Le Masque de la Force
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Soudain, sur tous les écrans, un visage apparaît : celui du Sénateur Scalia, à demi souriant, l’œil pétillant tandis qu’il toise fièrement la Rotonde depuis sa plate-forme. Celle-ci s’élève pour faire le tour du Sénat. Des applaudissements et des cris et de joie retentissent, parfois lointainement perturbés par des sifflements consternés et des cris de rage. Le tapage se fait entendre jusqu’au dehors de l’édifice où les journalistes commentent frénétiquement les résultats de l’élection.

Les minutes de gloire sont brèves, néanmoins, car l’urgence et le protocole exigent que l’on revienne rapidement à des choses sérieuses. La passation officielle de pouvoir étant prévue à quelques jours plus tard, le nouveau Chancelier Suprême remet à plus tard son discours de prise de fonctions et laisse le soin à son équipe de présenter le nouveau gouvernement qu’il a choisi. Quant à lui, après un dernier salut glorieux à la foule, il se retire vers son tout nouveau bureau, à peine délaissé par le Chevalier Arnor, pour y traiter sa toute première problématique : la présence des Sith sur Byss, au sujet duquel des experts ont déjà été triés sur le volet pour accompagner Valerion Scalia au sein de sa première cellule de crise…
Le Ministre Rejliidic, quant à lui, quitte la Rotonde, satisfait. Il faut qu’il rejoigne au plus vite la salle de réunion qu’il a prévu pour mettre en place les accords les plus urgents entre les membres du gouvernement en l’absence du nouveau Chancelier et pendant que Lord Janos est occupé à annoncer au Sénat la composition du gouvernement Scalia. Il sait par exemple qu’il va avoir à faire aux Jedi, et mieux vaut cerner ceux-là immédiatement.

Cela tombe bien, le Chancelier a désigné en Leto Vorkosigan, un Maître Jedi, comme représentant de l’Ordre auprès du Sénat. Ce dernier a pour tâche, dans un premier temps, d’examiner avec ce nouveau gouvernement les liens existants entre Jedi et République afin de mettre au clair le rôle des Jedi dans cette nouvelle politique. Et avec les évènements de Byss, il y a de quoi faire…

Le Ministre Rejliidic pensait pouvoir s’occuper de ce Falleen en tête à tête avec assez de facilité : il est bien connu que les Jedi sont plein de bons sentiments qui les aident à être raisonnables lorsque c’est nécessaire. Ce qu’il n’avait pas prévu, en revanche, c’est que Lord Janos avait bien senti que le Hutt profiterait de son emploi du temps chargé pour organiser les choses à sa manière… Mais le Sénateur d’Aargau savait avoir des yeux et des oreilles là où c’était nécessaire. Ce fut donc tout naturellement que Mademoiselle Evans, son assistante, trouva facilement la salle de réunion pour assister à sa cet échange… Voir à influencer les décisions prises de la manière qui lui semblerait la plus judicieuse pour les intérêts du Sénateur d’Aargau…





Seuls les joueurs Ragda Rejliidic, Gabrÿelle Evans & Leto Vorkosigan sont autorisées à poster dans ce sujet.
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Votre combat est une joute verbale ! Vous devez donc utiliser la parole pour débattre autour des questions évoquées en introduction. Vous serez jugées sur la pertinence des propos de votre personnage mais aussi sur son charisme, la façon de parler des personnages (en cohérence avec son statut), et la qualité générale de votre RP. Bonne chance !

Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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« Oui monsieur, tout de suite monsieur. » répondit, respectueusement, le Hutt au nouveau Chancelier Suprême de la République Galactique, par l'intermédiaire du communicateur intégré de son chariot répulseur. L'ancien et le nouveau Ministre de l'Economie et du Trésor fonçait au travers des corridors de la rotondes, ceux-là même réservés aux membres du gouvernement et à leurs armées de haut-fonctionnaires et gratte-papiers en tout genre. Déjà habitués à son adipeuse présence, compte tenu de ses années de services dans le gouvernement d'Arnor, ceux-ci se poussaient tout naturellement à sa simple vue.

Ragda, lui, se déplaçait ici comme dans son élément, comme s'il s'agissait de sa seconde demeure. Il connaissait chacun de ces visages, sans forcément se remémorer leurs noms. L'arrivée de Chancelier Scalia à la tête du gouvernement était synonyme de remaniement, mais la plupart de ces haut-fonctionnaires garderaient un poste compte tenu de leur expérience... Tout en méditant là dessus, il ne put s'empêcher de sourire. Un large sourire hideux qui lui barrait sa face boursouflée. Oui, il éprouvait de la satisfaction, énormément de satisfaction. Il avait su manipuler ses anciens adversaires d'une main de maître, Scalia oui, mais surtout cet emmerdeur chronique de Lord Janos. Grâce à ses magouilles, voilà qu'il parvenait à conserver un rôle prédominant dans cette République et ce malgré les deux énormes boulets qu'il se traînait derrière lui : les soupçons de haut-trahison depuis la libération d'Arnor, et le fait qu'il fut l'un des instigateurs du traité de Paix à présent décrié par la quasi-totalité des Sénateurs ! Un exploit non ?

Comment, dès lors, ne pas être satisfait ? D'autant plus que Ragda, au cours de cette campagne, s'était beaucoup rapproché du Chancelier Scalia, le conseillant même par moment, au détriment de Janos, bien évidemment. A jouer sur les deux tableaux, celui-ci allait inévitablement finir par se brûler les ailes. Il allait naturellement se mettre les partisans d'Emalia à dos en endossant son nouveau rôle, et puis, après ses estocades contre Keyiën, il risquait de s'attirer l'animosité d'une partie de la classe politique dans son propre camp. Surtout que le Sénateur de Corellia ne figurait pas parmi les personnalités les moins rancunières de cette galaxie... A contre cœur, Ragda chassa ces agréables pensées. L'urgence de la situation sur Byss lui imposait de rester focalisé sur les directives données par Valérion. Oui, les directives de Valérions... Celles-ci, tout comme l'homme, risquaient de faire couler des litres d'encre, et de diviser les opinions...

Sur cette pensée quelque peu pessimiste, le Hutt pénétra dans la salle de réunion réservée à la volée. Elle se situait dans l'aile rénovée du bâtiment de la rotonde. Comble de l'ironie, c'était ici que Janos et lui avaient conclu leur accord secrets concernant cette élection...

De surprise, il resta une poignée de seconde interdit, sourire figé sur ses lèvres, mais sans grandes convictions. Face à lui, deux personnes occupaient déjà les lieux, alors qu'il n'en attendait qu'une seule. Mais comment s'en étonner dans le fond ? Maintenant que Janos occupait la fonction de Vice Chancelier, il ferait le nécessaire pour être au courant de tout ce qui se tramerait entre ces murs, quitte à envoyer ses insupportables larbins un peu partout. Il soupira, recouvrant son sérieux... Et sans perdre de temps précieux en mondanité, il ouvrit sa large gueule, tout en manipulant son chariot pour se placer contre l'imposante table qui occupait le centre de cette pièce rectangulaire.

« Maître, merci d'avoir répondu aussi promptement à l'appel du Chancelier Scalia. » dit-il, avant de faire rouler les deux énormes billes jaune-orangées qui lui servaient d'yeux en direction de la jeune femme. « Mademoiselle Evans... » Il se racla la gorge avant de continuer, s'adressant ouvertement au Jedi. « Vous n'êtes pas sans savoir que la situation sur Byss est explosive, et menace de relancer une guerre évitée de justesse. J'ai fais le nécessaire pour vous envoyer les derniers rapports audio du Grand Amiral Fyrd qui dirige la force d'opération sur place. En résumé, de ce que nous savons... Il s'agirait de trouble-faits impériaux, ces fameux rebelles armés Sith, ceux-là même qui ont tendu une embuscade au Chancelier Arnor l'année dernière, lors des négociations sur Flydon Maxima. D'après Fyrd, les rebelles se seraient infiltrés dans les rangs de l'armée régulière impériale afin de les frapper de l'intérieur, et de nous placer en porte-à-faux. L'un d'eux aurait même sciemment détourné un escorteur impériale pour forcer les deux flottes en présence à s'entre-déchirer. » Nouvelle pause, cette fois pour remettre ses pensées en ordre. Des rapports bien maigres, ça oui. Alors autant jouer la carte de la franchise.

« Vous allez me dire que ces informations sont vagues, lacunaires. Je ne pourrais vous contredire. Mais quelque soient la contenu de ces rapports, il nous faut prendre dès maintenant des décisions fermes et justes, comme le dirait notre nouveau Chancelier. Et ses directives vont dans ce sens :

Le Chancelier Scalia a ordonné à l'armée et aux Jedi, sur Byss, d'aider l'Empire à éliminer la menace rebelle, en signe de bonne foi j'imagine... Avant de se retourner contre l'armée impériale pour les contenir, de gré ou de force, sur Byss. L'objectif est simple : les contraindre à renégocier le traité de paix dès maintenant. L'idée est ingénieuse, même si évidemment risquée. A l'instant où nous échangeons, les troupes au sol manœuvrent déjà pour se rendre maître des navettes de transports impériales, tandis que la flotte se déploie pour verrouiller le système en se plaçant entre les bâtiments impériaux et les vecteurs de sauts hyper-spatiaux. »
expliqua-t-il tout en usant du projecteur holographique de la salle de réunion, pour leur présenter une carte tactique simplifiée, représentant le mouvement des flottes en orbite autour de Byss.

