Voyl Clawback
Voyl Clawback
Messages : 318
Eclats Kyber : 0
Nom : Clawback

Prénom : Voyl

Âge : 56 ans

Race : Muun

Côté de la Force : Côté oseille. La Force, c'est bon pour les Jedis.

Rang désiré : Vice-Directeur du département des Communications du Clan Bancaire InterGalactique/Représentant du CBI auprès du gouvernement galactique/Homme d'affaire

Armes : un datapad avec revêtement en duracier anodisé. Redoutable contre les collaborateurs récalcitrants. Et un pistolaser dans les tiroirs de son bureau. Pacifiste n'a jamais voulu dire naïf...

Caractéristiques :

Force : 2
Dextérité : 5
Agilité : 3
Constitution : 2
Intelligence : 6
Sagesse : 5
Charisme : 5 (+1) = 6

Points forts :



  • Mathématicien de génie et financier haut placé : Les muuns sont reconnus dans la galaxie entière pour être de véritables calculatrices sur patte et posséder un sens inné des affaires. Voyl n'échappe pas à la règle, et, la société muun étant une méritocratie stricte, sa place dans l'échelle sociale est reflet de ses capacités dans le domaine : très élevées. Une excellente mémoire couplée à une capacité d'analyse et de réflexion très supérieures aux standards galactiques en font une véritable machine à équations, talent mis à contribution pour lui assurer sa réussite dans les domaines économique et financier. Mathématicien et cryptologue de renom, il a amorcé sa carrière au sein du CBI relativement tôt en se redirigeant, comme beaucoup des siens, dans le domaine bancaire.

  • Loyal et honnête : Même s'ils souffrent d'une réputation de grippe-sous sans scrupules, les muuns sont aussi connus pour n'avoir qu'une parole.Pour eux, tricher est une opprobre, car les mauvais coups en matière de finance sont susceptibles de faire s'effondrer la totalité du système économique galactique. En tant que gestionnaire monétaire républicain et principale plateforme de change, la réputation et la place du peuple de Muunilinst n'auraient pas survécu à telle catastrophe. Pour Voyl, il est inenvisageable de déroger à ces principes qui lui ont été dictés depuis sa plus tendre enfance : une règle est une règle, et dès lors qu'elle est acceptée, nul ne doit y déroger. Il voue pour cela un mépris total aux conspirateurs et autres manipulateurs qui ne respectent pas le jeu politique dans lequel ils sont pourtant engagés. Par ailleurs, il n'a aucune pitié envers les mauvais payeurs, et contracter des dettes auprès de lui, comme de beaucoup de membres influents du CBI, équivaut plus ou moins à signer son arrêt de mort. Il est honnête, loyal, mais d'une dureté implacable dès que l'on franchit la ligne.

  • Informaticien et cryptologue : On croit à tort que les financiers ne savent pas faire grand chose de leurs dix doigts, ce qui est faux : la plupart ont de solides notions en codage et en informatique, et savent dompter les ordinateurs dont ils usent sans problème. Voyl, par sa formation initiale d'ingénieur en traitement du signal, est un fin cryptologue et bon programmateur. Il a d'ailleurs réaliser nombre de programmes de sécurité du CBI ainsi que des algorithmes monétaires. Quand ses divers postes lui laissent de rares journées de repos, il aime à se repencher sur certains de ses anciens travaux.

  • Calme, réfléchi et courtois : Voyl est un être éminemment serein et calme les trois quarts du temps. Outre le fait qu'il est largement habitué à gérer un stress quasi-permanent, qu'il arpente au pas de cours les bureaux et couloirs toute la sainte journée, et que ses nuits sont bien souvent très courtes, il est d'un naturel froid et respectueux. C'est un pur intellectuel, qui aime quand les choses marchent d'elles-mêmes et que le monde tourne bien rond. Du moins, selon sa vision des choses.

  • Charismatique : Malgré son air revêche et sa personnalité peu sociable, Voyl Clawback n'a pas été choisi comme représentant par hasard : c'est un très bon orateur, comme tout représentant qui se respecte. Son discours peut se révéler étonnamment passionné et convainquant dès qu'il se retrouve à défendre ses intérêts et ceux du CBI devant les décideurs externes. Toujours marquées par sa rigueur mathématique et ses talents d'analystes, ses paroles n'ont rien de lyriques, et n'égalent pas la beauté quasi poétique des envolées des grands politiciens. Néanmoins, la logique dont elles découlent est bien souvent indiscutable. La ferveur et le sérieux avec lesquels elles sont assénées les rendent singulièrement convaincantes.



Points faibles :


  • Éthique, vous avez dit ? Du moment que les règles sont claires et les contrats signés, Voyl n'a aucune notion d'éthique ou de morale : il prêtera des sommes astronomiques au plus honnête des citoyens comme au plus barbare des brigands sans aucun problème. Spécialistes des petits caractères de bas de page et du jeu d'équilibriste sur les frontières floues de la subjectivité des vérités plurielles, les banquiers de la trempe de Voyl ne se soucient guère du pourquoi. Seul le comment les intéresse. Le muun adopte d'ailleurs souvent cette posture mentale, même lorsqu'il ne s'agit pas de business : bien que pacifiste, il n'a cure de financer une guerre sanglante, du moment qu'elle est bénéfique au CBI, et au système en général. Cet ambivalence ne lui attire pas que des amitiés, bien au contraire puisqu'en tant que porte-parole, il se trouve en première ligne lorsqu'il s'agit d'essuyer les remarques quant aux prises de décisions. Et il a plusieurs fois hérité de nombreux noms d'oiseaux lorsque les intéressés se sont rendu compte que leur créancier avait prêté à deux camps opposés en même temps. Ce dont il se défend en brandissant les principes d'impartialité et de neutralité prônés depuis toujours par le Clan et les banques en règle générale.

  • Un peu Alceste : La langue muun est image de leur mode de pensée : elle est basée sur un système binaire. Aucun ambiguïté n'est possible, et les homonymes n'existent pas. Voyl est ainsi quelqu'un de franc, voire cassant, aussi surprenant cela puisse-t-il être pour quelqu'un amené à traiter avec les dirigeants, et n'hésite pas à mettre les points sur les i dès qu'un politicien commence à abuser de circonvolutions pour tourner autour du pot. Il peut se montrer autrement plus vicieux lorsque l'on se place sur le terrain des affaires le concernant directement, lui et sa fortune, mais il ne joue pas avec les mots. Plutôt avec leur absence.
    Cette tendance en fait parfois un champion olympique des pieds dans le plat, surtout dans le domaine des relations sociales, non-professionnelles ou privées, où il n'est clairement pas à son aise, étant un loup solitaire ayant sacrifié sa vie à sa brillante carrière. Rien de tel pour le mettre mal à l'aise que de le questionner sur autre chose que les sujets professionnels ou s'y rattachant : il n'a alors rien à dire et se mure dans un silence gêné.

  • Touche pas au grisbi : Comme on est en droit de s'y attendre avec tel personnage, Voyl est un avare de première. Rien ne peut le faire dévier de sa route, sinon l'argent. La relation qu'il entretient avec ce concept est bien plus complexe qu'il n'y paraît, mais on en retira néanmoins une chose : rien ne fait plus peur au richissime Clawback que de perdre sa fortune, et par la même son influence. Ce qui s'explique en partie par le fait qu'un muun sans influence n'est pas grand chose, dans une société basée sur le succès professionnel.
    Même s'il possède l'une des plus grosses fortunes de la galaxie, il ne jette absolument pas l'argent par les fenêtres. Pour lui, un sou est un sou et il n'hésitera pas à négocier âprement même pour les produits les plus rares et luxueux que l'on puisse trouver. Ses goûts sont par ailleurs bien sobres comparés à la débauche de luxe de la plupart des dirigeants galactiques.

  • Peu sociable, susceptible et taciturne : La réputation de pince-sans-rire du porte-parole n'est plus à faire dans la sphère politique. Il n'est pourtant pas dépourvu d'humour, mais celui-ci est à la fois très particulier et trop fossilisé derrière des années de sérieux pour refaire surface à la première blague venue, qui sera plus perçue comme une tentative de dévier la conversation qu'autre chose. Psychorigide par certains aspects, Voyl Clawback n'est pas franchement la personnalité la plus folichonne, ni du CBI, ni de nulle part ailleurs. Ce qui, bizarrement, en fait bien plus souvent qu'on ne le pense le centre de situations plus ou moins hilarantes pour ses collaborateurs. Du moment qu'elles restent loin de ses oreilles, Voyl les tolère avec l'indulgence d'un professeur devant ses élèves immatures. En revanche, se moquer ouvertement de lui ou le tourner en ridicule en public ne prépare absolument pas à l'orage dont on subit soudain les foudres : le placide et sévère Clawback se transforme en tempête aussi soudainement que brièvement. Les répercutions, en revanche, peuvent être bien moins drôles que les blagues...

  • Impatient et intransigeant : S'il n'est ni anxieux, ni sanguin, Voyl Clawback est assez impatient. Ses postes pluriels l'habituent à naviguer de dossiers en contrats en permanence, ses mains et sa tête sont toujours occupées, si bien que la patience n'est plus son fort. Loin de trépigner comme un enfant capricieux, il montre néanmoins son désintérêt dès qu'une chose prend trop de temps à son goût, et passe à la suivante. Ainsi, il exige la plus stricte ponctualité, autant des autres que de lui-même. On pourrait régler les montres à désintégration radioactive sur ses arrivées sans aucun problème. En retour, il se montre vite condescendant envers ceux qui ont le mauvais goût d'être en retard, ou de le faire attendre. Quant au malheureux qui se mettrait sans le vouloir au travers de sa route en occasionnant des déconvenues, il aurait le privilège de lui faire perdre rapidement son sang-froid et d'écoper d'un bon coup de datapad dans la figure. Le temps, c'est de l'argent. On ne plaisante pas avec ça.

  • Douleur dorsale et mauvaise mine : Même si d'ordinaire les muuns n'ont pas l'air très en forme, Voyl Clawback lui ne l'est pas tout court. Nombreuses ont été les fois où, se croyant prévenant, un quidam lui a demandé gentiment s'il se sentait bien, s'il n'était pas malade et souhaitât qu'on prévint un service médical. L'âge venant, son dos le fait souffrir, après des années passées assis devant des ordinateurs ou derrière un bureau. Ces derniers temps, l'exercice ne lui manque pas, mais n'arrange pas pour autant sa santé. Les yeux cernés par le manque de sommeil et la fatigue, il déambule en toussant de temps à autre, ce qui le fait paraître plus vieux qu'il ne l'est en réalité. Il n'a jamais été bien solide, et s'il sait se servir d'une arme de poing en cas d'urgence, lui demander de se battre revient à faire danser la gigue à un bantha sur une patinoire.


Caractère :


Le porte-parole Clawback est pour ainsi dire un muun comme un autre, à ceci près que sa place dans la méritocratie connote clairement ses capacités intellectuelles élevées. Véritable ordinateur cérébral, il est habitué à mener plusieurs tâches de façon simultanées, n'hésitant pas à profiter de tous les temps d'attentes ou de trajet pour suivre en direct les évolutions des marchés et placer ses pions derechef, là où d'autres somnolents gaiement.

Son air sombre est en réalité dû au fait que Voyl ne s'arrête jamais de penser, à mille choses à la fois. Il lui arrive d'écouter tout en planant à trente mille pieds, ce qui donne une fausse impression d’impassibilité, voire de dédain. Néanmoins, il se souviendra parfaitement de ce qui a été dit et vous le restituera fidèlement, sa mémoire étant le reflet de ses capacités de réflexion. Il respecte plus que tout les esprits analytiques et vifs comme le sien, et à tendance à prendre en pitié ceux n'ayant pas de telles aptitudes mentales, ce qui peut rapidement porter sur les nerfs.

Voyl n'est pas connu pour ses frivolités ou ses sorties mondaines : les fois où l'on a vu le porte-parole dans une soirée quelconque doivent se compter sur les doigts d'une main. Et pour cause : de tempérament peu loquace et rabat-joie, le muun n'aime pas spécialement les jeux sociaux. Un côté coincé qui va de pair avec son goût pour le travail fait et bien fait. Il passe plus d'heure dans ses bureaux que nulle part ailleurs. Et si, comme tous les siens, il raffole de l'argent plus ou moins bien gagné, ce n'est pas pour le dépenser sans compter, mais pour amasser l'une des plus grande fortune de la galaxie. Il aime à parier ou à jouer de temps à autre, les casinos étant les seuls endroits fréquentés hormis les astroports et les places d'échanges où l'on est susceptible de le croiser, flanqué de sa garde rapprochée. Sans préjugés envers ceux qu'il ne connait pas, il considère les autres comme des clients potentiels, des sommes à gagner, des potentiels à exploiter, et rarement comme des êtres vivants, tout simplement. Cependant, cette insensibilité que beaucoup pourrait prendre pour du dédain n'en est absolument pas : il n'est tout simplement pas concerné par le sort d'autrui, ayant toujours vécu dans un monde totalement déshumanisé, peuplé de nombres et de symboles.
Voyl est par ailleurs un allié de poids pour les entrepreneurs et les sénateurs ayant besoin de l'appui des financiers de la République, et un collaborateur très apprécié dans son domaine pour son efficacité et son talent.

Non pas méprisant envers les moins riches que lui, il reste cependant toujours distant avec ces derniers, n'ayant pas vraiment les mêmes échelles de référence, ni ne vivant dans le même monde. Comme la majorité des siens, il a horreur de prendre parti, préférant largement manger à tous les râteliers dès que cela est possible. Il n'a aucun a priori sur les Jedis ou les Siths, les ayant très peu fréquenté durant sa carrière. Il sait juste que les uns défendent la République quand les autres cherchent à la faire tomber, et cela lui suffit pour se faire une idée des cartes à jouer d'un côté comme de l'autre. Il s'en méfie cependant légèrement, surtout à cause des rumeurs sur leurs prétendus pouvoirs hypnotiques ou d'illusions.

Il possède une hygiène de vie aussi stricte que le reste de sa personnalité, à l'exception faite de la consommation de somnifères dont il lui est arrivé de faire excès dans la solitude de ses appartements coruscanti après plusieurs évènements désastreux. Il ne boit que rarement, dans les réceptions officielles, ne fume absolument pas, ne prend aucun produit dopant, ni illicite, dont il n'hésite pourtant pas à financer le commerce dans les zones hors-république. Sa vie publique ne lui laissant quasiment aucun répit, il n'a de toute manière que très peu de temps à consacrer à d'éventuels loisirs. Lorsque cela est le cas, il aime à visiter des chantiers de haute technologie, des usines de pointe ou, à l'occasion d'un déplacement lointain, à assister à une course de podracer.

Voyl Clawback n'aime personne, mais il ne déteste personne non plus, sauf dans le cas de tricherie ou mensonge avéré. Sur Munnilinst, ce genre de déviance est honteuse et sévèrement réprimée, si bien que de son éducation, le porte-parole en a retiré une profonde aversion pour ceux qu'il appelle les dégénérés, ceux ne se pliant pas aux règles établies, pires, les piétinant sans égard envers les conséquences.
Par ailleurs, il n'hésite pas à tenter de rallier d'éventuels clients au CBI dès que l'occasion lui est offerte, et son sérieux fait alors merveille. Les muuns n'ont aucune morale, certes, mais ils n'ont qu'une parole, et les contrats sont respectés à la lettre. Ce qui peut s'avérer une bonne comme une mauvaise chose si l'on n'est pas soi-même averti dans le domaine législatif.

Description physique :

Taille : 2,35 m
Poids : 85,2 kg
Cheveux : chauve
Yeux : violets
peau : beige

Les Muuns sont de très grands humanoïdes efflanqués, glabres, dont le squelette et le crâne, allongés, leur donne une apparence sinueuse et longiligne, voire maladive. Leur faciès, presque en deux dimensions, est caractérisé par un nez quasi inexistant, de fines lèvres pincées et de petits yeux surplombés par des arcades sourcilières très prononcées. Leurs mains, tout aussi étirées que le reste de leur corps, possède un index et un majeur à quatre phalanges, dont la longueur est double de celle des autres doigts. Voyl entre dans les normes physiologiques de son espèce, si bien qu'un humain vous dirait que tous les muuns se ressemblent. Cependant, outre le fait que le sommet de son crâne culmine à plus de deux mètre trente du sol et le rend difficile à rater, Voyl possède un regard lumineux, d'une grande expressivité, ce qui compense le fait que le reste de son visage soit de marbre. Il se promène avec un air sinistre dont il a du mal à se départir, même lorsqu'il prend la parole en public. Ce qui donne souvent à ses allocutions l'apparence de sermons apocalyptiques. Le voir sourire pour de bon tient souvent du miracle, lui qui ne sert la plus part du temps qu'un rictus poli et froid à ses interlocuteurs.

La particularité physiologique des muuns, faisant qu'ils possèdent non pas un mais trois cœurs, dont deux dont ils peuvent consciemment régler le débit, leur donne la possibilité de réguler leur température interne facilement sans avoir à transpirer. Raison principale pour laquelle Voyl ne porte quasiment jamais de manteau, passant indifféremment de l'intérieur à l'extérieur des bâtiments sans changer de tenue.

