___Saerian se mit à marcher lentement à mes côtés, et je me calquais sur son rythme, curieuse. Mon regard se posa alors sur les mains du Cathar, qui préparaient discrètement le blaster que je venais de lui rendre. Ce n’était pas plus mal ; je me sentais désagréablement observé.
___Lorsqu’il tira soudainement, je fus ravi d’entendre le bruit des roches qui tombèrent. D’un autre côté, une profonde gêne m’envahit à cause de mon échec récent. Il fallait vraiment que j’apprenne à me servir d’un blaster… Jedi ou pas, je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas utile. Et que personne ne vienne tenter de m’en empêcher. Je trouverais bien le moyen de m’y entrainer.
___Cette résolution prise, je hochais la tête quand mon partenaire réussit à se faire entendre par-dessus le vacarme de la roche s’écroulant le long de la crête rocailleuse. Sans me faire prier, je piquais un nouveau sprint, prête à me mettre à couvert si les républicains décidaient qu’ils en avaient assez de jouer au chat et à la souris. Mon maudit sabre laser dans la main, je me savais capable de me défendre de tir de blaster avec cette arme si je me montrais assez concentré.
___Enfermé dans mes pensées, muscles tendus, je faillis ne pas remarquer le problème du Cathar ; à vrai dire, je ne le remarqua que lorsqu’il s’écroula au sol, jurant de douleur. Je me stoppais net, à quelques pas de lui. Que lui arrivait-il ? Ce n’était vraiment pas le bon moment pour avoir une faiblesse ! Planté là, j’hésitais à le laisser là et partir sans lui. Après tout, il n’avait qu’à se débrouiller, s’il était là pour me ralentir.
___Je n’eus pas beaucoup à me poser la question ; Saerian me fit signe de partir. Parfait. Sans me le faire dire deux fois, je partis le plus vite possible vers l’usine. Il était temps que nous y arrivions, perdre du temps avec ces maudits assaillants ne nous avançait pas dans la mission. Comment pouvais-je rentrer chez les Siths en ayant échoué ? Aucun maître ne voulait de moi pour le moment, si ma mission n’était pas menée à bien, ça n’allait pas m’aider…
___Alors que la fatigue commençait à se faire sentir, mon corps me força à m’arrêter, sous peine de se dérober sous moi. Mes jambes étaient en feu à force de courir aussi vite par intermittence, et la pression que j’exerçai sur mes muscles à force d’être extrêmement tendu n’arrangeait rien. Difficilement, je me forçais à prendre de grande inspiration. L’air semblait brulant dans ma gorge desséchée.
___J’en profitais pour laisser mon regard courir le long des crêtes. Elles éloignaient de plus en plus l’une de l’autre, et d’autres chemins se dessinaient à travers un paysage accidenté et quelque peu montagneux. De là d’où je me trouvais, je ne pouvais pas distinguer quel était le chemin à prendre. Et évidemment, je n’avais aucune carte. Comment savoir quel était la meilleure voie ? Si ça se trouve, celle qui semblait la plus courte nous menait totalement ailleurs.
___Un soupir m’échappa. Ce n’était pas comme si on avait le loisir de perdre notre temps. Frustré, je regardais autour de moi, à la recherche d’une solution. Mon regard gris se posa alors sur une partie des parois. Cette dernière était presque lisse tout le long, ce qui rendait impossible son escalade ; mais par-ci et par-là sur ce pan-là se dégageaient de minuscules anfractuosités, causées sans doute par son contact moindre avec le vent , protégé par son emplacement. Pour toute personne lambda, l’escalade était loin d’être risquée ; c’était du suicide.
___Je m’y engageais sans l’ombre d’une hésitation.
___Mon agilité était une des choses qu’il y avait le plus développée chez moi ; je ne m’étais pas entrainé sans relâche pour abandonner devant un peu d’escalade dangereuse. Et mon ancien maître aurait été le premier à me tourner au ridicule devant un défi auquel j’aurais renoncé. Surtout s’il était dangereux.

