Travis Torn
Travis Torn
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Jakka courait à perdre haleine depuis qu’il avait franchi le district de Corusca Circus. Ses pieds dérapaient sur le sol couvert de flaques et d’immondices. Il glissa, se rattrapa à un mur, et repris sa course. Au loin devant lui, il commençait à apercevoir les reliefs cafardeux des hautes structures de ferrobéton qui s’élevaient, par-delà le secteur des Usines. En haut, le jour commençait à poindre et la lueur évanescente de l’aube se reflétait sur les tours obscures qui émergeaient au fur et à mesure qu’il se rapprochait des taudis. Mais au cœur de ce labyrinthe de ruelles, l’obscurité régnait toujours. Les cheveux trempés par la sueur, il bifurqua dans une allée, jetant de temps à autre un coup d’oeil par-dessus son épaule.
Il n’y avait personne...
Une fois qu’il aurait donné l’objet, il recouvrerait sa liberté. Une corvette l’attendrait dans l’un de ces nombreux astroport factieux qui tapissaient les bas-fonds, et une nouvelle vie lui ouvrirait les bras. Il s’arrêta un instant à l’entrée d’une venelle pour reprendre son souffle. Haletant, il se plia en deux et s’appuya d’une main sur sa cuisse ; de l’autre, il tenait un prisme hexaèdre liseré de rodomium. Soudain, un mouvement attira son attention. Un homme en bure sombre était apparu à l’autre bout de l’allée et approchait à grandes foulées. Le padawan renégat se détourna et repartit en courant.
Il zigzagua entre les bâtiments, s’efforçant de mettre à distance les bruits de courses qu’il entendait derrière lui. Mais son poursuivant était tenace et l’écart diminuait. Ils approchaient maintenant des Usines. Serrant toujours l’holocron contre lui, Jakka s’élança dans un passage étroit, à l’abri des regards. À l’arrière d’une boutique désaffectée étaient empilées plusieurs caisses au contenu douteux. Le garçon regarda par-dessus son épaule. L’homme n’était pas encore en vue. Il jeta l’objet dans l’une d’elle et continua à fuir. S’il s’échappait, il reviendrait le récupérer plus tard.
Mais il n’y parvint pas…

Trois rues plus loin, devant une fabrique de speeder, la silhouette le rattrapa, se déplaçant à vive allure et sans difficultés sur un sol rendu glissant par le cambouis. L’homme le colla sans ménagement contre le mur.


« Il est peut-être temps de rentrer au Temple, tu ne crois pas ? »

Ses paroles lui firent l’effet d’une douche froide. Malgré la lourde capuche couleur minuit, Jakka pu très nettement distinguer les traits de Travis Torn ; un faciès harmonieux strié de mèches crépusculaires, dont la douceur artificieuse contrastait avec ses yeux sauvages qui le fixaient intensément, tels deux perles arctiques. De trois ans son aîné, Travis comptait parmi ces quelque padawan sans maître qui musardaient au Temple, jusqu’à ce qu’on les réasigne à un nouveau précepteur. Sombre et énigmatique, il était également ce genre de type difficile à cerner et prompte à susciter tant la méfiance que l’attraction.
Le tout couplé à une réputation au sabre qui rendait fébrile une kyrielle de rivaux potentiels, dans les salles d'entraînement.


« Que… tu es fou ? Lâche-moi ! », s’écria Jakka en se débattant.
Travis dégaina son sabre sans l’activer.
« Je n’ai pas envie de jouer, donne-moi l’holocron. Pour le reste, tu t’expliqueras avec le Conseil. »
« Ne me fais pas de mal. Pitié ! »
« Nous savons que tu l’as volé. », déclara Travis tandis qu’une colonne de plasma bleutée émergeait de son poing droit.
Le jeune homme prit une grande inspiration.
« Je n’avais pas le choix ! Ils ont dis que… »
Il baissa la tête et commença à pleurer.
« Je ne veux pas mourir. », dit-il au milieu des sanglots.
Travis l’observa un instant, ses iris de smalt s’attardant sur ses traits juvéniles et son regard perdu. Avec un soupir, il recula d’un pas et désactiva son sabre laser.

