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Vena.

Imaginez. Une planète, semblable à la nôtre, luxuriante, paisible. Gouvernée par un pouvoir affranchi d’anciennes allégeances, d’abord colonisée par la Couronne hapienne, puis délaissée, libérée. Membre de la République, quoique située aux frontières, isolée, presque oubliée… Lorsqu’une menace approche, lorsqu’un serpent rampe dans les fougères, vers qui peut-elle se tourner ? La République, distant « époux » ? Ou le Consortium, bienveillante, quoique cynique, intéressée, mère nourricière ?

C’est cette question qui tortura la Baronne de Vena, lorsque, dans un étrange concours de circonstances, la souveraineté de son monde sembla être menacée.

-*-

Les Brumes Transitoires représentent la frontière parfaite : étanche, inconnues de l’unique voisin… Mais elles recèlent aussi des dangers. Pirates, rebelles, prétendu héritiers de Lorell… Innombrables sont les truands qui s’y réfugient, fuyant la marine hapienne, s’attaquant aux voisins plus vulnérables.

À l’image de Vena, Nazzri est une planète républicaine. Presque ignorée, carrément négligée, elle n’a pour principale différence politique que son appartenance à la LMP, la Ligue des Mondes Périphériques, qui garantit la sécurité de ses membres. Ainsi, lorsque les pillards saccagent le commerce, brutalisent les marchands, volent les marchandises, vers qui se tourne-t-elle ? Vers la LMP, bien entendu.

Mais lorsque les vaisseaux sont déployés, qu’ils repoussent les pirates, qu’ils, dirigés par un commandant prêchant par arrogance, imprudence, s’aventurent hors de l’espace nazzrien, s’approchent trop de Vena – et par le fait même, de la périphérie du Consortium hapien – que se passe-t-il ?

Oui, exactement : Vena, afin de se protéger face à ces flottes privées, aux allures potentiellement hostiles, qui violent ses frontières, se résout à appeler à l’aide. Et, à l’image de tous les enfants, elle préfère l’assistance d’une génitrice aux chemins tortueux de la bureaucratie nécessaires à emprunter pour obtenir le support du mari négligeant.

Concours de circonstances, donc, qui finit par impliquer, à la manière des dominos, un pouvoir régional qui pourtant, au premier abord, ne semblait aucunement concerné.

-*-

(Hall de Lorell, Hapès, Consortium hapien)

« Estimez-vous donc un tel projet viable ? »

La tête de la Reine-Mère oscilla faiblement, laissant deviner qu’elle s’attendait à une réponse rapide. Rompant avec l’une de ses traditions vestimentaires les plus respectées, créant ainsi l’exception confirmant la règle – quoique, il ne s’agissait pas d’une audience publique, ni même d’une cérémonie particulière, seulement une rencontre entre elle et les plus éminents économistes du Consortium – sa tête était dévêtue, sa robe, d’un bleu foncé, riche, qui jurait avec les bannières, décorations et ornements bourgognes qui meublaient la salle.

À ses pieds, ses dames de compagnie étaient installées, guettant, guettant, attendant patiemment le moindre ordre provenant de leur maîtresse. Un peu plus bas, les gardes royaux guettaient eux-aussi, mais autre chose. Ils surveillaient, anticipaient, se préparaient à contrer la moindre menace. Passé cette ultime ligner, ceux qui occupaient son attention se tenaient, droits, mais le cou courbé. Ils n’étaient pas nobles. Ils n’étaient pas royaux. La regarder, la fixer dans les yeux, était par conséquent une grave offense qu’ils se gardaient bien de commettre. Et puis, ils étaient des hommes.

Elle les avait convoqués – brillants économistes, rodés fonctionnaires – afin de les entretenir d’un projet, d’une idée, qui lui taraudait l’esprit, qui ne la quittait plus, depuis la nationalisation des banques républicaines.

« Ereneda, votre règne est stable – depuis dix-sept ans. Les gens à l’extérieur de nos frontières ne peuvent être au courant de ce trouble passé. Par conséquent, en prenant en compte la confiance garantie par une monarchie solide, bien implantée… »

Elle changea brusquement de position, comme agacée. Elle désirait une réponse, pas une thèse. L’individu rougit, confus, ne sachant plus quoi dire, soudain conscient de son erreur.

« Ce que mon collègue essaie de dire, Ereneda, c’est que les gens cherchent la stabilité et la confiance. Ils ne veulent pas de régimes politiques volatiles. Ils ne veulent pas placer leur argent dans les poches d’un gouvernement. Par conséquent, oui, ce projet est viable, à quelques conditions. Il est clair que la République verra le pourcentage de ses entrepreneurs envoyant leurs profits dans des paradis fiscaux augmenter de manière dramatique. L’on peut s’attendre à une grande fuite d’actifs – c’est d’ailleurs étonnant qu’ils n’y aient pas pensé. Le Consortium peut-il s’imposer comme le havre principal propice à l’évasion fiscale ? Oui, je le pense, en procédant de la bonne manière. »

« Comme mon collègue le dit, Ereneda, oui, exactement comme il le dit. D’autant plus que le Consortium est et a l’apparence d’être stable, ce qui est capital. »

Astarta hocha la tête, contente.

« Bien. Nous en avons assez entendu pour aujourd’hui. »

Elle fit un mouvement de main, comme pour les congédier, et l’une de ses suivantes se leva.

« Sa Majesté, Astarta Chume, vous remercie de vos loyaux conseils. Votre apport saura être récompensé en temps et lieux. Bien entendu, il est attendu de votre part la plus grande des discrétions… »

Inutile de préciser le prix à payer pour l’irrespect de ces consignes.

« La Couronne vous contactera éventuellement pour… »

La suivante s’interrompit soudain, alors que les portes de la salle du trône furent ouvertes. Immédiatement furieuse, la Reine-Mère se pencha en avant, pour observer les intrus. Alarie Mestonae. Nera Ospenya. L’une de ses plus proches conseillères, alliées, et sa tante… Que pouvait donc signifier… Elle fit un simple mouvement de la tête et les gardes royaux accompagnèrent les bureaucrates vers la sortie.

« Que signifie ? »

Sa voix sifflait, empoisonnée, mais les deux femmes s’avancèrent pour s’incliner devant elle.

« Ereneda, la Baronne de Vena vient de nous contacter. Il semblerait que son espace aurait été violé par une flotte étrangère, appartenant à la LMP, un parti politique républicain. Elle demande l’appui du Consortium afin qu’ils se retirent le plus rapidement possible. »

Elle retrouva son calme. Ah, oui. Vena. Outil de propagande fort utile, symbole utilisé pour démontrer à quel point le Consortium tenait à ses enfants, pour mousser le patriotisme de ses citoyens, elle était une épine ayant muté pour devenir une arme. Elle devait capitaliser sur cette situation. Montrer aux Hapiens que leur Mère, leur Chu, prenait soin de ses enfants, bien qu’ils aient quitté le confort de la maison.

« Ereneda, une approche diplomatique serait plus avisée. Un simple message officieux, menaçant, pour avertir que si la flotte ne se retire pas, le Consortium interviendra. »

« Je supporte ce conseil, Ereneda, mais je suggérerais aussi un renforcement des troupes aux frontières, une démonstration de force. Peut-être déployer une avant-garde, trois ou quatre dragons, aux environs de Vena… »

Le premier avis, émis par sa Ministre, était intelligent. Mais le deuxième, moins… Sa tante était décidément bien trop militariste.

« Un message sera envoyé aux flottes de cette… LMP, afin qu’elles se retirent immédiatement. Il est de notre devoir souverain de défendre nos périphéries et loyales alliées. Les forces aux frontières seront mobilisées… Néanmoins, nul vaisseau ne sera dépêché – pour l’instant. Nous ne désirons aucune escalade. Répondez à notre amie, la Baronne de Vena, que le Consortium et sa Reine-Mère répliquent positivement à sa requête. »

Les deux femmes s’inclinèrent à nouveau, prêtes à aller exécuter ses ordres.

