Travis Torn
Travis Torn
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Il arrivait parfois que Wallan Blaze, à l’indépendance farouche, se retrouve en un lieu et une époque où il n’avait guère sa place, et dont il ne pouvait s’échapper sur-le-champ.
Il en avait été ainsi dès années plus tôt, lorsqu’il avait raccroché sa vieille armure corellienne, après avoir fuis les saynètes sanglantes d’une vie de chasseur de prime. À cette époque, son existence était encore calquée sur la vaste lie des syndicats du crime qui pullulaient sur la Voie Hydienne –loin… dans la bordure Médiane-, et leur lot d’intrigues perpétuelles…
Ce genre de déconvenue s’était souvent répété lorsqu’il était plus jeune, entre les conduits des sérails Hutt, sur Mos Eisley, puis dans les venelles crasseuses de Nal Hutta. Dans les débuts de sa carrière, il avait fait ce qu’on lui demandait, au moment où on le lui demandait. Lorsque les missions qui lui étaient confiées n’étaient pas à son goût, le tout jeune Wallan se contentait alors de hausser les épaules et d’obtempérer ; quel autre choix avait-il ?
L’âge et l’expérience aidant, combinées à une réputation qui rendait nerveuses même les crapules les plus sauvages de la galaxie, il n’acceptait désormais que les missions qui lui convenaient, à lui et à personne d’autre. Pourtant…de temps en temps…il se retrouvait dans un endroit où il ne désirait pas être comme cette nuit-là, à rouscailler intérieurement sur une aire d’atterrissage délabrée…
Il regarda par-delà la verrière du « Vornskr », - une espèce de croisement entre un cargo des temps anciens, et un chasseur corellien.- pour contempler le spectacle homérique qui se jouait au-dehors. Nar Shaddaa était en proie à une tempête torrentielle… Fait rare sur un monde où la grumeleuse fumée toxique qui s’échappait des cheminées d’usines fermées depuis des génération, associé aux relents radioactifs d’immenses décharges, laissées à ciel ouvert, avaient transformé l’atmosphère en une gigantesque fournaise bruineuse, sous la grisaille d’un ciel pollué. La pluie qui s’abattait sur les reliefs de cette poubelle urbaine grandeur nature transformait l’éclairage des holovids en de longues striures gyroscopiques.
Wallan grommela pour la quinzième fois depuis le début de cette aventure qu’il qualifiait de poomoo à Bantha...
…jouer les taxis quand son vieux pote réglait –par des moyens officieusement officiels.- un compte avec un caïd local.


« Bon sang Ighelm mais qu’est-ce que tu fous ? », ses doigts martelaient les commandes du tableau de bord avec impatience tandis qu’il se disait – pour la quinzième fois également.- que ce chakaar de Jedi avait dépassé les bornes.
Tout cela au nom d’une amitié qui perdurait depuis plus d’une décennie…

Au fond de la baie, une porte coulissa et une haute silhouette s’en extirpa dans une grande envolée de sa cape sombre. Wallan soupira, soulagé, en reconnaissant la carrure du Maître Zabrak. Les choses s’étaient passées comme prévu en fin de compte. Ou presque…
Les sourcilles du contrebandier se plissèrent lorsqu’il vit ce qu’Ighelm portait dans ses bras.
Il eut un claquement de langue contrarié et activa le sas d’ouverture.

« Hum, tu peux me dire ce que c’est que… "ça" ? », demanda t’il sèchement, quand le Jedi passa l’embrasure. Ses prunelles fixèrent un instant le Zabrak, puis coulèrent sur l’enfant aux yeux apeurés.
« Doucement, il est en état de choc. », lui répondit la voix calme et profonde du Jedi tandis qu’il installait le morveux sur l’un des sièges rembourrés.
Il devait avoir dans les sept… peut-être huit ans. Ses nippes étaient sales et déchirées, et son cou était encore paré d’un collier à électrochoc.

* Un esclave donc… *, songea Wallan, alors que les esquisses de sa propre enfance lui revinrent un instant en mémoire ; les cris sur le marché de Mos Eisley, la peur quand le Rhodien l’avait emporté, le regard terrifié de sa sœur, restée sur l’estrade avec les autres captifs. Graduellement il perdit ses airs de Wampa mal-léché, et maugréa.
« C’est bon pour cette fois, mais que ce soit clair, je veux pas l’avoir dans les basques quand on aura passé le périph’ de Nar Shaddaa. »
« Ne t’inquiète pas, j’ai déjà ma petite idée sur la question. »
« Ah… », fit Wallan en saisissant l’allusion. « Tu compte en faire un de ces chakaar ? »
Un pâle sourire se dessina sur les lèvres du Zabrak, le premier depuis un moment en fait… Wallan espérait toujours deviner dans les yeux d’Ighelm un peu de cet air espiègle de jadis, mais il savait qu’il ne l’y retrouverait jamais. Plus depuis la Mirialan, en fait… Et l’explosion sur le pont d’un vaisseau pirate.
Cette tragédie l’avait comme cautérisé.

« Allons… », convint Ighelm. –Wallan détestait les Jedi, ce n’était un secret pour personne.- « …vois les choses avec optimisme. Ce n’est pas tous les jours qu’un de ces "chakaar" se voit affublé d’une dette envers un contrebandier. »
« Fait gaffe, j’ai une mémoire de Rancor. »
« Tu m’en vois ravis », répliqua le Jedi en couvrant le gamin de sa cape.

Travis s’était endormi…


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Spoiler:

Wallan était assis tranquillement dans un recoin de la cantina, ses grosses mains noueuses refermées autour d’une chope de Boga Noga. Son faciès aux traits burinés était masqué par un capuchon noir.
Malgré les aérateurs à filtres, l’air de la pièce était vicié…
Le contrebandier distinguait la fumée des cigarras qui se mélangeait à l’odeur de transpiration des soudards –toutes races confondes.-, à celle de la nourriture et des breuvages éventés.
Il leva sa chope et la porta à ses lèvres, ne prenant qu’une gorgée d’alcool afin de la faire rouler dans sa bouche. Ce soir, le RedCorel était bondé ; le bar était plein et les tables à Sabacc, archi-comble. Sur les murs de plastacier, des écrans photogènes rapportaient les dernières nouvelles du blocus d’Aargau, relayées en directe par l’HoloNet.
Les gens se pressaient un peu partout, mais personne ne s’approchait de lui…
Il n’aimait pas la compagnie… et c’était un privilège qu’on accordait volontier au vieux contrebandier, autant que faire se pouvait dans un tel endroit.
Un peu avant minuit, une dispute éclata. Le corellien reporta son attention sur les cinq lascars qui se chamaillaient pour un verre renversé. Il les scruta un par un ; il vit que le rouge leur était monté aux joues et qu’ils se hurlaient dessus. Aucun d’entre eux n’avait vraiment envie de se battre. Avant une bagarre, le sang déserte le visage, le laissant blanc et fantomatique… Une vétille facile à discerner parmi les standard humains, et aucun de ces types ne dérogeait à la règle. Puis il coula son regard de chauve-faucon sur un jeune homme près du groupe. Celui-ci était dangereux…
Son faciès était pâle, sa bouche n’était plus qu’un trait fin, et sa main droite était cachée dans les replis de son blouson.
Lentement, son attention se reporta sur Taxx, le patron. L’ancien contrebandier, toujours corpulent pour un Besalisk, se tenait derrière le bar et observait les hommes. Wallan se détendit ; Taxx avait vu le danger et était prêt à intervenir.
La querelle se calma progressivement – mais le vaurien pâle s’adressa à l’un de ses camarades, et les poings se mirent soudainement à voler.- la lame d’un d’skar brilla sous la lumière des holovids, et un soudard poussa un cri de douleur.
Taxx, un bâton Stokhli à la main, sauta par-dessus le comptoir et se jeta sur le voyou. Il lui asséna d’abord un coup au poignet, le forçant à lâcher son arme, puis un revers à la tempe. L’inconnu s’écroula comme une masse sur le sol lambrissé de plastacier.


« C’est bon les gars ! », rugit Taxx. « On ferme. »
« Oh, encore un dernier verre… », supplia un habitué.
« Demain… », répondit sèchement le propriétaire. « …allez, aidez-moi à nettoyer ce bazar. », les clients finirent leurs verres tandis qu’on soulevait le jeune homme inconscient pour le jeter dans la rue.
La victime avait été poignardé à l’épaule ; la blessure était profonde, et son bras commençait à s’engourdir. Taxx lui offrit un double Johrian avant de l’expédier au centre médical le plus proche.
Finalement, le tenancier pu verrouiller l’entré et couper les holovids extérieurs. Des droïdes s’affairaient déjà à ramasser les chopes, les assiettes, et à redresser les tables renversées durant la brève altercation. Taxx rangea son bâton étourdissant et alla rejoindre Wallan qui était toujours assis, imperturbable.


« Encore une soirée paisible… », grommela-t-il en plaçant une chaise en face du contrebandier. « T-16 ! », hurla-t-il. « Apporte-moi un cruchon. »
Un droïde vida une bouteille entière de Gorimn rouge dans une cruche en... bois de wroshyr ? Chercha un gobelet propre, et apporta le tout à la table.
« Pourquoi ne t’es-tu pas directement servi à la bouteille ? », s’enquit Wallan, en regardant fixement le Besalisk de ses yeux sombres. Taxx gloussa.
« Le goût est meilleur avec le wroshyr. »
« Foutaise… », le corellien s’empara de la cruche et la tint sous son nez. « …du Gorimn… d’au moins cinq ans d’âge. »
« Onze… », le corrigea Taxx en souriant de toutes ses dents. « …tu te souviens de ce convois sur Kashyyyk ? Les Wookies m’en ont laissé toute une cargaison. C’était avant tout ce foutoir… », comme pour arguer ses propos, il écarta les bras, désignant la cantina. Wallan, qui avait saisi la métaphore, soupira. Malgré quelques conflits, l’époque était naguère plus clémente. Lui et Taxx avaient ouvert plusieurs lacis commerciaux, à travers les routes hyperspatiales reliant Kashyyyk à la Passe Corellienne.
Et puis... les Cartels Hutt s’en étaient mêlés, la République avaient doublé leurs patrouilles, et il y avait eu les incursions Sith…
Aujourd’hui, avec les évènements d’Artorias et le blocus récent d’Aargau, la contrebande avait subi un nouveau revers. Les contrôles de douane s’étaient étendus au-delà du Noyau, et naviguer dans la bordure Médiane relevait à tenter d’infiltrer un nid de Gundark flanqué d’une armure Katarn…

