faire corriger après. Au moins, il passerait pour un énième fanfaron qui ne sait pas se taire même quand la situation était désastreuse, et les Trandoshans le considèreraient comme une proie de plus. Ils ne se douteraient pas qu'il dispose de certains pouvoirs capables de leur causer bien des tords.

- Ah, voilà qui est intéressant. Pourtant, tu ne sens pas comme un vulgaire paria de la société. Non... tu sens autre chose. Siffla de plus belle le lézard humanoïde. Ce qu'il voulait dire par là n'avait en réalité rien à voir avec l'odeur corporelle de Leto, bien évidemment. Il faisait mention de son odeur spirituelle, l'odeur de son âme, l'apparence qu'avait sa présence au sein de la Force. Se pouvait-il que le Trandoshan soit capable d'entendre la Force et s'en servir ? Si tel était le cas, les efforts pour que Leto cache sa véritable identité à ses tortionnaires étaient vains. Cependant, le Trandoshan ne donna pas suite à ce qu'il venait de dire. Je suis Sarkyss Vossk, je dirige la guilde Cypra Mundi et vous êtes mes trophées. Vos vies m'appartiennent désormais. Inutile de répondre, ou d'essayer de raisonner le monstre qu'il avait devant lui, Leto se tût. Il devait patienter, laisser libre cours aux évènements, il savait que la chance de récolter des informations viendrait. De toute façon, avait-il le choix ? Bien, tu n'as rien à répondre à ce que je vois, tu n'es peut-être pas si intéressant que ce que je pensais. C'est surfait, les Falleen, n'est-ce pas ? Déclara ironiquement Sarkyss à l'intention de ses acolytes qui ricanèrent sauvagement. Mettez les dans la navette pour la prochaine chasse, je suis sur que mon fils sera ravi de s'approprier des proie de ce genre ! » Ordonna finalement le Trandoshan.
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CHAPITRE 4

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Leto fut aveuglé par la luminosité extrême qui vint attaquer ses pupilles en l'espace d'une seconde, lorsque la porte latérale de la canonnière Trandoshane fut ouverte. Il s'engouffra à l'intérieur de l'engin volant une bourrasque portant avec elle l'air marin salé et humide typique des planètes au climat tropical. La canonnière aux moteurs grondant très bruyamment fit une légère embardée ce qui manqua de faire basculer Leto dans le vide. Lorsque ses yeux se furent habituer à la lumière, il constata que cette dernière se reflétait fortement sur un océan immense d'un gris métallique terne et aux allures menaçantes. Les vagues de taille modérée tranchaient l'eau de façon aussi régulière qu'un métronome électronique et l'écume laiteuse s'accumulait sur les contours de pitons rocheux haut de centaines de mètres se dressant à la surface des flots. À prêt d'un kilomètre face à lui, Leto put discerner une terre, une crique peut-être, bordée par une vaste jungle qui à cette distance ressemblait surtout à un impénétrable mur vert.

Fulgore et lui avaient été trainés dans les cachots du cargo Trandoshan pendant quelques heures avant d'être transférés dans une navette de plus petite taille pour être conduit à la surface de cette planète inconnue. Sans même qu'on ai eu besoin de leurs expliquer les règles de ce jeu macabre, Leto et Fulgore avaient compris qu'il s'agissait d'une chasse à l'homme où ils tiendraient le rôle des proies. Le terrain de jeu des Trandoshans étant des planètes inhabitées, souvent très inhospitalières ou des lunes aux alentours de leur planète mère, les guildes se partageaient des territoires de façon très stricte et très structurée. Chose aussi surprenante que cela puisse paraître pour des barbares pareils, les Trandoshans avaient une notion précise de la hiérarchie, avaient de l'honneur et du respect pour les êtres supérieurs appartenant à leur race. Il savaient respecter la souveraineté exercée sur les biens d'autrui sans jamais penser à s'en emparer par le vol ou par tout autre moyen honorable ou pas. Si bien que très rarement éclataient des querelles liées à la possession de territoire de chasse appartenant à telle ou telle guilde. Autrement, la plupart n'hésitait pas à piller et voler tout ce qui leur faisait envie si cela appartenait à une autre race que la leur, naturellement...

Ici, il s'agissait de la zone sud de la lune Wasskah. Orbitant autour de Trandosha, Wasskah était une lune dotée d'une atmosphère respirable. Elle était majoritairement composée de continents recouverts de forêts et d'océans, à la surface desquels on pouvait notamment trouver diverses îles. Parmi les créatures originaires de cette lune, on peut citer les convorees, de petits oiseaux, et les momongs, des primates carnivores possédant six membres. Depuis longtemps occupée plus ou moins officiellement par les Trandoshans, cette lune n'eut jamais la chance d'être visitée de façon intensive par des explorateurs et des biologistes, si bien que l'éco-système de cette lune que l'ont devine vierge est encore assez méconnu des livres de science républicains. Aussi, les Trandoshans ont toujours exercé une défense quasi militaire sur la zone afin d'éviter que des yeux trop curieux ne viennent fouiner de trop prêt les affaires fâcheuses qu'ils entretenaient ici bas.

Deux Trandoshans armés de disrupteur à particule bousculèrent Leto et Fulgore dans leur dos pour les faire approcher du rebord de la navette. Un troisième reptilien vint se faufiler entre tout ce beau monde pour désactiver leurs menottes magnétiques et il s'adressa aux prisonniers en leur réclamant ''d'assurer le spectacle'' car le prix pour leur tête avait été plus que généreux. Le Wookie grommela comme à son habitude et lui, puis le Jedi reçurent un très vigoureux coup de crosse dans la colonne vertébrale. Si fort que le Falleen ne put réprimer un grognement de douleur, lui qui en avait vu des biens pires et qui grâce à la Force avait acquit une maitrise de lui-même sensationnelle. Les deux individus basculèrent en avant et chutèrent sur plus de dix mètres avant de pénétrer dans l'eau froide dans un grand éclat. Lorsqu'ils eurent rejoint la surface, ils constatèrent que la navette n'était déjà plus là, Leto était trop occupé à essayer de cracher l'eau salée qu'il avait par inadvertance ingurgité tandis que le Wookie grognait et frappait la surface des flots de son poing rageur.

Leto proposa au Wookie de tenter de rejoindre la terre ferme qu'il avait aperçu quelques secondes plus tôt, et puisque de toute façon, ni l'un ni l'autre ne tenait à découvrir si ces eaux abritaient des créatures marines carnivores ou pas, ils se mirent à nager. Le chemin fut long, à vu d’œil, le Jedi avait estimé la distance entre huit cent et mille mètres. Ce qui était très long et couteux en énergie physique lorsqu'il s'agissait de nager au milieu d'une mer passablement agitée. La lourdeur de l'eau d'un océan n'avait rien à voir avec celle d'une eau chauffée à vingt-quatre degrés, dans une piscine de luxe au sommet d'un hôtel cinq étoiles sur Coruscant ou Alderan. Leto était un Jedi, il était robuste et entrainé, aussi, il avait put se servir de la Force pour puiser dans des ressources physiques insoupçonnées. Les mêmes qui l'avaient aidé à tirer toute la quintessence d'une discipline de combat aussi meurtrière et foudroyante que l'était l'Ataru. Fulgore quant à lui, comme presque l'intégralité des Wookies mâles, était une véritable force de la nature. Sa fourrure épaisse et sombre cachait un réseaux de nerfs, de muscles et de tendons capables de délivrer une endurance épatante tandis que son cœur était une pompe à sang géante à même d'alimenter son organisme de ce précieux fluides rempli de substances indispensables à tout effort physique intense.

Mais malgré tout cela, le Jedi et le Wookie parvinrent sur le sable tout aussi gris et terne que l'eau de la crique à bout de souffle. Plus assez fort pour marcher en ligne droite, ils firent l'effort de s'extirper de l'eau, faire quelques mètres sur leurs jambes afin de s'éloigner de la marée et s'écroulèrent au sol. Ils suffoquaient, leurs vêtements avaient doublés de poids à cause de l'eau et leur yeux commençaient à leur piquer un peu à cause de l'eau salé qui les avaient noyés. Après quelques minutes de repos, le Wookie ne parvenait pas à faire descendre sa colère, il frappa le sol de ses poings velus en grommelant :

- « Langage Wookie : Explique moi pourquoi on créé une République si c'est pour se faire traiter ainsi sur son propre territoire ?! Les lois n'existent-elles pas pour les Trandoshans ? Leto eu un peu plus de mal à reprendre son souffle que son compagnon mais répondit quand même.

- Malheureusement, lorsque je suis venu sur ton monde pour négocier la venu de ton peuple dans la République, les pourparlers avec Trandosha furent aussitôt coupés. Le semblant de gouvernement Trandoshan ne fut pas très coopératif et lorsqu'il fut acté que Kashyyyk entrerait dans la République, nous n'avons pas put intégrer Trandosha. Cela reste donc un territoire neutre où les lois républicaines ne s'appliquent pas.

- Langage Wookie : Je me demande comment ils peuvent tenir tête à la République comme cela et se permettre de nous massacrer depuis des siècles sans que nous puissions agir ! C'est parce que mon peuple n'a jamais opté pour de sanglantes représailles, mais crois moi Leto, si un triste jour nous venons à rendre la pareille aux Trandoshans, leur planète sera réduit en poussière face à la colère des Wookies ! Déclara Fulgore d'un ton tonitruant.

- Depuis plus de cinq cent ans, les Trandoshans sont hostiles à la République et n'ont jamais voulus qu'on explore leurs territoires, qu'ils soient légitimes ou pas. Comme cette lune que je soupçonne avoir été placée sous la coupe des Trandoshans de leur bon vouloir, et non pas d'un commun accord avec leurs voisins directs. Leto s'appuya sur ses avant-bras avant de se redresser, ses jambes tremblotaient encore de l'effort physique fourni mais il sentait qu'il regagnait peu à peu son équilibre. Son rythme cardiaque se stabilisa alors. Aussi, l'avènement de leur société et de leurs coutumes barbares coïncident avec celui de la Corporation Czerka, celle-ci a dut financer bon nombre d'opération de mercenariat trandoshanes car elle y trouvait son compte. Des années de bons et loyaux services rendus à la Czerka garantirent à certaines guildes de chasse un gros capital et de l'équipement militaire très avantageux...