« Que sur Hapès trois dragons royaux soient préparés, afin de nous apprêter à toute éventualité demandant l’envoi d’une de nos représentantes sur Vena. Ce sera tout, pour le moment. »
Ragda Rejliidic
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Quelques jours plus tôt, réunion du Directoire de la Ligue des Mondes Périphériques, sur Coruscant,

« … pour cette raison, que nous devons revoir l'ordre de nos priorités. » répondit le Sénateur de Muunilinst, K'aaris Klark, calme et froid, comme à son habitude. « C'est mathématique. Jusqu'à présent, nous avons pu assurer l'entretien de nos deux flottes uniquement grâce aux excédents engendrés par nos investissements communs. »

« Parfaitement ! » surenchérit Barek Brakan, Sénateur d'Iridonia. « Depuis le blocus d'Aargau, nos accords commerciaux avec ce monde sont du passé. Alors si on ajoute à cela la nationalisation des chantiers spatiaux de Mon Calamari... Il faut ouvrir les yeux ! Le bilan financier de cette année s'annonce catastrophique, et ce n'est... »

« Et vous proposez quoi ?! » le coupa Marcelus Naevi, Sénateur d'Ord Mantell. « Reconvertir l'intégralité de nos flottes actives en flottes commerciales ? Balivernes ! Encore faudrait-il disposer de contrats assurant une rentabilité à cette démesurée flotte commerciale. Vous semblez tous oublier que nos forces d'auto-défenses ont été formées avant tout pour protéger les nôtres, les habitants des bordures Républicaines, trop souvent harcelés par les pirates, les contrebandiers et les hors-la-loi en tout genre, qui n'ont aucun scrupule à traverser nos frontières ! Les forces armées Républicaines ne peuvent être partout, c'est de notre devoir de protéger nous mêmes nos concitoyens. Hors de question de faire passer la rentabilité avant la sécurité d'être vivants ! »

« Et il y a eu les avancées sociales ! Le Pacte social à... »

« De bien belles paroles... » répondit K'aaris Klark. « Mais ce n'est pas avec des idéaux, des leçons de morale, ou un prolétariat heureux que nous allons payer les salaires, et entretenir les vaisseaux. »

Après cette tirade cinglante, toutes les bouches s'ouvrirent. La réunion, déjà haut placée en terme de décibels, battait à présent tous les records. Dans ce brouahaha général, où chacun cherchait à imposer son point de vue, seul un homme restait calme, le regard dans le vague, visiblement dépité, dégoûté même par l'attitude de ses confrères : Le Sénateur de Christophsis, Adam Kev'lann. L'homme d'age mûr en avait vu de ces choses au cours de ses multiples mandats, mais la crise que traversait actuellement la République dépassait tout. Elle rendait les gens fous. Fous de rage, fous de peur, fous tout court. En être sage et avisé, il se contentait d'observer, préférant éviter d'apporte de l'eau à un moulin qui le répugnait... Il secoua la tête. Son monde avait été le dernier à rejoindre la Ligue, poussé par les opportunités commerciales. Christophsis regorgeait de ressources minières inexploitées n'intéressant pas les mondes du noyau compte tenu de leur éloignement... Mais, faute d'une vision globale, la Ligue s'effritait tout doucement. Les deux leaders charismatiques à l'origine de cette association avaient abandonné le navire... L'un disparu des médias, l'autre devenu Vice-Chancelier, à présent bien trop occupé pour gérer au quotidien un regroupement de mondes que tout, sur le papier, opposaient. En soupirant, il réalisa qu'il faudrait un miracle pour que cette Ligue survive encore une année de plus...

La porte de la salle de réunion s'ouvrit. Une immense silhouette fit son apparition. Aussitôt, surpris par cette intrusion, toutes les têtes se tournèrent, pour découvrir celui qu'ils n'attendaient plus : Ragda Rejliidic, Sénateur de Bakura et ex-Ministre de l'Economie. Une entrée savamment préparée.

« Et bien... Mes amis... Il y a de l'ambiance ici... » fit-il, l'air moqueur. Les conversation s'étaient tût, mais face à lui les visages restaient crispés. Comment en aurait-il pu être autrement ? Après tout, voilà qu'il réapparaissait, au pire moment, après huit mois de cure dans le plus grand des secrets. Profitant de cette occasion inespérée d'en placer une, Kev'lann, se leva, pour faire face à ses confrère :

« Il est vivant ! J'ai gagné mon pari ! » fit-il, l'air jovial, tout en tendant la paume. « Vous me devez tous cinquante crédits ! » Face à lui, les mines se décrispèrent un peu, sauf celle du Muun, pour qui les questions d'argent relevaient pratiquement du sacré. « J'ai rien parié moi ! » lâcha-t-il, avec un air dédain.

« Il ne faut pas enterrer un Hutt trop vite... » plaisanta Ragda, avant de recouvrer son sérieux. « Mais je vous en prie... Je ne voulais pas vous couper... »

« Ou étiez-vous ?! C'est l'anarchie ! Toutes nos... » Ragda leva la main, pour faire taire les questions.

« J'ai eu de graves problèmes de santé... » répondit-il, froid. Il ne voulait pas s’étaler sur le sujet, même si les questions ne manqueraient pas de fuser dans un avenir proche. Fort heureusement, il avait prévu son coup. Pour le Hutt, hors de question de se présenter, ainsi, les mains dans les poches, après un silence de prêt de huit mois... Depuis trois jours déjà, il avait travaillé d’arrache-pied pour préparer son grand retour. Un retour fracassant. Aussi, prit-il son ton le plus charismatique pour faire son annonce.

« Je sais... Je suis au courant. Les accords commerciaux avec Aargau sont caduques. Les chantiers que nous avons rénovés sur Mon Calamari ont été nationalisés. Une catastrophe, oui ! Mais est-ce que cela justifie un tel chaos ?! Rappelez-vous... Rappelez-vous, lorsque nous avons fondé notre Ligue. Nombre ont été nos détracteurs. Mais nous avons fait front, n'écoutant leurs critiques ou leurs mises en gardes, parce que nous n'avions strictement rien à perdre.

Et nous voici de retour à la case départ ! Et bien... Tout ce que nous avons déjà fait, nous allons le refaire. Nous en sommes capables. Nous l'avons prouvé. Je suis moi-même en contact avec le Ministre de l’Economie, et je peux vous affirmer que de nouvelles perspectives vont s'ouvrir à nous. La crise d'Aargau ne sera pas sans conséquences financières, commerciales ou militaires... Négatives comme positives. Charge à nous d'être proactifs !

Pendant que la République et ses flottes tente de gérer le blocus sur Aargau, nous autres, mondes des bordures sommes plus vulnérables que jamais... Et en voici la preuve ! »


Sur ces derniers mots, dans un geste très théâtrale, Ragda balança sur la table un datapad. Celui-ci glissa silencieusement sur la surface lisse, avant de projeter une image holographique que tous accueillirent de froncements de sourcils : Des rapports, ainsi qu'une petite carte galactique.

« Nazzri » reprit le Hutt. « Ce petit monde est situé à quelques parsecs du consortium Hapès. Peu de temps avant mes problèmes de santé, le Sénateur de ce monde envisageait d'intervenir auprès de ses supérieurs afin de pousser son gouvernement à rejoindre la Ligue. Il faut dire que leur situation géographique est peu enviable. D'autant que la région de l'espace nommée « Brumes Transitoires » derrière laquelle se cache nos voisins Hapès est un véritable nid de pirates en tout genre. » Il marqua une petite pause pour reprendre son souffle, et laisser ses homologues consulter les informations affichées, avant de continuer : « J'ai repris hier contact avec le Sénateur de Nazzri... Initialement j’envisageais même de l'inviter à notre réunion trimestrielle. Compte tenu du climat, j'ai peut-être bien fait de ne pas le faire... Quoi qu'il en soit, il m'a confirmé que son monde serait toujours intéressé pour nous rejoindre ! A condition, bien entendu, que nous démontrions notre utilité... Et voici que je lui ai proposé : d'envoyer quelques vaisseaux, ce qui n'ont pas été mobilisés par la République autour d'Aargau, faire le ménage ! »

« Encore de bien belles paroles... » répondit, du tac-o-tac, le Sénateur de Muunilinst. « Mais avec quels fonds allons nous financer une telle opérations ? Sans parler des réparations qui s'en suivront... »

« Très judicieuse question ! » le coupa le Hutt. « Nazzri s'est déjà engagé à payer ces réparations en cas de succès. Permettez moi de croire qu'ils sont suffisamment désespérés pour nous promettre quantité de choses. Nous pourrons aussi garder tout le butin récupéré... Et puis, pensez à l'avenir... Avec ce monde dans la LMP, avec son espace local sécurisé, je vous laisse imaginer les possibilités commerciales ! Nous pourrions ouvrir une petite voie pour contourner le consortium Hapès, les retombées économiques pourraient être énormes... »

****


Quelques heures plus tard, au Platinium, club de plus « select » de toute la République.

