Le Masque de la Force
Le Masque de la Force
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L'élection sur Coruscant vient de s'achever. Face à l'urgence de la situation sur Byss, le nouveau chancelier prend immédiatement ses fonctions, réunissant autour de lui une cellule de crise...

Rapidement, de nouvelles directives sont données aux Forces armées de la République, relayées par leur chaîne de commandement respective. Le message est clair : il faut neutraliser la menace rebelle, avant de confiner les forces impériales autour du Temple. Oui, tels sont les ordres du nouveau Chancelier : verrouiller tout le système. Aucun Sith ne quittera les lieux sans en avoir reçu l'autorisation... Une autorisation qui se négociera dès que le calme sera revenu, sur terre et dans les cieux.

Pendant ce temps, dans l'autre camp, c'est l’effervescence. Darth Jugal, le Cardinal Noir, membre éminent du Conseil Noir, l'initiateur de ce rituel, est mort. Tous les utilisateurs de la Force obscur l'ont senti. Dans un dernier effort, celui-ci a lancé un ultime appel dans la Force, révélant à ceux qui ont pu l'entendre que ses assassins n'étaient autre que les rebelles armés Sith. Aussitôt, la machine impériale se met en branle. Il faut éliminer ces rebelles, et surtout : préparer le départ de l'Impératrice et de ses hauts-dignitaires...

*****

Si les deux Maitre Jedi doivent retenir une leçon après ce qu'ils viennent de vivre, c'est bien celle-là : ne pas jouer avec les énergies obscures. A peine le portail a semble-t-il disparu qu'ils ressentent un terrible pressentiment. La seconde suivante, la pièce dans laquelle ils se trouvent explose, vaporisée par ce qui pourrait passer pour une retour de flamme crée par l'utilisation inconsidérée de la Force. Tous deux sont projeté en arrière, au travers de la paroi extérieur du Temple, réduite en poussière par le souffle de l'explosion. Sous eux, le vide. Impuissants, ils décrivent une terrifiante parabole dans les airs, avant de s'écraser sur le toit d'un bâtiment tout proche. Fort heureusement, il y a bien plus de peur que de mal.

A peine se sont-ils redressés, indemnes, qu'ils reçoivent les nouveaux ordres dispensés aux soldats et aux Jedi engagés : ils doivent se replier, et rejoindre les forces Républicaines afin de prendre d'assaut les transporteurs de troupes Impériaux stationnés un peu plus loin. Ils s'engagent dans un antique escalier de secours, lorsqu'ils ressentent deux présences, juste devant eux, leur barrant, volontairement ou non la route...

*****

Araya plisse des yeux. La lumière crue du soleil, pourtant filtrées par les antiques baies vitrées de l'édifice tranchent avec la pénombre des sous-sols. Par chance, ou guidé par la Force, qui sait, il est parvenu à trouver un moyen de s'extraire du trou à rats dans lequel il avait chu. Il n'est visiblement plus dans l'enceinte du Temple Rataka. Ici tout semble plus carré, plus spacieux, plus... moderne. Même si ce mots parvient difficile à se conjuguer avec l'état de délabrement des machines millénaires qui s’alignent sous ses yeux. Plusieurs d'entre-elles s'animent à son passage, répliquant avec une maladresse évidente des gestes qu'elles n'ont plus effectuées depuis des lustres.

*****

Darth Odium en a terminé avec le soldat qui a osé lui tenir tête. Aussi, il décide de rebrousser rapidement chemin, afin de retrouver ses hommes. Il vient de recevoir ses nouveaux ordres : sécuriser un coridor d'évacuation entre le Temple et les navettes de transport, afin de permettre, le moment venu, d'évacuer la Dame Noire le plus rapidement possible. Ordres qu'il prend très au sérieux lorsqu'il ressenti Darth Jugal, le Cardinal Noir, s'éteindre de la main d'un rebelle Sith.

Avec précipitation, il regagne la cage d'escalier la plus proche... Et c'est alors qu'il tombe nez à nez avec un autre membre de son Ordre... Le Seigneur Darth Araya. Mais à peine ouvre-t-il la bouche pour lui présenter ses salutations, qu'une présence trop lumineuse pour être honnête lui fait faire volte face. Là, derrière cette porte, ils sont deux... Deux Jedi. Que viennent-ils faire ici ? Son instinct ne lui dit rien de bon...




Seuls les joueurs Alyria Von, Lorn Vocklan, Darth Odium & Darth Araya sont autorisés à poster dans ce sujet.
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S'agissant d'un combat sans dé, vous serez départagés sur la qualité et la pertinence de vos RP, ainsi que l'originalité et l'intelligence de vos idées. Soignez donc bien votre écriture !

Invité
Anonymous

Rien à faire ! J’ai beau essayé de ne plus y faire attention, je n’arrive pas à passer outre cette puanteur qui me colle à la peau, si repoussante qu’elle ferait vomir un Jawa ! Me voilà bien apprêté, tiens ! Englué de la tête aux pieds dans des vêtements presque entièrement recouverts d’une espèce de boue à l’odeur putride, partiellement séchée par endroits, on pourrait aisément me confondre avec un ermite sorti joyeusement de sa grotte pour faire son brin de toilette annuel ! D’autant que je ne m'en rends compte que maintenant, si bien que j’ai dû trainer ce parfum de mort immonde depuis que mes yeux se sont plissés à la lumière du jour, perçant à travers une vaste structure en verre plafonnant le ciel entaché de vaisseaux planant en vol stationnaire, lorsque je suis ressorti des souterrains pestilentielles de ce temple aussi maudit que millénaire, lui-même resurgi des entrailles de la terre, plus tôt avant. Oh certes, je me rappelle que sur le moment, assister à ce spectacle grandiose avait été tout bonnement stupéfiant : j’étais resté coi, quasiment bouché bée face à l’ampleur et au gigantisme de l’invocation que les efforts de concentration conjuguée des représentants officiels de l’Ordre Sith étaient parvenus à accomplir de concert. Et c’est avec des yeux médusés de stupéfaction – je ne devais pas être le seul dans ce cas-là – que j'ai réalisé la grandeur de ces vestiges millénaires à la superbe terrifiante qui servirait bientôt de décorum antique et de catalyseur de Force au rituel de l’Impératrice Sith, devenant ainsi le mémorial de sa reconnaissance et de son ascension suprême. Jamais je n’aurai cru qu’un jour, je verrai de mes yeux vu un témoignage vivant de la civilisation disparue des Rakata, et rien que pour ça, le voyage valait bien le détour. Et comme toujours, j’avais parlé trop vite… Encore heureux que le masque esquinté que je porte dissimule mon identité aux yeux de tous, c’est bien là l’unique réconfort qu’il m’est donné d’apprécier à sa juste valeur !

Depuis, je ne cache pas avoir pas mal déchanté quant à la pertinence de la mission qui m’a été confiée, tâchant pour l’heure d’accomplir un exploit relevant de l’impossible : me dépêtrer tant bien que mal de cette calamité olfactive dont les relents de moisi et de vase croupie harcèle mon odorat et me soulève le cœur ! Comme dit le proverbe : « A chacun sa peine, à chacun sa récompense ». Remarquez, en parlant de ça, je n’ai pas spécialement à me plaindre, comparé au sort funeste que vient de connaitre le haut-dignitaire du Clergé Sith, celui qu’on nomme – qu’on nommait, pour le coup – Darth Jugal, l’actuel Cardinal Noir. Si mon sang ne fait qu’un tour à l’instant où je réalise qu’il vient de trépasser, c’est parce que j'en viens à me demander si son décès n’est pas planifié de longue date par l’Impératrice elle-même. Possible qu’elle ait vu en lui une menace grandissante à son autorité et ses ambitions. Je me souviens encore très bien de ses paroles, lors de notre dernière entrevue dans l’enceinte feutrée de la Citadelle Impériale :
« Vous prendrez la place du Cardinal Noir, seigneur Araya. Actuellement, elle est occupée par Darth Jugal. Un Sith de Dromund Kaas qui se complaît à l’idée de me succéder un jour ». Dès lors, ses propos prennent un sens bien particulier, compte tenu de cet événement soudain. Il va sans dire que la césure laissée dans la Force par la disparition de l’aura d’un seigneur Sith est parfaitement perceptible par ses semblables, surtout lorsque le vide crée s’accompagne d’une résonnance du côté Obscur telle que l’écho de ses derniers soupirs, ultimes reliques de ce personnage tombé pour la cause, retient mon attention. Sur un ton vengeur, ses dernières sentences de mort pointent du doigt les rebelles Sith, coupables tout désignés ayant commis cette forfaiture. Sans doute croit-il que cet ultime cri de ralliement suffira à mobiliser les Sith dans un combat fratricide contre ceux qui lui ont ôté la vie… Or, de son propre aveu, l'impératif qui prime en premier lieu consiste à accompagner et soutenir la Reine Noire dans sa quête d'un pouvoir suprême, reconnu par les plus hautes instances de l'Ordre, Entités tout droit sorties des limbes de l'Ombre et dont la seule existence dépasse l'entendement commun. Qu'à cela ne tienne ! S’il faut semer quelques cadavres pour y arriver, qu’à cela ne tienne ! Rien d’autre ne compte, et sûrement pas l’accomplissement d’une vendetta personnelle pour le compte d’un illustre inconnu, au regard de l’arkanien. Le seul hic dans cette affaire concerne mon amante et confidente, Aky'ha Atu'hen, chargée d'assurer une escorte rapprochée de feu le Cardinal Noir. Si jamais quelque chose de fâcheux lui est arrivé... Inutile de s'embrouiller l'esprit avec de telles pensées, surtout qu'elle sait parfaitement se sortir de situations épineuses, et défendre chèrement sa peau en toute circonstance : elle me l'a déjà prouvé, et de manière si raffinée que je ne suis pas prêt de l'oublier !

Pour le moment, le mieux que je puisse faire, c’est ne pas m’éterniser dans les parages, histoire de ne pas m'exposer trop longuement à découvert et éviter de me retrouver ralenti par d’éventuelles poches de résistance restées en retrait jusque-là. Seulement, après quelques enjambées, sans savoir ce qui se passe au juste, le grondement d'une explosion retentit dans les parages, semblant provenir de partout à la fois. Je n'ai qu'à lever la tête pour cerner l'origine de la déflagration : l'un des murs du temple vient de littéralement voler en éclats sous l'impact d'une force inconnue, laissant un trou béant en lieu et place de l’ancienne paroi noirâtre, encore fumante. Une pluie de décombres s’abat non loin de l’endroit où je me tiens, alors qu’apparemment, aucune incidence notable ne semble se produire suite à cette scène de destruction. Sans perdre de vue l’essentiel, l’explosion impromptue d’une partie de l’édifice sacral m’incite de plus belle à rejoindre, si jamais elle existe, une ligne de front susceptible de cristalliser le conflit en cours, afin d’aller prêter main forte à mes compagnons d’armes et, par-là même, défaire les objectifs du camp séide.

Décidé à atteindre un point de repère situé en hauteur d’où je pourrai avoir un aperçu des zones alentours, je viens à peine de gagner les niveaux supérieurs d’un complexe de bâtiments imbriqués les uns à côté des autres, que je stoppe net ma progression. Passablement étonné, je viens de me rendre compte que l’architecture moderne de ces lieux change du tout au tout, à rebours de celle des soubassements ancestraux jonchées de limon du temple et bâtis tout en pierre de taille, pour ainsi dire, que j’ai eu l’occasion de voir de près pendant la visite de ses passages souterrains. Ici, le profil des lignes aussi saillantes qu’épurées et les matériaux de construction utilisés semblent surgir d’une autre époque, bien plus avancée d’un point de vue technique, à l’instar de ces machines qui font vaguement penser à des chaines d’assemblage sophistiquées. J’ai l’étrange impression d’avoir fait un bond dans le temps, alors que je n’ai parcouru qu’une centaine de pas, tout au plus, au sortir de mon excursion dans les tunnels du temple. Et puis d’un coup d’un seul, toute cette technologie parait s’éveiller d’un sommeil de plomb pour se mettre en branle, tandis qu’une multitude de tableaux de commande s’illuminent les uns après les autres, et les appareillages de commencer à s’animer lentement, se mouvant par le biais de bras articulés œuvrant dans le vide, faisant pleuvoir une pluie de cliquetis numériques de toute sorte. Tout cela ne me dit rien qui vaille… C’est comme si une main invisible vient de raviver un passé révolu, ranimé pour la circonstance. Etrangement, aucun signe de vie ne laisse penser que qui que ce soit manœuvre directement le fonctionnement de ces machineries massives, et pourtant, je sens une présence invisible et diffuse qui œuvre en silence, obéissant à des consignes dont lui seul est à même de connaitre les desseins exacts.

Quoi qu’il en soit, je ne peux pas me permettre de flâner outre mesure, je dois continuer plus avant et retrouver la trace de Darth Ynnitach dans le but de savoir de quoi il en retourne présentement. Tournant au détour d’un corridor s’ouvrant sur un vaste espace où, là encore, de vastes ateliers automatisés sortent lentement de leur torpeur, je perçois une empreinte à la fois vivace et puissante du Côté Obscur qui se rapproche à grands pas, avant de se révéler sous mes yeux mi-alertes, mi-surpris. Je ne peux m’empêcher de pousser un soupir de soulagement discret en voyant la silhouette imposante de Darth Odium se profiler non loin de moi. Même si je l’ai pas eu l’occasion de faire sa connaissance lors de l’arrivée de la délégation Sith sur Byss, je ne peux m'empêcher d'afficher une mine enjouée en voyant poindre un visage connu :

« Ah, c’est vous ! Parfait ! Je ne suis pas mécontent de croiser votre route… D'avance, désolé pour la mauvaise odeur... » Sans prendre le temps de répondre à ma boutade, ni moi de finir ma phrase, mon vis-à-vis se fige net le premier, avant de se retourner, sur le qui-vive. Pour ma part, je viens d’esquisser un pas en arrière, mouvement de recul purement machinal. A vue de nez, je suspecte qu’un tandem de Jedi, et non des moindres, est en train de suivre la piste de ceux qui arpentent les environs, à la recherche d’éventuels fauteurs de troubles, probablement. Est-ce qu’ils sont en train de pister une trace en particulier, celle du seigneur Odium, pour ne pas le nommer ? Impossible d’en être vraiment sûr. En attendant qu’ils fassent leur apparition, j’approche du Chagrien pour lui murmurer mes premières impressions sur un ton se voulant impartial et décontracté à la fois, histoire de ne pas jeter d’huile sur le feu à la nervosité ambiante. Le sourire sous mon masque en témoigne à merveille :

« On dirait qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule… Il serait peut-être plus prudent de jauger d'abord à qui nous avons à faire, avant de nous lancer dans une confrontation stérile, mais ce n’est que mon avis ! »

Avec un peu de chance, il n’est pas dit que nous ne puissions pas faire entendre raison à ces cousins éloignés, d’autant que nous n’avons rien à cacher par le fait ! Nous sommes tous deux, Darth Odium et moi-même, des membres éminents de la délégation Sith escortant l’Impératrice Ynnitach, auquel nous avons juré fidélité et allégeance, point final ! Que pourrions-nous ajouter à cela ?! Libre à nous de faire les présentations en bonne et due forme et, par-là, faire preuve de bon sens, sans avoir forcément besoin de manifester la moindre animosité particulière. M’enfin, ce que j’en dis… La balle n’est pas dans mon camp, de toute façon !
Invité
Anonymous
Même si le jeune homme avait déjà affronté des adeptes du côté obscur plusieurs fois, il n’avait jamais été rongé par la curiosité d’en savoir plus sur le potentiel du côté obscur qui arrivait à corrompre et attirer si facilement les êtres sensibles à la Force. Que pouvaient-ils bien trouver dans cette sombre voie qui vaille la peine de tout jeter derrière eux et d’abandonner jusqu’à leur humanité ? Certes, le jeune maître se rappelait à quel point cela pouvait être grisant et libérateur de laisser libre cours à ses émotions et de laisser son esprit devenir totalement vide et blanc comme cela lui était arrivé plusieurs fois, mais malheureusement il savait aussi que le côté obscur pouvait faire ressortir ce qu’il y avait de pire en chaque individu et ce n’était généralement pas très beau à voir. Pendant longtemps après ses confrontations avec les premiers siths qui croisèrent son chemin, le garçon s’était repassé sans cesse les scènes des combats et les dialogues échangés afin de comprendre ces adversaires : connaître son ennemi était la première étape pour le vaincre, n’est-ce pas ?
Il avait pu lire en eux leur soif de sang et de pouvoir qui se reflétait dans leurs regards emprunts de folie voire de démence, mais malheureusement il n’avait jamais réussi à se mettre totalement dans leur chaussures pour essayer de les comprendre. Comment l’aurait-il pu de toute façon ? Il comprenait bien que certaines personnes étaient prêtes à tout pour parvenir à leurs objectifs, il avait bien été capable de fratricide pour sa seule survie, mais il ne comprenait pas comment quelqu’un pouvait accepter de devenir un meurtrier sadique sans voir ce qu’il était devenu et à quel point il s’était enfoncé dans la démence. Cette énergie, cette voie pouvait paraître tentante car elle faisait miroiter la promesse de devenir assez puissant pour réaliser tout objectif de la personne qui s’y intéressait mais, petit à petit, elle forçait cette personne à renoncer à toutes ses valeurs et ses croyances jusqu’à devenir une arme, un instrument puis un jouet de ses propres émotions.
Que pouvait-il y avoir de si satisfaisant à oublier jusqu’à sa propre identité pour pouvoir lancer quelques éclairs et manier une énergie qui semblait parfois incontrôlable, même aux yeux des érudits ? Décidément le jeune maître savait bien qu’il ne parviendrait pas à trouver de réponses sans se plonger dans les études du côté obscur et de l’alchimie sith, malheureusement il ne pouvait se le permettre car les exemples de jedis corrompus par leur curiosité étaient légions au sein de l’Ordre et il ne désirait nullement être un nom de plus ajouté à la liste des jedis qui s’étaient…égaré.

Si en arrivant dans ce temple, face à ce duo de siths, le jeune homme avait espéré en comprendre un petit peu plus sur leur culture et leur énergie en essayant de comprendre le but de cet étrange rituel et la façon dont avait été créé ce fichu portail, Lorn dût rapidement se rendre à l’évidence en voyant que même le créateur de ce portail n’arrivait pas à le refermer correctement. Voir cet homme ramper la queue entre les jambes aurait été amusant voir même grisant si la situation n’avait pas été aussi complexe et si Lorn n’était pas retourné à la case départ une fois encore. Frustrant était un euphémisme pour définir ce que ressentit le maître en entendant ce sith les appeler à l’aide, lui et sa camarade, comme un enfant avouant à ses parents qu’il venait de faire une grosse bêtise.
Si un sith bercé dans les arts obscurs n’était même pas capable de maîtriser cette sombre énergie, comment est-ce que le jeune maître d’armes pouvait-il espérer comprendre tout cela voire faire mieux sans se corrompre lui-même ? Non, vraiment, jamais il ne souhaiterait devenir comme ces…bêtes sauvages. Mais il n’était pas assez naïf pour croire qu’il ne pourrait pas arriver à ses objectifs sans sacrifices, il ne comprenait jamais ces siths sans essayer de rentrer dans leur peau et ce processus n’était pas totalement exempt de risques de corruption pour sa propre personne. Mais cela n’importait plus désormais car à présent il observait, impuissant, ce fichu portail s’emballer malgré sa piètre tentative de le fermer avec toute la subtilité dont il savait faire preuve : à coup de sabre laser.

À sa grande surprise le garçon fut forcé de ravaler son pessimisme en voyant, en un clin d’œil, le portail se refermer et disparaître totalement sans la moindre trace. Soupirant en se disant que le plus dur était passé, rangeant ses sabres lasers à sa ceinture, le garçon se tourna vers sa camarade pour lui faire un hochement de tête approbateur et lui faire comprendre que c’était bien terminé, le maître ouvrit de grands yeux de surprise lorsque ses oreilles bourdonnèrent et que ses pieds décollèrent du sol. L’espace d’un instant son esprit devint blanc, comme s’il avait la tête dans un étau, il n’était plus capable de comprendre ce qu’il se passait et il lui fallait une dizaine de secondes pour analyser ce qu’il venait de se passer : il y avait eu une explosion et lui et sa camarade venaient d’être projetés à travers l’épaisse paroi du temple.

Douloureux ? Pas tellement et c’était bien là le plus étrange car cette paroi était, de mémoire, assez épaisse et Lorn s’était attendu à avoir quelques os brisées ou au moins quelques cottes mais il ne sentit rien de tout cela. Durant son vol planté il tenta bien d’attraper son communicateur afin de contacteur les soldats qui les attendaient à l’entrée du temple, malheureusement le souffle de l’explosion et la chute qui suivit l’empêchèrent de trouver ses repères et de garder son équilibre. Frustrant, n’est-ce pas ? Se voir tomber, ne plus arriver à différencier le haut du bas et la gauche de la droite, tenter de bouger la tête et de se retourner afin de stabiliser sa position sans pouvoir y arriver. Il avait totalement perdu le contrôle, l’espace d’un instant et ce fut sans doute le sentiment le plus frustrant qu’il connaissait.

Puis après la chute et le sol qui se rapprocha, tout ne devint que ténèbres. Le bruit de l’explosion avait laissé subitement sa place pour laisser un absolu silence s’installer, les odeurs avaient disparu, le décor avait laissé sa place aux plus denses des ténèbres…où était-il ? Que lui était-il arrivé ? Pendant quelques secondes il resta là à se poser un milliard de questions pour essayer de comprendre sa situation, en vain. Cette sensation était très étrange car il avait l’impression d’être prisonnier de son propre corps et de s’en rendre compte : il n’arrivait pas à bouger, parler ou voir quoi que ce soit et il était conscient de tout cela. Était-ce le choc de l’explosion et de la chute qui avaient provoqué cela ?
Ne pouvant se résigner à son sort car il avait encore un travail à accomplir, le jeune homme tenta de toutes ses forces de reprendre le contrôle et bientôt il put sentir ses pupilles bouger faiblement : il était sur la bonne voie. Lentement, sûrement ; ces pupilles s’ouvrirent sur un décor inconnu au maître. Il fallut quelques autres secondes à ce dernier pour remettre de l’ordre dans ses pensées et se rappeler de ce qu’il s’était passé. L’explosion, la chute, il se rappelait de tout cela et venait apparemment de tomber sur le toit d’un bâtiment à l’allure autrement plus moderne que ce satané temple.

