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Jardin du Temple
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« Je t’ai enfin trouvée. »

Cela sonnait comme un reproche et c’en était un. Pour lui-même. Suite à l’immolation de la dépouille de Mekledos, les maîtres s’étaient recueillis et de nombreuses paroles avaient été dites. D’anciennes amitiés avaient été renouées, d’autres s’étaient effacées au profit de partages plus importants. Kan n’avait pas échappé au lot de visiteurs venus encenser l’ancien élève de Mekledos qui s’était élevé au rang de maître jedi. S’il avait aperçu la jeune femme du coin de l’œil durant la cérémonie, il n’avait pu lui parler avant la fin des réjouissances, si l’on pouvait parler ainsi. Puis il ne l’avait pas trouvée. Ainsi, il lui avait laissé un simple holo-message selon le quel il avait une mission à terminer et qu'il viendrait la retrouver au plus vite. Une belle entrée en scène pour un Maître tel que lui, ignoré et qui avait tout à prouver à l’Ordre. Laisser en plan sa Padawan ...

Le Maître s’assit à côté de la jeune femme, goûtant la paix de l’instant présent. Il se dégageait de ses muscles saillants et de ses blessures de guerre une aura vindicative qu’il ne savait pas cacher. Des années sous la couverture d’un contrebandier, des mois au sein des premières lignes. Nul doute, sa lame était bleue. Le pire qui pouvait arriver à Venezia. Ou le meilleur, selon l’angle dont on prenait les choses. Il respira longuement, se posant pour la première fois depuis des Lunes. La jeune femme dégageait une odeur d’orchidée. Une sorte de mélange entre un parfum à la fragrance délicate et de la sève acide. Quelque chose qui lui faisait comprendre que les terrains d’entraînement physique n’étaient pas sa partie favorite du Temple. Comme elle ne prenait pas la parole, il posa entre eux deux la pièce qu’il avait récupérée, la faisant lentement glisser vers elle.

« Je m’appelle Kan Dravern. Mais ça tu dois déjà le savoir. »  poursuivit-il, se passant une main dans les cheveux.

Malgré son statut élevé, il se sentait légèrement mal à l’aise en présence de la jeune femme. Elle paraissait douce, paisible. Aux antipodes de sa propre existence. À croire que Mekledos l’avait forgée d’une autre façon. Ou qu’elle avait été assez solide pour rester elle-même à travers l’enseignement du vieux wookie. Mais après tout, il avait un handicap que la jeune femme ne semblait pas avoir, en la personne d’un sang maudit qui lui faisait ressentir l’essence de tous les objets empreints de Force qu’il pouvait manipuler.

« Comme tu le verras rapidement, je suis assez différent de ton ancien Maître. Il est important que tu me fasses confiance et que tu me considères autant comme un confident qu’un formateur. Je suis là pour t’aider avant tout, et cela ne peut se faire qu’en état d’une confiance totale et absolue. »  poursuivit-il, se dirigeant vers un discours qui ressemblait peu ou proue à celui que Mekledos lui avait servi lors de leur première rencontre.

« Alors dis-moi, jeune padawan, de quoi aimerais-tu parler avant tout ? »  fit le Maître Jedi avec un sourire empli de compassion envers la jeune femme qui avait perdu son maître.

Ses paroles contrastaient avec son physique et l’aura qu’il dégageait. D’autant plus qu’il était peu connu parmi ses pairs pour cause de ses nombreuses missions d’infiltration et d’espionnage. S’il portait un sabre à la ceinture, dans l’enceinte du Temple, il arborait aussi blaster et vibrolame ainsi qu’un multi-kit qui dépassait de la besace qui pendait à sa ceinture. Cela suffisait à lui attirer de lourds regards envers ce triste individu qui s’adressait à une padawan esseulée dans l’enceinte du Temple. L’endroit était certes parfois ouvert aux visiteurs mais Kan avait la dégaine typique du type louche qui n’aurait pas dû être ici. Cependant, personne n’était assez téméraire, ou malpoli, pour venir le lui faire remarquer. Et les plus sagaces d’entre eux auraient repéré, malgré tout, le sabre laser.

« Et tu peux m’appeler Kan, je n’ai jamais été un grand adepte de ces termes pompeux. Nous allons vivre ensemble pendant une période indéterminée, alors autant se parler franchement dès le départ. » trancha-t-il, avant que la jeune femme ne puisse dire quoi que ce soir.

Il voulait se montrer comme un Maître avenant et qui faisait peu encas des traditions dans lesquelles étaient engoncés la plupart des jedis. D’autant plus que connaissance le vieux Mekledos, Venezia avait elle aussi dû faire les frais d’une formation quelque peu tangente. À moins qu’il ne fut le seul à profiter de ce privilège, si tant était que l’ont pouvait appeler cela ainsi …
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Venezia avait pris ses habitudes au temple. Après tout ce temps, c'était normal, et c'était surtout dans sa nature. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas les surprises et la spontanéité. C'était qu'elle préférait l'indolence d'un emploi du temps bien réglé. Ça lui permettait de pouvoir laisser son esprit se balader en toute sécurité, sans se soucier du reste du monde. De toutes les façons, le reste du monde s'était écroulé pour elle. Mekledos était mort, et c'était un père plus qu'un mentor, qu'elle pleurait.
Les jardins d'Odéron étaient un lieu parmi tous, propices à la méditation. L'air calme s'emplissait de pépiements d'oiseaux et de ruissellements d'eau. Ça sentait bon les feuilles et l'humus, la pomme de pin et l'étrange senteur un peu lourde de ses petits fruits rose pâles qui pullulaient en cette saison. Assise en tailleur à même le sol, Venezia cherchait la paix intérieure en contemplant dans un immobilisme de pierre on-ne-savait quelle considération sur un principe édicté par un très vieux et encore plus très oublié maître Jedi dont elle avait déterré les mémoires depuis les entrailles obscures de la bibliothèque.
Habillée de la tenue traditionnelle des padawans, sa petite tresse perdue dans la masse des cheveux qu'elle avait laissé pendre, Venezia était pieds nus. Une partie d'elle-même entendit et sentit Kan arriver, et l'autre ne réagit qu'au moment où il lui adressa la parole. Il s'était certes assis à ses côtés, mais le Jardin était un endroit libre, chacun pouvait s’asseoir où bon lui semblait. Et bon, il ne semblait pas pressé de lui parler plus que ça, alors Venezia retourna à sa contemplation intérieure.

Il reprit la parole. La blonde ne put qu'ouvrir les yeux et prit son temps pour le regarder, l'examiner, en détails, comme si elle n'allait plus jamais le revoir de sa vie. La tête penchée légèrement sur le côté, un petit sourire aux lèvres, elle l'étudiait.
- « Bonjour. » finit-elle par lui dire. Elle n'avait pas grand chose d'autre à répondre. Si elle ignorait qu'il était de retour et à sa recherche, elle savait parfaitement qui il était. Venezia l'avait déjà fixé ainsi du regard, mais de loin, quand elle avait appris aux funérailles de son maître son devenir. Si elle avait été du genre à connaître la colère, la jeune fille aurait pû prendre la mouche de se voir « léguer » comme ça, sans aucune considération pour ses envies. Certes, l'Ordre Jedi était, techniquement, un système martial où les aînés décidaient, et les benjamins exécutaient. Mais le « jedi » dans « ordre jedi » signifiait une profonde attache aux individualités. Aussi, cette annonce, pour le moins surprenante dans son contenu et son timing, aurait pu froisser Venezia. Heureusement, elle n'était pas du genre froissable.
Elle avait juste attendu qu'il la convoquât à ses côtés.
Point de convocation, mais son attente prenait fin, aujourd'hui.

Venezia pencha la tête de l'autre côté et sans démontrer aucune émotion en particulier, posa une question à ce maître en devenir.
- « Pourquoi semblez-vous douter que je ne vous ferai pas confiance ? Vous êtes un Jedi, et un maître Jedi. Si je ne vous fais pas confiance, à qui le ferais-je ? » C'était une véritable question. Un débat, presque. Nullement de la rhétorique, ou de l'ironie. Kan allait apprendre, et rapidement, à faire attention à ses formulations s'il ne voulait pas avoir à perdre un temps fou à apprendre à Venezia le sens des nuances et la convaincre de l'existence de la méchanceté chez les êtres pensants. Pour elle, ça allait de soi qu'elle lui remettait sa vie, entre ses mains et qu'elle lui suivrait d'une confiance aveugle, quant bien même ne serait-il qu'un maître et pas « son » maître.