* Il n’y a pas d’émotion, il n’y a que la paix. *
« Cesse donc ces simagrées, tu connais aussi bien que moi les us du code Jedi. Dis-moi plutôt qui ta demander de voler cet artefact. »

Jakka leva les yeux vers lui.
« Tu m’as suivi depuis le Temple. »
« Oui. »
« Ils me tueront si je parle. »
« Pas tant que… », commença Travis lorsque la Force s’éveilla en lui, électrisant les par-feu de sa conscience. Il y eut un clic assez fort dans son dos, suivit d’une détonation. Entraînant Jakka avec lui, il plongea sur le côté au moment où le tir de blaster lui effleurait l'avant-bras. Il roula sur une épaule et se retrouva au-dessus du jeune padawan dont les yeux venaient de s’arrondir. Un trou béant fumait sur sa poitrine, il voulu parler, mais n’émit qu’un gargouillis confus. Un peu plus haut, sur une corniche, un tireur en jet-pack s’éleva dans les ténèbres de la cité-monde. Se redressant à demi, Travis posa la tête du malheureux sur ses genoux et tira un comlink des plis de sa tunique.

« Ici le padawan Travis Torn, demande STAP médical de toute urgence au secteur D-7458 ! Je répète, demande STAP médical de toute urgence au secteur D-7458 !», du bout des doigts, il effleura le visage exsangue du garçon tandis que son autre main se posait sur la plaie noircie, tentant de calmer la douleur par le biais d’ondes apaisantes.
« Regarde-moi Jakka, concentre-toi sur moi. », dit-il d’une voix douce tandis que le regard du mourrant fixait un point situé au-delà du visible…
…loin, très loin au-dessus du tumulte vrombissant de speeders et de vaisseaux qui s’élevaient dans la maestria de Coruscant. Se perdant parmi les étoiles, par-delà les miroires orbitaux qui scintillaient aux frontières du puit gravifique de la planète.


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Spoiler:

« Je suppose que tu sais pourquoi le Conseil t’a désigné pour cette mission. », déclara Maître Korrhan en détaillant la silhouette élégante et le regard acéré du padawan qui lui faisait face. « D'après les comptes-rendus, Jakka aurait eut certains rapports avec les gang des bas-fonds avant le vol de l’holocron. Tout porte à croire qu’il n’était qu’un intermédiaire sous les projecteurs de cette pantomime… l’instigateur véritable en tirant les ficelle depuis les coulisse. J’ai cru comprendre que tu as, toi-même, passé une partie de ton enfance dans le secteur de Corusca Circus. »

« C’était il y a longtemps. Beaucoup de choses ont dû changer depuis... », lui répondit la voix rauque et lointaine du jeune homme.
Travis Torn se tenait dans une position qu'un soldat républicain aurait appelé le repos de parade ; une attitude stable, équilibrée, les pieds parallèles, les mains nouées dans le dos, à deux pas du fauteuil de Korrhan. Son regard bleu froid fixait sans ciller le visage du Maître Jedi. Et il semblait pensif...
« …si mes connaissances avaient été aussi approfondi que vous l’insinuez, j’aurais localisé la position du tireur, et Jakka serait toujours en vie. Et...enfin, Maître Korrhan, comprenez bien. J'ai toujours agi en concordance avec les choix du Conseil...je ne me suis jamais soustrait à mes attributions, ni n'ai jamais décliné la moindre affectation. Seulement... », il s'interrompit, attendant manifestement quelque chose de son interlocuteur.

« Dis ce que tu as sur le cœur. », l'exhorta Korrhan, son visage dépeint par une expression mi-sobre, mi-intriguée.

« Cette mission n’est-t-elle pas du ressort d’un Chevalier ? », demanda Travis Torn, sans ambages. « Il ne s’agissait pas d’un vol isolé, mais d’une tactique mûrement réfléchie. Quelqu’un a aidé Jakka, lui donnant les moyens d’infiltrer la salle des artefacts malgré l’holo-surveillance, les alarmes, et les méthodes drastiques mises en œuvre pour empêcher ce genre de catastrophe. Et le tireur… n’était en rien un amateur. Un tueur à gage, ou un chasseur de prime, sans doute. »

« Je comprends ton point de vue... », lui répondit la voix, calme et patiente, du Maître Jedi.« ...je comprend également qu’après les évènements de Telos IV, et ces trois années d’hypotonie forcées entre les couloirs du temple, ton assurance soit quelque peu...érodé. Mais mes choix sont toujours limpide, et tu n’aurais jamais quitté Ondéron pour Coruscant si j’avais jugé tes capacités insuffisantes. »

« Peut-être... », murmura Travis tandis que ses yeux pâles se portaient sur la nasse grouillante de vaisseaux en tout genre, par-delà la verrière du concile. « …peut-être. La Force à parfois un sens des prédictions très versatile.... D'ailleurs j'ai cru comprendre que cette mission s'effectuerait avec l'appuie d'un autre padawan ? »

« Tout à fait, tu connais déjà Yun ? »

« Vaguement, j’ai eut vent de ses antécédents et je sais qu'il occupe une place un peu spéciale parmi les autres apprentis. Pour le reste, je jugerais bien par moi-même... », dit t'il en s'emparant de l'ordre d'affectation sur la table de concile.

