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C’était un jour comme un autre pour le jeune maître qui, assit sur un siège capitonné de cette petite navette, était plongé dans ses pensées en espérant que cela l’aide à passer le temps qui lui restait à attendre. Ce n’était pas le voyage en lui-même qu’il n’aimait pas, l’hyperespace ne le gênant pas plus que cela, mais bien l’attente qui précédait l’arrivée à la destination. Sa destination du jour ? Umbara. Cette planète était plongée dans des ténèbres si profondes que la vue de ses habitants s’en trouvait…changé, pour ainsi dire. Mais le maître se fichait pas mal des traits caractéristiques des habitants de cette planète car il n’était là ni pour une visite de courtoisie ni pour faire une étude physique ou sociologique sur les Umbarans. La raison de sa venue ? Vous le saurez bien assez tôt.
Penché en avant sur son siège, les mains jointes devant lui, l’homme était resté les yeux fermés et essayait de ne pas penser à la gêne occasion par sa nouvelle tenue. En effet, à l’occasion de sa venue sur cette planète, il avait vêtu un uniforme républicain accompagné d’un long manteau aux teintes sombres et, il devait bien l’avouer, il se sentait encore plus serré qu’un hutt dans une vapo-douche. Quoi ? L’image ne vous plaît pas ? Ce n’était pourtant pas si éloigné de la vérité que cela : lui qui était habitué aux bures amples des jedis se trouvait coincé dans des vêtements serrés et tout juste à sa taille. Comment pouvait-il décemment se sentir à l’aise ainsi ? Il n’avait pas porté de vêtements « normaux » depuis des années. Essayant de faire le vide dans sa tête, il savait que sa camarade, non loin de lui, sentirait certainement son inconfort transparaître à travers la Force.
Sa camarade ? Bien sûr qu’il n’était pas seul dans cette navette car en plus du pilote – une évidence, me direz-vous – il était accompagné de sa partenaire de toujours et d’une poignée de soldats chargés d'assister maître Vocklan lorsqu'il en aurait besoin.
Sa camarade quant à elle, maître Von, eut l’insigne honneur, quelques jours plus tôt, d’être nommée ministre de la Défense du nouveau régime en place, et si l’idée d’un changement de régime ne plaisait guère au maître d’armes, savoir qu’une personne de confiance était chargée de le Défense aidait à le rassurer un peu.
L’ambiance entre eux avait changé, c’était une certitude clairement identifiable pour ceux qui les connaissaient et ceux ayant une certaine affinité avec la Force. Ils avaient toujours été proches, c’était l’évidence même, mais les récents évènements avaient jeté un voile d’incertitude sur leur relation. Le jeune maître avait fait le premier pas en se déclarant à son amie – chose contraire à tous les enseignements jedis – et il avait fallu du temps pour que la femme à la crinière de feu accueille cette révélation. Comment lui en vouloir ? La formation de jedis enseignait de rester vigilant et de toujours faire attention à ce que l’on ressentait. Puis les évènements de Byss apparurent et si Lorn en garde encore une trace aujourd’hui, une sombre trace teintée de frustration et d’amertume de n’avoir pas pu finir son travail, il continue encore de faire bonne figure et d’être l’homme que l’on voulait qu’il soit. Il devait être un pilier et un modèle pour les autres : il n’avait pas le temps de s’abandonner à ses propres incertitudes.
Mais malgré l’ambiance gênante qui régnait au sein du duo depuis que le jeune homme avait laissé parler son cœur, Byss eut au moins le mérite de prouver que tous les deux étaient toujours capable de faire du bon boulot ensemble. Suite à cela les deux maîtres eurent une discussion à cœur ouvert, quelques jours avant aujourd’hui. Que se dirent-ils ? Oh ce n’est nullement à moi – humble narrateur – de le dévoiler, il s’agit bien là d’une affaire qui ne concerne qu’eux et eux uniquement.

Faisant paix dans son esprit comme il savait bien le faire, le garçon sortit de sa torpeur lorsqu’une sonnerie retentit dans l’habitacle, signalant aux passagers l’atterrissage prochain du vaisseau. Se redressant sur son siège, le maître passa la tête par le hublot et n’y vit qu’une pénombre à travers laquelle il peinait à observer la pointe des plus hauts bâtiments de la planète. Ici la luminosité était très faible, il lui faudrait aux bas mots quelques heures pour commencer à s’y habituer graduellement. En attendant il devrait faire confiance à la Force et à ses autres sens.

Le spatioport était désormais en vue et, en s’approchant, Lorn perçu la présence d’un petit groupe de personnes venues pour les accueillir…ou plutôt pour accueillir la ministre en visite officielle. Soupirant en devinant que ces personnes devaient être des diplomates ou des politiciens trop heureux de faire bonne impression à la ministre, l’homme pensa tout haut en lâchant :
« J’espère qu’ils ne vont pas nous tenir la jambe trop longtemps. »

Son aversion pour les discussions politiques interminables était de notoriété commune au sein du Conseil, maître Von en avait conscience mieux que quiconque, c’était la raison pour laquelle Lorn jouait le rôle de son garde du corps le temps du séjour. Et les soldats ? Une précaution. La navette trembla quelques peu à l’approche du sol et se figea soudainement, un sifflement accompagnant l’ouverture de la rampe de chargement.
Se levant de son siège, l’homme remit en place le col de son uniforme avant de lancer d’une voix solennelle :
« En piste.»

Les soldats étaient au courant de la véritable raison de la présence des jedis ici : des enfants sensibles à la Force avaient été identifiés sur cette planète mais avait été enlevés – disparaissant des registres par la même occasion. Le Conseil en avait été informé et ne put rester les bras croisés devant la possibilité que quelqu’un ait enlevé ces enfants pour son propre profit. Pour en faire quoi ? Les vendre ? Les corrompre ? En faire des armes ? Les possibilités étaient légion.
Les maîtres avaient été envoyés pour que cela cesse, tout simplement. Ils identifieraient les coupables et récupèreraient les enfants, quel qu’en soit le prix. La rampe s’ouvrit donc, la pénombre s’engouffrant dans la navette, ne laissant aux passagers que la vue d’une poignée de formes élancées les attendant en ligne, à quelques pas de là. La mission commençait enfin, voilà ce que se dit Lorn en cachant son sabre dans son uniforme, accrochant un holster et son blaster au flanc droit de sa ceinture. Après tout, il devait remplir son rôle jusqu’au bout…il devait donner le change.
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« Faites tout de même parvenir un message au commandant de la flotte sectorielle que nous allons atterrir sur Umbara. »

« Tout de suite Madame la ministre. »

Le chef de l’escorte d’Alyria, le Major Olson, un solide gaillard blond s’exécuta. La jedi se cala dans son siège et recommença à lire le datapad sur lequel était rassemblé les informations essentielles à propos des us et coutumes umbarannes. Etant donné la réputation de ce peuple régi par un nombre incalculable de règles complexes et prompt à l’assassinat en cas d’impair, elle préférait arriver aussi prête que possible. Pour plus de sûreté, elle avait même demandé expressément qu’un des militaires l’accompagnant soit originaire de la planète, dans un souci pratique de traduction certes, mais aussi tout simplement de symbole. Elle avait remarqué depuis longtemps que de nombreuses populations appréciaient beaucoup le fait de trouver l’un des leurs dans les entourages d’officiels étrangers. L’umbaran en question était le médecin de l’unité, issu apparemment d’une des plus grandes familles de la planète, ce qui lui avait permis de partir poursuivre des études sur Coruscant puis de s’engager dans l’armée.

Alyria sentit un léger frisson parcourir son épine dorsale en pensant à ce qui l’attendait. En effet, déjà qu’une visite officielle sur Umbara était une épreuve en soit, elle devait en plus prendre en compte le caractère tout à fait officieux qui l’amenait là, à savoir des affaires concernant l’Ordre… Et, au fond, la sécurité même de la République. En effet, les services secrets tout comme les jedis avaient eu vent de disparitions d’enfants sensibles à la Force sur l’astre sombre. Elle connaissait de réputation la fascination qu’éprouvait le peuple umbaran pour la Force, mais cela constituait tout de même un manquement grave aux lois républicaines d’une part, et aussi une situation très complexe pour l’Ordre, qui ne pouvait voir de jeunes enfants envoyés on ne savait trop où, surtout dans les circonstances actuelles.

Lorsqu’elle avait eu vent de ces disparitions par un rapport des services secrets, elle avait immédiatement contacté l’Ordre. A vrai dire, la nouvelle ministre avait d’ores et déjà prévu de se rendre sur différentes planètes stratégiques dans le cadre de ses fonctions, et Umbara faisait partie des destinations prévues dès le départ : au vu de sa position géographique, elle était la protection d’Ondéron et de la Bordure à l’Est, et également une source d’espions et de médecins appréciable, deux choses fondamentales pour la Défense de la République, sans parler de sa technologie avancée.

Aussi, le Conseil avait profité de ce projet de visite officielle pour lui adjoindre son ami de toujours, Lorn Vocklan… Et depuis les événements de Byss, bien plus qu’un simple ami d’ailleurs, mais là n’était pas la question. Un plan s’était rapidement esquissé : elle visiterait les installations d’Umbara et discuterait comme prévu avec les officiels des différents projets afférant à son ministère, et lui enquêterait sur place sous couvert d’être un membre de son escorte militaire, ledit plan ayant été évidement approuvé par les services secrets et du Ministère de la Justice, qui avait fourni un mandat donnant toute latitude au maître jedi pour intervenir. C’était ce genre de processus qu’Alyria avait toujours voulu voir mis en œuvre : une pleine collaboration entre la République et l’Ordre pour garantir la sécurité de tous et le respect des lois en vigueur. Evidemment, elle essayerait d’aider son camarade de son mieux en enquêtant dans les hautes sphères de manière informelle. Après tout, il lui fallait faire preuve de prudence : elle était ministre avant tout, mais restait une jedi. Un équilibre subtil et délicat à maintenir, en somme, et qui allait exiger pendant leur séjour suffisamment de rouerie de sa part pour tenir. Mais la situation était suffisamment inquiétante pour qu’elle s’en mêle, et la maîtresse d’armes savait qu’un appui parmi les officiels ne serait pas de trop pour contribuer à la résolution d’une telle investigation.

Repoussant ces pensées, Alyria reprit sa lecture sur les mœurs umbarannes, et bientôt, le signal de l’atterrissage retendit. Elle vit avec une pointe d’amusement son amant –car tel était désormais le terme après tout- se redresser, sans doute sorti de sa léthargie par la sonnerie. Lorn avait revêtu un uniforme républicain, et si l’expression sur son visage semblait indiquer un certain inconfort, elle n’avait pu s’empêcher de jeter un regard appréciateur en le voyant arriver ainsi : la trentenaire trouvait que cela lui allait très bien, pour être parfaitement honnête.

Le médecin de la troupe se pencha alors vers elle et lui souffla, l’arrachant à sa contemplation légèrement coupable :

« Prenez ceci Madame la Ministre, étant donné la pénombre ambiante, ce sera plus pratique pour vous. »

Le sergent Pir Mand lui tendit une paire de lunettes, un modèle de l’armée pour améliorer la vue en territoire ennemi, de ce qu’elle voyait. Alyria les prit et le remercia :

« Excellente initiative Sergent, je vous remercie. En effet, cela risque d’être plus que salutaire. »

De fait, en raison de son ascendance hapienne, la maîtresse d’armes avait une vue plus basse que la normale dans l’obscurité, sans être totalement aveugle non plus, puisqu’elle n’appartenait à cette race qu’à moitié. Mais en effet dans une atmosphère aussi sombre, elle risquait d’avancer en se reposant uniquement sur la Force en extérieur. Elle ajouta également :

« Vous avez un exemplaire pour les autres membres de l’escorte ? »

« Quelques-uns, sans doute pas assez néanmoins. »

« Bien, distribuez-en autant que vous pouvez. Et n’oubliez pas qui vous savez. »

L’homme comprit, puisqu’il tendit une paire de lunettes à Lorn. Si l’épicanthix serait moins gêné qu’elle, il valait mieux lui faciliter la tâche autant que faire se peut. Cependant le spatioport était déjà en vue, et Alyria ne put s’empêcher de sourire en entendant la remarque de son amant : c’était du Lorn dans le texte. Elle savait bien sa détestation de tous les ronds de jambe diplomatiques, choses auxquelles elle était rodée… Et qui constituaient désormais la majeure partie de son emploi du temps. Cependant, de là à dire qu’elle adorait les réunions interminables et les flatteries qui allaient avec son nouveau statut, il y avait un large fossé.

Alyria se leva de son siège et vint s’asseoir à ses côtés, lui chuchotant gentiment, une lueur de malice dansant dans ses yeux verts :

« Plains-toi, c’est moi qui vais devoir les gérer pendant des heures. »

Enfin, le vaisseau se stabilisa, et ils purent sortir. Dehors, tout était en effet dans le noir presque complet, et la jedi mit donc ses lunettes. La vision avec était correcte, sans plus, se basant essentiellement sur les ultraviolets, et présentant donc l’ensemble devant elle sans couleurs. Mais c’était toujours mieux qu’y aller en tâtonnant.

Derrière, elle entendit le Major Olson aboyer des ordres pour une mise en formation, et enfin, la délégation fut prête, et ils sortirent de la navette. A peine avait-elle foulé du pied la terre ferme qu’Alyria se retrouva entourée d’un aréopage d’Umbarans qui cherchaient à saluer la nouvelle ministre. Finalement, un homme mince s’approcha, arborant le crâne chauve caractéristique et lui dit avec une onctuosité marquée :

« Mes respects Madame la Ministre, bienvenue sur Umbara, notre planète est absolument enchantée de vous avoir sur son sol. Le voyage s’est bien passé ? J’espère que la circulation n’a pas été trop dense, tout est tellement… intense en dehors de notre monde…

Enfin, j’en oublie mes bonnes manières, j’espère que vous me pardonnez, ceci est uniquement dû au plaisir de vous voir enfin en personne. Syll Darl, membre du Conseil dirigeant d’Umbara, et votre humble hôte pour la durée de votre séjour. »

Se sentant déjà fatiguée rien qu’à entendre le débit de l’homme, Alyria se força pourtant à lui adresser un large sourire et répondit avec aplomb :

« Vous êtes tout excusé Excellence. Mais, je vous en prie, présentez-moi à vos collègues ici présents, que je sache avec qui je vais avoir le plaisir de travailler. »

Finalement, au concours de flagorneries, elle avait peut-être une chance de ne pas figurer en trop mauvaise place… Avec un sourire plaqué sur le visage, Alyria passa donc parmi les officiels présents, les saluant à chaque fois selon les mots traditionnels umbarans que le sergent Mand lui avait appris au tout début de leur voyage, et qui constituaient son unique bagage linguistique umbaran. Finalement, les mondanités effectuées, Darl s’adressa à nouveau à la jedi, toujours avec cette voix de miel agaçante :

« Puis-je très humblement suggérer à Madame la Ministre de lui montrer les quartiers que nous avons spécialement aménagés à son intention pour son séjour parmi nous ? Ainsi, vous pourrez installer vos hommes et vos bagages. »

« Je vous suis Excellence. »

Voilà qui allait faire une pause plus que bienvenue, et surtout ainsi elle aurait le temps de mettre au point avec Lorn leur plan d’action. Ils prirent donc une large navette spacieuse affrétée pour l’occasion, et Alyria fit de son mieux pour répondre au concours d’amabilités que se livraient les umbarans en sa présence. Pas étonnant que leur réputation de redoutables politiciens soit aussi forte : elle était plus que fondée apparemment. Bientôt ils s’engouffrèrent dans les rues de la capitale, Umbara City, et arrivèrent devant un complexe de bâtiments à l’architecture recherchée : les quartiers de luxe, sans doute. La navette s’arrêta, signe qu’ils étaient bel et bien parvenus à destination. Darl sortit en premier, et les conduisit dans l’un de ces bâtiments, puis leur expliqua :

« Nous vous avons réservé les deux derniers étages, la vue y est sublime… Enfin, pour qui sait apprécier notre monde, évidemment.

Le premier est pour votre garde, et l’appartement du second est entièrement à votre disposition : c’est la suite réservée à nos hôtes les plus prestigieux, j’espère qu’elle sera à votre goût. N’hésitez pas à signaler le moindre désagrément. »

Là-dessus, l’umbara prit congé afin de les laisser s’installer. Alyria déclara donc à ses hommes qu’ils avaient quartiers libres pour s’installer, et tous montèrent pour prendre possession de leurs chambres. Elle n’aimait pas particulièrement être à un étage différent que celui de son escorte, y voyant une faille manifeste de sécurité, mais protester eut été mettre en doute la sûreté de la planète, et elle n’était pas su^re que ce soit le meilleur moyen de commencer sa visite. Faisant signe à Lorn de la suivre, elle arriva devant l’imposante suite et l’ouvrit. En effet, l’intérieur était clairement spacieux, et surtout, baignait dans la lumière artificielle. Retirant ses lunettes avec un soupir satisfait, elle commença par inspecter les pièces, et expliqua sans se retourner :

« Nous devrions vérifier qu’il n’y a pas de micros cachés ou de surprises du genre… Ce n’est pas que je me méfie mais disons que la réputation des umbarans m’invite à la plus grande prudence… »

Une fois cela fait, et sans avoir rien trouvé de particulier, y compris après avoir appelé le membre de l’escorte qui faisait partie des services secrets et spécialement affecté à sa garde pour les communications et les affaires informatiques, Alyria put enfin s’asseoir dans un des fauteuils disposés dans la large pièce centrale, et finit par demander à Lorn :

« Bien… Une bonne chose de faite… Et maintenant… Comment allons-nous nous organiser ? »
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De par son isolement dans les salles d’entraînement du Temple, le jeune maître n’avait que peu l’habitude de partir en mission et d’agir au côté d’hommes et de femmes qui n’étaient pas capable de sentir la Force comme lui, ils étaient plus dépendant de leurs 5 sens ce qui ne faisait que limiter leur temps de réaction. Les êtres sensibles à la Force étaient capables de ressentir des choses qui dépassaient l’entendement commun, des choses qui ne pouvaient être expliquées et, dans un sens, cela leur donnait un certain avantage au combat. Cependant, même s’il n’avait pris l’habitude de voyager avec des soldats que depuis son échec cuisant sur Byss, Lorn commençait tout doucement à s’y habituer. À l’inverse des siths et, peut-être, de certains de ses camarades, le jeune homme ne voyait pas cette absence de sensibilité à la force comme une marque de faiblesse ou d’infériorité. Après tout, à un moment de sa vie, chaque sith ou jedi avait été sourds à l’appel de la Force : certes, la plupart du temps cela se passai durant l’enfance, mais ils avaient été sourds à cet appel malgré tout.
Ces hommes et ces femmes n’étaient peut-être pas sensibles à la Force, ils ne seraient peut-être jamais capables de manier un sabre laser sans prendre le risque de son couper un bras, ils ne seraient peut-être pas capables de soulever un caillou par la seule force de leur esprit mais cela ne faisait pas des êtres sacrifiables ou inutiles pour autant. Engoncés dans leurs armures aux couleurs de la République, ces soldats avaient fière allure et le jeune homme admirait leur maintien et leur sang-froid en toute circonstance : ces soldats étaient des combattants entraînés et capable de s’adapter à toute circonstance, ils n’étaient peut-être pas les plus expérimentés des combattants sur lesquels Lorn aurait pu mettre la main, mais ce dernier leur faisait assez confiance pour les laisser protéger ses arrières et le soutenir en temps voulu. Après tout ils n’étaient pas là pour protéger la ministre – ça c’était son propre boulot – mais bien pour servir de renforts à Lorn lorsque les pièces du puzzle auraient été rassemblés et que le responsable de ces enlèvements aurait été identifié.

Et pourtant, malgré la confiance accordée à ces soldats – confiance qui se faisait rare, ces derniers temps, chez le jeune maître – le maître d’armes ne pouvait assurer la survie de tous les individus présents avec lui dans ce vaisseau ? Pourquoi ? À cause de la destination. Oh non l’obscurité ambiante n’était pas le principal problème, bien que cela puisse devenir gênant : le problème venait de la population. Cette communauté était divisée en caste et seuls les membres des plus hautes castes avaient le droit de quitter cette planète, les autres devaient y demeurer jusqu’à leur trépas ou jusqu’à ce qu’ils trouvent un moyen de se hisser jusqu’aux castes supérieures. Et pour se faire, la seule et unique méthode valable se résumait en un seul mot : assassinat. Ces hommes et ces femmes-là n’étaient pas des tueurs à la petite semaine qui exécutaient leurs basses besognes pour répondre à un besoin d’argent, ils n’étaient pas non plus des tueurs aveugles qui agissaient pour assouvir un but supérieur ; leurs motivations étaient bien plus simples : ils tuaient pour survivre. Dans ces conditions, comment des soldats – entraînés pour combattre – pouvaient-ils faire face à des individus pour qui le meurtre était une nécessité, un moyen naturel de survivre ? Les uns avaient été forcés d’apprendre à se battre tandis que, pour les autres, cela faisait partie de leur culture que de se cacher dans les ombres pour frapper, de toutes les manières les plus fourbes possibles. La pire des armes ? Le poison, bien entendu.

Essayant de chasser ces pensées de sa tête, se disant qu’imaginer le pire ne ferait que provoque ce dernier, le jeune homme laissa son amie et amante s’approcher de lui, lui rappelant que c’était elle qui aurait la tâche la plus longue et ennuyeuse dans le lot Souriant en coin, amusé qu’Alyria le lui rappelle, le jeune homme ajouta :

« Pendant que moi je ferais du porte à porte auprès des familles de ces gosses. Je ne sais pas quelle partie est la plus passionnante. »

Oh bien sûr il connaissait l’importance de la tâche et de celle de son amie : elle détournait l’attention – en partie du moins – pendant que lui fouillait les poubelles, pour ainsi dire, à la recherche d’informations. Cependant errer dans les bas-fonds d’une planète en frappant à d’innombrables portes n’était pas une activité aussi enrichissante que passionnante, fort heureusement travailler avec des enfants avait appris à Lorn à faire preuve de patience lorsque c’était nécessaire. Ce serait long mais il ferait avec, sans se plaindre à quiconque car il avait une image de pilier à maintenir.
Bientôt la navette arriva et commença alors un festival de ronds de jambes et autres flatteries qui assommèrent immédiatement le jeune maître, son ennui soudain étant clairement perceptible à travers la Force. En voyant sa camarade manier les mots aussi bien que ses hôtes, le maître ne put s’empêcher de se demander comment est-ce que sa camarade faisait pour ne pas être assommée par ces flatteries qui ne respiraient pas d’une once d’honnêteté. Et c’est en s’ouvrant à la Force qu’il comprit qu’elle aussi ne s’amusait nullement, mais qu’elle avait l’habitude de ce genre de choses : à chacun son domaine de compétence.
Une fois ces discussions interminables enfin finies, le groupe fut mené à l’immeuble le plus luxueux du coin où escorte et escortée étaient séparés : mauvais plan. Après vérification minutieuse de la pièce, pour éviter les mauvaises surprises, le jeune homme répondit à sa camarade, qui lui demandait son avis sur la suite des évènements :

« Garde le major auprès de toi pendant mon absence, ses homme surveilleront les deux étages afin d’éviter les mauvaises surprises. Je n’aimerai pas que quelque chose nous pète à la figure au beau milieu de la nuit. »

Sur ces mots, il s’avança près d’un miroir pour se rendre compte qu’il ressemblait à un pingouin dans cet uniforme. Amenant une main à son col, il ouvrit le premier bouton de son uniforme avant de lâcher un soupir de soulagement pareil à celui d’une femme retirant un corset : décidément il ne savait pas comment tous ces militaires pouvaient rester toute la journée de ces tenues. Même si c’était à sa taille, c’était tout bonnement irrespirable et oppressant.
Reprenant son souffle, le garçon expliqua alors la première partie de son plan :

« Je vais aller dans les bas quartiers, interroger les familles des enfants. Si tes nouveaux amis me cherchent…eh bien je suis sûr que tu trouveras une excuse convaincante pour justifier mon absence. Leur révéler que nous menons une enquête, en parallèle de la visite, n’est pas le meilleur moyen de se faire apprécier d’eux. »

Lâchant un léger sourire, à mi-chemin entre l’amusement et la moquerie, le garçon s’approcha des fenêtres qui donnaient sur l’extérieur de l’immeuble et sur cette ténébreuse cité. Il réfléchit ensuite à ce qu’il n’avait pas encore dit à sa camarade sur la suite des opérations, et conclut par un :

« Je te ferais le topo par communicateur, si jamais j’apprends quelque chose. Et je reviendrai ici lorsque sonnera l’heure du dîner, histoire de ne pas trop éveiller les soupçons de tes charmants hôtes. Avec un peu de chance ils seront tellement obnubilés par toi qu’ils ne remarqueront même pas mon absence. Allez, il est temps pour moi de m’éclipser. Amuse-toi bien.»

Vérifiant que son sabre et son blaster fonctionnaient toujours, le garçon ouvrit son uniforme et ferma son manteau noir, masquant ainsi son appartenance à la République aussi longtemps que cela serait nécessaire. Pourquoi ne pas se débarrasser de son uniforme ? Parce que s’il tombait sur Alyria et ses nouveaux amis, il devrait être capable de retourner à son rôle de garde du corps et agent de la République en moins de deux : serait-il alors crédible, sans uniforme ? Pas tellement. Bientôt il passa la porte et, après un signe de main discret, disparut derrière la porte désormais fermée.

Sa partie de la mission était désormais commencée. Il ne savait pas combien de temps son amie retiendrait les politiciens, le temps jouait donc contre lui.
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Alyria approuva d’un signe de tête les dires de Lorn, trouvant aussi la configuration des lieux peu pratique. Elle répondit après un instant de réfléxion :

« Oui, Olson est tout à fait compétent, c’est un ancien des Forces spéciales, il connait les mesures de sécurité nécessaire. Mand, le médecin umbaran, m’accompagnera également pour les rencontres au dehors, d’abord en tant qu’interprète, mais aussi comme gage envers nos hôtes. J’ai toute confiance en lui, ses états de service sont irréprochables, et avoir un membre de l’intendance paraîtra moins martial en cas de réunion. Même si son potentiel létal est tout à fait conséquent. »

La maîtresse d’armes savait que les assassinats umbarans étaient toujours menés avec discrétion, et pensait donc ne pas courir beaucoup de risques dans les déplacements officiels, et au pire, elle estimait être en mesure de se défendre. Après tout, elle avait un sabre, et avait plus que parfaitement démontré ses facilités pour s’en servir. Evidemment, le risque résidait dans la partie en dehors des réceptions prévues dans son agenda ministériel, mais elle avait confiance dans ses hommes pour réussir à mener à bien leur mission de protection, même si la répartition sur deux étages n’était guère pratique.