Sa voix nasillarde au rythme traînant articulée avec une gravité parfois ridicule n'est pas désagréable à entendre, mais peut donner une impression d'austérité rébarbative, surtout pour les esprits ouverts et enjoués, ou les plus jeunes. Sa voix porte facilement lorsqu'il s'exprime haut et fort, mais elle en devient vite incompréhensible dès qu'il chuchote, les syllabes étant avalées par son accent. Les associés n'hésitent pas à parler le muun entre eux, ce qui leur permet de communiquer beaucoup plus vite, mais est souvent mal perçu par ceux étant dans la même pièce, croyant qu'on cherche à leur cacher des choses. Parlé très vite, le muun ressemble en effet à du langage machine, une suite rapide de 'hum' et de 'eh' à la prononciation nasale, alignés à la manière des zéros et uns du binaire, demandant un exercice mental ardu pour être suivi et traduit. Ce qui amène souvent les natifs à exprimer un contentement et un intérêt non feints lorsqu'un hors-monde les comprend : rares sont en effet les espèces aliens capables d'enregistrer des trains d'informations toujours identiques si vites, et de comprendre une langue très éloignées des subtilités littéraires des autres dialectes.

Clawback revêt la plupart du temps les habits traditionnels de son peuple, à savoir des ensembles sobres et austères rappelant l'habillement des clercs, comprenant robes et vestes taillées sur mesure. Toujours d'excellente facture, ces étoffes au prix exorbitants ne sont pas tant pour impressionner les hors-monde que pour afficher un statut social, primordial dans la société dont il est issu. Il associe souvent ces tuniques à un couvre-chef le rehaussant encore que quelques centimètres et couvrant sa nuque maigre d'un voile de tissus qui ondule au rythme de ses pas. Un ornement qui représente sa fonction et dont il ne se départit jamais en public. Son apparence d'une sérieuse austérité fait penser à un juge chargé de quelque affaire d'importance, et lorsque la délégation débarque en ordre de bataille avec Clawback à sa tête, les gens ont toujours cette petite impression bizarre d'avoir affaire à une volée d'oiseaux de mauvaise augure. Une réputation qui les dessert, mais qui d'un autre côté éloigne bien souvent les curieux.


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Histoire du personnage :




« Les Clawbacks ? Bien sûr que je les connais. Ils font parti de ce nuage opaque des familles les plus influentes de Muunilinst, gravitant autour du pouvoir central sans jamais l'atteindre. Pas à plaindre malgré cela, je peux vous l'assurer. J'ai entendu dire que leur aîné s'était marié il y a deux ans. C'est un vieil ami, et cela fait un moment que je ne l'ai plus revu. Voilà. Vous savez, Dan, le propriétaire de la filiale assurance de la Corporation Technique Corellienne, et principal actionnaire des chantiers de Sluis Van ? Eh bien il a acquis les parts de son beau père très récemment, pour une somme dérisoire, comme par hasard. Bah, mariage d'intérêt, bien sûr. Quoi d'autre ? Où habitent-ils ? Ici, même, à Harnaidan. Pourquoi ? Oh, je vois. Eh bien, je verrais ce que je peux faire, mais rien n'est sûr. Oui. Entendu. Eh bien faisons comme cela. »

L'individu éteignit le comlink et quitta son balcon pour rejoindre l'intérieur d'une luxueuse demeure.

« J'enha, faites-moi penser à contacter Dan Clawback d'ici ce soir. J'ai un message important à lui transférer.

-Bien monsieur, c'est noté. »

Aux aurores, dans l'une des hautes tours des quartiers résidentiels, un humain aussi haut que large, au brushing impeccable et à la mine de jeune parvenu se présenta au major d'homme de la maison, qui le fit patienter quelques instants avant de l'introduire dans le salon.

« Mon cher Floran, quel plaisir de te voir, s’exclama le muun en voyant l'aargaun entrer dans la pièce, c'est une agréable surprise que tu me fais là.

-C'est un plaisir partagé, Dan, sourit ce dernier, acceptant sa poignée de main, cela faisait bien longtemps que je ne t'avais croisé.

-Certes, je ne voyages plus guère. Plus le temps. Et plus l'envie non plus à vrai dire. Mais dis-moi, quel est donc cette urgence dont tu me parlais hier ? »

Tous deux s'assirent, face à face, sur les longs sofa aux formes épurées de part et d'autre de la table basse qui trônait au centre d'un immense parquet de bois précieux.

« Rien de bien méchant, je te rassure, mais je voulais que tu en sois informé au plus vite. Comme je te l'ai dit, il se peut que nous ayons une nouvelle opportunité sous peu.

-Je suis tout ouïe.

-J'ai reçu une holocommunication hier après-midi. Un certain monsieur...attends, je dois avoir son nom quelque part... »

Il se pencha vers son attaché-case. Puis, relevant le museau, il aperçut deux yeux d'une couleur vive planqués entre le rebord d'un pot de plante verte et les feuilles. L'invité surprise disparu lorsque leurs regards se croisèrent.

« Qui est-ce ? Demanda l'aargaun, soudain intrigué,

-Ah, ce doit être mon fils, Voyl. Il vient certainement de rentrer. »

Le père se leva et appela l'enfant, qui daigna enfin sortir du vestibule où il s'était retranché.

« Voyl, j'ai quelqu'un d'important à te présenter, dit Dan à son rejeton alors que ce dernier s'avançait timidement vers l'imposant invité, voici Floran Anlossa, vice-directeur du département des ressources salariales de la banque centrale d'Aargau.

-Bonjour, monsieur Anlossa, répondit poliment la voix juvénile et mal assurée du garçon alors que son propriétaire s'inclinait respectueusement,

-Bien le bonjour mon grand, rit Floran en s'inclinant à son tour, je te faisais si peur que tu t'es senti obligé de nous espionner...?

-Désolé monsieur Anlossa, articula de nouveau le jeune muun avec une mine déconfite, je ne voulais juste... pas déranger.

-Mais tu ne déranges pas, voyons. Au contraire, je n'ai pas encore eu le plaisir de te connaître."

L'enfant releva quelque peu le regard, intrigué. Il était vrai que les visites étaient rares, et le jeune alien n'avait jamais eu l'occasion d'approcher un hors-monde d'aussi près. L'expérience l'intimidait autant qu'elle l'intéressait.

« Quel âge as-tu, Voyl ?

-Sept ans monsieur.

-Seulement ? Ah, je te voyais déjà plus grand, rigola l'homme, tu m'a l'air tellement sérieux... J'ai tendance à oublier combien vous êtes précoces, sur cette planète. »

L'enfant les quitta pour se diriger vers les escaliers du fond. Les deux adultes le regardèrent s'éloigner.

« Ne m'en parle pas, dit Dan, sais-tu que ce petit a déjà obtenu une moyenne double de celle que j'avais au même âge ?

-Aouch, il fait pas les choses à moitié, le môme ! s’esclaffa le banquier, pas trop jaloux de te voir si vite détrôné ?

-Jaloux ? Pourquoi diable ? s'étonna le muun en lançant un regard surpris à son ami, il n'y a rien de mieux pour des parents que d'avoir des héritiers capables de les surpasser ! Je suis immensément fier de lui, et Nia tout autant. Il aura un avenir à la mesure de son ambition, c'est ce qui compte.

-Oh je n'en doute pas. Sait-il déjà ce qu'il souhaite faire ?

-Pas encore, plusieurs domaines l'intéresse. Il ne parvient pas à choisir. Il a encore du temps devant lui cependant. Rien ne presse. »

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Rien ne pressait, en effet, puisqu'il ne s'orienta que cinq ans plus tard, vers l'ingénierie du traitement du signal, un domaine primordial dans nombre de secteurs sensibles. Une voie d'étude à connotation scientifique qui exigeait une grande rigueur, qualité qu'il fit sienne pour le restant de ses jours. Les offres de travail ne manquaient pas, surtout pas pour un jeune qui avait passé haut la main tous les tests que le gouvernement planétaire faisait passer aux jeunes pour déterminer leurs capacités et compétences. Pour l'heure, ce choix reflétait surtout la fascination naïve de Voyl pour les mystères des systèmes informatiques et les concepts abstraits des chiffres et symboles. À l'âge où ailleurs, les autres jeunes aliens jouaient dans une cours de récréation, où les padawans suivaient des cours sur la confiance en soi, Voyl produisait sa première thèse sur les interférences en milieu supraluminique, un travail qui l'occuperait plusieurs années, et qui clôturerait finalement ses études à l'âge de dix-sept ans.

Fils unique, l'héritier des Clawback se présenta de lui-même à des concours complémentaires pour obtenir des qualifications dans d'autres domaines que celui qu'il avait étudié jusqu'alors. Travailleur acharné et passionné, il passait presque tout son temps à préparer ses tests ou à ingurgiter des tomes entiers traitant des mathématiques vus par différentes espèces galactiques, à repasser jusqu'à plus soif des exemplaires épais comme des bras de Wookies dissertant sans fin sur la nature de l'Espace-Temps ou les grands modèles économiques de l'espace Républicain depuis sa création. Un acharnement qui, s'il les avait charmé au départ, commençait à inquiéter ses parents. Le jeune Voyl semblait obnubilé par ses recherches, au détriment du reste de la vie, en oubliant parfois de se nourrir ou de se coucher.

Loin d'être un rebelle comme d'autres au même âge, Voyl adolescent était un enfant modèle, bien dans ses chaussures de haute-couture et très sûr de lui. Seul fils de la lignée directe des Clawback, personne ne pouvait légalement lui disputer l'énorme héritage de sa richissime famille, pas même les quelques cousins éloignés qu'il ne fréquentait que très rarement, lors de rencontres organisées par leurs aînés. Fort d'une base que bien peu de galactiques pouvaient se targuer de posséder sans même être entrés sur le monde du travail, le jeune muun avait d'ores et déjà compris quelle devrait être sa place en ce monde s'il escomptait suivre la trace de ceux qui l'avaient précédé et conserver la place si chèrement acquise par ses géniteurs dans la très rigide société de Muunilinst. Ici, rien ne s'obtenait sans travail : tout était fonction des aptitudes des uns et des autres à remplir la fonction qui était la sienne dans le mécanisme bien huilé d'une civilisation de fonctionnaires, de scientifiques et de financiers. Son père l'initia rapidement aux subtilités de la finance, un monde dans lequel Voyl reconnut non sans un certain plaisir tous les fondements des sciences arithmétiques et statistiques qu'il avait tant à cœur de maîtriser.

Son entrée dans le hall du siège social du CBI se fit par la grande porte, au sens propre, un matin de l'an -3524 AV.Y. La veille, son père l'avait fait venir à son bureau, chose qui pour Voyl ne pouvait avoir qu'un seul sens : il s'agissait de discuter d'un sujet grave. Avec appréhension, il s'était rendu à ce rendez-vous dès sa sortie d'entretien, le troisième en une semaine, bien qu'il eut déjà une réponse positive de son premier contact. Dan avait alors fait asseoir son fils en face de lui, à la place du client, et lui avait posé toute une série de questions visant à s'assurer qu'il avait bien retenu ce que lui-même lui avait enseigné. Intimidé par l'attitude inhabituelle de son père, Voyl avait répondu tel un automate, jusqu'au moment où les questions prirent une tournure très différente : était-il conscient de ce que leur famille avait accompli depuis des siècles ? Dan expliqua alors à Voyl toute la responsabilité qui lui incombait en tant qu'unique héritier : la survie de leur fortune dépendait de ce que lui en ferait. Le nom des Clawback, leur influence et leur pouvoir tout autant. Voyl apprit ainsi que tout ce que son père s'était attaché à lui transmettre sur son travail de financier avait un but autre que celui de lui donner une simple culture générale. Dan avait d'ores et déjà parlementé avec les administrateurs : l'âge légal pour s'associer au capital sur un monde républicain était de dix huit ans révolus. Voyl pouvait – autrement dit, devait, s'il tenait à ne pas être renié – dès lors devenir un associé du Clan Bancaire Intergalactique, et entamer ce que lui-même avait entamé plus de cinquante ans plus tôt : participer de façon concrète au fonctionnement de cette formidable machine qu'était le CBI. C'était un pari osé, peu de jeunes entraient aussi tôt dans l'assemblée générale, mais cela s'était déjà vu, et Dan n'était pas avare d'orgueil en ce qui concernait son génial rejeton. Un poids énorme pour les frêles épaules de Voyl, qui, bien trop sage et formaté pour penser à malmener ce carcan, se contentait de se recroqueviller sur lui-même pour échapper à la sévérité d'un châtiment terrible s'il décevait par malheur ses aïeuls. Une peur qu'il oublierait vite en grandissant, pour intégrer ces dogmes sociaux comme règles morales tout à fait naturelles.
Dan transmit ainsi une première somme à Voyl sur son compte récemment ouvert, et laissa son fils opérer lui-même auprès des officiels du Clan pour acquérir le statut et les droits inhérents à son apport. Un exercice plutôt impressionnant pour le jeune qu'il était, et pour lequel il ne fut pas guidé par ses aînés. À peine bénéficia-t-il d'une indulgence compréhensive de la part de ceux qui le reçurent avec chaleur, dans leurs bureaux, en apprenant sa requête. Comme un jeune poulain titubant sur ses jambes trop longues, Voyl n'avait pas l'assurance et l'aplomb d'un homme d'affaire, mais son esprit fort rationnel lui permit cependant de se repérer dans le parcours qu'il lui fallait réaliser pour obtenir son Graal. L'apport se fit donc en toute transparence, et le fils Clawback ajouté à la liste séculaire des associés du CBI. Un geste fort envers les grandes dynasties de Muunilinst : la relève était assurée de leur côté, et pas à demi.

Ainsi, en ce matin-là, Voyl et son père entrèrent côte à côte par l'immense porte en marbre sombre. Le jeune muun, pris depuis des années par ses études dont il ne pouvait se passer, en avait oublié à quel point il détestait se retrouver en face de son cousin Lan, un véritable moulin à parole égocentrique qu'il n'avait plus revu – à son grand plaisir – depuis près de cinq ans. Qu'il ne manqua pas de croiser dès les premiers mètres. Un autre inconvénient d'être d'une vieille famille sur Muunilinst : être tenu en vase clos avec la même dizaine de tribus dont l'influence sur disputait sans cesse à la sienne. Devoir s'encarrer des heures durant les vieux comme les jeunes, le tout dans la plus grande politesse et bienséance, au risque d'être traité en paria. Un jeu de dame dont les règles étaient très strictes, mais non pas moins dangereuses. Car ici, perdre, signifiait irrémédiablement tout perdre. Cela, Voyl l'avait très vite compris.
Les Clawback firent donc le tour des autres associés présents, échangeant des banalités comme des réflexions bien moins triviales sur l'actualité galactique. Et Dan de présenter Voyl, droit comme un i, dont la rigidité quasi cadavérique était le seul indice visible de son appréhension. On lui servait tantôt des regards surpris, admiratifs parfois, moqueurs ou amusés, souvent. Mais sa présence ne choqua pas outre mesure : après tout, il était dans son droit, et il ne serait venu à l'esprit de personne de brider son ambition, dans une société où cette notion revêtait les attributs du sacré. Lorsque vint l'heure de la réunion de l'assemblée générale des associés, Voyl se retrouva au troisième rang d'un immense amphithéâtre de forme rectangulaire, au fond duquel était disposée une longue table holographique flanquée des sièges de la direction. Le jeune associé fit ainsi la connaissance des cinq figures de proue de leur gigantesque entreprise, dont les noms étaient connus jusque sur Coruscant. Bien fortuitement, son regard croisa celui de Tyen Vault, le directeur d'alors. À sa grande surprise, l'autre lui sourit, et Voyl fit de même, certainement plus par automatisme que par réelle volonté. Une fois toute la compagnie en place, la séance se déroula avec une discipline et une régularité qui aurait fait bailler plus d'une espèce alien. Mai les muuns n'aimaient rien de plus que le conventionnel, le normalisé, le bien rangé. Et les assemblées du CBI étaient un modèle du genre. Assommantes pour qui ne s'y était pas préparé. Voyl y eut donc un excellent aperçu des diverses décisions que prenaient les dirigeants, sur tous les plans. Peu se risquaient à faire de commentaires en privés, et les discours s'enchaînaient sans éclat de voix ou intervention intempestive, comme on en voyait dans beaucoup de reportages holotélévisés sur d'autres institutions. Et lorsque tous les points notoires furent abordés, la clôture de la séance se fit presque en silence. Bien entendu, Dan n'eut rien de plus pressé à faire que de poser une nouvelle série de question à Voyl alors qu'ils quittaient le quartier général, cette fois sur ce qu'il avait retenu de ce qui s'était dit. Se fichant comme d'une guigne que l'intéressé s'y soit plu ou non.

Sa vie à Harnaidan, quasiment exclusivement en intérieur, ne le disposait pas au voyage, le faisant malingre de carrure et casanier de caractère. Pour autant, le premier poste qu'il eut ne lui fit que quatre ans, au bout desquels il fut engagé par la Banque d'Aargau pour mettre au point un nouveau système de cryptage de données confidentielles. Et ce nouveau travail impliquait qu'il quitta sa terre natale.