Elle ouvrait la bouche pour effectivement lancer une conversation, comme il l'avait invitée à le faire, mais sa dernière phrase la prit de court. Il était difficile de dire que quiconque avait formaté Venezia et qu'elle pouvait parler sans avoir un minimum réfléchi à ses mots, pourtant, il y avait un relent d'automatisme dans son acquiescement.
- « Bien maître... » Elle s'arrêta, cligna des yeux, un peu perdue. Ne pas l'appeler maître ? Ne voulait-il pas de ce titre qui le désignait comme étant un homme – humanoïde – exemplaire ? Voulait-il dire qu'il ne se sentait pas à la hauteur de ce titre ? Il ne semblait pas spécialement humble, ce maître. Peut-être est-ce qu'il avait un lien avec sa précédente déclaration sur la confiance ? Venezia était troublée et exprima son inquiétude par un roucoulement de gorge. « Je... » reprit-elle avant de repousser cette question. Ne sachant vraiment que faire, elle se mit à jouer avec une feuille qu'elle avait ramassée sur le chemin et posée près d'elle. Tournant la queue entre ses doigts, elle fit virevolter la feuille pendant quelques secondes avant de se lancer, téméraire devant l'obstacle : « Avez-vous fait un bon voyage, Maître ? ….... …..... ….... »
….... …..... ….... en effet.
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Un léger sourire s’épancha sur les traits durs de Kan. Faire confiance aux jedis … Oui, évidemment. Mais avec attention. Il oubliait à quel point les jeunes étaient formés à cette idée. Tout comme le fait que ce n’était qu’avec l’expérience que s’acquérait assez d’autonomie. Pourtant, avec Mekledos, il s’attendait à un point de vue un peu plus fait, un peu plus mature. Mais il prenait, à tort, la question de Venezia pour un manque d’expérience dans le domaine. Et nul doute que du temps serait perdu … Il se devait d’être un maître après tout et de lui enseigner ce qu’il savait du mieux qu’il pouvait. Bien entendu, la relation qu’ils bâtiraient se murirait avec le temps, devenant plus profonde et plus axé vers le partage. Pour l’heure, il devrait la sonder. Ni plus, ni moins. Il devait bien avouer qu’il ne savait rien de cette jeune femme. Elle était une inconnue à ses yeux. Jolie aurait pu être le terme si il ne s’était pas autant détaché de ces considérations durant ces longues années.

« Evidemment, ma jeune padawan. Mais la confiance se donne avec parcimonie. C’est un cadeau qu’il faut mériter. Et c’est pour cela que nous allons tout d’abord apprendre à nous connaître. Tu verras que, malgré tout, j’ai des défauts. Un Jedi se doit d’être humble et de connaître ses travers. » répondit-il avec un ton qui se voulait badin.

Le maître se gratta le menton, où une barbe de trois jours se faisait voir. Il répondit à l’étonnement de la jeune femme avec un sourire puis la regarda jouer avec sa feuille en se demandant à quoi elle pouvait bien penser. La difficulté qu’elle exprima à ne pas le nommer par son titre le fit sourire, confirmant à ses yeux son hypothèse de départ. Cette jeune femme n’avait pas été très marquée par son apprentissage avec le vieux wookie, ou alors il avait bien changé.

« Voyage n’est pas vraiment le terme exact, mais on peut dire que oui, j’ai fait un bon voyage puisque je suis encore là pour en parler. » répondit-il avec amusement.

« J’étais en mission non loin de la bordure extérieure, quelques transactions et détails à régler avant de revenir au sein de l’Ordre. Des détails que je préfèrerai ne pas ébruiter ici. Et puis cela t’ennuierai tout autant que moi d’entendre ces histoires. » trancha-t-il avec un geste ferme.

Ce qui n’était pas faux. Il ne considérait pas d’une grande envergure les missions qu’il menait à couvert. C’était un travail qui impliquait de se salir les mains et c’était toujours sujet à des questionnements moraux pour un Jedi. Fort heureusement, il était à l’épreuve de ces considéraitons depuis bien longtemps et restait persuadé qu’un moindre mal était nécessaire. Les Jedis étaient garants d’une certaine paix après tout, et il espérait grandement y contribuer. Qu’un Hutt se sentit les ailes d’un parrain de la pègre et commençât à essayer de gagner son rang par le sang ou encore que des mandaloréens décrètent que Naboo fussent leur nouveau terrain de chasse … Des histoires qui se finissaient bien souvent mal. Du moins pour ceux qui espéraient troubler cet ordre établi. Le crédo de Kan restait rivé autour de la nécessité d’épargner le plus de vies innocentes. Nul doute que la jeune femme finirait par ressentir ce côté que l’on pouvait qualifier de sombre chez le Maître. Mais pour l’heure, mieux valait l’apaiser en douceur. Changer de Maître n’était pas chose anodine.

Quant au fait qu’il ne veuille pas les ébruiter ici … et bien même les Jedis avaient des espions au sein de leur Ordre. Des Siths habilement déguisés, des comploteurs et politicien … Combien de ses pairs avaient sombré du côté obscur de la Force ? Combien avaient été pervertis par les armes fallacieuses des Siths ? Depuis leur retour, il fallait se méfier. Et plus que jamais. C’étaient là des considérations politiques qu’il épargnerait à Venezia pour l’heure. Mais viendrait le moment où il devrait lui expliquer que le monde était une pomme pourrie. Lui expliquer pourquoi ce traité était un moindre mal, pourquoi ils ne pourraient jamais espérer conclure un pacte avec les Siths sans se faire trahir … mais ce serait un autre jour. Il devait, après tout, savoir de quel bois elle était faite.

« Bien. Où en étais-tu avec Mekledos ? Raconte-moi un peu tes voyages avec lui. Que je sache un peu à quel point tu avais progressé. » lui demanda-t-il sur un ton un peu trop formel.
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Si Venezia avait eu connaissance des pensées de Kan, elle aurait été surprise mais aurait été la première à lui dire qu'un être vivant a forcément plus d'une facette, et que le temps en façonnait ou en érodait certaines. Le Mekledos plus directif que Kan avait connu, celui qui avait son idée sur beaucoup de question, n'était pas incompatible avec le Mekledos qui avait laissé Venezia se gorger d'amour et de confiance, car c'était encore là sa meilleure force. Mais toute Jedi qu'elle était – ou échouait à être – la jeune fille n'était pas télépathe.

- « Je vois... » dit-elle d'une voix calme. « Vous êtes donc du genre à voir le verre à moitié plein. » C'était l'énoncé d'un fait. Nullement une critique.  « Personnellement, je préfère assumer le meilleur des autres. Je commence par donner, avant d'exiger de recevoir. J'ai appris que beaucoup réagissent positivement à une attitude ouverte de dialogue. » Venezia tendit sa main, aux six doigts longs et fins, pour prendre la pièce que Kan lui rendait. Encore une fois, elle pencha la tête, pour examiner l'objet comme si elle le voyait pour la première fois. Lentement, elle le fit disparaître dans une des poches à sa ceinture. « La méfiance amène au doute, le doute à la peur ou à la colère, et cela mène au Côté Obscur. » En cela aussi, elle était affirmative. Elle était peut-être douce, mais Venezia n'était pas exempte d'entêtement. « J'accepte les gens pour ce qu'ils sont : des êtres vivants qui ont eux-aussi connaissent les douleurs de la vie. Dois-je vraiment me méfier d'autrui parce qu'il a eu la malchance d'avoir un passé trouble ? D'avoir choisi et mal choisi ? Tout être mérite d'être aimé. Surtout les plus sombres. Si on aimait les Sith un peu, Mekledos serait peut-être encore en vie. » Et va argumenter contre ça.

