Saï Don
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La salle d’attente où l’on entassait, non sans rafraîchissements et fauteuils confortables, les candidats à une rencontre avec le Chancelier Suprême de la République Galactique n’avait guère changé au fil des années. Assis sur un velours d’un bordeaux satiné qui tranchait avec la simplicité de sa bure, le vieil homme contemplait pensivement les tentures et œuvres d’art immortalisant les grands dirigeants du gouvernement. Il avait hésité à amener Yun avec lui. Le jeune homme obéissait sans rechigner aux tâches qui lui incombaient, et l’aurait certainement suivi sans hésiter jusque dans le bureau de la Chancellerie, quand bien même la politique n’était pas son centre d’intérêt. Mais Maître Don voulait aussi que le jeune Epicanthix développât aussi sa propre vie, ses propres découvertes personnelles, ses propres relations. Et pour cela, il avait besoin de temps libre. Qui plus est, il ne savait pas très bien quelle forme allait prendre son entrevue avec Alyria. Il ne souhaitait pas que celle-ci fût gênée par la présence d’un inconnu lors d’une conversation somme toute relativement importante. Yun était donc resté au Temple, avec la consigne bien simple d’occuper son temps comme bon lui semblait le temps que son maître portât un message à la Chancelière.

Sans surprise, cette dernière était bien occupée. Elle avait toutefois accepté de lui donner un rendez-vous, que le vieil homme tâcherait de rendre le plus fructueux possible. Ils auraient pu échanger directement par holo, mais puisqu’il était présent sur Coruscant afin de gérer la petite problématique que représentait le cadavre du vice-chancelier dissimulé dans leur placard – littéralement – il avait préféré la rencontrer en tête à tête. Ce serait également l’occasion, bien sûr, de vérifier la santé mentale de la pauvre bête Jedi qui s’était retrouvée au milieu des tempêtes médiatiques et politiques de ces derniers mois. Le vieil homme n’enviait guère sa position.

- Monsieur le Maître Jedi Saï Don, je vous prie.


Le vieillard se leva en silence après avoir opiné du chef. L’appel provenait d’un droïde de protocole à la voix étonnamment feutrée qui semblait protéger l’atmosphère de sérénité qui régnait dans la pièce. Sérénité toute superficielle, au vu du stress qui transpirait de la plupart des personnes en attente de leur rendez-vous. Les grands titres fournissaient toujours aux imaginations de quoi alimenter l’angoisse des diplomates…

La démarche mécanique du droïde l’accompagna pendant quelques minutes. Il passa devant une garde – probablement inutile, au vu des capacités de la Chancelière actuelle pour se défendre – et enfin il franchit l’encadrement d’une large porte coulissante, qui se referma en silence derrière lui.

Le bureau de la Chancelière était spacieux, et lui non plus n’avait guère beaucoup évolué depuis la présence d’Halussius Arnor, du temps où il lui avait rendu visite. Le vieil homme s’y sentit relativement à l’aise, aussi entreprit-il d’avancer dès que le droïde avait annoncé sa présence avant de disparaître derrière lui.

Tout en marchant, il se demandait exactement comme il allait tourner la conversation. Il n’y avait guère beaucoup réfléchi, tant il avait été occupé ces dernières semaines. Mais les idées avaient germées progressivement dans son inconscient à mesure qu’il était informé des différents agissements de la République et des crises surprenantes qu’elle traversait. Pendant ce temps, l’Empire s’était enfin montré beaucoup moins calme que ce à quoi il s’était astreint ces dernières années, ce qui le soulageait presque quant à la marche à suivre. Mais plus les semaines filaient, plus l’Impératrice prenait ses aises dans la galaxie. Comment avaient-ils pu laisser faire une chose pareille ? Le temps était passé si vite…

Dès lors qu’il aperçut Alyria, le vieil homme lui adressa un sourire confiant. S’il y avait bien une chose qui le rassurait, c’était de savoir que c’était ce genre de cerveau qui dirigeait actuellement la République. Il ne connaissait véritablement aucun autre membre du gouvernement : Leto Vorkosigan était un être sensé et plein de ressources, mais qu’il ne connaissait pas personnellement. Il y avait également la Reine Kira, mais ses relations avec le Temple Jedi avaient toujours été difficiles, aussi n’avait-il jamais pu identifier réellement les intérêts de celle-ci dans le gouvernement. Quant aux autres… Des noms martelés dans les médias, c’était tout.

- Maître Von, c’est un plaisir de constater que vous vous êtes sortie de votre périlleuse intervention sur Aargau ! la salua-t-il avec chaleur tandis qu’il s’approchait de son bureau.

Il lui tendit une main pour serrer la sienne.
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« Votre Majesté, je suis enchantée de savoir que l’installation des réfugiés de Dubrillion se passe bien et que vos rapports avec le roi Arak II sont aussi fructueux que possible. Ci-joint la signature des autorisations de passage et de construction, avec le déblocage des fonds d’urgence promis.