Voyl Clawback quitta le monde fermé et protégé de Muunilinst pour la première fois en l'an -3521 AV. Y, à l'âge de ving-et-un ans. Le voyage fut l'occasion de voir de ses propres yeux le passage en hyperespace et de confirmer certaines de ses théories. Ayant fraichement débarqué sur Aargau, le jeune ingénieur se trouva catapulté dans un monde très différent du sien, où toutes les espèces se côtoyaient en un joyeux melting-pot, même s'il apparaissait que sur Aargau, les humains restaient majoritaires, comme sur nombre d'autres mondes.

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Il devait être près de sept heures du matin lorsqu'une navette contacta le spatioport de New Escrow. Une fois le contrôle terminé, le vaisseau reprit sa route pour amorcer son entrée dans l'atmosphère d'Aargau. A bord, Voyl pianotait presque machinalement sur son datapad, installé près de la vitre qui offrait un magnifique panorama, dont il ne profitait pourtant guère. De l'autre côté de la cabine, deux humains discutaient à voix basse, passant en revue plusieurs documents sur une large table holographique.

Au travers du haut-parleur, la voix du copilote leur annonça alors que l'atterrissage était imminent. Ils étaient priés de rejoindre leurs sièges et d'attacher leurs ceintures. Cet intermède mit fin au conciliabule et les trois employés débarquèrent sur la capitale d'Aargau quelques minutes plus tard. Il fut accueillit par un jeune employé au costume impeccable qui l'attendait à la sortie du vaisseau.

« Millian Belleville, se présenta son interlocuteur, je suis représentant commercial. Et pour l'occasion chargé de vous mener jusqu'à nos locaux. C'est monsieur Dervil qui m'a chargé de cette mission : il m'a informé du fait que vous êtes nouveau sur Aargau. N'hésitez pas à me solliciter si vous avez des questions, je tacherais d'y répondre au mieux. »

On dut passer une bonne dizaine de contrôles avant d'être autorisé à déambuler librement dans le spatioport. Les aargauns ne plaisantaient pas avec la sécurité, et contrairement à la grosse majorité des voyageurs qui pestaient de se voir ainsi retardés, Voyl se plia de bonne grâce au protocole. Il ne comprenait que trop bien l'importance de s'assurer qu'un mercenaire avisé ne puisse pas conserver d'arme ici et cela l'incitait subitement à faire confiance à ces autochtones en uniformes. Il suivit son guide au travers de l'énorme structure, dévisageant sans gêne de son éternel air morose les aliens inconnus qui croisaient sa route. Le spatioport comportait une galerie marchande et divers services attenant, et il fallut remonter un bon kilomètre à pied avant de parvenir dans le hall servant de gare à tous les véhicules urbains. N'écoutant que de loin les recommandations qui lui étaient données, Clawback marchait tête levée vers le plafond tout en courbes et en arcades.

« C'est du transparacier ? demanda-t-il alors à Belleville qui était en pleine explication sur le fonctionnement des transports en commun,

-De..? Ah, euh, oui. Une structure de verre pur ne serait certainement pas assez robuste pour soutenir un tel poids. Mais euh...vous avez entendu ce que...

-Hum, oui, oui, la numérotation des voies correspond à l'ordre d'importance des lieux desservis, répéta Voyl légèrement irrité, ainsi la voie une est celle reliant les artères principales et ainsi de suite. Somme toute très logique.

-Euh, oui, effectivement. »

Belleville lui jeta un regard anxieux, visiblement déstabilisé. Il abandonna finalement l'idée de reprendre son discours. Ils montèrent à bord de l'une des navettes publiques à répulsion qui quadrillaient le secteur. Leur transport s'engouffra sur l'une des longues voies aériennes qui surplombaient les voies piétonnes et les bâtiments les plus bas. A bord, ils étaient une dizaine, debout où sur les sièges alignés contre les parois. Voyl et son accompagnateur descendaient au prochain arrêt : ils restèrent donc debout près des portes. Le regard du jeune ingénieur se perdit sur les formes hétéroclites des bâtiments de New Escrow, baignés par un soleil matinal. Le style architectural n'était pas désagréable, résolument moderne et inspiré de la nature, très loin des imposantes façades à colonnes des bâtiments d'Harnaidan au style anachronique.

« Avez-vous déjà quitté Aargau ? se risqua à demander Voyl au jeune homme,

-Oui, j'ai fait mes études sur Coruscant en réalité. J'aurais pu rester, mais les expériences à l'étranger sont toujours valorisées dans un CV.

-Et comment l'avez-vous vécu ? Je veux dire, Coruscant vous est-elle apparu différente ou... similaire à Aargau ?

-C'est difficile à dire. En fait, Coruscant n'est rien d'autre qu'une ville-planète... ou une planète-ville, tout dépend du point de vue... Je viens d'une petite ville au Sud d'ici, j'étais déjà venu à New Escrow plusieurs fois avant de partir. Pour moi, prendre un appartement sur Coruscant c'était au fond comme venir ici : plus de plaines, plus de lacs. Juste du permabéton, mais au fond ce n'était pas si différent. Juste beaucoup plus grand et beaucoup plus densément peuplé. »

La réponse parut satisfaire Clawback, qui se retourna à nouveau vers la vitre, songeur. Au fond, une ville ne restait-elle pas une ville ? Sauf que contrairement à Belleville, lui ne se trouvait pas parmi les siens. Les différences culturelles, si elles pouvaient ne pas être frappantes au premier coup d'œil, existait bel et bien, et Voyl les redoutait. Il n'avait pas besoin de cela en plus du reste : se faire une place dans la hiérarchie de sa nouvelle entreprise allait le mobiliser un bon moment.
La navette ralentit en une longue plainte qui se termina dans les infrasons. Les portes automatiques s'ouvrirent à la volée et le binôme en descendit d'un pas alerte. Devant eux se dressait le quartier général de la Banque d'Aargau sur Aargau même. Une construction aussi haute à son sommet que large à sa base : les commanditaires n'avaient pas lésiné sur les moyens pour défier la concurrence. Belleville le conduisit jusqu'au bureau du standard, où il lui fit ses adieux et lui souhaita bonne chance sans fioriture. Gauchement, Voyl fit de même, sans vraiment savoir si le représentant était sincère ou se contentait des formules d'usage. Le nouvel arrivant se présenta donc, déclinant son identité et la raison de sa présence. On lui indiqua, après lui avoir souhaité une bienvenue de centre commercial, que monsieur Dervil, son responsable, était actuellement en réunion au dixième étage, que celle-ci prenait fin dans dix petites minutes et que s'il se dépêchait, il parviendrait certainement à le rejoindre avant la pause. Un plan détaillé des bâtiments se trouvait à leur droite.

Finalement, après avoir suivi les panneaux colorés au travers des couloirs feutrés et autres aerolifts miroitants, il finit par atterrir dans un vaste openspace où une secrétaire lui indiqua un homme de dos, discutant avec ardeur face à la baie vitrée. D'un pas presque militaire, le nouvel arrivant se dirigea vers celui qui lui avait été présenté comme son supérieur direct.

« Et c'est à ce moment là que la balle a dévié ! T'aurais vu ce vacarme dans le stade ! Ahah ! Perso j'étais mort de rire, mais...

-Monsieur John Dervil ? interrogea une voix nasillarde dans le dos de l'humain,

-Oui ! Lui-même ! déclara le bonhomme en faisant volte-face avec un air jovial en cherchant son interlocuteur du regard. »

Ses yeux remontèrent rapidement vers le sommet d'une silhouette qui le surplombait sans mal. Un muun relativement jeune, avec l'air de celui qui n'attend plus rien de personne, le regardait fixement sans l'ombre d'un sourire, un datapad sous le bras. Dervil eut un moment de flottement, avant d'afficher l'un de ces sourires de publicitaire toujours un peu figé et jamais totalement sincère.

« Ah ! Pardonnez-moi, je ne vous avais pas vu, s'exclama-t-il en réajustant machinalement sa cravate, vous devez certainement être... le...le nouvel ingénieur engagé par la Banque ?

-En effet, répondit Clawback sans lâcher Dervil des yeux, j'ai reçu le poste il y a deux semaines, je suis parti dès que mon affectation m'a été communiquée. Il était convenu que mon arrivée soit ici-même à dix heures précises, mais nous avons été retardés au spatioport.

-Bah bah bah. On connait tous ça, les spatioports ! Aucun problème ! Ravi de faire votre connaissance, monsieur...?

-Clawback. Voyl Clawback, fit-il d'un ton morne en acceptant sans empressement la poignée de main.

-Ah ! Mais oui ! Suis-je bête ! Vous êtes le fils de Dan Clawback ? J'ai compris dès que j'ai vu votre dossier. En même temps, des Clawbacks il n'y en a pas dix mille dans la galaxie, hein ? Comment va-t-il d'ailleurs, ce cher Dan ?

-Bien aux dernières nouvelles.

-Merveilleux ! Passez-lui le bonjour de ma part, à l'occasion... Bon, je suppose que l'on vous a largué dans la fourmilière sans parachute ? On est un peu en surchauffe en ce moment. Excusez la direction pour cet accueil déplorable. Mais, je parle, je parle, il serait peut-être temps d'agir ! Direction le bureau du DRH pour les formalités, ce serait fait. Seb, on se revoit demain à la réunion de dix heure, dit-il en aparté à son collègue laissé en plan derrière. »

Le responsable l'invita à le suivre, entamant ce genre de conversation longue et ennuyeuse à propos de comment pouvait bien s'être déroulé un voyage que l'on avait déjà oublié, ou du temps qu'il allait faire demain, alors que l'on se trouvait à l'intérieur les trois quart du jour. Voyl ne l'écouta que d'une oreille, occupé à détailler ce qui l'entourait.

« Une cigarette ? proposa Dervil alors qu'ils s'engouffraient dans un ascenseur vide,

-Non merci. Je ne fume pas, refusa poliment Clawback sans regarder l'homme. »

Dervil se racla la gorge, tentant de cacher sa gêne face au peu d'enthousiasme dont faisait preuve son nouveau cadre. Peut-être avait-il passé une journée abdominale, hein ? Ils n'étaient pas des machines, malgré tout. S'il arrivait à le dérider, il aurait certainement gagné sa journée ! On avait pas idée d'être aussi sérieux à un âge pareil...

Voyl de son côté préférait largement contempler les systèmes de sécurité, les mécanismes divers mis en place pour faciliter la vie des employés ou simplement le décorum. Aargau était une belle planète, lui avait-on assuré. En dehors des mégalopoles telles que celle-ci, la nature y était grandement préservée, et la vie très agréable. Ici, les humains étaient largement en supériorité numérique, et il se trouvait déboussolé de naviguer dans une foule où aucun ne dépassait ses épaules. De temps à autre, il croisait au large l'un de ses pairs, tentant d'accrocher leur regard pour y lire dieu savait quelle information utile à sa survie dans ce milieu si éloigné de ses habitudes. Ici, on était loin du silence quasi religieux des halls de marbre harnaidani. Ça s'interpellait d'un bout à l'autre des couloirs, ça courrait en tous sens sans ordre ni discipline, les voix s'entremêlaient pour ne plus former qu'un bruit de fond unique criard et inintelligible. Mais bizarrement, personne n'y voyait d'inconvénient, et il semblait qu'un ordre secret soutendait ce joyeux bazar, qui fonctionnait semblait-il à merveille. Ayant fréquenté très peu d'êtres humains, le muun ne s'avisait pas de croire qu'il pouvait les comprendre. Néanmoins, il ne pouvait pas s'empêcher de faire toutes sortes de constats sur leurs comportement parfois exagérés, leur émotivité superflue et leur propension au désordre.

« C'est votre premier poste ?

-Non. J'ai été diplômé il y a quatre ans, à la suite de quoi j'ai exercé mon métier pour une société de holding sur Muunilinst. Je n'ai que quatre ans de travail derrière moi, mais je puis vous assurer qu'ils ont été très formateur.

-Diantre, siffla Dervil en prenant un comlink dans sa poche droite, on peut dire que vous n'avez pas perdu de temps ! Mais il est vrai qu'avec un profil comme le vôtre, ça n'a pas été trop dur de trouver du boulot ! Je me souviens de mon premier job. Ah, c'était une autre époque, et je ne sortais pas d'une grande école, hein.

-Les portes sont-elles toutes aussi basses ? demanda soudain Voyl en se baissant pour la dixième fois depuis son entrée dans l'étage, c'est un peu... agaçant.

-Ah, non, rassurez-vous, rigola Dervil avec un petit sourire gêné, seuls les niveaux cinq à huit sont aussi bas de plafond... Petit problème d'architecte, certainement. Vous savez, nous autres les humains, on a quelques tendances narcissiques ! On en oublie parfois que nos standards ne sont pas forcément très judicieux...Votre bureau est au deuxième. »

Ils firent ce pourquoi ils étaient venus : rencontrer le responsable des ressources humaines, et instinctivement, Voyl fut vaguement déçu de ne pas retrouver la coiffure ridicule d'Anlossa en face de lui. L'aargaun avait été remplacé trois ans auparavant, mais le muun ignorait totalement ce qu'il était advenu de cet excentrique personnage. Son successeur, un quadragénaire originaire de Ralltiir, fut visiblement très enthousiasmé par sa rencontre. L'homme s'était visiblement renseigné sur son compte, plus que ce qu'un simple entretient d'embauche ne le lui aurait permis. Ce constat étonna Voyl, qui n'en laissa rien paraître comme à son habitude, se contentant d'afficher un air égal.

« J'ai lu votre thèse, lui assura ce dernier, la qualité de votre travail est stupéfiante ! J'avoue ne pas y connaître grand-chose, mais la clarté des explications et l'engouement que l'on ressent entre les lignes pour des travaux de ce genre ne laisse pas indifférent.

-Merci monsieur, répondit humblement Voyl en s'inclinant, c'est un sujet qui me tenait à cœur.

-J'imagine oui. Quoi qu'il en soit, soyez assuré que le travail ne manque pas ici ! Nous avons justement un projet qui devrait vous intéresser, en lien direct avec vos travaux sur l'encodage des intercommunications au sein des structures de stockage de données en milieu haute sécurité. Bien sûr, reprit-il en toussant, vous êtes officiellement en période d'essai. Même si je ne doute pas de vos capacités, il serait trop demandé à nos équipes de vous accorder une confiance que seules des années d'expériences peuvent conférer... Vous comprendrez donc que vos responsabilités au sein de ce projet seront limitées dans un premier temps. Votre affectation ultérieure dépendra grandement de vos résultats sur cette première mission.»

Voyl acquiesça d'un signe de tête. Déçu ? En réalité, il s'en fichait bel et bien. Il n'avait jamais volé ses récompenses, et la compétition professionnelle était son terrain. Son statut de débutant n'était ni un problème, ni un contretemps : juste une étape à franchir. Et il allait s'y atteler dès aujourd'hui.

« Bien sûr, fit-il avec sa première ébauche de sourire depuis son arrivée, croyez bien qu'il me tarde de faire mes preuves.

-Certes. Si je peux me permettre de tempérer votre ardeur cependant, lui dit l'homme sur le ton de la confidence, contrairement aux muuns les humains ne voient pas forcément la concurrence comme une émulation, mais plutôt comme une... gêne. Parfois. Vous êtes nouveau, étranger. Plutôt jeune et peu expérimenté, qui plus est l'héritier d'une famille ayant beaucoup fait pour la Banque... Votre nom pourrait laisser certains croire que vous ne méritez pas votre place. Si... vous voyez ce que je veux dire...? »

Voyl fronça les sourcils.

« Les Clawback n'ont jamais voler leur réussite, trancha-t-il, glacial, si c'était là votre sous-entendu.

-Loin de moi cette idée, tenta de nuancer le ralltiiran, mal à l'aise, je connais mon métier... Mais méfiez-vous des bruits de couloir malgré tout. C'est un simple conseil. »

Il sortit du bureau plus sombre qu'il n'y était entré, et Dervil eut beau lui parler des merveilles que recelait Aargau, Clawback n'ouvrit plus la bouche de tout le trajet, laissant le responsable du département des communications à son monologue passionné. Une dizaines de minutes plus tard, ils étaient parvenus au deuxième étage de l'immense bâtiment. Dervil se fit un devoir de le présenter à tous les membres du département, ce qui fit en tout une bonne cinquantaine de personnes, des horizons les plus divers. Invariablement, à la vue de l'immense alien, les employés se crispaient quelque peu sans pour autant se départir de sourire et de salut de circonstance. Voyl fit de son mieux pour tenter de paraître moins rogue, mais le cœur n'y était absolument pas. Il lui tardait plus que jamais d'en finir avec cette mascarade et de passer aux choses sérieuses. L'idée d'être vu comme un vulgaire imposteur lui était insupportable, et c'est avec la rage d'un pilote de podracer qu'il grattait du sabot dans les starting-blocks.
Lorsqu'ils eurent terminé le tour de l'étage, Dervil lui présenta le bureau qui lui avait été attribué : spacieux et doté d'une porte sécurisée, la baie vitrée donnait sur le paysage mi-urbain mi-préservé de la banlieue huppée de New Escrow.