Venezia continuait d'examiner Kan, d'un regard placide aux reflets d'acier. Certains l'avaient, et ce à de nombreuses reprises, qualifiée de bovine, pour cette capacité à regarder presque fixement d'un air pensif. C'est sur qu'une telle attitude pouvait pousser à se demander s'il y avait bien de la lumière à tous les niveaux chez la blonde. Mais c'était son mode opératoire, c'était ainsi qu'elle acceptait les autres : en notant tout ce qu'ils étaient ou n'étaient pas, disaient ou ne disaient pas, faisaient ou ne faisaient pas. Si elle n'avait pas été si ouvertement cruchonne, elle aurait pu être une joueuse de Sabbac très, très efficace. Mais fallait-il encore qu'elle susse mentir.

- « Des défauts ? Quels sont-ils ? » s'enquérièra-t-elle avec curiosité. Voilà une information importante. Bien plus que son blabla sur la confiance. Par exemple, était-il allergique à la ponctualité ? Du genre à laisser traîner ses affaires partout ? Ou au contraire, maniaque ? Puisqu'il l'avait si bien souligné, ils allaient vivre ensemble pendant un bon moment – plus long que ce que Kan escomptait, vu la spécificité du cas Venezia – donc autant apprendre à se connaître dès à présent.

Surtout que ce n'était pas un combat gagné d'avance. Comment un être aussi précautionneux, ou même soupçonneux que Kan, lui qui voyait des espions Sith infiltrés au sein du Temple même, pourrait vivre en bonne intelligence avec quelqu'un d'aussi peu craintif que Venezia. Elle semblait vraiment du genre à aller caresser le Rancor sous prétexte qu'il était enfermé tout seul dans la fosse. C'était une bonne chose que Kan n'avait pas expliqué plus en avant la raison de son esquive sur ses voyages. Venezia aurait été terriblement troublée. Or, troubler Venezia, c'était comme donner une beigne à bébé chien : c'était juste mal. Ignoble. Une déchirure du continuum de l'espace-temps.
La padawan mit sur le compte d'une réserve naturelle le changement de conversation absolument pas discret. En soi-même, elle prit donc note que Kan n'aimait pas qu'on parle de lui. Et dire qu'il lui avait dit qu'elle devait le voir comme un ami, un confident. Quelqu'un avec un tant soit peu de jugeote aurait soit ricané devant l'hypocrisie de la situation, soit aurait fait retraite derrière ses propres remparts. Venezia se contenta de rester là, à faire ce qu'elle faisait le mien : sourire.

- « J'aime les histoires. Toutes les histoires. » informa-t-elle Kan. Peut-être une perche tendue pour lui signifier qu'il pouvait se confier à elle. Ou peut-être était-elle complètement passée à côté du sens caché derrière ses paroles. Avec elle ? Sûrement un peu des deux.
Puisque son maître lui avait posé une question, Venezia se redressa sur son séant et après une petite moue pensive, entame un résumé de ses trois dernières années.
- « Maître Mekledos s'était consacré à l'étude de la philosophie Sith. Il a posé l'hypothèse qu'il existait plusieurs courants de pensées Sith par rapport à l'usage de la Force, la place des utilisateurs de la Force dans l'univers et surtout, les recherches et les applications que les Siths avaient fait de la Force. En effet, il avait découvert plusieurs ruines qui ne pouvaient être que des laboratoires, des laboratoires sur la Force. Sur la planète XXXX nous avons trouvé des restes de machines qui clairement avaient un usage autre que martial ou aide quotidienne. » S'en suivit un petit laïus sur les différentes théoriques et avancées sur ces théories, qui avaient mené le duo Wookie-humanoïde sur plusieurs planètes. « Pendant son...vos absences... » concluait-elle, avec une petite pause pour faire face au souvenir que Mekledos était mort, « … j'ai examiné de nombreuses archives. Certains Jedi des temps anciens avaient déjà fait des recherches recoupant les nôtres, et j'ai établi une liste de lieux à visiter. Je me suis aussi intéressée à la question de ce fameux « tombeau » sur lequel les Sith veulent faire un pèlerinage, pour savoir ce qu'il avait de si particulier. En effet, c'est bien trop près de nos théories pour que ce soit un hasard. L'idéal serait d'aller examiner ce tombeau, une fois la délégation de nos invités partie, bien naturellement. »
Et ceci, bien qu'absolument passionnant, ne répondait pas du tout à la question de Kan. Mais c'était à lui d'apprendre à poser ses questions de telle sorte que Venezia n'ai aucun doute sur la réponse à donner. De plus, il allait devoir comprendre que jamais Mekledos ne s'était assis avec Venezia pour lui expliquer la théorie d'une technique pour ensuite lui faire faire des exercices, comme du temps où elle étudiait au Temple. Non, la jeune fille avait appris par absorption ou imitation, ou lorsqu'elle posait la question de « Maître, comment avez-vous fait/ su pour.... » Le Wookie n'avait jamais établi un planning de cours et une liste de compétences à maîtriser pour l'instant T à venir. Il laissait les choses se faire, tout simplement. Simple, c'était un peu le second prénom de Venezia, après tout.
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Le Maître se gratta sa barbe naissance. Intéressant. Il ne percevait aucune nuance dans les paroles de Venezia sans pourtant qu’elle ne laisse aucun remous dans la Force, comme les faibles d’esprit. Non, il la percevait forte et empreinte d’une compassion qu’il n’aurait jamais pu développer. Etait-ce par ses dons ou tout simplement qu’il n’était pas fait de ce bois ? Pourtant, il y avait une profondeur étonnante dans les paroles de la jeune femme. Une sagesse, une empathie qui pouvait la mener loin. Et à son âge, elle était encore Padawan. Il devait y avoir autre chose. Il la savait plus que sensible à la Force car le seul objet qu’il avait reçu d’elle avait été marqué par ses impressions. Elle y avait gravé une bonté d’âme étonnante. Si étonnante que le Maître y avait vu une empreinte volontaire, persuadé que Venezia connaissait son Don. Il n’était rien. Elle regarda la pièce qu’il lui rendit comme si elle la voyait pour le premier jour, sans exprimer aucune émotion. Même s’il n’avait aucun doute quant à ses paroles, il s’en trouva soulagé. Elle était sincère. Aimante. Trop naïve. C’était ça ? Le Maître sourit.

« C’est en cela que réside le problème des Siths : ils aiment. L’amour mène à la peur … » répondit-il, la suite étant déjà gravée dans la tête de la jeune femme.

« Il ne faut pas confondre amour et compassion. La compassion est notre façon d’appréhender le monde : comprendre le pourquoi au lieu d’accuser. Tout homme est innocent à ses propres yeux. Tout homme a une raison d’agir ainsi. Il faut comprendre, et aider. Un Jedi est ouvert à la Force, il se doit d’être clairvoyant. » poursuivit-il, se rendant compte avec nostalgie que c’était ce que lui répétait sans cesse Mekledos.

Si elle le dévisageait sans paraître ressentir ou penser quoi que ce soit, il n’était pas dupe. Elle agitait le monde autour d’elle comme l’onde tranquille. Elle était comme un ressac incessant dans l’étang qu’était la Force. Une vague apaisante, mais pas silencieuse. Comme si elle envoyait tous ses sens autour d’elle en permanence. Le Don de psychométrie de Kan l’avait rendu sensible à la puissance dans la Force de certaines choses. Lorsqu’on ne désirait pas se cacher de lui, bien entendu.

« Mes défauts … Hé. Tu vas vite en besogne. Tu verras que j’ai l’air de ce que je suis : un guerrier. Quant au reste, je t’en expliquerai un peu plus à bord de mon vaisseau. Ce sont des choses que je révèlerai pas au milieu d’un jardin. » lui répondit-il sur un ton qui se voulait doux.

Son défaut ? Son Don, bien entendu. Il était perméable à ce qui l’entourait. S’il condamnait la passion des Siths, il y était en permanence sujet. Seuls ses années de méditation et son recul lui permettaient de conserver le contrôle de ses pensées et de ses émotions. Un homme qui pouvait paraître froid, malgré le feu intérieur dont il bouillait. Il doutait cependant que Venezia ait à le voir dans cet état un jour. Il y avait longtemps que Maître Dravern n’était pas sorti de ses gonds …

« Je vois. Il était toujours le même, au fond ... » conclut-il simplement, signifiant par là à la jeune femme que lui aussi y était passé.