- Langage Wookie : J'ai parfois comme l'impression que c'est pas si mal d'être du côté des méchants, eux s'en sortent toujours tandis que les gentils ont beau faire des pieds et des mains, rien ne bougent en leur faveur ... »

Leto ne put contredire cet état de fait cruellement véridique tandis qu'il se livra à une analyse de la situation. Il avait tenté depuis le départ de prévoir ce qui pourrait bien lui arriver, et devenir la proie principale d'une partie de chasse Trandoshane était une des éventualités les plus détestables auxquelles il avait songé. Premièrement, cela mettait sa vie gravement en danger, c'était problématique, naturellement. Et secondement, cela l'éloignait de son objectif qu'était retrouver la femme du Sénateur Zethe. En effet, rester bloqué sur une lune vierge de toute civilisation indéfiniment ne le mènerait pas là où est retenue prisonnière la femme du Sénateur. Et étant donné la somme faramineuse réclamée en tant que rançon par la guilde Cypra Mundi, Leto doutait qu'elle eut été balancée en pâture aux chasseurs Trandoshans comme il l'avaient été lui et Fulgore. Au contraire, les mercenaires reptiliens devaient la cacher, bien à l'abri et la choyer comme si il s'agissait de leur reine, ceci afin de leur garantir un maximum de chance de toucher la rançon.

C'était une petite consolation à laquelle Leto s'efforçait de penser afin d'éviter de perdre espoir. Car quand les Trandoshan allaient apprendre que le Sénateur n'avait pas put récolter la somme demandée et que ce dernier allait demander du temps supplémentaires, la réactions des tortionnaires seraient probablement aussi brutales qu'imprévisible. Leto n'avait donc pas beaucoup de temps avant de retrouver la dame, le Sénateur ne pouvant pas gagner du temps indéfiniment.

Mais Leto n'eut pas le temps de continuer sa réflexion. Ses dernières pensées furent englouties par le hurlement des moteurs à répulsion et le grondement des turbopropulseurs. Une canonnière à la forme oblongue et à la carcasse couleur cobalt mouchetée d'impacts de laser fit son apparition par dessus l'orée de la jungle, située à une cinquantaine de mètres au-delà de la plage sur laquelle Leto et Fulgore avaient échoués. Leto savait qu'elle était là pour eux d'eux, la chasse venait de commencer … Le Jedi s'attendit à ce qu'elle plonge pour les mitrailler, il voulut alors hurler à Fulgore de courir en direction de la jungle dés lors que la canonnière serait passé au dessus d'eux. Avec un peu de chance, le pilote ne pourrait pas manœuvrer de façon suffisamment souple pour couvrir l'angle mort dans lequel Leto et Fulgore se seraient engouffrés sous le passage de son engin. Et le temps que la canonnière fasse demi tour, le Jedi espérait avoir atteint la jungle pour se mettre à couvert.
Au lieux de cela, l'engin s'avança doucement et resta en vol stationnaire, le gémissement des moteurs commençait à se faire assourdissant.

Thème musical de la scène: la canonnière attaque !

Puis des panneaux s'ouvrirent de la baie ventrale de la canonnière dans un grincement sinistre. Des buses pareilles à des chambres de réaction de missiles chimiques d'un autre temps se déployèrent pour couvrir le plus grand angle possible. Elles crachèrent alors des jets de flammes qui frappèrent le sol sablonneux de la plage, se déversant sur les dunes comme un torrent de feu, recouvrant chaque petits rochers, remplissant chaque creux et chauffant le sable si fort que celui-ci se transformait par endroit instantanément en verre. La silice contenu dans le sable encore humide des vagues qui s'écrasaient régulièrement sur les dunes fut changée en vaste patinoire de verre craquelé sur des dizaines de mètres en quelques secondes tandis que Leto dut bondir sur le côté pour esquiver une flammes aussi grande qu'une tentacule de Sarlacc.

La canonnière vola à son encontre, perchée sur la pointe d'un éventail de flamme. Le Wookie poussa une salve de barrissement presque aussi assourdissant que les moteurs de la canonnière tandis que Leto dont les muscles des épaules et des cuisses étaient un peu endoloris de la fatigante nage qu'il avait dut effectuer, tentait de s'imprégner de la Force. Il avait urgemment besoin d’énergie supplémentaire afin d'alimenter ses muscles et son cerveau pour trouver la résistance physique pour lutter contre cet engin de mort cracheur de feu. Tout en réfléchissant pour trouver une solution pour en venir à bout, ou à défaut, pour fuir et se mettre en sécurité. Le véhicule de guerre cracha a nouveau sa déflagration par toutes les buses lance-flammes qu'il possédait, forçant le Falleen à courir en arrière et à sauter par dessus une dune de quelques mètres de haut afin de contrer le feu. Il se plaqua dos contre le sable et recouvrit son visage de ses bras lorsque le brasier s'écrasa sur le sable et se déversa par dessus la cime de la dune. La chaleur mortelle et étouffante vint lécher le sommet de son crane tandis que l'appareil lui passa par dessus. La situation était critique, il l'avait échappé belle mais il savait qu'il n'aurait pas une telle chance plusieurs fois d'affilé. Il contemplait l'engin volant gronder et s'éloigner au large, au dessus de la mer avant de faire demi tour pour retenter sa chance tandis qu'au dessus de lui, il vit Fulgore faire son apparition.

Ce dernier gronda, les bras levés contre son torse avant de se frapper la poitrine violemment, comme pour défier l'oiseau métallique cracheur de flamme qui en voulait à la vie de son compagnon. La machine revint à l'assaut et Fulgore s'empara d'un rocher au moins aussi gros qu'une unité de droïde astro-mécano T3, le soulevant à bout de bras dans un râle guttural impressionnant. Au passage de la canonnière, le Wookie lança son projectile de cinquante kilos de toutes ses forces ce qui força le vaisseau ennemi à faire un écart. Pivotant sur la droite, la navette encaissa le rocher et une des buses cracheuse de feu fut endommagée. L'engin s'éloigna en sens inverse tandis que Fulgore dévala la pente sablonneuse pour rejoindre Leto.

Quelques flammèches s'étaient attaqué à la fourrure du Wookie. Leto fit un geste et la Force repoussa l'oxygène tout autour de la zone de combustion, créant une bulle de vide qui éteignit le feu. Pas sur qu'il puisse reproduire cela sur une zone plus grande, et en aucun cas il n'aurait put le faire si lui-même s'était transformé en torche ambulante. La canonnière fit volte-face un peu plus loin pour de nouveau fondre sur ses proie, les Trandoshans n'allaient rien lâcher, ils étaient allégrement en position de force même si pour le moment les deux proies arrivaient à s'en sortir. Malheureusement, dans leur fuite pour venir se cacher derrière la dune, Leto et Fulgore s'étaient un peu éloignés de la lisière de la jungle, si bien qu'une tentative de retraite serait encore plus compromise qu'auparavant. Il n'y avait guère le choix, Leto devait se laisser engloutir par la Force afin d'en puiser un pouvoir de destruction hors du commun et espérer mettre hors de combat l'engin des mercenaires. Une chose qui n'était pas aussi simple que cela, dans le feu de l'action, même pour un Maître Jedi.

Le Falleen ouvrit son esprit, invoqua la Force, rechercha un point de rupture. La fluidité de la situation sur la plage de Wasskah se figea puis se cristallisa. Le sable, la canonnière, le Wookie, la mer, tout se transforma en nœuds de stress et en vecteurs d'énergie entremêlés au cœur de la Force. Il savait désormais comment agir. Les chances de réussite de son entreprise étaient si minces que si cela avait été quelque chose de matériel, on aurait put facilement voir au travers. Mais au moins, la Force lui avait murmuré qu'il y avait une solution, une infime possibilité de s'en sortir. La canonnière cessa d'utiliser ses lance-flammes pour faire appel à son canon de tête qui bombarda la plage de tir de blaster soulevant à chaque impacts des kilos de sable.

Lorsqu'une explosion survint, le bruit réussissant à couvrir le grondement des moteurs, la canonnière fut si ballottée qu'elle dévia de sa course, touchée de plein fouet sur le flanc. La trajectoire incertaine de l'engin le fit s'éloigner tandis qu'il avait arrêté de tirer et Leto se rendit compte que la navette venait d'être attaquée. La couche de fumée noirâtre et l'odeur d'élément chimique de combustion enveloppant l'air lui fit deviner que l'explosion était dut à une grenade, la force de l'impact laissant penser que le dispositif explosif avait été lancé à partir d'un fusil ou d'un lance-grenade. Interloqué, et n'ayant même pas eu le temps de s'attaquer à la canonnière lui-même, Leto chercha du regard d'où pouvait provenir cette attaque miraculeuse et vit au sommet d'une dune à proximité un petit individu. À contre-jour, celui-ci semblait être de race Humaine, les cheveux noirs en bataille tombant sur son visage, des vêtements clairs mais lourdement tachés et déchirés au niveaux des bras et des genoux. Celui-ci faisaient de grand signe de bras à l'intention de Leto et Fulgore. Une voix se fit entendre :

- « Hé ho, par ici ! Vite, elle va revenir ! Bougez vous les fesses ! » Le Wookie ronfla, Leto écarquilla les yeux et eu du mal à comprendre, partagé entre la perplexité et l'incompréhension.

Il bouscula du coude le Wookie et ils se levèrent d'un bond pour rejoindre l'individu qui s'avérait être un enfant tandis que ce dernier dévala les dunes, traversa la plage portée par ses frêles jambes longilignes jusqu'à la frontière entre la plage et la jungle. Au loin, Leto entendait la canonnière vrombir, et le son de ses moteurs en train de hurler car son pilote avait probablement accélérer la cadence se faisait de plus en plus fort. Mais la diversion opérée par ce sauveur mystérieux avait été suffisante pour que le Jedi et le Wookie eurent le temps de rejoindre un abri quelques mètres derrière l'entrée de la jungle. Leto s'agenouilla derrière le tronc d'un arbre renversé et vit la canonnière passer au dessus de la plage à la recherche de ses proies. Il faisait chaud sous la cime des arbres. Le caractère apaisant de l'ombre était annulé par la moiteur ambiante. Leto entendait le vent s'amuser avec les feuillages et siffler à travers les branches, plusieurs mètres au-dessus de sa tête mais jamais un courant d'air ne semblait être en mesure de franchir ce toit de verdure impénétrable. De minces filins de lumière filtraient jusqu'au sol donnant aux environs une aura de mystère.

