Le Masque de la Force
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Résumé des faits : Après les escarmouches sur Flydon Maxima, opposant Impériaux et Républicains suite à un explosif malentendu, Lord Janos, alors Sénateur d’Aargau, révéla au Maitre Jedi Berryl un enregistrement prouvant que la Reine Noire des Sith préparait une attaque contre la République, avec l’appui du Sénateur de Bakura : Ragda Rejliidic. Cet enregistrement fut confié aux Services du Renseignements, qui après plus d'une année d'enquête, arrivèrent finalement à cette conclusion : un faux, cet enregistrement avait été falsifié. Le Sénateur Janos fut alors arrêté... Et après quelques semaines dans les prisons républicaines il passa aux aveux : Il se présenta comme un Seigneur Sith répondant au titre de Darth Denios, membre du Conseil Noir en la qualité de Maître des Forges. Il accusa également plusieurs personnalités politiques de haute trahison... Personnalités telles que le Chancelier Scalia, ou les Sénateurs Keyiën, Rejliidic... Déclarations qui furent directement ou indirectement à l'origine de l’assassinat de Valérion Scalia, et du suicide d’Ion Keyiën... Autant dire que la situation est explosive.

A situations inhabituelle, procédures inhabituelles. Face au déferlement de violence causé par les aveux de l'ancien Sénateur, les autorités officielles préfèrent agir avec précaution, usant du droit de huit-clos réservé aux affaires sensibles.

Aujourd'hui, la réunion aura lieu dans une salle d'interrogatoire, dans le complexe pénitencier où est retenu prisonnier Deinos depuis son arrestation. Pour que la procédure puisse suivre son cours, et aboutir à un procès en bonne et due forme, il est important de faire toute la lumière sur certains éléments de cette affaire :

Quelle est la part de vérité et de mensonge dans les aveux de l'ancien Sénateur ? Ce dernier dispose-t-il encore de toute sa tête ? Se pourrait-il que tout ceci ne soit qu'un plan Impérial pour déstabiliser la République ? Si « Deinos » est effectivement membre du Conseil Noir : cela veut-il dire que l'Empire est coupable d'ingérence dans les affaires Républicaines ?

Et qui sait... S'il se montrait coopératif, s'il acceptait de révéler quelques secrets impériaux... Peut-être que les juges pourraient se montrer plus... complaisants. Tout se négocie comme diraient certains.

Seront présents à cette entrevue le Juge Suprême Arnor, le Vice-Chancelier Bresancion, ainsi que toutes personnes (PNJ) qu'ils jugeront nécessaires. En face d'eux se tiendra Lord « Darth Deinos » Janos, pouvant être accompagné, s'il le souhaite, de ses avocats (PNJ).


Ordre de post : Halussius Arnor– Darth Deinos – Alan Bresancion.

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« Il est en retard, monsieur. »

« Je sais bien, jagon.. Allez, tant pis, on y va. On ne va pas attendre le bon vouloir d’un autre lorsque les informations qu’on peut avoir peuvent sauver des vies ! »

Il avait fallu que quelqu’un s’en charge, et pour faire bonne mesure, il avait fallu que ce soit moi. Bon, certes, c’était un signe de confiance.. Mais quelle corvée ! Instruire le « Dossier Janos », tu parles d’un cadeau ! Comme si j’avais pas assez de problèmes à gérer, voilà qu’on me mettait dans les pattes LE soucis de notre estimé présent.
D’un autre côté, ça voulait aussi dire que j’allais pouvoir expédier ça vite fait. Soyons sincères : j’avais une série d’idée très arrêtées sur la question, et le Janos allait avoir intérêt à me surprendre.

Aussi je repris ma canne en main avant de saluer les gardes attachés à la cellule avant d’entrer dans cette dernière. Scanner, fouilles.. La sécurité max s’appliquait aussi au Vice-Chancelier, et je m’y pliais de bonne grâce. Une fois que mon fidèle Jagon et moi-même étions arrivés dans la cellule du bonhomme, je fis un geste. Mon suivant posa sur la table un.. Oui, un sacré gros dossier, tandis que je prenais place face à mon accusé et son potentiel florilège d’avocats.

« Monsieur Janos ; Alan Laenian Brésancion, Vice Chancelier.. Voilà, soyons brefs : je n’aime pas perdre du temps, la République est en crise, j’ai beaucoup de travail et c’est en autre à cause de vous, donc j’ai réellement mieux à faire, -a priori, que d’être ici avec vous. Je serai donc extrêmement expéditif, et ce sera à vous de me montrer que j’ai de bonnes raisons de m’attarder sur votre cas. »

J’ouvris le dossier, pour la bonne formes, me référant aux faits.

« Votre cas, parlons-en. Vous avez un casier peu commun. Trahison en temps de guerre, diffamation, incitation à la sédition, préparatifs d’un coup d’état, atteinte à la sûreté de l’Etat, être Sith.. Je crois qu’on a fait le tour des gros problèmes avérés pour lesquels vous avez presque déjà plaidé coupable.
Pour ce qui reste, l’enquête est loin d’être terminée, donc vous resterez ici encore quelques temps avant votre procès. Histoire de ne pas vous laisser dans un suspense insoutenable, selon ce qui se passera sur Aargau, on pourra rajouter les charges de complicité de meurtre de masse, crime de guerre, crime contre la Galaxie.. Une fois que la Garde licteur aura épluché l’entièreté de vos mandat, je suppose aussi qu’on pourra rajouter d’autres choses.. Bref, mon cher Janos, vous y êtes jusqu’au cou.
»

Je croisais les mains sur la table. J’aurai pu dire que je comptais le fixer dans les yeux et lui transmettre ce faisant, via un regard intimidant, la frousse, mais c’était un peu compromis vu l’actuel suspect. Au lieu de ça, je décidais de poursuivre avec une effrayante légèreté.

« Comme vous le savez surement, la République est un état fédéral extrêmement complexe aux participants nombreux, ce qui fait qu’exception faites des crimes commun, peu de choses sont concrètement interdites de manière absolue. Il suffit, bien souvent, de faire une demande exceptionnelle pour obtenir une dérogation de circonstances. Pourquoi est-ce que je vous cause procédure ? »

La phrase tomba nette, comme un couperet, le genre de couperet qui fait dégouliner une sueur froide sur votre nuque avant de la trancher.

« Lorsque l’enquête sur votre cas aura été jugée satisfaisante, et qu’on aura en main toutes les preuves nécessaires pour ouvrir votre procès, nous sommes tombés d’accord avec la partie civile pour déposer un recours afin de pouvoir requérir pour une peine de mort.
Considérant que vous êtes l’homme le plus détesté de la Galaxie en ce moment, et qu’à chaque heure tombent des soldats à causes de vos machinations, je doute sincèrement qu’on nous refuse de vous exposer à la peine capitale, et si votre Sainte Force le veut, de vous y condamner.
»

Je me redressais sur ma chaise en soupirant, et je regardais ma montre. Le temps jouait en ma faveur, en vérité. Chaque jour ou je délayais cette instruction était un jour de plus qui me rapprochait de la mise en place de la loi sur la sécurité que Ion avait promulgué. Et faire tomber Janos sous le coup de cette loi faciliterait d'autant plus son jugement. Par ailleurs, avec Aargau en guerre, l'enquête avait toutes les chances de progresser, chaque mort pouvait être porté "au crédit" de Janos, et on pouvait s'attendre à des conspirations visible lorsqu'on aurait étudié la base..

« Voilà où nous en sommes, Janos. Vous êtes détenu ici au secret, vous serez jugé en huis clos, votre sort risque fortement d’être ignoré par la République toute entière. Je vais vous faire disparaître de cette Galaxie comme la nuisance que vous êtes, et il n’y aura pas de dernier acte dans votre tragédie. Rideau. »

Là encore, légère pause, et je repris ma canne, la faisant jouer d’une main à l’autre, me préparant d’ores et déjà à me lever. Le théâtre Janosien était terminé, aujourd'hui c'est moi qui donnait la mesure, et il allait marcher au rythme des tambours de guerre républicains qu'il avait provoqué.

« Fin de l’histoire, bouclée en trois minutes. Est-ce que vous avez un nouvel acte à proposer Janos ? Il n’est pas exclu que votre vie continue encore un peu, si vous savez me donner une justification à la sauvegarde de l’être le plus haïs de la Galaxie…? »

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Thème musical


«Comment ? Déjà arrivé ? Le Vice-Chancelier ? Mais... Est-ce que quelqu'un l'a prévu que...»

L'unité médicale RP-99 avait été programmée par les services de santé républicains pour faire son travail consciencieusement, sans laisser passer le moindre élément nuisible, sans autoriser la moindre ombre au tableau. Or, faire venir Monsieur le Vice-Chancelier en personne dans la cellule du détenu 684b, et pour un procès, comme on ne tarda pas à le lui apprendre... si ce n'était pas une gigantesque tache d'huile...