Sa réplique se perdit dans le flot de paroles de Venezia, qu’il écoutait d’une oreille attentive. Le vieux Wookie avait visiblement trouvé en elle une élève bien plus assidue que Kan. Cependant, les ruines restaient des ruines. Pour lui … c’était autre chose. Par moment le voile était si fin que les choses lui apparaissaient comme si elles se déroulaient sous ses yeux. Des ruines ou des champs de bataille … voilà quelles étaient ses pires craintes. Oh, il pouvait le supporter. Mais s’aventurer sur Korriban était tout de même quelque chose bien au-delà de l’échelle du supportable. Il attendit patiemment qu’elle finisse son cours, car c’en était un. Elle avait emmagasiné un nombre impressionnant de connaissances et recrachait cela sans même avoir besoin de notes. Les souvenirs les plus noirs de Kan étaient bien ancrés en lui, mais les autres avaient tendance à s’étioler. Il ne possédait pas une telle mémoire, heureusement pour lui.

« Bien. Je vois que la nuit commence à tomber. Que dirais-tu de poursuivre cette petite discussion sur mon vaisseau ? Tu pourras m’y faire part de tes destinations, mais je doute que nous commencions par aller sur de pareils endroits … » fit-il en se levant.

Le Jedi épousseta sa tunique et activa le communicateur à son poignet. Un droïde de protocole se chargerait de conduire tous les effets dans le vaisseau de Kan. Manière visible de montrer qu’il ne comptait pas s’attarder sur cette planète et ce malgré la liste d’invités. Son espace de sécurité se limitait en général à son vaisseau. Il soupira. Depuis quand aucun Jedi n’était entré dans son vieux coucou ? Une espèce d’épave qu’il aimait de tout son cœur, réparée à coup de souvenirs et de moments chaleureux. Peut-être était là qu’il se sentait le plus apte à arpenter la Force. Lorsqu’on ne connaissait pas son Don, il était étrange de voir qu’un homme tel que lui pouvait collectionner tout un tas de bricoles inutiles. Mais tout être sensible à la Force pouvait y percevoir une aura. Mais quoi de plus normal pour un Jedi que d’être baigné dans ce flot en permanence ?

« Suis-moi. Faudra pas que tu t’arrêtes à l’aspect de mon vieux machin. Il y a longtemps que je n’ai pas eu de la compagnie. L’espace est réduit mais je t’ai fait préparer une chambre. Tu verras, Tête d’Enclume est très serviable, malgré son manque de convenance. Hm ? Ah oui, c’est mon droïde de protocole. Enfin, protocole … maintenance, communication, armement, cuisine … Bref. Je trouve que Tête d’Enclume lui va mieux que CPZ-47. » poursuivit le Maître sur un ton badin.

Il maintint la conversation détaillant les quelques facettes grotesques de son droïde, à savoir qu’il avait l’insulte légère et quelques problèmes de mise à jour dans certains domaines. Il voyait que la jeune femme buvait ses anecdotes avec le même air passionné qu’auparavant. Si il avait au moins compris une chose sur elle, c’était qu’elle aimait effectivement les histoires. Il lui sembla plus facile de lui parler de son quotidien dans l’espace plutôt que d’aborder les sujets qu’il voulait traiter avec elle. De plus, quelque chose lui disait que ça lui était égal, à la donzelle …

« Et voilà Carcasse. Hé hé. Ahem … Bah le nom me faisait rire … » fit-il en montrant d’un geste de la main un vaisseau bariolé.

L’engin avait de multiples plaques de métal, preuve de nombreuses réparations. Des traces de combat récentes trônaient sur son bastingage et il semblait avoir eu son lot de guerres et d’épreuves. Le pont s’abaissa lentement, laissant une lumière bleutée illuminer la nuit qui tombait. Une forme élancée se distingua dans la lumière, tandis que les pistons hurlaient.

Tête d’Enclume / CPZ-47:

« ztt .. KAN ! … ORDURE DE JEDI INSOLENT !! … ME FAIRE RANGER À MOI LES AFFAIRES D’UNE DE TES CATINS DE NAL HUTTA ! HALLE METES CHUN, PETCHUK ! » lâcha la drôle de bête, avançant d’une démarche claudicante.

« Venezia, je te présente Tête d’Enclume … et Tête d’Enclume, je te présente Venezia : ma nouvelle Padawan … » soupira le Maître Jedi, heureux que le spatioport soit peu fréquenté à cette heure-ci.
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C'était étrange de se dire qu'elle allait passer les quelques années à venir aux côtés de cet homme. Venezia n'arrivait pas à se projeter. Il fallait dire qu'elle avait toujours eu une relation presque fusionnelle avec Mekledos, alors imaginer à ses côtés un autre que le Wookie était non seulement difficile à concevoir, mais également à accepter. Peut-être n'avait-elle pas complètement fait son deuil. Peut-être gardait-elle cet espoir absolument stérile que tant qu'il n'avait pas été remplacé, pour de vrai, alors, il n'était pas vraiment mort ? Venezia soupira.
De prime abord, elle n'avait rien en commun avec ce maître et son côté rebelle-buldozer la prenait vraiment au dépourvu. Non que Mekledos avait été un exemple de douceur et de diplomatie. Plus souvent à son tour, elle l'avait vu faire démonstration de sa force Wookie... et du peu de patience propre à sa race devant les choses qui l'énervaient. Mais il ne se dégageait pas du tout la même « aura » des deux hommes, et la blonde sentait surtout que Kan n'était pas à l'aise avec elle. Loin d'elle la pensée qui lui cachait des choses, notamment la nature exacte de son pouvoir, mais elle savait, elle sentait, qu'il ne voulait pas se livrer entièrement à elle. Elle pouvait comprendre. L'intimité était une notion très personnelle, dont elle avait elle-même une définition très libérale. De sa nature de belle plante éthérée ne lui venait aucun tabou. Se définissant comme une personne de type méditative, et partant du principe qu'un Jedi n'était qu'amour pur, elle ne se voyait pas comme une femme désirable – fallait-il déjà avoir le goût des maigrichonnes. Comme elle n'était qu'amour, elle n'avait rien à cacher, ou à dérober aux yeux des autres. En conséquence de quoi elle pouvait se balader cul nu dans toutes les circonstances qui ne lui infligeraient ni brûlure ni engelure ou autre, sans la moindre honte. En fait, sans le moindre sentiment.

- « Je sais. Mais je trouve que l'amour ne devrait pas mener à la peur. L'amour devrait mener à plus d'amour. » Oui, elle rêvait d'un monde coquelicot avec des arcs-en-ciel et des licornes.  « Tant que l'amour mènera à la peur, cela voudra dire pour moi que nous avons échoué en tant que Jedi. Alors, je vais continuer à aimer tout le monde. Les Sith en particuliers. De toutes les façons, nous n'avons pas le choix : nous ne pouvons ni les haïr ni les ignorer. Les aimer est donc la solution. » Et voilà comment Venezia, 16 ans, venait de mettre à terre des siècles de stratégie militaire et diplomatique. Elle pratiquait la politique du free hug.
Elle acquiesça en entendant de la bouche de son nouveau maître les paroles de son ancien maître. Au moins, ça, c'était resté. A vrai dire, si Kan n'avait pas partagé cet avis, Venezia en aurait sûrement pleuré.
- « Je ne confonds pas. L'amour est bien mieux que la compassion, qui est un sentiment de pitié. La pitié, c'est peut-être de l'empathie devant les malheurs d'autrui, mais c'est encore un moyen de marquer une distance. Je comprends ce que tu ressens, mais quelque part, je te suis supérieur, parce que moi, je ne ressens pas ça, et ça fait de moi quelqu'un de mieux, de meilleur... que toi. L'amour, c'est partager les douleurs. C'est être comme l'autre, avec l'autre. »