« C'est parfait, répondit Clawback à la question « Comment le trouvez-vous » accompagné du sourire de squale, les ordinateurs sont-ils opérationnels ? J'aimerais pouvoir consulter les dossiers relatifs au futur projet dès maintenant.

-Euh...oui, tout est en marche normalement, affirma Dervil, perplexe, mais, Loshin ne vous l'a pas dit ? Vous ne commencez que demain.

-Demain ?

-Eh oui ! Z'avez toute l'après-midi pour vous mon grand, s'esclaffa Dervil en lui administrant une grande claque dans le dos, allez, je suis sûr que vous mourrez d'envie d'aller faire un peu de tourisme ! Quoi de plus normal lorsqu'on débarque à l'étranger ?! Posez-moi donc ce fichu data et allez vous divertir. Vous m'avez l'air un peu trop nerveux, ça vous fera du bien. »

Nerveux ? Lui ? Voyl cilla plusieurs fois, interdit, alors que le petit humain sortait de la pièce en soupirant. Il posa le datapad sur la surface de verre du bureau avec une lenteur désespérée. Il était onze heure quarante. "Demain" était dans plus de dix-neuf heures... Qu'allait-il faire durant dix-neuf heures ?! Il pâlit à l'idée de devoir rester les bras ballants. Du tourisme ? Et puis quoi encore. Aller se mêler à cette foule grouillante dans les rues, pour voir quoi ? Un autre bâtiment semblable, avec les mêmes sortes de volatiles pressés et bavards ? Non, il n'avait nulle envie de sortir, et encore moins d'être contraint de devoir encore deviser durant des heures avec l'un de ces cadres en manque de dossier à traiter. Il était onze heure quarante et il n'avait absolument pas faim. Il était onze heure quarante et il n'avait rien à faire. La vie lui sembla soudain d'une abominable vacuité.

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Voyl fit parlé de lui en mettant au point un protocole de cryptage deux fois plus rapide que l'ancien, pour le même prix en infrastructure. Un succès qui lui valut une augmentation et bien sûr, la reconnaissance de ses pairs, autant officielle qu'officieuse. Si le relations avec les autres employés du département n'étaient pas tendues, elles n'étaient pas non plus bien chaleureuses, Voyl parvenant difficilement à outrepasser sa nature taciturne pour échanger sur autre chose que les résultats des dernières analyses ou les failles repérées dans le dernier protocole réalisé. Il n'était pas un manager extraordinaire, loin s'en fallait, mais avec sa volonté implacable et ses capacités, il parvenait jour après jour à gagner le respect, sinon la confiance, de ses subalternes. Sa passion pour son travail, il finissait par la communiquer, à la manière d'une maladie contagieuse, à ceux suffisamment impliqués dans leur vie professionnelle pour vouloir le suivre. Il s'intégra rapidement, non pas en jouant des coudes, mais au contraire en rentrant dans le moule avec une facilité déconcertante. La raison en était simple : il faisait ce pourquoi on le payait, et s'enfermait dans sa solitude le soir venu, bien loin des commérages à la sortie des bars branchés et des restaurants d'entreprise bondés. Ainsi, il était d'une discrétion absolue, mais d'une efficacité redoutable. Ce fut Loshin, le responsable des ressources humaines, qui, au détour d'une conversation sur le phénomène de recouvrement d'un signal mal échantillonné commencée bien fortuitement, compris comment le charisme caché de Voyl pouvait être employé : il fallait pour cela le placer sur un terrain duquel il était maître. Et s'il n'était pas une grande gueule, Clawback pouvait s'avérer drôlement convaincant dès que son interlocuteur lui témoignait un intérêt sincère, ou tout du moins suffisant pour feindre la sincérité avec subtilité. Loshin en parla à Dervil, qui tenta à son tour de voir si son maître des algorithmes pouvait à l'occasion lui être utile autrement. Dans une banque, aucun talent ne devait rester inutilisé. Il lui confia alors une mission qui contrastait fortement avec celles que le jeune ingénieur avaient eu jusque là.
Voyl Clawback
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Il s'agissait ni plus ni moins d'une opération de communication externe, chose à laquelle il n'avait guère été habitué. Mais, plutôt que de braquer le rigide Clawback, Dervil eut l'intelligence de présenter la chose sous un tout autre angle : il s'agissait de remporter une partie d'échec dont chaque pion était une phrase. Une banque concurrente avait donné une interview dans un journal quelques temps auparavant, laissant glisser des sous-entendus infamant sur la BA. Qui s'était empressée de demander des explications. Elle les attendait toujours, et une rencontre avait été convenue avec l'un des représentants adverses pour une entrevue médiatisée, de ces joutes verbales dont le public raffolait, et qui servaient de véritable vitrine publicitaire pour les entreprises et grands groupes.
Alors que tout le monde attendait le représentant du service commercial dont la tête était connue du public, ce fut celle de Voyl qui apparut à l'écran ce soir-là. Surprise totale dans les deux camps, on ne comprenait pas le choix de la direction, et déjà les rapaces annonçaient la curée. Mais, conscient des enjeux de sa mission, parfaitement détaché d'une pression dont le studio exempt de public le préservait, Clawback, raide et froid comme un bloc de marbre, ne laissa aucune prise à son adversaire, trop habitué aux esclandres lyriques des amateurs de mots. Voyl était amateur de chiffre, et c'était ainsi qu'il résonnait : loin de se formaliser de la forme qui en aurait fait rire plus d'un, il analysait patiemment la logique qui régissait les propos de l'adversaire, et lorsqu'il fut certain de l'avoir saisie, lui fondit dessus sans la moindre pitié.
Imparables, les données factuelles et logiques du muun eurent rapidement raison de l'argumentaire baudruche de son adversaire. Mieux qu'un procès, ce débat aux allures de duel à mort se solda par l'exécution pure et simple d'un représentant pourtant à sa place depuis plus d'une dizaine d'années. La Banque d'Aargau remporta cette bataille, d'une dimension ridicule, mais hautement symbolique, et le regard porté sur Voyl Clawback changea : il n'était pas seulement un obscur mathématicien de bureau. Il savait user de sa tête pour se tirer des pièges des mots, et cela eut certainement une grande importance lorsqu'il lui fallut s'imposer à l'oral.

Et, pendant ce temps là, les mois et les années défilaient, sans que Voyl ne trouvât autre chose que des liens professionnels, parfois même à la limite du malsain, trainant avec des nantis dont les fortunes n'étaient pas forcément bien acquises. Le nom des Clawback lui ouvrit bien des portes, faussant par la même sa vision du monde. Il n'était pourtant pas l'un de ces prétentieux se croyant tout permis. Son éducation était tout autre, et la rigidité des principes selon lesquels ont l'avait formé l'empêchèrent de sombrer dans la décadence qui rampait à toutes les échelles de l'univers des puissants. Mais, en échange, il y perdit tout goût à l'échange avec autrui, dégoûté de la bêtise et de la fainéantise de beaucoup. À vingt-cinq ans, Voyl était désabusé, et se noyait encore et toujours dans son travail pour pouvoir fermer les yeux sur des choses aussi inadmissibles que la corruption, l'entente illicite ou le délit d'initié, qui faisaient et défaisaient les réputations des hors-monde comme des châteaux de carte. Muunilinst lui paraissait bien loin et le mal du pays lui laissait un goût amer.


En l'an -3514 AV.Y, eut lieu l'évènement qui déclencha un changement de cap dans sa carrière : un employé de la banque centrale fit perdre plus de dix milliards de devises à la banque par ses tractations illicites ayant entraîné des faillites en chaîne sur tout une niche économique. Révélée au grand jour, la chose fit grand bruit, pour finalement retomber dans l'oubli, remplacée sur les unes des journaux holotélévisés par d'autres évènements plus récents. L'employé fut renvoyé, mais réengagé dans l'une des petites filiales obscures et 'remercié' en petite coupures par les réalisateurs d'une entourloupe financière de dimension galactique, qui l'avait corrompu pour leur rendre ce petit service. Un scandale qui fut étouffé avec une efficacité effrayante. Révolté par cette découverte, Voyl démissionna et rentra sur Muunilinst le jour suivant. Lors d'une séance ouverte de l'assemblée générale du CBI, Voyl Clawback prit la parole et vida son sac sur les membres de l'administration et les grands décideurs, non sans prendre des gants dans la forme. Il évoqua le scandale des banques d'Aargau mais tut le noms des responsables, qu'il connaissait pourtant. Une sécurité qu'il préférait garder, ne sachant pas si les hors-monde comptaient des alliés parmi les associés présents à ce sommet. Son intervention provoqua l'indignation du gouvernement muun et des dirigeants du Clan Bancaire, qui jouaient leur réputation et leur honneur de créancier galactique.

Une enquête allait être diligentée pour trouver les têtes pensantes du complot et mettre à jour tout un système destiné à couler les uns pour enrichir impunément les autres. Cependant, le Clan voulut que ces règlements de compte restent le plus possible en interne, ce genre de révélations pouvant déstabiliser les marchés de façon intempestive et regrettable. La Chancellerie fut mise au courant, sous couvert du secret d'état.

Un coup de balais aux airs de purge qui fit trembler toute la structure interne jusqu'aux plus obscures filiales, ou chacun, durant le passage de la tempête, ne craint que sa tête ne vola pour quelque obscure dénonciation. Voyl s'était volontairement exposé lors de son allocution, sous le regard stupéfait de son père et de ses proches parents. Mais il ne regrettait rien. Si ses anciens collègues de la Banque d'Aargau eurent des sentiments bien ambigus à son égard lorsque le bruit leur parvint, Clawback n'en eut cure. Et si cette attitude sans concession le fit renier par bien de ses anciens « amis » hors-monde, elle lui attira néanmoins la sympathie de plusieurs officiels de Muunilinst, et le regard approbateur des dirigeants du Clan. Les scandales étaient rares, pour une bonne raison : ils n'étaient pas tolérés, ni par leurs causes, ni par leurs conséquences. Aucun système n'était parfait, mais les muuns entendaient bien viser l'amélioration continue du leur. Même exposé comme il l'était, Voyl prit alors pleinement conscience du pouvoir qui était le sien, et qu'il pouvait, le cas échéant, mettre bien du monde en porte-à-faux. Ironiquement, il lui fallut se retrouver à la rue pour étendre considérablement son aura personnelle.

Ayant lui-même claqué la porte de la Banque d'Aargau, Voyl se retrouva temporairement sans emploi. Une période qui vit son père taper du poing sur la table pour la première fois de sa vie : non pas pour le réprimander d'une quelconque manière, mais pour arguer à l'un de ses anciens subalternes désormais cadre dirigeant qu'il ne pouvait décemment pas refuser à son fils une chance à la hauteur de son acte héroïque. Un mot qui fit réellement rire Voyl. Son père était l'un de ces banquiers à l'ancienne qui n'avait guère quitté Muunilinst qu'une dizaine de fois en tout et pour tout. La réalité des banques hors-monde lui échappait parfois quelque peu. Mais la réaction ne se fit pas attendre : on fit remonter son dossier extrait des archives aargaunes jusqu'au département des ressources salariales du CBI, où il passa avec une rapidité suspecte d'une pile à une autre. Il n'avait pas à rougir de son actif, non, mais les procédures se trouvèrent bien raccourcies malgré tout.
Une proposition plutôt déroutante lui fut faite : le poste d'un sous-directeur du département du Trésor, compromis avec les comploteurs d'Aargau et dont l'administration souhaitait se débarrasser. Une promotion au goût d’opportunisme qui ne passa pas inaperçue, mais dont l'ancien ingénieur sut très bien tirer profit. À ceci près qu'une tentative d'assassinat fut déjouée de justesse par les services de sécurité, quelques semaines après son entrée en fonction. Même si l'hypothèse de la vengeance ne faisait que peu de doutes, elle ne fut jamais évoquée officiellement, et Voyl lui-même veilla à ce que l'affaire soit étouffée pour ne pas faire boule de neige. Il avait alors trente ans, à deux mois près.


Ses nouvelles responsabilités envoyèrent Voyl sur la glaciale Scipio, où il fit la connaissance de celui qui deviendrait plus tard son aide et associé en affaire, Hex Reshord, alors simple employé du trésor. Il eut à charge de refondre en partie les flux d'informations des différents pôles financiers de la planète en vue de leur optimisation. Une tâche qui lui prit plus d'un an : un an durant lequel il ne sortit pas la tête de l'eau, pour parvenir à boucler tout le plan d'action dans les temps impartis. Une année éprouvante dans un environnement autrement plus hostile qu'Aargau, mais dont il sortit grandi encore une fois.

Désormais assis dans un fauteuil déjà bien plus aux mesures de ses ambitions, Voyl Clawback put, à l'issue de son premier succès, s'atteler à une partie non négligeable de ses plans personnels, visant à reprendre à son compte l'héritage des Clawback et tout ce que cela représentait. Un empire financier auquel il voulait, aujourd'hui à la trentaine flamboyante, ajouter ses propres pierres, qu'il ne devrait à aucun des noms inscrits dans l'immense arbre généalogique. Quelque chose de grand lui appartenant en propre, et non plus bricolé dans l'ombre de Dan Clawback. Il savait que cela prendrait du temps, que le travail serait à gérer en plus, mais il savait aussi que toute montagne devait être gravie en commençant par le bas. C'est pourquoi, durant les années suivantes, Clawback investit de façon parcimonieuse et judicieuse, prenant au passage une place importante dans les graphiques camemberts des principaux actionnaires de plusieurs entreprises présentes dans le Bras de Tingel.
Depuis Scipio et le poste de sous-direction, ses attributions au sein du département du Trésor furent un excellent moyen de gérer ses affaires en parallèle de celles qui lui étaient confiées. La refonte effectuée des années auparavant donna pleine satisfaction après plusieurs retouches qu'il opéra avec l'aval de son supérieur. Des gains de temps et de sûreté très appréciés, dont Voyl fut lui-même bénéficiaire, puisque présent sur Scipio durant une dizaine d'années, il utilisa son propre système au quotidien. Des années de services moins éprouvantes en termes de quantité de travail, mais beaucoup plus en termes de déplacement : les navettes incessantes pour le débat des politiques à mener, des directives à appliquer, et tout un chafouin administrato-bureaucratique dont les muuns avaient le secret. Car si les affaires courantes pouvaient aisément se régler via une holocommunication, les dossiers sensibles, depuis toujours, étaient traités de vive voix, à l'abri de toute forme d'espionnage organique ou cybernétique.

En l'an -3500, à 42 ans bien sonnés, il se lança dans un projet qu'il avait longtemps mûri, sans trouver le temps de le concrétiser : la création d'un cabinet de conseil financier pour les entreprises et corporations. Son affaire mit plusieurs années à démarrer, et ce fut son père qui, depuis Muunilinst, dut fournir les fonds nécessaires à la survie de la petite société le temps que Voyl s'entoure efficacement pour faire tourner son affaire. Après plus de cinq ans de chaos, la société Clawback Expertise passa enfin au statut d'entreprise profitable, et les bénéfices engrangés par cette activité permirent à Voyl d'asseoir sa position au sein du CBI en faisant profiter les siens de son succès, par le biais de son statut d'associé. Et, en tant qu'employé, il fut ainsi promu sous-directeur du département des Communications du CBI. Une montée en grade qui lui permis, entre autre, d'élargir considérablement son cercle d'influence, certains n'hésitant pas à vanter pour lui ses anciens succès d'ingénieur pour justifier sa nomination : il connaissait mieux que d'autres son affaire. Le fait était que Voyl inspirait le respect à ses subordonnés en leur faisant partager son expérience et ses connaissances dans des domaines annexes, sans fioritures ni condescendance, donnant un relief nouveau aux problématiques qu'ils avaient à traiter chaque jour d'une année standard. En revanche, sa recherche permanente d'efficacité et sa rudesse le firent passer pour impérieux et peu aimable. Quand on travaillait sous ses ordres, mieux valait être prêt à tout donner sans concession, et si possible, être doué dans son domaine, sous peine de se faire malmener souvent.

En -3494 AV.Y, Voyl Clawback était nommé, par le vote du Conseil dirigeant du CBI, au poste de vice-directeur du département des Communications, le poste de directeur revenant en réalité au directeur général du CBI lui-même. Il était alors en chemin pour les plus hauts sommets, sans vraiment savoir ce qui l'attendait au bout. Certainement pas l'accomplissement dont il rêvait. Il revint vivre sur Muunilinst ce temps-là, l'une des dernières fois où il aurait l'occasion de parler avec ses vieux parents, sa seule famille en cet univers, avant plus d'une décennie. Son nouveau poste lui offrait plus de responsabilités que jamais, et Voyl n'eut alors définitivement plus de temps pour lui. Toujours enfermé dans sa solitude, il voyait en ce travail écrasant une sorte de voie spirituelle, à tel point que ses plus proches conseillers en venaient à le mettre en garde contre ses propres excès. Des conseils auxquels il restait sourd.

Alors que Voyl allait sur sa quarante-neuvième année, le porte-parole du CBI sur Coruscant, un certain Fen Gister, démissionna à l'âge honorable de quatre-vingt-quatorze ans, après plus d'une trentaine d'années de bons et loyaux services, pour se retirer sur leur planète lointaine. Le gouvernement muun envoya l'un de ses ambassadeurs assurer la transition auprès du gouvernement galactique, alors que les pourparler pour la désignation d'un nouveau représentant s’entamaient sur Muunilinst.