«Personne n'a prévu le Vice-Chancelier que Côme Janos est redevenu complètement fou ?»

Vite ! Vite ! RP-99 n'avait pas de temps à perdre. Il abandonna d'un coup les interlocuteurs qu'il avait dans le visuel, quitta brusquement le centre médical où il stationnait quand il se trouvait inoccupé, put profiter de cet espace longiforme que décrivait le couloir pour se permettre de faire accélérer la petite roue lui servant de moyen de locomotion, arriva devant une lourde porte blindée au dessus de laquelle brillaient en rouge les chiffres 684b, passa un premier sas, un deuxième, un troisième, un quatrième, et parvint enfin dans la cellule proprement dite. 3 minutes 26 secondes en tout. Mauvais score...

Quand il franchit la dernière porte blindée, il trouva le détenu 684b debout, raide, face au Vice-Chancelier, comme pour lui tenir tête. Non... Il n'allait tout de même pas...

«Bresancion... Vous voilà enfin... Je savais que cette heure viendrait. La question ne se posait plus : notre face-à-face était, comme qui dirait, inéluctable.»

Qu'est-ce que cela signifiait ? Était-il enfin remis ?

«J'imagine que vous devez être fier de vous. Oh oui, très fier. Tellement fier, même ! Pour en arriver là...»

Si RP-99 avait été pourvu d'un système respiratoire, il aurait laissé s'échapper un long, très long soupir de satisfaction. Bon, Côme Janos semblait répondre sensément au Vice-Chancelier : par chance, c'était un jour où il ne se prenait pas pour le Chancelier en personne. Tant mieux... Il ne fallait même pas s'imaginer à quoi aurait ressemblé leur discussion si tel avait été le cas.

D'un air ostensiblement provocateur, l'ancien Lord frappa dans les mains. RP-99 n'avait pas pu assister au début de leur échange, puisqu'il était pénétré dans la cellule au moment où le Vice-Chancelier venait de terminer de parler, mais leurs rapports semblaient houleux au possible.

«Bravo ! Oui, bravo ! Mais me laissez-vous réellement le choix ? Je n'ai plus qu'à vous applaudir, n'est-ce pas ?»

Le petit droïde avait abondamment entendu parler de la combativité dont faisait preuve son patient avant sa chute. Rien à voir avec le vieil aveugle à moitié fou, qu'il passait son temps à essayer de remettre sur le droit chemin de la raison à force de traitements vite dépassés... Mais là, Lord Janos semblait enfin être rené de ses cendres, prêt au combat, déployant toute l'éloquence et toute l'agressivité qu'on lui connaissait. Si le détenu ne s'en prenait pas directement au Vice-Chancelier, RP-99 en aurait presque éprouvé de la joie : cette attitude prouvait qu'il se rétablissait enfin.

«Mais croyez-vous que vous allez m'impressionner, avec vos paroles ! Regardez-vous, comme vous êtes imbu de vous-même ! Quelle horreur ! Au nom des valeurs républicaines, j'exige que l'on m'accorde le respect dû à ma dignité.»

Il se rétablissait enfin, mais il en faisait un peu trop, quand même... Tout prisonnier avait des droits, mais de là à parler au nom des valeurs républicaines, il ne fallait pas exagérer. Surtout qu'il était coupable de très, très haute trahison...

«Je suis le Chancelier Suprême de la République, et vous, Bresancion, vous n'êtes qu'un misérable traître.»

La petite roue de RP-99 fut prise d'un soudain soubresaut. Non ! Pas maintenant ! Il n'allait pas encore recommencer ! Pas là ! Décidément, à quoi bon le soigner ? D'autant qu'il risquait vraiment l’échafaud, maintenant, incapable qu'il l'était de se défendre. Lord Janos pointa du doigt son interlocuteur, d'un geste plus théâtral que jamais, comme pour l'accuser.

«Voilà bien longtemps que j'ai des doutes à votre sujet, Bresancion. De très gros doutes, même. Je n'ai donc pas été surpris outre mesure d'apprendre que vous étiez la cause de tout ce chaos. À votre place, j'aurais honte. Rendez-vous compte ? Vous avez provoqué la mort de Valérion Scalia, de Ion Keyiën et de toute sa famille ! J'espère que la culpabilité vous ronge, jusqu'au bout... J'espère très sincèrement que, chaque matin, quand vous vous réveillez, la honte vous retient de passer la journée de manière sereine, qu'une boule vient vous entraver la gorge.»

Décidément, le droïde médical était tombé sur l'un des cas les plus complexes de toute sa carrière. Ce qui lui semblait clair, cependant, c'est que son patient reportait ses propres sentiments sur le Vice-Chancelier. Cette boule à la gorge, il l'avait tous les matins... enfin, les matins où lui restait encore une vague conscience de la réalité.

«Quant à cette base militaire, que vous avez fait bâtir secrètement sur ma planète, - quand j'y pense, d'ailleurs ! quel toupet ! … Je disais : quant à votre base secrète, les services envoyés par mon gouvernement ont réussi à la démanteler. Celle-ci ne fait plus aucun secret pour nous : nous en connaissons tout, les effectifs, la puissance de frappe, la manière dont elle a été installée sur mon sol, absolument tout ! Et par là-même, nous avons réussi à remonter bien plus loin : toutes les informations qu'elles nous a données sur l'Empire Sith nous donnent désormais un train d'avance sur nos adversaires...»

Janos allait probablement expliciter ses propos, donner des chiffres et des localisations géographiques, quand RP-99 s'interposer entre ce dernier et Alan Bresancion.

«Monsieur le Vice-Chancelier, veuillez pardonner cette interruption, mais il faut que je vous explique tout. Je suis RP-99, unité médicale de ce centre pénitentiaire, légalement habilité à assister mes patients en toute situation, même lors de leurs procès. Je me dois de vous avertir que le détenu 684b souffre de troubles mentaux terribles liés à la découverte du décès de Valérion Scalia et de Ion Keyiën. D'un point de vue psychiatrique, on appelle le phénomène dont il souffre un renversement métamotivationnel... Il s'agit de, hum... Pour faire simple, il inverse les rapports entre vous et lui : il se prend pour vous, et il vous prend pour lui... Enfin, à peu près, puisqu'il se présente comme le Chancelier...»


«Je suis tout à fait au courant des troubles mentaux dont Bresancion fait l'objet.», répondit Janos au moment où l'on s'y attendait le moins. «Mais ne vous inquiétez pas, RP-99 : il sera tout à fait apte à répondre à mes questions. N'est-ce pas, Bresancion ?»
Halussius Arnor
Halussius Arnor
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La berline-speeder filait à pleine vitesse au milieu du trafic surchargé de la capitale. Le véhicule était semblable à tous les véhicules officiels en usage à la Cour suprême, à ceci près que celui-ci bénéficiait en plus d’une escorte, certes réduite mais officielle… Une sorte de privilège et de tradition due à ses anciennes fonctions en tant que Chancelier suprême.

Après un certain temps, le speeder quitta le couloir de circulation automatisé pour se lancer en freelance… du moins en apparence. D’ordinaire, Halussius se laissait aller à observer nonchalamment le paysage urbain, laissant aller son esprit à la divagation… Mais la situation n’était pas ordinaire.

Pour la première fois depuis qu’il avait quitté la Chancellerie, Halussius passait le trajet les yeux rivés sur ses datapads. Tous avaient le même sujet. Darth Deinos… un Sith que Halussius avait connu sous les traits du sénateur Janos… Un Sith aujourd’hui retenu prisonnier dans une base militaire de la République, un homme brisé… un homme devenu fou… Du moins, c’est ce qu’en disait le rapport médical qu’Halussius était en train de lire… Cela n’allait pas faciliter les choses. La lecture d’Halussius fut alors interrompu par la voix synthétique du chauffeur-droïd.


« Nous sommes en approche, Excellence »

Le jedi s’était contenté d’un simple merci et d’un léger hochement de tête. Le complexe militaire était bien en vue… Remettant de l’ordre dans ses datapads, Halussius enfila la veste qu’il avait posée à côté de lui sur la banquette en cuir tandis que le speeder approchait de la plate-forme d’atterrissage…

Le contrôle de sécurité se fit sans encombre à ceci près que les gardes demandèrent à Halussius de se défaire de son sabre-laser, chose qu’il fit avec une légère réticence… En effet, depuis les évènements d’Artorias et de Flidon maxima, le Jedi ne se séparait guère de sa précieuse arme… Plus que jamais, il considérait son sabre-laser comme la meilleure des protections.

Alors qu’il passait les différents sas de sécurité, on informa le juge que le Vice-Chancelier était déjà présente et que l’entretien avec le prévenu avait déjà débuté… Halussius en retard ? La chose était impensable et pourtant réelle… A moins que Bresancion n’ai souhaité prendre un peu d’avance… Mais cela importait peu… On fit ouvrir la porte de la pièce où devait avoir lieu l’entrevue afin que puisse prendre place Halussius. Calmement, sûr de lui, Halussius pénétra dans la pièce et dit.