« Il va s'en dire que dès que les Impériaux comprendrons nos intentions, ils réagiront... » Introduction terminée : maintenant, il ne restait plus qu'à entrer dans le véritable vif du sujet, celui qui risquait de faire grincer des dents le Jedi. « Pour que le plan de Scalia soit une réussite il est indispensable de contrôler d'une part l'espace autour de Byss, et d'autre part, de rendre étanche notre frontière avec l'Empire pour empêcher toute tentative d'envoi de renforts. Pour cela, le Chancelier Scalia a déjà mis nos forces armées en état d'alerte maximum. Pour ma part, j'ai pris la liberté de redéployer les deux flottes de la LMP. La première viendra renforcer les effectifs à la frontière, tandis que la seconde fait déjà route vers le noyau profond. L'avantage des petites flottes comme celles de la LMP, c'est qu'elles sont rapides à mobiliser. Dans quelques heures à peine, elles arriveront à destination... »

Il était plus que temps d'exposer la raison pour laquelle le Jedi avait été convoqué. Les mouvements de flottes ne le concernait guère, mais Ragda estimait qu'en lui présentant un tableau complet des opérations en cours, il ferait plus facilement faire passer la pilule.

« Tout ce plan ne pourra réussir si nous ne parvenons pas à contenir les membres de l'Ordre Sith, dont les pouvoirs pourrait nous être difficile à gérer... Et c'est pour cela que le gouvernement a plus que jamais le besoin de l'aide de votre Ordre. La seconde flotte de la LMP va faire escale dans exactement deux heures et vingt sept minutes dans le système d'Ondéron. J'ai déjà donné ordre à celle-ci de déployer plusieurs transporteurs de troupes à proximité de votre Temple. Le Chancelier Scalia, et à travers lui toute la République, compte sur votre capacité à convaincre votre Conseil pour nous fournir un maximum de Chevaliers. »

Il aurait pu en rester là, mais compte tenu de l'urgence, autant ne laisser planer aucun doute.

« Il ne s'agit pas d'une simple requête, comprenez le bien. Déjà nos autorités et l'opinion publique trouve étrange que si peu de Jedi aient répondu à l'appel pour aller sécuriser Byss. Il est temps pour votre Ordre de rectifier le tir, sinon... » dit-il, fixant droit son adversaire dans les yeux. « … Sinon, il ne fait aucun doute que nous trouverons un moyen de vous y contraindre. Ce ne sont pas des paroles en l'air, Maître. Je ne suis pas mandaté par le Chancelier pour négocier avec vous, mais pour vous transmettre ses directives qui sont claires et précises. Croyez bien que je suis désolé de devoir agir ainsi, mais l'urgence dans laquelle nous nous trouvons nous impose ce genre de procédés directs. »
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C'est fait, Valerion Scalia était élu Chancelier Suprême. Leto Vorkosigan, le Maître Jedi qui avait des amis au sein de la caste politique galactique connaissait le personnage, il avait déjà eu l'occasion d'assister à une de ses allocutions au sein de la Rotonde. C'était un homme engagé, d'une rigueur militaire avérée mais non grossière, dès sa première intervention au Sénat lorsqu'il fut sénateur d'Artorias, il n'avait pas manqué d'audace et de conviction. Leto se souvint qu'il s'était attaqué ouvertement à l'ancien Chancelier, le Jedi Halussius Arnor, sans compromis, d'une honnêteté intellectuelle que tant de politicards lui envierait consciemment ou pas, il avait la maitrise de la rhétorique, un vocabulaire vaste qu'il maniait avec finesse et une éloquence tranchante. Leto avait toujours été partisan des débats, des échanges d'idées et de la politique dans une certaine mesure, selon lui, sans échange, il n'y avait pas compréhension de l'autre et donc pas de paix. Cependant, les évènements derniers lui avaient prouvés que parfois, des actes étaient bien plus adaptés que des belles paroles, et là non plus, il n'était pas en reste, fort heureusement. Il n'avait pas étudié avec précision les propositions de Scalia mais estimait en savoir suffisamment pour faire un choix, un choix de citoyen galactique avant celui d'un Maître Jedi. Le Sénateur Scalia avait été peu ou prou du même avis que lui sur un point en particuliers qui était la gestion des relations entre la République et l'Empire Sith, en espérant que ses discours ne soient pas fait pour brosser les Jedi dans le sens du poil. Toujours est-il que ce serait plus avantageux que la collaboration forcée, et forcément infructueuse dans ces conditions, qu'ils auraient put avoir avec Emalia Kira. De prime abord, les notions qu'évoquait le natif d'Artorias avait plus de poids et d'impact à ses yeux que les idées avancées par la jeune femme. Quand bien même son avis sur la question Sith pourrait être biaisé par rapport à son vécu personnel –un drame sans équivalent puisque les Sith sont responsables de la ruine qu'est devenue sa planète natale, le Jedi estimait qu'il y aurait mieux à faire avec ce genre d'individu qu'avec d'autres plus timorés, aux pensées moins décisives. Mais lorsqu'il porterait la voix de l'Ordre Jedi à la table des négociations, il était convaincu de son rôle de médiateur et de relais des idées, il ne servirait pas de tisonnier pour attiser les braises de la haine, il ne ferait pas pencher dangereusement la balance pour faire basculer les avis des un et des autres là où leur actes ne pourraient plus être contrôlés et mèneraient chacun au cœur du chaos. La guerre devait être évitée à tout prix et autant que possible. L'alliance qu'avait proposé à demi-mot Scalia aux Jedi avait piqué la curiosité du Maître, et de part sa proximité avec l'actualité politique et sa propension à mener les débats, à utiliser les mots, à témoigner de son amour pour les échanges d'idées avec emphase, il avait été nommé voix officielle de l'Ordre auprès du gouvernement nouvellement mis en place.

Tout au long de la journée et jusqu'à tard le soir, Vorkosigan avait assuré la sécurité du bâtiment sénatorial avec en charge une équipe de Jedi volontaire, parmi eux des Padawan. Globalement, il n'avait rencontre que peu de résistance, les fauteurs de troubles avaient été peu organisés. Parfois, les ennuis étaient venu de là où on s'y attendait le moins, de l'intérieur du système par exemple, à l'image de la Padawan Elsa Fowl qui d'ors et déjà devrait répondre de ses actes face au Conseil Jedi, ou en tout cas Leto le supposait. Il se souvenait aussi -comment pourrait-il en être autrement, si peu de temps après les faits, de son opposition face à des mercenaires solidement entrainés et lourdement armés qui avaient tentés de prendre d'assaut la Rotonde. Fort heureusement, le Maître, escrimeur hors pair au sabre-laser avait sut les tenir en dehors de la structure. Il doutait encore que ces malfrats ne soient pas les extrémités d'un ensemble bien plus conséquent comme un cartel ou un groupuscule quelconque, car cette attaque lui avait semblé un peu trop bien orchestrée pour être le fait de simples brigands à la petite semaine. Et en même temps, il avait été étrange de constater que la police coruscanti avait relâché les individus à l'aube aujourd'hui. Si ça avait été des criminels recherchés et membres d'un vaste groupement de renom, nul doute qu'ils auraient fait l'objet d'une enquête approfondie, mais ce ne fut pas le cas, pour les rares survivants que Leto avait fait en tout cas. Mais il n'était plus question de penser à cela désormais, il avait bien d'autre chose en tête. Le soir venu, Leto avait été relayé dans ses fonctions d'officier en charge de la sécurité et il avait put faire une courte halte. Il avait put communiqué un instant avec son Padawan Kalen Nelaru par Holo-Net et s'était entretenu pendant une heure standard avec quelque un des Jedi les plus éminents qui lui avaient expliqués la situation, lui avaient remis officiellement son accréditation, sa mission et son nouveau statut de représentant de l'Ordre auprès de Scalia. Il avait aussi discuté de stratégie politique, avait établi avec les Maîtres des objectifs de négociation, des axes de réflexion et avait défini une claire marche à suivre pour communiquer à tous les positions de l'Ordre Jedi sur les sujets du débat auquel il allait devoir participé. Dans la foulée, il avait rendez-vous avec le Sénateur de Bakura et aussi Ministre de l’Économie.

Il avait été convoqué dans une salle de réunion dont une grappe d'agent de sécurité et de conseillers sénatoriaux avait eu l'obligeance de lui indiquer le chemin. Là, il s'était retrouvé en compagnie d'une jeune femme dont le teint hâlé et la générosité du galbe de ses lèvres avaient de quoi faire chavirer bon nombre d'homme. Ne sachant nullement son identité, il avait préféré rester discret et de pas pas prendre la parole jusqu'à temps que leur hôte soit présent. Leto était détaché, dans ses pensées, ses bras enveloppés de ses épaisses manches de bure Jedi, son front haut et son regard alerte appliquait un panorama de la pièce où il se trouvait. Pour patienter, quelques instants avant l'arrivé du Hutt, le Maître Jedi avait fait l'éviter une petite sphère de verre qui reposait sur un socle de métal finement gravé à vocation purement décorative. À l'arrivé du Sénateur de Bakura, avec qui il allait devoir parlementer de la position des Jedi dans la nouvelle politique globale de la République, il accomplit une succincte mais spontanée révérence.