« Comment pourrais-je l’oublier ? Mais dis-moi, onze ans d’âge… Tu ne veux pas que l’on sache que tu es suffisamment riche pour en boire… », fit remarquer Wallan. « …ou cela nuirait à ton image de citoyen ? »
« Riche ? Je ne suis qu’un modeste tenancier. »
« Et moi une danseuse Twi’lek. »
Taxx ri franchement.
« On a tous nos petits secrets. Enfin ce n’est pas tous les jours qu’on te voit dans les parages. En général, tu as tendance à débarquer quand les emmerdes sont à ta porte. »
« Ah…c’est donc visible à ce point ? », rétorqua l’autre, tandis qu’un sourire acide tordait son menton mal rasé. Taxx lui décocha une oeuillade appuyée.
« Raconte. »
« Tu te souviens d’Heljaster l’Écorché ? », Wallan faisait référence à un ponte notoire du crime organisé. Un Falleen spécialisé dans le blanchiment de crédits, et le pillage de transports. Le tout couplé à une cruauté à même de rivaliser avec le plus belliqueux des Hutt. Taxx n’eut pas l’air surpris, ses épais sourcilles s’étaient simplement froncés un peu plus que d’habitude. D’un geste, il l’invita à continuer. « Disons qu’on a eu un léger désaccord tous les deux, suite à un contrat mal géré. On a fini par jouer ça au Dejarik ; ma cargaison contre son meilleur transporteur… Je n’ai jamais vu aussi mauvais perdant. »
« Il a mis ta tête à prix ? »
« Dans toute la bordure Extérieure. »

« Sans oublier la bordure Médiane, bien sûre… », rententi une voix à l’autre bout de la pièce. Elle était basse, presque onctueuse, et retrouvait les tonalités raisonnantes de ces trompes de cavernes taillées dans le bois de kriin.
Wallan n’eut pas besoin de se retourner. Il en connaissait l’auteur…


Heljaster s’avança jusqu’à la petite table où siégeaient les deux acolytes. Derrière le bar, un sas s’ourvrit, et d’autres lascars firent leur apparition. Parmis eux, Wallan reconnu le vaurien pâle de tout à l’heure. Et n’eut pas besoin de creuser longtemps pour comprendre que la rixe n’avait été qu’une diversion.
La cantina vidée de sa clientèle, Heljaster n’aurait pas vraiment à craindre de surprises.

« Je suis désolé… », jaspina Taxx, l’air pitoyable. « …il a deviné que tu viendrais jusqu’ici, et il a menacé ma famille. »
Wallan su qu’il était sincère.
« Je comprend… », murmura-t’il alors que sa main coulait doucement sous la table, jusqu’au holster de son pistolaser. « …tu n'as pas à t'excuser, c’est de ma faute. J'aurais dû anticiper... »
L’un des truand se rendit compte de son geste et poussa un cri d’alarme.
Un sourire triste ourla les lèvres du vieux contrebandier….
…des diaprures lumineuses déchirèrent la pénombre omniprésente…
…et la scène se changea en pandémonium.


***

Wallan haletait, les yeux rivés sur le sas qui verrouillait la salle des holoscan, Un cutter à fusion achevait de tracer un rectangle parfait dans le panneau de duracier dont il avait détruit les commandes. Une nouvelle vague de douleur lui vrilla l’épaule et il serra les dents, la main plaquée sur le trou noircit qui fumait encore.
Tout s’était passé très vite. Durant la rixe, il s’était réfugié derrière le bar et avait réussi à atteindre la pièce de maintenance, au fond de la cantina. Taxx aussi s’en était tiré, il l’avait vu filer par une porte dérobée. Il soupira alors que les stigmates de sa trahison se clarifiaient dans son esprit. Il n’avait jamais été doué pour l’empathie, mais il pouvait comprendre ce genre de cheminement instinctif qui avait poussé le Besalisk à le dénoncer.
Taxx était celui qui avait eut le plus à y perdre dans cette histoire… et lui… lui qui n’avait ni attache ni famille, avait fait plonger un ami dans ses embrouilles.
Un coup ébranla la porte, le tirant de sa léthargie plaintive…
Une idée germa, mais cela relevait à faire courir de nouveau risque à quelqu’un d’autre. Il hésita…
Un nouveau coup fit fondre ce brusque élan d’indulgence.
Il activa un holoscan, et rentra dans le champ qui projeta aussitôt une image de lui-même en trois dimensions.


« Ighelm… hum…salut mon vieux… Je sais… ça fait une paye, mais… tu te souviens de cette dette dont tu m’as parlé un jour, sur Nar Shaddaa ? », un autre coup, il tressaillit. « J’aurais franchement besoin de toi, là. », nouveau coup. « Je n’ai pas beaucoup de temps…suis coincé sur Corellia. Je t’envois les cordonnées par holovid. Si tu trouves un type nommé Taxx, montre lui l’enregistrement. Il te renseignera. J’aurais préféré faire ça dans d’autres circonstances. Pardonne-moi. »

Les portes volèrent en éclats au moment où Wallan écrasait le bouton de l’intercom.

***

Quelque part, au temple Jedi de Coruscant, un holo-projecteur s’activa sur la table d’une chambre silencieuse, tirant un Padawan ensommeillé d’une nuit paisible.
La première, depuis plusieurs jours...


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Spoiler:

Corellia était un monde en perpétuelle évolution. Réputée pour ses chantiers de constructions navales et pour son idéologie indépendantiste, elle constituait également un repère de choix pour les fauteurs de trouble qui ratissaient la bordure Médiane…
À la limite de son puits gravifique, un chasseur stellaire surgit d’une vaporisation de lumière prismatique. Se dépouillant de son anneau hyperdrive, l’appareil fila dans une atmosphère saturée par un flot grouillant d’engins en tout genre qui vaquaient, au-dessus du tumulte planétaire.
Si elles étaient loin d’égaler Coruscant en matière de transit, les métropoles corelliennes n’en demeuraient pas moins tentaculaires, avec leurs dômes d’inspiration nouvelle architecture, leurs tours qui ressemblaient à des cryo-tubes plongées dans du duranium, et leur pléiade d’arches luminescentes, qui jouxtaient la nasse nivelée des astroports et des chantiers navals.
Le chasseur suivait une trajectoire préprogrammée qui l’amena droit sur une aire d’atterrissage, à quelques kilomètres de Tyrena.
Tandis que son appareil descendait en vrille vers la structure de permabitume, Travis Torn revisionnait l’étrange l’holo-enregistrement, et la silhouette familière du contrebandier qui avait fait resurgir en lui des souvenirs impérissables…
Ses iris antarctiques se figèrent un instant sur la verrière de transparacier, et sur son propre reflet à l’expression douce-amère ; un minois ciselé, mais purement masculin, qui contrastait avec un regard dur, voir inquiétant. Comme si un dragon Krayt était tapi sous un manteau de glace.
Des images, vieilles de treize ans, vivotèrent hors des brumes de son passé ; la peur quand Ighelm et Askelus s’étaient affrontés, l’inquiétude lorsque le Jedi s’était approché, et la fatigue dans le vaisseau du contrebandier. Travis se souvenait vaguement de Wallan Blaze et de ses faux airs de Rancor. Ils ne s’étaient croisés que brièvement, mais son maître lui avait souvent parlé de lui et des missions accomplies ensemble, des années auparavant. À l’époque où ces deux-là s’étaient connus en tant que Padawan et chasseur de prime. Naguère, le corellien avait décroché plusieurs contrats sous une couverture de « sous-traitant », pour le compte de la République. Et puis, au fil du temps, il avait délaissé la traque pour la contrebande.
Ighelm ne lui en avait jamais tenu rigueur, allant parfois même jusqu’à fermer les yeux sur les activités de son ami.

Le chasseur arrivait à hauteur des premiers buildings…
Travis saisit les commandes manuelles et négocia les derniers mètres qui le séparaient de la terre ferme. Il se demandait encore par quelle impulsion il avait répondu à l’appel, diffusé sur l’holoprojecteur ayant autrefois appartenu à son maître.
Quoiqu’il en connaissait déjà les réponses…
Le respect pour la mémoire d’Ighelm… Le fait que Wallan avait naguère joué un rôle dans son destin, quand son maître l’avait trouvé sur Nar Shaddaa… Et cette sorte d’intuition instinctive dont étaient pourvus de nombreux Jedi, prompte à leur assurer que leurs actes étaient en accord avec la volonté de la Force.
Il se remémora encore un instant ces moments passé avec Ighelm, et esquissa un sourire triste aux souvenirs de ces dix dernières années, avant le drame de Telos IV. Parfois, il rêvait que son maître n’était pas mort du bras d’un seigneur Sith, au cœur d’une planète déchirée par la guerre civile. Il rêvait que la main de ce même maître le guidait toujours, à travers la route tortueuse et étrange qui constituait la vie de Travis Torn. Il s’imaginait encore en train de batailler aux côtés du grand Zabrak, dans ces nombreux moments où mentor et élève ne formaient plus qu’un dans les échos de la Force.
Mais Ighelm avait disparu, et sa mort n’était plus qu’une vieille douleur indélébile…
…une douleur qu’il avait appris à gérer avec le temps.
Un Jedi ne se cramponnait pas au passé.

L'espace d'un instant, il fut frappé par les disparités de cette vie bien réglée qui lui paraissait tellement loin aujourd'hui.
Il aurait tout aussi bien pu rêver d'avoir vécu cette existence que le contraste n'aurait pas été différent...
...de toute façon il savait déjà, au fond de lui, qu'il ne s'agissait là que d'un intermède.
Sa vie n'avait jamais été simple ou posée.

L'appareil se coula en douceur sur la coupole cannelée d'une aire d'atterrissage.
Travis ouvrit son cockpit.
Une meute de petits droïdes à l'apparence vaguement humaine se précipitait déjà vers son chasseur. Ils trimbalaient et traînaient derrière eux toute une variété d’outil et de matériel, et le Padawan supposa qu'il devait s'agir d'une sorte d'équipage au sol. Lentement, il quitta l’appareille, et réarrangea le col de son blouson… Il avait troqué ses robes de Jedi pour un style typiquement corellien qui lui donnait des airs de yankee (illustration). Un habillage plus prompt à la discrétion dans les objectifs qu’il s’était fixé, tandis que son sabre laser demeurait lové contre lui, dans l’une des poches internes de sa jacket.
Machinalement, il tendit une holocarte marquée du filigrane de la République. L’un des droïde s’en saisit et la plaça dans un lecteur, il y eut un bref silence, ponctué d'une tonalité flûtée. L’automate retira le pass qu’il rendit à Travis dans un
[Bienvenu sur Corellia, Padawan Torn], de circonstance.
Le jeune homme répondit par un bref signe de tête, et prit la direction des rames Maglev qui l’emmèneraient loin, dans les profondeurs de Tyrena…
…en des endroits où l’on ne pouvait persuader un droïde taxi aérien de vous conduire. Même en lui promettant une année gratuite dans les bains de lubrification du secteur industriel.