« Vous avez d'autres idées en tête n'est-ce pas ? » demanda soudainement Kev'lann, alors qui venait de terminer son verre de brandy corellien. Ragda, face à lui, faillit s’étouffer en buvant sa dernière gorgée. Il reposa son verre devant lui, fixant son interlocuteur droit dans les yeux.

« J'oublie souvent à quel point vous êtes intelligent, pour un humain. » plaisanta-t-il, tout en s’éclaircissant la gorge, avant de se parer d'un large sourire amical. Tous deux avaient décidés de venir ici, pour boire quelques verres hors de prix, après la réunion trimestrielle tumultueuse de la Ligue. Une manière d'échanger leurs impressions, à chaud, et de manière totalement officieuse. Ragda n'était pas de nature à faire confiance à quiconque... Mais les sentiments qu'il ressentait vis à vis de ce personnage s'en approchaient quelque peu. Depuis que Christophsis avait rejoint la LMP, il s'était fait d'Adam Kev'lann un allié précieux, sage, et toujours disposé à dispenser d'avisés conseils. « Je vais vous faire un aveu... J'espère que notre petite démonstration de force autour de Nazzri ne passe pas inaperçue... J'aimerai attirer l'attention de nos voisins Hapiens... »

« Mais pour quelle raisons ?! » s’interrogea Kev'lann, surpris. « Ils ne sont pas réputés pour leur ouverture vers le reste de la galaxie ! »

« Justement... Justement... Je le sais bien... C'est une voie que j'aimerais explorer... Un empire vivant en autarcie depuis des générations... Imaginez les possiblités commerciales ! Une vraie mine d'or ! Je ne peux pas décemment passer à coté sans tenter quelque chose... »

« Et bien... Je vous souhaite bien du courage. D'autre que vous se sont cassés les dents là dessus bien avant. J'espère seulement que vous n'allez pas entraîner toute la LMP sur une pente glissante à cause de vos idées sorties d'on-ne-sait-où... »

«Mes idées... Mes idées... Elles ne vont pas toutes vous déplaire... Connaissez-vous un monde nommé Zolan ? Je vous conseille de vous renseigner un peu. Car nous y seront bientôt invité ! Laissez-moi vous expliquer ! »

****

Trois jours plus tard, appartements privés du Sénateur de Bakura, sur Coruscant,

« Général Macroff, vous êtes un imbécile ! » vociféra le Hutt, hors de lui. Il tenait sous ses yeux la missive électronique envoyée par la Reine d'Hapès à l'attention de la force armée déployée dans le système Nazzri. « Comment avez-vous pu... »

« Tout est la faute du gouvernement Nazzri ! » l’interrompit le général Bakurien, visiblement peu content d'être ainsi rabroué par un politicien. « Ils nous ont affirmé que ce champ d'astéroïdes leur appartenait ! Visiblement il s'agit d'une frontière litigieuses entre Vena et eux... Les deux gouvernement nous affirment être propriétaire du secteur... Et Vena a...»

« Vous auriez quand même pu faire attention ! » Cette excuse, valable pourtant, ne suffisait pas à le calmer. « Vous vous rendez compte ?! Si Vena s'était plains auprès des autorités Républicaines, nous aurions pu être très sévèrement punis. Dans leur meilleurs des cas, ils auraient pu exiger la dissolution de notre flotte... Vous auriez même pu finir dans une prison fédérale, Ma tête pendue à une potence ! » Il exagérait un peu, oui... C'était dans sa nature de toujours tout voir en gros. « Au lieu de cela, ils ont préféré faire appel aux Hapiens... J'imagine qu'il pensent que ça va nous forcer à répondre rapidement... Et ils ont raison ! Maintenant on frise l'incident diplomatique majeur ! Il faut impérativement étouffer ça, et régler ce quiproquo de manière officieuse. Après tout, nous n'avons strictement rien fait de mal... Il suffit de calmer le jeu, et tout le monde repartira satisfait... » Ou pas. Vena allait sûrement profiter de la situation pour demander des compensations. Surtout si leur allié Hapien siégeait à la table des négociations...

Pourtant au fond de lui, malgré la colère, il jubilait. Il avait tant espérer attirer l'attention des autorités Hapiennes... Et voilà que c'était fait... Enfin, pas tout à fait comme il l'avait imaginé.

« Bon ! Je veux que vous envoyiez immédiatement un message d'excuses ! Faites battre en retraite vos navires, direction Nazzri... Dites aux Hapiens qu'un représentant de la LMP propose de les rencontrer pour dissiper tout malentendu... Proposez leur une rencontre sur Vena. Laissez les l'organiser, qu'ils fassent comme bon leur semble, histoire de les mettre en confiance ! Je saute dans mon yatch, et je suis là dans dix-sept heures... Ah, et oui ! Pas un mot à qui que ce soit ! Pas même à Bresancion ! Je me chargerai moi-même de le mettre au courant, quand tout sera... sous contrôle. Rejliidic, terminé ! »
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Quelques heures plus tard.

(Salle du Conseil Royal, Hapès, Consortium hapien)

« Les flottes ennemies sont entrées dans l’espace venien par le biais de ce champ d’astéroïde, Ereneda. Il semblerait qu’il s’agisse d’un territoire litigieux, contesté par les deux gouvernements, chacun s’en estimant propriétaire. La dispute empêchant toute exploitation, les experts provenant de Vena estiment cependant que de riches minerais pourraient être exploitables sur les météorites susmentionnés. »

Pointant du doigt le champ d’astéroïde sur l’hologramme, l’officier s’inclina avant de reculer, ayant terminé son exposé. Sous le regard de ses comparses, une hapienne s’avança à son tour, faisant face à la Reine-Mère. Cette dernière, debout, observant attentivement les cartes et plans projetés au-dessus de la table, alors que ses ministres prenaient notes et conversaient à voix basse. Cette fois-ci vêtue de vert, son excitation était palpable. Ses conseillers, son entourage, tous n’envisageaient cette affaire que comme trivial inconvénient. Mais elle… Elle devinait toutes les possibilités que pouvaient offrir ce contact avec l’extérieur, avec la République, dans le déroulement de ses projets. Il s’agissait d’une occasion qui ne se représenterait pas de sitôt. Une occasion qu’elle n’allait pas laisser s’envoler – oh non.

Elle allait en profiter, au maximum.

« Aussitôt le communiqué officieux reçu, il semblerait que les flottes de la LMP aient reculé, répondant de manière favorable à nos demandes. » La trajectoire des vaisseaux étrangers s’afficha, démontrant ainsi la véracité de l’allégation. « La Baronne de Vena a transmis ses remerciements les plus sincères à l’attention de Votre Majesté, Ereneda, et nous informe qu’elle entend délivrer un discours à la nation afin de vanter votre grandeur publiquement. Il va sans dire que le Conseil Royal est unanime : il s’agit d’une belle occasion d’augmenter votre popularité jusqu’à des sommets encore inégalés. »

Sans doute pour eux s’agissait-il de tout ce qui pouvait être tiré de cette affaire. Mais ils manquaient de vision. Hochant la tête, elle leur fit signe de sortir, de la laisser seule en compagnie d’Alarie Mestonae et de Nera Ospenya.

« Nous avons aussi reçu une communication de la LMP », débuta la première. « Ils désireraient rencontrer un représentant du Consortium. Ils proposent une réunion officieuse, sur Vena, organisée par nos soins et selon nos souhaits… »

« Je suggérerais d’y envoyer ma collègue, Ereneda », poursuivis la deuxième. « Elle saura sans aucun doute représenter vos intérêts, ceux du Consortium, comme elle a toujours su le faire : avec brio. »

Curieuse alliance, songea Astarta, que celle de sa tante et de sa ministre, alors qu’elle se tournait pour faire face à une fenêtre. Des hauteurs de la salle de réunion, elle pouvait distinguer la silhouette de son fils, qui folâtrait dans les jardins, accompagné d’autres nobles. Son fils…

« Non. »

Ses deux interlocutrices échangèrent un rapide regard, interloquées. Qui pouvait-elle envoyer, sinon sa ministre des affaires extérieures, sa représentante diplomatique ? Une nouvelle intrigante, qui s’était attiré ses faveurs, à leur insu ?

