Concentrée, le regard fixée sur sa toute nouvelle main métallique, Alyria fit le mouvement demandé et vit avec soulagement ses doigts se refermer sur sa paume comme voulu. L’avantage d’être déjà passée par cette étape cruciale, c’était qu’évidemment, le travail nerveux allait beaucoup plus vite. Son cerveau était habitué et son corps avait appris à répondre aux pulsations émises par son esprit pour mouvoir cette excroissance grise au bout de son poignet.

Après son retour d’Umbara, elle avait tenu à faire son rapport au Conseil jedi en personne avec Lorn, pendant qu’on emmenait les enfants récupérés dans les nurseries de l’Educorps, avant d’enfin atterrir au Centre médical du Temple pour se faire rafistoler la main une nouvelle fois. Bien sûr, étant déjà amputée, le risque pour sa vie était minime, même si cela ne ferait que fragiliser ses terminaisons nerveuses, et ce malgré les premiers soins reçus sur place.

La maîtresse d’armes savait qu’elle n’avait guère le temps de s’attarder sur Ondéron, elle était attendue sur Coruscant pour le procès des siths capturés lors de sa visite, évidemment, mais aussi et surtout pour plusieurs votes d’importance au Sénat, sans parler des affaires courantes de son ministère à gérer. Même si elle avait toute confiance dans Yusanis, elle ne pouvait quand même pas décemment lui demander de faire tout son travail dans l’ombre. A vrai dire, elle s’était plusieurs fois fait la réflexion que le vieil amiral aurait fait un bien meilleur ministre qu’elle-même. Disposant de connaissances pointues sur tous les dossiers de l’armée et des connexions nécessaires pour faire exécuter ses ordres en douceur, sans faire de vagues, il était finalement le second rêvé, et la demi-echani se bénissait chaque jour de l’avoir croisé ce fameux jour sur Byss où sa destinée avait connu un changement inattendu.

Pendant qu’elle faisait presque mécaniquement les exercices demandés par le guérisseur, Alyria ne put contenir un léger sourire de fleurir sur son visage. Malgré les circonstances, elle était heureuse d’être de retour au Temple, même de façon aussi temporaire. C’était son chez elle, là elle où elle se sentait en paix, presque en famille. Elle avait vécu dans ses murs pendant plus d’un demi-siècle, et si la capitale républicaine ne manquait pas d’intérêt, la gardienne trouvait son trafic permanent épuisant. Coruscant était une ruche grouillante, là où le Temple d’Ondéron lui faisait l’effet d’un ordre apaisé, doux, fourmillant de vie certes, mais d’une façon harmonieuse et non erratique.

Finalement, le guérisseur lui assura que tout était en ordre, avec un air suppliant sur le visage qui devait signifier que le malheureux espérait éviter une troisième visite de la sorte. Avec satisfaction, la trentenaire le remercia et se dirigea vers la porte pour sortir de la pièce… Cette dernière s’ouvrit, et Alyria fut alors accueillie par des pleurs d’enfants.

La présence de bambins en bas-âge au Temple était relativement courante, si l’on prenait en compte le fait qu’une majorité des jedis y arrivaient dès la naissance, après les tests sanguins obligatoires dans l’espace républicain, sans compter tous ceux qui y arrivaient pendant leur petite-enfance. Mais généralement, les petits étaient gardés par les nourrices de l’Educorps jusqu’à leur cinq ans environ, où ils commençaient déjà à recevoir une initiation à la Force et une éducation conforme au code. Mais il était rare d’en voir courir ainsi seuls les couloirs du Temple, et pourtant elle avait bien un petit garçon d’environ trois ans en face d’elle, qui pleurait en regardant autour de lui d’un air perdu. Sans doute que le garnement avait échappé à la surveillance des nourrices et s’était égaré.

Se penchant doucement pour parler à sa hauteur, Alyria lui demanda gentiment, un sourire qui se voulait rassurant aux lèvres :

Pour toute réponse, l’enfant la fixa avec des yeux ronds, et une ombre de crainte passa dans son regard tandis qu’il s’attardait sur la cicatrice de la jedi. Alyria aurait dû se douter que son visage marqué par le combat n’était pas franchement la vue la plus réconfortante pour un tout petit. Elle ne fit donc aucun mouvement, attendant tout simplement que le garçonnet s’adapte à la vue offerte et priant silencieusement pour qu’il ne détale pas.

Le choc avait eu au moins un effet positif : stopper les larmes du bambin, qui observait maintenant d’un air attentif son interlocutrice, comme s’il venait de tomber sur un dragon krayt qu’il lui fallait absolument étudier. Soudain, cet échange muet fut interrompu par la voix un peu curieuse du guérisseur qui résonna derrière Alyria :

Se relevant, la sang-mêlée déclara tranquillement :

Interloqué par sa réponse, l’homme s’approcha et vit soudain le petit garçon. Avec un sourire, il lui expliqua :

La maîtresse d’armes l’interrompit alors :

Alyria écouta rapidement les instructions du guérisseur, puis demanda avec une voix douce au bambin :

En entendant le mot magique connu universellement par tout être âgé de moins de cinq ans, le garçonnet releva la tête et acquiesça, l’air soudain timide. La gardienne le souleva de terre pour le porter, et entreprit de convoyer son jeune fardeau qui babillait joyeusement à travers le centre médical, jusqu’à l’endroit indiqué.

Elle reconnut alors la fameuse maman, soit le Chevalier Luuna Shein, dont la grossesse avait fait parler quelques années auparavant, comme toute rumeur de mise au monde d’une progéniture par une jedi. Le Temple était plutôt tolérant vis-à-vis des relations à leur époque, en tout cas par rapport à certains moments de l’histoire des jedis, et il fallait reconnaître que la naissance des jumeaux d’Ellana Caldin, qui dirigeait le Conseil avec Sai Don, y était pour beaucoup dans cette atmosphère, qu’elle avait d’ailleurs toujours plutôt soutenue, avec des limites bien sûr.

A l’époque où cette dernière n’avait pas encore perdue la mémoire, soit quand les deux trentenaires étaient de toutes jeunes initiées, Alyria avait même partagé un dortoir avec Luuna, enfin Cheina à ce moment-là, aussi elle la connaissait plutôt bien. La nouvelle de sa grossesse lui était parvenue alors qu’elle était encore en rééducation juste après son amputation, aussi elle n’avait pas eu le courage de venir s’associer au bonheur de la jeune mère, et s’en voulait d’ailleurs un peu pour cela.

Mais le temps avait passé, et il était trop tard pour ruminer le passé, aussi elle se contenta de lui dire de son habituelle voix au timbre grave :

L'infirmerie,

Cela faisait longtemps que Luuna n'avait pas eu à y faire un détour dans ces locaux pour des problèmes autres que ceux touchant à sa grossesse, mais ayant reprit le service actif, il était évident que cela n'avait pas pour vocation de durer. Pour preuve il n'avait pas fallut attendre plus deux mois pour que la Zeltronne fasse son apparition dans celle du temple Jedi d'Ondéron après avoir allègrement squattée celle de Coruscant sans pour autant y avoir acquis le statut d'habituée par chance.

Sa dernière mission en compagnie de Lyrae s'était assez bien passé, mais cela n'avait pas empêché la belle brune de mettre à l'épreuve un peu trop rudement ses bras. Avec le temps ceux-ci commençaient à poser de plus en plus de problèmes, sans doute parce que la trentenaire ne prenait pas assez soin de leur entretient courant, mais aussi parce qu'ils étaient d'une structure obsolète à présent. Plusieurs fois elle avait imaginé se faire poser les nouvelles prothèses offerte au temple par la corporation Symbiosys, mais cela impliquait plusieurs jours d'hospitalisations un long travail de rééducation afin de réussir à développer une parfaite maîtrise de ses nouvelles prothèses. Il fallait dire que Luuna possédait les même bras depuis prêt de dix ans à présent. Certaines parties de celles-ci avaient déjà subit quelques changements et réparation, mais jamais elle n'avait eu à changer l'entièreté de la chose depuis qu'Aykan avait insisté pour qu'elle use de prothèses recouvertes de chaire synthétique.

Perdue dans ses pensées et à demi concentrée sur les questions de l'infirmière qui s’appliquait à offrir la dernière touche esthétique à son travail, la jeune maman avait laissé son fils vagabonder à sa guise dans la large salle sans s’apercevoir que celui-ci avait disparu avant qu'une voix ne vienne l'en informer. Redressant le visage vers la nouvelle venue et surtout le jeune fuyard qui était dans ses bras, Luuna sourit avant de prendre la parole.

" Merci Maître Vo... "

La trentenaire stoppa sa phrase en pleine formation ne sachant exactement de quelle façon elle devait appeler son vis à vis à présent, d'autant plus que le maître Von lui avait quelque peu échappé pour être tout à fait honnête. Naturellement Luuna était plutôt du genre à nommer les personnes qu'elle croisait au temple par leur rang, du moins il en était ainsi pour tous les maîtres, car elle ne se voyait pas les désigner par leur prénom et encore moins de les tutoyer. Cela pouvait sembler étrange puisque la plus part d'entre eux n'avaient pas un âge si éloigné que celui de la Zeltronne, il était même courant qu'elle soit plus âgée que bon nombre des maîtres nouvellement nommés par le conseil. Mais de part sa perte de mémoire, la belle se sentait bien moins proche d'eux qu'elle ne devrait l'être au final et ceci expliquait donc cela.

Pour autant, maître Von était sans doute l’exception qui confirmait la règle, car elle était la seule des maître Jedi que Luuna tutoyait sans le moindre complexe. Il y avait évidement une très bonne explication à cela. Les deux jeunes femmes avaient passé de longs moments l’une avec l’autre ces dernières années dans cette même pièce à attendre quelques réparations sur leurs membres mécaniques entre autre. Une telle proximité entraînait forcement des confidences et au fils des rencontre une véritable amitié avait vu le jour entre les deux femmes. Cela avait été bénéfique pour la Zeltronne qui avait apprit, de la bouche d'Alyria, quelques informations sur son passé lointain. Pour la première fois depuis longtemps Luuna se retrouvait à parler avec quelqu'un qui l'avait connu dans le passé et qui, chose étant assez rare pour être noté, ne cherchait pas à en profiter.

" Merci Alyria... Il n'aime pas vraiment rester là à m'attendre pendant que l'on entretient mes bras. Mais je croyais qu'il avait comprit que c'était pour le bien de sa maman. Non Laïkin ? "

Le jeune garçon fit une petite grimace en comprenant de quoi l'on était entrain de parler. L'enfant n'avait jamais aimé cette partie ci de la vie de sa mère, mais Luuna ne voulait pas la lui cacher afin qu'il comprenne que c'était quelque chose d'important. Dans le passé il avait déjà été confronté à cette particularité chez sa mère, lui arrachant une partie de la peau de synthèse dans le cou, à l'endroit exact dissimulant l'ancienne source d’énergie alimentant les deux bras de ses toute premières prothèses qui étaient loin d'être adaptées à un corps humain. Cet incident avait été le déclencheur d'une crise de pleurs sans précédent, ce qui avait motivé la jeune maman à ne rien cacher à son fils.