Voyant Lorn s’approcher du miroir et se battre avec son uniforme, elle ne put s’empêcher de sourire largement. Sa gêne à l’idée de porter des vêtements ordinaires l’amusait beaucoup, et elle décida de venir le taquiner gentiment. S’approchant par derrière, elle se hissa sur la pointe des pieds pour poser son menton sur son épaule, son visage apparaissant soudain dans le miroir et lui souffla à l’oreille :

« Arrête de triturer ton uniforme, tu vas finir par en arracher les boutons… Et puis, si ça peut te consoler, je te trouve très séduisant comme ça… Voilà qui change des bures de l’Ordre… »

Inutile de préciser que les deux dernières phrases avaient été dites sur un ton beaucoup moins posé et sérieux que le début. D’ailleurs la position de sa tête avait changé, glissant légèrement vers la gauche pour venir placer sa bouche à la hauteur de l’oreille de Lorn. Puis, elle laissa son bras remonter jusqu’à la joue de son amant, la caressant légèrement tout en appuyant très doucement d’un doigt pour lui faire tourner la tête, avant de déposer ses lèvres sur celles de son amant.

Pendant un bref instant, le miroir refléta l’image d’un couple normal, qui s’embrassait dans l’intimité d’une chambre d’hôtel, sans craintes ni contraintes, libres de s’accorder un petit instant pour eux au milieu de leurs obligations respectives.

Puis ce fut le retour à la réalité, et Alyria rompit le baiser avant de s’écarter de l’épicanthix, sachant pertinemment qu’ils devaient établir un plan d’action rapidement et qu’il n’était plus temps de folâtrer. Ainsi, elle s’adossa contre le canapé au centre de la pièce et croisa ses bras contre sa poitrine, écoutant le plan d’action que Lorn proposait. Oui, c’était logique de commencer par une enquête de voisinage, elle-même avait du reste une idée en tête pour contribuer à leurs investigations autant que ses fonctions le lui permettraient. Puis, souriant en entendant la dernière phrase de Lorn, elle déclara :

« Disons que ce serait peu profitable diplomatiquement en effet. Mais ils ne remarqueront pas qu’il manque un de mes hommes, et pour cause… Je ne les mobiliserais pas tous pour m’accompagner en même temps. Quelques-uns resteront en faction ici pour empêcher toute intrusion. Je n’aimerais pas que certaines de mes affaires tombent dans les mains d’espions trop curieux. Il leur faudrait donc voir que tu n’es jamais dans mon entourage, ce qui ne pourra se révéler qu’après plusieurs jours. Et j’ajouterais qu’à mon avis, les umbarans ne risquent pas de s’intéresser aux simples soldats m’accompagnant. Ils les assimilent à des membres des castes inférieures, et n’y feront donc pas attention outre mesure, hormis pour vérifier leur nombre ou compiler des données stratégiques. Je pense que de cette manière, nous minimisons au maximum les complications de ce genre. »

Alyria avait en effet très longuement réfléchi au moyen de mener de front sa fonction de ministre et d’aider l’Ordre, et donc Lorn, au mieux, tout en minimisant l’ingérence personnelle. C’était un équilibre compliqué, mais elle pensait qu’avec sa préparation minutieuse, elle avait réussi à trouver des compromis satisfaisants.

C’était à son tour d’expliquer ce qu’elle avait prévu, aussi elle détailla à son tour son plan d’action :

« De mon côté, j’ai prévu une visite officielle de l’hôpital général d’Umbara City. C’est le plus grand hôpital de la planète, ce qui signifie, outre l’intérêt purement stratégique qu’il offre en raison de ses recherches médicales de pointe pour l’armée, que c’est l’endroit où, selon toute logique, la majorité des enfants umbarans naissent… Et que leur sensibilité à la Force est testée selon la loi républicaine. Par conséquent, il me semble intéressant d’aller enquêter du côté plus officiel. Avec un petit peu de chances, nous trouverons chacun des informations exploitables et à mettre en parallèle. »

Mêler intérêt professionnel et aide à son amant, tout un programme. C’était un fait, Alyria laissait peu de choses au hasard, surtout quand les risques étaient élevées. Elle aimait planifier, décortiquer et s’assurer avec un soin un peu maniaque que tout était en place, et que ce soit pour un texte de loi, une mission ou même une simple réunion. Et il fallait être honnête : sa nouvelle fonction n’allait pas arranger cet aspect de sa personnalité.

Alyria acquiesça quand Lorn lui dire qu’il la contacterait s’il trouvait quelque chose et elle lui assura aussitôt :

« Je ferais pareil de mon côté, évidemment. »

Ils avaient donc tout le reste de la journée pour accomplir leurs tâches respectives. Néanmoins, ne résistant pas à l’idée de taquiner son amant une dernière fois avant qu’ils ne se séparent, elle sentit le coin de ses lèvres s’étirer pour former ce sourire en coin si caractéristique des moments où elle plaisantait et elle dit sur un ton volontaire badin :

« En effet, il semblerait que j’ai le don de taper dans l’œil de certaines personnes… N’est-ce pas mon cher ? »

Retrouvant un peu son sérieux, elle poursuivit :

« Toi de même. A nous deux, on pourra reconstituer un bon panorama de la situation sociale umbaranne, j’ai l’impression… »

La maîtresse d’armes rendit son au revoir à Lorn et regarda son amant sortir de la pièce. Restée seule, elle empoigna son datapad et commença à compulser les données qu’elle avait transféré dessus avant son départ, afin d’être fin prête pour la suite des opérations. A l’heure dite, elle se leva et sortit de ses quartiers, pour y trouver le Major Olson, le Sergent Mand, l’agent des services secrets qui les accompagnait et deux autres hommes. Son escorte était prête. Ils sortirent donc tous de l’immeuble, devant lequel se dressait fièrement Syll Dral, qui avait apparemment jugé nécessaire de changer de tenue pour la conduire à l’hôpital général. De son ton obséquieux, il demanda :

« Je suis enchantée de vous revoir Madame la Ministre. Vos quartiers sont-ils à votre convenance ? Si vous avez une quelconque remarque n’hésitez surtout pas, nous tenons à ce que votre séjour parmi nous soit le plus agréable possible. »

Réprimant un sourire en voyant la grimace que faisait le Major Olson face à l’umbaran, elle répondit néanmoins de la façon la plus aimable possible :

« Cela conviendra parfaitement, ne vous inquiétez pas. Bien, je crois qu’il est temps d’y aller, non ? Il me tarde de visiter vos infrastructures médicales. La République suit de très près les avancements de vos différents laboratoires. »

Le compliment eut l’air de satisfaire l’umbaran qui la guida jusqu’à une navette, Alyria ne faisant déjà plus attention au cortège d’officiels qui accompagnait son principal interlocuteur. Une fois tous installés, l’homme se tourna vers elle et lui fit :

« Le temps de notre voyage, que diriez-vous d’une petite introduction à l’histoire des sciences umbaranes ? C’est un sujet tout à fait fascinant ! »

Evitant de soupirer, Alyria s’appliqua à répondre avec un ton faussement enjoué :

« Avec plaisir, votre Excellence. »

Misère, le voyage en navette allait vraiment être long…
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Contrairement à sa camarade, le jeune maître n’avait pas pris le temps de connaître les personnes avec qui il faisait la traversée, sans doute parce qu’il ne serait pas en leur présence la plupart du temps et qu’il faisait confiance à sa camarade pour ne choisir que des individus recommandables à ses côtés. Ces soldats de la République avaient été triés sur le volet, jusqu’au médecin qui était un fier représentant de cette planète où il retournait…depuis combien de temps n’était-il pas revenu chez lui ? Combien d’hommes et de femmes avait-il tué pour atteindre une caste lui permettant de trouver refuge sur Coruscant ou d’autres mondes de la République ? Ces questions trottaient dans la tête du maître lorsqu’il croisa le médecin, il ne pouvait pas le nier, mais il savait qu’il était mal placé pour juger qui que ce soit sur des meurtres perpétrés dans le seul but de survivre et d’échapper à un destin peu enviable.
Chassant ces pensées de son esprit en secouant légèrement la tête, le jeune homme se contempla de nouveau dans cette grande glace jusqu’à ce qu’un visage familier vienne s’ajouter au tableau désormais beaucoup plus charmant à regarder. Elle avait beau le complimenter – ce qui le ferait, d’ordinaire, rougir – le jeune homme n’arrivait pas à se trouver charmant de manière générale, encore moins dans ce costume beaucoup trop serré qui semblait limiter ses mouvements. Même si elles étaient trop voyantes pour ce genre de mission, le jeune maître regrettait vraiment les bures de l’Ordre qui ne gênaient nullement ses mouvements…à l’inverse de ce costume serré et laid. Comment s’y sentait-il ? Il l’expliqua bientôt à sa camarade par une image des plus parlantes :

« Mais je n’y peux rien. J’ai l’impression d’être aussi serré qu’un hutt qui tente de rentrer dans un costume trois pièces. »

Il grossissait un petit peu le trait, sans doute, mais c’était aussi pour faire sourire son amante afin de la débarrasser des quelques bribes de pression qui pouvaient éventuellement subsister en elle. Elle allait avoir la partie la plus chiante du travail, la plus longue et pénible : elle avait besoin d’avoir le moral au beau fixe avant que cela ne commence.
Le jeune homme ne put s’empêcher de sourire lorsque sa camarade lui confirma quelque chose qu’il savait, malheureusement, déjà. En effet les soldats, sur cette planète, ne faisaient pas partie des plus hautes classes et étaient donc considérés avec dédain et suffisance. De ce fait, Lorn – qui se présentait comme garde du corps et simple agent de la République – serait royalement ignoré pendant toute la durée de ce séjour. Cela pourrait être offensant pour n’importe qui mais, par chance, cette attitude allait être une aubaine pour le jeune homme qui tint à expliquer pourquoi à sa camarade :

« D’ordinaire cette vision des choses serait assez vexante, mais ça nous sera utile. Ça me donnera plus de marge de manœuvre s’ils ne s’intéressent pas le moins du monde à moi. Et comme ça tu auras toute la latitude de…eh bien…faire ce que je suis incapable de faire. »

Il évoquait, bien entendu, sa maîtrise des flatteries et de l’art millénaire de la divine langue de bois, deux maîtrises qui étaient totalement étrangères au jeune homme…peut-être parce qu’il n’y mettait aucune bonne volonté. Mais cela était encore une autre histoire ! Écoutant alors sa camarade lui annoncer qu’elle allait visiter des établissements hospitaliers, le garçon répondit :

« Tu trouveras peut-être des médecins ou des assistants qui sauront de quoi il retourne. Et puis, je doute que les gens d’ici apprennent à cacher leurs émotions à travers la Force. »

À force d’interroger des hommes et des femmes elle finirait forcément par ressentir un certain inconfort chez une personne, qui ne serait pas lié à la présence de la ministre mais bien aux questions qui étaient posées par celle-ci. Cela serait long mais malheureusement, surtout sur une planète comme celle-ci, quelqu’un avait forcément quelque chose à cacher.
Souriant à la remarque de son amante, le jeune homme répondit sur le même ton amusé par un :

« Peut-être aurai-je des réponses d’être jaloux, qui sait ? »

Bientôt il disparut de l’étage puis de l’établissement, se fondant dans les ténèbres tout en portant les lunettes offertes plus tôt par le médecin de bord. Sa vision ainsi améliorée, le garçon plongea dans les ténèbres en entrapercevant à peine ce que devait être le rôle des ombres jedis. Se cacher n’avait jamais été son fort mais, malheureusement, pour l’occasion il dut se faufiler à travers les rues et allées mal famées de cette cité jusqu’à attendre ce qu’il supposa être les bas-fonds de la ville. Sortant son datapad où il avait noté l’adresse des familles des enfants portés disparus, il rangea son appareil dans sa poche et se dirigea vers m’adresse la plus proche.
Tentant d’ignorer les effluves nauséabonds qui jalonnaient son parcours, le garçon arriva enfin face à un petit bloc d’habitation sans prétention et qui, à en juger par la crasse et la rouille accumulées sur la porte, accueillait un foyer assez modeste. Il frappa à la porte et la moitié de visage qui se présentait à lui referma aussitôt la porte, sans un mot, sans même laisser Lorn finir sa présentation. Frustrant, n’est-ce pas ? Il réessaya bien mais personne ne vint lui ouvrit. Il aurait pu forcer la personne mais cela aurait-il aidé à établir une relation de confiance nécessaire à la récolte d’informations ? Évidemment que non.
Passant outre cette frustration passagère, le jeune homme se dirigea vers le lieu suivant. Essayant de faire bonne figure cette fois-ci, le garçon tapa à la porte et, se fendant de son visage le plus amical possible, demanda s’il était possible de rentrer pour parler de la disparition de leurs enfants. La femme qui lui ouvrit transpirerait la peur, autant dans son regard que dans la Force et fit mine de ne pas comprendre de quoi voulait parler le maître d’armes. Elle avait peur, mais peur de quoi ? Que pouvait-il elle perdre de plus que son enfant ? Finalement, malgré l’insistance de son interlocuteur, la frêle femme décida de fermer la porte et de laisser Lorn en proie à l’humidité et la puanteur ambiante.

Reniflant l’odeur désagréable, le garçon leva les yeux au ciel en espérant :

*Eh bien, ça commence bien. J’espère qu’elle aura plus de résultats de son côté.*

Certes ces deux premiers essais avaient été des échecs cuisants, ce n’était rien de le dire, cependant il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin pour autant et visiterait chaque famille s’il avait à le faire, jusqu’à obtenir ce qu’il voudrait. Il était têtu.
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« Et c’est donc à cette époque que le processus d’adaptation moléculaire a commencé, grâce à l’entremise de… »

Alyria résistait à l’ennui profond qui l’assaillait depuis plusieurs minutes en entendant le lénifiant exposé de Syll Dral, et se contentait de laisser échapper quelques mots d’assentiment ou de surprise toutes les trois minutes afin de faire semblant d’écouter réellement les paroles de l’umbaran. Elle laissa son esprit vagabonder vers le moment bien plus agréable qui avait précédé cette ennuyeuse logorrhée verbale.

Elle avait adoré la remarque de son amant sur sa tenue, l’image s’imprimant dans son esprit n’aidant pas vraiment, puisqu’immédiatement, un Ragda Redjilic portant un poncho imprimé façon costume avec un nœud papillon lui venait en tête, ce qui n’aidait pas vraiment à garder son sérieux. Même si de son point de vue, Lorn était tout à fait bien dans son uniforme. Néanmoins, il était vrai que les goûts en matière d’habillement étaient purement personnels. Après tout, elle avait renoncé rapidement aux bures habituelles de l’Ordre pour arborer des tenues bien plus près du corps et plus adaptées à son sens aux duels, mais elle pouvait comprendre que l’épicanthix, étant donné sa carrure, préfère les habits plus amples.

Elle retenait sa suggestion d’utiliser la Force pour donner un coup de pouce à ses propres investigations, en effet, vérifier mensonges et malaises pourraient être un avantage certain. Même si l’atmosphère de suspicion et de complot de cette planète n’aidait pas forcément pour discerner correctement les flux dus à des émotions négatives. Sans compter que le mensonge subtil pouvait revêtir bien des formes, et pas toutes remarquables de prime à bord. On pouvait omettre, atténuer… Les circonvolutions du langage permettaient souvent de dire la vérité sans réellement la dire, et pour être honnête, Alyria usait souvent de tels artifices dans les réunions diplomatiques pour ne pas trahir ses principes jedis tout en étant capable de mener à bien ses missions. C’était une gymnastique de l’esprit délicate, mais formatrice. En tout cas, la Force serait en effet une précieuse alliée sur cet astre sombre.

Le visage toujours parfaitement impénétrable, mais l’esprit à des lieues de là, Alyria repensa en souriant intérieurement à la réplique de son amant face à sa taquinerie. La réponse avait consisté en un rire très amusé, et partagé. Elle était heureuse de voir que leur complicité de toujours n’avait pas changé, elle avait seulement évolué, dans un sens plus intime évidemment. Il était rassurant de constater qu’ils étaient capables de plaisanter sur leur relation, cela contribuait au fond à renforcer leur lien, et à garder la tête froide dans le même temps, car finalement, toutes ces petites taquineries faisaient référence à des évidences qu’il était toujours plaisant de rappeler dans l’intimité.

Soudain, un léger choc la sortit de sa cotonneuse léthargie, et interrompit enfin le monologue assommant de son hôte. Alyria ne perdit pas de temps et descendit aussi vite que le protocole et la politesse élémentaire le lui permettait. Un bâtiment imposant se dressait devant elle, construit dans le plus pur style umbarran. Dehors, un nouveau cortège d’officiels l’attendait, cette fois en blouse blanche. Dral la conduisit d’autorité devant un autre umbaran et fit les présentations :

« Madame la Ministre, puis-je vous présenter notre estimé directeur de recherches médicales, le docteur Lar Panq ? »

Alyria le salua, et suivit l’homme dans l’hôpital, ce dernier lui présentant rapidement un historique des lieux, ainsi qu’un compte-rendu rapide des activités les plus communes et évidemment de son travail au sein de l’organisation. Alors que la nouvelle ministre examinait avec intérêt de nouvelles machines pour synthétiser des médicaments adaptés aux infections virales, elle déclara, l’air de rien :

« J’ai lu certains de vos travaux je crois… Vous avez publié dans la revue scientifique de l’université de Coruscant n’est-ce pas ? »

Le visage de l’umbarran sembla rosir de plaisir, enfin, si on pouvait appeler ainsi la teinte légèrement foncée que prit son visage pâle et que la trentenaire interpréta de cette manière. L’homme la regarda un peu ébahi, et dit d’une voix où perçait une pointe de fierté à peine dissimulée :

« C’est exact… Vous avez peut-être lu le compte-rendu de nos derniers travaux sur les dérivés du bacta et le lien avec la régénération cellulaire ? »

Avec un sourire contrit, Alyria fit mine de s’excuser :

« Je regrette, Docteur Panq, je n’ai pas pu en prendre connaissance. Cependant, j’ai lu votre thèse sur les midi-chloriens et les applications possibles en termes de santé sur les personnes dites non-sensibles à la Force. C’était proprement fascinant. Le Medcorps jedi s’en est servi comme base pour développer certaines techniques de guérison. »

C’était parfaitement  vrai. Comme un nombre conséquent de jedis, Alyria avait effectué quelques stages au Medcorps dans sa jeunesse pour approfondir son art de la Guérison de Force. Elle pensait légitime de dire que si ce n’était pas sa spécialité, elle n’était pas trop mauvaise dans cet art, qui lui avait d’ailleurs sauvé un tympan sur Byss. Et pour une gardienne, a fortiori une maîtresse d’armes, mieux valait être capable de se soigner sur le terrain, ou au moins de faire les gros travaux, pour ainsi dire, afin de limiter les dégâts directs, quitte à passer par le Centre médical du Temple après… chose dont elle était hélas coutumière, les membres du Medcorps ayant plus eu l’occasion de la voir en tant que patiente qu’élève au cours des années.

Du coup, quand elle avait préparé l’agenda de cette visite officielle, en voyant le nom du directeur de recherches, les présentations étant évidemment, en de telles occasions, des formalités davantage destinées à mettre un visage sur un nom qu’autre chose, un vieux souvenir lui était revenu en mémoire de ces années de chevalerie, et elle avait appelé la responsable actuelle de ce corps de service, Cannelle d’Este, pour obtenir de plus amples informations, qu’elle lui avait donné assez rapidement.

Il était toujours primordial d’avoir une longueur d’avance, d’être capable de donner l’air de rien de petits détails sur les travaux des gens qu’elle rencontrait, car cela prouvait qu’elle avait fait l’effort de s’y intéresser un minimum. Cela offrait tout de suite un ascendant, mais pas dans un sens de domination, simplement un pont pour établir une relation de confiance, ou au moins de respect. Et Alyria ne passait pas des heures dans son bureau à travailler et à tout vérifier pour rien…

L’umbaran répondit d’une voix surprise, mais flattée, alors qu’ils continuaient d’avancer :

« Oh, j’ignorais que les jedis se servaient de mes modestes travaux de jeune universitaire… C’est très flatteur, vraiment. Tout comme votre intérêt prononcé pour mes études, Madame la Ministre. »

Du coin de l’œil, Alyria vit le sourire amusé du sergent-médecin umbaran de son escorte, qui devait se dire que sa supérieure n’était pas la moins douée pour évoluer dans la société de sa planète natale.

Après cela, Lar Panq se montra nettement plus expansif et chaleureux, ce qui arrangeait grandement la maîtresse d’armes, qui, si elle ne suivait pas complètement l’intégralité des explications qu’il lui fournissait, n’étant pas non plus une experte en méthodes curatives, arrivait à peu près à donner le change. Et soudain, elle vit l’ouverture qu’elle attendait :

« Oh je vois… Vous continuez donc vos travaux sur les midi-chloriens en parallèle de vos projets officiels ? »

« Oui, enfin, plus exactement, j’ai reçu des fonds du gouvernement pour mes études, et je les mène donc en plus des commandes plus officielles et des soins à pourvoir à nos nombreux patients. »

Sentant qu’elle arrivait au but, Alyria, tout en faisant mine d’observer une cuve de kolto améliorée, demanda finalement :

« Cela doit être complexe à mener sur le plan empirique… Je veux dire, pour trouver des sujets d’expérience afin de démontrer vos théories… »

Non, la trentenaire n’avait pas passé du temps à s’intéresser au directeur de recherches par simple acquis de conscience professionnelle, mais aussi car elle espérait en tirer quelque chose qui concernait sa double mission… Même si le sujet la passionnait sincèrement.

L’homme sembla soudain assez mal à l’aise et finit par dire :

« Hum oui, de temps en temps, je demande aux parents d’enfants détectés sensibles de faire quelques analyses supplémentaires à valeur scientifique, après leur avoir fait signé un accord explicite de consentement bien évidemment. Je tiens au caractère éthique de mes recherches ! »

Et bingo ! Elle avait vu juste… et venait d’arriver pile à l’endroit où elle tentait d’arriver depuis le début de cette conversation.
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Sans pour autant se présenter comme un être assez peu sociable, il était de notoriété commune que le jeune homme aimait avoir ses petits moments de solitude afin de pouvoir se retrouver, faire la paix dans son esprit et réfléchir aux choses importantes sans être harcelé par les incessantes questions de ses élèves désireux d’apprendre toujours plus. Il aimait ce qu’il faisait, diffuser son savoir était une chose aussi passionnante que gratifiante – s’il n’aimait pas cela il ne serait jamais venu maître ou maître d’armes, d’ailleurs – mais, comme tout le monde, le jedi aimait avoir des petits moments pour lui. Il aimait avoir le choix, le choix de prendre ses propres décisions mais malheureusement il y avait des occasions où ce genre d’opportunité ne lui était pas laissée. Pourquoi ? Parce qu’il devait suivre le plan, une stratégie prédéfinie et devait s’y tenir coûte que coûte sous peine de faire échouer la mission.
Laisser son égo rentrer en ligne de compte n’était tout simplement pas une option, il devait ravaler son opinion et faire ce que l’on attendait de lui sans sourciller. Aujourd’hui, même si cette tâche ne lui convenait pas, il était forcé de jouer les assistants sociaux en faisant du porte à porte, interrogeant les familles en croisant les doigts pour qu’elles ne lui ferment pas la porte au nez comme cela avait déjà été le cas par trois fois, jusqu’à maintenant. Tous ces gens étaient craintifs, la peur se lisait dans leur regard mais Lorn n’aurait su dire si cette sensation était liée à ce qui venait d’arriver à leur enfant ou si c’était lié à leur planète. Ici le meurtre était monnaie courante et tenait lieu d’ascenseur social : peut-être que ces hommes et femmes avaient peur d’être les suivants sur la liste s’ils se mettaient à parler. En tout cas ce fut l’hypothèse qu’envisagea Lorn après avoir été éconduit pour la cinquième fois de la journée, la cinquième en à peine deux heures.

Il n’avait jamais été bon pour les relations sociales, cela tenait sans doute à ses manières pas toujours appropriées et peut-être était-ce cela qui rendait ces gens réticents à parler. Pouvaient-ils vraiment être en confiance face à un rustre qui, de toute évidence, se forçait à être aimable et avenant ? Non, pas vraiment en effet. L’espace d’un instant, l’idée d’user de la persuasion via la Force revint dans l’esprit du maître qui la fit disparaître aussitôt, les jedis étaient censés être les garants de l’équilibre et symbole d’espoir et de confiance, pas des manipulateurs : ce rôle-là, il le laissait aux siths.
Espérant que sa camarade arrive à avoir plus d’informations que là, quoi qu’elle soit en train de faire, le jeune maître ne perdit pas espoir et, se secouant la tête pour chasser les sombres idées qui commençaient à germer en lui, repartit en direction de la prochaine adresse. Évitant de croiser du regard les locaux qui arpentaient la même rue que lui en sens inverse, ne cherchant pas plus que cela à attirer l’attention malgré sa carrure imposante en partie masquée par ses sombres vêtements, le garçon bifurqua et s’engouffra dans une ruelle qui sentait bon le coupe-gorge. S’attendant presque à voir trois malfrats lui tomber dessus à chaque instant, l’homme regarda furtivement de chaque côté de cette ruelle avant de toquer trois fois à une petite porte.

À sa grande surprise ce ne fut pas un homme patibulaire ou une femme au visage fatigué qui lui ouvrit mais une toute jeune demoiselle qui, quelques minutes plus tard, allait se présenter comme la jeune mère d’un des enfants disparus. Jeune ? C’était peu dire, elle devait avoir à peine 18 ans, mais Lorn se refusait à lui demander ce qui l’avait poussée à garder un bébé en étant si jeune : cela ne le regardait pas et ne rentrait pas en ligne de compte comme information importante pour l’accomplissement de sa mission. Ce ne serait
Si au début la demoiselle semblait plus apeurée et craintive qu’autre chose face à ce colosse de l’autre côté de la porte, elle plongea ses petites prunelles dans les rondelles couleur cyan de son interlocuteur et y vit…quelque chose. Quoi donc ? Aucune idée. De la sincérité et de la détermination, peut-être bien. Mais quoi qu’elle puisse avoir vu dans les yeux de l’homme, ce fut assez déterminant pour qu’elle l’autorise à entrer avant de refermer aussitôt la porte à double tour.