« Il ne s’agira pas seulement d’une rencontre pour déterminer le résultat de la dernière escarmouche diplomatique entre cette LMP et notre Consortium. Nous irons nous-mêmes sur Vena pour prendre la mesure de ce mouvement. Si nos informateurs sont exacts – et espérons pour leur avenir qu’ils le soient – cette Ligue est un rassemblement de ploutocrates, d’individus motivés par l’argent, par l’avidité. Nous pouvons et devons profiter de cette occasion pour garantir la réussite de nos plans. »

« S’il en est ainsi, je ferai apprêter la flotte d’honneur… »

« Absolument pas. Il s’agira d’une rencontre officieuse, informelle. Notre interlocuteur ne saura rien de notre véritable identité – pour lui, nous ne serons qu’une représentante de la Reine-Mère. Les trois dragons déjà mobilisés seront amplement suffisant pour nous servir d’escorte – mais dépêchez dès maintenant des troupes afin d’occuper la capitale venienne, afin de nous protéger adéquatement. Officiellement, nous serons en retraite, dans l’un de nos palais périphériques. Que notre époux et notre fils s’y rendent, afin de convaincre la population de la véridicité de cette nouvelle. »

-*-

(Vena, République Galactique)

Mystifiée par l’arrivée fortuite des étranges vaisseaux, la populace observa, yeux grand ouverts, les soldats débarquer. Escadrons après escadrons, ils envahirent les rues principales, occupant sans remords les artères et bâtiments publics. À la poubelle, les sentiments du peuple : la vie de leur Reine pouvait être en danger.

Lorsque les trois dragons hapiens, à la suite des navettes, arrivèrent, les forces planétaires demeurèrent impassibles. Tout était prévu. La Baronne les attendait. Mais, se questionnaient la populace, pourquoi ?

-*-

(Palais baronnial de campagne, Vena, République Galactique)

Murmures. Chuchotements.

Tels furent les bruits qui accompagnèrent l’arrivée du représentant de la LMP. Les Hapiens, forts de leur avantage organisationnel, s’étaient assurés que ledit envoyé connaissait le protocole – comment il ne pouvait regarder son interlocutrice jusqu’à ce que celle-ci lui ait adressé la parole, comment il se devait de se référer à elle comme étant « Son Excellence »… Et plus encore. Lorsque, finalement, l’envoyé, qui devait bien compter pour trois, si l’on prenait en compte sa grosseur, se présenta dans le vestibule de la demeure campagnarde, c’était une militaire, aux cheveux noirs, aux yeux durs, scrutateurs, aux épaulettes métalliques, qui l’attendait.

« Sénateur, bienvenue. Nous espérons que votre voyage fut agréable. Son Excellence, la Dogaresse, vous attend. »

Lui faisant signe de la suivre, cachant son dégoût, la femme l’accompagna dans un dédale de corridors, tous meublés de gardes hapiens aux allures rébarbatives. Franchissant une large porte – assez large pour laisser passer l’encombrant invité – ils débouchèrent dans des jardins. Cachés derrière des hais, mais néanmoins visibles, d’autres soldats semblaient patrouiller. Un dispositif militaire impressionnant qui pouvait sembler suspect, pour celui ignorant la véritable identité de la personne protégée.

Fontaines, fleurs, parterres… Ces jardins étaient décidément très beaux. Les jardiniers de la Baronne avaient bon goût.

-*-

« Ereneda, l’envoyé de la LMP est arrivé. Il est escorté en ce moment-même dans votre direction. »

Astarta hocha la tête, contente – soulagée, même. La chaleur de Vena lui pesait et plus vite cet entretien terminé plus vite elle pourrait retourner à la fraîcheur de ses vaisseaux, d’Hapès. Au moins, elle n’avait pas à porter son voile – contrairement à ses suivantes, qui, dans son dos, debout, devaient souffrir de la température. Au milieu des jardins, la Reine-Mère se sentait néanmoins… paisible. En paix. Elle pouvait presque y imaginer son fils, Kalen, y jouer…

Mais non. Elle secoua sa tête, interrompant sa rêverie. Jamais son fils ne jouerait dans de pareils jardins. Cette maison, cette planète, n’était pas digne de lui – ou d’elle. Elle n’y était que par nécessité. Uniquement pour faciliter une rencontre qui allait lui permettre d’atteindre ses buts, de réaliser ses aspirations. Finalement, sa capitaine, qui lui servait en cette occasion de portière, arriva, avec dans son sillage un… Monstre ? Une bête ? Une larve ? Mais… Ah. Un Hutt. Gros, repoussant, l’être n’offrait guère une vision avantageuse de son espèce. Amoureuse de la beauté, Astarta ne pouvait s’empêcher d’être horrifiée.

« Sénateur, voici Son Excellence, la Dogaresse Astarta Ospenya, représentante plénipotentiaire de la Reine-Mère de Hapès. Ereneda, voici le Sénateur de Bakura, Ragda Rejliidic, représentant de la LMP. »

Feignant le sourire, la Reine-Mère – ou Dogaresse, en cette occasion – se leva de son banc.

« Merci, Helya », dit-elle, avant de les congédier d’un geste, elle et ses suivantes. « Bienvenue, Sénateur Rejliidic, sur Vena. La Baronne fut assez gracieuse pour nous prêter cette demeure, afin de faciliter notre entretien. »

Se rassoyant, elle le fixa, s’attendant à ce qu’il s’installe et qu’il ouvre le bal – Astarta, quant à elle, n’allait certainement pas être la première à se mouiller.

Ragda Rejliidic
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« Monsieur... » reprit le Général Macroff, à bout de patience. « … Il est hors de question de vous laisser y aller seul. Ces... Hapiens... » dit-il avec dégout. « N'ont rien à faire ici. Rien que la présence de leurs représentants sur Vena est une violation de... »

« Il suffit ! » le coupa Ragda, impassible, le nez dans son dressing. « Si vous n'aviez pas merdé, nous n'en serions pas là ! Vous devriez plutôt remercier les Veniens et leurs alliés Hapiens d'avoir voulu jouer carte sous table, plutôt que d'alerter toutes les instances légales... » Il se redressa, sourcils froncés, avant de se tourner vers son interlocuteur, visiblement préoccupé. « Veniens ? Venas ? Venasiens ? On dit comment d'ailleurs ?! »

« Je... Aucune idée Monsieur. » répondit le gradé Bakurien, perturbé par la singularité de la question. Le Hutt faisait-il de l'humour ? Ou était-il sérieux ? Impossible de le dire. Déjà que les traits humains étaient parfois difficiles à déchiffer... Alors ceux d'un gastéropide d'une tonne et demi...

« Oubliez cette question stupide Général... Après tout ce n'est pas les Ven... Les habitants de cette planète, que nous allons rencontrer. Eux ne seront que des intermédiaires insipides, sans valeur, inexistants. Et je parie que les Hapiens les voient exactement de la même façon que moi. C'est sur ces derniers que je dois focaliser toute mon intention. D'ailleurs, que savez-vous d'eux Général ? » demandat-t-il ensuite, tout en reposant son regard sur la penderie dans laquelle trônaient fièrement toute une panoplie de ponchos aux couleurs criardes, insultes au bon goûts pensa même le Bakurien.

« Et bien... J'en sais que ce que disent les média et les informations sur l'holonet. Une monarchie matriarcale issue d'une bande de pirates sanguinaires et malhonnêtes. Exactement le genre de bons à rien que nous poursuivions ici... Un gouvernement autoritaire, autarcique, profitant de sa situation géographique pour se tenir à l'écart, tels des lâches, du reste de la galaxie. Un peuple de moutons dirigés par des despotes qui se cachent les yeux avec les mains pour ne pas voir ce qui se passe de l'autre coté de leur frontière... Enfin, sauf quand cela LES arrange.