" Laïkin, qu'est-ce qu'on dit à Alyria ? "

" Merci Aliya ! "

Faisant la tête du petit bout de chou que l'on venait de prendre la main dans un sac de sucrerie vide, Laïkin se laissa glisser dans les bras de sa mère une fois l'infirmière ayant terminé son œuvre et commença à poser ses doigts aux endroit où l'infirmière avait placé la nouvelle peau de synthèse comme pour vérifier que tout était en ordre.

" Et oui Laïkin, maman va mieux maintenant, c'est bien non ? "

" Z'aime pas quand maman est mal et que la dame fait des choses où c'est tout vide... "

Luuna vint déposer un baiser sur le front de la petite chose à la peau orangée avant de se redresser de la table afin de quitter l'infirmerie. Son jeune fils se blottit presque aussitôt dans ses bras en posant la tête contre l'épaule de sa mère avant de tirer la langue en direction de l’infirmière pendant que la Zeltronne reprenait la parole.

" Encore merci. Il a beau être un grand garçon quand il est avec sa maman, je sais très bien qu'il n'en reste pas moins un enfant qui se perd bien vite dans les méandres de couloirs qui constituent le temple. "

Comme dans tout système hiérarchisé, il n’était pas rare que les langues trébuchent en cherchant l’appellation correcte à donner à une connaissance de longue date, voir à un ami, qui se trouvait parfois être votre supérieur hiérarchique. Inutile de préciser qu’avec son nouveau titre de Ministre, s’y retrouver pouvait parfois être difficile pour le commun des mortels, et Alyria s’en rendait parfaitement compte. Pour la plupart des gens, elle était Madame la Ministre, pour les jedis, Maître Von, et pour de rares élus, Alyria, voir pour un seul d’entre eux, Aly.

Un jour, son ancien maître, dans un de ses rares moments où l’Ombre se laissait aller à philosopher, lui avait déclaré que les noms que l’on donnait aux personnes étaient révélateurs de nos liens, mais plus encore de la manière dont on les voyait. Cependant, avait-il poursuivi, le plus important était de savoir quel nom on se donnait à soi-même, et pourquoi. A l’époque, la jeune padawan qu’elle était n’avait guère compris ce que voulait dire le twi’lek à la prose parfois absconse, ou plutôt, avait cru comprendre ce que son esprit de quinze ans lui soufflait. Avec le recul, la signification de cette affirmation était devenue plus claire, mais avait apporté son lot de nouvelles interrogations.

Si s’appeler mutuellement par leurs prénoms était le signe de l’amitié qui continuait de lier les deux anciennes camarades de chambrée, et ce malgré les années écoulées et les divergences dans les chemins empruntées, force était de constater que le poids du statut s’était immiscé dans leur relation, comme dans beaucoup de celles d’Alyria en fait. Il n’y avait que deux personnes qui oblitéraient complètement ce changement pour se tenir, du moins dans le privé, à son prénom pur : Lorn, car les obligations protocolaires n’étaient guère à son goût, et Halussius, qui avait le malheur de porter sur ses épaules un fardeau encore plus lourd que le sien. Ancien Chancelier, voilà quelque chose qui condamnait irrémédiablement au malaise social pour le restant de ses jours. La maîtresse d’armes se bénissait tous les jours de ne pas avoir à supporter cela, l’office ministériel était déjà bien suffisant à son goût. Encore, sur Ondéron, elle redevenait un maître jedi parmi tant d’autres, et cela lui agréait parfaitement.

Reportant son attention sur le duo, Alyria ne put s’empêcher de sourire en voyant la mine de l’enfant qui se faisait gentiment rappeler à l’ordre, sans parler de sa bouille absolument craquante au moment de présenter des excuses. Laikin avait hérité de la peau de sa zeltrone de mère et des cheveux de son paternel, pour un mélange aussi charmant que détonnant. Le tableau devant ses yeux étaient doux, empreint d’une sorte de sentiment de familiarité cotonneuse agréable, et en même temps, était une exception à une des grandes règles d’or jedi que la trentenaire n’avait jamais remis en cause : la fondation et l’entretien d’une famille.

A vrai dire, aussi attachant que soit l’ensemble, et en dépit de son amitié pour Luuna, la demi-echanie ne pouvait s’empêcher de trouver très étonnant que le Conseil ait ainsi accepté qu’elle puisse élever son fils en entretenant un véritable lien maternel. Enfin, en y pensant, elle avait entendu dire que le Chevalier était parti en mission pendant un moment, peut-être qu’elle ne le voyait qu’au retour, rapidement ? C’était une solution qui lui semblait au final tout aussi plausible.

Cependant, il n’eut pas été très poli de poser la question de but en blanc, et la gardienne était terriblement attachée au respect de la bienséance en toutes circonstances, même sur un champ de bataille ! Aussi elle se contenta de hocher la tête en voyant Luuna soulever son fils dans ses bras avant de partir et ce tout en la remerciant encore une fois :

« Ce n’est rien. »

Puis elle ajouta avec gentillesse :

« Je vous raccompagne si tu veux. »

Les deux femmes quittèrent donc le Centre médical, avec une boule d’énergie orangée qui tiraient langue à tous les guérisseurs sous leurs yeux mi- exaspérés, mi- attendris. Elles marchèrent quelques instants sans rien dire, puis Alyria finit par prendre la parole en posant enfin la question qui lui trottait dans la tête depuis un bon moment :

« Tu le vois seulement à tes retours de mission, ton fils ? »

En fait, la question était évidemment plus longue que cela, le non-dit était terriblement révélateur, mais elle préférait laisser les choses en suspens pour ne pas indisposer sa consœur, même si Alyria était persuadée que cette dernière serait suffisamment fine pour voir clair dans ses intentions. Après tout, elle ne devait pas être la seule à lui avoir demandé plus ou moins directement ce genre de choses en rapport avec l’acceptation de sa maternité par le Conseil. Mais à la différence de certains, il n’y avait ni reproche, ni jalousie chez la maîtresse d’armes, seulement une curiosité un brin étonnée, mais nullement inquisitrice ou prompt à juger. Du reste, elle n’était pas forcément la mieux placée pour le faire.

Le silence se fit à nouveau, et cherchant un sujet de conversation autre, Alyria se rappela subitement une phrase qu’avait dite son interlocutrice au Centre médical, aussi elle demanda finalement :

« D’ailleurs… Ta dernière s’est bien passée ? De mission je veux dire. »

Au contraire,

C'était même très important aux yeux de la Zeltronne de remercier les gens prenant soin de sa famille et ce pour une raison toute simple. Cela prouvait à chaque fois qu'il y aurait quelqu'un pour s'occuper de Laïkin et de Jana si jamais quelque chose de grave venait à frapper les parents des deux petites têtes blondes.

" Avec plaisir. "

Luuna ne pouvait occulter le fait que sa vie était particulièrement dangereuse, elle en avait eu la confirmation lors de ses dernières missions par exemple. Sans l'aide de la force, il y avait fort à parier qu'elle ne serait plus de ce monde pour en parler, il était donc difficile de ne pas voir le malheur frapper les siens d'une façon ou d'une autre dans un futur plus ou moins proche. La jeune maman avait déjà réfléchi à tout cela de nombreuses fois lors de sa grossesse, mais surtout pendant les mois qui avaient suivi celle-ci. Plusieurs fois elle avait imaginé tout laisser tomber et mettre de côté le fait qu'elle était une Jedi afin d'élever Laïkin loin des dangers qu'impliquaient la vie de ses parents. Elle savait parfaitement que Lyrae n'y aurait vu que peu d'inconvénients et l'aurait suivi loin du danger, puisqu'il avait été le premier à laisser planer l'idée lorsque le conseil se devait de statuer sur leur cas.

Dans un sens cela aurait arrangé bien des choses, mais Luuna n'avait pas su se convaincre du bien fondé d'une telle fuite. Le force avait des projets pour elle et les siens, elle pouvait s'en rendre compte vu le nombres de signe qu'elle lui envoyait. Jedi déchue, elle avait été guidé loin d'Ertegas afin de reprendre son rang ici au temple et elle y était arrivée malgré toutes les difficultés qui s'étaient jetées sur son chemin. Un autre signe pour le moins clair était la relation d’amitié qu'elle avait entretenue avec une jeune esclave, Jana, la fille d'une autre des esclaves de maître Ein. À ce jour, cet être sensible à la force allait avoir dix sept ans et pouvait se targuer d'être sa fille adoptive depuis six ans maintenant. Et comme si tout cela ne suffisait pas, elle avait rencontré l'amour en la personne de Lyrae, le jeune Padawna devenu chevalier l'ayant accueilli au temple lors de son arrivée. Le premier des être de ce nouveau monde à lui avoir tendu la main et aujourd'hui le père de son fils.

Luuna ne savait pas si son fils était lui aussi senssible à la force, elle savait que le temple avait testé son sang afin de le déterminer, mais en accord avec Lyrae, ils n'avaient pas voulu connaître le résultat de ce test. L'un comme l'autre imaginait que les choses apparaîtraient bien assez vite comme ça et que de toute façon si Laïkin se devait d'être un Jedi un jour, il se trouvait déjà au bon endroit. Dès lors, en prenant en compte tout cela, comment aurait elle pu tourner le dos et fuir loin du temple ? Agir de la sorte aurait été d'un égoïsme sans nom et cela ne lui ressemblait pas, sans parler qu'au final le conseil s'était montré pour le moins compréhensif quand à la naissance de Laïkin. La trentenaire avait été presque surprise d'apprendre qu'elle pouvait s'impliquer dans l'éducation de son fils comme si elle était une mère normale. Sans doute que le cas de Maître Caldin avait dû peser dans la balance... Souriant à la question d'Alyria, Luuna répondit sans gêne.

" Depuis quelques mois, oui. Il faut dire que le temple est en effervescence depuis quelques temps et les missions s’enchaînent à un rythme soutenu ce qui ne me permet pas de rester aussi longtemps qu'avant avec lui. Il en est de même pour Lyrae, pendant un temps nous arrivions à alterner la garde après que j'ai repris le service actif, mais depuis plusieurs mois c'est presque impossible. "

Il en était fini du temps accordé par le conseil à la garde exclusive de Laïkin pour la maman qui avait dû accepter de laisser son fils aux nourrisses de l'ordre à chaque fois qu'elle partait en mission. Les premières fois avaient été difficile, tant pour les parents que pour le petit, mais par chance Jana avait fait preuve d'une grande maturité en venant visiter son petit frère lorsqu'elle en avait le temps ! Elle avait grandi celle là aussi et s'était considérablement assagie, à croire que le fait d'être la padawan de Lyrae lui avait fait prendre un peu de plomb dans la tête, à moins que ce ne soit tout simplement l'âge ?