Se servant de ses bras comme de levier pour s’écarter du sol, le garçon se relevant difficilement jusqu’à tomber à genoux et prendre le temps de souffler, regardant autour de lui pour s’apercevoir que sa camarade, elle aussi, avait eu la chance d’atterrir sur ce même fichu toit. Fort heureusement, malgré le souffle de l’explosion, les deux maîtres ne semblaient pas avoir souffert plus que cela de la chute. La Force y était-elle pour quelque chose ?

Prenant une inspiration pour se donner le courage et l’impulsion nécessaire, le garçon se servit de ses bras et se releva d’un seul trait, droit comme un i, époussetant très légèrement la poussière accumulée sur ses vêtements. S’approchant ensuite de sa camarade, il se pencha vers elle et lui tendit une main qui se voulait secourable afin de l’aider, elle aussi, à se relever. Joignant le geste à la parole, le garçon ne put s’empêcher de demander à son amie :

« Rien de cassé ? »

La chute avait été rude et si le jeune homme s’en était tiré indemne, cela ne voulait pas dire qu’il en allait forcément de même pour son amie qui était, il fallait bien l’avouer, moins corpulente et résistante que lui. Une fois les deux maîtres de nouveau sur leurs deux pieds, le garçon s’avança sur le toit et commença à explorer le toit, balayant les environs de son regard avant de se retourner pour voir le temple et ce qu’il restait de la paroi à travers laquelle il était passé. Décidément il ne comprenait vraiment pas comment il ne s’était pas brisé plusieurs os sous le choc.

En parlant du temple le maître d’armes se rappela qu’il était arrivé avec un groupe de soldats et il voulut les prévenir de leur nouvelle position afin qu’ils ne s’inquiètent pas de leur absence. Attrapant son holocom accroché à sa ceinture, il fut sur le point de contacter les soldats lorsqu’il reçut subitement de nouveaux ordres. Ces derniers étaient on ne peut plus simple : un regroupement avait été ordonné afin de s’emparer des transporteurs et de ne laisser aucun sith s’échapper afin de faire toute la lumière sur ce qu’il venait de se passer. En sommes les forces républicaines allaient boucler entièrement cette planète et les deux maîtres allaient devoir se rendre au point de rendez-vous prévu à cet effet.
Restant un instant silencieux afin d’accuser l’information et de voir si sa camarade avait également entendu cet ordre, le maître répondit sur un ton neutre :

« Bien reçu. Nous nous mettons en route. »

Rangeant l’appareil à sa ceinture, le garçon s’engouffra dans un escalier de secours qui, malgré son aspect vétuste, semblait plus que capable de remplir sa mission sans que Lorn ne doive s’inquiéter de voir la plateforme s’écrouler sous ses pieds. Durant sa descente le jeune homme se posa une question : il allait devoir garder un œil sur tous les siths, mais que devrait-il si jamais il devait rencontrer un sith avant d’arriver au point de rassemblement ? Ils refuseraient sans doute d’attendre gentiment ou de les suivre, alors que faire ? Haussant les épaules il se dit simplement qu’il aviserait le moment venu et qu’il était inutile de se prendre autant la tête : la situation était déjà suffisamment compliquée comme cela.

Inspirant profondément, le maître d’armes s’avança marche après marche, silencieusement, jusqu’à ce qu’il finisse par avoir une mauvaise impression qui le fasse se stopper. Non, à bien y regarder ce n’était pas une simple impression mais bien la Force qui l’avertissait qu’il n’était pas seul ici, il pouvait ressentir deux sombres présences non loin de lui. Fronçant les sourcils en sachant bien ce que cela signifiait, en sachant bien que la question de tout à l’heure allait trouver une réponse plus tôt que prévu, le garçon se tourna vers sa camarade et lui demanda :

« Tu les sens aussi, non ? Je doute qu’ils nous laissent gentiment passer. Il semblerait que le rendez-vous doive attendre un peu. »

Bien sûr qu’elle les sentait tout comme Lorn, c’était évident, mais le garçon avait simplement besoin de savoir qu’elle était prête et parée à tout ce qu’il pourrait se passer derrière la porte devant laquelle Lorn s’était arrêté. Fermant les yeux afin de faire la paix dans son esprit et de garder son calme olympien si particulier chez lui, le garçon posa sa main sur la poignée de cette porte et l’ouvrit en grand, posant ainsi les yeux sur deux individus. Si l’un était difficile à identifier, l’autre était définitivement chagrien et il ne fallait pas être un génie pour sentir la puissance qui émanait des deux individus : ils n’avaient rien à voir avec les deux guignols de tout à l’heure.

Levant à peine les yeux pour observer le chagrien, chose qu’il avait clairement perdu l’habitude de faire, avant de reporter son attention sur l’autre individu, le garçon resta dans l’entrebâillement de la porte avant de demander d’une voix toujours aussi claire et calme que d’habitude :

« Bonsoir messieurs. À qui avons-nous l’honneur ? »

Il n’y avait, pour le moment, aucune raison de se montrer agressif de quelque sorte que ce soit, n’est-ce pas ? La situation était confuse, certes, mais cela n’empêchait pas de se comporter en personnes civilisées en se présentant les uns aux autres comme ils l’auraient fait dans toute autre situation moins chaotique. Se décalant légèrement sur la droite pour laisser suffisamment de place à sa camarade le garçon posa tour à tour ses yeux azurs sur le chagrien puis sur le proche-humain sans mot dire, attendant simplement une réponse de leur part.
Invité
Anonymous
Darth Odium s’extirpa en grimaçant des décombres. Il avait l’impression étrange que l’apocalypse s’était abattue pour une dernière fois dans l’immense usine rakata. Maintenant il régnait un silence étrange, comme si tout aux alentours était mort. C’était un sacré coup de poker, mais il était toujours vivant, malgré les acouphènes qui résonnaient dans son crâne et un début de migraine de tous les diables. Sans parler des muscles endoloris, des blessures multiples qui déchiraient sa peau et du goût de sang, âcre et ferreux, qu’il sentait au fond de sa gorge. Le seigneur Sith demeura un instant sur ses gardes, immobile, comme si son tragique ennemi risquait de ressurgir. Mais rien, le silence continuait de flotter.

Le grand chagrien fut soudainement secoué d’un léger rire qui se transforma en toux douloureuse. Ce fut un noble combat, même s’il se sentait un peu vexé de ne pas s’être débarrassé aussi rapidement qu’il l’aurait dû d’un soldat incapable de maîtriser la Force. De plus il ignorait toujours l’identité réelle de son adversaire, ce qui était fâcheux, et n’avait aucune envie de fouiller les décombres à la recherche de son cadavre, enfin s’il était mort, naturellement. Il avait l’intuition tenace que ce genre d’homme ne mourrait pas facilement, et cela avait même été confirmée. Odium était également déçu, son opposant aurait également été une prise parfaite pour satisfaire Darth Ynnitach, qui aurait sans doute pu lui trouver une utilité quelconque.

Il put constater qu’ironiquement il n’avait même pas lâché la précieuse prothèse cybernétique que lui avait balancé son opposant. Il pourrait la garder comme trophée dans un coin, en souvenir d’un long combat épique sur Byss la ténébreuse. Mais il laissa les rêveries de victoire et de gloire éternelle de côté car au même moment il sentit une disparition qui ébranla le côté Obscur dans son ensemble. Darth Jugal, il venait de mourir. La fin d’un seigneur Sith aussi puissant ne pouvait que provoquer la plus grande confusion. Joie de voir un rival puissant disparaître définitivement, crainte de déséquilibrer ou d’affaiblir les fondations de l’empire ? Cela ne faisait nul doute que de toute façon Jugal n’allait pas faire long feu. Il n’était plus dans les bonnes grâces et manquait de discrétion dans la fourberie habituelle des seigneurs Sith de son rang. La Reine Noire avait sans doute déjà choisi quelqu’un pour le remplacer à la tête du clergé Sith.

Mais la vraie question suspendue était qui ? Qui avait eu assez de pouvoir non seulement pour atteindre mais aussi pour anéantir un seigneur Sith redoutable et l’un des plus hauts dignitaires de l’empire ? La confusion qui était été des premières attaques avait sans doute fragilisé certaines défenses, sans compter le danger des rebelles qui s’insinuaient dans les rangs mêmes du glorieux empire Sith, le sclérosait de l’intérieur comme une infection… Le déplacement sur Byss était aussi aléatoire qu’une partie de pazaak, et il fallait bien que certains finissent par disparaître...

Il fallait reprendre la route et revenir à son poste. La gros de la première vague de combats était passé, mais le danger régnait toujours. Au loin des bruits de combat avaient repris, mais Odium parvenait à sentir que l’essentiel tenait bon, Le rituel de la Dame des Sith était toujours plus ou moins en court, du moins l’énergie noire qui s’était emparée du temple continuait à s’agiter, ce qui montrait qu’il n’avait pas échoué, bien que le chagrien dut admettre qu’il prenait un peu plus de temps qu’escompté. Il devait retrouver ses hommes. Son bataillon devait normalement être sagement resté à son poste. Le chagrien avait l’impression de s’être battu des heures, alors qu’en réalité ce n’avait été qu’un combat éclair. Curieuse chose que la perception temporelle.

Il poussa un long soupir et se concentra. Il fallait reprendre quelques forces rapidement un grésillement l’interrompit. Odium écarta du bout des doigts roussis quelques débris noircis à terre et ramassa un communicateur. Ce dernier devait s’être détaché sous le choc, un miracle qu’il fonctionne toujours.

La friture avait rendu le message difficile à comprendre, mais il avait saisi le plus important. Il devait à présent sécuriser la retraite de ceux qui étaient dans le temple, les plus importants membres de la délégation Sith. Il ne devait plus resté énormément de soldats compétents pour s’en charger, il fallait mobiliser des personnes de confiance. Odium se sentit un peu rengorgé par cette demande. Il rangea le communicateur brisé dans sa ceinture, garda la prothèse à la main car serrer ce charmant bras le galvanisait au plus haut point. Il s’enfonça vers la route qui semblait la plus rapide, une odeur de chair brûlée écoeurante lui arracha brièvement une grimace, mais tout en marchant il reprit sa concentration.

La méditation active permettait de regagner des forces sans pour autant rester immobile. Un peu moins efficace qu’une réelle séance, elle lui permit tout de même de se requinquer. Il regagna un ensemble de bâtiments entremêlés mais Odium n’avait aucune envie de se prêter à des réflexions architecturales. Il se contenta d’avancer rapidement vers le long couloir qui allait servir de fuite à la Dame Sith et ses proches, jusqu’à ce qu’il reconnaisse l’aura perceptible d’un autre seigneur Sith. Oh il n’avait jamais réellement rencontré Araya, leur relation s’était jusqu’ici limitée à des salutations courtoises lors de leurs rares rencontres à Dromund Kaas ou tout autre lieu central du nouvel empire Sith. L’arkanien était cependant l’un des bretteurs les plus redoutables, un très ancien partisan de l’empire et un grand maître de la Force. Un somme, il avait tout du seigneur Sith des plus respectables et redoutés.

Odium s’inclina légèrement à sa vue, un sourire aimable lui tordant légèrement le visage en entendant les excuses de son collègue. A quoi devait-il ressembler après avoir échappé à de multiples explosions, des lasers et autres robots géants ? La riche tunique Sith de son père déchirée de toute part, un bras à peine cicatrisé dont la peau avait brûlé, des coupures multiples et du sang qui commençait à sécher… Une bien piètre image, mais le chagrien préféra conserver toute sa dignité.

- Seigneur Araya, c’est un plaisir de vous rencontrer parmi ces couloirs désolés…

Un doux euphémisme. Il craignait de ne pouvoir s’occuper seul de la mission qu’on lui avait conféré, avoir une personne aussi puissante que Darth Araya à ses côtés assurait en grande partie sa réussite. Au moins pouvaient-ils éviter la mort ou le déshonneur. Il songea à la prothèse qu’il tenait toujours solidement, son cher trophée avec lequel il pouvait fanfaronner un peu. Il l’agita devant le seigneur Sith, l’air réjoui.

- Regardez-donc ceci, un beau travail, n’est-ce pas ? Je vois que vous aussi êtes passés par des moments délicats…

Malheureusement l’échange d’amabilités ne put s’étendre plus longtemps. Deux présences qui résonnaient fortement dans la Force étaient dangereusement proches. Des Maîtres jedi, des puissants, pas de la petite friture de chevalier. Odium se tendit un peu. Il montra d’un signe de tête à Araya qu’il avait compris. C’était vrai que depuis l’officialisation de l’empire, ils étaient dans le même camp, officiellement. Ils pouvaient au moins gagner un peu de temps et en apprendre sur leurs adversaires. Un homme et une femme, du même âge. L’homme, un proche-humain, s’était avancé le premier, visage sombre et posé, politesse affectée mais méfiance à peine dissimulée. Ce qui le frappa également ce la femme qui l’accompagnait, d’une beauté qui montrait des origines hapiennes mais aussi une main manquante remplacée par une prothèse.

Décidément, grand jour pour les estropiés de toutes sortes” songea Odium. Il devait s’agir de celle que l’on appelait la main brisée, qui était devenu maître jedi jeune et reconnue pour ses talents de duelliste...

D’un geste tranquille, le seigneur Sith dissimula son trophée-prothèse et se tourna avec un sourire vers l’homme. Etaient-ils des traîtres ? Faisaient-ils parties de la protection de la délégation (donc d’eux en l'occurrence) ? Odium n’avait prêté une grande attention aux jedi chargés de cette ingrate mission, c’était fort dommage à présent. L’homme n’était pas particulièrement agressif pour le moment, simplement tendu. Mais Odium avait la nette impression que cela ne durerait pas. En considérant les évènements récents, il était difficile de maintenir la mascarade de Byss aussi longtemps.

- Bonjour à vous. Nous faisons évidemment partie de la délégation Sith, nos noms ne vous diront sans doute peu de chose, répondit simplement Odium, doucereux.

Le Chagrien baissa ses yeux sur l’homme et lui rendit son regard scrutateur. Il craignait de passer pour un être affaibli, bien que la méditation ait suffi à lui rendre une partie de ses forces. Combien de temps ce petit jeu étrange allait-il durer ? Il était qu’aucune des deux parties n’avaient une réelle envie de se battre.

- Vous faites partie des envoyés de la République chargés d’assurer notre protection, n’est-ce pas ?

Il lança un regard sévère aux deux jedi, comme pour leur signaler que cela n’avait pas été une grande réussite jusqu’ici. Après tout il avait déjà failli mourir à plusieurs reprises dans son dernier combat contre un soldat de la République. Il aurait sans doute dû alerter Darth Araya que ni leur propre camp qui avait sans aucun doute assassiné Jugal et regorgeait de rebelles idiots, ni la République aussi changeante qu'insupportable ne pouvaient être dignes de confiance.

- Et donc, que venez-vous chercher par ici ?

Le faire parler, le distraire. Une attaque surprise peut-être ? Essayer au moins d'avoir quelques informations sur la confusion ambiante ne serait pas un mal avant d'en venir à la lame...

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La puissance exigeait toujours une contrepartie, un sacrifice. Telle était la vérité que bien des jeunes avides de connaissances ignoraient volontairement pour obtenir une parcelle de pouvoir en cédant aux sirènes doucereuses du côté obscur. Après tout, quoi de plus tentant qu’une force brutale pour réaliser ses désirs et ses rêves les plus fous ? Sauf que la compensation, terrible et implacable, prenait souvent des formes bien sombres.

En ouvrant son portail, le guerrier sith qu’Alyria et Lorn venait de défaire avait cru pouvoir accomplir ses plans, sans se soucier des conséquences sur lui-même et l’environnement présent, au mépris de toute prudence, et de toute logique. Le résultat avait été sans appel : un vortex carnassier, aspirant la Force, semblable à la gueule ouverte d’un sarlacc de Tatooine. Et en s’interposant, les deux maîtres jedis savaient qu’à leur tour, ils s’exposaient au retour de bâton que provoquerait immanquablement une telle perturbation. Mais trop de vies dépendaient de leurs actions, alors ils n’avaient pas hésité, et se tenaient prêts à subir le contrecoup de leur tentative.

Avec soulagement, Alyria vit le portail se refermer, et en aurait presque soufflé de contentement, si elle en avait eu l’occasion. En effet, immédiatement, comme lors d’une réaction en chaîne, la trentenaire se retrouva projeté en arrière par une force titanesque, qui la souleva dans les airs comme un vulgaire fétu de paille. Les multiples manipulations énergétiques que cet endroit venait de subir, allié au caractère déjà instable du lieu, gorgé d’énergie obscure, avait sans doute conduit à une surcharge de non naturelle, et la Force réagissait avec toute sa puissance. La pièce avait littéralement explosé.

Mettant ses deux bras devant son visage dans une futile tentative de se protéger quelque peu des éclats de roches, arrachés aussi bien aux parois qu’au sol par la détonation et qui ricochaient en tous sens, la maîtresse d’armes se sentit bientôt voler, impuissante, avant de s’écraser lourdement contre un mur, et de continuer sa chute inéluctable. Sous le choc, elle manqua perdre connaissance, et se laissa ballotter sans lutter. A quoi cela aurait-il servi de toute façon ? A la merci des éléments, il ne lui restait plus qu’à fermer les yeux et prier la Force de bien vouloir la garder en vie… Ou lui accorder un trépas rapide en cas d’atterrissage au sol trop violent.

En effet, c’était de cela qu’il s’agissait. Elle tombait, décrivant une sorte de parabole aérienne, pauvre amas de chair vivante soumis à des forces qu’elle ne contrôlait pas. Alyria ferma les yeux, et se prépara à l’impact, qui ne manquerait pas de survenir dans quelques secondes. Il était étonnant de penser que ce qui se déroulait en l’espace de quelques secondes à peine pouvait être ressenti comme un petit morceau d’éternité quand on en était victime. Ainsi, la jedi avait l’impression de tomber depuis des heures, comme si soudain, le temps s’était arrêté pour elle. 

Puis ce fut le choc et elle sombra dans l’inconscience.

Au bout d’un temps impossible à estimer, elle rouvrit les yeux, les paupières papillonnant sous l’effet de la lumière, ses globes oculaires tentant d’analyser l’endroit où elle se trouvait, mais ne parvenant pour le moment qu’à produire un flou complet. Fermant à nouveau les yeux, Alyria se concentra, se laissant envahir par la Force, cette vieille compagne si précieuse, essayant de faire le vide dans son esprit pour y voir enfin clair, dans tous les sens du terme d’ailleurs. Finalement, elle réitéra son essai, et cette fois-ci, elle put enfin distinguer le ciel au-dessus de sa tête. Elle était donc à l’extérieur du Temple.

La trentenaire ne bougea pas sur le moment, s’attendant d’un instant à l’autre à ressentir une douleur fulgurante… Qui ne vint jamais. Certes, elle éprouvait des élancements dans ses membres et ses tympans avaient apparemment eu du mal à encaisser la force de l’explosion, à en juger par le bourdonnement intense qu’elle entendait à la place des sons attendus dans une aire de combat comme Byss, mais rien d’autres. Se pouvait-il qu’elle s’en soit sortie à peu près indemne ?

Prudemment, la maîtresse d’armes arqua son buste pour quitter sa position allongée et constata avec bonheur que son corps réagissait aux injonctions de son cerveau. Pas de paralysie donc, ni de côtes cassées, ce qui était déjà beaucoup. C’est alors qu’elle se rendit donc qu’un liquide chaud et poisseux coulait le long de sa tempe. Elle approcha sa main droite et effleura la substance du bout des doigts, avant de regarder la trace laissée sur le gant blanc qu’elle portait en permanence, et qui était à présent maculé d’une large trace rouge sombre : du sang. Manifestement, son appareil auditif devait avoir souffert des événements récents.

C’est alors qu’elle aperçut Lorn debout et lui tendant une main secourable pour se mettre debout. Le soulagement de le voir apparemment en bonne santé et sans aucune blessure visible la submergea, ainsi qu’une certaine inquiétude en voyant ses lèvres bouger et aucun son en sortir. Voilà qui était tout de suite plus ennuyeux. Montrant son oreille et le sang qui s’en échappait d’une main pour lui faire comprendre qu’elle n’entendait rien de ce qu’il disait, elle agrippa avec sa prothèse la main tendue et se servit de cet appui comme d’un levier pour se propulser sur ces deux jambes. Et sa position stable une fois debout vint confirmer ses premières impressions : hormis des égratignures et des, elle ne s’était rien foulé ou cassé.

S’époussetant un peu, Alyria releva la tête et déclara, afin de prévenir son comparse :

« Je dois avoir le tympan percé, je n’entends strictement rien… Laisse-moi quelques minutes pour essayer de soigner ça, s’il te plaît. »

C’était une sensation très déconcertante que de se sentir parler, remuer les lèvres, produire un son, et ne pas le percevoir ensuite. La maîtresse d’armes espérait ardemment que ce manque cruel de communication entre deux de ses cinq sens n’avait pas altéré sa capacité à se faire comprendre de manière intelligible, même si pour le moment elle n’avait aucun moyen de le dire.

Plongeant dans la Force, elle décida de mettre en pratique le savoir guérisseur des jedis. Certes, ce ne serait pas aussi efficace qu’un soin effectué après coup par un membre du Medcorps, mais elle ne pouvait pas rester dans cet état pour le moment, et devait donc aller à l’essentiel. Après tout, sans être une experte dans les arts curatifs, elle avait évidemment dû s’y intéresser pour offrir des premiers soins sur le champ de bataille.

Dans un premier temps, il fallait déterminer à travers la Force l’endroit exact de la blessure, ce qui ne prit guère de temps. Ensuite, remonter ses flux pour déterminer ce qui était touché. Par chance, seul la membrane du tympan était percé, et pas de manière trop grande. Autant dire qu’avec des soins très localisés, elle devrait retrouver une bonne partie de son audition rapidement. Puisant dans la Force vivante, Alyria commença par accélérer le transport des plaquettes afin d’arriver en un temps record à une coagulation. Cela fait, elle entreprit de réaliser le même procédé pour les cellules nécessaires à refermer son tympan en produisant du tissu cicatriciel, et constata après plusieurs minutes que la perception auditive de son environnement commençait à revenir petit à petit. Il restait quelques bourdonnements désagréables, mais au moins, elle parvenait à entendre quelque chose.

Attendant quelques instants supplémentaires pour s’assurer que la guérison avait été correctement effectuée, elle regarda aux alentours, détaillant enfin son environnement immédiat. Les deux maîtres jedis semblaient avoir atterrit sur le toit d’un bâtiment en dehors du Temple, qui portait à présent les stigmates irréversibles de leur altercation avec le sorcier sith et son apprentie, puisque ce dernier présentait une ouverture béante à l’endroit où se tenait peu de temps auparavant la salle dans laquelle Lorn et elle-même avaient combattu.