*Jet d’agilité ~ Réussi ! [Pourquoi j’ai pas ce genre de jet sur un truc où j’ai moins de point ? XD]*

___Méticuleusement, j’avançais peu à peu le long de la parois. Au fur et à mesure de mon avancée, je découvrais de nouvelles prises ; ma peur s’accentua peu à peu alors que le sol se trouvait de plus en plus loin, mais je continuais malgré tout, concentré, avançant le plus vite possible avant que je ne sois remarqué et qu’on ne me tire dessus. Dans ma position, je n’aurais rien pu faire.
___Haletante, je crochetais une dernière prise avant de réussir à me hisser sur le bas-côté d’un chemin rocailleux. Donnant quelques secondes de repos à mon corps, le temps de retrouver une respiration un peu moins sifflante, je me redressais rapidement et regardait autour de moi. D’ici, on voyait très bien l’usine… Et les chemins qui y menaient. Montant encore légèrement le chemin près de moi, je pris le temps de regarder attentivement les accès à l’usine qui semblaient les plus rapides.
___Mon souffle avait eu le temps de redevenir régulier quand je me détournais de la vue pour rejoindre mon point d’arrivée. Jetant un coup d’œil en contrebas, je déglutis difficilement. Mais au lieu de repousser la peur, je fermais les yeux, et la laissa m’emplir. Mes muscles se tendirent, et je savais que dans l’état dans lequel j’étais, je n’allais que davantage faire attention. Et puis, je venais de monter ce mur, je savais où se trouvait les prises. Angoissé, je commençais la désescalade.
___Je fus plus lente, mais tout aussi efficace ; je ne me laissais pas le choix de toute façon. A moins de six mètres du sol pourtant, alors que je cherchais à poser ma main droite, mon pied glissa, et ma prise de main gauche ne suffit pluss. L’espace d’une fraction de seconde de panique, où je devinais ma chute, je sentis la peur s’attaquer violemment à moi. Mes réflexes se déclenchèrent à partir de là. Alors que mon autre pied quittait à son tour la paroi, je l’utilisais une ultime fois pour créer une impulsion qui me permit de me tourner vers le sol pour ne pas tomber sur le mais sur les pieds ; lorsque ceux-ci effleurèrent violemment la roche, je me laissais immédiatement plonger en avant pour faire une roulade et par-là atténuer la violence du choc qu’auraient assumé mes muscles.
___Je restais couché au sol, sur le dos, le souffle coupé et les membres douloureux. Sous le choc, je tentais de prendre plus inspirations chaotiques, alors que mon corps semblait rejeter l’air ; ce n’est qu’au bout de plusieurs interminables secondes que mes poumons s’emplirent enfin à nouveau. Le souffle intensément saccadé, je grimaçais sous les vagues de douleurs qui me venaient de mes jambes.
___Ce ne fut que lorsqu’une fois certain d’avoir retrouvé correctement ma respiration que je me permis de me redresser légèrement pour observer mes jambes. Le pantalon sombre que je portais avait souffert mais était toujours entier, et lorsque je le soulevais je constatais avec soulagement que je n’avais que des écorchures et des égratignures. Cela aurait pu être bien pire, si j’étais tombée de plus haut. Lorsque j’étais petite, un garçon s’était retrouvé même paralysé jusqu’aux épaules…
___Frissonnant à l’idée que cela aurait pu m’arriver, je me relevais difficilement, ignorant le mieux possible la douleur de mes muscles. Heureusement, ce n’était que des douleurs de chute, je connaissais ça ; je ne donnais pas cher de ma peau si je m’étais cassé un os à un tel moment… En pleine mission. C’était à me donner des baffes. Pourquoi prenais-je toujours de tels risques sans en avoir pleinement conscience ? Il fallait que je me méfie de mon incapacité à m’empêcher de prouver que je suis forte.
___Marchant pour ménager mes membres douloureux, je revins sur mes pas pour retrouver mon partenaire. De là-haut, j’avais vu qu’il avait repris la marche –mais ce n’était pas à ce rythme qu’on allait réussir quoi que ce soit, à part peut-être cueillir des fleurs-. Il ne me fallut pas longtemps pour le retrouver. Me forçant à marcher normalement pour ne pas trahir mon navrant exploit, au grand déplaisir de mes muscles, je le rejoignis.

« J’ai trouvé le chemin le plus court pendant que je ne faisais mumuse avec je ne sais quoi… Il faut que nous nous dépêchions un peu. Ça ira ? Si tu ne comptes pas réussir à me suivre, dis-le-moi maintenant et j’irai seul. »

___Ma question n’était absolument pas de l’inquiétude mais purement à titre informatif ; je ne comptais pas me retarder davantage. Il était un allié correct, mais s’il commençait à me retarder, c’était plus dérangeant qu’autre chose, surtout avec ces maudits républicains dans les parages.