- « Sénateur. Répondit-il simplement en réponse aux remerciements reçus. Sans surprise, le Sénateur Rejliidic prit la parole, après tout, c'était pour ça que le Jedi était ici, et il constata d'ailleurs que c'était à lui qu'il s'adressait avant tout. La nature de l'implication de l'Ordre au sein des affaires du nouveau gouvernement devait être d'importance capitale, Leto sentait venir de longue heures de conciliabules.

- J'ai en effet pris connaissance d'une partie des rapports avant de me rendre ici, je suppose que le Chancelier a déjà donné ses directives. Ce n'était pas une question,mais une affirmation, et le ton de voix du Falleen le faisait bien comprendre. Il se déplaça pour arriver à la hauteur de son interlocuteur. Il put ainsi contempler avec attention le projecteur holographique qui servait à la démonstration du Sénateur sur son chariot à répulsion. À mesure que le Hutt faisait défiler ses petites mains replètes et moyennement habiles à travers le champ holographique pour faire bouger les différentes imageries et schéma au sens de sa diatribe, Leto commençait à cerner le personnage. Ce n'était pas tant le ton employé, qu'il savait parfaitement changeant d'une seconde à l'autre, et même parfois trompeur par rapport à ce qui était dit réellement, que la nature des paroles qui lui venaient à l'oreille qui le dérangeait. Les politiciens étaient doués pour la tromperie, la plupart des négociations n'étaient qu'un jeu de comédien, les mots employés rarement choisi au hasard, pas plus que le rythme de dicté ou l'attitude corporelle qui elle aussi pouvait fournir de précieux renseignement sur l'état psychologique de l'adversaire politique.

Le fait que le Chancelier veuille forcer les Sith a renégocier le traité de paix dès à présent était une opération audacieuse mais intéressante. Les Sith avaient potentiellement tout à se reprocher lors de ce fâcheux évènements, de nouveau, les problèmes venaient de leurs rangs. Si l'Impératrice n'est pas capable de surveiller ses subordonnés pour le bien des négociations entre son Empire et la République, c'était son problème, mais dans le pire des cas pour elle, Leto savait que la guerre serait une nécessité. Et Leto était convaincu d'une autre chose, c'est que si jusqu'à présent les deux entités avaient sut s'entendre, c'est que d'un côté comme de l'autre, il y avait des gens censés, chose des plus surprenantes si on pense aux Sith, il est vrai. Le fait qu'une paix fragile et illusoire fut possible ne changeait pas le ressentiment profond que le Falleen éprouvait à propos des adeptes du Côté Obscur, son propre vécu, tout comme celui du Chancelier était trop profond, trop vif et trop personnel pour que cela soit possible. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était agir avec autant de raison et en étant aussi magnanime que possible pour garantir le bien-être de tous. Les Sith, si eux-même disposaient d'un bon sens suffisant, savaient qu'ils n'étaient plus en mesure de négocier avec autant de largesse qu'auparavant, et il fallait que la République en profite pour se montrer plus ferme et plus exigeante. Tout en laissant le Sénateur discourir, Leto faisait le point sur ce qui avait déjà été dit. D'un point de vue personnel, la perspective de négociations remaniées et plus autoritaires de la République allait de paire avec son avis, et cela irait aussi avec celui de l'Ordre Jedi. Rien ne pourrait plus satisfaire l'Ordre que de pouvoir mieux surveiller les fait et gestes des Sith et surtout les privés de certain de leur privilèges, non pas en tant qu'être vivants vu individuellement, mais en tant qu'entité, en tant que groupe. Car avant tout, les Jedi ne souhaiteraient jamais entraver la liberté ou attenter à la vie d'un être vivant, Sith ou pas, sauf si ils en sont obligés précisément pour protéger la liberté et la vie des autres.

Mais les dernières paroles du Hutt l'avaient tiré de ses pensées comme un électrochoc auditif. Jusqu'à présent, ce qu'exposait le Sénateur de Bakura était acceptable, quand bien même il aurait aimé que la prise de contrôle de la situation se fasse sans le déploiement d'une flotte de vaisseau de guerre. Mais objectivement, et dans l'instant, il ne voyait aucune autre solution viable. Mais commander une armée est une chose, imposer ses ordres et entrainer en guerre de force des gens qui n'ont pas ce rôle ni cette nature contre leur gré, en est une autre. En particuliers lorsque les dit gens sont des Jedi, pacifistes et qui évite de prendre parti autant que possible. Vorkosigan vit le Hutt plonger son regard jaune, acide et fielleux dans le siens. Son souffle s'était fait plus lent, sa voix dénotait d'une véritable prise de position qu'il savait lui-même que ça le mènerait sur un terrain de discorde. Le politicien mesurait parfaitement la mesure de ses propos, et c'est cette certitude qui fit penser à Leto que ce genre de personnage ne devrait peut-être pas avoir à négocier avec les Jedi, ou en tout cas avec quiconque lorsqu'il s'agissait de paix … D'ailleurs, il l'avait dit lui-même, si il n'était pas mandaté par le Chancelier lui-même, -un coup de bluff probablement pour voir la réaction du Jedi, qu'est-ce qui empêchait Leto de couper court à la conversation de suite et de réclamer à voir en personne Scalia ? Mais Leto refusait de foncer tête baisser dans le piège, le but de la manœuvre, pensait-il, était de le faire sortir de ses gonds très rapidement, de lui faire perdre patiente pour saboter les négociations et montrer à tous qu'il n'était pas possible de s'entendre avec les Jedi. Si Leto avait vu juste, il savait désormais comment agir avec le Hutt.

- « Sénateur, sauf votre respect, dois-je vous rappeler que les Jedi et la République ont de touts temps sut s'entendre et s'entraider mutuellement, l'harmonie, le respect et l'honnêteté ont toujours étaient les piliers fondateurs de notre collaboration. Les évènements du passé m'en sont témoins, les Jedi ont aidés la République à se défendre face aux Mandalorien ou face aux Sith de l'ancien temps, sans demander quoi que ce soit en retour, ni récompenses, ni privilèges d'aucune sorte, jamais.

Le Jedi fit une pause à son tour, son intonation avait été tout ce qui a de plus diplomatique, afin d'aborder le sujet avec autant de douceur que possible. Mais pour son intervention suivante, sa voix changea très subtilement afin de tenter d'asseoir de façon un peu plus concrète son autorité.

- En vertu de cela, je trouve injuste que les instances de la République estiment que nous ne prenions pas assez part au conflit. L'opinion publique n'est peut-être pas suffisamment informée, mais l'autorité l'est, elle. Et j'ose espérer qu'elle sait que bon nombre de mes camarades, de vaillants bretteurs experts en combat ont été envoyés en mission sur Byss. Les deux plus grands maîtres d'armes de l'Ordre eux-même participent aux combats en ce moment même, et pas moins d'une dizaine d'autres Chevaliers que j'avais sous mes ordres ce tantôt assuraient la sécurité du Sénat. Voyez mon incompréhension, Sénateur, car je puis vous assurez qu'à nouveau, les Jedi sont aux côtés de la République pour défendre la paix et la justice. »

Leto s'éloigna de quelques pas. Il aurait aimé ajouter une dernière réplique à ce sujet, afin de bien faire saisir à son interlocuteur ce qu'il avait en tête, mais il se ravisa, craignant que cela ne soit trop acerbe et trop orienté. Il ne voulait pas paraître comme étant arrogant ou provocateur. Mais il espérait que le Hutt ai comprit que sans les Jedi qui ont défendus le bâtiment sénatorial toute la journée, les élections n'auraient probablement pas put se passer dans de parfaite conditions. Les vagues d'assaut de bandits et de terroristes auxquelles il eut à faire en étaient la preuve irréfutable ! Leto lui-même avait d'ailleurs constaté le manque cruel d'équipement de qualité dont souffrait les agents de sécurité pour accomplir leurs tâches. En définitive, sans les Jedi, il y aurait eut un tas de soucis. Il vint une idée à Leto, mais il décida de la garder pour plus tard, comme une sorte d'argument fatal si jamais le Hutt osait s'aventurer de nouveau sur ce sentier sinueux. Le Falleen refusait de subir et de s'enfermer dans un cocon de culpabilité au nom de tout l'Ordre. Peut-être que le Sénateur lui-même était très mal informé des efforts véritables que les Jedi faisaient pour coopérer avec la République, mais il en doutait. De toute façon, Leto savait quoi répondre la prochaine fois, il avait le sens de la répartie, était incisif, et lui, bien informé, assurément.

Pour finir de répondre, il entreprit de croiser ses bras dans ses larges manches de bure Jedi, afin de ne montrer aucun signe extérieur qui pourrait être mal interprété. Sa prochaine réplique était délicate à formuler, mais il devait être courageux pour ce faire. Opérer avec assez de calme et d'entregent pour ne pas se faire piéger par un Hutt qui n'attendait que de voir son adversaire du jour craquer sous la pression. Mais en même temps, agir avec fermeté pour montrer de façon limpide à l'autre que les Jedi n'étaient pas que des bien pensants malléables à volonté, surtout lorsqu'il s'agissait de faire la guerre. Vorkosigan se tenait désormais à environ trois mètres de son auditeur, sa silhouette vaguement enveloppée de sa bure ne laisser que son large cou et sa tête visible, comme un fantôme et sa vaporeuse robe qui ne toucherait même pas le sol. Sa voix se fit plus calme encore, il savait pertinemment que le moindre détail allait être utiliser par le Hutt, il ne voulait rien laisser au hasard et espérait être suffisamment malin pour tenir la dragée haute avec cet expert des pour-parlers et de la politique.