Vivant dans un appartement exigu et crasseux ne contenant qu’une seule pièce en plus du placard à balais qui lui servait de salle de bain, la demoiselle semblait avoir du mal à joindre les deux bouts et peut-être qu’elle voyait en Lorn son ultime espoir de retrouver le seul rayon de soleil de sa vie : son enfant. C’était tout à fait légitime de se raccrocher à ce qui lui restait, et c’est sans doute pour cela qu’elle fut aussi prompte à répondre aux questions du colosse…même si elles ne furent pas les réponses souhaitées. En effet, aussi coopérative puisse t-elle être, la demoiselle avoua au jeune homme ne rien comprendre à la disparition de son enfant. L’ayant emmené pour faire quelques tests, elle donna son accord pour effectuer quelques tests supplémentaires en pensant que ce ne pourrait pas être une mauvaise chose…et elle ne revit jamais son enfant depuis ce jour. Elle n’avait rien à apprendre au jedi et ce dernier, après quelques minutes et plusieurs questions, se leva et remercia la demoiselle en lui lança :

« Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je vous garantis que nous ne repartirons pas d’ici temps que nous n’aurons pas retrouvé votre enfant. »

Ces mots parurent soulager la demoiselle qui salua son interlocuteur avant que celui-ci ne disparaisse de nouveau au détour d’une ruelle. Il passa ensuite le reste de la journée à interroger d’autres personnes et, sur la totalité des enfants disparus, seulement 5 foyers acceptèrent de lui ouvrir leur porte. C’était peu mais au moins il apprit que tous avaient acceptés les mêmes tests que la première demoiselle rencontrée : c’était peut-être le début de quelque chose.

Sortant d’une énième ruelle, il décrocha son communicateur à sa ceinture et envoya le message suivant à sa camarade :

« J’en ai fini pour aujourd’hui. Je retourne à l’hôtel. »

Il aurait été inutile et risqué de donner plus de détails concernant ce qu’il avait fait aujourd’hui, il se contenta donc de remettre correctement son uniforme de la République avant de se diriger vers le luxueux bâtiment dans lequel ils avaient tous été invités à rester. Bientôt il monterait jusqu’au dernier étage et attendrait sa camarade dans ses appartements…en espérant que demain serait une journée un peu plus riche en informations.
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Alyria savait qu’elle tenait la possibilité d’un début de piste avec le directeur de recherches, mais à partir de maintenant, il allait falloir jouer serré. Elle ne savait pas s’il était impliqué ou non dans cette affaire, et de toute façon, les ramifications pouvaient remonter suffisamment loin pour qu’un intérêt trop marqué alerte le ou les éventuels ravisseurs. La maîtresse d’armes allait donc devoir alterner questions sur le sujet et intérêt plus ministériel pour d’autres aspects du travail hospitalier : encore une fois, un jeu d’équilibre.

Mais tout d’abord, elle voulait creuser encore un peu ce sur quoi elle venait de mettre le doigt, afin de pousser plus avant son avantage et déterminer avec certitude quelques détails qui pourraient se révéler d’une certaine importance pour aider Lorn dans son enquête, et démêler les premiers nœuds reliant ces enlèvements. Tentant donc d’employer un ton compréhensif et rassurant, elle déclara rapidement après l’explication du scientifique :

« Bien entendu, je comprends parfaitement, mieux vaut mettre toutes les chances d’homologation de vos recherches de votre côté, n’est-ce pas ? J’en conclus donc que cet hôpital sert de regroupement aux enfants umbarans sensibles à la Force ? »

Cette fois-ci, pas d’erreur possible : l’homme était définitivement mal à l’aise, Alyria pouvait le sentir très clairement à travers la Force, et il répondit après un moment de flottement :

« Oui, enfin, en règle générale, c’est le cas… »

La gardienne était confrontée à un choix : soit elle continuait d’insister, au risque d’indisposer le chercheur, et par là-même les officiels umbarans, soit elle changeait de sujet de conversation pour mieux revenir à la charge peu après. Le demi-echanie préféra jouer la carte de la prudence, et se tournant vers un modèle de prothèse exposé sur le côté, demanda finalement :

« Oh, je vois que vous travaillez également sur la recherche en matière de prothèse ? »

Trop heureux de sauter sur une occasion de détourner l’attention sur un sujet plus facile à traiter, le docteur Panq se mit aussitôt à dire avec enthousiasme :

« Tout à fait, cet établissement est en pointe sur la reconstruction des membres perdus. En fait nous nous servons d’une technique visant à … »

Et c’était reparti. Alyria essaya de suivre au mieux les éclaircissements de son guide, trouvant les plans qu’il lui montra très intéressant à exploiter sur un plan de médecine militaire, et commença au bout d’un moment à discuter d’éventuels accords avec d’autres hôpitaux pour un échange de technologies et un travail en commun sur cette branche cruciale des soins prodigués aux blessés. Après tout, elle était aussi venue là pour aider à la réorganisation des forces armées républicaines, et ces recherches étaient de fait aussi avancées que très intéressantes.

La visite continua par un salut aux blessés se faisant soigner dans plusieurs ailes de l’hôpital où Alyria n’eut guère de mal à témoigner de son empathie, surtout envers les amputés, en étant elle-même une. En effet, la flotte de la planète avait subi quelques semaines auparavant une attaque de pirates, conséquence évidente de sa proximité avec les territoires hutts, et si ces derniers avaient été repoussés sans trop de mal, de nombreux soldats avaient été blessés, et la ministre considérait de son devoir de leur rendre visite afin d’affirmer son soutien à toutes les forces armées de la République, qu’elles soient fédérales ou non. 

Face à un jeune homme ayant perdu sa main gauche suite à l’attaque, la gardienne se sentit envahie par une bouffée de commisération qu’elle étouffa rapidement, et entreprit de lui expliquer avec des mots simples quels types de prothèses convenaient le mieux pour ce genre de plaie, s’attirant au passage la sympathie d’une partie du personnel dont certains membres vinrent discuter avec elle opérations et soins post-traumatiques. Finalement, il y avait bien quelques avantages à avoir perdu une main…

A l’un des soldats parmi les moins touchés, Alyria demanda si de telles attaques étaient régulières, et l’homme répondit avec difficulté, encore sous le choc :

« Nous avons parfois des problèmes avec les pirates qui se cachent dans les territoires hutts… Mais enfin, cette attaque est d’une ampleur inédite… Je crois que le Conseil dirigeant a fait appel aux services d’un consultant pour nous aider à mieux nous organiser… Enfin, c’est la rumeur… »

Voilà qui n’était pas inintéressant du tout. Alyria laissa l’homme se reposer, et continua donc sa visite. Arrivée à la fin, elle se tourna vers le docteur Panq et lui demanda :

« Je vous remercie pour cette visite, ce fut aussi agréable qu’instructif, et je verrais avec le Conseil umbaran pour discuter plus avant des accords dont nous avons parlé. J’espère que vous réussirez à remettre sur pieds tous ces soldats. En tout cas, sachez que la République vous sait gré de vos efforts.

Je n’ai qu’une petite requête à vous faire : pourrais-je avoir le relevé administratif de l’hôpital ? Ce n’est qu’une simple formalité, mais les services républicains tiennent à la inspecter la conformité aux règlements sanitaires en vigueur. Bien entendu, mon rapport personnel sera tout à fait positif, mais la bureaucratie est ce qu’elle est… Navrée de vous importuner avec cela. »

« Non non, bien sûr, je comprends… Hum, Klars, si vous voulez-bien… »

L’umbaran fit un signe à l’umbaran posté à l’accueil, mais Alyria l’arrêta d’un geste et avec un grand sourire, ajouta :

« Vous permettez ? L’un de mes hommes copiera les données en un tour de main. Nous avons l’habitude de ce genre de procédures. »

Et sous le regard impuissant de Panq, l’un des hommes de l’escorte d’Alyria, en réalité une femme togruta membre des services secrets, s’approcha du dénommé Klars, sortit un datapad et entreprit de télécharger l’ensemble des données. Et après deux minutes d’attente, ce fut fait. La trentenaire donna une vigoureuse poignée de main au directeur de recherches, le remerciant de sa coopération, et elle sortit finalement de l’hôpital.

S’ensuivit un retour non moins pénible que l’aller, avec un Syll Darl déterminé à reprendre un de ses lénifiants exposés parsemés de compliments obséquieux. Quand enfin la jedi vit l’immeuble où elle était censée loger, elle retint un soupir de soulagement. Enfin, cette première journée était officiellement terminée… Restait la partie officieuse.

Montant avec ses hommes à l’étage leur étant réservé, elle referma la porte de la chambre censée être celle de Leda Hans, la togruta agent des renseignements qui l’accompagnait, et qui s’était en leur absence transformée en base logistique. Immédiatement, l’informaticienne entreprit de parcourir les données prises, et finit par les recouper en diverses bases, triées par intérêt et surtout par matière. Finalement, après deux bonnes heures, tout avait été analysé et Alyria put y jeter un coup d’œil. Et elle se précipita vers ce qui l’intéressait prioritairement : le registre des naissances, associé aux résultats sur les naissances des tests sanguins obligatoires, et évidemment aux dates de sortie des enfants.

Or, d’après les données extraites, il semblait clairement que les enfants les plus sensibles avaient été gardés plus longtemps, souvent pour participer aux expériences de Panq, et irrémédiablement, leurs noms finissaient par disparaître des registres de présence à l’hôpital sans explication, sans notation d’une sortie quelconque après récupération par le Temple jedi. C’était comme si ces enfants avaient soudain disparu. Voilà qui corroborait le doute que la jedi avait eu en interrogeant le directeur : qu’il soit mêlé directement ou simplement victime collatérale de ces enlèvements, l’homme était au courant et avait apparemment tenté de ne pas s’appesantir sur la situation. Avait-il prévenu les autorités ? Sans doute… En tout cas, c’était un fait à éclaircir rapidement en enquêtant auprès des dirigeants d’Umbara.

Alyria récupéra le reste des données analysées sur un datapad, et après avoir discuté un petit moment avec l’informaticienne de ce qu’elle avait vu, la togruta ayant relevé exactement la même chose à propos de l’incohérence entre les dates d’entrées des enfants et l’absence de dates de sortie, plus quelques autres petites choses qui n’avaient rien à voir, la trentenaire donna leur congé à ses hommes, sauf au Major Olson, qu’elle retint pour mettre au point quelques détails quant aux visites du lendemain. La ministre veillait à être attentive aux recommandations de ses hommes en matière de sécurité, et écouta donc les propositions de l’humain avant de statuer. Puis enfin, elle sortit pour regagner ses propres appartements.

Là, elle et Lorn pourrait partager leurs découvertes et réfléchir plus avant à la suite de leur mission. 
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Se faufilant dans les ruelles de cette sombre cité, ne se rendant pas vraiment compte que le soir pointait le bout de son nez car les ténèbres y étaient omniprésentes, le jeune homme avançait à vive allure jusqu’au moment où le luxueux et lumineux building apparut dans son champ de vision. Même s’il l’avait voulu il n’aurait pas pu rater un tel bâtiment et, sans perdre de temps, il se dirigea donc vers les étages supérieurs en saluant les gardes postés en faction d’un simple signe de tête. Se demandant s’ils étaient restés en faction devant ces portes, comme deux poteaux, toute la journée, le garçon pénétra dans les quartiers de son aie et amante.
Soupirant lourdement tout en dégrafant le col de son uniforme qui, en plus d’être serré, était désormais un peu humide et crasseux, le jeune homme reposa sa longue veste sur le premier fauteuil venu avant de s’y affaler pendant quelques instants. Laissant ses muscles et ses jambes se reposer pendant quelques instants, le garçon laissa son esprit vagabonder tandis qu’il se posait en mode larve jusqu’à ce que l’arrivée de sa camarade de le force à se redresser. Il était bien conscient qu’il n’avait rien à lui cacher et qu’il avait le droit de se reposer après une journée passer à crapahuter, cependant il y avait toujours la possibilité qu’elle soit accompagnée d’un politicien collant, et voir son garde du corps affalé dans ses quartiers ferait très mauvais genre.

Se redressant pour aller se servir une tasse de ce merveilleux élixir dénommé caf, le jeune homme traversa le salon et se posta devant la machine produisant ce nectar salvateur avant de demander à la demoiselle :

« J’imagine que ta journée a été passionnante. Tu as appris quelque chose ? »

Lui qui n’aimait pas les discussions interminables ne pouvait qu’imaginer l’horrible journée que venait de passer son amie, à écouter encore et toujours ces politiciens tentant de l’endormir avec des discours aussi ronflants qu’inutiles. Comment faisait-elle pour supporter tout cela ? Il se le demandait à chaque fois. Quelques secondes plus tard un chaud liquide de couleur marron fut versé dans deux tasses bien distinctes et, tendant l’une de ces deux tasses à la demoiselle, le jeune homme s’approcha d’un canapé et posa sa tasse sur la table basse juste devant lui. Entourant la tasse de ses mains pour que la chaleur réchauffe ses membres engourdis par le froid, le garçon reprit alors par :

« Pour ma part, outre la méfiance inhérente à mon statut d’étranger, rares sont ceux qui ont bien voulu s’entretenir avec moi. Ils avaient peur…de qui ou de quoi je ne sais pas mais ils avaient peur, c’est une certitude. »

Il n’était pas étonnant que les étrangers soient mal accueillis au sein de certaines communautés, Lorn l’avait déjà vu à plusieurs reprises, mais ce fut la peur dans le regard de ces hommes et femmes qui le saisit au plus haut point. Qu’y avait-il de si effrayant qu’ils préfèrent s’enfermer chez eux à tout jamais, coupant toute communication avec autrui ? Décidément cela ne présageait rien de rassurant.
Amenant ce chaud liquide à sa bouche en se délectant de la sensation qui lui procurait, le garçon reposa sa tasse et s’enfonça dans le canapé, levant les yeux au plafond comme s’il y cherchait ses mots. Que dire sur ce qu’il avait vu et ressenti en parlant à ces gens ? La peur n’était pas une information tangible ou suffisante, en revanches les maigres informations récoltées étaient autrement plus palpables. Invitant son ami à s’assoir à côté de lui d’un simple geste de la main droite, le jeune maître poursuivit alors son explication :

« Je n’ai pas appris grand-chose, si ce n’est qu’ils ont autorisé que quelques tests supplémentaires soient effectués sur leurs enfants, et que leurs enfants ont disparus quelques jours plus tard. Ils n’ont pas su me donner le nom de la personne leur ayant demandé l’autorisation pour des tests mais ce pourrait être un début. »

Avoir le nom de cette personne serait un début mais Lorn avait le sentiment que c’était bien trop simple pour que cette personne soit la responsable de tout ceci : le lien était beaucoup trop facilement identifiable pour des enlèvements d’une telle importance.
Laissant à sa camarade le loisir d’enregistrer cette information, le garçon conclut un sourire en coin agrémenté d’un :

« Je repartirai demain à la chasse à l’information, avant que tes nouveaux amis ne viennent t’enlever à moi de nouveau. »

Il n’avait rien, quasiment rien et il le savait. Il aurait fait un piètre enquêteur, il savait que ce n’était pas son domaine de prédilection mais ce n’était qu’une petite difficulté supplémentaire qui ne l’empêcherait nullement de continuer à faire son travail. Des enfants avaient été enlevés et, comme promis, il ne repartirait pas de cette planète les mains vides.
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Le datapad en main, Alyria entra dans l’appartement qui lui était réservé, pour découvrir qu’un Lorn apparemment fourbu l’y attendait déjà. Le voyant se redresser un peu précipitamment, elle étouffa un rire et lui dit gentiement en refermant la porte :

« Ne t’inquiète pas, il n’y a que moi. Et ce n’est pas que je n’ai pas confiance dans les umbarans, mais à moins d’une nécessité absolue, il est hors de question que quelqu’un pénètre dans nos quartiers. Sait-on jamais… Il y a trop d’informations importantes que je conserve ici. »

Avec un instant de retard, la maîtresse d’armes se rendit compte qu’elle avait naturellement employé la première personne du pluriel, et non du singulier. Evidemment, en pratique, il était vrai que ce logement était occupé par les deux jedis, cela dit… Elle ne savait pas, cette phrase lui donnait une impression de domesticité pas désagréable certes, mais un peu déroutante. Ou bien était-ce leur changement de relation qui lui faisait soudain remarquer des petites choses dans des paroles en apparence ordinaires ?

Quoiqu’il en soit, heureuse d’être enfin au calme et libérée des contraintes de représentation inhérentes à son nouveau rang, Alyria se laissa tomber sur le canapé et répondit à la remarque de Lorn tout en le voyant s’affairer autour de la machine à café :

« Eh bien, hormis le fait que je peux presque demander à passer un doctorat en sciences appliquées umbarannes, je dois reconnaître que cette visite n’a pas été inintéressante. »

S’emparant de la tasse fumante que lui tendait son compagnon, la trentenaire souffla un instant dessus pour écarter les quelques volutes s’en échappant avant d’ajouter :

« Merci. »

Tout en sirotant le liquide revigorant, elle écouta l’épicanthix lui faire un rapport de sa journée d’enquête. Et apparemment, il avait eu du mal à trouver des informations. En soit, ce n’était étonnant, les umbarans étaient connus pour leurs tendances isolationnistes quand on en venait à leurs affaires intérieures, cela dit, la jedi avait perçue la même gêne chez le directeur de recherches. Il y avait anguilles sous roche, pas de doute là-dessus.

Tandis que son amant venait occuper à son tour le canapé, Alyria prit le temps de réfléchir un instant à ce qui pouvait provoquer une telle réaction. Encore de son côté, elle pouvait comprendre : avouer à une ministre que votre hôpital avait de sérieux problèmes de sécurité n’était pas franchement une bonne idée. Etait-ce parce que Lorn était un étranger que ces pauvres gens avaient réagi de cette façon ? A moins qu’il y ait autre chose, qui terrorise les plus pauvres et pousse un homme avec des fonctions assez élevées à tenter d’en dire le moins possible à ce sujet ? Non, plus elle y pensait, plus la sang-mêlée était sûre qu’il allait falloir trouve rapidement cette  « autre chose ».

Cependant, à la mention de tests supplémentaires, la demi-echanie se dit qu’ils tenaient peut-être quelque chose, aussi elle déclara précipitamment :

« Alors je vais sans doute pouvoir t’aider à ce propos ! Le directeur de recherches de l’hôpital central de la ville que j’ai visité, Lars Panq, dirige une expérience financée par le gouvernement local sur les enfants sensibles à la Force. Il a déjà travaillé sur les midi-chloriens auparavant, j’avais même lu sa thèse il y a quelques années en faisant un stage au Medcorps…

Bref tout ça pour dire que ce sont sans doute de ces tests dont il s’agit. Je ne sais pas s’il est vraiment mêlé à cette histoire ou si c’est une histoire de circonstances, mais la résultat final est qu’il m’a semblé vouloir tenter de cacher ces disparitions. Tu me diras, il n’allait sans doute pas dire à une ministre ce genre de choses, ça aurait fait mauvais genre, mais quand je me suis mis à parler de cette recherche qu’il conduisait, il était très mal à l’aise, je pouvais clairement le ressentir dans la Force… Et en le voyant simplement d’ailleurs.

En tout cas, une chose est sûre : les enfants ont disparu dans cet hôpital, sans doute après avoir participé à cet essai clinique. »

Réfléchissant à toute vitesse en même temps qu’elle parlait, Alyria déclara :

« Tu peux toujours essayer de parler à Lars Panq demain, au besoin je te fournirais une excuse en disant que tu es chargé de récupérer quelques données supplémentaires sur son travail sur les enfants sensibles à la Force, ça semblera plausible et avec un peu de chance, il sera suffisamment flatté pour que cela passe sans soucis, et que tu puisses lui poser quelques questions.

Cela dit, je doute qu’il soit vraiment mêlé à ces enlèvements, en tout cas directement : faire le rapprochement est trop évident. Peut-être qu’il faudrait tenter de voir qui d’autre était au courant, que ce soit en haut-lieu ou dans les bas-fonds. En recoupant ces nouvelles informations, on pourrait avoir de nouvelles pistes. »

Se levant pour récupérer le datapad avec les données de l’hôpital, elle s’en saisit et le tendit à Lorn, avant de se rasseoir à ses côtés, avant d’expliquer son contenu :

« J’ai profité de cette visite pour récupérer en outre toutes sortes de données administratives. L’agent des renseignements qui m’accompagne les a triées, et certaines en particulier nous intéressent. Conformément à la loi républicaines, les naissances et résultats des tests de sensibilité à la Force y sont consignés, avec les noms de tous les enfants, ce qui augmente considérablement notre base de données quant à ces enlèvements.

Mais là où ça devient intéressant, c’est quand on regarde les sorties de l’hôpital… Aucun des enfants détectés sensibles à la Force n’est mentionné dans ces sorties. C’est comme s’ils s’étaient évaporés… Ou que ces données avaient été modifiées, voir piratées. 

Je te laisse le datapad pour que tu puisses regarder cela plus amplement, mais cela devrait t’aider pour affiner tes recherches. »

Avec un petit sourire contrit, Alyria ajouta :

« A vrai dire, ils risquent déjà de me retenir une bonne partie de la soirée… Je dois étudier le reste des données transmises et de ce que j’ai appris aujourd’hui sur les facilités médicales et technologiques, puis mettre au point les derniers détails de la journée de demain… »

Déposant sur les lèvres de son amant un baiser furtif, Alyria se leva une fois de plus avant de sortir d’un de ses sacs une liasse de documents, un autre datapad sur lequel elle avait envoyé les données de l’hôpital, et elle commença à s’installer pour travailler. Elle n’était pas prête d’aller se coucher, soupira-t-elle intérieurement avec une pointe de regret.
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Le jeune homme n’aimait pas jouer des rôles car il était sans doute l’acteur le plus pitoyablement de cette galaxie, et c’était peu dire ! Il ne ressemblait à rien dans ce costume trop serré et le seul avantage qu’il trouvait était que sa discipline martiale lui permettait de revêtir le rôle de militaire sans trop se forcer. Mais même s’il s’en sortait honorablement dans ce rôle bien précis, cela ne voulait pas dire pour autant qu’il aimait prendre l’identité de quelqu’un d’autre afin d’arriver à ses fins : il préférait nettement pouvoir rester lui-même et remplir son rôle sans artifices. Malheureusement les années lui avaient appris que toutes les missions ne se ressemblaient pas, qu’elles finissaient forcément par se compliquer à un moment ou à un autre et qu’il devait avoir le maximum d’atouts dans sa manche pour éviter tout accroc. Ses atouts ici ? L’effet de surprise et sa mince couverture qui masquait temporairement aux yeux de tous ses capacités de jedi.
Il ne pouvait pas savoir combien de temps sa couverture de garde du corps et d’agent républicain allait tenir sur une planète aussi encline à l’assassinat et à la tromperie que celle-ci. Quelques jours, peut-être ? Bien sûr, il espérait que cela dure assez longtemps pour pouvoir remonter à la source de ces enlèvements, mais il ne devait pas croire à un miracle non plus : quelqu’un finirait par voir clair dans son jeu et il devait donc rester sur ses gardes. Il s’autorisa alors un soupir de soulagement en voyant que son amante était seule et que personne ne viendrait le surprendre dans une position qui n’allait pas à son rôle de protecteur. Et si la demoiselle rappela au maître d’armes que personne ne viendrait les déranger ici, dans leurs appartements, ledit maître tint à corriger cette phrase :

« Dans tes quartiers. N’oublie qu’ici je ne suis que ton garde du corps, je suis censé résider à l’étage inférieur. »

En effet l’avant dernier étage avait été réservé pour le personnel accompagnant la ministre, personnel dont Lorn était censé faire partie, il n’était donc pas vraiment censé se trouver ici. Mais qui viendrait vérifier ? Il n’y avait aucun micro ni aucune caméra dans le coin, rien qui puisse compromettre sa couverture en tout cas. Si prudence était mère de sûreté, le garçon put néanmoins s’autoriser un repos pendant quelques instants, buvant les paroles de son amie autant que ce chaud liquide qui le maintenait éveillé.
La demoiselle parvint à décrocher un sourire au jeune homme en avouant que cette journée n’avait pas été un total concentré d’ennuis, à bien y réfléchir. Lorn, surpris, maintint son sourire en répondant :

« Vraiment ? J’aurais imaginé cela assommant au possible. »

Inutile de vous répéter ce qu’il pensait de la politique et du reste, vous devez l’avoir compris à présent, mais il était soulagé de voir que même ces politiciens et ces beaux parleurs n’avaient pas réussi à avoir raison de son amie. Elle était bien plus coriace que cela !
S’affalant dans le canapé comme un hutt abandonnant tout espoir de se redresser un jour de sa couchette, le garçon écouta sa camarade venir compléter ses informations en révélant le nom qu’il recherchait, à savoir le nom de la personne qui avait demandé ces fameux tests. Ce n’était peut-être rien mais c’était le seul bout de piste que le duo avait réussi à dénicher, malheureusement Lorn doutait que cet homme soit le cerveau de l’opération pour une raison des plus simples :

« S’il était vraiment mêlé à tout ça, la connexion serait trop évidente à mon goût. Mais j’imagine que tu as raison, des enlèvements au sein de son propre hôpital feraient mauvais genre et une très mauvaise publicité. Tu penses que ce serait possible que j’ai une entrevue avec lui, à ce propos ? J’aimerai m’assurer qu’il ne sait vraiment rien et tu sais comment je peux être…persuasif. »

Il était inutile de faire preuve de plus de subtilité pour que la demoiselle comprenne à quoi faisait référence le jeune homme, la persuasion par le biais de la Force pouvait amener quelqu’un à déballer ce qu’il avait sur le cœur sans qu’il n’en sache rien : c’était parfait aux vues des circonstances. La demoiselle vint proposer à son partenaire de rencontrer cet homme dès le lendemain, bien entendu sous un faux prétexte ; le garçon porta sa main à son menton en un air pensif avant de répondre :

« Demain ? Je comptais poursuivre mes recherches dès demain matin, mais ça pourra bien attendre une petite heure. »

Optimiste de nature, il espérait ne pas avoir besoin de plus d’une heure pour tirer les vers du nez à un scientifique qui ne devait sans doute jamais avoir été sujet à la persuasion mentale d’un jedi. Quoiqu’il en fut, le repos de Lorn fut d’une courte durée et sa nuit serait tout aussi courte, ou tout du moins ce fut la conclusion à laquelle il arriva lorsqu’il posa les yeux sur cette nouvelle tablette de données.