La discussion aurait pu s'éterniser en un débat infini, mais c'était déjà l'objet d'un autre topic avec un autre personnage, donc que la conversation se déportât sur les recheches de Mekledos arrangea les affaires de tout le monde. Et en effet, la nuit pointait le bout de son museau. En bonne élève bien obéissante et que surtout, rien de déphasait vraiment, Venezia se leva et brossa sa tenue, ramassa son coussin d'assise et ses chaussures – sans le remettre – et suivit son maître. L'idée que ses affaires avait été empaquetées à son insu la dérangeait un peu, mais pas pour les raisons qu'on pourrait imaginer. Déjà, ça la chagrinait de prendre le temps de quelque d'autre pour une tache qu'elle aurait parfaitement accomplie elle-même, et sûrement plus rapidement. De plus, elle s'inquiétait de la façon dont les choses avaient été emballées, alors que ses papiers et documents étaient éparpillés partout dans sa chambre. Dernier plus, si le droïd avait vraiment tout emballé, cela voulait dire avoir pris des livres empruntés à la Librairie et qui n'étaient pas censés quitter l'enceinte du Temple.
L'espace d'un instant, elle ouvrit la bouche pour signaler le fait à Kan, avant de se dire qu'elle aurait facilement le temps de les retourner avant leur départ. Ce n'était pas comme si son maître avait passé l'hyperluminique la seconde après son arrivée sur le vaisseau. Et elle en profiterait pour dire au-revoir à ses amis.

Puis cette pensée lui sortit de la tête quand Kan commença à lui parler. La seule chose qui revenait en bouche désormais était comment un droïd de protocole pouvait s'appeler « tête d'enclume » ? il y avait là un antagonisme linguistique dont l'ironie lui échappait complètement. Tout comme le nom de « Carcasse ».
- « En effet, c'est une belle carcasse. » commenta-t-elle en faisant de son mieux. Mais bon, Venezia ne s'y connaissait pas plus que ça en vaisseau. Elle savait naviguer, mais aucunement piloter. On pouvait l'oublier en cas d'attaque ou d'urgence. Non qu'elle paniquât, mais bien parce qu'elle manquait cruellement de... d'anticipation, Force ou pas Force. Enfin, Mekledos n'avait jamais testé sa Padawan, mais cela avait été son avis sur la question, jusqu'au jour de sa mort.
Du coup, elle était encore le nez en l'air en train d'examiner le vieux coucou en essayant de se rappeler les informations lues sur un quelconque manuel pour être un peu moins perdue devant sa nouvelle « maison » quand son « colocataire » débarqua. Le cri et la colère que le robot dégageait la fit sursauter, lui tirant un sifflement alarmé, avant qu'elle n'eut le réflexe maintenant bien rodé de se mettre à l'abri derrière son maître. Mekledos avait toujours été un parfait bouclier. Rien que sa masse comparée à celle de l'humanoïde. Ce n'était pas Jedi-esque comme réaction, mais c'était encore moins Jedi-esque que de mourir bêtement.
Une fois qu'elle fut sure que la situation était calme, Venezia pointa timidement le bout de son nez depuis le dos de Kan. Heureusement pour lui et son robot, elle n'avait pas la moindre idée de ce que l'injure pouvait bien dire. Bon, elle ne serait pas mise en colère pour autant, mais être encore plus effrayée par ce tas de boulons qu'elle qualifiait maintenant de « coléreux et peu aimable », oui.
- « Hum ? Bonjour ? » osa-t-elle avec une voix plus assurée qu'elle ne l'était vraiment. « Puis-je indiquer, pour la mise à jour de la base de données, que je ne suis pas une Hutt, ni viens de Nal Hutta. Et je ne suis pas une catin, vu que je serais bien incapable de séduire un homme. De plus, je doute fort que Maître Dravern fréquente des prostituées dans ce sens, et encore moins sur son vaisseau. »
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Un sourire se glissa sur les traits du maître Jedi.

« CPZ-47 a un défaut de programmation notable, en effet … mais je n’ai jamais cherché à le réparer, va savoir pourquoi. De plus les crédits ne sont pas l’apanage des Jedis. Quoi qu’il en soit, Tête d’enclume, tu vas aider Venezia à aller installer ses affaires dans ses quartiers. Et sans jurons, ça serait appréciable. » ordonna Kan, faisant signe à la jeune femme de suivre le tas de ferraille.

Ce faisant, il gagna sa propre cabine de pilotage et s’occupa à trifouiller un ensemble de commandes. Il caressa avec nostalgie les manettes de son vieux coucou, amenant à lui les souvenirs adéquats au début de leur voyage. Il soupira de nouveau, éludant les souvenirs du vieux Wookie. Qu’avait-il donc eu en tête à courir après de pareilles sottises Sith ? Il aurait dû savoir où cela l’amènerait … et il avait impliqué cette pauvre fille dans tout ça. Les mots sibyllins de Venezia étaient tous empreints des propos controverses de Mekledos. Apprendre à accepter les deux côtés de la Force comme formant un tout, comprendre l’impensable. Un vieux sage, aux limites un peu trop floues. Si seulement il avait été autrement, il aurait pu trouver sa place au Conseil. Vieux fou de wookie …

Le Jedi se prit le visage entre les mains, chassant ces sombres pensées. Il restait tout de même curieux des recherches de son ancien maître. Chaque chose en son temps. Se levant d’un bon, il laissa les moteurs ronronner, le temps de chauffer. Il s’en alla farfouiller dans une caisse de vieux matériel militaire puis en tira une étrange sphère métallique. Il farfouilla dessus et en activa un bouton. L’objet se mit à flotter dans les airs, émettant des grésillements inquiétants. L’attirant à lui d’une décharge, Kan l’arrêta. Il chercha, de la même manière, quelques autres ustensiles prompts à servir à son propre entraînement. Il étala d’autres objets sur la table, attendant le retour de Venezia.

« Te voilà. » fit-il simplement, au moment propice où la jeune femme pointa le bout de son nez.

Il se leva de la table, lui montrant le tas d’objets présentés.

« Je suppose que tu sais déjà à quoi sert tout cela ? » commença-t-il.

De quoi tester une recrue Jedi, en effet. Une boule à décharges, un casque d’isolement, un bâton à chocs. Et ainsi de suite.

« Je t’ai dit que j’allais te tester une fois à bord, et c’est le cas. Rien de mieux qu’un bon test en aveugle, qu’en dis-tu ? » lâcha Kan, sans espérer une quelconque contestation.

« Le bâton est calibré pour absorber les décharges de la sphère. Je commence au début, afin de voir jusqu’où s’étale l’enseignement de Mekledos. Je sais qu’il avait des méthodes … particulières, ainsi cela me permettra mieux de savoir de quel bois tu es faite. » continua le Jedi, oubliant la façon terre-à-terre qu’avait sa nouvelle Padawan de prendre les choses.

Il l’invita à mettre le casque sur sa tête et à se saisir du bâton tandis qu’il allumait la sphère.

« Place-toi au milieu, tu auras la place de manœuvrer. Et si tu n’arrêtes pas les tirs, ça risque de piquer un petit peu … » conclut-il à mesure que l’objet s’élevait dans les airs, tournant sur elle-même.

Et ainsi débuta le voyage de Kan et Venezia …
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Venezia et Tête d'Enclume n'étaient pas faits pour s'entendre. Les brusques incartades du droid, que ce fut en mots ou en gestes, troublaient la jeune femme au point de lui mettre les larmes aux yeux. Elle ne comprenait pas, et surtout, elle tirait de l'attitude du robot la sensation de se voir reprocher quelque chose. Elle qui ne voulait jamais faire autre chose que plaire.
Sa cabine était étriquée, presque mal conçue, mais la blonde n'accordait que très peu d'attention à ces détails. Non, elle s'attacha avant tout autre chose à soigneusement positionner sa plante verte, sous une coque de sécurité anti-gravité et de lui chanter une chanson, pour que Feufeuilles (c'était le nom de la plante) continuât à s'épanouir tranquillement. Là, elle sentit les moteurs vibrer, et elle sut que le départ était imminent. Au temps pour elle, et ses projets de dire au revoir à ses camarades. Passant la tête dans la coursive, elle osa affronter le droïd.

