Invité
Anonymous


* DRIIIIIIIIIING! DRIIIIIIIIING! DRIIIIIIIIIING! *


Ben sortit des vapes en maugréant, les yeux hagards, un début de barbe apparaissant sur son visage. Il se frotta les yeux et bailla, épuisé. Pour une fois qu'il avait trouvé le sommeil... Et en plus c'était un bon rêve. Avec des twi'leks, des nautolanes, plein de tentacules...

* DRIIIIIIIIIIIIIING! *

    « Oh putain ça va quoi! Merde! »
 hurla-t-il, seul, dans son appartement de Coruscant.


Il traversa le salon, jonché de bouquins. Il trébucha sur une pile et une douleur atroce fusa dans son petit orteil. Il jura comme un charretier puis continua sa marche, claudiquant dans la pénombre. Le téléphone continuait de sonner, avec la volonté ferme de déchirer les tympans du journaliste. Il saisit le vieil appareil, tellement ancien qu'il était relié par un fil à une prise, et décrocha.

    « Ouais! Allô? »


    « Bonjour, est-ce bien monsieur Doyle à l'appareil? »


    « Lui-même! »



Bon sang, il était quelle heure? Il voulut regarder sa montre mais ne distingua rien dans le noir ambiant de son logement.

    « Ministère de la Sécurité Intérieure, monsieur Doyle. Vous avez fait une demande il y a quelques jours pour obtenir une double autorisation d'accompagnement des convois fédéraux à destination de Dantooïne en mission humanitaire. »



Encore du charabia d'administratif!

    « Les autorisations viennent de vous être accordées, monsieur Doyle, à vous ainsi qu'à un membre accrédité de votre organisme médiatique. L'embarquement a lieu à l'astroport Scalia, dock BR-013, vol HX-318, à cinq heures quart du matin. »


    « Hm... merci. »



Il raccrocha, encore groggy et de mauvaise humeur. Il n'y avait rien de pire que de se faire réveiller par un coup de téléphone. Quelle heure était-il, nom de dieu? Il se traîna lentement vers l'interrupteur, et la lumière fut. Il regarda sa montre, qui avait été celle de son père avant lui. Minuit vingt. Minuit vingt? Connards de la sécurité intérieure! Ca faisait trois jours qu'il demandait l'autorisation pour accompagner les médecins et soldats dépêchés pour venir en aide aux réfugiés dubrillionais, et voilà qu'on le réveillait en pleine nuit pour lui apprendre qu'il devait partir dans... cinq heures? Enfoirés de fonctionnaires. Il devait y avoir un salopard traînant au ministère en pleine nuit pour faire des coups pareils, c'tait pas possible autrement.

Ben reprit le téléphone et composa un numéro. Il attendit une minute, puis deux... Et enfin on répondit!

    « Putain il était temps! Tu peux pas être plus lent? »


    « Ben? Mais... que? Tu sais l'heure qu'il est, bordel de merde! »


    « Pas besoin d'être vulgaire, Karl... »


    « Nom de... »


    « Ta gueule! J'ai un truc important à te dire... La sécurité intérieure a téléphoné, j'm'y attendais plus trop. On a reçu les autorisations, sauf que ces fumiers me font prendre un convoi dans cinq heures. »


    « Quoi?! »


    « Ouais... J'imagine qu'on paye le fait d'avoir eu le direct de la démission d'Artorius. Bref, j'vais partir et j'emmène avec moi un journaliste. Enfin, une, plutôt, je vais prendre Graciozi. »


    « Oh, t'es chiant... Je sentais que le feeling passait bien avec elle... »


    « Tu changeras jamais, décidément. Bon, en mon absence tu gères le bazar, ok? »


    « Ouais, comme d'hab. Tu pars longtemps? »


    « Aucune idée. Pas trop, j'pense. Une semaine? J'te contacterai une fois arrivé. Mais ça a l'air d'être un beau bordel là-bas. »


    « J'imagine que ça va s'améliorer... Je tiendrai le navire à flots en ton absence mais perds pas trop ton temps là-bas. Je peux pas tout faire seul ici, moi. »


    « T'inquiètes, t'inquiètes... Je te laisse, j'vais pas aller à l'astroport en pyjama. »


    « J'espère bien pour les contrôleurs... Allez, bisou ma caille! »


    « Bisou mon wampa! »



Le téléphone à peine raccroché, le coruscanti entreprit de retrouver le numéro de Graciozi... Il regarda dans son comlink, qui traînait dans la cuisine. Il en profita pour préparer du café au passage, il allait en avoir besoin. Une cuillère, deux, trois, quatre, cinq... Il versa la moitié du sachet dans le filtre, le positionna dans le percolateur puis versa de l'eau dans le réservoir de la machine, de quoi faire dix bonnes tasses. Le tout irait dans son énorme thermo. Il appuya sur le bouton et l'appareil se mit en marche, produisant un bruit effroyable, proche du cri d'un rancor en rut. Le vieux machin commençait peut-être à vieillir... Ceci fait, il composa le numéro de sa nouvelle employée et attendit qu'elle réponde, ce qui fut toujours moins long qu'avec ce mollasson de Karl.

    « Ben au bout du fil. Vot' patron! Oui, j'sais l'heure qu'il est. Une heure moins quart, raison d'plus pour qu'vous ouvriez vos pavillons. Les autorisations du ministère pour Dubrillion viennent d'être accordées. J'vous prends avec moi, Graciozi, j'ai besoin de quelqu'un qui soit prêt à pas dégobiller son p'tit dej sur le terrain. Ca risque pas d'être drôle. Bon, le truc emmerdant c'est qu'on doit prendre un vol cargo affrété par la Sécurité Intérieure, dans... un peu plus d'quatre heures. Préparez vot' baluchon et rendez-vous l'astroport Scalia, dock BR-013, vol HX-318. J'vous l'avais dit, Graciozi, on n'arrête jamais d'bosser au Coruscant Post. A tantôt, mon p'tit! »



Mon p'tit? C'est qu'il allait devenir sensible, à la fin! C'était pas tout ça. Il bailla une nouvelle fois, exténué. La journée à venir allait être longue et fatigante... Il se traîna jusqu'à la salle de bains, balança ses pantoufles dans un coin, enleva son pyjama, puis se mit sous la douche. L'eau chaude coulait sur son corps bien rebondi, l'environnant d'une agréable vapeur. Un bain pouvait être plaisant mais l'avantage de la douche, c'est qu'elle vous revigorait en peu de temps. Il se rasa la barbe, tout en sifflotant un petit air. Il ferma les robinets puis se sécha avec un essuie. Il ouvrit ensuite son armoire, choisit plusieurs chemises, quelques cravates, des pantalons, des slips, et fourra tout ça dans une petite valise. Il en profita pour s'habiller, mettant une chemise blanche à lignes verticales, une cravate bleu foncé barrée de lignes obliques bleu clair, et de solides chaussures noires. Il se parfuma rapidement puis se rendit dans la cuisine, versant le contenu de la machine à café dans son énorme thermo bleu. Il sortit une bouteille de rhum du frigo, en versa un peu dans le café, puis la mit dans la valise, avec un pack de cigarettes. Il vérifia qu'il avait son comlink et ses clés puis sortit de l'appartement, fermant la porte derrière lui.

Dix minutes plus tard, Ben se trouvait dans un taxi, direction l'astroport. Celui-ci était excentré, et le trajet allait durer un bon moment. Ce n'était pas le lieu d'atterrissage principal de la cité de Coruscant. A la base destiné à accueillir les transports de l'Etat républicain, l'astroport s'était rapidement ouvert au secteur privé. Certaines compagnies avaient profité de la localisation plus lointaine de l'endroit pour diminuer les tarifs, attirant de nouveaux clients. En quelques années, l'astroport avait fortement grandi. Récemment, les nouvelles dépenses militaires de la République en avait également fait le point d'ancrage principal des navires militaires de la République.

    « Z'êtes arrivés. Avenue Keyiën, ça f'ra 67 creds. »



Il régla le compte, sans tempêter sur le prix exorbitant demandé par le taximan. Il n'avait pas le temps pour ça. Il se retrouva devant l'astroport, sur la fameuse avenue, rebaptisée du nom du défunt Vice-Chancelier et sénateur de Corellia. Avec la mort tragique des précédents chef d'état et chef de gouvernement, les officiels de toute la République s'étaient amusés à baptiser et rebaptiser toutes sortes d'artères du nom des deux morts. Pour ce que ça leur faisait... Ben arriva sans peine à se diriger à l'intérieur de l'énorme bâtiment. A cette heure matinale, il n'y avait pas encore foule et on pouvait traverser le hall énorme sans problème. Et puis il était déjà venu ici assez souvent. Telerath n'était pas une destination hyper fréquentée, de sorte qu'aucun vol à l'astroport central de la capitale ne reliait directement la planète. Il fallait bien venir ici. Quelques minutes plus tard, il atteignit les contrôles de sécurité. Malgré le peu de monde, une bonne grosse demi-heure fut nécessaire avant de pouvoir atteindre les allées sécurisées, et ce n'était pas encore terminé. Après ça, il dut se rendre au dock BR-013, situé dans la partie de l'astroport réservée aux navettes de l'Etat. De nouveaux contrôles... Et il fallut présenter la fameuse autorisation... Après toutes ces saloperies de formalités, il put enfin arriver à destination et se retrouva en plein air, marchant vers l'énorme cargo prévu pour Dubrillion, traînant sa valise à roulettes, sa cravate revenant dans sa figure à cause de ce putain de vent. Le soleil se levait sur Coruscant, distribuant ses rayons orangés sur la ville-monde de métal. C'était beau quand même.

Devant le hangar ouvert du vaisseau, se trouvait un grand type, coincé dans un uniforme militaire. A l'évidence, il se prenait au sérieux.

    « Alors, c'est vous, le journaleux? Commandant Darlion, c'est moi qui m'occupe du convoi! Votre carte d'identification, fissa. »


    « Hé, tout doux mon mignon. Voilà »



Le type le regarda d'un oeil torve, mais se contenta de lui rendre ses papiers et de le laisser passer. Ben s'apprêtait à rentrer dans le cargo lorsqu'il vit derrière lui Graciozi qui arrivait. Il attendit qu'elle subisse également le contrôle du militaire borné puis, lorsqu'elle fut à son niveau, il lui tendit la main. Pas de bisou entre patron et employé. Mais la petite main boudinée était des plus cordiales.

    « Pile à l'heure, Graciozi! Bon, rentrons dans c'coucou. C'pas l'grand luxe hein, c'est du fonctionnel. Merci la République... »



Il s'engagea dans le coeur du bâtiment. Des dizaines de personnes s'affairaient, que ce soient des soldats, des médecins ou des infirmiers. Tout se faisait rapidement, avec professionnalisme. Des caisses étaient enfournées, tout ceci faisant un bruit terrible. Un membre de l'équipage vint heureusement à la rencontre du duo de journalistes, afin de les conduire dans la pièce réservée aux passagers. C'était spartiate. De simples sièges, avec des ceintures de sécurité. Le voyage allait être douloureux pour Ben Doyle. Des heures sans fumer, coincé dans des machins merdiques... Il mit sa valise sous son siège puis s'apprêta à s'asseoir, afin de converser un peu avec cette chère Lucrecia. Il avait fallu se grouiller et n'avait pas eu le temps de discuter avec sa nouvelle recrue. Mais quelque chose attira son regard... Enfin, quelqu'un plus tôt. Un type tout vert, avec de gros yeux... un neimodien. Mais, c'était Grendo! Grendo S'orn! Tout sourire, il s'avança vers le sénateur, bras levés en signe de joie.

    « Ahahaha Grendo, mon ami, mais qu'est-ce que vous foutez là? »



Il lui offrit une poignée virile et amicale. Il n'avait pas vu le Neimodien depuis quelque temps, même s'il restait constamment en contact avec lui.

    « Mais j'oublie la politesse, hein! »



Il se tourna vers la jeune femme qui l'accompagnait et la présenta d'un geste de la main.

    « Mademoiselle Lucrecia Graciozi, une nouvelle recrue pour le Post. Prometteuse. Graciozi, voici le sénateur Grendo S'orn, de Neimodia! »



A peine eut-il fait les présentations qu'une voix retentit dans le cargo, à l'adresse des passagers.

« Mesdames et messieurs, veuillez prendre place, s'il vous plaît, le vaisseau va décoller d'une minute à l'autre. Nous vous remercions de votre coopération. »

Invité
Anonymous
Thème musical


«Oh, putain, vas-y, ouais ! Ah, putain ! Putain !!!»

Dans ces moments-là, CZ-66 passait ses soirées derrière la porte de la salle de bain, à traiter les dossiers en cours, à réceptionner les messages et à classer toutes les informations du soir par ordre d'importance.

«Vas-y ! Putain, vas-y ! Ouh !»