Quelques secondes passèrent où Leto et Fulgore observaient en direction de la plage pour voir si les Trandoshans n'allaient pas se lancer à leur poursuite tandis que bon nombre de question se bousculaient dans l'esprit du Jedi. Le garçon qui était venu les chercher sur la plage refit son apparition derrière les fourrées, dans leur dos. Il était suivi de deux autres personnages, peu ou prou de la même taille que lui, et semblant tout aussi jeune. L'un d'eux était un Twi'lek à la peau bleutée et aux joues si creusées qu'on aurait put y manger dedans comme dans un bol. Ses lekkus étaient attachés l'un à l'autre par un anneau métallique de couleur doré. Le second individu était une jeune fille Cathar au pelage court de couleur crème, aux yeux verts perçants et à la démarche féline. Tout trois étaient vêtus du même uniforme clair taché de cuivre et de noir, les manches imbibées de boue et de crasse et le bout de leurs chaussures étaient si rapiécés que le cuir semblait ne plus en avoir pour très longtemps. Ce n'était qu'une question de temps avant que les trois jeunes gens que Leto avait devant lui ne finissent avec les orteils à l'air …

Le Twi'lek pesta, sa voix d'enfant contrastant avec son propos :

- « Pff, on a gâché notre dernière grenade pour sauver ces deux ploucs ? Tu te fiche de moi, Isan ?! Il tenait en effet à la main un lance-grenade de fabrication ancienne mais encore aujourd'hui opérationnel, presque aussi grand que lui. Le garçon Humain rétorqua.

- Ne sois pas médisant, ils avaient besoin de nous. Et tu sais aussi bien que moi qu'ils peuvent nous aider, l'union fait la force, n'est-ce pas ce que l'on dit ? Le jeune homme était d'un ton affable et semblait beaucoup plus modéré que son compagnon Twi'lek. Il recentra son attention sur Leto et Fulgore. Pardonnez le ton de mon camarade, Mazé n'est pas patient ni très compréhensif mais il a bon fond. Et voici Neeyu. Termina-t-il en désignant la Cathar.

- Ils vont revenir Isan, nous devons revenir au Home. Fit doucement la jeune fille. Leto aurait tant aimé bombarder les oreilles des trois jeunes gens de centaines de question mais ce n'était probablement pas le bon moment. Nul doute que la partie de chasse n'était pas encore terminée et les Trandoshans allaient mettre le pied à terre pour fouiller les fourrées et l'orée de la jungle à la recherche de leurs nouvelles proies. La Cathar avait évoqué quelque chose qui semblait être un point de ralliement, ou une cachette, quelque chose où les enfants avaient l'habitude d'aller, Leto espérait que ce soit un endroit sûr dans lequel se reposer quelques instants. Il avait besoin de faire le point et de prendre le temps d'y voir plus clair.

- Venez avec nous, on retourne à la maison, vous serez en sécurité là-bas. Le jeune Humain laissa s'éloigner et prendre de l'avance ses deux amis et s'adressa aux grand Falleen. Nous n'avons pas grand chose à vous donner, mais il vaut mieux se mettre à l'abri avant que les chasseurs ne reviennent. On aura le temps de réfléchir plus tard. » Difficile de dire plus vrai que cela. Le jeune homme était doué d'une sagesse intéressante et peu commune pour son âge. Tout trois paraissaient bien plus matures que ce que leur âge voulait bien suggérer. Leto accepta alors de les suivre, comme Isan le disait, il serait temps très bientôt de réfléchir, et à ce moment, il pourrait exiger des réponses à ses questions. Dans l'immédiat, il devait fuir les Trandoshans.

Environ quinze minutes après s'être mis en chemin à travers la jungle qui s'épaississait de mètres en mètres, le climat avait changé du tout au tout. Le ciel uniformément gris et la température élevée propre au planète tropicale avaient laissés leur place à une fraicheur revigorante et à de lourds nuages charbonneux. Désormais, une pluie glacée tombait à travers les feuillages des arbres. Le tonnerre grondait à intervalle régulier, semblable aux turbopropulseurs de la canonnière que Leto avait dut affronter peu de temps auparavant. Si bien qu'à chaque détonation de la foudre, le Jedi ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel pour voir si il ne s'agissait pas à nouveau d'un de ces engins infernaux lancés à sa poursuite. L'orage avait plongé la jungle dans une pénombre crépusculaire. Leto marchait quelques pas derrière le trio d'enfants qui le guidait tandis que la pelisse détrempée du Wookie l'alourdissait. Les goutes de pluie lui martelaient son crâne vert et un écoulement glacé lui ruisselait le long du cou et dans le dos. Par endroit, là où le lichen laissait entrevoir la terre, ses pieds s'enfonçaient dans des trous boueux. Certains étaient assez profonds pour lui engloutir littéralement la cheville. Il devait presque sans arrêt faire appel à la Force pour ne pas s'épuiser en essayant de s'extirper du limon tandis que le Wookie s'accrochait à l'aide de ses puissantes griffes aux écorces des arbres alentours.

Il préféra éviter de penser aux conditions de vie de ces trois enfants au vu du climat très changeant et très difficile à appréhender sur la lune Wasskah. Surtout en imaginant que ceux-ci ne semblaient pas disposer de beaucoup de matériel et qu'ils devaient survivre par leurs propres moyens. De temps en temps, l'un des trois s'arrêtaient au pied d'un arbre au tronc tortueux et aux branches prenant l'apparence de véritable toile d'araignée de bois pour former avec leur main un récipient dans lequel ils récoltaient un peu d'eau de pluie et se désaltérer. C'était suffisant, l'eau était fraiche quoique son goût était légèrement altéré par le soufre et les vapeurs naturelles émises par la roche des volcans en activité un peu partout sur la lune.

Le périple à travers la jungle dura deux bonnes heures lorsque le petit groupe, qui ne s'était que très peu adressé la parole durant tout ce temps parvint enfin jusqu'à une éclaircie. La végétation laissé place à une vaste zone aux caractéristiques environnementales proches du marécage. La pluie continuait de tomber et la berge rocheuse où se situait Leto et les autres laissée rapidement place à une étendue d'eau peu profonde mais obscure et peu engageante. Le ciel offrait un étrange mélange de couleur, entre le gris acier des nuages et le vert acide du sommet de la jungle, la pluie s'occupant de troubler l'horizon à perte de vue. Rien ne pouvait être aussi lugubre, si ce n'est Korriban et ses Temples Sith elle-même ! Isan avait tout de même eu l'amabilité de rassurer Leto et Fulgore à ce sujet en leur assurant que la saison des pluies de la lune était bientôt terminée et qu'un ciel bleu vierge de tout nuage ferait son apparition salvatrice, selon ses calculs. En réalité, il n'en savait rien, il n'avait aucun livre ni aucun enregistrement audio ou holographique, il n'avait pas étudié la situation de Wasskah et n'avait jamais rencontré de mentor capable de lui donner un enseignement. Il ne savait probablement même pas quel était le nom de cette lune. Il s'était contenté d'observer son environnement pendant longtemps et de faire des suppositions.

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Mais la plus grosse surprise qui vint frapper Leto et Fulgore ne fut pas cet environnement marécageux, mais le vaisseau en ruine qui s'étendait désormais sous leur yeux, baignant funestement dans l'eau en contre-bas de leur position. Sa masse ombragée se devinait à travers le mur de pluie qui rendait la vision du Falleen floue, si bien que de loin, on aurait put croire apercevoir un véritable monstre marin comme dans les légendes d'épouvantes qu'on racontaient aux petits enfants des planètes civilisées lorsqu'ils n'étaient pas sages. Et aussitôt, une tonnes de question vint s'ajouter à celle déjà présente dans l'esprit du Jedi. Il commençait à avoir peur de ne pas pouvoir retenir toutes les questions qui lui brûlaient les lèvres tant il y en avaient beaucoup. Il se demandait aussi par où pourrait-il bien commencer. Leto et Fulgore fut enjoint à descendre prudemment de la berge en suivant le sol rocailleux glissant jusqu'à arriver tout proche de la carlingue du vaisseau, haut de vingt mètres et long de cent. Désormais, il était suffisamment proche, Leto pouvait observer de façon plus attentive les détails du vaisseau. Et il aperçut un symbole dont la peinture écaillée était à moitié effacé. Malgré cela, le doute ne fut permis que très peu de temps avant qu'il réalise qu'il s'agissait du symbole de la République !

Sur la berge, il pouvait aussi apercevoir des câbles d'alimentation s'enfonçant dans le ventre du vaisseau et reliés à des générateurs d'énergie à peine en état de fonctionner. Ci et là, divers appareils étaient disposés là où le sol rocheux était le plus stable. Parmi cette installation de fortune, Leto put y voir une antenne réglée et tournée vers le ciel, mais la diode luminescente rouge dont l'appareil était pourvu clignotait faiblement. Isan interpella alors Leto et Fulgore, tandis que les trois enfants avaient déjà empruntés une passerelle pour pénétrer dans le vaisseau.

- « Vous comptez rester sous la pluie encore longtemps ? Leto essuya tant bien que mal l'eau qui lui coulait sur le visage et s'approcha. À l'intérieur on a de quoi vous sécher, on a un peu de nourriture aussi, venez ! » l'Enfant était obligé de hausser un peu la voix pour couvrir le martèlement constant de la pluie sur la surface de la carlingue du vaisseau.

Leto et Fulgore ne se firent pas prier plus longtemps et gravirent la même passerelle pour se retrouver dans une étroite coursive du vaisseau. Celui-ci était vide, tout y était endommagé de façon plus ou moins grave. Les parois éventrées vomissaient des flots de câbles d'énergie et ça et là des néons grésillants avaient pour mission d'éclairer au mieux l'intérieur. Leto et Fulgore, accompagnés des enfants traversèrent plusieurs couloirs et pièces aux utilités diverses, au beau milieux des caisses de matériels détériorées et autres compartiments du vaisseau avant de gagner le quartier d'équipage. C'était pour le moment la partie du vaisseau la plus accueillante que Leto avait put voir. Le chauffage n'était plus opérationnel depuis longtemps, mais l'éclairage était efficace, les couchettes n'étaient pas trop endommagée même si les couvertures étaient rapiécées et sentaient mauvais faute d'entretien. Au moins, ils étaient au sec et le sol n'était plus boueux comme dans la jungle. Les trois enfants prirent place chacun sur leur couchette respective tandis que Leto hésita à s'asseoir sur une chaise de camp à proximité, le même genre que l'on trouvait dans les régiments et bases militaires bâtît à l'improviste au front, lors des guerres.