- « J'ose espérer que ce ne sont pas des menaces, Sénateur. Avec tout le respect que je vous dois, et au nom de l'entente cordiale qu'il y a entre mon Ordre et la République, je vais faire mine de pas avoir entendu ce qui viens d'être dit. Mais sachez qu'on ne force pas les Jedi à prendre part au combat, aussi urgente soit la situation. Nous ne sommes pas officiellement inféodés à la République. Nous ne suivons donc les ordres de quiconque si ce n'est nous-même. Vous me demandez de vous comprendre, ce que je tente de faire avec sincérité, mais à votre tour, comprenez-nous : la guerre est l'exact opposé de la chose que le Jedi désire rependre dans la Galaxie. Jamais l'Ordre ne se laissera emporter dans une guerre qu'il jugera vaine et inutilement brutale. Si tant est que la brutalité ai jamais eu la moindre nécessité...

Le Jedi hocha la tête doucement, afin de signaler qu'il n'était pas besoin de s’énerver, et qu'au final, il allait répondre favorablement à la requête du Hutt. Elle avait été mal formulée, mais le Maître avait réalisé un effort sur soi pour comprendre et relativiser, comme on le lui avait apprit.

- Cependant, soyez certain que l'Ordre Jedi viendra en aide à la République si cela s'avère nécessaire. »

Même si le Hutt s'était très mal exprimé, au fond, Leto avait comprit où il voulait en venir, ou en tout cas il le pensait. Mais il avait aussi envisagé l'éventualité que le Hutt se soit exprimé parfaitement comme il le voulait et qu'encore une fois, il avait pesé toute la démesure de ses propos. Auquel cas, cela voudrait dire que la République, ou tout du moins lui était prêts à s'opposer aux Jedi, jusqu'alors les plus précieux alliés de la République afin de sortir vainqueur de leur combat avec les Sith. Tourner le dos à son ami pour combattre son ennemi, voilà une tactique bien étrange, mais Leto ne pouvait pas savoir pour le moment ce qu'était la pensée profonde du Sénateur. Il lui fallait attendre sa réponse pour comprendre.



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Le sort avait été jeté et les dés s'étaient finalement immobilisés pour désigner le vainqueur : Valérion Scalia. Le héraut l'avait-il prévu ? Son dernier discours avait été adressé au Sénateur Keyiën et, contre toute attente, avait été une défense de la candidate Kira. Tout cela faisait-il partie intégrante d'un plan ? L'Ordre était-il seulement en train d'avancer ?

Plusieurs fois déjà j'avais tenté d'établir le contact avec le Sénateur, en vain. Son esprit était fermé à ma présence, en quelque sorte il ne cessait de sonner « occupé ». Que devais-je faire avec la jeune fille ? En définitive, je n'avais rien contre elle hormis cette légère noirceur que j'avais pu percevoir. Si elle était sensible, elle n'avait pour autant montrée aucun signe d'une capacité à user de la Force. Rien dans son attitude, rien dans ses propos n'avaient pu me permettre de déduire son appartenance à une quelconque caste d'utilisateur de la Force.

Nous étions la Main, une Main inefficiente, une Main tétanisée. Sans ordre, sans directive, sans même le moindre indice sur une conduite à tenir, nous n'étions plus qu'un corps décharné, un amas de chair sans esprit capable d'en actionner les muscles. Infinie vanité. Un Chaos en germe…

Non.

Ce n'était pas le Chaos. Ce n'était pas le Désordre, ni l'Orgueil. Un autre chose. L'Ordre lui-même ? Une voix qui nous murmurait cette idée : la faute Lui incombe. L'Ordre avait toujours été claire. Les propres règles dont Il s'était fait le défenseur l'imposait. Le Héraut se devait de donner les directives, la Main de les réaliser. Si la Main se trouvait immobile, la faute n'était pas sienne. Les souvenirs de notre rencontre avec Maître Von me reviennent une nouvelle fois en mémoire. Le Héraut perdait dans sa fonction, lentement, de vue. Il nous fallait agir. L'Ordre était menacé. Il était en danger.

Être à moteur. Non plus simple effet d'une cause première, être la cause première de notre propre mouvement. Une nouvelle fois nous tentâmes d'établir le contact et soudain celui-ci se fit ; la connexion fut stabilisée, enfin nous pouvions entrer en contact avec Lui.


« - Sénateur, je suis actuellement dans la suite de la délégation d'Aargau avec une jeune fille que vous pourriez vouloir interroger. Je l'ai trouvé alors qu'elle vagabondait dans les couloirs du Sénat, à proximité des nœuds du réseau dévolus aux votes. Elle est sensible mais je n'ai pu établir si elle était une Sith, ni même si en vérité elle était une adepte de la Force. Les événements se déroulent-ils comme vous les aviez pressentis ? Que devons-nous faire. »

Une réponse devait dès lors être attendue. Pas une jeune femme... Sur notre avant-bras, notre Terminal portable réagit à la pensée du Sénateur et projeta son buste bleuté, suspendu dans l'air en face de nous. Un visage préoccupé, paré d'une certaine fierté, et peu enclin à la discussion.

« - Une jeune femme ? Mais qu'est-ce que vous racontez ? L'avez-vous dans le visuel ? »

Pas une jeune femme... Une jeune fille. Pourquoi le Sénateur nous faisait-il dire ce que nous n'avions pas dit ? Et sur ce ton agacé ?

« - Je vous transfère immédiatement les images d'holo-sécurité. Elle est actuellement dans le salon des invités. Deux Chevaliers Jedis la poursuivait. J'ai pensé qu'elle serait davantage un atout pour Cosmos si nous la détenions plutôt qu'eux. Officiellement, je l'ai reconduite à la sortie du Sénat et l'incident s'est clos de façon à ne pas alarmer la sécurité. »

La contraction violente du visage du Sénateur nous saisit de stupeur. Depuis quand se laissait-il aller à tant de démonstration ? Même une compagnie d'aveugles eût pu lire la surprise sur ses sourcils froncés. Et depuis quand le Sénateur nous obligeait-il à nous répéter ? N'avait-il pas saisi mes paroles précédentes ?

« - Tess Ghornwell ! Je connais cette fille. C'est une apprentie Sith. Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? »

« - Mes doutes sont donc confirmés. Je vous l'ai dit, je l'ai surprise alors qu'elle était poursuivi par deux Chevaliers Jedis. Vu le peu de preuves que je suis parvenue à rassembler, je ne peux que conjecturer sur sa présence. Dans ce secteur, peut-être a-t-elle cherché à s'introduire dans le noeud du réseau afin d'influencer les votes. Cependant, cela me semble étonnant, elle ne semble pas disposer des compétences informatiques nécessaires à une telle chose. Soit elle comptait sur une aide extérieure, soit elle n'était en effet qu'au mauvais endroit, au mauvais moment, ce qui n'est certainement pas l'habitude des Siths. »

De la surprise, le visage du Lord passa directement à l'agacement.

« - Écoutez. Nous parlerons de tout ceci plus tard. Je n'ai franchement pas le temps, là. »

Une brève hésitation.

« - Mais rendez-vous utile : allez voir ce que manigance ce scélérat de Rejliidic. Son absence m'inquiète, et je ne voudrais pas qu'il profite de la situation pour nous léser. Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour le contrer. J'ai dit. »

Une second interruption.

«  - Ah, et au fait. Je suis Vice-Chancelier, maintenant. Ne m'appelez plus sénateur. Fin de la communication. »

Vice-Chancelier ? Ce nouveau titre, comme venu du néant, Le hissait soudainement dans une sphère que nous n'avions pu, jusqu'alors, qu'espérer atteindre un jour mais… à aucun moment nous n'en avions eu ne serait-ce que vent. Depuis quand cette monté aux nues était-elle programmée ? Le Lord y était-il parvenu seul ? Avait-il dû, à nouveau, signer quelque pacte avec les Ombres ? Quels étaient les enjeux de cette nouvelle fonction, quelles en étaient les fins ? Faire confiance.

Nous nous devions de faire confiance au Héraut. Sans notre aide, il était parvenu à faire émerger l'Ordre jusqu'aux plus hauts sommets de la caste politique et il brillait désormais de mille feux loin au-dessus de nous. Si nous ne pouvions comprendre, c'est qu'en tant que Main, nous n'avions pas à le comprendre. Les ordres avaient été donnés, aussi concis étaient-ils, vagues aussi, mais cette fin là était claire, nous la comprenions, nous nous devions de la poursuivre.

Face à la désinvolture avec laquelle le Vice-Chancelier avait balayé la question de la demoiselle Tess Ghornwell, nous décidâmes de nous aligner sur cette position et d'expédier le problème au plus vite. Le Vice-Chancelier Janos avait été particulièrement surpris de la voir ici, en sorte qu'il était extrêmement peu probable qu'il fut impliqué dans les causes de sa présence. Nous n'avions donc plus aucune raison de la retenir. Une fois le salon gagné, nous l'invitâmes à se lever et à nous suivre vers l'extérieur en lui adressant simplement ces mots :


« - Le Vice-Chancelier demande à ce que j'intervienne personnellement dans une réunion. Il a également précisé que vous pouviez partir. Je vous souhaite une bonne journée, essayez de ne plus vous attirer d'ennuis. »

Le temps de finir notre phrase et la porte se refermait en sifflant dans notre dos. Sans un mot de plus, nous abandonnions l'Apprenti Sith à son sort pour aussitôt nous élancer vers le centre de la Rotonde, là où se trouvait plus probablement le Ministre. Il nous fallait le localiser, le devancer et enrailler ses stratagèmes.