Enfin, Alyria posa son regard sur son compagnon, son audition revenue pratiquement à la normale et l’informa d’une voix encore un peu rauque après tous ces événements :

« Je crois que c’est bon maintenant. Au pire, je me ferais examiner par les maîtres guérisseurs quand nous rentrerons sur Ondéron. »

Elle ne put rien ajouter d’autre, puisque son audition fraîchement retrouvée lui permit de voir que son comlink sonnait : un message du haut-commandement, et apparemment, Lorn venait aussi d’être contacté. Manifestement, leur mission sur Byss était loin d’être terminée. Alyria écouta donc attentivement le soldat lui expliquer les nouvelles directives : empêcher les siths de s’enfuir après les récents événements et sécuriser les transporteurs impériaux… Il était évident que les agissements des siths demandaient des explications afin de faire la lumière sur ce qu’il venait de se passer. Le tout était d’espérer que de leur côté, l’autre camp n’ait pas reçu l’ordre inverse, soit partir le plus vite possible, car dans ce cas, les affrontements risquaient de reprendre de plus belle, et ce n’était pas franchement une perspective réjouissante. Enfin au moins, les deux maîtres étaient toujours ensemble, en vie, et prêts à exécuter les ordres reçus.

Cependant un détail attira l’attention de la trentenaire : alors que le soldat venait de terminer la transmission, il sembla hésiter à ajouter quelque chose, et au lieu de couper la communication immédiatement comme Alyria s’y était attendu, l’homme restait en contact. La jedi, désirant ne pas perdre un temps précieux, demanda finalement :

« Autre chose ? »

Un nouveau silence, puis le soldat finit par dire :

« Non rien, Maître Von. »

« Très bien, alors nous nous mettons en route sur le champ. Terminé. »

Cette hésitation était assez inhabituelle, comme si l’homme avait voulu ajouter une information puis s’était rétracté. Etrange… Et pour le moins déconcertant, il fallait bien l’avouer. Il fallait espérer que ce n’était pas un renseignement stratégique sur leur mission… Intriguée néanmoins, elle regarda Lorn, qui devait avoir entendu la fin du message, et dit d’un ton songeur :

« J’ai l’impression que ce soldat voulait ajouter quelque chose, puis qu’il a changé d’avis… C’est… inhabituel. J’espère que je me trompe ou que ce n’était pas en relation avec nos nouvelles directives. »

En même temps, comment Alyria aurait-elle pu savoir qu’au haut-commandement, on venait d’avoir une discussion houleuse pour savoir si oui ou non il était prudent de mettre au courant de sa nouvelle nomination la future ministre de la Défense, encore sur le terrain et au milieu d’une situation déjà confuse ?

Cependant, sur Byss, la maîtresse d’armes, ignorante encore des manœuvres en haut-lieu, était toujours sur son toit avec Lorn, et ce qu’ils devaient faire paraissait évident : descendre de leur perchoir le plus vite possible. Au moins, grâce à cette position en hauteur, ils pouvaient apercevoir où se situaient précisément leurs nouvelles cibles, et savoir à peu près quel itinéraire prendre une fois en bas.
 
Suivant donc son camarade qui venait de s’engager dans un escalier de secours, Alyria lui emboîta le pas, remerciant silencieusement les concepteurs du bâtiment et leur bonne idée de mettre en place une telle sortie. Dans le cas contraire, descendre eut été relativement compliqué. Au vu de l’aspect des marches et des murs, ils se trouvaient dans une construction qui devait dater approximativement de la construction du Temple rakata : autant dire que ces lieux avaient vu passer des siècles sans nouveaux visiteurs pour déranger leur calme troublant et trompeur.

Alors qu’ils étaient presque parvenus en bas de l’escalier, Lorn s’arrêta, et immédiatement, Alyria sut pourquoi. Derrière la porte en face d’eux se trouvait une source particulièrement intense de pouvoir obscur. Deux individus, et à en juger par leur auras, pas des moindres : leur présence dans la Force n’était nullement comparable à celles du sith et de son apprenti qu’ils avaient affrontés précédemment. Autant dire que rejoindre les transporteurs devenait tout de suite plus complexe.

Alyria répondit en chuchotant à la question de Lorn, afin d’éviter que les deux inconnus derrière cette porte ne l’entende :

« Oui, bien sûr. Difficile de rater une telle empreinte dans le côté obscur. Voilà des adversaires potentiels d’un certain calibre… Essayons d’en savoir plus sur leurs intentions et leur identité, et après nous aviserons. Mais je crains qu’en effet, rejoindre les transporteurs soit plus délicat que prévu… »

Et encore, il fallait croiser les doigts pour que leur but ne soit pas le même que le leur, ou alors l’affrontement serait inévitable, et au vu des forces en présence, particulièrement âpre et dangereux. Déjà, instinctivement, sa main droite s’était posée sur la garde de son sabre.

Lorn décida d’ouvrir légèrement la porte, et de demander donc leur identité aux deux siths. Alyria en profita pour se mettre à ses côtés, et les observa. La première chose qu’elle vit fut une montagne de muscles qui devait facilement faire trois têtes de plus qu’elle, arborant une tunique en piteux état, et qui laissait entrevoir une prothèse à la place d’une de ses jambes… Détail intéressant, que la bretteuse s’empressa d’enregistrer dans un recoin de sa mémoire, et qui, en d’autres circonstances, aurait pu la faire sourire : entre l’apprentie au bras bionique et ce chagrien, car c’en était un, sans compter elle-même, il semblait que cette planète recelait peu d’utilisateurs de la Force ayant encore tous leurs membres d’origine.

Son comparse était en revanche d’un gabarit proche du sien, et avait son visage dissimulé sous un masque ayant apparemment connu des jours meilleurs. Le nez de la jedi se retroussa légèrement quand les effluves que dégageait l’homme vinrent lui chatouiller les narines, flagrance pour le moins nauséabonde et qui provenait sans doute de ses vêtements couverts d’une substance faisant penser à de la boue. Cependant, si elle devait honnête, avec la trace de sang séché qui courait de son oreille droite à sa tempe, elle ne devait guère offrir un tableau plus flatteur à regarder. En tout cas, la trentenaire avait l’étrange impression d’avoir déjà vu cette silhouette quelque part, mais ce n’était qu’un vague sentiment. Sans doute qu’à force d’affronter des siths, elle finissait par les confondre…

Se composant une face parfaitement impassible, ce qui, avec les années, était quasiment son expression naturelle, Alyria écouta sans mot dire le colosse esquiver habilement la question des présentations. Et avec l’infiltration des rebelles siths dans les rangs impériaux, inutile de préciser que faire partie de la délégation n’était pas franchement de nature à rassurer les deux jedis. Quant aux questions qui suivirent, à sa place, elle aurait posé les mêmes. Ne restait plus qu’à y répondre. Son regard croisa brièvement celui de Lorn, et les deux vieux amis se comprirent sans rien dire, une fois de plus : à elle de présenter un tableau de la situation pour occuper les deux siths, et éventuellement sonder leurs intentions. Après tout, du tandem, c’était elle l’amoureuse des mots, autant que cette passion serve. Suivant les informations récoltées, ils agiraient en conséquence.

Ce fut donc sa voix qui répondit aux interrogations du chagrien, cette dernière ayant retrouvé son timbre ordinaire, grave et imperturbable :

« Nous faisons en effet partie des forces chargées d’assurer la sécurité de ce monde sous protection républicaine, c’est exact. »

Manière polie d’évacuer la question de la protection, qui, avec leurs nouvelles directives, n’était guère à l’ordre du jour. Après avoir marqué une petite pause, elle enchaîna :

« Etant donné la confusion régnant au sein de la délégation impériale, l’un de nos transporteurs ayant été abattu et des combats ayant pris place sur cette planète, il est urgent, vous le comprendrez sans mal, de stabiliser la situation en sécurisant Byss au plus vite en nous assurant qu’aucun de ces fauteurs de trouble ne puisse s’en aller sans fournir des explications. Et vous vous doutez bien que le fait que vous fassiez partie de ladite délégation, est, à l’heure actuelle, tout sauf une preuve de bonne foi. Je suis navrée de le dire ainsi, mais ce n’est qu’énoncer l’évidence. »

Et encore, elle n’insistait pas sur le fait qu’un des deux individus était masqué, ce qui aidait encore moins à accorder une quelconque confiance à cette affirmation…

Toute sa petite tirade avait été prononcée sur un ton parfaitement poli, s’accordant à merveille avec la teneur relativement formelle et diplomatique de l’ensemble. Les informations transmises étaient minimales, et le message subliminal, elle l’espérait, suffisamment clair : mieux valait que les deux hommes déclinent leur identité et ce qu’ils faisaient là… A moins que… Soudain, Alyria fut traversée par une idée lumineuse, et elle ajouta, en guise de conclusion :

« Pour assurer la sécurité de tous, nous vous demandons de bien vouloir nous divulguer votre identité au cours d’un message vocal qui sera transmis au haut-commandement républicain pour analyse, afin que, une fois la situation stabilisée, nous puissions être sûrs de votre bonne foi et de votre non-implication dans ces événements regrettables. »
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Même si je fais en sorte de ne rien laisser paraitre du malaise qui m'habite sur le moment, j’avoue nourrir quelques doutes à propos de la marche à suivre, bien qu'il n’y ait pas trente-six solutions pour se dépêtrer du mélimélo qui s’augure devant nous. Le choix de la facilité, pour Darth Odium et moi-même, serait de prendre la poudre d’escampette en filant promptement chacun de son côté afin de rejoindre fiça les rangs de la Dame Noire des Sith. Seulement, aux yeux des futurs poursuivants, agir ainsi reviendrait à avouer une part de responsabilité, si ce n’est endosser le rôle de coupable tout désigné, compte tenu des vives tensions qui continuent d’embraser ce coin reculé du Noyau Profond et ce depuis le début des opérations. Qui plus est, rien ne dit qu’à rebours de cette dérobade improvisée, les fuyards que nous serions devenus ne finissent par tomber nez-à-nez avec ces empêcheurs de tourner en rond. En parlant d’eux, ils ne sauraient tarder à entrer en scène, inaugurant un face-à-face s’annonçant aussi tendu qu’intriguant, à quelques mètres de l’endroit où nous nous tenons sagement, les yeux braqués vers l’accès derrière lequel émergent en sourdine les bruits de pas, de plus en plus marqués. De mon côté, je tire un trait sur la perspective de s’éclipser en catimini, bien trop aléatoire pour être viable, d’autant que je reste circonspect quant à la capacité de mon compagnon à œuvrer dans le furtif, sans mauvaise langue aucune ! Qu'à cela ne tienne ! L’ultime recours qu’ils nous restent, c’est de faire front à l’inéluctable qui est sur le point de se produire, à l’instar de Darth Odium dont la vigilance campe sur le qui-vive sans esquisser la moindre hésitation. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux miser sur la prudence que sur la précipitation puisqu’au final, l’incertitude règne en maitre, peu importe le cas de figure. * Bien ! Voyons où cela nous mène… * me dis-je sur un ton badin, histoire d’adoucir mon appréhension grandissante.

Bon gré mal gré, je dois encore me coltiner le fumet nauséabond que mes habits maculés de gadoue verdâtre exhalent sans relâche. Surtout maintenant que je fais le planton, c’est bien pire ! Et même si la vue de la prothèse à moitié démantibulée que tient le chagrien dans sa main pique ma curiosité, je n’ai malheureusement plus le loisir d’y prêter attention plus avant. D’un geste machinal, je réajuste du bout des doigts mon masque juste avant de croiser les bras, puis je laisse nonchalamment reposer une épaule contre un des nombreux pylônes métalliques découpant l’espace sobre du vaste corridor dont les parois délavées courent jusqu’au couloir au détour duquel le seigneur Sith à la carrure démesurée, tel un diable sorti de sa boite, est apparu soudainement sous mes yeux. Je pressens déjà que l’enjeu va être de taille, cette fois-ci. Car à mesure que les secondes s’effilochent au rythme des pas cadencés qui viennent d’atteindre l’encadrement de la porte, je perçois nettement l’ampleur considérable des auras apaisées inondant progressivement les lieux, impression forcément liée à la présence impromptue de nos hôtes de marque s’invitant à la fête sans même y avoir été conviés. A croire que les bonnes manières se perdent…

Mises à part ces révélations guidées par mon affinité avec la Force, et sans avoir besoin de poser les yeux sur eux, mon petit doigt aussi me murmure que c’est bien la première fois que je me retrouve confronté à une telle situation, étant donné qu’un faisceau d’indices me conforte dans l’idée que l’un comme l’autre sont des maitres Jedi. La manière qu’ils ont de nous aborder frontalement, pour commencer. A l’évidence, des membres moins expérimentés de leur ordre auraient tenté de suivre les Sith dans le feutré, par exemple, voire même dresser une embuscade savamment orchestrée de manière à leur assurer une solution de retraite. Voilà pourquoi on peut légitimement supposer que ceux-là sont d’une autre trempe. Ils viennent en premier lieu pour jauger la situation de visu et savoir à qui ils ont à faire avant de décider sur le tas de la manière de procéder la plus judicieuse, sans mettre de côté, bien évidemment, l’éventualité d’une confrontation directe, preuve manifeste qu’a priori, aucune peur ne vient entacher leurs esprits. Bref, autant de signes avant-coureurs qui me font dire que nous sommes dans de beaux draps !
* Vaille que vaille ! * me dis-je en pensée sur le même ton que précédemment.

En revanche, un détail m’interpelle. Une telle association de talents et de pouvoirs relève-t-elle vraiment d’une simple coïncidence ? Se sont-ils entendus pour conjuguer leurs efforts de concert et au débotté, une fois s’être trouvés par pure inadvertance, à l’image du binôme Sith ? Si c’est le cas, comment se fait-il qu’ils ne soient pas accompagnés de novices placés sous leurs responsabilités ? N’est-ce pas ainsi que leur Ordre fonctionne ? Ce n’est pas pour me vanter, mais depuis quelques années, j’ai accumulé pas mal d’expériences de terrain, assez pour constater que les Jedi et les Sith ont en commun d’évoluer la plupart du temps en duo, un confirmé épaulant en temps réel la formation d’un plus jeune dans la Force. A moins que je ne m’abuse, tout laisse à penser que cette combinaison de puissances n’a rien d’accidentelle ni d’anecdotique. Une explication sensée serait qu’ils doivent se charger d’accomplir une tâche d’une importance vitale, sa faillite étant hors de propos. A bien y réfléchir, la concomitance entre leur arrivée subite dans les parages et la récente explosion ayant soufflé tout un pan du temple n’est peut-être pas fortuite. Ont-ils mené leur objectif à terme ? Dès lors, ils auraient décidé de venir à notre rencontre de leur propre chef pour déterminer si nous représentons, oui ou non, une menace potentielle. Soit...

Ou alors je fais complètement fausse route, et ils ont partie liée avec les auteurs des heurts semant la confusion à la surface de Byss. De toute manière, je me vois mal leur demander de but en blanc si c’est le cas ! Par contre, il est hors de question que je commette la même erreur deux fois de suite ! Cette fois-ci, je ne me fourvoierai pas dans une situation saugrenue pour me retrouver mêlé à un affrontement sans queue ni tête et qui n’a aucune raison d'avoir lieu ! Surtout qu’il ne s’agit plus de soldats fébriles débaroulant en trombe sur le champ de bataille le couteau entre les dents, mais d’individus disposés à faire preuve de raison et de bonne intelligence ! Non ? Lorsque l’heure du verdict sonne, mon sang ne fait qu’un tour. Je réalise que j’étais à des années-lumière de me douter que cette dernière allait rimer avec celle d’une improbable retrouvaille ! Le sifflet coupé, je distingue peu à peu les ombres des rôdeurs se profiler lentement à travers l’encadrement de la porte désormais grande ouverte. Décidément, je ne serai jamais au bout de mes surprises ! Au moins, j’ai la réponse à mes doutes, ces deux-là ne sont sûrement pas des fauteurs de troubles besognant à leurs comptes…

En premier lieu, un homme fait son entrée. Je remarque de suite qu’il est doté d’un charme animal et d’une constitution qui n’a pour ainsi dire rien à envier à la stature du chagrien, excepté que le Cornu le dépasse d’une tête. Autant le dire sans fioriture, ces deux-là concourent dans la catégorie spéciale des mastodontes ! Avec mon physique d’athlète ordinaire, j’ai l’impression d’être un freluquet à côté d’eux, ni plus ni moins ! Même pour servir d’arbitre, je crois que j’hésiterai un brin à me tenir à leurs côtés pour départager ces deux colosses de la nature lors d’un combat, histoire de ne pas prendre un coup par ricochet. Bien sûr, on dit qu’il ne faut pas fier à la taille de son adversaire, particulièrement quand on traite avec un être sensible à la Force… Et je suis assez d’accord, nul doute que je me laisse emporter par un ressenti fallacieux et fugace, mais enfin tout de même, ces deux-là sont faits pour se rencontrer, c’est écrit ! Qu’on ne vienne pas me dire le contraire ! Alors que Darth Odium s’emploie à dissimuler sans peine son étrange butin derrière son dos, le nouveau venu fait montre d’une certaine réserve, avant de prendre la parole de manière fort courtoise, enjoignant ses vis-à-vis à se présenter en bonne et due forme. Sans mot dire, j’écoute Darth Odium répondre de façon laconique, avec un tact aimable et un doigté similaires à ceux dont aurait fait montre un diplomate, affichant un calme olympien, sans jamais trahir la moindre nervosité, ni le plus petit signe d’agacement.

De mon côté, je regarde l’homme faire son entrée en s’écartant de la porte aussi sereinement que possible, mesurant chacun de ses gestes avec tout le sang-froid qu’on peut attendre d’une personne parfaitement maitre d’elle-même, ne manquant ni d’aplomb ni d’une confiance totale en ses propres capacités. C’est à ce moment précis que ma respiration se coupe net, devenant nerveux d’un coup d’un seul. Il n’y a pas d’erreur possible, je reconnais le minois de cette femme qui vient d’emboiter le pas de son compagnon d’armes. Aucun doute à avoir, il s’agit bien de la Jedi dont j’ai croisé la route sur Ossus, il y a quelque temps de cela, et avec qui j’ai eu l’occasion de croiser le fer. D’ailleurs, je crois bien que je pourrai même arriver à la reconnaitre en ne voyant d’elle que sa chevelure d’un roux éclatant ! Sans ce masque, il va sans dire qu’elle aussi n’aurait eu aucun mal à m’identifier d’un coup d’œil, d’autant qu’il dissimule l’expression surprise que mon regard affiche sans vergogne, bien que j’ai la présence d’esprit de ne pas bouger d’un poil lorsque mes yeux croisent les siens.

Sur sa lancée, Darth Odium en vient à questionner les Jedi sur leur motivation personnelle. Je n’aurai pas agi différemment, relançant la balle dans leur camp qui, je l’espère, n’est pas différent du nôtre, en quelque sorte. En guise d’interlocuteur, la femme prend la parole à son tour, l’intonation de sa voix ne laisse présumer aucune agressivité particulière, de la fermeté, certes, mais quand on s’adresse à des Sith, comment peut-il en être autrement ? Et elle n’y va pas quatre chemins pour exposer son point de vue sur la manière la plus appropriée de procéder, étant donné que la Jedi ne nous accorde qu’un crédit extrêmement limité, niveau confiance… Là encore, on ne peut vraiment le lui reprocher. Sortant de mon mutisme, je ressens le besoin de m’exprimer sur tout ceci, sans savoir si je vais sortir mon atout de suite. Si l’intonation de ma voix se veut décontractée, l’effet de résonance induit par le port de mon masque la voile quelque peu, accentuant légèrement les graves et les aigus :


« Croyez-moi sur parole, nous ne sommes pas là pour vous mettre des bâtons dans les roues, bien au contraire ! Il est normal que vous ne nous croyez pas sur parole en ce qui concerne nos intentions, mais le fait de vous révéler nos identités ne changera rien à la donne. Vous pensez vraiment qu’à des années-lumière d’ici, il existe une autorité suprême, omnisciente et omnipotente, prête à légiférer selon les lois républicaines à propos d'exactions que nous aurions pu éventuellement commettre, sans que personne ne puisse en apporter la moindre preuve formelle, pas même vous ? Et j’imagine que vous comptez faire la même chose pour chaque individu qui croisera votre route… D’avance, bonne chance ! ». Je me redresse de ma posture désinvolte : « Vous m’en voyez navré, mais je suis au regret de vous dire que nous n’avons pas le temps de nous amuser à ce petit jeu-là, vu que ce genre de procédure sans fin s’éterniserait en condamnant nos efforts à l’immobilisme. Sachez que l’Impératrice Ynnitach en personne compte sur ses fidèles partisans pour lui prêter main forte sur-le-champ ! Alors oui, je veux bien décliner tout ce que vous voudrez, mais comme vous l’avez dit, une fois que la situation sera réglée, autrement dit, quand nous serons sûrs d’avoir fait la peau aux coupables ayant perpétré tous ces accrochages désastreux ! En attendant, si vous pouviez laisser tomber le sacrosaint uniforme de redresseurs de tort, nous ferions de même avec celui de criminels notoires dont vous nous affublez tout de go ! »

Mes bras se décroisent et s‘écartent, symbolisant un signe de conciliation et d’entente : « Et comme je doute que mes paroles suffisent à vous convaincre, alors autant tomber le masque, de toute façon, il y a de grandes chances pour que vous m’ayez reconnu au son de ma voix. Remarquez, je me fais peut-être des idées, j’imagine que vous avez dû l'oublier depuis la dernière fois ! Laissez-moi vous rafraichir la mémoire… » En prenant garde à ne pas faire de gestes brusques, j’enlève l’apparat dissimulant ma face, qui apparait souriante, les yeux mi-clos : « Ravi de vous revoir ! Arrêtez-moi si je me trompe, mais si je me souviens bien, lors de notre dernière rencontre, nous vous avons laissé la vie sauve, à vous et à votre suivant, au nom de ce fameux traité d’Artorias, alors que nous aurions très bien pu le piétiner, et vous y compris, sans que jamais personne ne soit mis au courant ! Sachez que je n’ai pas pour habitude de retourner ma veste, ni rompre les engagements que je prends, tenez-vous le pour dit ! Si des rebelles affiliés à je-ne-sais-quel mouvement séparatiste ont décidé de semer le chaos en nous suivant jusqu’ici, c’est justement pour cracher sur le fragile équilibre des forces que représente ce traité ! Et il faut croire qu’ils y sont parvenus, à nous monter les uns contre les autres, quand on vous écoute ! » dis-je en la pointant du doigt l’espace d’un instant, histoire de marquer mon propos, avant de poursuivre :