Dans la pièce étaient réunis des objets de diverse nature. Quelques data-pad vraisemblablement hors service, sur un bureau métallique à gauche, il y avait en désordre une lampe torche, une cellule d'énergie pour fusil blaster mais il n'y avait pas le fusil blaster qui allait avec. Il y avait aussi une partie d'un petit générateur de secours portatif aux fils de connexion dénudés et quelques outils de bricolage utiles à bord de touts vaisseaux spatiaux qui se respectent. Il y avait aussi les effets personnels des enfants, des vêtements aussi miteux que ceux qu'ils avaient sur le dos actuellement. L'Humain avait prêt de son lit un cadre photo au verre brisé et à la photo à moitié déchirée représentant une femme aux cheveux d'ébène souriante, se tenant devant un édifice. De loin, Leto n’eut aucun mal à reconnaître le Sénat de Coruscant … Peut-être la mère de Isan ? La Cathar avait elle aussi quelques bibelots de peu de valeur rangés de façon très ordonnée sur le côté de son lit et le Twi'lek qui avait entreprit de nettoyer son lance-grenade désormais vide de toute munition possédait une écharpe, noué autour du pied de son lit et un modèle réduit de croiseur de guerre républicain peint à la main.

À travers leurs maigres possessions, Leto put entreprendre de dresser un semblant de profil psychologique pour chacun des enfants. Isan avait l'air admirablement sensé pour son âge, il devait accorder une importance toute particulière à la notion de famille, ce qui faisait sans doute de lui quelqu'un de confiance et de bon. Neeyu était calme et ordonnée, la façon dont elle avait disposé et prit soin de ses bibelots traduisait un esprit de coordination et d'organisation formidable. Tandis que Mazé de part son comportement de prime abord et sa figurine de vaisseau de guerre semblait être un enfant avide d'action, plus à même d'agir que de parlementer des heures durant. C'était une scène incroyable, les enfants avaient sut se construire un petit monde à l'abri, en dehors du temps où le conflit opposant République et Empire ne semblait plus avoir lieu. Seul comptait la survie et leur quotidien rude et sans espoir.

- « C'est... c'est un vaisseau républicain ? Hésita Leto sans savoir si c'était la meilleure des question pour entamer la conversation. Il aurait tellement voulu savoir condenser toutes ses interrogations en une seule phrase mais cela était tout simplement impossible. Isan répondit :

- Oui. Officiellement, c'est le cargo de transport civil républicain YT-175.

- Conçu par la Corporation Technique Corelienne. Ils font du bon boulot, ces mecs là ! Ajouta Mazé tout en gardant les yeux rivés sur son lance-grenade.

- Mais pour nous, continua Isan, il s'agit du Home. C'est notre chez nous quoi. Nous y sommes depuis le début, quand les Trandoshans ont attaqué le cargo, l'ont abordé et en ont pris possession pour le faire s'échouer sur cette planète. Voilà qui expliquait comment un vaisseau républicain avait put arriver jusqu'ici. Le fait qu'il soit civil, et donc non armé avait dut faciliter la tâche aux Trandoshans pour en prendre possession et le ramener sur Wasskah. Question suivante :

- Qui êtes-vous ? Vous aviez l'air de très bien vous débrouiller dans la jungle, c'est peu commun pour des enfants de votre âge... C'est le moins que l'ont puisse dire. Leto avait déjà vu des Jedi adolescents bien moins rigoureux et intelligents que ce trio de jeunes enfants qui ne devaient pas avoir plus de dix ans...

- Nous sommes des initiés Jedi. Nous étions en route pour Ondéron lorsque nous avons été attaqué, c'était il y a un an environ... »

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CHAPITRE 5

Leto était estomaqué. Des Initiés Jedi ? Les affaires de disparition de Jedi étaient relativement communes depuis quelques années, en ces temps troubles où le Côté Obscur de la Force ne cessait d'être attisé par les Sith renaissants et l'Empire qui prenait de jour en jour puissance et ampleur. Mais en général, l'Ordre arrivait toujours à remettre la main sur ses membres perdus, ou du moins à savoir ce qu'ils étaient devenus. Dans le cas de ces trois enfants, il semblerait que l'Ordre ai échoué.

- « On a été repéré par le même Maître, tous les trois. Une sorte de Jedi spécialisé dans la recherche de nouveaux jeunes adeptes pour en faire des Padawan, de ce que j'ai cru comprendre.

- Oué, un prospecteur quoi. Rajouta Mazé qui en avait finit avec son lance-grenade, désormais presque aussi reluisant que si il avait été neuf.

- Mazé vient de Ryloth, Neeyu vient de Cathar et moi de Milagro.

- Comment cela se fait que le Jedi ne soit pas avec vous ? Ne devait-il pas vous accompagner jusqu'à son Temple ? Leto avait décidé, tout comme pour les Trandoshans de feindre l'ignorance et d'éviter d'avouer sa véritable identité, pour l'instant.

- Il avait tout prévu, apparemment, c'est un programme bien étudié de la part des Jedi. Lui connaissait les jours de passage du Home à chacun des spatioport de nos mondes respectifs, il nous a offert à tous une petite bourse de crédit afin qu'on s'achète quelques vêtements, de quoi voyager et un bon de transport pour Ondéron. Isan réfléchit un instant. Je crois que Mazé fut le premier à monter dans le cargo. Ensuite ce fut moi, Mazé voyageait déjà depuis deux jours standards, et enfin nous avons rencontré Neeyu au spatioport de chez elle.

- Cathar devait être le dernier endroit où le Home devait prendre des passagers et du matériel, il y avait deux terminus. Le premier était pour Ondéron où nous devions descendre, et le second était Coruscant où quelques marchandises devaient être livrées. Expliqua Neeyu.

- Le Jedi nous a dit qu'il avait encore beaucoup d'enfant à rencontrer et qu'il ne pourrait pas nous suivre, mais qu'on se reverrait certainement au Temple un de ces jours.

- J'ai vu à l'extérieur une antenne et des générateurs... vous cherchiez à entrer en contact avec quelqu'un ?

- Oué, enfin c'est pas si simple. La première chose que les Trandoshans ont fait en partant à l'abordage du Home c'est de saboter son système de communication pour ne pas que les pilotes ne passent un SOS. Alors j'ai fais ce que j'ai put avec ce qui restait de pas trop déglingué pour bricoler une antenne. Mais je crois que ces enfoirés utilisent des brouilleurs d'ondes, ils ont dut en foutre partout dans la jungle et dans les environs. Du coup, pas le moindre signal ne passe, mon installation était déjà pas du top niveau … Expliqua Mazé, résigné et avec beaucoup de férocité latente dans la voix.

- Ne te torture pas l'esprit Mazé, tu nous a été d'une aide vitale, nous n'aurions jamais put survivre sans tes dons pour la mécanique. Ajouta gentillement Neeyu qui percevait la tristesse de son ami.

Leto s’apprêta à poser de nouvelles questions lorsqu'il fut doucement percuté par derrière par un petit droïde astro-mécano à la coque dénudée de peinture mais aux comportement bien paramétré. Le petit droïde contourna le Falleen en émettant une salve de bip d'excuse et alla se poster entre les couchettes des enfants pour tourner sa tête rectangulaire vers Isan. Ainsi, le droïde fit son rapport de surveillance à base de bip, de bloup et de divers autres onomatopées électroniques plus ou moins aiguës. Leto allait de surprise en surprise, et devant le regard interrogateur du Jedi, Isan parla :

- Lui, c'est Beepo. C'est un droïde astro-mécano qu'on a trouvé dans le vaisseau quelques temps après être arrivé sur cette planète. Il était pas tout neuf mais Mazé a réussi à le remettre d'aplomb, depuis il nous aide à survivre. Sa mémoire interne est bourrée d'informations utiles, et grâce à son chalumeau, on arrive à faire cuire quelques aliments ! Leto ne pouvait qu'être admiratif devant l'ingéniosité de ces enfants livrés à eux-même. Le regard d'Isan se posa ensuite sur le Wookie un peu en retrait qui observait attentivement la pièce. Oh, mais j'y pense, Neeyu, si tu accompagnait notre ami Wookie dans la réserve ? Isan s'adressa alors à Fulgore : Là-bas il y a un peu de linge propre, tu pourra sécher ton épaisse fourrure. Ça doit pas être très agréable pour toi d'être trempé jusqu'aux os ! » Se faisant, Neeyu se leva d'un bond, saisi le Wookie par sa grosse patte velue et l'attira à l’extérieur.

Une heure passa pendant laquelle le Wookie se faisait choyer autant que le peu de moyen des enfants le permettait tandis que Leto avait accompagné Isan, Mazé et Beepo jusqu'au petit réfectoire du vaisseau afin d'y déjeuner. Leto n'avait plus vraiment la notion de l'heure, mais selon Isan, il approchait de la mi-journée. Encore fallait-il pouvoir déterminer de combien d'heure était la période de rotation de la lune qui déterminait la longueur de ses journées et de ses nuits. Sans cela, tout n'était qu'approximatif. Au réfectoire, Isan proposa à Leto et Fulgore un maigre menu mais le Jedi ne lui en tint absolument pas rigueur. Une ration lyophilisée et un petit bol de baies rouges récoltées dans la jungle, accompagné d'une carafe d'eau de pluie fut leur repas.

- « Grâce à Beepo, on a put déterminer quels fruits étaient comestibles dans la jungle. Sans ça, on étaient condamnés à se priver de ce genre de ressource...

- Ou à gouter à l'aveuglette tellement on crevaient de faim. Le coupa Mazé, fataliste.

- Oui... l'arrivée de Beepo a vraiment été une bénédiction pour nous. On a découvert grâce à lui que les alentours regorgeaient de plantes et de fruits comestibles. Certains nécessitent un traitement pour qu'ils deviennent moins toxiques, mais d'autres comme ces baies rouges sont d'après lui riche en vitamines.

- Vous arrivez à récolter l'eau de pluie ? Demanda Leto en examinant le gobelet que venait de lui remplir la jeune Cathar.