« Tu acceptes donc ? », inféra Korrhan dont le visage s'éclairait.

Pour toute réponse, Travis lui lança un regard éloquent.


« Vous recevrez du nouveau quand nous aurons infiltré les bas-fonds. », conclus t'il en s'inclinant avec respect devant la silhouette du Maître Jedi.
Sans un mot de plus, il se dirigea vers le sas de sortie, activa la porte pivotante et disparu dans l'embrasure. L'écho de ses pas se répercutant avec évanescence dans les couloirs du temple...


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Spoiler:

Accoudé à la rambarde qui surplombait les premières dalles du terrain d’entraînement, Travis Torn détaillait la haute silhouette de Yun Silthar dans cette cavillation observatrice si propre à lui-même ; s’attardant sur ses traits durs, et l’austérité apparente réverbérée par ses iris d’un gris acier. Il avait la démarche aérienne des sabreurs Jedi malgré sa carrure de Rancor, et il y avait quelque chose chez lui… une probité qui jurait avec la laideur de cette cicatrice, gravée à l’airain sur les lignes de son faciès.
En réalité cet attrait était davantage perceptible entre les échos de la Force qu’au sens figuratif d’un discernement visuel. Discrètement, Travis ouvrit cette sorte de troisième oeil qui était son don de perception particulier, et concentra son attention sur l’épicanthix ; ce qu’il y vit le conforta dans son jugement…
Il y avait de la force…et beaucoup de peine dans le cœur de ce Padawan, le tout couplé à la réserve d’un homme qui ne se livrait pas facilement. D’autres novices s’entraînaient eux-aussi sur le parquet de plastacier, mais aucun ne s’approchait de Yun, nota Travis.


* Bien… *, songea-t-il en suspendant sa bure à la rambarde pour bondir avec élégance par-dessus le parapet.
Il atterrit en souplesse sur les dalles polies.
* S’il faut faire connaissance, autant y aller sans fioritures. *

Il s’avança sans se presser et s’inclina devant Yun, conforme aux règles de protocole.

« Yun Silthar je présume ? Je suis Travis Torn. J’en ai entendu beaucoup sur tes talents au Soresu… Avec ta permission, j’aimerais en tester les limites. »

Le ton était calme et direct, sans la moindre aménité. L’azure boréale de ses iris le détaillant dans cette froide intensité qui faisait tant l’apanage de Travis Torn.
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Coincé sur Coruscant depuis plusieurs semaines, Yun s’ennuyait ferme. Cette planète-ville à l’atmopshèee étouffante, sentant la corruption à plein nez et sans une once de calme le dérangeait profondément. C’était peu dire que le garçon détestait la capitale de la République. A chaque fois qu’il avait mis le nez dehors, il avait manqué percuter quelqu’un, et sa grande taille rendait ses déplacements malaisés dans la foule compacte. Sans compter les regards de biais qu’on lui jetait quand il avait le malheur de ne pas rabattre son capuchon sur sa figure. Et tous ces holo-écrans tournant en permanence, à donner la nausée… Rien à faire, l’ensemble de cet endroit ne trouvait décidément pas grâce à ses yeux.

Ayant accompagné son maître alors qu’il avait apparemment une affaire urgente et confidentielle à régler, Yun avait patiemment attendu, malgré une situation qui s’éternisait. Des complications sans doute. Puis Maître Don était reparti rapidement sur Ondéron… Et lui avait demandé de rester pour s’occuper d’une affaire en souffrance. Pas de chance. D’un côté, que son maître lui accorde une telle confiance lui faisait chaud au cœur. De l’autre… Rester seul sur cette planète l’attirait autant que la perspective de se pendre. Pas du tout donc. Mais il faudrait faire avec.

Comble de malheur, il était assigné à résidence, pour ainsi dire, jusqu’à ce que leurs supérieurs daignent leur faire signe que leur mission pouvait commencer. Oui, leur, car en pour couronner le tout, le taciturne padawan allait devoir faire équipe avec un inconnu dont il n’avait que le nom : Travis Torn. Le jeune homme savait juste que son futur partenaire était plus âge que lui, et actuellement sans maître après la mort du précédent. Pour le reste, il n’avait strictement rien. Ce qui n’était pas plus mal en fait, il aurait tout le temps de savoir à qui il avait affaire au cours de leurs futurs vagabondages dans les bas-fonds de Coruscant.