Ses programmes ne lui permettaient pas de vraiment saisir ce qu'était le sentiment de pudeur, mais il savait d'expérience que Lucrecia n'appréciait pas sa présence, lorsqu'elle accueillait, dans sa sordide chambre de motel, un invité d'un soir.

«Putain... Putain... Putain...»

Statistiquement, ces rencontres nocturnes avaient enregistré une progression exponentielle, ces derniers temps, tout comme sa consommation d'alcool, d'ailleurs. Jugeant ses propres programmes trop limités en la matière, CZ-66 avait décidé de télécharger quelques applications d'analyse psychologique afin de mieux réagir devant le comportement de sa maîtresse. Ce nouvel éclairage informatique sur la réalité lui avait permis de comprendre que les deux phénomènes, alcool et sexe, étaient liés au même malaise qui ruminait dans l'esprit embrumé de Lucrecia.

«Ah ouais, putain...»

Cependant, il fallait relever certaines réactions que CZ-66 ne parvenait toujours pas à analyser correctement. Il avait par exemple pu constater qu'à l'issue de ces rencontres, elle ne se sentait pas plus épanouie qu'en début de soirée, loin de là : une fois le partenaire reparti, elle passait le reste de la nuit à se plaindre à son petit droïde que le compagnon d'un soir n'était pas assez ci, ou trop ça, qu'elle n'avait pratiquement rien ressenti, que «ce p'tit con n'avait pensé qu'à son plaisir à lui», pour reprendre ses propres termes, que «les mecs étaient tous pareils, de toute manière», et il lui fallait se répandre en diatribes féministes pendant au moins une heure avant que le sommeil ne vînt enfin la rattraper.

«Raaaaaaah... Putain...»

Sans avoir eu besoin de télécharger la moindre appli de sexologie, CZ-66 savait bien, en entendant le partenaire du soir percer la porte de ses cris, que Lucrecia allait encore se plaindre, quand il serait reparti. Pour preuve : on ne l'entendait pas, elle.

«Pu... tain...»

Soudain – panique à bord ! – le petit droïde-boule reçut un appel de Ben Doyle, le nouvel employeur de sa maîtresse ! Il n'hésita que trois micro-secondes : Lucrecia le tuerait s'il manquait de la prévenir. Et tant pis pour cette incompréhensible notion que les humanoïdes appellent pudeur...
* * *

«Putain !»

Putain ! Mais qu'est-ce qu'il fout, CZ-66, à débouler comme ça sans prévenir ?! Il connaît la règle, pourtant... Humph, fait chier...

«Aaaah... Eeeeeh ? ... Mais pourquoi tu t'arrêtes d'un coup, comme ça ?»

Sans répondre à mon Monsieur-plan-cul, mais restant quand même à califourchon sur son corps, je lui désigne du pouce mon petit droïde-boule qui flotte innocemment à notre droite. (Oui, évidemment, au cas où vous n'auriez pas compris, c'est moi qui suis au dessus. Toujours au dessus, en fait : c'est ma condition sine qua non, quand je baise.)

«De... ? Mais c'est quoi, ça ?»

«Bordel de merde ! Qu'est-ce tu fous là ?», que je lui gueule, à CZ-66.

«C'est Ben Doyle, Lucrecia ! Couic ! Je viens de recevoir un appel rentrant en plein pendant votre... couic !»

«Hein ? Mais décroche, bordel, décroche !»

«Eh ? Mais non !»

D'un geste de la main droite, je fais taire mon Monsieur-plan-cul, prends une demi-seconde pour me composer un faciès digne de ce nom et remettre mes cheveux en place, fais un signe de tête à l'attention de mon droïde. D'un coup, dans une sorte de voyeurisme aussi gênant qu'incongru vu la situation, surgit la voix de Ben Doyle :

«Ben au bout du fil. Vot' patron!»

«Ouais, Lucrecia Graciozi, j'écoute !»

«Oui, j'sais l'heure qu'il est. Une heure moins quart, raison d'plus pour qu'vous ouvriez vos pavillons.»

«Pas de souci. Et rassurez-vous : ils sont bien ouverts.»

Mon Monsieur-plan-cul du soir qui blêmit en entendant ça... Moi, je dois réprimer une folle envie de me marrer...

Les autorisations du ministère pour Dubrillion viennent d'être accordées. J'vous prends avec moi, Graciozi, j'ai besoin de quelqu'un qui soit prêt à pas dégobiller son p'tit dej sur le terrain. Ça risque pas d'être drôle.»

«Oh, c'est une excellente nouvelle, ça ! Je suis dispo quand vous voulez !»

«Bon, le truc emmerdant c'est qu'on doit prendre un vol cargo affrété par la Sécurité Intérieure, dans... un peu plus d'quatre heures. Préparez vot' baluchon et rendez-vous l'astroport Scalia, dock BR-013, vol HX-318. J'vous l'avais dit, Graciozi, on n'arrête jamais d'bosser au Coruscant Post.»

«Pas de souci ! Je passais une soirée un peu chiante, de toutes façons ! À dans quatre heures, alors ! Tchao, boss !»

«A tantôt, mon p'tit!»


Ooouuuf... Je pense qu'il n'y a vu que du feu...

«Bien joué, CZ ! Ne pas nous mettre en visuel, excellente idée !»

«Couic ! Je ne l'aurais pas pu, de toutes façons. J'ai reçu l'appel d'un matériel archaïque, couic ! Je crois que c'est un téléphone sans transmission holographique !»

Tiens, l'Oncle Ben serait-il à ce point vieux jeu, question technologie ? Amusant, ça... Enfin bref, j'ai mieux à penser pour le moment. Sans crier gare, je me dé-clipse en douceur de mon Monsieur-plan-cul. Ziiiiiiiiiiiiip... Oh ben, toutes ces conneries ont l'air de l'avoir cassé dans son élan, lui... À moins que ce ne soit sa taille naturelle ? Si c'est ça, je comprends pourquoi je me suis si fermement emmerdée.

«Bon ! Changement de programme, p'tit gars ! Comme tu as pu le voir, j'ai du boulot ! Alors tu te rhabilles fissa, et bye-bye, okay ?»

Oh, le pauvre... Il va limite se mettre à chialer sur place...

«Mais... J'avais presque fini... Tu as encore un peu le temps, non ?»

J'avais presque fini... Non mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre, des fois... Je passe dans la salle de bain et enfile un peignoir.

«Non,désolée. Au pire, tu rentres chez toi et tu te vides devant un porno. Ça te rappelleras tes années puberté...»

Ça va, il est pas chiant, il ne se lance pas dans des palabres interminables. De toutes façons, je n'aurais pas eu les nerfs pour, et je pense que ça se sent dans mon comportement. Pendant qu'il se rhabille piteusement, je me fais couler un bain. Damn, j'en ai grandement besoin... L'ex-Monsieur-plan-cul passe alors la tête dans la salle d'eau :

«Bon, et... On se reverra, du coup ?»

Dans une holo-bande dessinée, une petite auréole me serait apparue sur la tête. Sainte Lucrecia répondit en ces termes :

«Ouais, ouais, je te recontacterai. T'as entendu mon patron : je ne serai pas sur Coruscant avant un p'tit bout d'temps.»

«Bon, d'accord... Merci beaucoup...»

Tout en me débarrassant de nouveau de mon peignoir, je l'entends qui rouvre la porte de la chambre, sors à mon tour ma tête de la salle de bain, et lui dis :

«Ah, et au fait, un conseil : quand tu jouis, arrête de dire putain à tout bout de champ. C'est pas très flatteur pour ta partenaire. Sur ce, ciao !»
* * *

Mon taxi-speeder vole à toute allure à travers les allées relativement désertes de la ville-monde. Trois heures et demi du mat', ce doit être l'un des moments les plus curieux de Coruscant. La seule heure de la journée où les travailleurs matinaux qui viennent de finir leur nuit croisent sur leur chemin les fêtards noctambules qui s'apprête à la commencer. Ma valise à ma gauche, CZ-66 à ma droite, en route pour l'aventure ! Je suis toute excitée ! Bon, crevée par cette nuit blanche, puisque le temps de se faire un bain et de se boucler une valise, il fallait déjà partir... Mais excitée ! Ça va me changer.

«Votre partenaire de ce soit ne valait guère mieux que les autres, couic !»

Je lance un regard désarçonné à mon droïde-boule. D'où est-ce qu'il en vient à me parler de ça, lui ? Pour une fois que je ne lui demande rien, l'esprit déjà totalement investi par ma mission...

«À ton avis...»

«Tout à l'heure, dans la salle de bain, je me suis enregistré une notification – couic ! – pour me rappeler de vous poser une question...»

«Hum ?»

«Pourquoi vous acharnez-vous à entretenir des rapports sexuels avec des humanoïdes de sexe masculin, alors que la seule fois où vous en avez eus avec une fille fut la plus belle de votre vie ?»

Putain, le voilà qui me gueule ça à travers le taxi, sans faire attention au chauffeur qui, surpris, se retourne et m'adresse un petit regard dégueulasse...

«Oh, toi, tu es encore aller me télécharger je-ne-sais-quel programme d'analyse psychologique à la con...»

«Justement. Les programmes en question m'indiquent qu'une réponse comme celle-ci consiste à vous braquer, et donc à éviter d'en parler.»

«Je...»

Et le pire, c'est qu'il a tapé juste, l'enfoiré... Il faudra quand même qu'on m'explique un jour comment une intelligence artificielle peut se montrer plus humaine que tous les mecs que j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer...

«On en rediscutera une autre fois, okay ? On arrive, là.»

Quelques minutes plus tard, après m'être enfuie loin, très loin de ce taxi-man, hors de portée des regards lubriques qu'il me jetait à la face, me voilà devant un militaire pas très sympathique qui me fouille ma valise comme s'il contenait un arsenal de croiseur interstellaire, et me passe CZ-66 au rayon x, au cas où ce ne serait pas un agent maléfique de l'Empire. Tous ces trucs vigie-pirates, quelle ambiance de merde ça vous met, quand même ! Et vu la conjoncture actuelle, foi de journaliste, ça ne va pas aller en s'améliorant...

«Pile à l'heure, Graciozi!», me hurle l'Oncle Ben à la tête tout en me serrant la main. Ouch ! Pas si fort, dès le matin ! Je n'ai même pas trop bu hier, mais l'effet nuit blanche peut vous donner certains stigmates de la gueule de bois...

«Bien le bonjour, patron ! Déjà en forme, à ce que je vois !»

«Bon, rentrons dans c'coucou. C'pas l'grand luxe hein, c'est du fonctionnel. Merci la République...»

«Oui, bah, on fera avec...», que je lui réponds, en demoiselle vivant toujours dans une chambre de motel dégueu, malgré les cent mille crédits empochés via Rejliidic, et mon salaire mensuel de deux mille cinq cent...

Au moment où je prends place à côté de l'Oncle Ben, dans une salle dont le luxe se limite effectivement au strictement fonctionnel, voici que mon boss voit se profiler une bonne vieille connaissance à lui...

«Ahahaha Grendo, mon ami, mais qu'est-ce que vous foutez là?» (Poignée de main.) 
«Mais j'oublie la politesse, hein! Mademoiselle Lucrecia Graciozi, une nouvelle recrue pour le Post. Prometteuse. Graciozi, voici le sénateur Grendo S'orn, de Neimodia!»

Flattée par le petit compliment, je fais un peu pas vers le politicien, un grand sourire au visage, et lui tend une main amicale :

«Oh, mais je vous connais déjà de réputation. Ravie de vous rencontrer pour de vrai, Monsieur S'orn...»

Ouch, et là, j'ai envie de bâiller, mais de bâiller... La journée va être longue...
Grendo S'orn
Grendo S'orn
Messages : 837
Eclats Kyber : 83
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Coruscant - 500 Republica - Appartement du Sénateur S'orn - 11:30 pm


La fin de ce que les historiens appelleraient plus tard "la Crise d'Aargau", accaparait les nombreuses chaînes de l'HoloNet. Une victoire républicaine loin d'être écrasante lorsqu'on observe le funeste sort de la paisible Dubrillion désormais sous contrôle impérial. La famille royale de la planète et des centaines de citoyens ont aussitôt fuit les combats prenant la direction de l'espace républicain et du système le plus proche : Dantooine.

« Vous n'oublierez pas de nourrir mon petit Piou-Piou n'est ce pas ? » demanda le politicien à sa jeune collaboratrice Lyn Ornfray à ses côtés.

« Ne vous inquiétez pas Sénateur, je m'occuperai de votre oiseau comme si c'était le mien. » répondit-elle en observant l'animal perché dans une cage qui n'était guère plus qu'un cercle de métal précieux, couronné d'un générateur de champ de stase. Le Pylat à tâches rouges faisait partie des biens les plus précieux du Neimoidien et il comptait bien le garder encore de nombreuses années.