« De deux choses l’une : soit l’engagement républicain d’assurer la bonne marche et la pérennité de cette expédition ne tient plus, soit nous marchons ensemble, vous comme nous, et vous devez nous laisser porter assistance à l’Impératrice Ynnitach. Je vous proposerai bien de nous suivre jusqu’à ce que nous arrivions jusqu’à elle, mais je parie que vous allez rétorquer l'idée que nous voulons partir à sa recherche pour mettre fin à ses jours, vu le climat de suspicion ambiant... Dites-vous bien ceci : si vous persistez à nous barrer la route, vous vous serez rangés, sûrement sans le vouloir, du côté de ceux qui refusent qu’une cohabitation entre les Sith et le reste de la galaxie soit possible… Au moins, vous ne pourrez pas dire que personne ne vous avait prévenu ! »

Comme je marque subrepticement une pause dans ma tirade, mon emportement à convaincre cet homme et cette femme du bien-fondé de ma démarche fait que je me retrouve à deux doigts de laisser libre cours au célèbre pouvoir de persuasion sans même y penser, ni le vouloir vraiment. Est-ce que je vais me laisser aller à cette outrecuidante désinvolture en espérant qu’elle passe inaperçue, tant cette influence sournoise et corruptrice va se démarquer de celle ayant trait aux simples mots, énoncés de façon déliée, prononcés sans hésitation ni accroc. Il va sans dire qu'appliquée à de tels esprits éclairés et affranchis du Côté Obscur, la manipulation mentale a très peu de chance de fournir un résultat probant : à la vérité, c'est davantage une seconde nature maladive, un tantinet revêche, qui tente de s'exprimer par le biais de cette tentative de domination des esprits reliés au courant de la Force. Bombant le torse, je ferme les yeux, inspire, puis focalise mon attention sur les consciences ciblées pour y asseoir le siège de ce pouvoir censé corroder subtilement l’entendement des Jedi :

« Allez quoi, un beau geste ! Imaginez un instant si j’avais fait preuve de la même intransigeance que la vôtre sur Ossus… Inutile d’en rajouter, vous savez très bien où je veux en venir ! Mais peut-être êtes-vous de ceux qui se moquent de tout cela, après tout… Pour ma part, je ne tiens à pas à vous défier, j’aurai trop à perdre à combattre de faux ennemis, mais si tel est votre souhait, je ne reculerai pas… ». Marquant un temps d'arrêt avant de finir ma phrase, je lève les yeux vers Darth Odium, croyant le voir esquisser un sourire en coin, avant d'ajouter : « Nous ne reculerons pas, tenez-vous le pour dit. Et non, je ne menace pas, je mets en garde, en espérant que vous appréciez la nuance... »
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Le jeune homme aurait aimé avoir un peu plus de temps pour se reposer et pour que son corps puisse se remettre de cette violence chute mais malheureusement, pour ne rien arranger à la situation, le temps pressait et il allait devoir prendre sur lui. Cela n’avait pas d’importance que ses muscles soient en feu et que des picotements parcourent l’entièreté de son corps, ce n’était qu’un détail de savoir que l’usage répété de la Force, dans le Temple, avait sapé une partie de ses forces au point qu’il soit forcé de reprendre son souffle pour continuer sa route. Frustrant, n’est-ce pas ? Mais malheureusement il savait bien, à force d’expérience, que les missions ne se passaient jamais comme elles devraient et qu’il y avait toujours des imprévus qui se mettraient en travers de sa route. Ce n’était rien, rien de plus qu’une difficulté passagère mais il allait devoir prendre sur lui, serrer les dents et suivre les directives qui lui avaient été données. Sans broncher.
S’il avait eu assez de chance pour que sa constitution lui permette d’absorber le choc de la chute et de son impact sans faire trop de ravages dans son corps, le maître se rendit compte que sa camarade ne fut pas aussi chanceuse que lui et que ce fut son ouïe qui trinqua. Se redressant en jaugeant l’état de la blessure par la quantité de sang qui coulait de son oreille, Lorn évalua qu’il était bien plus prudent de laisser la demoiselle se soigner elle-même car, de son côté, il n’avait jamais été très doué pour tout ce qui touchait à la guérison. Eh bien quoi ? Il avait toujours été plus doué pour se battre, pour ouvrir des plaies que pour les refermer : les choses étaient ainsi. Profitant de ces quelques minutes de silence pour reprendre son souffle et laisser le feu qui brûlait dans ses entrailles s’apaiser, le garçon s’autorisa un très fugace répit pour admirer les environs et évaluer la taille du trou par lequel lui et sa camarade étaient passés.

Comment avaient-ils pu survivre à pareille chute et s’en sortir avec uniquement des dégâts mineurs ? Comment avaient-ils pu être catapultés à travers la paroi d’un Temple comme celui-ci et finir presque indemnes ? Non, décidément, même en tordant la situation dans tous les sens il n’arrivait pas à trouver une réponse cohérente à tout cela et il finit simplement par abandonner, se disant qu’il finirait par trouver une réponse plus tard mais que d’autres choses plus urgentes attendaient le petit duo.
Supposant que sa camarade allait suffisamment bien pour reprendre la route, le jeune guerrier fit quelques mouvements afin de décoincer ses épaules endolories par la chute avant d’emprunter l’escalier sur lequel il n’arrêta sa course que lorsqu’il sentit deux sombres présences, de l’autre côté de la porte. Il ne fallait pas être un maître jedi pour sentir que la puissance qui émanait derrière cette porte était autrement plus imposante et sombre que les deux individus rencontrés quelques instants plus tôt, dans ce satané Temple. Deux seigneurs siths, ici ? Ce fut ce que Lorn supposa mais il ne put s’empêcher de trouver cela étrange.
D’ordinaire, comme pour les jedis, ils allaient toujours par deux : un maître et son apprenti, c’était la règle. Alors que pouvaient bien faire deux individus si puissants ensembles ? Avaient-ils pour ordre de réaliser une périlleuse mission que seuls deux individus de leur calibre pouvaient être à même de mener à bien ? Peut-être n’était-ce qu’une simple coïncidence mais Lorn n’était pas assez naïf pour croire que seul le hasard était à l’œuvre ici.
Il y avait une raison à tout, que ce soit le fait de la Force ou non il y avait forcément une raison pour laquelle ces deux sombres présences étaient rassemblées ici, comme deux montagnes à gravir pour les deux maîtres d’armes. Conservant son calme, le garçon ouvrit la porte et plongea dans l’antre de la bête, s’arrêtant sur le pas de la porte avant de jauger du regard les deux individus qui se dressaient-là. Ils étaient deux individus bien différents mais de tous les deux émanait une forte sensation de puissance et de contrôle, une sensation qui fit immédiatement comprendre au maître que ces deux personnes n’étaient clairement pas à prendre à la légère.

Si l’un était svelte et portait un masque qui cachait son visage, chose étrange s’il en était mais pas plus dérangeante que cela aux yeux du maître, ce dernier reporta tout d’abord son attention sur le colosse chagrien qui se dressait face à lui. De par sa constitution et sa taille, Lorn pouvait compter sur les doigts de ses mains les fois où il avait eu à regarder quelqu’un en levant la tête et, pour une fois, il allait pouvoir ajouter une croix à sa liste et il trouvait toujours cela amusant. Bien sûr il ne put pas rater l’évidente prothèse que portait cet homme à sa jambe, marque d’un ancien combat qui ne s’était pas terminé comme prévu et, comme de bien entendu, le guerrier en vint à trouver une certaine ressemblance avec sa camarade. Peut-être que ces deux individus, ayant subi le même genre de blessure, souhaiteraient s’affronter l’un l’autre ce qui laisserait Lorn face à l’homme au physique élancé qui, d’ailleurs, pris subitement parole.

Si cette situation tendue rendrait n’importe qui paranoïaque et suspicieux au possible, le jeune maître resta ouvert au petit discours de son interlocuteur qui assurait que tous deux n’avaient aucune intention malveillante. Il était logique et censé qu’ils ne débarquent pas en avouant qu’ils faisaient partie des traîtres, n’est-ce pas ? Ce ne serait pas bien malin. Cet homme tenta donc d’expliquer que donner son identité était inutile car il n’y aurait, malheureusement, personne pour répondre pour lui et vérifier ses dires ce qui allait se montrer assez problématique.
Les choses ne se déroulaient jamais comme il fallait dans une mission et ce petit ennui administratif allait ne faire que compliquer les choses pour le duo de jedis qui, rappelons-le, avait pour ordre de surveiller tous les siths et les empêcher de quitter cette planète jusqu’à ce que la situation soit clarifiée. Aussi calme et brut qu’à son habitude, afin que le ton soit donné, le garçon répliqua dans un premier temps :

« Jusqu’à maintenant vous vous êtes montrés incapables de faire le ménage dans vos propres rangs. Affublez nous de tous les noms que vous désirez, redresseurs de torts ou n’importe quoi d’autre si cela vous amuse, mais nous nettoierons votre merdier. En attendant, vous n’irez nulle part. »

Les jedis portaient divers surnoms dans tous les coins de la galaxie et étaient souvent considérés plus comme des épines dans le pied et des monsieur-je-sait-tout qu’autre chose, mais cela ne les empêchait pas pour autant de continuer à faire leur boulot malgré cette réputation pas toujours méritée. Lorn avait rapidement compris, durant sa formation, qu’il ne serait pas accueilli à bras ouverts partout où il irait mais qu’il devrait malgré tout accomplir son devoir car la paix et l’équilibre de cette galaxie étaient autrement plus importantes que les considérations des uns et des autres. Il ne devait pas laisser son égo faire partie de l’équation et, justement, la dernière tirade de son interlocuteur le fit discrètement sourire.
Ils étaient accusés à torts d’être des criminels, était-ce là vraiment ce que ce sith était en train de dire ? Maître Vocklan fouilla dans sa mémoire immédiate et dans sa mémoire des rapports de missions pour se rappeler des quelques exactions perpétrées par les siths dont il avait entendu parler. Son amie avait perdu sa main face à un sith qui avait commis des atrocités que la morale réprouvait, les corps de ses victimes avaient été ravagés avec une monstruosité qui forçait le dégoût et le duo se trouvait désormais face à un homme qui criait que ce rôle de criminel n’était que pure calomnie. Vraiment ? En d’autres circonstances le garçon aurait sans doute mis son poing dans la figure de son interlocuteur avant de lui coller sous le nez les horribles photos des victimes, mais la situation l’en empêchait.

Au lieu de cela il renifla, comme si la phrase de son interlocuteur ne lui faisait ni chaud ni froid, avant de rétorquer :

« Vous vous affublez de ce rôle vous-mêmes, vous n’avez même pas besoin de nous pour ça. »

Ce débat aurait clairement pu durer une éternité, des minutes ou des heures durant lesquelles les deux parties auraient pu argumenter sur le fait qu’ils n’étaient pas tous pourris même si l’expérience passée tendait à prouver le contraire, malheureusement le temps était une denrée trop rare pour être gaspillé de la sorte et il fallait, au plus vite, trouver une solution à cette rencontre fortuite.
Lorn se souvint alors de quelque chose que son interlocuteur lui avait dit quelques instants plus tôt, concernant le fait qu’il n’avait pas le temps d’attendre et que son impératrice attendait ses partisans pour la soutenir en ces temps troublés. Sans froncer les sourcils pour autant, mais restant ferme et inflexible malgré tout, le colosse répondit sèchement :

« Je me fiche de ce que vous désirez. Nous devons garder un œil sur tous les vôtres qui croisent notre route ou tentent de prendre la fuite. Vous désirez quitter ce bâtiment, c’est suffisant pour moi pour vous retenir jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Votre impératrice saura bien se débrouiller pour palier à votre absence.»

La discussion suivit son cours et bientôt le mystérieux individu enleva son casque pour se révéler être quelqu’un ayant déjà croisé la route de maître Von ici présente. Si Lorn avait lu les rapports de mission à l’époque, il en gardait un vague souvenir et espérait que cette « connaissance » ne perturberait pas trop sa camarade : il lui faisait confiance pour contrôler ses émotions. Mais si cette révélation fut aussi surprenante qu’inattendue, c’est bien la tentative de rapprochement de ce sith qui fit rire jaune le jeune maître. Il avait le culot de parler d’union, de travailler main dans la main alors que c’était son propre camp qui était bourré de félons ? C’était risible et Lorn ne se priva pas pour donner son avis là-dessus :

« Ensemble ? Alors que vous êtes incapables de discerner les éléments loyaux des séditieux parmi les vôtres ? Navré mais vous allez devoir faire mieux que ça. »

Oui il n’aidait clairement pas à attiser les tensions et serait sans doute l’élément déclencheur d’un nouveau conflit, il le savait bien, malheureusement il faisait partie de ceux qui parlaient avec leur cœur et ne mâchaient pas leurs mots envers et contre tout. Pouvait-on espérer qu’il change, aujourd’hui ? Certainement pas. Il était le moins diplomate de l’Ordre, à quelques exceptions près et tous ses pairs le savaient bien. Il n’était pas réputé par sa langue de bois ou sa maîtrise de la Force mais bien parce qu’il était un bretteur hors pair et le bouclier de l’Ordre jedi. On ne lui demandait pas d’être diplomate, on ne lui demandait même pas d’être gentil : il devait simplement faire son devoir.
Mais bientôt ses pensées furent troublées par une sensation bizarre, un remous dans la Force qui caressa son esprit sans s’y agripper et il lui fallut quelques secondes pour réaliser ce dont il s’agissait. Se tournant vers sa camarade, il ressenti le même trouble autour d’elle mais celui-ci était bien accroché, comme un parasite ne voulant pas lâcher sa proie. Il n’y avait pas grand-chose dans le maniement de la Force qui ne pouvait pas atteindre un homme comme lui mais Lorn se connaissait assez bien pour mettre le doigt dessus d’entrée de jeu.
Les Epicanthix, en plus d’être de formidables guerriers, avaient été gâtés par la nature et étaient immunisés à toute forme de ruse mentale. L’important n’était pas de savoir comment c’était arrivé mais bien que ce que le maître venait de ressentir glisser tout contre lui était une forme de ruse mentale. Un sourire amusé naquit immédiatement au coin de ses lèvres lorsqu’il se rendit compte de la supercherie : pourquoi user d’une ruse mentale s’ils étaient tout à fait honnêtes ?
D’aucun pourrait dire que c’était dans leur nature de serpent que de tenter de contrôler autrui pour parvenir à leurs fins mais les jedis aimaient ne pas sauter sur des conclusions trop hâtives et avoir toutes les cartes en main avant de prendre une décision. Que faire dans le cas présent ? Faire comme s’il n’avait strictement rien ressenti ? Non, malheureusement il n’était pas un assez bon acteur pour cela et le fit directement savoir par un franc :

« C’est ça qu’il y a de bien avec vous, les siths. Par vos paroles vous prêchez votre innocence et votre bonne foi mais ce sont toujours vos actes qui trahissent votre vraie nature. »

C’était peut-être un raccourci un peu facile que de dire que tous les siths n’étaient pas violents ou manipulateurs, c’était peut-être un cliché que de les diaboliser de la sorte mais malheureusement les évènements jouaient en la défaveur du duo sith ici présent. Peut-être que leur stratagème marchait en règle générale, user de ruse mentale pour faire adhérer quelqu’un à son point de vue se révélait très efficace, malheureusement la galaxie était assez vaste pour voir naître quelques anomalies. Qui aurait cru qu’il était possible qu’une race proche-humaine soit immunisée contre ce genre de pratiques ? Certes les toydariens étaient dans cette situation là également, mais tout de même !
Ne se séparant pas de son petit sourire amusé qui se transforma bientôt en une moue contrariée, le maître continua en expliquant :

« Petit indice, sith : vos petits tours ne marchent pas sur ceux de mon peuple. Mais je dois vous remercier, j’aurais presque été tenté d’y croire sans votre piètre tentative de manipulation mentale, mais maintenant je sais que vous êtes loin d’être aussi honnêtes et transparents que vous voulez nous le faire croire. »

Espérant que sa camarade, par ses paroles, ait compris qu’il s’agissait bien là d’une ruse mentale et rien d’autre, le jeune homme reporta son attention sur le seigneur sith qui déclara que le duo ne rebrousserait pas chemin. Lorn pouvait-il déterminer précisément qui avait lancé cette ruse mentale ? Non, pas avec certitude mais, dans le doute, il effaça sa moue désappointée de son visage et lança sèchement :

« Cela tombe bien, nous ne comptions pas vous laisser passer de toute façon. »

Joignant les gestes à la parole, dans un mouvement souple et rapide le jeune homme écarta son sabre de sa ceinture avant d’en activer la lame violacée dans un vrombissement qui mettrait tout le monde d’accord. Le ton était donné et si le duo de siths ne souhaitait pas reculer, attendre gentiment ou coopérer, les deux jedis n’auraient pas d’autre choix que de les considérer comme de potentielles menaces et d’agir comme ils agissaient toujours face à une menace : tout faire pour la neutraliser. Se dressant de toute sa hauteur face aux deux individus, le maître les regarda tour à tour en plongeant plus intensément son regard azur sur le plus bavard des deux. Solide comme une falaise contre laquelle toutes les vagues du monde pouvaient venir s’éclater sans la faire broncher, l’homme tiendrait sa position et prendrait les siths aux mots : il ne reculerait pas.
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Le jedi moyen était généralement une créature teigneuse, surtout quand il faisait face à deux Sith imposants. Il y avait de quoi se méfier, bien évidemment, mais la situation ne pouvait rester éternellement coincée. Darth Odium se redressa de toute sa hauteur, grognant vaguement. Sa corne droite se cogna contre le mur le plus proche. Le bruit résonna étrangement dans les escaliers et les couloirs sombres, pour un temps qui sembla durer toujours. Que de temps perdu contre deux fantoches qui n'avaient même pas conscience des enjeux, ne savaient strictement rien de la réalité de la situation. Allaient-ils donc devoir les écouter ? L'homme était tendu, prêt à en découdre. La main Brisée plus posée, s'efforçant de rester rationnelle. Quel étrange tandem. Étaient-ils amants ? Le Sith avait vainement tenté de détourner la question de l'identité, mais il était évident qu'ils s'y accrocheraient. L'information, c'est le pouvoir. Odium n'avait nulle envie de remplir la base de donnée de la République, si l'Empire était entré dans la lumière, il fallait que ses dignitaires restent dans l'obscurité. La démarche de la jedi transpirait le ridicule. En la voyant arrivée, Araya avait eu comme un geste de recul. Une vieille connaissance ? Ce dernier voyageait bien plus que lui, c'était bien possible.

- Et naturellement, votre divine république possède un exemplaire enregistré des voix tous les grands seigneurs Sith. Ne nous prenez pas pour des imbéciles, grinça le chagrien entre ses dents, fixant mi-moqueur, mi-dubitatif la jeune femme rousse. Votre République n'a que des échos lointains de notre existence, ne pensez pas connaître notre identité autrement que par nous-mêmes.

Ceci dit à présent les jedi pouvaient ajouter « gros chagrien rouge » à leur liste des seigneurs obscurs, du moins si ces deux-là s'en sortaient vivants. Mais Darth Araya prit la suite. Il avait l'air d'humeur bien plus diplomate qu'Odium et s'il voulait essayer de parlementer, qu'il selance. Éviter un combat de trop était bien sûr un moyen d'économiser ses forces et de se concentrer sur l'essentiel, récupérer Darth Ynnitach et Darth Riakath dans les profondeurs du temple. Pouvait-on sérieusement s'enfoncer dans des détours de rhétorique là où le temps allait bientôt manquer. Naktis se recula de quelques pas, laissant son binôme pour cette fois prendre le devant de la scène. Il veilla quelques instants à ce que le rituel était toujours sur la bonne voie, bien qu'il fut anormal que ce dernier ne soit pas déjà fini. Y avait-il eu un imprévu, un ralentissement ? Le décès de Darth Jugal avait laissé un trou béant, mais il était moins envahissant qu'il y a quelques instants à peine.

Il songeait dans le même temps que le seul moyen d'avoir un avantage était de les prendre par surprise. Ils étaient sur leurs gardes, ce n'allait donc pas être facile. En mettre au moins un hors jeu, ou du moins l'écarter quelques instants du combats, serait plus qu'appréciable en la situation actuelle. Odium pouvait-il sérieusement rivaliser avec deux maître jedi quand il s'agissait de croiser le fer, il en doutait, malgré l'hypertrophie de son ego inhérente à son état de seigneur sith. Mais il pouvait rusé. Son âge le rendait plus expérimenté que n'importe qui en ces lieux. Il y avait d'autres armes que celles plus directe des sabres lasers. Naktis Shari allait devoir devenir un Sith subtil et patient s'il voulait avoir l'avantage dans cette partie qui s'annonçait d'une complexité sans fard.

De l'autre oreille, il écoutait Araya tenter de les convaincre… Oh il se débrouillait bien, là n'était pas le problème. Mais étaient-ils sérieusement prêts à les écouter ? Odium se rapprocha silencieusement quand ce dernier retira son masque avec cérémonie. Un bon moyen de retourner la surprise à son avantage semblait-il. Si Darth Odium ne portait pas de masque puisque de toute façon il était repérable à des kilomètres à la ronde, il était cependant assez vieux jeu et était persuadé que les Sith qui choisissaient de se couvrir le visage devaient le faire en permanence. Darth Revan aurait-il été aussi fascinant si même aujourd'hui personne ne savait réellement à quoi il ressemblait ? Mais son visage resta de glace, observant avec attention les jedi. Il approuva la tirade de son compagnon d'un signe de tête. En appeler au traité était une stratégie appréciable, les jedi avaient un sens de l'honneur très chatouilleux qui pouvaient leur causer quelques faiblesses, miséricordes, atermoiements, peur et refus du pouvoir et autres broutilles qui les rendaient affreusement ennuyeux. Des sortes de guimauves dotées de la force qui venaient prêcher d'un bout à l'autre la paix… Quand la paix avait-elle été une situation naturelle dans l'univers ?

- Quelle merveille, des retrouvailles, grommela de nouveau Odium à voix basse en direction des concernés.