Il n’avait eu que des détails assez vagues : une histoire d’holocron volé par un padawan abattu après… Bref, encore un imbécile qui avait préféré faire le malin sans se rendre compte de la chance qu’il avait eu au cours de son existence. A force, l’épicanthix était fatigué de voir se répéter ce genre d’incident, et supportait du coup assez mal ceux qui se permettaient de le juger tout en pleurnichant sur leur sort. Heureusement que d’autres rencontres avaient adouci son caractère entier au cours des derniers mois.

Grandi trop vite, forcé de mûrir de façon violente, Yun n’avait pas pu profiter d’une vie paisible, et à l’inverse, n’avait que trop goûté aux affres de l’extérieur, à cette vie trépidante que beaucoup de jeunes gens au Temple désiraient ardemment, convaincus qu’on les bridait. Le garçon aurait dit qu’on les protégeait, et qu’il valait mieux passer quelques années en paix, à étudier avant de se confronter à la violence et à la misère. Vouloir à ce point les rencontrer témoignait à son sens d’une curiosité assez malsaine.

Comme à son habitude, il avait commencé sa journée par une séance de méditation intensive avant de se rendre peu avant midi dans la salle d’entraînement, espérant y trouver moins de monde pour s’entraîner à la pratique du sabre. Depuis sa découverte du Niman, le garçon s’entraînait souvent à l’usage de la télékinésie à des fins offensives, et tentait de reproduire les mouvements que le Chevalier Kerin lui avait enseignés, tout en continuant sa progression et son travail sur le Soresu, qui restait incontestablement sa forme favorite, et celle dans laquelle il se sentait le plus à l’aise.

Entrant silencieusement, Yun ne fit pas attention aux autres personnes, qui avaient de toute manière tendance à l’ignorer, et il se mit dans un coin tranquille, dégrafa son lourd manteau qu’il plia soigneusement sur un banc attenant avant de sortir son sabre. Une lueur rouge illumina brièvement la salle, et les regards autour de lui se firent plus lourds. Peu importait, le jeune homme avait besoin de s’entraîner avec autre chose que des sabres d’entraînement.
Lentement, il commença quelques enchaînements de bases mêlant Soresu et Niman, répétant inlassablement les premiers dulons tout en les agrémentant de variantes de son cru. La sueur perla bientôt sur son front, ses muscles bien taillés saillant sous l’effort, tant l’épicanthix ne se ménageait pas.

Alors qu’il faisait une pause, une voix attira son attention, et un inconnu vint le saluer, de façon conforme au protocole, fait rare mais plaisant pour le garçon, qui observa sans mot dire dans un premier temps son nouvel interlocuteur. Plus âgé que lui, bien que, comme presque tous les humanoïdes, plus petit et moins carré, le dénommé Travis ressemblait de façon troublante à un reflet déformant de sa propre personne.

Même cheveux noirs, même pâleur, même expression insondable… Seulement là où il était laideur et cicatrices, en face de lui se tenait une beauté délicate, sans paraitre féminine, mais étrangement… Fragile, comme le bleu cristallin qui à cet instant se heurtait au gris brut de ses propres pupilles. Peut-être était-ce le miroir inversé de ce qu’il aurait pu être.

Finalement, il rendit son salut à l’homme, et répondit de sa voix monocorde, sans rien manifester de particulier :

« C’est moi. Je crois que nous sommes censés faire une mission ensemble prochainement. Vu l’endroit, tu auras tout le loisir de voir mon Soresu je pense. »

Simple constatation, sans signification particulière. Hormis celle de son asociabilité crasse. Il finit par ajouter :

« On en entend beaucoup ici. Je ne sais pas si je suis à la hauteur de cet intérêt. »

On entendait surtout beaucoup sur lui, mais il préféra ne rien dire. A la place il se mit soigneusement en garde, sa lame rougeoyante dressée devant lui, et siffla :

« Je peux prendre un sabre d’entraînement. Si tu préfères. »