« - PC sécurité, ici Gabrÿelle Evans, Le Vice-Chancelier souhaite que j'assiste personnellement le Ministre Rejliidic dans ses réunions d'aujourd'hui. J'aurais besoin que vous me communiquiez son agenda afin d'accéder au mieux à cette directive. »

« - Mademoiselle Evans, ici PC Sécurité. Loin de nous l'idée de ne pas accéder à votre demande mais… N'étiez-vous pas au service du Sénateur d'Aargau ? »

« - Sachez que Lord Janos a été nommé pour occuper la fonction de la Vice-Chancellerie par le Chancelier Suprême Valérion Scalia. Cessez de me faire perdre mon temps par votre ignorance et répondez à ma requête. Je ne dispose pas du luxe de pouvoir faire attendre le Ministre ! »

L'incompétence allait enfin pouvoir trouver sa solution. Avec un poste aussi prestigieux, nul doute que le Vice-Chancelier Janos allait enfin remédier à cette absurdité latente qui gangrenait tout le système républicain.

« Toutes nos excuses, Mademoiselle Evans. Nous venons d'apprendre la nouvelle. Nous vous transférons immédiatement en pièce-jointe les informations que vous nous avez demandées. Le Ministre Rejliidic est attendu en salle de réunion B0.416 afin de traiter avec le Maître Jedi Leto Vorkosigan à propos des relations entre les Jedis et le nouveau gouvernement. Il est également mentionné que sera évoqué durant cette réunion l'actuelle situation sur Byss. Autre chose ? »

« Ce sera tout, merci. Gabrÿelle Evans, terminée. »

La salle en question était à l'autre bout du complexe. Nous disposions pourtant d'un avantage de poids, nous n'avions pas besoin d'être traînée par de l'acier pour nous montrer véloce. Nous prîmes aussitôt un rythme de marche rapide, presque une course, juste assez vite pour ne pas avoir l'air d'une sauvage dans des couloirs où la diplomatie devait régner sans pour autant prendre davantage de retard.
*

Nous avions atteint la salle de réunion sept minutes quarante trois secondes avant que le Ministre Rejliidic ne fasse son entrée : nauséabonde et vibrante. Le Maître Vorkosigan, un Falleen à propos duquel nous n'étions parvenues qu'à rassembler que peu d'informations le temps du trajet, ne nous avait pas adressé la parole jusqu'alors, se contentant de nous saluer lorsqu'il était entré d'un geste de la tête. C'était une drôle de façon de procéder mais, à la façon dont il s'était tenu en retrait, il avait désiré certainement ne pas amorcer la conversation avant l'arrivée du Hutt. Ce dernier ne nous adressa qu'un simple « Mademoiselle Evans » globuleux avant d'amorcer ni plus ni moins qu'une attaque en règle au regard des codes de la bienséance et de la diplomatie.

Jusqu'à présent, nous n'avions eu que peu d'informations sur ce qui se déroulait sur Byss, l'holonet restant relativement vague sur l'incident pour éviter les mouvements de panique et nos accréditations ne nous permettant pas l'accès à un sujet aussi délicat si bien que l'exposé du Ministre fut une réelle aubaine pour nous. Lorsque le Maître Jedi prit à son tour la parole, ce fut, sans surprise, pour se braquer calmement devant le ton impérieux du Ministre. La manœuvre nous sembla étrange immédiatement. Pourquoi se montrer aussi véhément ? D'après le Vice-Chancelier lui-même, Ragda Rejliidic était l'un des politiciens les plus habiles de sa génération. Même s'il en coûtait au Lord de l'admettre, il était l'un des adversaires les plus coriaces qui lui avait été donné de rencontrer, l'une des pires joutes qu'il avait eu à mener. Alors pourquoi agir si maladroitement ? Si aide le Ministre désirait, pourquoi semblait-il, d'entrée de jeu, vouloir en provoquer le refus ? Et puis, pourquoi donner ce rôle à celui qui n'était que le Ministre de l'économie ? Depuis quand cela lui donnait-il la moindre qualité stratégique ? S'il n'en avait que vaguement la forme longiligne, pour autant le Hutt avait décidément tout d'un serpent. Lorsqu'un blanc se fut enfin installé, nous décidâmes qu'il était temps pour nous d'intervenir.


« Maître Vorkosigan, Monsieur le Ministre Rejliidic, je suis ici pour représenter le Vice-Chancelier Côme Janos afin que nous puissions trouver plus facilement un accord entre les deux partis que forment le Gouvernement de la République Galactique et l'Ordre Jedi. Comme vous le savez, le Vice-Chancelier a lui-même fait partie de cet Ordre vénérable en sorte qu'il garde pour celui-ci une affection particulière et a toujours affirmé la volonté de promouvoir la concorde entre ces deux piliers de la République. De fait, je tâcherai de ne prodiguer que de simples conseils afin de vous permettre d'esquisser l'organigramme le plus efficient pour l'ensemble de nos concitoyens.

Ainsi, j'aimerais commencer par rappeler ce principe à savoir que l'Ordre Jedi et la République Galactique ne se sont toujours considérés comme alliés que tacitement en vertu des principes pacifistes et humanistes de l'un et l'autre ensemble. Par conséquent, la position de l'Ordre Jedi comme alliée de la République n'est tenue que par des questions morales et non légales. De là, un rapide historique des différents conflits ayant entraînés pour l'Ordre Jedi un recours à l'engagement militaire afin de préserver la République nous permet d'établir ceci à savoir que l'Ordre Jedi n'a jamais considéré les conflits offensifs engagés par la République comme moralement acceptables et, pour le dire en d'autres termes, le Conseil Jedi n'a jusqu'à ce jour approuvé que l'intervention de ses membres en vue d'une défense de la République. Or, ce que vous proposez ici comme engagement, Monsieur le Ministre, ne semble pas réellement entrer dans ce cadre d'une « défense de la République ». La dernière fois que les Jedis ont choisi de s'engager de la sorte dans une guerre, celle-ci engendra Darth Revan et Darth Malack ainsi que la Guerre Civile des Jedis. Est-ce vraiment ce que nous désirons pour la galaxie ?

J'ai conscience que la situation est dramatique sur Byss, que des soldats républicains meurent, mais vous précipiter dans des entreprises hasardeuses ne pourra que difficilement bénéficier à la République comme à l'Ordre Jedi. De plus, réussir à placer un sabre-laser sous la gorge de la Dame Noire ne signifie pas nécessairement éteindre la menace Sith. Si une rébellion existe déjà, face à l'affaiblissement de leur Impératrice, cette insurrection n'en sera que plus importante et nous nous retrouverions face à un monstre polycéphale avec lequel nous ne pourrions plus traiter faute de porte-parole. »


| - || Hrp || - | Bon, c'est taper rapidement, je m'en excuse, mais entre la maladie et le reste, je ne saurai faire mieux sans vous faire patienter davantage, or, j'ai déjà bien assez abusé de votre patience. Mille excuses. |
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Le demi regard en biais que le Sénateur de Bakura jeta sur nous en déclara plus long sur le mépris qu'il nourrissait à notre égard que le plus long de ses soliloques. Il était assez drôle de voir que l'espèce qui comptait parmi les plus gros vers de la galaxie avait tendance à tenir le reste des espèces intelligentes pour rien de plus que des larves. Face aux deux sphères globuleuses, drôles de lunes gibbeuses d'un jaunâtre malsain, nous affichions le léger sourire le plus courtois que connaissait Coruscant à l'heure présente. Le silence s'installa, rien ne se faisait plus entendre sinon les vibrations de l'appareil du Ministre.

Ce dernier était sur le point de faire entendre à nouveau sa voix pleine de gargouillis lorsque notre attention fut captée par les bruits d'une course précipitée dans le couloir que nous avions tous empruntés peu de temps auparavant. En quatre secondes, un zabrack essoufflé et à l'air passablement inquiet pénétra, sans toquer, dans notre salle de réunion. Celui-ci portait l'uniforme distinctif des membres de la haute administration de la République Galactique et à en juger par ses traits, était relativement jeune – d'où, sûrement, le fait que ce visage nous était totalement inconnu. Sans même s'excuser ou se présenter, il se précipita sur le Ministre de l'Économie et du Trésor pour lui bredouiller à l'oreille des informations que nous ne parvînmes pas à saisir. Les yeux du Hutt décrivirent un roulement répugnant, signe d'un agacement certain, après quoi celui-ci s'excusa auprès du Maître Jedi Vorkosigan et se retira, poursuivit par cet anonyme irrévérent, ayant promis son retour rapide.

La porte se referma, les bruits mêlés des pas et du vombrissement s'estompèrent et bientôt, à nouveau, le silence. En face de nous, le Maître Jedi attendait sans que nous pûmes déceler sur son visage la moindre émotion. Il n'y aurait pas d'autres occasions d'influencer le cour de ces tractations de façon significative. Une inspiration. L'Ordre devait avancer, même s'il fallait pour cela que nous nous avancions sur des terrains qui n'avaient jamais été les nôtres.