" Le conseil nous a fait confiance et nous comptons bien le leur rendre. Sans doute que le fait que maître Caldin soit déjà passé par là nous a aidé à avoir le droit de garder Laïkin avec nous, mais je pense que le conseil a aussi comprit que nous empêcher de l'élever ne ferait que causer des problèmes... Après tout, je suis bien tombée enceinte après qu'ils aient essayés de nous séparer... Et puis Laïkin aime bien aller à la garderie pas vrai Laïkin ? "

" Aïkin y se fait des copains quand maman va soigner les gens ! Même que j'ai vu un voopa' et que maman elle en donnea un à Moi ! "

Riant à l’affirmation de son fils, elle essaya de traduire pour Alyria.

" Jana a eu la bonne idée de lui parler du Voorpak qu'une de ses amies avait lorsqu'elles étaient plus jeunes. Depuis Laïkin n'a plus qu'une seule envie, avoir le sien et évidement un non ne semble pas être valable... Mais avant ça on doit en parler avec papa ! "

" Papa y dia oui ! "

Luuna n'en était pas aussi sûr pour sa part, mais elle ne voulait pas palrer au nom de Lyrae et se contenta de poser Laïkin par terre afin qu'il montre comment courrait les Voorpack tout en répondant à la question de sa collègue.

" Plutôt bien et je crois que j'ai croisé ma futur padawan pendant celle-ci. C'est une jeune fille débrouillarde et qui n'a pas froid aux yeux, je me demande si je n'étais pas un peu comme elle plus jeune... Elle aide à la remise en état du temple sur Coruscant en ce moment et je compte essayer de m'entretenir avec le conseil afin de leur proposer de la former... "

Luuna n'osa expliquer la raison de son passage sur ce monde ci, ne sachant si elle pouvait ainsi conduire la discussion sur le terrain glissant qu'était son dernier problème en date. Un problème qu'elle même ne comprenait que mal et qui avait faillit tourner mal dans la mission précédent celle-ci.

Au moins, Alyria fut soulagée de constater que ses questions étaient accueillies sans l’once d’une gêne par sa collègue. Après tout, les années d’éloignement auraient pu passer par là, où bien un certain malaise s’installer du fait du caractère personnel de la situation, mais il n’en était rien, à sa grande satisfaction. Si le Conseil approuvait, alors elle ne voyait pas pourquoi elle devrait juger, et encore moins pourquoi la principale concernée devrait se cacher ou éprouver une culpabilité malvenue. La trentenaire avait toujours réprouvé l’attitude de quelques-uns de ces pairs et leur manie de juger leurs confrères ne correspondant pas assez à leurs yeux à l’idéal jedi… Ou le mouvement contraire visant à vilipender les plus conservateurs. A ses yeux, l’Ordre tirait sa force de sa diversité d’opinions, contrairement d’ailleurs à la vision répandue par certains d’une sorte de confrérie de fous endoctrinés se contenant de seriner les mêmes mantras encore et encore. Mais ce n’était pas franchement le sujet…

Quoiqu’il en soit, la maîtresse d’armes croyait sur parole sa camarade. Entre le retour des siths et les derniers événements de Byss, le Temple de Coruscant qui se reconstruisait et se repeuplait peu à peu, l’administration habituelle, les nombreux points de surveillance accrue… Oui pas de doute, il y avait largement de quoi s’occuper, et ce fait s’était rappelé à elle lors de ses occupations de ministre, sur Umbara, tout récemment. A vrai dire, Alyria ressentait une pointe de nostalgie à la pensée qu’elle ne participait plus à ce bouillonnement perpétuel d’Ondéron, qui s’accentuait en entendant sa collègue parler.

Cette vie d’aventures, de découvertes, parfois de déconvenues, lui manquait. C’était un fait évident, qu’elle dissimulait au mieux, mais son envie de toujours être en action, de s’occuper sans cesse, était une preuve amusante de son besoin d’action. Peu importait sa teneur au final : la gardienne supportait mal l’inactivité, et avait une tendance presque monomaniaque à travailler d’arrache-pied. Etait-ce combler un vide ? Sur Coruscant, sûrement.

Pragmatiquement, elle tentait ainsi de rattraper son manque d’expérience et de se montrer à la hauteur de la tâche qui lui avait été confiée. Symboliquement, cela lui permettait de ne pas penser au fait que sa vie de maître jedi à temps plein, et surtout de maître d’armes lui manquait profondément.

Bien sûr, elle appréciait le fait de se sentir utile, de pouvoir contribuer à une certaine idée du progrès en réorganisant notamment l’armée, en la rendant plus performante, et elle aurait menti en disant qu’il n’y avait pas quelque chose d’intéressant à être au cœur du pouvoir, à pouvoir observer de l’intérieur, et non plus de l’extérieur, tous les rouages de la machinerie républicaine, avec leur rouille pour certains, leurs aspérités… Et rarement, leur mécanique parfaitement huilée. Etait-ce pour autant sa vie rêvée ? La réponse était évidente : non.
Aussi elle répondit après un léger moment de flottement :

« Je présume en effet que l’Ordre sur Ondéron est aussi occupé que ne l’est la République sur Coruscant, et que ses membres ont fort à faire avec tout ce qui se trame… Plus que d’habitude en tout cas.

Cela dit, au moins, contrairement aux années précédentes, nous savons en quelque sorte à quoi nous attendre, principalement du moins, et les jedis peuvent agir sans se voir sans cesse entravés par le Sénat. Dommage qu’il ait fallu des milliers de vies sacrifiées pour cela…
Enfin, bon, j’évite de dire cela à voix haute dans les couloirs de la Chancellerie, tu t’en doutes. »

La dernière phrase avait été ponctuée d’un rire sincère, réellement amusé. Il était vrai qu’entre la ministre à la politesse compassée, toujours d’une exquise amabilité bien que franche n’avait pas forcément grand-chose à voir avec la maître jedi au verbe bien plus acerbe en privé. Apprendre à avoir deux visages était le premier pas en politique, disaient avec amusement certains vieux briscards de la Rotonde. Manifestement, c’était un trait qu’Alyria n’avait pas mis longtemps à maîtriser sur le bout des doigts, aidée évidemment par son contrôle parfait des émotions dû à son entraînement jedi.

Cependant, elle reprit son sérieux quand la conversation dériva à nouveau vers la tolérance du Conseil envers la petite famille formée par Luuna, son partenaire et leurs enfants, adopté ou non. D’une certaine façon, en effet, la propre grossesse de l’ancienne cheffe du Conseil avait sans doute été le coup de pouce nécessaire pour faire un pas officiel vers plus de tolérance. Alyria avait tendance à préférer cela plutôt qu’entretenir une façade faussée par la réalité même des traditions du Temple.

Contrairement à une croyance populaire solidement ancrée, les jedis n’interdisaient pas les relations sexuelles. C’était un sujet peu commenté, rarement abordé, car souvent associé aux relations amoureuses, sujet autrement plus complexe, mais pourtant existant, parfois dans l’ombre des chambres des padawans les plus âgés, ou d’autres. Certains jedis obtenaient même l’autorisation de se marier à l’extérieur, comme la mère de son petit-cousin, Joclad, qui avait épousé un Corellien et eut un fils avec lui. Encore plus rare, d’autres vivaient des relations entre jedis, mais cela ne se disait souvent qu’à mot couvert, et peu étaient au courant, ou ne le devenaient qu’après coup. Après tout, elle n’avait appris que récemment la liaison passée entre Gabriel et Illia, sans compter son propre cas… Bref, autant dire que sur le sujet, elle avait une opinion beaucoup plus ouverte que certains de ses collègues, et pensait sincèrement qu’une relation respectueuse des préceptes jedis était possible, et soutenait donc le Conseil dans sa non-intervention. Et vu ce que venait de dire Luuna, apparemment, la séparation avait eu tendance à donner les effets inverses.

« Je suis heureuse de savoir que le Conseil a donné son aval ainsi. Qui sait, votre propre exemple permettra de convaincre certains esprits réticents qu’une politique de tolérance ouverte vaut mieux que le secret honteux… »

Manière polie de faire comprendre qu’elle n’approuvait pas lesdits esprits réticents.

« Si vous parvenez à vivre suivant le code jedi et à élever Laikin, tant mieux. Après tout, j’ai bien une cousine éloignée Maître jedi, et son fils est Chevalier lui aussi au Temple. Ces quelques exemples montrent qu’il est possible, bien que difficile, et rare, de parvenir à concilier une existence de jedi et la naissance d’un enfant. »

Certes, elle exprimait là un avis bien libéral par rapport à certains, mais son emphase sur le caractère délicat d’un tel équilibre montrait également qu’elle n’était pas pour autant aveugle aux dangers. A vrai dire, la demi-echanie se gardait bien de le dire à sa camarade, mais comme sans doute le Conseil, si jamais il y avait un risque pour Luuna et Lyrae de sombrer en élevant Laikin, elle n’aurait aucun scrupule à leur enlever l’enfant. A son avis, si jamais le test n’était pas positif, c’était même une faute que de les laisser l’élever. L’attachement était sincère, normal, évident. Une séparation serait dévastatrice. Elle avait donc du mal à envisager que le Conseil les ait laissé garder le petit en sachant qu’il n’était pas sensible à la Force.

Cependant, la voix enfantine du petit sang-mêlé la tira de ses pensées, et elle ne put s’empêcher de sourire en entendant ses explications et la version retraduite de Luuna. La perspective d’avoir un bambin courir avec une boule de poils rebondissant avait de quoi faire peur à la plus courageuse des nurses de l’Educorps, aussi avec un petit rire, Alyria finit par dire :

« Si jamais vous lui en offrez un, rappelle-moi de ne jamais mettre les pieds à la nurserie du Temple. Je n’ose pas imaginer le carnage provoqué par une de ces bestioles et une horde de petits jedis avides de se dégourdir les jambes… »

L’image avait de quoi attendrir… ou horrifier suivant la position prise, évidemment. Mais déjà, Luuna parlait d’un sujet autrement plus lié à leur condition jedi : une future padawan, peut-être. Surprise, Alyria la regarda un instant sans mot dire. Elle pensait qu’après le départ controversé du précédent, la zeltronne aurait mis plus de temps à se remettre, mais non, apparemment il n’en était rien. Tant mieux, et un sourire éclaira alors son visage adoucissant ses traits durs et marqués par les cicatrices :

« Je crois qu’on était tous un peu comme ça plus jeune… Même si je reconnais que la description te va assez bien, si j’en crois mes souvenirs.