Deux heures plus tard, Travis se retrouvait à arpenter les venelles sordides d’un lieu qui n’était pas sans lui rappeller les abîmes de son enfance…
Le jeune homme ne saurait l’expliquer, mais il se savait déjà observé.
Il le sentait dans la Force.
La faune bariolée des bas-fonds semblait vivoter sur le fil du rasoir. Comme pour la plupart des paradis de contrebande, elle avait développé une acuité sensorielle d’une complexité inouïe. Les gens des rues utilisaient des systèmes de communication remarquablement élaborés, les cris, les sifflets, les signes de tête, jusqu'aux simples postures...

Après quelques tours et détours, il atteignit un marché.
On y faisait ouvertement commerce de drogues et d’alcool, d'armes, de joaillerie et de bonne chaire. Aude vivante du raffinement, l'avenue était le haut lieu de l'hédonisme vu par la lie de la société corellienne.
S'il avait récolté quelques crédits, un mendiant pouvait s'offrir assez de bâtons de la mort pour se sentir, quelques instants, le roi du monde... Ah, s'entourer de belles de nuit puis s'imbiber d'assez de drogues pour oublier les pustules qui rongeaient sa pauvre carcasse…
Dans ce quartier, les miséreux comme les aisés pouvaient vivre pour quelques heures l'existence d'un pacha Hutt.
Tout n’était que poudre aux yeux, et ravalement de façade sur des ruines infestées de rats, oripeaux de luxe sur des Zeltronnes, Twi’leks, et autres Togrutas terrifiées au regard vide...Les parfums capiteux couvraient les relents de la sueur et de la crasse.
Ces merveilles de pacotille contentaient la faune des rues, dont pour certains, la misère était leur seule « réalité ».
Quelque part, les bas-fonds de Tyrena n'étaient aux yeux du Jedi, guère différents de la pestilence de Corusca Circus et du galimatias de Nar Shaddaa.


* Il n'y a pas d'émotion, il n'y a que la paix. *

Travis observa encore un instant la pantomime obscène, et fit le vide pour chasser la colère qui couvait. Ravalant son mépris, il emprunta une ruelle à l'extérieur du marché...
...quand soudain.
Darth Velvet
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« J’attends ! » susurrais-je à son oreille, avec la douceur mielleuse d'une amante à son aimé.

Sous ma main, je sens les mouvements erratiques de sa poitrine, l'odeur âcre de sa peur distillée par sa peau. Il déglutit, lentement, mesurant les mots qui se pressent à ses lèvres, alors que mes ongles éraflent négligemment la peau tendre de son cou.

« Je.... » begaye-t-il, son regard argenté fuyant le mien.

« Tu... ? »

« Je ne peux rien dire. Ils me tueront s'ils apprennent que j'ai parlé ! »


Un regain de courage illumine son visage, éclairant d'un instant de bravache ses prunelles. La loyauté fantoche qui l'habite ne saurait me résister. Je connais les hommes tels que lui. Ils sont lâches, ils sont faibles. La peur de perdre leur minuscule pouvoir les hantent mais ils ne sont pas de ceux qui se sacrifient. Ni pour leur maître, ni pour leur famille. Seuls leurs petits interets personnels revêtent une quelconque importance, et s'ils leur faut massacrer leurs fils pour parvenir à leur fin, ils n'hésitent jamais...

« Peut-être... mais moi je le ferais à coup-sûr dans la minute si tu ne me donnes pas un nom et un lieu. »

Il tremble imperceptiblement, frissonnant sous les accords polaires de ma voix monocorde. Je devine son hésitation dans le frémissement de sa lèvre, le désir de marchander pour s'absoudre de mes exigences. Il a tord s'il s'imagine qu'il peut négocier ou user de ses artifices avec moi. Le sujet n'est pas soumis à discutions et aucune tractation ne peut être envisageable. Ce que je veux, je l'aurais, même s'il me contraint à certaines extrémités.

« Mmmm... » ajoutais-je dévoilant un sourire carnacier.

La pression de mes doigts s'accentuent jusqu'à sentir sous leur pulpe, les pulsations affolées de son cœur. Il expulse une bouffée d'air, les yeux révulsés par un étonnement macabre, alors que son gosier se contracte violemment, que l'oxygène n'alimente plus ses poumons et son corps. Sa bouche s'ouvre sporadiquement, à la façon d'un poisson hors de l'eau tandis qu'un éclair de compréhension douloureuse traversent ses pupilles dilatées par la peur.

« Je vous avez pourtant prévenu... » glissais-je à mi-voix, comprimant dans un étau, les mouvements désordonnés et instinctifs lié à son étouffement.  « Je pourrais tout arrêter... vous laisser reprendre votre respiration si vous vouliez vous montrer un peu raisonnable... après tout je ne veux qu'un nom et un lieu. »

J'use de la Force, relâchant subtilement les liens éthérés serrant sa trachée afin qu'il avale une goulée d'air. Il tousse, tente de me repousser, cherchant une liberté que je lui octroie provisoirement. C'est juste une illusion, et l'espace qui a présent nous sépare l'un de l'autre, une fausse délivrance. Je n'ai jamais eue besoin d'un contact physique pour étrangler un homme.

«  Vas te faire foutre sal... »

Ses insultes ne franchirent jamais le seuil de ses lèvres. Mon poing s'écrase bruyamment sur son visage, dans un craquement mat de cartilages. Le nez fracturé, dégoulinant de sang, la pommette tuméfié, il tombe à genou, les yeux embués de larmes retenues par orgueil.

« Je crois que tu n'as pas compris. Ou tu me dis ce que je veux savoir, ou je peux t'assurer que tu vas me supplier de te tuer tant je vais m'amuser avec toi. » grondais-je, sentant une indicible colère monter crescendo en moi.

Une fois encore, j'obstruais sa gorge par la Force, l'obligeant à se tortiller comme un ver à mes pieds jusqu'aux portes de la mort. Les joues couleurs de cendre, les yeux éteints et résignés, allongé sur le sol en gobant avidement une rasade d'oxygène, il essaye de se relever sans y parvenir.

« Wallan Blaze.... Corellia... » murmure-t-il, chevrotant.

«  Tu vois c'était facile... » répondis-je en l'abandonnant à même l'asphalte de la ruelle, sans un regard pour lui.



Mon regard se fiche un instant, sur les courbes lustrées d’un vaisseau. Sous les derniers rayons d’un soleil en déclin, la carlingue aussi lisse que brillante, resplendit, reflétant l’aura orangé du crépuscule. J’expulse un soupir, les yeux assombris par la déception. Ce Wallan Blaze, un véritable serpent des plaines, retord, fuyant… glissant. Exactement ce genre d’homme, à l’instar de Dranor, capable de se faufiler partout avant de fondre et disparaitre lorsque les événements l’exigent. Un gibier difficile à débusquer, manifestement en proie à quelques difficultés si j’escompte toutes les précautions prises pour que l’amarrage de son vaisseau ne figure sur le manifeste de la capitainerie. A moins que les cargaisons empilées dans les soutes ne nécessitent un traitement particulier. Point qu’il me tarde de vérifier.
 
Usant de la Force pour endommager les circuits de sécurité et d’ouverture de la porte, c’est rapidement et sans vergogne que je pénètre dans son antre. Somme toute, le vaisseau, pour sa partie habitable n’est pas très grande. Un poste de pilotage étroit, une pièce à vivre comprenant une kitchenette et tout le confort relatif, une cabine spartiate et son espace de toilette. Les soutes, elles,  en revanche et quoiqu’entièrement vides, s’accaparent la majorité du volume du vaisseau. Désappointée par l’absence de toutes marchandises, je fouille à présent dans ses affaires. Je commence par compiler le journal de bord, ses entrées et sorties, les récépissés de ses livraisons sans pouvoir deviner quoi que ce soit sur sa cachette actuelle. Un contrebandier ça ne peut tout de même pas s’envoler ! En tout cas pas sans son précieux vaisseau ! Trois jours sans retourner à son bord, c’est quand même beaucoup pour un homme dont il semble que l’inactivité ne soit pas un loisir bien usuel. Par dépit et sans grandes convictions, j’épluche les derniers destinataires de ses holo-messages, ses répertoires de connaissances, priant pour trouver un nom ou deux dans ce secteur. Soudain apparaît sur l’écran :
 
Taxx B'lek
Corellia – Redcorel
 
J’esquisse un sourire. La chance se rangerait-elle enfin de mon coté ? Je mémorise instantanément les renseignements si difficilement acquis et je m’éclipse de cet endroit de la même façon que j’y suis entrée.
 
 La nuit, sombre manteau sans lune, engloutit la ville et ses rues. Rien ne brille dans les cieux, excepté les lueurs fantomatiques et bleuâtres des ateliers navals en orbite autour de Corellia. Pourtant les rues n’ont rien d’ensommeillées, dans ce quartier. La population commence son ballet noctambule sous les feux multicolores des enseignes de boites et de bars. Les ruelles grouillent d’une vie qui ne s’épanouit que dans l’obscurité. Prostituées à demi-dénudées, offrant leurs corps décharnés, dealers en affaire, individus en quêtes d’alcool ou d’amusements… c’est au cœur de cet endroit que je découvre enfin mon lieu de destination : un bar aux allures défraichies, aux néons grésillant et à l’aspect miteux. J’entre.
 
L’intérieur n’a rien à envier à l’extérieur. L’atmosphère est chargé en odeur de sueur et de fumée, quand à la décoration, elle a des allures de cantina décrépie. Dans un coin, un groupe de byths entonne une musique d’ambiance que nul n’écoute, alors qu’une serveuse se presse entre les tables, un plateau rempli à la main et que sur les écrans se jouent les nouvelles du jour dans les cris enthousiastes des joueurs de sabacc. Je m’installe au bar.
 
« Elle veut quoi la p’tite dame »
 
«  Un Bloody Wookie. Hmmm dites moi, vous connaissais Taxx ? »

 
Il me regarde avec circonspection.
 
« Mouai. Ouai peut-être ça dépend ? »
 
« Haa. C'est donc vous. En fait je cherche un de vos amis, un certain Wallan Blaze...»