« Je vous salue messieurs… Pardonnez ce léger retard. »

Halussius salua ainsi Bresancion et Deinos… Il fit un hochement de tête simplement à RP-99… Il prit place aux côtés du Vice-Chancelier.
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L’ascenseur émotionnel est quelque chose de surprenant. Et je venais d’en faire une très belle expérience. Janos au départ avait réussi à m’agacer, et quelque part, ce culot irritant était aussi admiré. Ensuite, j’admets être passé par une période qui se résume par un lever de sourcil et la question rhétorique « Mais il est con ou quoi ? », et enfin.. Il faut le dire, bouquet final : la stupeur.

J’avais tâché de rester de marbre visuellement, et c’était très dur, car après avoir ressentis tout cela en une poignée de secondes auditives, j’avais à présent la nerveuse envie de rire : grotesque, c'était grotesque ! L’explication du robot avait été parfaitement inutile, pour ne pas dire intrusive : mais de quoi il se mêlait, celui-là ? Si je veux faire un diagnostique, je suis assez grand pour le faire tout seul !

Eh oui.. Intendant, sénateur par intérim, Sénateur, Ministre, Vice-Chancelier.. Les gens avaient tendance à oublier que j’étais avant tout docteur, et spécialisé en neuro-chirurgie, donc j’avais effectivement, durant mes classes, pris pas mal de cours sur les dérèglements neuraux associés aux diverses pathologies regroupées sous le nom de « Troubles Mentaux ». J’avais donc déjà changé l’œil que je portais sur Janos, étudiant son cas pour savoir comment l’aborder. Oui, alors non... La seule chose qui, de manière absolue changeait c'était qu'au lieu de m'interroger sur la peine de mort sur un criminel, j'envisageais l'euthanasie sur un patient. Janos restait un enfoiré en sursis, mais elle allait falloir l'aborder comme un malade, à présent.
Il y avait diverses options.. Mais j’avais besoin d’en référer à l’autorité judiciaire.

« Mon bon Janos, je vois que vous êtes totalement à côté de la plaque.. Et c’est fort embêtant car vous détenez des informations qui pourraient vous sauver la vie. Je dis cela parce que c’est la SEULE chose qui saurait vous sauver, jouer la comédie ne vous mènera nulle part, et surtout pas à ce qu’une sentence soit commuée. »

Je fis un geste, empêchant le droïde de parler. J’étais suffisamment expert moi aussi pour savoir qu’en dépit de ses diagnostiques, il existait une chance pour que Janos essaie effectivement de nous la faire à l’envers, et je tenais à ce qu’il soit conscient de ce qui était en jeu ici. Pour le reste..

« Ecoutez, je me doute, si vous êtes effectivement souffrant, que recréer la réalité pour chaque interlocuteur qui vient vous voir doit être passablement éreintant, aussi voilà ce qu’on va faire. Je vais laisser en votre possession les preuves les plus flagrantes de ce que j’avance, et vous allez les étudier à tête reposée. »

Tu parles, la seule chose qui me dégoute c’est qu’effectivement, ce ne soit pas moi qui ait été la cause du suicide d’Ion. Pfah ! Toujours est-il que j’activais mon communicateur.

« Qu’on fasse venir ici une copie des déclarations de Janos, que ce soit ses aveux ou la lettre qu’il a adressé au sénateur Rejliidic. Si on en a, faites également venir des preuves simples et directes le liant directement à la Base sur Argaau. Puis je revins à mon prisonnier. Janos, je vais faire appel à votre sens logique, lorsque vous vous confronterez aux preuves, j’espère que cela vous remettra les idées en place. Nous poursuivrons dans deux heures. »

Pour l'heure, il ne fallait pas entrer dans son jeu, pas encore..
Je me levais, faisant signe à Halussius de me suivre. J’espérais, quelque part, que cette simple manœuvre suffise à faire que Janos se questionne et se retrouve nez à nez avec l’absurde de sa situation. Les preuves qu’on allait, sous bonne garde, lui faire étudier n’étaient pas relatives : c’étaient des faits. Avec un peu de chance, cela le forcerai à assumer ses propres actes, depuis la gravité de ces derniers jusqu’à l’échec total qui couronnait sa carrière politique, incluant au passage les idéaux qu’il avait pu défendre. Ce choc l’avait poussé dans ce mécanisme de rejet, avec de la chance, il le recadrera, à présent.
Mais l’autre objet de cette suspension était que j’avais d’autres nouvelles à prendre. C’était un peu comme si j’étais en réunion avec un match de foot à suivre : la crise qui secouait la République en étant à son stade le plus critique : sa résolution ou le fiasco total, et je devais aller aux nouvelles très souvent. Aussi, lorsque je pu prendre Halussius à part, je ne pris pas le soin de le regarder en face, les yeux plongés dans des quinzaines de rapport.

« Bonjour, Mr Arnor. Désolé, mais je suis assez occupé, l’absence d’Alyria me force à chapeauter un peu l’immense bazar dans lequel nous sommes, et Janos en est, hélas, une des clefs.. »

Je soupirais, posant de côté mon pad tandis que j’allais chercher une bouteille de vin dans un des placards de la salle de repos du pénitencier, ainsi que deux verres.

« Vous buvez ? Enfin, si j’ai demandé cette suspension, c’est parce que j’ai besoin de vous parler de la suite. Vous savez qu’on n’a pas besoin des aveux de Janos pour le condamner, en revanche, les informations qu’il a, et je puis vous assurer que le fait de les planquer derrière un syndrome de renversement méta-motivationnel ne change rien au fait qu’il les a, peuvent, elles, sauver des vies. Vous êtes la plus haute autorité en terme de procédure judiciaire, aussi j’ai besoin de votre soutient, et pour ça, je ne dois pas vous réserver de surprises. Y’a plein de manières de l’interroger : entrer dans son jeu, mentir, tromper, rester stoïque, le déstabiliser.. Bref, ce que vous appelez souvent « Un fou », ça se manœuvre. Un trouble mental réagence la perception de la réalité, mais l’esprit a toujours besoin de logique, et en trouvant celle de Janos, on peut essayer de discuter avec lui. Par exemple, je peux essayer de me faire passer pour ce qu’il croit que je suis, et lui faire dire ce dont il m’accuse, connaissances qu’il fondera sur ce qu’il sait, à savoir : tout. Bref, le seul point commun entre toutes ces méthodes c’est qu’elles ne sont ni orthodoxes, ni recommandées. Elles ne sont pas illégales, mais vous avez le pouvoir de bloquer beaucoup de choses si elles vous déplaisent, ce que je ne pourrais annuler qu’au termes de longues procédures.. »

Je pris mon verre et en bus une gorgée.

« En une phrase, Halussius, je vous demande de bien réfléchir à la situation et aux vies que les informations de Janos peuvent sauver, et je veux savoir si vous allez ou non m’empêcher d’essayer de les obtenir par la.. Ruse médicale. »

Déontologiquement, entrer dans le délire d’un fou, c’était mal. Mais c’était hélas nécessaire.. Quoique, restait une méthode possible qui ne dépendait pas de moi..

« Après, si vous avez une solution liée à la Force que j’ignore, j’admets que j’aimerai l’entendre. La situation est grave, et nous sommes dans un cadre d’urgence. »

Je jetais un œil distrait sur la cellule de Janos que j’avais en retransmission audio-visuelle direct. Ah-lala.. Il m’aura fait chier jusqu’au bout, celui-là..

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Les yeux inexistants de Lord Janos étaient tournés vers le monde fantasmagorique que son esprit délirant avait bâti autour de lui. À la place de cette cellule sinistre et carrée qui lui servait de cadre de vie, s'étendait un large tribunal aux murs blancs et aux colonnes massives, d'où il présidait en tant que Chancelier Suprême de sa République imaginaire. On n'avait jamais vu de chef de l'exécutif diriger un procès, mais sa folie lui permettait de s'inventer un monde où les pouvoirs judiciaire, législatif et exécutif se mêlaient les uns aux autres pour se subsumer en une figure unique, tyrannique et aimée de tous : lui. À vrai dire, si un psychiatre versé dans la philosophie politique avait analysé ce régime mental, il aurait eu bien du mal à y trouver un semblant de républicanisme ; mais les délires de Janos n'étaient plus à cette contradiction près.

Les stigmates diagnostiqués par RP-99 correspondaient très précisément à la réalité. Trop précisément, peut-être. C'en était à un stade où toute la vérité se retrouvait totalement transformée, modifiée, réagencée sous le spectre de cet esprit décadent. Ainsi Janos fut-il incapable de reconnaître, quand le droïde médical les lui lut après être retourné auprès de son détenu, les lettres qu'il avait lui-même envoyées à Rejliidic quelques temps plus tôt. Elles furent réinventées par son cerveau comme la preuve d'une correspondance épistolaire entre Bresancion et le Hutt, destinée à renverser la République à l'aide de l'Empire.