Il se permit tout de même un bref sourire. Araya avait donc déjà vaincu une fois la main brisée. Voilà qui était pour le moins rassurant alors que cette dernière s'annonçait redoutable. Voudrait-elle se venger de l'humiliation cuisante qu'elle avait dû subir ? Araya était très clairement l'un des meilleurs bretteurs du nouvel ordre Sith. Trêve de digression. Odium craignait que le petit discours d'Araya n'ait absolument aucun effet, en particulier sur l'humain qui semblait bien moins conciliant que la rousse. Le chagrien écarlate n'était pas un très grand amateur de la persuasion ou de tout autre type de manipulation mentale sur des esprits avertis. Il se retint donc de faire tout commentaire. Ce qui se confirma bien vite auprès du jedi si agressif.

- Trop aimable, objecta Odium de sa voix grondante, nous voulons simplement de nous assurer que nos compagnons se portent bien…

Il avait posé son regard sur l'homme. Ce n'était pas un mensonge, du moins pas totalement. Il avait concédé une brève information. Mentionner l'impératrice valait-il vraiment la peine ? Il songea de nouveau à ce rituel qui s'éternisait… Connaissait-elle les mêmes déboires que ceux qu'Araya et lui devaient affronter à cet instant ? Naktis lança un regard éloquent vers l'Arkanien. A visage découvert, les cheveux corbeau de ce dernier tombant en désordre sur ses épaules. Il ne laisserait rien passé. Ce n'est pas très jedi comme comportement. Cette constatation l'amusa un bref instant avant de se rendre à l'évidence. Odium prit une longue inspiration et balaya d'un geste excédé les paroles du jedi :

- Des clichés, des évidences, vous me fatiguez, vous parlez pour ne rien dire. Venez-en au fait au lieu de pleurnicher sur à quel point les Sith sont méchants…

Odium aimerait beaucoup parvenir à l'énerver définitivement. Ce serait sans doute assez intéressant. Ce jedi-là ne correspondait pas aux poncifs de l'ordre. Se laisser happer par ses émotions… Quel meilleur moyen de glisser la pente et se laisser embrasser par la violence et les ténèbres ? Mais la conversation prit une autre tournure quand ce dernier révéla qu'il était insensible aux pouvoirs de persuasion de la Force. Comme c'était intéressant, et pour le moins problématique. En plus il se fanfaronnait ce crétin. « Bwahahaha, j'ai la preuve que vous êtes des vilains ». Sans blague. Voilà qui avait le mérite de changer définitivement la donne. Le chagrien lança un regard désolé à Araya, comme pour lui dire que de toute façon ils n'auraient pu les duper bien longtemps.

- Vous n'êtes pas très éloquent, dites-moi, remarqua Odium, neutre. Cessez de répéter constamment que vous ne vous laisserez pas partir, je l'ai tellement entendu de votre bouche qu'on dirait que vous essayez de vous persuader vous-même, ça en devient sérieusement embarrassant.

Le mépris était une arme redoutable pour qui savait l'aiguiser assez. Elle pouvait manipuler les âmes, bouleverser les adversaires et leur faire commettre des erreurs irréparables, surtout face un code jedi si strict que lui désobéir se faisait avec une facilité déconcertante. Il se tourna alors de nouveau vers l'autre seigneur Sith, petit sourire badin déformant les tatouages de son visage. Il prononça ses mots avec la plus grande décontraction, comme s'ils ne s’apprêtaient pas, avec la grande inconscience, à affronter le binôme d'adversaire le plus apte à être à leur taille.

- Il semblerait cher ami que ayons affaire à l'une de ses douloureuses espèces qui sont bien résistantes à nos pouvoirs. En proche-humain vous devez être… Un epicanthix. C'est la seule que je connaisse qui soit aussi proche de nos amis les humains. Fascinant, nous n'en rencontrons pas énormément. Inattendu, même.

Puis il se mis en mouvement. De toute façon le verbiage était définitivement clos et ils n'avaient plus un instant à perdre. Sans l'arme mentale, ils ne pourraient passer outre sans en venir à une attaque musclée en règle. Odium rassembla ses forces, calma la douleur qui affluait souvent dans la jonction entre sa chair et la prothèse, comme si le biologique était définitivement incompatible avec la machinerie à laquelle elle était greffée. C'était une sensation fluctuante qui parfois pouvait disparaître entièrement jusqu'à ne devenir qu'un grattement. Mais dans le combat, le Sith concentrait tous ses efforts dans l'attaque, s'efforçait avec uen rigueur militaire à oublier la douleur, à optimiszer ses mouvements. Il connaissait à présent les positions de combat qui nécessitaient le moins de mouvements douloureux. Il avait l'espoir impossible que le combat soit bref et brutal, qu'ils puissant passer. Naktis nourrissait l'unique vœu qu'Ynnitach s'en sorte, qu'Ynnitach ait reçu la bénédiction des anciens. L'équilibre et le pouvoir de l'ordre sith en dépendaient entièrement.

Il n'avait même pas laissé paraître un petit sourire en coin. Ce qui pouvait paraître étrange lorsqu'Odium se battait, c'était qu'il était étonnamment rapide pour une personne de sa corpulence. Oh bien sûr il n'était pas aussi habile qu'il le fût jadis. L'âge, les blessures, la fatigues… mais il avait été un bon bretteur à une époque, il avait gardé un niveau respectable dans le maniement des armes. Il n'activa qu'un sabre pour laisser son autre main libre. Combattre à deux lames était devenu un luxe pour lui. Il lui avait fallu s'adapter, équilibrer son combat, alimenter la Force. Il devait garder une main libre pour maîtriser le flux de la force et parvenir à combler les faiblesses physiques qui étaient devenues constantes, dégradantes. Il étai revenu à un style plus défensif, moins exigeant, à des fondamentaux de la Force. Il appréciait cependant toujours énormément le makashi, cet art si noble, et l'avait adapté en gommant les jeux de jambe qu'il ne pouvait plus réaliser, en remplaçant par d'autres postures.

D'un geste rapide, il visa l'une des armes de la femme et tenta de la projeter loin de sa ceinture pour qu'elle soit contrainte de n'en utiliser qu'une dans le première partie du combat. Même pour un bretteur prodige, se retrouver à se battre avec une seule arme alors que l'on est habitué à en avoir deux pouvait facilement désarçonner un combattant. La stratégie d'Odium était avant tout d'affaiblir ses opposants, d'handicaper les assaillants pour la suite du combat. Dans cette optique, il entama un geste ample du bras vers Lorn, qui était un peu plus proche, à l'horizontal, un coup classique mais efficace du combat au sabre qui n'offrait généralement à l'adversaire d'autre choix que de reculer rapidement, ce qui permettait de surprendre et de temporiser le combat en sa faveur.

Du coin de l'oeil il observa la réaction de darth Araya. Il avait sans doute lui aussi senti qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure. De toute façon Odium ne lui laissait nul choix. Pas plus que le jedi qui semblait vouloir à tout prix en découdre. Il fallait saisir cette autre occasion. Tout en frappant, un sourire moqueur lui traversa le visage. Naktis s'efforçait de rester relativement serein, ce n'était pas à lui de perdre le contrôle cette fois.

- Le combat commence, vous ne deviez chercher que cela n'est-ce pas ? La violence...
Invité
Anonymous
La tension était palpable, étouffante, omniprésente, semblant refléter les tourbillons obscurs qui balayaient la Force sur Byss. Face à face, formant deux lignes, ces quatre êtres puissants se jaugeaient du regard, calculant rapidement leurs chances d’en sortir indemnes. Pour le moment, bien sûr, chaque camp tentait de convaincre l’autre de trouver un arrangement à l’amiable, mais à terme, si aucun terrain d’entente n’était trouvé, il paraissait évident que l’affrontement serait la seule option, et Alyria n’était pas suffisamment naïve pour exclure d’emblée cette hypothèse. Contrairement à une image souvent répandue de l’Ordre, les jedis n’étaient pas des imbéciles béats prêts à avaler n’importe quel mensonge pour peu que ce dernier parle de rédemption et de paix : les jedis savaient simplement quand il fallait négocier, et quand sortir leur sabre si la partie adverse n’était visiblement pas prête à parlementer sincèrement.

Ainsi, pendant que le sith masqué balayait sa proposition avec le mépris habituel réservé à toute suggestion un tant soit peu logique et organisationnelle, tout en écoutant attentivement son petit laïus, la maîtresse d’armes réfléchissait rapidement à la configuration des lieux, et aux forces en présence. Lorn et elle avaient en face un duo de seigneurs siths, à n’en pas douter, soit des adversaires d’une toute autre trempe que les deux affrontés précédemment à l’intérieur du Temple Rakata. Le colosse chagrien était imposant, mais sa prothèse à la jambe le ralentirait sans nul doute dans un combat au corps à corps. En cas de duel, et sans davantage d’informations sur le deuxième sith, Alyria pourrait sans nul doute compter sur sa vitesse et sa précision pour prendre de vitesse le plus massif des deux siths. La bretteuse mit donc ces quelques réflexions dans un coin de sa tête, et entreprit de reporter son attention sur la conversation. Cependant, en de pareilles situations, mieux valait planifier plutôt qu’être pris au dépourvu, et étant donné la tournure que leur précédente rencontre avec un duo sith avait prise, elle avait quelques doutes sévères sur la prétendue volonté pacifiste de l’Empire…

Sans grande surprise, les deux acolytes obscurs n’avaient donc même pas envisagé un seul instant de lui laisser développer son idée. Pourquoi faire, après tout, quand il était tellement plus facile de ne pas réfléchir un instant à la logique qui sous-tendait ces affirmations ? Sans compter que la remarque qu’ajouta le chagrien aurait presque pu la faire sourire… Et après, c’étaient les jedis qui étaient naïfs ? Après une attaque meurtrière et des faits particulièrement troublants, ce grand dadais, à défaut d’un terme plus adapté, s’imaginait que la République qu’il critiquait tant, au passage, n’avait aucune information sur les siths ? Et pis encore, qu’elle avait autorisé une délégation ennemie à voyager en son cœur sans prendre un minimum de précaution ? Certainement, le haut-commandement républicain n’avait pas toutes les cartes en main… En revanche, les impériaux eux devaient les avoir, et s’ils étaient tellement soucieux de conserver la paix qu’ils brandissaient régulièrement pour se défausser des actions de ces fameux rebelles, alors ils n’auraient aucun problème à aider leurs « alliés » républicains n’est-ce pas ?

Elle s’apprêtait à répondre avec tout ce qu’il lui fallait de patience, quand le compagnon du colosse finit par tomber le masque, au sens propre, révélant un faciès qui ne lui était pas inconnu, et dont les paroles qui suivirent confirmèrent l’identité. Formidable, en plus d’être confrontés à deux siths particulièrement puissants, l’un d’entre eux se révélait être un combattant redoutable, elle en avait fait l’expérience. Cependant, cette manière de se gargariser d’un mouvement parfaitement stratégique ne manqua pas de déplaire à la duelliste. Oh, oui, il les avait laissé partir, quelle bonté d’âme, quand son propre comparse était à terre, presque évanoui, et que lui-même était blessé au flanc ! Si Alyria n’avait pas été accompagnée d’un adolescent, elle n’aurait pas hésité un instant à continuer le combat, mais avait compté sur la logique du sith pour ne pas prolonger un affrontement stérile…

En tout cas, voilà qui lui fournissait une information de taille sur la configuration à prendre en cas de confrontation armée. L’homme se battait à deux sabres, Lorn également, et le jeune homme était capable d’encaisser sans broncher plus d’attaques qu’elle, tout en maîtrisant les formes défensives propres à leur détournement. L’arkanien perdrait donc certains de ces avantages, et si elle se jugeait à même, sans padawan à défendre, de se mesurer sans problème au sith, ses réflexions précédentes la poussait à préférer affronter l’imposant chagrien. De toute façon, d’une part l’épicanthix et la sang-mêlée était suffisamment douée pour le combat en duo et d’autre part l’espace était suffisamment restreint pour offrir la possibilité de multiples manœuvres destinées à échanger les places, et donc les adversaires.

Cependant, l’heure était encore aux négociations, et Alyria allait donc tenter de répondre à ces dénégations sans se départir de son calme proverbial, la voix empreinte d’une politesse veloutée, où perçait néanmoins, pour l’oreille avertie, une pointe particulièrement distincte de sarcasmes :

« Votre capacité à imaginer des Républiques omnipotentes est charmante, quoique un esprit quelque peu chafouin y trouverait presque un aveu… Mais ce n’est pas la question. 

Si vous m’aviez laissé développer ma proposition plutôt que de la balayer à grand renfort d’insultes à peine voilées, j’aurais pu développer plus avant mon propos. En l’occurrence, je me dois donc ce vous rappeler quelques petits faits stratégiques que les deux grands officiels que vous vous targuez d’être avec tant d’aplomb semblez ignorer parfaitement. Manifestement, vous êtes dans la croyance qu’une expédition au cœur du territoire d’un Etat avec lequel on vient de signer une paix fragile ne se fait pas en claquant des doigts et sans mesures bilatérales prises préalablement. Permettez-moi donc de vous détrompez.

Compte tenu de la position géographique de Byss, il semble éminemment logique que les membres de l’Ordre sith accompagnant la Dame Noire ait fait l’objet d’un décompte minutieux, pour d’une part éviter des… disparitions fâcheuses dans l’espace républicain, et d’autre part, tout simplement car l’Empire a apparemment depuis quelques temps des ennuis avec des rebelles, selon d’ailleurs vos propres dires. La République possède donc certaines informations, vous vous en doutez. Et si elle ne les a pas toutes, ce qui est possible je vous le concède, alors il ne fait aucun doute que le commandement impérial les possède, et se fera une joie de les transmettre en gage de paix à la République, à moins que vos beaux discours ne soient que des mots destinés à s’éparpiller dans les vents de Byss…

Ou bien alors vos propres forces ignorent qui faisait partie d’une délégation de haute-sécurité accompagnant l’impératrice des siths en personne… Ce qui dans ce cas relèverait d’une incompétence particulièrement grandiose.

Vous tenez vos promesses ? Formidable, sachez que quand je fais des propositions, c’est toujours parce que je les pense possible et qu’il me paraît probable que la partie adverse les accepte. Je l’ai fait sur Ossus, en voyant votre acolyte au bord de l’évanouissement, en sachant que vous n’auriez aucun intérêt à continuer une lutte stérile. Je le refais aujourd’hui, car je présume que vos forces sont capables d’un minimum de coordination et de travail en amont… »

Pendant qu’elle prononçait ces paroles, qui n’auraient pas dépareillé dans un vaisseau du haut-commandement étant donné leur teneur pour le moins calibrée, une idée pour le moins désagréable lui vint soudain en tête. Et si… Non, c’était parfaitement impensable…

Mais pourtant, par la Force, c’était évident ! Soudain le doute s’immisçait en elle, plus violent qu’un éclair. Dans ce qu’elle avait énoncé, soit l’Empire n’avait pas recensé les forces accompagnant l’impératrice, soit il les avait recensé mais était trop gangrené pas la contestation pour en tirer une quelconque information… Soit il l’avait fait en toute connaissance de cause, et les rebelles n’en étaient pas ! C’étaient les seules explications plausibles pouvant fournir un semblant d’éclaircissement aux événements survenus sur Flydon Maxima et qui trouvaient une réitération surprenant à l’heure actuelle sur Byss. Son esprit rationnel ainsi que son expérience des champs de bataille et des détails logistiques amenaient Alyria à refuser l’idée que les services impériaux n’aient pas jugés utiles de prendre toutes les mesures nécessaires afin de recenser la délégation escortant leur dirigeante en territoire hostile. Cela laissait peu de place pour beaucoup de justifications quant à la bérézina qui se déroulait sous leurs yeux. Soit les siths étaient incapables de contrôler leurs propres troupes… Soit il y avait bantha sous roche…

Plongée dans ces réflexions, elle ne releva pas la suite du petit argumentaire de l’arkanien, qui de toute façon réaffirmait à peu près tout ce qu’il avait dit précédemment : ils voulaient passer de toute façon, or, comme le souligna Lorn immédiatement après, eux ne les laisseraient pas faire tant que les circonstances de tous ces événements ne seraient pas éclaircies. Autant dire que la situation semblait inextricable : ils étaient dans un vrai nid de Gundark…

En entendant Lorn répondre au premier sith puis échanger des amabilités avec le chagrien, qui au vu de ses capacités d’élocution, semblait être son pendant impérial, Alyria retint difficilement une ombre de sourire de passer sur son visage. Elle adorait son compagnon pour sa capacité inébranlable à dire les choses sans fard, franchement, et il fallait s’avouer que bien souvent, son style concis et direct marchait tout aussi bien que sa façon ampoulée et protocolaire de présenter les faits. Sans compter que les arguments en face étaient bien maigres, et la trentenaire avait l’impression de les avoir déjà entendu des centaines de fois : mépris souverain allié à des piques constantes, telles étaient en tout et pour tout les réponses du colosse rouge. Un peu léger pour les convaincre, et surtout pour persuader les deux maîtres jedis du bien-fondé des demandes des siths.

*Oh pourtant, ils n’ont pas tort, après tout, tu ne sais rien de leur motivation…* sembla soudain dire une petite voix en elle. Alyria tenta de la chasser comme on éloigne négligemment un insecte qui vous ennuie d’un revers de la main. Pourtant la pensée s’insinuait en elle, comme un chancre infect répandant son lichen puant à l’intérieur de son cerveau. La sensation était éminemment désagréable, elle avait l’impression d’avoir son esprit presque dédoublé : une partie d’elle savait pertinemment que ces idées n’étaient pas les siennes, mais une autre lui susurrait avec aplomb que si, tout cela venait bien de sa propre personne.

Et pourtant, ce n’était pas le cas, et un maître jedi comme la bretteuse n’avait aucun mal à le savoir. Alyria essaya donc de s’ouvrir à la Force pour éclaircir son esprit… Seulement pour rencontrer une chape de plomb obscure autour d’elle. Bon sang, ces siths n’essayaient quand même pas de...

Au même moment, les paroles que Lorn venait de prononcer résonnèrent en elle comme un tourbillon formidable : un contrôle d’esprit, voilà ce que c’était, et un puissant, au vu de l’ampleur du phénomène. Evidemment, les épicanthix y étaient parfaitement résistants en raison de leur génétique généreuse, mais elle-même allait devoir faire un peu plus d’efforts pour s’en débarrasser. Sauf que maintenant qu’elle avait la certitude de ce à quoi elle était soumise, contrer les effets délétères de cette manipulation n’allait pas être trop complexe.

Puisant au plus profond d’elle-même, la maitresse d’armes invoqua un véritable torrent d’énergie lumineuse guidée par sa propre raison, désormais un roc inébranlable de résolution ferme, qui fit refluer les filaments de côté obscur tentant d’enserrer son esprit dans leurs sombres filets. L’aura de Force autour d’elle venait de changer, soudain beaucoup plus froide, plus tranchante, plus implacable. Elle avait cru qu’il était possible de parlementer quelques instants, dans ce qui aurait été considéré par n’importe quel être civilisé comme un temps de trêve, mais apparemment, c’était trop demander à des siths que de respecter les coutumes élémentaires du savoir-vivre et de la diplomatie.

La confiance, déjà particulièrement ténue, était définitivement brisée. Il était tout simplement hors de question qu’ils passent.

Alyria avait toujours été attachée à la politesse en toute circonstance et à un respect des règles élémentaires de courtoisie. Par conséquent, outre l’usage du côté obscur pour tenter de pervertir leurs esprits, ce qui la choquait, c’était la duplicité du mouvement : prôner la paix et l’entente par le verbe, pour trahir et corrompre par la Force ? Mais après tout, à quoi s’attendre d’autres de la part d’utilisateur du côté obscur ? Entre ça et ce que son compagnon et elle-même avait subi avant, plus l’intuition qui l’avait traversé tantôt, elle était désormais résolue à ne plus céder un pouce de terrain à ces manipulateurs en puissance. Avec un léger sourire, elle se remémora les paroles de la femme masquée de Dantooine, qui avaient résumé les siths comme des proies soumis à leur propre inconstance : son affirmation venait de trouver une démonstration éclatante.

Dans un mouvement rapide, sa lame violette vint éclairer de son faisceau lumineux les lieux, rejoignant la lueur améthyste projetée par le sabre de Lorn, que ce dernier avait aussi dégainé. D’une voix glaciale, Alyria déclara, faisant bien attention à ce que chaque mot résonnât dans la salle :

« Vous étiez tellement enflammé en parlant de paix et de coopération… Dommage que tout cela n’ait été qu’un leurre, dont vous venez de nous révéler l’éclatant mensonge. Cette tentative de manipulation mentale n’est ni plus ni moins qu’une agression caractérisée sur d’autres utilisateurs de Force, et je considère qu’elle décrédibilise parfaitement vos propos précédent. A moins que vous n’ayez une solide explication, je vous demande de nous remettre vos armes sur le champ. »

Et c’est à ce moment-là que tout s’enchaîna.

D’un mouvement étonnamment rapide pour un être handicapé et de sa taille, le chagrien sortit son propre sabre et l’attaqua directement… Mais pas avec cette arme, avec la Force. Surprise par cette vitesse qu’elle n’avait pas prévue, mais nullement par l’offensive en elle-même, Alyria ne put néanmoins réagir sur le coup et sentit son second sabre, le premier qu’elle avait forgé, son vieux compagnon se détacher de sa ceinture. La précision d’un tel mouvement ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose : le but du sith était clairement de la désarmer.
Du reste, contrairement à ce qu’elle avait pensé au départ, et tandis qu’elle se préparait déjà à une contre-attaque cinglante, le colosse rouge se déporta vers Lorn pour l’attaquer d’un coup de taille à l’horizontale. En un instant, Alyria sut ce qu’elle devait faire.

En effet, tout à sa hâte de la désarmer, le sith avait oublié de prendre en compte un élément particulièrement important : l’exiguïté du lieu où ils se trouvaient tous. En effet, derrière Alyria, il n’y avait qu’une porte entrebâillée située à peine à quelques centimètres d’elle-même et un mur… Une cage d’escalier en somme. De plus, à force de porter son vieux sabre à la ceinture, la trace du cristal le composant était tellement familière pour la bretteuse qu’elle n’eut guère de mal à le localiser en quelques fractions de seconde grâce à la Force, son acuité rendue encore plus grande par l’usage qu’elle venait d’en faire pour rendre à son esprit toute sa clarté. La maîtresse d’armes entreprit donc d’user d’une télékinésie contraire à celle du chagrien pour en reprendre le contrôle, et surtout inverser sa course. C’était un jeu sur les forces, et sur la Force, en quelque sorte. Et au vu de la suite des événements, cela allait devenir un élément d’importance, car elle n’allait pas laisser cette reprise en main, au sens métaphorique, sans lendemain.