 
Sa main se pose rudement sur la mienne pour m’imposer le silence. L’espace d’un instant, ce contact entre nos deux peaux, me crispent. Venant du tréfonds de mes entrailles, un chant de colère s’élève, drainant une envie furieuse d’attraper l’homme et d’intégrer son visage au comptoir. Je serre les dents, et refoule non sans mal mes envies meurtrières.
 
« Fermez là, faut pas dire son nom ! ca va m’amener des problèmes. »

« J’ai bien peur que les problèmes soient déjà devant vous. Dites moi où je peux le trouver.»

« Hmm... vous lui voulez quoi d'abord ? D'toutes façons, je crois pas que vous le trouverez... »
Il se fige, regarde à droite puis à gauche, comme si dans ce brouhaha permanent de discussions, quelqu'un pouvait saisir notre conversation. «  Suivez moi... » reprit-il, ses prunelles fixées sur un groupe composé de rodiens.

Il se glisse dans l'arrière boutique alors que je lui emboîte le pas, fait volte-face en me pointant un blaster sous le nez.

« Je le dirais pas deux fois poupée, tu lui veux quoi à Wallan. Comme dis, vu qu'il est dans la merde jusqu'au cou, sûr que tu le trouveras pas. Mais moi j'ai pas besoin d'une enquiquineuse, avec l'écorché qui m'surveille !  Alors t'es gentille mais tu dégages » me lance-t-il, agitant son arme pour m'inciter à prendre la porte de derrière.

Je recule, faussement sage. La porte s'ouvre dans un grincement lugubre, lui arrachant un instant d'hésitation dont je me saisie. J'attrape son poignet, exerçant une torsion douloureuse dans le même temps que je l'attire avec moi dans la ruelle. L'arme tombe, mais je ne m'en préoccupe plus. D'un mouvement souple et usité, je le repousse brutalement, l'expédiant contre le mur du bâtiment en face, manquant au passage de renverser une silhouette.

« Aidez moi c'est une furie ! »

« Je n'aime surtout pas qu'on me menace avec une arme, c'est très différent Taxx ! » répliquais-je en ramassant le blaster sans une œillade pour l'inconnu.
Travis Torn
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Quiconque n’était pas sensible à la Force, et aux interversions émotionnelles qui saturaient l’atmosphère, n’aurait pas perçu l’émoi dans la ruelle. Pour Travis, cela équivalait à une gifle.
Alors même qu’il abordait les holovides luminescents devant l’entrée du RedCorel, il ressentit l’agitation ; une sorte d’atmosphère teintée d’inquiétude et d'agressivité qui filtrait à travers le permabéton et le duracier, comme de l’eau suintant d’un tissu grossier. Et il y avait autre chose…
…quelque chose de triste et glacé, qui vibrait suffisamment pour fendre Tyrena en deux. Quelque chose d’étrangement contradictoire, à l'instar d'une tempête saturée d’émotions vives, de plaies mises à nu, de colère froide, de déceptions, de rêves brisées. Et au coeur de tout cela, dans l’œil du cyclone ; une volonté forgée au cortosis, la lumière... et un soupçon d’espoir ? Qui plus est, l’aura était marquée d’une empreinte familière, un peu comme si un arrivant inopportun avait subitement chipé le blouson d'un de vos amis pour s’imprégner de son odeur.
En l’occurrence, l’odeur d’un Maître zabrak mort depuis plusieurs années déjà.
Travis plissa les yeux face à l'absurdité de cette impression.
Ce n’était pas la première fois que ses perceptions lui jouaient des tours...
Pourtant, il s’éloigna de l’entrée et bifurqua dans la venelle.
La Force fut une nouvelle fois frappée de frénésie. L’agitation ne se manifestait pas comme un appel aux armes, et pas d’avantage comme l’éclosion d’une sorte de situation d’urgence, aussi se retint-t’il de tirer son sabre. À vrai dire, il n’aimait pas constater que sa première réaction était de se préparer au combat…
Malgré le rôle qu’on leur attribuait dans les holofeuilletons populaires, ce n’était pas tout à fait l’habitude des Jedi.

À peine eu t’il fait quelque pas qu’une porte s’entrebâilla… puis s’ouvrit à la volée, laissant filtrer la silhouette affolé d’un besalisk, ses trois bras battant furieusement l’air tandis qu’une ombre aux formes félines tirait sur le quatrième, le tordant douloureusement dans une bravade rudimentaire du close-combat.


* Fâcheux… *

Lui murmura une voix intuitive, tandis qu’il esquivait le couple « enlacé » d’une glissade dérobée. Il fit volte-face au moment où l’inconnue se penchait pour ramasser un pistolaser. Elle lui tournait le dos et s’approchait avec flegme du gros humanoïde. Elle exsudait le contrôle et l’assurance, tant dans la Force qu’à travers son maintien. Sa chevelure avait la teinte du crépuscule et coulait sur la cambrure de ses reins comme une crinière d’obsidienne. Petite mais harmonieuse, voir attirante selon les goûts, elle bougeait dans cette grâce mesurée si prompte aux pugilistes vétérans. Et il y avait toujours cette impression étrange, qui vibrait comme une pulsation dans le nuage grondant qu’elle formait dans la Force.

« Aidez moi c'est une furie ! », gémit le besalisk, tirant Travis de son analyse.

« Je n'aime surtout pas qu'on me menace avec une arme, c'est très différent Taxx ! »

* Taxx ? *

RedCorel...
Taxx...
Coïncidence ? Sans doute… sans doute pas, la Force avait parfois un sens de l’humour des plus étrange. Quoiqu’il en soit, la situation promettait d’être épineuse si l’inconnue était là pour les mêmes raisons que lui, et de surcroît, sur un tableau qui semblait avoir toutes les ébauches d’un interrogatoire musclé. Enfin… chaque causes avaient ses conséquences, c’était un fait, mais l’ennui quand on les couplait à un événement imprévu, c’est qu’elles pouvaient parfois entraîner certaines déconvenues…
…inopinées.


« Pas très subtile comme technique. Un peu brutale, et pas toujours efficace si vous comptez en tirer des indics. », déclara Travis dans cette voix calme, précise - presque métallique -, de coruscanti retors qui faisait sa marque de fabrique. « Cela dit, si ce Taxx, est bien le Taxx que je recherche, nous allons avoir un souci, vous et moi. »
Il avança de quelque pas, s’exhumant de la pénombre tout en gardant une distance respectable entre lui et l’étrange duo. Il était conscient de ne pas avoir le cachet d’un local. Grand, sombre et amène, même sans avoir recours à l’eau de toilette et aux vêtements travaillés, il évoquait le genre d’athlète ayant très tôt remporté des championnats de Grav-ball avant de tout plaquer pour vanter des marques d’after-shave en souriant aux holocams. Sauf qu’il y a longtemps qu’il n’avait pas souri. Ses yeux, d’un bleu terne, presque gris, étaient sévères, et son faciès aux lignes indéchiffrables le faisait paraître plus âgé qu’il l’était. Sa démarche, fluide et charnelle, était celle d’un danseur, d’un gymnaste… ou d’un sabreur Jedi, pour qui possédait le don et savait lire entre les lignes.
Sentant le vent tourner, l’autre eut un regain d’espoir.


« Elle m’a menacé. », menti le besalisk. – manœuvre irraisonnée, quand la Force était là pour mettre à nu les faux-semblants.
« Je manque d’entraînement pour lever les yeux au ciel. »
« Mais faites quelque chose ! »
« Vous êtes un type costaud. », rétorqua Travis sans esquisser le moindre geste. La vérité était qu’il ne le sentait pas en danger immédiat.
L’inconnue n’avait pas l’intention de le tuer, du moins pas avant qu’il eût craché le morceau. En réalité, tout dépendrait du degré de compassion de la jeune femme, et des capacités de Travis à passer de la diplomatie aux négociations « agressives », si les choses tournaient au vinaigre.

Un détail qu’il n’était pas sûr de pouvoir honorer.
Non qu’il doutât de ses capacités…
…il savait simplement reconnaître un utilisateur plus expérimenté, et mieux entraîné, dans la Force.
Hélas, les choses étaient ce qu'elles étaient, et reculer face à l’imminence d’un danger ne faisait pas vraiment parti de sa politique.


***

Drixir n’avait pas quitté le gros barman des yeux…
…qui lui non plus, ne pouvait s’empêcher de lui lancer des regards en coin, la nervosité en plus. Les replis sur son museau s’allongèrent dans une contorsion grotesque. – l’équivalent d’un sourire pour un rodien.-, le gros besalisk savait qu’il était observé. Heljaster n’était pas assez stupide pour laisser un trublion comme Taxx sans surveillance. Pas après la suite d’enchaînements ayant conduit un bandolier matois à déclencher une fusillade dans un bar corellien infesté de vermine. Pas après les menaces soyeuses que le Vigo falleen avait fait planer sur le barman et sa famille si, par une gasconnade maladroite, ce dernier tentait à avoir la causette un peu trop facile. Pas après avoir pris connaissance des attaches qui l’avaient naguère liées à Wallan Blaze. Et dernier point ; pas après avoir considérer la paranoïa obsessionnelle dont faisaient montre les potentats de l’acabit d’Heljaster dans les hautes, comme les basses sphères, du crime.
Par définition Taxx était, selon le terme consacré ; « sur la sellette ».
Il s’enfonça plus confortablement dans sa chaise de plastacier, et, anticipant le regard indigné du besalisk derrière le comptoir, fit basculer ses lourdes bottes sur la table récemment écurée. D’un geste négligent, il s’empara de son verre de ky-lessian qu’il porta à sa truffe. Lorsque…


« Tiens tiens. »

Murmura t’il en avisant la silhouette policée de la nouvelle venue. Elle s’avança vers le bar comme pour commander, mais quelque chose dans son attitude, un subtil détail, lui suggéra que la visite n’avait rien d’anodine. Les deux acolytes bavardèrent un instant, Taxx sembla se renfrogner, et bientôt, lui et la femme disparurent par une porte dérobée. Drixir secoua la tête, affichant cet air faussement las et résigné d’un parent exaspéré par les frasques d’un galopin incorrigible, et quitta la tranquillité relative de son poste d’observation. D’un mouvement de tête, il fit signe à un groupe en pleine partie de sabbacc. – cinq hommes et un gamorréen.-, qui abandonnèrent soudainement tout intérêt pour leur omnium.
Et ce charmant petit baroud d’honneur convergea vers le fond de la salle.
Le brouhaha régulier des salons de jeu se dissipa peu à peu tandis qu’ils pénétrèrent dans un petit bouisbouis. À l'autre bout de la pièce, un sas était entrebâillé d’où subsistaient des éclats de voix. Drixir ordonna aux autres de rester en retrait et s’avança subrepticement jusqu’à l’ouverture.