- « Excusez-moi, Monsieur Tête d'Enclume. Ces ouvrages doivent être retournés à la bibliothèque du Temple, avec le plus grand soin, je vous prie. Pourriez-vous vous en charger ? Maître Kan me demande. » demanda-t-elle avec la plus grande politesse.

Elle se dépêcha de rejoindre la salle commune, où Kan avait déjà déballé du matériel d'entraînement. L'espace d'un instant, Venezia eut une moue déçue. Elle s'attendait à pouvoir discuter plus en avant avec son maître. Cependant, elle comprenait la nécessité pour lui d'établir son niveau sur les différents domaines d'entraînement du petit padawan. Manuels et grilles d'exercices que Mekledos avait depuis longtemps soit mangé, soit utilisé d'une manière fort peu conventionnelle.
Au départ, elle voulut prévenir Kan qu'elle ne pratiquait aucune action agressive. Mais son commentaire coupa court à cette pensée. Avec un trille confus, elle pencha la tête sur le côté, penaude, pour s'adresser au jedi :
- « Oh, je ne suis pas faite de bois. Je suis humanoïde Maître. J'ai des os et du sang, pas des nerfs et de la sève. » Oui, elle s'excusait à sa manière, persuadée que c'était sa faute s'il avait eu une mauvaise catégorisation de sa nature.

Rapidement, elle s'équipa. Et là, ce fut le début des emmerdes pour Kan. Parce que Venezia était plutôt bonne, à cet exercice. Après, tout, il n'y avait aucun danger, aucune agressivité. C'était, comme il l'avait dit, un test, un défi personnel. Virevolter autour de la pièce pour bloquer les tirs n'allaient en rien contre les principes moraux de la jeune femme. C'était l'application pratique de l'exercice qui était un échec monumental. Mais ça, Kan Dravern n'avait aucune manière de le savoir. Tout ce qu'il voyait était qu'elle était souple et agile, mais peu endurante. Si elle était, comparée à un humain standard, plus résistante, elle était faible face à un Padawan ayant les mêmes années d'entraînement. Délicate, Venezia était déjà à bout de souffle. Elle était capable de marcher sur de longues périodes, mais pas de fournir un effort intense prolongé.
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Un long soupir s’étira dans la pièce, entre deux insultes du droïde avant que sa commande vocale ne soit désactivée et deux passes virevoltante de Venezia. Le Jedi faisait tourner une clé anglaise entre ses doigts, observant les mouvements qu’il jugea superflu. Il comprit alors que Mekledos n’avait jamais pris la peine d’enseigner les choses qu’il fallait. Venezia était … étrange. Un phénomène à part entière. Il n’avait pas donné les consignes de l’entraînement, persuadé qu’il s’agissait là du ba-b.a. des entraînements Jedis mais … non. Il finit par se lever en secouant la tête, arrêtant d’une main les poignets de sa pupille. Il frémit au contact de la jeune femme, percevant là une connexion sourde avec la Force. Il réfréna les instincts vivaces de son don de psychométrie, se répétant qu’elle n’était qu’un être vivant et qu’il ne pourrait ainsi lire en elle. Il grinça des dents.

« Non, non. Tu ne dois pas bouger. Tu dois rester paisible, tu dois rester … immobile. Ce n’est pas un entraînement martial, Venezia. C’est pour moi un moyen de sonder ta connexion à la Force. De voir à quel point tu es avancée sur le chemin de la compréhension, de la connaissance. Là. Ne bouge pas. Lève ton bâton, comme ça. Ferme les yeux et essaie d’arrêter les rayons de la sphère. Seuls tes poignets doivent bouger : c’est ton esprit qui doit visualiser les tirs. Tu dois … heu oui, c’est bi … ha, très bi … Ah, quand même … » commença-t-il à expliquer tout en se reculant.

À peine avait-il fait marche arrière que sa Padawan avait arrêté sans sourciller les tirs, maniant la prescience avec une habileté qu’il n’aurait pu soupçonner. Il n’avait pas fini d’expliquer ce qu’il voulait que déjà elle se défaisait de l’exercice, sans plus d’efforts que pour redresser une mèche. Il fronça les sourcils. Vu la démonstration de non aptitude martiale qu’elle venait de faire, il ne pouvait en conclure qu’une chose : elle était douée. Inégale, mais douée. Bon sang, mais à quoi avait joué ce vieux wookie ? C’était certes un exercice basique, mais il nécessitait tout de même de l’entraînement. Mais comment pouvait-on se débrouiller ainsi tout en ayant du mal à lever un sabre ? Cela le dépassait. Enfin non : cela n’aurait pas dû.

Le Maître s’avança jusqu’à la jeune femme. Il leva une main et figea la sphère dans les airs, tout en posant son autre main sur les épaules de sa Padawan. La sphère, désactivée, tomba avec fracas. Il ôta le casque, lui enleva son bâton. Sans un mot. Toujours silencieux, il fronça les sourcils et l’ausculta avec un air visiblement soucieux.

« Je vois que Mekledos a fait les choses à moitié … foutu Wookie. Mais il a toujours su voir bien au-delà des apparences. A-t-il seulement essayé de t’enseigner l’art du sabre ? Ou n’a-t-il fait que te nourrir de connaissances, sans jamais altérer ta candeur ? Il te reste beaucoup à apprendre, ma jeune Padawan. Malheureusement, ton enseignement est très incomplet. Je vois de sérieuses lacunes dans tes aptitudes martiales mais … mais un grand talent dans de nombreux domaines. » commença-t-il, toujours en fronçant des sourcils.

Il se garda cependant de lui dire qu’il y avait vu plus encore, de quoi arriver à le dépasser un jour. Largement. Même si Venezia ne semblait pas être le genre de personne à s’attacher à cela, ce n’était pas dans les habitudes de Kan de se livrer à des séances de compliments. Comprendre là, au moins deux compliments.

« Bien. À partir d’aujourd’hui, je t’entrainerai personnellement au sabre. C’est non négociable. Tu seras obligée de me suivre dans de périlleuses missions bien assez tôt, et je ne suis pas du genre à rester en arrière. De plus, tu vas me faire le plaisir de manger, de t’épaissir sinon quoi tu ne seras jamais assez endurante pour continuer à suivre mon enseignement. Je vais devoir repartir depuis le début, et tu subiras la rigueur qui a façonné les plus grands maîtres. Ton corps est le reflet de ton conduit à la Force, Venezia. Un esprit sain dans un corps sain. » poursuivit Kan, croisant les bras sur sa poitrine.

Il voyait bien qu’elle n’était pas taillée pour ce genre d’épreuves, et il fallait, pour lui, que ça change. Qu’elle ne devint jamais une sabreuse hors pair lui était égale, mais elle se devait d’être respectable dans ce domaine. Il sentait qu’elle aspirait à autre chose, il sentait qu’elle deviendrait grande dans de nombreux autres domaines.

« Ensuite, je testerai ta connaissance des langues et de l’histoire galactique. L’histoire est, de loin, notre meilleure arme : les tactiques, les erreurs ou encore les signes avant-coureurs. Tout cela, tu dois le maîtriser. Les Jedis ne sont pas que des guerriers : ils sont les garants de la Force. Ils sont sages, puissants et se doivent d’être éclairés. De nombreux Siths l’ont aussi compris, ainsi chaque journée nous terminerons par une lutte dans la Force. Ta volonté face à la mienne. » continua le maître Jedi, se retournant vers le tableau de bord.

« Les journées commenceront à six heures et se termineront à vingt-deux heures. Si je juge que tu as été sérieuse, tu auras le droit de me poser une question à la fin de la journée. J’y répondrai. Si je juge que tu n’as pas été sérieuse, la journée suivante ne comportera aucune pause. Voilà ma manière de faire. Que l’on soit en Empire Sith, au milieu de la Jungle ou encore en couverture : c’est la même chose. » termina-t-il, attendant une réponse de sa Padawan.