L’invitation acceptée tacitement, il attendit. Rares étaient les occasions de s’entraîner, alors celle-là ou une autre… Et puis, autant vérifier que son futur partenaire savait se débrouiller sabre en main.
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* La paix est un mensonge… *
Les mots coulèrent dans son esprit comme une kyrielle de notes évanescentes, tandis qu’il s’enfonçait dans les limbes du Côté Obscure… Naguère il s’était toujours attendu à ce que les ténèbres soient chaudes et rassurantes, mais il s’agissait là d’une ineptie. Le Côté Obscure était froid. À chaque fois qu’il s’y ouvrait, il avait l’impression de s’immerger dans un lac de givre, le buste tourné vers une congère de glace géante qui lui renvoyait parfois son propre reflet.
* …seule la passion existe. *
Inspirant longuement, Vyrion entrouvrit les paupières.
L’iceberg avait disparu, mais son reflet subsistait, rouge et insolent sur la verrière de permaverre qui parachevait le spectacle d’holovids stroboscopiques, de lumidisques, et du fourmillement impérissable de ces quelques milles milliards d’autochtones qui formaient la lie perpétuelle de Coruscant. Le « Joyaux de la République » comme s’évertuaient parfois à l’appeler le flot pimpant d’idéalistes radotant, enclavés dans cette nasse ostentatoirement luxueuse qu’exhibaient les gourbis du 500 Republica. Ses sourcilles se froncèrent, et un pâle rictus déforma les traits burinés du Devaronien. Il avait toujours exécré les politiques –en second plan juste après les Jedi, bien entendu.- tout comme il méprisait la démocratie, les principes fantômes qui incitaient toutes races à vivre sur un pied d’égalité, et les excès de tolérances dont faisait montre la République face aux déprédations de la société. Cultivant l’illusion mensongère d’un monde sans stigmates ni façades…
En réalité Vyrion abhorrait tout ce qui ne se rapportait pas, de près ou de loin, à la méritocratie Sith, et aux synecdoques impériaux.
Soupirant, il toisa le panorama quelques longues minutes encore…
Même au cœur de la nuit, Galactic-city grouillait d’activité, et les fils de lumières des véhicules et des rues dessinaient une sorte de tableau mouvant. Les nuages bas reflétaient les feux de la ville et des air-speeders en un vaste plafond sculpté dont les formes floues se perdaient aux quatre horizons, apparemment infinies, comme la cité. Loin vers le Sud, Vyrion devinait les Monts Manarai, dont les pics enneigés étaient esquissés par des reflets de lumière. Un spectacle insolite dans la mêlée urbaine d’une planète aussi pélasgique… Insolite, et aux antipodes de la confusion déchirante qui saturait l’atmosphère de Dromund Kaas ; constamment assaillie par le tumulte des pluies diluviennes et des tempêtes électromagnétiques.
Sa planète lui manquait…

Enfin… encore quelques jours d’afféterie, et il pourrait retrouver les commodités de Kaas-city et son lot de cancans polychromes.
Son maître attendait.

C’est alors qu’à vingt mètres derrière lui, la porte de duracier coulissa doucement.
Automatiquement, il porta la main à son double-sabre ; mais son geste se figea dans la même seconde. Il avait perçu celui qui venait de franchir le seuil.

« Kimaro... Je suppose que tu n’as pas pu récupérer ce que je t’ai demandé. », murmura-t’il en interprétant l’embarras, couplé aux vagues d’angoisse, qui suppuraient dans la Force.
« C’est-à-dire…qu’il y a eut un imprévu. », lui répondit la voix incertaine du nouveau venu.
« De quelle sorte ? », questionna calmement le Guerrier Sith. –Tout dans le timbre de sa voix couvait le mécontentement et la menace sous-jacente.
Silence.
Il pivota sur lui-même, avisant la silhouette râblée du Balosar dont la peur avait recourbé ses antennes frontales en arrière, dans son épaisse tignasse cuivrées. Son teint incarnadin avait rosi plus qu’à l’accoutumé, et il affichait ce genre de mine déconfite qui suggérait l’appréhension.

« Je t’en pris, raconte-moi. »
« Jakka a été suivit. Un autre Padawan l’a appréhendé, mais j’ai pu le faire taire avant qu’il ne mentionne no…vôtre plan. Malheureusement, il n’avait plus l’holocron sur lui… il a dû le planquer quelque part, dans Corusca Circus. »
« C’est fâcheux. », grinça le Devaronien dont la silhouette semblait s’obscurcir. –Ou n’était-ce qu’une impression ?- Subitement, Kimaro eut la sensation d’une poigne de cortosis qui lui vrillait les entrailles, tirant sur son âme, aspirant ses pensées.
Il n’était pas si loin de la vérité en fin de compte…
…le côté Obscure se nourrissait de la peur, absorbant l’intimité comme ces taupes minières qui pompaient les richesses de Nkllon, loin dans le système d’Athega, n’y laissant derrière elles qu’un monde vide et dépouillé. Ses jambes se dérobèrent, et il dû se rattraper au mobilier pour ne pas chuter.
Le malaise perdura quelques secondes encore, le temps au Sith de fouiller pleinement le subconscient de sa victime. Vyrion ne relâcha la pression que lorsqu’il fut certain du bien-fondé de ces affirmations. Son comparse haleta de longues secondes.