« A quelle heure est prévu le décollage pour Dantooine ? »

L'homme avait passé sa journée toute entière à régler ses affaires avant son départ. Une petite réunion de dernière minute avait même été nécessaire pour briefer ses proches collaborateurs qui resteraient sur Coruscant. Lyn Ornfray représenterait comme d'habitude les intérêts du Sénateur durant son absence. Il avait en elle une confiance quasi-aveugle.

« Le vaisseau décollera vers cinq heure du matin Sénateur. »

Le Neimoidien haussa largement les sourcils à cette annonce. Cinq heure ? Cinq heure ?!!!! Quelle mouche avait piqué les organisateurs d'un tel voyage ?! Certes Dantooine avait besoin d'aide mais Grendo lui avait besoin d'un minimum de sommeil si il voulait être efficace une fois arrivé sur place. Une nuit blanche l'attendait, il le savait, et cette idée ne lui plaisait pas du tout.

« Rappelez-moi qui sont les deux autres membres du Sénat qui feront partie du voyage ? »

Secourir les réfugiés Dubrillionais voilà l'objectif principal de sa mission sur Dantooine. La tâche ne serait pas simple mais il s'était tout simplement porté volontaire. Un moyen efficace de faire parler une nouvelle fois de lui dans les Médias après la crise d'Aargau et la récente création de son parti politique. Grendo S'orn ne s'arrêtait jamais.

« La sénatrice Angelina Treven's de Metellos et le sénateur Clovis Althen d'Ogem. »

Deux personnalités politiques bien distinctes l'une de l'autre. La première, une libérale tout comme Grendo, représentait farouchement la planète Metellos, l'éternelle rivale de Coruscant. Le second, plutôt humaniste, s'était fait remarquer depuis de nombreuses années par son intention de défendre la culture des nerfs, une ambition qui n'était guère partagée de tous au sein de la Rotonde.

« Encore ce vieux Althen, je me demande bien ce qui lui a pris de se proposer pour cette mission ... Pourvu qu'il ne nous fasse pas une crise cardiaque durant le voyage. »

La plaisanterie ne manqua pas d'afficher un léger sourire sur les lèvres de Lyn Ornfray, occupée de plier soigneusement les vêtements du politicien avant de les ranger dans une valise. Une tunique ensuite une deuxième, puis une troisième, le Neimoidien ne pouvait décemment partir sans le strict nécessaire à son confort. Pourvu que le Gouvernement de Dantooine lui offre une chambre digne de son rang sans quoi il serait obligé de séjourner sous une tente, en compagnie des centaines de réfugiés. Cette idée lui donnait déjà la nausée !

« Voilà tout est prêt monsieur le Sénateur. »

.:. .:.

Le taximan exécuta une série de manoeuvres imprudentes pour changer de voie et descendit à toute allure vers une rampe d'amarrage semi-circulaire située à la périphérie est de l'astroport. Autrefois un repaire où l'on retrouvait des membres d'équipages drogués, des travailleurs itinérants, des immigrés de diverses espèces sans papiers, dont la plupart cherchaient à rejoindre à moindre frais des planètes distantes, le Gouvernement avait un jour décidé de réaménager les lieux pour en faire un endroit d'exception. Aujourd'hui entouré de tous côtés par des tours vertigineuses et une sécurité sans faille, le gigantesque édifice est régulièrement utilisé pour les transports de l'Etat républicain mais aussi par l'armée.

« Sénateur S'orn, je suis heureux de vous rencontrer. Je suis l'agent Corwin Screed, le Ministère de l'Intérieur m'a demandé de vous accompagner sur Dantooine. Je connais parfaitement la situation sur place et les différents représentants de la planète, mon expertise pourrait vous être utile. » l'homme s'avança en direction du Neimoidien, une main en avant, prêt à serrer celle de son interlocuteur.

« Bien, agent Screed. Vous êtes conscient que c'est un sacré merdier qui nous attend là bas si je puis dire ? » répondit-il en lui serrant fermement la main tout en continuant sa route à l'intérieur de l'astroport.

« Tout à fait conscient Sénateur. Et la situation risque de très vite s'aggraver si nous n'agissons pas rapidement pour préparer le déplacement vers Naboo. Le Gouvernement de Dantooine grince déjà des dents. »

Et à raison. Dantooine avait vu débarquer des centaines de réfugiés sur son sol, manque d'infrastructures pour les accueillir même temporairement, manque de ressources, la liste ne faisait que s'allonger de jour en jour.

« Les Sénateurs Althen et Treven's vous attendent sur le quai d'embarquement. »

Il hocha lentement la tête prenant soin de se plier aux nombreuses mesures de sécurité du plan vigie-pirate. La sécurité avait été accrue depuis la crise d'aargau et de nombreux soldats patrouillaient ci et là, arme au poing. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, le duo arriva enfin sur le quai où était posé un énorme cargo. Probablement celui qui les conduirait sur Dantooine très bientôt. Une foule de personnes s'affairaient à leurs tâches aussi variés que nombreuses. On pouvait facilement distinguer les infirmiers occupés à embarquer des caisses métalliques probablement composés de médicaments et autres matériels médicales. Il aperçu sur l'une d'entre elles le sigle si reconnaissable de S'ornPharma Corp, signe que l'entreprise comptait participer activement à sauver les réfugiés Dubrillionais, au même titre que tout autre société républicaine. Des dizaines de droïdes protocolaires en passant par des droïdes médicaux montaient également à bord. Non loin de la passerelle qui menait à l'intérieur du vaisseau se trouvaient la délégation sénatoriale.

« Sénateur Althen, Sénatrice Treven's, ravis de vous revoir chers confrères. »

Angelina échangea un large sourire au Neimoidien puis se fut au tour de Clovis qui se contenta d'exprimer ses inquiétudes.

« Va-t-on réellement voyager à bord de ce ... taudis ? Avec un tel déficit, c'est tout ce que le Trésor de la République peut nous offrir ? »

Sacré Althen, toujours le mot pour rire. De toute évidence, le politicien n'avait pas l'habitude de voyager dans de telles conditions, pas plus que Grendo d'ailleurs mais il n'en dit rien.

« Voici l'agent Screed, il nous accompagnera sur la planète, ce sera en quelque sorte notre agent de liaison, c'est bien ça ? »

« Exactement Sénateur. » répondit-il avant de saluer respectueusement les deux autres membres de la délégation « Sénatrice, Sénateur, si vous voulez bien vous donner la peine, le départ est prévu dans une dizaine de minutes. »

Tous entrèrent dans l'énorme vaisseau cargo. A peine le pied posé à l'intérieur, Althen remarqua la véracité de ses pires craintes. Le bâtiment était dépourvu du luxe si habituel aux membres du Sénat, un vulgaire transporteur de marchandises à moins qu'il ne s'agissait d'un cargo de passagers aux revenus modérés, aucun moyen de le savoir. Contrairement au Sénateur d'Ogem, Angelina Treven's, elle, ne semblait pas du tout étonnée. Peut-être avait-elle déjà voyagé dans de telles conditions. Le groupe avança tant bien que mal parmi la foule pour atteindre l'avant du vaisseau, l'endroit réservé aux personnalités importantes. Rien de très extraordinaire, il s'agissait plus d'un moyen pour séparer les Sénateurs et leurs collaborateurs des autres membres d'équipage.

« Ahahaha Grendo, mon ami, mais qu'est-ce que vous foutez là? » cria Ben Doyle en direction du Neimoidien avant de lui serrer énergiquement la main 
« Mais j'oublie la politesse, hein! Mademoiselle Lucrecia Graciozi, une nouvelle recrue pour le Post. Prometteuse. Graciozi, voici le sénateur Grendo S'orn, de Neimoidia ! »

Surprise ! Le Sénateur S'orn ne s'attendait vraiment pas à retrouver son ami Ben Doyle dans cet endroit. Quoi que en y réfléchissant bien, sa présence était plutôt logique. Les réfugiés Dubrillionais sur Dantooine avant leur déplacement pour Naboo représentait un scoop pour tout journaliste qui se respecte. Il vint ensuite lui présenter une nouvelle recrue au Coruscant Post, Lucrecria Graciozi.

« Ben Doyle ! Ca alors ! Je pourrais vous poser la même question mon ami. Il semblerait que nous soyons tous en route pour Dantooine. » il se tourna alors vers la jeune femme à qui il serra chaleureusement la main « Mademoiselle, ravi de vous rencontrer. J'espère que ce cher Doyle ne vous maltraite pas trop. » lui demanda-t-il en plaisantant.
Invité
Anonymous


A l'annonce du départ, les passagers avaient donc pris place sur leur siège. L'endroit où ils se trouvaient était fonctionnel, à l'image de cet énorme transporteur, plein de matériel en tous genres : denrées alimentaires, médicaments, tentes etc. Ben s'était assis à sa place, grommelant contre l'inconfort ambiant. Les passagers devaient s'asseoir sur des sièges métalliques faiblement rembourrés et étroits, positionnés des deux côtés du bâtiment, le long des parois métalliques. Deux rangées de personnes se faisaient ainsi face. Durant bien trois minutes, le rédac-chef du Post essaya de mettre sa ceinture. Il s'agissait de deux grosses sangles, traversant en diagonale le corps du passager, pour rejoindre les clips. Il y arriva finalement, transpirant à grosses gouttes, au moment même où le vaisseau démarrait, quittant l'astroport coruscanti.

A la différence de son employée, Ben ne s'efforça pas d'interrompre son bâillement. Il fit même du bruit, beaucoup de bruit, et étira ses petits bras gras. A sa gauche, était assise Graciozi, et à sa droite Grendo S'orn. Il était bien entouré! Il pourrait toujours vomir sur l'un ou l'autre au cours du voyage... Ben détestait les voyages en hyperespace. Il avait toujours un mal pas possible au bide. D'habitude, il prenait des cachets afin d'éviter d'être malade, mais cette fois-ci il n'y avait pas pensé, pressé qu'il était par le temps. Bon, le mieux c'était de boire du café. Avec le rhum, il oublierait peut-être sa peur des transports hyperspatiaux. Il se pencha pour atteindre sa valise, afin de prendre son thermo. Mais une embardée soudaine et violente le renvoya en arrière.

    « Bordel de merde, est-ce que ce connard de pilote a son diplôme? »
 gueula-t-il à travers le vaisseau, provoquant quelques rires, sourires ou moues désapprobatrices.


Il se frotta la nuque. Et dire que ce voyage allait durer plusieurs heures...

« Mesdames et messieurs, nous allons passer en hyperespace d'un instant à l'autre, direction Dantooïne. Veuillez garder vos ceintures attachées. Merci de votre attention. »


Soudain, les passagers furent tous irrésistiblement scotchés à leurs sièges. Le vaisseau brinquebala de toutes parts, vibrant de façon terrible. Puis, la pression se fit moins forte et ils furent en hyperespace, direction le nord-ouest républicain.

    « Ah, de vraies saloperies ces voyages hyperspatiaux... »
 pesta-t-il, s'adressant à son employée et au sénateur.


A la droite du sénateur neimodien, se trouvait Angelina Treven's, sénatrice de Metellos ayant récemment rejoint le Front. On imaginait difficilement plus acquis à la cause libérale que cette planète, ayant toujours bénéficié du commerce et de l'industrialisation. A côté de Lucrecia, à sa gauche, s'était assis Clovis Althen, sénateur d'Ogem. Présent dans la rotonde depuis des décennies, il s'était fait connaître par son combat acharné pour des aides fédérales plus importantes en faveur de la culture de nerfs. Un sujet diablement passionnant. Si Ben avait bonne mémoire, le projet de loi avait été reporté une bonne centaine de fois... Et à chaque vote, le sénateur Althen avait perdu son pari. Il était même arrivé que le quorum ne soit tout simplement pas suffisant pour procéder au vote, ce qui était bien révélateur de l'attention apportée au sujet. Bref, voir le bonhomme dans ce vaisseau était pour le moins incongru. Se pouvait-il qu'il ne soit pas qu'obsédé par ses putains de nerfs?

Treven's... Même si elle appartenait au même parti que lui, Ben ne connaissait rien de cette pouliche-là. Mais alors que dalle. Raison pour laquelle il se pencha vers sa chère employée.