« Oh joie, de la lecture. Moi qui pensais ne pas arriver à m’endormir, ce soir. »

Allant se resservir une autre tasse de ce liquide dont il allait avoir grandement besoin, le garçon appuya sur la tablette et une liste d’informations, de noms et d’adresses commencèrent à défiler sous ses yeux à grande vitesse. Sa réaction ? Un profond et long soupir accompagné de :

« Dans ce cas je vais te laisser bosser, je vais passer ces infos en revue et je prévoirai mon itinéraire pour demain. J’espérais avoir le temps de rendre visite à toutes les familles qui restent mais…avec les nouveaux noms que tu viens de me donner, je peux oublier cette idée. Ça va prendre plus de temps que je ne le pensais.»

Déjà épuisé rien que de voir la somme de noms qu’il allait devoir comparer ou ajouter à la liste qu’il possédait déjà, le jeune homme retira ses bottes ainsi que le haut de son uniforme afin de se mettre plus à l’aise : la nuit risquait d’être longue et il avait fort à parier qu’il finirait par faire de ce canapé son lit pour la nuit. Décidément passer en revue des données administratives n’était vraiment pas son truc, il allait devoir serrer les dents et se forcer à maintenir ses yeux ouverts pour une bonne partie de la soirée.

Oh joie.
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Alyria était contente que sa suggestion d’aller voir du côté de Lars Panq plaise à Lorn, cependant, la fin de la phrase la laissa plus circonspecte. Certes, la Force pouvait se révéler une alliée intéressante, pour faire dans l’euphémisme, pour certaines enquêtes. Cela dit, sur un professeur ayant fait ses classes sur l’étude des midi-chloriens… Le danger était évident. L’homme n’aurait pas trop de mal à s’en rendre compte, et si en plus l’épicanthix venait de sa part… Non, ce n’était pas franchement une bonne idée, ce qu’elle s’empressa d’expliquer :

« Je connais le caractère persuasif de ce que tu insinues… Mais pour être honnête, je déconseillerais fortement l’utilisation de la Force ici. C’est un chercheur, qui a passé une partie de sa vie à l’étudier, et qui n’est à mon sens pas un esprit suffisamment commun pour être manipulé sans laisser quelques traces. Il y a un risque qu’il s’en rende compte.

Sans compter que si tu viens de ma part… Je te laisse deviner la suite. Si on s’en tient à ma première idée, il vaudrait mieux que tu l’accules en déclarant par exemple que tu as dû vérifier les données et qu’elle semble avoir été piratées à l’endroit qui nous intéresse, que les dates de sorties n’existent pas… Ce genre de choses.

Je sais que tu préférerais une approche plus directe… Mais au vu des circonstances, je l’exclurais. Ou en tout cas, sinon, il faudrait que tu le fasses vraiment très subtilement, par étapes, de façon diffuse. Sinon, c’est bien trop risqué. »

Pour maintenir aussi bien la couverture de Lorn que son assise au sein de cette planète, mieux valait vérifier chaque détail. Autant éviter les complications inutiles.

Souriant face au désespoir feint de son amant devant l’impressionnante liste qu’elle venait de lui transmettre et qu’il allait devoir étudier autrement plus attentivement qu’elle ne l’avait fait elle-même, Alyria déclara sur un ton presque blagueur :

« Dis-toi que tu évites ma montagne de paperasses. On échange quand tu veux. »

Puis le silence s’installa dans la pièce, ponctué seulement par des bruits de tapotage d’écrans, quelques soupirs ou grognements suivant l’avancée plus ou moins rapide. Alyria se retrouva bientôt noyée sous une masse informe de documents, et se félicita une fois de plus d’avoir fait sécuriser l’appartement. Une caméra-espion bien placée aurait pu tirer des informations sensibles extrêmement importantes. Heureusement, en prévision de ce voyage, et ce conformément au protocole en pareil cas, les services secrets avaient fourni un agent spécialisé et un certain nombre d’outils technologiques de pointe : sondes, capteurs, dont le fonctionnement était tellement performant qu’Alyria se demandait bien de quelles manières ils pouvaient être fabriqués. Du reste, au cours de leur fouille, Lorn et elle-même avait usé de leur détection et de leur présence dans la Force pour compléter les recherches, sans compter bien sûr l’aspect manuel et pratique préalable. Autant dire qu’on pouvait légitimement dire que l’appartement était, à l’intérieur du moins, parfaitement sécurisé.

Après un dîner très vite avalé, les yeux toujours rivés sur ses papiers et son datapad, tentant d’ingurgiter le plus d’informations possibles et de revoir ce qu’elle proposerait aux Umbarans le lendemain tout en essayant d’être au point sur le maximum de sujet qu’ils pourraient éventuellement aborder, ce qui représentait une quantité de thèmes tout à fait non négligeable, Alyria continua donc à travailler jusqu’à une heure particulièrement avancée de la soirée… Voir même de la nuit, à en juger par la respiration beaucoup plus lourde qui lui parvenait depuis le canapé : Lorn s’était endormi.

Se sentant elle-même complètement épuisée, la maîtresse d’armes s’arracha enfin à ses dossiers, rangea le tout soigneusement avant de les mettre à abri, et se dirigea vers la deuxième pièce de cet appartement, soit une chambre. Là, elle fouilla un instant dans l’armoire et y trouva une couverture qu’elle prit. Repartant vers le salon, elle regarda un instant son amant dormir paisiblement, avant d’étendre une couverture sur son corps assoupi. Inutile d’espérer le déplacer seule, et avec la Force… Disons que sans le réveiller, cela serait franchement compliqué.

Une fois cela fait, la trentenaire se laissa littéralement tomber sur son lit, et ferma les yeux, s’endormant presque instantanément.

Le lendemain, Alyria se réveilla tôt, une habitude de ses entraînements matinaux, et après une douche bienfaitrice, en profita pour faire quelques étirements. Vu la journée qui l’attendait, elle allait en avoir grand-besoin. Cela fait, elle revint dans la pièce principale et en profita pour jeter un dernier coup d’œil rapide à ses notes.   

Constatant que Lorn n’était pas encore réveillé, elle hésita un bref instant à tirer du pays des songes pour lui dire au revoir, mais décida finalement de le laisser se reposer encore quelques temps. A la place, elle lui laissa une brève note sur la table :

« Je n’ai pas voulu te réveiller, donc je t’ai laissé te reposer un peu.

Si jamais tu trouves quoi que ce soit d’intéressant, n’hésite pas à me contacter, cela me donnera une bonne occasion d’échapper quelques instants à ma réunion de ce matin. Je mets mon communicateur dans ma poche. 

J’espère que tu trouveras quelque chose au cours de tes recherches.

A ce soir.

PS: J'ai prévenu Lars Panq que j'enverrais quelqu'un le voir dans la journée si l'un de mes hommes pouvait se libérer. 

Alyria. »

Sortant de l’appartement, elle retrouva ses gardes qui l’attendaient et les salua, avant de quitter le bâtiment, et de se voir accueillie par un Syll Darl en grande forme… L’umbaran semblait disposer d’une capacité inépuisable à se montrer aussi enthousiaste qu’obséquieux.

« Madame le Ministre, sachez par avance que les représentants du Conseil dirigeant de notre planète se font une joie de vous rencontrer. »

Alyria répondit sur un ton neutre :

« Le plaisir est partagé.»

Le voyage se passa tranquillement, plus personne ne prenant la peine d’écouter réellement le verbiage de l’umbaran. Et finalement, elle arriva devant un imposant palais qui était le siège dudit Conseil dirigeant, en réalité constitué des membres de la plus haute caste de la société umbaranne, qui était considérés par les autres comme des presque-rois. Au sein de ce Conseil se trouvaient en fait un gouvernement officieux, constitués des représentants des plus puissants membres de ce Conseil.

Concrètement, la ministre allait rencontrer les envoyés de ce Conseil plus que les véritables représentants, comme l’avait dit Darl, mais elle le savait, et préférait cette formule qui garantissait une réunion en comité réduit… Enfin si on pouvait appeler réduit une vingtaine de personnes. Pour une réunion qui allait en réalité être une présentation vaste de la planète, les sujets brûlants et pointus feraient l’objet d’une autre réunion, en comité encore plus restreint le lendemain. Mais l’exercice était évidemment de montrer une parfaite aisance avec les umbarans, ce qui impliquait connaître le nom et les attributions de chacun. Le tout serait suivi d’une réception longue qui allait être le vrai cœur de sa journée : naviguer au milieu de tout ce beau monde afin de sonder les intentions des uns et des autres sous couvert d’invitation officielle.

Mais nous n’en étions pas encore là.

« Messieurs, mesdames, je vous remercie de cette invitation cordiale et de votre attente. Je crois que nous pouvons commencer. »
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D’ordinaire la Force permettait de délier bien des langues et notamment celles des esprits faibles, malheureusement il était toujours difficile de deviner à l’avancer si les petites ruses mentales allaient fonctionner sur telle ou telle personne. En effet, même si ce n’était pas une chose courante, il arrivait que certaines personnes soient capables – naturellement ou par entraînement – de résister à ces ruses mentales et ainsi de voir dans le jeu du jedi. Si le jeune homme ne connaissait rien de cette personne dont sa camarade venait de lui parler, il espérait que son esprit soit assez faible pour ne pas résister mais la demoiselle à la crinière de feu pensait différemment. Elle était persuadée qu’il y avait une chance, de par l’étude des midi-chloriens, que cet homme puisse être capable de résister et de griller la couverture du jeune maître et de la ministre.
C’était risqué et le jeune maître ne pourrait jamais être sûr à 100% de ses chances de réussite avant d’avoir testé sa théorie, cependant il comprenait pourquoi sa camarade ne tenait pas à ce qu’il risque de griller leur couverture en y allant franco, sans aucune forme de subtilité. Soupirant tout en sirotant sa tasse, le garçon s’autorisa alors une réponse mitigée :

« S’il est aussi rôdé que je le pense à la langue de bois, je doute que lui parler des disparitions n’en vienne à lui délier la langue. Au mieux il avouera qu’il y a eu une faille de sécurité dans son établissement mais qu’il ne souhaite pas que ça s’ébruite, au pire il niera en bloc avoir eu vent de ces évènements. »

Certes, le jeune homme avait une vision assez claire des choses et imaginait toujours le pire des scénarios, celui dans lequel il n’arriverait à rien retirer de son interlocuteur, cela lui évitait ainsi d’être déçu. Cependant, aussi respectueux de la hiérarchie qu’il était, il tiendrait son rôle jusqu’au bout et ne tenterait pas de mettre en danger la ministre en grillant sa couverture. Ainsi, silencieusement, il revint s’intéresser à sa tablette de données et répondit à son amie, quand elle lui proposa d’échanger leurs boulots respectifs :

« C’est gentil mais ça ira. Un peu de lecture ne me fera pas de mal. »

Eh bien quoi ? Ce n’était pas parce qu’il passait son temps à entraîner son corps qu’il ne devait pas faire travailler ses méninges de temps en temps, ce serait un bon exercice. Durant les heures qui suivirent, le jeune maître ne brisa pas un seul instant le silence presque religieux qui se posa dans cette pièce, lui et sa compagne étaient bien trop concentrés pour tenter de se détourner de leur but ne serait-ce qu’un instant. Elle avait du boulot et lui, au fil des minutes, rajoutait sur sa tablette de données des noms de familles à qui il irait rendre visite durant les jours à venir. Décidément vérifier et comparer les données n’était pas un boulot de tout repos et, après avoir vérifié l’ensemble des données et établi un plan de route assez sommaire pour le lendemain, bien conscient qu’il ne pourrait pas tous leur rendre visite en une seule journée, il s’autorisa à fermer les yeux quelques instants.
Il se réveille en sursaut et, outre la couverture qu’il ne se souvenait pas avoir posé sur lui-même, il se rendit compte que c’était déjà le matin et qu’il s’était tout simplement endormi. Ni une ni deux, lisant le petit mot laissé par sa compagne, le faux agent républicain se remit à faire du porte à porte non sans une légère lassitude.
Comme d’habitude la majorité des personnes visitées furent réticentes à l’idée de laisser entrer un étranger, un hors-monde, mais le peu de personnes qui lui firent confiance ne purent lui apprendre grand-chose de nouveau, à part qu’eux aussi avaient autorité les fameux tests réalisés par ce mystérieux Lars. Décidément cet homme-là commençait à titiller la curiosité de Lorn qui, après cette journée, irait très certainement lui rendre une petite visite.

Plusieurs heures après avoir quitté la chambre d’hôtel, le garçon s’extirpa d’une énième maison de laquelle il revenait bredouille. Masquant un léger soupir de déception, il se mit à penser :

*Rien de neuf, en somme, j’aurais dû m’en douter. Espérons que ce Lars me donne quelque chose.*

Les mains dans les poches, la tête baisse, le garçon s’aventura dans une rue comme les autres jusqu’à ce qu’un son parvienne à attirer son attention. Cela aurait très bien pu n’être pas grand-chose si cette ruelle n’avait pas été désespérément silencieuse, mais un son avait bel et bien brisé ce silence et ce son – ce sifflement – était bien l’œuvre d’une bouche humaine. Relevant la tête, le jeune maître se tourna vers la source de ce son et, au coin de la rue, aperçut une forme encapuchonnée tournée vers lui.

« Hum ? »

Posant un pied devant l’autre, Lorn se rendit compte que la forme ne reculait pas même en le voyant se rapprocher d’elle, soit elle ne l’avait pas vu soit ce sifflement était spécifiquement à son attention. Ce n’était peut-être rien, peut-être quelqu’un venu lui dire d’arrêter d’être trop curieux ou quelque chose de ce genre, mais le jeune homme avait trop peu de pistes à suivre pour le moment pour ignorer cet appel.

Bientôt il serait fixé…ce n’était peut-être rien, mais c’était peut-être le détail qui lui manquait pour avancer.
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Après des heures de discussions plus ou moins stériles, il fallait bien l’avouer, Alyria put enfin sortir de la salle de réunion, passablement fatiguée. A ses côtés, Mand, le médecin d’origine umbaranne, affichait une mine impassible, même si ses yeux luisaient d’un certain soulagement. Evidemment, pour quelqu’un qui avait quitté sa planète et construit sa vie en dehors des petites manœuvres habituelles de son peuple, il devait être assez éprouvant de se retrouver à nouveau immergé dans ce milieu. Mais l’homme avait stoïquement encaissé la chose, et la maîtresse d’armes appréciait ce fait. Surtout que ses capacités de traducteur s’étaient avérées utiles face à certains membres du Conseil dirigeant qui avaient pris un malin plaisir à parler uniquement en umbarese, sans doute pour tenter de voir comment elle allait réagir, et la jedi avait littéralement béni la Force pour avoir pensé à prendre avec elle un soldat originaire de cette planète.

Concrètement, elle n’avait pas appris grand-chose d’intéressant sur le sujet des enlèvements, le sujet ayant été évité avec un soin tout particulier. A vrai dire, le Conseil dirigeant ne semblait pas du genre à admettre qu’ils pouvaient peut-être avoir un problème. Quand elle avait abordé la question des attaques de pirates mentionnées par l’umbaran blessé qu’elle avait rencontré la veille, tout juste avait-il consenti du bout des lèvres à admettre qu’en effet, la planète était victime depuis trois mois d’assauts menés par des bandes bien organisées, qui s’en prenaient aux villes plus excentrées et repartaient aussitôt avec leur butin. Mais d’après le Conseil, tout cela allait se régler rapidement, ils avaient même loué les services d’un conseiller militaire de premier plan.

A ces mots, Alyria n’avait pas manqué de froncer les sourcils. Nulle part dans les organigrammes qu’elle avait consulté il n’y avait une mention dudit conseiller, et à vrai dire, elle trouvait tout simplement agaçant que les planètes préfèrent payer un inconnu plutôt que de faire appel aux services de la République. Cela dit, elle préférait réserver un peu son jugement, si le nom ne lui disait rien, il pouvait s’agir d’un ancien des forces armées fédérales à la retraite, après tout. Evidemment, suite à cela, la trentenaire avait immédiatement proposé les services de son ministère pour régler la situation, mais le Conseil dirigeant avait poliment mais fermement décliné, arguant que ce n’était que quelques attaques isolées qui ne remettaient pas en cause sa sécurité, et que le fait que ces dernières soient circonscrites à leur territoire propre les rendait parfaitement habilités à gérer cela seuls. Et ils avaient parfaitement raison. Enfin bien sûr, la demi-echanie aurait pu argumenter, mais elle jugeait peu intelligent de s’aliéner l’organe dirigeant d’Umbara dès le deuxième jour de sa visite.

C’est ainsi que cette réunion terminée, Alyria n’était guère avancée. Et la suite ne s’annonçait pas forcément plus passionnante, mais peut-être qu’elle découvrirait d’autres informations. En effet, la réception officielle célébrant sa venue allait commencer. D’abord, il faudrait survivre à un long déjeuner auquel assisterait le gratin umbaran, puis ensuite, la partie purement diplomatique commencerait : il était de tradition de conduire les invités dans de grands appartements où ils pourraient tous discuter… Du moins en apparence. Nul n’ignorait que c’était au cours de ces « collations digestives », selon l’expression locale, que toutes les machinations se mettaient en place, et qu’au cours de ces quelques heures pouvaient se signer l’ascension ou la chute de n’importe qui.

Après d’âpres négociations, Alyria avait réussi à obtenir le placement de Mand à sa gauche, afin de ne pas être complètement seule parmi tous les politiciens umbarans. Occupant une place d’honneur à la tablée, elle remarqua rapidement qu’à deux exceptions près, à savoir un zabrak et une sephi, elle était la seule non-umbaranne assise. Ce qui, étant donné le caractère plutôt isolationniste des autochtones, ne la surprit guère.

Le repas se passa relativement bien, la jedi profitant des leçons d’étiquette nobiliaire de son enfance sur Hapès pour s’en sortir quant aux subtilités des interactions avec la plupart des convives. Cela parlait politique locale, mais aussi fédérale, et la maîtresse d’armes put constater que les rumeurs des nouvelles mesures sur le point d’être adoptées n’avaient pas perdu de leur temps pour atteindre cet astre sombre. Comme à son habitude quand on l’interrogea sur les réformes voulues par le nouveau chancelier, la trentenaire d’une prudence rare, esquivant la plupart des questions ou répondant de façon neutre, faisant jouer la solidarité gouvernementale tout en rappelant son statut un peu particulier. Elle l’avait dit et répété, que ce soit à Valérion Scalia ou au Conseil jedi : elle se voulait apolitique, et entendait le rester. Elle soutenait donc par principe le gouvernement auquel elle appartenait désormais, mais n’avait selon elle pas à faire de remarques quant à la politique menée en dehors du Conseil des ministres : ce n’était ni son rôle, ni sa place.

L’écueil évité, Alyria put goûter à la nourriture, au demeurant excellente, même si elle veilla à garder un lien en permanence avec la Force, surveillant discrètement son organisme. Certes, elle ne pensait pas que quelqu’un tente de l’empoisonner, mais… Disons que la réputation d’amour immodéré que portaient les umbarans à ce moyen d’éliminer certaines personnes l’incitait plus que fortement à la prudence.

Enfin, le déjeuner se termina, et comme tous les autres, la jedi fut conduite dans un immense salon où trônait un somptueux buffet de douceurs sucrées diverses et un bar. Aussitôt, les invités s’éparpillèrent aux quatre coins de la pièce. Elle congédia alors Mand, estimant qu’il méritait bien un peu de repos, et demanda un thé simple au bar. Une fois servie, et alors qu’elle portait la tasse à ses lèvres, une fois de femme, la sortit de sa dégustation.

« Madame la ministre… C’est une joie de vous rencontrer. »

Se retournant, Alyria vit la sephi aperçue plus tôt se tenir devant elle. Reposant la tasse sur le comptoir, elle lui tendit sa main et répondit :

« De même, madame… ? »

« Mala Deklun. Cela fait bien longtemps qu’un ministre républicain n’était pas venu sur Umbara… »

« Hum, en effet, je crois que la dernière visite date de plusieurs décennies… »

« C’était il y a 160 ans, très précisément. Je m’en souviens encore comme si c’était hier… »

Pendant un bref moment, Alyria ne trouva rien à dire. Puis elle se souvint de l’importante espérance de vie de cette espèce, et se demanda un bref instant quel âge cette femme avait, et surtout, ce qu’elle faisait sur cette planète depuis aussi lontemps. Avec un petit sourire en coin, la femme s’empressa de dire :

« Ah, j’oublie souvent que toutes les espèces ne partagent pas mon espérance de vie… »

Essayant de se rattraper, la trentenaire lança :

« En fait, je me demandais plutôt la raison de votre installation sur Umbara. »

« Oh ça… Au départ, j’étais là en tant que représentante de l’entreprise familiale pour faire quelques accords avec une autre firme… Et de fil en aiguille, j’ai fini par m’installer ici et officier comme conseillère économique. Il se passe toujours quelque chose, ici… Tout peut se jouer sur un mot. Ne trouvez-vous pas cela exaltant ? »

 Prudente, Alyria répondit simplement :

« Disons que cela expliquerait votre envie de rester aussi longtemps. »

L’autre lui fit un clin d’œil, mettant définitivement la ministre mal à l’aise, et continua sur le ton de la confidence presque maternelle :

« Vous verrez, je suis sure qu’au cours de votre séjour ici, vous n’aurez pas l’occasion de vous ennuyer… »

Et elle repartit comme elle était venue, laissant la sang-mêlée pour le moins perplexe. Y avait-il un message caché dans cette conversation ? Un avertissement ? Impossible à dire. Pendant quelques minutes, elle resta songeuse, puis se replongea dans les méandres de la diplomatie en naviguant d’un groupe à l’autre.

Alors qu’elle quittait une discussion, une voix grave l’interpella soudain :

« Maître Von, nous parlons navires de guerre, je suis sûr que votre avis sera précieux sur la question. »

C’était le zabrak qu’elle avait également aperçu auparavant qui l’avait ainsi hélé. Le fait qu’il l’ait appelé par son titre jedi la surprit : depuis sa nomination, la majorité des personnes l’appelaient par son nouveau rang, et pas un umbaran n’avait utilisé cette appellation. Mais alors qu’elle se dirigeait vers le petit groupe, qui contenait deux autochtones et ledit zabrak, une impression de vertige la saisit, désagréable.

Est-ce que son instinct, ou la Force, essayait de la prévenir de quelque chose ? 
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Après des heures et des heures à arpenter des ruelles toutes plus puantes les unes que les autres, un évènement imprévisible vint enfin éclairer le sombre séjour du jeune maître. En effet si jusqu’à présent tout le monde avait préféré l’éviter, même les personnes à qui il souhaitait parler, une personne avait eu finalement assez de courage pour l’aborder. Enfin l’aborder…pour le siffler pour qu’il vienne à elle, en somme, mais c’était déjà bien plus que ce qu’il n’avait eu comme interaction sociale positive depuis son arrivée sur cette ténébreuse planète. Sans même se demander de quoi il retournait réellement, le jeune homme approcha de la forme qui, sous sa cape se trouva être un habitant de cette planète. De taille moyenne, élancé et à l’air sombre, de cet sortit sa tête de sous sa capuche en braquant son regard d’ébène sur le jeune maître.
Jugeant son interlocuteur de bas en haut pour le mieux l’étudier, d’un regard circonspect, l’inconnu brisa enfin le silence et brisa la glace d’une voix nasillarde, en lançant :

« Vous interrogez les familles qui ont perdu leurs enfants, c’est ça ? On en parle pas mal dans le coin. »

Cet individu était donc au courant des allers et venus du jeune maître depuis quelques jours ? Certes il ne se cachait pas vraiment mais il avait bien fait attention à croiser un minimum de gens si bien qu’il était étonné que quelqu’un ait pu faire le rapprochement. Soit, cette planète regorgeait d’espions et de comploteurs en tout genre, se faire remarquer au bout de deux jours ne devait pas être une si grosse surprise que cela. Le visage toujours aussi impassible qu’à l’accoutumé, le maître porta son entière attention vers son frêle interlocuteur avant de lui demander :

« Peut-être bien, pourquoi m’avez-vous appelé ? »

Quoi ? Il était un homme de peu de mots, il ne voyait pas l’intérêt de tourner autour du pot encore et encore si la réponse pouvait lui être donnée sur le champ. Souriant de toute évidence au ton abrupt de son interlocuteur, l’encapuchonné afficha un air semi-amusé avant de reprendre :

« Les gens par ici ne parlent pas beaucoup, hein ? Je serais p’t’être capable de vous aider. »

Les gens ne parlaient pas beaucoup, c’était sans doute l’euphémisme du millénaire, mais Lorn était d’autant plus surpris d’avoir été repéré que quelqu’un avait forcé parlé de ses petites visites, foyer après foyer. Alors quoi ? Ils parlaient entre eux et pas aux hors-monde, c’était ça le délire ? Charmant, vraiment charmant. Commençant à être agacé par le ton énigmatique de celui qui l’avait appelé à lui, rappelons-le, le maître crut bon de couper court à tout ce bla bla inutile en lançant alors :

« En quoi est-ce que ça vous intéresse ? »

Ne se débarrassant pas de son ton amusé, le petit homme maigre regarda furtivement derrière lui et derrière son interlocuteur, comme pour vérifier que personne n’écoutait leur conversation, avant de s’approcher de Lorn. C’est dans un murmure qu’il avoua son véritable but :

« Disons que j’aime rendre service aux gens…mais tout travail mérite salaire, bien entendu. »

De toute cette phrase ce ne fut pas le début qui marqua le jeune homme mais bien la fin. En effet c’était déjà surprenant que l’on veuille bien l’aider, mais il aurait bien dû se douter que personne ne lui rendrait ce petit service gratuitement. Bien, si cet homme ne désirait que quelques crédits pour que sa langue se délie enfin, alors il les aura une fois la mission menée à son terme. Acquiesçant d’un discret signe de tête, le maître répondit alors :

« Bien entendu. En quoi pouvez-vous m’aider, dans ce cas ? »

C’était bien beau de demander une rémunération, encore fallait-il que le service rendu mérite une récompense, n’est-ce pas ? En entendant qu’il serait payé, le sourire de l’homme sembla s’élargir l’espace d’un instant, la promesse de richesses futures parvint à lui faire avouer :

« Je connais peut-être quelqu’un qui serait capable de satisfaire votre curiosité. Seriez-vous prêt à rencontrer cette personne ? »

Ah, enfin les choses se précisaient, cet homme-là n’était qu’un intermédiaire pour quelqu’un d’un peu plus renseigné que Lorn et qui devait probablement être au courant de ce qu’il cherchait. Le « comment » n’était pas important pour le moment, tout ce qui importait était d’obtenir des réponses à ses questions, et des questions il en avait un sacré paquet en réserve. Ainsi, d’un simple signe de main, Lorn désigna la rue devant lui à son interlocuteur avant de conclure par :

« Je vous suis. »

Les secondes succédèrent aux minutes dans cette marche aussi silencieuse qu’interminable, arpentant ruelle puante après ruelle puante jusqu’à ce que, finalement, quand Lorn commençait à se demander si son guide n’était pas perdu, ledit guide finisse par s’arrête au milieu d’une énième ruelle. Intrigué, le maître jeta un œil curieux à son interlocuteur qui claque subitement des doigts, ce claquement faisant écho à l’apparition d’une demi-douzaine d’autres formes encapuchonnées. Toutes armées de couteaux ou d’autres armes blanches de petit gabarit, ces personnes se tournèrent vers Lorn comme un seul homme.
Il était inutile de lui faire un dessin pour comprendre la situation, il se permit d’ailleurs de soupirer en déclarant :

« Oh, je vois ce que c’est. Je me disais aussi, c’était trop beau pour être vrai. »

Alors que le petit groupe s’approchait de lui, aussi bien de devant que de derrière, un petit rire malsain se fit entendre. Venant de la tête de fouine de tout à l’heure, ce petit rire fut suivi de quelques paroles bien senties :

« Vous les étrangers vous êtes tous les mêmes, si facilement dupés. C’en est presque navrant. Messieurs ? Ce petit curieux est à vous. »

S’autorisant un sourire provocateur, le maître d’armes se tourna vers le nasillard et, le pointant du doigt, lui répondit alors :

« Toi, ne bouge pas. Je suis à toi tout de suite. »

Et enfin le combat commençait, ces hommes étaient agiles et entraînés aux armes qu’ils tenaient entre leurs mains, il n’était pas nécessaire d’avoir un œil expert pour arriver à cette déduction. Étonnant ? Sur une planète comme celle-ci, pas vraiment en fait. Le premier d’entre eux se rua avec vélocité sur son adversaire et, pensant avoir affaire à un simple petit curieux, tenta de viser le torse de Lorn de la pointe de sa lame effilée. Malheureusement lui et se petits camarades comprirent trop tard leur erreur lorsque le faux agent républicain se décala, évitant ainsi la lame avant de frapper violemment la mâchoire du premier assaillant du plat de sa main. Étourdit par ce premier coup, il ne put éviter le violent crochet du droit à la tempe qui l’envoya au tapis en moins de deux.