«Ah, les fourbes !», jura le "Chancelier Suprême". «Dire que la République avait confiance en la L.M.P... Il est temps que justice se fasse. Mais il y a au moins un point sur lequel je suis autorisé à me réjouir : jamais le Rassemblement Républicain n'a été aussi fort ; la mort de ce cher Valérion et de Ion Keyiën a conforté nos rangs, et je suis fier d'être le Chancelier de l'Union sacrée.»

Le "Chancelier" Janos se tourna vers une holo-cam imaginaire, postée devant une journaliste non moins imaginaire qui venait de lui poser une question tout aussi imaginaire (le monde où il progressait ne correspondait pas à une logique imparable, ce qui permettait à la presse d'apparaître à tout moment dans ce tribunal).

«Je ne peux encore vous répondre, mademoiselle.», répondit-il à une ombre. «Le procès ne fait que commencer. Mais vous connaissez la droiture et l'honnêteté dont j'ai toujours fait preuve à l'égard des citoyens de notre belle République. Ce jugement sera impartial, et personne n'a à s'inquiéter : justice sera faite. Je vous le promets : justice sera faite.»

Un autre journaliste fantasmagorique lui posa une question. Il se tourna vers lui, et d'un air impérieux répondit :

«En effet, il est possible que la peine capitale en soit l'issue. Pour autant, vous savez toute la réticence qui est la mienne à l'égard de la peine de mort. Bresancion a beau être coupable de haute trahison, il n'en demeure pas moins un homme, pourvu des droits universels définis par la Constitution, Préambule, Article 4 : "Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne", mais aussi Article 6 : "Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels".»

Pendant ce temps, les programmes de RP-99 continuaient de diagnostiquer automatiquement le cas Janos, l'un des cas les plus complexes qui lui eussent été donné d'analyser, comme le lui indiqua sa mémoire interne. Cependant, une certitude informatique se dessina très vite, et il ne fallut pas au petit droïde une arborescence algorithmique très sophistiquée pour en conclure que son patient était totalement fou. Or, d'un point de vue médical, qui disait folie disait perte de la volonté, et d'un point de vue juridique, qui disait perte de la volonté disait mise sous tutelle.

Tout en s'en excusant auprès du "Chancelier" qui donnait toujours ses interviews, l'unité médicale quitta la pièce en vitesse, pour aller rejoindre Alan Bresancion et Halussius Arnor qui discutaient toujours. En arrivant auprès d'eux, il s'exclama :

«Monsieur le Vice-Chancelier, Monsieur le Juge Suprême, pardonnez-moi cette nouvelle intrusion. Je dois vous avertir que mon diagnostic est formel : en raison de ses troubles émotionnels, le détenu 684b ne peut plus être considéré comme un sujet doué de sa volonté. Juridiquement, il en résulte que mon patient doit être mis sous tutelle. Mes fichiers ne m'indiquent pas que le cas relève de la Raison d'État, ce qui signifie que les lois d'éthique fondamentales à la République ne peuvent être outrepassées. Si vous souhaitez décréter qu'il y a Raison d'État et que la tutelle n'a pas à être prise en compte, je vous prierais au préalable de remplir tous les documents administratifs nécessaires, ce qui implique une procédure juridique de plusieurs semaines.»

Le robot avait récité toutes ces informations d'un ton monocorde et professionnel, se pliant méthodiquement au protocole que l'on avait enregistré dans ses programmes, et qu'il se devait de faire respecter au nom des droits fondamentaux des prisonniers. Une brève analyse du dossier 684b lui permit de constater que la tutelle ne pouvait pas être assumée par la famille de son patient.

«Les parents de mon patient sont tous deux décédés, et son frère est actuellement en détention. En l'absence de fils, de fille, de neveu ou de tout autre parent, le détenu 684b ne peut faire l'objet d'une tutelle dans le cadre familial. La loi est stricte : cette tutelle devra être assumée par son héritier légitime, quand bien même notre patient a été dépossédé de sa fortune.»

RP-99 était directement connecté à l'Ordinateur central du pénitencier, ce qui lui permettait d'avoir à disposition l'ensemble des informations nécessaires concernant son détenu. Il marqua une petite pause, avant de déclarer :

«Or le prisonnier 684b avait déjà défini qui serait son héritier : il s'agit de Lars Shadley, actuel sénateur d'Aargau. Monsieur le Vice-Chancelier, Monsieur le Juge Suprême, mon compte rendu vous impose de rentrer immédiatement en contact avec Lars Shadley, sans quoi vous n'êtes plus autorisés à vous occuper du dossier 684b.»
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Il y eut un instant de silence assez gênant lorsque le droïde eut finit. Une poignée de seconde après, le capitaine d’arme de la place vint en courant.

« Excellence, votre Honneur, je suis réellement désolé pour cela ! Gardes ! Mettez un boulon entraveur à ce droïde et menez-le en réparation ! Qu’on lui retire sa mémoire. Confiez ses données médicales à un droïde fonctionnel, et réinitialisez celui-là ! »

Il s’inclina face à Halussius et à moi.

« Je vous prie encore une fois d’excuser cette erreur. Vous pensez bien que la dernière chose dont nous avons besoin, c’est que nos unités médicales deviennent aussi juristes. »

Je haussais un sourcil avant d’esquisser un sourire amusé. En effet : le premier moment de stupeur passé, il paraissait logique que tout ceci ne fut qu’une regrettable erreur. Il existe de nombreux domaines dans lesquels l’aide d’une intelligence mécanisée est fort utile.. Citer et interpréter les lois dans un quartier de haute sécurité n’en était pas une.
Par ailleurs, une unité médicale était une unité médicale, sa programmation, en tant qu’outil, était de soigner et de déposer des bilans de santé à propos des détenus.. Certainement pas de se conduire comme un avocat le ferait. Il était d’ailleurs fort probable qu’au vu de ses séquelles, Janos ait congédié les siens en pensant qu’il n’avait rien à se reprocher. En tout cas, RP-99 allait retrouver sa juste place après une révision : celle de droïde médical, et d’ici là, son boulon allait l’empêcher de commettre d’autres impairs sous la garde des soldats de la place.

« Cela étant, messieurs.. Je suis navré de devoir signaler que les objections judiciaire de cette unités apparaîtrons aux enregistrements, et que ce faisant, vous devez en répondre. »

Mon sourire devint plus large encore, et j’agitais la main.

« La loi et la médecine sont des domaines qui demandant une interprétation large, ce qui est extrêmement compliqué à programmer, et c’est pour cette raison que les objection de RP-99 sont nulles et non avenues.. Ne faites pas cette tête, je ne vais pas user d’arbitraire pour ignorer ce droïde. Ecoutez plutôt :
Primo, capitaine, si j’avais voulu passer outre les lois, je n’aurai pas invoqué la Raison d’Etat, mais la Sûreté de l’Etat. Janos est un Sith, un Impérial, et un traître ayant fomenté un complot extrêmement nocif dont nous ignorons encore les ramifications.. Donc il relève effectivement de cette instance prioritaire qui pourrait nous donner le droit de le garder ici.. Ensuite, c’est effectivement un déséquilibré mental.. Mais c’est un déséquilibré mental dangereux. Une tutelle ne peut donc être envisagée à moins que Janos soit reconnu comme inoffensif. C’est un utilisateur de la Force qui se prend pour celui à qui il cause… C’est-à-dire que s’il cause à une personne instable, on peut aller droit à une nouvelle tragédie. Pour le protéger et pour protéger les autres de lui, Janos ne peut être placé sous tutelle, il doit être mis dans un centre sécurisé et spécialisé ou l’on pourra en toute quiétude tâcher de comprendre ce qu’il a et comment le soigner, tout en restant sous le coup de la Justice en cas de rétablissement..
»

Je hochais la tête, parlant avec certitude. Cool non ? Janos était trop dangereux pour être laissé sous une tutelle libre, et s’il était soigné, il redevenait accusé en vue d’être exécuté.

« Quant au reste, ses biens sont tous saisis par l’Etat afin de contribuer à l’enquête, et si Janos est reconnu coupable –et il le sera, ayez confiance-, nous procéderons à un archivage et/ou destruction de ses affaires jugées nocives, et le reste fera l’objet d’une vente aux enchères afin d’aider à reconstruire tout ce qu’il aura directement ou indirectement cassé, ils ne relèvent donc pas de la tutelle. Quant à la personne présente de notre malade, sachez que je représente une autorité médicale bien plus fiable qu’un droïde. »

J’exhibais ce faisant mes certificats de médecin agréé et de chercheur dans le domaine médical. Bref, un droïde pouvait difficilement me damner le pion. De toute manière, l’héritier de Janos, comme toute personne lui ayant été liée, fera l’objet d’une enquête. Il était inconcevable de garder le moindre doute sur le Sénateur d’Aargau, et vu ses liens à Janos, le soupçonner était plus que justifié. Donc le temps qu’il soit innocenté, il ne serait de toute façon pas éligible pour une tutelle..