Leurs deux adversaires ne pouvaient le savoir, mais les deux maîtres d’armes se côtoyaient depuis des années, étaient amis depuis l’enfance, et avaient souvent été dépêchés en mission ensemble, leurs prouesses martiales conjuguées faisant des ravages dans les rangs adverses. Par conséquent, au cours de leurs multiples séances d’entraînement, ils avaient mis au point un certain nombre de figures utiles pour le combat en duo, auxquelles ils avaient donné des noms de code divers, afin de pouvoir se les transmettre en un instant par la pensée.

De fait, la capacité des utilisateurs de Force à envoyer un message dans l’esprit d’un de leur comparse n’était pas totalement un fantasme de vieille femme. Cependant, cette capacité était soumise à des restrictions : tout le monde ne pouvait pas tenir une conversation par la pensée, bien évidemment. En revanche, en situation d’urgence, pour une personne avec laquelle on avait développé un lien particulièrement fort, cela pouvait s’avérer tout à fait faisable de communiquer à travers la Force un mot simple, court, généralement d’une syllabe, et ce même à un épicanthix. Certes, cela restait complexe, mais Alyria et Lorn n’étaient pas deux padawans tâtonnant pour comprendre la Force, mais deux maîtres expérimentés, adeptes des tactiques en double et à la relation profonde et ancienne.

L’exécution de ce qu’Alyria avait en tête devait se faire à la seconde près, aussi elle s’élança en avant, sa plongée dans la Force pour récupérer son sabre rendant la chose éminemment simple, et elle tenta de contacter l’esprit de Lorn, et de lui crier :

* Treize ! *

Ainsi, il saurait quoi faire et la combinaison qu’elle avait en tête.

Si la maîtresse n’était pas une grande pratiquante du combat avec deux sabres, c’était en revanche une utilisatrice consommée de l’art délicat du lancer de sabre et de la manipulation de ce dernier à distance, comme elle l’avait démontré dans le Temple Rakata et sur Ossus avant. Si elle gardait donc son ancien sabre à la ceinture en mission, ce n’était pas forcément, comme d’aucun aurait pu le penser, pour combattre au corps à corps avec, mais bel et bien pour s’offrir un appui afin de combiner attaques frontales et avec la Force. Et elle comptait bien utiliser son tour préféré à ce moment précis.

Lorn, en entendant le nom de code, devait sauter grâce à la Force, libérant le passage pour… son deuxième sabre qu’elle enverrait en continuant à user de la télékinésie afin d'offrir une nouvelle impulsion à ce dernier, dans une version purement aérienne de ce qui aurait pu s’apparenter à un lancer de sabre classique, et elle arriverait immédiatement derrière pour porter à son tour un coup au chagrien, le but de cette combinaison étant bien entendu de jouer sur l’effet de surprise et la quasi-simultanéité des actions.

Ainsi, ledit sabre dont elle avait repris le contrôle vola devant lui, à l’endroit même où son ami se tenait un instant auparavant, dans un mouvement rendu mortellement rapide de par la configuration des lieux, tous les protagonistes n’étant qu’à quelques mètres les uns des autres. 

De son côté Lorn s’était repositionné pour faire face, sabre au clair, au deuxième sith, offrant un petit aperçu de ce que la synergie entre deux combattants de leur niveau pouvait donner.

A cet instant, la bretteuse ne put s’empêcher de souffler au seigneur sith à la prothèse :

« Apparemment, on ne vous a jamais appris la politesse, mon cher. Si on veut éviter les conflits, autant ne pas tenter de manipulation mentale, et ensuite, tant qu’à engager le combat sans sommation, autant le faire jusqu’au bout, c’est très désagréable de se voir attaquée puis délaissée… Autant faire cela dans les règles, voulez-vous ? »

La violence d’un combat ne l’intéressait pas, qu’il se le tienne pour dit. Mais en tant que maîtresse d’armes, Alyria appréciait les codes précis du duel, et si le chagrien avait tenu à exécuter son petit mouvement de désarmement, tant mieux, voilà qui lui donnait une occasion en or de réclamer une confrontation. Le fait qu’elle ait parfaitement calculé les avantages qui s’offraient à elle en affrontant le sith était un argument personnel supplémentaire.

Si la Force l’avait voulu, qu’il en soit ainsi : les armes parleraient, et Alyria et Lorn montreraient qu’ils n’avaient pas atteint leur place au Temple sans raison, et ce même face à deux seigneurs siths. L’enjeu n’était pas uniquement la sécurité sur Byss : la maîtresse d’armes avait le sentiment profond que désormais, ce qui était entre les mains de tous les combattants sur et autour de cette planète maudite du Noyau Profond se trouvait tout simplement être l’avenir immédiat de la République et de l’Empire.
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Sur le fil du rasoir, les rivaux émérites de l’assemblée bipartite réagissent tour à tour, chacun à sa manière, commentant et dénigrant à tout bout de champ la pertinence du laïus que je m’entête à décliner d’un ton sec mais serein, avec la réserve adéquate à des pourparlers censés être productifs, l’idéaliste naïf que je suis espérant peser sur la tournure future de cette entrevue. Pourtant, je refuse de participer au jeu des critiques lapidaires et des invectives futiles auquel la partie adverse s’adonne avec une complaisance non feinte : pointer du doigt le côté borné de ce déballage puéril reviendrait à provoquer impunément ces agents de l’ordre en faisant une croix sur l’éventualité d’un compromis, si éphémère soit-il. A mes yeux, et à l’inverse des leurs de toute évidence, il s’agit de piquer au vif la curiosité de ces missionnaires en quête de justice afin de susciter leur étonnement et dans la foulée, leur empathie, que l’on qualifie d’innée chez les gens de leur sorte… Non ? Au moins, nul ne pourra soutenir que d’aucun n’a tenté de faire entendre raison à ces partisans du bon droit et de l’intérêt général qu’ils prétendent servir et défendre à la faveur du seul prétexte qu’ils agitent sous notre nez comme pour narguer et provoquer une bête jugée trop docile à leur goût, celui d’être des Jedi prêt à tout pour se conformer aux ordres qu’une autorité supérieure leur a assigné, y compris tourner le dos à la possibilité d’un statu quo susceptible de désamorcer un dilemme si épineux qu’il en vice l’air et l’ambiance d’un huis clos devenu oppressant, laissant présager l’imminence d’une lutte armée de haut vol. Les Jedi, des ambassadeurs prônant la paix et la non-violence ? Quelle plaisanterie ! Laissez-moi rire ! Ceux-là ont l’air de s’en soucier au moins autant que je me sens préoccupé par le sort du soldat mal en point que j’ai laissé derrière moi !

Le moins que l’on puisse dire, c’est que je me suis mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude en croyant avoir une chance, si infime soit-elle, de faire plier la ténacité de ces émissaires face à la prééminence de la situation et de ses enjeux, si bien que j’en arrive à penser que l’issue de cet imbroglio avait été écrite bien avant que ce quatuor incongru ne se forme. Dans de telles conditions, il me parait évident que jamais nous ne pourrons-nous entendre, quel que soit le sujet débattu. A vrai dire, il est amusant de constater avec quelle facilité déconcertante les acteurs de ce cercle très fermé importent l’éternel et pathétique conflit opposant les Jedi aux Sith depuis des millénaires. Chacun retranché derrière sa ligne de front s’étendant d’un bout à l’autre de la galaxie, nous n’avons de cesse de vouer un culte de haine face à un ennemi intime en ressassant perpétuellement la même rengaine ancestrale, à l’instar des peuples qui célèbrent et commémorent les événements qui ont marqué leur histoire afin de se fabriquer une identité et un passé commun à tous. Pareillement, les Jedi comme les Sith, selon d’où l’on se place, ne font que se gargariser des batailles et des conflits qui les ont réunis pour un temps jusqu’à s’en étouffer eux-mêmes, quitte à faire que cette habitude tourne à l’obsession congénitale et devienne une affliction que la moindre braise, la plus petite dissension suffit à enflammer. Quelle douce ironie, à bien y réfléchir…

Ainsi, je me contente de garder le silence, évitant de me montrer impétueux en m’interposant face aux nombreuses salves oratoires déclamées par les autres participants de ce meeting incongru dont les figures stoïques arborent le même regard hautain, là où méfiance et défiance s’entremêlent et se confondent à tel point qu’on ne sait plus vraiment les dissocier. Certes, j’avoue que je n’ai pas mâché mes mots, ni tourner autour du pot : comme annoncé, le temps presse et nous n’avons nullement la liberté de camper ici ad vitam aeternam, à discuter du bien-fondé et de la légitimité des instructions qui sont les nôtres. Surtout qu’apparemment, la requête que j’ai formulée n’entre pas stricto sensu en contradiction avec les objectifs qui leur ont été assignés : surveiller de près nos faits et gestes ne veut pas forcément dire de restreindre notre liberté de mouvement, tant que nous ne tentons pas de prendre la fuite en rejoignant un transporteur pour quitter la surface de Byss ! A la rigueur, j’aurai volontiers accepté de me laisser désarmer, à condition que je sois sûr de pouvoir rejoindre un point de retraite impérial, là où nous aurions pu prouver sans difficulté notre appartenance à la délégation de Dromund Kaas ! Quoi qu’on en dise, un Sith visant à instaurer un semblant de dialogue, faisant la part belle au poids des mots et non au fracas des armes, il faut bien admettre que l’on ne voit pas ça tous les jours ! C’est donc qu’il y a forcément quelque chose de suspect qui se cache derrière tout ça, bien sûr ! D’un autre côté, on ne peut pas vraiment blâmer le refus opposé par les derniers arrivés, il faut les comprendre, eux et leurs incapacités à se défaire du cliché pitoyable faisant de nous autres Sith des êtres pervertis et fallacieux par nature, enclins au mensonge et à la tromperie comme nos faux-jumeaux le sont à la vérité et l’abnégation. Il est tellement plus aisé de se voiler la face par le biais d’idées prémâchées, alors que ces deux comparses sont en train d’apporter sur un plateau la preuve que nous sommes bien les faces d’une même pièce, qu’au-delà de la forme qu’ils ont choisi d’incarner, la matière n’est pas différente : des individualités d’exception refusant de s’identifier à la masse molle et servile des peuples. A chacun son sanctuaire sacré : les uns servent au paradis en se parant de nobles intentions, les autres règnent en enfer pour assouvir leurs pulsions de mort, et tous d’obéir à une même volonté de puissance qui les commande de se placer au-delà de la considération du commun des mortels…

Comme toujours, les Jedi considèrent leur mission d’un intérêt supérieur, pour ne pas dire absolu sur tout le reste et sont prêts à précipiter l’échéance du combat si cela peut les aider à accomplir ce pour quoi on leur a dit de se mobiliser, sans réfléchir aux conséquences, ni immédiates ni à venir. Comme d’habitude, la seule urgence qu’ils daignent estimer n’est que la leur propre, le reste n’étant que vile billevesée qu’il importe d’écarter d’un revers de main. Et quand ils s’attèlent à faire le contraire, c’est pour mieux se faire juge et bourreau de ce qui ne saurait dépendre d’eux ! Qu’on ne vienne pas me soutenir que les Jedi et les Sith sont foncièrement différents après un coup pareil ! Laissez-moi rire ! Les premiers s’enorgueillissent de leurs bonnes consciences qu’ils entretiennent et chérissent à coup de respectabilité et d’un prétendu sens de l’honneur, les seconds sont qualifiés d’ordures vaniteuses et concupiscentes parce qu’ils tireraient leur fierté d’un usage pernicieux et aveugle de la force, avec et sans majuscule. Aveugle ?! Mais qui est aveugle ici ? Ceux qui restent crispés sur sa position, quoi qu’ils leur en coûtent, ou celui qui en premier lieu propose de trouver une solution tacite pour éviter que n’éclate un conflit stérile et vain ?! C’est le monde à l’envers !

Revenons-en aux faits. S’il voulait jeter de l’huile sur le feu, je suppose que l’apollon musculeux ne s’y serait pas pris autrement. Du tac au tac, ce dernier répond à l’appel pour témoigner du fond de sa pensée sur un ton glacial et autoritaire, à l’image des regards sombres qu’il lance à notre encontre tout en formulant ses remarques acerbes, usant d’un langage grossier qui ne sied guère aux usages d’un Jedi de cette carrure, au sens propre comme figuré. Sans doute qu’il n’incarne pas l’armoire à glace du binôme pour rien, reléguant les tergiversations au second plan, habitué à régler les tensions et les cas sensibles sabre à la main. En somme, le prototype du combattant parfaitement entrainé à faire face aux situations conflictuelles les plus diverses, voilà l’identité de celui qui vient de cracher ouvertement sur ma proposition de trêve, avant de s’essuyer les pieds dessus sans sourciller. Et pour quel motif ? Sous l’insigne prétexte d’avoir voulu corrompre l’auditoire par une manœuvre traitresse et sournoise, typique des fourbes comploteurs dont le sens des actes va à l’encontre de celui produit par les discours qu’ils articulent à coup de formules chiadées et toute faites. En plus d’être bornés, les voilà pointilleux en matière protocolaire !? Eh quoi ?! Vous connaissez le proverbe : « Chassez le naturel, il revient au galop » ! Blague à part, cette maladresse va sûrement les conforter dans leur refus catégorique de trouver un arrangement. Une bévue que je vais sûrement regretter. En fait, je la regrette déjà…

Pour lui tenir tête, Darth Odium prend la relève et assène quelques tirades bien senties du même acabit que celles proférées par l’autre Monsieur Muscle. Pour ma part, je conviens parfaitement du fait que je n’ai pas été très malin de me comporter de la sorte, je n’aurai pas dû me laisser aller à cette tentative d’influence envers un public déjà suspicieux, surtout face à des esprits si endurcis et déterminés.
« Mea culpa » sont les seuls mots que je trouve à dire sur le moment. Puis j’écoute la remarque du chagrien concernant l’origine du type baraqué qui me toise méchamment de haut, l’air plus mauvais qu’auparavant. Le Darth a raison, maintenant qu’il le dit, quelques souvenirs d’enfance que j’ai du peuple Epicanthix me reviennent en mémoire. Aussi curieux que cela puisse paraitre, il y a un vague air de ressemblance entre le colosse Jedi et l’instructeur en combat rapproché qui m’avait appris les bases du combat au corps-à-corps. * Va savoir, c’est peut-être quelqu’un de sa famille, son fils peut-être bien ! *. Au moment où je me fais cette remarque, la mémoire me revient : à l’époque aujourd’hui fort éloignée où j’étais un enfant, une rumeur était souvent colportée, affirmant que les habitants de Panata disposaient de capacités bien au-delà du commun des mortels, même si je ne trouva personne pour me préciser de quoi il en retournait au juste. Et dire qu’après tout ce temps, je sais seulement maintenant de quoi il s’agit ! En effet, la seule explication possible à l’imperméabilité mentale affichée par ce solide gaillard de deux mètres tient au fait qu’il s’agit bien d’une disposition innée. Une résistance à toute éprouve associée à une force et une endurance physiques aguerries, bref, un tueur-né face auquel n’importe quel Sith trop présomptueux quant à ses capacités se ferait découper en deux avant d’avoir eu le temps de trembler des genoux… C’est bien ma veine, tiens ! Je comprends mieux pourquoi ma requête de convenir d’un terrain d’entente vient expressément de m’être renvoyée à la figure. Miser sur la carte de la franchise tout en recourant, bon gré mal gré, à l’un des pouvoirs les plus contestés et ambigus qui soit, parfaitement connu des Jedi pour couronner le tout. Je me demande s’il est possible d’imaginer situation plus compromettante lorsqu’on vient de se lancer dans une carrière de négociateur. En guise de réponse, distinguer les scintillements violets de la lame du Jedi, l’instant d’avant qu’elle ne coulisse de sa garde, me suffit amplement. Oui, on peut rêver pire encore…

Il va sans dire que la nervosité ambiante a monté d’un cran, et la mienne ne fais pas défaut. Ecouter ce que la partenaire du Presque-Humain à la charpente massive a à répondre à tout ce qui s’était dit jusque-là n’arrange rien à la pression grandissante. Pourtant, il m’apparait clairement qu’elle serait à même de commander à son acolyte de rengainer son sabre qu’il le ferait sans rechigner, tant elle me parait incarner le véritable leadership de ce tandem de choc et de charme. Mon regard quitte celui du mâle paré au combat pour se poser vers celle qui prend la parole. Au fil de son intervention, je ne peux m’empêcher d’écarquiller les yeux pour signifier mon incompréhension. Histoire de clarifier une fois pour toutes les choses, je me vois dans l’obligation de réagir à ses propos qui, sans être dénué de sens, me semble pour le moins farfelu :


« Je vous parle d’apporter notre soutien à Darth Ynnitach, le chef suprême de l’Empire Sith, et vous venez me parler de « commandement impérial » !? Mais pourquoi ne pas prendre vos informations à la source qui n’est qu’à deux pas d’ici, au lieu d’en référer à je-ne-sais-quel officiel qui sera tenu de faire passer votre demande à son supérieur, et ainsi de suite ! L’Empire n’est pas la République, il n’est pas un régime où le pouvoir se partage entre une assemblée de représentants en chambres et commissions diverses, mais un régime où le pouvoir réside entre les mains de l’Impératrice et de ceux qu’elle a choisi pour régner à ses côtés, pas une bande de bureaucrates carriéristes ! Est-ce que vous comprenez où je veux en venir ?! » fais-je à son encontre en gesticulant des mains pour appuyer ma déclaration et lui faire réaliser à quel point sa proposition, si elle parait tomber sous le sens, n’est en rien logique ni en théorie, ni en pratique. « Oh la belle histoire que voilà… » dis-je tout en inclinant la tête en arrière, un sourire ricaneur laissant supposer que l’interprétation qu’elle ose livrer au sujet de leur rencontre sur Ossus est passablement tronquée et notoirement honteuse, avant de remettre mon masque à la place qui lui sied le mieux, éclipsant un dernier regard amusé vers la rouquine dont la mauvaise foi tombe fort à propos, les circonstances étant ce qu’elles sont.

Après un moment d’hésitation ou de doute de sa part, je ne saurai le dire, temps mort que je tiens derechef pour une éclaircie de bon aloi face à la tempête qui s’annonce à l’aune de son acolyte se tenant toujours sur ses gardes, prêt à en découdre à tout moment, la Jedi recouvre finalement ses esprits et reprend le fil de son discours. Cette fois-là, elle réitère l’accusation déjà portée par le bel étalon, en appuyant là où le bât blesse, m’accusant de n’être qu’un faussaire dont les belles paroles ne valent rien moins d’une déjection encore fumante de bantha, grosso modo. Et au regard du fumet nauséabond que je dégage encore et toujours, la métaphore tient la route ! Soit, la messe est dite et je suis heureux de constater que c’est à la belle que revient le dernier mot. Car en prononçant cette ultime sentence, elle vient, sûrement sans le savoir, de lâcher la bride au puissant Darth Odium : le chagrien bondit en avant avec une vivacité surprenante compte tenu de sa physionomie massive, sabre au clair. La bataille commence.

La célérité stupéfiante avec laquelle le Cornu coordonne son assaut tout en recourant à la Force pour aussitôt poursuivre par une attaque au corps à corps me laisse sans voix. Sûrement avait-il visualisé l’action au préalable, tellement le synchronisme de son enchainement frise la perfection. Mais il ne faut pas oublier qui leur fait face, et ce qu’il m’est donné l’occasion de constater suffit à me prouver ô combien ces Jedi se connaisse par cœur, et ont élaboré des parades et des combinaisons tactiques au moins aussi imprévues et redoutables que celle mise en œuvre par le seigneur Odium. Sans avoir le temps d’esquisser le moindre mouvement pour réagir à cette première passe d’armes, l’epicanthix atterrit pile en face de l’endroit où je me tiens, laissant dans son dos sa consœur se dépêtrer du Sith à l’allure diabolique. Sans même y penser, les cylindres dorés voltigent d’un trait en passant de mon ceinturon à mes mains, les lames vermeilles vrombissant à l’unisson. Pivotant de profil, je laisse ces dernières se croiser à l’oblique dans mon dos, optant pour une garde offensive. Puis je recoure à une habilité acquise il y a peu et qui consiste à augmenter la puissance efficace des armes maniées, peu importe leur genre. Dans le cas présent, il s’agit d’amplifier la résonance interne du cristal placé au cœur du sabre laser de manière à laisser infuser un courant de Force plus intense afin de peaufiner l’affinité entre l’arme et son utilisateur. Un pouvoir assez élémentaire en somme, mais ne manquant pas de monopoliser de la concentration et réclamant de puiser une énergie considérable en termes de Force.

Soudain, dès l’instant où j’en use, je remarque un fait curieux : d’inquiétants grondements résonnent lourdement, devenant de plus en forts depuis quelques secondes, puis se répètent par intermittence, vibrant sous mes pieds avec insistance, tandis que des bruits ressemblant à des grincements stridents d’air comprimé et de machineries se font entendre. On dirait que le bâtiment tout entier vient de se mettre en branle. Même si ma concentration est braquée vers le Jedi demeurant impassible, la vue de ces salles emplies de machines me revient en mémoire. Tous ces appareillages s’étaient animés au fur et à mesure que je progressais dans les environs… Mais quel est le rapport avec ce qui se passe ici et maintenant ?! La réponse à cette question tombe et s’abat tel un couperet et me fige sur place, tout en m’expédiant droit vers un lieu où j’aurai préféré ne jamais poser un seul doigt de pied !

Alors que je regarde fixement le colosse les yeux dans les yeux, un faisceau laser surgit à mes pieds en sortant du sol d’un coup d’un seul, puis un deuxième, découpant plusieurs pylônes métalliques au passage en décrivant une diagonale courbe, ces derniers s’affaissant avant de tomber en morceaux, entrainant dans leur chute des pans entiers de la structure de l’édifice semblant vaciller, privé de ses bases et de tout soutien solide. La surface sur laquelle je me tiens ne tarde pas à s’affaisser sur elle-même, sauf que je n’ai pas l’occasion de zyeuter les parages pour trouver un abri acceptable. Sans même pousser le moindre cri, je me sens tomber tout de go à l’étage inférieur, sans entrevoir qu’un enfer mécanique me tend déjà les bras pour me découper en rondelles. Si je parviens à soigner ma réception sur l’une des dizaines de machines-outils alignés en rang qui s’en donnent à cœur joie et arrosent les environs en tissant une véritable toile d’araignée faites de rayons laser, ma main gauche vient d’être tranchée net, la prothèse voletant par terre en agrippant encore le sabre que je tenais. Sans m’accorder un seul instant de répit, je bondis de-ci de-là sans chercher à comprendre ce qui se passe, passant d’un bras mécanique à un autre, s’entre-découpant les uns les autres au fil de mes sauts de puce, l’esprit focalisé sur l’absolu nécessite d’éviter ces traits lumineux, oubliant leur côté létal pour ne pas rajouter une couche au côté dramatique de la situation. A quelques mètres de moi, j’aperçois ma main à l’état de rebut filer bon train sur un tapis roulant et je ne peux m’empêcher de vouloir récupérer le précieux item qu’elle retient.