Quoi ? Avant d’être maître d’armes Lorn était un épicanthix, fier représentant du peuple qui avait inventé le Teräs Käsi, il n’avait rien à craindre au corps à corps de quelques crapules entraînées pour frapper dans l’ombre. Bien sûr il aurait pu user du blaster à sa ceinture, cela aurait sans doute été plus sûr, mais il ne s’était pas battu ainsi depuis si longtemps qu’il ne pouvait pas songer à résoudre les choses autrement. Et puis, ainsi, il y aurait moins de risque que ses opposants succombent à leurs blessures : ils allaient devoir parler, ensuite.

Ce renversement de situation jeta un froid sur l’assistance qui resta interdite l’espace d’un instant. Pesa le pour et le contre, deux assassins prirent enfin leur courage à deux mains et fondirent sur Lorn de concert. L’un armé d’un couteau, l’autre d’une vibrolame, le colosse fit volte-face et se rua vers celui au couteau en premier. Pourquoi lui ? Parce qu’il avait une allonge moindre et que son arme pourrait servir de projectile.
L’homme semble ne pas vouloir réitérer l’erreur de son camarade et trancha l’air de gauche, à droite, forçant maître Vocklan à reculer avant qu’il ne se décide à résoudre cette situation d’une autre façon. S’abaissant subitement, il balayant les jambes de l’assaillant qu’il s’écroula en arrière, bientôt assommé par un violent direct du droit dans la mâchoire. Attrapant immédiatement l’arme de son opposant désormais évanoui, il la lança sur l’autre homme qui était presque sur lui.
Trop près pour esquiver, la lame vint se ficher dans l’épaule gauche de l’homme qui flancha l’espace de quelques secondes, des secondes suffisantes pour permettre à son opposant de s’enfoncer dans sa garde et de lui couper le souffle d’un direct au niveau de l’estomac. La suite ? Un crochet au niveau des côtes lui en brisa suffisamment pour le faire s’écrouler par terre, son bras valide enserrant son torse douloureux.
Eh bien quoi ? Le peuple de cette planète n’était pas connu pour sa puissance musculature, ce n’était pas surprenant que ces hommes ne soient pas capables d’encaisser les coups directs d’un tel colosse. Mais ce colosse réalisa qu’il avait baissé sa garde et le regretta amèrement.

En effet ce petit échauffourée permit aux trois assaillants restants de gagner du terrain et l’un d’entre eux parvint à lui faire une vilaine petite estafilade sur le bras gauche, preuve qu’il avait été trop imprudent et que cette victoire temporaire l’avait rendu arrogant et inconscient.
Bientôt, frustré autant qu’agacé par cette soudaine blessure, Lorn serra les dents et attrapa le poignet de l’homme de son bras valide avant de serrer sa main si fort qu’il sentit ses doigts se briser dans un râle de douleur bien vite étouffé. Un violent coup de coude au niveau de la tempe plus tard, et l’homme était étalé par terre.

Il n’en restait plus que deux qui n’attendirent pas et ne stoppèrent pas leur mouvement ne serait-ce qu’un instant. Tous deux armes de vibrolames, ils tentèrent se faire reculer le maître qui ne put qu’obtempérer, sans arme il n’avait pas énormément de choix de toute façon. Il se décala finalement sur la droite, hors de portée d’un des deux assaillants et reportant son attention sur l’autre. Esquivant de peu l’estoc du gringalet, il frappa du plat de la main le bras tendu de l’homme qui fut repoussé sur le côté, un direct dans les cottes déstabilisa l’assassin et un autre direct descendant sur son crâne le fit embrasser violemment le sol.
Usant de son pied pour soulever la lame de son opposant – qui n’en n’aurait plus besoin – le maître échangea quelques passes d’armes avec le dernier opposant durant quelques secondes avant de parvenir à le désarmer sans grande difficulté, l’assommant d’un coup de coude dans le ventre et d’un coup de pied au visage.


C’est essoufflé et blessé que le maître sortit de ce combat, fondant sur la fouine qui essayait de s’évader, usant de son blaster à sa ceinture pour l’atteindre à la cuisse avant qu’il ne s’enfuie au coin de la rue. La fouine, tenant sa jambe en serrant les dents de douleur, ouvrit des yeux de stupeur en voyant le colosse s’approcher de lui. Énervé et fatigué, c’est sans crier gare que le colosse attrapa le gringalet par le col, approchant son visage du sien, avant de lancer sur un ton sec et concis :

« Bon, alors, où en étions-nous ? Ah oui, tu devais m’aider. Bien, j’espère que tu vas être sage et obéissant. Je n’aimerai pas avoir à te refaire le portrait comme à tes copains. Tu comprends ? »

Il avait suffisamment perdu de temps et d’énergie ici, il allait faire parler ce fouineur même s’il devait user de la manière forte.
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Pas de doutes, elle était tombée sur un débat d’expert, et Alyria devait reconnaître qu’elle était dépassée. Malgré ses nombreuses nuits à étudier les schémas de vaisseaux à construire, elle n’avait pas fait un doctorat en ingénierie, et parler des subtilités d’elle ne savait trop quel modèle d’hyperpropulseur par rapport à un autre était bien au-delà de ses compétences, aussi la maîtresse d’armes se contenta d’écouter, ne participant que très ponctuellement.

Avec un certain malaise, elle sentait les yeux jaunes du zabrak posé sur elle, et son sourire permanent la gênait, mais elle n’aurait pas su dire pourquoi avec précision. L’homme lui lança un nouveau regard perçant, et déclara :

« Enfin je suis sûr que ces nouvelles technologies seront exploitées en détail par la République au sein des bâtiments qu’elle fait construire pour préparer sa guerre contre l’Empire, n’est-ce pas Madame la ministre ? »

Eh bien, le zabrak ne faisait pas dans la dentelle, voilà une question pour le moins directe… Et très embêtante de par sa formulation, qui sous-entendait que la République était une sorte d’agresseur militariste. La ministre ne pouvait pas laisser passer de tels propos, surtout devant les deux officiels umbarans qui la regardaient maintenant avec attention, clairement dans l’expectative. Il convenait d’être prudent.

« Vous vous doutez bien que, si c’était le cas, je ne vous le confirmerais pas, de toute façon. Raison d’Etat oblige. Et si je puis me permettre une légère correction, monsieur le conseiller, la République ne prépare pas de guerre. Elle se renforce pour assurer la protection de nos concitoyens, qui, au vu des attaques vécues ici même, est loin d’être une évidence partout… »

Les deux umbarans approuvèrent du chef, et la réplique fit momentanément perdre son sourire au zabrak, qui repartit cependant à l’attaque après avoir siroté son verre de vin, pointant d’une voix mielleuse :

« Je vois que vous maniez déjà l’art du langage politique avec aisance, madame la ministre… Pour une jedi, c’est impressionnant. »

« Je ne fais qu’énoncer les faits, que j’ai pu constater d’ailleurs dès mon arrivée sur cette planète. Pas besoin d’une quelconque affiliation à quoi que ce soit pour en être capable. »

« Les faits… Enfin certains. Mais c’est normal, c’est le jeu politique, nous comprenons tous. »

« Je vous demande pardon ? »

« Allons, au vu de l’augmentation pharaonique de votre budget, je doute que la République se contente d’armer quelques navires pour aller chasser du pirate. Les discours du chancelier nouvellement élu ne laissent guère de place pour des doutes à quand à ses réels desseins. Je comprends le besoin de rester sur la ligne officielle… Mais les citoyens ne sont pas idiots, madame la ministre. »

Il fallait reconnaître que le zabrak venait de marquer un point. A vrai dire, leur petit débat, qui prenait de plus en plus des allures de joute verbale, bien qu’encore assez feutrée, commençait à attirer du monde autour d’eux. Trop de monde. Pour la discrétion relative et la tranquillité, c’était raté. Surtout que son adversaire était un orateur plutôt doué, elle le lui concédait volontiers. Bien, il allait falloir se sortir de cette impasse dans laquelle l’homme tentait de l’enfermer.

« Alors je pense que tout le monde a parfaitement compris qu’après les divers événements récents, d’Artorias à Byss en passant par Flydon Maxima, nous avons besoin d’insuffler un renouveau dans nos armées, et ce pour des raisons de sécurité de notre territoire. Il a été difficile de juguler une simple rencontre diplomatique… Autant dire que pour la sûreté de tous, mieux vaut que nous ayons des bâtiments renouvelés et plus nombreux. »

« Ne craignez-vous pas, en prenant de telles mesures, d’inquiéter l’Empire sith, qui pourrait considérer nombre de projets de votre gouvernement comme une tentative d’agression ? La voie diplomatique prônée par Emalia Kira aurait eu le mérite de tenter de mettre en place des relations de coopération apaisées entre ces deux Etats. »

Formidable, voilà que le nom de la chef de l’opposition était lâché. Bon sang, cette réception prenait l’allure d’un point presse un peu trop bien informé. Cet homme n’était pas un simple conseiller militaire : c’était un redoutable politicien. Normal, cela dit, pour survivre et arriver à une telle position dans un monde comme Umbara. Mais elle ne s’était pas attendue à trouver un partisan d’une sorte de véritable relation de confiance entre la République et l’Empire sith. Même parmi les plus pacifistes, ce n’était guère l’option envisagée. Alyria resta silencieuse quelques instants le temps de pondérer sa réplique mentalement, puis déclara finalement sur un ton ferme, mais posé :

« La voie diplomatique n’est pas abandonnée, si cela peut vous rassurer. Je vous rappelle que le nouveau chancelier a appelé de ses vœux une entente franche sur le traité, qui ne se fera donc qu’à travers des négociations bipartites. Si la guerre peut être évitée, ce que nous souhaitons tous, alors nous mettrons tout en œuvre pour que ce soit effectivement le cas.

Cependant, rien que pour assurer la sécurité si des événements comme Byss devaient se reproduire, il convient de prendre de nouvelles mesures. Je vous rappelle que pendant un moment, nous avions une flotte non-alliée qui traversait seule l’espace républicain, ce qui ne doit sous aucun prétexte se reproduire. »

« Evidemment, évidemment… Mais tout de même, considérer sans cesse un voisin proche comme une menace potentielle… Cela n’aide pas à l’apaisement des relations. Je suis sûr que… »

Cette fois-ci, Alyria en eut assez, aussi elle le coupa franchement, déclarant avec une voix bien plus froide qu’à l’ordinaire :

« Allez dire cela aux habitants d’Artorias. Je crois qu’ils sauront amplement parler de cette menace potentielle comme vous l’appelez. »

Artorias. Ce simple nom suffisait désormais à abattre une véritable chape de plomb sur une assistance, quelle qu’elle soit. Celle-ci n’échappa pas à la règle. Tous les murmures se turent, et la gardienne sentit le poids des regards posés sur elle-même et son vis-à-vis, qui pour le coup, semblait assez mal à l’aise de voir mentionner ce sujet.

« Certes, je ne remets pas en cause la souffrance du peuple artorien. Simplement… »

« Alors vous conviendrez qu’elle ne peut pas être niée, ni balayée d’un revers de la main. Et malgré cela, un traité a été négocié. La diplomatie doit savoir être lucide, mais pas oublieuse des faits antérieurs. »

Puis elle ajouta, histoire d’enfoncer le clou :

« Cela dit, ces rebelles siths apparemment incontrôlés par l’entité à laquelle ils appartiennent constituent une menace plus directe, entre les attentats de Flydon Maxima et les événements récents sur Byss. Voilà au moins un point d’accord entre la République et l’Empire.

La Défense désire dissuader toutes les menaces extérieures, pas une en particulier. Et elle ne substitue pas à la diplomatie, puisqu’elle n’en a de toute façon pas les compétences légales. C’est un outil, qui comme son nom l’indique, pour assurer la sûreté de l’Etat. Rien de plus, rien de moins.»

Et ainsi, la discussion fut terminée. Toujours revenir au jargon juridico-légal, telle était sa devise, et elle marchait objectivement assez bien. Alyria se serait bien passée de cette passe d’armes verbale, mais les positions de l’homme l’avaient passablement intrigué. Pour un conseiller militaire, il était d’un pacifisme à toute épreuve. Et pourquoi cette volonté de la confronter de cette manière ? Jeu intellectuel ? Plaisir de mettre à l’épreuve une personnalité nouvelle sur la scène galactique? Peut-être… Sans doute.

Désireuse de se reposer l’esprit après cette petite altercation, la jedi se redirigea vers le bar, commandant cette fois un café, puis se déporta dans un coin tranquille de la pièce et s’ouvrit à la Force, se ressourçant dans son aura bienfaisante. Sauf qu’elle trouva le flux assez perturbé. L’atmosphère de complot d’un tel endroit probablement.

Non décidément, elle n’était vraiment pas très à l’aise dans cette réception.
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Sur un monde où les magouilles et les assassinats étaient devenus jeu courant il ne fallait pas s’étonner de tomber sur une embuscade de la sorte, cependant le jeune maître n’avait pas prévu de s’attirer des ennuis aussi rapidement et, l’espace d’un instant, il avait baissé sa garde et était entré dans cette sombre allée sans se douter de ce qui était en train de se passer. D’ordinaire il se serait ouvert à la Force pour ressentir les présences alentours et se serait aperçu qu’il n’était pas seul, mais il avait été bêtement obnubilé par la promesse d’un indice et tout le reste avait été relégué au second plan. Il avait été imprudent et en d’autres circonstances cela aurait pu lui coûter la vie, il avait agi avec précipitation et se rendait compte, une fois encore, qu’il avait encore un long chemin à parcourir avant d’être aussi irréprochable qu’il était censé être.
Fort heureusement ses années d’entraînement et de pratique furent salvatrices et lui permirent, presque sans bobo, de se sortir de cette panade dans laquelle il s’était fourré : il compensait son manque de prudence par ses capacités martiales plus que suffisantes pour se débarrasser de ces malfrats à la petite semaine. Il ne s’en était pas pour autant sorti indemne et serrait les dents pour juguler la douleur lancinante de cette entaille au bras, espérant qu’elle ne soit pas recouverte d’un quelconque poison sans quoi ses jours seraient très sérieusement comptés.

Il ne restait désormais plus que lui et celui qui l’avait mené dans ce guet-apens, lui et cette petite tête de fouine qui tentait de ne pas hurler ses tripes en tenant avec ses deux mains sa cuisse meurtrie. Il l’avait bien cherché, voilà ce que se serait dit n’importe qui, mais Lorn déplorait d’avoir été forcé de faire usage de cette arme à feu, ayant largement préféré ne pas avoir à blesser cet individu. Malheureusement la fin justifiait les moyens et laisser fuir cet homme n’était clairement pas une option, pas avec autant de questions en tête. S’approchant de l’homme blessé, le maître d’armes s’accroupit à son niveau et, plongeant ses yeux cyans dans ceux de sa victime, entama la discussion par :

«Tu n’es de toute évidence pas assez malin pour avoir organisé ça tout seul. Tu vas donc être bien gentil et me révéler qui t’a engagé pour cette petite embuscade. »

Vexé d’être considéré comme quelqu’un de stupide, grossièrement dessiné, l’homme arrêta d’essayer de hurler et cracha dans un râle un simple :

« Va te faire foutre. »

Bien entendu il ne fallait pas s’attendre à ce que les réponses lui tombent toutes cuites dans le bec, cependant le jeune maître déplorait l’usage si rapide d’insultes pour dévier la conversation du sujet principal. Malheureusement pour cette victime, son bourreau n’était pas homme à oublier sa mission si aisément et c’est donc avec une mine désappointée aux lèvres qu’il répondit :

« Mauvaise réponse. »

Joignant le geste à la parole, il organisa une rencontre rapide et intense entre son poing droit et la mâchoire de l’homme qui manqua de peu de céder sons la violence de cette rencontre. Eh bien quoi ? Il fallait bien qu’il reste dans son personnage d’agent républicain, et d’ordinaire les militaires n’hésitaient que rarement à employer la violence si cela pouvait servir leurs desseins. Crachant du sang, le blessé fut projeté à terre et, comme seule réponse, put entendre son interlocuteur réitérer sa demande.

« Je disais donc : tu vas me dire ce que je veux savoir, sinon ta jambe sera le dernier de tes soucis. Alors ? »

Se relevant difficilement, s’aidant de ses bras comme de leviers, l’homme cracha quelques gouttes d’un liquide carmin qui vint colorer le sol, avant de pester :

« Qu’est-ce que j’y gagne, si je parle ? Au mieux je finis à l’hôpital, au pire je finis à la morgue. »

Était-il stupide ? Finir à l’hôpital avec une jambe blessée, qui serait soignée en quelques jours voire semaines, était tout de même préférable à finir ses jours six pieds sous terre, n’est-ce pas ? Lorn ne comprenait vraiment pas ces criminels qui refusaient de parler devant l’imminence de leur mort. Désireux de tester la détermination de son interlocuteur, le maître leva alors son blaster et pointa son canon à quelques centimètres de la tête de la fouine, avant de reprendre par :

« Je peux accélérer le processus si tu veux, je suis sûr que tes copains se montreront beaucoup plus coopératifs que toi. »

Si une pointe de surprise naquit dans le regard de la fouine, cette dernière sembla reprendre rapidement son calme en répondant :


« Allez-y si ça vous amuse. Ils ne savent rien, ils ne sont là que pour l’argent. »

Ils n’étaient donc qu’une bande de mercenaires ce qui confirmait les soupçons du jeune maître, en revanche cela ne l’aidait pas davantage à savoir qui était derrière tout cela : c’était bien sa veine ! Mais il ne fallait pas laisser tomber pour autant, cette fouine semblait en savoir bien plus qu’elle ne désirait le dire et c’était suffisant pour que Lorn poursuivre ses efforts. Ainsi, empoignant sa victime par le col pour la rapprocher un peu plus du canon de son arme, il lui souffla alors :

« Raison de plus pour te mettre à table avant que je ne perde patience. L’heure tourne et je suis de plus en plus tenté de répandre ta cervelle sur ce mur. Tu tiens ta vie entre tes mains, à toi de décider. »

La réponse ne se fit pas attendre :


« Il va me tuer si je me mets à table ! »

Toujours dans le rôle de son personnage, le garçon prit un air faussement surpris tout en brandissant son arme comme pour rappeler qu’il l’avait toujours en main, avant de demander :
« Parce que tu penses que moi, non ? »

L’évidence d’une possible mort sembla enfin délier la langue du petit traître qui, soupirant, se mit alors à table :


« Vu sous cet angle…bon, écoutez je ne sais pas grand-chose. J’ai été contacté par un beau parleur qui nous a payé, moi et mes potes, pour s’occuper de tous les petits curieux du coin. »

Un beau parleur ? Sur une planète aussi versée dans les arts de la politique que celle-ci, cela revenait à chercher une aiguille dans une botte plein d’autres aiguilles, autant dire que cette information n’aidait pas le moins du monde le jeune maître. En revanche si on ajoutait à cela le fait que le commanditaire soit fortuné, cela commençait à se préciser de plus en plus. Avait-il d’autres informations ? C’est ce que Lorn voulut savoir :

« Et ? »

L’espace d’un instant la victime sembla surprise de voir que cette information n’était pas suffisante pour son bourreau qui semblait toujours en vouloir plus. Pestant contre cette curiosité toujours plus gênante, le fouineur répliqua par :


« Et c’est tout ! J’ai jamais vu sa tête, il ne m’a pas laissé de moyen pour le joindre, c’est lui qui est venu vers nous. »

Bien sûr qu’il n’avait jamais vu sa tête, c’était la base de la discrétion que requérait une opération de cette envergure. Tout ce que Lorn avait pu apprendre était qu’un riche homme bien éduqué avait payé rubis sur l’ongle pour être débarrassés des individus un peu trop curieux du coin : c’était très mince mais peut-être que sa camarade aurait dégotté des informations qui pourraient venir compléter les siennes. Soupirant en se rendant compte qu’il n’avait plus rien à tirer de ce traître, le faux agent républicain conclut par :

« Bien, tu as fait le bon choix. Maintenant dodo. »

Un coup de poing bien placé et la fouineur alla rejoindre le pays des rêves pour un long moment. Que faire maintenant ? Continuer de faire du porte à porte ? Non, sa blessure ne pouvait pas attendre et ses informations non plus d’ailleurs. Ni une ni deux, il visita une dizaine de foyers avant que quelqu’un n’accepte d’appeler les autorités pour procéder à l’arrestation de ces malfrats. Il ne pouvait pas appeler lui-même, vous vous doutez bien !
Lentement mais sûrement il se mit donc en route vers son hôtel en espérant que les gardes restés sur place pourraient l’aider à traiter sa blessure : avec un bras en moins il n’allait pas pouvoir se soigner tout seul aussi efficacement.

Décidément les évènements prenaient une tournure surprenante.
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Après cette altercation verbale, Alyria se retrouva heureuse d’avaler un café très noir, histoire de remettre ses neurones en état de fonctionner. La journée était déjà bien avancée, bientôt l’interminable réception ne serait plus qu’un souvenir du passé, ce qui l’arrangeait. Elle avait hâte de retrouver le confort et la sécurité de son appartement et de pouvoir enfin arrêter d’être constamment sur ses gardes ou prête à dégainer une série d’arguments maintes et maintes fois répétées à elle ne savait trop quel officiel en manque de joute oratoire.

Mais encore une fois, malheureusement pour son envie de tranquillité, une voix qu’elle reconnut désormais sans mal la sortit de ses pensées, et la maîtresse d’armes manqua soupirer : décidément, certains ne savaient pas abandonner… Or, alors qu’elle s’apprêtait à entendre une nouvelle litanie destinées à contredire ce qu’elle avait exposé précédemment en guise de conclusion, le zabrak se contenta de lui sourire aimablement, et fit :

« Navré si je vous ai paru agressif, tout à l’heure. Parfois, dans ce genre de débat de salon, il est aisé de s’emporter. Surtout quand la partie adverse a du répondant… »

Méfiante face à ce soudain changement complet de comportement, Alyria n’en céda pour autant par moins aux affres de la politesse mondaine et le gratifia d’un hochement de tête poli pour lui signifier qu’elle comprenait, avant de répondre sur un ton parfaitement neutre :

« Ce n’est rien. Après tout, c’est le débat d’idées qui fait avancer la démocratie. Vous avez exposé votre point de vue et vos interrogations, et j’espère que mes explications vous ont éclairé. »

L’expression étrange qui tordit le visage du zabrak, qui se voulait un sourire mais tenait plus du rictus, lui fit comprendre que ce n’était guère le cas, ce qui n’avait rien d’étonnant. Sentant qu’elle pouvait à son tour s’amuser un peu à le mettre mal à l’aise, la jedi ajouta vicieusement :

« Même si vos positions peuvent sembler bien surprenante pour un conseiller militaire, cher ami. Ceux avec qui j’ai pu parler ont des idées beaucoup plus… engagées, je dois l’avouer. Mais la prudence est une stratégie tout à fait acceptable, rassurez-vous. »

La tête surprise que lui rendit l’homme fut sa récompense. Après tout, elle aussi savait appuyer là où ça faisait mal, et ce petit jeu de demi-vérités commençait à l’agacer. Cependant, alors qu’elle s’attendait à une réplique sèche, elle eut droit à un humble :

« Oh vous savez, je ne suis qu’un modeste conseiller planétaire, forcément, mes vues sont sans doute influencées par ce fait. »

« Allons, nous savons tous les deux que pour être accepté à ce poste par les Umbarans, vous devez largement avoir fait vos preuves… »

« Quelques peccadilles, sans plus. Enfin, je vous laisse Madame la Ministre, on m’attend. Au plaisir de vous revoir très bientôt. »

Et le zabrak lui tendit une main qu’elle serra avec sa prothèse, lui broyant donc consciencieusement les phalanges avec un grand sourire. Un détail retint très légèrement son attention : il lui manquait un doigt, l’auriculaire gauche, pour être plus précise. Une vieille blessure, sans doute… Cela fait, l’homme tourna les talons et disparut.