Transmettez mes salutations et mes respects à son Altesse royale de Dubrillion et recevez les miennes,

La Chancelière Suprême, Alyria Von. »


Avec un soupir, la maîtresse d’armes signa la communication et l’envoya au Secrétariat de la Chancellerie pour que ce dernier soit relu et dûment envoyé. Accueillir des réfugiés n’était pas une mince affaire, même si cette fois-ci, la relocalisation s’était faite à peu près correctement. En effet, l’avantage de déplacer une population vers une planète agricole et semblable à son foyer d’origine était évident : il y avait de la place et la concurrence, donc l’hostilité, serait moindre avec les locaux. Pour le reste, il faudrait du temps, et le concours des autorités nubites, même si la parenté entre la reine actuelle de Naboo et la famille royale de Dubrillion aidait considérablement à la facilitation des échanges. Il y avait quelque avantage au système de reproduction des aristocrates de cette galaxie, les mariages se faisant parfois à une échelle supérieure à celle d’une simple planète.

Avec un manque d’entrain évident mais un sens du devoir sans faille, la trentenaire passa au dossier suivant qu’elle devait examiner, et parcourut donc les lignes devant elle, ses yeux la picotant douloureusement. Elle devait avancer au maximum avant ses rendez-vous de la soirée, son emploi du temps dantesque l’obligeant à séquencer au mieux les activités : les matinées pour l’étude des affaires, les signatures et éventuellement les conseils des ministres, la soirée pour recevoir ceux demandant audience, et ils étaient, pour son plus grand malheur, nombreux.
Du reste, la première de ces audiences, aujourd’hui, avait de quoi l’intriguer. Ce n’était pas tous les jours que le grand maître de l’Ordre se déplaçait sur Coruscant pour parler au chef de l’Etat républicain. Dire que les occurrences d’une telle démarche étaient rares relevaient de l’euphémisme, et ce, même si l’actuelle dirigeante appartenait aux jedis. Sans doute qu’après Aargau, Dubrillion et Kashyyk, une telle rencontre était normale, mais Alyria ne pouvait s’empêcher de se demander ce que le vieil homme attendait d’une telle réunion en tête à tête.

D’une certaine façon, il était ironique de penser que quelques décennies auparavant, elle était l’élève de celui à qui elle accordait une audience à présent. Le retournement des rôles avait de quoi la mettre mal à l’aise : face au vieillard qui approchait des quatre-vingt-dix ans, elle n’était qu’une enfant commençant son immersion dans le grand monde, une débutante qui avait encore beaucoup à apprendre. Et pourtant, en terme procolaire, elle était désormais son égale… Voire plus. C’était déconcertant, et la trentenaire avait du mal à s’habituer à cet état de fait. Sans doute qu’elle n’y arriverait jamais totalement.

Mais déjà les heures filaient, et avec un nouveau soupir, elle referma son dossier avant de tirer machinalement sur les longues manches protégeant les bandages sur ses bras brûlés, alors qu’elle tapotait sur l’intercom pour signifier à Tel’Kar de faire entrer Maître Don. Une fois le message transmis, elle se cala dans son fauteuil et ferma les yeux, s’offrant une toute petite pause méditative le temps que son invité un peu particulier n’arrive.

Quand elle le vit entrer, paraissant aussi sémillant que d’habitude malgré son grand âge, Alyria se surprit à penser que celui qui semblait le plus vieux des deux n’était peut-être pas celui qu’on croyait. Le sourire confiant qu’il lui adressa, de même que ses paroles de félicitations, achevèrent de la décontenancer. Assurément, ils n’avaient pas la même définition d’une réussite.

Avançant sa main valide, elle serra celle du viel homme, avant de répondre :

« Périlleuse est le mot qui convient en effet. Bien que j’eus préféré que ce ne soit pas le cas. »

Sa santé aussi d’ailleurs, merci pour elle.

« Enfin, je suis heureuse de constater que vous vous portez toujours aussi bien, Maître Don. »

Du moins, c’était l’impression qu’il lui donnait. L’invitant d’un geste, elle poursuivit :

« Je vous en prie, asseyez-vous. »

Et elle le laissa prendre place en face d’elle tandis qu’elle reprenait sa position précédente sur le siège du chancelier.

« Vous désirez quelque chose à boire ? J’ai reçu un thé d’Alpheridies tout à fait excellent. »

Au moins, elle n’avait pas besoin de sortir une bouteille d’alcool et d’expliquer qu’elle préférait éviter d’en boire en raison de son entraînement drastique avec un tel interlocuteur. Et autant se mettre à l’aise, pour une fois. Ils étaient entre jedis, entre maîtres jedis. Elle-même se servit une tasse, puis reposa la théière finement ouvragée sur un chariot, et finit par entre au cœur du sujet :

« Que puis-je faire pour vous, Maître Don ? Je me doute que vous n’êtes pas venu ici uniquement pour échanger des salutations. »
Saï Don
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- Avec plaisir, merci.