On avait souvent tendance à oublier que la rigueur des Jedis avait de quoi décourager la moitié la moindre des recrues. Mais la pauvre Venezia avait hérité d’une terrible combinaison : Kan avait été longtemps affilié aux militaires durant ses années de Chevalier, et il n’avait pu se libérer de son don de psychométrie qu’en affermissant son corps et son esprit. De cette exacte manière. Il était monolithique. Un bloc à toute épreuve … ou presque. Et il ne se doutait pas que si quelqu’un pouvait percevoir ce qu’il y avait au-delà de sa carapace, c’était bien Venezia.
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Venezia n'était pas prône à la colère. Pourtant, ce fut un sentiment qu'on pourrait qualifier de défiance boudeuse qui s'empara d'elle alors que Kan persiflait sur le compte de Mekledos. Elle n'était pas aveugle aux manquements de son maître, mais personne ne pouvait le critiquer. Sûrement pas un gars qui n'avait jamais fait partie de la vie du Wookie au cours des dix dernières années. Sûrement pas un gars qui ne savait pas de quoi il parlait.

- « Maître Mekledos a respecté mes principes. Il n'a jamais cherché à m'apprendre l'art du sabre car je n'en ai qu'un usage très limité. A quoi bon apprendre à nager à un hommes-des-sables de Tatooine ? A rien. Donc ça ne sert à rien de m'apprendre à me servir d'un sabre. » se contenta-t-elle pourtant d'énoncer, hôchant simplement la tête à l'écoute des compliments dissimulés. Il n'était pas le premier à dire qu'elle avait des aptitudes mais qu'elle se bloquait toute seule leurs accès. Venezia n'en avait que faire. Apprendre à combattre, c'était déjà faire le premier pas vers le côté obscur. Seul Mekledos avait compris sa logique et, dans un énième élan de curiosité détachée, le Wookie l'avait laissée être. Pour voir ce que ça pouvait bien donner, un Jedi qui ne faisait que se défendre.

Kan apprendra rapidement, lors de ses entraînements matinaux qui allaient devenir son pire cauchemars, que Venezia était incapable du moindre geste violent. Elle était du genre à attraper le moustique ou l'araignée pour le remettre dehors, plutôt que d'écraser la bestiole. Du coup, les séances au sabre allaient se transformer rapidement en un affrontement idéologique, avec la blonde qui restait comme un crustacé béat, jusqu'à ce qu'elle doive repousser une attaque. Ce qu'elle faisait assez bien, mais sans jamais pousser l'avantage. Elle était la falaise sur laquelle les vagues s’écrasaient. A la différence qu'une montagne, ça s'érodait et que Venezia, telle le roseau, pliait mais ne cassait pas.

- « Oui Maître Kan. » fit-elle, obéissante malgré tout, malgré elle-même. Naïve jusqu'au bout, elle ne voyait pas en quoi le programme prévu allait se heurter à tout ce qu'elle était et n'était pas. « Je ne mange que très peu de viande. Il faut que l'animal soit mort de mort naturelle. Mais je n'ai aucune problème avec les fruits, les légumes et les laitages. » souffla-t-elle avec un petit trille musical. Ah, le fromage. Kan allait apprendre à ne pas laisser le pot de beurre et le pain sorti, sous peine d'être dévalisé pendant la nuit.« J'ai déjà suivi Maître Mekledos dans ses pérégrinations, je suis plus forte que je n'en ai l'air. » En fait, plus débrouillarde, mais ce n'était pas ça le problème.

Quand elle apprit qu'elle allait apprendre, son visage s'éclaira comme un lever de lune éclaire un lagon. Pour un peu, elle se serait jetée au cou de Kan. Il reçut de plein fouet, sans même un contact physique, la vague de plaisir enchanté qu'elle émettait. Encore une fois, il allait devoir se montrer un professeur irréprochable, à la hauteur des attentes de la Miss. Il devrait le savoir, vu le petit laïus qu'elle lui avait sorti, qu'elle était une scolastique avant tout. Sur certains domaines, elle en connaissait plus que lui et n'hésiterait pas à le corriger sur tel ou tel détail. Le reste ? Elle l'écouterait avec des yeux grands comme des soucoupes, pétillants d'intérêts, enregistrant jusqu'au moindre mot, sans même l'interrompre. Par contre, elle allait passer la nuit à lire plus en profondeur tel ou tel thème qu'il n'aura pas assez développé. Avec les horaires qu'il comptait lui faire tenir, il ne faudrait qu'un mois pour qu'elle tombe de fatigue. Mais ça serait de la faute de Kan, à ne lui autoriser qu'une question par jour.
Venezia accepta la règle, comme elle aurait accepter d'être de corvée de lessive ou de chiottes. Juste qu'elle avait compris qu'elle devrait choisir avec soin sa question et se débrouiller par elle-même avec le reste de sa pléthore d'interrogations.

C'est ainsi qu'un matin, elle ne fut pas prête à l'heure, dans la salle d'entraînement, comme elle l'était d'habitude. Kan attendit, et force pour lui de constater que Venezia ne venait pas. Pour cause : elle était absolument anéantie sur son bureau, étalée sur les projections de 3 livres différents, qu'elle avait étudié jusqu'aux petites heures de l'aube. Fatiguée physiquement par le manque de sommeil, mais surtout moralement, par les agressions de Tête d'Enclumes qu'elle n'arrivait pas à admettre comme allant de soi, et l'impénétrable forteresse qu'était Kan. Mekledos n'était pas un grand expansif – et qui voudrait d'un câlin de Wookie ? - mais il montrait ses émotions : généralement sa curiosité, mais aussi ses ronchonnements et ses rires. Kan était un véritable réfrigérateur, au point d'un droïd avait plus de répondant émotionnel. Sans référentiel en retour, Venezia s'était persuadée que Kan ne supportait pas sa présence, aussi s'était-elle fait la plus discrète possible, cherchant désespéramment à lui faire plaisir... Pour tout dire, elle avait accepté de manger des œufs !!! (bon, elle en était malade 3 fois sur 4, mais elle gardait l'espoir de les garder en estomac).
Des cernes sous les yeux, un corps encore plus maigre qu'avant, des cheveux tout cassants et une peau grisée, elle s'était étiolée avec le temps. Venezia ne trouvait qu'un peu de solace dans les livres et en avait juste abusé ce jour là.
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Il n’y avait pas besoin de manger de viande pour s’étoffer. Kan ressemblait beaucoup à un ascète sur ce point de vue. Il mangeait peu, buvait peu. Et pourtant, il restait taillé pour son office. À vrai dire, le Maître avait depuis longtemps refusé de se nourrir de créatures vivantes, ou qui l’avaient été. Ainsi pouvait-il avaler des œufs, boire du lait. Mais la mort qui accompagnait les souvenirs inscrits dans la chair des animaux qu’il pouvait manger lui avait rapidement fait horreur lorsqu’il avait eu le malheur de tomber sur des empreintes trop violentes. Ainsi, Padawan il s’était passé de viande purement et simplement. Ce qui pouvait paraître étrange quand on connaissait le personnage. Mais c’était là une réponse qu’il donnerait à Venezia en temps voulu. Ce qui fit qu’elle ne le vit que subir le même régime qu’elle et que jamais il n’aborda le sujet du don de certains Kiffars.

S’il percevait son implication et sa volonté de bien faire, il gardait cette image de maître distant et peu prompt aux félicitations comme aux remontrances. Les liens affectifs étaient une chose qui était peu conseillée. Il ne pouvait cependant pas s’empêcher de sourire lorsqu’elle avait le dos tourné. Il avait été bien plus retors avec Mekledos, et se retrouvait parfois dans sa manière détachée de laisser Venezia se débrouiller pour trouver une solution. Cependant, il ne se rendit pas compte des efforts colossaux qu’elle déployait. Tout sage qu’il était, il mit bien des jours à comprendre la nature réelle de sa jeune apprentie.

Elle découvrit à ses dépens qu’en matière de connaissance, Kan n’était pas en reste de connaissances sur l’histoire et les peuples. Elle ne lui demanda qu’une seule fois ce qu’étaient ses bibelots pendus à son cou. Et il lui répondit honnêtement : des souvenirs. C’était chose littérale, mais elle ne le savait pas encore. Il arrivait bien souvent qu’elle réfléchisse plusieurs heures pour lui poser une question qui était anodine. Ce petit trait qui l’amusait avait fini par le faire se questionner. En trois semaines, il lui avait accordé plus de la moitié de jours en questions. Ce qui était exceptionnel en soi.