Enfin, heureusement que le temps nous a un peu mis du plomb dans la cervelle… Bon sang, quand je me rappelle quelle bande de jeunes imbéciles joyeux nous faisions, à quatorze ans, à tenter de refaire le monde planqués derrière un arbre après le couvre-feu… Ah ah ! »

A nouveau, un rire lui échappa, les souvenirs remontant lentement à la surface de sa mémoire lui arrachant cet éclat. Alyria conservait une mémoire assez bonne de ses années de jeunesse, et force était de constater que ses amis et elle avaient bien changé. Sans doute était-ce pour le mieux. Elle avait demandé une fois à Lorn, s’il ne regrettait pas un peu l’innocence de ces moments, quand tout semblait possible. Peut-être que d’une certaine façon, tous avaient atteint le point où plutôt que de parler de projets de réforme, ils étaient aux places qui permettaient de les mener, chacun à leur façon.

« C’est toujours bien de recruter de nouvelles personnes, et d’entrevoir un lien avec un padawan. Parfois, je regrette un peu le temps où Armod et moi passions notre temps à parcourir la galaxie. »

Elle n’en dit pas plus, et préféra changer la conversation rapidement :

« Une mission sur Coruscant ? En quoi consistait-elle, si je puis me permettre ? »

Tout en disant cela, les pas d’Alyria s’étaient mécaniquement arrêtés devant l’entrée d’une salle qu’elle ne connaissait que trop bien : la salle d’entraînement du Temple. Une bouffée mélancolique l’envahit, et un bref instant, elle dut se retenir de faire un pas involontairement vers la porte. Maintenant qu’elle était remise, peut-être qu’elle devrait aller voir Maître Vandreen pour voir s’il avait quelques tâches dont elle pourrait le débarrasser lors des prochains jours, avant de regagner Coruscant et son ministère.

Toute personne la connaissant n’aurait pas manqué de voir un éclat bien connu dans son regard vert : celui de la guerrière proche de son terrain d’entraînement préféré, de son élément de prédilection, qui se contraignait pour ne pas laisser libre court à son instinct et redevenir enfin ce qu’elle était réellement. Maître Von venait de réapparaître, balayant la Ministre pour ne laisser la place qu’à une maîtresse d’armes bouillant de montrer qu’elle était encore cette duelliste à l’expertise incontestée.

Mais cela, son ami saurait-elle le déceler ?

Une Padawan,

L'idée n'avait plus fait l'apparition dans l'esprit de Luuna depuis bien longtemps. Il fallait avouer que perdre Ferus juste après avoir perdu Noct, alors qu'ils semblaient tous deux si prometteurs, avait réduit à néant l'enthousiasme de la jeune maman à la formation des générations futures. À vrai dire, elle se demandait même s'il n'était pas mieux pour elles qu'elle reste loin de toute forme de formation...

L'idée pouvait paraître horrible, mais qu'avait elle fait de bien pour les autres ici ? Rien. Elle n'avait fait qu'attirer des problèmes et y plonger tous ceux auxquels elle tenait ! Certes cela avait cessé depuis la naissance de Laïkin, mais principalement parce qu'elle avait été autorisé à se retirer du service actif si l'on peut parler ainsi. Cette longue pause à ses obligations Jedi lui avait fait du bien, elle en était ressortie comme ressourcée et bien plus confiante en elle. Il fallait dire que donner vie à un petit être offrait de tous nouveaux points de vu sur sa propre existence.

C'était en rencontrant diverses personnes loin des préoccupation du temple que Luuna avait commencé à réfléchir au futur qu'elle voulait offrir à son fils, mais aussi à sa fille qui grandissait à vu d’œil. La Zeltronne n'arrivait à en croire ses yeux, elle qui avait connue la Jaïna des quatre cents coups peinait à croire que cette même petite fille turbulente était peu à peu devenue une jolie jeune femme, sans doute plus sérieuse qu'elle ne l'avait été elle même étant plus jeune. Dans un sens c'était rassurant, cela voulait dire que Lyrae savait s'y prendre avec elle et surtout qu'il était un très bon professeur !

En cinq ans il avait su mener leur fille sur le chemin de la réussite Jediement parlant et Luuna imaginait déjà que la belle brune aux yeux en amandes saurait surmonter les épreuves à venir sans peine. La trentenaire n’interférait jamais dans la formation que son amant offrait à leur fille, ni même le questionner à ce sujet. Ce n'était pas l'envie qui lui en manquait, au contraire, elle aurait voulu en savoir plus, mais avait peur qu'il s'imagine qu'elle cherchait à lui offrir des conseils ou à lui demander de faire ceci ou cela ! Cela dit, Jaïna était en âge de commencer à penser à la fabrication de son propre sabre laser, Lyrae avait il déjà prévu quelque chose à ce sujet ? Personne n'en avait encore parlé, pas même leur fille ce qui tendait à dire que non, car s'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé chez elle, c'était sa proportion à parler encore et encore.

La Jedi sourit à son homologue alors qu'elle répondait aux divers sujets qu'elles avaient abordée, la félicitant pour avoir eu l'aval du conseil quand à Laïkin. Il fallait bien avouer que le conseil n'avait pas vraiment eu le choix et il y avait fort à parier qu'ils le savait parfaitement, mais elle ne comptait pas relancer la discussion sur ce point-ci.

" Tu n'imagines même pas à quel point... Mais je dois t'avouer que c'est petites boules de poils peuvent parfois nous faire sourire, voir nous aider à oublier nos problèmes. "

Faisant attention à ce que Laïkin continue de courir comme s'il était un Voorpak et qu'il n'écoute donc pas ce qu'elle allait dire, Luuna reprit.

" Il y a quelques années alors qu'Aora n'était encore qu'une toute jeune Padawan, elle est venue me voir avec Vorvor qui traînait après lui une longue écharpe multicolore qui ressemblait à un petit arc en ciel. À cette époque je venais d'apprendre la mort d'Isanna, la mère biologique de Jaïna et le conseil avait accepté que le l'adopte. Je devais partir sur Ertegas pour lui annoncer la nouvelle et je ne voulais pas arriver les mains vides. La jeune Twi'lek avec l'aide de son Voorpak m'ont aidé à trouver une bonne idée et de fil en aiguille nous sommes devenue amies. N'en parle pas, mais c'est ce jour là qu'une énorme fresque représentant Maître Don est apparue contre un des immeubles d'Iziz alors qu'il était en fuite. Aroa s'est montré très douée avec la télékinésie ce jour là, même si j'ai dû finaliser la chose pour les toiles les plus hautes. "

Luuna se rappelait de ce jour comme si c'était hier et sans ce Voorpak et sa petite maîtresse, il y a fort à parier qu'elle n'aurait jamais trouvé le cadeau parfait pour Jana, mais aussi qu'elle n'aurait pas su oublier la mort d'Izana pendant ces quelques heures de détente criminelle en compagnie de la jeune Twi'lek. Cette petite anecdote confirmait les mots du Maître Jedi l'accompagnant quant à son caractère plus jeune, caractère qui bien qu'ayant évolué semblait toujours présent quelque part au fond d'elle. C'était sans doute parce qu'elle s’identifiait sans vraiment le savoir à Amalia qu'elle en était venue à s'imaginer capable de la forcer. Après tout, cela devait être plus simple de comprendre et de savoir comment l'aider s'il vous ressemble non ?

Alyria confirma plus ou moins cette pensée avant de questionner la Zeltronne sur la teneur de la mission lui ayant permit de rencontrer cette jeune fille et alors qu'elle s’apprêtait à y répondre, Laïkin lui coupa la parole ! Comme si tout à coup faire le Voorpak n'était plus aussi amusant que d'en avoir un vrai autour de soit.

" Et bien en fait... "

" Papa y dia oui ! Paque c'est mon annièsaire et que Papa y a promis un suer cadeau à Aïkin ! Au moins aussi suer que de mes deux ans et même Zana, elle le dit que ce cadeau y sea suer ! Pace que elle sait que c'est un voopa' ! "

Le jeune métis regardait les deux adultes qui s'étaient stoppés sous l'impulsion d'Alyria. Le visage non loin d'être à l'horizontal, les pieds bloqués devant ceux de sa mère, il était prêt à faire le plus gros caprice qu'une maman ait pu voir, Luuna le sentait. Il fallait vite mettre fin à cette idée si elle ne voulait pas passer les trente prochaines minutes à essayer de raisonner l'enfant.

" Si Jana le dit alors c'est que le cadeau sera vraiment super oui. Tu sais, même Papa m'a fait la surprise, il n'a pas voulu me dire ce que c'était ton cadeau. Alors je ne peux pas savoir si c'est un Voorpak ou pas. Mais je suis certaine que même si ce n'est pas un Voorpak, ce sera le plus beau cadeau qu'un petit garçon peut avoir ! "

" Le lu beau cadeau c'est un voopa' ! Aïkin il le sait ! "

Souriant, Luuna saisit le petit sous les bras pour le porter contre elle en lui embrassant la joue alors qu'il se débattait comme si finalement courir comme un Voorpak ce n'était pas si mal. Luuna remarqua seulement à cet instant l'endroit où elles s'étaient stoppées, devant l'une des salle d’entraînement du temple. En oubliant la question interrompue par son fils, la trentenaire proposa à sa compagne de l'accompagner.

" Un petit duel de courtoisie ? Histoire de voir si tout fonctionne comme il faut ? Tu veux voir si Alyria peut battre maman Laïkin ? "

Agitant les bras comme une petite puce, l'enfant regarda le Maître Jedi avant de lancer sur un ton joyeux.

" Oui ! Oui ! Maman c'est la plus forte de toutes, elle va top te gagner Aliya ! "

Imaginer Luuna et la jeune padawan mentionnée faire apparaître une image géante du vieux sage du Conseil suffit à faire pouffer la maîtresse d’armes, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un bon moment, et n’était pas franchement très digne d’un maître jedi et d’une Ministre en exercice. Mais au diable les convenances, cela faisait du bien parfois d’oublier un peu son sérieux pour se détendre en se racontant des anecdotes un peu ridicules… Et celle-là était dans la catégorie « absolument géniale », Alyria en était convaincue.