Le vieil homme entreprit de se servir à son tour avant de s’installer dans le fauteuil le plus proche. La Chancelière, sans surprise, n’avait que peu de temps à perdre à ses côtés, en témoignait son ardeur à entrer dans le vif du sujet. Maître Don lui en savait toutefois gré, car il n’aimait pas plus que cela tourner autour du pot et que ses propres occupations l’attendaient, lui aussi.

Il nota toutefois plus que de l’empressement : Maître Von avait les traits tirés par la fatigue, et son accueil évoquant déjà des regrets présageait d’une humeur relativement morne. Il savait la position difficile dans laquelle elle se trouvait, bien sûr. A sa place, le Chevalier Arnor avait lui aussi durement accusé le coup, à tel point qu’il avait écrit au vieil homme pour que celui-ci l’aidât à se guider sur les voies lumineuses de la Force, car il semblait craindre de sombrer définitivement dans l’ombre. Il s’en était finalement sorti, malgré les vives critiques qui lui avaient été adressées, mais certainement pas indemne. Cela, néanmoins, renforçait Maître Don dans certaines de ses convictions : les Jedi pouvaient être des diplomates, non des politiciens. Ils pouvaient œuvrer pour un équilibre, non être le pivot d’une balance aux forces inimaginables, au risque de se briser.

Le thé fumait dans la tasse élégante, et le vieil homme l’entourait de ses deux mains, ses doigts se réchauffant à cet agréable contact. L’odeur était douce et agréable sans être entêtante, et Maître Don prit quelques secondes pour savourer ce petit plaisir anodin. Puis, soudain, il releva ses yeux azur vers la Chancelière, scrutant ceux, profonds, de son interlocutrice.

- Je ne vous prendrai guère de temps,
commença-t-il tout en réfléchissant à la manière d’être le plus concis possible sans faire preuve d’une quelconque brutalité. Le Conseil, ces derniers jours, a dû aborder des questions délicates. Tout comme votre gouvernement, j’imagine, nous essayons de nous projeter dans le futur, et d’estimer les possibles voies de sortie pour cette galaxie qui connaît depuis quelques années des crises sans précédent.

Inutile de faire un dessin à la Chancelière. Elle était plus que lui encore plongée dans ces problématiques infernales.

- Or, afin d’établir les prochaines orientations de l’Ordre, il nous semble judicieux de les coordonner avec le gouvernement républicain de la manière la plus favorable possible.

Jusque-là, il n’y aurait certainement pas de problème. C’était plutôt dans la suite qu’il craignait de froisser la Chancelière. Pourtant, quelqu’un devait bien l’informer de leurs remous internes avant qu’elle ne l’apprenne à ses dépens ou de la bouche de quelqu’un qui pourrait déformer leurs propos.

- La question de notre présence sur la scène politique a été plusieurs fois évoquée, et nous avons des difficultés à sortir du débat de manière fructueuse. Je pense que vous pourriez nous apporter un éclairage important, des arguments nouveaux dans un sens ou dans un autre. J’ai donc pris sur moi de vous rencontrer en personne pour recueillir… Votre opinion.

Il était tout de même rare que le Conseil se tournât vers l’extérieur pour recevoir des conseils. Pourtant, le vieil homme n’avait pas honte de se considérer, ainsi que l’ensemble des Jedi, comme des êtres à la connaissance imparfaite. C’était le partage des connaissances, des expertises, des expériences qui leur permettait d’agir, globalement, de manière sensée, comme un être gigantesque aux cerveaux multiples. La raison pour laquelle il était venu seul, c’était également pour ne pas inclure Alyria directement au centre du débat du Conseil, ce qui pourrait la déstabiliser si elle ne se sentait plus soutenue pleinement par son Ordre. En outre, il ne souhaitait pas qu’elle soit prise à parti alors que plus que jamais, l’union des Jedi face aux Sith ne devait être remise en question.

Le vieil homme avala une gorgée de thé avant de se pencher en avant sur son fauteuil, posant les coudes sur ses genoux.

- Voici quelle est notre problématique : lors des élections de la Chancellerie, vous le savez, l’Ordre a tenu, comme toujours, à rester à l’écart de la politique, et a demandé à ce qu’aucun Jedi ne prenne parti. Comme vous le savez également, certaines personnes se sont malgré tout, certes de manière isolée, positionnées en faveur d’un camp ou d’un autre. Lorsque le Chancelier Scalia a été élu, enfin, deux Jedi ont pris position dans le gouvernement.

Il ne lui apprenait rien, c’était ainsi qu’elle avait accédé à son poste de Chancelière.

- Vous avez ensuite accédé à ce poste pour sauver les meubles, je le sais bien, et de façon temporaire. Toutefois, les rumeurs sont allées bon train quant à notre positionnement en faveur de quelques représentants politiques, quand bien même il n’en a jamais été question.