Enfin, la réception se terminait, et alors qu’Alyria s’apprêtait à sortir, Mala Deklun, la sephi avec qui elle avait discuté au début de l’après-midi l’aborda avec sa légèreté caractéristique :

« Eh bien, ma chère, vous nous avez offert un charmant spectacle. Remballer ainsi Zelander Korr, voilà qui a fait plaisir à plus d’un n’en doutez pas. »

Ce qui signifiait concrètement : vous m’avez fait très plaisir. Pas besoin que la sephi explicite, la maîtresse d’armes avait très bien compris le message. Y avait-il une rivalité exploitable entre les deux pour en apprendre davantage ? Peut-être… Après tout, cela ne coûtait rien de tenter le coup. Aussi elle lui demanda d’un air affable, intéressé :

« Je n’ai fait que répondre à ses interrogations que je le pouvais. Mais, je vous en prie, désirez-vous que je vous raccompagne avec mes hommes ? »

L’invitation était presque rituelle tant elle correspondait à un passage obligé de la diplomatie : les navettes étaient un lieu privilégié de debriefing, ou de discussion en petit comité. Et comme elle l’avait prévu, la sephi sauta sur l’occasion de parler plus avant à une ministre de la République, et répondit :

« Mais avec joie, je vous remercie de cette offre plaisante. »

Sortant de la pièce au milieu de la foule d’officiels qui se dispersaient, Alyria entretint une conversation banale puis fit signe à son escorte enfin récupérée qu’il était grand temps de partir, et indiqua simplement au Major Olson que Mala Deklun ferait partie du voyage et qu’ils la déposeraient en passant. Bien qu’un peu surpris, le gradé acquiesça cependant et entreprit de s’enquérir de l’adresse de leur invitée. Ces formalités réglées, les deux femmes montèrent dans la navette.

Histoire de donner le change, Alyria la questionna sur ses attributions sur Umbara en tant que conseillère économique, récoltant des informations assez intéressantes sur les exportations de la planète.

« … Malheureusement depuis les attaques de pirates, les échanges vers l’extérieur ont évidemment diminué, vous vous en doutez, les entreprises ne désirant pas perdre une de leur précieuse cargaison… »

Sautant immédiatement sur l’occasion qui lui était offerte, la trentenaire demanda d’un air soucieux :

« Ces attaques… Depuis quand durent-elles exactement ? »

« Il y en a de temps en temps, ce n’est pas un fait nouveau, la proximité avec l’espace hutt nous y expose, évidemment. Cela dit, depuis quatre mois, elles ont pris une force et une régularité inédite. C’est ce qui a poussé le Conseil dirigeant à embaucher Zelander Korr. Apparemment, il a fait ses classes sur Iridonia, puis a servi dans l’espace hutt et chez les Bothans… »

« Et son action a-t-elle réussi à repousser un peu les pirates ? »

Avec une moue dubitative :

« Il paraît que les attaques se sont réduites… J’apprécierais qu’elles cessent complètement, mais apparemment, le Conseil dirigeant est satisfait pour le moment. Cette affaire nous accapare depuis trop longtemps déjà… Peut-être que si vous preniez les choses en main… »

Prudemment, Alyria répondit :

« Je soumettrais une proposition d’aide au Conseil dirigeant, bien entendu. Et si la sécurité républicaine est effectivement menacée, alors nous interviendrons. »

« Oh cela, je peux vous l’assurer ! J’ai rassemblé quelques notes à ce sujet, si vous voulez, je vous les transmettrais… »

Ah, la jedi voyait enfin où cette femme voulait en venir, et pourquoi elle se montrait si aimable : elle voulait court-circuiter l’autre conseiller étranger à Umbara en faisant intervenir le fédéral. Pas idiot, et à exploiter. Aussi Alyria déclara :

« Eh bien, j’étudierais vos informations, bien entendu. »

La sephi parut satisfaite, et conclut sur une dernière pique :

« Certains savent utiliser leur fortune et leur influence à autre chose que provoquer les ministres, je puis vous l’assurer Madame la Ministre. D’ailleurs vos propositions d’échanges de technologies médicales m’ont pleinement convaincue. »

Sous-entendu : fais ce que je te demande, et j’appuierais tes projets auprès du Conseil dirigeant. Cette femme était aussi intéressée qu’un hutt face à un montage financer lucratif, mais Alyria ne pouvait pas lui en vouloir : c’était le jeu politique.

Enfin, la navette arriva au domicile de la sephi, qui salua chaleureusement la demi-echanie avant de sortir et revint quelques minutes plus tard avec un datapad rempli de données. Apparemment, la maîtresse d’armes avait encore trouvé de quoi occuper pleinement sa soirée.
S’adressant au Major, elle déclara simplement :

« Rentrons maintenant. »
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Dans certaines cultures les guerriers les plus farouches voyaient leurs cicatrices comme des trophées, des marques de leur bravoure au combat et de leur habilité à passer outre cette douleur lancinante que rien ne semblait pouvoir arrêter, mais malheureusement même s’il était issu d’un peuple guerrier lui aussi, le jeune homme ne trouvait aucune fierté dans le fait d’avoir une estafilade comme celle qu’il portait à son bras gauche, laisser tomber au compte-goutte un liquide carmin. Il n’y avait aucune espèce d’honneur à recevoir une blessure car c’était simplement la preuve que, l’espace d’un instant, son adversaire avait réussi à le surpasser et à pénétrer à travers sa garde. En quoi était-ce digne de louanges ou d’admiration ? Non, vraiment, à bien y regarder, cette entaille ne représentait que honte et frustration pour le jeune maître.
Serrant les dents, apposant sa main droite sur sa blessure comme pour essayer d’arrêter l’écouler régulier de son sang, le jeune homme se dirigea prestement vers l’hôtel en espérant qu’un employé ne remarquerait qu’il rougissait le sol sur lequel il marchait, un peu plus à chaque pas. Mais cela importait peu qu’il se fasse remarquer ou non, il trouverait bien une excuse adéquate, en revanche le fait qu’il ait baissé assez sa garde pour se faire avoir par des criminels de seconde zone l’inquiétait autrement plus. Qu’était-il advenu de ses réflexes d’acier et de sa vigilance constante ? Qu’était-il advenu de ses heures en salle d’entraînement, à répéter inlassablement les mêmes enchaînements afin de les perfectionner ? C’était bien de la honte qu’il sentait enserrer son cœur alors qu’il approchait de l’hôtel car c’était sa propre faiblesse et son manque de vigilance qui avaient causé cette blessure. Que ferait-il si la lame de son agresseur était trempée dans du poison ? Mourrait-il, ainsi vaincu par un si piètre adversaire ? C’était tout bonnement pathétique.

Essayant de chasser ces sombres pensées qui tentaient de s’insinuer dans sa tête, comme un poison se répandant lentement et surement à travers son corps, le garçon monta donc à l’étage et s’approcha des quelques gardes encore postés en faction là. S’ils furent surpris de le voir s’adresser à eux, car c’était bien la première fois depuis qu’ils avaient posé un pied sur cette sombre planète, ils furent d’autant plus surpris de le voir leur présenter cette vilaine blessure au bras. Aussi professionnels qu’ils étaient, aucun d’entre eux ne rit en voyant le formidable maître jedi revenir avec une blessure au bras, ils savaient garder leurs réflexions pour eux et bien vite l’un d’eux s’empressa d’aller chercher un kit de soin.
Rentrant dans la chambre d’Alyria avec ledit garde portant le kit de premiers secours, le garçon s’assit sur le fauteuil le plus proche et, enlevant son manteau et retroussant sa manche, tentant un petit trait d’humour en lançant :

« Je savais que les habitants de cette planète ne m’accueilleraient pas chaleureusement. Mais j’ignorais que ça irait jusqu’à ce point. »

Cette petite phrase alliée au sourire en coin du jeune homme sembla dérider le garde qui s’autorisa, lui aussi, un petit sourire amusé alors qu’il s’efforçait de nettoyer la plaie du maître jedi. Faisant fi de la douleur lancinante, puisant dans la Force pour apaiser aussi bien son corps que son esprit, le jeune homme observa avec un œil attentif le soldat en train de lui administrer les soins avec une minutie et une précision qui forçaient véritablement le respect : il savait parfaitement ce qu’il faisait.
Finalement, après avoir nettoyé la plaie et l’avoir refermée, le soldat fut remercié par le maître qui, d’un sourire et d’un hochement de tête approbateur, mit fin à cette entrevue en enfilant ses affaires de nouveau. Quoi ? Vous espériez peut-être qu’il reste tranquillement ici, à attendre sa compagne ? Il y avait un certain Lars à qui il devait rendre une petite visite et les informations n’allaient pas se récolter elles-mêmes. Se tournant vers le soldat en remettant son uniforme – en cachant sa manche gauche éventrée sous son manteau – le garçon lui demanda alors :

« Si maître Von vient, ne lui dites rien sur cette blessure, nul besoin de l’inquiéter plus que nécessaire.. Dites-lui que je suis parti discuter un peu avec ce fameux Lars, je n’en n’aurais pas pour longtemps. »

Le soldat répondit par l’affirmative et laisser le faux agent républicain disparaître au détour d’un couloir, se dirigeant vers l’installation où il était probablement attendu par ce fameux Lars, ou du moins était-ce ce qu’il avait compris en écoutant sa compagne la nuit dernière.
Accueilli par des assistants, il expliqua la raison de sa venue ici en précision que la ministre avait programmé une petite entrevue rapide avait ledit Lars qui fut assez surpris de voir vraiment quelqu’un venir. Était-il déçu d’avoir affaire à un simple exécutant ? Lorn n’aurait pas su lui dire mais il lui fit vite comprendre qu’il avait des informations à récolter, des informations difficiles à se procurer et que lui seul pouvait être à même de lui fournir. Rien de tel que de lui flatter l’égo pour commencer une bonne petite discussion !
Le garçon affirma donc que des disparitions d’enfants avaient été observées mais que, jusqu’à maintenant, il n’avait pu en trouver aucune trace dans les registres auxquels il avait eu accès, et que cette absence d’informations était pour le moins préoccupante. Si ce sujet sembla gêner le dénommé Lars, Lorn dut revenir à la charge plusieurs fois avant qu’il n’ose enfin avouer qu’il avait – lui aussi – noté ces disparitions. Il était gêné de l’admettre, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure mais il semblait se dédouaner de toute responsabilité en avouant en avoir parlé à la direction. Qu’eut- comme seule réponse ? Que ce souci serait réglé. Tout simplement.

Mais les enlèvements s’étaient poursuivis et cet homme semblait plus inquiet que jamais, Lars avouait vouloir connaître le fin mot de cette histoire car il avait peur qu’on lui retire son financement pour ses recherches pour cause de négligence au niveau de la sécurité de cet établissement. Rien d’étonnant à cela, en vérité. Affichant un air calme et serein, le jeune homme lui assura que cette affaire serait réglée dans les plus brefs délais et que, s’il n’était lié en aucune façon à tout ça, il n’avait pas à s’inquiéter pour ses fonds.
Une fois cet entretien terminé, le garçon s’empressa de retourner aux appartements de sa compagne où il espérait bien croiser cette dernière. Rentrant dans la pièce, sa blessure toujours masquée sous son long manteau, le garçon lança alors :

« Eh bien, en voici une journée trépidante. »

Bientôt il lui expliquerait tout dans les moindres détails, mais pour l’heure il avait bien mérité un peu de repos.
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En arrivant dans l’immeuble, Alyria salua ses gardes en faction, s’enquérant de leur journée. Evidemment, ils pouvaient légitimement être un peu frustrés de rester en arrière de cette manière, mais la protection du logement et de tout ce qui allait avec, soit un certain nombre de documents ou d’installations dans leurs propres appartements était une mission cruciale. Ennuyeuse, certes, elle était la première à le reconnaître, se souvenant de ses propres heures à monter la garde au Sénat dans ses jeunes années de padawan puis de chevalier et de la torpeur qui finissait immanquablement par vous assaillir à la mi-journée, et pourtant tellement importante. C’est pourquoi elle tenait à faire savoir à ses hommes qu’elle pensait à eux et au sacrifice de leur temps.

Aux sourires fatigués mais emplis d’une certaine gratitude, la maîtresse d’armes sut que son geste était apprécié. Alors qu’elle s’apprêtait à se rendre dans ses quartiers, l’un des soldats fit :

« Madame la Ministre, Maître Vocklan est passé plus tôt. Il m’a dit de vous informer qu’il partait voir… euh… un certain Lars je crois. »

« Ah oui, Lars Panq, le chef du département des recherches médicales de l’hôpital. Je lui avais demandé de le faire. Autre chose ? »

Pendant un bref instant, le militaire sembla hésiter, l’œil perçant de la jedi remarquant une légère rougeur colorer ses joues, puis il finit par déclarer :

« Non, rien, madame. »

Bien que curieuse, la trentenaire préféra ne pas insister, estimant que ce ne devait pas être bien grave de toute façon, ou en tout cas pas de nature à mettre en danger leur mission sur Umbara. Sans doute un détail fâcheux qui était arrivé en son absence et que le garde préférait ne pas divulguer afin de ne pas l’embêter. Du moins, elle espérait que ce soit quelque chose dans ce genre-là. Se rendant compte qu’elle était restée à fixer son interlocuteur pendant un petit moment, elle finit par se racler la gorge pour mettre fin à cet instant de flottement.

« Bien, alors je vous laisse. Merci de m’avoir tenue informée, soldat. »

Enfin, la sang-mêlée pouvait se reposer quelques instants dans son logis prêté par l’administration locale. Elle s’accorda un petit quart d’heure de tranquillité bien méritée à paresser sur le canapé, décidément tout à fait confortable, son esprit vagabondant au gré de ses pensées et de ses souvenirs, à mille lieux des événements de la journée. Certes, la méditation eut pu également convenir pour la détendre, mais Alyria appréciait aussi de temps en temps se laisser aller à quelques minutes de ce que l’on aurait pu appeler des pensées pour elle-même, sans réelle importance. Mais qu’il était agréable de sentir son imagination dériver vers des rivages lointains, doux, agréables…

Sortant de sa torpeur cotonneuse, elle prit quelques minutes pour se concentrer à nouveau, et s’installa à son endroit habituel pour travailler, soit sur la table, tous les nouveaux documents à consulter posés dessus. Et parmi eux, le datapad contenant les informations transmises par la sephi. La maîtresse d’armes passa donc le reste de son temps à les parcourir, et il y avait de quoi faire, Mala Deklun n’ayant pas lésiné sur la quantité… Et ce, à son humble avis, au détriment de la qualité. En effet, si certaines parties ne manquaient pas d’intérêt, beaucoup des renseignements consignés-là n’étaient pas franchement de nature à l’aider beaucoup. Quelle mouche avait donc piqué cette femme pour la bombarder ainsi de futilités ?

Réprimant un soupir de déception, elle allait presque abandonner pour se consacrer à la préparation de la journée suivante quand ses yeux furent attirés par un paragraphe tout à la fin de la longue accumulation de notes. La sephi y faisait mention d’un bâtiment en bordure de la ville, qui avait été attaqué par les pirates quelques semaines auparavant, mais qui faisait preuve d’une activité suspecte, selon les dires de ses informateurs… Voilà qui était intéressant. Les pirates s’y étaient-ils installés, s’en servant comme base arrière ?

Après quelques recherches, Alyria trouva la localisation précise de ce dernier. Un endroit abandonné après avoir été à moitié vidé par l’assaut extérieur, apparemment, et qui surtout avait une position géographique intéressante : suffisamment éloignée de la ville pour ne pas attirer l’attention, supposément désert, sans être perdu dans la nature… Et surtout, c’était une ancienne clinique, donc avec…

Soudain, l’illumination lui vint. Les dates correspondaient aux premières disparitions, et surtout, si c’était une ancienne clinique, cela voulait dire qu’il y avait toutes les facilités possibles pour garder des enfants… Bon sang, se pouvait-il que …?

Alors qu’elle pouvait difficilement contenir son excitation face à cette découverte, elle entendit la voix de Lorn dans l’entrée, et se leva brutalement, manquant faire tomber sa chaise par terre, avant de se ruer vers son amant, le datapad dans la main, les joues rosies par l’ivresse d’avoir peut-être trouvé quelque chose d’intéressant.

« Regarde ce que je viens de trouver ! »

Lui collant d’office le datapad dans les mains, l’esprit trop occupé pour laisser à son partenaire le temps de souffler elle se mit à débiter à toute vitesse en agitant les mains, perdant son calme habituel à l’idée d’avoir mis le doigt sur une partie du problème :

« Toute la journée, ça m’a trotté dans la tête, ces attaques de pirates qui surviennent en même temps que ces enlèvements… Tu sais, je t’en ai parlé je crois non ?

Enfin bref, il y avait quelque chose qui clochait, mais je n’arrivais pas à trouver quoi exactement. Et là, en lisant ce que m’a remis la conseillère économique de cette planète après ma réunion d’hier… Je ne sais pas, ça a fait tilt ! 

La concomitance est trop étrange… Et si ces attaques avaient été commanditées pour détourner l’attention des enlèvements ? Face à un péril menaçant son économie, le Conseil dirigeant allait sans doute remettre à plus tard une enquête… Mais c’est évident…

Et puis, ça permet de vider des lieux pour pouvoir évacuer en douce les gamins… »

Tout s’enchaînait dans sa tête, même si pour Lorn, le discours devait être tellement décousu qu’il devait avoir du mal à suivre… Mais pour le moment, toute à sa joie, Alyria continuait sur sa lancée joyeusement incohérente :

« Là, ce paragraphe ! Il décrit une clinique en bordure de la ville qui, après une attaque, a été vidée par le Conseil dirigeant, car jugée insuffisamment sécurisée. Elle n’est ni trop éloignée, ni trop proche, contient sans doute encore des équipements intéressants, et surtout, apparemment, une nurserie… Et elle ne semble pas si déserte que ça, à en juger par les informations de cette conseillère dont je t’ai parlé…

Tu vois où je veux en venir ?

La clinique peut être utilisée comme avant-poste par les pirates… Ou pour garder quelque chose ayant besoin de soins… Comme des enfants… Ou les deux, si les deux faits sont aussi liés qu’ils en ont l’air. 

A mon sens, tu devrais y aller discrètement demain, histoire de repérer les lieux… »

Alyria s’arrêta alors brusquement, avant de partir dans un grand éclat de rire. Se dépêchant de s’expliquer avant que son compagnon ne pense qu’elle était devenue folle, elle déclara :

« Ahah, j’ai dû complètement te perdre avec mes explications sans queue ni tête ! Désolée, j’étais tellement excitée d’avoir découvert quelque chose que je n’ai pas vraiment fait attention. Viens, asseyons-nous, je vais te tout te raconter, tu comprendras mieux. »

Une fois les deux jedis installés sur le canapé, la maîtresse d’armes entreprit de narrer dans les moindres détails sa journée, n’oubliant rien : la réunion préliminaire, le déjeuner, et surtout, évidemment, la réception, Mala Deklun, son accroche avec Zelander Korr, la proposition de la sephi de lui donner des informations… Tout y passa. Puis enfin, ce qu’elle avait remarqué en parcourant lesdites informations.

« Je crois que c’est plus clair comme ça, non ? »

Puis elle ajouta, se souvenant soudain qu’elle n’avait pas demandé comment allait Lorn :

« Oh, désolée, je parle depuis toute à l’heure, mais, de ton côté, tout s’est bien passé ? Tu as trouvé quelque chose d’intéressant ? 

L’un des gardes m’a prévenu que tu étais passé avant de repartir… Je présume que tu es allé voir Lars Panq, n’est-ce pas ? A-t-il été plus loquace avec toi ? »

Elle laissa alors l’épicanthix parler, après tout, elle n’avait que trop monopolisé la parole, il était temps que son amant puisse s’exprimer aussi.

Après avoir dîner, Alyria laissa Lorn étudier plus en détail le datapad avec les informations sur la clinique, tandis qu’elle se plongeait dans ses propres documents afin de préparer sa journée du lendemain.

Rapidement néanmoins, elle sentit ses yeux picoter, ses paupières se faire plus lourdes… Elle s’endormait peu à peu… Elle lutta quelques temps, puis finit par abandonner : parfois, mieux valait ne pas forcer son organisme. Aussi la maîtresse d’armes annonça qu’elle allait se coucher tôt, embrassa son partenaire pour lui souhaiter une bonne nuit, avant de se diriger vers la chambre. Après une bonne douche, Alyria se glissa sous les couvertures, et ferma les yeux, s’endormant presque immédiatement.

Cependant, son sommeil fut agité. Quelque chose perturbait ses rêves, son esprit ne semblait pas vouloir trouver le repos. Elle sentait une présence étrange par-delà les bras de Morphée qui l’appelait, comme pour la sortir de son endormissement.

Gênée, un très léger bruit de pas acheva de la réveiller. Alyria ouvrit un œil… Et vit une forme penchée sur elle, les mains tendues… Mais ce n’était pas Lorn, elle l'aurait reconnu.

Son instinct se réveillant, elle balança son poing en métal devant elle, heurtant la face de l’inconnu avec force, lui fracassant sans doute la mâchoire et récoltant un hurlement de douleur.

« Merde, elle s’est réveillé ! »

« Tant pis, ça devrait pas être trop dur quand même ! »

Se laissant tomber au sol pour éviter un tir de blaster, Alyria gémit de douleur mais parvint à se relever, usant de la télékinésie pour récupérer son sabre laser. Trois individus armés lui faisaient face, deux avec une vibrolame, un avec un blaster. Le quatrième larron, à terre, se tenait le visage en gémissant, une seringue écrasée à ses côtés, et qui déversait un liquide verdâtre qui se répandait sur le sol… Du poison sans doute.

Ils étaient là pour l’assassiner. 
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Le jeune homme avait combattu d’innombrables fois et mis ses compétences martiales à l’épreuve plus de fois qu’il ne pouvait le compter, mais jusqu’à maintenant il n’était jamais tombé sur un adversaire qu’il n’avait pu vaincre ou bien à qui il n’avait pas pu tenir tête…logique, vous me direz, non ? Sinon il y aurait peu de chances qu’il soit encore en vie, aujourd’hui, pour en parler. Sa vie n’avait été qu’une succession interminable d’obstacles à franchir, de leçon à apprendre et de maîtrises à perfectionner si bien que sa vie était finalement devenue une course interminable. Il s’efforçait toujours de ne jamais gâcher une seule seconde de son temps, allant toujours à l’essentiel tout en évitant au maximum de tomber dans le superflu, si bien qu’au fil du temps ses talents s’étaient affinés pour faire de lui le maître qu’il était devenu aujourd’hui. Ce n’était pas de la fierté qu’il ressentait en repensant à tout ce trajet accompli, ce n’était pas non plus une forme de contentement qu’il ressentait. Mais alors quoi ? De la reconnaissance, de la reconnaissance et le sentiment d’avoir une dette que seul le temps pourrait éventuellement rembourse.
Il avait passé plus de temps en salles d’entraînements qu’aucun autre maître de son âge si bien que ces salles étaient devenues son second foyer pour ainsi dire, comme un lion en cage il avait mis son temps à profit pour tirer le meilleur de lui-même et affiner chaque jour ses talents comme un forgeron affuterait une lame ayant constamment besoin d’être aiguisée. C’était le sens du devoir qui le faisait bouger, qui le faisait se lever le main, qui le faisait prendre autant de temps pour apprendre aux plus jeunes et qui, par-dessus tout, lui faisait prendre autant de risques comme celui d’affronter seul plusieurs individus mal intentionnés. Là où d’autres s’enfuiraient en courant, pensant d’abord à leur précieuse existence avant tout le reste, la seule chose qui accaparait l’esprit du jeune homme était que s’il fuyait maintenant cela ne ferait que retarder voire compromettre la mission.
Ici il y avait quelque chose de plus grand que lui qui se dessinait, un plus grand problème que la mise en péril de sa propre existe. Chaque enfant enlevé aurait pu devenir un maître jedi tout comme lui – du moins était-ce ce qu’il aimait penser – et aujourd’hui il avait l’opportunité de réparer cette injustice en offrant à ces enfants ce dont ils avaient été privés. La vie d’un jedi valait-elle mieux que celle de plusieurs futurs autres ? Non, évidemment que non.

Il avait failli et il le savait, il avait baissé sa garde et pour seule récompense il avait écopé d’une blessure qui, par chance, n’était ni infectée ni empoisonnée. C’était un coup de chance, il ne devait sa vie qu’à la chance et il était évident que la frustration et le honte s’étaient rapidement emparées de lui. Il devait être plus prudent, il le savait bien et pourtant il s’était relâché l’espace d’un instant, ce n’était pas digne de quelqu’un de son rang ! On attendait bien plus de lui ! Comment pourrait-il être l’épée et le bouclier de l’Ordre s’il n’arrivait même pas à se protéger lui-même ??

Tentant de chasser ces sombres pensées de son esprit, le jeune homme se dirigea donc vers l’hôtel où il fut vivement accueilli par sa compagne qui lui jeta à la figure toute une flopée d’informations. Elle semblait persuadée que les attaques organisées n’étaient là que pour détourner l’attention des enlèvements d’enfants, et en entendant cette théorie le jeune homme se rendit compte que sa petite embuscade de tout à l’heure n’était finalement pas si tirée par les cheveux que cela. C’était peut-être une solution de secours pour se débarrasser des quelques curieux qui continueraient à s’intéresser à ces enlèvements, tout comme lui.
Le plus intéressant restait tout de même à venir, en effet la demoiselle avait identifié un précédent lieu d’attaque qui avait été laissé à l’abandon, une ancienne clinique pour être tout à fait précis et des activités suspectes avaient été détectées aux alentours de ce lieu.