D’une certaine façon, ce bref moment acheva de la rendre nostalgique de ses années de chevalerie insouciante, quand elle pouvait encore tenter ce genre de choses sans conséquences… Une part d’elle regrettait parfois ces instants simples. L’autre estimait qu’elle avait mûri, et pris des responsabilités l’éloignant de ces jeux amicaux. Sans doute que ces deux morceaux d’elle-même avaient raison, et c’était pour cela qu’elle valorisait avec les années qui passaient l’entretien de ses liens avec ses amis proches… Lorn, Gabriel, Halussius… Ils étaient sa famille, ceux avec qui elle pouvait discuter tranquillement, se souvenir de leurs facéties adolescentes, tout en partageant parfois des conversations plus graves. Aussi, ajouter Luuna à sa liste malgré les absences dues à leurs évolutions respectives la réjouissait profondément.
En fait, c'était presque comme si quelques mois seulement s’étaient écoulés, les sujets défilant de façon fluide, sans temps mort ni arrière-pensée. Et c’était formidablement agréable, comme une sensation de familiarité retrouvée. Alors au diable si ce n’était pas particulièrement intellectuel ou sérieux : parfois, il était essentiel de revenir aux fondamentaux, de ne pas perdre de vue ce qui faisait le sel de la vie, à savoir les rencontres, les liens que l’on forgeait, et les moments partagés. Sans cela, l’existence d’un jedi serait bien triste, et propice au désespoir. Il fallait conserver un certain équilibre personnel, pour se consacrer ensuite pleinement à son devoir. Mais sans doute que ce genre de constat venait avec l’âge, et les occasions manquées.

D’une voix douce, Alyria finit par dire :

« Peut-être que parfois, à trop se plonger dans le fracas des batailles… on en oublie de rire, de temps en temps. C’est regrettable… »

Elle observa ensuite l’échange, absolument adorable au demeurant, entre la mère et son fils, et se dit que Laikin, à ce rythme, allait sans doute obtenir son cadeau rapidement… Comme quoi, une bouille ronde valait tous les Contrôles d’esprit du monde… Ou alors ce petit sacripant savait déjà se servir des phéromones de sa mère. Mmh, en y pensant, peut-être que cette option n’était pas si improbable.

Cependant, elle oublia bien vite sa réflexion en entendant avec une joie non dissimulée sa comparse lui proposer un petit duel, et elle répondit avec empressement, et un bonheur contagieux :

« Avec grand plaisir ! Voilà qui me permettra de me décrasser un peu… Et de vérifier que les connexions de ma prothèse fonctionnent à nouveau. A force de me faire trancher cette main, elle doit commencer à fatiguer.

Et pour le reste… Je te laisse le privilège de tenter ta chance ! »

Même si elle allait donner son maximum. Quoique un peu rouillée, et fatiguée par la convalescence, Alyria adorait les duels, et était connue pour sa maîtrise hors-pair du sabre. Autant dire qu’elle ferait une adversaire plus que coriace. Elle n’était pas maître d’armes pour rien.

La trentenaire pénétra dans la salle, et la trouva comme dans ses souvenirs, soit tout à fait conforme à son goût pour cet endroit. Sachant qu’il fallait occuper le petit garçon, la demi-echanie suggéra :

« Maître Vandreen aime beaucoup entraîner les novices. Je peux lui demander de prendre soin de Laikin un petit moment. »

Aussitôt après que Luuna lui eut donné son accord, Alyria se dirigea à grandes enjambées vers le vénérable maître d’armes, siégeant au Conseil et l’un de ses anciens mentors, lui expliqua en quelques mots la situation, et se dernier grommela qu’il allait s’en occuper… avec un sourire contredisant complètement le côté faussement bourru de l’alien. Elle revint alors et dit gentiment au garçonnet :

« Maître Vandreen va s’occuper de toi, histoire que Maman et moi puissions nous entraîner correctement. Tu ne vas pas que Maman s’inquiète et se fasse battre à cause de ça, hein ?

Si tu es sage, tu pourras regarder, promis. »

Ceci réglé… Restait à entrer dans le vif du sujet. Alyria se positionna à la distance réglementaire de son amie, et dégaina sa lame mauve qui illumina brièvement son visage de sa lueur si particulière. Puis, elle effectua le salut traditionnel des duellistes jedis pratiquant le Makashi, conformément à la pratique de sa forme fétiche… Mais aussi par habitude personnelle. Pour celle qui considérait l’escrime avant tout comme un art, une expression pure de soi, c’était une façon de montrer son respect pour un adversaire, et de commencer un duel de façon réglementaire.

Cela fait, le duel pouvait enfin commencer, dans toute sa beauté et son âpreté. D’un mouvement de la main rapide, la bretteuse se mit à tisser autour d’elle un cocon de Force protecteur, comme elle en avait l’habitude traditionnellement. La Protection de Force, parfois délaissée auprès du Bouclier, son pendant plus brut, offrait l’avantage de rester quelques minutes en place, et d’absorber une portion conséquente d’éventuels dégâts sans trop puiser dans les réserves de l’utilisateur, ni gêner ses mouvements, soit un alliage parfait pour une utilisatrice consommée du style rapide… Et soudain, d’un mouvement brusque du poignet, elle se mit en garde, et plongea en avant.

Elle avait choisi de privilégier la forme II pour l’engagement, afin de vérifier la coordination de ses mouvements… Et tout simplement, il fallait le reconnaître, par plaisir personnel légèrement coupable. C’était sa forme de combat préférée, celle de sa vie tout simplement, et elle éprouvait une joie sincère à la manier, à en tirer le plus grand bénéfice, sans cesse à la recherche du coup parfait, de la botte experte. Elle était le Makashi.

Alors, elle commença par quelques passes d’armes rapides, afin de tester la défense de Luuna, tâtant presque le terrain en connaisseuse, attentive à la moindre faiblesse, le moindre ralentissement, avec l’œil aguerri de la duelliste expérimenté, capable de voir une faille et d’en tirer immédiatement une stratégie. Cependant, elle voulait aussi faire travailler la zeltronne, car tel était le but de leur entraînement, et rien ne valait quelques attaques précises et portées sans coup férir pour poser les bases d’une garde et s’échauffer, aussi bien pour le défenseur que pour l’assaillant.

Ce faux rythme dura quelques minutes, la maîtresse d’armes ne cherchant pas à prendre l’avantage, dévoilant plutôt la base de ses gammes, comme dans une répétition du chœur avant l’entrée de la soprano lors du premier acte d’un opéra. Puis, elle commença à accélérer le rythme petit à petit, feinte après feinte, parade après parade, afin de s’imposer peu à peu dans l’échange.

Bientôt, son poignet se fit plus vif, ses mouvements de jambes plus mouvants, elle glissait de gauche à droite sans presque s’arrêter, tel un serpent dansant, insaisissable, son sabre laissant une traînée mauve partout autour d’elle, dans un ballet hypnotique. Et enfin, la botte vint, brutale, implacable.

Soudain, Alyria se détendit, feinta sur sa droite en simulant un engagement… Puis d’une torsion sèche du poignet, rabattit sa lame au centre, dans un mouvement parfaitement contrôlé, et à la précision impitoyable, passant la garde de son amie dans le plus pur style de la forme II. La violence du choc fut sans nulle doute douloureuse.

Immédiatement, la gardienne s’en voulut pour ne pas avoir contrôlé son élan enthousiaste, et elle s’excusa immédiatement :

« Navrée, je n’ai pas contrôlé ma force, je suis vraiment désolée. Je ne t’ai pas fait trop mal ? »

Les risques de l’entraînement au sabre étaient connus. Alyria ne comptait plus les plaies et les bosses que ces derniers lui avaient procurés. Pour autant, elle éprouvait toujours de la culpabilité en infligeant la même chose à d’autres jedis, même pour un entraînement. Quand la concernée était une amie, la honte de ne pas avoir su doser son effort n’en était que plus grand encore.

Elle espérait seulement que Luuna ne lui en voudrait pas trop pour cette entrée en la matière tambour battant.

Les combats au sabre laser, même pour un simple entraînement, même entre amis, restaient dangereux. C’était un fait connu de tous, même si nombre d’initiés trop pressés avaient une nette tendance à l’oublier. Dans ce genre de cas, la morsure acérée d’une brûlure sur leur peau se chargeait de le leur rappeler avec une acuité douloureuse.

En fait, même en baissant l’intensité des lames, il était matériellement impossible de supprimer les effets négatifs que pouvaient engendrer un coup proprement porté à une cible vivante. Tout d’abord, la force de l’impact demeurait, et même si tous faisaient attention… Quelques bleus étaient souvent à redouter après s’être adonné à ce type d’exercice. Sans compter que certaines lames, même à très faible intensité, avait tendance à blesser.

C’est pourquoi la maîtrise de la Guérison était souvent enseignée aux jeunes jedis, et devraient même, selon la Ministre, être un prérequis indispensable pour tous. Cela limitait les risques, formait intellectuellement les générations futures, et réduisait aussi considérablement le temps passé par les guérisseurs du Centre médical à soigner des bobos sans gravité. Et Alyria pensait cela en ayant pourtant été dans cette catégorie de visiteuse assidue dans sa jeunesse ! Elle ne comptait plus les plaies et les bosses reçus. En même temps, mieux valait éviter, sinon, elle y était encore demain.

Histoire de vérifier ses pensées, Luuna appela immédiatement la Force à elle pour résorber la plaie que la maîtresse d’armes venait de créer dans son flanc. Inutile de préciser qu’Alyria la laissa faire, sans chercher à l’interrompre comme elle aurait pu le chercher lors d’un vrai combat. A vrai dire, fascinée, elle observa les chairs se refermer immédiatement, laissant la peau comme immaculée. Décidément, les capacités de la Force la fascinerait toujours.

En entendant lui répondre, Alyria ne put s’empêcher de sourire, avant de répliquer avec entrain, et un soupçon d’admiration aisément perceptible dans sa voix :

« Ca reste encore à démontrer… Et je peux déjà t’assurer qu’en termes de pouvoirs curatifs, tu n’as rien à m’envier. A vrai dire, ce serait même le contraire ! »

Juste avant que leur échange ne reprenne son cours, elle ajouta, le sourire aux lèvres :

« J’espère par contre que ton fils ne va pas trop m’en vouloir après ça… Même si au pire, vous pourrez toujours utiliser mon nom pour le convaincre de finir sa soupe rapidement ! »

Bon clairement, les deux femmes étaient bien dans un pur duel amical, au vu des plaisanteries échangées et de la bonne humeur régnant malgré cette entame un peu rude. Cependant, Alyria était persuadée de ne pas avoir entamé la combativité de sa comparse. Au contraire même, elle se doutait que cela n’avait fait que l’aiguillonner un peu plus. La charge suivante lui donna raison.

Ainsi, la première attaque fut aisée à esquiver, et la jedi la contra d’un simple mouvement du poignet rapide, écartant la lame verdâtre de son visage sans effort apparent. Cependant, le véritable assaut vint derrière, et en un éclair, elle vit la zeltronne s’élancer dans les airs et lui passer au-dessus de la tête pour se réceptionner dans son dos, et rabattre son arme à cet endroit précis, le tout enchaîné avec vitesse et précision !