Certaines personnes avaient émis la possibilité que les Jedi nommés au gouvernement avaient peut-être soutenu Scalia avant son élection, offrant des postes pour être élu. Bien sûr, le vieil homme considérait qu’il ne s’agissait que de racontars. Il avait confiance en les Maîtres de son ordre. Toutefois, ces rumeurs étaient symptomatiques d’un mélange trop important entre politique et Jedi à son goût. Et c’était là-dessus qu’ils ne s’entendaient plus vraiment au Conseil : comment savoir jusqu’où les Jedi pouvaient prendre le pouvoir, et quand exactement devaient-ils le rendre ? Bien sûr, aucun des Maîtres siégeant dans l’organe décisionnel de l’Ordre n’avait la même opinion que son voisin.

- Par conséquent, il nous semble nécessaire de nous re-positionner face au Sénat. Et rapidement, si vous voulez mon avis. Si quelque chose devait de nouveau déraper, vous savez que nous serions très vite accusés soit d’ingérence, soit d'incompétence… Probablement des deux, d'ailleurs. Bref, l’Ordre tient sa légitimité dans cette galaxie grâce à une neutralité qui nous permettrait une certaine objectivité. En faisant parti du gouvernement de manière trop prolongée, nous perdons cette neutralité. Or, la confiance des populations ne se retrouvera pas si aisément, si nous la perdons.

Il n’était bien sûr pas question de dire à la République de se débrouiller toute seule. Les Jedi avaient toujours été au plus près du terrain pour protéger les citoyens républicains. Toutefois, ceux-ci devaient rester maîtres de leur destin, et donc de leurs élections. Non que les Jedi s’y opposassent, mais il ne fallait pas même qu’on les en soupçonnât.

Le vieil homme eut un bref soupir. Il espérait que Maître Von ne prendrait pas mal le fait de se voir demander de rendre le pouvoir au plus tôt. Ce n’était pas une décision du Conseil, pas même un ordre de Maître Don, seulement son opinion. Mais une opinion qui pesait lourdement, il le savait. D’où leur discussion privée, et non une sentence prononcée ouvertement.

- Vous avez fait du très bon travail au Sénat, je le pense sincèrement, ajouta-t-il, réellement désolé pour elle. Du si bon travail que certains, même au Conseil, souhaiteraient vous voir rester à cette place quelques années. Mais je pense qu’une telle situation était le fait de l’urgence. Elle ne me semble bonne, à long terme, ni pour l’Ordre, ni pour la République… ni pour vous, Alyria.

Il ne fit pas allusion à sa santé, retenant là ses propos. L’état physique de la Chancelière était une chose personnelle, avec laquelle il n’avait pas à interférer. En excellente bretteuse qu’elle était, elle savait tout aussi bien que lui qu’une bonne santé était la condition sine qua non d’un travail efficace.

- Ma question est donc la suivante : qu'envisagez-vous pour votre propre position, et pensez-vous que l’Ordre puisse envisager un retrait progressif du pouvoir Jedi au sein du gouvernement ?

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Ainsi donc était venu le moment où, fidèle à ses habitudes, le Conseil jedi cherchait encore et toujours à se retirer des affaires quand elles devenaient trop brûlantes. Passé l’élan de soutien dû aux circonstances exceptionnelles d’Aargau, crise résultant des actions d’un sith, tout de même, et ancien jedi, ce dernier semblait désireux d’éviter de se mêler davantage de la politique galactique, quand bien même son implication était en réalité connue de tous, et l’oublier aurait été d’une hypocrisie sans non.

Pour quiconque savait lire entre les lignes et était au fait des déchirements que pouvaient receler une décision collégiale, le discours tenu par Maître Don était relativement limpide. Or, à force d’être aux prises avec des négociateurs de tout poil, Alyria commençait à savoir précisément où ses interlocuteurs désiraient en venir, du moins dans les grandes lignes, et de voir d’éventuelles motivations sous-jacentes. Surtout, elle avait appris à ses dépens que les ambitions contradictoires se trouvaient dans les endroits les plus surprenants, là où chacun pouvait se croire à l’abri de ces dernières justement, par un octroi de confiance finalement mal placé.

L’unanimité du Conseil avait été trop belle pour être vraie. Déjà, elle avait bien senti une gêne désagréable quand Gabriel était venu lui parler, ce fameux soir où tout avait basculé. La maîtresse d’armes n’avait pas manqué de s’étonner de son absence de participation aux délibérations entre maîtres qui avaient suivi, même si elle subodorait que sa cause était la même que celle du sentiment de malaise qu’elle avait ressenti en s’entretenant avec lui. La question était de savoir quand précisément ce dernier réapparaîtrait. Apparemment, la réponse se trouvait devant ses yeux.