Après une nuit entière de débats internes du bureau dirigeant, il fut décidé que Voyl serait le nouveau représentant du CBI sur Coruscant, en gage de la confiance que les administrateurs et le gouvernement muun avait en lui, ainsi qu'en gratification de sa brillante carrière jusque-là. Cette double casquette n'allait pas sans contraintes, et Voyl savait que désormais, il allait mettre les pieds en terrain miné. Mais pour les carriéristes, rien n'est trop grand, trop complexe, et le financier faisait passer sa santé et sa vie loin derrière ces perspectives de grandeur. Une semaine à peine après cette nomination et les célébrations qui s'en suivirent, Clawback s'envolait pour le monde-capitale, où il devait y prendre ses nouvelles fonctions, héritant de l'ancien bureau de son prédécesseur et des offices rattachés. La découverte du monde-capitale fut un grand moment d'anthologie, tant le paysage urbain tranchait avec tout ce qu'il avait connu jusqu'alors. Il prit ses quartiers dans l'immense tour du CBI située à quelques minutes de vol de là, surplombant les cossus bâtiments de la Banque Intergalactique, sous très haute surveillance. L'effervescence y régnait en permanence, et il n'était pas une heure du jour ou de la nuit sans qu'un vaisseau ou un taxi aérien ne passe devant les vitres polarisées de ses appartements.

Voyl Clawback était une figure vaguement connue du monde de la finance, mais peu de politiques lui octroyaient crédit. Cependant, sa nature peu conciliante avec les manières usitées et son caractère rigide lui valurent d'être remarqué par certains autres orateurs gravitant autour du pouvoir, qui apprirent par là même sa position au sein du CBI. On tenta alors de s'en faire un allié, de le corrompre, de le rabaisser de par sa 'jeunesse' au sein du milieu politique conruscanti. Ce à quoi le muun réagit en bon banquier qu'il était : signez-là d'abord, nous verrons le reste après. Et de retourner certains pièges contre leurs auteurs, trop naïfs ou orgueilleux de le penser si peu malin. Après quelques coups du genre et quelques saisies pour surendettement auprès de ses débiteurs, le porte-parole Voyl Clawback n'était plus pris à la légère, mais savait garder sa place. Ses interventions publiques étaient rares, et de fait, toujours en lien strict avec ses attributions, et non sans avoir consulter l'avis de ses pairs auparavant. Une nouvelle vie, qui fut un temps moins trépidante que l'ancienne, bénéficiant désormais d'une délégation pour l'aider dans ses tâches. Un temps, tout du moins. Très vite, ce fut la situation même de la République qui fit prendre un virage serré à toute la gente politique.

Sur Coruscant, bien qu'il mena le train de vie d'un sénateur, Voyl ne fit jamais parler de lui dans la presse, contrairement à bien d'autres qui, il fallait croire, aimaient à étaler leurs 'exploits' -très peu enviés – dans les colonnes des journaux à scandale. Il croisa une foule incalculable de personnes plus ou moins influentes, dont les réactions ne variaient guère. Soit ils se méfiaient de lui, soit tentaient d'en faire un 'ami', capable bien sûr de leur octroyer quelque financement sous le manteau ou de fermer les yeux sur certaines irrégularités. Pour cette raison, Clawback préféra ne pas évoquer son poste de vice-directeur au sein du Clan, se contentant de se présenter aux nouveaux arrivés comme simple émissaire à la botte du cerveau des banques. Un stratagème qui lui permettait de gagner en général quelques jours de tranquillité, avant qu'un autre représentant quelconque ne vende la mèche. Il entra pour la première fois sur un plateau télévisé la même année, découvrant un monde jouxtant celui du pouvoir et non pas moins glauque. Ses allocutions concernaient uniquement les prises de position du Clan vis à vis de telle ou telle réforme, les sentiments ou avis des dirigeants quant aux situations actuelles... Un exercice périlleux que de répondre aux questions, si peu impartiales et aux tournures alambiquées, des journalistes entraînés à vous faire dire ce que vous ne pensiez pas. La quantité de trajets à travers l'espace augmenta également de façon considérable.

Puis ce fut Artorias, et la révélation d'un ennemi terrifiant venu du fond des âges : l'Empire Sith, que, bizarrement, tous pensaient éteint depuis des siècles. Le massacre d'Artorias fut un choc pour toute la population civile. Beaucoup moins pour ceux qui les dirigeaient, de très très loin, dans leurs bureaux rutilants. Les morts ? Des chiffres sur les holoécrans, pour les trois quart des animaux politiques.

Alors que la République et le nouvel Empire Sith se faisaient face, le gouvernement galactique battait de l'aile, plombé en interne par les dissensions énormes entre ses membres. Les rumeurs allaient bon train dans les couloirs du sénat et dans les rues de Coruscant. Autant de remaniement en si peu de temps, on avait jamais vu ça ! Le nouveau gouvernement fut formé, et une suite de bouleversements allaient s'en suivre : à la majorité, le Sénat vota la nationalisation des plus grandes entreprises de l'espace républicain, en prévision d'un effort de guerre et de l'union sacrée face à un ennemi commun.
Ce fut, pour Voyl, l'une des périodes les plus éprouvantes de sa vie. En tant que porte-parole et vice-directeur prenant par aux décisions, il faisait la navette entre les cadres du CBI et les membres du gouvernement pour discuter des nouvelles directives que la Chancellerie, désormais aux manettes des banques nationalisées, souhaitaient vouloir mettre en place le plus rapidement possible.
Les premiers souhaitant préserver les intérêts de leur groupe millénaire, l'autre ayant en ligne de mire le financement de ses nouvelles réformes et l'effort de guerre. Les pourparler étaient souvent interminables, mais la stabilité économique dont rêvait la République était à ce prix. Les actionnaires privés n'avaient pas vu d'un bon œil la main mise forcée de la République sur une organisation volontairement neutre. Certains, même s'ils ne l'avouaient pas en public, crachaient déjà sur ces mesures qui allaient les empêcher de faire affaire avec l'Empire Sith, et donc les obliger à se couper d'une source de revenus potentiellement très intéressante.

Dans son nouveau bureau coruscanti, sur l'une des lointaines tours surplombant le quartier des Finances, Clawback enchaînaient les réunions, les communications de droite et de gauche pour centraliser les informations et les retransmettre à qui de droit, le tout en assurant ses prises de décision en tant que vice-directeur du département des Communications, job envahissant s'il en était, et ses diverses affaires de par les mondes. Et, fatalement, le rythme infernal qu'il s'imposait pour tenir le rang finit par lui être préjudiciable. On le retrouva inconscient, effondré sur une pile de dossiers à son bureau, après avoir passé plus de quarante huit heures sans dormir. Ce qui équivalait à plus de deux grammes et demi d'alcool dans le sang. L'émissaire fut prié de prendre du repos, à son grand désarroi, et fut remplacé durant ce temps par son second, Hex Reshord, qui continua cependant de faire des rapports réguliers à son supérieur en sous-main.

Mais, même à l'âge de 56 ans, le financier devenu orateur était loin d'avoir tout vu.

--

« Monsieur le vice-directeur, le salua respectueusement la figurine immatérielle du correspondant, j'ai... de mauvaises nouvelles à vous annoncer, hélas.

-Le contraire eut été étonnant, soupira Voyl d'un air las. Allez-y donc... »

L'hologramme baissa les yeux un instant muet, cherchant visiblement ses mots.

« Eh bien quoi ? Parlez ! Asséna-t-il en posant sa tasse sur le métal poli de la table. »

L'hologramme parut inspirer profondément avant de déclarer, d'un ton égal :

« La République envisage de placer Aargau sous blocus jusqu'à nouvel ordre. »

Il s'en fallut de peu que Voyl Clawback ne trépasse d'avoir avaler son café de travers.

« QUOI ?! »

L'exclamation s'entendit bien au-delà des lourdes portes et les employés présents dans les couloirs tournèrent machinalement la tête en direction du bruit. Il toussa si fort qu'il fut obligé de se baisser pour ne pas éclabousser le comlink.

« C'est une plaisanterie ?! Hoqueta-t-il, horrifié,

-Pas le moins du monde, monsieur le vice-directeur. Les marchés sont en train de s'écrouler en ce moment même et certaines de nos officines sont d'ores et déjà en difficulté. Nous devons craindre un crash boursier si rien n'est fait pour rassurer les investisseurs quant à la situation sur Aargau et cette soi-disant base sith.

-La Chancellerie n'a rien communiqué à ce sujet ?

-Depuis les révélations de Lord Janos en direct, monsieur, tous les réseaux sont saturés. Tous les gouvernements ont rallié Coruscant pour avoir de plus amples explications. Le Noyau s'affole : nous avons peut-être une base militaire prête à attaquer sur Aargau ! Autant dire directement sur Coruscant. C'est la panique générale, ici.

-Il ne manquait plus que ça... »

Il se passa une main sur le visage, atterré. Ces fous furieux de politiciens, embarqués dans leurs petites vengeances et quêtes de pouvoir, allaient mettre tout un système économique sur les dents. Maudits soient-ils.
Lord Janos, ou Darth Deinos, on ne savait plus trop bien. Quelle importance ? Un dégénéré comme un autre qui allait, par ses manigances et ses déclarations enflammées, faire sauter la locomotive qui avait déjà tant de mal à redémarrer après Artorias.

« Contactez immédiatement les cabinets du ministère de la Défense et de l'Economie. Nous devons savoir de quoi il retourne, c'est primordial. Si le blocus prend effet avant que nous n'ayons pris les dispositions nécessaires ...

-Je vois bien, monsieur le vice-directeur.

-Il ne restera pas grand chose à voir, si vous voulez mon avis. »

Et il mit fin à la communication d'un geste rageur. Et la cafetière était vide. Il ne pouvait y avoir pire façon de commencer une journée.

--

L'agitation n'avait pas cessé les jours suivants. Le procès de Côme Janos était au centre de toutes les attentions et la presse de caniveau s'en donnait à cœur joie. D'un autre côté, l'attention s'était braquée sur Aargau et son pôle nord, les rumeurs les plus folles faisant tourner la presse à plein régime alors que le gouvernement mettait son action en place. Voyl avait tout fait pour se tenir loin de cette agitation malsaine, mais hélas, avec sa charge de représentant, c'était chose bien ardue. Voire impossible. Il enviait ainsi ceux qui, rappelés sous des cieux plus cléments, avaient rejoints leurs locaux sur Muunilinst après l'annonce d'un nouveau remaniement. Lui restait, pour prendre note, communiquer et donner les réponses en retour, un travail sempiternel qui donnait une vague impression de futilité, alors même que ses travaux avaient toujours constitué sa plus grande source de satisfaction. La seule, même. Si bien qu'il en venait à haïr Coruscant et sa fange politico-médiatique.

Mais les rebondissements n'étaient pas terminé, et il fallut à Voyl une overdose de somnifères pour trouver enfin un semblant de paix dans tout ce délire. Trois jours passés en purge dans l'une des cliniques de la planète-capitale furent nécessaire à son rétablissement, trois jours en moins à supporter ce chaos indicible. Valérion Scalia, Chancelier Suprême, avait été assassiné en direct lors d'une intervention médiatique. Un électrochoc. Après les yeux de Janos, la tête de Scalia. La liste noire s'allongeait, et Voyl ne cherchait même plus à défendre les valeurs d'une République qui n'était plus que l'ombre d'elle-même. Dans un délire insomniaque, il en venait à espérer que l'Empire les balayent, nettoyant sans pitié ces pauvres ères incapables de se respecter eux-mêmes et sabordant joyeusement leur propre bateau.

À peine le deuil interstellaire commencé, un projet de loi portant même le nom du défunt chancelier pour le symbole, qu'un autre coup terrible frappait la République au cœur, comme pour prouver qu'il n'y avait jamais deux sans trois. Un attentat d'une rare violence avait décimé la famille du sénateur corellien, à peine ce dernier relégué au second plan par le dernier remaniement de Scalia. Et le concerné n'avait pas vécu assez longtemps pour que l'on puisse éclaircir toutes ces histoires.

Ion Keyiën était mort. Comment ? Les journaux holotélévisés répétaient en boucle « qu'ils n'avaient encore aucun élément sur cette affaire ». Mais quelque ait été le comment, le résultat était là : une nouvelle mort venait endeuiller la République déjà sur les rotules, et le petit monde des puissants commençait à s'agiter nerveusement. A qui le tour...? Le prochain désigné sur la liste ? Le monde devenait fou.

Voyl Clawback, pour sa part, était plus furieux que contrit, et ne cachait pas l'énervement que lui procuraient ces faux pleurs à longueur de journée, autour de lui comme sur les écrans. Ces coups d'éclats, remaniements incessants et tours et détours n'étaient pas gage de stabilité, bien au contraire ! Ion Keyiën et Valérion Scalia étaient morts. Certes.

La galaxie n'allait pas s'arrêter de tourner pour si peu.
Il était temps de remettre de l'ordre dans toute cette chienlit.
Invité
Anonymous
résumée de la modération

Ragda a écrit:Bonsoir et bienvenue Voyl,

Tout d'abord, merci pour ta patience. Comme tu as pu le voir, nous avons eu quelques difficultés ces derniers temps pour modérer les fiches d'inscriptions. Pour nous faire pardonner, j'ai passé plus de deux heures à lire ta fiche et à faire des remarques Very Happy Du coup, tu vas prendre peur quand tu vas voir la taille du post... Mais rassure toi, il n'y a rien de fondamental !

Je voulais d'ailleurs, en préambule, te dire que je trouve ta fiche très intéressante, vraiment très bien écrite. Ce qui va suivre est une série de remarques/questions te demanderont quelques modifications/précisions pour que ta fiche soit validée. Comme tu demandes un poste à haut responsabilité, j'ai un peu chipoté Wink


1) Tu écris dans les points forts (loyal et honnête) : « Pour eux, tricher est une opprobre, car les mauvais coups en matière de finance sont susceptibles de faire s'effondrer la totalité du système économique galactique dont ils sont quasiment entièrement responsables »

A l'époque de notre forum, et dans notre contexte, bien que le CBI soit un des conglomérats banquiers majeurs de la galaxie, il n'est absolument pas responsable de la quasi totalité du système économique. Dans les secteurs proches de Muunilint, ok, pas de problème, qu'il s'agisse de mondes Républicains ou neutres. Du coup il faut modifier ce passage pour le rendre plus "raisonnable".


2) Dans l'histoire : « Rien ne pressait, en effet, puisqu'il ne se décida que cinq ans plus tard pour une carrière dans l'ingénierie du traitement du signal, un domaine primordial dans nombre de secteurs sensibles. Les offres de travail ne manquaient pas, surtout pas pour un jeune qui avait passé haut la main tous les tests que le gouvernement planétaire faisait passer aux jeunes pour déterminer leurs capacités et compétences. À l'âge où ailleurs, les autres jeunes aliens jouaient dans une cours de récréation, où les padawans suivaient des cours sur la confiance en soi, Voyl produisait sa première thèse sur les interférences en milieu supraluminique. »

La manière dont est tourné le texte fait pensé qu'il a obtenu sa première thèse à l'age de douze ans (7+5). Ce qui me semble quand même extrêmement précoce, même pour une personne surdouée. A modifier ou à reformuler.


3) « Il fut, à dix-huit ans, l'un des plus jeunes associés admis au sein du Clan Bancaire Intergalactique, dont il n'allait cesser de grimper les échelons toute sa vie durant, non sans effort. » Peux-tu préciser un peu la manière dont il devient associé. C'est son père qui investi l'argent familial pour ? Quel sentiment en tire-t-il ? Quel rapport avec les autres associés à ce moment là ?


4) Son arrivée sur Aargau : Il n'a jamais quitté son monde, il doit être un peu perdu... Mais on ne ressent pas ça à la lecture. Peut-être s'est-il noyé dans le travail pour fuir des relations sociales qu'il ne comprenait pas, ce qui explique sa réussite malgré le dépaysement ? Quelles relations a-t-il avec ses collègues ? D'autant que sa place pue le piston.


5) Ton personnage va dénoncer au CBI le scandale de la banque d'Aargau... J'ai l'impression que tu considères les banques d'Aargau comme une filiale du CBI ? Ce n'est pas le cas sur le forum, ces banques, propriétés nationales d'Aargau avant Scalia, appartiennent à un conglomérats de banques du noyau, qui n'ont rien à voir avec le CBI. Du coup il faut revoir ça. Le CBI peut très bien avoir une filiale implémentée sur Aargau oui, mais pas posséder les banques d'Aargau. A préciser donc.