C'est pour cette raison que je réitère ma désapprobation. Nous n'avons rien à faire avec ces gens. S'ils ont répondus par la positive à votre message, c'est seulement parce qu'ils pensent tirer profit de cette situation. Hors de question de jouer leur jeu, selon leur règles... Et, de surcroit, il est hors de question que vous y alliez seul... »


« Oui... » répondit le Hutt, lassitude dans la voix, soupir à l’appui. « J'avais compris la première fois. Mais puisque vous y tenez... Laissez-moi vous présenter mon point de vue... Enfin après que..» Ses petits doigts boudinés se refermèrent sur une étoffe jaune étincelante. Des fils d'or. Un poncho qui valait prêt de trente mille crédits. Pratiquement la solde annuelle du général. Un vêtement luxueux, et de circonstance. « Voilà. J'ai fais mon choix. » reprit-il, ayant pianoté sur l'écran tactile de son chariot répulseur afin qu'un petit droïde d'aide ménagère viennent récupérer l'habit pour le lui préparer. Lavage et repassage express. Il planta son regard dans celui du Bakurien. Un humain d'âge mur, moustache grisonnante. Ragda n'avait jamais compris pourquoi les proche-humains affectionnaient tant ce genre de pilosité faciale... A croire que certains affectionnaient arborer un ersatz de pubis sur la partie inférieur de leur visage. A début, plus jeune, alors qu'il découvrait seulement cette espèce humaine qui proliférait d'un bout à l'autre de la galaxie comme de la vermine, il s'était horrifié de cette pratique incongrue... Mais avec le temps, on se fini par se faire à tout, non ? « Regardez autour de vous Général... Où somment nous ? » dit-il en tendant les bras incitant son interlocuteur à balayer la pièce du regard. « Nous sommes sur mon vaisseau. Un luxueux yatch spatial. Un vaisseau civil. N'avez-vous donc rien compris à la situation ? Il s'agit d'un rendez-vous officieux, discret, loin des regards un peu trop curieux. J'ai à régler une situation embarrassante sans faire de vagues. Hors de question de me déplacer avec un arsenal militaire, des gardes du corps, ou que sais-je... Non. J'y vais seul. Que croyez-vous qu'il puisse m'arriver sérieusement ? Vena, jusqu'à preuve du contraire, est un monde Républicain. Les Hapiens ont plus à perdre qu'à gagner si je devais avoir des problèmes... Et puis, je ne suis même plus Ministre... Un simple Sénateur d'un petit monde perdu à l'autre bout de la galaxie... » Cette dernière petite phrase fit légèrement tiquer le Bakurien patriote. Sa moustache frétilla. Il ouvrit la bouche, hésita puis répondit :

« D'accord... Mais quel intérêt de vous déplacer en personne ? On n'est jamais trop prudent... Je pourrais vous remplacer... J'ai déjà négocié des... »

« Après tout ce que vous venez de me dire sur les Hapiens, je ne vois pas comment vous pourriez rester impartial. Non. Ma décision est prise. En réalité, je suis le candidat parfait. Il paraît que les Hapiens ne respectent que la beauté, la grâce... et les femelles. Et bien ! Regardez moi ! Ni beau, ni gracieux, ni même sexué ! Si avec tous ces avantages je n'arrive pas à les déstabiliser un minimum pour tirer avantage de la situation... Je ne sais pas ce qu'il faut ! Et avec ce poncho sur le dos, croyez-moi, ils ne risquent pas de m'oublier. Je compte bien marquer les esprits... » Les poncho de Ragda : une arme psychologie interdite dans les convention de guerre d'une centaine de mondes civilisés.

Conversation terminée. Quelques minutes plus tard, le Général quitta le Yacht spatial, regagnant d'un claquement de bottes, le pont en duracier du hangar principal de son hammerhead, l'Inexpugnable. Il désapprouvait jusqu'au plus profond de son être, mais que pouvait-il faire ? Les politicards... Tous les mêmes... Il ne détourna même pas la tête pour regarder le vaisseau doré décoller, et partir rejoindre le point de saut hyper-spatial autour duquel la flotte de la LMP stationnait, passive, depuis des heures interminables. Il soupira. Pourvu que cette affaire, d'une manière ou d'une autre, soit vite réglée.

****

Trois heures plus tard, Jardins du palais baronnal.

Bien qu'il le dissimulait à la perfection, juché sur son chariot répulseur, Ragda éprouvait une certaine frustration. Non, il était vexé. Peut-être naïvement, il s'était attendu à ce que la Reine d'Hapès en personne réponde à sa demande. Mais voilà, la monarque avait choisi d'envoyer un émissaire, une... Dogaresse, pour parler en son nom. Quel titre absurde d'ailleurs... Dogaresse... Dog Aresse... On aurait pu croire le nom d'une race de canidé de l'espace...

Malgré toutes ces sombres pensées, le Hutt, habillé de son poncho cousu d'or, au col chargé de dentelles bleu azur, inclina la tête en signe de respect, présentant à la demoiselle son faciès le plus amical. Pour ne pas dire le moins hideux. Un effort sur-Huttain qu'il fallait reconnaître tout de même !

« Mes respects Dogaresse » répondit-il, poliment. « Veuillez remercier chaleureusement votre souveraine d'avoir répondu favorablement, avec une telle efficacité, et en toute... discrétion à ma demande. » Pas un mot pour remercier la baronne locale. Et pour cause : cette phrase dissimulait une pointe d'ironie, compte tenu des forces déployées pour contenir les dragons hapiens fièrement posés dans le spatioport de la capitale. Il ne préférait même pas aborder le sujet de l’allocution publique de la Baronne... Pour le coté discrétion... Enfin, somme toute, personne n'était au courant de leur petite entrevue. C'était le plus important... Pour le reste... Au pire, les média s'interrogeraient sur l'amitié étrange entre les Hapiens et les Ven... Les habitants de ce monde. Le silence s'installa un court instant entre les deux êtes que tout opposait.

Bon, puisque son interlocutrice ne semblait guère décidée à lancer les hostilités, Ragda prit les choses en mains. Un comble pour un Hutt.

« Comme vous avez pu le constater, la Ligue des Mondes Périphérique a immédiatement manœuvré à la réception de votre communication, ce qui démontre notre bonne volonté. Dans votre grande sagesse, je suis persuadé que vous ne pourrez tenir responsable la LMP pour ce litige territorial qui oppose Vena et Nazzri. Toutefois, j'ai souhaité provoquer cette entrevue informelle afin de dissiper tout risque de malentendus. » Ne sachant trop de quoi pouvaient être au courant les Hapiens concernant les méandres politiques républicains, il préféra entrer un peu plus dans les détails. « La LMP, coalition de mondes des bordures républicaines, s'est dotée d'une petite flotte d'auto-défense, afin de lutter contre la contrebande et la piraterie à ses frontières.

Il y a quelques jours Nazzri a sollicité notre aide, afin s’assainir son espace proche, où plusieurs groupes de hors-la-loi sévissent. Malheureusement, compte tenu de la situation, nous n'avons pu mener à terme cette opération... Ces pirates se cachent dans ce champ d'astéroïdes qui est objet de tant de convoitises, profitant de ce flou politique pour agir en toute impunité.

J'espère sincèrement que votre souveraine comprendra la nécessité de lutter activement, et fermement, contre ces groupes qui s'opposent à tout forme d'autorité, et appuiera par conséquent ma demande auprès de la Baronne de Vena afin de reprendre là ou nous avons dû nous arrêter. Ce champ d'astéroïde doit être nettoyé, purifié... Stérilisé. »


Des paroles fermes, mais qui, il l'espérait, trouveraient échos dans la tête d'une représentante d'une monarchie absolue. La demande lancée, Ragda s'attendait à présent à devoir négocier âprement sur les contreparties que leur demanderait Vena et/ou l'Amas d'Hapès. Il n'était pas né de la dernière pluie, et s'était renseigné avant de poser le pied ici. Les précieuses ressources que renfermaient ces roches flottantes dans l'espace serait au cœur des échanges, il en aurait mis sa main à couper...
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Dégoûtant.

La Reine-Mère se retrouvait incapable de sélectionner un meilleur adjectif pour décrire la bête à laquelle elle était confrontée. Vert, baveux, le Hutt qui lui faisait face était le représentant typique de l’une de ces espèces qui n’auraient pas dû survivre aux errances de l’évolution. Affreux. Tout bonnement affreux. L’instant d’un bref moment, elle se questionna sur si l’envoie d’un tel émissaire était une insulte envers sa personne. L’instant d’un bref moment, l’envie d’appeler ses gardes pour qu’ils descendent la bête – qu’ils abrègent ses souffrances – la tarauda, à un tel point qu’elle se mit à tripoter songeusement l’une de ses bagues.

Ne serait-il pas compassionné, gentil, même, de libérer cet être de sa prison charnelle qui devait tant le faire souffrir ? Un acte de merci ? Enfin… Il fallait être diplomate – surtout qu’il n’était pas à elle d’abattre tous les animaux malades qui pourrissaient cette galaxie.