Un bref instant, le gout âcre de l’amertume envahit sa bouche, et elle le cacha en sirotant sa tasse de thé, s’imprégnant du parfum délicat de fleurs séchés et d’épices douces pour dissiper sa contrariété, et éclairer son esprit traversé par de noires pensées. Oui, elle devait d’abord mettre de l’ordre dans ses pensées, les confronter à ce qu’elle venait d’entendre, puis hiérarchiser ses intérêts afin de fournir la meilleure réponse possible.

La demi-echanie avait toujours été partisane d’un rapprochement et d’une entraide avec la République, arguant qu’une isolation complète était ce qui avait conduit de trop nombreuses fois l’Ordre à la ruine. Alors maintenant qu’un Empire sith menaçait, soit un ensemble avec des ressources beaucoup plus nombreuses que celle de sa confrérie et que les discours menaçants envers l’alliance des deux entités se faisaient à nouveau entendre, elle estimait qu’il était temps d’arrêter de se voiler la face et d’éviter des mesures drastiques qui se révèleraient contre-productive avec tout le travail accompli par les jedis ayant œuvré pour une coopération complète, dont les fruits avaient été pleinement démontré par les succès d’Aargau et de Kashyyk. Surtout, en ayant l’occasion de discuter avec des maîtres, certains politiciens avaient révisé leur jugement sur ces derniers, comme par exemple Thaddeus Kagan, le sénateur d’Artorias qui avait abandonné la ligne originelle de Valérion Scalia pour prendre la tête des anciens partisans d’Halussius Arnor, dans un revirement aussi soudain qu’intéressant.

Pour autant, cette façon de voir les développements des derniers mois ne l’empêchait aucunement d’avoir une vision tout autre de son propre destin. La collaboration devait se poursuivre, mais elle n’y prendrait pas part. Du moins, pas avant très longtemps. Arrivée trop haut, trop vite, Alyria savait parfaitement que l’accession à la Chancellerie représentait une marche qui ne devrait jamais être égalée. Elle l’avait tenue par devoir, et le ferait aussi longtemps que nécessaire, mais une fois ce temps révolu, elle partirait. Elle l’avait dit très clairement dans son allocution post-Aargau, et n’avait pas changé d’avis. L’équilibre politique exigeait qu’elle se retire, ainsi que sa santé mentale. Ce qui ne voulait pas forcément dire que tous devaient partir. D’abord, parce qu’elle ne parlerait pas au nom d’autres individus qu’elle-même. Ensuite, parce qu’elle jugerait cela infiniment regrettable.

Avec un sourire serein, la trentenaire reposa sa tasse devant elle, puis se resservit un peu du breuvage à l’arôme apaisant. D’un geste aérien, elle reposa la lourde théière sur son socle en émail, puis se décida à répondre, en commençant par le plus pressant, le plus évident, ce qui se passait finalement complètement de commentaires, et à propos duquel elle pouvait donner son avis tout son soûl : elle-même.

« En ce qui concerne mon avenir immédiat… Je n’ai pas dévié de ce que j’ai dit aux maîtres le soir de l’assassinat du Chancelier Scalia ou de ce que j’ai annoncé après la résolution des événements d’Aargau : une fois la République stabilisée, dotée d’organes représentatifs fonctionnels, je démissionnerais, et le cours normal des choses pourra reprendre, après ce qui ne sera finalement qu’une infime parenthèse dans le temps long de son histoire. »

Une parenthèse, voilà ce qu’elle était. Bien sûr, pour le moment, l’actualité faisait qu’elle était au centre des discussions… Mais dans mille ans, qui se souviendrait qu’une jedi inconnue avait occupé ce fauteuil dans un intérim qui tenait lieu de la farce tragi-comique ? Quelques vieux archivistes et férus d’histoire, guère plus. Comprendre que l’on n’était qu’un grain de sable dans la vertigineuse machine du temps avait tendance à rendre humble, et à considérer avec plus de philosophie les affres du présent. C’était cette réalisation qui l’avait amené à ne plus s’intéresser aux critiques et autres vicissitudes à venir : ce n’était, somme toute, que des paroles et écrits volants au vent de l’ennui des foules et qui s’éparpilleraient dans l’oubli.

« Ce temps approche, je ne vous le cache pas. Si je ne suis pas partie immédiatement après la résolution de la crise d’Aargau, c’est pour une raison simple : en révisant la Constitution, le précédent Chancelier n’avait manifestement pas pensé que, malheureusement, certains chefs d’Etat ne pouvaient réussir à mener à terme leur mandat.

En clair, il n’y a pas moyen légalement d’organiser des élections. Le seul moyen de passer le pouvoir est de démissionner en faveur d’une personne tierce nommée préalablement Vice-Chancelier qui accomplira l’intégralité du temps restant du mandat encore en cours. »


L’explication était technique, mais nécessaire, car elle expliquait la situation ubuesque dans laquelle Alyria s’était retrouvée au lendemain de l’assassinat de l’artorien. Il y avait encore trois années de mandat à faire, ce qui signifiait que la République serait gouvernée par un Chancelier sans aucune limité autre qu’institutionnelle pendant une période longue, et troublée. Certes, elle aurait très bien pu partir du principe que cela ne la concernait pas. Que la République n’avait qu’à se débrouiller avec ses propres problèmes. Sauf que cette Constitution, elle l’avait approuvée comme ministre, sans voir l’erreur. C’était à elle de la réparer, d’endosser le fardeau du procès en illégitime pour offrir un gouvernement enfin stable à cet Etat multimillénaire.