« Par ailleurs, Janos relève en effet du système médical, et ce faisant, je peux procéder à des entretiens médicaux avec lui. »

Des entretiens qui visaient à comprendre l’étendu de sa maladie, et éventuellement, de réussir à manœuvrer son conscient pour qu’il réalise qu’il était fou. En tout cas, d’ici à ce qu’il soit transféré dans un asile tout aussi sécurisé que cet endroit, j’étais le seul à pouvoir m’occuper de ce cas en dehors des infirmiers de la base.
L’autre avantage était que nous avancions à présent dans une sphère médicale.. Plus besoin d’avocat.. Plus besoin de procédure.. Et s’il ne voulait pas m’aider, plus besoin d’Halussius.
Mon petit malade, je vais m’occuper de ton cas.

« Bien, nous en avons terminé ici. Halussius, je reprends les choses en mains, vous pouvez m’accompagner. »

Je me levais et fis signe aux gardes de m’escorter, comme le voulait le règlement de la prison, pour des raisons de sécurité.. Je finis par retourner dans la cellule de Janos en soupirant, avant d’ouvrir la porte. Sans rien dire encore, je m’installais face à lui, toujours sous l’œil des caméras de la cellule.

« Mr Janos.. Si vous me disiez à présent ce que vous me reprochez ? Faites très attention, car la moindre de vos accusations qui ne sera pas prouvées pourra être considérées comme étant de la diffamation, et se retournerait contre vous.. »

Janos allait être obligé de fonder un raisonnement logique pour m’accuser, ou perdre toute crédibilité dans son raisonnement.. Dans le premier cas, j’avais une chance qu’il utilise les faits –dont il avait une parfaite connaissance- pour me mettre en accusation, et qu’il me révèle ce faisant d’importante infos. Au pire, cela le forcerait peut-être à admettre que sa position était absurde, et donc lui rendre une lucidité passagère qui serait le point d’ancrage d’un traitement. Bon, il pouvait aussi refuser de parler, ou dire n'importe quoi.. Mais un manque total de coopération, même involontaire, finirait par son seul envoie dans un centre spécialisé.

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Quand le Vice-Chancelier - le vrai - refit son apparition dans la cellule de Janos, ce dernier se leva d'un coup, de ce geste brutal et fier que les dominants aiment imposer aux plus faibles. Il commença à faire les cent pas. Dans son monde imaginaire, il avait sauté de cette espèce de tribunal médiatique à une petite pièce grise et obscure, où il se trouvait en tête à tête avec le prétendu "traître" Bresancion. Ironie du sort : cette cellule irréelle correspondait jusque dans ses moindres détails à celle où on l'avait enfermé pour de vrai.

«Allons, allons, Bresancion... Ne faites pas comme si nos services n'avaient aucune connaissance de vos magouilles. L'enquête a pris des mois, il a fallu remuer plusieurs dizaines d'administrations publiques et privées pour reconstituer l'ensemble de votre parcours. Mais nous y sommes parvenus : nous avons toutes les clefs en main, désormais. Ou peut-être devrais-je dire : tous les rouages de cette fabuleuse machinerie qui aurait dû vous propulser au pouvoir...»

Il s'interrompit brusquement et applaudit à la manière d'un public repus du spectacle auquel il venait d'assister.

«À vrai dire, j'ai été fasciné par la lecture de votre dossier. Sans complaisance de ma part. Véritablement captivé... Tout ce que vous avez fait, depuis toutes ces années, c'est là l'œuvre d'un génie. Mais pas encore assez pour que toutes vos machinations échappent à nos services de sécurité. Pour confirmer mes dires, laissez-moi donc vous raconter une histoire. Votre histoire.

Tout a commencé sur Aargau, quand vous aviez à peine plus de vingt ans. À cette époque, votre père était un politicien brillant et apprécié, un homme d'honneur, charismatique et ambitieux. Cet homme avait deux fils : votre frère et vous. Tous deux, il vous destinait à la politique, mais il croyait bien plus aux capacités de votre aîné, vous jugeant affreusement idéaliste. Vous, vous en avez pris votre parti : vous avez choisi de vous résigner, d'attendre patiemment votre tour, et de remplir docilement vos fonctions sans brusquer personne. Ainsi avez-vous accumulé bien des mandats, travaillant dans certains services du Directoire Exécutif, remplissant diverses tâches administratives au sein de la délégation sénatoriale d'Aargau, toujours présent dans les coulisses, vous initiant au monde de la politique en l'observant aussi silencieusement que minutieusement.

Tout le monde connaissait votre frère, qui aimait se mettre sur les devants de la scène. Personne ne vous connaissait, vous. Mais vous profitâtes de ce retrait pour vous créer une arme. Une arme humaine, plus servile encore qu'un droïde, plus infaillible encore qu'un humanoïde. Vous osâtes recueillir une orpheline surgie de nulle part, et en faire votre créature. Loin du regard d'autrui, dans une résidence secondaire où votre famille ne se rendait jamais, vous avez endoctriné une jeune femme pour qu'elle devienne votre chose, votre objet, l'agent qui exécuterait tous vos ordres sans jamais s'opposer à vous. Il faut reconnaître l'ampleur de votre patience : toutes ces années passées à voir grandir un être, à l'entraîner, à attendre qu'il atteigne sa maturité... C'est brillant. Tout simplement brillant.

Une fois que tout fut prêt, il ne vous restait plus qu'à passer à l'acte. Et d'abord, à faire sortir cette jeune créature de l'ombre où vous l'aviez enveloppée avec tant de soin. Ce ne fut qu'à ce moment-là que vous lui donnâtes un nom : Gabrÿelle Evans. Son apparition dans la société ne devait pas gêner : aussi avez-vous décidé de l'employer comme votre secrétaire. Qui prête vraiment attention aux secrétaires ? Et pourtant, de combien de secrets ne sont-elles pas les dépositaires ? Cette Gabrÿelle Evans était à votre image, agissant dans les coulisses, à l'insu de tous, mais insufflant toute son énergie à une inextinguible machinerie.

La course à la commission sénatoriale allaient bientôt commencer sur Aargau, et une fois de plus, le nombre de mandats n'étant pas encore fixé à cette époque, votre vieux patriarche comptait se faire ré-élire. Il avait toutes les chances d'y parvenir : le Parti de l'Ordre dont il était l'incarnation avait l'avantage de la majorité au Directoire Exécutif, et le mérite d'être apprécié d'une part importante de la population. Mais ce qu'il ne savait pas, le pauvre, c'est que sa vie prendrait fin avant les élections, et que son fils, pas l'aîné, mais le second, ce second si idéaliste, deviendrait sénateur à sa place. Une nuit, votre sbire, Gabrÿelle Evans, se glisse dans la chambre de votre père, et l'assassine en laissant sur la scène du drame une preuve ostensible. Une enquête est menée : la preuve en question dirige les services de police vers votre pauvre frère. Ce dernier est accusé, condamné à perpétuité, et il ne vous reste plus qu'à combler de votre présence les deux sièges vides. Tout fonctionne comme vous le désirez.

La suite, tout le monde la connaît. Une campagne électorale brillante, un plébiscite hors du commun. Alors qu'on pleure encore la mort de votre père, voilà que s'incorpore en vous la figure de sa réincarnation. Vous êtes aux yeux de tous l'héritier. Un héritier qui n'hésite pas à prendre des mesures fortes, qui réforme le vieux parti de l'Ordre en lui donnant un nom plus sexy - Cosmos -, qui réinvente totalement la composition de la commission sénatoriale en y plaçant des têtes neuves, qui outrepasse volontiers ses fonctions en agissant sur la politique d'Aargau - et la presse d'opposition n'hésite pas à vous blâmer comme un tyran, mais que peut-on contre vous ?

Ce tout premier acte n'est qu'un début, et demeure assez bénin quand on le compare avec la suite... Une fois monté sur le trône sénatorial, il fallut vous heurter à un nouveau monde politique, plus vaste, plus imprévisible encore que le microcosme de votre planète. Aussi avez-vous décidé de répéter votre ancienne stratégie : attendre dans l'ombre que le terrain vous devienne favorable, puis s'y attaquer en une bouchée. Vous suivâtes donc tranquillement la mouvance en soutenant le Chancelier Arnor, et quelques années durant, le Sénat ignora tout de vous, ce qui vous laissa un espace nécessaire pour renforcer votre propre pouvoir sur Aargau.