Elle devait trouver, discerner, des points positifs sur lesquels se concentrer dans l’apparence de ce… personnage. Ses yeux ? Globuleux, ils auraient été charmants placés sur un crapaud – avant d’être écrasés par la botte d’un soldat bien formé, désireux d’épargner à sa maîtresse cette vision disgracieuse. Oh, mais… Son poncho. Jaune étincelant… Des fils d’or ? Oh, malgré son infortune génétique, ce Sénateur avait tout de même du bon goût. Il savait comment s’habiller – porter des ponchos, quelle bonne idée. Au moins, ces derniers cachaient une partie du corps du Hutt.

« Je transmettrai avec diligence vos remerciements », dit-elle, inclinant légèrement la tête – geste qui avait le double avantage de lui permettre d’arrêter de regarder le Hutt durant quelques secondes en plus de lui donner l’air bien disposée. Toutefois, elle remarqua immédiatement l’omission de la Baronne – omission qu’elle comprenait parfaitement. Cette femme était une idiote. Sans doute y avait-il un moyen de s’en débarrasser, histoire que l’un de ses jeunes enfants hérite et que la planète soit gouvernée par un conseil de régence. Les régents étaient toujours plus faciles à manipuler que les monarques.

Astarta aimait lorsque ses voisins étaient aisément manipulés.

Écoutant attentivement l’exposé du Sénateur, la Reine-Mère en fut agacée. Il s’agissait donc d’un malentendu. Un simple malentendu. Et la Baronne courrait se réfugier sous ses jupes sans même chercher à enquêter sur la situation. Oh, elle allait définitivement se débarrasser de cette cancre. La faire débarquer, pour ça… C’en était frustrant. Offensant, même. Cette Baronne allait apprendre qu’il ne fallait jamais offenser une Reine-Mère – oh, non, jamais. Ainsi donc, il s’agissait de pirates. Astarta haïssait les pirates – Astarta haïssait bien des choses. Ils se cachaient dans les Brumes Transitoires, dans les champs d’astéroïdes, usaient de son espace pour échapper aux autorités républicaines et continuer de commettre leurs exactions. C’était un peu comme s’ils se servaient d’elle.

On l’avait informé que ce champ recelait diverses richesses. Mais, en réalité, elle s’en fichait. Lorsque l’on possède une planète qui extrayait des gemmes qui toutes valaient individuellement un croiseur, on avait tendance à se moquer de ce qui était renfermé dans des cailloux flottants. Néanmoins, pour des raisons totalement enfantines, si Nazzri désirait ces astéroïdes… Hapès les aurait – enfin, Vena les aurait. C’en revenait au même.

« Oui, la Reine-Mère s’est révélée contente devant la célérité avec laquelle vous avez réagi suite à la réception de son message. C’est d’ailleurs cette même célérité qui l’a convaincue de votre bonne foi et d’à quel point une discussion officieuse pouvait être mutuellement profitable pour un règlement plus rapide de cette situation.

Je comprends – et Hapès comprendra – après avoir écouté vos explications la raison pour laquelle les flottes de la LMP se sont retrouvées à l’intérieur de l’espace Ven… de l’espace de Venas. Soyez assuré que nous sommes sympathiques à la lutte contre la piraterie. Malgré le fait que notre Consortium ait été bâti sur les ruines d’un empire pillard, nous combattons, comme tous les gouvernements, le crime.

De par le fait même, je – et Hapès, par mon entremise – suis sympathique à votre cause. Je suis convaincu qu’il s’agissait d’une honnête erreur de votre part et que jamais vous n’auriez pénétré à l’intérieur de ce champ sans bonnes raisons, de même que je suis convaincue de la nécessité de balayer ces contrebandiers.
»

Son sourire était avenant – mais ses yeux, eux, étaient ceux d’un prédateur, d’un carnassier.

« Néanmoins, je ne suis pas la seule personne à convaincre, même si ce serait merveilleux si c’était le cas. J’ai beau avoir… confiance, en votre parole, mais les Ven… les habitants de Venas sont ceux qu’il faut convaincre. Ce sont ceux qui sont directement concernés. Je ne pourrais décemment pas agréer à des termes ne protégeant pas leurs intérêts. »

En fait, si, elle pourrait – à condition que ses propres intérêts soient satisfaits.

« Nous savons tous deux ce qui se passera si d’aventure nous acceptions de vous observer pénétrer le champ d’astéroïde sans conditions. Vos flottes y pénètrent, détruisent les pirates et, avant même que vous n’ayez eu le temps de retirer vos hommes, les industriels et commerçants de Nazzri ont envoyés les leurs et les Ven… les habitants de Venas n’auront même pas eu le temps de dire ''monarchie'' que les ressources présentes sur les astéroïdes auront été drainées, les laissant spoliés, trompés… trahis. Un tel scénario ne me tente guère. »

Jouer sur les sentiments d’une limace gluante ne devait pas être très efficace – mais Astarta appréciait beaucoup trop faire comme si elle-même s’en souciait pour arrêter.

« Si ces astéroïdes étaient sans valeur, nous n’en serions pas là. Mais… »

Elle se leva, se dirigeant vers une petite table, située à droite du mastodonte. Des documents y étaient éparpillés, ainsi qu’un… hochet ? Un hochet reposait au-dessus des feuilles. Qui avait donc pu le laisser là ? L’un des enfants de la Baronne ? Sûrement. Mais elle avait pourtant dit clairement qu’elle ne voulait pas voir les marmots dans les jardins… Des serviteurs allaient devoir s’expliquer. Elle souleva l’objet, le tendant au Sénateur.

« Pouvez-vous me tenir cela quelques instants, s’il-vous-plait ? »

Lui laissant le hochet dans les pattes, elle fouilla les documents, en tirant les feuilles.

« Ah, oui, voilà. Selon des études et des experts, ces astéroïdes contiendraient des métaux de valeur considérable, et même des poches de gaz naturels… De quoi aider considérablement l’économie d’un monde mineur. »

Elle releva la tête et contempla ce spectacle, inédit : un Hutt en poncho tenant entre ses mains un hochet. Presque attendrissant. La Reine-Mère espéra vivement que l’un de ses gardes, grâce aux caméras intégrées à leurs casques, avait eu la chance de capturer cette scène – une première, sans doute, dans l’histoire galactique.

« Voici donc comment je vois présentement la situation : l’un des mondes de votre LMP est attaqué par des troupes pirates, qui se réfugient dans un champ d’astéroïde litigieux contenant d’importantes ressources. Vous me demandez d’accepter voir vos flottes y pénétrer, en sachant très bien que cela signifierait la perte de ces ressources pour Venas. Tout cela, bien sûr, en échange de… rien ? Ah, oui, pardon : la satisfaction venant avec la destruction d’une troupe de criminels. Des milliers de crédits perdus, mais au moins nous saurons que ces pirates ont été détruits. »

Elle se retourna, s'assoyant sur son banc, soupirant.

« Voyons, Sénateur, cela ne me semble pas être un marché très satisfaisant… J’ai bien peur que vous allez devoir relever votre jeu. »

Peu importe où allaient s’en aller ces négociations, la Reine-Mère allait pouvoir conserver le souvenir suivant, qu’elle allait chérir jusqu’à la fin de ses jours : la vision d’un hutt en poncho jaune agitant un hochet.


Ragda Rejliidic
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« Si ces astéroïdes avaient autant de valeur, nos amis respectifs auraient depuis longtemps trouvé une solution, fusse-t-elle celle des armes. » répondit le Hutt, rebondissant que les propos de la Reine aux traits d'émissaire, avant de tendre machinalement la main pour attraper l'objet qu'elle lui tendait. Il referma ses petits doigts boudinnéS sur une poignée... Un hochet !? Mais que !? Surpris, décontenancé, il resta figé là, le jouet à la main, écoutant la suite en silence. Mais rapidement, il se dérida, fronçant des sourcils. Cette conversion prenait une tournure qu'il n'appréciait guère. Tous les Hapiens se montraient-ils aussi condescendants ?