Sauf que cet enchaînement, un classique de l’Ataru, n’avait pas été utilisé contre n’importe qui, mais bel et bien contre une maîtresse d’armes aguerrie, et surtout une experte de la forme IV. Si son style de cœur était et resterait le Makashi, il ne fallait pas se leurrer : ses capacités naturelles en avait fait rapidement une adepte consommée de la Voie du Chauve-Faucon. C’était un choix raisonné, qu’elle ne regrettait pas après toutes ces années, car il lui apportait une palette de techniques offensives que la forme II lui interdisait.

Aussi elle ne fut que modérément surprise du mouvement produit, et instinctivement, sut ce qu’il fallait faire pour le contrer… Ou plus exactement l’éviter. Préférant l’agilité à la défense brute, Alyria adorait surprendre ses adversaires par une esquive féline plutôt que par une simple parade, sans compter que généralement, l’effet produit permettait de décontenancer la personne en face… Et de préparer une réplique cinglante.

Avec une rapidité étonnante, Alyria plongea au sol, pieds en avant, comptant sur l’aspect glissant du parquet pour la propulser au loin, ce qui ne manqua pas d’arriver, le sabre passant donc largement à côté de sa cible qui se trouvait à présent plusieurs mètres plus loin. D’un bond aérien, la trentenaire en profita pour se remettre sur ses appuis, et à présent sur le côté de Luuna, légèrement excentrée cela dit.

Son sabre mauve luisant dans sa main, elle chargea alors, et abattit son arme sur le bras de la zeltronne, dans un mouvement de coupe verticale. A vrai dire, il lui paraissait évident qu’un tel assaut, dans un style de Djem So quasiment, ne donnerait rien, ou très peu. En revanche, il lui permettait de tester la connexion de ses muscles, de vérifier sa prise à deux mains sur le manche du sabre, et surtout, de permettre à Luuna de s’engager dans un pur duel de force, sans fioritures aucune, pile ce qu’il fallait pour qu’elle puisse voir si ses bras mécaniques étaient capables de supporter une telle poussée.

Après tout, il ne fallait pas perdre de vue leur objectif, à savoir être certaines à l’issue de cet entraînement que leurs blessures avaient été soignées correctement et que leurs membres fatigués fonctionnaient encore. Si en plus elles pouvaient s’amuser et se perfectionner… Autant ne pas passer à côté de l’occasion offerte !

Ce serait même le contraire !

Cette petite précision fit chaud au cœur de la jeune maman qui avait passé ces dernières années à travailler sans relâche sa maîtrise des pouvoirs curatifs à sa disposition, afin que jamais plus un Padawan sous sa protection n'ait à souffrir sans qu'elle ne puisse réagir. À vrai dire cela effaça même dans son esprit l’échec de son attaque, pourtant parfaitement exécutée, mais sans doute trop classique pour surprendre une personne du niveau de son adversaire. Luuna était cependant admirative du savoir faire de sa compagne d’entraînement qui ne s'était pas fait leurrer par la frappe légère ayant précédé le véritable danger.

La toute première fois qu'elle avait eu à subir un tel enchaînement elle avait, pour sa part, cherché à profiter de cette faible frappe pour lancer un violent contre et était tombée dans le piège de cette technique ! Pour commencer sa frappe avait été complètement nulifié par l'esquive aérienne de son adversaire de l'époque, mais en plus elle avait perdu toute chance de bloquer l'attaque qui avait suivi en ayant mit en péril son propre équilibre suite à cette attaque trop de puissante n'ayant trouvé face à elle que le vide ! À cette époque elle avait trouvé cet enchaînement terriblement efficace, mais Alyria venait de lui prouver que même déséquilibré elle aurait pu s'en sortir parfaitement avec une simple esquive !

La jeune femme n'y avait pas réfléchi sur le moment et avait tenté de se retourner pour mettre son sabre en opposition à celui de son adversaire. Évidement, dans sa posture défavorable elle avait été trop lente et le sabre bleu de son adversaire l'avait touché sans mal ! Une action stupide qu'elle aurait pu éviter si seulement elle avait eu la présence d'esprit de se laisser emporter par sa frappe et ainsi de se dégager du corps à corps ! Alyria venait de choisir cette technique alors qu'elle aurait largement eu le temps de bloquer le coup, la question était donc de savoir pourquoi... Peut être parce que cela empêchait la Zeltronne d’enchaîner avec d'autres attaques ?

Cela pouvait sembler faible comme avantage, mais en réalité c'était un détail très important et Luuna s'en rendit compte lorsque la Maître d'arme fondit sur elle son sabre fendant l'air avec une force et une vitesse incroyablement dangereuse ! Jamais en restant proche d'elle, la métis n'aurait pu chercher à lui porter une frappe de la sorte sans s'exposer à une contre rapide venant stopper son mouvement. Une frappe aussi puissante était une entame parfaite pour le genre de manœuvre qu'elle venait d'utiliser, mais la répéter n'était sans doute pas une très bonne idée puisque Alyria savait parfaitement la contrer et peut être même en tirer avantage !

Choisissant de bloquer de front, la trentenaire vint offrir sa lame verte en opposition directe à celle de son amie afin de la stopper dans sa course dans une gerbe d’étincelles venant se consumer contre sa bure. Mais puissante physiquement que son adversaire, Luuna savait qu'elle ne pourrait tenir cette opposition très longtemps et c'est pour cela qu'elle laissa filer sa lame vers le bas quelques instants seulement après l'impact, cherchant à profiter de la force dégagée par celui-ci pour tourner sur elle même et emporter d'un coup de lame la jambe d'appui de son opposante.

Jet de dés: Jet d'agilité pour une défense et jet d'agilité pour un contre!

Comme Alyria s’y était attendue, son attaque fut parée aisément par son adversaire du jour, la lame verte se jouant aisément d’un assaut aussi brutal, sans grâce aucune pour reprendre le cours de l’échange sans en perdre le contrôle. D’un bref mouvement de tête, la maîtresse d’armes salua l’efficacité d’une parade aussi contrôlée, trop prise par l’échange pour se permettre de perdre sa concentration en engageant à nouveau la conversation.

Il fallait reconnaître que ce qui avait commencé comme un simple entraînement prenait des allures de revue de gamme, les deux combattantes n’hésitant pas à pousser leur répertoire de parades et de bottes dans ses retranchements, parfois en prenant des risques inconsidérés en situation d’affrontement réel, souvent en tentant des gestes nouveaux, dans le seul but de tester toujours plus fortement leurs limites respectives, et tirant un vif plaisir de cette passe d’armes amicale qui leur permettait de se replonger dans les délices des armes après une période d’immobilisation… Du moins, c’était le cas pour la trentenaire.

En effet, la demi-echanie avait toujours trouvé sa satisfaction la plus profonde dans l’exercice de l’escrime, et son travail acharné en faisait une artiste du sabre, avec une philosophie de vie en lien étroit avec ce qu’elle ressentait au cours d’un duel. Elle vibrait pour une belle parade, son cœur tressautait d’envie à l’idée d’une feinte retorse savamment exécutée, son visage s’illuminait face à la belle guerre, comme l’aurait appelé son défunt père. Oui, il y avait une splendeur cachée dans le croisement du plasma coloré que seuls quelques initiés pouvaient apprécier à sa juste valeur, et la bretteuse se vantait de faire partie de ce petit cercle d’amateurs très fermés.

Sans s’en rendre compte, les deux femmes avaient attiré le regard de bon nombre de jedis dans la salle, les plus jeunes contemplant ce duel au sommet avec des yeux ronds, les plus appliqués tentant déjà de reproduire certains mouvements avec plus ou moins de succès, tandis que les autres échangeaient quelques mots à voix basse sur le spectacle qui se déroulait devant eux. Les plus âgés, eux, observaient l’ensemble d’un œil aussi critique qu’impressionné, beaucoup reconnaissant le style tout en grâce féline de la maîtresse d’armes, non sans reconnaître la valeur de son adversaire avec une forme de respect qui n’était pas volée, loin s’en faut.

En effet, non contente d’avoir paré son attaque, Luuna tentait de profiter de la force mise dans la frappe pour la retourner contre son utilisatrice, dans un mouvement qu’Alyria apprécia pleinement… Avant d’envisager pendant quelques secondes le meilleur moyen d’éviter cette contre-attaque rusée vers sa jambe droite. L’espace d’une seconde, une image furtive se forma dans son esprit, et un mince sourire éclaira son visage concentré… L’enchaînement était trop tentant… Pour ne pas être tenté justement !

Attirant la Force à elle, Alyria fléchit légèrement ses jambes et se propulsa en arrière dans un bon aussi félin qu’inhumain, que seul un maître versé dans les arts délicats de la Forme IV pouvait réussir, se mettant ainsi hors de portée du sabre de Luuna en décollant littéralement du sol. Mais surtout, grâce à l’aide de l’énergie mystique qui parcourait tous les jedis, la sang-mêlée avait eu l’occasion de transcender les limites naturelles pour s’offrir quelques précieuses secondes pour mettre en place la seconde phase du plan qui s’était esquissé dans son esprit.

Tournant sur elle-même dans une superbe roulade aérienne, elle se remit dans le sens de son adversaire et d’un mouvement rapide, la torsion du poignet semblant presque invisible tellement elle avait été faite avec célérité et en profitant de l’aspiration d’air créée par le bond de la jedi, Alyria projeta son sabre vers son adversaire, ce dernier venant sur son côté gauche en tournoyant férocement.

Tandis que Luuna se débattait avec son nouvel ennemi, Alyria atterrit souplement un peu plus loin et récupéra son sabre qui revenait vers elle à toute vitesse. Peu importait si le coup n’avait pas été décisif : avec un tel enchaînement, la maîtresse d’armes avait poussé son corps dans ses retranchements, et constatait avec satisfaction qu’elle était en pleine possession de ses moyens, physiques comme psychiques.

Voilà qui augurait une montée en gamme intéressante dans ce duel…

Lente,

Elle était clairement trop lente pour pouvoir rivaliser avec son adversaire qui, dans une pirouette aérienne esquiva sans peine son attaque. Luuna savait Alyria douée dans le domaine du sabre, mais elle n'avait jamais envisagé que ce puisse être à ce point. Chacune de ses tentatives, même les plus improbables à ses yeux se retrouvaient contré avec une facilité déconcertante, c'était donc ça d'être un maître dans un domaine ?

La Zeltronne ne pouvait être qu'admirative quant au savoir faire de la belle rousse et se demandait ce qu'il serait advenu d'elle si jamais elle n'avait jamais perdue la mémoire et donc quitté le temps. Serait elle aussi douée qu'Alyria ? La trentenaire en doutait cruellement, pour la simple et bonne raison que le combat au sabre laser n'avait jamais été son domaine de prédilection, elle le savait parfaitement et diverses archives holographiques lui avait déjà confirmé cela et elle était pour le coup d'autant plus satisfaite des progrès qu'elle avait effectuée dans ce domaine ci en onze ans.