    « Dites, Graciozi, donnez-moi un peu des infos sur la Trellen's, là... »



Interro surprise! Si ce n'était pas le but premier, en tout cas il était clair que c'était une mise à l'épreuve de la connaissance du milieu politique de Lucrecia. Un peu vache de demander des infos sur la sénatrice de Metellos alors que lui-même en ignorait tout? Ouais, mais il était le patron. Ca justifiait tout. Parfois même le pire. Pendant que sa nouvelle recrue lui répondait, Ben se pencha vers sa valise, coincée sous son siège. Il en retira son énorme thermo, ainsi qu'un énorme paquet de biscuits, acheté en vitesse à l'astroport. Il allait quand même pas passer son temps dans cette boîte de conserve géante sans rien bouffer? Il se débattit un bon moment avec l'emballage puis, enfin, son contenu lui fut accessible. Il s'agissait de biscuits à texture molle à la base, recouverts d'une couche d'orange au milieu, avec une couche de chocolat croquant sur le dessus. Enfin, orange, chocolat... Tout cela était certainement bien artificiel. Un produit supplémentaire de l'industrie agroalimentaire, bouchant les artères, bourré de glucose, plein de colorants et d'arômes... Il en fourra deux dans sa bouche, s'en foutant complètement. Tant qu'c'était bon, pourquoi se plaindre?

Il proposa un biscuit à sa journaliste puis à Grendo, en profitant pour reprendre la conversation.

    « Alors, Grendo, m'avez touchours pas dit ch'qui vous amène dans cette galère? Vous voulez qu'je parle en premier, hein, vieille fripouille? »



Il rigola, envoyant des miettes partout. Il déglutit puis but un peu de café. Aaaaaaah! Le goût du rhum était bien perceptible, et qu'est-ce que ça faisait du bien... Ca lui permettrait peut-être de faire face à cette loooongue journée qui débutait.

    « La Sécurité Intérieure nous a donné les autorisations pour se rendre avec c'te convoi sur Dantooïne. Z'ont cru qu'c'était marrant de m'prévenir qu'à minuit. Bref, j'suis pour là pour le boulot, comme mam'zelle Graciozi, hein? Héhé... Paraît qu'c'est un bordel monstre, là-bas. Faut bien qu'le Post couvre l'actualité. On s'ra dans les premiers à être sur place. L'gouvernement a dit vouloir les envoyer sur Naboo... C'bien joli mais ça s'fera pas d'un coup. Ces mecs croient qu'un discours suffit pour tout résoudre. Bon, savez pourquoi qu'on est là maint'nant. A vot' tour d'cracher l'morceau, Grendo! Qu'est-ce que vous foutez ici, accompagné de deux sénateurs? Vous fuyez les assassins qu'vous a envoyés la chancellerie ahahahah? »



Il sortit un paquet de cigarettes de sa poche et en alluma une, vérifiant au préalable qu'un membre de l'équipage ne rôdait pas dans le coin. Quelques visages sévères froncèrent les sourcils, lançant vers lui des regards courroucés, auxquels il répondit en soufflant une bonne dose de fumée. Bande de connards. C'étaient des mecs de cette espèce, complètement frustrés, qui pouvaient pas blairer qu'on puisse fumer dans un bar, au bureau ou en attendant le métro. Ben prit sa tablette tactile et appuya sur "envoyer". Il avait fini la rédaction d'un article dans le taxi puis à l'astroport, voilà qu'il était maintenant envoyé à Karl, qui pourrait le mettre dans la publication du jour. Il distribua quelques coups de coudes à ses camarades.

    « Z'avez intérêt à lire mon nouvel article, les enfants! Vous, Graciozi, parc'que vous bossez pour moi, et vous Grendo parce que montrer la connerie d'nos gouvernants doit bien vous plaire. Ahaha on est servi niveau casse-couilles faut dire. Ent' le discours d'enfant d'quatre ans du vice-chancelier et le monologue de la chancelière... Z'avez remarquer qu'elle ne respire pas d'ailleurs? Ca s'trouve c't'un robot. C'qui expliquerait qu'la République soit en pilote automatique hin hin. Le pire c'est qu'ils s'prennent au sérieux j'pense. Ils croient sans doute effrayer les Sith et faire "leur devoir". On trouve toujours une justification pour rester au pouvoir. M'est plutôt avis qu'sur Korriban ils sont en train de s'marrer des débiles qu'on a au gouvernement. Heureusement qu'la Jedi a promis qu'elle se casserait hein? D'ici là, j'espère bien qu'on aura chopé un p'tit scoop, n'est-ce pas ma chère Graciozi? M'étonnerait qu'la Von ait touché qu'des manches de sabre laser... ahahahah! J'suis vraiment dég. En même temps, elle a plus l'physique d'une danseuse de pole-dance qu'd'une nonne. J'suis sûr que dans quelque temps on découvrira qu'une bite jedi s'baladait dans les couloirs du Palais de la République. »



Ben tira sur sa cigarette, le regard béat. Il imaginait très bien la scène. Ces derniers temps, les politiciennes étaient pas trop mal gaulées. Golmaar avait un charme, dans son genre... Pis y'avait eu Dinarla, la twi'lek dégagée par Von, sympathique à voir aussi. Kira était sexy aussi! Même si un peu trop frigide à son goût. Elle faisait pas populo, c'tait sûr. Mais bon elle donnait toujours plus envie qu'la face crevée de Scalia. Oh oh oh, lui qui avait toujours eu un regard sérieux de taré socialiste. Enfin, un bon visage faisait pas d'vous une belle personne. Lieu commun, et alors? Allez vous faire foutre.

    « C'plus l'genre de Klaüser qu'du Post ceci dit. Moi, les coucheries... j'm'en branle un peu finalement. C'qui m'intéresse, c'est l'résultat politique. Et sur ce plan, c'est plutôt mou ahahaha! »



Ben retourna s'abreuver auprès de son thermo, les larmes aux yeux, essayant d'oublier que le vaisseau traversait l'espace en vitesse-lumière.
Invité
Anonymous

Oh, ça, oui, la journée va être longue, si longue...

«Mademoiselle, ravi de vous rencontrer. J'espère que ce cher Doyle ne vous maltraite pas trop.»

Mais bon, allez, on s'accroche, on rigole gentiment à la petite blagounette du sieur S'orn, et on tente de trouver un petit trait d'esprit dans le même ton...

«Ma foi, quel directeur ne maltraite pas ses employés ?» (Petit regard complice à l'Oncle Ben) «En fait, la véritable question qu'il faut se poser, Monsieur le Sénateur, est la suivante : comment les employés font-ils pour trouver autant de plaisir à se laisser maltraiter ?»

J'accompagne cette question d'un petit sourire amusé, en prenant bien soin de ne pas rire de ma propre blague. Ne jamais rire de ses propres blagues : c'est un principe essentiel lorsqu'on cherche à se faire respecter. Combien de fois j'ai vu de jeunes gugusses auto-satisfaits sortir la plaisanterie de leur vie, et se marrer tout seuls, comme des grands, sous une pluie de regards dédaigneux ?

En attendant, j'ai beau réprimer méthodiquement tout ce qui pourrait ressembler à un rire, il n'empêche que je ne suis pas peu fière de ce petit tour de passe-passe rhétorique. Le côté légèrement masochiste de l'idée a de quoi amuser le politicien, tout en me permettant, de mon côté, de jouer les employées bien heureuses de leur boulot : un savant équilibre entre désinvolture et suce-boulisme (cherchez pas : je viens de créer le concept). Suce-boulisme sincère, vous me direz : il est vrai que je n'aie pas à me plaindre du Post. Bon, mis à part ce lèche-cul de Karl qui me saoule en permanence – et pour le coup, croyez-moi, le suce-boulisme ne paramétrera notre relation pour rien dans la Galaxie.

Voilà que le vaisseau décolle. Cette bizarre sensation d'avoir les tripes qui jouent aux montagnes russes dans votre ventre... Enfin, je ne suis pas la pire : l'Oncle Ben n'a pas l'air dans son assiette, le pauvre.

Bon, histoire d'occuper trente secondes de ce voyage qui s'annonce affreusement chiant, j'adresse un petit sourire à mon compagnon de droite, le sénateur Althen, tout en chassant les myriades de pensées qui viennent tourner en orbite autour de sa grosse tête de con. Quand j'étais à la fac, ce type était devenu une vraie blague ambulante parmi les étudiants en politologie : comment sacrifier sa carrière pour une idée fixe... Enfin bref. Et donc, en compagnie de ce sourire, un petit «Bonjour, sénateur.» pour la forme, mais la conversation s'arrête là, parce qu'il n'a pas l'air d'avoir envie de taper la discute. Ça tombe bien, d'ailleurs : moi non plus.

Je me retourne vers l'Oncle Ben qui se donne une fois de plus en spectacle. Ce gros bonhomme me fait tellement rire, des fois... Celui-là, franchement, s'il existait pas, faudrait vraiment l'inventer.

«Ah, de vraies saloperies ces voyages hyperspatiaux...»

«Pas faux... Vivement l'ère de la téléportation !», que je lui dis. «Mais bon, il ne faut pas rêver. On n'est pas dans un film de science-fiction.»

Le patron a l'air vraiment, vraiment mal. Je pense que c'est pour se divertir qu'il me demande :

«Dites, Graciozi, donnez-moi un peu des infos sur la Trellen's, là...»

Oh putain, dites-moi que ce n'est pas vrai. Pas le matin de si bonne heure, please ! Et CZ-66 qui est avec les droïdes... Impossible de lui demander. De toutes façons, même s'il était parqué dans la même pièce que nous, je n'aurais décemment pas pu me jeter sur cette anti-sèche cybernétique sous les yeux du boss ! Faisons-donc, malgré l'heure matinale, tourner les méninges... Avec un peu de chance, ça me réveillera.

«Si je ne m'abuse, c'est Treven's, pas Trellen's, non ?»

Mais là, j'ai comme un doute... Enfin, embrayons : douter, ça la fout mal. C'est un peu comme le coup de la blague : de même qu'il ne faut jamais rire de ce qu'on raconte, il ne faut jamais faire comme si on en n'était pas sûr à 100 %. Exigence essentielle dans notre profession. Et c'est peut-être en quoi le journaliste est si proche du politique.

«En tout cas, elle est la sénatrice de Metellos, l'un des gros bastions de l'hyper-libéralisme républicain...»

J'ai toujours travaillé ma mémoire par association d'idées. L'info brute : Angelina Treven's = sénatrice de Metellos, soit un truc totalement contingent (elle aurait pu s'appeler La Grosse Bertha ou Lucrecia Graciozi que ça n'aurait rien changé). Ensuite, on dénoue l'ensemble par une donnée un peu moins conjoncturelle : Metellos = libéralisme. Dans mon réseau synaptique, les nœuds se font alors à toute vitesse : Treven's = libéralisme. Or Front libéral = libéralisme aussi, donc...

«Elle a rejoint le Front il y a peu de temps.»

Et voilà comment, en moins d'une seconde, l'analyse purement structurelle me permet de rebondir sur l'info strictement conjoncturelle, dont celle-là a réactivé la mémoire dans un recoin obscur de mon cerveau. Le reste n'a plus qu'à être déroulé... (Parfois, je me dis qu'avec une mémorisation pareille, j'étais condamnée à devenir journaliste.)

«Elle fait partie de ces politiciens qui sont passés par les hautes-sphères de l'économie pour grappiller du pouvoir dans des administrations liées à leur spécialisation. Tout droit sortie de H.E.C., la Haute École Coruscanti, puis re-propulsée dans les classes dirigeantes de sa planète natale. Le genre de personne aussi rigide que frigide – vous me passerez l'expression – qui gère son État comme on gère une entreprise.»

Cette phrase aguicheuse par sa formule mais totalement vide en termes de signification me permet surtout de me creuser un peu plus la tête sans perdre un seul instant de discussion. Allons, allons, j'avais une collègue au Galactic Holonews qui avait fait tout un reportage sur cette bonne femme, et... Ah oui !

«Très respectée de ses proches, mais littéralement détestée de l'opposition, au point que sur Metellos on la surnomme la “Dame de Duracier”. Elle doit toute sa carrière à son intransigeance, mais c'est également son intransigeance qui pourrait la faire tomber. Enfin, heureusement pour elle, Metellos a le libéralisme dans le sang, ce qui rend l'opposition socialiste relativement inapte à ébranler les structures socio-économiques de la planète. Il se peut qu'on la garde longtemps avec nous.»

Ooooouuuuf ! Je pense que j'ai passé le test. En tout cas, il n'y a pas l'air d'avoir de souci dans ce que je lui ai raconté : le voilà qui embraie sur un tout autre sujet, demande à S'orn ce qu'il fiche ici, pour ensuite se lancer dans une diatribe enflammée contre le gouvernement – ce en quoi il n'a pas forcément tort, d'ailleurs.

«Rassurez-vous, patron : je lis toujours tous vos articles.», lui réponds-je, tout sourire, en me disant qu'heureusement j'ai CZ-66 pour me les décortiquer et en pondre des résumés et des compte-rendus consultables en trente secondes top chrono. «En tout cas, la voie de la vie sexuelle de la Chancelière, oui, je n'y avais pas pensé... Même si ce n'est pas avec des scandales qu'on la renversera, vous me direz. Du moins pas un scandale de ce type-là : ce qu'il nous faudrait, c'est prouver que son amant est un Sith ! Tenez : qu'elle couchait avec Janos ! Ah-ah ! Vous imaginez ? Ah-ah-ah !»