Mais un soir, sentant qu'un événement allait avoir lieu, voilà que vous organisez une soirée, prétendument en l'honneur du Chancelier Arnor. Ce soir-là fut un nouveau tournant dans votre folle ascension vers le pouvoir. Au cours d'un discours qui aurait dû se réduire à sa bête fonction protocolaire, vous révélez une partie de votre visage à tous, affirmant la nécessité de fonder une République stable, basée sur l'Ordre, sur la Paix, sur l'Harmonie, et sur un exécutif fort, quasi-tyrannique. Cette soirée vous valut beaucoup d'ennemis, et l'on pensait déjà que vous finiriez totalement marginalisé. Mais ce que tout le monde ignorait, c'est que ce coup d'éclat était en fait le premier mouvement d'un de vos pions sur l'échiquier géant de la politique...

La débâcle d'Artorias éclate. Vous profitez de l'Union loyaliste fondée par Bail Rannis pour vous attirer des amis, vous faire un entourage solide, et décrédibiliser votre pire adversaire politique, Ragda Rejliidic. Sous prétexte de sauver Halussius Arnor, vous vous posez comme un leader respectable et digne d'être écouté.

À ce stade de notre histoire, il ne vous reste plus qu'à rentrer en contact avec l'Impératrice elle-même et à lui proposer vos services. Toujours la même stratégie de la bombe à retardement : lors de votre première entrevue, vous faites figure d'humilité, vous vous abaissez à lui prêter allégeance, et prévoyez d'emblée que cette situation vous sera utile, un jour. Il suffit juste d'être patient : la situation finira par se retourner en votre faveur. Et vous l'êtes, patient : c'est tout ce que vous êtes, au fond.

Après Artorias, vient l'attentat de Flydon Maxima. Une fois de plus, vous avez tout fait pour vous placer très précisément à l'endroit stratégique. Quand la bombe éclate, vous vous retrouvez en huis clos avec l'Impératrice. C'est durant ce petit tête à tête, dont il ne reste que notre fameux enregistrement, que vous lui proposez de faire bâtir une base secrète sur Aargau. Celle-ci accepte, croyant qu'une telle installation servira ses fins, et vous offre le poste de Maître des Forges, en charge des industries impériales.

Une fois l'affaire Flydon Maxima terminée, il ne vous reste plus qu'à construire cette base. C'est là que le jeu devient risqué : faire venir du matériel militaire et des troupes fraîches dans le Noyau de la Galaxie n'est pas ce qu'il y a de plus évident. Il vous faut donc une diversion, un élément qui permettra de concentrer l'attention de tous tandis que, conformément à vos habitudes, vous agissez dans l'ombre. Vous vient alors l'idée de faire ériger le Grand Musée des Arts et Cultures sur Coruscant. Aargau ne parle plus que de ce grand projet ; vous parvenez à obtenir le contrôle sur l'un des satellites de douane ; votre Gabrÿelle Evans se charge de le pirater convenablement tandis qu'on s'occupe de faire transiter des œuvres d'art par son biais ; et c'est ainsi que tout un équipement militaire se trouve véhiculé ni vu ni connu. Tout est absolument parfait : très peu de monde s'est retrouvé impliqué dans l'affaire, et au cas où l'un de vos complices parlerait, Gabrÿelle Evans les a tous liquidés. Moralité : seuls elle et vous êtes au courant d'une affaire qui met tout de même en jeu la sécurité de la République.

Il ne vous restait plus qu'à préparer les élections à venir. Bien évidemment, plus le temps avançait, plus les grains de sable s'accumulaient dans les dents de vos engrenages : c'est le problème de toute machine en marche, n'est-ce pas ? Aussi vous fallut-il faire détruire le siège social de l'Holo-gazette d'Aargau, votre principal journal d'opposition qui s'acharnait contr vous, et assassiner, dans votre propre musée en construction, la pauvre Ylm'Uli Norrhia Ater, une jeune Jedi qui risquait de vous démasquer. Oh, jamais vous n'avez plongé les mains dans la merde et dans le sang, non : Gabrÿelle Evans s'est chargée de tout pour vous. Le cerveau et la main : un couple parfait.

Une fois ces menus détails techniques réglés, votre objectif consistait à placer sur le trône de la Chancellerie l'un de vos pions, de réformer la Constitution pour que le Vice-Chancelier ait le droit de le remplacer, de devenir vous-même Vice-Chancelier, de faire enlever le Chancelier en utilisant votre base secrète sur Aargau, et d'enfin régner sur la République. Nul n'ignore la manière dont vous avez soutenu Valérion Scalia, tout en assurant vos positions auprès d'Emalia Kira au cas où votre plan échouerait.

Quel dommage, au fond, que le pion en question se soit retourné contre vous. Il ne restait plus qu'un coup pour que vous fissiez échec et mat, mais que voulez-vous ? Même les dieux, s'ils existent, ne peuvent pas avoir en tête toutes les variables du destin, et encore heureux, car dans un monde purement mathématique, un homme comme vous se retrouverait bien vite à en tirer toutes les ficelles... En tout cas, vous voyez, que je la connais, cette histoire. Je ne la connais que trop bien, même. Laissez-moi seulement vous applaudir une nouvelle fois : très sincèrement, pour le génie de votre machiavélisme, vous le méritez vraiment.»


Et c'est ainsi que Lord Janos, alias Darth Deinos, s'applaudit lui-même alors qu'il était au fond, tout au fond du trou. En somme, il n'y a pas plus ironique que la folie d'un homme.
Spoiler:
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Bon.. Bon, bon, bon.. C’est bien gentil tout ça, mon p’tit Janos, mais ça ne me sert à rien.. Ce sont des aveux que je ne pourrais utiliser que comme des preuves circonstancielles. Néanmoins il faut admettre que c’est un récit édifiant et surprenant, prouvant que t’es bel et bien une ordre, et que t’as chopé un sacré grain..
Par contre, n’ayant plus besoin de rien contre toi pour te faire accuser, il va falloir que je change un peu le propos..

Car non, au risque de me répéter, le cas Janos était bouclé. De telle informations aideraient à démanteler plus aisément le complexe félon.. Mais cela ne m’indiquait en rien comment renseigner nos troupes sur Aargau afin de faciliter notre avancée.

Moralité.. Cet édifice narratif, bien que fort impressionnant, ne pouvait être jugé responsable de la moindre avancé dans nos débat. Quant à mes intérêts, il surfait sur une surprenante inutilité, restant à la lisière même de ce qui pouvait stratégiquement valable.
Comment je me sens ? Comme le type qui vient d’avoir le plus gros scoop de la décennie, et qui doit passer à côté parce qu’il fait un papier sur la survie des Thranta sur Aldérande alors qu’on vient de lui parler du génocide des pingouins sur Mon Calimari : j’ai une envie sévère de me laisser porter par « MERDE ALORS ! »

La moralité ? C’est que Mon Calimari est une planète aquatique et que les pingouins vivent sur la terre ferme, il n’y en a donc pas sur ce monde ? La moral de ce moral étant qu’il va me falloir rester calme. En vérité, ces révélations représentaient une avancée majeure dans mon dialogue avec Janos : j’avais une chance, en manœuvrant, de le mener vers là ou je voulais qu’il aille : des détails.

« Allons Janos, vous pensez vraiment que vous arriverez à quelque chose, ainsi ? »

Mon ton légèrement railleur était la juste attaque pour frapper son ego, espérant faire jouer sa folie sur la vanité de cet homme qui avait pensé tout prévoir.

« Echec et mat ? Comme vous y allez.. Vous semblez ne rien savoir, au fond, sinon le gros plan. Mais comment déloger mes positions ? Vous n’avez aucune information sur cette base, sur les effectifs, les alimentations et les renseignements qu’elle contient.. Là ou vous pensez trouver une belle victoire.. »

Je continuais, absolument innocent. Rien de tout ce que je faisais ne pouvait être exclu d’un double jeu : l’interrogatoire médical et stratégique, sans jamais avouer clairement la limite entre l’un ou l’autre, ni leur faire faux bond.

« Vous attend uniquement un bourbier. Dites-moi, Janos, pensez-vous réellement que la République arrivera à s’engager sur Aargau sans en tirer de gros dommages ? Un revers sévère, n’est-ce pas, si jamais malgré une victoire, tout se retournait contre vous ? Qu’on critique votre action, ses répercutions graves.. Que la République s’en prenne avec virulence à votre répression maladroite. Vous ne savez pas ou vous mettez les pieds, n’est-ce pas ? »

Je frottais mes mains, en m’adossant à ma chaise, prenant le rôle du détenu vainqueur.