« J’en ai discuté avec Alan Bresancion, juste après les révélations de Lord Janos. Nous en sommes arrivés à la seule conclusion qui s’imposait : plutôt que risquer une nouvelle période de trouble qui durerait trois ans autour d’une nouvelle tête qui n’aurait même plus un semblant d’Union sacrée pour la soutenir, il fallait proposer une révision de la Constitution permettant l’organisation rapide d’élections. Ainsi, la République repartirait de l’avant, avec un Chancelier pleinement légitime, doté d’une majorité solide lui permettant d’agir selon ses vœux…

Je ne cache qu’il aurait été plus simple que Monsieur Bresancion soit doté d’un peu plus d’ambition et accepte sans sourciller trois ans de pouvoir exécutif. Malheureusement, ce n’était pas le cas. »


Un mince sourire en coin éclaira son visage, et elle plaisanta l’espace d’un bref instant :

« Il a fallu que je nomme le seul politicien soucieux du bien commun à la place de Vice-Chancelier. Quelle malchance ! »

Au milieu de cette discussion difficile, technique, aux non-dits persistants, alléger l’atmosphère ainsi lui apparaissait presque vital. Cependant, elle reprit bien rapidement son sérieux pour continuer ses explications :

« Je pensais sincèrement que ce ne serait qu’une question de jours avant que la Cour Suprême ne rende son verdict et ne propose un amendement.

Malheureusement, les échos que j’ai des juges font état de dissensions internes quant à la tournure à donner à certaines modalités. Je ne suis pas suffisamment au fait de ces subtilités en matière de droit, mais disons que la rédaction prend un peu plus de temps que prévu.
Cela dit, le Juge Mordowiz m’a fait savoir que le projet devrait être transmis au gouvernement d’ici deux ou trois semaines maximum. J’espère que le délai n’excèdera pas cette plage de temps. »


Elle fit une pause afin de laisser au vieil homme le temps d’assimiler l’ensemble de ces informations, puis enchaîna :

« Dans l’intervalle, j’ai pris mes dispositions pour me rendre sur Sy Mirth, afin de régler la question du devenir de cette planète et de la guerre civile battant son plein. Enfin, essayer du moins.

Je crois que l’Ordre a également été contacté par le sénateur Grant pour intervenir. J’espère que nous pourrons associer nos forces. »


Pour le temps qu’il lui restait, autant tenter de montrer une dernière fois les vertus de la coopération, et le bien que pouvaient faire les jedis pour les populations prisonnières de querelles politiques les dépassant. Vœu pieux ou réalité future ? Elle espérait ardemment la seconde hypothèse, tout en craignant que ses efforts ne se résument finalement à la première.

« D’ici mon retour, il est probable que l’amendement soit rédigé, voir même présenté au Sénat. Une fois adapté, je démissionnerais donc, et laisserait des élections s’organiser. »

Voilà, elle avait enfin fini de répondre à la question la concernant.

« Est-ce que cela répond à ce que l’Ordre envisage ? »
Saï Don
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Le vieil homme accueillit les propos de la Chancelière en acquiesçant gravement. Il comprenait tout à fait ses décisions quant à son propre poste. Alyria donnait l’impression de ne jamais rien laisser au hasard, aussi Maître Don avait-il confiance en elle pour quitter son poste dans les meilleures conditions possibles pour la République ensuite.
Les propos de la Chancelière dévoilaient aussi l’estime extrême qu’elle portait en celui qui la secondait, Alan L. Bresancion. Un homme dont Saï ignorait tout, et était loin de juger comme particulièrement défenseur du bien commun ou au contraire charognard du Sénat. Le vieillard n’avait tout simplement pas pour habitude de porter des jugements sur les gens : certains étaient dignes de confiance à certaines périodes de leur vie, et d’autres pas. Chacun avait ses désirs, ses ambitions, ses secrets… Et Saï se refusaient depuis toujours à juger les politiciens sur une échelle de ce type. Après tout, ils n’étaient que des êtres humains partagés entre l’envie de s’élever dans leur monde et celle de poser une pierre sur l’édifice galactique. Les Jedi, au fond, étaient-ils si différents ?

- Très bien, je comprends tout à fait ces précisions techniques. Je vous fais confiance là-dessus, Chancelière.

Après tout, il n’était qu’un citoyen républicain face à son chef de gouvernement. Il lui sourit, rassuré de la manœuvre déjà entamée par Alyria pour quitter la Chancellerie.