- Mazé a construit un filtre à eau de pluie, il se situe là-haut, sur le toit du vaisseau. Régulièrement, nous allons le vider et nous entreposons l'eau dans tous les récipients que nous trouvons. Isan eu une mimique de visage et sa voix se teinta d'ironie : Au moins, on a pas à se plaindre de la saison des pluies, nous avons des dizaines de litres d'eau propre en réserve !

- Fulgore a des connaissances lui aussi, il peut vous aider à traiter les fruits et plantes que vous récoltez pour les rendre comestibles. Fit Leto en désignant le Wookie.

- Langage Wookie : Je peux aussi chasser du gibier, pas besoin d'arme pour ça ! Y a-t-il des animaux dans la jungle ? Les enfants ne comprenaient pas le langage Wookie, ainsi le Jedi fit la traduction.

- Oulah, je crains qu'il ne soit impossible de chasser le gibier ici ! Avertit Isan en secouant les mains devant lui. Le peu de bêtes sauvages que nous avons croiser ici sont beaucoup trop dangereuses et ils se déplacent en meute. Nous préférons nous contenter de fruits et de plantes !

- Oué, même les poissons sur cette fichue planète ont des dents comme des hachoirs et ils sont aussi gros qu'un Hutt qui aurait bouffé trop de tchupak ! Même pas moyen d'aller à la pêche, on se ferait bouffé tout cru ! Le Wookie se renfrogna. Il était courageux mais pas idiot. Leto se permit de déguster quelques baies au doux goût sucré lorsque la salle fut soudainement plongée dans le noir. Au bout de cinq secondes, un claquement sonore fut audible et des trè sfaibles lueurs bleutée sortirent des néons fixés au mur.

- Le générateur a encore sauté. Ça fait trois fois en très peu de temps... Soupira Isan.

- Oué, je sais... Répondit Mazé. Je sais pas si j'arriverais à le faire tenir encore très longtemps...

- Le générateur ?

- En fait c'est celui des turbines du vaisseau, j'ai réussi à dérouter son système pour qu'il fournisse de la lumière et un peu de chauffage mais le vaisseau manque de carburant. Ça devient compliqué... La lueur bleue qui se reflétait sur le visage blême des enfants leur donnait l'air de véritable fantôme, hantant ce vaisseau mort depuis bien trop longtemps.

- Je peux peut-être y jeter un œil ? J'ai quelques compétences en mécanique. » Proposa Leto.

Aussitôt dit, Isan recommanda à son jeune ami ingénieur d'accompagner Leto jusqu'en salle des machines tandis que le Wookie et Neeyu profiteraient que la pluie ce soit estompée quelque peu pour aller renouveler le stock de fruits et par la même occasion récolter du bois. Si jamais le générateur ne pouvait être remis en service, le bois serait nécessaire pour se chauffer, au moins dans l'immédiat, en attendant de trouver une solution plus pratique.

Dans la salle des machines, Leto avait sut assembler quelques batteries aux pôles qui commençaient à être attaqués par la corrosion pour n'en faire plus qu'une. Il avait décousu l'enveloppe d'une couverture de secours qu'il avait trouvé dans une petite salle annexe de stockage de matériel afin d'y récupérer la fine couche d'alumate. L'alumate, inventé par assemblage de plusieurs autres métaux par un scientifique de Coruscant en 20.085 était un métal qui pouvait prendre la finesse d'un linge pour améliorer la conservation de chaleur. C'était aussi un type de métal conducteur que Leto put nouer autour d'un câble dénudé afin de faire transférer l'énergie des batteries jusqu'au générateur principal qui après plusieurs tentatives de relance cahota et se mis en branle. Malgré ses dons pour la mécaniques, Mazé n'avait pas connaissance que l'alumate pouvait servir à cela, il n'avait d'ailleurs tout simplement pas l'idée qu'on puisse en trouver dans des couvertures de survie. Le petit raccommodage de Leto conviendrait pour un temps, mais si le restant de carburant du vaisseau était brûlé, les batteries de secours assemblées entre-elles ne pourraient pas alimenter une structure d'une telle importance. Leto avait passé plus d'une heure à fouiller les alentours, observer, réunir du matériel qui pouvait être utiles, puis effectuer un nouveau tri pour écarter ce qui ne lui semblait plus si utile que cela. Certaines idées farfelues étaient nées dans son esprit, mais il aurait fallut un miracle de la physique ou du matériel utilisé dans des fonctions un peu moins exotiques pour parvenir au quart des idées auxquelles il avait songé. Le temps passa et le Jedi dut se résigner, le vaisseau était condamné à manquer d'énergie et peu à peu, le petit foyer que les enfants avaient sut se créer deviendrait la propriété de la jungle.

La jungle prend tout. La chaleur des chauffages. La lumières des néons. La sécurité des lits et des oreillers miteux. La douceur de l'eau épurée. Le droïde astro-mécano ne pourrait pas sustenter les besoins naturels des enfants indéfiniment. Ce n'était pas un lieux à vivre, ils avaient déjà passés infiniment trop de temps à survivre comme des bêtes. Il était temps d'envisager quelque chose d'autre, une échappatoire...

Lorsque Leto et Mazé rejoignirent le reste du groupe dans le réfectoire qui avait reprit son illumination chaleureuse, quoique un peu oscillante et instable, Leto fit part de ses réflexions à Isan. Mazé se mit en colère contre tout un tas de chose. Notamment contre les Trandoshans qui les obligeaient à vivre comme cela. Contre lui-même aussi, sous prétexte qu'il n'était qu'un incapable et qu'il ne parvenait pas à réparer les machines convenablement. Neeyu réalisa peu à peu la difficulté de la situation et prit peur, elle fondit en larme. Non pas effrayée de devoir envisager une autre solution, mais effrayée de devoir quitter ce qu'elle considérait désormais comme sa maison, aussi insalubre et inconfortable qu'elle puisse être. Isan quant à lui écoutait attentivement les arguments du Jedi qui tentait de lui faire comprendre qu'ils ne pourraient plus s'en sortir comme cela pendant très longtemps. À vrai dire, Leto pensait qu'ils avaient déjà eu beaucoup de chance, mais il se refusait à le dire pour deux raisons. Tout d'abord parce que, les gens qui connaissent bien le Jedi vous l'auront certainement affirmé, pour lui, la chance n'existe pas. Il n'y a que la Force et sa volonté qui régit l'univers tout entier. Et ensuite parce qu'il ne voulait pas insulter l'intellect des enfants qui se sont surpassés et se sont montrés incroyablement intelligents, volontaires, forts et courageux pour survivre dans une telle situation. Ils avaient eu la chance de se trouver dans une jungle riche en matière première et en aliments, mais ils avaient eu le courage de sortir dans la jungle au milieux des bêtes féroces pour les récolter. Ils avaient eu la chance de se trouver sur un astre où la saison des pluies couvrait les trois quart de sa période annuelle. Mais ils avaient eu l'intelligence de savoir récolter cette pluie pour s'en nourrir.

Il n'était donc pas le moment de miner leur moral mais au contraire de mettre en évidence leur intelligence et leurs efforts que même bon nombre d'adultes n'auraient pas été capables de faire. Reconnaître qu'ils avaient fait des merveilles les aideraient à accepter, paradoxalement, qu'il ne pouvaient pas faire mieux ici et qu'il fallait tenter autre chose désormais. C'est ce que Leto expliqua longuement au jeune Humain aux cheveux d'ébène avant qu'il n'accepte de partir du Home.
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CHAPITRE 6

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Dans la salle des trophées de Sarkyss Vossk, le dirigeant de la guilde Cypra Mundi, il y régnait une ambiance de mort. L'odeur du cuir tanné côtoyait celle de l'huile rance et de la moisissure s'attaquant aux parois métalliques du cargo, par delà les tentures cramoisies et épaisses recouvrant les murs. Suspendus à des enchevêtrement de chaines cliquetantes, il y a avaient des ossements de toutes tailles, parfois ayant appartenu à des êtres vivants de races intelligentes, parfois à des bêtes sauvages réputées pour leur férocité. Alignées dans de petites alcôves, les têtes tranchées et biologiquement traitées afin d'être conservées durablement au lieux de pourrir de plusieurs individus semblaient surveiller sinistrement l'endroit. Il y avait un Gungan, un Gran, deux Humains, un Ithorien, et naturellement un Wookie, la gueule grande ouverte, ses crocs ostentatoires luisant d'une teinte jaunâtre dégoutante. Leurs teints cadavériques, leurs bouches semi-ouvertes et l'effroyable pâleur de leur yeux avaient de quoi paralyser même les plus courageux. Ça et là, des filets graisseux et noirâtres s'écoulaient d'interstices du plafond pour s'écraser en flaques odorantes sur le sol froid et métallique, entre les tapis de peaux et de fourrures arrachées à autant de créatures exotiques et dangereuses. Au fond de la salle, sur un trône de bois et d'acier taillé de façon à présenter des cornes et des pics tous plus menaçants les uns que les autres était assis un Trandoshan à la mine mécontente. Son visage monstrueux était faiblement illuminé par la lueur bleutée d'un écran rétro-éclairé soutenu par un droïde de protocole à la carcasse noire et abimée. Le Trandoshan congédia le droïde lorsqu'un second reptile vint se présenter à lui, s'agenouillant devant son trône diablement macabre.

- « Mon fils... est-ce que le Falleen et le Wookie ont été tués ? Le Trandoshan à genoux se releva, mais prit garde de toujours contempler le sol avant de recevoir l'autorisation de lever la tête.

- Non, père, pas encore … L'autre siffla de consternation.

- Notre partenaire est entré en contact avec nous avant que tu n'arrive, selon lui, ils auraient déjà dut mourir il y a vingt-quatre heures...

- Ils... ils ont réussis à quitter la crique où nous les avions largués et se sont enfui dans la jungle. Face au sifflement insistant de Sarkyss, l'autre Trandoshan ne se démonta pas. Mais je vais fouiller la jungle, les traquer et te rapporter leurs têtes, je te le jure !

- Il vaudrait mieux pour toi, la réputation de Cypra Mundi tout entière dépend de cette chasse. Sarkyss se pencha en avant en soutenant le haut de son corps avec son avant-bras appuyé sur l'accoudoir de son trône. Notre partenaire pense que le Falleen est assez malin pour nous causer des problèmes. Selon lui, si nous nous en occupions pas très vite, il peut vite comprendre qu'il est tombé dans un piège et ainsi il deviendrait une véritable menace. Il nous faut respecter notre part du contrat et l'éliminer au plus vite ! Grogna-t-il.