« Moi je vois un pat : je ne peux plus bouger, et vous non plus. On ne trouvera sur Aargau que la naissance d’une crise qui vous jettera dehors, et moi je resterais bloqué ici. Ce gigantesque scénario que vous venez d’éclairer n’est rien face aux faits. Comment on en est arrivé là ? Peu importe, on y est, et vous ne savez rien de ce présent. »

Je pianotais sur mon pad d’un air satisfait. Pour l’heure, j’étais suffisamment ambiguë pour rester intouchable, mais à mesure que l’entretien se poursuivait, je risquais d’insister de trop, et de provoquer un vice de procédure, ce qu’il fallait à tout prix éviter. Dans tout les cas, Jagon venais de recevoir l’ordre expresse de communiquer ces informations au Ministre Fenter, qui elle-même pourrait les communiquer à ses commandements : le musée de Janos devait être fermé et fouillé de fond en comble, on y trouverait peut-être encore des dépôts d’armes ou de technologies.
Toujours est-il que je voulais donner à Janos une raison de briser les derniers espoirs qu’il pourrait me penser avoir. Ne pas lui donner raison..

« Cet endroit en vaut un autre pour penser à la cuisante défaite qui déstabilisera la République à cause de votre ignorance concrète.. »

Un petit tacle pour jouer à nouveau sur son idée du Cosmos : réfuter l’idée qu’il tenait un plan ordonné.. Si sa folie était bien ce que j’en pensais, alors il allait se sentir obligé de me donner tort.. En théorie.

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Lord Côme Janos, Chancelier Suprême de son monde imaginaire et décadent, demeura debout. La réponse de son "accusé" ne l'avait guère impressionné, évidemment, puisqu'il avait à disposition tous les renseignement nécessaires sur la fameuse base militaire implantée sur Aargau. Ses "services de sécurité", qui allaient en réalité fouiller dans sa mémoire personnelle, l'avaient amplement aidé à "découvrir" la vérité.

«Allons, allons, Bresancion. Vous croyez vraiment m'impressionner avec cette minable petite base ? Nous disposons de toutes les informations nécessaires à son sujet, et nous savons que sa puissance de frappe est quasi-nulle. Les services de renseignement ont été surpris quand ils en ont restitué les plans, les infrastructures, les effectifs. Nous croyions avoir affaire à l'un de ces gigantesques édifices impériaux, mais il n'en était rien.»

Bêtement, aussi simplement que cela, Lord Janos s'enlisait dans le piège qu'on lui tendait. S'il avait su quelle était sa folie, il s'en serait voulu à mort, tout comme cette culpabilité malsaine face à l'échec qui l'avait poussé à s'arracher les yeux, quelques mois plus tôt. Mais à ce stade de son engourdissement mental, il n'avait plus aucune idée de ce qu'était la réalité.

«Mille hommes, cinquante chasseurs, un véhicule à plus gros tonnage pour transporter les soldats, et toutes les infrastructures nécessaires à la gestion du tout. Rien de bien méchant, en somme. Surtout en plein cœur de la République, sans autre moyen de défense.»

Voilà. C'était fait. Il ne restait désormais plus rien de l'édifice qu'il avait passé trente ans de sa vie à construire. Si jamais il se réveillait un jour de cette folie, se replongeait dans la torpeur de la réalité et découvrait la bêtise qu'il venait de commettre, il ne se le pardonnerait jamais. Serait-il capable de se suicider face à cet échec ? Seul le futur le dirait...

«Il paraissait assez évident, à l'issue de ce décompte, que cette base n'avait aucun intérêt stratégique. Elle ne devait pas servir à attaquer Coruscant, ni même Aargau. Elle ne pouvait pas déclencher de bataille, et encore moins une guerre. Pour quelle raison avait-elle été implantée là, alors ?»

L'aisance avec laquelle il déconstruisait son propre plan tout en l'attribuant au Vice-Chancelier Bresancion en devenait vertigineuse.

«Tout s'éclaire quand on compare les effectifs de cette base à vos ambitions personnelles. Une telle infrastructure ne devait pas servir l'Empire, oh non... Elle n'avait d'autre intérêt que vos fins à vous, et à vous seul. Vous n'y abritiez pas une armée, mais un commando. Ce commando ne devait pas servir à déclencher un conflit, mais à faire enlever le Chancelier Suprême. J'avoue que ce plan était parfait, simple, précis et efficace : tout le monde aurait accusé l'Empire d'être responsable de cet enlèvement, sans jamais se douter que c'est le Chancelier de substitution qui se trouvait derrière ce forfait. Brillant, oui !»

Et de se féliciter tout seul une fois de plus. Le grand et machiavélique Lord Janos se mourait lentement, et ce discours absurde marquait son agonie.

«Du reste, tout a été démantelé. Nous savons que le Musée des Arts et Cultures n'abrite absolument aucune arme et qu'il ne servait que de trompe l'œil pour faire écran sur vos machinations. Nous savons également que toute une station de douane orbitale sur Aargau a été piratée par vos soins, et qu'elle servait à faire véhiculer les armes, l'équipement, le matériel, tandis que les hommes sont venus un à un pour de pseudo-raisons professionnelles. À partir de là, à quelle crise peut-on s'attendre ? Cette base n'a rien du renard dans le poulailler : elle tient bien plutôt du serpent dans un nid d'aigles.»

Ironiquement, il était ce serpent, et l'aigle, il l'avait face à lui, prêt à n'en faire qu'une bouchée. Mais le plus ironique résidait très certainement dans la leçon de morale qu'il comptait déduire de tout ceci...

«Au fond, le seul élément vraiment intriguant dans cette affaire
, bien que totalement fortuit, c'est la statue. Vous voyez de quelle statue je parle... Cette immense statue en votre honneur, au cœur de cette gigantesque pyramide... Quel orgueil démesuré, tout de même ! J'avoue que toute cette pompe n'est pas dépourvue de style, mais vous auriez dû attendre de venir à bout de vos plans avant de vous auto-proclamer ainsi. Voilà qui vous servira de leçon, j'imagine...»
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« Mais il n’en était rien. » Cette simple phrase valu un regard en arrière, et c’est avec ravissement que je constatais que Jagon était prêts à prendre note : c'était le prélude à la révélation, au jackpot ! Tout.. Toutes la confession de Janos avait été prise en compte, et pourtant il n’y en avait qu’un seul infime bout qui m’avait totalement captivé : un décompte des effectifs de la base.
Le reste ? Exception faite des données sur deux ou trois autre lieux, Janos racontait ENCORE sa vie, et sincèrement, j’en avais vraiment mais alors rien à faire. Aussi lorsqu’il eut fini, je fus soulagé de pouvoir me lever, suspendant l’interrogatoire pour une quinzaine de minutes.

« Janos, je dois vous abandonner, j’ai des affaires urgentes à régler, je vous reviens dans quelques instants. »

Je me relevais, m’appuyant sur ma canne, le temps de distribuer quelques ordres.

« Jagon, vous allez avertir Fenter et les commandant en place sur Aargau de ces informations-là. Dites leurs néanmoins que c’est l’état des choses avant que Janos ne se fasse pincer. Les Etoiles seules savent ce qu’ont pu faire ses hommes maintenant qu’ils sont livrés à eux-mêmes. »

Une poignée de minutes plus tard, je fis encore retarder la reprise de l’interrogatoire. « Comment ça le camp est injoignable ?! ». Très vite, nous montâmes en urgence un conseil avec Fenter qui n’avait pas plus de nouvelles que moi, et qui attendait un rapport des équipes qu’elle avait dépêché sur place. Mais cette crise-là fut réglée sans notre concours, lorsque le Maître Jedi Tianesli –Léonard, dire qu’il fut mon patient..- reprit lui-même contact, accusant la réception des informations, tout en nous rendant compte rapidement de la situation.
Sland ? Mort pour la République ? Voilà qui ferait avaler Janos de travers ; Remarquez ? C’était aussi inespéré que surprenant, et pas que pour notre ami du Cosmos. Non, la gestion de la crise avait été efficace, mais quelque chose ne collait pas, c’était trop parfait. Par ailleurs.. Léonard était quelqu’un d’intelligent et de capable, mais c’était également une des rares personnes a qui j’avais envie de retourner une paire de claque dès qu’il l’ouvrait. Sa froideur et son ton inhumain lui donnaient un atroce coté.. Péremptoire. Alors de là à ce qu’il maitrise pacifiquement une foule en colère..
mais chaque chose en son temps.. Je retournais à mon malade.

« Excusez-moi, j’avais une affaire urgence à regler, vous savez ce que sont les devoirs de la charge.. Alors, pour en revenir à notre sujet, je dois toujours nuancer votre victoire, Janos, car encore une fois, il y a des zones d’ombres qui ne peuvent être oubliées et qui risquent de vous coûter gros : l’Empire. »

J’allais me rasseoir, lâchant ma canne, avant de le toiser avec la suffisance qu’il adorait balayer en me raconter ce que je voulais savoir.