Du coup, cette remarque rend certains éléments de ton histoire illogiques ou flous. Notamment la manière dont il devient sous-directeur. Il va falloir retravailler ce passage, et aussi plus détailler la manière dont il arrive à occuper un poste à si haute responsabilité, alors qu'il n'était qu'un associé, et un petit employé, expatrié sur un monde lointain pendant des années. Ok, il dénonce des magouilles, mais cela lui donne-t-il pour autant la légitimité et les compétences pour être placé à ce poste aussi rapidement ? Piston, piston ? Wink


6) « Ses nouvelles responsabilités envoyèrent Voyl sur la glaciale Scipio, où il fit la connaissance de celui qui deviendrait plus tard son aide et associé en affaire, Hex Reshord, alors simple employé du trésor. Il eut à charge de refondre en partie les flux d'informations des différents pôles financiers de la planète en vue de leur optimisation. Une tâche qui lui prit plus d'un an, mais dont il sortit grandi encore une fois, prenant au passage une place importante dans les graphiques camemberts des principaux actionnaires de plusieurs entreprises présentes dans le Bras de Tingel. »

Ce passage est pour moi un peu obscur. Ok, dans le cadre de ses fonctions de sous-directeur, il manage cette refonde des flux. Etait-il présent à 100% du temps sur ce monde, est-ce son seul dossier ?

Il profite de cette mission pour devenir actionnaire dans plusieurs sociétés ? D'où sort-il l'argent pour un tel investissement ? Celui-ci vient-il de la fortune familiale, et donc de son père ? Pourquoi devenir actionnaire de ces entreprises, on ne comprend pas ses motivations à ce moment là ?


7) « Après plus de cinq ans de chaos, la société Clawback Expertise passa enfin au statut d'entreprise profitable, et les bénéfices engrangés par cette activité permirent à Voyl d'asseoir sa position au sein du CBI en faisant profiter les siens de son succès, par le biais de son statut d'associé. »

Par cette phrase tu veux dire que ton personnage réinjecte ses profits personnels dans le CBI ? (Je ne suis pas sur d'avoir compris).


8 ) « En -3494 AV.Y, Voyl Clawback était nommé, par le vote du Conseil dirigeant du CBI, au poste de vice-directeur du département des Communications, le poste de directeur revenant en réalité au directeur général du CBI lui-même. Il était alors en chemin pour les plus hauts sommets, sans vraiment savoir ce qui l'attendait au bout. Certainement pas l'accomplissement dont il rêvait. Il revint vivre sur Muunilinst ce temps-là, l'une des dernières fois où il aurait l'occasion de parler avec ses vieux parents, sa seule famille en cet univers, avant plus d'une décennie. »

Il était où s'il n'était pas sur Muunilinst ? Sur Scipio ? Ça me paraît étrange qu'il ait pu monter aussi rapidement en étant aussi éloigné du siège et des gueguerres d'influences qu'il s'y déroulent. Ce qui revient à la question 6) sur le temps qu'il passe effectivement sur Scipio. J'imagine qu'il fait régulièrement des aller-retours, ne serait-ce que pour rendre des comptes à sa direction... Mais ça serait tip top de le préciser Wink

Bonne lecture et bon courage pour la correction !

Voyl a écrit:Bonjour Ragda, et merci pour cette correction fort complète !

J'avoue avoir rarement eu autant à lire, et c'est avec plaisir que je me prête à l'exercice, en espérant être à la hauteur tout du moins. Very Happy
Petite précision : j'ai proposé des modifications point par point dans ce post, mais ne sachant pas s'ils conviendront, je n'ai rien modifié directement dans la fiche. Je n'ai donc rien retouché plus haut, tout est dans ce qui suit : les modifications proposées sont en citation. Les passages en sombre sont une recopie de ton post précédent pour avoir la référence sous le coude.

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1) Tu écris dans les points forts (loyal et honnête) : « Pour eux, tricher est une opprobre, car les mauvais coups en matière de finance sont susceptibles de faire s'effondrer la totalité du système économique galactique dont ils sont quasiment entièrement responsables »

A l'époque de notre forum, et dans notre contexte, bien que le CBI soit un des conglomérats banquiers majeurs de la galaxie, il n'est absolument pas responsable de la quasi totalité du système économique. Dans les secteurs proches de Muunilint, ok, pas de problème, qu'il s'agisse de mondes Républicains ou neutres. Du coup il faut modifier ce passage pour le rendre plus "raisonnable".


Dans le passage qui est cité ici, il n'est pas question du CBI, mais de la responsabilité de Muunilinst en tant que gestionnaire monétaire, ce depuis la décision de la République Galactique de créer une devise unique, dont la réalisation leur a incombé à l'époque. Cela concerne le peuple muun dans son ensemble, la façon dont il perçoit la "mission" confiée par la république, et non le clan dans sa dimension d'entreprise. Pour palier à la confusion je précise qu'il s'agit du système monétaire républicain, certainement plus précis et plus exact.


Pour eux, tricher est une opprobre, car les mauvais coups en matière de finance sont susceptibles de faire s'effondrer la totalité du système économique galactique. En tant que gestionnaire monétaire républicain et principale plateforme de change, la réputation et la place du peuple de Muunilinst n'auraient pas survécu à telle catastrophe.



2) Dans l'histoire : « Rien ne pressait, en effet, puisqu'il ne se décida que cinq ans plus tard pour une carrière dans l'ingénierie du traitement du signal, un domaine primordial dans nombre de secteurs sensibles. Les offres de travail ne manquaient pas, surtout pas pour un jeune qui avait passé haut la main tous les tests que le gouvernement planétaire faisait passer aux jeunes pour déterminer leurs capacités et compétences. À l'âge où ailleurs, les autres jeunes aliens jouaient dans une cours de récréation, où les padawans suivaient des cours sur la confiance en soi, Voyl produisait sa première thèse sur les interférences en milieu supraluminique. »

La manière dont est tourné le texte fait pensé qu'il a obtenu sa première thèse à l'age de douze ans (7+5). Ce qui me semble quand même extrêmement précoce, même pour une personne surdouée. A modifier ou à reformuler.


La remarque avait été soulevée par Alyria en cb, et visiblement la phrase reste obscure. Donc non, il s'agit uniquement du choix de sa voie (un équivalent d'une orientation professionnelle dans un cursus scolaire) qu'il effectue à douze ans. Voici la reformulation que je propose :


Rien ne pressait, en effet, puisqu'il ne s'orienta que cinq ans plus tard, vers l'ingénierie du traitement du signal, un domaine primordial dans nombre de secteurs sensibles. Une voie d'étude à connotation scientifique qui exigeait une grande rigueur, qualité qu'il fit sienne pour le restant de ses jours. Les offres de travail ne manquaient pas, surtout pas pour un jeune qui avait passé haut la main tous les tests que le gouvernement planétaire faisait passer aux jeunes pour déterminer leurs capacités et compétences. Pour l'heure, ce choix reflétait surtout la fascination naïve de Voyl pour les mystères des systèmes informatiques et les concepts abstraits des chiffres et symboles. À l'âge où ailleurs, les autres jeunes aliens jouaient dans une cours de récréation, où les padawans suivaient des cours sur la confiance en soi, Voyl produisait sa première thèse sur les interférences en milieu supraluminique, un travail qui l'occuperait plusieurs années, et qui clôturerait finalement ses études à l'âge de dix-sept ans.


3)« Il fut, à dix-huit ans, l'un des plus jeunes associés admis au sein du Clan Bancaire Intergalactique, dont il n'allait cesser de grimper les échelons toute sa vie durant, non sans effort. » Peux-tu préciser un peu la manière dont il devient associé. C'est son père qui investi l'argent familial pour ? Quel sentiment en tire-t-il ? Quel rapport avec les autres associés à ce moment là ?


Modification du paragraphe concerné avec l'ajout d'un second :


Son entrée dans le hall du siège social du CBI se fit par la grande porte, au sens propre, un matin de l'an -3524 AV.Y. La veille, son père l'avait fait venir à son bureau, chose qui pour Voyl ne pouvait avoir qu'un seul sens : il s'agissait de discuter d'un sujet grave. Avec appréhension, il s'était rendu à ce rendez-vous dès sa sortie d'entretien, le troisième en une semaine, bien qu'il eut déjà une réponse positive de son premier contact. Dan avait alors fait asseoir son fils en face de lui, à la place du client, et lui avait posé toute une série de questions visant à s'assurer qu'il avait bien retenu ce que lui-même lui avait enseigné. Intimidé par l'attitude inhabituelle de son père, Voyl avait répondu tel un automate, jusqu'au moment où les questions prirent une tournure très différente : était-il conscient de ce que leur famille avait accompli depuis des siècles ? Dan expliqua alors à Voyl toute la responsabilité qui lui incombait en tant qu'unique héritier : la survie de leur fortune dépendait de ce que lui en ferait. Le nom des Clawback, leur influence et leur pouvoir tout autant. Voyl apprit ainsi que tout ce que son père s'était attaché à lui transmettre sur son travail de financier avait un but autre que celui de lui donner une simple culture générale. Dan avait d'ores et déjà parlementé avec les administrateurs : l'âge légal pour s'associer au capital sur un monde républicain était de dix huit ans révolus. Voyl pouvait – autrement dit, devait, s'il tenait à ne pas être renié – dès lors devenir un associé du Clan Bancaire Intergalactique, et entamer ce que lui-même avait entamé plus de cinquante ans plus tôt : participer de façon concrète au fonctionnement de cette formidable machine qu'était le CBI. C'était un pari osé, peu de jeunes entraient aussi tôt dans l'assemblée générale, mais cela s'était déjà vu, et Dan n'était pas avare d'orgueil en ce qui concernait son génial rejeton. Un poids énorme pour les frêles épaules de Voyl, qui, bien trop sage et formaté pour penser à malmener ce carcan, se contentait de se recroqueviller sur lui-même pour échapper à la sévérité d'un châtiment terrible s'il décevait par malheur ses aïeuls. Une peur qu'il oublierait vite en grandissant, pour intégrer ces dogmes sociaux comme règles morales tout à fait naturelles.
Dan transmit ainsi une première somme à Voyl sur son compte récemment ouvert, et laissa son fils opérer lui-même auprès des officiels du Clan pour acquérir le statut et les droits inhérents à son apport. Un exercice plutôt impressionnant pour le jeune qu'il était, et pour lequel il ne fut pas guidé par ses aînés. À peine bénéficia-t-il d'une indulgence compréhensive de la part de ceux qui le reçurent avec chaleur, dans leurs bureaux, en apprenant sa requête. Comme un jeune poulain titubant sur ses jambes trop longues, Voyl n'avait pas l'assurance et l'aplomb d'un homme d'affaire, mais son esprit fort rationnel lui permit cependant de se repérer dans le parcours qu'il lui fallait réaliser pour obtenir son Graal. L'apport se fit donc en toute transparence, et le fils Clawback ajouté à la liste séculaire des associés du CBI. Un geste fort envers les grandes dynasties de Muunilinst : la relève était assurée de leur côté, et pas à demi.

Ainsi, en ce matin-là, Voyl et son père entrèrent côte à côte par l'immense porte en marbre sombre. Le jeune muun, pris depuis des années par ses études dont il ne pouvait se passer, en avait oublié à quel point il détestait se retrouver en face de son cousin Lan, un véritable moulin à parole égocentrique qu'il n'avait plus revu – à son grand plaisir – depuis près de cinq ans. Qu'il ne manqua pas de croiser dès les premiers mètres. Un autre inconvénient d'être d'une vieille famille sur Muunilinst : être tenu en vase clos avec la même dizaine de tribus dont l'influence sur disputait sans cesse à la sienne. Devoir s'encarrer des heures durant les vieux comme les jeunes, le tout dans la plus grande politesse et bienséance, au risque d'être traité en paria. Un jeu de dame dont les règles étaient très strictes, mais non pas moins dangereuses. Car ici, perdre, signifiait irrémédiablement tout perdre. Cela, Voyl l'avait très vite compris.
Les Clawback firent donc le tour des autres associés présents, échangeant des banalités comme des réflexions bien moins triviales sur l'actualité galactique. Et Dan de présenter Voyl, droit comme un i, dont la rigidité quasi cadavérique était le seul indice visible de son appréhension. On lui servait tantôt des regards surpris, admiratifs parfois, moqueurs ou amusés, souvent. Mais sa présence ne choqua pas outre mesure : après tout, il était dans son droit, et il ne serait venu à l'esprit de personne de brider son ambition, dans une société où cette notion revêtait les attributs du sacré. Lorsque vint l'heure de la réunion de l'assemblée générale des associés, Voyl se retrouva au troisième rang d'un immense amphithéâtre de forme rectangulaire, au fond duquel était disposée une longue table holographique flanquée des sièges de la direction. Le jeune associé fit ainsi la connaissance des cinq figures de proues de leur gigantesque entreprise, dont les noms étaient connus jusque sur Coruscant. Bien fortuitement, son regard croisa celui de Tyen Vault, le directeur d'alors. À sa grande surprise, l'autre lui sourit, et Voyl fit de même, certainement plus par automatisme que par réelle volonté. Une fois toute la compagnie en place, la séance se déroula avec une discipline et une régularité qui aurait fait bailler plus d'une espèce alien. Mai les muuns n'aimaient rien de plus que le conventionnel, le normalisé, le bien rangé. Et les assemblées du CBI étaient un modèle du genre. Assommantes pour qui ne s'y était pas préparé. Voyl y eut donc un excellent aperçu des diverses décisions que prenaient les dirigeants, sur tous les plans. Peu se risquaient à faire de commentaires en privés, et les discours s'enchaînaient sans éclat de voix ou intervention intempestive, comme on en voyait dans beaucoup de reportages holotélévisés sur d'autres institutions. Et lorsque tous les points notoires furent abordés, la clôture de la séance se fit presque en silence. Bien entendu, Dan n'eut rien de plus pressé à faire que de poser une nouvelle série de question à Voyl alors qu'ils quittaient le quartier général, cette fois sur ce qu'il avait retenu de ce qui s'était dit. Se fichant comme d'une guigne que l'intéressé s'y soit plu ou non.





4)Son arrivée sur Aargau : Il n'a jamais quitté son monde, il doit être un peu perdu... Mais on ne ressent pas ça à la lecture. Peut-être s'est-il noyé dans le travail pour fuir des relations sociales qu'il ne comprenait pas, ce qui explique sa réussite malgré le dépaysement ? Quelles relations a-t-il avec ses collègues ? D'autant que sa place pue le piston.


J'ai opté pour l'ajout d'un passage rp, puisque je n'en avais que deux dans l'histoire, et qu'il m'est apparu que c'était là un bon moyen d'exposer les problèmes rencontrés et les sentiments du personnage vis à vis de ce changement radical d'environnement.


Il devait être près de sept heures du matin lorsqu'une navette contacta le spatioport de New Escrow. Une fois le contrôle terminé, le vaisseau reprit sa route pour amorcer son entrée dans l'atmosphère d'Aargau. A bord, Voyl pianotait presque machinalement sur son datapad, installé près de la vitre qui offrait un magnifique panorama, dont il ne profitait pourtant guère. De l'autre côté de la cabine, deux humains discutaient à voix basse, passant en revue plusieurs documents sur une large table holographique.

Au travers du haut-parleur, la voix du copilote leur annonça alors que l'atterrissage était imminent. Ils étaient priés de rejoindre leurs sièges et d'attacher leurs ceintures. Cet intermède mit fin au conciliabule et les trois employés débarquèrent sur la capitale d'Aargau quelques minutes plus tard. Il fut accueillit par un jeune employé au costume impeccable qui l'attendait à la sortie du vaisseau.

« Millian Belleville, se présenta son interlocuteur, je suis représentant commercial. Et pour l'occasion chargé de vous mener jusqu'à nos locaux. C'est monsieur Dervil qui m'a chargé de cette mission : il m'a informé du fait que vous êtes nouveau sur Aargau. N'hésitez pas à me solliciter si vous avez des questions, je tacherais d'y répondre au mieux. »

On dut passer une bonne dizaine de contrôles avant d'être autorisé à déambuler librement dans le spatioport. Les aargauns ne plaisantaient pas avec la sécurité, et contrairement à la grosse majorité des voyageurs qui pestaient de se voir ainsi retardés, Voyl se plia de bonne grâce au protocole. Il ne comprenait que trop bien l'importance de s'assurer qu'un mercenaire avisé ne puisse pas conserver d'arme ici et cela l'incitait subitement à faire confiance à ces autochtones en uniformes. Il suivit son guide au travers de l'énorme structure, dévisageant sans gêne de son éternel air morose les aliens inconnus qui croisaient sa route. Le spatioport comportait une galerie marchande et divers services attenant, et il fallut remonter un bon kilomètre à pied avant de parvenir dans le hall servant de gare à tous les véhicules urbains. N'écoutant que de loin les recommandations qui lui étaient données, Clawback marchait tête levée vers le plafond tout en courbes et en arcades.

« C'est du transparacier ? demanda-t-il alors à Belleville qui était en pleine explication sur le fonctionnement des transports en commun,

-De..? Ah, euh, oui. Une structure de verre pur ne serait certainement pas assez robuste pour soutenir un tel poids. Mais euh...vous avez entendu ce que...

-Hum, oui, oui, la numérotation des voies correspond à l'ordre d'importance des lieux desservis, répéta Voyl légèrement irrité, ainsi la voie une est celle reliant les artères principales et ainsi de suite. Somme toute très logique.