« Je le dirais pas deux fois poupée, tu lui veux quoi à Wallan. Comme dis, vu qu'il est dans la merde jusqu'au cou, sûr que tu le trouveras pas. Mais moi j'ai pas besoin d'une enquiquineuse, avec l'écorché qui m'surveille ! Alors t'es gentille mais tu dégages », il y eut un bref silence, ponctué par ce que le rodien identifia comme des bruits de lutte, suivit d’un… « Aidez moi c'est une furie ! » …dans les règles de l’art. Le tout couplé à une variante de ces réponses adéquats, habilement formulées lorsque la situation le suggérait ; « Je n'aime surtout pas qu'on me menace avec une arme, c'est très différent Taxx ! »

« Blast ! », siffla Drixir en rameutant sa bande d’un moulinet du bras. De l’autre, il activa un comlink invisible fixé au col de son manteau. « Jemm, tu me reçois !? Le bantha sort de l’enclos, je répète, le bantha sort de l’enclos. »
« Compris. », lui répondit une voix rendu mécanique par le grésillement hypercom du petit apareil. « Je le ramène au bercail ? »
« Laisse tomber, le gros s'apprête à lâcher le poodoo. », nulle besoin de traduction pour en saisir le sens caché.
« Compris. »

Plaquant sa main sur l'ouverture, il tira un blaster et passa à l’action.
À l’extérieur, perché sur la toiture du RedCorel, un tireur braqua le trio en joue et fit pleuvoir une tempête de gerbes surchauffées.
Et tout se passa très vite...
Ses acolytes sur les talons, le gamorréen fondit sur la mirialan, vibro-hache à la main.
Taxx poussa un beuglement de fambaa blessé et se mit à courir dans la ruelle au moment où le rodien le tint en joue. Et puis Drixir entendit le Psccccch caractéristique d’un sabre laser activé, pivota sur lui-même…
…et se retrouva nez-à-nez avec une lame couleur de ciel d’hiver.
Et le regard bleu-duracier d’un jeune humain aux cheveux de jais.
Darth Velvet
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« Vous avez raison. Se faire tirer dessus est une technique assurément plus subtile, résolument efficace et pacifique! Pourquoi n’y ai-je donc pas pensé avant ! » Répliquais-je du tac o tac, le sarcasme au bout des lèvres.

« Cela dit, si ce Taxx, est bien le Taxx que je recherche, nous allons avoir un souci, vous et moi. »

Un problème ? Mon regard se plisse, réduit à deux fentes étincelantes d’une lueur bleue de mauvais augure, alors que mon regard s’attarde sur cette silhouette irrévérencieuse. Il glisse sur les contours d’un visage mis en relief par les lumières crues des néons. Graves et marqués, dissimulés sous son apparente jeunesse pourtant dénuée de cette frivolité joviale de ceux qui ne connaissent encore rien du monde. Les yeux d’un voyageur, sous les traits avenant d’un homme encore jeune. Un autre s’y tromperait peut-être, avisant de ces prunelles anthracite, de cette allure chaloupée et bien dessinée. Probablement ne relèverait-il pas, la force muselée sous la nonchalance, la vigueur et la puissance imperceptible que révèle sa démarche assurée d’une prestance et d’une fluidité carnassière. S’il se dérobe sous l’illusion, je ne suis pas femme à ne voir que le mirage. Nous ne sommes pas tous ce que l’on prétend être, et l’espace d’un instant, je me demande ce qu’il en est vraiment.

« Apparemment, puisque vous le dites. Mais n’ayez crainte, je ne cherche pas querelles. Je ne veux pas abîmer votre ami, juste lui apprendre quelques notions de politesse et accessoirement … » continuais-je, ignorant ostensiblement leur petit aparté, « … et accessoirement … »

Je ne finis jamais. Les tirs résonnent dans la ruelle, en écho aux hurlements du barman affolé. Je tire à mon tour, plus pour nous offrir une ouverture dans cette tempête de feu, que pour éliminer l’assassin embusqué. Un court instant de salvateur, juste suffisant pour me glisser derrière un maigre rempart de poubelles puantes… enfin en théorie c’était mon objectif mais en lieu et place de l’amoncellement d’immondices, le fil d’une vibro-hache siffle à mes oreilles, manquant de peu d’écourter mon bras. J’esquive par reflexe, usant de ma souplesse pour me soustraire sans dommage à cet assaillant inattendu. Au loin, je repère les mouvements sporadiques d’un Taxx s’enfuyant. S’il s’enfuit, mes espoirs de retrouver le contrebandier s’échappe avec lui. Mes dents s’enfoncent dans ma lèvre, marquant l’hésitation qui m’habite. Le mieux reste encore de se débarrasser de l’importun, sadique jouant de sa hache avec grossièreté. Il lève le bras pour m’assener une attaque à fendre le bitume. Souple et féline, je me glisse au dessous, attrapant au passage la lame logée dans ma botte. La pointe du couteau, érafle d’une traînée sanglante son torse, déchire le cuir de son équipement. Je ne le laisse ni se reprendre, ni réarmer son bras, l’aiguillonnant à la base du cou, d’un mouvement aussi féroce que véloce. Le manche dépasse macabrement de son encolure alors qu’il titube, cherchant un équilibre que jamais il ne retrouvera. Ses épaules s’affaissent, ses genoux faiblissent, et il s’affale sur le sol, le souffle éteint et le regard vide.

A vrai dire, je ne prends pas le temps d'observer sa chute inéducable vers l'autre monde, pas plus que je me préoccupe de récupérer mon arme, pas avec ce tireur engagé sur les toits, dont j'imagine le doigt à demi-pressé sur le détente maintenant que son champ de tir est libre que son comparse. Il ne met pas pas longtemps à réagir, les rais sifflent à mes oreilles me forçant à me précipiter sur les autres sans plus de réflexion. Ils sont encore quatre, et si le jeune homme se dresse en rempart entre Taxx et eux, c'est son sabre, d'un bleu iridescent menaçant qui retient mon attention. Un jedi... décidément, il faut croire que la Force a la sens de l'ironie. A chaque fois que mes objectifs se rapprochent, mes pas se mêlent à ceux d'un jedi. Léonard... Luuna... ou je joue d'une malchance incroyable ou... ils arrivent 5 ans trop tard. "Pour toi, pas pour les autres" fustige ma sœur d'ombre emprisonnée dans mon cœur et que je m'empresse de museler.

Raison de plus pour ne pas faire jaillir de l'ombre, ma lame de sang. La dissimulation m'est comme une tendre amie que j'embrasse sans joie. Par les jeux d'un automatisme bien usité, mon aura se rétracte à devenir fine et éthérée, presque inexistante, alors que je bouscule le premier des hommes de main, à la façon d'une boule écartant des quilles. Au moins les tirs ont aussitôt cessé. Mauvais angle. Ceci dit, ma position actuelle n'est pas beaucoup plus enviable. Taxx est lové contre un mur, ses lèvres s'agitent furieusement sans qu'ils ne s'en échappent le moindre soin, et nous sommes encerclés. Aux visages burinés; marqués, aux cicatrices courant sur des mâchoires et les traits taillés à la serpe, on devine qu'ils ne sont pas à leur premier mauvais coup.

Je jette un regard entendu à mon comparse. Ses muscles sont tendus, son attitude concentrée et calme. Peut-être décelais-je un léger tremblement dans sa main, sans en être assurée. Quoi qu'il en soit, il nous faut nous coordonner dans un assaut si nous voulons les empêcher d'atteindre Taxx. J'espère qu'il le comprendra, qu"il le devinera à mon œillade, mais je ne peux attendre d'en être certaine. La meilleure défense étant l'attaque, je me jette dans un corps à corps endiablé avec le premier à portée. Mes doigts s'agrippent à son poignets pour l'empêcher de me viser, moi ou l'un de mes alliés. Le canon se détourne vers son acolyte, avant de tomber sur le sol alors que mon talon s'enfonce dans le flan de son voisin, pour prendre appui. L'élan me propulse par dessus le premier. J'atteris juste au derrière de lui avant même qu'il ne comprenne la manœuvre. Un coup de pied à l’arrière du genou l'oblige à basculer en avant, et un coup de coude sur la tempe achève de le mettre à terre. Un de moins.

Finalement c'est le tireur qui m'inquiète le plus. Ne pas lui offrir d'ouverture, ne pas lui laisser l'opportunité de me toucher sans le risque de blesser l'un des siens. Ma vigilance s'altère, et un tir m'entaille l'épaule. Décidément, mon esprit à la dérive, me joue des tours. Je réagis promptement, esquivant la nouvelle attaque d'une volte avant de finir sur cet adversaire. La douleur vrille les muscles de mon bras mais je parviens tout de même à arracher l'arme des mains de l'homme. Il me fait chuter à terre, je lui fauche les jambes. S'en suit un roulez-boulez dont je suis la seule à ressortir debout.

J'ai l'impression que le jedi en a également fini de ses adversaires. Soudain, la déflagration d'une décharge de plasma chuinte juste à coté de moi. Taxx n'est plus recroquevillé dans un coin, perdu dans ses lamentations ou ses prières. Il est là, à deux pas. Le regard perdu au loin, dans la posture d'un tireur d'élite, un blaster encore fumant dans la main. Au loin le bruit sourd, caractéristique d'un corps s'écrasant au sol.

«  Maintenant je suis vraiment dans la merde. »

«  Et si nous en discutions à l'intérieur ? »
répliquais-je à l’affût.
Travis Torn
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« Vous avez raison. Se faire tirer dessus est une technique assurément plus subtile, résolument efficace et pacifique! Pourquoi n’y ai-je donc pas pensé avant ! », avait répliqué l’inconnue. N’importe qui aurait rendu la politesse par une galéjade poivrée. Travis lui avait simplement jeté un regard en coin, triant le flot d’émotions ininterrompues qui ruisselait entre les deux individus.
La Mirialan semblait sur la défensive. Taxx, à mi-chemin entre l’effroi et l’anxiété.
Le jeune homme parut se radoucir, tandis qu’il puisait dans de vieux conseils d’Ighelm pour trouver cet équilibre concret entre impression et compréhension. Là où le pourquoi n’avait plus de sens ; se changeant en écho du passé ou murmure du futur. Là où tout ce qui comptait dans cet instant présent était quoi, qui et . Il reporta son intention sur l’amazone, lorsqu’elle émergea de la pénombre, détailla les lignes ciselées sur son faciès au jade écrémé, huma l’ouragan en elle…
…et eut un léger froncement de sourcil lorsqu’une impression étrange rejaillit des brumes du passé ; des flash, de brèves esquisses sans substance palpable ni réelle consistance, juste d’infimes souvenirs ; une dispute entre Ighelm et un membre du Conseil au sujet d’émotions prohibitives sur une Padawan disparue. Le visage aux contours imprécis d’une jeune Mirialan sur un vieil enregistrement holographique, et un nom, surgit des cauchemars d’un Maître Zabrak
VelyrianaVelyrianaVelyriana
L’espace d’une infime seconde, si vite qu’elle avait presque pu passer pour une illusion, le Jedi afficha un air nébuleux tandis que ses iris de guède se figèrent sur le bleu manganèse des siennes.
Il y avait quelque chose de familier dans ce regard. D’intime presque. Comme s’il parvenait à en décrypter les abysses. Un détail que Travis n’avait pas toujours l’habitude de percevoir. Un détail qui le dérangea, et l’intrigua à la fois.