- Cela sera fait, sur mon honneur, la grande déesse sera fière de moi ! Déclara l'autre.

- Regarde moi dans les yeux, et avant de le jurer devant la grande déesse, jure-le devant moi... Son intonation se faisait incroyablement perfide et grave. L'autre Trandoshan leva enfin la tête pour planter son regard reptilien dans celui de son géniteur.

- Je le jure, le Falleen et le Wookie seront morts demain à l'aube. »

▪▪▪

Le lendemain matin, il avait été décidé que le Home serait abandonné. Les enfants avaient tant bien que mal réuni leurs maigres affaires personnels, ce qu'ils pouvaient emporter à tout le moins. Pour naviguer plus facilement dans la jungle, Fulgore avait daigné transporter le droïde astro-mécano dans une toile de cuir sur son dos tandis que Mazé avait emporté le peu de matériel de mécanique, de médecine et de défense qu'ils avaient put récolter. Pendant la première heure qui avait suivi l'aube, aucun mot ne fut échangé entre les participants du voyage. L'objectif était de tenter de rejoindre une base abandonnée ayant appartenu jadis aux Trandoshan. Leto s'était demandé aussitôt pourquoi le lieux avait été délaissé puisque les Trandoshan continuaient d'exploiter cette lune pour leur partie de chasse, mais Isan n'avait pas put lui fournir de réponse. D'après l'enfant, les lieux avait été repérés par Neeyu lorsqu'elle avait poussé son exploration de la jungle un peu plus loin que d'habitude. En effet, au fil des cycles et des saisons passées sur Wasskah, les enfants avaient rencontrés des difficultés à se procurer des fruits dans la jungle, devant parfois s'aventurer un peu plus loin que leur rayon d'action habituel pour trouver de nouvelle source de nourriture.

- « Comment vous-êtes vous procuré ces armes ? Demanda Leto en désignant de la tête le lance-grenade que Mazé portait en bandoulière. Isan quant à lui portait un fusil blaster antique mais à la cartouche d'énergie pleine. Je doute qu'un vaisseau civil comme le Home n'en ai eu un jour la possession.

- Bien vu. Il s'agit d'armes qu'on a réussi à voler aux Trandoshan !

- Ça pas été facile, on a failli se faire attraper ce jour là. Mais Beepo nous a sauvé la mise en faisant tout sauter ! Déclara triomphalement Mazé en levant le poing.

- Il a tout fait sauté ? Questionna Leto en tournant un regard interrogateur vers le Wookie.

- Pour faire diversion, bien entendu. Les Trandoshan avaient une plate-forme d'atterrissage mobile un peu plus au Sud-Est d'ici. On a essayé de s'y infiltrer pour emprunter une navette, mais on a été repérés et on s'est fait encercler.

- Pendant un moment, on a bien cru que notre heure était venue ! Ajouta la jeune Cathar.

- Beepo était resté en retrait, et avec son chalumeau, il a réussi à enflammer un baril de carburant pour navette entreposé par les Trandoshan. Ça a déclenché une réaction en chaine d'enfer ! Ça été suffisant pour alerter les Trandoshan avant qu'on ne puisse s'échapper.

- C'était moins une. Depuis, on évite de s'approcher de trop prêt des installations des Trandoshan. Beepo ne sera pas toujours présent pour nous sauver ! »

L'heure suivante, le petit groupe pénétra dans une zone à ciel ouverte au centre de laquelle se tenait une petite étendue d'eau. Un peu plus en amont, une cascade tombait sans grand bruit en contrebas. On aurait dit que tous les arbres, les fleurs et les fougères de la jungle avaient décidés de pousser à son pied. L'eau se déversait à travers les feuilles et les branchages entrelacées dans un bruit d’écoulement constant. Le taux d'humidité était si élevé que la tunique de Leto n'avait pas eu réellement le temps de sécher depuis la veille qu'elle absorbait déjà celle de la fraiche matinée. Il avait décidé d'ignorer ce problème, puisque n'ayant aucune autre solution viable dans l'immédiat. Le groupe entreprit de remplir leur gourde d'eau fraiche, les enfants en premiers s'attardèrent au bord de l'eau. Mais au dernier moment, Leto les en dissuada en désignant le haut de la cascade.

Des cadavres avaient été suspendus par les pieds. Tous humanoïdes. De loin, Leto pensait pouvoir distinguer trois Humains. Un Togruta, reconnaissable grâce à ses lekku qui lui pendaient par dessous les épaules. Peut-être un Zabrak, il n'arrivait pas à déterminer ce qui ornait son crane, si c'était des cornes ou des bris de verre qu'on lui aurait enfoncé dedans. Il ne semblait pas y avoir de femme, que des hommes d'âge mur. Leurs coudes étaient tordus selon un angle étrange car on leur avait lié les mains derrière le dos. Des feuilles agrippantes entouraient leurs chevilles et maintenaient leur tête et leur tronc assez bas pour qu'ils soient à portée de saut d'un fauve. Les oiseaux et insectes s'étaient occupés de ce qui restaient de leurs corps mutilés par les voraces bêtes sauvages des environs, tandis que l'humidité et le temps avaient finit par dévorer la chair pourrie et les entrailles flétries de ces malheureux. Si bien que lorsque le vent soufflait, les cadavres se balançaient au bout de leur cordes végétales et un sang noirâtre et épais ainsi que des morceaux de viande en putréfaction tombaient dans l'eau. Les enfants comprirent qu'il ne valait mieux pas boire de cette eau. Qui sais quelle bactérie pouvait-elle désormais contenir, contaminée par la chair putride de ces cadavres en décomposition.

Leto ressenti les échos de ces meurtres vibrer dans la Force à travers la jungle environnante. L'endroit semblait imprégné de barbarie, il parvenait à humer le sang et la moisissure des muscles en proie aux champignons et au pourrissement. Même si cela semblait faire longtemps que les corps avaient été disposés ainsi, pour respecter un quelconque rituel guerrier et cruel Trandoshan, la malfaisance de ces lieux résidaient encore et piquaient l'âme du Jedi sans cesse depuis son arrivée sur Wasskah.

Ils reprirent la route. Plus loin, les enfants avaient déjà entreprit de gravir une pente boueuse en s'accrochant aux racines et aux branches tandis que les quelques fougères et herbes hautes croisant leur chemin dépassaient leurs genoux. Au sommet de la pente, Leto put discerner un panorama intéressant. À l'Ouest, le paysage se muait en la face rocailleuse d'une montagne au sommet duquel s'échappait d'épais nuages noirs et cendreux, tandis que de l'autre côté de la vallée boisée, il put apercevoir une lignée de tâches sombres dans une clairière. Des herbeux apprivoisables, peut-être ? Selon les informations des enfants, il faudrait longer le pied de la montagne pour pouvoir atteindre plus rapidement l'autre côté de la vallée, là où se situait la base abandonnée où ils espéraient trouver un peu de matériel pour se préparer à affronter les chasseurs. Cela convenait assez peu à Leto car si ce chemin était certes plus court, il était aussi escarpé et à découvert alors que la protection des arbres pouvait s'avérer utile pour se dissimuler. Si le groupe était condamné à déambuler sur le flan rocailleux de la montagne, autant que cela soit facilité le plus possible. Lorsque Leto avait émit l'idée, Mazé avait rétorqué que c'était impossible de se servir d'un animal sauvage pour le monter presque aussitôt l'avoir croisé, et qu'ils perdraient leur temps à essayer. Leto s'était montré convaincant et insistant si bien qu'Isan avait tranché en la faveur du Jedi.

La route ne devint plus qu'une paire de sillons empierrés zigzaguant entre les collines lorsqu'ils quittèrent la forêt en direction de là où ils avaient aperçu le troupeau. Le parfum des fleurs sauvages, la sève des branches cassées par la pluie violente de la veille, les volutes lointaines de soufre descendant des caldeiras de la montagne dans leur dos, toute la nature semblait vouloir prodiguer un peu de son odeur. Le soleil se faisait froid et gris. Mais l'apport de lumière contrastait bien assez pour que Leto s'en rende compte, entre les clairières très parsemées de Wasskah et sa jungle impénétrable. Le mur de jungle n'était vert que de l'extérieur. Entre les feuilles, les troncs, les frondaisons, les fleurs multicolores et les lianes caoutchouteuses, l'ombre était si dense que le cœur de la jungle semblait plongé dans une noirceur permanente. Le bruit du froissement des herbes hautes et des fougères qu'on arrachait à la terre par fourrées entières introduisait la présence de bêtes massives. Au-delà d'une petite colline, le troupeau fit son apparition, calme, ordonné, paisible. Leto constata aussitôt que celles-ci disposaient de trois paires de pattes, comme certaines espèces d'autres planètes telles qu'Onderon ou Dantooine. L'herbeux était une espèce d'animal très rependue dans la galaxie, souvent utilisée comme bête de traie ou comme bétail par des civilisations antérieures à la fondation de la République. La plupart des espèces s'étant bien adaptées à leur déportation inter-système et étant revenus à l'état sauvage après l'invention des machines agricoles, il n'était pas rare de croiser des troupeaux pacifiques d'herbeux là où il y avait de l'herbe et des plantes à mastiquer.

Pour la plupart des espèces, ce paisible herbivore était craintif et peu dangereux, malgré sa taille massive et son aspect impressionnant. C'était un ruminant placide, qui vivait en troupeau plus pour se rassurer que par instinct de famille. Peu protecteur envers les siens, outre sa progéniture lorsqu'elle était encore en bas âge, il était d'ordinaire peu compliqué d'en apprivoiser un. Les herbeux se nourrissaient principalement de plantes de la jungle, en utilisant ses quatre membres antérieurs pour déchiqueter la végétation et avaler sa cueillette, progressant sur ses postérieurs. Chose qu'il faisait très méthodiquement sous les yeux du groupe. C'était un autre des traits de caractère notable de la plupart des herbeux : il se sentait obliger de sans cesse mastiquer la moindre chose comestible qui passait à portée de sa gueule immense probablement pour occuper son esprit suffisamment afin de lui éviter stress et peur. Mais plus que cela, ce qui importait pour Leto c'est qu'ils étaient réputés pour être de commode moyen de transport. Docile, endurant, quoi que un peu lent. Ils pouvaient en effet être équipés d'une selle placée entre les premières épaules, et on pouvait en installer une autre à revers pour un second passager, sanglée légèrement derrière l'épaule médiane. Même si le groupe ne disposait pas d'un tel matériel, la fourrure épaisse de l'herbeux pouvait tenir lieux de rênes et trois enfants comme Isan, Mazé et Neeyu tiendraient sans problème sur le dos de cette bête massive.