« Vous avez déjà pu voir qu’il y a cette affaire de Maître des Forges, et tout ce qu’il se passe sur Aargau n’a été rendu possible que grâce à la Dame Noire. Et vous vous doutez bien que cela dépend de tractations très.. Importantes, et qu’à tout moment, vous risquez le drame en mettant les pieds dans une affaire ou l’Empire peut surgir dans votre dos sans même que vous le sachiez. »

Je ricanais. Tout ce discours avec un double sens amusant : Janos le prendrait au sens premier, mais l’autre sens faisait qu’il était impossible de me reprocher directement d’aggraver son état, puisque j’étais suggestif et non catégorique, à aucun moment je n’avais confirmé sa folie directement.

« Vous avez percé à jour les choses les plus évidentes, mais les relations profondes représentent un retour de bâton que vous n’arriverez pas à juguler. »

On ne change pas une équipe qui gagne : frapper en plein dans l’ego de Janos pour qu’il prenne un malin plaisir à démolir ma suffisance d’accusé, ça n’avait marché que deux fois sur deux, après tout. Il y avait néanmoins un détail assez nouveau : est-ce qu’il serait capable de me prendre pour le Maître des Forges, à savoir un utilisateur de la Force. Est-ce qu’il n’y allait pas avoir ici un problème qui allait le forcer à se reveiller, tant il était absurde pour lui de concevoir cela ? Enfin, dans tous les cas, moi je jouais un peu les prolongations, ce que dans l’urgence j’étais venu chercher, je l’avais déjà : des données stratégiques ? et le reste serait du bonus.

Mais la relation entre Janos et la Dame Noire n’avait rien d’inintéressant, au contraire, j’étais avare de toutes les informations sur cet Empire dont on cherchait les faiblesses qui n’étaient pas évidentes. Par ailleurs, il était IMPOSSIBLE que Janos soit un servile minions obéissant, il y avait donc là une relation à creuser qui pouvait peut-être nous offrir une faille. Aussi en rajoutais-je une couche, par principe, croisant les doigts à la manière des vilains des holo-film du dimanche soir.

« Vous sous estimez l’Impératrice. »

Le rire diabolique serait de trop..

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«Non, je ne la sous-estime pas !», s'emporta aussitôt Janos. «Je ne la sous-estime pas, car je la connais personnellement, je suis le...»

Il s'interrompit quelques instants. Son esprit s'enlisait peu à peu dans le cercle vicieux où l'avait acheminé Bresancion. Son "accusé" ne pouvait pas être le Maître des Forges : sinon, il fallait en déduire que ce dernier manipulait la Force. Mais ce Janos "Chancelier" ne pouvait pas non plus connaître l'Impératrice personnellement, à moins d'être le Maître des Forges. Et donc...

«Je suis le...»

S'il avait encore possédé des yeux, ceux-ci se seraient figés sur une ligne de mire, impeccablement ronds et bêtement immobiles. Mais sa bouche entrouverte suffisait à laisser comprendre que le phénomène psychologique qui lui traversait l'esprit en cet instant correspondait, ni plus, ni moins, à un véritable bug informatique. Oui, Janos buguait. Buguait et bégayait.

«Je suis le... Non, c'est vous qui... Ou plutôt...»

L'espace de quelques secondes, son système d'exploitation neurologique demeura en suspens. Puis, inéluctablement, il fallut trouver une solution pour s'extirper de ce tourbillon...

«Oh, merde.»

...et ce fut le dur retour dans le réel.

«Bresancion. En face de moi. Ça veut dire que...»

Lord Côme Janos venait de se réveiller. Il n'était plus le Chancelier Suprême de la République. Il n'était plus l'homme providentiel qu'il avait rêvé d'incarner. Il n'était plus qu'un simple prisonnier, le détenu 684b.

«Merde, merde, merde, merde... MERDE !!!!»

Il était encore debout, quand son esprit avait repris conscience des choses. Il ne chercha même pas à se rasseoir sur son siège, se contenta de vaciller contre l'un des quatre murs, de s'y adosser, de se laisser sombrer, lentement, vers le sol. Ce n'était même plus un fou qu'Alan Bresancion avait sous les yeux. C'était un être démoli, incapable de se relever, un ramassis de haine et de désespoir, collé à son mur comme un mendiant à son trottoir.

«Vous avez dû... bien vous amuser...», finit-il par déclarer, une fois ses idées plus ou moins remises en place. «C'est... amusant, hein ? On rigole bien, hein, avec moi ? Janos, l'espèce de fou qui fait n'importe quoi dans sa cellule... Le type qui mérite les railleries de tous... Qui n'a plus qu'à se faire lyncher sur la scène publique... Celui qui a tout révélé, et pourquoi ? pourquoi ça ? Vous vous le demandez encore, hein ? Pourquoi j'ai tout dit... Courage ? Témérité ? Mais non, enfin, non, c'était du suicide, juste du suicide. On a même plus le droit de se suicider, maintenant ? C'est quoi, putain, ce monde, où on a plus le droit de suicider politiquement, mais où tout le monde veut votre mort publique ?»

Il avait marmonné ces paroles d'une voix presque incompréhensible, appuyant seulement la fin de ses interrogatives. Quelques secondes se passèrent encore, avant que son cerveau parvînt enfin à reprendre le dessus.

«Bon. J'ai dû vous révéler une bonne partie de la vérité, j'imagine. Maintenant, je sais que je ne pourrai plus rien faire pour éviter la peine capitale. La Chancelière suprême – la vraie, hein, celle qui règne vraiment, pas un petit minable comme moi – va tout faire pour que je crève, c'est évident.»

Il tenta de se relever, n'y parvint pas, alla fouiller dans le peu de force qui lui restait, se redressa un instant, vacilla de nouveau, retomba.

«Puisque c'est foutu, puisque tout doit être écrit d'avance, on va essayer de faire ça avec un peu plus de classe, d'accord, Bresancion ?»

Il rampa jusqu'à l'image mentale qu'imprimait son siège dans son aura de Force, en saisit un pied, et l'utilisa pour s'y acheminer. Un petit temps, il se trouva au niveau des genoux du Vice-Chancelier, adoptant presque une posture de suppliant. De là, il put se redresser, et se rasseoir correctement.

«Voilà. D'ici, ce sera mieux.»

Il se redressa, croisa les jambes, se cala le coude droit contre le bord du fauteuil. Il ne lui manquait plus qu'un verre d'alcool, et l'on aurait presque pu y voir une résurgence de l'ancien Janos.

«Je vais crever. Je le sens. Vous allez décréter la peine de mort. Et je ne vais rien pouvoir faire pour me défendre. De toutes façons, vous allez considérer que je n'aurai pas le droit de me défendre... Parce que je suis déjà allé trop loin... Beaucoup trop loin... Et vous, bien fièrement angéliques, du haut de votre petite innocence de pacotille, vous allez vous donner bonne conscience en éliminant l'affreux méchant que je suis.»

Le détenu 684b acquiesça tout seul, comme pour valider ses propres propos.

«Dès lors, autant me cheminer vers la mort avec dignité...»

Il inspira un grand coup.


«Parlons d'homme à homme, Bresancion. Je vous ai donné un bon nombre d'informations, je pense. Il ne doit plus vous en manquer beaucoup... C'est décrété : j'accepte de coopérer avec les autorités républicaines. J'accepte de dire tout ce que je sais. Puisque vous allez me tuer, ces informations ne me serviront plus à rien, de toutes manières... Oui, c'est décidé : posez-moi une question, et je vous répondrai. Je suis votre serviteur.»
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Et dire que cette réunion ne devait être qu'une simple entrevue préliminaire au futur procès du Sénateur devenu Darth... Décidément, rien ne se passa comme prévu.

Les troubles psychiatriques du Lord Janos furent à l'origine de grands pas en avant pour la République. En effet, dans ses délires, celui-ci révéla à ses interlocuteurs la manière dont il avait fomenté ses sombres plans, leur donnant ainsi une lecture complète quant aux successions d'événements de ces dernières années.

Mais mieux encore, une fois la raison recouvré, le Lord passa définitivement aux aveux. Avec une franchise déconcertante, il répondit à toutes les questions qui lui furent posées. Malgré tout, beaucoup de zones d'ombres restèrent insondables : il aurait fallut des mois entiers aux interrogateurs pour formuler toutes les questions que se posent les autorités républicaines concernant l'Empire Sith et ses rouages... Des secrets que, malheureusement, le Lord risque d'emporter dans la tombe compte tenu de l'imminence de son procès...

C'est donc avec amertume, malgré cette réussite en demi teinte, que les deux représentants Républicains quittent les lieux. Lord Janos, quant à lui, sait parfaitement que ses actes de bonne foi n'auront quasiment aucun impact sur le verdict de son futur procès. Son salut est ailleurs...

RP-99, quant à lui, fut contraint de subir une réinitialisation complète de ses systèmes, bien que sa mémoire fut conservée. Jugé compromis par le système carcéral, le droïde fut revendu, pour un prix dérisoire proche de l'insulte, à un nouveau client... Les Jedi du Temple de Coruscant. Une seconde vie pour le petit droïde psycho-médical.

Échec de L'Opération!
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