« -Maître Vorkosigan, je vous demande d'excuser mon outrecuidance mais nous n'avons que peu de temps avant que le Ministre Rejliidic ne réintègre la réunion ; je serai donc obligée d'être brève et de me montrer moins courtoise que ce que le respect qui vous est dû exige.

Si je suis ici, alors que vous n'en aviez pas été avisé au préalable, c'est parce que la Vice-Chancellerie n'accorde aucune confiance au Sénateur de Bakura. Même si une parfaite harmonie sera affichée officiellement afin de ne pas affaiblir le nouveau gouvernement érigé par le Chancelier Suprême Scalia, il n'en demeure pas moins que des doutes quant à l'intégrité du Ministre Rejliidic existent et je me dois de les évoquer avec vous officieusement, n'ayant aucun moyen de faire entendre notre voix autrement.

Comme vous le savez, non seulement le Ministre se trouve aujourd'hui en passe d'être jugée pour haute-trahison, mais encore nous avons pu constater, de façon officieuse, de nombreuses irrégularités à son propos depuis qu'il s'est imposé comme bras-droit du Chancelier Arnor, la plus importante de celles-ci étant la façon dont le Ministre s'empara de l'autorité du Chancelier Arnor au moment des négociations du traité d'Artorias. Toutes ces zones d'ombre commencent à nous inquiéter au plus haut point mais les soutiens du Ministre et ses capacités financières sont telles que nous n'avons pu trouver les preuves assez solides qui nous auraient permis de jeter sur lui le discrédit, révélant aux grands jours ses malversations, et de fait, nous opposer à sa présence dans le nouveau gouvernement de la République Galactique.

Si jamais vous ne trouviez pas nos doutes raisonnablement fondés, j'ajouterais que la présence du Ministre de l'Économie et du Trésor dans cette réunion est plus que douteuse, d'autant plus qu'il nous a été difficile de connaître et l'heure et le lieu dévolu à cette entrevue. Discuter d'une implication de l'Ordre Jedi dans un plan d'attaque audacieux sans même que le moindre gradé ne soit présent ? Depuis quand le Trésor est en charge du commandement des armées de la République ? Le Sénateur Rejliidic a-t-il reçu la moindre formation militaire ou tactique pour légitimer ces décisions audacieuses qu'il a avancé ici, devant vous ? Chaque fois que l'occasion s'est présentée à lui d'intervenir directement dans les relations avec l'Empire Sith, alors même que cela se trouvait, et se trouve encore, hors de ses prérogatives, le Ministre du Trésor a imposé sa présence et a cherché à influencer les événements en vue de fins qui ne nous inspire que la défiance.

Par ailleurs, entre nous, rien que la façon dont il vient de s'adresser à vous, en faisait mine que l'Ordre Jedi n'était rien d'autre qu'un vassal de la République m'interpelle. Le Ministre n'est plus un débutant, il savait pertinemment qu'en commençant les négociations sur ce ton, il risquait de vous braquer et de saborder les accords à naître.

Je comprends que ma manœuvre puisse vous paraître déplacée, et faire naître en vous quelque méfiance mais nous ne vous demandons rien si ce n'est vous montrer extrêmement vigilant. La situation sur Byss est plus dangereuse et un tel coup de poker de la part du Chancelier Suprême nous semble clairement flirter avec la démence. Cependant, il ne vous laisse que peu de marge de manœuvre ici. Si vous ne soutenez pas les forces Républicaines sur cette opération, les conséquences pourraient être désastreuses mais la prise en otage de la Dame Noire pour la forcer à renégocier le traité ne nous semble pas, non plus, une perspective rassurante. L'Ordre Jedi est le garant de la Paix et de l'Harmonie à travers la galaxie et cette Harmonie, nous le croyons sincèrement, c'est au cœur de cette enfer qu'il vous faut la porter. Si renégociation il doit y avoir, elles doivent avoir pour fin un compris viables pour les deux parties, sans quoi nous marcherons inéluctablement vers la guerre. »


La manœuvre était on ne peut plus risquée. Le Maître Jedi pouvait très bien refuser en bloc notre raisonnement et ne voir en nous rien d'autre que le pion d'un politicien mégalomane inconscient de cet état de fait et de l'échéquier sur lequel elle venait d'être déplacée, mais nous espérions que notre sincérité avait suffisamment transparu pour que le Falleen nous offre une oreille attentive et clémente.
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Leto assista au départ précipité du Ministre de l’Économie et du Trésor en compagnie d'un Zabrak haletant. La direction des évènements ne convenaient guère au Jedi, et même le postulat de départ de cet entretien qui prenait de minutes en minutes des airs des concertations officieuses et déshonnêtes faisait se questionner le Falleen. Il ne savait pas réellement quoi penser de Rejliidic, comme l'avait certainement noté la jeune femme avec qui il était désormais seul dans la pièce, le comportement du Hutt avait été étrangement vindicatif et peu commun pour un politicien de sa trempe. Il devait se douter qu'il n'arriverait à pas grand chose d'avantageux pour lui et son parti de cette manière, surtout avec un Jedi en face de lui. Mais maintenant qu'il était partit, Leto ne pouvait plus tirer cette affaire au clair pour le moment, mais l'entretien ne semblait pas tout à fait terminé. Au cour de la conversation, il avait appris qui était la jeune femme au teint satiné et aux yeux intense. Ainsi était-elle la suivante du nouveau Vice-Chancelier Janos, ou une assistante, ou peu importe comment la fonction pouvait bien se nommer officiellement. Pendant que son interlocutrice lui adressait la parole, Leto avait fait le tour de la table centrale de la pièce d'un pas cavalier pour se positionner devant la baie vitrée du bureau. À l'aplomb d'une plate-forme d’atterrissage, il vit une délégation de dignitaires embarquer dans une navette de transport diplomatique qui ne tarda pas à s'enfoncer dans l'obscurité de Coruscant. Mais aucune trace du Hutt. La myriade de lumières multicolores à l'horizon pulvérisait la surface de la planète et donnait à Coruscant des airs de brasier géant et immuable, le doux vrombissement des speeder et moto-jet parvenant aux oreilles sensibles du Jedi. Les évènements cruciaux d'aujourd'hui n'avaient semble-t-il pas perturbé le quotidien de la planète-cité.

À la première réplique d'Evans, Leto aurait voulu rétorquer quelque chose comme « pour ce soir, je crois qu'on peut oublier la courtoisie, vu comment le Sénateur s'est adressé à nous », mais il décida de garder le silence. Cette pensée pouvait être légitime mais la formuler à l'oral n'était pas nécessaire. Il estimait avoir fait suffisamment bien comprendre au Hutt que sa stratégie n'était pas la bonne et ceci avec autrement plus de finesse qu'avec une réplique acerbe et ironique comme celle-ci. Leto connaissait Janos, Côme de son prénom puisqu'il avait été un Chevalier Jedi avant d'endosser le rôle de Sénateur d'Aargau. Il était de la même génération que le Falleen et ce dernier se souvenait de certain détails et de quelques scènes qu'il avait vécu avec l'Humain alors qu'ils n'étaient encore tout deux que des initiés. Très jeune, il avait eu l'esprit incisif, des idées, un concept de la politique très personnel et un goût pour les débats et les oppositions verbales non négligeable. Esthète du bon mot, manipulateur verbeux à l'extrême et imaginatif, Côme était Jedi Consulaire, une voie qui lui seyait à merveille tant ses compétences de diplomate étaient fabuleuses. Éprit de justice et d'égalité, dans ses jeunes années, Janos avait été partisan d'une refonte profonde du système parlementaire Républicain qu'il pensait corrompu et vicié. Si il y avait bien un esprit qui faisait preuve d'une plus grande contradiction d'un point de vue politique que celui de Leto, qui n'était pas le dernier pour être convaincu de la corruption du Sénat, c'était bien celui de Janos. Cependant, et pendant prêts de trente ans, Leto et Janos ne s'était que très rarement croisé et n'avait jamais eu la possibilité de s'entretenir. Le Falleen ne connaissait presque rien de sa personne à cet instant, pas plus qu'il n'avait eu connaissance de l'existence de Gabrÿelle Evans.

Suite à la première diatribe de la jeune femme, Leto s'empressa de glisser un commentaire pour faire en sorte de communiquer son désarroi, semblable à celui de son interlocutrice :

- « Il est en effet étrange de constater que ce soir, il évoque clairement ne pas être administrer par le Chancelier lui-même alors que l'inverse s'était produit avec Arnor. Je suppose que cela va au delà d'une palinodie de politicard...

Le Falleen laissa l'Humaine terminé d'exposer son point de vue. Elle était courtoise, fine dans sa façon de discourir et sa voix était modérée. Elle avait visiblement appris à parlementer, qui avait un subtile différence avec la notion de parler. Presque tout le monde pouvait parler, peu de gens portait cet exercice en art comme les meilleurs politiciens de la Galaxie. Evans semblait en faire partie.