« Vous vous êtes faite berner ! » lança-t-il, pointant son interlocutrice d'un hochet accusateur. « Vos experts... Laissez moi deviner... Il s'agit d'experts de Vena ? Permettez-moi de douter sérieusement du contenu de ces documents... Il n'y a rien d'aussi extraordinaire dans ces morceaux de cailloux... Sinon même les pirates se seraient recyclés en mineurs... Soyons sérieux, personne ne se cache dans une mine d'or pour... » s'arrêta soudain le Hutt. Sourcils encore plus fronçés. Il baissa les yeux, pour aviser le hochet qu'il balançait devant lui, au rythme de ses phrases, comme une baguette inquisitrice. Il le secoua. Une fois, deux fois. Hmmm...

*****

Un an plus tôt, appartement de fonction du Sénateurs Rejliidic, Coruscant.

« Mais puisque je vous dis que ça ne m'intéresse pas ! » Hurla le Hutt, dans le micro du comlink. A l'autre bout du fil, la standardiste répondit, en récitant un texte qu'elle avait appris par cœur avec le temps :

« Pourtant cela ne vous engage à rien Monsieur Rejliidic. Il s'agit d'un cadeau qui vous est offert pour la naissance de votre enfant. Une « box » éveil. Si le contenu de celle-ci ne vous convient pas, vous n'aurez qu'à nous la renvoyer gratuitement ! Dans le cas contraire, vous pourrez la converser, en vous engageant sur... »

Ragda raccrocha. Conneries de démarchage par holophone ! Depuis qu'Alan était né, ça n'arrêtait plus... Comme si tous les grands groupes industriels de la galaxie surveillaient les déclarations de naissance à l'échelle galactique ! Tout bonnement incroyable !

Trois jours plus tard, il recevait la fameuse « box ». Après un chapelets de jurons colorés, il se décida tout de même à l'ouvrir... Dedans que des babioles inutiles, surtout totalement inadaptées à un bébé Hutt de quelques mois... Il y avait même un hochet, alors que les membres du petit Alan n'étaient même pas encore totalement formés ! Ce hochet, il l'avait pris, secoué... Avant de l'envoyer voler contre un mur, pour l'exploser en milles morceaux. Après quoi il avait ressemblé les plus gros, pour renvoyer le tout à l'expéditeur...

Et il se souvenait parfaitement du bruit que le hochait avait produit...

*****

« Y'a quelque chose qui... » fit le Hutt, secouant une dernière fois le hochet. C'était exactement le même que celui qu'on avait tenté de lui vendre... Un produit d'appel standard probablement. Et quelque chose clochait : Le son produit par le jouet. Il grimaça, soudain très suspicieux, avant de lever les yeux vers l’émissaire. Ne l'avait-elle pas ramassée dans le buisson, comme oublié par un enfant... Oublié étrangement exactement à l'endroit ou devait avoir lieu leur petite discussion discrète, pour ne pas dire secrète. Le Hutt croyait aux probabilités, et non aux coïncidences. Son intuition lui envoyait des signaux synaptiques impossibles à faire taire. Il posa sa seconde main sur la « tête » du hochet, et la tourna d'un coup sec, pour la dévisser. Aussitôt, le contenu se révéla aux yeux des deux protagonistes. Un petit appareil électrique s'y cachait. Aucun doute sur sa nature : il s'agissait d'un micro.

Ragda regarda son interlocutrice, droit dans les yeux. En silence. Ce ne pouvait qu'être un coup de leur hôte, un peu trop curieuse... Visiblement la subtilité ne faisait pas parti des qualités des habitants de ce monde ! Le Hutt hésita quelques secondes. Que faire de cet engin ? Devait-il l'ignorer et tenir un double discours pour tromper celui qui les espionnait. Cette idée lui paru rapidement stupide. Déjà qu'il serait ardu de négocier avec les Hapiens, alors si on plus il fallait le faire au second degré... Au diable ces abrutis de Ven... Habitant de Vena.

D'un geste vif, il lança le micro en l'air, ouvrit une large gueule, et l'avala tout rond. A présent, l'opérateur d'écoute aurait tout le loisir d'enregistrer les terrifiants gargouillis d'un estomac Hutt en pleine digestion.

« Drôles d'alliés que nous avons là. La confiance est devenu une denrée rare de nos jours... » reprit-il, sourire amusé sur le coin des lèvres. Mais il recouvra immédiatement son sérieux. Il avait de moins en moins envie de traîner sur ce monde pourri. « Soyons factuels. La valeur réelle de ces astéroïdes nous est inconnue. Que négocier à partir de là ? Voilà ce que, moi, je vous propose. Une prospection commune. Des experts Hapiens, des experts de la LMP. Laissons-les se mettre d'accord sur les chiffres, et nous en reparlerons...

Mais ce qui est certain c'est qu'aucune de nos deux factions ne sera véritablement gagnante tant que nos alliés respectifs n'arrêteront pas de se jouer de nous pour tirer à eux les bénéfices. Nazzri m'a trompé sur ses véritables frontières. Vena vous ment sur la valeur de ces cailloux. Nous devrions nous passer définitivement de ces intermédiaires pour négocier quoi que ce soit... »
Astucieusement, il voulait revenir sur le véritable fond du problème : la piraterie, en repoussant le débat sur les astéroïdes. Parce que, notamment, les vaisseaux mobilisés par la LMP coûtaient un bras, et il lui fallait rapidement trouver un accord pour les remettre sur le pied de guerre. « Mais en attendant, que faisons-nous ? Ce secteur est infesté de pirates, ce qui rendrait de toute manière tout tentative de prospection bien trop dangereuse. Il va bien falloir commencer par désinfecter la zone. Mes vaisseaux sont prêt à le faire. Tout peut être réglé avant la fin de cette journée.

Quelles garanties supplémentaires vous fait-il pour vous prouver notre bonne foi ? Vous, et vos navires, pourriez même nous accompagner en tant qu’observateurs pour vous assurer que nous ne feront rien d'autre que ce qui aurait été convenu... Nous pourrions même collaborer pour les pirates prendre en tenaille. »
dit-il, avant d'enfoncer le clou : « Je vous conseille de contacter votre souveraine immédiatement, et d'y réfléchir sérieusement. Ces astéroïdes sont en territoires Républicains, qu'ils appartiennent à Vena ou à Nazzri. Aucun de ces deux mondes ne dispose des ressources nécessaires pour les exploiter efficacement... Quant à faire traverser la frontière à vos propres vaisseaux miniers, je vous laisse imaginer les retombées diplomatiques. Il n'y a qu'une solution qui soit mutuellement avantageuse : collaborer, et parvenir, ensuite, à un traité commercial. »
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Énervement.

Voilà le sentiment qu’elle ressentait en écoutant la diatribe furieuse de son interlocuteur. Elle, se faire berner ? Les Ven… les habitants de Vena n’auraient pas osé être aussi idiots, voyons. L’exemple des Mondes frondeurs aurait dû leur enseigner que jamais, jamais il ne fallait se jouer d’elle… Et pourtant… Il avait réussit à implanter le doute dans son esprit.

Auraient-ils tenté de jouer aux plus fins ? Auraient-ils tenté de manipuler la puissance d’Hapès à leur avantage ? Oh. C’était exactement ce qu’ils – non, ce que la Baronne avait tenté de faire. Elle avait cru pouvoir se jouer d’elle. Falsifier des rapports, appeler sa suzeraine commerciale à la rescousse, l’utiliser, pour ensuite la renvoyer chez elle… Parvenue, limitée par l'impuissance de son monde natal, par la faiblesse de son nom et le lustre inexistant entourant son titre, elle planifiait arnaquer une Reine-Mère... Non. Que non.

La Baronne allait devoir payer.

Sa rage fut soudain interrompue par le rire intérieur, l’amusement, causé par un Hutt maniant un hochet avec autant d’ardeur. Amusement à son tour vite interrompu par le retour de l’amère colère, son sang bouillonnant avec une ardeur redoublée. Un mouchard, vraiment ? Un mouchard ?! Sifflant telle la vipère qu’elle était, elle serra ses poings si forts que ses propres ongles déchirèrent sa paume, laissant une petite goutte de sang perler. La Baronne n’allait pas seulement payer le prix de son pari risqué – non, elle allait payer le prix ultime pour son odieuse trahison. Peut-être n’était-elle pas sa vassale sur papier, peut-être n’était-elle pas membre du Consortium, mais elle était Hapienne

Et elle espionnait l’Ereneda, après avoir tenté de la duper ? Misérable sotte.