Leto s'approcha d'un des herbeux. Il ruminait de façon placide, exprimant un contentement bovin par l’intermédiaire de ses trois yeux qu'il tourna vers le Falleen. Un à la fois. D'abord l’œil gauche, puis le droit et enfin celui qui ornait son front, s'assurant que rien ne le menaçait aux alentours. Ses dents carrées mâchouillaient avec un insistant bruit de salive et de déglutition des kilos d'herbe grasse et fraiche qu'il avait agglutiné dans sa gueule géante. Mazé en frissonna, derrière sa façade de jeune garçon courageux et provocateur, il ne voulait pas s'avouer à lui-même qu'il avait un certain mal à se familiariser avec les animaux. Peut-être depuis ses mauvaises expériences vécues dans la jungle au contact des voraces prédateurs de Wasskah.

- « Il est pas trop tard pour se passer de ces... choses. Dit-il en hésitant. Il ne reçu qu'un léger hochement de tête de la part de Leto en toute réponse. Celui-ci continuait à s'approcher de l'animal.

Son pelage était gris terne, quelques mèches éparses prenaient une teinte noisette. Celui-ci devait mesurer environ six mètres de longueur et paraissait plus fin, à des encablures de ces colosses élégants à la toison luisante que Leto se souvenait avoir vu sur Onderon. Une particularité liée à leur régime alimentaire pensa le Jedi. Une nouvelle plainte, presque inaudible du jeune Twi'lek à la peau bleutée se fit entendre mais Leto n'était désormais plus à son écoute. Il était enveloppé par le mince linceul lumineux de la Force. Il s’avança jusqu'à pouvoir effleurer l'épaule musculeuse de l'herbeux si il tendait le bras. Une inspiration lui donna de l'assurance. La suivante exprima sa nature dans la Force tout autour de lui : la sérénité du Jedi équilibrant des humeurs enfouies, une dévotion à la paix pesant dans la balance face au plaisir coupable de se confondre au cœur des ténèbres, telle la Sentinelle qu'il était. Il n'avait rien à cacher. La lumière, l'obscurité, la pureté et la corruption, l'espoir, la peur, la fierté et l'humilité, il offrit tous ces éléments constituant sa personnalité, avec un sourire non feint et les yeux baissés, les mains écartées devant son torse. Puis il lança des appels dans la Force, comme des ondes, ce que la Force Vivante lui avait appris il y a bien des années de cela. Comme une présentation morale dans la Force, une promesse de venir en ami. Et il obtint une réponse. L'herbeux s'ébroua, et Leto put glisser sa main dans son pelage jusqu'à sentir s’étirer ses muscles sous sa peau dure et épaisse. Le Jedi était satisfait. Il n'avait jamais été un très grand expert pour communiquer avec les bêtes sauvages et les dresser, même en tant que fidèle disciple de la Force Vivante. Et il estimait que débuter ce genre de pratique avec des animaux pacifiques tels que des herbeux n'était pas un si mauvais début.

- Ok, ok, vous avez réussi à vous en approcher... mais ça veut rien dire !

- Essaye de t'en approcher, toi aussi. Si je peux le faire, tout le monde le peut. Répondit calmement Leto.

- Qui me dit que c'est pas une ruse, qu'il ne va pas essayer de me gober tout cru dés que je vais être à portée de sa gueule ?

- Les herbivores ne sont pas capables de raisonner de cette façon, je crois. Dit Neeyu. Leto opina du chef pour lui signifier qu'elle avait raison.

- Oué, eh ben, j'irais pas vérifier, c'est pas que j'ai pas confiance en ton savoir Neeyu hein, mais non ! Leto tendit sa main.

- Je reste prêt de toi, il ne peut rien t'arriver.

- Je... je... Mazé fixait tour à tour le Falleen et l'animal lorsqu'il reçut une petite tape amicale dans le dos de la part de sa camarade Cathar, tandis qu'Isan le bousculait quelque peu pour le forcer à mettre un pied devant l'autre. Leto saisit doucement l'enfant par son avant-bras et le mena au contact de l'herbeux qui ne fit pas mine de s’énerver ou d'exprimer quelconque mécontentement.

- Tu es un jeune Jedi, n'est-ce pas ce que vous m'avez dit hier ? Je croyais que les votre étiez capables de ressentir lorsqu'un être vivant était bon ou mauvais ? Mazé leva rapidement la tête vers son interlocuteur, intrigué. Alors, ne le sens-tu pas ? Cet animal est tout ce qu'il y a de plus pacifique, il ne te fera aucun mal. Mazé retira prestement sa main de la fourrure de l'herbeux et fit quelques pas en arrière.

- Mais au fait, qui êtes-vous au juste ? Il adressait désormais un regard suspicieux à Leto. C'est une chose qu'on aurait dut vous demander depuis le début ! Fit Mazé. Isan se sentit coupable car il savait que c'était bel et bien ce qu'il aurait dut faire avant d'inviter Leto et le Wookie à les suivre : s'assurer de connaître leur identité et la raison de leur présence ici. Parce que je trouve ça un peu louche, vous avez des connaissances pointues en mécanique, vous êtes capable d'approcher une bestiole pareille sans trembler des genoux, vous connaissez les Jedi, ou du moins ce qu'ils sont sensés être capables de faire … Ça fait beaucoup pour une simple proie capturée par une guilde de chasse Trandoshane, non ? Leto ne pouvait nier tout cela. Mais encore une fois, il estima que ce n'était pas tout à fait le bon moment pour révéler son identité. Il n'avait bien entendu rien à craindre des enfants, sa couverture n'avait pas lieux d'être avec eux. Mais il ne voulait pas leur donner de faux espoirs en leur dévoilant son statut de Maître Jedi. Même si il leur disait le contraire, rien ne pourrait les empêcher de croire qu'il était venu pour les sauver. Et si par malheur il ne parvenait pas à s'échapper des griffes des Trandoshan, les enfants vivraient probablement une grande déception avant la mort. Leto tenait à leur éviter ce désagrément. De plus, il ne savait pas réellement le ressentiment des enfants. Il ne voulait pas prendre le risque de s'attirer leur foudre et causer des mésententes entre lui et eux si jamais ils avaient développés une sorte de rancœur envers l'Ordre Jedi qui les avait laissé croupir dans cette jungle infâme durant une année.

- Inutile de vous cacher la vérité plus longtemps. Je suis … il marqua une légère pause, conscient qu'il ne s'était même pas pausé la question de savoir comment il devait nommer sa fonction. Je m'appelle Leto, je suis détective privé, et j'enquête sur la disparition d'une importante personnalité républicaine. Une femme s'est fait enlever récemment, et je sais de source sûre que c'est les Trandoshan qui ont fait le coup. Il se pourrait que celle-ci soit retenue captive sur cette lune, et traité comme une proie de partie de chasse tout comme nous. Mazé jeta une œillade à ses camarades et Isan prit la parole.

- C'est étrange. Je ne suis pas sur que vous soyez sur la bonne piste.

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

- Eh bien, comme vous le savez, cela fait longtemps que nous somme coincés ici. Depuis le temps, nous avons eu de nombreuses occasions d'observer notre environnement. On a put déterminer les mouvements des Trandoshan, leurs habitudes, quand est-ce qu'ils venaient dans les parages pour chasser, c'est comme cela que nous avons réussis à nous cacher aussi longtemps. Nous avons vu de temps à autres de nouvelles victimes être lâchées dans la jungle ou sur la plage, comme vous, mais jamais elles n'ont été capable de survivre suffisamment longtemps pour que nous puissions réellement aller à leur rencontre et nous allier à eux. Les sourcils de Leto s’arcboutèrent. Il avait peur de comprendre où Isan voulait en venir. Et malheureusement pour vous, mais depuis le temps que nous sommes ici, nous n'avons jamais vu de femme être capturée et relâchée dans cette jungle... Isan avait baissé le son de sa voix comme si il avait l'impression de dire quelque chose de blessant ou de très fâcheux.

- Mais peut-être que cela nous a échappé ! Après tout, la jungle est grande, et il est possible que la femme que vous recherchez soit retenue captive sur une autre partie de la planète ? » Rajouta Neeyu en essayant d'y mettre autant d'enthousiasme que possible face à la mine sévère du Jedi.

Leto réfléchit un instant. Se pouvait-il que la femme du Sénateur Zethe ne soit pas sur Wasskah ? À bien y songer, oui, en réalité, et cette éventualité le frappa de plein fouet. Il récapitula rapidement ce qu'il savait. La guilde Cypra Mundi avait en effet revendiqué l'enlèvement, guilde dont il avait rencontré les membres à bord de leur cargo. Évidemment, il aurait été trop facile de savoir dés le début sur quelle planète ou quelle lune la femme du Sénateur était retenue prisonnière. Et connaissant les ressources surprenantes de la guilde et des Trandoshan pour mener leurs affaires, il n'était pas interdit de penser que Wasskah ne soit pas leur unique terrain de chasse. Le doute l'envahi soudainement, son faciès se grisa. L'ambiance avait changé subtilement. Le temps passa et Mazé fit un effort pour accepter d'emprunter un herbeux apprivoiser à la va-vite pour rejoindre plus facilement la base Trandoshane abandonnée. Les trois enfants avaient pris place sur le dos de l'herbeux tandis que Leto et Fulgore bordaient la bête des deux côtés afin qu'il ne dévie pas de sa route.