La force au contraire avait toujours été une précieuse alliée et dans ce combat encore elle lui avait offert plus qu'elle n'en avait espéré en guérissant la large blessure qu'elle avait subis au tout début du duel. Il fallait avouer qu'avec le nombres de passage indécent qu'elle avait effectué au cours de ces dernières années à l'infirmerie, être capable de se guérir seule avait rapidement été un de objectif de la jeune maman. C'est ainsi qu'elle s'était découverte de très bonnes prédispositions à l'utilisation de la force de façon curative et là où certains Padawan avaient dû s’entraîner des semaines durant afin de réussir à se soigner eux même, Luuna avait très rapidement su étendre ces soins à d'autres.

Certains d'entre eux, moqueurs ou jaloux peut être, avaient justifié cela par le fait qu'elle était bien plus âgé qu'eux et avec un passif de chevalier, ce qui aidait ! La belle brune ne s'en était jamais cachée et était même allée dans leur sens, sans véritablement comprendre en quoi cela pouvait poser problème. Padawan ou chevalier chacun pouvait contribuer à rendre la galaxie meilleure, elle avait comprit ça très rapidement et s'était accrochée là ou certains auraient sans doute tout simplement tout laissé filer pour retourner à une vie plus banale.

Se redressant, Luuna s’apprêtait à plonger à la poursuite de la Maître d'arme lorsqu'elle comprit ce que celle-ci venait de faire, le sabre de son homologue Jedi fondant sur elle. Elle n'avait que rarement été confronté à une telle situation, mais une chose était claire dans son esprit, esquiver un sabre porter par la force n'était pas quelque chose de simple car son propriétaire pouvait en contrôler la trajectoire ! Dans le cas d'Alyria, la Zeltronne estimait que ce contrôle allait être parfait, il lui fallait donc le rendre plus difficile, voir impossible.

De son côté Laïkin ne manquait pas un seul instant de l'action et si Maître Vandreen avait essayé de l'amadouer avec un mini droïde flottant autour de lui, le jeune garçon avait rapidement trouvé cela moins intéressant que le duel que livrait sa maman contre Alyria. La raison principale était bien évidement qu'il n'avait pas eu le droit de faire comme les autres et de prendre un sabre laser, forcement !

" Va y Maman ! Equive ! Fait comme Zana elle dit ! Equive et attaque avec on zabre ! "

Puisant dans la force la chevalier jedi tenta, en vain, de dévier la course du sabre de son adversaire vers le haut tout en plongeant sur sa gauche lors de l'impact afin d'aténuer celui-ci. Usant d'un voile de force alors qu'elle se réceptionnait de sa roulade, la trentenaire disparut aux yeux de tous. Laïkin questionna aussitôt l'alien à ses côtés quand au sort de sa maman, une petite bouille apeurée accompagnant la question. Est-ce que sa maman avait été emporté par le sabre d'Alyria ? Maître Vandreen rassura l'enfant rapidement en lui chuchotant qu'elle était toujours là, mais simplement invisible ce qui rendit le jeune métis ultra fier, car sa maman c'était vraiment la plus forte de toutes les mamans !

En réalité, jouer sur ce type de pouvoir était un pari relativement risqué face à un maître qui pouvait sans doute palier à ce problème de diverses façons, mais avec un peu de chance Luuna allait pouvoir gagner un peu de temps afin de préparer une attaque qu'elle avait pendant longtemps étudié. S'approchant lentement de son adversaire, elle se dit que si cette attaque passait, cette prise de risque serait largement rentabilisée ! En tout cas jamais elle ne s'était attendue d'être touché par le lancer de sabre de son vis à vis qui était définitivement douée dans de bien trop nombreux domaines...

Jet de dés : Jet de sagesse pour une défense du lancer de sabre et jet de sagesse pour un voile de force au niveau 2.

Le Lancer de sabre était un art délicat, qui combinait le meilleur de l’utilisation de la Force avec l’excellence en combat, une combinaison aussi redoutable que difficile à maîtriser, et dans laquelle Alyria excellait. Il n’y avait pas une once d’orgueil dans ce constat : c’était la pure vérité. Si elle avait mis des années à se familiariser avec l’un des rares autres pouvoirs offensifs de l’arsenal jedi, à savoir la Vague de Force, en revanche, son goût pour le pendant martial de la Télékinésie s’était très vite manifesté.

Il ne s’agissait pas simplement de manipuler l’espace pour le transformer selon une nouvelle configuration, mais bel et bien de transformer sa lame en une extension non pas de son bras, mais de son esprit. En clair, la jedi devait ne faire qu’un avec la Force, et projeter en elle une vision précise, pure, non altérée par aucun sentiment parasite négatif de ce qu’elle désirait faire. Sans compter qu’elle était dans un duel amical, ce qui faisait qu’il était nécessaire pour elle de redoubler d’attention afin de ralentir son sabre au dernier moment pour ne blesser trop profondément la zeltronne, au cas où cette dernière ne parvenait pas à l’éviter.

Le sabre violet fonçait vers sa cible avec une vélocité folle, se transformant en un tourbillon gyroscopique mauve qui paraissait laisser une trace dans l’air en raison de sa puissance, les oreilles de l’assistance bourdonnant en raison du bruit produit par la lame de plasma en pleine rotation apparemment incontrôlable. Et pourtant, la marionnettiste aux commandes veillait, s’assurant de la bonne trajectoire de l’engin de mort, dans une spirale de grâce étonnante.
En voyant que Luuna n’allait pas réussir à se déporter suffisamment sur le côté pour échapper à la morsure du sabre, Alyria ralentit autant que faire se peut la course de ce dernier, pour ne lui infliger qu’une brûlure superficielle qui ne mettrait qu’un ou deux jours à cicatriser pleinement.

Les plaies et les bosses étaient normales dans ce genre de confrontations, et la maîtresse d’armes était d’avis qu’ils étaient même essentiels pour rappeler à tous les jedis, du plus humble des initiés au plus puissant des maîtres qu’ils manient des armes mortelles, et que leur potentiel ne devait jamais être oublié. Même si les jedis baissaient l’intensité de leurs lames dans leurs combats d’entraînements, les cloques demeuraient en cas de coup, et étaient bien réelles. Le seul avantage que pouvait accorder l’expérience était une plus grande facilité à se soigner seul, sans devoir recourir à un passage par le Centre médical de l’Ordre. Encore heureux d’ailleurs, sinon les pauvres guérisseurs auraient été encore plus débordés qu’ils ne l’étaient déjà.

Pour autant, un événement qu’elle n’avait absolument pas prévu se produisit soudainement sous les yeux effarés du public, et plus encore du petit Laikin qui après avoir crié joyeusement quelques encouragements, venait comme tous les autres de glapir de surprise devant la disparition subite de sa mère. Alors qu’une seconde auparavant, elle venait d’être touchée par le sabre d’Alyria, voilà qu’elle avait tout bonnement disparu.

Enfin, pas exactement. Une fois remise de sa surprise, la trentenaire essaya de mobiliser ses sens dans un premier temps pour tenter de vérifier si un bruit de respiration ou quoi que ce soit puisse la mettre sur la voie afin de découvrir où était passée Luuna. En effet, la demi-echanie ne doutait pas que cette dernière ait eu recours à un subterfuge de Force pour effacer sa présence physique, sans doute en se recouvrant d’un Voile particulièrement épais.

Alyria, méfiante, soudainement sur ses gardes, ramena son sabre près d’elle dans une posture défensive, et entreprit de sonder la Force autour d’elle, sans rien trouver. Frustrée, elle tenta d’élargir le champ d’action de sa Détection, mais semblait se heurter à une volonté supérieure qui lui refusait son aide, et masquait toujours la trace de la zeltronne. La Force semblait avoir choisi son camp…

Se sachant battue sur ce coup-là, la sang-mêlée sentit un léger sourire apparaître sur son visage, ses muscles faciaux se détendant légèrement. L’audace de sa précédente manœuvre avait payé, mais la consœur avait trouvé une parade ingénieuse qui la laissait pour le moment dans l’incapacité de savoir où se tapissait son adversaire. Résignée à attendre le coup qui viendrait immanquablement, la maîtresse d’armes resserra sa prise sur son sabre, tous ses sens en alerte.

Advienne que pourra, comme aurait dit son ancien maître…

Réussir,

Parfois la frontière entre une brillante réussite et un échec le plus complet ne se joue pas à grand chose et cela Luuna, tout comme son adversaire du jour, en avaient déjà fait les frais à coup sûr. Souvent même, la brillante réussite devait s'accompagner d'un échec cuisant et particulièrement douloureux, la Zeltronne en avait déjà fait l’expérience de nombreuses fois au cours de son existence et venait d'en faire les frais une nouvelle fois, alors qu'elle s'était montré incapable de dévier l'attaque de son adversaire. La trentenaire avait été forcée d'user d'un plan relativement différant de ce qu'elle avait imaginé au début de la manœuvre, mais l’expérience de ce genre de situation lui avait malgré tout permis de trouver un certain avantage.

L'idée première de la belle aux cheveux ébènes n'avaient clairement pas été de se camoufler ainsi dans la force, mais ayant raté sa manœuvre initiale, elle n'avait pas eu le choix ! C'était cela ou rester à la mercis du sabre violet et de sa propriétaire dont la parfaite maîtrise de la force semblait lui offrir un avantage tel qu'elle ne pouvait rivaliser. C'était le problème d'avoir su se hisser à un tel niveau, où chaque chevalier et Maître se valait sur leur maîtrise bute des choses et où la moindre petite expérience supplémentaire pouvait faire un écart considérable !

Luuna par exemple n'avait pas la moindre connaissance particulière du lancer de sabre, ce qui expliquait sans doute qu'Alyria ait pu sans peine garder la maîtrise de son arme. C'était en partie pour cela que la duelliste avait choisi le voile de force comme réponse, outre offrir une défense parfaite à tout type d'agression, c'était un pouvoir qui bien que connu de la plus part des maîtres Jedi, n'était que très peu utilisé ! Dès lors savoir s'y confronter n'était pas donné à tout le monde et Luuna comptait sur cela pour reprendre la main sur ce duel, car avec le temps ce pouvoir s'était développé chez elle et ce tout particulièrement ces dernières années.

La toute première fois qu'elle avait eu à s'en servir, c'était face à cette Sith encapuchonnée sur Alderaan. Cela lui avait sans doute sauvé la vie et même si cette utilisation c'était faite dans la panique la plus totale cela lui avait permis de se rendre compte de la force latente de ce pouvoir ! Depuis elle n'hésitait pas à s'en servir afin de passer inaperçue lorsqu'elle en avait besoin, mais c'était la première fois qu'elle tendait d'en faire usage en plein combat !