Ni une ni deux, j’endosse un voile de Force pour camoufler ma présence au milieu de ce capharnaüm sans nom, au nez et à la barbe des capteurs de présence truffant les automates que je n’aurai jamais pensé si dangereux au premier coup d’œil. Et boom ! Voilà que ces maudites machines reprennent du poil de la bête en me prenant à nouveau comme cible prioritaire ! L'invisibilité dont je viens de me parer m'apparait complètement futile face à ces appareillages stridents et démentiels. Contraint à enchainer roulade sur roulade et à me contorsionner tel un acrobate pour éviter de me faire couper en deux, par chance, j’arrive enfin à me rapprocher suffisamment près de l’épave mouvante à cinq doigts pour la récupérer. La synthéchair qui le recouvre est à moitié noircie, et je m'aperçois, passablement énervé, que l’une des extrémités de la garde de mon sabre a été tranchée nette en même temps que la prothèse elle-même. Grinçant des dents et décampant pour éviter la énième course obole d’un pointeur laser, je ne cherche plus qu’une chose : me carapater loin, très loin d’ici ! Ah et tiens, changer de système pendant que j’y suis !
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Il ne fallait être ni un génie ni un maître jedi très ancien et expérimenté pour devenir que la rencontre entre siths et jedis, même encadrée par un traité de paix, ne se terminerait jamais en franche camaraderie autour d’un verre accompagnée de bonnes tranches de rigolades. Cela faisait depuis tellement longtemps que ces cousins étaient opposés qu’ils en avaient fini par oublier la possibilité d’une réconciliation qui n’était désormais plus d’actualité, tombant ainsi dans les clichés dont ils essayaient de s’extirper en vain. Un camp diabolisait l’autre avec ses propres mots et ses propres croyances, mais la vérité était que aucun de ces deux camps ne possédait l’ultime vérité : ils essayaient simplement d’avancer avec les croyances qui étaient les leurs. Le jeune homme était loin d’être l’un de ces fanatiques qui voyaient les siths comme des suppôts du mal, incapables d’autre chose que d’assouvir leurs sombres pulsions par la violence ou par la manipulation des esprits plus faibles, mais sa formation lui avait appris à être intraitable envers ses cousins car ces derniers ne montreraient aucune pitié. Et cela lui allait bien.
À quoi bon tendre l’autre joue si c’était pour se faire frapper une seconde fois et finir à terre ? À quoi bon se montrer juste et clément envers ces hommes et ces femmes qui n’hésitaient pas à tuer, manipuler et corrompre pour obtenir ce qu’ils désiraient, sans ressentir une once de remord ? Ils avaient fait leur choix en embrassant cette voie, ils avaient décidé de devenir ainsi et semblant, pour la plupart, le vivre plutôt bien. Oui, ses pairs lui diraient sans doute qu’il fallait tendre la main à ces hommes-là car ils ne se rendaient pas compte à quel point ils étaient égarés, et que c’était le devoir de tous les jedis de montrer la bonne voie à leurs cousins qui, jadis, n’étaient pas si différents d’eux…mais malheureusement Lorn n’était pas vraiment d’humeur à suivre les sages conseils de ses professeurs dans cette situation.
On lui avait donné un ordre précis qui était de garder à l’œil tous les impériaux pour les empêcher de quitter cette planète, c’était là l’objectif principal auquel il devait se tenir et, même s’il n’avait jamais été soldat, il savait que ces ordres avaient été émis en haut lieu pour une bonne raison et que ce n’était pas à lui de les remettre en cause…même s’il aurait pu le faire.

Mais en écoutant les propos hautains et pompeux de ses cousins, le jeune homme se surpris à avoir des pensées bien trop agressives à leur égard et il se demanda, durant un instant, à quel moment il s’était lui-même détourné de la voie des jedis ? Jadis le jeune maître avait été comme ces deux adeptes du côté obscur, il avait été agressif, turbulent et par-dessus tout contrôlé par ses émotions qui le poussèrent à faire des choses dont il ne pourrait jamais à être fier, mais aujourd’hui il se mettait à émettre des jugement de valeur à l’encontre de ces deux êtres qui, finalement, étaient semblables à celui qu’il était jadis. Depuis quand était-il devenu un si bel hypocrite ?
Les autres jedis, eux, avaient le droit de juger que la voie du côté obscure était détestable et corruptrice car ils n’avaient jamais connu la tentation et n’y avaient jamais cédé, vivant dans leur tour d’ivoire qu’était le temple jedi ils avaient passé leur vie à s’imaginer à quoi pourraient ressembler les cousins déchus…parce que c’était ce qu’on leur apprenait à faire. Mais de quel droit Lorn se permettait-il de juger ces deux hommes face à lui alors que lui-même avait cédé à ses ténèbres intérieures ? Eux acceptaient pleinement leur choix tandis que lui en avait toujours eu honte, voilà quelle était la vraie différence.

Sa formation lui avait appris à être ouvert d’esprit et compréhensif, même envers les individus les plus méprisables, mais aujourd’hui il faisait preuve d’une étroitesse d’esprit qui dépassait l’entendement, même pour quelqu’un comme lui qui n’avait jamais su taire totalement ses émotions. Il se tenait là, à écouter sa camarade et ces deux siths palabrer encore et encore sur leurs objectifs respectifs et sur la façon dont ils pourraient régler cette épineuse situation, et toutes ces paroles rentraient par une oreille et ressortaient aussi sec par l’autre. Il se fichait pas mal de ce qui pouvait bien être en train de se dire car, à ses yeux, sa mission prévalait sur tout le reste et de ce que pourraient dire ces adeptes du côté obscur ne le ferait changer d’avis. Ils étaient en train de se faire passer pour des agneaux aux intentions les plus honnêtes qui soient alors qu’ils n’avaient pas l’air de comprendre que cette situation était devenue un bordel sans nom à cause d’eux et leur incompétence à dénicher des traîtres dans leurs rangs. Des traîtres ? Chez les siths ? Voilà qui serait surprenant, n’est-ce pas ? La bonne blague.

Bien sûr qu’il y avait aussi des traîtres parmi les jedis, d’où croyez-vous que viennent les siths et les jedis noirs, originellement ? L’Ordre n’était pas fier de cet état de fait car c’était sans doute son plus grand échec que de n’avoir pas pu éviter ce schisme et de n’avoir pas pu sauver chaque égaré qui choisissait d’embrasser le côté obscur. Mais malheureusement, si l’Ordre ne pouvait ignorer la possibilité de félons dans ses rangs, la proportion de ces derniers était bien moindre qu’au sein de l’Ordre sith dont l’organisation poussait les uns et les autres à se tirer dans les pattes pour se tailler la part du lion et gravir les échelons du pouvoir.
C’était une méritocratie où il fallait se battre voire pire pour obtenir ce que l’on pensait mériter, c’était d’ailleurs la seule chose que le jeune maître appréciait au sein de ce rassemblement de traîtres, même s’il savait que ce n’était ni sage ni recommandé de penser de cette façon…mais il n’y pouvait rien.

Droit comme un roc face à la tempête, l’homme restait donc debout en ignorant les regards jetés par ses deux interlocuteurs, mais ce fut le plus grand des deux qui parvint à lui arracher un sourire amusé lorsqu’il se présenta, en toute modestie, comme un GRAND seigneur sith. Ne se débarrassant pas de son sourire qui se voulait aussi amusant que taquin, Lorn répondit :


« Les « grands » seigneurs siths ? Amusant. »

Il fallait bien reconnaître que si les siths présentaient leurs cousins comme des pompeux individus qui se croyaient supérieurs et plus vertueux parce que leurs agissements étaient régis par une morale et une certaine éthique, les plus pompeux dans l’histoire n’étaient décidément pas ceux qu’ils croyaient. Imbus de leur personne, prétentieux, arrogants…La liste serait longue pour caractériser la personnalité de la plupart des individus de cet Ordre sith, mais ce qui était bien était le fait qu’aucun d’entre eux ne cherchait à aller à l’encontre de ces clichés qui se vérifiaient donc aisément. Fallait-il qu’ils prennent une déculottée monumentale pour descendre de leur piédestal et comprendre que le côté obscur n’était pas tout puissant ? Oh non, ils seraient assez aveugles pour penser que leur défaite serait due à une ruse ou une quelconque tricherie de la part de leur adversaire. Bah cela n’avait pas d’importance, ils allaient se prendre une dérouillée ou rebrousseraient chemin : la leçon qu’ils tireraient de cet évènement ne dépendrait et ne concernerait qu’eux.

Écoutant sa camarade continuer de clarifier la situation avec un langage bien plus soutenu que celui qu’il usait lui-même habituellement, le maître d’armes fut une fois de plus interrompu par ce grand chagrien qui montra, encore une fois, qu’il avait autant de savoir vivre, de tact et de diplomatie que le maître d’armes…à ceci près qu’il ne s’en cachait pas et n’essayait pas de faire dans la dentelle. Soupirant bruyant pour montrer qu’il était plus qu’ennuyé par les interventions vides de sens de cet homme-là, interventions qui ne faisaient que desservir l’objectif qu’il tentait d’atteindre. Ne s’en rendait-il pas compte ou s’en fichait-il simplement ? Là où son svelte camarade tentait d’apaiser le feu qui brûlait dans le cœur des deux jedis, ce colosse jetait de l’huile sur ce même feu ce qui ne ferait que compliquer les choses.
À vrai dire, à bien y regarder, le jeune homme trouvait ce duo assez similaire au sien dans le sens où Alyria était celle qui était la plus diplomate des deux tandis que maître Vocklan avait un langage fleuri qui sentait bon la brusquerie et le manque de tact volontaire. Un sentiment de déjà-vu, n’est-ce pas ?

Chassant ces pensées d’un simplement remuement de tête, le garçon se reporta vers le cornu et lui lança sur un ton qui frisait l’indifférence :

« Pleurnicher ? Si cela vous fait plaisir de penser ainsi, soit. Vos mots ne changeront rien à la situation. Repartez d’où vous venez. »

Évidemment qu’il se répétait encore et toujours mais c’était parce que, jusqu’à la fin, même s’il ne le voulait pas, le jedi se devait de prôner la paix et de laisser une chance à ce duo de s’en aller sans faire d’histoire. Oui, il ne le voulait pas, il voulait combattre et corriger ces malotrus mais il devait pourtant se montrer meilleur et plus raisonné que cela. Quel modèle serait-il s’il s’adonnait à la violence face à chaque personne qui ne lui plaisait pas ? Il ne serait pas mieux que le siths, pas mieux que celui qu’il était avant: plus jamais cela !
Mais fort heureusement le jeune homme n’eut pas besoin de trouver une excuse pour dégainer son sabre car un des deux siths, fidèle à leur cliché, tenta de manipuler les deux maîtres pour leur faire gober ses paroles : mais c’était sans compter sur la nature généreuse de Lorn qui, en plus d’un physique de guerrier, l’avait doté d’une résistance à ce genre de petite ruse mentale. Mais c’était trop tard, le mal était fait et même le « Mea Culpa » de cet homme ne parvint à rien d’autre que d’amuser le maître d’armes...l’amuser et rien d’autre.

Il n’allait tout de même pas passer outre ce geste qui révélait clairement de la trahison, n’est-ce pas ? Dégainer son sabre et activer sa lame violette furent les seules réponses qu’il avait besoin de donner à ces deux tristes individus. Mais, alors qu’il pensait être celui qui débuterait les hostilités, il fut légèrement surpris de voir l’autre colosse bondir sur lui sans crier gare, en ayant pris la précaution de priver Alyria d’un de ses sabres. Aucune importance, elle se débrouillait bien mieux avec un seul sabre de toute façon.
Alors qu’il était prêt à recevoir son massif adversaire, sabre tenu à deux mains, pointe en avant, l’esprit du garçon fut assailli par une soudaine pensée qui n’était pas la sienne mais celle de son amie et camarade de toujours : maître Alyria Von. Une telle complicité et relation mentale n’était pas donné à tout le monde, même parmi les adeptes de la Force, elle se forgeait à force de temps et de travail comme cela pouvait être le cas pour un maître et son padawan ou, dans le cas présent, de deux individus ayant toujours été proches et ayant très souvent travaillé et combattu ensemble.

À force de travail les deux individus avaient créé un certain nombre de mouvements coordonnés et leur avait attribué des chiffres, en entendant le chiffre 13 dans sa tête le maître sut immédiatement ce qu’il avait à faire. Bondissant sur le côté pour esquiver le coup de son colossal adversaire, il se retrouva à faire face au plus svelte des deux, donc les deux sabres étaient croisés dans une pose très équivoque.
Ne regardant pas à côté, sûr que sa camarade saurait se débrouiller face à cet opposant, le garçon reporta enfin son attention sur le plus diplomate des deux mais, alors que le combat était sur le point de réellement débuter, le solo sous les pieds du sith sembla soudainement se dérober sous lui, se désagrégeant à une vitesse folle sans que Lorn ne puisse vraiment comprendre ce qu’il se passait.
Ni une ni deux, ne désirant pas plus que cela tomber vers une destination inconnue, il éteignit son sabre et fit demi-tour, bondissant jusqu’à l’entrebâillement de la portée restée ouverte, se retournant pour voir le sol se dérober devant lui. Il n’avait pas le temps de comprendre ce qu’il se passait, il avait juste le temps de sentir son adversaire chuter puis disparaître dans la Force, tandis que sa camarade et son adversaire cornu se trouvaient à quelques mètres de lui, séparés par un petit vide qu’il se devait d’enjamber.

Reculant de quelques pas, pliant ses jambes et se concentrant sur ses appuis, le garçon se mit à courir et bondit avec une grâce plus qu’approximative, avant de retomber de l’autre côté, à quelques pas de son amie et surtout à quelques pas du vide oppressant. Chuter maintenant ne lui disait vraiment rien.
Dégainant son sabre laser une nouvelle fois, se mettant à hauteur de son amie, le garçon reporta son attention sur le cornu avant de lui lancer :

« Je vous demanderai bien de déposer vos armes et de vous rendre, mais vous n’êtes pas du genre à vous rendre ou fuir, n’est-ce pas ? À l’exception de votre camarade, bien sûr.»

Bien sûr qu’il ne pouvait pas savoir ce qui était arrivé à cet homme, bien sûr que cette disparition pouvait signifier la mort et non pas un voile de Force, mais qui avait-il de mal à tenter de pousser quelques boutons pour voir ce qui faisait réagir cet cornu ? La déstabilisation mentale faisait aussi partie d’un combat, même si Lorn savait que cela avait peu de chance de marcher. Sabre au clair, son regard plongé dans celui de son opposant, le maître d’armes avança vers lui en une position plutôt neutre, le sabre sur le côté, attendant une réponse de sa part. Allait-il gentiment se rendre où plongerait-il droit à sa perte ?
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Un affrontement entre Maîtres Jedi et Seigneurs sith n'était clairement pas une chose à prendre à la légère puis même lorsque ceux-ci semblaient ouverts au dialogue, un faux pas pouvait transformer ce tête en tête en une explosion de violence sans précédent !

Cela aurait en effet bien plus mal tourner après que Darth Araya ait cherché à manipuler ses adversaires, ceux-ci auraient pu se jeter dans la bataille sans réfléchir aux conséquences de leurs actes ! Était-ce les nouveaux ordres offerts par le chancelier fraîchement élu qui les avaient retenus d'engager le possible ennemi ou alors l'incertitude présente dans le résultat de leur affrontement ?

Peu importait la raison, face à l'inflexibilité de leur opposant, les deux Siths avaient décidés de prendre les armes afin de rejoindre au plus vite à Dame Noire, mais le destin ne semblait pas prêt à laisser cet affrontement avoir lieu ! Usant d'étranges machineries afin de faire pleuvoir un déluge de laser, le destin venait de choisir à la place des participants l'issue du combat ! La zone devenant bien trop dangereuse pour être propice à un duel, les divers opposant prirent tour à tour la poudre d'escampette afin de rejoindre leurs divers objectifs !



Alyria Von, Lorn Vocklan, Darth Odium et Darth Araya remportent leur combat !
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Epuisée. Voilà qui résumait parfaitement l’état d’Alyria à ce moment précis. Sa tête bourdonnait, son utilisation répétée de la Force avait consumée une part considérable de ses forces, sans compter les efforts fournis pour défaire ou résister aux siths croisés lors de cette épouvantable journée, et pour finir, l’attaque de ces droides lui avait fallu un superbe tir de blaster dans le bras gauche, qui lui occasionnait une douleur sourde et profondément désagréable. Le visage couvert de sang et de poussière, les vêtements dans un état pitoyable, on pouvait clairement dire que la gardienne avait vu des jours meilleurs en termes d’allure.

Lorsque les êtres mécaniques avaient commencé à s’animer, la maîtresse d’armes et son comparse avaient cru un instant s’en sortir, mais il en venait de partout, et si ces derniers semblaient viser plus particulièrement le sith restant, avec des tirs de blaster, la précision n’était pas forcément de mise… Sans compter que la défense contre ce genre d’assaut n’était franchement pas son domaine de prédicion. La suite s’était passée dans une confusion totale : le sol avait continué de s’effondrer, contraignant les deux jedis à reculer, ignorants le sort du chagrien.

A vrai dire, Alyria se demandait encore comment ils avaient réussi à s’en sortir vivants. Finalement, elle et Lorn avaient ralliés des troupes républicaines assaillies plus loin par les mêmes machines, et les avaient aidés à les repousser. De là, la petite troupe s’était frayée un chemin vers les transporteurs… Pour voir avec consternation les vaisseaux siths partir, malgré les ordres républicains. Ainsi, l’Empire avait donc décidé de faire fi des avertissements et de briser l’accord de passage en vigueur… Voilà qui confirmait décidément son impression depuis le début de cette journée : cette paix avait de sérieuses lacunes.

Puis, ce phénomène complètement invraisemblable auquel ils avaient assisté depuis la terre ferme : un trouble extrême dans la Force, et soudain, les appareils des soldats près des deux jedis avaient cessé de fonctionner… Et la flotte sith avait disparu dans l’espace, laissant aux troupes républicaines le soin de s’occuper du carnage sur Byss, et foulant au passage allègrement la souveraineté de l’espace républicain.

Pendant un temps, Alyria avait fait de son mieux pour aider les soldats à rassembler et retrouver les blessés, s’enquérant au passage du devenir de ses camarades jedis auprès de quelques militaires ou chevaliers survivants. Et finalement, ils avaient tous rejoint une navette afin de quitter cet endroit maudit.

En posant le pied sur le vaisseau qui allait la reconduire enfin sur Ondéron, la main sur son bras brûlé, la bretteuse s’autorisa enfin un soupir de soulagement : elle avait l’impression d’avoir rempli sa mission du mieux qu’elle pouvait, et au moins, Lorn et elle avaient sans doute sauvé de nombreuses vies en s’interposant au milieu du rituel dans le Temple. Ils étaient sortis de cet enfer en un seul morceau, c’était l’essentiel. Evidemment, les répercussions de ces événements n’allaient pas tarder à se faire sentir dans la galaxie.

Rapidement, elle fit un rapport détaillé à un officier sur leurs péripéties, décrivant en détail les quatre opposants auxquels ils avaient face. A voir l’air ébahi du pauvre homme, Alyria ne put s’empêcher de penser qu’effectivement, pour le commun des mortels, ce qu’elle avait affronté au sein de l’édifice Rakata devait avoir l’air singulièrement fou. A vrai dire, même elle avait du mal à y croire… Mais pourtant, c’était hélas la stricte vérité, la manifestation ultime des horreurs de l’obscurité. Puis elle demanda à ce que ces informations soient transmises aux renseignements de la République : plus ils auraient des descriptions de siths soutenant la Dame Noire, mieux ce serait, à n’en pas douter. Après tout, il n’était pas à exclure que certains soient infiltrés en territoire républicain, surtout qu’avec cette débandade spatiale, quelques vaisseaux de la flotte impériale aurait pu prendre le large vers le Noyau… Et cette perspective ne l’enthousiasmait pas du tout.

Se tournant vers Lorn avec un sourire las, elle déclara :

« Quand on disait s’attendre au pire en débarquant… je crois qu’on était à mille lieues de la vérité en fait. »

Puis, à voix basse, afin que personne d’autre n’entende, elle ajouta :

« Dès qu’on sera de retour sur Ondéron et que je serais passée au Centre médical… Il faudra qu’on parle. Je crois qu’il est temps, à présent. »

S’il y avait bien une seule chose de positive dans tous ces événements, c’était qu’une partie de ses doutes personnels avaient disparu : oui, ils restaient un duo brillant, au potentiel mortel extrême. Et cela la rassurait sur la conduite à tenir. Fini les tergiversations, et la manie de remettre sans cesse à demain les questions privées : dorénavant, il était temps de prendre des décisions. 

Evidemment, elle ne pouvait savoir que ces pensées allaient bientôt prendre un tout autre sens. 

Soudain, un médecin s’approcha d’elle et fit :

« Maître, avec tout mon respect, vous devriez vous faire soigner à l’infirmerie. Il me semble que vous êtes blessée. »

Avec un sourire franc, Alyria répondit :

« Ça ira, ne vous inquiétez pas pour moi, occupez-vous des cas plus graves. Ce ne sont que des petites choses superficielles. »

Alors que l’homme de sciences commençait à s’éloigner, un autre officier fit son apparition devant la duelliste, la salua militairement, ce qui ne manqua pas de la surprendre, et dit d’une voix respectueuse mais ferme :

« Madame la Ministre, les plus haut-gradés de la flotte vous attendent pour un débriefing de la situation. »


Pardon ?

Globalement, voilà exactement ce qui venait de se passer dans la tête d’Alyria : un blanc monumental, suivi d’un questionnement assourdissant. Clairement, il ne lui venait que deux hypothèses : soit il y avait erreur sur la personne, soit son oreille était bien plus atteinte qu’elle ne le pensait de prime abord… Finalement, un petit chek-up avec un médecin ne pouvait pas faire de mal, voilà qu’elle faisait des hallucinations auditives.