- Vous aviez donc déjà tout réglé sans avoir besoin de nous,
plaisanta-t-il. Bien sûr, vous répondez à ma question concernant votre position. Le Conseil approuvera certainement votre choix et les modalités qui l’accompagnent.

Le vieil homme s’interrompit pour boire à son tour. En y réfléchissant, tout de même, il ressentait un léger désagrément. Il avait du mal à mettre le doigt sur ce qui le chagrinait précisément. A moins qu’il ne fût pas prêt à l’admettre ? Il avait été beaucoup plus proche d’Halussius lors de son mandat que d’Alyria. Ce n’était pas l’envie ni même l’énergie qui avaient manqué, mais tout simplement les aléas, qui l’avaient rapproché à l’époque du Chancelier Jedi, et qui l’avait tenu à l’écart aujourd’hui de la Chancelière Jedi. De fait, elle lui restait aujourd’hui inaccessible, même si le ton tendu qu’elle adoptait lui faisait comprendre qu’il n’y avait pas que la lassitude de son métier derrière ces paroles. Alyria nourrissait-elle une rancœur envers le Conseil ? Ou bien envers Maître Don en particulier ? Et qui était-il, lui, pour le lui reprocher ? Il n’avait que des mots inefficaces s’il ne savait où était le problème, que des yeux aveugles au cœur d’Alyria, que la Force qui restait muette. Ne lui restait plus que ses mains qu’éventuellement il pouvait tendre.

Au bout de quelques secondes de silence, il reposa sa tasse encore fumante, et releva son regard azur pour scruter celui d’Alyria.

- Maître Von… commença-t-il, mais il s’interrompit, incertain, et fronça brièvement les sourcils. Y aurait-il quelque chose dont vous souhaiteriez me parler ? Quelque chose qui vous embarrasse, ou qui vous gêne dans ma démarche ou celle du Conseil ?

Il n’avait pas ressenti d’hostilité particulière dans l’attitude d’Alyria, pas le moins du monde. C’était plus insidieux que ça, beaucoup plus pervers ; c’était la marque du Conseil qui perdait sa valeur aux yeux des siens. Et pour la première fois, le vieil homme douta de ses choix, douta même de sa place au Conseil. Il avait toujours pensé partir en exil dès qu’il ne serait plus utile à l’Ordre, mais de nouvelles crises depuis plus d’une décennie, ce qui l’avait empêché de prendre cette sage retraite. A moins qu’il n’eût vu dans ces évènements de systématiques excuses pour ne jamais quitter son poste qu’il affectionnait tant ? Ne jamais quitter vraiment le Temple pour pouvoir continuer à vivre auprès de cette communauté qui représentait les siens ? Peut-être. Pourtant, s’il s’exilait demain, abandonnant le Conseil en une heure si délicate, alors serait-il traité de lâche, et entamerait-il sérieusement la confiance des jeunes gens de son Ordre en leur organe décisionnel. Il n’avait aucune porte de sortie.

Le vieil homme se figura un bref instant qu’Alyria pouvait se sentir dans une situation similaire, à savoir qu’à la façon dont elle parlait souvent de son vice-chancelier, peut-être avait-elle eu la sensation de faire partie d’une communauté qu’elle se voyait désormais obligée d’abandonner à son sort, comme une trahison malgré elle. Etait-ce cela qui était difficile à vivre ? Lui qui avait parié que la Chancelière était pressée de rendre son tablier, peut-être s’était-il réellement trompé.

Toutefois, ce n’était pas à lui de juger de la légitimité ou non de ce sentiment, qu’il existât ou non. Tout ce qu’il pouvait faire était compatir, pour le moment. Et songer au jour peut-être proche où lui-même devrait rendre son tablier définitivement.

Il écarta les mains, paumes ouvertes vers elle comme pour signifier que la balle était dans le camp d’Alyria.

- S’il s’agit juste d’un manque de temps de votre part et d’une fin de journée difficile, je peux tout à fait comprendre et vous laisser dès maintenant, si vous le souhaitez.

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Anonymous
« Je l’espère. »

Tout en acquiesçant aux paroles du vieux maître assis en face d’elle à propos de la satisfaction du Conseil jedi, Alyria se resservit une énième tasse de thé, espérant que se remplir de théine l’aiderait à garder les yeux ouverts jusque tard dans la nuit. Encore une nuit à s’endormir à son bureau et elle allait finir par se réveiller avec un torticolis, ce qui serait tout de même passablement gênant. Surtout, cela lui évitait de développer plus avant ses propos et de rester parfaitement neutre. Qu’importait au fond, que le Conseil approuve ou pas les dispositions mises en place. Elles le seraient pour le bien de la République, enfin pour ce qu’elle estimait être le bien de la République, et ceci ne concernait pas l’Ordre jedi, qui n’avait pas son mot à dire sur le fonctionnement des instances républicaines pour peu que ces dernières respectassent les principes fondateurs ayant prévalu à sa création. Tour comme la République n’avait pas à s’arroger le droit de dicter la conduite de l’Ordre jedi et de ses membres, ce qu’un certain nombre de sénateurs oubliaient allègrement quand le populisme les prenait.