Putain, je suis vraiment crevée, moi. Ce coup de barre qui me re-tombe sur la figure... Voici que je viens de rompre la règle n°1 : ne jamais rire de ses propres blagues, bordel ! Bon, à défaut, quand la règle n°1 est enfreinte, la règle n°2 est là pour pallier : ne pas laisser transparaître le moindre doute.

«Mais en tout cas, oui, vous avez raison. Malgré son allure de sainte ni-touche, c'est vrai qu'elle a des atouts... Si elle me proposait, je pense que je ne dirais pas non.»

Euh, qu'est-ce que je raconte, moi ? Bordel de coup de barre ! Je crois que je vais la fermer, ce sera bien mieux comme ça.

«Enfin, si j'étais un homme, vous m'avez comprise.»

Grendo S'orn
Grendo S'orn
Messages : 837
Eclats Kyber : 83
Grendo était loin d'être confortablement installé dans ce genre de vaisseaux. Ce transporteur était même à milles lieux du type de navire qu'il avait l'habitude de fréquenter. Il ne pu d'ailleurs s'empêcher de penser à une vengeance personnelle de la Chancellerie face à la création du Front Libéral Républicain, un moyen supplémentaire de le punir de son audace. Peu importe, ce n'était pas la première fois qu'il voyageait dans de telles conditions, d'ici quelques heures il serait enfin sur Dantooine, cette planète agricole habituellement si paisible. Pourtant ce n'était pas la paix qui l'amenait aujourd'hui sur ce monde. Depuis la prise de Dubrillion par l'Empire Sith, les réfugiés affluaient en grand nombre dans l'espoir de fuir la guerre. Face à cette situation critique, le Sénat avait décidé d'envoyer trois émissaires, le Sénateur S'orn, le Sénateur Althem et la Sénatrice Treven's afin de rassurer la population ...

« Mesdames et messieurs, nous allons passer en hyperespace d'un instant à l'autre, direction Dantooïne. Veuillez garder vos ceintures attachées. Merci de votre attention. »


Le Neimoidien s'était automatiquement assis au fond d'un siège métallique aux côtés de Ben Doyle à sa gauche et d'Angelina Treven's à sa droite. Des compagnons de route qui ne manqueraient pas d'amuser Grendo, du moins pour le journaliste, car la Sénatrice vu son air sévère et son attitude frigide était bien loin d'être amusante. Il se tourna machinalement vers Ben pour répondre à sa question :

« Si vous voulez mon avis mon cher Ben, je pense que la Chancellerie a cru bon de m'éloigner du Sénat un moment. La création du Front Libéral Républicain a fait beaucoup de bruit au sein de la Rotonde bien que les membres du Gouvernement préfèrent le nier. C'est assez jouissif de se sentir ... craint ? »
 répondit-il avec un léger sourire sur les lèvres.

« Mais si la plupart des Ministres y voyaient un moyen de m'éloigner du pouvoir de façon temporaire, j'y vois une nouvelle opportunité d'être sur le devant de la scène politique. Mes rivaux n'ont pas cessé d'entendre parler de moi je vous assure ... »


Le vaisseau passa aussitôt en hyperespace ne manquant pas de faire dégobiller le Sénateur Athem au passage. Un liquide mêlé à des grumeaux de couleur jaune et vert se déversa sur le sol, coulant jusqu'aux pieds de Lucrecia Graciozi. Quelque peu gêné, l'homme s'excusa prenant soin de nettoyer le recoin de ses lèvres avec un morceau de tissu.

« Je ... euh ... Veuillez m'excuser ... »


Grendo, lui, continuait à discuter avec Doyle occupé de fumer discrètement une petite cigarette à ses côtés.

« Vous savez que je suis un grand fan de vos articles Ben. De l'information, de l'actualité, de la vraie, mêlée à une dose d'ironie et de critique, c'est ça que la population a besoin, qu'on a tous besoin ! Un moyen efficace de se remettre en question malheureusement rare sont les politiques qui acceptent facilement la critique. Le nombre de Sénateurs que j'ai rencontré durant ma carrière politique et qui n'ont selon moi pas leur place au sein du Sénat. A commencer par ces ... Jedi. De vulgaire guerriers mystiques aux pouvoirs surnaturels. Qu'ils restent dans leur Temple à méditer sur le sens de la vie ou à combattre notre véritable ennemi : les Sith, plutôt que de se mêler de nos affaires politique. » cracha-t-il discrètement pour n'être entendu que de Ben et d'Angelina Treven's qui confirma ses dires à voix basse.

« De plus, qu'est ce qui les empêche d'influencer les votes de nos chers Sénateurs ? J'ai cru comprendre qu'ils pouvaient manipuler très facilement l'esprit d'un individu d'un tour de main ... Et on parle de démocratie ... foutaise ! » la jeune femme ne cacha pas son avis sur les membres de l'Ordre Jedi « Ils s'incrustent peu à peu au sein de notre Gouvernement telle une véritable plaie, pire encore ils en ont même les clés, déjà lors du Chancelier Halussius et aujourd'hui avec la Chancelière Von ... Comment devrions-nous réagir ?! Hein, je vous le demande ! » Quand il s'agissait de cracher son venin sur l'un de ses opposants politiques, Angelina était toujours présente, une véritable langue de vip au caractère bien trempé dont la réputation n'était plus à prouver.

Grendo émit un léger rictus tout en retirant délicatement sa tiare qu'il déposa sur ses genoux. Le voyage risquait d'être long, très long. Assis face à lui, l'agent Screed était plongé dans un datapad sur lequel il écrivait des informations au sujet du voyage.

« Dites moi agent Screed ... »
 dit-il en haussant la voix pour être entendu malgré le bruit causé par la carlingue du vaisseau « ... je n'ai pas pu m'empêcher de constater qu'il y avait des hommes armés à bord du navire, devons nous craindre quelque chose une fois arrivé sur place ? »
 la question avait été posée et semblait ne pas déranger Corwin Screed qui se contenta de répondre après avoir déposé soigneusement son datapad sur ses genoux.

« Simple précaution Sénateur S'orn. Pour être sincère avec vous, rien ne nous permet de supposer qu'il y ai un réel danger lors de cette mission mais force est de constater que le moindre voyage a toujours ses événements imprévus. »


Le Neimoidien acquiesça nerveusement, se rendant tout à coup compte qu'il faisait route vers une zone de guerre. A croire que le politicien aimait le danger et pourtant c'était tout le contraire mais il ne fit rien transparaître comme à son habitude.

« Notre priorité c'est d'apporter des réponses aux réfugiés ainsi qu'au Gouvernement local. Le Sénat compte sur nous pour préparer leur déplacement sur Naboo dans les plus brefs délais. Je ne veux aucun incident sur place, est-ce que c'est clair agent Screed ? Je compte sur vous ! »


« Affirmatif »
 lui répondit-il avant de se replonger dans son datapad de données.

Durant un long moment, Grendo resta silencieux, le regard fixé vers cet individu face à lui, ce Corwin Screed. L'homme devait avoir début de la quarantaine, une barbe naissante sur le visage, loin de ressembler à ses nombreux hommes de terrain qu'on retrouvait régulièrement dans une zone hostile. Pourtant il semblait avoir une certaine assurance mêlé à de l'expérience ce qui ne manqua pas de rassurer le Neimoidien. La Sécurité Intérieure n'aurait tout simplement pas permis à un amateur d'accompagner les trois Sénateurs sur Dantooine. A moins qu'il ne s'agisse d'un véritable complot politique, un moyen de se débarrasser de la tête de l'opposition et du Média le plus gênant pour le Gouvernement actuel. Cette idée donnait des frissons dans le dos du Neimoidien qui préféra balayer ses pensées pour se focaliser sur le but de sa mission : aider les réfugiés de Dubrillion. Il s'empara pour se faire de son datapad personnel et lança une application téléchargée récemment sur le GalacStrore : MandoCrush ! Célèbre jeu où l'objectif était d'aligner des casques de Mandaloriens de même couleur pour les faire disparaître jusqu'à obtenir le score tant désiré. Grendo était déjà au niveau 2.654, on pouvait dire qu'il était un véritable amateur de ce type de divertissement. Il ne s'en lassait tout simplement pas.
Invité
Anonymous

Le transporteur filait à travers l'espace, uniquement soucieux de sa destination, se fichant bien du confort de ses passagers. Parmi ces derniers, un en particulier n'arrêtait pas d'éponger son front avec un mouchoir, d'une telle taille qu'on pouvait le confondre avec un essuie. Tout en écoutant d'une oreille son employée, Ben Doyle avait enfin mis la main sur son fameux thermo, d'un bleu pétant dégueulasse. Le contenant était hideux mais seul le contenu importait. Entre deux secousses désagréables, le journaliste arriva à poser ses lèvres sur le goulot, et à faire rentrer le café dans son gosier assoiffé. Un cahot de trop vint déséquilibrer le directeur du Post, et un peu de café au rhum vint tâcher sa chemise.


    « Nom de dieu de bordel de merde... Par le con fripé de la chancelière! »


Le mouchoir devint, finalement, un essuie. Avec rage, Ben commença à tapoter les points humides de sa chemise, grommelant. Toutefois, le mal était fait, la chemise irrémédiablement abimée. Le café ne disparaissait que difficilement, en utilisant du navish au lavage. Il était peu probable que les dubrillionais aient pris leur poudre à lessiver en prenant la route pour Dantooïne. Ben disposait de chemises de rechange, mais il ne pourrait en mettre un que d'ici plusieurs heures. En attendant, il aurait l'air d'un vieux crado. Cela aurait pu être pire.

    « Treven's, bien sûr, dit-il distraitement. »


La dame de duracier? Vous m'en direz tant... Voilà qui devait être agréable dans un plumard. Merci bien. Encore une sainte-nitouche. Enfin, celle-ci, au moins, soutenait Grendo, et pour longtemps certainement. Quoi qu'il en soit, Graciozi s'était bien débrouillé. Elle avait réussi l'interro surprise, la maligne. Elle irait loin, pour sûr. Avec un cul pareil, pas besoin de talent. Mais le talent, elle l'avait quand même, en plus du galbe fessier. Vraiment, le monde était injuste. Il avait quoi, lui, Ben Doyle? Il regarda un instant Grendo. Il l'aimait ce bonhomme, mais putain qu'est-ce qu'il était moche! Et quand il pensait à Voyl Clawback, son autre pote, on grimpait pas dans l'échelle de la beauté. Finalement, avoir le physique de Ben Doyle, ce n'était pas ce qu'il y avait de pire dans cette galaxie remplie de grenouilles et de phasmes intelligents.

    « Très bien, Graciozi, très bien... »


Il ne put s'empêcher de rire grassement après l'absurdité lâchée par sa collègue. Von! Au lit avec le Janos! Ahaha c'était une bonne ça!

    « Notez qu'la bite métallique d'Janos aurait certainement convenu au con glacé d'Son Excellence. Mais j'm'égare et on va encore m'dire que j'suis vulgaire... Enfin, tout tourne autour de ça non? Baiser! Riche ou pauvre, on retrouve tous l'utilité orgiaque de nos organes reproducteurs lorsqu'on est au pieu. Sexe, pognon et bacon, v'là ma devise. Pourriez bien aimer les femmes qu'ça m'en toucherait une sans bouger l'autre, mon p'tit. »


La conversation prenait, décidément, de la hauteur. Ben tendit son thermo à Lucrecia, l'invitant à boire un petit coup. Il se pencha vers elle et murmura.

    « C'qu'on va voir là-bas, c'est des saloperies. Buvez un coup, ça vous f'ra pas d'mal. Fin, si, en fait... Bah, faites comme vous voulez. Conservez la santé, tant qu'vous en avez une. »


Il se retourna vers Grendo, lui souriant franchement, ce qui donnait une grimace étrange. Ben n'était pas saoul. Il fallait plus qu'une gorgée de café au rhum pour le rendre pompette. Simplement, la sensation du voyage hyperspatial dérangeait profondément le rédac chef du Post, de sorte qu'il avait du mal à rester en place. Il essayait d'oublier qu'à quelques centimètres de lui se trouvait le vide interstellaire, c'est-à-dire la mort.

    « Je ne peux qu'approuver, dit-il en réponse aux propres de S'orn et Treven's sur les Jedi. Ce serait illusoire de croire qu'on peut affronter les Sith sans les Jedi... D'là à leur donner les clés d'la baraque sans moufter... »


Bon, encore une gorgée. Rien qu'une, pour la route... Littéralement pour le coup. Pendant ce temps, le sénateur de Neimodia prenait des renseignements auprès de l'agent Screed, et Ben écoutait distraitement. Le type de la Sécurité Intérieure semblait plutôt confiant. Or, il n'en allait pas de même du rédac'chef du Post. Il se pencha vers sa consoeur.