C’était comme s’il regardait dans ses propres yeux…qui regardait dans ses propres yeux…qui regardait dans ses propres yeux…
…qui contemplaient les relief d’une vie naguère très différente, à une époque où un gosse des rues devenue esclave avait abandonné tout rêves de liberté.
Oui.
La forclusion dans les prunelles de la sauvageonne lui était tristement coutumière.

Et toujours cette même vétille au-dessus du tableau, comme une impression vague, réduite jusqu’alors à un simple pressentiment qui paraissait aussi absurde qu’infondé.


* Ne sois pas stupide, voyons… *, murmura la conscience de Travis Torn, au moment où se heurtaient en lui de vieilles antiphrases d’Ighelm.
* Fais appel à ton intuition. *
* Si les rumeurs sont exactes, cette femme doit se trouver quelque part, entre Ziost et Dromund Kaas, ou je ne sais où dans les plat de bande de l'Empire. *
* Lâche prise sur le concret et l’irrécusable. *
* Mais l’irrécusable a toujours eut quelque chose de tangible. *
* Rien n’arrive par hasard, laisse-toi simplement guider par la Force. *

Un plissement, presque imperceptible, altéra ses traits raffinés, il flotta un instant jusqu’à ce que la discipline n’évapore les sphaignes fantômes de cet état de faiblesse. L’homme de chaire redevint de cortosis.
« Apparemment, puisque vous le dites. Mais n’ayez crainte, je ne cherche pas querelles. Je ne veux pas abîmer votre ami, juste lui apprendre quelques notions de politesse et accessoirement … »
« …lui poser quelques questions ? », suggéra Travis, sur un ton à mi-chemin entre la déduction et le questionnement. Son regard pénétrant continuait de la scruter sans animosité.
« … et accessoirement … », repris-t-elle lorsqu'un grondement d'avertissement dans la Force traversa la ruelle pour exploser dans la conscience de Travis Torn.

Les yeux du Padawan s’arrondirent à demi sous l’effet de la surprise.
Puis tout se passa très vite.

La porte du réduis s’ouvrit à la volé au moment où des tirs de blaster les accueillit de la toiture, et plusieurs silhouettes se ruèrent dans la venelles, armes au poing. L’Humain et la Mirialan bougèrent à l’unisson.
Le sabre laser de Travis apparut comme par magie devant le Rodien médusé.

« Qu’est-ce que… », lâcha-t-il en pointant instinctivement son arme vers le halo gyroscopique.
Mais le Jedi s’était déjà lancé sur lui, tranchant en deux le canon du blaster d’un Sun Djem fulgurant. Surpris par la violence de l’assaut, l’humanoïde eut un mouvement de recule et laissa tomber l’arme. Le talon de Travis le cueillit au visage avant que la crosse ne touche le sol.
D’un mouvement circulaire, il lança sa jambe tendue en avant et se déporta sur la gauche dans un double saut latérale qui l’envoya droit dans la trajectoire de deux autres assaillants. L’un d’eux tira une vibrolame et exécuta une manœuvre adroite destinée à bloquer la charge du sauvageon. L’humain glissa in extremist sous la trajectoire plongeante de la lame, dérapant entre les deux hommes. Le premier, bras tendu au maximum, se retrouva en position d’attaque morte, l’autre pointa son blaster en avant et tira une décharge.
Mais Travis n’était plus là. Il s’était projeté dans les airs, au-dessus des deux hommes. Ces derniers, en combattants accomplis, corrigèrent aussitôt la position de leurs armes pour prendre le sabreur virevoltant en tenaille.
Leur tentative ne rencontra que l’éclat bourdonnant d'un sabre laser en mouvement. La première allonge détourna aisément la vibrolame, alors que l’autre déviait les rafales du tireur dans une double parade foudroyante. Tout en bloquant les attaques, Travis projeta ses jambes à l’horizontale, l’une devant, l’autre derrière ; les deux coups de pieds, parfaitement dosés, atterrirent avec force sur le visage des deux crapules, les sonnant partiellement.
Le duelliste effectua un mouvement de repli, faisant tournoyer sa vibrolame devant lui afin de bloquer une éventuelle attaque le temps qu’il reprenne ses esprits. Le tireur recula lui-aussi, en brandissant son arme. Quand ils émergèrent de leur hébétude, ils constatèrent avec stupeur qu’ils se faisaient face.


« Hein ? », fit le bretteur en cherchant du regard le Jedi qui avait disparu.
Le second sursauta brusquement. Une pointe de plasma venait de surgir de son torse, juste sous le plexus. La lame disparut presque immédiatement, et Travis contourna sa victime au moment où l’autre se rua sur lui dans un hurlement de bête sauvage. Surpris, le jeune homme se jeta en arrière et poussa un cri au moment où la lame du vaurien lui entailla la gorge, sectionnant la chaîne en duracier d’un pendentif étrange ; un morceau de japor sculpté en forme de corne, qui roula au sol jusqu’aux pieds de la Mirialan. Éparpillant dans son sillage les échos de peur, d’amour, de joie et de tristesse d’un Maître Jedi disparu depuis longtemps.
Une main plaquée sur sa blessure, Travis recula, sabre tendu…
…pour se retrouver dos à dos avec l’inconnue dans une barrière aboulique entre un Taxx fuyant et un groupe de tueurs aux motivations diffamées.
Durant une brève seconde, Padawan et Jedi Grise se touchent et la Force vibrillonne une nouvelle fois dans l’air. Travis refoula un tressaillement en ressentant l’aura étrangère remonter le long de son épine dorsale dans une kyrielle de crépitement impalpable. Elle semblait désormais plus fine, plus ténue, presque invisible, limitant ses perceptions à de simples adjectifs.
Peine, colère, douceur, compassion, haine, volonté, justice, intégrité…
Ses paupières se plissèrent.

L’espace d’un instant, il sentit le regard de la jeune femme se poser sur lui.

En face, son adversaire ramena sa vibrolame en avant, l’air tendu.

« Lâche ça. », intima doucement Travis.
Les mots avaient été prononcés sans emphase, avec calme et conviction.

« Tu n’en auras pas besoin. »
L’autre cracha au sol et dégaina un pistolaser de sa main valide.
« Va te faire voir. »
Blam !
Le Padawan plongea en esquivant le projectile, roula sur une épaule, et se redressa devant le duelliste qui lui balança son blaster au visage. Travis serra les dents sous l’effet de la douleur mais ne ralentit pas, au contraire, il pressa son offensive dans une tarentelle de saltation en style Juyo. – Juyo ? -. Puisant dans la Force pour se calquer sur les contumaces de son adversaire.
Peu habitué à une telle résistance, l’autre perdit du terrain jusqu’à se retrouver acculé contre un mur, à encaisser les coups de boutoir du Jedi, lame levée dans une ultime bravade.
Soudain, le sabre s’enroula autour de la pointe électrifiée qu’il fit sauter en l’air.
Les deux hommes se figèrent un dernier, un suprême instant, sous une barre de plasma bourdonnante.
Puis Travis désactiva son arme…
…recula de deux pas…
…et se retourna, juste le temps de voir Taxx tirer en l’air, vers la toiture du RedCorel.
Il y eut un bruit mate derrière lui, ponctué d’un grognement, lorsque le cadavre du tireur s’écrasa sur le vaurien.


« Maintenant je suis vraiment dans la merde. »

« Toute chose est relative. », rétorqua Travis en faisant disparaître la poignée de son sabre dans une poche intérieure. Le col de son blouson était déchiré, dévoilant une mince entaille cautérisée, à quelques centimètres de sa jugulaire. Il avait l’arcade éclatée, et du sang dégouttait le long de son faciès pour venir mourir sur sa tunique.

« Et si nous en discutions à l'intérieur ? »

Le Jedi acquiesça en silence. Il avança vers la silhouette inanimée du Rodien, et doucement, avec des gestes précautionneux, le souleva par un coude.

« Mais qu’est-ce que tu fiches ? »
« J’aimerais savoir pourquoi ces types vous ont attaqué vous et vôtre… », ses iris glissèrent sur la belle. « ...camarade. », l'ironie semblait compassée. « Et en l’occurrence…», l’humanoïde bascula sur ses épaules lorsqu’il se redressa. « …je suis sûre que votre ami aura beaucoup de choses à dire quand il se réveillera. »

Lorsqu’ils furent à l’intérieur, le Besalisk verrouilla la porte et entrava la créature inconsciente. Farfouillant dans le freezer, il en tira un sac de nutripâte surgelée qu’il lança au Jedi.
« Bon… », amorça-t-il sur un ton à mi-chemin entre la contrariété et la résignation. « …si vous commenciez par me dire qui vous êtes réellement tous les deux, et ce que vous venez foutre dans les parages ? »

« Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes directe. », objecta Travis, la poche de nutripâte plaquée sur son arcade. Ses iris cérulées affichaient désormais un air plus amusé qu’acariâtre. « Mon nom est Travis Torn, et je suis venu régler une dette envers Wallan Blaze. Et… d’après ce même Wallan, vous seriez en mesure de m’aider. », l’autre fronça les sourcilles, l’air perdu. « Bien sûr, le plus clairvoyant serait de vous montrer ceci. », conclua-t’il, en activant la transmission capté quelques jours plus tôt, sur son holo-transmetteur. Des lignes bleutées grésillèrent au-dessus de l’appareil, et la silhouette charpentée d’un homme entre deux âges fit son apparition.