Sauf que pour une hallucination, le soldat se montrait singulièrement tenace, se tenant toujours devant elle, l’air un peu gêné de voir l’absence total de réaction de la trentenaire et son air complètement ébahi, mais semblant attendre quelque chose. Bien, il allait falloir y aller diplomatiquement, l’homme s’était trompé, cela arrivait à tout le monde après de tels chocs… N’est-ce pas ?

« C’est très flatteur comme titre, mais je crains qu’il y ait erreur sur la personne. Si j’étais ministre, soyez assuré que je le saurais depuis longtemps. »

La fin de la phrase lui arracha un léger rire, tant la perspective lui semblait parfaitement ridicule. Cependant, le militaire ne partageait pas son hilarité. Au contraire, il la regardait avec des yeux ronds, et finit finalement par demander, presque timidement :

« Vous n’êtes pas au courant, Madame ? »
 
Au courant ? Mais au courant de quoi à la fin ! Alyria avait l’impression d’être dans le brouillard complet, ou alors au centre d’une mauvais plaisanterie. La voyant froncer les sourcils, l’homme ajouta précipitamment :

« Nous avons reçu la nouvelle en même temps que les nouveaux ordres, Madame. Le chancelier Scalia a formé son gouvernement, et vous êtes la nouvelle ministre de la Défense. »

Pour la deuxième fois en à peine deux minutes, Alyria eut l’impression que son cerveau avait tout simplement cessé de fonctionner. Parce que cela faisait un peu trop à assimiler pour une seule et même personne. Sincèrement, comment aurait-elle pu imaginer que… ? Non, même pas la peine de demander, cela dépassait l’entendement.

Un silence de mort semblait s’être abattu sur le vaisseau. Tous l’observaient à présent, tentant de dévisager celle qui était désormais leur supérieur hiérarchique… Du moins en théorie. Alyria manqua vaciller. Après ce moment de blanc, son esprit réfléchissait à présent à toute allure. Si elle était la ministre de la Défense, cela faisait d’elle… Eh bien, la personne à la tête de toute la flotte et des troupes à rapatrier de Byss. Et un personnage de premier plan de la politique galactique, au passage.

La tête lui tournant face à cette révélation en forme de coup de massue, Alyria manqua chanceler, et seul son contrôle de fer lui permit de rester debout. Le soldat en face d’elle sembla soudain comprendre, et d’une voix où perçait un semblant de ce qui aurait pu être de la sollicitude, il demanda :

« Vous n’étiez pas au courant, n’est-ce pas ? »

Comment répondre à cela, à ce que sous-entendait cette question ? Non, elle n’était pas au courant là, et non, elle n’était pas au courant puisque jamais il n’avait été question d’une telle nomination ? Non, elle n’avait pas imaginé un seul instant que sa rencontre avec celui qui était à présent chancelier puisse déboucher sur une telle chose ? Mais quelle mouche avait donc piqué Valérion Scalia ? Lui qui n’avait jamais caché son agacement face aux jedis dans l’appareil militaire venait de nommer l’une d’entre elle à leur commandement ? Cela n’avait aucun sens…
 
A moins… Que ce ne soit un moyen de s’adjoindre une voix plus modérée, afin de lisser son image. Et accessoirement d’avoir un individu apolitique dans son gouvernement qui devait réunir tout ce qu’il y avait d’animaux politiques au Sénat. Déjà, c’était un embryon d’explication. Restait la question du pourquoi elle… Qui en fait se résolvait facilement. A dire vrai, c’était même assez adroit : il connaissait son passé, et quitte à nommer une jedi à un tel poste, autant trouver la personne qui ferait le moins tâche. Et entre ses racines familiales militaires et sa participation à de nombreuses reprises à des manœuvres avec l’armée, on ne pouvait décemment pas dire qu’elle n’avait aucune expérience.

Sauf qu’elle était une jedi… Que devait-elle faire par rapport au Conseil ? De toute façon, les dés étaient jetés, elle ne pouvait pas reculer. Bien qu’elle n’ait strictement rien fait pour avancer aussi haut. La première chose à faire était de se rendre immédiatement sur Ondéron pour expliquer au Conseil ce retournement de situation et demander sa délégation au gouvernement. Même si elle savait que bon nombre de jedis ne partageaient pas sa vision d’un rapprochement nécessaire avec la République, elle n’était pas sans ignorer, grâce à ses liens avec certains membres du Conseil, que ces derniers étudiaient attentivement les remous de la politique. Avoir une voix dans les plus hautes instances ne pouvait qu’être bénéfique, de toute façon, surtout que certains partisans du nouveau chancelier n’étaient pas franchement les partisans les plus ardents de l’Ordre. Et il y avait la question de Wen à régler également. Bref, beaucoup trop de choses à faire soudainement.

Et le malheureux soldat qui attendait toujours sa réponse commençait à faire grise mine, se rendit soudain compte Alyria. Perdue dans ses considérations, elle l’avait presque oublié, mais l’attente avait assez duré. Aussi elle finit par lui dire, enfin :

« Non en effet. Mais maintenant que je le suis, eh bien... Bref, vous disiez soldat ? Je suis attendue par ? »

Visiblement soulagé, l’homme répondit précipitamment :

« Les plus haut-gradés présent sur la flotte, Madame. Ils vous attendent. »

« Bien, attendez encore quelques instants, et navrée d’abuser ainsi de votre patience. »

Alyria se mit à courir, et rattrapant le médecin qui l’avait hélé tantôt, elle lui souffla rapidement :

« Finalement, j’aurais bien besoin de vos talents. Vous avez un médipac sous la main ? »

« Euh… Oui… »

« Très bien, alors si vous pouviez me mettre un bandage et désinfecter mon bras en deux minutes, je vous en serais infiniment reconnaissante. »

Le médecin regarda la plaie, et finit par dire avec un sourire confiant :

« Je vais voir ce que je peux faire… Madame la Ministre. »

Décidément, il allait falloir qu’elle s’habitue à s’entendre nommer ainsi. Voilà qui changeait du maître habituel. Et en deux minutes montre en main, l’homme de l’art lui appliqua des antidouleurs, désinfecta la plaie, et banda le tout d’une main experte. Mais alors qu’il s’approcha de son oreille, Alyria l’arrêta d’un geste.

« Ce sera tout, je vous remercie. Je ne peux pas décemment faire attendre tous les amiraux plus longtemps, non ? »

Sa remarque arracha un sourire à l’homme et il lui souhaita bonne chance avant de tourner les talons, se dirigeant vers les autres blessés à soigner. La nouvelle ministre se dirigea donc prestement vers le soldat qui l’attendait toujours, mais s’arrêta avant devant Lorn, et lui glissa rapidement :

« Crois-moi, je n’avais pas prévu cela … Je te tiens au courant dès que je sors de là. »

Puis, se postant enfin devant le militaire, elle souffla :

« Voilà, je vous suis. Encore navrée pour cette attente, vraiment. »

L’homme lui sourit à son tour, indiquant que ce n’était rien, puis la guida à travers le vaisseau. Alyria avait toujours su que contrairement aux plus haut-gradés, les soldats simples ou peu avancés en grade préféraient souvent les chefs humains qui les traitaient poliment et sans autoritarisme excessif. Si elle était la nouvelle ministre, alors la chaîne de commandement allait devoir s’adapter à son style.

Finalement, l’homme s’arrêta devant une porte, l’ouvrit, puis annonça :

« Madame la Ministre, Maître Alyria Von. »

Ah tiens, voilà qu’elle avait tous les titres de toutes ces fonctions maintenant. D’un coup d’œil, elle observa les personnes en face d’elle : tous tirés à quatre épingles, sanglés dans leurs uniformes impeccables, quasiment que des hommes, sauf une femme. Face à eux, dans ses vêtements couverts de poussières et de petits accrocs, la face encore maculée partiellement de sang et de saleté, Alyria n’avait pas particulièrement fière allure. Et pourtant, elle se tenait droite, comme si elle était parfaitement à l’aise dans cette situation pourtant presque rocambolesque, dans une posture quasiment militaire finalement, ses yeux verts perçants regardant chacun des protagonistes les uns après les autres, comme dans une première épreuve de force. Puis finalement, tous saluèrent leur nouvelle supérieure, avec plus ou moins de bonne volonté, évidemment. Sentant qu’elle devait dire quelque chose afin de lancer cette réunion, qui avait tout l’air d’une présentation à vrai dire, elle déclara d’un ton ferme :

« Messieurs, madame, navrée pour ce contretemps, j’ai dû faire soigner une blessure, heureusement sans gravité majeure, avant de vous rejoindre lorsque l’on m’a informé de cette réunion… Et de la qualité en fonction de laquelle j’y assisterais. »

Manière polie de dire qu’elle venait de l’apprendre.

Un homme qui semblait approcher de la cinquantaine, quelques tatouages sur le visage, et qu’elle finti par identifier comme l’Amiral Fyrd, répondit :

« Nous avons jugé préférable de vous prévenir après la bataille, afin de ne pas risquer d’incident, j’espère que vous comprenez. »

« Bien entendu Amiral Fyrd. »

A l’énoncé du nom, certains des gradés se regardèrent plus ou moins discrètement, et Alyria fit un effort surhumain pour éviter un sourire satisfait de venir effleurer ses lèvres : eh bien, pensaient-ils qu’ils avaient désormais une débutant totale, sans connaissance aucune de la hiérarchie militaire ? C’était avoir parié sur le mauvais jedi.

Alyria en profita pour demander posément :

« Très bien, je crois qu’étant donné la situation, il est temps de commencer. Quels sont les rapports de pertes ? »

Un echani au visage étonnement familier déclara alors :

« Les décomptes nous parviennent à mesure que les équipes de secours rapatrient les corps. Pour le moment, nous ne dénombrons pas d’otages, même si deux jedis manquent à l’appel, ils avaient été envoyés négocier avec l’ennemi après un accrochage. De nombreux morts parmi les soldats, notamment dans les forces spéciales, qui ont été les premiers en contact avec les siths dans le Temple. Sans compter l’escouade perdue dès le début. »

« De combien de médecins disposons-nous ? »

« Une cinquantaine, la majorité étant sur ce vaisseau, Madame. »

« Bien, essayez de les acheminer par navette en fonction des endroits en ayant le plus besoin. Lancer un message à tous les jedis présents pour que ceux ayant des capacités curatives se rendent utiles dans les infirmeries. Même chose pour les soldats ayant éventuellement des connaissances en premiers secours. Pas question d’alourdir ce bilan. 


Demandez à des volontaires de retourner en arrière pour tenter de retrouver d’éventuels survivants. Certains sont peut-être encore coincés dans les ruines. »

Aussitôt, un des présents sortit pour mettre en place ces ordres.

Un imposant zabrak prit alors la parole :

« Plusieurs de nos appareils ont été mis hors-circuit par une sorte d’effet étrange, presque… je dirais surnaturel… »

Ainsi, voilà la raison de ce courant d’énergie ressenti au sol, et le pourquoi de la réussite de la fuite des siths. Byss n’avait décidément pas été leur alliée.

« Certains phénomènes de ce type sont survenues alors que j’étais engagée dans des combats au sol. A mon sens, et sans trop rentrer dans les détails, il se peut que les manigances des siths aient perturbé l’équilibre déjà instable de l’atmosphère de Byss… Et que la Force ait réagi face à cette surcharge. »

Sachant l’habituel scepticisme entourant les explications sur les effets de la Force, Alyria avait préféré prendre des gants et avancer en premier une théorie purement scientifique. Même si la véritable raison ne faisait guère de doutes à ses yeux.

Le zabrak, se grattant le menton pensivement, déclara alors :

« Comme une surcharge électrique en quelque sorte ? Oui, cela pourrait expliquer la panne que nous avons eue. Mais comment contrer de telles manifestations… »

Prudemment, la maîtresse d’armes fit :

« Déjà, peut-être détacher nos ingénieurs présents pour étudier nos machines, et revoir les bandes d’enregistrement nous fournira de premiers indices précieux. Et dès notre retour, faire des recherches plus larges. Eventuellement, contacter les membres de l’Explocorps jedi, qui étudient les rapports entre les éléments, la Force et l’électronique pourra s’avérer utile en complément, si jamais il y avait un besoin. Même si je ne doute pas que nos meilleurs ingénieurs sauront dégager des pistes intéressantes. »

Comme toujours, Alyria profitait de son langage de parfaite technocrate pour glisser les informations qu’elle voulait sans brusquer ses interlocuteurs. Le zabrak parut satisfait de son idée, et fit :

« Cela pourrait être un bon début, en effet. Je vais de ce pas réunir les mécaniciens et les ingénieurs. »

Prenant une légère inspiration, la trentenaire passa à la question suivante :

« Autre chose ? »

Les amiraux se regardèrent et l’echani qui avait parlé au départ finit par dire :

« Au niveau des ordres pour le repli… »

« Certes, il est temps de s’organiser efficacement pour garantir le rapatriement de nos troupes mais également la sécurité du Noyau, amiral Fenter. »

A la mention de son nom, le visage de l’homme vit apparaître un sourire amusé, mais il n’en dit pas plus, tandis que les autres échangeaient à nouveau une série de regards étonnés. Alyria avait préféré garder cet atout dans sa manche, en attendant d’être sûre de ne pas s’être trompé : malgré les années, l’ancien aide de camp de son père n’avait guère changé. Toujours la même allure, les mêmes favoris discrets, ces yeux bleu-gris perçants et surtout la courbure du nez caractéristique d’un duel echani ayant légèrement dérapé : oui, Yusanis Fenter était resté le même que dans ses souvenirs, il avait simplement plus de rides qu’auparavant. A vrai dire, leur dernière rencontre remontait à une ancienne mission d’Alyria, il y avait quelques années de cela. Le retrouver là tenait soit de la chance, soit du destin, mais une chose était sûre, elle était contente d’avoir un allié sûr dans les haut-gradés présents. Sans compter l’avantage en terme d’assise d’autorité qu’il venait de lui fournir.

Reprenant le fil de ce qu’elle était en train de dire, Alyria continua sur sa lancée :

« Par conséquent, je demande à ce que nos meilleurs pilotes de chasseurs bouclent le secteur et vérifient qu’aucun vaisseau sith n’est resté dans les parages. Envoyez un message aux garnisons et flottes postées dans le Noyau et les zones au sud de Byss afin qu’elles relèvent leur vigilance et lancent des patrouilles de reconnaissance.

Pendant que nous rapatrions les blessés, il me semble nécessaire de profiter de ce temps pour vérifier qu’il ne reste aucun impérial sur Byss, aussi un petit groupe aguerri me semble tout indiquer pour ce travail. 

Par ailleurs, Amiral Fyrd, comme vous étiez en charge du commandement de la flotte, j’apprécierais énormément qu’à l’issue de ces heures, vous me remettiez un rapport sur l’ensemble des événements, sur terre et au niveau de nos vaisseaux, qui ont pu se passer, les informations devant commencer à s’agréger. 

Enfin, une annonce demandant à ce que tout rescapé ayant affronté des siths fasse un rapport immédiat sur sa rencontre, avec une description la plus complète possible de façon à établir un fichier de données exploitables me paraît tout à fait nécessaire. Il est temps de rassembler nos informations pour éviter le plus possible les surprises désagréables.

Je propose une durée maximum des investigations et de la recherche des blessés de trois heures. Néanmoins, les blessés graves devront être rapatriés sur un même vaisseau et escorté vers nos hôpitaux planétaires le plus vite possible. Pour le reste, une fois les environs sécurisés, ordre sera donné de se replier, les chasseurs en dernier pour assurer le bouclage de la zone. 

Ce plan d’action vous convient-il, amiraux ? »

Un murmure d’assentiment parcourut l’assemblée, visiblement un peu abasourdie de voir que leur nouvelle ministre n’avait pas l’air d’une oie blanche en matière d’organisation… Oui, Alyria n’était pas le plus formidable génie que la galaxie ait connu, mais c’était en revanche une excellente technicienne, à l’esprit rationnel et pragmatique capable d’analyser des situations familières avec méthode et organisation, ce qui, dans un cas pareil, était un atout évident.

« Bien, alors ce sera tout je pense. Messieurs, madame, je vous remercie. Sachez également, même si les circonstances laissent hélas à désirer pour exprimer une certaine joie, que je me réjouis néanmoins de travailler avec vous tous dans les temps futurs au sein d’une collaboration que s’avérera, comme aujourd’hui, je n’en doute pas, fructueuse. »

Puis elle se retourna et conclut :

« Je prendrais la tête d’une unité de reconnaissance pour la recherche de blessés, afin de protéger nos hommes des dangers potentiels. En mon absence, et en raison de la mission vitale que j’ai demandée à l’amiral Fyrd, l’amiral Fenter prend le commandement de la flotte. »
 
Une voix se fit alors entendre :

« Mais, Madame la Ministre, ne devriez-vous pas rester ici pour superviser le bon déroulement des ordres donnés ? »

Alyria se dirigea vers la porte, l’ouvrit, puis au dernier moment, se retourna, et avec un léger sourire, déclara :

« Je suis une femme de terrain, et je compte le rester. Par ailleurs, n’ayant pas les informations dont vous disposez sur l’état de nos troupes et étant donné le laps de temps que nous avons, il me semble plus judicieux de confier à ceux qui sauront mener au mieux leur mission le commandement. Sachez que je n’ai pas vocation à tout contrôler, et que je fais entièrement confiance aux amiraux de la République pour assurer la sécurité de tous. Je crois qu’il est nécessaire de savoir déléguer aux mieux informés et aux plus aptes dans les situations de crise.

Sur ce, il est temps que nous partions tous accomplir la tâche qui nous a été confiée : veilleur sur la vie de nos hommes et sur la République. »

Et elle sortit. Une fois largement dehors, elle s’autorisa un long, très long soupir de soulagement. Elle avait tenu le choc, malgré la fatigue et la surprise, jouant sur ses connaissances, sa chance, son expérience et son côté technocrate pour réussir à imposer ses vues d’emblée. C’était dans ces moments-là qu’elle bénissait son naturel calme et l’entraînement jedi qu’elle avait reçu. Comme le lui avait un jour dit son défunt père, dans la vie, il y avait des moments où il fallait simplement faire front. Et elle l’avait fait. Sauf que maintenant, elle avait un besoin impérieux, vital, de souffler, de penser à autre chose, de se vider la tête même, tant elle avait puisé dans ses réserves pour ne pas flancher. Se rendre utile lui ferait du bien.

Quelle ne fut pas la surprise des soldats et médecins quand Alyria se plaça près d’une des unités dépêchées et leur annonça simplement qu’elle leur servirait d’escorte et les aiderait à ramener les blessés. Apparemment, voir des ministres mettre la main à la pâte, ce n’était pas courant. Mais si la maîtresse d’armes était amenée à rester à ce poste, alors, il était hors de question qu’elle reste enfermée dans un bureau à se contenter de gérer. Elle était une femme d’action, et entendait le rester. Du reste, il était temps que les soldats voient un peu plus souvent leurs chefs participer aux opérations plutôt que se contenter de les ordonner. En tout cas, tel était son credo, et elle avait l’intention de s’y tenir.

Ainsi, pendant ces trois heures, elle participa à l’évacuation des derniers blessés, venant à bout de quelques machines encore en activité, et récoltant un nouveau lot d’égratignures variées mais sans gravité. Ce temps lui permit de réfléchir plus profondément à ce qu’elle devait faire. Et peu à peu, les raisonnements et les idées germèrent dans son esprit.

Enfin, le temps accordé, elle revint enfin sur le vaisseau qu’elle avait quitté trois heures auparavant, et se vit aussitôt accueillie par l’amiral Fenter qui lui fit un résumé rapide des nouvelles et de l’avancement des ordres donnés. Puis, avec un sourire malicieux, le vieil homme ajouta :

« Vous avez fait forte impression lors de la réunion vous savez, Madame la Ministre. »

Lui rendant son sourire, la jedi lui fit :

« Allons, vous m’avez vu sur les genoux de mon père Yusanis, je crois que nous pouvons laisser tomber les titres en dehors des réunions formelles. »

L’echani gloussa, puis ajouta finalement :

« Voilà qui est bien dit, Alyria. Je ne m’attendais pas à te voir à ce poste, je dois l’avouer. Mais je crois qu’après cette petite démonstration, il n’y a guère de soucis à se faire. Notre chancelier n’a pas eu la main  trop malheureuse…  En tout cas, ton père aurait été très fier de toi. »

Sentant l’émotion l’envahir, Alyria le remercia d’un signe de tête, puis la conversation reprit sur un ton plus formel, et en un rien de temps, la bretteuse se retrouva avec le compte-rendu des derniers blessés rapatriés. Avec satisfaction, elle nota qu’une chevalière jedi zabrak avait été sortie in extremis du Temple Rakata inconsciente mais que ces jours n’étaient pas en danger.

Puis, enfin, elle se dirigea vers l’infirmerie pour se faire soigner, le rapport de l’amiral Fyrd comme lecture pour passer le temps. Au moins, elle avait largement de quoi s’occuper.

Enfin, ces soins effectués, Alyria se dirigea vers le commandant du vaisseau-amiral et lui dit :

« Quand nous approcherons de la capitale, vous me préparerez une navette pour atteindre Ondéron le plus vite possible. »

Elle avait des choses à régler, et il fallait d’urgence qu’elle rejoigne le Temple jedi pour mettre ses affaires en ordres. Et qu’elle s’occupe d’une toute dernière question d’ordre privée.
Apercevant la haute silhouette de Lorn, elle s’approcha de son ami et, se laissant choir à ses côtés, elle dit doucement :

« Je crois que tu ne seras pas seul sur Coruscant finalement. J’ai demandé à ce qu’une navette parte pour Ondéron. Je vais devoir parler avec le Conseil… Et avec toi aussi. Je passerais te voir dès que je pourrais dans la nuit. »

Elle resta ainsi un moment, se ressourçant auprès de l’aura familière de Lorn, puis elle se leva, et se dirigea vers la cabine de commandement. Là, elle demanda à l’officier de liaison :

« Ouvrez-moi un canal sécurisé vers la Chancellerie. Je crois qu’il est temps de transmettre l’ensemble des informations aux plus hautes instances… »

Et d’avoir une franche discussion, surtout. Mais cela, cette femme n’avait pas besoin de le savoir. Après un moment, on lui fit signe que la ligne était en place, aussi Alyria referma la porte, verrouilla, et déclara :

« Chancelier, ici Maître Alyria Von. Je crois que nous avons beaucoup à nous dire... »
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