-Euh, oui, effectivement. »

Belleville lui jeta un regard anxieux, visiblement déstabilisé. Il abandonna finalement l'idée de reprendre son discours. Ils montèrent à bord de l'une des navettes publiques à répulsion qui quadrillaient le secteur. Leur transport s'engouffra sur l'une des longues voies aériennes qui surplombaient les voies piétonnes et les bâtiments les plus bas. A bord, ils étaient une dizaine, debout où sur les sièges alignés contre les parois. Voyl et son accompagnateur descendaient au prochain arrêt : ils restèrent donc debout près des portes. Le regard du jeune ingénieur se perdit sur les formes hétéroclites des bâtiments de New Escrow, baignés par un soleil matinal. Le style architectural n'était pas désagréable, résolument moderne et inspiré de la nature, très loin des imposantes façades à colonnes des bâtiments d'Harnaidan au style anachronique.

« Avez-vous déjà quitté Aargau ? Se risqua à demander Voyl au jeune homme,

-Oui, j'ai fait mes études sur Coruscant en réalité. J'aurais pu rester, mais les expériences à l'étranger sont toujours valorisées dans un CV.

-Et comment l'avez-vous vécu ? Je veux dire, Coruscant vous est-elle apparu différente ou... similaire à Aargau ?

-C'est difficile à dire. En fait, Coruscant n'est rien d'autre qu'une ville-planète... ou une planète-ville, tout dépend du point de vue... Je viens d'une petite ville au Sud d'ici, j'étais déjà venu à New Escrow plusieurs fois avant de partir. Pour moi, prendre un appartement sur Coruscant c'était au fond comme venir ici : plus de plaines, plus de lacs. Juste du permabéton, mais au fond ce n'était pas si différent. Juste beaucoup plus grand et beaucoup plus densément peuplé. »

La réponse parut satisfaire Clawback, qui se retourna à nouveau vers la vitre, songeur. Au fond, une ville ne restait-elle pas une ville ? Sauf que contrairement à Belleville, lui ne se trouvait pas parmi les siens. Les différences culturelles, si elles pouvaient ne pas être frappantes au premier coup d'œil, existait bel et bien, et Voyl les redoutait. Il n'avait pas besoin de cela en plus du reste : se faire une place dans la hiérarchie de sa nouvelle entreprise allait le mobiliser un bon moment.
La navette ralentit en une longue plainte qui se termina dans les infrasons. Les portes automatiques s'ouvrirent à la volée et le binôme en descendit d'un pas alerte. Devant eux se dressait le quartier général de la Banque d'Aargau sur Aargau même. Une construction aussi haute à son sommet que large à sa base : les commanditaires n'avaient pas lésiné sur les moyens pour défier la concurrence. Belleville le conduisit jusqu'au bureau du standard, où il lui fit ses adieux et lui souhaita bonne chance sans fioriture. Gauchement, Voyl fit de même, sans vraiment savoir si le représentant était sincère ou se contentait des formules d'usage. Le nouvel arrivant se présenta donc, déclinant son identité et la raison de sa présence. On lui indiqua, après lui avoir souhaité une bienvenue de centre commercial, que monsieur Dervil, son responsable, était actuellement en réunion au dixième étage, que celle-ci prenait fin dans dix petites minutes et que s'il se dépêchait, il parviendrait certainement à le rejoindre avant la pause. Un plan détaillé des bâtiments se trouvait à leur droite.

Finalement, après avoir suivi les panneaux colorés au travers des couloirs feutrés et autres aerolifts miroitants, il finit par atterrir dans un vaste open space où une secrétaire lui indiqua un homme de dos, discutant avec ardeur face à la baie vitrée. D'un pas presque militaire, le nouvel arrivant se dirigea vers celui qui lui avait été présenté comme son supérieur direct.

« Et c'est à ce moment là que la balle a dévié ! T'aurais vu ce vacarme dans le stade ! Ahah ! Perso j'étais mort de rire, mais...

-Monsieur John Dervil ? interrogea une voix nasillarde dans le dos de l'humain,

-Oui ! Lui-même ! déclara le bonhomme en faisant volte-face avec un air jovial en cherchant son interlocuteur du regard. »

Ses yeux remontèrent rapidement vers le sommet d'une silhouette qui le surplombait sans mal. Un muun relativement jeune, avec l'air de celui qui n'attend plus rien de personne, le regardait fixement sans l'ombre d'un sourire, un datapad sous le bras. Dervil eut un moment de flottement, avant d'afficher l'un de ces sourires de publicitaire toujours un peu figé et jamais totalement sincère.

« Ah ! Pardonnez-moi, je ne vous avais pas vu, s'exclama-t-il en réajustant machinalement sa cravate, vous devez certainement être... le...le nouvel ingénieur engagé par la Banque ?

-En effet, répondit Clawback sans lâcher Dervil des yeux, j'ai reçu le poste il y a deux semaines, je suis parti dès que mon affectation m'a été communiquée. Il était convenu que mon arrivée soit ici-même à dix heures précises, mais nous avons été retardés au spatioport.

-Bah bah bah. On connait tous ça, les spatioports ! Aucun problème ! Ravi de faire votre connaissance, monsieur...?

-Clawback. Voyl Clawback, fit-il d'un ton morne en acceptant sans empressement la poignée de main.

-Ah ! Mais oui ! Suis-je bête ! Vous êtes le fils de Dan Clawback ? J'ai compris dès que j'ai vu votre dossier. En même temps, des Clawbacks il n'y en a pas dix mille dans la galaxie, hein ? Comment va-t-il d'ailleurs, ce cher Dan ?

-Bien aux dernières nouvelles.

-Merveilleux ! Passez-lui le bonjour de ma part, à l'occasion... Bon, je suppose que l'on vous a largué dans la fourmilière sans parachute ? On est un peu en surchauffe en ce moment. Excusez la direction pour cet accueil déplorable. Mais, je parle, je parle, il serait peut-être temps d'agir ! Direction le bureau du DRH pour les formalités, ce serait fait. Seb, on se revoit demain à la réunion de dix heure, dit-il en aparté à son collègue laissé en plan derrière. »

Le responsable l'invita à le suivre, entamant ce genre de conversation longue et ennuyeuse à propos de comment pouvait bien s'être déroulé un voyage que l'on avait déjà oublié, ou du temps qu'il allait faire demain, alors que l'on se trouvait à l'intérieur les trois quart du jour. Voyl ne l'écouta que d'une oreille, occupé à détailler ce qui l'entourait.

« Une cigarette ? proposa Dervil alors qu'ils s'engouffraient dans un ascenseur vide,

-Non merci. Je ne fume pas, refusa poliment Clawback sans regarder l'homme. »

Dervil se racla la gorge, tentant de cacher sa gêne face au peu d'enthousiasme dont faisait preuve son nouveau cadre. Peut-être avait-il passé une journée abdominale, hein ? Ils n'étaient pas des machines, malgré tout. S'il arrivait à le dérider, il aurait certainement gagné sa journée ! On avait pas idée d'être aussi sérieux à un âge pareil...

Voyl de son côté préférait largement contempler les systèmes de sécurité, les mécanismes divers mis en place pour faciliter la vie des employés ou simplement le décorum. Aargau était une belle planète, lui avait-on assuré. En dehors des mégalopoles telles que celle-ci, la nature y était grandement préservée, et la vie très agréable. Ici, les humains étaient largement en supériorité numérique, et il se trouvait déboussolé de naviguer dans une foule où aucun ne dépassait ses épaules. De temps à autre, il croisait au large l'un de ses pairs, tentant d'accrocher leur regard pour y lire dieu savait quelle information utile à sa survie dans ce milieu si éloigné de ses habitudes. Ici, on était loin du silence quasi religieux des halls de marbre harnaidani. Ça s'interpellait d'un bout à l'autre des couloirs, ça courrait en tous sens sans ordre ni discipline, les voix s'entremêlaient pour ne plus former qu'un bruit de fond unique criard et inintelligible. Mais bizarrement, personne n'y voyait d'inconvénient, et il semblait qu'un ordre secret soutendait ce joyeux bazar, qui fonctionnait semblait-il à merveille. Ayant fréquenté très peu d'êtres humains, le muun ne s'avisait pas de croire qu'il pouvait les comprendre. Néanmoins, il ne pouvait pas s'empêcher de faire toutes sortes de constats sur leurs comportement parfois exagérés, leur émotivité superflue et leur propension au désordre.

« Clawback. Ce nom me dit quelque chose, oui. C'est votre premier poste ?

-Non. J'ai été diplômé il y a quatre ans, à la suite de quoi j'ai exercé mon métier pour une société de holding sur Muunilinst. Je n'ai que quatre ans de travail derrière moi, mais je puis vous assurer qu'ils ont été très formateur.

-Diantre, siffla Dervil en prenant un comlink dans sa poche droite, on peut dire que vous n'avez pas perdu de temps ! Mais il est vrai qu'avec un profil comme le vôtre, ça n'a pas été trop dur de trouver du boulot ! Je me souviens de mon premier job. Ah, c'était une autre époque, et je ne sortais pas d'une grande école, hein.

-Les portes sont-elles toutes aussi basses ? demanda soudain Voyl en se baissant pour la dixième fois depuis son entrée dans l'étage, c'est un peu... agaçant.

-Ah, non, rassurez-vous, rigola Dervil avec un petit sourire gêné, seuls les niveaux cinq à huit sont aussi bas de plafond... Petit problème d'architecte, certainement. Vous savez, nous autres les humains, on a quelques tendances narcissiques ! On en oublie parfois que nos standards ne sont pas forcément très judicieux...Votre bureau est au deuxième. »

Ils firent ce pourquoi ils étaient venus : rencontrer le responsable des ressources humaines, et instinctivement, Voyl fut vaguement déçu de ne pas retrouver la coiffure ridicule d'Anlossa en face de lui. L'aargaun avait été remplacé trois ans auparavant, mais le muun ignorait totalement ce qu'il était advenu de cet excentrique personnage. Son successeur, un quadragénaire originaire de Ralltiir, fut visiblement très enthousiasmé par sa rencontre. L'homme s'était visiblement renseigné sur son compte, plus que ce qu'un simple entretient d'embauche ne le lui aurait permis. Ce constat étonna Voyl, qui n'en laissa rien paraître comme à son habitude, se contentant d'afficher un air égal.

« J'ai lu votre thèse, lui assura ce dernier, la qualité de votre travail est stupéfiante ! J'avoue ne pas y connaître grand-chose, mais la clarté des explications et l'engouement que l'on ressent entre les lignes pour des travaux de ce genre ne laisse pas indifférent.

-Merci monsieur, répondit humblement Voyl en s'inclinant, c'est un sujet qui me tenait à cœur.

-J'imagine oui. Quoi qu'il en soit, soyez assuré que le travail ne manque pas ici ! Nous avons justement un projet qui devrait vous intéresser, en lien direct avec vos travaux sur l'encodage des intercommunications au sein des structures de stockage de données en milieu haute sécurité. Bien sûr, reprit-il en toussant, vous êtes officiellement en période d'essai. Même si je ne doute pas de vos capacités, il serait trop demandé à nos équipes de vous accorder une confiance que seules des années d'expériences peuvent conférer... Vous comprendrez donc que vos responsabilités au sein de ce projet seront limitées dans un premier temps. Votre affectation ultérieure dépendra grandement de vos résultats sur cette première mission.»

Voyl acquiesça d'un signe de tête. Déçu ? En réalité, il s'en fichait bel et bien. Il n'avait jamais volé ses récompenses, et la compétition professionnelle était son terrain. Son statut de débutant n'était ni un problème, ni un contretemps : juste une étape à franchir. Et il allait s'y atteler dès aujourd'hui.

« Bien sûr, fit-il avec sa première ébauche de sourire depuis son arrivée, croyez bien qu'il me tarde de faire mes preuves.

-Certes. Si je peux me permettre de tempérer votre ardeur cependant, lui dit l'homme sur le ton de la confidence, contrairement aux muuns les humains ne voient pas forcément la concurrence comme une émulation, mais plutôt comme une... gêne. Parfois. Vous êtes nouveau, étranger. Plutôt jeune et peu expérimenté, qui plus est l'héritier d'une famille ayant beaucoup fait pour la Banque... Votre nom pourrait laisser certains croire que vous ne méritez pas votre place. Si... vous voyez ce que je veux dire...? »

Voyl fronça les sourcils.

« Les Clawback n'ont jamais voler leur réussite, trancha-t-il, glacial, si c'était là votre sous-entendu.

-Loin de moi cette idée, tenta de nuancer le ralltiiran, mal à l'aise, je connais mon métier... Mais méfiez-vous des bruits de couloir malgré tout. C'est un simple conseil. »

Il sortit du bureau plus sombre qu'il n'y était entré, et Dervil eut beau lui parler des merveilles que recelait Aargau, Clawback n'ouvrit plus la bouche de tout le trajet, laissant le responsable du département des communications à son monologue passionné. Une dizaines de minutes plus tard, ils étaient parvenus au deuxième étage de l'immense bâtiment. Dervil se fit un devoir de le présenter à tous les membres du département, ce qui fit en tout une bonne cinquantaine de personnes, des horizons les plus divers. Invariablement, à la vue de l'immense alien, les employés se crispaient quelque peu sans pour autant se départir de sourire et de salut de circonstance. Voyl fit de son mieux pour tenter de paraître moins rogue, mais le cœur n'y était absolument pas. Il lui tardait plus que jamais d'en finir avec cette mascarade et de passer aux choses sérieuses. L'idée d'être vu comme un vulgaire imposteur lui était insupportable, et c'est avec la rage d'un pilote de podracer qu'il grattait du sabot dans les starting-blocks.
Lorsqu'ils eurent terminé le tour de l'étage, Dervil lui présenta le bureau qui lui avait été attribué : spacieux et doté d'une porte sécurisée, la baie vitrée donnait sur le paysage mi-urbain mi-préservé de la banlieue huppée de New Escrow.

« C'est parfait, répondit Clawback à la question « Comment le trouvez-vous » accompagné du sourire de squale, les ordinateurs sont-ils opérationnels ? J'aimerais pouvoir consulter les dossiers relatifs au futur projet dès maintenant.

-Euh...oui, tout est en marche normalement, affirma Dervil, perplexe, mais, Loshin ne vous l'a pas dit ? Vous ne commencez que demain.

-Demain ?

-Eh oui ! Z'avez toute l'après-midi pour vous mon grand, s'esclaffa Dervil en lui administrant une grande claque dans le dos, allez, je suis sûr que vous mourrez d'envie d'aller faire un peu de tourisme ! Quoi de plus normal lorsqu'on débarque à l'étranger ?! Posez-moi donc ce fichu data et allez vous divertir. Vous m'avez l'air un peu trop nerveux, ça vous fera du bien. »

Nerveux ? Lui ? Voyl cilla plusieurs fois, interdit, alors que le petit humain sortait de la pièce en soupirant. Il posa le datapad sur la surface de verre du bureau avec une lenteur désespérée. Il était onze heure quarante. "Demain" était dans plus de dix-neuf heures... Qu'allait-il faire durant dix-neuf heures ?! Il pâlit à l'idée de devoir rester les bras ballants. Du tourisme ? Et puis quoi encore. Aller se mêler à cette foule grouillante dans les rues, pour voir quoi ? Un autre bâtiment semblable, avec les mêmes sortes de volatiles pressés et bavards ? Non, il n'avait nulle envie de sortir, et encore moins d'être contraint de devoir encore deviser durant des heures avec l'un de ces cadres en manque de dossier à traiter. Il était onze heure quarante et il n'avait absolument pas faim. Il était onze heure quarante et il n'avait rien à faire. La vie lui sembla soudain d'une abominable vacuité.

Ensuite, j'ai étoffé le paragraphe suivant pour exposer rapidement son évolution au sein du département pour mieux faire le lien avec la suite, et le fait qu'il soit connu autrement que pour ses dénonciations.