- Cela rejoint ce que je pensais ce tantôt, pour être tout à fait honnête envers vous, je ne pensais pas évoquer ce fait avec le Sénateur mais sa présence alors qu'elle n'était pas officiellement requise par le Chancelier pour débattre d'un sujet d'une telle importance ne m’enchantait guère. »

Evans semblait poser et se poser les bonnes questions, notamment à propos de la bizarrerie qui consistait à imposer un Ministre de l’Économie en tant que chef de guerre et négociateur avec un parti tier armé comme l'Ordre Jedi dans le but de consolider les forces d'attaque de la République. Cela n'avait aucun sens, ce n'était pas le rôle de Rejliidic. Et quand bien même cela n'était qu'une vaste stratégie de politicien, Leto, avec son expérience et en son âme et conscience ne voyait guère l'étendu et la valeur d'une telle manœuvre. Mais un point qu'avait soulevé la jeune femme en particuliers interpellait le Jedi. De façon que Leto avait un peu de mal au départ à juger juste ou légitime, Evans évoquait sans trop d’ambiguïté le fait que le Sénateur de Bakura s'était immiscé au plus prêts des affaires liant plus ou moins directement la République à l'Empire. Comme pour garder contact, maitriser les choses, se tenir au courant au plus proche des évènements. Doubler ses concurrents politiques étaient le but probablement le plus prévisible de toute cette tartuferie, mais Leto redoutait qu'il y ait d'autres raisons beaucoup plus obscures et moins triviales derrière cela. Les rumeurs allaient bon train parmi ceux qui s'intéressaient un minimum à la politique. Un devoirs de ré-information était nécessaire et d'ailleurs assuré par une maigre frange de la population lucide et avisée, et Leto lui-même avait put profiter de quelques éclaircissements à propos de certaines affaires mais dans son ensemble, les agissement du Hutt paraissaient souvent ambivalent. Ne souhaitant pas se laisser aller au populisme et aux théories du complot à tout va, le Jedi était néanmoins convaincu que la République était gangrenée et instrumentalisée pour flatter les égaux et servir des desseins personnels plus ou moins malhonnêtes.

Mais les paroles de Gabrÿelle lui faisait voir les choses d'un angle quelque peu différent. Comme on dit dans ce genre de situation, ''une fois, c'est un hasard, deux fois, c'est une coïncidence, trois fois...'' et force est de constater que les choses semblaient se répéter étrangement avec toujours comme même acteur de la pièce de théâtre les même protagonistes. Si le ton employé par le Sénateur avait été dans l'instant présent quelque peu outrageux et dérangeant, il fallait voir les conséquences de tout cela plus loin que les négociations du jour. Et si le Hutt avait tenté de piquer le Jedi au vif pour braquer l'Ordre et les faire se désolidariser de la République ? Pour ceux qui avaient soif de liberté et se voulaient inféodés à quiconque dans un soucis de justice et d'équilibre, prétendre qu'ils puissent être si facilement asservis pouvait mener à l'agacement et le refus de toute négociation. Toucher à la liberté de celui qui n'a rien d'autre de plus cher au monde, et il deviendra une bête de guerre prête à tout pour défendre son dut. Ou alors, avait-il tenté au contraire de courroucer les pacifiques Jedi afin qu'ils acceptent d'entrer en guerre ouverte contre les Sith ? Dans les deux cas, les choses se seraient réglés une fois encore les armes à la main, mais d'un côté, ça aurait été les Républicains qui auraient été avantagés par leur alliance avec les Jedi ; de l'autre, ça aurait été les Sith puisque les Jedi aurait refusés d'aider la République en cas de guerre.

Restait à savoir et à comprendre pourquoi, qu'est-ce qui pourrait intéresser Ragda et qui le pousserait à tenter une telle manœuvre. Si le raisonnement de Leto était juste, qu'est-ce que Ragda pourrait obtenir d'assez important pour qu'il essaye de braquer les Jedi contre la République ou au contraire pour qu'il les attise jusqu'à les mener à la guerre. Dans quel camp se trouvait le Hutt ? Était-il toujours fidèle à la Démocratie et la Paix ? Ou avait-il partie liées avec les Sith ? Cependant, Leto savait que pour le moment, rien n'était moins sur. Rien de concret n'avait filtré des dires d'Evans, et il lui fallait garder à l'esprit que là encore, malgré tout les talents d’oratrice de la demoiselle, cela ne soit qu'un vaste boniment destiné à porter le discrédit sur ce qui reste un rival politique fort. Mais en tant que Jedi, il n'avait pas le choix et devait se montrer particulièrement attentif à la question des Sith, surtout lorsqu'il s'agissait d'une éventuelle traitrise à la République. Un Sénateur ou un quelconque dignitaire Républicain qui manigancerait avec les Sith devrait faire l'objet d'une enquête soigneuse et approfondie et d'une surveillance de touts les instants. Et faute de mieux pour le moment, Vorkosigan devait se montrer compréhensif et ne pas faire la sourde oreille, quitte à tomber dans le piège et se faire passer pour un naïf aux yeux de son interlocutrice.

Leto s'éloigna de la baie vitrée tout en replaçant ses avants-bras dans la manche opposée de sa bure Jedi et se dressa devant Gabrÿelle. Imperceptiblement, il s'était légèrement penché en avant, comme si il s'apprêtait à murmurer quelques secrets à elle, l'intensité de la contraction des muscles de son visage dénotait d'une sincère prise de considération de ce qui avait été dit.

- « Les accusations que vous semblez porter contre monsieur le Sénateur sont très graves, aussi je ne puis me permettre de les ignorer au moins jusqu'à temps qu'on puisse vérifier vos dires. L'Ordre Jedi sera averti de vos craintes mais vous resterez anonyme, ma source ne sera aucunement divulguée et si une enquête officielle ne peut être dirigée, au moins notre vigilance sera en alerte.

Leto se décala de quelques pas sur le côté, il tourna la tête en hochant d'un air tout à fait intrigué :

- Pour le reste, je suis d'accord avec vous, Rejliidic ne semblait pas décidé à me laisser le choix, ce qui me laisse perplexe quant à ses objectifs et plus que cela, par rapport à ses véritables droits et devoirs dans cette affaire. Mais entre nous, si il croit que interruption de la conversation suffit pour créer un accord tacite entre lui et moi, il se trompe. L'Ordre Jedi entend bien faire entendre sa voix, c'est pour cela que le Chancelier Scalia a eu l'obligeance de nous convier à former son nouveau gouvernement.

Leto conclut :

- Le Maître Jedi Alyria Von a été élue Ministre de la Défense. Aussi fou que cela puisse paraître, car les Jedi ne font pas la guerre, c'est avant tout avec elle et avec le Chancelier Scalia en personne que je devrais traiter de l'engagement de l'Ordre Jedi dans la guerre. Je tacherais de me rappeler de vos réflexions et de vos craintes lorsque le moment sera venu. Les Jedi ne se jetterons pas tête première dans la bataille, je peux vous le garantir. »

Leto estimait avoir été suffisamment pondéré entre exprimer son souhait de soutenir la République, et son refus catégorique d'engager un conflit à la va-vite. Aussi, il pensait ne pas devoir en dire plus malgré le respect qu'il avait pour Gabrÿelle; Et quand bien même il concevait que celle-ci se trouve ici avec probablement des objectifs qu'elle s'efforcerait de remplir car on lui en avait donné l'ordre. Mais il ne pouvait décemment pas aller plus loin, et ne l'aurait d'ailleurs probablement pas fait avec le Sénateur Hutt lui-même, les décisions et les prises de positions claires et fermes devaient être prises en présence des personnes responsables directement et assisses au sommet de la pyramide. Scalia et Von. À moins qu'un intermédiaire, comme Janos, Evans ou même Rejliidic lui-même ne soit commandité officiellement pour représenter les intérêts de la République dans le débat.

Le Falleen aurait put se sentir mal à l'aise, gêné, contraint envers Gabrÿelle mais il fallait raison garder, et avec son expérience de Maître Jedi, il avait de la compassion mais ne s'affecter pas outre mesure du sort des figures politiques qu'il côtoyait. Il était discipliné, déterminé et opiniâtre. Il ne fallait pas confondre le fait d'avoir du respect et de la compassion pour tout êtres vivants sans distinction, et être asservit. Aussi, il considérait qu'il n'avait plus de compte à rendre à quiconque pour l'heure. Il entreprit donc de prendre congé après avoir accompli une brève révérence devant la jeune femme.
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Que devenait une réunion lorsque le maître de conférence disparaissait ? Habituellement les quelques participants se contentaient de retourner vaquer à leurs occupations, mais lorsque Gabrÿelle Evans s'incruste dans une d'elle et qu'elle y voit une opportunité pour imposer ses idées, elle ne le permet pas !

C'est ainsi que l'on pourrait résumer le tête à tête entre le Maître Jedi Letro Vorkosigan et le scénateur Ragda Rejliidic au final ! Invitée surprise, la jeune femme n'avait pas manqué de prendre en main la réunion lorsque le sénateur disparu pour d'obscurs raisons et ainsi offrir au Maître Jedi de précieux avertissements sur les manœuvres du gouvernement en place ! Cela n'aurait pu être qu'un coup d'épée dans l'eau, mais la belle empoisonneuse avait su trouver les bonnes paroles pour attiser l’intérêt du Falleen qui s'était laissé prendre au jeu de la belle.

Repousser la décision quand à l'envoi des Jeldis sur Byss était il une bonne idée ? Peut être pas !