Cachée par son voile de force, Luuna analysait la situation tout en s'approchant lentement de son adversaire. Face à n'importe quelle autre chevalier elle aurait sans doute attaqué sans se poser plus de questions, mais Alyria n'était pas n'importe quel adversaire et elle devait se montrer à la hauteur. Une attaque dans le dos serait sans doute trop classique pour fonctionner, tout comme une attaque sur les flancs, peut être qu'avec une adversaire ayant une telle connaissance des duel Luuna devait justement faire ce à quoi personne ne devait s'attendre, une attaque de front ! Évidement celle-ci se serait pas porté seule et c'est en laissant ses phéromones se dissiper dans l'air afin de cibler Alyria et uniquement elle, que la jeune maman passa à l'action !

Idéalement elle aurait voulu couper la lame de son sabre laser pour appliquer celui-ci contre un point vital de son adversaire avant de la réactiver, s'assurant ainsi une victoire rapide ! Mais une telle action pouvait potentiellement aider son adversaire de haut niveau à percer le voile de force qui la drapait, elle se contenta donc d'une attaque normale qu'elle lança sans prévenir alors qu'elle se tenait à porté de sabre parfaitement face à son opposante.

La respiration profonde, presque parfaitement immobile, Alyria ressemblait à une statue qui ne demandait qu'à prendre vie. Aucun muscle ne bougeait, seule sa conscience se mouvait dans l'espace autour d'elle, à la recherche d'un signe, d'un mouvement dans la Force qui lui indiquerait la position de son adversaire évanouie dans le néant.

Cependant, elle devait se rendre à l'évidence : le camouflage de Luuna était parfait. Aucune aspérité n'émergeait dans la Force, chose pourtant éminemment difficile à produire, surtout qu'elle devait fatalement se mouvoir pour chercher le meilleur angle d'attaque. Or, aucun flux ne paraissait pertubé, au contraire, les points lumineux bougeaient paresseusement autour d'elle, s'égarant au gré des appels des jedis présents dans la pièce. Il y avait une beauté fascinante dans cet amas informe et qui pourtant dégageait une réelle harmonie pour qui savait l'observer et l'apprécier. Le Temple jedi, par ses siècles d'occupation, était devenu un véritable catalyseur du côté lumineux, qui vivait presque par lui-même entre ses murs, insensibles à l'obscurité, et rendant la présence de celui-ci aussi facile à détecter qu'un éclair au milieu de la nuit. Surtout l'atmosphère était évidemment faite pour aider les membres de l'Ordre à atteindre la sérénité requise pour contrôler leurs pouvoirs et mener à bien le rôle qui était le leur.

Pour autant, au-delà, cette concentration faisait que certaines manifestations de la Force prenaient une dimension bien plus importante, comme sublimée par les centaines de connexions existantes avant, pendant, et après les jedis d'aujourd'hui. Peut-être était-ce pour cela que la zeltronne avait à ce point réussi à berner les sens d'Alyria. Peut-être aussi, tout simplement, qu'elle était, sur ce coup-là, simplement face à un talent supérieur au sien, ce qui était tout à fait possible. Chacun avait ses points forts, et Luuna avait l'âge et l'expérience d'un maître, à défaut d'en avoir le titre. Sans sa grossesse, peut-être aurait-elle atteint elle aussi le plus haut grade de l'Ordre ? Vu ce que la maîtresse d'armes voyait, elle était en droit de le penser.

Et soudain, la lame verte fendit l'air, puis un corps orange apparut à sa suite, et en un instant, la demi-echanie vit fondre sur elle l'arme maniée par le bras qui se matérialisait sous ses yeux. Le reste fut une affaire non pas de talent ou d'anticipation, mais de purs réflexes. En effet, parfois, certaines parades ne réussissaient que par chance ou habitude, et non pas par réelle habilité. Simplement, à force, les bretteurs de formation finissaient par acquérir une sorte de sixième sens qui les faisait réagir au quart de tour, et cette aptitude était souvent la clé de la survie, ce qui faisait la différence entre le sabreur occasionnel et celui ou celle qui y avait consacré toute sa vie.

Ainsi, ce ne fut pas Alyria qui réagit à cet instant précis, mais son bras seul qui se mit en action d'un mouvement sec, propulsant la lame violette à la rencontre de la verte dans un crépitement d'étincelles. Sauf que la parade réflexe avait ses défauts, et la seconde trop tard dans sa parade manqua lui être fatale. Cependant, elle sentit le sabre de Luuna se heurter à l’enchevêtrement de Force qu'elle avait tissé au début de leur combat amical et qui l'entourait de son filet lâche et protecteur. Ainsi, l'attaque ripa, trébucha, pour en finalement qu'érafler très légèrement son poignet gauche à la jointure entre son gant et sa peau, là où le métal laissait place à la chair.

L'égratignure était à peine perceptible, mais permettait à la duelliste de reprendre le cours du combat, la douleur fugitive lui ayant permis de se rendre compte qu'il était temps de prendre conscience que son adversaire risquait de lui donner plus de fil à retordre de prévu. Pour autant, la jedi admirait la ruse utilisée, et ne put s'empêcher de souffler :

« Très beau Voile de Force. Presque une attaque d'Ombre. Imprévisible et rapide... »

Mue avant tout par la beauté de ce qu'elle voyait comme un art, la trentenaire savait quand complimenter ses opposants, qu'ils soient des amis... ou des ennemis. En tant qu'amatrice de la forme II, Alyria en avait adopté les codes de courtoisie et d'honneur commandé par son esthétique presque aristocratique. En cela, il était de la vertu du bretteur de savoir distribuer remontrances et éloges, piques et commentaires amicaux. Surtout, évidemment, quand la personne en face était une connaissance proche de plus de vingt-cinq ans, une ancienne compagne de chambrée... Tant de souvenirs partagés, ravivés par cette pensée, et que quelque part, la sang-mêlée était désormais la seule à entretenir précieusement, en raison de la perte de mémoire de Luuna. La sensation douce-amère d'être la gardienne d'un passé révolu ne l'avait pas quitté depuis la réapparition de la zeltronne, mais en même temps, elle n'avait jamais réellement abordé le sujet, comprenant qu'il pouvait être douloureux de ne pouvoir se remémorer des années de sa vie. Elle avait construit une vie après. La trentenaire serait ravie d'en faire partie comme amie, mais bien sûr, rien ne serait comme avant. Peut-être était-ce pour le mieux, après tout. Elles étaient adultes, elles avaient changé.

Avec un mince sourire, Alyria se dégagea d'un bon en arrière, comme pour annoncer la tenue d'une seconde manche. Tenant son sabre en position de duel, elle décrivit un léger salut, à la manière des maîtres du Makashi reconnaissant la valeur d'un adversaire... Puis s'avança en une enjambée et piqua d'estoc, avant de se lancer dans une série de feintes visant à submerger le Chevalier et à l'embrouiller quant à sa frappe future. En effet, impossible de deviner où elle allait frapper, tant elle tissait du bout de son sabre une toile aux arabesques complexes, choississant comme au hasard de lancer l'assaut en haut, en bas, près du jarret, du poignet, vers l'épaule.

Et enfin, d'un ultime mouvement du poignet vint la botte, fondant vers le thorax de Luuna avec vivacité, tel un serpent se détendant pour cueillir sa proie prise dans sa transe hypnotique.

Un choc,

Luuna s'attendait à celui-ci, mais jamais elle n'avait imaginé qu'il soit provoqué par sa lame frappant celle de son adversaire. Comment Alyria avait elle pu anticiper son attaque ? Du point de vue de la jeune maman tout avait été mit en place des plus parfaitement et seulement deux options lui venait à l'esprit à cet instant en ce qui concernait son échec.

La première était que le maître Jedi avait su contourner son voile de force, mais avait prit soin de ne rien laisser paraître. Cette idée était la hantise de tout pratiquant de ce pouvoir, mais avec les années celle-ci s'était rapidement effilochée dans l'esprit de la chevalier face à la réalité des choses ! Oui, il était presque impossible, pour une personne ayant brisée le voile de force, de ne rien laisser paraître et cela était d'autant plus vrai dans un combat où se trouvait une Zeltronne. Si beaucoup pouvaient tenter de cacher leur réussite, Luuna, de part son engeance, pouvait sans peine la découvrir et s'y adapter.

Restait donc la seconde qui était bien évidement que la maître d'armes était naturellement douée pour faire face à ce genre de situation ! Son sens du combat et ses réflexes hors normes pouvaient sans doute expliquer l'échec de la Zeltronne qui ne pouvait rivaliser ! Pour autant, un léger sourire s'était dessiné sur les lèvres de la trentenaire qui n'avait pas manqué le fait que sa frappe avait malgré tout touché son adversaire lors de l'impact. C'était particulièrement étonnant par ailleurs, car Luuna était presque certaine d'avoir vu son adversaire lancer une sorte de bouclier de force au début de leur combat. En cas de frappe plus appuyée, cette contestation n'aurait rien eu d'étrange, mais en l'occurrence la frappe cette fois-ci avait été largement absorbée par le sabre d'Alyria ce qui soulevait une question.

" Merci, mais cela n'a pas été suffisant apparemment... Cela dit je n'ai pas dit mon dernier mot ! "

Son adversaire sauta en arrière lors de cette déclaration, sans doute parce qu'elle craint pour une nouvelle manœuvre agressive de la Zeltronne, qui pour le coup, ne put attaquer immédiatement. Cela offrit à Alyria la main et elle ne se priva pas de s'en servir, sa lame violette plongeant rapidement sur la jeune maman qui se plaça aussitôt sur la défensive.

Ce n'était pas la première fois que son adversaire utilisait un tel enchaînement d'attaques visant à la submerger et Luuna avait déjà imaginé une façon pour y réchapper, à savoir l'esquive. Si son corps pouvait suivre le rythme imposé, elle serait plus à même d’identifier la frappe la plus dangereuse du lot, car elle savait parfaitement que parmi toutes ces frappes l'une d'elle serait plus appuyée et destinée à causer de gros dégâts. Usant de son sabre afin de ne bloquer que les attaques les plus compliquées à éviter, de part leur conception ou leur angle, la trentenaire comptait sur la force pour lui permettre d’identifier le coup qui allait fatalement arriver.

Ce coup, elle sut le voir venir au travers de la force, mais elle n'avait pas anticipée le fait qu'elle n'aurait pas le niveau pour le bloquer, tant son adversaire avait prit sur elle pour le placer avec soin. La lame violette s'enfonça en partie dans son thorax sous les yeux de tous et la Zeltronne ne put rien faire pour l’empêcher ! Reculant d'un pas sous la douleur, elle chercha à user de la force pour repousser son adversaire au loin, afin de pouvoir gagner le temps précieux dont elle avait besoin pour se soigner et reprendre ses esprits, mais la force se refusa à elle, sa main battant l'air sans la moindre réponse de celle qui juste avant avait été une redoutable alliée...

Jet de Dés: Défense de l'attaque d'Alyria et Télékinésie Niveau 2 pour repousser Alyria