« Tu as toujours tes contacts parmi les Raffleurs ? », ses yeux rogues fixaient la silhouette recroquevillée avec mépris.
Kimaro leva vers lui un regard chargé de haine. Son hôte faisait allusion à son ancien gang… Un groupe de fripouilles, comme il en existait des centaines de milliers sur Coruscant. La plupart étaient des Balosar, comme lui, et sévissaient toujours dans les bas-fonds. Aux yeux du Devaronien, ils constituait le type d’exécutants tout à fait adaptés à la situation lorsqu’il fallait compter sur un appuie fiable, –quoique jusque dans certaines limites.- et peu onéreux. Sommes toutes, ils étaient parfaitement corruptibles et, si la situation venait hélas à l’exiger, accessoirement « jetables ».

« Je vais voir ce que je peux faire… Mais il y aura un prix. », Vyrion lui jeta un lot de dataries.
« Est-ce conforme aux bienséances ? »
« Je suppose… », rétorqua l’autre, une lueur de convoitise couvant dans ses yeux sombres, ce qui déclencha un sourire carnassier sur le faciès du Guerrier Sith.
« Parfait… », susurra-t-il tandis que son comparse se détournait vers le sas. « …ah, et Kimaro. »
« Oui ? »
« Tu n’as plus droit à l’erreur. »

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Au même moment, dans les couloirs d’un atelier d’astro-réparation, un vieux Rhodien se creusait la tête sur les créances de son data-compte lorsqu’une énième bagarre éclata à l’extérieur. En entendant les cris, il posa le moniteur sur son comptoir et déclencha l’ouverture du hangar pour observer la distraction. Deux gangs rivaux réglaient un différend… la rixe dura de longues minutes et prit fin lorsqu’il y eut mort d’homme. On échangea des insultes dans les deux camps, et les vaincus jurèrent de se venger avant de décamper. Seul subsistait le cadavre d’un Chiss au crâne défoncé qui se vidait lentement de ses fluides sur la chaussé ensanglantée.
La routine…
Le Rhodien haussa les épaules. Il s’apprêtait à rentrer lorsque quelque chose retint son attention dans une caisse de pièces détachées. Un cube luminescent, et joliment relié de rodomium… Le genre de minerai qui ferait saliver n’importe quel prêteur sur gage, dans les banques d’Aargau.
Il se baissa pour le ramasser. L’objet était d’une légèreté trompeuse, et sur les tranches reluisaient plusieurs inscriptions gravées dans une langue qu’il ne parvenait pas à décrypter. L’objet était une œuvre d’art, c’était évident, et il ne pouvait imaginer qu’on puisse égarer ou basarder quelque chose d’aussi précieux. Après avoir jeté un bref coup d’œil aux alentours, il retourna dans son hangar qu’il prit grand soin de verrouiller. Ravi de sa découverte, il rangea sa trouvaille dans un coffret sous son comptoir, et retourna à ses comptes.

Si sa canaille de frère venait lui rendre visite, il lui demanderait ce qu’il en pensait…