La manière originale employée par le Sénateur pour se débarrasser du micro la déstabilisa assez pour lui permettre de reprendre le dessus sur ses rêveries vengeresses. Et ensuite… L’honnêteté – feinte ou non – du Hutt la convainquit qu’ils en étaient finalement arrivés aux affaires sérieuses. Enfin, elle allait pouvoir laisser tomber ses illusions – enfin, pas toutes, seulement celles concernant Vena. Son résumé était véridique – les deux se retrouvaient escroqués par leurs alliés respectifs, dans le flou quant à la réelle situation des astéroïdes. Les deux avaient emmené des troupes, des vaisseaux, chers à opérer sur une longue période – enfin, chers… Question de perspective. Trois Dragons, alors que les flottes hapiennes en comptaient normalement une centaine, ce n’était rien… Mais l’entreprise militaire de son interlocuteur devait lui être bien plus coûteuse et ruineuse qu’il ne le laissait paraître.

« À l’image de Nazzri, Vena, dans son arrogance, s’est imaginée capable de manipuler plus forte qu’elle. Elle en paiera le prix. »

Oh que oui, elle allait payer…

« Parlons franchement, Sénateur. Peut-être Nazzri vous est-elle d’une quelconque utilité, dans le cadre de votre ligue politique, mais Vena n’est rien pour Hapès. Une ancienne colonie, répudiée, dépendante de nous pour sa subsistance, trop éloignée pour rejoindre complètement cette République dont elle se prétend pourtant membre. Seules les ressources pouvant être glanées de ces astéroïdes et l’intérêt qu’elles représentent m'ont poussé à m’avancer jusqu’ici pour vous rencontrer. De plus, les pirates doivent être balayés, j’en conviens volontiers. Ce sont des dissidents, des fuyards, des rescapés, des survivantes de débuts de révoltes vite réprimés et écrasés. »

Pensive, elle regarda le ciel.

« Vous préparerez vos vaisseaux, Sénateur, et je ferai de même. Débarrassons-nous de ces gêneurs et évaluons nous-mêmes la véritable valeur de ce champ. Je n’ai qu’une seule condition pour consentir à l’exécution de votre plan : vous voyagerez en ma compagnie, sur mon vaisseau. Emmenez une escorte si vous le désirez, mais je ne m’avancerai pas si cette clause n’est pas remplie. Ensuite, nous pourrons discuter d'exploitation, de partage, de commerce, de... partenariat. Je suis convaincue que nous avons tous beaucoup à gagner d'un tel dialogue. »

La Reine-Mère déguisée se leva, balayant le Hutt une dernière fois de son regard. Il était définitivement repoussant, mais il allait pouvoir avoir son utilité – à moyen terme. Elle n’était pas naïve. Les rumeurs sur ce Sénateur lui parvenaient par ses espions – sans doute planifiait-il déjà un moyen de la trahir et de s’en sortir grandit. Eh bien, ils étaient deux à pouvoir jouer à ce jeu, d’autant plus qu’elle était forcément avantagée par son immunité face aux lois. La laideur qui lui faisait face allait être sa porte d’entrée sur la scène galactique.

« Capitaine. »

Sa voix cingla l’air, impérieuse.

« Apprêtez mes vaisseaux. Il semblerait que nous ayons des pirates à exterminer. »


Ragda Rejliidic
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La surprise gagna l'esprit tortueux du Hutt, le paralysant telle une statue aux proportions difformes. Il ne s'était absolument pas attendu à une réponse aussi franche et directe de la part de son interlocutrice ! Il en resta même sans voix, alors que celle-ci énonçait ses conditions. Cette femme disposait donc d'assez de pouvoir et d'influence pour prendre une telle décision, sans en référer à sa hiérarchie ?! Il ne s'agissait plus de mots, de promesses plus ou moins creuses, non... Mais d'une opération para-militaire, aux implications multiples, sans précédent, et aux conséquences incertaines : comme cela l'était toujours lorsque l'on faisait parler les batteries de turbo-lasers. Arpenter un champ d’astéroïdes, à la recherche de quelques pirates armés jusqu'aux dents, et ayant certainement miné leur espace vital n'avait rien d'une promenade de santé pour une diplomate !

Et pourtant... Pourtant cette femme avait accepté, rapidement, sans sourciller, sans demander l'accord à qui que ce soit. Qui était-elle en vérité ? Certainement pas une petite intermédiaire, ou une simple émissaire. Non, pour parler ainsi, avec tant d'assurance, celle-ci devait être haut placée, disposer d'une autorité suffisante pour qu'aucun des officiers Hapiens dépêchés pour cette mission ne puisse revenir sur ses choix. Lentement, les illusions se dissipaient, Ragda commençait à entrevoir la véritable nature de son interlocutrice...

« Et bien... » fit-il, enfin, se forçant à reprendre la parole après s'être éclairci la gorge. D'une certaine manière il se sentait soulagé : une telle réponse prouvait que la coopération n'avait rien d'une utopie, et que, donc, son déplacement n'était pas vain. « La légendaire impétuosité des Hapiens... Il vaut le voir pour le croire ! » Un petit sourire dérida son faciès graisseux, donnant à son visage vaguement triangulaires un air encore plus difforme. « J'ai déjà donné des ordres avant de partir. La flotte de la LMP est prête à agir de concert avec la votre. Ils attendent seulement mon signal. » Certes, il n'aurait jamais imaginé que la situation puisse se décanter aussi rapidement... Mais la finalité n'en demeurait pas moins celle qu'il avait espéré. « Quant au fait de vous accompagner... » reprit-il, faisant mine de réfléchir intensément, alors qu'il connaissait déjà la réponse. « C'est d'accord. » Que dire de plus ? De toute manière il n'avait pas vraiment le choix s'il voulait pouvoir espérer aller plus loin avec la Consortium. Car il s'agissait, depuis le début, ni plus ni moins que de ça. Nazzri, en elle-même, ne représentait rien, strictement rien. Mais depuis les premiers échanges avec ce monde minuscule, Ragda avait espéré pouvoir transformer son adhésion à la LMP en une opportunité commerciale avec ses proches voisins. Cette histoire de litige territorial était arrivé à point nommé... Preuve, s'il en fallait encore, que la Force chuchotait à son oreille. C'était parfait, tout bonnement parfait ! Le Hutt peinait à contenir son euphorie intérieure. Aussi, rapidement, il reprit :

« Je viendrai seul, inutile de perdre un temps précieux. Voyez ceci comme l'expression de ma sincère confiance. » Et comme ça il serait tranquille pour parlementer. Que risquait-il au final ? Strictement rien. Ces individus n'allaient tout de même pas le séquestrer ou l'enlever ! Et puis, ce serait l'occasion parfaite pour se faire une idée de l'état d'esprit ses nouveaux « amis ». Une chance de « briser la glace » comme le disait l'expression humaine. « J’enverrai le signal lorsque je serai à bord. » fit-il ensuite, préférant prendre cette ultime précaution. Au cas où cette proposition devait se révéler finalement n'être qu'un coup de bluff. « Je vous suis ! »

Sur ces derniers mots, Ragda actionna les commandes tactiles de son chariot répulseur. L'engin émis une faible bourdonnement, quittant le sol pour s'élever de quelques centimètres.


Le retour au spatioport fut rapide et sans surprise. A peine l'improbable duo quitta l'ombre rafraîchissante des bosquets, qu'une escorte armée vint les rejoindre, sans un mot, sans un regard même. Ces hommes, de la sécurité planétaire, ne trahissaient nulle émotion. Ils n'étaient certainement pas au courant de la tentative éhontée d'espionnage de leur gouvernement. Le Hutt lui non plus, ne pipa mots. Aucune de ces oreilles indiscrètes ne méritait de recevoir ses confidences, d'être témoins des prémices d'une potentielle future entente mutuellement avantageuse entre le Consortium Hapès et la Ligue des Mondes Périphériques. Ils furent ainsi raccompagnés, dans des speeders séparés, avant d'être déposés à l'emplacement sécurisé où les attendait la navette Hapienne. Là, le Hutt ouvrit de large yeux :

Peut-être que l'attitude des soldats les attendant au pied de la passerelle lui permettrait de confirmer ses soupçons... A savoir que la diplomate n'était pas réellement celle qu'elle prétendait être... Et pour ne pas trahir son impatience, Ragda lâcha une question tout sauf innocente :

« Je suis curieux de savoir ce que pense le Consortium de la « paix » entre la République et l'Empire Sith. Parfois, l'avis d'une source extérieure apporte un éclairage inédit... »
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