Gabrÿelle Evans remporte sa joute verbale !
Invité
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Le Maître Jedi parti, il nous fallait à présent rejoindre au plus vite le Bureau de la Chancellerie duquel sortirait le Vice-Chancelier sitôt son discours de présentation du nouveau gouvernement applaudi. Faute de temps, nous courûmes malgré l'indécence d'une telle précipitation en ce lieu. Sur le pas de la porte, deux gardes empanachés de bleu nous saluèrent sobrement avant de nous indiquer la sortie imminente, par cette porte, du Vice-Chancelier. Comprenant par là qu'ils nous interdisaient l'entrée mais nous invitait à attendre, nous nous tînmes à leurs côtés en silence, attendant que le général victorieux se présenta à son lieutenant.

La porte s'ouvrit, dessinant la haute stature du Vice-Chancelier qui, le menton haut, les yeux portant au loin, arborait tous les signes d'une procession qu'il s'apprêtait à conduire en grande pompe. Sans qu'il nous adressa un regard, nous nous glissâmes dans sa traînée et, aussitôt, l'informâmes de l'accomplissement de cette tâche qu'il nous avait confié.


« - Vice-Chancelier Janos, le Ministre Reijlidic a quitté de façon inattendue une réunion qu'il avait, dans un cadre tout à fait informel, organisée avec le représentant de l'Ordre Jedi Leto Vorkosigan. Nous en avons profité pour glisser quelques mots à l'oreille du Maître Jedi qui, nous en sommes persuadés à présent, restera extrêmement distant avec le Ministre de l'économie qui, sans surprise, lui inspire quelque méfiance. L'Ordre Jedi soutiendra sûrement la République et le nouveau gouvernement du moment que celui-ci ne lui demande pas de devenir son fer de lance dans une guerre contre l'Empire Sith. Nous ignorons, cependant, où se trouve le Ministre actuellement, il s'est éclipsé sans aucune forme de politesse visiblement contrarié. »

Au fur et à mesure de notre avancé, une nuée chaotique faites de journalistes, de politiciens, de sénateurs avait commencé à s'agglutiner autours du noyau dur que nous formions si bien que, désireuse de discrétion, nous reprîmes ce dialogue directement d'esprit à esprit.

« - Pouvons-nous à présent préparer notre inscription dans l'organisation de l'administration de la Vice-Chancellerie ? Nous en connaissons déjà quelques faiblesses et plus tôt nous aurons commencé à y remédier, plus tôt nous pourrons efficacement vous suppléer. »

«Ce ne sera pas nécessaire. Ah, bonjour, sénateur... Oui, merci... Vous serez au service de Lars Shadley. Non... Pas d'interview, ce soir... Je vous en prie... Mon suppléant a besoin d'un bras-droit qui connaisse tout du système. Merci... Merci, beaucoup... J'y ai travaillé dur, vous savez... J'ai dit.»

« Comment… Non ! »

Cet élan d'indignation avait échappé à nos lèvres de même qu'il échappa à l'oreille du Vice-Chancelier. Sitôt sa parole avait été donnée, sitôt il sembla nous avoir écartées de sa pensée. À ceci, rien ne répondit sinon le mépris d'un bureaucrate boursoufflé dont les yeux porcins nous toisèrent avec dédain, nous autre petite créature de pacotille devant laquelle les portes du bureau de la Vice-Chancellerie venaient de se refermer.

Pétrifiée par la sentence qui nous avait été prononcée, nous fûmes très tôt débordées de tous côtés par le banc de crustacés technocratiques que le Lord avait attiré dans son sillage. Sans égard pour le frêle esquif que nous étions, chacun aller de son coup d'épaule, de son geste d'agacement, trop content de pouvoir saisir au passage cette possibilité de fouler du pied un membre d'une caste inférieure.

Les derniers harengs passés, nous devinâmes à nouveau celui qui guidait le troupeau. Ayant atteint la lisière des marches du Sénat, Il avait quitté nos ombres pour gagner la lumière orangée des projecteurs. Ils L'avaient attendu toute la soirée durant. Lui, superbe et flamboyant, il se tenait là au-dessus d'une foule que nous ne pouvions qu'entendre scander et applaudir son nom. Nimbée de cette aura, par cette aura artificielle, rougeoyante le Héraut venait sous nos yeux stupéfaits de s'incarner en une nouvelle figure : Hector adoré et craint d'une épopée qu'il entendait désormais poursuivre seul. Comme pour les saisir au vol au moment de leur genèse, le Héros leva la main et cueillit les ovations que la plèbe présentait à lui comme autant d'offrandes. Qu'importent les années de guerre qui avaient dû être menées pour en arriver là, il ne faisait aucun doute qu'un jour opportun, c'est par cette scène que l'aède commencerait son chant.

Sa haute stature s'ébranla, sa main toujours dressée, une brise soudaine envola sa cape et soudain il s'évanouit, étincellant, plongeant derrière la horde à la façon dont une étoile se perdait derrière une Lune au moment d'une éclipse.

Désormais hors de notre vue Côme Janos avançait.


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[justify]« Gabrÿelle, voulez-vous bien appeler mon amie Natacha Barns ? Nous avons de nouveaux tailleurs à visiter demain soir, ils nous ont été conseillés par Madame de Montijo. Mon Larsounet m'a « ordonné » de me trouver de nouvelles tenues pour notre dîner avec les gens d'Ord Mantell, dont j'ai déjà oublié le nom. Vous comprenez, il ne faudrait pas que nous fassions honte à notre Sénateur. »

Bien évidemment, nous ne comprenions pas. Pourquoi les impôts aargauniens se trouvaient gaspillés dans les tenues osées d'une grande horizontale, d'une cruche ! Et ce regard complice qu'elle nous adressait – qui nous mettait dans le plus grand inconfort –, comme si nous étions nous et elle de la même nature. Cette fade évaporée avait même eu l'impudence la veille de suggérer que nous devions notre place ici grâce à une relation clandestine avec l'ancien Sénateur d'Aargau. Comment avait-elle pu oser ? Six jours, six jours que nous étions passées du poste de Secrétaire Personnelle du Sénateur d'Aargau à celui d'Assistante au Proxénétisme de Luxe de la cocotte d'un politique. Et il fallait la voir s'enorgueillir de la capacité qu'avaient ses mamelons siliconés de la hisser jusqu'à la haute société. Étonnant que deux ballons si démesurés, aussi imposants, fussent à ce point peu denses qu'ils permettaient une ascension aussi fulgurante dans l'échelle sociale. Notre décision avait été prise dès le soir des élections, cet enfer qui avait duré tout le temps des préparatifs n'avait fait que la conforter. Cet enfer et le silence qui l'avait accompagné. Son silence.

« Oui, Mademoiselle Merteuil, je m'en occupe aussitôt que j'ai fini de prendre vos rendez-vous chez votre manucure et votre coiffeuse. »

« Oh, Gabrÿelle, cessez donc de m'appeler ainsi, nous sommes amies vous et moi. »

« Bien sûr, Mademoiselle Merteuil. »
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Un sourire intégralement composé précéda notre départ. Depuis peu, le service des Ressources Humaines n'avait plus aucun mal à nous chasser des locaux en temps et en heure, le soir venu. En l'occurrence c'était à vingt heure, fuseau horaire du Sénat de la République, que nous avions quitté notre bourreau. Nous gagnâmes notre air-speeder de location garé à l'opposé de la porte du turbo-élévateur – encore des privilèges que nous avions perdus avec la nomination du nouveau gouvernement –, l'activions sans réprimer un claquement de langue agacé survenu en entendant le ronron irrégulier et malade de son moteur de cinquième main.

Notre véhicule, non sans peine, parvint à s'élever jusqu'aux strates médianes de circulation et à se mettre au rythme que le ballet incessant auxquels nous prenions à présent part nous imposait. Nous nous apprêtions à bifurquer, fixant au loin un croiseur de combat qui gagnait l'atmosphère, si bien que nous ne remarquâmes le speeder-citerne qui fonçait droit sur nous qu'au dernier moment.
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« Péh Pédéa, on reprend l'antenne dans 5… 4… 3… 2… 1... »

« Faits divers, à présent. Nous en savons un peu plus sur l'accident de la circulation qui coûta la vie à une personne, hier, au-dessus du secteur industriel de la Corporation des Forges de Kazak Dum. Si aucun corps n'a pu être retrouvé, du fait de l'importance de la déflagration, la police a pu déterminé l'identité de la conductrice à partir des restes du véhicule qu'elle conduisait. Il ne fait donc aucun doute aujourd'hui que la conductrice était Gabrÿelle Evans, membre de l'administration aargautienne, surtout connue de par ses relations avec le Vice-Chancelier Janos. Même s'il semble pour l'instant qu'il ne s'agisse là que d'un dramatique concours de circonstances, suite au dysfonctionnement du droide qui conduisait le speeder impliqué dans l'accident, les enquêteurs n'écartent pas l'hypothèse de l'acte terroriste, le Lord d'Aargau ayant déjà été, à plusieurs reprises par le passé, visé par des dissidents originaires de sa planète et vivement opposés à sa politique qu'ils qualifient d'autoritaire. Nos condoléanes aux familles.

Maintenant un zoom sur la petite planète de Dantooïne, plus particulièrement sur la colonie de Dashae dans laquelle un paysan, Gagadon Bourbono, élève encore les espèces locales telle qu'on le faisait il y a plus de cent ans. Un reportage en image de Yves Boffo. »
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