Durant les minutes suivantes le jeune homme dut avaler une assez grande quantité d’informations, écoutant sa camarade sans broncher un seul mot, acquiesçant de temps en temps d’un discret signe de tête jusqu’à ce qu’elle finisse par lui demander si, de son côté, il avait trouvé quelque chose. Réprimant un sourire amusé en repensant aux récents évènements, le garçon hocha de la tête et avoua alors :

« On peut dire ça, oui. Lars m’a bien avoué avoir remarqué les disparitions et en avoir fait part à ses supérieurs. On lui a assuré que ce problème serait réglé mais, de toute évidence, il n’en n’est rien. M’est avis qu’ils ont juste essayé de le rassurer pour qu’il se taise, mais l’inquiétude est papable chez lui. »

Ne voyant pas quoi ajouter d’autre concernant la petite discussion qu’il venait d’avoir avec ce fameux interlocuteur, le jeune maître replongea dans ses pensées pendant quelques secondes, se demandant s’il faisait bien d’avouer à la demoiselle qu’il avait été attaqué. Non, son égo ne pouvait pas faire partie de l’équation et il devait le lui dire car c’était une donnée importante pour l’aboutissement de la mission. Soupirant devant ce qu’il allait devoir avouer, le jeune homme retroussant légèrement sa manche gauche pour que la demoiselle puisse voir son bandage et, une fois suffisamment visible, il enchaîna avec :

« Ah, et j’ai aussi eu le droit à un petit comité d’accueil, ce qui me laisse à penser que les attaques ne sont pas les seules choses organisées pour tenir les gens à l’écart de ces enlèvements. Quelqu’un paye des criminels de seconde zone pour s’occuper des petits curieux dans mon genre, un beau parleur pour ce que j’en sais. »

Cachant de nouveau le symbole de sa faiblesse sous la manche éventrée de son uniforme, le jeune homme nota l’emplacement de l’endroit indiqué par sa camarade avant de continuer sa petite discussion, épluchant toutes les informations qu’il pouvait dénicher afin de préparer sa petite visite de l’emplacement. Il n’y avait rien de notable autour, rien dont il devait réellement prendre garde mais il s’était fait avoir une fois, rien ne garantissait qu’il n’allait pas se faire avoir une seconde fois : il allait donc devoir progresser avec précaution.

La nuit suivit son cours et, lorsque sa camarade commença à tomber de sommeil, le jeune maître conclut qu’il était peut-être temps pour lui de faire de même. Se dirigeant vers le canapé encore une fois, il s’endormit pour être réveillé plus tard par un craquement sourd. Se redressant d’un seul bond, il fit face à trois individus masqués et vêtus de noir qui jetaient un œil intéressé aux documents étalés sur la table du salon. Pas besoin de se demander ce qu’ils faisaient là, le bruit de l’autre côté de la pièce était largement suffisant pour faire comprendre au maître que ces individus n’étaient pas les bienvenus ici.

Se redressant, le garçon déclara d’un ton presque amusé :

« Bonsoir, messieurs. »

Balayant la main devant lui, il projeta – avec l’aide de la Force – la table basse devant lui sur l’un des premiers assaillants qui fut projeté en arrière, avant d’aller embrasser le mur un peu trop intensément. Les deux autres, pris de court, échangèrent un rapide regard avant que le premier d’entre eux ne dégaine un fusil blaster et commence à mitrailler la pièce devant lui. Appelant à lui son sabre laser, le jeune homme activa sa lame violacée et bondit derrière le premier canapé venu, se releva pour dévier les quelques tirs qui s’approchaient trop dangereusement de lui. Finalement, après quelques instants, un des tirs déviés vint se fiché dans l’épaule de l’assaillant qui fut projeté en arrière, tenant son épaule douloureuse sans arriver à retenir un cri de douleur.
Devant cette tournure des choses inattendue, le dernier assaillant attrapa la première tablette de données venue et se rua vers la fenêtre ouverte, en direction du speeder garé juste devant et de son chauffeur qui regardait la scène d’un air attentif.

« Pas si vite, messieurs. »

Cette phrase fut celle qui attira l’attention des deux assaillants prêts à prendre la fuite. Ils se retournèrent comme un seul homme et aperçurent le faux agent républicain bondir à travers la fenêtre, traversant le vide pour atterrir sur la banquette arrière de leur speeder. L’assaillant de tout à l’heure tenta vainement de brandir le blaster qu’il tenait dans sa main libre, mais au lieu de cela son visage eut un rendez-vous assez violent avec la botte de Lorn. Sa tête se cogna violemment contre le tableau de bord et il s’évanouit sur le champ, bientôt suivi par le chauffeur qui eut le nez brisé par une violente rencontre avec le genou du maître.
Après quelques secondes, le jeune homme fit faire marche arrière au speeder, le postant devant l’ouverture découpée dans la fenêtre avant de balancer les deux assaillants à l’intérieur de l’appartement. Faisant attention que le blessé de tout à l’heure ne s’enfuit pas, le jeune homme alla voir ce que devenait sa camarade, espérant que les bruits attireraient les gardes en faction devant la porte et à l’étage inférieur.

« Alors ? Tu t’en sors de ton côté ? »

Quoi ? Une petite plaisanterie pour détendre l’atmosphère n’avait jamais fait de mal jusqu’à maintenant. Mais ils allaient avoir une longue nuit devant eux, une nuit passée à interroger ces messieurs.
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Ordinairement, le combat n’aurait sans doute pas duré trop de temps. Bien que clairement en surnombre, les assaillants faisaient face à une maîtresse d’armes, à un maître jedi dans toute sa maturité physique, possédant une expérience aiguë des affrontements armées et redoutée pour sa science du sabre laser. Sauf que pour parvenir à se débarrasser rapidement et sans subir de dommages, il valait mieux ne pas être surprise dans son sommeil par des assassins et devoir se battre, acculée, dans une chambre à l’espace réduit ne permettant guère d’user de l’Ataru. Alyria était objectivement une redoutable bretteuse, avec d’excellents réflexes. Elle n’était pas pour autant surhumaine, et son esprit encore embrumé par la torpeur de son somme nocturne réagissait plus par instinct que par pensée cohérente.

Un nouveau tir de blaster fusa, et la gardienne s’écarta vivement, le projectile s’écrasant contre le mur dans un choc sourd. Cela eut au moins l’avantage de la réveiller presque complètement, et Alyria sut ce qu’elle devait faire : déjà que dévier des tirs n’était pas franchement sa spécialité en temps normal, mieux valait ne prendre aucun risque en mettant hors d’état de nuire cet homme, au moins pour un moment, le temps de s’occuper de ses deux compères. Ainsi, la main gauche en avant, la trentenaire projeta une puissante vague de force qui envoya le malheureux voler vers la cloison d’en face, avant de retomber face contre le sol, probablement assommé, puisqu’il ne se relevait pas. Etant donné sa faible corpulence, le choc avait dû être trop dur à encaisser sans s’évanouir.

Au tour des deux autres.

D’un bond, la jedi se porta au contact du plus proche d’elle, abattant sa lame violette devant elle, pour rencontrer presque immédiatement la vibrolame de son adversaire, qui n’était manifestement pas un débutant dans l’art du combat au corps à corps. Déjà le deuxième se rapprochait. Il lui fallait récupérer son deuxième sabre pour espérer les maintenir à distance tous deux. La maîtresse d’armes entreprit donc de se désengager en reculant brusquement, attirant à elle son vieux compagnon d’une télékinésie rapide. Une lueur bleue vint rejoindre sa sœur mauve. Elle était parée.

Pensant l’acculer, les deux assaillants, après un bref échange de regards, avancèrent cette fois-ci vers elle, déterminés à attaquer en premier. Deux vibrolames foncèrent donc sur la demi-echanie, l’une arrivant tout droit au niveau de son bassin dans un coup d’estoc parfaitement exécuté, tandis que la deuxième tentait traîtreusement un coup bas, au sens propre du terme, puisque l’arme vint lui caresser le mollet gauche.

Instinctivement, Alyria s’était mise en position de duel dès qu’elle s’était relevée après sa chute du lit, par automatisme, et maintenant qu’elle était parfaitement réveillée, la duelliste allait appliquer les principes du Makashi à la lettre pour se sortir de ce guêpier. L’avantage de la forme II était qu’elle ne requérait guère d’espace pour déployer son plein potentiel, contrairement à l’Ataru, ce qui était très pratique dans l’espace réduit où elle se trouvait.

Tout était dans le jeu de jambes, tel était le credo des duellistes. Le tout était d’évoluer sur une ligne mentale et de coordonner les déplacements dans un entrelacement complexe pour éviter les attaques tout en offrant un appui pour lancer les différentes bottes à sa disposition. Le tout ressemblait à une danse, à un art du surplace finalement, qui préférait la fluidité aux trajectoires amples et saccadées.

Alyria fit donc pivoter sa jambe légèrement vers l’arrière, laissant la vibrolame passer à quelques centimètres seulement de son mollet, et recula sa deuxième jambe pour conserver son équilibre, ce qui lui permit de laisser à une distance raisonnable la première lame pointée dans sa direction. Après tout, l’esquive avait toujours été son réel atout, plus que la défense au sabre proprement dit, elle aimait se transformer en anguille insaisissable pendant un combat, slalomant aussi bien entre les ennemis qu’entre les coups. Mais c’était à son tour de riposter, et les assassins allaient en avoir pour leur argent.

Croisant ses deux lames devant elle, la maîtresse d’armes fit mine de se tourner vers son adversaire de gauche… Avant de pivoter brusquement sur ces appuis, abattant ses deux sabres sur le second visiteur nocturne comme un animal sauvage referme ses crocs sur sa proie, dans un mouvement typique du Jar’Kai, le but étant bien évidemment de compter sur la rapidité et la puissance offensive d’un tel assaut pour terrasser directement l’ennemi. Cependant, Alyria avait inclus cette attaque typique dans un répertoire de bottes propre à la forme II, en jouant sur l’inclinaison du sabre. Plutôt qu’une frappe croisée en « x », elle préférait faire une torsion du poignet droit au dernier moment pour viser le cœur dans un Shiak redoutable. Et c’est ainsi que si son vis-à-vis réussit à parer la première lame, sa sœur violacée vint pourfendre sa garde pour se planter en plein cœur au dernier moment, le faisant basculer en arrière silencieusement, foudroyé instantanément : un de moins.

Voyant son comparse mort, l’assassin restant poussa un grognement de rage et se précipita sur la jedi, déchaînant dans l’énergie du désespoir toute sa science du combat. La maîtresse d’armes se rabattit un temps sur la défensive, laissant passer le déluge de coups en attendant une ouverture qui lui permettrait de mettre définitivement fin à ce combat.

Cependant, un imprévu de taille se mêla alors aux événements sous la forme d’un tir de blaster : l’assassin assommé venait de se réveiller, et paraissait déterminé à venir en aide à son collègue. Surprise, Alyria n’eut pas le temps de s’écarter suffisamment vite ni de parer à l’aide d’un de ses sabres, et sentit donc le haut de son épaule gauche la brûler soudainement. Serrant les dents jusqu’à laisser le sang perler sur ses lèvres martyrisées mais déterminée à ne pas laisser transparaître la douleur soudaine qui avait envahi son corps.

Ragaillardi par le renfort offert, l’assaillant au corps à corps entreprit immédiatement de profiter de  l’ouverture dans la défense de la jedi en plaçant un coup rapide destiné à l’handicaper suffisamment pour pouvoir porter proprement le coup de grâce. Seulement, si un des bras était pour le moment hors service, il en restait un autre, et c’était surtout toujours sa main principale, droite, qui était en activité : une aubaine. Aussi la trentenaire para l’attaque de justesse, mais la contra tout de même. Elle n’était pas passée loin de la catastrophe.

Il lui fallait maintenant se débarrasser du tireur… Ou trouver un moyen de rendre son appui inutile. La seconde option était plus subtile, réclamait plus d’habileté stratégique, mais Alyria y voyait un avantage plus grand, et la certitude de ne plus se laisser surprendre au moment le moins opportun du combat comme cela avait été le cas.

Elle entreprit donc de faire tourner son adversaire, afin de le mettre dos à l’entrée… Et dans la ligne de mire de son comparse, afin de bloquer toute tentative de tir. Ou alors l’homme devrait prendre le risque d’atteindre éventuellement son compagnon, ce qui n’aurait pas fondamentalement dérangé la jedi. Après tout, parfois, il fallait recourir à la tactique et à la ruse pour vaincre, surtout en infériorité numérique et légèrement blessée.

Pris dans un enchevêtrement de feintes et de coups rapides, le bretteur en face de la maîtresse d’armes ne comprit pas la manœuvre sur le coup, et lorsqu’il s’en rendit compte, il était déjà trop tard. Un juron derrière lui confirma de manière sonore que la ligne de mire était bloquée, ou tout du moins partiellement obstruée. Parfait.

Alyria se décida donc à accélérer la cadence, et se lança dans un assaut en apparence furieux, mais en réalité tout à fait contrôlé, qui n’avait d’autre but que de mettre son vis-à-vis sur la défensive avant d’asséner le coup de grâce. Et enfin, l’ouverture tant attendue vint, et un Cho Mai parfaitement exécuté laissa son adversaire à terre, gémissant de douleur. Plus qu’un.

Ou plus exactement, c’est ce qu’elle pensait. En effet, le quatrième larron, celui qu’elle avait frappé de son poing au tout début du combat, s’était relevé après l’amputation de son collègue, et, ayant sorti une nouvelle seringue, il se précipita à l’assaut, sans armes, y allant juste avec la hargne de la fin, du désespoir aveugle, tandis que son dernier compagnon encore en mesure de se battre canardait dans tous les sens.

Prise entre deux feux, Alyria esquiva la seringue aisément, roulant à terre pour éviter de nouveaux tirs de blaster, mais son assaillant la suivit. Elle le tint à distance une première fois d’un mouvement de taille ample, cependant, au mépris de toute prudence personnelle, il revint à la charge. Cette fois, elle n’hésita pas, armant son bras pour un nouveau Shiak. Elle se détendit, tel le faucon fondant sur sa proie… Et plutôt que de tenter d’éviter sa lame, l’homme s’empala presque dessus, évitant donc d’être touché au cœur, et lui attrapa le bras dans un ultime mouvement, tandis que le râle de la mort se faisait déjà entendre. La jedi sentit alors une vive douleur à l’avant-bras, et repoussa le corps désormais inerte, dont les lèvres étaient figées pour l’éternité en un sourire sadique, ce qui révéla une petite lame dépassant de la manche du macchabée, et qui venait de la toucher dans ce mouvement imprévu.

Aussitôt, la bretteuse sentit sa vision se brouiller. Un tremblement la parcourut. C’était du besoin, l’arme préférée des assassins professionnels umbarans. Bon sang, elle était dans de beaux draps. Un nouveau tir de blaster lui rappela qu’en plus, le combat n’était pas terminé… Quoique, de son côté… Déjà elle sentait la sueur recouvrir son front, ses muscles se raidir. Dans un ultime effort, elle relança une vague de force, faisant perdre l’équilibre au tireur et lui offrant de précieuses secondes de répit. Se mettant à l’abri derrière un meuble renversé au cours de la mêlée, elle s’assit, et entreprit de faire appel à la Force pour contrer les effets du poison grâce à sa maîtrise de la Guérison de Force. Les tirs se faisaient plus nourris, menaçant de la blesser davantage d’un instant à l’autre. Mais il lui fallait se concentrer sur la purge de la toxine qui se répandait dans ses veines avant tout.

L’exercice était délicat : à travers la Force vivante, elle devait localiser le venin relativement précisément, puis permettre au flux énergétique de pénétrer dans son corps pour ralentir l’activité de ce dernier, pour la circonscrire puis le faire refluer, avant d’encercler les composants et les détruire. Autant dire qu’un tel procédé requérait une concentration maximale, et un savoir-faire qu’elle n’avait pas forcément dans sa totalité. Une fois encore, elle se bénit d’avoir passé quelque temps au Medcorps dans sa jeunesse, l’expérience acquise là-bas lui ayant plus d’une fois sauvé la vie.

Elle s’ouvrit pleinement à la Force, sourde au monde extérieure, se dépêchant de limiter les effets du poison pour qu’il ne touche pas un organe vital. Alyria n’entendit donc pas son amant parler de l’autre côté, ni son dernier adversaire quitter son couvert pour avancer vers elle. L’infection toxique progressait trop vite, et la jedi comprit rapidement qu’elle ne pouvait que tenter de la ralentir, et elle ne pouvait que se concentrer sur sa tâche, sinon c’était la paralysie, puis la mort assurée. La situation était critique.

La demi-echanie n’entendit donc pas Lorn parler, entièrement concentrée sur sa tâche douloureuse, tout son corps hurlant sa souffrance, tandis que le tireur se rapprochait. Au moment où tout aurait pu se terminer, où un seul tir bien placé aurait pu faire réussir ce pour quoi ces assassins étaient venus, tout s’enchaîna en quelques secondes.

Les soldats venaient de débarquer, et une petite partie entra brutalement dans la pièce. Le Major Olson fit feu, tuant sur le coup le dernier assaillant encore debout. Pendant ce temps, enfin Alyria était venue à bout de sa Guérison, et reprit contact avec le monde autour d’elle. La maîtresse d’armes se releva alors, pâle comme la mort, ses cheveux roux en bataille, collés à son visage par la sueur, mais vivante, et pas trop blessée. Le docteur Mand, qui se tenait en retrait, le blaster cependant dégainé, regarda au sol et vit la seringue. Aussitôt, une lueur de compréhension apparut sur son visage et il siffla :

« Poison… Typique. »

Il s’approcha de la jedi, qui articula difficilement :

« J’ai arrêté la toxine… Pour un temps au moins. »

Mais déjà l’umbaran fouillait dans le kit de survie accroché à sa ceinture, et en retira une fiole au contenu inconnu et une seringue, avant d’élaborer :

« C’est un contrepoison courant. Je devrais être capable de faire mieux une fois les composants de celui qui vous a été administré identifiés. »

Olson le regarda, hocha la tête, avant de dire :

« Je reste avec Maître Vocklan pour interroger les prisonniers et sécuriser les lieux. Mand, vous trois, escortez Madame la ministre dans l’appartement d’Hans. »

Puis il ajouta d’une voix où perçait l’inquiétude, oubliant le protocole :

« Ça ira? »

Alyria grimaça avant de dire :

« Oui, j’ai connu pire… »

Elle sortit donc de l’appartement sous la conduite de Mand et des trois soldats, auxquelles vinrent se greffer l’informaticienne togruta, la seule autre femme de la troupe. Arrivée au second étage, Mand entra avec elle dans la chambrette de la femme, et entreprit de l’examiner, soignant rapidement la brûlure sur son épaule gauche, avant de s’attaquer au poison. La tête dodelinant, fatiguée, Alyria se contenta de suivre le mouvement, et bientôt, elle sombra dans un sommeil comateux.  
                                                                   
Dans l’appartement à présent dévasté, le Major Olson traîna les deux survivants dans la pièce principale, salua le maître jedi restant, et, prenant au collet le premier des prisonniers à sa portée, il lui administra un vigoureux direct du droit avant de cracher :

« Ecoute-moi bien merdeux, contrairement au jedi à côté, je suis pas tenu à éviter de te faire cracher tes tripes. Alors tu vas gentiment me dire ce que toi et tes potes faisaient là et qui vous as envoyé. 

Sinon, tu risques de finir comme ton petit copain avec la main en moins. »

Le Major venait de terminer sa phrase avec un sourire carnassier, révélant au passage qu’un ancien des Forces spéciales n’était pas forcément l’interlocuteur le plus doux pour un interrogatoire en règle. Mais il s’en fichait comme d’une guigne à l’heure actuelle, seul comptait le résultat, au diable la morale bien-pensante.
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Comme tout le monde le jeune homme aimait profiter des fugaces moments de calme et de repos que la vie daignait lui offrir de temps à autres, ce n’était pas une simple coquetterie que d’aimer prendre le temps de s’arrêter et de profiter de la vie de temps à autres, non ? Ou du moins ce n’était pas parce que le jeune homme était devenu un jedi que cette possibilité avait subitement disparue du jour au lendemain, avant d’être un jedi le jeune maître était un homme comme les autres avec les mêmes aspirations que ses congénères. Le soir était le seul moment de la journée où aucune pensée de venait perturber son esprit, où il pouvait se relaxer sans penser à rien du tout…enfin je crois. Alors comment espériez-vous qu’il réagisse en voyant quelques gougnafiers venir perturber sous sommeil de la sorte ? Jedi ou pas, il y avait des limites à ce qu’il était capable d’accepter et de supporter calmement, surtout après s’être fait attaquer par des gangsters à deux sous quelques heures plus tôt.
Il s’était donc réveille en sursaut mais, si d’habitude il se réveillait avec des cauchemars plein la tête, la vision qu’il eut à ce moment-là fut bien différente de ce à quoi il était habitué. Des hommes tout de noir vêtus ? Ici ? En voilà une visite nocturne imprévue, tout de moins voilà la première pensée qui traversait l’esprit du jeune maître alors qu’il s’extirpait difficilement de son sommeil bien mérité. Il appréciait de temps à autres les surprises et le fait de se réveiller avec la charmante créature qui dormait dans la chambre d’à côté, mais il se serait bien passé de cette petite visite nocturne. Et puis, les garçons, ce n’était pas du tout son truc ! Hein ? Comment ça je m’égare ? Ah oui, reprenons !

Il s’était donc réveillé et, rapidement, ses sens de guerrier prirent le dessus et le forcèrent à se réveiller plus vite qu’il ne le voudrait, un peu comme une douche froide mais avec les risques d’attraper la crève en moins. Il ne savait pas ce que ces hommes venaient faire ici, ce qu’ils cherchaient ou cherchaient à faire mais cela n’avait pas la moindre importance à ses yeux : ils n’étaient pas les bienvenus ici et allaient s’en mordre les dents. Oui oui, s’en mordre les dents, vous m’avez très bien entendu. C’est possible.
Ils semblaient entraînés, suffisamment entraînés, mais personne ne les avait entraînés pour faire face à des utilisateurs de la Force ou du moins fut-ce ce que put en conclure le jeune homme lorsque l’un d’eux vint embrasser la table basse et le mur sans avoir le temps de faire quoi que ce soit. Quelques tirs, des parades au sabre laser, quelques coups de pied bien placés et les 3 assaillants et leur chauffeur furent tous neutralisés sans trop de bobos…enfin…tout est relatif. Oui, l’un d’eux n’allait pas pouvoir se moucher correctement pendant un moment et l’autre aurait l’épaule immobilisé pour un certain temps mais ils étaient tous en vie et allaient pouvoir cracher le morceau. Mais avant cela il y avait plus important, le jeune homme sentit la souffrance de sa camarade à travers la Force et se dirigea vers la pièce, malheureusement il fut devancé par l’arrivée des soldats qui abattirent le dernier assaillant avant de s’occuper de la demoiselle, blessée pendant l’affrontement.

Certaines personnes moins scrupuleuses se seraient sans doute réjouies de ne pas être les seules à avoir été blessés aujourd’hui, mais Lorn n’était clairement pas de ces personnes-là. Inutile d’être sensible à la Force pour sentir qu’il s’inquiétait pour la demoiselle mais ne pouvait pas le montrer. Pourquoi ? Parce qu’il devait sauver les apparences et que, comme toujours, la mission passait avant ses petites inquiétudes personnelles. Il allait devoir interroger ces gaillards et, même si cela lui était pénible, il devait laisser l’escorte se charger de prendre soin de la demoiselle. Il aurait voulu la soigner, prendre soin d’elle et tout ce que cela impliquait, mais ils avaient fait un marché : ne jamais laisser leurs émotions personnelles s’interposer dans l’accomplissement de leur devoir. C’était bien la première fois qu’il devait mettre à l’épreuve cette promesse et cela lui était difficile, néanmoins, serrant les dents, il s’ouvrit à la Force pour retrouver un semblant de calme.

En colère ? C’était peu dire oui, mais il savait qu’il devait réprimer ce sentiment car il ne savait que trop bien où cela pourrait le mener. Il s’efforça donc de faire paix dans son esprit tandis que le petit groupe quittait l’appartement, laissant les intrus seuls avec le maître et le major que Lorn ne connaissait qu’assez peu. Mais bientôt le major parvint à décrocher un sourire discret sur le visage du maître en faisant preuve d’une brutalité et d’une honnêteté amusantes, cela faisait plaisir de voir quelqu’un qui ne s’embarrassait pas de manières.
Posant sa main sur l’épaule du major pour lui signifier qu’il prenait le relai, le garçon s’approcha des prisonniers, assis par terre et ligotés proprement. Se raclant la gorge pour s’éclaircir la voix, Lorn s’approcha du premier des prisonniers, celui qui avait embrassé la table basse de tout à l’heure, avant de déclarer :

« Bon. Je crois que nous ne sommes pas partis du bon pied, vous et moi. Laissez-moi mettre les choses au point. »

Faisant quelques pas vers ledit prisonnier, il plongea ses yeux vers lui et e=s’exclama sur un ton calme et posé :

« Ça c’est pour m’avoir tiré de mon sommeil. »

Cette phrase fit écho au bruit de son genou rencontrant le visage de l’assaillant, ce dernier fut projeté en arrière dans un râle de douleur et d’un gargouillis signifiant que du sang était en train d’envahir sa bouche et sa gorge. Se tournant ensuite vers un autre gaillard à portée, il lui expédia un crochet du droit qui lui fractura la mâchoire, avant de conclure par :

« Et ça c’est parce que je suis grognon au réveil. »

Le silence s’installa immédiatement dans cette salle ravagée par l’assaut et, alors qu’il se redressait, Lorn sentit le regard du major se poser sur lui. Se tournant vers le major qui arborait un air surpris, le maître haussa les épaules d’un air léger avant de lancer :

« Eh bien quoi ? C’est la deuxième fois aujourd’hui, pour moi. Ça commence à bien faire. »

Cette réponse décrocha un sourire au major qui vint se positionner dans un coin de la pièce, gardant bien en vue cette bande de malotrus qui avaient fait l’erreur de leur vie en pénétrant dans cet appartement. Prenant une profonde inspiration pour reprendre son calme et se donner une contenance, ignorant les regards assassins de ces…eh bien…assassins, le garçon tapa dans ses mains pour avoir leur entière attention avant de lancer sur un ton qui ne souffrait aucune ambigüité :

« Reprenons. Vous allez nous dire qui vous a embauché sinon la seule chose que vous sentirez sera le goût du pavé, en bas de l’immeuble, quand je vous balancerais par la fenêtre. Et au cas où vous vous poseriez la question, jedi ou non, je ne plaisante jamais quand je menace. »

Même s’il était assez peu naïf, le jeune homme espérait que sa petite démonstration aurait aidé à délier certaines langues mais il n’en fut rien, tous choisirent de se murer dans un silence qui rendait la situation pour le moins gênante. Arquant un sourcil de surprise, le garçon lança alors :

« Personne ? Comme c’est dommage, je vais devoir me montrer inventif. J’ai toujours voulu savoir combien de membres je pouvais couper à quelqu’un avant qu’il ne s’évanouisse sous l’effet de la douleur. Qui veut me servir de cobaye ? »

Haussant les épaules, le garçon décrocha son sabre laser de sa ceinture, arborant cet instrument de mort à la vue de ces assaillants afin de leur clarifier quelque peu la situation. Mais l’un d’entre eux ne sembla nullement impressionné par ces belles paroles et s’écria sur un ton méprisant :

« Tu bluffes, pourriture de jedi. Tu ne peux pas volontairement nous faire souffrir, c’est contre tes principes. »

C’était amusant de voir quelqu’un se débattre avec rien d’autre que des insultes pour seuls arguments, ces hommes se savaient perdus et leur résistance était aussi futile qu’amusante. Ils finiraient par parler, ils finissaient tous par parler d’une façon ou d’une autre et ils ne seraient pas différents des autres. Arborant toujours son air surpris, le maître répondit à cette phrase par un simple :

« Oh, vraiment ? Vous direz ça à ceux qui ont fait la même erreur que vous, plus tôt dans la journée. Oh non, j’oubliais, ils ne pourront plus vraiment vous répondre. »

Oui il bluffait en partie, en partie seulement mais ces prisonniers ne pouvaient pas vraiment en avoir la certitude, ils doutèrent d’ailleurs encore plus quand Lorn expédia un coup de pied fouetté dans la tête de celui qui avait osé ouvrir sa bouche pour autre chose que fournir la réponse attendue. Ils n’étaient plus nombreux à être en état de parler, à peine deux ou trois mais cela serait bien suffisant.
Ayant terminé de montrer à quel point il était sérieux sur ce coup-là, le garçon leva sa main et observa le manche de son arme d’un air attentif, comme s’il redécouvrait son arme sous un jour nouveau. C’est sans décrocher son regard de son arme qu’il précisa alors :

« Au cas où vous n’auriez pas remarqué, si vous avez déjà rencontré certains de mes collègues, je ne suis pas aussi complaisant qu’eux. Tendre l’autre jour n’est pas vraiment mon genre. Par contre vous faire bouffer vos dents, une par une, jusqu’à ce que vous parliez…ça, oui, c’est plus dans mes cordes. Je n’aime que moyennement qu’on cherche à me tuer, et puisque je ne peux pas mettre la main sur votre employeur, vous me servirez de défouloir jusqu’à ce que l’un de vous retrouve un semblant de bon sens et crache le morceau. Alors ? Qui est-ce que ce sera ? »

La tension était désormais palpable à travers la Force mais aucun d’eux n’osa parler pour autant. Soupirant devant ce qui lui semblait être une perte de temps, le garçon alluma son arme dans un vrombissement familier, éclairant son visage d’une lueur violacée avant de s’approcher du petit groupe.