    « Graciozi... méfiez-vous de ce Screed là... Gardez-le à l'oeil pour moi et renseignez-vous si possible. L'accès à Dantooïne est strictement contrôlé d'puis l'attaque de Dubrillion, et le gouvernement en a profité pour écarter les médias... Mais l'Post a des r'ssources, z'avez pas rejoint un quotidien d'ampleur galactique pour rien. La situation à la frontière semble instable, des pirates profiteraient des déplacements de dubrillionnais pour attaquer les transports vers Dantooïne. Sympathiques bonshommes. Bref, nous v'là dans un coucou de merde, à traverser la galaxie en direction d'un système à la sécurité toute relative. On se souillerait à moins. A c'sujet, permettez ma chère, j'vais pisser. »


Ben défit sa ceinture et se leva, grognant en étirant ses muscles raidis. Il quitta la cabine principale du transporteur où tout le monde était assis, pour se diriger vers ce qui devait servir de toilettes à ce vaisseau. Il entra dans la cabine, petit réduit minable, mais propre. Ben ferma la porte derrière lui, leva la cuvette des wc et ouvrit sa braguette. Le jet arriva quelques secondes plus tard.

    « Le plaisir du pauvre héhéhé... »


Le gros journaliste terminait son oeuvre, lorsqu'une secousse violente fit bouger toute la carlingue du vaisseau, précipitant Ben en avant puis en arrière.

    « Bordel de merde de vérole de cul! »


Inévitablement, la miction avait laissé des traces sur son pantalon.

    « Je hais les voyages! » cria-t-il, seul dans sa cabine, en frappant violemment la chasse d'eau, tandis que le vaisseau faisait une nouvelle embardée.

Grendo S'orn
Grendo S'orn
Messages : 837
Eclats Kyber : 83
HRP: Suite à l'absence prolongée de Lucretia Graciozi (Janos) et de Ben Doyle, j'ai reçu l'accord de Saï pour continuer la mission seul !

Espace Intersidéral - En route vers Dantooine - A bord du Transporteur

Plus le voyage s'éternisait, plus le Sénateur de Neimoidia était convaincu qu'il ne voyagerait plus à bord d'un tel vaisseau. Ce Transporteur était probablement destiné à accueillir le petit peuple, toutes ces misérables créatures originaires des quatre coins de la galaxie qui ne pouvaient se payer meilleurs conditions de vol. De plus, l'odeur nauséabonde qui circulait peu à peu autour des membres d'équipage laissait Grendo perplexe. L'un d'eux avait certainement dû se lâcher par peur des multiples secousses qu'ils avaient subit quelques minutes plus tôt. Quel calvaire ... et dire que le voyage n'était pas encore terminé. Pauvre de lui !

« Screed, résumons un peu la situation voulez-vous. Qui allons-nous rencontrer là bas exactement ? »

L'agent releva aussitôt les yeux puis répondit à son interlocuteur d'une voix rassurante comme toujours.

« Nous atterrirons en périphérie de Garang, la ville la plus importante de Dantooine. Là-bas nous y rencontrerons le Roi Arak II de Dubrillion, il a vraiment hâte de vous rencontrer d'après ce que j'ai compris. Ainsi que l'administrateur Ohnaka de Dantooine. Ce sont deux hommes très différents, il faudra agir avec finesse pour les réconcilier. »

Les réconcilier ? Screed aurait-il oublié de lui faire part d'une information capitale avant de partir ? Les deux hommes étaient donc en conflit, premier obstacle à la résolution de ce problème, il fallait en savoir plus.

« Que s'est-il passé exactement ? »

« Comme je vous l'ai dis avant de décoller, la situation actuelle sur Dantooine est assez chaotique. Lorsque les réfugiés Dubrillionais ont débarqués sur la planète, c'était dans une grande désorganisation. Et bien que la population de Dantooine ai voulu les aider, ils se sont vite retrouvés dépassés par la situation. Trop de bouches à nourrir, pas assez d'habitation pour loger les réfugiés, un gigantesque camp a été aménagé non loin de là mais les premiers conflits commencent déjà à apparaître. Ils ont besoin de notre aide au plus vite ! »

Grendo commençait déjà à y voir plus clair. Voilà enfin la réelle raison de la présence armée à bord. Un conflit naissait peu à peu sur Dantooine et sans leur intervention, le neimoidien ne donnait pas cher de la paix sur la planète. Préparer leur départ pour Naboo au plus vite s'avérait être une nécessité primordiale pour sauvegarder des vies humaines déjà blessées par l'Empire.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

******************************************

Dantooine - Garang

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

La voyage était à présent terminé. Quelques perturbations en orbite de Mygeeto une heure avant de sortir d'hyperespace mais rien de très alarmant. Une fois le vaisseau posée, la délégation républicaine pouvait à présent venir à la rencontre des autorités locales. Chose étrange, seul le Roi Arak II et quelques membres de sa garde rapprochée étaient présent. Un comité d'accueil restreint excluant l'administrateur Ohnaka. Quel manque de savoir-vivre énorme pensa le Neimoidien qui commençait déjà à apprécier le Roi Dubrillionais sans même lui avoir adressé la parole. Mais il balaya bien vite cette idée en posant le premier pied sur le sol de Dantooine.

« Sénateur S'orn ! Sénatrice Treven's ! Sénateur Althen ! Je suis extrêmement ravi de vous rencontrer enfin ! »

Grendo lâcha un léger sourire discret. Pour un accueil chaleureux c'était un accueil chaleureux. Quelqu'un avait certainement dû le briefer avant leur arrivée sur les membres composant la délégation républicaine. Probablement s'était-il aussi renseigné sur les différents membres d'équipage tel que le reporter Ben Doyle qui comptait bien retransmettre la situation de Dantooine pour faire un maximum d'audimat. Le Neimoidien lui avait même demandé discrètement à bord du transporteur que ce reportage soit à son avantage. L'occasion de se faire voir une nouvelle fois après Aargau comme le sauveur de la situation.

« Mes respects Roi Arak. » lui répondit-il en s'inclinant légèrement en avant, après tout il avait à faire à un membre de la Royauté, protocole oblige.

« Et vous devez certainement être Ben Doyle, le Rédacteur en Chef du célèbrissime Coruscant Post ! Enchanté de vous rencontrer ! » l'homme était définitivement trop gentil pour être honnête, probablement était-il impatient de quitter cette planète pour rejoindre un monde plus civilisé.

Et c'est justement cette civilisation qui attira l'attention du Neimoidien. C'était la première fois qu'il posait un pied sur Dantooine. Son parcours professionnel ne l'ayant jamais amené si loin du Noyau. Pourtant malgré ce qu'on pouvait lire dans les atlas galactiques au sujet de cette planète, rien ne préparait à un tel monde aussi primitif. Des plaines à perte de vue, de petits moulins sortit tout droit d'un autre univers, des habitations ressemblant à des fermes sous développées, c'était donc ça Dantooine ...

« Permettez-moi d'exprimer mes sincères condoléances pour le sort qu'a réservé l'Empire à votre planète Roi Arak. Sachez que le Sénat de la République a bien entendu vos doléances et que nous sommes là pour y répondre. Plus vite nous aurons déplacé votre population, plus vite les conflits sur Dantooine cesseront. Car nous ne pouvons pas laisser une telle situation se dégrader. »

« Je vous remercie d'avance Sénateur S'orn. A en croire les rumeurs qui circulent, Naboo serait notre destination finale, est-ce exacte ? » lui répondit Arak

« Nous en parlerons en présence de l'Administrateur Ohnaka pour fixer tous les détails du déplacement de votre population. N'agissons pas dans la précipitation mais ne trainons pas à agir. » le feeling semblait bien passer entre les deux hommes même si Grendo doutait fortement de la sincérité du Monarque. Plus il s'adressait à lui et plus il avait l'impression d'être en face de l'Archiduc Osvald Daultay qui détenait le pouvoir sur Neimoidia. Une personnalité propre à tous les souverains sans doute. Cette prétention à se sentir supérieur aux autres mais Arak, par intérêt sans doute, arrivait à s'adapter à ses nouveaux interlocuteurs d'une façon mémorable jusqu'à attirer presque leur sympathie.
Grendo S'orn
Grendo S'orn
Messages : 837
Eclats Kyber : 83
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Dantooine - Garang

A bord d'une limousine hautement sophistiquée, la délégation républicaine composée des trois Sénateurs en compagnie du Roi Arak faisaient route vers le point de rendez-vous fixé pour rencontrer les autorités locales. Plusieurs véhicules blindés appartenant aux forces de sécurités encadraient le cortège. Plus d'une heure et demi avait été nécessaire pour traverser le centre ville bondé de monde. Ici se confondaient autrefois dans une parfaite harmonie commerçants de Garang et paysans des campagnes. Mais aujourd'hui la paix et la sérénité avaient laissés place au chaos. Des milliers de migrants Dubrillionais arpentaient les chemins, certains installés au sein de camps de fortune, d'autres couchés sur des civières et prêts à se faire opérer en pleine rue, Grendo eu même l'occasion de voir une dizaine d'enfants occupés de pleurer car ne retrouvant pas leurs parents, des nouveaux orphelins assurément.

« Mon dieu ... »
 murmura Althen en observant la scène horrifié, c'était la première fois qu'il voyait de ses propres yeux un tel spectacle d'horreur. Treven's posa une main amicale sur son épaule pour partager sa souffrance.
Le groupe arriva enfin à destination. Une sorte de Dôme plus grand que le reste des habitations. Probablement le point de commandement du Gouvernement de Dantooine. Grendo aimait à s'imaginer que l'administrateur Ohnaka les accueillerait tout aussi chaleureusement que son homologue le Roi Arak. Pourtant, une fois arrivé devant l'entrée de l'imposant bâtiment, personne ne vint à leur rencontre, si ce n'est quelques curieux passant par là.

« Il semblerait que l'Administrateur Ohnaka ai mieux à faire qu'accueillir une délégation républicaine, après tout ce que nous venons de voir ! » Grendo n'était pas d'humeur à rire. Par son absence d'entrée de jeu, l'individu tenant les rennes de Dantooine venait de prouver une fois de plus son manque de responsabilité dans cette affaire.

« C'est tout bonnement inacceptable. Indigne d'un Dirigeant planétaire. Nous venons au secours d'une population qui demande notre aide et ... » lorsqu'arriva un petit homme d'une trentaine d'année et d'un mètre cinquante tout au plus. Il était à bout de souffle et portait une tunique froissée dont la couleur pâle et jaunie soulignait l'âge déjà avancé d'un tel accoutrement. N'avait-on pas d'argent pour se payer de nouveaux habits sur cette planète ?

« Veuillez excuser mon retard Sénateurs, Sénatrice. L'Administrateur Ohnaka n'a malheureusement pas pu vous accueillir lors de votre arrivée sur Dantooine, il en est profondément navré, mais une affaire urgente requérait sa présence. Si vous voulez bien me suivre, il vous attend dans la salle de réunion prévue à cet effet. Je vous en prie ... »

Le Neimoidien toisait du regard ce petit être ridiculement minuscule. Un véritable vermisseau de la basse classe à qui on avait probablement prêté des vêtements d'un autre temps pour l'occasion. Grendo s'imaginait déjà ce vaurien habillé d'un simple chapeau de paille et de bretelles trop grande pour sa petite taille. Ainsi on présentait devant lui un paysan sans aucune éducation qui s'exprimait avec un étrange accent. Neimoidia n'avait absolument rien à envier à Dantooine, vraiment. Mais il se garda de tout commentaire.

« Nous vous suivons. » tandis que le groupe au grand complet entra dans l'énorme structure.


************************************************

Ce qui avait impressionné le Neimoidien lorsqu'il était entré au sein de cette gigantesque infrastructure, c'était le caractère modeste de ses intérieurs. A croire que le Gouvernement de Dantooine n'aimait pas trop se différencier des vulgaires paysans qui pullulaient sur la planète. C'était une politique comme une autre mais à l'opposée de celle pratiquée sur Neimoidia. D'ailleurs la simple comparaison avec le Palais Royal de sa planète le fît sourire. Là-bas tout indiquait qu'on venait d'entrer dans le plus somptueux des bâtiments du Gouvernement. Peintures, tableaux, sculptures, immenses baies vitrées, statues, plantes exotiques, même le Grand Monarque du Commerce avait fait installé au sein de son Palais une sorte d'Oasis où il aimait se reposer quand il le désirait. Ici rien n'indiquait l'importance des lieux. Modeste, voir même quelque peu vétuste par moment. Dans quoi passaient donc les impôts locaux ? Le mot "impôt" existait-il ici au moins ?