Ce fut ainsi qu’il la trouva, un matin, encore plus mal en point qu’elle ne l’avait jamais été. Affalée sur ses livres, elle avait encore une fois passé une nuit à veiller et à s’acharner à se dépasser. Kan la trouva là, et soupira de dépit. Il avait certainement été trop loin dans ses exigences et mis trop de pression sur Venezia. Ces derniers jours, elle avait passé plus de temps à trouver sa question qu’habituellement et il sentait qu’il en arriverait bientôt à cette preuve de confiance qu’il avait appelé à naître lors de leur première rencontre. Ainsi, il la porte délicatement sur sa couche, la borda comme un père aurait pu le faire. La jeune femme gémit, balbutiant quelques paroles inaudibles, adressée à un schéma complexe issu d’un de ses livres.

Il se dirigea ensuite vers le panneau de commande, prenant les contrôles du vaisseau. Il avait passé de nombreuses heures à méditer sur sa propre fonction de mentor envers la jeune femme et avait depuis longtemps conclu qu’ils avaient beaucoup de choses en différent. Elle s’était révélée excellente pour le maniement du sabre en situation de défense mais incroyablement inapte à l’offensive. Elle avait certes atteint des objectifs du Jedi, mais il n’était pas parvenu à cerner sa Padawan pour lui offrir l’enseignement qu’elle méritait. Il percevait toujours l’ombre du vieux Wookie derrière elle et cela l’énervait plus qu’il n’osait se l’admettre. Elle était restée si pure … alors que lui avait tant lutté pour refreiner ses pulsions. Ainsi pensait-il aussi avoir à apprendre d’elle. Il était imprudent de penser qu’elle pourrait suivre ses méthodes pour évoluer. Il devait s’adapter à elle : un Maître ne pouvait demander à un Padawan autant d’efforts. Si son premier apprenti avait été docile et un fier guerrier, ils s’étaient rejoints par affinité l’un pour l’autre. Cette fois, c’était un exercice totalement différent. Venezia ne serait jamais une guerrière.

Ils atterrirent sur une planète méconnue, dans un système méconnu. Un endroit connu par Kan, et autrefois Mekledos. Une planète recouverte de jungles, de ruines. Rien qui ne soit de facture liée à la Force ou autre, mais de son temps, le Wookie n’était pas seulement versé dans les secrets de la Force. Il se questionnait beaucoup sur les histoires de déclins, d’apogée. Inutile de dire en quoi les talents de Kan avaient pu être utiles à cette époque. Peut-être qu’un jour Kan ferait la paix avec Mekledos et pourrait parler librement de lui avec Venezia. Mais ce jour n’était pas arrivé. Il ne fit que s’asseoir à l’orée du vaisseau, sur une falaise surplombant une vallée richement boisée où une ancienne pyramide trônait. Cet endroit était marqué dans l’esprit de Kan. Et il était certain que le sage n’avait jamais mené Venezia ici. Il y avait trouvé ses réponses et était parti pour ne jamais en revenir. Mais ce n’était pas là le but du Maître.

« Te voilà enfin debout ? Je vois que tu as pris le sac que je t’avais préparé. Parfait, nous avons une longue marche. » fit-il simplement, tout en gardant les yeux fermés.

Il sortir de sa méditation et se releva pour faire face à Venezia. Il leva la main et lui fit le signe du chiffre trois de la main. Trois questions et une exploration dans la jungle. C’était sa façon de récompenser son élève. Après un mois à suer sang et eau. Il avait encore beaucoup de chemin à faire pour la cerner, mais ça semblait être le meilleur progrès de son côté depuis leur départ …
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Venezia se serait bien retournée et replongée dans les bras de Morphée. Quelque chose l'avait tirée de son sommeil, mais elle ne savait pas quoi. Ce n'était pas un appel de son maître, et elle ne sentait rien dans la Force. Aussi voulait-elle prolonger sa nuit. Elle en avait encore bien besoin. Mais maintenant, elle était éveillée, pour de bon, et le sommeil lui échapperait. Avec un soupir, la blonde rendit les armes. C'était fichu. Elle repoussa donc la couverture et se prépara pour un jour d'entraînement comme les autres. Cependant, elle n'était mue que par automatisme. Rien en elle ne respirait la motivation. Fatiguée et en train de bouder, Venezia était bien loin de son soi lumineux. Non, elle était en train de reprendre son chemin de croix, de reprendre sur ses épaules le fardeau qui y avait été jeté sans son accord. Elle n'avait jamais demandé à avoir un maître aussi peu communicatif que Kan.
Pourtant elle était incapable de lui en vouloir. Il était comme il était, comme elle était qui et ce qu'elle était. Ce n'était la faute de personne s'il n'y avait aucun atome crochu entre eux. Peut-être était-ce le signe que jamais elle ne serait qu'une padawan ratée. Devait-elle envisager son retour au Temple, où elle travaillerait comme assistante d'un jedi, à la bibliothèque ou aux cuisines par exemple. Le Temple, c'était encore ce qui faisait office de maison pour la jeune femme qui ne gardait que des souvenirs diffus de sa planète natale. Peut-être devrait-elle retourner là-bas, vivre en paix le reste de sa vie.

Mais pour le moment. Avec un très gros soupir – signe chez elle d'un profond trouble – la blonde empoigna son sac, sans même regarder ce qu'il y avait dedans et se présenta à son maître. Ce dernier se contenta de partir d'un bon pas dans la jungle, probablement en direction de la pyramide. D'ordinaire, Venezia aurait déjà examiné la structure et aurait tiré des milliers de conclusions qu'elle s'efforcerait d'éliminer avec d'autres indices glanés ici et là lors de leur « petite promenade ». Là, elle mettait un pied devant l'autre, sans rien regarder si ce n'était le sol, pour éviter de tomber. Les sables de Tatooine, les merveilles de Zeltros ou les eaux d'Aquilaris, tout lui était indifférent.
Pour nourrir son côté lumineux, pour rester cette naïve et pourtant courageuse padawan, il lui fallait de la lumière. C'était un cercle vertueux que Mekledos avait enclenché auparavant : en épanchant sa soif de connaissance, son ouverture d'esprit, cet amour inconditionnel pour autrui, il lui permettait de réaffirmer, jour après jour, sa compréhension d'un monde sans pitié où la force faisait foi, à défaut de la Force. Kan n'avait été que négativité, à lui reprocher sans cesse ça et ça, autant de choses que Venezia estimait être ses plus grandes qualités. Pire il l'a privait de savoirs, ne lui transmettant que le minimum vital. Ce n'était pas plus mal, vu qu'auparavant, Venezia avait presque bu sans beaucoup de réflexion les paroles du Wookie. Une acceptation aveugle, sans remise en cause. Du moins, pour un moment. La jeune femme était plus que capable de se forger une opinion par elle-même. Fallait-il encore échanger pour cela, et Kan était aussi ouvert que son droid était aimable.

Soudain, dans l'immensité de la forêt, un hululement animal, qui avait un relent de grognement, surgit de la canopée. C'était indubitablement bestial, et agressif. Pourtant, il y avait quelque chose de malheureux, presque d'agonie, dans ce cri. Celui d'une bête blessée, non pas dans sa chair, mais dans son âme. Quelque part, Venezia ressentait ce braillement comme l'écho des troubles de son âme. Ceci dit, elle serait en empathie avec le premier prédateur, même s'il puait et avait des crocs longs comme son avant-bras. Quelle cruchonne, parfois !
Ce cri instilla en Venezia un trouble profond. Si d'un côté, elle comprenait la douleur évoquée, elle sentait également quelque chose de visqueux et intimement malsain. La sensation qu'on l'épiait alors qu'elle savait que c'était faux, l'impression de voir des ombres bouger au coin de son œil. Elle avait peur. Terriblement peur. D'un simple cri. Et la peur mène à la défiance, la défiance à la colère et la colère au côté obscur. A elle donc de se maîtriser, ce dont elle était parfaitement capable. D'habitude. Quand pas fatiguée et démotivée.
Et Venezia perdait du terrain.
- « Maître ? »
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