« Ighelm… hum…salut mon vieux… Je sais… ça fait une paye, mais… tu te souviens de cette dette dont tu m’as parlé un jour, sur Nar Shaddaa ? », le bruit d’un choc, dans l’arrière champ, le fit tressaillir. « J’aurais franchement besoin de toi, là. », nouveau bruit. « Je n’ai pas beaucoup de temps…suis coincé sur Corellia. Je t’envois les cordonnées par holovid. Si tu trouves un type nommé Taxx, montre lui l’enregistrement. Il te renseignera. J’aurais préféré faire ça dans d’autres circonstances. Pardonne-moi. »

« Si je comprends bien, l’holovid s’adresse à cet Ighelm… », ergota le Besalisk, l’air soupçonneux. « …pas à Travis Torn. »

« Ighelm n’est plus en mesure d’honorer ses engagements. », rétorqua le Jedi qui paraissait légèrement préoccupé. Il avait glissé une main sur sa nuque, et semblait tâtonner à la recherche de quelque chose.

« Précise voir... »

« Une minute… », l’interrompit Travis un soupçon d’inquiétude dans la voix.

Le pendentif d’Ighelm avait disparu.

* Non, pas maintenant. *
Instinctivement, il se tourna vers la porte verrouillée…
…et remarqua l'expression sur le visage de la Mirialan.
Darth Velvet
Darth Velvet
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Le frémissement, léger, imperceptible, caresse éthérée, effleure d’un souffle arachnéen ma joue. Mon regard se baisse, envouté par le picotement familier, la sensation ambigüe, entre tendresse et animosité qu’elle éveille doucement. Quelque chose s’est lovée contre ma botte, un objet irrésistible attirant à lui, inéluctablement, mes doigts et ma volonté. Le pendentif niché au creux de ma main, irradie d’une douleur et d’un espoir enfoui. Sous la pulpe de mon pouce, ses contours lisses et doux, dessinent une étrange corne de japur. Il est comme une musique ancienne, fredonnée pendant l’enfance et que l’on aurait oubliée, coutumier, usuel, avec un parfum de réminiscence. Il roule entre mes doigts, m’envahit, m’inonde d’une émotion intime que je sais définir. Mon regard s’accroche, juste un instant, sur cette surface d’ivoire, puis ma main se clos sur cette vision déroutante.

Enfermant ma sensibilité exacerbée en mon cœur, je la chasse de mes pensées. Toutes mes attentions se tournent vers eux, ces deux frères d’armes inattendus. Le premier enroule sa victime sur son épaule pour suivre le second. Je m’attache à ses pas, entrant à mon tour dans ce taudis, dont la porte se referme sur mes talons avec un claquement sec et angoissant. Un sombre pressentiment tressaille dans ma poitrine, impression fugace palpitant dans l’air puis s’effaçant comme si jamais elle n’avait existée.

« Bon…si vous commenciez par me dire qui vous êtes réellement tous les deux, et ce que vous venez foutre dans les parages ? »

Mes lèvres restent closes. J’aime à savoir qui s’immisce dans mes projets avant de me dévoiler à mon tour, histoire de s’assurer que les objectifs de l’un n’entrent en contradiction avec ceux de l’autre. Ou… dans le cas malencontreux où il en serait ainsi, agir en conséquence. D’ailleurs, nul besoin de le presser à se présenter, il se lance de lui-même. Je ne doute pas, qu’il avoue son véritable nom, et il ne semble pas davantage être de ceux qui palabrent pour ne rien dire. Un homme d’action… subtil, dangereux, fils de la Force. Un padawan, si j’en juge à l’azuré de sa lame et, à cette tresse balayant sa nuque, jusqu’alors invisible dans l’obscurité de la ruelle. Travis Torn. Le patronyme ne me dit rien, mais il est vrai que je ne suis plus une intime du Temple depuis de longues années. En revanche, ou en revanche, ce qui suit ne m’est inconnu.

Ighelm… Ighelm… Ighelm

Ma bouche s’arrondit sur cet instant de surprise qui précède inévitablement la chute. Je frémis, recule d’un pas, saisie. Le japur se presse dans la paume de ma main, brulant, insupportable égérie d’un homme que jamais je n’oublierais. Et je sombre… La morsure du pendentif s’enfonçant dans ma peau sous la pression de mon poing ; le sang qui goutte, vermeil sur le sol ; mes lèvres douloureusement meurtries par mes dents, rien de tout cela n’a d’importance. Je sombre juste. La folie étend ses ailes d’encre en mon ciel, mes démons claquent leurs crocs affamés et leurs chaines se délitent sous l’embrasement de mes souvenirs.

La douceur d’un baiser renait à la chaleur de leur haine, la tendresse d’une caresse et son souffle tiède contre ma bouche. Les mots d’antan chuchotés, susurrés après l’amour, ressuscitent, rappellent les serments depuis si longtemps oubliés et bafoués. Des instants de bonheur balayés par un vent de souffrance. Elle parvient encore à me surprendre, même après tout ce temps à tenter de la museler, instillant dans mes veines le goût amer de la trahison. L’orage gronde en mon sein, la tempête et la fureur éveillant ma sœur d’ombre. Elle si forte, elle seule capable de guerroyer contre la lame qui ravage mes entrailles, elle seule capable d’endiguer les fantômes de mon passé.

Mais ils reviennent… oui ils ressurgissent des abysses où je les cloitrais. Evanescents et cruels, rappelant à mon corps chacun des petits jeux pervers de mes gardiens, chacune de mes cicatrices gravées à jamais dans le jade de ma peau. La souffrance, la peur, l’espoir et les rêves brisés d’une jeune fille, tous ces sentiments refoulés, garrottés s’emparent de mes sens jusqu’à m’annihiler. L’aliénation menace, pille, dissous sous ses griffes les derniers lambeaux de ma maitrise pour m’abandonner, pantelante sur les rives honnies de ces années d’horreur. En cet instant, rien ne saurait la bâillonner, en cet instant rien ne saurait la retenir, alors qu’elle s’exhorte à la haine, et insuffle en mes veines, sa sombre barbarie.

Il se retourne et ses pupilles inquisitrices me percent. Elles sont mordorés, elles ont la couleur de l’interdit et du passé, celle d’un zabrak jadis aimé au-delà de toutes mesures. Mais le masque de sith s’arroge mes traits et dispose un rictus à la commissure de mes lèvres. Malsain. Perfide et fou. Ce n’est plus un petit padawan anonyme qui se dresse en étendard mais le symbole de ma servitude et de sa déchéance, des sévices, des coups de scalpel ou de fouet dentelé, de ces corps mâles s’appropriant par la force le mien, de l’enfant… l’enfant… Son évocation, à elle seule, suffit à briser ma retenue. Ma noirceur m’auréole, linceul mortel, mante de violence, délivrant ses miasmes dans l’atmosphère alourdie.

Un pas… un, et le déchainement de mon ire meurtrière déploie ses tentacules de force. Ténébreuses, crépitantes, elles se jettent sur l’électronique environnante, affamées et destructrices. Les objets tressaillent, crachent des étincelles et des fumées d’agonies. Les lumières tremblent, clignotent, témoins impuissants, alors que les pistolasers s’échauffent, inutilisables. J’avance vers lui, lentement, de cette façon propre aux chasseurs acculant leur proie, un peu sauvage et irrémédiablement cruelle.

« Ighelm. » perle de mes lèvres comme une sentence irrévocable. Ma main se lève à hauteur de mon visage, s’ouvre et laisse choir le pendentif ensanglanté. Comme un écho lugubre, ma lame se déploie, rouge, sanguinaire, assoiffée et une vague de Force, d’ombre et de haine déferle au devant de moi, emportant dans son sillage le jedi , chaises et tables mêlées. Il n’est plus de temps pour le doute, ou la compassion lorsque le tocsin de la vengeance révèle ce qui se doit de rester emprisonné. Moi, je ne connais plus l’un ou l’autre, juste le gout du sang et le fracas des sabres. D’un bond, et sans mesure, je file assouvir ma vengeance, attaquant celui dont j’ai oublié le nom pour le parer de celui de mon ancien maitre.

Travis Torn
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Il y avait parfois certains signes, d’infimes conjonctures, qui ne trompaient pas avant l’émergence d’un bouleversement. Des béatilles élémentaires qui affleuraient de manière progressive dans l’espace-temps ; les débourrées du vent au prélude d’une tempête… les stratus à l’ébauche d’un orage… les secousses au préambule d’un séisme… ou encore, les fluctuations d’un océan à l’amorce d’un typhon. Autant d’éléments avant-coureurs…
…un peu comme cet instant propice, dans l’insalubrité d’une cambuse vétuste, perdue dans les bas-fonds de Corellia.
Pour Travis, les choses évoluèrent au ralenti, presque par intermittence, tandis qu’il éprouvait dans la Force la maestria d’émotions torrentielles qui suppuraient de celle qui -il en avait désormais la certitude.- avait autrefois été Velyriana Areth. Doucement, il se calqua sur ces courants, tentant d’en rassembler les fragments qui l’amèneraient jusqu’au Point de Rupture…

Et ce qu’il vit lui glaça le sang.


« Ighelm. »

« Taxx… », dit lentement Travis, avec le soin délibéré qu’il aurait mis à examiner une sorte de bombe d’une nouvelle génération qui aurait eu le pouvoir de raser le quartier tout entier. « …emmenez le Rodien avec vous, et quittez cette pièce. »
« Hein ? Mais qu’est-ce qu… »
« Faites ce que je vous dis. », sa voix de basse était anormalement calme, presque lénifiante, mais quelque chose, dans son attitude, dépeignait avec cette apparente quiétude. La raideur qui statufiait son épine dorsale, ses lèvres pincées, et la tension à travers le bleu de ses iris, comme des éclairs sur la surface d’un lagon. Ses muscles, que l’on devinait sous la coupe ajustée de son blouson, semblaient tendus, prêt à passer à l’action.
Le Besalisk paru vouloir dire quelque chose, mais se ravisa quand ses prunelles croisèrent les braises incandescentes qui couvaient dans celles de la Mirialan. Elles luisaient d’un jaune liquide, comme de l’or en fusion au cœur d’un étau de sang.
Sans quitter Velvet des yeux, il longea le mur de la kitchenette en trainant l’humanoïde inconscient, et disparu dans les tréfonds du RedCorel.


« Vous êtes Velyriana Areth. », proféra Travis sur ce même ton de conciliation alcyonien au moment où la sauvageonne exhibait le pendentif d’Ighelm – il y avait quelque chose de déluré dans ce geste, comme si la sculpture de Japor constituait, à elle-seule, un symbole ostentatoire… presque obscène.-, Velvet ne répondit pas et laissa choir l’objet qui teinta avec évanescence sur le parquet de plastacier. Le jeune homme remarqua le sang sur la chaînette, et leva un regard interdit sur le minois de la Mirialan.
Elle fit un pas en avant, Travis glissa sa jambe en arrière et recula doucement. Le mouvement, plus calculateur qu’instinctif, était celui d’un combattant dans l’anticipation.