Pour autant, elle touchait là ce qui la mettait un peu mal à l’aise vis-à-vis de cette visite du Maître Don, sans qu’elle ne sache précisément si c’était là inquiétudes avérées ou bien simples tracas nés de son esprit fatigué. S’enquérir de sa démission future, car telle était la véritable raison de cet entretien, était-il une manière subtile de faire pression sur sa personne au cas où elle aurait décidé, chose parfaitement insensée, de rester, ou bien était-ce simplement la démarche d’une organisation s’enquérant des décisions d’un de ses membres de façon neutre ? Au fond, y avait-il une ingérence même minime à son endroit ? Ou bien était-elle devenue si paranoïaque qu’elle en venait à douter des intentions de son propre Ordre ?

Le premier cas la gênait. Elle avait toujours défendu l’indépendance de l’Ordre jedi par rapport à la République, et elle le payait cruellement aujourd’hui, quand les polémistes de tout poil s’ingéniaient à brocarder le moindre de ses faits et gestes. Surtout, elle avait continuellement combattu pour une meilleure coopération entre la République et l’Ordre, essayé de calmer les inquiétudes de ceux qui voyaient dans ce rapprochement une volonté des jedis d’avoir une certaine emprise sur le système politique. Au fond, n’était-ce pas exactement de cela qu’il s’agissait ? La rappeler à son statut de jedi pour lui faire comprendre qu’il était temps de partir, alors qu’ils savaient tous deux que c’était inutile ? Peut-être.

Alors, un bref instant, elle hésita sur ce qu’elle devait répondre, essentiellement parce qu’elle avait déjà tout dit ce qui pouvait être perçu comme de simples explications. Le reste pouvait amener à une discussion saine et confraternelle, ou bien à un échange de reproches policés. Mais cette main tendue, une part d’elle-même avait envie de la prendre, au moins pour ne pas regretter, pour ne pas être hantée par des questionnements incessants qui la tarauderaient sitôt l’humain sorti de son bureau, elle le savait.

Laissant un mince sourire en coin se dessiner à la commissure de ses lèvres, Alyria répondit finalement :

« Je crois qu’en ce moment, toutes vos journées comme les miennes sont difficiles, et ce du lever au coucher du soleil. Voir même d’avant ce lever à après ce coucher, pour être franche. »

Elle ouvrit la bouche pour continuer… Quand un bip retentit, l’interrompant. Fronçant les sourcils, la jedi appuya sur l’appareil pour ouvrir la communication, et l’image du secrétaire général de la Chancellerie apparut. En règle générale, quand elle était en réunion, Tel’kar ne l’appelait jamais. Sauf quand il s’agissait d’une urgence, évidemment. Levant les yeux vers Sai, la trentenaire changea son expression en une moue désolée avant de souffler :

« Excusez-moi… Oui ? »

« Votre Excellence, le sénateur de Kira est arrivé et me fait savoir qu’il apprécierait fortement de voir son rendez-vous honoré … Pas comme les trois fois précédentes. »

Kira… Elle n’avait pourtant pas rendez-vous…

« Le sénateur de la planète Kira. Pas la ministre. Vous vous souvenez ? »

« Ah oui, pardon, navrée Tel’kar. Tu ne pourrais pas l’intercaler entre Maître Don et le directeur de l’Université de Metellos ? »

« J’ai essayé, mais il m’a fait savoir qu’il a rendez-vous avec son cardiologue dans une heure. Et que le cardiologue a un dîner avec un confrère. Et que le confrère a un colloque qui… »

« Oui, oui c’est bon, j’ai compris, c’est maintenant ou jamais. »

« Voilà. Et son rendez-vous a été… »

« Reporté trois fois. Je sais aussi. Fais-le monter. »

La communication coupée et sa moue changée en une grimace sincèrement désolée, Alyria reporta son attention sur son interlocuteur qui n’avait rien perdu de la conversation.

« Je suis navrée, mais il s’avère que mon rendez-vous suivant semble particulièrement… pressé. J’espère que vous ne m’en voudrez pas de clore là notre entretien. Si j’arrive à trouver le temps, je pourrais vous contacter ce soir par holocommunication privée. Au cas où… d’autres sujets de discussion surgiraient entre temps.

Laissez-moi vous raccompagner. »


La maîtresse d’armes se leva et vint ouvrir la porte au vieux maître, avant de lui serrer la main chaleureusement. Elle souffla, au moment où il allait partir, une lueur de sincérité brillant dans ses yeux :

« J’espère que nous aurons l’occasion de discuter plus longuement une fois tout ceci terminé. Entre jedis. »

Quand elle ne serait plus Chancelière. Quand elle ne serait plus rien d’autre que ce qu’elle était.
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