Voyl fit parlé de lui en mettant au point un protocole de cryptage deux fois plus rapide que l'ancien, pour le même prix en infrastructure. Un succès qui lui valut une augmentation et bien sûr, la reconnaissance de ses pairs, autant officielle qu'officieuse. Si le relations avec les autres employés du département n'étaient pas tendues, elles n'étaient pas non plus bien chaleureuses, Voyl parvenant difficilement à outrepasser sa nature taciturne pour échanger sur autre chose que les résultats des dernières analyses ou les failles repérées dans le dernier protocole réalisé. Il n'était pas un manager extraordinaire, loin s'en fallait, mais avec sa volonté implacable et ses capacités, il parvenait jour après jour à gagner le respect, sinon la confiance, de ses subalternes. Sa passion pour son travail, il finissait par la communiquer, à la manière d'une maladie contagieuse, à ceux suffisamment impliqués dans leur vie professionnelle pour vouloir le suivre. Il s'intégra rapidement, non pas en jouant des coudes, mais au contraire en rentrant dans le moule avec une facilité déconcertante. La raison en était simple : il faisait ce pourquoi on le payait, et s'enfermait dans sa solitude le soir venu, bien loin des commérages à la sortie des bars branchés et des restaurants d'entreprise bondés. Ainsi, il était d'une discrétion absolue, mais d'une efficacité redoutable. Ce fut Loshin, le responsable des ressources humaines, qui, au détour d'une conversation sur le phénomène de recouvrement d'un signal mal échantillonné commencée bien fortuitement, compris comment le charisme caché de Voyl pouvait être employé : il fallait pour cela le placer sur un terrain duquel il était maître. Et s'il n'était pas une grande gueule, Clawback pouvait s'avérer drôlement convaincant dès que son interlocuteur lui témoignait un intérêt sincère, ou tout du moins suffisant pour feindre la sincérité avec subtilité. Loshin en parla à Dervil, qui tenta à son tour de voir si son maître des algorithmes pouvait à l'occasion lui être utile autrement. Dans une banque, aucun talent ne devait rester inutilisé. Il lui confia alors une mission qui contrastait fortement avec celles que le jeune ingénieur avaient eu jusque là.
Il s'agissait ni plus ni moins d'une opération de communication externe, chose à laquelle il n'avait guère été habitué. Mais, plutôt que de braquer le rigide Clawback, Dervil eut l'intelligence de présenter la chose sous un tout autre angle : il s'agissait de remporter une partie d'échec dont chaque pion était une phrase. Une banque concurrente avait donné une interview dans un journal quelques temps auparavant, laissant glisser des sous-entendus infamant sur la BA. Qui s'était empressée de demander des explications. Elle les attendait toujours, et une rencontre avait été convenue avec l'un des représentants adverses pour une entrevue médiatisée, de ces joutes verbales dont le public raffolait, et qui servaient de véritable vitrine publicitaire pour les entreprises et grands groupes.
Alors que tout le monde attendait le représentant du service commercial dont la tête était connue du public, ce fut celle de Voyl qui apparut à l'écran ce soir-là. Surprise totale dans les deux camps, on ne comprenait pas le choix de la direction, et déjà les rapaces annonçaient la curée. Mais, conscient des enjeux de sa mission, parfaitement détaché d'une pression dont le studio exempt de public le préservait, Clawback, raide et froid comme un bloc de marbre, ne laissa aucune prise à son adversaire, trop habitué aux esclandres lyriques des amateurs de mots. Voyl était amateur de chiffre, et c'était ainsi qu'il résonnait : loin de se formaliser de la forme qui en aurait fait rire plus d'un, il analysait patiemment la logique qui régissait les propos de l'adversaire, et lorsqu'il fut certain de l'avoir saisie, lui fondit dessus sans la moindre pitié.
Imparables, les données factuelles et logiques du muun eurent rapidement raison de l'argumentaire baudruche de son adversaire. Mieux qu'un procès, ce débat aux allures de duel à mort se solda par l'exécution pure et simple d'un représentant pourtant à sa place depuis plus d'une dizaine d'années. La Banque d'Aargau remporta cette bataille, d'une dimension ridicule, mais hautement symbolique, et le regard porté sur Voyl Clawback changea : il n'était pas seulement un obscur mathématicien de bureau. Il savait user de sa tête pour se tirer des pièges des mots, et cela eut certainement une grande importance lorsqu'il lui fallut s'imposer à l'oral.




5) Ton personnage va dénoncer au CBI le scandale de la banque d'Aargau... J'ai l'impression que tu considères les banques d'Aargau comme une filiale du CBI ? Ce n'est pas le cas sur le forum, ces banques, propriétés nationales d'Aargau avant Scalia, appartiennent à un conglomérats de banques du noyau, qui n'ont rien à voir avec le CBI. Du coup il faut revoir ça. Le CBI peut très bien avoir une filiale implémentée sur Aargau oui, mais pas posséder les banques d'Aargau. A préciser donc.


Pour le coup c'est une erreur de ma part, que je n'avais pas repérée : il s'agit bien de la Banque d'Aargau avec des majuscules, l'une des filiales du CBI, qui n'a d'Aargau que le nom puisqu'elle possède une antenne notamment sur Coruscant. Cette phrase entrait d'ailleurs en contradiction avec les paragraphes précédents où le nom de la filiale était correct. J'ai simplement enlevé la phrase puisqu'avec les modifications du point 4 elle n'apporte plus rien.



Du coup, cette remarque rend certains éléments de ton histoire illogiques ou flous. Notamment la manière dont il devient sous-directeur. Il va falloir retravailler ce passage, et aussi plus détailler la manière dont il arrive à occuper un poste à si haute responsabilité, alors qu'il n'était qu'un associé, et un petit employé, expatrié sur un monde lointain pendant des années. Ok, il dénonce des magouilles, mais cela lui donne-t-il pour autant la légitimité et les compétences pour être placé à ce poste aussi rapidement ? Piston, piston ?


Tout dépend ce que l'on considère comme un « petit employé »... Il n'était pas au service de nettoyage jusque-là, mais ingénieur, soit déjà cadre ! Il n'était pas non plus dans le top dix, mais son niveau de compétence est par définition source de responsabilités. Son nom est connu de part l'ancienneté de sa famille dans la sphère d'influence, mais le piston ne sert qu'à le faire rebondir : le talent est présent derrière, et surtout la capacité de travail. Ce point de la personnalité de Voyl, je l'avais développé durant son adolescence, mais effectivement, il serait nécessaire de rappeler ici que le travail acharné est pour ainsi dire sa seule raison de vivre. Pour l'histoire des pistons, j'ai essayé de mieux cadrer la chose.

Suite aux modifications faites sur les autres points, j'ai donc rajouté le morceau suivant :


Une enquête allait être diligentée pour trouver les têtes pensantes du complot et mettre à jour tout un système destiné à couler les uns pour enrichir impunément les autres. Cependant, le Clan voulut que ces règlements de compte restent le plus possible en interne, ce genre de révélations pouvant déstabiliser les marchés de façon intempestive et regrettable. La Chancellerie fut mise au courant, sous couvert du secret d'état.


Un coup de balais aux airs de purge qui fit trembler toute la structure interne jusqu'aux plus obscures filiales, ou chacun, durant le passage de la tempête, ne craint que sa tête ne vola pour quelque obscure dénonciation. Voyl s'était volontairement exposé lors de son allocution, sous le regard stupéfait de son père et de ses proches parents. Mais il ne regrettait rien. Si ses anciens collègues de la Banque d'Aargau eurent des sentiments bien ambigus à son égard lorsque le bruit leur parvint, Clawback n'en eut cure. Et si cette attitude sans concession le fit renier par bien de ses anciens « amis » hors-monde, elle lui attira néanmoins la sympathie de plusieurs officiels de Muunilinst, et le regard approbateur des dirigeants du Clan. Les scandales étaient rares, pour une bonne raison : ils n'étaient pas tolérés, ni par leurs causes, ni par leurs conséquences. Aucun système n'était parfait, mais les muuns entendaient bien viser l'amélioration continue du leur. Même exposé comme il l'était, Voyl prit alors pleinement conscience du pouvoir qui était le sien, et qu'il pouvait, le cas échéant, mettre bien du monde en porte-à-faux. Ironiquement, il lui fallut se retrouver à la rue pour étendre considérablement son aura personnelle.

Ayant lui-même claqué la porte de la Banque d'Aargau, Voyl se retrouva temporairement sans emploi. Une période qui vit son père taper du poing sur la table pour la première fois de sa vie : non pas pour le réprimander d'une quelconque manière, mais pour arguer à l'un de ses anciens subalternes désormais cadre dirigeant qu'il ne pouvait décemment pas refuser à son fils une chance à la hauteur de son acte héroïque. Un mot qui fit réellement rire Voyl. Son père était l'un de ces banquiers à l'ancienne qui n'avait guère quitté Muunilinst qu'une dizaine de fois en tout et pour tout. La réalité des banques hors-monde lui échappait parfois quelque peu. Mais la réaction ne se fit pas attendre : on fit remonter son dossier extrait des archives aargaunes jusqu'au département des ressources salariales du CBI, où il passa avec une rapidité suspecte d'une pile à une autre. Il n'avait pas à rougir de son actif, non, mais les procédures se trouvèrent bien raccourcies malgré tout.
Une proposition plutôt déroutante lui fut faite : le poste d'un sous-directeur du département du Trésor, compromis avec les comploteurs d'Aargau et dont l'administration souhaitait se débarrasser. Une promotion au goût d’opportunisme qui ne passa pas inaperçue, mais dont l'ancien ingénieur sut très bien tirer profit. À ceci près qu'une tentative d'assassinat fut déjouée de justesse par les services de sécurité, quelques semaines après son entrée en fonction. Même si l'hypothèse de la vengeance ne faisait que peu de doutes, elle ne fut jamais évoquée officiellement, et Voyl lui-même veilla à ce que l'affaire soit étouffée pour ne pas faire boule de neige. Il avait alors trente ans, à deux mois près.



6) « Ses nouvelles responsabilités envoyèrent Voyl sur la glaciale Scipio, où il fit la connaissance de celui qui deviendrait plus tard son aide et associé en affaire, Hex Reshord, alors simple employé du trésor. Il eut à charge de refondre en partie les flux d'informations des différents pôles financiers de la planète en vue de leur optimisation. Une tâche qui lui prit plus d'un an, mais dont il sortit grandi encore une fois, prenant au passage une place importante dans les graphiques camemberts des principaux actionnaires de plusieurs entreprises présentes dans le Bras de Tingel. »

Ce passage est pour moi un peu obscur. Ok, dans le cadre de ses fonctions de sous-directeur, il manage cette refonde des flux. Etait-il présent à 100% du temps sur ce monde, est-ce son seul dossier ?


Oui, si l'on prend en compte la complexité d'un réseau de cette taille au niveau d'une planète, avec un tel niveau de sécurité demandé, un an sur un seul dossier n'est pas de trop, en incluant toute la gestion d'équipe par ailleurs puisqu'il est évident qu'il n'était pas seul. Ce qui explique le fait que cela n'ai pris qu'un an par ailleurs.


Ses nouvelles responsabilités envoyèrent Voyl sur la glaciale Scipio, où il fit la connaissance de celui qui deviendrait plus tard son aide et associé en affaire, Hex Reshord, alors simple employé du trésor. Il eut à charge de refondre en partie les flux d'informations des différents pôles financiers de la planète en vue de leur optimisation. Une tâche qui lui prit plus d'un an : un an durant lequel il ne sortit pas la tête de l'eau, pour parvenir à boucler tout le plan d'action dans les temps impartis. Une année éprouvante dans un environnement autrement plus hostile qu'Aargau, mais dont il sortit grandi encore une fois.


Il profite de cette mission pour devenir actionnaire dans plusieurs sociétés ? D'où sort-il l'argent pour un tel investissement ? Celui-ci vient-il de la fortune familiale, et donc de son père ? Pourquoi devenir actionnaire de ces entreprises, on ne comprend pas ses motivations à ce moment là ?


Il ne faut pas oublier qu'à ce passage de l'histoire, Voyl a la trentaine : c'est un avare qui économise plus qu'il ne dilapide, et son salaire n'est plus celui d'un petit débutant, surtout après avoir été promu. Il compte effectivement sur le soutien de ses vieux pour apporter des sommes conséquentes, mais l'objectif qui peut apparaître en prenant en compte cette période de la vie est simplement de placer de l'argent dormant pour le faire fructifier, et par là même s'extraire de la tutelle plus ou moins officieuse de ses parents.
J'ai donc complété le passage pour faire allusion à ses motivations :


Désormais assis dans un fauteuil déjà bien plus aux mesures de ses ambitions, Voyl Clawback put, à l'issue de son premier succès, s'atteler à une partie non négligeable de ses plans personnels, visant à reprendre à son compte l'héritage des Clawback et tout ce que cela représentait. Un empire financier auquel il voulait, aujourd'hui à la trentaine flamboyante, ajouter ses propres pierres, qu'il ne devrait à aucun des noms inscrits dans l'immense arbre généalogique. Quelque chose de grand lui appartenant en propre, et non plus bricolé dans l'ombre de Dan Clawback. Il savait que cela prendrait du temps, que le travail serait à gérer en plus, mais il savait aussi que toute montagne devait être gravie en commençant par le bas. C'est pourquoi, durant les années suivantes, Clawback investit de façon parcimonieuse et judicieuse, prenant au passage une place importante dans les graphiques camemberts des principaux actionnaires de plusieurs entreprises présentes dans le Bras de Tingel.
Depuis Scipio et le poste de sous-direction, ses attributions au sein du département du Trésor furent un excellent moyen de gérer ses affaires en parallèle de celles qui lui étaient confiées. La refonte effectuée des années auparavant donna pleine satisfaction après plusieurs retouches qu'il opéra avec l'aval de son supérieur. Des gains de temps et de sûreté très appréciés, dont Voyl fut lui-même bénéficiaire, puisque présent sur Scipio durant une dizaine d'années, il utilisa son propre système au quotidien. Des années de services moins éprouvantes en termes de quantité de travail, mais beaucoup plus en termes de déplacement : les navettes incessantes pour le débat des politiques à mener, des directives à appliquer, et tout un chafouin administrato-bureaucratique dont les muuns avaient le secret. Car si les affaires courantes pouvaient aisément se régler via une holocommunication, les dossiers sensibles, depuis toujours, étaient traités de vive voix, à l'abri de toute forme d'espionnage organique ou cybernétique.



7) « Après plus de cinq ans de chaos, la société Clawback Expertise passa enfin au statut d'entreprise profitable, et les bénéfices engrangés par cette activité permirent à Voyl d'asseoir sa position au sein du CBI en faisant profiter les siens de son succès, par le biais de son statut d'associé. »

Par cette phrase tu veux dire que ton personnage réinjecte ses profits personnels dans le CBI ? (Je ne suis pas sur d'avoir compris).


Exactement, concrètement l'action la plus logique correspondante est un apport en numéraire.


8- « En -3494 AV.Y, Voyl Clawback était nommé, par le vote du Conseil dirigeant du CBI, au poste de vice-directeur du département des Communications, le poste de directeur revenant en réalité au directeur général du CBI lui-même. Il était alors en chemin pour les plus hauts sommets, sans vraiment savoir ce qui l'attendait au bout. Certainement pas l'accomplissement dont il rêvait. Il revint vivre sur Muunilinst ce temps-là, l'une des dernières fois où il aurait l'occasion de parler avec ses vieux parents, sa seule famille en cet univers, avant plus d'une décennie. »

Il était où s'il n'était pas sur Muunilinst ? Sur Scipio ? Ça me paraît étrange qu'il ait pu monter aussi rapidement en étant aussi éloigné du siège et des gueguerres d'influences qu'il s'y déroulent. Ce qui revient à la question 6) sur le temps qu'il passe effectivement sur Scipio. J'imagine qu'il fait régulièrement des aller-retours, ne serait-ce que pour rendre des comptes à sa direction... Mais ça serait tip top de le préciser.


(C'est ça, on veut le transformer en navette de métier à tisser hein ? Le crever à la tâche ? Eh ben oui. Voilà.)
Pour cette partie, je renvoie aux modifications effectuées pour le point n°6.


Etant donné l'heure, je demande à ce que l'on m'excuse pour les fautes éventuelles, je n'ai plus trop les yeux en face des trous. Je pense avoir fait le tour, mais peut-être ai-je omis certains détails... J'attends le verdict, monsieur le juge. Je plaide coupable (de quoi, je ne le sais pas encore mais on va bien trouver). Razz

Ragda a écrit:Salut Voyl !

Franchement, avec ces ajouts, ta fiche va être vraiment excellente. Les nouveaux passages que tu as écris, je trouve, donnent plus de relief à ton personnage, on le voit plus en "action", immergé dans le milieu rp que tu vas lui donner.

Pour résumer :

1) J'avoue que tu m'as appris un truc : je ne savais même pas que que Muunilinst avait une relation aussi étroite avec l'établissement des crédits standards républicains. Je viens de lire ça sur wookiepedia, et du coup c'est nickel Wink

2) Rien à redire !

3) Pareil. J'aime bien la relation "père-fils" que tu as décris dans ce nouveau paragraphe, et la manière dont tu abordes son arrivée à sa première AG

4) Excellent RP. La fin, lorsqu'on lui dit qu'il ne commence que "demain" m'a bien fait sourire Wink

5) Ok. C'est vrai que peut porter à confusion. Maintenant que c'est expliqué, c'est plus clair, donc pas de problèmes. Le passage ajouté rend aussi le tout beaucoup plus clair.

6) Nickel aussi

7) Merci pour la précision

8 ) Hihi


Bon... Du coup... Si tu plaides coupable... Bah tu seras condamné mon vieux ! Condamné à devoir nous rejoindre et à RP jusqu'à ce qu'épuisement s'en suive !!

Plus sérieusement, tout est bon. Les points sont bien distribués, le règlement est signé. Je ne vois aucune raison pour ta faire languir encore un peu Wink

Tu n'as plus qu'à rajouter tout ça dans ta fiche et à nous faire signe quand c'est fait ! Le reste ne sera plus qu'une formalité ensuite.

Tout est donc en ordres !

Tu es............... Validé ! Bravo ! Et bon jeu !

*****


Pour t'aider à débuter dans le jeu, si tu veux, tu peux faire un tour dans les Appels à RP , pour poster ou répondre à une demande de RP.
Et si tu as des interrogations, n'hésite pas à chercher ou poster dans la Foire aux Questions !

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Un admin passera bientôt mettre la couleur à ton nom. Mais tu peux déjà commencer à RP Wink
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