« Vous êtes Velyriana Areth… », tenta une nouvelle fois le Padawan, en découpant chaque syllabe, doucement, posément, s’immergeant graduellement dans la Force pour donner plus d’aplomb à ses propos, comme pour tenter d’apaiser une créature sauvage. Le syntagme sonnait davantage comme une déduction qu’une interrogation, et les paroles de Travis flottèrent un instant dans la pièce…
… pour mourir dans une consonance sépulcrale lorsqu’une vague de Force, chargée de fureur, inonda ses perceptions.

Le monde explosa tout autour de lui, mais il était déjà prêt.
Il se doutait que cela allait arriver, il le sentait, comme si tout avait été basé sur un déroulement prosaïque fait de rectitudes et d’intellections. Il encaissa la déferlante, et bascula en arrière, se contorsionnant dans les airs pour lâcher un balayage inversé qui envoya sa jambe percuter la table en permaverre. -l’objet se fractura en mille morceaux.- Une chaise lui heurta la poitrine, il serra les dents et accompagna l’impact en un salto délié qui lui fit traverser toute la pièce en vol plané…
Il termina sa course dans les portières d’une armoire bon marché. De la vaisselle vola un peu partout et Travis roula sur le côté. Puisant dans la Force pour canaliser la douleur, il prit appui sur son bras gauche, et se redressa dans un enchaînement stylistique, au moment où la Jedi Grise se jetait sur lui.
Son sabre laser lévita jusqu’à son poing, et les deux faisceaux chatoyants se rencontrèrent dans un clair-obscur d’étincelles mourantes. Travis et Velvet se figèrent un instant, leur lame soudées l’une à l’autre, se regardant par-dessus une croix bourdonnante de bleu et d’écarlate. Leurs visages se touchaient presque, et il y avait quelque chose d’invraisemblable dans ce contacte.
Presque d'intime…
…à une différence prêt…
… la Mirialan avait l’intention de le tuer.


« …pourquoi ? », lâcha, Travis dans un souffle tandis qu’il se redressait de toute sa hauteur, repoussant lentement Velyriana en arrière, à dessein de se dégager assez d’espace pour manœuvrer. S’il se savait physiquement plus fort, il n’ignorait pas que la jeune femme avait passé plus d’une décennie à cristalliser ses impulsions… à façonner ses talents dans la Force …et à puiser dans la violence du côté Obscur pour y gagner en virtuosité. En définitive, elle avait plus d’expérience.
Et elle avait manifestement internalisé ses convictions sur le sort qu’elle réservait à Ighelm et tout ce qui s’y rattachait.

« Pourquoi ? »...
...était-t'il vraiment nécessaire de poser la question ?

Le visage de Travis se crispa légèrement. Glissant sa lame sur l’écarlate, il coulissa sur le côté et désengagea son arme avec violence dans une variante du Flot Tranchant. Velvet esquiva aisément la manœuvre et bondit à nouveau sur lui.
Ils demeurèrent debout, presque pied à pied, leurs sabres jetant des éclairs si rapides que l’œil ne pouvait les suivre, colorant l’espace environnant d’arabesques lumineuses en perpétuelles vacillations.
Le jeune homme semblait perdre du terrain…
… la Mirialan, y gagner en assurance.

Elle était déchaînée.

Un Jung carbonisa l’air vers son plexus, il esquiva. Une botte faillit lui trancher le bras à hauteur du coude, Travis plongea en arrière. Se réceptionnant sur une paume, il rétabli sa position en culbute…
… et se retrouva nez à plasma avec un rayon stroboscopique aux reflets alizarine.

Une douleur affreuse lui déchira la face.

Travis poussa un hurlement sauvage, une main plaquée sur son faciès, l’autre pointée en avant, sabre tendu dans un mouvement de défense instinctif.
Darth Velvet
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Vélyriana… Areth… les mots résonnent, creux et vides, pantomimes funestes d’une illusion depuis longtemps désagrégée. Velyriana n’est plus, n’existe plus, pauvre petit oiseau palpitant sur les ronces d’un destin corrosif, abandonné aux affres venimeux d’un monde sans espoirs, sans liberté, sous le joug de la barbarie malsaine des Hommes. Il n’en reste rien de plus qu’une silhouette, un visage et un mirage. Ah… comme il est amusant à dresser ses remparts sous cette égide mortuaire. Un seul nom peut-il briser, les vagues d’un océan de fureur et de folie… A-t-il seulement conscience du fiel qui s’écoule de chacune de ses syllabes, comme autant de piqûres empoisonnées en mon âme, comme autant de sceaux brûlants apposés sur ma peau. Ma colère ne se figera dans mes veines, refroidie. Ma carapace, cristallin de mon aliénation, ne se craquèlera sous sa litanie. Aucune chance… jamais… Il ne reste rien de cette padawan utopiste et amoureuse, fraîche et espiègle, qu’il souhaite extirper des brumes de mon ire pour apaiser la vindicte et la haine grondant en mon cœur. Manœuvre risible… pitoyable… insuffisante… Mon attaque fuse, fulgurante et vengeresse, fendant l’air dans un vrombissement meurtrier pour s’écraser furieusement sur une ligne d’azur. Un sourire déchire lentement mes lèvres, lame cruelle dégainée sous une lune de sang.

« Velyriana Areth est morte. » clame cette voix hivernale, frimas de givre et de haine, en réponse.

Nos souffles se mêlent, et nos regards s’entrecroisent sous un feu iridescent, de turquoise et de lave. Le masque du zabrak, si injustement synchronisés sur le profil de l’humain vacille, ondule, découvrant sous les reflets d’or en fusion, la douceur angoissée du mercure. Durant un instant seulement, Ighelm ne s’impose plus en réminiscence sur ma rétine, dévoilant les réels reliefs et courbes d’un autre que j’aimerais ignorer. Mais ma colère gronde, déchiquetant cette lucidité éphémère, arrachant les derniers lambeaux de ma raison, préférant à la vérité, les chimères oniriques de ma folie.

Il initie le premier pas de cette valse mortelle, sous le rugissement flamboyant de nos lames. De vif-argent, mes mouvements se font instinctifs, erratiques, mélange saccadé de passes et de feintes, d’esquives et de bonds. Ma danse, étend ses ailes meurtrières, halo incarnat aux oscillations imprévisibles, fluide et heurté, guidé par la violence de mes émotions, alors que dans l’atmosphère chargée des faisceaux fratricides, crépitent un antagonisme funeste. Ma pointe perce la garde, filant dangereusement vers un torse qui se délie. Aucune importance, il ne peut s’échapper. Une arabesque rougeoyante le cueille à la joue, gravant une ligne de feu du nez jusqu’à la tempe. Il n’a aucune chance. Aucune rémission possible, aucune grâce envisageable...

Mon arme s’écrase impétueusement, volontairement sur cette ligne bleue hérissée en ultime protection, la repoussant impitoyablement sur l’extérieur alors que sous l’impulsion de mon attaque, je me glisse d’une volte, mes jambes comblant félinement l’espace qui nous sépare, jusqu’à lui. Ma main, mue d’une volonté propre, s’enfuit vers sa gorge, emprisonne d’acier gainé de Force son souffle. Les battements désordonnés de son cœur, résonnent sous la pulpe de mes doigts, tressaillent dans sa chair, m’octroyant une enivrante sensation de puissance. Ils serrent, ils pressent comme pour extraire un élixir de vie, envers et contre tout, même de cette main saisissant mon poignet pour m’extirper, même de cette secousse provenant de sa lame d’azur prête à défendre son maître.

« Vel’… »

Mes paupières se closent, éteignant les braises de mes pupilles.

« Velvet ! » vibre insidieusement en moi, comme un rappel de ma raison, cor oublié d’une sagesse désincarnée. Sous un regard neuf, l’égérie de mes fantasmes morbides se délite. Le fard de l’autre s’estompe, et les traits de ce Travis Torn m’apparaissent pour ce qu’ils sont. Un humain… un padawan… marqué par des souvenirs et des sentiments d’Ighelm… et dont j’aspire la vie dans un égarement. Ma mais s’ouvre, brutalement, le libérant du flot de mes turpitudes, de cette Force comme un nœud coulant sur sa gorge. Je serre les dents et projette mon poing en avant, l’encastrant dans un craquement sinistre d’os brisés et de plastacier fissuré, juste au derrière de lui, juste à une mèche de cheveux de sa joue intacte.

Ma haine, ma frustration cristallisée se déversent hors de moi, par mes phalanges brisées, comme un trop plein que l'on ne peut évacuer que par la douleur et la violence brute. Dans ce qui me parait une éternité, où chaque seconde s’égrainant emporte avec elle l'écho de mon combat intérieur, je me reprends, apprivoisant mes démons, emprisonnant en mon sein toute la démesure et la démence des sentiments qu'il provoque. Ma sœur d'ombre, si prompte à faire jaillir le sang et le mort, se love dans sa tour d'obscurité, dont je scelle pour un temps, l'accès.

« Ne... bouge... pas »

Requête dans un murmure rauque, que mon souffle erratique emporte avec lui dans une supplique désespérée. Qu'il engage le moindre mouvement, et mes efforts seront vains, ré-ouvrant les valves de celle que je ne veux être … sans maîtrise, sans volonté, juste la marionnette de mes Ombres et de ma Vengeance. J'inspire, longuement, ressentant avec une gêne croissante la tiédeur de ce corps par trop proche, signe précurseur d'une fin de crise. Mon sabre, menace fantoche, se rétracte dans un vrombissement déçu. Je m'éloigne d'un pas, puis d'un autre, pour effacer ce picotement sur ma peau, laissant errer par erreur, mes pupilles céruléennes émaillée de vigilance, sur la trace noire maculant hideusement sa joue.

Des remords m'assaillent, bloquant dans la gorge les menaces que je lui réservais. Mon fait, ma folie... Faut-il toujours que son nom appelle en moi ce qui sommeille de pire. Faut-il que son nom résonne toujours comme l’égérie d'une destruction à venir. Travis Torn, même envoyé par ses soins, n'est pas lui. Malgré l'odeur intangible, la petite nuance familière qui vibre dans son aura, caressant avec aigreur la corde de ma sensibilité. Mon geste est impardonnable, et je ne compte pas m'absoudre des mes péchés. Ma main se lève, audacieuse, comme pour effleurer sa peau meurtrie, sans tenir aucunement compte des griefs qu'il doit me vouer. Sans aviser qu'il pourrait, juste me transpercer de la pointe de sa lame.
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