Sur le chemin du retour vers la forêt, Isan avait avertit Leto qu'il avait aperçut des canonnière loin à l'horizon. Le Falleen ressenti qu'il était inquiet. Dans la Force, une tension glacée émanait de sa personne. Et elle commençait à contaminer ses jeunes compagnons. Les patrouilles aériennes les avaient poursuivis de près tout au long de la matinée sans même qu'ils ne s'en rendent compte. Elles avaient décrit des itinéraires en spirale, entrecoupées régulièrement de vecteurs en ligne droite. Le schéma de vol typique de la recherche intensifiée. On pouvait aisément supposer qu'elles ne recherchaient rien d'autre que les deux proies de luxe capturées la veille : le Falleen et le Wookie. Leto ignorait qu'elle importance pouvaient avoir les enfants pour les Trandoshan, mais cela lui importait peu dans la mesure où ils seraient en danger dès lors que les Trandoshan allaient le poursuivre. Ils étaient tous trop exposés dans la clairière aux herbeux, si bien que le groupe se hâta de rejoindre la jungle. À mesure qu'ils s'enfonçaient de nouveau sous la voute naturelle des lianes et branchages emberlificotées entre eux, Leto ne ressentait pas plus d'assurance, paradoxalement. Il entendait de plus en plus les grondements des canonnière se rapprochant. Les engins tournaient autour de la jungle comme des vautours, à l'affut des proies qui finiraient par être obligées de se mettre à découvert. Les arbres résonnaient des ronronnements de leurs puissants répulseurs ou de leurs moteurs subluminiques encrassés et polluants. Par moment, les ronronnements se changeait en rugissements, au gré de leurs passages et de leurs changements brutaux de formation dans le ciel, invisibles au-dessus de la voute forestière. Puis des flammes vinrent s'abattre ci et là sur la cime des arbres, lancées au hasard en espérant pouvoir faucher et carboniser les proies au petit bonheur la chance. Cela créait des poches de lumière crue et orangée dans la pénombre des sous-bois, dessinant des fantômes auréolés de noir au milieux de la verdure. Mais Leto pensait que les Trandoshan faisaient cela sans être tout à fait sûr de la position de leurs cibles. C'était du harcèlement, pour forcer la proie à sortir de son terrier. Riposter ne ferait que leur indiquer plus précisément leur emplacement.

Dans la jungle de Wasskah, il existait de nombreux gros prédateurs. Une demi-douzaine d'espèces distinctes de fauves des lianes, une variante de Dinko dont les origines devaient probablement se trouver sur la planète Proxima Dibal, des loups et des créatures dérivées de lézard en tout genre. Sans compter les créatures opportunistes comme les charognards et les parasites vivant sous la terre et la roche. Inutile de préciser que pour ces derniers, ils se fichaient de savoir si la nourriture qu'ils consommaient était déjà morte ou non. Si par chance vous réussissiez à faire la liste de toutes les créatures féroces vivant sur la lune, il vous restez tout de même à découvrir les autres que les Trandoshan avaient tentés d'introduire dans ce milieux déjà hostile pour un tas de raisons, comme les Massiff de Géonosis dont les chasseurs se servaient pour garder leurs campements. Mais Leto et son groupe ne croisa aucune de ces créatures pendant prêt de deux heures à déambuler dans la jungle. Car ils savaient tous qu'une autre créature bien plus redoutable qu'eux tous se rapprochaient doucement mais sûrement : les engins de guerre Trandoshan, ravageant les forêts, mettant à feu le sol, écrasant les montagnes et réduisant en cendre les plaines.

Le groupe parvint jusqu'à une éclaircie qu'il hésita à franchir de crainte d'être de nouveau à découvert. Soudain, dépassant des cimes des arbres, un grondement précéda l'apparition d'une canonnière toutes armes dehors, celle-ci passa au dessus de leurs têtes en secouant la végétation alentour. Suivie d'un second engin qui sembla passer d'avantage encore en rase motte. Leto et Fulgore s'était acrouppi tandis que l'herbeux s'était immobilisé, ses trois yeux cherchant frénétiquement la source de ce capharnaüm. Quelques secondes passa lorsque Leto prit prudemment la parole :

- « Il ne nous ont pas vu, continuons. Mais les enfants ne firent pas bouger l'herbeux. Leto s'approcha et s'apprêta à lui administrer une tape sur le flanc pour le forcer à réagir lorsque Isan leva la main vers lui. Leto s'arrêta net.

- À couvert, vite ! Cria alors Mazé, en première position.

- Nous sommes repérés !

- Comment le sais-tu ?

- Parce que au dessus de la jungle, les canonnières se déplacent toujours par trois ... »

Le dernier mot de l'avertissement d'Isan fut engloutit dans les hurlements des moteurs à répulsion d'un dernier engin qui venait de se stabiliser juste au-dessus d'eux. Deux canons lancèrent aussitôt leurs rayons mortels ce qui déchiqueta les arbres à proximité. L'herbeux, de frayeur, poussa un barrissement assourdissant et se lança en avant, ruant et se cabrant. Mazé poussa un chapelet de jurons allant contre l'animal tandis que Isan et Neeyu nouaient leurs doigts au travers de son pelage pour ne pas lâcher prise. Percutant un tronc à moitié abattu au sol, l'herbeux fit basculer les trois enfants tandis que la canonnière avait pivoté et déversa un flot de flamme en leur direction. Leto se surpris à hurler un « non ! » mêlant horreur et désespoir tandis que les enfants eurent le temps de se glisser sous le ventre de l'animal, faisant office de bouclier de misère de son propre corps. Les insultes colériques de Mazé s'étranglèrent dans une quinte de toux causé par la fumée des feuilles et de la laine de l'herbeux qui commençaient à brûler , résidu de feu pétrochimique. La canonnière exécuta un virage quelques mètres plus loin pour effectuer une seconde salve. Les flammes vinrent cette fois-ci lécher le sommet du crâne de l'animal qui se cabra de plus belle, se débattant, sa chair prenant horriblement feu. Il martela le sol de boue et de racines et courut à travers les arbres pour s'écraser contre un gros rocher, tandis que la moitié de son pelage se transformait en flammèches incandescentes. Leto savait qu'il ne pourrait se servir de la Force pour l'aider à s’éteindre, mettre les enfants à l'abri et lutter contre la canonnière en même temps. L'herbeux était condamné à brûler vif...

Le canon de poupe de l'engin tonna, réduisant en amas d'échardes fumantes quelques arbres alentours et finit par dégager la zone avec une vitesse et une fureur saisissante. Si bien que très vite, les zones où se mettre à couvert se faisaient de plus en plus rares. Mazé était si occupé à entrainer ses camarades d'une cachette à une autre qu'il en oublier de proférer ses injures. Leto et Fulgore aussi tentaient de se dissimuler, le Falleen réfléchit un instant et se dit qu'il serait judicieux de prendre possession de la grenade à main que Mazé cachait dans sa poche. Même si il aurait préféré bénéficier de la force de lancer et de la précision de son lance-grenade, un tel type de grenade n'était pas compatible avec son armement. Il lui faudrait donc la lancer comme un bon vieux soldat, à la force de ses bras. Mais de nouveaux impacts de canon blaster fit exploser les environs, propulsant les trois enfants à plusieurs mètres. Il sentit dans la Force qu'Isan et Neeyu allaient perdre connaissance. Il leva les mains en se laissant engloutir par la Force et put modifier leur angle de chute grâce à la télékinésie pour les faire retomber en douceur. Le Wookie s’élança alors vers eux, s'empara sur chacune de ses épaules du jeune Humain et de la petite Cathar et les mena au creux d'une anfractuosité rocheuse, un peu plus loin.

De son côté, Leto combla la distance qui le séparait du Twi'lek en un bond, catapulté par la Force. Mais le jeune garçon était trop occupé à retrouver ses esprits et à essayer de déterminer quel serait le mouvement prochain de la canonnière pour se rendre compte que le Falleen avait comme qui dirait parcouru plus de dix mètres en un seul saut. Aussitôt, Leto s'empara de la petite sphère métallique à crochet que Mazé avait rangé dans sa poche de pantalon.

- « Vous êtes dingue ou quoi ? Demanda-t-il d'une voix pâteuse.
Ce genre de truc est inutile avec mon lance-grenade !

- Je le sais. Répondu Leto, sa voix à peine audible dans le grondement des moteurs de la canonnière. Mazé le vit observer les cieux comme si il osait calculer de tête, uniquement à l'aide de ses yeux et de son intuition quelconque mesure ou angle de jet pour envoyer la grenade au bon endroit.

- Ça ne servira à rien ! Vous allez manquer votre cible, et de toute façon, cette grenade n'est pas assez puissante pour causer de réel dégât au blindage de leur canonnière ! Mais Leto semblait déterminé. Face à la concentration du Jedi, l'enfant se renfrogna et maugréa. Tachez de ne pas gâcher ce coup, c'est notre dernière arme ... 

- Sois prêt à courir dans la jungle aussi vite que tu le pourra, à mon signal... »

La canonnière passa à nouveau au dessus d'eux. Profitant de la fraction de seconde au cours de laquelle Leto se savait dans l'angle mort de l'engin, il se leva et lança sa grenade de nytinite. Celle-ci s'envola et décrivit une longue parabole. Dans la Force, il perçut sa trajectoire. Le projectile dépassa la canonnière. Une poussée subtile suffit à la dévier pour qu'elle se trouve directement dans l'axe du turboréacteur tribord de l'appareil. Elle fut promptement aspirée comme un insecte par la gueule d'un Gungan affamé.
Le métal hurla. Les grenades de nytinite n'explosaient pas à proprement parler, il s'agissait de petites bonbonnes d'un gaz toxique utilisé lorsque suffisamment dilué pour disperser les émeutes. À dose hautement concentrée, ce gaz pouvait avoir des effets mortels, en particuliers sur certaine races au système respiratoire sensible. Mais le fait que dans ce cas précis il ne s'agisse pas d'une grenade n'avait guère d'importance. Bien que Leto eut préféré pouvoir se servir d'une grenade à proton, bien plus destructrice, ou à tout le moins une grenade à ion afin de court-circuiter les ordinateurs de bord de l'engin. En revanche, ce qui avait de l'importance, c'est qu'une boule de duracier d'environ un demi kilo venait d'être engloutie par la turbine d'un propulseur tournant à grande vitesse. La réaction ne se fit pas attendre.
Une fumée violette s'échappa de la tuyère, bientôt suivi par des morceaux de pales de la turbine, chauffés à blanc. D'autre pièces métalliques surchauffés transpercèrent le carénage du moteur et l'ensemble vola en éclat. La canonnière fit brusquement une embardée, son flanc fut d'abord chatouillé par la cime des arbres avant de s'empaler sur les troncs les plus haut et de s'écrouler au milieux de la jungle. Une explosion se fit entendre et un tremblement se fit sentir, signes indubitables que l'engin s'était écrasé dans la forêt.

Leto poussa Mazé dans le dos pour lui faire comprendre qu'il était désormais temps de battre en retraite...
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