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La Force est une constante insolite…
Noyée dans cette platitude omnisciente qui formait un grand tout dans une galaxie lointaine… très lointaine. Elle vivote entre les individus sans jamais dépérir, tout simplement parce qu’elle est inaltérable. Comme les jours sont définis par les nuits qui les séparent. Comme les étoiles sont définies par les ténèbres insondables dans lesquelles elles tournoient. Un clair-obscure d’ombre et de lumière en perpétuelle oscillation sur la grande balance du destin.
Invisible…impalpable…inodore.
Néanmoins, pour qui savait la discerner, elle ouvrait des portes qui pouvaient transcender la nature rationnelle du monde tel qu’il avait toujours été exploité jusqu’à aujourd’hui. Un monde fait de logique et de rectitude, ou chaque étrangeté pouvait être défini par une explication purement théorique…
…jusqu’à un certain point.
Derrière la façade, il y avait une autre réalité. Quelque chose d’infini où la cohésion n’avait pas lieu d’être. Une réalité où il était parfois nécessaire de lâcher prise pour obtenir certaines réponses que le rationalisme n’était pas en mesure d’éclaircir. Exactement le genre de réalité qui avait bercé l’existence de Travis Torn, depuis sa plus tendre enfance. Ainsi, lorsqu’il s’abandonna à la Force pour déchiffrer les variations qui s’échappaient des points de ruptures de Yun Silthar, ce fut presque par égarement. De manière quasi-inconsciente… comme il était machinal de boire, manger, ou respirer.
L’essence de l’Epicanthix lui apparu comme une toile barbouillée d’émotions réprimées. Il y avait des fractures aussi, et elles étaient nombreuses. Le tout couplé à la méfiance pour un monde qui lui avait naguère maintes fois brûlé les ailes.
De nombreux rêves avaient été brisés dans le passé de Yun Silthar… Et si la lecture des points de ruptures lui empêchait de voir les souvenirs de son comparse, elle lui permettait toute fois de comprendre la nature d’une telle froideur. Instinctivement, Travis éprouva de l’empathie pour son cadet. Mieux que quiconque, il était à même d’interpréter ce genre d’attitude de défense intuitive. Naguère, il n’avait pas été si différents. -L’était-t-il toujours d’ailleurs ?- songea-t-il, alors que les souvenirs de sa propre enfance resurgissaient dans son esprit comme des pointes de Beskar cautérisées au plasma ; son oncle Dreddan qui s’allongeait parfois auprès de lui, la nuit, tentant de le toucher, de l’embrasser. « Je peux te faire passer du bon temps mon garçon. », lui soufflait son halène fétide tandis que sa bouche se rapprochait de plus en plus. Les passages à tabac, lorsque son père rentrait tard le soir, l’esprit encore imbibé par la bière de Ryll. Les larmes, dans le regard de sa mère alors qu’une corvette de contrebande l’arrachait aux bas-fonds de Coruscant pour une vie d’esclavage, sur Nar Shaddaa. Les horreurs d'une guerre civile, sur Telos IV. Le sourire d’un Maître Zabrak disparu pour toujours. La déchéance de Ferus Livian, son meilleur ami…
Autant de vieilles douleurs qu’il avait appris à gérer ; le temps et l’expérience aidant.
Ces mêmes douleurs qu’il retrouvait dans l’essence de Yun Silthar.

Travis réprima un sourire pensif.
Il comprenait désormais pourquoi Korrhan les avait réunis dans cette mission.


« En réalité, j’aurais préféré commencer par un sabre d’entraînement, justement. », rétorqua Travis, dont le bleu limpide de ses iris semblait s’être radoucit tandis qu’il décortiquait la psyché de l’Epicanthix. « Vois-tu, cette rencontre ne fera pas vraiment figure de duel à proprement parler. Disons plutôt qu’elle te donnera l'opportunité d’analyser mon style dans ses avantages... mais aussi ses faiblesses. Prend-le comme un dialogue, un ballet synchronisé qui te permettra d’en savoir un peu plus sur mon compte avant le début de cette mission. »

Usant de la Force, il ramena à lui une paire de sabre d’entraînement qui siégeaient, dans leur étui de synthoplast, à l’autre bout de la salle.

« Simple mesure de précaution pour débuter. Au fil du temps, je n’aurais rien contre l’usage de ça… », dit-t-il en désignant le sabre-laser, bien tangible celui-ci, accroché à sa ceinture. « …à l’entraînement, mais je préfère te connaître un peu avant. Au fait, j’espère que tu n’as pas un emploi du temps trop chargé ces prochains jours, la mission débutant dans quarante-six heures, j’ai bien l’intention de passer un maximum de temps en ta compagnie. Sur ce… », il fit léviter le second sabre jusqu'à Yun, régla le variateur du sien sur une lame à engourdissement d'un peu moins d'un mètre, et une colonne de plasma nacrée émergea de son poing dans un Clac-sssssssss caractéristique.

« Tu es prêt ? », un pâle sourire s’était dessiné sur son minois ciselé, mais ses yeux restaient durs comme l’acier. Sa jambe droite glissa vers l’avant tandis que la gauche se tendait en arrière. Les épaules levées, il fit lentement basculer son sabre en biais, dans une garde inversée typique du Shii-Cho.

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De nombreux padawans éprouvaient de l’excitation ou de l’appréhension à l’idée de rencontrer un partenaire de mission ou d’entraînement, pépiant joyeusement avec leurs amis en se demandant quel serait l’heureux élu les accompagnants. Yun n’en avait cure. De toute façon, tous le connaissaient plus ou moins de vue, à cause de sa réputation délétère ou tout simplement de son faciès hideux difficilement oubliable. Il était tout de même compliqué de confondre un géant de pratiquement deux mètres aux épaules carrées et au visage déformé au point qu’il était presque douloureux de le regarder.

Après, que ce Travis Torn ait décidé de le jauger avant d’aller sur le terrain, pourquoi pas, il pouvait comprendre la démarche. Lui-même n’en aurait sûrement pas pris l’initiative, mais cela faisait toujours un partenaire d’entraînement, et dans son cas, ils étaient rares, hormis dans les cours communs où les maîtres divisaient le groupe turbulent de leurs élèves en duo chargés de reproduire mouvements et techniques… Même si Yun avait une nette tendance, en cas de chiffre impair, à finir seul avec le professeur.