« Je tiens d'abord sincèrement à vous remercier pour votre venue chers membres du Gouvernement Républicain. » débuta Ohnaka, confortablement installé au fond de son siège en bout de table. L'homme affichait une mine sévère et des traits tirés, probablement dû à la fatigue ou à la vieillesse, peut-être même les deux. A ses côtés, quelques individus désignés pour le conseiller « Je me réjouis de voir que la République ai répondu à notre appel et nul doute qu'avec votre soutien, nous trouverons une issue positive à ce problème. »

Grendo acquiesça d'un léger signe de tête et se permit de répondre le premier à l'administrateur qui venait d'ouvrir les négociations.

« Merci Administrateur. Dantooine fait officiellement partie du territoire républicain, il était normal que le Gouvernement entende et réponde à votre appel. D'ailleurs à ce sujet, la Sénatrice Treven's, le Sénateur Althen et moi-même sommes porteur d'une bonne nouvelle. » il se tourna ensuite vers le représentant Dubrillionais « Roi Arak, la Reine de Naboo vous fait savoir sa profonde peine ainsi que sa solidarité en vers vous et votre peuple. Elle souhaite aussi vous proposer que le peuple de Dubrillion installé provisoirement sur Dantooine soit accueilli sur sa propre planète. Le Vice-Chancelier Alan Bresancion et la Chancelière Alyria Von devraient d'ailleurs tout deux établir un communiqué officiel incessamment à ce sujet. »

Un large sourire s'affichait alors sur le visage du Roi Arak II qui n'hésitait pas à exprimer sa joie.

« Merveilleux ! Splendide ! Plus vite nous aurons quitté cette misérable planète, plus vite les Dubrillionais pourront se reconstruire. »

Face à de tels propos injurieux, l'Administrateur Ohnaka se permit d'intervenir.

« Est-ce de cette manière que vous nous remercié Roi Arak ? Face à votre détresse, Dantooine vous a généreusement ouvert les bras et c'est ainsi que vous nous témoignez votre reconnaissance ? »

Ce dernier n'avait évidemment pas tort mais le Neimoidien devait reconnaître que pour un membre d'une famille royale quelconque se devait être très difficile de séjourner sur une planète si peu développée.

« De la reconnaissance ?! De qui vous moquez-vous Administrateur ?! Nous vivons dans des vulgaires camps de fortune depuis notre arrivée ! Mon peuple meurt de faim, certains disent qu'une épidémie se serait même développée, signe de l'hygiène lamentable de votre planète ! »

« Je vous interdis de hausser le ton devant mo ... » lança Ohnaka, le doigt pointé vers Arak lorsque Grendo préféra les interrompre, inutile de laisser le débat dégénérer si vite ... du moins pour le moment.

« Messieurs, un peu de décence s'il vous plait. Il est absolument inutile de nous énerver et cela ne permettra pas une sortie de crise plus rapide, que du contraire. » les deux hommes se toisaient du regard « Je reprend donc, où en étais-je ... ah oui, le transport des Dubrillionais. Déplacer une telle quantité de personnes n'est pas chose aisée. Aussi la République devrait fournir dans les jours qui suivent, des vaisseaux de transports de taille moyenne afin d'effectuer les premiers trajets vers Naboo. »

« Et qui va dédommager Dantooine ? »

Le mot dédommagement avait don d'irriter le Neimoidien mais il avait déjà tout prévu. Quoi de plus normal que de demander un large dédommagement pour avoir aidé et soutenu une population en détresse ? Leur avoir fourni généreusement nourriture, médicaments et soins.

« A ce sujet justement, je compte proposer au Ministère de l'Economie de faire intervenir la Caisse pour les Interventions Humanitaires d'Urgence (CIHU). Cela devrait couvrir une bonne partie de vos pertes Administrateur Ohnaka. »

L'individu semblait satisfait mais c'était trop tôt pour crier dors et déjà victoire ...


Grendo S'orn
Grendo S'orn
Messages : 837
Eclats Kyber : 83
Dantooine - Garang

La tension entre l'Administrateur Ohnaka et le Roi Arak II risquait bel et bien d'enflammer les débats d'une seconde à l'autre, Grendo l'avait bien compris. Aussi pour calmer l'atmosphère, le Neimoidien avait préféré aborder un tout autre sujet, la possibilité d'établir un accord commercial entre Dantooine et Neimoidia. La planète disposait de produits agricoles très intéressant dans la conception de mets aussi varié que riche pour la santé.

« .. ajoutez-y des morceaux de Driblis coupés en cube, quelques pincées de sel d'Alderaan, le tout cuit avec du Beurre de Bantha, un véritable délice ! » Althen avait le don tout particulier de détendre l'atmosphère. En fait il avait un don que de nombreux Sénateurs de monde mineurs disposaient, celui d'être parfaitement soporifique. N'écoutant que d'une oreille distraite la recette vantée par son homologue, Grendo lança un rapide regard vers le Roi Arak qui semblait s'ennuyer tout autant que lui. Préparer un repas ... le genre de basse besogne que les Hauts-Placés déléguaient immédiatement aux petites gens, pourtant Althen continuait à le faire malgré la possibilité de s'en débarrasser. Seul Ohnaka écoutait avec grand intérêt les propos du républicain qu'il fallait à tout prix stopper au plus vite.

« Merci pour ce cours de cuisine très passionnant Sénateur Althen, mais je doute que l'Administrateur Ohnaka soit vraiment intéressé par la préparation d'un tel met. » lui dit-il, un léger sourire aux lèvres.

« Détrompez-vous Sénateur S'orn, je m'intéresse toujours aux plats préparés grâce aux produits de Dantooine. Toute information est bonne à prendre. »

« Des produits qui sont d'ailleurs reconnus à travers la République Administrateur. Pas plus tard que la semaine dernière le Gouvernement de Neimoidia me vantait également les mérites de vos productions de fruits et légumes. Nos citoyens seraient ravis de pouvoir en profiter. »

« Après cette réunion je vous ferai parvenir une liste de nos aliments. Vous n'aurez qu'à faire votre choix et nous fixerons le prix Sénateur. »

Cette petite parenthèse aussitôt terminée et un accord commercial potentiel en main, le débat pouvait à nouveau reprendre. Comment faire pour procéder à l'évacuation de milliers de réfugiés Dubrillionais vers Naboo. Une question qui allait bientôt trouver réponse espérons le.

« Bien, Roi Arak, afin d'organiser au mieux ce transport, avez-vous des suggestions quand aux priorités des personnes à évacuer ? » demanda-t-il à l'intéressé, sachant parfaitement qu'il allait lui-même se désigner parmi les premiers à partir. Tel le Capitaine qui quittait le bateau le premier laissant les rats couler avec le navire.

« Euh .. je n'y avais pas vraiment pensé ... Peut-être les personnalités importante pour commencer, la famille royale, les riches bourgeois, les fonctionnaires ? » et Grendo ne s'était pas trompé. Cet individu il l'avait cerné dès la première poignée de main. Arak était un être tellement prévisible, s'en était presque navrant ...

« Vous n'aurez qu'à me faire parvenir une liste des personnes à faire évacuer en premier avant la fin de la journée. Chaque vaisseau pourra contenir 150 passagers, pour un maximum de 200 en comptant l'équipage bien sur. Une escorte armée de faible importance vous sera accordée durant ce trajet afin d'éviter tout incident majeur avec des pirates de l'espace. Nous estimons le temps de trajet à 21 jours sans compter le trafic sur les routes commerciales du Noyau. » le transport à peine réglé, Grendo aborda aussitôt la suite « Le Gouvernement de Naboo m'a assuré que les projets industriels et agraires nubite garantiront un travail pour tous les réfugiés. Sans oublier l'existence d'infrastructures adaptées pour vous loger. »

« Parfait. Vous remercierez d'avance la Reine de Naboo pour son aide. Je n'aurai cependant qu'une exigence : à notre arrivée sur Naboo je souhaiterais que les Dubrillionais obtiennent le statut de réfugié. Ceux qui le désirent pourront acquérir la citoyenneté républicaine en suivant le processus légal habituel. Et si vous êtes d'accord, je désire également qu'un représentant soit désigné et intégré au sein de la délégation de Naboo au Sénat. » ses demandes étaient claires, mais Grendo ne pouvait malheureusement en décider seul.

« Je devrai en référer au Gouvernement de Naboo ainsi qu'au Sénat avant de pouvoir vous offrir ce que vous demandez. Néanmoins je vous suggère fermement d'ajouter une demande supplémentaire à vos griefs. Il arrive très fréquemment qu'une association de deux peuples ne se passent pas comme prévu. Il faut à tout prix éviter de nouveaux conflits communautaires au sein de la République. Je vous suggère donc d'ajouter ceci : à l'issue d'une période de cinq ans, les Dubrillionais décideront si ils souhaitent obtenir leur propre représentant, et ils obtiendront un statut similaire à celui d’Artorias, ou bien si ils préfèrent faire confiance à leur nouveau foyer et devenir citoyens Nubite. Qu'en pensez-vous ? » une suggestion discrète mais très importante aux yeux du Neimoidien. Il était d'ailleurs bien placé pour connaître les impacts négatifs liés aux problèmes communautaires sur une planète. Neimoidia faisait face à ce genre de conflit depuis bien des années avec la communauté Duros incapable de s'adapter aux us et coutumes locales.

« Mieux vaut jouer la sécurité vous avez raison. Bien que je ne doute pas que les similitudes environnementales et le mode de vie quasi identique de la société Nubite avec la nôtre soit un avantage non négligeable à ce mariage entre nos deux civilisations. »

Invité
Anonymous
La petite main potelée de Ben avait donc serré celle de ce roi Arak II, qui semblait avoir oublié un balai dans son cul. Face à cette figure austère et mielleuse, pour ne pas dire tout simplement lèche-bottes à l'égard de la délégation républicaine, le gros rédac' chef du Coruscant Post, à la chemise blanche tâchée de café et au pantalon maculé ici et là de petites tâches dont il valait mieux ne pas interroger la provenance... C'est donc avec un plaisir non dissimulé que Ben avait présenté sa main à ce roi prétentieux et exilé, une main évidemment non lavée depuis qu'il avait découvert les rustres toilettes du transporteur de l'armée républicaine.

L'agent Screed de la Sécurité Intérieure les avait plus ou moins prévenus : le roi de Dubrillion et l'administrateur Ohnaka de Dantooïne n'étaient pas les meilleurs amis du monde. Quand il y avait du bordel, fallait pas chercher bien loin pour que deux connards en remettent une couche. Aaah la politique, l'art de créer des emmerdements plus que de les résoudre. Somme toute, il n'y avait que le milieu des affaires qui avait véritablement en lui cette capacité de résoudre de véritables problèmes. Un ennui, un problème? Le marché, tôt ou tard, le résolvait, proposant le produit ou le service adéquat. C'était bien parce que S'orn était un administrateur de société que Ben l'appréciait et lui faisait confiance. Le Neimodien venait du bon milieu pour résoudre les problèmes avec pragmatisme et doigté. On était loin des syndicalistes beuglards, toujours prêts à se plaindre de tout et n'importe quoi pour se toucher la nouille au lien de bosser. Des gens pareils ne méritaient pas une minute d'attention car ils n'étaient tout simplement pas sérieux. Les gens, d'ailleurs, ne s'y trompaient pas. Plutôt que de jeunes ou vieux aigris se lamentant de l'inanité de leurs conditions professionnelles, le peuple n'hésitait pas à choisir des hommes et des femmes d'expérience, rompus aux pratiques du marché galactique, capables de gérer l'Etat comme une entreprise, donc avec efficacité.

Quoi qu'il en soit, un coup d'oeil rapide sur Garang suffit à Ben pour comprendre que Dantooïne aurait pu facilement être rebaptisée ploucland. C'était un bled et vraiment rien que ça. Une planète paumée comme tant d'autres dans le nord galactique, tout juste à la frontière républicaine. Elle n'avait pas beaucoup d'atouts économiques, si ce n'est des denrées alimentaires de bonne qualité, sa seule exportation véritable. Le coin était d'ailleurs peu peuplé, à peine plus de trois cent mille âmes. Vraiment pas grand-chose donc. La population avait au moins doublé avec l'arrivée massive de réfugiés dubrillionais, pas étonnant donc que les choses ne se passent pas particulièrement bien.