« Bon. Tant pis, fini de jouer. Tendez les bras, ça risque de piquer un peu.»

Brandissant son arme au-dessus de sa tête, face au premier assaillant devant lui, il arma son coup et abaissa subitement son bras au moment où ledit assaillant choisit de cracher le morceau avec une lueur de panique dans la voix.

« Non, non !! Attendez !!!! J’sais pas qui m’a employé, j’ai jamais vu sa tête ! J’le jure ! »

Ah, tout de même ! Il commençait presque à désespérer d’arriver à les faire parler sans devoir trop les amocher ! Mais étrangement la perspective d’une mort imminente délia la langue de l’un d’entre eux qui corrigea son camarade par un :

« Moi non plus ! J’sais juste que c’était une femme ! »

S’ajoutant à la petite fête, le troisième larron capable de parler s’écria alors :


« Une femme, qu’est-ce qu’tu racontes ? C’était un homme ! »

Qu’est-ce que c’était que ce bordel ? Ils avaient deux commanditaires différents pour la même attaque ? Deux personnes différentes cherchaient à couper court à leur petite investigation surprise ? L’homme en question était-il le même beau parleur que celui dont Lorn avait appris l’existence, quelques heures plus tôt, par le biais de ces gangsters à deux crédits ? Il espérait que ce soit le cas car ce serait leur plus grosse preuve depuis leur arrivée sur cette fichue planète.

« Quoi d’autre ? »

C'était un bon début mais il n'allait clairement pas s'arrête en si bon chemin. L'un de ces hommes devenus soudainement bavards reprit donc par:

« L’homme il lui manquait un doigt, c’est tout ce que je sais ! »

L’autre homme rebondit sur le sujet, comme précédemment, en soutenant son camarade par un :

« Ouais, pareil ! Un doigt en moins à sa main gauche ! »

Se tournant vers le major après s’être assuré que ces hommes ne pouvaient rien lui apprendre de très intéressant, le garçon montra la porte d’un signe de tête avant de demander au soldat :

« Major, pouvez-vous aller voir comment va maître Von, pour moi ? Je surveille ces braves petits pendant votre absence. »

Le major regarda tour à tour les prisonniers et le maître avant d’acquiescer d’un air entendu, laissant le maître seul avec ces intrus indésirables. La porte se ferma dans un claquement sort, instaurant un silence de mort que seul Lorn s’autorisa à briser. Un air sévère sur le visage, le sabre laser désactivé toujours dans sa main droite, il toisa du regard chaque prisonnier avant de leur lancer sur un ton cassant :

« Si vous croyez en une divinité, priez. Si le poison l’a bien amochée, seule l’intervention d’une force supérieure m’empêchera de vous balancer par cette fenêtre. Code jedi ou pas. Alors, priez.»

Bluffait-il ou pensait-il vraiment tous les mots qui sortirent de sa bouche ? Même lui, sur le coup, n’aurait su le dire. Une partie de lui voulait suivre les enseignements des jedis et l’autre partie de lui voulait couper en deux dans le sens de la hauteur celui qui avait osé lui injecter ce poison. Mais pour l’heure il se devait de rester calme et d’attendre le verdict…la première personne qui rentrerait dans cette pièce déterminerait si ces hommes devaient vivre ou mourir. Du moins était-ce ce qui semblait être.
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« Voilà bien un jedi à mon goût. Pardi, tu l’aurais vu Mand… Flippant. Je pensais qu’il allait me faire une réflexion mais rien… A côté, c’est limite si j’ai pas eu l’air d’un gentil. »

« A ce point ? »

« Je te jure. Sacrément convainquant comme bluff, pendant un moment, j’ai vraiment cru qu’il allait les découper sur place. »

« Et… ? »

« Bah ils ont craché tout ce qu’ils savaient ces types, tu crois quoi ? A leur place, j’en connais pas mal qu’auraient fait pareil. Bon sang, faut vraiment que ce gars vienne filer des cours aux bleus des forces spéciales sur les interrogatoires… »

« Mmh… Du coup, qu’est-ce qu’on sait ? »

« Pas grand-chose. Déjà, cette bande d’imbéciles n’était même pas fichue de se mettre d’accord pour savoir si leur commanditaire était un homme ou une femme… »

« Peut-être qu’ils ont été engagé par deux personnes différentes ? »

« Ouais. Possible. Ah, et il manque un doigt au gars. Avec ça, on est bien avancé. Punaise, cette planète pue… Enfin, euh… Tu vois ce que je veux dire.»

« Ça va oui. Si je suis parti dès que j’ai pu, c’est qu’il y avait une bonne raison pour ça. »

Le Major Olson grommela dans sa barbe quelque chose qui ressemblait à un assentiment, puis finit par demander ce pourquoi il était là depuis le début :

« Comment elle va ? »

« Son état est stabilisé. A vrai dire, c’est l’avantage de soigner des jedis… Leurs pouvoirs curatifs ont tendance à faire le gros du travail. J’ai purgé le poison qui restait, et vu sa constitution, elle devrait se remettre très rapidement sans problème. La toxine n’a presque pas eu le temps de se propager… Ce qui est une chance. »

« Vous savez, messieurs, cela fait toujours très étrange quand on entend parler de soi alors qu’on est présent dans la même pièce. »

La voix d’Alyria avait claqué soudainement, douce, mais suffisamment assurée pour paraître ferme. Les deux hommes sursautèrent avant de se retourner dans un même mouvement synchronisé. A vrai dire, la simultanéité de la réaction était telle qu’elle aurait presque pu comique, si les circonstances s’étaient prêtées au rire. Mand se précipita vers la maîtresse d’armes, et commença à l’ausculter rapidement, tout en expliquant avec un rire nerveux :

« Ah oui, désolé Madame la Ministre, nous ne savions pas que vous étiez réveillée… D’ailleurs, euh, cela fait combien de temps que vous… ? »

« Que je vous écoute ? Pas longtemps, juste assez pour avoir suivi une partie de votre conversation. Et en effet, cela fait assez peu d’éléments…»

L’espace d’un bref instant, le souvenir d’une main avec un doigt en moins apparut dans son esprit encore un peu embrumé, mais elle était parfaitement incapable de situer exactement à qui elle appartenait. C’était plus une sorte de réminiscence instinctive qui était apparue dans son cerveau, pas quelque chose de réellement conscient. Une fois encore, est-ce que la Force essayait de la prévenir ? Ou bien était-ce simplement le résultat de ses neurones fatigués mais néanmoins encore en état de fonctionner ? Elle ne savait pas, et pour le moment était incapable de trancher.

Se concentrer. Faire le vide dans sa tête afin de garder les idées claires tant qu’elle était en état de réfléchir et de parler. Voilà ce qu’Alyria devait faire maintenant, et si l’effort était non négligeable, il n’était pas hors de portée. La trentenaire inspira longuement, appelant à elle la Force pour la soutenir et l’aider à apaiser son esprit. Puis elle posa son regard vert sur le géant blond et demanda d’une voix sourde :

« Racontez-moi ce qui s’est passé. »

« Oh, euh, je crois que vous avez entendu l’essentiel… »

« C’est un ordre Major. »

Cette fois, son ton était clairement sec, autoritaire. Alyria ne se sentait pas d’humeur à finasser, et tenait à être traitée non pas en blessée, mais en maître jedi… Et en ministre en exercice. Hors de question qu’on ménage sa sensibilité, c’était ridicule.

Le Major Olson la dévisagea longtemps, car c’était bien la première fois que la duelliste faisait valoir de manière aussi explicite sa supériorité hiérarchique. Puis, finalement, il soupira avant de raconter l’intégralité de l’interrogatoire.

Même si elle sentait que le militaire atténuait certains passages volontairement, la sang-mêlée ne put s’empêcher de pâlir légèrement en l’entendant… Alyria savait que Lorn était beaucoup plus direct, et qu’il n’aurait sans doute jamais mis sa menace à exécution… Enfin du moins elle en était persuadée. Mais ce que décrivait le soldat était clairement à l’extrême limite de ce que permettait le code. Etait-ce le fait de la voir mal en point qui avait conduit à une telle approche ? Si tel était le cas…

Toutes sortes de pensées se bousculaient dans son esprit. C’en était étourdissant. Un vertige la prit, la tête lui tournait. Non, il fallait qu’elle se ressaisisse, qu’elle ne se laisse pas déborder par ses angoisses personnelles et purement liées à autre chose qu’à la mission et à la situation présente. Garder sa focalisation sur un seul sujet, celui qui devait retenir son attention : voilà l’attitude à adopter.

Sauf que le Major ne l’aidait pas vraiment dans cette tâche quand il ajouta, presque timidement :

« Maître Vocklan voulait savoir comment vous alliez, en fait… Il avait l’air inquiet. »

Réprimant à la dernière seconde le soupir qui s’apprêtait à franchir ses lèvres en écoutant l’homme confirmer ce qu’elle pensait, et redoutait en son for intérieur, la jedi dut faire appel à tout son self-control pour parvenir à dire calmement :

« Dites-lui que je viens bien et de ne pas s’inquiéter inutilement. Un bon repos et il n’y paraîtra rien. Quant aux suspects, veillez à ce qu’ils soient soignés et en état de parler. Contactez aussi la police fédérale… Ces hommes répondront de cette tentative d’assassinat devant la justice de la République.  …»

« Bien. »

Le Major exécuta un salut militaire puis sortit rapidement, laissant Alyria seule avec Mand. Epuisée, la jedi se rallongea, sous l’œil du médecin qui brillait d’une lueur de sympathie puis dit d’une voix douce :

« Je pense qu’ils prendront tout en charge correctement. Vous pouvez vous reposez. Je vous ai administré des médicaments pour évacuer définitivement toute trace du poison et restaurer une partie de vos forces. Il n’y paraîtra plus demain… Enfin, plus trop. »

Il ajouta, l’air presque admiratif :

« Je savais que les jedis avaient des pouvoirs de guérison… Mais c’est très impressionnat, cette toxine est particulièrement redoutable ordinairement… »

La phrase fut laissée en suspens, ne laissant guère de doutes quant à ce que l’umbaran sous-entendait. Dans un souffle, Alyria expliqua :

« Je ne suis pas la meilleure guérisseuse du Temple, loin s’en faut, ce n’est pas forcément mon domaine de prédilection. Mais une guerrière doit savoir prendre soin d’elle sur un champ de bataille, aussi j’ai passé pas mal de temps au Medcorps jedi pour apprendre quelques techniques curatives…

Je ne mentais quand je l’ai dit à Lars Panq, vous savez. »

« Oh… Je me demandais… J’aurais dû savoir qu’une jedi ne mentirait pas sur un tel sujet. Navré Maître Von. »

Avec un soupir cette fois-ci clairement audible, Alyria déclara :

« Les jedis peuvent avoir beaucoup de réactions différentes… »

« Certes. Mais… Enfin, ça n’a pas d’importance. Reposez-vous, nous prenons le reste en charge. »

La maîtresse d’armes aurait voulu savoir ce que signifiait cette hésitation dans la voix de l’umbaran, mais la fatigue la submergea à nouveau : son organisme réclamait le repos que le médecin lui conseillait, et les produits médicaux ingérés la rendaient somnolente. Elle ferma les yeux, et une fois de plus, sombra dans le néant.

Pendant ce temps, le Major Olson était remonté dans l’appartement dévasté après avoir avisé leur agent des renseignements de contacter les instances demandées par sa supérieure hiérarchique et rameuté ses hommes, et avisa un moment les prisonniers qui avaient l’air tout sauf rassurés et le fixaient avec une appréhension vivace et lisible sur leurs visages. L’homme s’éclaircit la gorge avant de dire d’une voix claire au maître jedi :

« La ministre va se remettre, Maître Vocklan. D’après notre médecin, ses pouvoirs de jedi ont stoppé le poison avant qu’il ne cause de dégâts majeurs, et il s’est occupé de purger le reste. Elle m’a a chargé de vous dire de ne pas vous inquiéter, elle va bien. »

Puis il en vint au reste du message, et il se tourna cette fois-ci vers les prisonniers avant de leur dire :

« Vous pouvez remercier la ministre de sa clémence, elle a insisté pour que vous soyez soignés… On va vous garder là le temps de vous transférer autre part. Vous allez passer un bon moment en prison mes cocos… »

Les soldats passèrent dans les rangs des assassins pour leur administrer les premiers soins, avec au demeurant une mauvaise volonté manifeste et une douceur toute relative… Tout en les observant, le Major Olson se rapprocha de Lorn et lui souffla :

« Nous allons nous relayer pour les garder le temps que les fédéraux arrivent pour les cueillir. Ils devraient arriver dans la matinée je pense. Entre temps, vous pouvez allez-vous reposer aussi, je vous laisse ma propre chambre. Nous allons aussi transporter les documents de la ministre à notre étage… Mieux vaut ne pas les laisser là.»

Aussitôt dit, aussitôt fait, le Major organisa son petit monde, et les heures s’écoulèrent, mornes.

Quand Alyria se réveilla, elle était seule dans la petite pièce, et mit un moment pour se rappeler ce qu’elle faisait là. L’attaque, le poison… Le reste. La maîtresse d’armes, se sentant encore un peu nauséeuse, s’assit en tailleur sur le lit, et entreprit de méditer afin d’avoir son esprit définitivement en état de fonctionner. Combien de temps resta-t-elle ainsi ? Elle n’en avait aucune idée. Mais le résultat était là : après ce moment réparateur sur le plan mental, elle était à nouveau alerte, au moins intellectuellement. Se levant avec précaution, la jedi constata qu’elle était en état de marcher et fit quelques pas. Du coin de l’œil, elle remarqua qu’on avait déposé ses papiers dans un coin de la chambre. Une bonne chose.

Sortant de la salle, elle fut accueillie par un Major Olson à la mine fatiguée qui lui demanda immédiatement comment elle se sentait.

« Bien merci. Enfin mieux en tout cas. »

Visiblement rassuré, l’homme enchaîna sur un rapport des événements. Quand Alyria apprit que les fédéraux avaient débarqué deux heures environ auparavant, elle haussa un sourcil et demanda :

« Attendez… Quelle heure est-il ? »

Quand Olson lui répondit, une expression parfaitement stupéfaite s’afficha sur le visage de la jedi… On était en tout début d’après-midi, autant dire qu’elle avait dormi pendant un sacré bout de temps…

Un peu sonnée, elle mit quelques instants avant de reprendre ses esprtis, puis enchaîna tout de même en interrogeant le Major sur le lieu où se trouvait Lorn.

« Je pense que Maître Vocklan est toujours dans ma chambre… »

Alyria le remercia et se dirigea vers la salle indiquée par le soldat. Elle entra et y trouva son amant. La demi-echanie regarda l’épicanthix un long moment, ne sachant que dire.

Finalement, d’une voix qu’elle tentait de rendre assurée, elle déclara :

« Olson m’a raconté, pour l’interrogatoire. Ce qui c’était passé. »

Bon, voilà qui était dit. Prenant une grande inspiration, elle ajouta :

« Ca a dû être… Intense. »

Le mot était mal adapté, mais elle ne savait trop que dire pour faire comprendre son malaise. Une longue pause se fit, avant que la trentenaire ne reprenne :

« Enfin… Je sais que tu as dû t’inquiéter pour moi mais… Ce n’était pas la peine d’y aller aussi fort, je t’assure. »

Etait-ce un reproche ? Un peu évidemment. Même si ce genre de méthode pouvait être utilisé par certains jedis comme les Ombres ou certaines sentinelles, Alyria n’approuvait pas forcément. Elle comprenait, bien sûr, mais soudain, le doute sur leur relation la prenait. Aurait-il agi ainsi s’il ne s’était pas agi d’elle ? Quand bien même, n’était-ce pas, peu importe la réponse, une difficulté pour eux ? Ses questionnements devaient se sentir dans la Force, et se lire sur son visage, elle en avait conscience. Mais c’était plus fort qu’elle.

Cependant, il lui fallait se reprendre. Ce genre de problèmes personnels n’avait rien à faire en pareille situation. Ils régleraient cela plus tard. Il y avait plus urgent.

« Bon, bref…

Je pense qu’il est temps que j’aille forcer quelques portes au Conseil dirigeant de cette planète. Je veux des réponses, et ils ne me les refuseront pas. Pas après ça…

Et de ton côté, peut-être qu’enquêter sur ce fameux entrepôt est nécessaire. On n’a pas beaucoup de pistes, c’est la seule qui puisse mener à quelque chose… Pour le moment. »
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Le jeune homme se serait menti à lui-même s’il disait ne pas avoir songé, pendant un instant, à faire bouffer leurs dents à tous ceux qui avaient osé perturber son sommeil et avaient fait du mal à sa chère et tendre, mais fort heureusement la différence entre lui et un adepte du côté obscur résidait dans le fait, ou non, de concrétiser cette idée. Certes malgré ses enseignements de jedi il ne pouvait pas totalement taire le guerrier qui sommeillait en lui et, de temps en temps, cet aspect de lui refaisait surface sans pour autant prendre le dessus. Oui, de par son éducation et son expérience il savait que la douleur pouvait permettre d’arriver à ses fins et, dans le cas présent, ces assaillants n’avaient clairement pas mérité qu’il prenne des gants avec eux. Jedi ou pas, bienveillant ou non, ces hommes avaient tenté de le tuer, lui et sa compagne, ils n’étaient donc clairement pas en position d’exiger un doux traitement.

Oh oui, en croisant le regard du major le jeune homme avait bien compris qu’il n’agissait pas comme un jedi ou du moins pas comme l’image qu’on se faisait de ces défenseurs de la paix et de l’équilibre, il savait bien qu’il était beaucoup trop extrême même parmi les jedis les plus extrêmes mais il était un peu trop tard pour revenir en arrière. Comme quoi ce n’était pas toujours une bonne chose que d’agir sans réfléchir, à chaud, n’est-ce pas ? Effectivement il faudrait peut-être qu’il apprenne à tempérer ses réactions, il n’était jamais trop tard pour s’améliorer !
Les bras croisés devant la poitrine dans un silence de mort, le jeune homme se tenait donc toujours debout, face aux assaillants lorsque le major pénétra enfin de nouveau dans la pièce pour rassurer le jeune homme en lui apprenant que sa camarade et amante était saine et sauve et que, de ce fait, ces hommes n’auraient pas besoin de faire un vol plané à travers la fenêtre. Retenant un soupir de soulagement en se disant que tout finissait bien, finalement, le jeune homme fit un signe de tête au major avant de le remercier d’un simple et concis :

« Merci, major. »

Laissant le major expliquer à ces criminels ce qui les attendait, le jeune maître croisa ses bras devant sa poitrine, voyant le soldat s’approcher de lui pour lui expliquer ce qui allait se passer ensuite. Les soldats allaient se relayer pour surveiller ces malfaiteurs le temps que les autorités arrivent et les embarquent, laissant les deux maîtres se reposer pendant quelques heures. Acquiesçant d’un signe de tête pour accepter la proposition du major, le jeune maître se tourna vers lui et le gratifia d’un simple :

« Bien, je vous laisse prendre la suite. »

Ramassant les tablettes de données dont il allait avoir besoin, le jeune homme quitta la pièce et se dirigea dans ladite chambre indiquée par le major, passant devant son amante endormie qu’il ne souhaita nullement réveiller : elle avait besoin de repos, bien plus que lui. Silencieusement, à pas de loup, il s’éclipsa donc dans la pièce à côté et s’assit sur la couchette devant lui. Les jambes croisées, posant sur elles la première tablette de données le garçon négligea totalement de s’habiller et plongea dans la lecture des données qui lui serviraient pour sa petite expédition qu’il effectuerait d’ici quelques heures.
Dormir ? Oula non, maintenant qu’il était réveillé il lui serait impossible de se rendormir comme si de rien n’était, il préférait nettement mettre son temps à profiter et passer en revue plusieurs fois les informations acquises jusqu’à présent. Les heures s’écoulèrent et le jeune homme fut plongé si profondément dans sa lecture qu’il ne sentit même pas sa camarade arriver. Comme il se doutait bien elle avait eu vent de ses méthodes pour le moins expéditives et aborda le sujet en mettant le mot « intense » sur sa prestation. Les yeux braqués sur sa tablette, toujours aussi légèrement vêtu que lors de son réveil involontaire, le garçon répondit :

« Brutal serait plus exact. »

Bien sûr il se doutait bien de ce qui devait passer par la tête de la demoiselle au moment où elle tenta de le rassurer en lui disant qu’il n’avait pas besoin de s’inquiéter pour elle. Ne pas s’inquiéter ? Vraiment ? Plus facile à dire qu’à faire. Désireux de mettre les choses au point, la tête toujours baissa vers les données qui défilaient sous ses yeux, il expliqua alors calmement que :

« C’est la seconde tentative d’assassinat que je subis en moins de 24 heures. Je n’ai pas vraiment le luxe de pouvoir prendre des gants pour leur faire cracher le morceau. Ils sont entraînés et payés pour tuer, simplement discuter avec eux ne servirait à rien. »

Que dire de plus ? Ces hommes étaient plus entraînés que les crapules neutralisées quelques heures plus tôt dans cette ruelle, Lorn avait donc supposé que les briser et les convaincre prendrait bien plus de temps qu’il n’en avait à disposition. La solution ? Sa force de persuasion légendaire.
Soupirant de fatigue autant que de lassitude en repensant à ce qu’il avait fait, il laissa négligemment tomber la tablette sur la couchette avant de se masser son cou endolori par cette position immobile fort peu confortable.

« Je sais ce que tu vas dire. J’ai probablement enfreint le code, j’ai fait preuve d’une violence gratuite et injustifiée pour parvenir à mes fins et, dans un sens, je me rapproche de la façon de faire des siths. »

Se redressant de sa couchette, le garçon commença à rassembler ses affaires entassées là et à les enfiler une à une, se préparant à sa petite visite future. Que pouvait-il vraiment dire pour sa défense de toute façon ? Il avait merdé et agi sur le coup de la précipitation sans envisager la possibilité de leur parler, préférant la voie de la facilité à la voie de la sagesse.

« Sache que je n’y ai pris aucun plaisir. Mais j’ai appris que la douleur était un très bon professeur et qu’elle peut délier bien des langues. J’aurais agi exactement de la même façon pour n’importe quel jedi, ce n’était pas juste parce que c’était toi. »

Terminant finalement d’enfiler son manteau en cachant dans ses manches le bandage qui lui rappelait son échec d’il y avait quelques heures, le garçon cacha son sabre laser en l’accrochant sur le côté de sa ceinture avant de reporter son attention sur son amante qui, comme de juste, ne pouvait que s’inquiéter pour lui et pour elle.

« Mais en pensant à la possibilité que le poison pourrait avoir raison de toi, l’idée de les balancer par la fenêtre m’a traversé l’esprit. Je ne l’aurais pas fait, mais j’y ai songé l’espace d’un instant. Je sais, je fais un piètre jedi et un piètre homme. Je méditerai sur ma faute plus tard.»

S’approchant finalement d’elle, prêt à partir visiter ce bâtiment abandonné en espérant ne pas faire choux blanc cette fois, le jeune homme posa ses deux mains autour du visage de la demoiselle avant de déposer un doux baiser sur ses lèvres plus sur son front. L’enlaçant tendrement dans une première et dernière étreinte, le garçon s’écarta finalement avant de conclure par un :

« Crois-moi, je n’use pas de violence parce que j’en tire du plaisir. J’en use quand je sais que c’est la seule solution. Enfin bon…en parler ne te fera probablement pas changer d’opinion. Je suis irrécupérable. Bonne chance pour tout à l’heure.»

Lentement, sans un mot de plus, le garçon s’approcha désormais de la sortie de cet appartement avec la ferme intention de ne pas revenir bredouille ou blessé cette fois-ci. Plus les heures passaient et plus l’envie de quitter cette planète se faisait pressante. Plus tôt il aurait bouclé cette affaire, mieux ce serait.
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