Pour autant, cette hostilité, il la comprenait. D’abord, parce que son passé peu reluisant parlait pour lui, et pas en bien. Ensuite, parce qu’il avait rapidement compris que tous les padawans de son âge avaient presque tous grandis ensemble, au sein de leurs clans, appris à s’apprécier ou à cultiver une certaine rivalité les uns avec les autres, et cela depuis leur plus tendre enfance. Il était un intrus, et s’il trouvait certains bien trop attachés à leurs amis, contrairement à ce que prônait une lecture particulièrement stricte du code, il pouvait comprendre la réticence des autres adolescentes ou jeunes adultes à intégrer dans leur cercle un défiguré plutôt taiseux et revêche.

Comme d’habitude, le colosse dut ranger son sabre rouge pour prendre une arme d’entraînement. Aucun jedi, aucun padawan ne voulait croiser le plasma avec cette horreur rougeâtre qui rappelait mauvais souvenirs ou meurtriers légendaires. Seul son Maître acceptait, et il lui en était infiniment reconnaissant. Certes, il aurait pu décider, une fois au Temple, de laisser cette marque sinistre de son passé et d’attendre sagement de fabriquer son propre sabre.

Cependant, une impulsion le retenait, un devoir qu’il se faisait d’arborer l’ultime témoignage de son ancien lui, qu’il briserait seulement le jour où il serait devenu un véritable jedi. Pas un simple apprenti, mais un Chevalier, un jedi ayant forgé son propre sabre, trouvé sa voie, et s’étant fait accepté par ses pairs, enfin.

Yun éteignit donc son arme et empoigna silencieusement celle que lui tendait Travis, écoutant son broncher son discours, déjà entendu de nombreuses fois au demeurant, autant chez les siths que chez les jedis, du style de combat comme réflecteur de l’esprit. Et autant sur Korriban que sur Coruscant, l’épicanthix restait profondément sceptique. Il estimait que le choix d’une forme de combat relevait d’une décision personnelle, entourée de multiples facteurs, et qui n’était pas forcément révélateur d’une sorte de lien mystique transcendantal entre le bretteur, son arme et le caractère du duelliste. On pouvait faire passer un message par le choix de telle ou telle forme. Pour lui, cela s’arrêtait là, et imaginer connaître quelqu’un après trois passes d’armes était bien réducteur. Mais il n’était peut-être pas nécessaire d’en faire la remarque tout de suite et risquer de se mettre à dos l’humain aux yeux bleus. Aussi il se contenta de hocher la tête sans rien dire, muré dans son silence traditionnel.

A peine consentit-il à répondre, alors qu’il se mettait en place :

« Maître Don est occupé ailleurs. Pour le moment, je reste ici en attendant son retour. »

Sans doute que le vieil homme était à nouveau sur Lorrd, à organiser cette base qu’ils avaient installés là-bas avec le Chevalier Belluma. Mais cela évidemment, devait rester secret, aussi il n’était pas question d’expliciter davantage les raisons de l’absence de son maître. Au demeurant, être Maître du Conseil avait un avantage indéniable : fournir une source potentielle d’excuses proprement gargantuesque, et généralement, Yun n’avait même pas besoin de dire quoi que ce soit. Tout le monde repartait avec sa propre idée sur la question, et il était ainsi tranquille.

Pour le reste, la perspective de passer les prochaines heures avec une compagnie fixe n’avait pas forcément de quoi enchanter son caractère solitaire, mais en même temps, si c’était pour le bien de leur mission, il l’accepterait sans rien dire, en tentant d’en apprendre un minimum sur celui qui l’accompagnerait.

Acquiesçant à son ultime demande, Yun se mit lui-même en garde après avoir salué son adversaire, le sabre tenu fermement dans sa main droite à la verticale, la pointe tournée vers le bas, pour n’offrir que la lame à son vis-à-vis, campé sur ses appuis, la main gauche sur le côté dans un signe d’approche typique du Soresu.

En tant que pur défenseur, il laisserait à Travis le soin de porter l’estocade en premier et attendit donc sereinement l’attaque venir, concentré sur le moindre mouvement de l’humain, ses yeux l’étudiant avec une fixité irréelle. Lentement, Yun se laissa envahir par la Force et entreprit de tisser un bouclier autour de lui, comme il en avait l’habitude au début de chaque combat, afin de parfaire un peu plus sa défense déjà robuste. Avec satisfaction, il constata que le Bouclier de Force autour de lui se solidifiait.

Il était fin prêt.
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