Tout le monde monta bientôt dans une limousine, destination le siège gouvernemental de ce trou-du-cul du monde, s'il y en avait un. On eut bien du mal à faire rentrer le petit groupe, le sénateur Althen et Ben Doyle prenant respectivement la place d'une personne et demi. Mais Treven's ne pesant qu'une moitié d'être humain normalement constitué, l'équipée arriva à s'engouffrer dans le transport qu'on avait mis à leur disposition. Bordel, quel voyage! En plus, Ben avait refusé de laisser sa valise à une sorte de domestique local parlant un sabir aussi rustique qu'incompréhensible. De sorte qu'il se retrouvait maintenant avec sa valise sur les genoux. Bon, ça allait, elle n'était pas bien lourde, mais c'était quand même bien chiant. Ca emmerdait aussi tout le monde, ce qui était particulièrement amusant. En fait, le Coruscanti s'était attendu à ce qu'on les emmène d'abord à l'hôtel, histoire d'y déposer leurs affaires, se rafraîchir tranquillement avant de rencontrer le dirigeant local. Sauf qu'on ne les avait même pas accueillis d'une manière digne de ce nom, à l'exception du roi Arak II, parce qu'il avait tout intérêt à se trouver dans les petits papiers du Sénat.

Résultat, une heure et demi de trajet. Et au vu de la population grouillant au-dehors, il était heureux que leur limousine soit dûment escortée par des transports de la Sécurité Intérieure. Le spectacle était tout bonnement affreux, pathétique. Garang était un trou, oui, mais cela devait avoir été un trou acceptable, confortable, dont les maisons espacées évitaient un aspect trop urbain. Une sorte de petite cité à moitié campagnarde. Pourquoi pas! Mais ce n'était plus ça. Partout des tentes, certaines effondrées, d'autres à moitié déchirées du fait des intempéries. Des enfants couraient ici et là, ne portant sur eux que des loques et présentant une hygiène déplorable, bref une situation misérable. Le sénateur d'Ogem, Clovis Althen, semblait particulièrement affecté par ce spectacle auquel il n'était certainement pas habitué. Treven's, elle, semblait faite d'un bois plus résistant. Tant mieux. Cette situation n'était effectivement pas tolérable mais elle ne se résoudrait pas par des bons sentiments et des pleurs, qu'ils soient sincères ou affectés.

On arriva finalement devant un dôme imposant. Enfin, pour le coin. Là, toujours pas de délégation dantooïnienne, rien qu'un type transparent pour les conduire enfin auprès de l'Administrateur Onhaka. Ben monta les marches du perron avec sa valise à roulettes, celle-ci produisant un bruit épouvantable. Pour le prestige, on repasserait.

Après un trajet de quelques minutes à travers d'obscurs couloirs, tout le monde arriva dans une salle où se trouvait un vieil homme assis à une table. C'était donc lui le gérant de cette boutique. On prit place sur des chaises. Ben plaça sa valise à côté de lui, prit son thermo, but un coup puis s'assit. Le café le tiendrait éveillé, l'alcool le réchaufferait. Ou l'inverse.

Le vieux machin ouvrit la bouche et... et Ben ne le trouva pas si mal. La suite fut même particulièrement instructive, lorsque cet empaffé d'Arak reprit la parole pour critiquer les efforts du petit gouvernement de Dantooïne. Bordel, quel culot avait ce bonhomme. C'était peut-être un roi mais un roi sans royaume. Décidément, Ben ne l'appréciait guère. L'Administrateur Onhaka, par contre, ne lui semblait pas être un mauvais bougre. Bon, peut-être n'était-il pas à la hauteur de la situation. Mais en même temps, il était vieux et faisait de son mieux, avec les maigres ressources d'une planète vivant jusqu'ici tranquillement de son côté. On pouvait difficilement lui en vouloir, même si le roi dubrillionais s'estimait visiblement tout permis.

Le sénateur de Neimodia mit finalement le holà à cette rixe commençante. Il mentionna les vaisseaux prévus par la République pour transporter les réfugiés vers Naboo, ce qui sembla calmer un peu la situation. Puis, on vint naturellement au problème principal en tous temps : l'argent. Grendo mentionna la Caisse pour les Interventions Humanitaires d'Urgence, la CIHU... Bon, très bien, c'était effectivement dans ce truc qu'on trouverait de quoi indemniser Dantooïne. Le problème c'était qu'il n'y avait visiblement encore personne de la CIHU sur place. La Sécurité Intérieure était là, l'armée n'était pas loin... mais quid des humanitaires fédéraux? Ils se faisaient attendre, pour une raison inconnue de Ben. Sans parler des transports promis. Oui, d'accord, il y en aurait mais quand exactement? Les sénateurs ne semblaient pas plus au fait de ces éléments que le rédacteur en chef du Coruscant Post. Il allait falloir organiser une meilleure coordination avec le Gouvernement fédéral pour s'en sortir, sinon la situation s'empêtrerait dans des ratés de communications entre instances responsables.

Peu à peu la conversation partit dans des sens divers. Des conseillers de l'Administrateur les avait rejoints à table et bientôt on vint servir le dîner. Lorsque les plats furent apportés, Ben les regarda avec délectation. Il y avait de tout, notamment des légumes aux formes et couleurs étranges, des produits locaux qu'il ne connaissait absolument pas. La nourriture n'était pas raffinée mais elle était bonne et rapidement une conversation fut lancée entre le sénateur d'Ogem, fin gourmet comme l'attestait son tour de taille, et l'Administrateur Onhaka, visiblement heureux de constater qu'il y avait au moins une personne qui respectait sa planète. Entre deux bouchées d'une viande subtilement aromatisée, Ben se joignit à cette conversation.

    « Hum, vous n'avez pas tort, Althen... Mais enfin mettez un peu de Scrimpi et c'est tout de suite plus fantastique! En parlant d'incroyable... succulent ce p'tit frichti, Administrateur Ohnaka, su-ccu-lent! »


Le vieil homme sourit, visiblement flatté.

    « Merci, monsieur Doyle. Vous savez, nous n'avons pas de grandes richesses sur notre planète mais nous avons une longue histoire d'agriculteurs. Nos produits sont vraiment d'une grande qualité, simplement trop peu connus. »


Par "agriculteurs", Ben comprenait plutôt "bouseux". Mais enfin, le patriarche n'avait pas tort, tout ce qu'il avait goûté à cette table était excellent et surtout inattendu. Et il s'y connaissait en bouffe. Pas un grand restaurant de Coruscant qui lui était inconnu et où on l'accueillait avec courbettes et déférence. Ce n'était un secret pour personne que les critiques gastronomiques du Coruscant Post, signées du nom mystérieux du Gourmand Gourmet, étaient en vérité rédigées par Ben Doyle lui-même. C'est que bien manger avait toute son importance pour le rédacteur en chef du quotidien coruscanti, car il s'agissait tout autant pour lui de plaisir que de philosophie. Manger avec joie et plaisir participait de cette façon qu'il avait de prendre la vie par les devants, de toujours la saisir!

    « Administrateur... saviez-vous que le monde du sénateur Althen, Ogem, est l'un des centres de production les plus importants de Nerfs? Et j'peux vous dire que c'est du bon qui s'y produit! »

    « Oh mais voilà une chose que j'ignorais totalement... »

    « Mais oui, cher monsieur, monsieur Doyle... »

    « Ben, appelez-moi Ben, voyons. »

    « ... Ben a tout à fait raison! Ogem est célèbre pour ses Nerfs. De toutes sortes et de toutes races! C'est que l'on croit que tous les Nerfs se ressemblent mais pas du tout! Nerfs blancs, nerfs noirs, nerfs à cornes, nerfs laineux, nerfs de montagnes, nerfs des plaines... cela fait des années que je m'échine à faire comprendre au Sénat l'intérêt fantastique d'une telle bête! En vain... peine perdue, les autres sénateurs n'y comprennent rien. Ogem est le paradis du nerf, nos exportations sont en constante augmentation! Mais ce sujet n'intéresse personne dans la rotonde. J'ai bien peur que des petits mondes comme les nôtres ne soient trop souvent délaissés, Administrateur Ohnaka. »


L'ancien acquiesça de la tête, l'air fatigué.

    « N'est-ce pas là justement une opportunité, Althen? »


Les deux politiciens relevèrent la tête, intéressés.

    « Comment ça? »


Le sénateur était bien à l'image des animaux qu'il chérissait temps : lent à la détente.

    « Hé bien j'ai fait quelques recherches avant de venir ici, bien sûr... Dantooïne produit toutes sortes de choses mais avant tout des fruits et des légumes, et lorsque c'est de la viande il ne s'agit pas de nerfs, n'est-ce pas Administrateur? »

    « C'est tout à fait juste. »

    « Dantooïne est à l'extrême nord républicain. Du coup, vos exportations ne vont généralement pas plus loin que le Noyau. Trop loin, sinon, trop de taxes ou de barrières en tous genres. Ogem, c'est tout le contraire. Une planète de l'extrême sud républicain, bien placée entre la route commerciale de rimma et la voie hydienne. »

    « Et alors? »

    « Et alors vous pouvez être parfaitement complémentaires! Baissez vos taux à l'importation de vos produits respectifs et le marché pourrait être rentable... Althen, vos entreprises d'exploitation d'nerfs sont pas du tout sur le marché nord. Avec un p'tit coup d'pouce fiscal de Dantooïne, j'doute pas qu'elles viendront s'installer ici, où tout est parfait pour élever c't'animal! Quant à vous, Administrateur Okhana, l'exportation d'vos produits jusqu'à Ogem pourra sans doute devenir rentable... Ogem serait votre base de marché dans le sud, tant pour la planète du s'nateur Althen que d'ses planètes voisines. Gagnant-gagnant. »


Les deux hommes le regardèrent avec stupéfaction, comme s'il venait de trouver un truc incroyable. Ils étaient vraiment pas fute-fute. L'Administrateur perdit cependant vite de son enthousiasme.

    « Mais comment nos entreprises pourraient financer le transport jusque sur Ogem? Ce ne sont pas des conglomérats galactiques, vous savez. »

    « Bien sûr. Mais la diminution de frais d'entrée arrangée par ce bon Althen réduirait déjà les coûts. Et puis il vous faudrait un prêt... J'doute pas qu'les entreprises de nerfs aient aussi bien besoin d'emprunter pour mettre sur place leurs installations ici! Il s'avère justement que je suis actionnaire avec une certaine influence sur les Etablissements bancaires de Telerath... Nul doute qu'ils pourront établir un plan financier détaillé rendant cette entreprise possible. »


Ben, bien entendu, ne perdait pas le nord. Derrière tout ce blabla, il y avait évidemment l'occasion de se faire du pognon. Pour peu que les gouvernements respectifs s'accordaient sur des diminutions de barrières à l'importation, la banque serait certainement en mesure de financer un tel projet, offrant des perspectives économiques intéressantes pour les deux planètes. Visiblement, les deux hommes politiques semblaient partants. Il s'agissait maintenant de laisser décanter l'idée. Et c'est donc à point que Grendo S'orn prit la parole tandis qu'Ohnaka et Althen continuaient de sympathiser. Ben, lui, terminait son dessert. Le Neimodien non plus ne s'oubliait pas dans la partie. Il y avait des affaires à réaliser et l'on pouvait espérer que le départ des réfugiés s'accompagnerait de la conclusion de juteux contrats. Quel mal à cela, puisque ce serait profitable au plus grand nombre?

Il se tourna vers la discussion que menait le leader du Front Libéral Républicain avec le monarque des exilés. Evidemment, il voulait partir en premier, avec toute sa suite probablement et le reste de son aristocratie en déroute. Alors que le dîner se terminait, Ben se pencha vers son camarade de combat politique et lui souffla quelques mots à voix basse.

    « Grendo, vieille grenouille, tu t'en sors bien avec cette fripouille d'Arak deuxième du nom... Tu devrais faire gaffe. L'envoyer en premier sur Naboo ça risque de mal passer. A la fois pour ceux en exil ici qu'ils l'verront partir en prems, et si ça s'apprend on t'fera chier au sénat. T'pourrais ptêt... "égarer" la liste hein, héhéhé? Oh on enverrait l'roi en premier, oui oui, mais pas avec toute la noblaille qui s'casse dare-dare, non avec une moitié d'pécores d'son pays. Ca fera plus juste, n'est-ce pas? »


L'Administrateur Ohnaka intervint une dernière fois. Il signala qu'il était temps pour la délégation républicaine de découvrir de visu les campements humanitaires dans lesquels vivaient les citoyens de Dubrillion, afin que le Sénat et les médias puissent se rendre compte de la nécessité d'intervenir le plus vite possible pour aider Dantooïne et envoyer les réfugiés sur Naboo où les infrastructures seraient plus adaptées à leur nombre et leurs besoins. Ben hocha gravement de la tête. Ca n'allait pas être drôle et il commençait à regretter d'avoir mangé autant. La digestion s'annonçait difficile. Tant pis, il essayerait de ne pas trop respirer par le nez et de faire circuler l'air par sa bouche. Tout le monde se leva de table, visiblement assez morose. Avant de prendre la route, Ben prit une dernière fois la parole.

    « Oh, au fait, Administrateur Ohnaka, z'auriez pas quelqu'un à qui j'pourrais confier ma valise? »
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn