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« Tu sais Léonard, tes capacités en pilotage ne sont égalées que par tes talent mécaniques, tu le savais ça ? Face à mon indifférence, il surenchérit. Ecoute, tu ferais mieux d’en prendre un neuf, mon vieux, vu t… Enfin, Léonard, il marchera jamais celui-là ! »

« Tant mieux. Merci pour ta patience et à plus tard, je te le ramène ce soir ! »

Et je plantais là mon collègue attaché à la récupération, médusé. Je venais de mettre en sac un moteur d’escorteur Jedi qui, selon le gardien de la chambre de récupération, ne marcherait jamais, ainsi que diverses pièces de récupération. C’était exactement ce qu’il me fallait. Selon le rapport attaché, il avait fallu extraire le Jedi de l'appareil de manière urgence, ce qui s'était au sabre. Le résultat était que diverses pièves avaient été simplement coupées, d'autres soudées là ou il ne le fallait pas, et l'état général était passablement lamentable.
J’agitais la main et lâchais l’objet, le faisant léviter à ma suite car il m’était concrètement impossible de le porter.
Pensif, ensuite, j’arpentais les couloirs du Temple vers ma destination. Oui.. C’était parfait.

Ce moteur avait tout en commun avec mon padawan : ils avaient essuyés de très durs moment, et ils avaient été.. Secoué, cassés, même. Et aujourd’hui, lorsqu’ils regardaient autour, plus personne ne croyaient en eux. Condamnés à ne plus jamais être fonctionnels, voilà la sentence qu’ils pensaient que le destin avait fait pour eux.
Soyons néanmoins sincères, j’attachais plus d’importance à mon padawan qu’à ce moteur. Mais je connaissais Joclad et je savais que les grandes heures de méditation du vide, avec les caractères abstraits et métaphysiques de ces dernières ne sauraient être d’aucune aide présentement. Non, je lui savais des dons pour le bidouillage, et j’allais me baser dessus.


J’arrivais sur une des terrasses du Temple, laquelle donnait sur le parc. Je profitais de la table d’agrément pour y déposer mon fardeau. La chose n’étant pas improvisée, il y avait déjà une bouilloire et deux tasses sur place. Je regardais ma montre.. En avance de dix minutes, comme prévu. Je me détournais de la table et allais jusque le rebord de la terrasse en expirant avec lenteur, profitant des senteurs du Parc encore humide de la rosée. Du coin de l’œil je surveillais mes plants de thé grimpant, ainsi que les diverses plantes et arbres que j’avais fait planter et dont je m’occupais.. J’aimais cet endroit. Il n’y avait pas beaucoup d’endroit où je me sentais bien. Les êtres vivants étaient pour moi bien peu reposant, et c’est sans doute pour ça que j’avais aimé la période ou j’étais sur Myrkr.

« Un potentiel exceptionnel, à la mesure du traitement qu’il faudra lui administrer pour qu’il le révèle. »… Il avait fallu ça pour me cadrer, me calmer, et me faire écouter, observer et apprécier tout ce qui m'entourait.
Me voyez-vous, maître Ancilen ? Moi aussi, aujourd’hui, je forme un padawan, j’ai réussi à le garder, et à le retrouver, celui-là.. J’espère que vous êtes fier. Et j’espère que je ne vous donnerai jamais la raison de cesser de l’être.

Et à présent, j’allais faire bien plus que le retrouver.. J’allais le recadrer. Joclad avait été très secoué par son passage sur l’Atramentar, j’avais pu le voir. Il avait surmonté beaucoup d’épreuves.. Mais quelque chose en lui s’était brisé, et la confiance qu’il avait en lui-même s’était effondrée. Il était effondré, du moins c’était ainsi que je le voyais.. Mais ce n’était pas ainsi qu’il repartirait d’ici.

D’ailleurs… Ce devait être l’heure pour lui d’arriver. Le thé avait refroidi ce qu’il fallait.. Il trouverait sur la table deux tasses, une théière fumante et un sac assez pesant dont le contenu ne pouvait être qu’une surprise.

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« Bah alors ? T’es vraiment à côté de la plaque aujourd’hui ! Il y a un problème ?»

« Rien d’important Jeresen. Je ne suis pas concentré, c’est tout. » lâchais-je simplement alors qu’un genou à terre, je laissais ma seconde main caresser ma tempe pour en retirer une très fine coulée de mon propre sang. Concentré, je ne l’étais effectivement pas. Plus que ça encore, j’étais perturbé depuis mon retour de ce vaisseau prison. J’en étais à devoir affronter mon propre esprit, mon propre Moi. Les pensées et idées pernicieuses pour lesquelles je m’étais désintéressé et que l’on m’avait longuement récitées durant mon séjour sur l’Atramentar prenaient leurs sens à présent que j’étais en plein doute. Ce que m’avait injecté Shaar-lâ y était également pour quelque chose. Je ressentais mon organisme combattre la chose. Les Guerisseurs m’avaient bien parlé d’un moyen de neutraliser ce « poison » mais ils m’avaient également fait comprendre qu’ils avaient besoin d’étudier la question pour s’assurer que ce ne serait pas sans effet. Si j’étais aussi réservé dans mon duel avec Jeresen, c’était par soucis de ne pas me laisser piéger. J’avais bien vu durant mon emprisonnement ce qu’il pouvait advenir si je ne faisais pas attention. Shaar-lâ en avait profité pour me forcer à succomber, à « gouter » en l’affrontant pour une cause déjà perdue. Qui me disait que cela ne pouvait pas recommencer ? Et cette fois-ci contre un Jedi, un camarade, un ami ?

Je secouais lentement la tête, vérifiant une énième fois que le saignement n’était pas continu. Puis j’allais récupérer mon arme avant de regarder l’heure sur mon communicateur. Je soupirais légèrement, reprenant mes esprits après un coup qui avait manqué de me sonner. Enfin, je saluais respectueusement mon adversaire du petit matin, joignant mes deux mains devant moi avant de m’incliner légèrement en avant.

« Je te remercie pour cet entrainement, Jeresen. J’espère être en meilleur forme la prochaine fois, histoire qu’il y ait du challenge. »

« Merci à toi Joc’. Essaye de ne pas revenir « trop » en forme, juste l’histoire que j’ai une chance. »

Un échange de rire, une énième salutation, et j’étais partis vers ma chambre. En sueur, et quelque peu exténué après avoir passé une heure d’entrainement à subir et me contrôler pour ne pas risquer d’y aller « trop fort », je laissais tomber mes affaires sur les draps de mon lit pour prendre une douche. Alors que l’eau coulait sur ma peau, je ne pouvais m’empêcher de repenser à Ruusan, et à Léonard. Ce jour-là, il m’avait fait une promesse. Il m’avait assuré qu’il ferait tout ce qu’il lui était possible pour m’aider à combattre et vaincre le mal qui me ronge. J’étais à la fois rassuré et fier de l’avoir pour mentor, et je ne m’étais jamais aussi bien senti qu’en sa présence. Son aura dans la Force est des plus réconfortantes, un peu comme celle d’Ilia le fut par le passé. Je savais que j’avais fais le bon choix en acceptant son invitation, sur Aldéraan. Et aujourd’hui encore, nous avions rendez-vous pour poursuivre ce que nous avions entrepris.

Enfilant une tenue respirant de propreté, je quittais une nouvelle fois mes appartements, sabre à la ceinture. Sur le chemin, je saluais évidemment les personnes que je croisais. Comme d’habitude, je me dirigeais vers une des terrasses du Temple. L’endroit était bien plus accueillant et apaisant que le calme et le silence plat de la salle de méditation. Je devais y retrouver Léonard, et je souhaitais être pointilleux. C’est pourquoi j’arrivais presque à l’heure, en avance de quelques instants avant l’horaire que nous nous étions fixés. Sur le trajet, j’avais cherché à me poser, de profiter de l’aura de sérénité ambiante pour atteindre niveau d’apaisement et de plénitude de l’esprit. Lorsque finalement je pénétrais sur la terrasse, mon regard dévia instantanément sur l’homme qui se tenait à l’extrémité de celle-ci, mon esprit l’ayant immédiatement repéré dans la Force. Je m’étais arrête, le temps de faire le tour du lieu. Mon regard finit par se poser sur la table, et alors que je m’avançais vers cette dernière, je savais que Léonard avait discerné ma présence. Je faisais donc halte pour me tourner dans sa direction, avant de prendre la parole d’un ton plutôt serein :

« Bonjour Maitre. Le temps à l’air agréable aujourd’hui… Comment vous portez-vous ? »

Je m’inclinais pour le saluer, avant de me rapprocher à portée de la table. Mes mains vinrent se poser sur cette dernière, alors que je restais intrigué par le sac présent sur cette dernière. Nous n’avions pas parlé de l’objet de cette séance, et il était légitime que je sois intrigué. Je portais une main sur le dit sac, sans vraiment le toucher, avant de regarder une énième fois Léonard.

« Qu’est-ce donc ? demandais-je simplement, avant d’oser toucher par-delà le tissus ce qui pouvait bien se trouver à l’intérieur. « Je peux ? »


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Mon padawan arriva. Immédiatement, je sentis les efforts qu’il devait faire pour être serein. C’était admirable qu’il y arrive.. Mais préoccupant que cela lui demande autant de concentration.. Apaisons sa peine.. Pour commencer, car pour curer son mal, j’allais devoir la creuser.

Je ne répondis pas de suite, cherchant en moi cette aptitude que j’avais développé à soigner les maux.. J’acceptais la noirceur qui perturbait le cœur de mon élève, et je la comprenais dans mon art.. Lorsqu’enfin je me retournais, j’avais repris de Ruusan cette aura qui l’avait apaisé, et qui naissait de ma capacité nouvelle à endiguer les effets du côté Obscur, et en protéger ceux que je voulais garder des maux.

« Bonjour, Padawan. »

Je le laissais découvrir l’endroit, et appréhender l’environnement qui serait celui de son épreuve. Il s’en doutait. Mon impassible regard était posé sur lui, inquisiteur comme à son habitude. Je ne laissais rien paraître d’une quelconque émotion, car il n’y en avait aucune. Un léger sourire sibyllin éclaira ma figure tandis que j’éludais sa question d’une réponse qui n’avait rien, et pourtant tout, de satisfaisante.

« Je me porte relativement bien, et si tu me le permets –et tu me le permettras, c’est lorsque nous nous quitterons que je te retournais la question. Par ailleurs, ceci, Joclad.. Je pointais du doigt le sac, tout en penchant la tête de côté. C’est toi. »

Je m’avançais, retirant moi-même le moteur et les pièces détachées du sac. Puis je tirais un fer à souder de ma manche. Qui pouvait encore être surpris de ce que je mettais dans mes manches, hein ?

« Plus exactement, il s’agit du reflet de ton toi présent, lequel, j’ai foi en cette affirmation, n’est en rien le jeune homme que tu es réellement, et que je t’aiderai à redevenir. Ceci, mon garçon est un défi. »

Je fis le tour de la table, me positionnant derrière Joclad, avant de poser mes deux mains sur les épaules de mon padawan, dans une attitude qui pourrait être comparée à celle d’un paternel encourageant sa progéniture.

« L’énoncé est basique, aussi simple qu’est celui qui résoudrai tes problèmes : répare-le. L’accomplissement d’une telle tâche, en revanche, n’aura rien de simple, tu t’en doute, ce ne serait pas une épreuve, autrement. »

L’impossible. Joclad, très vite, allait devoir se confronter à ce premier bilan : réparer ce moteur est impossible, et de fait, réparer CE moteur était impossible. Mais je connaissais ses aptitudes en bricolage, et je savais également de son tempérament que s’il s’investissement habilement, la méditation mobile l’aiderait à dépasser le stade strictement rationnel des choses pour qu’il trouve son propre chemin.
Mais il était tout aussi vrai, et ce malgré ma présence et l’Apaisement de l’Obscur qu’un soupçon de détresse, de désespoir, ou même une conduite trop terre à terre ne le mèneraient qu’à un mur.

Mes mains sur ses épaules témoignaient du fait qu’il n’était pas seul. Mais il devait ici faire montre d’une configuration d’esprit que je ne pouvais avoir pour lui.

« C’est à toi de jouer, mon garçon. J’ai pleine confiance en toi. »

Gentiment, je le poussais vers son épreuve, sans autre cérémonie. Je fis à nouveau le tour de la table, et servis deux tasses de mon thé légèrement épicé, avant de retrouver le rebord, et de l'observer depuis-là.

« En effet.. le fond de l'air est agréable... »

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A peine m’avait-il regardé que je ressentais déjà son action dans la Force. Je sentais mon esprit se dénouer et les maux s’apaiser. Comme la première fois sur Ruusan, je profitais de ce moment de calme que je trouvais en sa présence. Immédiatement, je fermais les yeux pour retrouver cette sérénité qui me fuyait. Mon sourire semblait même plus vrai et naturel. Je soupirais alors que mon regard se posait à nouveau sur le sac qui masquait l’objet de notre réunion. J’étais des plus intrigués par ses propos, et je ne pus m’empêcher de sourire pour éviter de rire alors qu’il se permettait une comparaison qui me semblait des plus douteuses. Pourtant, le connaissant, j’aurais dû me douter qu’il était au contraire des plus sérieux.

Le laissant me dévoiler ce dont il s’agissait, je contenais ma surprise, me contentant de lever mon regard dans sa direction pour savoir s’il s’agissait ou non d’une plaisanterie. Je restais stoïque, légèrement penché en avant, m’appuyant de mes mains sur la table. Sceptique, je l’écoutais attentivement sans pour autant quitter le moteur du regard. Sans le toucher, je l’auscultais déjà à la recherche de l’élément qui ne poserait pas problème. Car le souci avec ce moteur était simple à déterminer : c’était le moteur lui-même. Tout semblait foireux dans ce moteur et les pièces détachées laissaient supposer que la réparation n’était clairement pas de mon niveau. Et bien que Léonard ait finit par faire le tour de la table pour venir m’apporter son soutien, je ne voyais pas comment je pourrais réparer cette chose.

« Alors ça… c’est moi ? » lâchais-je finalement en me redressant, perplexe. « Alors selon-vous, je suis irrécupérable, comme ce moteur ? Je veux bien réparer quelque chose de réparable. Mais là, meilleur mécanicien de la Galaxie vous enverrez paître ! »

Confiance ? Il avait beau avoir confiance en moi, je me voyais mal réaliser un miracle. Et puis, il aurait peut-être dû m’expliquer de quelle manière réparer ce moteur, à supposer que ce soit possible, me permettrait de corriger mes problèmes. Je portais une main à mon front, balayant une mèche alors que je réfléchissais déjà au meilleur moyen d’agir pour tout de même tenter de débuter l’exercice.

« Un défi, hein ? Je vois que vous avez vite trouvé comment attirer mon attention. Je n’ai pas la moindre idée de comment réparer cette chose, alors si j’étais vous je commencerais par bien vous installer. C’est que ça risque d’être long ! »

Très long, même. Je me saisissais de la tasse qu’il avait déposée près de moi, alors que je venais m’asseoir sur une des chaises qui entouraient la table. Je prenais le temps d’analyser les pièces détachées puis le moteur en lui-même, et cela avec plus d’attention que la première fois. A chaque nouvelle pièce que je retirais, je fais le même constat : foutu, foutu, et encore foutu. Face à ce bilan des plus pessimistes, je portais la tasse à mes lèvres, pour goûter à ce thé toujours aussi bien préparé par mon maitre. C’était sans doute la seule douceur, le seul point positif à l’heure actuelle, alors autant en profiter…
Je faisais bien vite appel à la Force pour tenter de discerner les problèmes en profondeurs. La partie visible est bien souvent ridicule en comparaison des défectuosités que l’on ne pouvait pas voir, et c’était sans doute le cas avec ce moteur, et avec mon esprit, d’ailleurs. En présence de Léonard, je retrouvais ma pleine capacité à réfléchir, et cela grâce à sa capacité à apaiser mes démons. Je soupirais une nouvelle fois avant de fermer les yeux. J’avais besoin de me concentrer, de réfléchir, et d’esquisser un plan d’action. La réparation n’était pas impossible, tout simplement car tout système peut être réparé. Le tout est de s’en donner les moyens, ainsi que le temps nécessaire à appliquer les soins. Le tout était de bien me coordonner dans mes tâches…

« Hmm, Maitre ? On peut avoir plus de pièces détachées, ou bien je dois me débrouiller avec si peu ? » finissais-je par l’interpeller au bout d’une bonne dizaine de minutes d’un calme plat, où seul les chants des oiseaux et le bruit du vent venait rompre cette ambiance monotone.

J’avais analysé le problème de manière superficielle, et je sortais déjà mon datapad pour lister certaines tâches. Je retirais ma bure déjà tâchée pour me mettre à l’aise, dans ma tunique couleur crème, légère et classique du Padawan. Cette dernière finira sans doute noire de cambouis, mais c’était les risques. Enfin, je venais retoucher au moteur, retirant certaines pièces encombrantes et dont l’état laissait peu d’espoir quant à sa fin de vie ; Plus je le démontais, plus j’avais l’impression que ce défi était hors de portée. Comment Léonard avait-il pu penser que je puisse réparer cette chose avec si peu d’éléments ? Tout était à changer ou à bricoler. Et encore, le résultat final serait décevant, car il n’égalerait pas le modèle originel. En conclusion, il aurait simplement été bricolé, et non réparé… Je soufflais à nouveau, semblant perdre ma concentration alors que je me laissais retomber contre le dossier de la chaise. J’affichais un air soucieux, avant de finalement effacer tous les premiers jets que j’avais préalablement esquissé sur mon pad…

« Il va falloir m’aider, Maitre. » concluais-je simplement, avant de porter mon regard vers l’horizon. Oui, j’allais avoir besoin d’aide pour me concentrer et me poser. Je n’avais plus médité profondément depuis longtemps, et cela finissait par se ressentir dans de tels instants : l’esprit de concentration et de réflexion, ça se travaille, chose que je n’ai pu faire depuis des semaines, des mois même. Depuis Ruusan, excepté avec Léonard, méditer m’était devenu très difficile…


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« Le meilleur psychologue m’aurait dit que tu étais irrécupérable, je n’aurais pas lâché l’affaire pour autant, Joclad. Si l'on considère qu'un problème se définit par une solution, alors là ou il y a la volonté, il y a un chemin. »

Répondis-je du tac au tac, en buvant une gorgée de thé. Non.. Joclad ne pensait pas réellement cela, du moins ne le pensât-il pas longtemps. Et c’était autant un problème qu’une solution, en vérité. Il avait fini par ne pas prendre cela comme étant impossible. Le défis avait motivé sa volonté.. Peut-être un peu trop, même. Être motivé à foncer dans un mur ne vaut pas forcément mieux que le regarder en disant qu'on ne peut le passer..
Il s’investissait en tout cas, et il ne cédait pas au désespoir. Pas encore. Il cherchait, c’est vrai, et pour l’heure son regard était surtout un regard d’étude. Mais il n’en cherchait pas moins mal. Pragmatique, scientifique.. Chacune de ses pensées s’arrêtait contre un mur qui devait lui sembler infini, et il rusait en espérant atténuer ce dernier.

« Je ne sais pas, Joclad.. Tu as des pièces détachées et en réserves pour réparer ton esprit ? »

La question n’était pas sarcastique, loin de là. A priori, on aurait pu dire que je me moquais tant la chose était concrètement impossible, un esprit n’a pas de pièces de rechanges.. Mais si l’on considère la question en relevant le niveau et en faisant abstraction des frontières strictement physiques, Joclad pouvait tout à fait disposer de sources, dans son esprit, aptes à l’aider. Je pensais par exemple aux agréables souvenirs qu’il pouvait avoir de son précédent maître, ou de tout un tas de réminiscences lui montrant lui-même dans des positions ou il évoluait, ou il apprenait.

Mais ce qui me chiffonnait dans la réflexion de mon padawan, c’est qu’il voulait visiblement refaire ce moteur comme neuf. Est-ce que ça lui semblait logique que j’essaie de réinitialiser Joclad selon son dernier point de sauvegarde sain ? Non. Joclad avait oublié une partie de cet exercice, à savoir que ce moteur, c’était lui. Et que lui n’allait pas retourner en arrière, mais évoluer. Ce moteur devait évoluer, pas redevenir ce qu’il était.
Au fond, je n’avais aucune idée de ce que ce moteur deviendrait..

« Lorsque quelque chose est impossible, Joclad, il faut le faire, ou ne pas le faire. »

Sa demande d’aide était une preuve de bon sens : il ne s’acharnait pas. Je ne pouvais être satisfait de son incapacité à réussir, mais il avait des réactions saines. Pour le reste, la patience n’était pas un problème.. Pas pour moi.
Maintenant, le défi c’était d’orienter Joclad sans lui donner les clefs de l’exercice. Pour certains Jedi, l’art de la phrase décalée est philosophique. Dans mon cas, si je dis quelque chose d’étrange ce n’est pas parce que je trouve ça philosophiquement joli, mais parce qu’il faut noyer le poisson. Je suis logique, et la logique veut que l’on fasse des phrases simples et concises. Mais là, je devais le mettre sur les rails sans le mettre en voiture pour autant..

« Dans l’univers, chaque chose est influencée par la Force, depuis le plus grand des Jedi jusque la plus simple de la pierre. Il existe dont ce lien commun, qui unie toutes choses entre elle. Tu es dans tes colonnes de chiffres, tes schémas.. Tu as le nez collé sur ce moteur sans le voir. Pose sur lui un œil neuf.. Tu te projettes dans un mur, sans jamais être à ce que tu fais, sans être dans le présent. »

Je posais mes yeux anthracites sur lui. S’ils ne trahissaient pas la moindre émotion, ils étaient étrangement intenses. Il faisait la même chose que pour lui-même : il agençait les variables et se projetait dans l'avenir sans inclure les données réelles, ce qui avait pour résultat qu'il se voyait systématiquement faillir. S'il voulait réussir, il allait devoir regarder les choses en face et dans leur ensemble, sans se contenter de noter les symptômes. Lorsqu'il verra que ni lui, ni le moteur ne répondent à une harmonie viable, il sera forcé d'adapter sa musique..

« Vois ce moteur pour ce qu’il est, non pas pour ce qu’il fut. Considère ton objectif et le moyen d’y parvenir. Matérialise cela dans ton esprit et non dans ton pad. Avant d’user de tes mains, utilise ta tête. La quête de l’harmonie est la même que celle d’une réparation.. Réajuster ce qui est faux pour que la symphonie sonne juste. C'est seulement ensuite qu'on la joue. »

Au moment même où je parlais, une brise parcourut l’ensemble de la terrasse. Une brise que Joclad pouvait sentir comme absolument pas naturelle. C’était moi, qu’il percevait. Moi qui, en méditant, prenait conscience de tous les objets balayés par le vent. Seuls les êtres vivants répondaient, et l’on percevait dès lors leurs présences.. Mais rien n’échappait à l’esprit qui voulait voir.

« N’oublie pas que ce moteur, Joclad.. C’est toi. Est-ce qu’il suffirait de tourner un boulon pour effacer tout ce qui fut et te rendre à ce que tu étais avant ? Il put sentir mon œil, à nouveau inquisiteur, transpercer sa chaire pour lire son âme tandis que ma question sabrait l’air : Est-ce ce que tu voudrais, Joclad ? »

Il devait apprendre. Si je lui avais filé quelques pièces de rechanges, c’était parce que Joclad aussi, avait acquis certaines choses. Avoir survécu à l’Atramentar sans devenir fou était une prouesse, et cela impliquait qu’il était plus que ce qu’il était avant, comme ce moteur était, avec ces pièces, plus que ce qu’il était avant.
Restait à savoir ce qu’il fallait faire de cette expérience. La laisser de côté ? Non.. Il n’arriverait à rien sans ça.

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Je n’étais pas irrécupérable. Les guérisseurs m’avaient affirmés qu’ils avaient confiance dans leur capacité à guérir certains de mes maux. Et je contais évidemment sur Léonard mais aussi sur moi-même pour corriger le reste. Si j’étais ici aujourd’hui, c’est parce que je ne voulais pas rester dans cet état. J’avais besoin de changer, d’évoluer pour que mon esprit puisse retrouver l’harmonie. Je voulais redevenir moi-même, et non pas continuer de donner cette apparence d’instabilité et d’incertitude. J’avais la volonté de réussir, mais il me manquait encore la clef me permettant d’ouvrir le verrou empêchant mon esprit de retrouver sa pleine liberté. Je respirais lentement, mon attention portée sur ses propos. Je restais quelque peu songeur, à la recherche du moyen me permettant d’atteindre le but recherché. Pour la première fois, je me détachais de la technologie qui était à ma disposition pour reporter mon regard sur le dit moteur que j’étais sensé réparer.

Je finissais même par me redresser, pour poser une main sur l’appareil, pour finalement l’attirer vers moi. Je le retournais dans tous les sens, mon esprit restant cependant à l’affut des propos de Léonard bien que je ne semblais pas vraiment lui porter attention.

« Et pourquoi je n’en aurait pas ? J’ai vécu tant de choses depuis mon enfance, il doit bien quelque part se trouver un souvenir, ou quelque chose de la sorte apte à m’aider dans ma tâche… » lâchais-je finalement, comme pour confirmer à mon maitre que je l’écoutais bel et bien malgré que mon attention soit actuellement portée sur l’appareil.

Appareil que je finissais par reposer sur la table, avant de relever mon regard pour croiser celui anthracite de Léonard. Il voulait que je me montre plus ouvert, plus à l’écoute du fond comme de la forme, de l’ensemble global autant que l’objet en lui-même. Je souriais légèrement tant ces propos me faisaient à mon défunt mentor. Elle disait souvent cela lorsque nous étions confrontés à des problèmes abstraits lors de nos missions dans la galaxie. Avant sa chute, évidemment… C’était des éléments qui remontaient à longtemps, et que j’avais volontairement verrouillé lors de mon incarcération sur le vaisseau-prison des Sith. C’était une fissure, une faiblesse de mon esprit que j’avais dû masquer à mes tortionnaires pour qu’ils ne puissent l’exploiter. Ce que j’avais finis par oublier, c’est que je n’avais plus besoin de les cacher, et plus subtil encore, aujourd’hui ces souvenirs pouvaient se révéler une force suffisante pour me faire passer au-delà de la barrière qui enfermait mon esprit dans cet état de doute persistant et de perte de confiance.

Ma main glissa dans le creux d’une des poches de ma bure, se refermant sur un objet que j’avais délaissé depuis trop longtemps. Détournant à nouveau le regard, je venais me reconcentrer sur le moteur sur lequel j’étais sensé travailler..

« Ce serait bien trop simple de pouvoir revenir en arrière et supprimer les moments les plus dérangeants de ces derniers moi, Maitre...

Je prenais une nouvelle gorgée de ce thé agréable qu’il m’avait servi avant de sortir la pierre ronde, polie et blanchâtre qui se logeait dans ma poche, la serrant dans ma main droite avant de la poser sur la table. Calmement, je fermais les yeux, soupirant plus lentement alors que j’essayais simplement de me placer dans un état précédant celui de la méditation.

« J’ai besoin de plus de calme… » expliquais-je dans un soupir, alors que je laissais la Force transcender la pierre tout comme mon être.

Le contact étant nécessaire, je gardais la main posé sur cette dernière, alors qu’elle semblait lentement s’illuminer. De mon côté, je faisais le vide, cherchant un état intermédiaire suffisant pour permettre à mon esprit de s’y projeter, comme j’avais appris à le faire depuis ma tendre enfance. Cette pierre fut l’élément déclencheur, celui qui provoqua un chamboulement dans ma vie. Si j’avais atterri au Temple il y a de ça quinze ans, c’était parce qu’elle avait annoncé à mon entourage ma capacité à interagir avec le courant mystique qu’est la Force. Dès lors, je n’avais cessé d’y faire appel durant mes méditations, pour pouvoir me projeter dans un espace où mon esprit serait en quelque sorte séparé du reste, un lieu de pure concentration où les maux semblaient s’évanouir pour ne laisser place qu’à la réflexion. J’ignorais si Léonard avait déjà entendu parler de ce genre d’artefact. Mais le fait est que je finis, après un certain temps, à l’atteindre. Ce fut un peu comme une libération, et je profitais de ces instants de pure harmonie pour me souvenir.

Me souvenir de tout ce que j’avais accompli, et de tout ce que j’avais sans doute à accomplir. Il n’était pas question de visions, mais bien de chemins de réflexions. Mon esprit semblait enfin se libérer. Mais ce n’était que temporaire. Dès lors que je cesserais de méditer en faisant usage de cette aide, le mal reviendrait. J’espérais simplement que rester un moment dans cette atmosphère me permettait de me donner assez d’élan pour réajuster ce qui n’allait pas.
Redressant la tête les yeux toujours clos, j’utilisais la Force pour agir sur le moteur. Je débranchais des fils pour les rebrancher à d’autres endroits, effectuant ainsi des dérivations. Je remettais même en place des pièces que j’avais préalablement retirées pour en enlever d’autres. J’utilisais mon esprit pour établir un plan, profitant de cet instant de méditation profonde pour agir dans le cadre de la méditation mobile. Chaque action se faisait sous l’impulsion de la précédente, alors que j’assemblais les pièces à la manière que l’on construit un puzzle. Je me basais sur mes connaissances en mécanique mais aussi sur ma logique et surtout sur mon instinct.

Lentement, je retirais ma main de la pierre, cherchant à rompre le contact et à m’extirper de sa bulle protectrice. Mes actions, elles, semblèrent perdre en précision dès lors que j’en fus dissocié et une grimace ne tarda pas à poindre sur mon visage. Ma respiration finit également par s’accélérer. Finalement, les pièces détachées finirent par tomber d’elles-mêmes sur la table alors que je me relâchais, presque haletant…


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Joclad avait incontestablement un don pour ce qu’on pouvait appeler « La débrouille », et sa manière d’avancer restait malgré tout une manière d’avancer. Mais s’il est un dicton que beaucoup reconnaissent, c’est bien celui consistant à dire que contourner un problème ne le règle pas.

« Tu as des réflexes intelligents, Joclad, qui te permettront dans beaucoup de situations de t’en tirer très bien. Mais face à un problème de fond comme celui que tu affrontes aujourd’hui, c’est.. Peu productif. Tu te doutes bien que la finalité de cet exercice, c’est que tu puisses faire ce que je te demande sans aide. Mais c'est déjà un bon début, bravo. »

Je hochais la tête en faisant le tour de la table, analysant le moteur et l’évolution. Je n’étais pas réellement capable de dire ou on en était en regardant l’engin, mais c’était loin de m’empêcher de juger les progrès de mon élève. L’analogie qui valait pour lui valait également pour moi, et je sentais dans l’esprit de Joclad qu’il n’avait pas pu avancer concrètement dans l’exercice. Mais il avait compris comment faire, et avait mesuré l’ampleur de la tâche à accomplir, et c’était déjà beaucoup.

« Nous nous arrêterons là pour aujourd’hui. Ca ne servirait à rien de forcer ton esprit. Ramasse le moteur, mets-le dans un sac, et tâche de toujours l’avoir avec toi. A présent, faisons quelques passes dans la salle d’arme. »

Etape n°2 : le faire souffrir. Un homme est doué naturellement pour se mentir à lui-même. Il tisse contre son propre intérêt une énergique barrière de mensonge, de fausses affirmation, bref : il s’auto-persuade. Et si je voulais que mon élève puisse voir le nouvel homme qui était né des épreuves de l’Atramentar, je devais faire en sorte qu’il ne soit plus capable de tenir ce faux portrait qu’il portait. Que ce soit l’ancien Joclad qu’il voulait redevenir, ou le Joclad-traitre qu’il s’accusait d’avoir été, il portait le poids d’une aspiration de lui-même qu’il ne pouvait pas se permettre de conserver.

Se retirer lorsqu’on n’est pas sûr de soi est un réflexe sain et salvateur : il évite de se mettre en danger, et surtout, de mettre autrui en danger. Mais c’est un réflexe temporaire qui doit être arrêté dès qu’on a réussi à circonvenir le problème. Il ne faut pas se persuader de fuir, et jamais il ne faut se convaincre qu’on est indigne de sa propre confiance.
Certains lâche peuvent avoir le privilège de passer leurs vie à se fuir.. Un Jedi n’en a pas le droit.


Aussi la semaine fut-elle.. Sportive. Levé 6h, couché 22h, et quelques menues pauses entre des heures de sabre ou de méditation intensive, pause étant la définition commune que Joclad pouvait donner à ses cours théoriques, sur lesquelles je ne manquais pas de l’interroger, pour vérifier qu’il ne profitait pas d’une leçon d’histoire pour piquer un somme. La seule justice de ce traitement était que j’endurais le même. Et mon padawan savait parfaitement que ma force physique était clairement défaillante. Si je tenais le choc, c’était uniquement grâce à un Équilibre parfait.
Joclad était excellent au sabre, et il aurait du m’égaler sans difficultés, mais il me touchait à peine. Il savait s’ouvrir à la Force, et pourtant les épreuves les plus simples furent pour lui un calvaire. Je voulais le mettre devant ce qui lui manquait : l’harmonie avec lui-même.
C’est lorsqu’il sera vidé de toute ses forces qu’il sera forcé de puiser dans ce qu’il est réellement. Lorsque le masque tombera, qu’il n’aura plus la force de porter les préjugés qu’il a sur lui-même, pas plus que les ancres de son passé qui le clouent au sol, alors il fera face à son potentiel et pourra l’exploiter.

Au bout d’une semaine, j’avais jugé ce traitement suffisant. Je savais que l’optique de « défis » ne suffirait pas, et que Joclad allait s’ennuyer sur Ondéron. Mais avant de bouger, il me fallait vérifier qu’il avait effectivement progressé. Et donc… Revenir au moteur.
Ce moteur.. Volontairement, je n’avais pas laissé un instant à Joclad pour qu’il se penche sérieusement dessus. D’un autre côté, je l’avais forcé à trimbaler ce lourd machin partout où on allait, autant dire qu’il n’avait pas pu l’oublier. A la dernière tentative, il avait justement remarqué qu’il était logique qu’il puisse trouver des pièces de rechanges, puisque son esprit lui aussi, en quelques sortes, en avait.
La méditation mobile avait prouvé qu’il avait de la ressource.. Il allait à présent devoir passer à un autre stade, et trouver ces pièces.

Après une semaine intensive, donc, je lui avais donné rendez-vous à 6h30 pétantes devant une salle qu’il devait bien connaître : un des entrepôts de récupération. Inutile de préciser la chose : il devait apporter avec lui le moteur. En le voyant arriver, j’eu un léger remord, lequel fut bien vite balayé par la raison.
L’épreuve de l’Atramentar avait provoqué une certaine compassion de la part du Conseil, chose bien normal, et cela m’avait accordé une sorte de délais de la dernière chance. Mais Joclad était vieux, et il passerait sans doute très prochainement les Épreuves. Et dans l’état actuel, il était incapable de les réussir. Il devait être prêt, et il devait l’être vite.

« Bonjour, Joclad, tu as pu te reposer ? »

La largeur des cernes de mon padawan était aussi un indice important de son état : sommeil agité ? Etait-il torturé par ses souvenirs ? Il existait tout un tas de facteurs qui pouvait l’empêcher de trouver le repos, et il n’y avait qu’en l’assommant que je serai capable de le forcer à dormir sainement. L’esprit est une chose puissante, mais l’impératif du corps finit toujours par le faire plier.

« Je suis désolé de te réveiller aussi tôt, mais notre vaisseau décolle dans seulement trois heures, et tu auras besoin de temps pour me prouver que tu es effectivement prêts à partir en mission. »

Je posais sur lui un regard serein, empli de confiance. Comme à chaque fois que l’on se croisait, j’allongeais mon aura pour apaiser cette force obscure qui le hantait encore, mais un peu moindrement chaque jour passant. Je savais qu’il en était capable, et je savais qu’il n’attendait que de pouvoir me le prouver. Mais je cherchais également à lire dans son œil la manière dont il gérait cette situation. Me trouvait-il dur ? Sec ? Injuste ? Abusif.. ? Bah.. Peu importe, c’était pour son bien..

« Te sens-tu d’attaque, mon garçon ? Parce que le prochain départ est pas prévu avant une semaine.. »

La perspective de décoller devrait clairement le motiver pour cette épreuve nouvelle. Sans me vanter, j’étais quand même assez fier du programme que j’avais réussi à mettre sur pied pour le secouer..

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« Je sais, Maitre.. » lâchais-je dans un soupir, simplement.

Je savais que ma méthode n’était pas la bonne, et que je n’arriverais pas à progresser comme il faut de la sorte. Mais c’était un moyen d’avancer, et d’atteindre un niveau de concentration suffisant pour me mettre à a tâche, et tenter de me montrer productif. Hélas ce n’était visiblement pas suffisant pour Léonard tout comme pour moi. J’acceptais cependant les félicitations, preuve que j’avais compris dans quelle direction je devais avancer et persévérer. J’avais réellement envie de me sortir de cette situation écrasante. Je voulais évoluer, et ça allait me prendre du temps.
Du temps que je n’avais pas forcément, et donc il me faudrait redoubler d’efforts pour parvenir à mes fins. Heureusement, Léonard était là pour m’accompagner et je ne pouvais que me réjouir de sa présence. Je l’avais donc écouté, lorsqu’il avait sonné la fin de l’exercice et m’avait demandé de toujours avoir le dit moteur à portée de main. Toujours voulant ici dire que je devais l’avoir en permanence avec moi.

Pour ce qui devait sans doute être la première fois, je ne me sentais pas d’attaque à accepter de m’exercer au sabre avec Léonard. Je savais que j’étais plutôt bon sabreur, mais mon état psychologique me rendait totalement inefficace et Léonard le savait. Sinon pourquoi m’aurait-il aussi gentiment invité à m’exercer avec lui, alors que d’habitude c’était moi qui venais le lui demander ? J’avais bien vu lors de ma séance matinale, où je n’avais pas été capable de porter de coups satisfaisants à un adversaire qui était largement à ma portée en temps normal. Je me mettais volontairement sous réserve, pour me pas risquer de débloquer certaines parties de mon esprit de la plus mauvaise des manières. Je ne devais pas me laisser déborder sans pour autant me cacher derrière un semblant de mur plus ou moins fragile visant à me protéger et à protéger les autres. Je devais rester Moi et travailler sur ce moteur, autrement dit, sur moi-même.

Mais Léonard ne m’en laissa pas le temps. La semaine qui suivit fut un calvaire comme je n’en avais pas vécu depuis des années. Les journées furent très longues, voir trop longues. En réalité, le problème n’était pas la durée mais la quantité. Je n’avais tout simplement pas de pauses si ce n’est pour les repas. Et encore, Léonard venait souvent me questionner même pendant l’heure du déjeuner. Les deux premiers jours se passèrent ans encombres, si ce n’est que je ne pouvais tout simplement pas suivre le rythme donné. Je me débrouillais pour le satisfaire mais il suffisait de constater mes grandes difficultés tant durant nos duels, où je ne le touchais même plus, que nos longues séances de méditation. J’avais l’impression d’avoir régressé d’au moins quinze ans..
Le seule domaine où j’étais pleinement attentif et performant furent les « pauses » que me concoctaient mon maitre, pause qui se révélaient en réalité être des cours théoriques. Je n’avais jamais eu de mal à apprendre par le passé et fort heureusement mon problème ne se révéla pas être problématique sur ce sujet-là.

Ce fut la suite de la semaine qui fut compliqué. Mes nuits difficiles m’épuisèrent presque autant que les premiers jours. Si bien que je devais puiser de plus en plus dans ms réserves et me rapprocher inexorablement du moment où je devrais tout simplement faire tomber certaines barrières dont la chute me faisait peur. J’étais craintif de moi-même, et je comprenais lentement mais surement que le but de cet exercice était de me libérer de cette peur apparue à la suite des évènements de l’Atramentar. Je devais retrouver l’harmonie. Dès cet instant, je commençais à progresser, à me rapprocher de mon potentiel nouveau, acquis et développé suite aux évènements post-Artorias. Epuisé mais ne voulant pas abandonner, je fus forcé de puiser au-delà des barrières pour me révéler, pour retrouver un potentiel que je pensais perdu. Au final, je réalisais que les « pièces détachées » dont j’avais parlé durant notre première séance se trouvaient en réalité au-delà des murailles que j’avais fait chuter. C’est pourquoi, malgré l’épuisement, je me révélais plus performant que ce soit au sabre ou bien dans ma capacité à entre dans un état stable et serein de méditation. Mais cela était-il possible sans cette aura apaisante et protectrice que déployait Léonard ? Il allait venir le jour où je devrais agir sans, et je n’étais pas encore certain d’être apte à agir sans cette présence rassurante.

C’est avec cette hésitation que j’avais finis cette semaine, me levant un peu avant six heures après une nuit des plus courtes. Je n’avais pas réussi à fermer l’œil, et j’avais préféré méditer sans la présence de Léonard. C’est donc avec pas plus de trois ou quatre heures de sommeil que j’avais finis par me présenter sur le lieu dont nous avions convenu. J’étais impeccable, comme toujours, et je trimballais toujours ce lourd sac qui commençait sérieusement à peser. Je n’avais pas pu y toucher depuis ma première tentative, et Léonard avait mis un point d’honneur à ce que je n’y travaille pas dessus durant mon temps libre ; si on peut encore parler de temps libre..

« Bonjour, Maitre. » lâchais-je comme à l’accoutumée avant de reprendre sur un ton calme qui portait tout de même la fatigue des jours passés : « Guère plus qu’à l’accoutumée, même si les projections obscures dont je vous ait parlé ne viennent plus hanter mon sommeil. C’était plus.. je réfléchissais trop intensément, Maitre. »

Je le fixais, posant lourdement sur le sol le sac où se trouvait le moteur avant de m’étirer légèrement. Mon regard ne le quitta pas alors qu’il venait m’annoncer que nous allions enfin quitter le Temple, voir même Ondéron, qui sait ? Mais étais-je réellement prêt ? Je n’en étais pas moi-même certain. Et c’était justement ce doute qui m’avait tant poussé à la réflexion tout au long de la nuit. Je pensais avoir besoin d’un peu plus de temps pour être certain, mais je ne voulais pas non plus rater l’occasion de m’extérioriser pleinement. Non, vraiment.. Léonard savait y faire pour me motiver. Je n’étais son Padawan que depuis quelques temps, et pourtant il semblait déjà me connaître sur le bout des doigts. Cependant, je le stoppais d’un geste de la main alors qu’il venait déployer son aura tout autour de nous, dans un signe clair d’objection. Il voulait savoir si j’étais prêt, alors autant faire cela sans en fausser les résultats. Il n’était plus temps à l’hésitation, surtout avant de possiblement partir en mission.

« Je… n’ai pas besoin de cela, Maitre.. Vous m’avez déjà montré que j’étais capable de me redresser, en me reposant non pas uniquement sur ce que j’étais avant, mais aussi sur ce que je suis maintenant. Vous voulez savoir si je suis prêt ? Alors peut-être vaut-il mieux me laisser agir seul, pour cette fois. »

J’étais sérieux, et mon regard venait presque défier le sien pour appuyer mes propos. D’une certaine manière, je faisais preuve d’une détermination et d’une motivation qui m’avait fait défaut depuis mon retour, et c’était là une preuve indirecte de mon évolution, de mon acceptation quand à ce que j’étais désormais. J’avais vécu des heures difficiles, mais je restais un Jedi, et un Jedi ne doit pas laisser la place au doute de soi-même. Je prenais donc le sac, l’ouvrant pour en retirer le moteur et les pièces avant de porter le tout dans l’entrepôt pour les poser une table de travail. J’attirais à moi les outils nécessaire à mon travail à l’aide de la Force, alors que je retirais le tabouret présent devant la table en le poussant avec on pied. J’avais besoin d’espace et de liberté alors que je voyais déjà Léonard graviter autour de moi tout en restant ouvert à la Force.

Pour ma part, je laissais une main glisser le long de ma tresse avant de me reconcentrer, laissant la célèbre entité mystique me traverser, avant de vouloir la toucher de mon esprit. J’avais besoin de m’y lier, de m’y plonger pleinement pour pouvoir en tirer les bénéfices de la méditation mobile. Je ne faisais pas appel à cette pierre que j’avais trouvée dans ma tendre enfance, et je cherchais à poindre vers la sérénité. Je réalisais qu’il me restait encore du travail à effectuer, mais je parvins plus rapidement à l’état désiré que lors de cette dernière semaine. Je fermais les yeux, posant une main sur le moteur avant de me mettre à l’œuvre. Je continuais l’ouvrage débuté il y a de ça tout juste une semaine, agissant pendant de longues minutes qui finirent par s’étaler sur plus d’une demi-heure. Les pièces allaient et venaient entre le moteur et la table, alors que je bricolais un système que je dessinais en temps réel dans mon esprit avant de finalement faire une pause, me reculant de quelques centimètres de la table dans une légère grimace. Déconcentré, je quittais mon état de méditation pour me reconcentrer. Mon regard, lui, émergea à nouveau pour se porter sur Léonard.

Quelque peu déstabilisé, je voulais connaître sa réaction quand à mes actions. La fatigue commençait à refaire surface, bien que l’état de méditation m’ait permit de grandement réduire l’effort mental que j’effectuais pour penser, fabriquer, concevoir et mettre en forme. Finalement, je reprenais, effectuant à nouveau les actions nécessaires à me replonger dans l’état de méditation mobile nécessaire à ma tâche. Lorsque ce fut fait, je pus de nouveau reprendre le travail. Je continuais ainsi pendant un long moment, effectuant plusieurs pauses de plus en plus courtes venant échelonner des périodes de concentrations de plus en plus longues. Ce n’est qu’après plusieurs heures que je finissais par glisser le dernier élément, écartant alors tous les outils qui m’avaient été nécessaires pour la remise en état de l’appareil sous un nouveau jour : le mien. Je m’étais prêté au jeu. Il voulait que chose à mon image, je l’avais fait, et cela au mieux. Je frottais mes mains pleines de cambouis sur un morceau de tissu avant d’ouvrir une dernière fois les yeux, laissant l’activité extérieur percer la bulle que j’avais tissé à l’aide de la méditation.

« Vous direz à la personne qui vous a refourgué ce moteur que l’impossible n’existe peut-être pas, Maitre. Et que s’il avait été moins vite avec son speeder, il ne l’aurait pas mis dans un état aussi lamentable ! » expliquais-je alors, avec un certain amusement, alors que je découvrais de mes yeux l’œuvre que j’avais dessiné dans mon esprit. Un léger sourire s’étira sur mon visage, alors que je me laissais finalement retomber sur le tabouret que j’avais écarté en début de séance.


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« Je crois qu’en terme de speeder qui va trop vite.. Hein.. »

J’avais dit cela d’un ton un peu enjoué que le monocorde habituel, évoquant un souvenir qui, parce qu’il n’était plus présent, était amusant. La parenthèse fermée, mes sourcils se froncèrent à nouveau tandis que je passais au crible ce nouveau moteur, tout en faisant le bilan de la méditation de Joclad.
Je l’avais laissé faire, j’avais cru en lui, et il ne m’avait pas déçu, il avait fait là le pas en avant que je lui demandais pour passer à l’étape suivante. Oui, le pas en avant. Terminé ? Oula, non, loin de là.

Curieux, je posais le doigt sur le rotor, et le fis tourner d’un geste vif. Le moteur se contenta de cracher un peu d’huile, sans montrer le moindre signe de mise en route.

« Et je crois aussi qu’on est encore loin de pouvoir le brancher à un speeder, celui-là.. »

Je regardais Joclad, désignant pour preuve le jet d’huile qui tachait à présent la table de travail. Voyais-je cela comme un echec ? Non, pas du tout. J’étais même satisfait : Joclad avait su se dépasser, revenir à ce qu’il était devenu, le découvrir. Il avait beaucoup avancé, et il en avait conscience. Mais cette réussite partielle restait, sur le fond, un échec, puisqu’il n’avait pas encore totalement réussi. Ma remarque critique n’était pas là pour le casser lui, mais bel et bien pour éliminer l’orgueil dont il avait tendance à faire preuve lorsqu’il réussissait. Il était hors de question que Joclad s’assoit sur ses lauriers. Il pouvait être fier d’être sur le bon chemin, pas d’avoir réussi.
Pas encore.

Mais on y arrivait, et il fallait terminer cela.. Ailleurs.

« Bien, emballe-moi le moteur, on l’emmène. Non mon garçon, tu n’en a pas finis. Considère que tu es toujours ce moteur, et que si je t’appuie sur le nez, tu cracheras de l’huile. Comme toujours, mon humour n’était pas nuancé par un timbre de voix plus joyeux. Seul l’absurde de mon propos permettait de le dénoter. Tu as une demi-heure pour te préparer, nous partons pour environs un mois, tâche de me rejoindre dans les hangars du Temple, nous en partirons directement. »

Pour ma plus grande joie, c’était à bord d’escorteurs Jedi que nous allions voler, et à l’aide d’anneau d’hyperespace que nous allions rejoindre notre première destination.. Je n’aimais pas piloter, je savais le faire, mais je détestais ça. Joclad en avait conscience : confier ma vie à une carcasse de métal qui ignorait toutes mes compétences, c’était comme nier toutes mes aptitudes et jouer aux dés. Il m’avait déjà remarqué qu’il suffisait d’être bon pilote, et il était clair que je n’étais pas forcément de bonne foi : je n’avais jamais eu l’envie d’apprendre à devenir un as du manche, et avec le recul, je n’en ai également jamais eu le temps. Une question de choix.. Sans regrets.

Mais le choix présent était de savoir où j’envoyais Joclad.


Mon padawan n’était pas le seul a avoir beaucoup appris de ces derniers temps. Pour moi aussi ils avaient été particulièrement douloureux. La dernière chose en date, la dernière gifle prise, c’était la capture de Zelonion et l’offre de libération faite par Velvet. Tous les Jedi ont la sagesse d’éviter certaines choses, comme j’ai déjà pu le dire. Nous préférons ne pas voir ce qui nous imposerait des épreuves dures et superflues. C’est pour cela que bien souvent, on ignore la famille.. Et c’est aussi pour ça que lorsque ces problèmes nous reviennent dans les dents, on est désarmés et vulnérable. Mais j’ai fait un choix, celui d’être Jedi, et cela implique des sacrifices.

Et cela, Joclad a besoin de s’en souvenir. Ses doutes à propos de lui se dissipent, il convient alors de dissiper ceux à propos de son engagement auprès de l’Ordre. Il faut le confronter à ce qu’il veut éviter, pour lui rappeler ce qu’il perd, oui.. Mais surtout que face à ce qu’il renie, il se souvienne pourquoi il doit le renier.. Pourquoi il veut être Jedi. Un vivier de souvenirs, d’affections oubliées..

Se doutait-il que nous allions escorter un convoi qui allait sur Corellia ? Le voyage allait surement se faire sans troubles, la réalité de notre présence était de se rendre sur la planète.. On m’avait avertis d’un litige entre deux propriétaire terriens sur l’exploitation d’une rivière.. Une rivière ou, selon des amis connaissant bien mon padawan.. Joclad avait trouvé une certaine pierre, il y a bien longtemps..
Ce fut donc avec un léger sourire que je répondais au transport que nous devions escorter.

« Ici transporteur 6-4-2, escorteurs en formation ? »

« Nous sommes là et en formation, on peut y aller. »

« En route pour Corellia, alors ! »

En route pour Corellia, oui.. Il faut le dire, j’espérais que Joclad aurait la capacité de ne pas voir qu’un aspect négatif à ce voyage. Il pouvait se prendre dans les dents l’étendu de ce qu’il avait loupé, et passer sa vie avec un tel état d’esprit à contempler le monde avec regrets.. Ou il pouvait voir Corellia comme le fruit de son labeur : une planète éprise de paix et vivant avec. L’un des aspects de la torture Sith consiste à briser la motivation du Jedi en confrontant son devoir à l’absurde : nous n’aurons jamais terminé notre travail. Mais en ralliant le présent à ses souvenirs, Joclad aurait le loisir de comprendre et de se souvenir pourquoi il veut être Jedi.

Par ailleurs, la mission en elle-même allait être des plus.. Délicate. Non pas que ce soit passionnant, mais on allait avoir affaire à des Corelliens. Le litige concernant deux champs mitoyens à la rivière, deux champs de blé qui n’étaient pas bien différencié, et depuis quelques temps, le propriétaire de l’un moissonnait le champ de l’autre et vice versa. Pourquoi faire intervenir des Jedi ? Parce qu’hier, la moissonneuse d’un des propriétaires terriens avait déclenché une mine mise là dans cette intention, et que depuis, les autorités nous avaient dit que les propriétaires ainsi que leurs journaliers illustraient à merveille le caractère « fonceur » des corelliens en se préparant ni plus ni moins des vendettas. La diplomatie Jedi et leur doigté avait été préféré à une intervention musclées ou aux lents recours gouvernementaux, et les Jedi verts avaient acceptés de me laisser intervenir, compréhensifs..
Joclad n’avait pas dû trouver ça trépidant, comme ordre de mission, mais il avait déjà du tilter sur l’endroit. Mais j’espérai au passage lui faire travailler sa patience : écouter une tête de bûche violente arguer qu’il avait le droit de créer une guerre civile pour un champ, ça ne serait pas de tout repos.. Et avec de la chance, j’allais faire comprendre à mon élève qu’il était loin de s’être totalement affranchis de cet horrible travers typiquement corellien..

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Je laissais échapper un léger rire, enjoué par la remarque des plus prévisibles que venait de me dire celui à qui j’avais manqué de briser la colonne vertébrale dans un accident de speeder lors de notre première rencontre. Je le savais quelque peu amusé, et je me satisfaisais de pouvoir parvenir à le faire sourire, voire même à parfois le faire rire. C’était quelque chose de si rare chez lui, que ce genre de choses était en quelque sorte un évènement à ne pas rater. Je l’avais toujours trouvé trop sérieux, trop froid, détaché de ses émotions. Je savais qu’il était parvenu à une telle structuration de son esprit qu’il était capable de se défaire de toute émotion si cela s’avérait nécessaire. Et le problème était là : je trouvais qu’il s’enfermait trop. Je n’avais jamais osé le lui dire clairement, et je n’aurais sans doute jamais le courage de le faire. Mais j’espérais que ce lien qui nous liait dans la Force allait en quelque sorte faire la chose à ma place. En effet, la relation d’apprentissage entre le Maitre et le Padawan n’est en rien unilatérale. Elle trouve tout son intérêt et sa puissance dans l’échange mutuel des connaissances, mais aussi des pratiques et des pensées de chacun. Ce n’est que lorsque les deux Jedi sont dans une sorte de communion que l’épanouissement du lien à lieu dans la Force.

C’est ce que m’avait un jour expliqué Maitre Jor’as’tyii, alors que je n’étais Padawan que depuis quelques jours. On explication m’avait permis de stabiliser mon lien avec Ilia, et depuis lors je tachais d’appliquer ce principe au mieux. D’ailleurs, si la Force nous avait lié Léonard et moi, c’était surement plus pour nos différences que nos points communs. Mais le sujet n’était pas là, et je reprenais mon sérieux dès lors que mon maitre venait me montrer que je n’étais pas parvenu à le faire fonctionner. Pour tout dire, je fronçais les sourcils, alors que mon esprit repartait de plus belle dans des calculs et des esquisses sérieuses pour tenter de définir l’origine de ce qui était un défaut dans un plan qui m’avait semblé parfait au moment de le mettre en application. Je n’étais pas là face à un échec, mais face à une erreur à laquelle j’aurais dû m’attendre. Tout projet finit par passer par une phase de test où, en général, quelque chose dérape ou ne fonctionne pas correctement. Sauf que cette fois-ci, et je le réalisais bien vite, ce n’était pas un manque de connaissance, mais bien mon esprit qui ne fonctionnait pas encore parfaitement. Il y avait encore quelques soucis, comme sur ce moteur.

Je comprenais la comparaison de Léonard. Elle faisait sens. Je ne craignais pas qu’il me dise que l’on reportait notre départ. Je pense même qu’il n’a jamais pensé une seule seconde à devoir réellement le faire. Cependant, je ne m’attendais pas à avoir à transporter ce moteur durant notre voyage. Mais le fait était qu’il ne fonctionnait pas. J’acquiesçais donc, me saisissant soigneusement de l’appareil pour le redéposer dans le sac sans l’endommager. Je le calais de manière à ce qu’il ne puisse bouger, avant de reporter mon attention vers Léonard. « Oui Maitre. Je serais prêt, n’ayez crainte. » Nous partions, donc. Pour où ? La réponse à cette question allait se répéter dans mon esprit durant tout notre voyage.
Au final, trimballant ce que j’estimais nécessaire pour cette mission en plus de mon sac, j’avais finis par charger le tout dans un des chasseurs que mon maitre nous avait réservé. Des escorteurs monoplace, alors que piloter ce genre d’appareil n’était pas du tout sa tasse de thé ? Je ne souriais rien qu’à l’idée, bien que je comprenne sa façon de voir la chose. Il n’y avait plus qu’à espérer que le voyage se déroule sans encombre ! Léonard avait gardé notre destination secrète jusqu’au dernier moment, alors que nous avions pris position de part et d’autre du transporteur, nos appareils arrimés aux anneaux devant nous propulser dans l’hyperespace.

Corellia. L’évocation de notre destination soulevait de nombreuses interrogations, sur le contenu et la raison de notre si long séjour là-bas, mais aussi de nombreuses appréhensions. Léonard savait très bien que ce genre de mission n’était pas vraiment ce que j’appréciais le plus, car je n’avais le même parler que les Consulaires. J’étais du genre à être direct et franc et à ne pas enrober les pilules sous une grosse couche de sucre. Etant Corellien, ça jouait peut-être. Et c’était sans doute une des raisons qui avait poussé mon mentor à choisir cette mission pour finir ce que nous avions entrepris à mon sujet. Il me savait impulsif, et ce n’était pas les négociations avec de camps de Corelliens remontés à bloc qui allait me transformer en diplomate de renom. Au contraire, c’est dans ce genre de situation que je m’emportais parfois trop. J’étais donc prêt à parier que Léonard voulait me tester sur ce point.
Mais ce n’était pas la seule raison de mes appréhensions. Le lieu en question, lui, ne m’était en rien inconnu. En réalité, je ne le connaissais que trop bien. J’avais grandi dans cette région, pas très loin du lieu du litige. Cette rivière, je l’avais longtemps longé quand j’étais plus jeune, avant d’être intégré au sein du Temple. Cette pierre qui se trouvait dans ma poche, je l’avais récupéré au bord de ce cours d’eau. Et il était probable que j’ai déjà croisé ces gens il y a de ça un peu plus de quinze ans.

J’avais toujours cherché à m’éloigner de ma famille, à garder les distances pour me conforter dans les dogmes de l’Ordre. La famille était sans doute le plus grand danger, avec les liens les plus forts. J’estimais même que l’amour, en soi, ne pouvait égaler les dangers de la famille. C’est pourquoi ma mère avait décidé de rester en dehors de mon enseignement. Je me doutais qu’elle devait y veiller, de près ou de loin, mais les discussions que nous avions eu s’étaient rarement écarté vers le cadre familial. En ce qui concerne mon père, où même le lieu où j’avais passé mon enfance, je n’avais pas cherché à avoir de nouvelles. Cela fait déjà quinze ans. Et pourtant, malgré cette volonté, j’avais également envie d’en savoir plus et de comprendre qui est réellement mon père. Est-ce quelqu’un de bien ? Sans doute, puisqu’il est marié à ma mère. Cependant, il m’est nécessaire de garder une ligne franche, bien démarquée entre mon devoir et mes principes, et ma famille. Mélanger le tout serait désastreux. Mais Léonard connait sa famille. Il s’est déjà rendu sur Kuat à plusieurs reprises. Pourquoi ne pourrais-je donc pas retrouver mon père ne serait-ce que pour débattre de nos points de vue ? Ou tout simplement pour connaître ce qu’il était devenu ?

Le voyage, lui, s’était déroulé sans encombre. Après avoir reçu l’autorisation du contrôle Corellien de poursuivre notre mission, nous avions donc mis le cap vers le lieu de la dispute dont nous serions les médiateurs. Nous ne tardâmes pas à survoler la rivière en question et je fus pris d’un frisson. Je bloquais mon esprit, pour ne pas me laisser déborder par le flot d’émotions qui voulait ressurgir à la vision de ce paysage magnifique où j’avais passé ma tendre enfance. J’avais l’impression de reconnaître le lieu, et je savais que si nous poursuivions sur quelques kilomètres, nous arriverions chez moi. Mais ce n’était pas notre destination.

« Les propriétés sont sur notre gauche. On devrait pouvoir se poser à proximité, dans ce camp non entretenu, sur notre droite. Il est inutile d’aller plus loin. Je maintiens néanmoins que la tâche ne sera pas facile. Ce sont des Corelliens. Il faudra s’attendre à ce qu’ils quittent la table des négociations à plusieurs reprises..»


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J’avais suivis les indications de mon padawan pour me poser, et après avoir laissé là mon appareil, je lui avais accordé une poignée de minute pour qu’il gère ses souvenirs. Je sentais en lui un trouble intense. Un trouble qu’il allait falloir qu’il apprenne à juguler, que ce soit pour cette mission, et surtout en général. Il n’avait pas le temps de se faire hanter par ce genre de choses.
Paradoxalement, cet aspect important était de ceux sur lequel j’avais le moins de prise. Eh oui, tout ceci relevait de l’intensité émotionnelle, chose que je ne ressentais absolument pas.
Être allé sur Kuat plusieurs fois ? C’était à la demande de ma famille, et personnellement, je m’en serait passé tant cela confinait à mon sens à une perte de temps donc le caractère agréable était hautement négligeable.
Lorsque nous fumes retournés tous deux à l’esprit « Boulot », je pris le temps de répondre.

« Je suis au courant, j’ai un padawan corellien, je te rappelle. Mais ne t’en fait pas, Joclad, on se débrouillera. »

Comme il me l’indiquait, j’allais à gauche ; Au bout de quelques minutes de marches, nous tombèrent sur une moissonneuse batteuse éventrée. Vu la nature des dégats, il était évident qu’elle avait été détruite par le bas, le rapport disant qu’elle était passée sur une mine était donc totalement crédible.. Mais pas seulement.

« Regarde.. Elle a essuyé des tirs, des deux côtés. Ils ont visiblement déjà commencé à négocier.. Bon. Voilà ce qu’on va faire : tu vas de ce côté, et moi de celui-là. »

Je montrais les deux cotés vers lesquels s’étendaient les champs, le plan indiquait clairement que nous avions les centres des deux exploitations de ces cotés-là.

« Pour le moment, on va juste essayer de les calmer, histoire que les uns ne débarquent pas chez les autres en armes pendant qu’on négocie. Dès que tu as pris contact et désamorcé la tension, tu me contactes et on essaie de les mettre à la même table. N’oublie pas que tu es Jedi : c’est toi qui dois en imposer… Mais n’en fait pas trop. Je hochais la tête, avant d’ajouter. N’oublie pas qu’ici, tu n’es pas Corellien.. »

L’une des choses qu’allait devoir gérer Joclad, en plus du caractère affreux des autochtones (et le sien, par la même occasion.), c’était que certaines personnes seraient aptes à lui taper sur l’épaules en disant « Ooooh, mais c’est le petit Joclad ! », et il était hors de question qu’il se laisse faire, que ce soit pas des exploitant belliqueux ou que ce soit par ses propres souvenirs de ces mêmes personnes. Il allait devoir trancher net dans ce passé, non pas pour s’en séparer, mais pour se mettre en accord avec, qu’il n’ait ni regrets, ni faiblesses. Simplement un océan de calme et de sérénité qui boucle un chapitre de sa vie pour enchainer avec aisance vers un autre.

« Je sais pas bien que c’est pas ta tasse de thé et que c’est vraisemblablement pas ce que tu feras lorsque tu seras adoubé, plus tard. Par ailleurs, que tu veuilles ou non devenir diplomate, les qualités nécessaires pour réussir un arbitrage ne sont pas différentes de celles qu’il te faudra avoir dans chaque situation : objectivité, calme, capacité à contenir la colère, celle qui t’entoure comme la tienne, et rester une lumière pour les autres. Je pense que tu sais clairement ce qui t’attends, et ce dont tu auras besoin, aussi je ne vais pas épiloguer plus longtemps. Oh… Et réfléchis bien, parce que tu auras le droit de prendre UNE et UNE SEULE pièce de cette moissonneuse batteuse, en partant, pour ton moteur… »

Comme si c’était évident, j’ajoutais :

« Eh oui, si tu grandis au terme de cette petite épreuve, il est normal que ton moteur grandisse aussi. Allez, bon courage. »

Je parti de mon côté après m’être incliné, suivant sur mon pad de poche un carte sommaire. Je suivais un léger sentier qui séparait une portion d’une autre. J’avançais vers l’un des deux partis, les mains croisées dans mon dos. Cela me permettait d’avoir le dos droit, mais surtout.. D’avoir la main proche de mon sabre. Je savais que j’allais cumuler un certains nombres de tords, à commencer par celui de venir depuis la direction de « ceux d’en face ». La prise de contact, au final, fut assez simple.

Attentif dans la Force à ce (et ceux) qui pouvait être dans les parages, j’avais déjà sentis venir la sentinelle qui me tira dessus en criant « Un pas de plus et vous êtes mort ! ». Le coup de semonce inoffensif, je ne le laissais pas atteindre le sol. D’un geste leste, j’allais le chercher, à la volée, dirait-on, pour le renvoyer avec justesse sur mon assaillant, ou juste à côté. Un cri me fit comprendre que l’impact de blaster logé à 10cm de sa tête l’avait rendu considérablement plus raisonnable. Quelques minutes plus tard, j’allais pour entrer dans le complexe de l’exploitation, ou tous déjà m’attendaient, armes au poing pour m’intimider, peur au ventre car j’étais Jedi. Mais cela n’eut en raison de ces grandes gueules qui firent tout pour garder des airs bravaches et vexés. Un rapide coup d’œil me fit remarquer que leurs armes dataient d’un autre âge. C’était un peu le fusil blaster de grand papy, celui qu’on regarde avec nostalgie, au-dessus de la porte du salon, en racontant comment Grand Père avait brûlé avec les fesses du vieux fumier d’en face.

Le début des négociations fut assez agaçant, pour tout dire. Il avait fallu réussir à terminer une phrase sans qu’ils partent sur leurs grands cheveux, chose ô combien complexe. Mais au bout d’une bonne demi-heure, j’avais réussi à leur faire prendre conscience qu’ils ne savaient même plus pourquoi ils se battaient. Ils avaient souvenance de chaque coup porté par l’adversaire, mais au final, la rancune première, elle, était oubliée. Même les soucis de base, à savoir la moisson maladroite, était une vengeance pour autre chose. Je soupçonnait un litige mineur sur les cadastre à la toute base. Je remerciais mes lascards après avoir obtenu la promesse d’une cessé-le-feu et d’une présence à la table des négociations à la condition que ceux d’en face fassent de même..

Aussi allais-je m’isoler afin d’appeler Joclad à son comlink.

« Joclad, mon garçon ? »

Une seconde, voir s’il répondait ou était trop occupé. Généralement, Joclad était plus rapide que moi pour agir. C’était au nombre de ses qualités et défaut, il était moins posé, ce qui le faisais bien souvent terminer hâtivement ce qu’il commençait, là ou j’avais l’habitude de prendre mon temps.

« Joclad, tu as réussi ? J’ai réussi à les convaincre de négocier et de rencontrer leurs « adversaire », tu penses pouvoir réunir tout le monde à la même table sans effusion de sang de ton coté ? »

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Alors que je débarquais de mon appareil, je ne me laissais pas tomber dans l’immédiat sur le sol meuble du champ. Je restais quelques instants sur l’aile du spationef pour contempler le ciel tout comme le paysage qui s’offrait à moi. Je me saisissais de cette petite brise qui venait calmement me toucher, comme elle avait eu la coutume de le faire alors que je n’étais encore qu’un enfant. De là où nous étions, je pouvais entendre faiblement la rivière qui coulait non loin et si la cime des arbres qui formaient le petit bois au loin n’avait pas été aussi haute, j’aurais sans doute pu apercevoir la maison ou j’avais grandi avant de rejoindre Ondéron, le Temple et les Jedi. Je n’étais jamais retourné sur Corellia depuis mon arrivée au Temple, ou plus exactement, je n’avais jamais remis le pied sur cette Corellia ci, celle des plaines et des prairies. Je la préférais de loin à celle de la ville, qui ressemblait beaucoup trop aux quartiers de Coruscant ou de Metellos o je ne me sentais pas vivant. Et puis, il y avait ma famille à portée de main. C‘était là un sentiment bien étrange et complètement différent de celui que j’avais pu ressentir en apprenant que Maitre Von était en réalité ma Cousine. Non, c’était un ressenti bien plus proche de celui qui me traversait lorsque je revoyais ma mère au Temple. Mais il était bien plus intense.

Soufflant calmement, je finissais par descendre, laissant mes bottes se souiller dans la boue du champ dans lequel nous avions posés nos appareils. Je m’approchais doucement de Léonard, pour lui faire comprendre que j’étais prêt, que nous avions des choses plus importantes à faire aujourd’hui. Et ce dernier, évidemment, ne put s’empêcher une remarque amusante à mon égard. Je ne pus retenir un sourire de s’étirer sur mon visage, alors que j’en venais à me demander si le roc de glace qui me servait de mentor ne ressentait vraiment aucune émotion. Je me souvenais d’ailleurs encore, alors que nous marchions dans la direction que j’avais indiquée, de ses remarques à Cale alors que nous étions tous les deux au centre médical suite au malencontreux accident qui avait marqué notre première rencontre.

Mais finalement, nous nous arrêtâmes devant une machine éventrée au milieu du champ encore en jachère. Au sol, on pouvait aisément discerner le cratère formé par l’explosif suite à sa détonation. Vu sa taille et les dégâts occasionnés à l’engin, j’étais prêt à parier sur une mine artisanale avec un pouvoir explosif plutôt important. Il était d’ailleurs heureux de constater qu’ils avaient préféré en faire l’usage contre une moissonneuse batteuse que contre le lieu de résidence du voisin d’en face. Il fallait également se douter que s’ils avaient réussi à fabriquer cette mine, c’est qu’ils devaient surement en avoir d’autres en réserve. Quant aux tirs d’armes de part et d’autres de l’engin, les impacts dus aux décharges n’étaient ni profond ni larges. Il devait donc s’agir de modèles anciens ou de puissance réduite, comme des fusils pour chasser le petit gibier par exemple.

Par contre, l’idée de se séparer ne me plaisait guère, car cela signifiait que j’allais devoir moi-même m’occuper de convaincre seul un camp. Moi ! Oui, moi, alors que j’étais aussi doué pour tenir un argumentaire que Léonard pour ressentir la moindre émotion ! Mais que pouvais-je faire d’autre, de toute manière ? C’était là la seule solution pour tenter de réunir les deux camps autour d’une table sans qu’ils ne cherchent à s’entretuer.

« Heu… D’accord. » lâchais-je donc de premier abord, toujours peu convaincu par l’idée de Léonard. Il faut dire que j’avais un mauvais pressentiment, mais je ne parvenais pas à en déterminer l’origine. Cela était lié à notre mission, mais pourquoi avais-je donc ce ressenti ? Et pourquoi maintenant ? Je n’avais hélas pas la réponse, et je mettais donc ça sur le compte d’un manque de confiance en moi, et peut-être d’une point d’appréhension. « Je sais bien mais… je suis pas certain qu’ils m’écouterons, Maitre. »

Bah quoi ? C’est vrai, je n’ai même pas la vingtaine ! En me voyant débouler, ils vont sans doute penser que je suis un gamin, ou bien que les Jedi ne les prennent pas au sérieux ! Au contraire, le fait d’assurer que j’étais Corellien était un plus, à mon avis. Cela montrait que les Jedi faisaient attention aux endroits où ils interviennent, en envoyant des personnes aptes à comprendre parfaitement la mentalité et le fonctionnement de telle ou telle société. Mais bon, je comprenais o il voulait en venir : que je ne devais pas signaler que j’étais d’ici, que j’avais grandi non loin. J’acquiesçais donc, conscient de ce fait, avant de prendre appui contre la moissonneuse pour écouter le reste. J’étais parfaitement au fait que tout ceci était utile, que la diplomatie et la capacité à arbitrer et gérer un conflit faisait partie intégrante de ma formation de Jedi. C’est juste… que j’avais toujours préféré l’action directe sur le terrain que le blabla incessant des réunions d’entente quelconques. Je ne le regardais pas, bien que je l’écoutais. Mon regard restait collé sur le sol non loin, les bras croisés. J’étais parfaitement au fait de tout ceci, donc.

« Une seule pièce ? A condition que ce soit compatible, oui.. Je me sens prêt, Maitre. C’est juste… qu’eux, ils ne le sont pas. »

Une épreuve ? Tout ceci commençait doucement à m’agacer. Faire mes preuves, je pensais l’avoir toujours fait comme il se devait. L’Atramentar en était la preuve, non ? M’enfin... il avait sans doute raison et moi un petit con qui ne voyait pas en quoi cette épreuve pouvait régler les problèmes que nous avions mis en évidence concernant ma personne.
Je m’inclinais donc en retour pour lui rendre la politesse, avant de le regarder calmement s’éloigner de son côté. Pour ma part, j’observais encore quelques instants la moissonneuse batteuse avant de partir de mon côté

Calmement, je faisais mon chemin en suivant le seul sentier en terre qui s’enfonçait au milieu des champs avec pour objectif la ferme que j’apercevais à quelques centaines de mètres. Je me déplaçais calmement, évitant ci et là des flaques sans doutes issues de la dernière pluie. Rapidement, la bâtisse prit de l’ampleur au fur et à mesure que je m’en approchais. Pourtant, il n’y avait toujours pas le moindre signe de vie. C’était à croire que la ferme avait été désertée avant mon arrivée. Finalement, j’arrivais devant l’une des portes. Frappant, je n’eus pas de réponse, et je m’étais donc avancé vers une des granges ouvertes. J’observais un instant les engins entreposés à l’intérieur avant de me laisser aller à un « Il y a quelqu’un ? »

Il n’y eut pas de réponse non plus. Finalement, je dévidais de faire le tour, et de m’ouvrir à la Force pour tenter de discerner au travers de mon don d’empathie et de la Force Vivante les occupants de cette ferme. Rapidement, je les repérais dans la grange adjacente. Je les sentais réunis, et je déduisais rapidement qu’ils préparaient quelque chose. Pourtant, mon esprit s’arrêta devant deux longues tranchées de terre qui faisaient en partie le tour de la propriété, aux bord des champs, et renforcées d’un léger monticule de terre. Ces deux installations ressemblaient étrangement à des positions défensives, à croire qu’ils se préparaient à une guerre ouverte avec le voisin d’en face.

Je soupirais, me demandant si Léonard n’avait pas fait exprès de me laisser les plus résignés, les plus décidés à en découdre mais aussi les mieux préparés. Mais bref… Je me dirigeais vers la dite grange, si bien que dès que j’eu entraperçu, je fus enfin interpellé par ce qui devait être un garde à l’ai d’un puissant « Halte ! Qui vas-là ?! »

Aussitôt, trois autres individus ne tardèrent pas à sortir de la grange, armés de vieux fusils sans doute démodés pour me mettre ne joue. J’analysais rapidement la situation : trois types armés de vieux blasters sur ma droite, et un autre gars sur ma gauche, avec une arme bien plus récente et sophistiquée. Sans doute un ancien de la Corsec ou de l’armée, qui devaient aussi être l’instigateur de tout ce réseau défensif autour de la grange. Heureusement pour moi, la vision de mon sabre à la ceinture sembla les décourager de toute intention hostile.
J’en profitais donc pour m’introduire à eux, si bien que même si certains se mirent à rire, le type qui m’avait stoppé tout à l’heure ne tarda pas à m’inviter. Tout cela me confortait dans l’idée qu’il avait déjà eu à faire à des Jedi, en plus de savoir comment gérer de manière musclée certains conflits. Qui sait, c’était peut-être lui qui avait fabriqué cette mine artisanale ?

Je commençais donc mon œuvre, bien que ce fût d’abord agaçant, car je me heurtais immédiatement à l’obstination typiquement Corellienne. Pourtant, je fus surpris d’obtenir un soutien au travers du type qui m’avait introduit auprès du collège de croisés prêt à mettre à feu et à sang le camp d’en face. Il fut tout de même difficile de leur faire réaliser qu’ils agissaient sans réellement connaître les véritables tenants et aboutissants. Si bien qu’au final, je ne savais plus trop moi-même à quoi m’en tenir à ce sujet. Je leur expliquais également que je n’étais pas venu seul, et que l’idée était de rétablir un semblant de communication, au travers d’un dialogue posé autour d’une table. En somme, de négocier, que toute cette histoire était vraiment stupide. Pourtant, malgré leur accord, je sentais une certaine rancœur tenace dans le cœur de certains.

Lorsque mon comlink finit par bipper, nous étions tombés d’accord sur la constitution de la possible délégation. Je m’excusais don et je m’éloignais pour prendre l’appel. Le soulagement… C’était Léonard.

« Hum… je ne suis pas certain, Maitre. Dans l’ensemble, ils sont prêts au dialogue. J’ai remarqué qu’ils se préparaient à frapper fort, cependant. Je soupçonne donc certains d’avoir la rancune tenace. Ils sont d’accord pour discuter avec leurs voisins, mais il faudra se méfier. Tout pourrait rapidement dégénérer.. »


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« Dégénérer ? En effet, c’est un risque, oui.. »

Dis-je en jetant un coup d’œil à ma bande armée qui déjà gonflait d’orgueil les négociation à venir à l’aide de réflexion du style « De toute façon s’il n’est pas d’accord, je lui retourne une bonne vieille droite, comme ça, bim ! ». Au fond, cette rancune corellienne était tenace pourvue qu’elle soit alimentée, et généralement, les natifs de ce monde était très doué pour irriguer les graines de la colère sans motifs. Mais cela signifiait aussi qu’il n’était pas aussi compliqué qu’on le croyait de désamorcer ce genre de situation. Après.. La question d’une solution au long terme, elle, ne semblait pas aussi aisée. Disons que « Chassez le naturel, il revient au galop » était très vrai par ici, et qu’il fallait éliminer le plus petit prétexte si l’on voulait éviter une nouvelle vague.

« Mais nous ne le permettrons pas, n’est-ce pas ? Enfin, le premier pas est fait.. Ecoute, vois ce que tu peux faire de ton coté, mais je suis certains que ce n’est rien d’insurmontable. Je vais faire prendre le chemin de la moissonneuse, on se retrouve là-bas. »

Il me manquait quelque chose pour aborder tout cela du bon pied. Une idée. Une idée originale qui permettrait de faire se remarquer l’un des deux camps. Un exemple de bonne volonté notable qui aiderait à faire avaler la pilule de l’orgueil. Une fois que cela serait fait, et qu’on commencerait à aborder le fond des choses, la partie serait gagnée, car sur le fond, rien ne justifiait ce qui était en train de se passer.

« Eh, le Jedi, vous devez bien être fatigué après toute cette route. Vous vous rincerez bien un peu le gosier avant de commencer la sale partie du boulot ? »

Visiblement, ils attendaient cette négociation avec la même hâte qu’une séance de roulette chez le dentiste. Encourageant tien. Tout ça n’all…

« Joclad ? Oublie ce que je viens de dire, on risque d’être en retard, ça te laisse le temps de les travailler un peu.. Je te recontacte. Je coupais le comlink. Ce ne sera pas refus, ça ne peut que mettre de bon pied ! »

Eh, en bonne campagne, la table fut très vite sortie, ainsi que les bouteilles douteuses d’alcool frelaté. Il existe certaines sciences exactes, dans ce monde. Les Corelliens en maitrisaient deux, au moins. Primo, pour résoudre les problèmes, la pyrotechnie. Deuxio, pour créer les problèmes, l’apero technique. La pente fut simple « Eh, on ne va pas vous laisser boire seul ! » puis « Un p’tit truc salé pour faire descendre tout ça ? ». Bref, au bout d’une demi-heure, nous avions tapé dans la terrine de bantha, le paté local.. Et j’avais eu l’occasion de rincer allègrement la production maison. Il eut été parfaitement malhonnête de ma part de saouler ces gens avant la réunion, et dangereux. Mais ils étaient à un stade beaucoup plus inoffensif : ils étaient repus. Contents d’avoir bien bu et bien mangé. Et moi.. Moi j’avais la désagréable sensation de sentir l’alcool dans mon haleine, mais j’avais eu tôt fait de limiter les effets des vapeurs de whisky frelaté sur moi, aussi étais-je parfaitement lucide.
Sérieusement.. C'était vraiment immonde, j'avais l'impression de boire du napalm parfumé..

« Joclad.. ? On se met en route. »

L’autre avantage de cette technique était qu’à présent, je n’étais plus « Le Jedi », mais « Tonton au vieux Jim ». C’était un argo de contrebande dont j’avais finis par comprendre les ressorts principaux. « Tonton » voulait dire Jedi, et « Vieux Jim », c’était le sabre laser. Mais toute la différence était dans la familiarité. Maintenant que j’avais croisé le verre (et vu l’alcool infect qu’ils produisaient, l’expression était de rigueur), j’étais un peu de la famille, du moins jusqu’à ce que le vent tourne. Donc je n’étais plus un sale type qui fourrait son nez partout, mais un Jedi qui avait à cœur leurs intérêts. Au fond, c’était vrai, mais disons que je n’avais pas à cœur QUE leurs intérêts. Mais au moins me faisaient-ils confiance. Un peu.

Lorsque nous arrivâmes, « mes » gars avaient presque tous oublié leurs gros calibres, gardant seulement les armes blanches ou les blaster, tout ce qui était attaché aux ceintures et qu’on ne pouvait pas laisser sur place sans le vouloir. Au moins, à défaut de ne plus être dangereux étaient-ils moins menaçants.
Si j’avais bien compris, en gros, ils estimaient, déjà, que faire peter leur moissonneuse ce n’était pas fair-play, mais surtout que le terrain sur lequel il y avait litige était à eux, sans le moindre doutes. Tout en cheminant, j’envoyais un message texte à mon padawan en toute discrétion.

// Joclad,

Les négociations seront simples dans les termes : ils doivent tous dire que le champs est à eux. Donc on les menacera de le filer au Gouvernement, ça les calmera, et on divisera ça. Le remboursement de la moissonneuse risque de poser plus de soucis, donc on verra ça dans un second temps.
L’enjeu principal n’est pas de trouver les arguments, mais de savoir gérer la situation pour qu’ils y soient réceptifs. Les miens sont un peu plus détendus, ça aidera.

Léonard T.
//

Mine de rien, mes Corelliens détendus et moi-même arrivâmes en premier. Ils s’installèrent autour de leur speeder en attendant, profitant de la banquette au du capot pour faire des supports soit pour s’allonger, soit pour une partie rapide de pazzac. Réellement.. On se serait crue dans un de ses holofilm ou il n’aurait manqué que le joueur d’harmonica..
Quant à moi, je scrutais l’horizon d’où était censé venir Joclad, passif et immobile. Contraire à mon padawan, il était écrit sur ma gueule que je n’avais pas forcément beaucoup d’humour, et il était plus évident qu’il fallait me prendre au sérieux..
Je plissais enfin les yeux, afin d’annoncer sobrement l’évidence, ainsi personne ne serait surpris :

« Il arrivent. »

Visiblement, pas d’affolement, pas de mains portées aux armes. Non.. On aurait dit qu’ils étaient gavés, un peu comme s’ils avaient la certitude que les nouveaux venus allaient gâcher une après mini tranquille. Bah.. Ne désespérons pas, ça pouvait encore dégénérer.. Joclad semblait craindre que les siens sois plus « froids » et moins « Impulsifs », ce qui risquait de poser soucis. Remarque.. Certaines des miens avaient déjà ressortis la bouteille, ce n’était pas forcément mieux. Plus.. Gérable, dirons-nous.

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Et comment que c’était un risque ! Je voyais déjà l’équipe de bras cassés s’équiper aussi bien que s’ils s’apprêtaient à prendre d’assaut le Sénat Galactique, et cela au rythme de nombreux « On va les cramer, ces wagyx ! » ou bien encore sur le ton plus diplomate d’un « Au moins, si ces guerfels font tout foirer, on pourra riposter. » Ce n’était pas rès avenants, mais l’on devrait bien faire avec. Je devrais tout simplement garder à l’œil chacun d’entre eux, et je pourrais peut-être désarmer leur arsenal sans qu’il s’en rende compte pendant qu’ils seront assis à la table des négociations. Néanmoins, ce serait sans doute interpréter comme une trahison par ces Corelliens dont je ne connaissais pas la culture sur le bout des doigts mais presque. Merci Dakin pour ton aide à ce sujet, sans quoi je n’aurais rien compris au flot d’insultes qu’ils venaient de lancer à l’égard de leurs voisins pas si éloignés que ça. Mais j’avais réalisé qu’hormis celui que je considérais comme un ancien militaire, les autres ne constituaient qu’un ensemble peu enclin à passer à la guerre ouverte.

« Je vais faire de mon mieux, Maitre. A tout à l’heure.»

Telle était ma réponse, simpliste comme souvent. Je comprenais ce que l’on attendait de moi et j’allais faire tout ce qui m’était possible pour pouvoir amener une bande prête au dialogue sur le lieu de rendez-vous. Hélas, les Corelliens étant souvent butés, je ne fus qu’à moitié surpris de découvrir qu’ils étaient déjà en train d’imaginer un plan B, ou plutôt un plan M pour Merdeux dont le but était de neutraliser le camp d’en face aussi vite que possible au cas où la situation dégénérait. L’instigateur de cette idée farfelue était évidemment le frère du chef de famille, le vieux de de la vieille qui estimait qu’il n’allait pas se laisser marcher dessus si jamais l’idée du fiston venait à échouer lamentablement. Il me fallut faire montre d’un certain tact, et surtout leur faire entrevoir le fait que partir sur un pied aussi défaitiste ne permettrait en rien de résoudre les choses, mais qu’ils gagneraient plus à réfléchir a des arguments recevables et oublier toute idée d’ultimatum ou d’exigences tant que les négociations n’avaient pas avancé ne serait-ce que d’un bon pouce.

Abandonnant visiblement l’idée d’un possible échec lors de ces négociations, et certains de remporter le duel des mots contre le « camp d’en face » comme ils avaient remportés la bataille des actes avec cette moissonneuse batteuse éventrée, ils ne tardèrent pas à sortir eux aussi alcool frelaté et la charcuterie tout aussi douteuse. Je n’avais jamais vu rien de tel, ce qui s’expliquait par mon éloignement précoce de la campagne Corellienne. SI bien que lorsqu’on me proposa de me joindre à eux, je refusais poliment, acceptant seulement une ou deux maigres portions de leur pâté local qui, lui aussi, semblait avoir eut droit à sa goutte d’alcool. Bon, il faut admettre qu’ils n’avaient pas trop apprécié, mais au moins il n’y avait aucun risque que je dévoile mon statut de Corellien. Sinon, je vous laisse déjà imaginer la suite…

« Entendu. Le temps pour eux de rassembler certaines affaires et on vous rejoint. »

Rangeant mon comlink, je leur faisais savoir qu’il était temps. Etonnamment, ils ne prirent rien de lourd avec eux, seulement deux ou trois blasters même s je soupçonnais qu’ils aient pris un ou deux de leurs explosifs artisanaux ou un quelconque truc du genre. Passant devant pour leur indiquer le chemin, j’avais pris le temps de les compter pour m’assurer qu’aucun ne manquait à l’appel. Tout semblait en ordre, et je pouvais distinguer au loin, au travers d’une paire d’électrobinoculaires que j’avais embarqué avec moi en plus du moteur, l’assemblée qui entourait mon Maitre et la moissonneuse batteuse. Ils étaient déjà là, et nous étions en retard. Nous ne nous pressâmes pas pour autant, je préférais encore qu’ils prennent le temps nécessaires et qu’ils restent détendus plutôt que de voir une bande agitée débouler sur le lieu de rendez-vous. Et puis j’avais de la lecture.

Attentif à ce qui était écrit sur mon pad, j’en oubliais un instant « mes « gars. Je comprenais l’idée de la manœuvre mais je n’étais pas certain qu’ils soient très ravis de recevoir notre menace. Pire, je les voyais plus se liguer contre nous pour tenter de nous descendre pour ensuite reprendre leurs futiles querelles autour d’un champ dont je venais, par un léger coup d’œil sur le côté, d’en repérer une des limites formées par de petits murs de pierres. Relevant la tête, je repérais néanmoins un problème de taille : il me manquait quelqu’un, et ce n’était pas l’ancien guignol de la Corsec mais bien le plus jeune des gamins. Je me maudissais intérieurement, bien que je ne laisse rien transparaître. Je préférais faire croire que je n’avais rien remarqué, alors. Comment avais-je pu me faire avoir aussi facilement !

Il devait avoir profité de ma distraction pour se jeter dans le champ d’herbes hautes qui se trouvait sur notre droite, et je m’ouvrais donc à la Force pour tenter de le repérer. Je cherchais à toucher mon environnement, à sentir le fluide de la Force Vivante. Je ne tardais pas à le repéré, couché dans les herbes hautes, bien plus en arrière de nous. Il était bien trop loin pour risquer d’abandonner le reste du groupe. Je déglutissais lentement, et je préférais poursuivre ma route sans prévenir Léonard. Ce dernier verrait bien que quelque chose n’allait pas en voyant mon attitude, ou même mon regard.

Nous finîmes par arriver, et je regardais « mes » gars s’installer en face des autres, quoi que plutôt éloignés. Pour ma part, je rejoignais Léonard, qui se tenait toujours aussi droit, et avec cet air toujours aussi imperturbable.

« Les miens sont bien rassasiés, il semble que les vôtres ne soient pas en reste. On va pouvoir commencer. »

En apparence, bien que je m’adressais à lui à voix basse, je préférais l’assurer que ces gars là n’avaient rien de mauvais. Qu’au final, ce n’était qu’un litige stupide et que, j’en suis certain, ces deux familles avaient dû être les meilleurs amis du monde par le passé. Tout simplement parce que, malgré que je n’ai passé que cinq années au bord de cette rivière, je n’avais aucun souvenir d’un évènement singuliers qui aurait présagé le contraire. Croisant les mains devant moi, je portais mon regard vers le champ qui s’étendait loin devant moi.

« J’en ai perdu un, Maitre. Il a profité que je lisais votre message pour se jeter dans les hautes herbes. Je l’ai repéré plus en contrebas. Il doit sans doute attendre un signe d’un des autres pour sortir, si jamais la situation dégénère. Vous voulez que j’aille le chercher ? »

Une simple pression vers l’esprit de Léonard, une volonté de communication et d’ouverture à son égard pour que mes paroles puissent télépathiquement l’atteindre. De fait, il n’y avait aucun risque que notre assemblée puisse avoir entendu le moindre mot de cette discussion privée. Je préférais encore intervenir, histoire d’être certain de garder la situation sous-contrôle et de ne pas laisser un élément, même maigre, au hasard.


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J’opinais du chef, faisant comprendre à mon padawan sans le moindre mot que j’avais compris ce qu’il me disait, ainsi que les implications de sa révélation. Je regardais du coin de l’œil notre assemblée. Un jeune turbulent, coordonné avec quelques anciens turbulent et un vétéran… Ce n’était plus un risque de querelle de de paysans que l’on risquait. Mais bel et bien un genre d’attentat en règle aux victime nettes et nombreuses. C’était le risque d’avoir réuni tout le monde.

… D’un autre côté, c’était grandement sous-estimer la nature même des arbitres envoyés sur place. Sans vanités de ma part, les Jedi valaient mieux que ces petites combines à deux crédits tentés dans le dos des plus vulnérables. Nous n’étions pas les crédules qu’ils recherchaient.

« Non. Je vais m’occuper de cela moi-même, Joclad. Je te laisse l’assemblée un peu, le temps de régler cette affaire. Je vais tâcher d’être rapide. »

Je connaissais mon padawan, et je savais sa capacité à vouloir aller vite, et cette dernière contredisait totalement ma manière méthodique et posée d’aborder les problèmes. Aussi m’accordais-je le droit de deviner son impatience, voir même son incompréhension face à ces routines désagréables que je lui imposais. Mais l’intérêt de ces épreuves étaient justement qu’elles étaient routinières et loin des aptitudes par lesquelles il brillait généralement.

« Voici ce que je pensais faire : les pousser à essayer de se rappeler le problème de base, qui, s’il n’est pas oublié, doit être ridicule, et leur faire comprendre que leurs réactions sont clairement exagérées. Partant là, je suis certain qu’ils prendront conscience que leur conduite est ridicule. Oh.. Et dis-toi qu’ils sont surement aussi exaspérés par cette table ronde que tu ne l’es par cette mission qui doit te sembler insignifiante. Alors pense bien que tu es beaucoup mieux placé que moi pour manœuvrer habilement et les comprendre. J’ai donc confiance, tâche de briller, mon garçon »

Joclad savait ce qu’était la « Manœuvre Tianesli ». C’était une manœuvre qui pouvait être extrêmement fine, réfléchie et pensée. Mais dans les 3/4 du temps, je visais l’échec et mat. C’est dire, et l’expérience l’avait amplement prouvé, que je manquais « un tantinet » de tact. La manière de faire de Joclad se conjuguait mal, en vérité, à la mienne. L’intérêt juste de ce binôme était de pouvoir se passer la main pour que chacun intervienne au diapason de ses qualités. Bon, il ne fallait pas se voiler la face. Il avait, certes, les capacités pour comprendre ces hommes et était mieux placé que moi pour les persuader, mais ça n’en resterait pas moins une épreuve de patience. Mais après ce qu’il avait subis, il me semblait juste qu’il se rappelle que ces petits riens faisaient partie de la vie du Jedi, et que rien ne valait de savoir résister à des Sith si par la suite on perdait toute capacité à intervenir dans les petits riens qui fondent une vie. Et Joclad, par le passé avait déjà brillé, aussi bien sur le plan personnel que durant ses missions, par une capacité nettement supérieure à la mienne à sociabiliser. Le cœur de ce garçon, contrairement au mien, était une valeur précieuse qu’il avait su mesurer.

« Bien. Messieurs dames, je suis navré, mais je viens de recevoir une directive qui demande des éclaircissements directs, et donc une communication avec les supérieurs de notre Ordre. Mon camarade, Joclad, prendra pour quelques minutes la suite de ces négociations. Considérez qu’il une envie de clore tout cela d’une manière simple et rapide au moins égale à la sienne. Il saura sublimer dans ces négociation la moindre part de bonne volonté. Aussi je compte sur vous. »

Il était inutile, après ce témoignage de confiance, de préciser que je comptais aussi sur mon padawan. Je ne l’avais d’ailleurs pas présenté comme tel, mais bel et bien comme mon égal, ainsi personne ne lui contesterait l’autorité et la sagesse Jedi que j’avais jusqu’alors relayée. Je posais un doigt sur mon oreille, simulant un début de communication, tout en gratifiant mon jeune padawan d’un hochement de tête confiance tandis que je sortais.

« Ou es-tu jeune trublion… ? »

Le temps de me concentrer, une poignée de seconde, et je pris conscience de sa position. Dans la Force, un jeune Corellien fougueux ne pouvait se cacher. Je me mis donc en chemin vers la position de notre empêcheur de tourner en rond. Ce faisant, j’envisageais ce que j’allais bien pouvoir faire de mon jeune ami. M’en servir comme d’une preuve pour mettre en défaut l’un ou l’autre des partis serait apte à mettre le feu aux poudres. Le surprendre pourrait le faire paniquer, et il déclencherait trop tôt ce qui avait été prévu.
Non.. La seule option qui était viable ET positive. C’était de la rallier à ma cause. Oui.. Il était là.. Allongé dans quelques hautes herbes, presque invisible à l’œil nu, armé d’une paire de jumelles pour observer de loin la tenue des opérations. Il disposait également d’un matériel que je ne savais identifier, sinon au moins une antenne qui devait lui servir à communiquer et à emettre. Lestement, je fis le tour pour ne pas être vu, approcher par l’arrière. Et j’envoyais un message à Joclad.

// Joclad, je risque de prendre un peu plus de temps que prévu. Si tu arrives à les tenir, je te ramènerai de quoi en finir avec cette histoire. Prend patience et soit efficace, mon padawan, nous avons un plan. //

Enfin, j’avais un plan… Se déplacer furtivement risquait d’être compliqué, dans un champ. Aussi lorsque je fus à une distance suffisante. Je fis un large saut. Avant que mon jeune corellien ne puisse l’enregistrer, j’étais dans son dos. Ma main pris ferme appuis sur son épaule tandis qu’il se retournais brusquement. Alors que son regard croisait le mien, j’ordonnais :

« N’ai aucune crainte, mon garçon. »

La Force fit relativement plus d’effet que mon visage qui n’avait sans doute jamais rassuré personne, sur Ondéron. Une fois que le jeune homme fut calmé, douché de tout reflexe nocif, je le relâchais, gardant toujours son attention. Il était figé. Sachant pertinemment qu’à présent, il n’aurait pas l’initiative sur un Jedi.

« A présent, mon garçon, viens. Toi et moi.. Nous allons discuter un peu. »

La demande n’en était pas une, et pourtant je me fis une voix étrangement douce. Cet enfant, en aucun cas, n’était mon adversaire. Comme tout les jeunes, il représentait un espoir pour l’avenir. Et tout comme pour Joclad, il allait me falloir faire preuve d’ingéniosité pour faire de lui une composante positive de l’avenir.
Joclad pouvait résoudre ponctuellement cette affaire, j’avais pleine confiance en lui : il ne me décevrait pas en piquant une colère à cause de deux partis de fermiers trop têtus, il savait ce qui était en jeu. Mais grâce à ce petit trublion. Il auraitla possibilité de clore cette histoire définitivement.
Je le poussais doucement vers le lieu de la rencontre, tandis que lui et moi entamions une longue conversation...

Invité
Anonymous


Je devais avoir mal entendu, ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas me laisser seul avec eux alors qu’ils étaient à un rien de se mettre sur la tronche ? Sérieusement, ce n’était pas parce qu’ils se gavaient de terrines et autres charcuteries dans leurs coins respectifs qu’ils étaient devenus inoffensifs. Certains étaient dangereux et la situation pouvait bien vite dégénérer. De fait, il aurait été logique que ce fut été moi qui me soit chargé de retrouver le jeune qui manquait à l’appel plutôt qui lui. Malgré son caractère froid et distant, Léonard restait le plus apte de nous deux à concerter les deux camps sur la voie d’une solution à ce conflit aux origines ridicules mais aux conséquences potentiellement désastreuses pour ces familles. Et si je commettais un impair et que la situation dégénérait ? Étais-je seulement à la hauteur de la tâche qui m’incombait soudainement ? Oui, je l’étais. J’avais déjà eu à gérer des situations bien complexes lors de mes précédents périples aux côtés de Maitre Herambra, alors que ce n’était même pas dans nos domaines d’action de l’époque. Ce n’était pas quelques paysans qui allaient me perturber. Je n’avais pas l’habitude de briller par mes discours mais c’était bien souvent dans ces conditions que je savais me démarquer et montrer que j’étais à la hauteur que ce que j’aspirais à devenir.

L’approche sur laquelle comptait Léonard avait de bonnes chances de fonctionner, à la condition que je fus capable de passer outre l’entêtement général et le caractère plus que prononcé des Corelliens. Entre-nous, ce n’était pas gagné et j’étais bien placé pour en parler. Léonard aussi, vu qu’il me côtoyait depuis quelques temps déjà. Les Corelliens sont des gens butés et obstinés. Il est très difficile de les raisonner et de leur faire entrevoir la possibilité qu’ils puissent avoir tort, un peu comme tout ces gens qui s’estiment tout-puissants parce qu’ils vivent dans la Capitale Galactique.

J’étais également partout pour tenter pareille approche, mais avec un certain tact dont je savais Léonard exempt. Je connaissais sa façon de faire, que je trouvais souvent très efficace d’ailleurs, et je savais aussi que ce n’était peut-être pas le meilleur moyen d’action pour un cas comme celui là. Il fallait donc d’abord parvenir à effacer le caractère obtu des paysans pour entrer directement dans le vif du sujet, en leur rappelant qu’ils ne s’étaient pas réunis pour des prunes mais bien pour semer, ensemble, les graines de la réconciliation. Et c’était moi, Padawan, qui allait devoir m’en charger. Youpee !

Je laissais donc Léonard faire les pseudo-présentations, puisqu’un camp me connaissait déjà puisqu’ils avaient manqué de me tirer dessus lors de notre rencontre. Les bras croisés devant moi, le regard attentif avant de m’avancer de quelques pas dans leur direction. Je regardais mon mentor s’éloigner tranquillement, l’air de rien, après avoir enrobé de sucre la réalité de son départ précipité. Il était clair que la réaction de l’ensemble aurait été bien différente et encline à l’embrasement si on s’était contenté de leur dire : « Hé, on va chercher votre copain qui se cache dans les herbes pour tous vous tirer comme des lapins. »

« Négocier ? Il n’y a rien à négocier avec ces osk’ys, wagyx. » lança l’un des membres du premier camp à mon encontre, en désignant ostensiblement le camp d’enf ace du menton.

Question réaction, j’avais tout de même connu mieux.

Certains semblaient déjà vouloir profiter de l’absence de Léonard pour raviver les tensions. Avant cela, il s’agissait surtout d’un test lancé à mon intention, pour juger si j’étais apte ou non à m’insérer dans la discussion en tant que médiateur. Mon mentor avait l’avantage de posséder cette aura et cette carrure qui faisait taire les intentions belliqueuses. De mon côté, mon jeune âge et ma discrétion laissait parfois transparaître une impression de retrait et de timidité. Qui aurait pu dire, d’ailleurs, que ces traits allaient finir par s’effacer quelques années plus tard ?
Sauf que voilà, je n’allais pas le laisser faire, et encore moins abdiquer pour laisser s’entre-tuer pour dix pauvres petits centimètres de parcelle. J’étais leur égal dans cette discussion ; ils allaient devoir s’y faire :

« Vous n’êtes pas le seul à en décider, guerfel. Si vous êtes tous réunis ici, c’est parce que vous avez accepté de discuter avec vos voisins, et non vos ennemis ; parce que vous savez qu’au fond cette querelle est ridicule. » répondis-je donc presque du tac-au-tac à l’injonction du premier.

Tout d’abord leur rappeler que je possède les mêmes origines qu’eux, et que je comprenais de fait leur langage et donc leurs insultes. Ensuite, mettre en évidence le fait qu’ils ne se sont pas rassemblés par hasard mais bien parce que personne ne voulait poursuivre l’escalade plus longtemps. Enfin, entamer le sujet pouvant créer le déclic souhaité et ainsi amorcer la détente, à savoir se remémorer l’origine du contentieux.

« Cette querelle, justement. Où commence-t-elle ? De quand date-t-elle ? Ce sont là les questions existentielles. Savez-vous seulement pour quoi vous vous affrontez ? »

« Bien évidemment que nous le savons ! Vous nous prenez pour qui ? Pas vrai les gars ? » rétorqua aussitôt un des plus jeunes, des messes basses circulant presque aussitôt pour accentuer leur affirmation.

Ah ouais, ils savaient ? Hé bien ils allaient devoir me le prouver, car je n’allais pas m’asseoir confortablement et attendre le retour de Léonard. J’allais faire avancer les choses, point barre.

« Mais encore ? Je vous écoute. »

Il y eut une moue d’incertitude de la part de certains. Les têtes allèrent de gauche à droite, comme si elles cherchaient un porte-parole prêt à se jeter au feu. Je les observais les bras croisés et l’air renfermé. Je sentais ma tresse qui balayait ma nuque au gré de la légère brise qui s’accentuait instant après instant alors que le ciel semblait se couvrir au loin, par-delà les montagnes.

« Bah c’est leur faute, la moissonneuse c’était eux ! Ils ont manqué de me tuer ! »

Vague d’indignation chez certains, éclats de rires chez les autres.

« Pwaah ! Ne fallait pas rentrer chez nous, guerfel ! »

« Il suffit ! Vos querelles doivent cesser, maintenant ! Regardez-vous, vous ne savez même pas de quoi vous parlez. Cet incident remonte à deux semaines, or votre conflit est bien plus antérieur à cela. S’il y a bien des guerfels ici, c’est bien vous. Vous tous. » rétorquais-je, haussant suffisamment le ton pour me faire entendre sans chercher à être menaçant.

J’avais fais preuve de tact pour aborder le sujet. A présent, il était temps de se montrer plus direct pour se faire accepter et respecter. Il fallait bousculer les Corelliens pour se faire entendre d’eux. Et visiblement, j’avais fais mouche :

« Pour qui te prends-tu, espèce de.. »

« Arrête ! Il a raison.. Tout cela, on le fait parce que nos vieux le faisaient déjà. Même eux ne savaient plus vraiment pourquoi ils agissaient de la sorte.»

Touché ! Maintenant que la chose avait été dite, il n’y avait plus qu’à attendre que le doute vienne se s’étendre à chacun d‘entre eux. Je n’avais pas encore la solution au problème, mais j’avais déjà taillé un bout du chemin. A présent, j’espérais bien que Léonard fasse de nouveau son apparition. J’avais besoin de son appui, de son soutien.

« En effet, vous l’avez dit vous-même. Vous vous tirez dans les pieds pour rien, et vous ne passez pas loin d’une saisie de vos terres pour quelques centimètres carrés de terre dont le propriétaire n’est plus définit clairement depuis longtemps alors que vous avez sincèrement tout intérêt à vous entraider. » J’écartais les bras, avant de pointer du doigt la ferme entouré de champs du premier camp. « Regardez, votre principal revenu est l’exploitation de vos plantations. Mais vous n’avez pas de réels moyens de venir entretenir ce champ sans faire appel à des intervenants plus lointains alors que de l’autre côté… » Je désignais alors les quelques champs et les nombreux enclos de l’autre camp. « Vous, vous tirez vos principaux revenus de l’élevage. Pourquoi ne pas mettre vos efforts en commun, pour former une entité plus solide avec une stabilité certaine ? Vous êtes voisins et Corelliens, vous devez vous entraider, c’est dans votre sang, dans votre caractère. »

Je me surprenais à discourir autant et à argumenter avec des exemples concrets sans réellement avoir été discuté des principales exploitations de tel ou tel camp. Je ne me basais que sur ma connaissance de mon monde natal, son historie ainsi que sa culture. Je ne pouvais remercier suffisamment Dakin pour avoir insister à me montrer tout cela dans les archives du Temple.

« Ihn Corllisi nyeve min bhiq suman ehin nyiad, n’est-ce pas ? » lâchais-je finalement en les observant tour à tour.

La réponse ne se fit pas tarder, cependant :

« Un Corellien ne tourne jamais le dos à quelqu’un dans le besoin, oui. Surtout si ce dernier est également Corellien. Mais comment voulez-vous que nous parvenions à nous entendre, alors que cela fait si longtemps que nous nous écharpons pour telle ou telle chose ? »

« Ca, c’est à vous tous d’en discuter. Votre futur est entre vos mains. »


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