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14h48, heure standard, quelques semaines avant le vote.


Une musique agréable se diffusait dans les couloirs menant à la Rotonde du Sénat Galactique, tandis que l'enfant, accompagnée d'un jedi en bure grise, et de ce qui semblait son garde du corps - ou plutôt un mercenaire - les parcouraient en silence.
Bien que ce soit sa première visite réelle, la jeune princesse ne prêtait aucune attention aux somptueuses moulures de bois sculptées dans le plafond, aux tapis richement chamarrés de motifs compliqués, ou aux bibelots précieux qui ornaient les consoles éparses. Elle n'avait d'yeux que pour le droïde-guide, dont la tâche était de la conduire à la plate-forme flottante attribuée à Ondéron. Ses roulettes de métal qui lui servait de jambes cliquetaient doucement, à un rythme lancinant mais supportable pour la fillette, qui ne pouvait parfois s'empêcher de ralentir alors qu'ils croisaient d'autres groupes d'adultes, dont la plupart la regardait avec curiosité, sinon indifférence.
Ses propres souliers vernis claquaient sur le sol avec un bruit presque hypnotisant, rendant plus vrai de seconde en seconde le projet qui l'avait fait quitter la maison. Le Palais Royal d'Ondéron.

Elle ne devait jamais vraiment se souvenir de ce trajet interminable, dont chaque couloir, chaque escalier, chaque ascenseur, semblaient se ressembler entre eux comme des jumeaux démultipliés par dix, par vingt ; seule l'encombrement de sa robe toute neuve, achetée le matin même pour "mieux présenter", selon les conseils du Ministre Ragda, lui permettait de garder toute sa concentration pour ne pas trébucher à chaque pas. Sa première robe longue de dame, son premier éventail en plume, sa jolie tiare étincelante fixée avec précaution sur une coiffure si compliquée qu'elle avait piqué une crise de colère d'impatience : Plus que jamais, l'enfant ressemblait à une princesse digne de son rang.
Ce qui ne l'empêchait nullement de commencer à éprouver de l'anxiété. Si le trajet avait semblé un jeu merveilleux pour protéger sa planète, la réalité prenait progressivement ses droits sur le rêve d'enfant qu'elle avait formulé à peine quelques heures plus tôt. Mais avec Mère qui venait d'avoir son petit bébé, et qui devait encore être à la résidence de vacances qu'elle affectionnait tant, sa présence au Sénat n'était-elle pas indispensable ? Le Sénateur d'Ondéron devait être un incapable, comme avait coutume de dire la Reine et seule la princesse héritière pouvait sauver la situation !

Forte de ces pensées positives, la petite fille en grande tenue passa la porte de la nacelle dédiée à sa planète natale qui s'ouvrit automatiquement à son approche. D'un geste de la main, elle fit signe à Léonard Tianesli qui s'éloignait pour rejoindre les autres jedis de l'assemblée, et leva les yeux vers Jake, qui tenait son datapad rose pour qu'elle puisse marcher sans tomber. Elle tripota nerveusement le beau nœud de perles qui ceignait sa taille gracile, puis s'avança vers l'assistant du sénateur d'Ondéron, qui semblait s'ennuyer ferme pendant qu'un éclat de voix monocorde retentissait dans le micro de son bureau. Un paquet encore emballé trônait à côté de lui, et il faillit le renverser dans sa précipitation à se lever pour la saluer.

- "Princesse Milésya ! Quelle surprise de vous voir ici ! La Sécurité vient tout juste de me prévenir de votre arrivée imminente... Si le Sénateur avait su, il serait venu en personne aujourd'hui. Mais il était souffrant, et il m'a envoyé veiller sur vos intérêts à sa place. Enfin... installez-vous, chère princesse... Je vais tout vous expliquer sur le fonctionnement du Sénat. Vous allez passer une journée passionnante. Mais quel honte... je ne me suis pas présenté. Je me nomme Eloxuy Heréa. Assistant du Sénateur Klar, et à vos ordres, votre Altesse."

Encore inexpérimenté, le malheureux assistant du sénateur était fortement déstabilisé par cette visite inattendue, mais s'inclina avec politesse devant l'enfant qui lui répondit avec l'aisance que donnaient des leçons assidues de politesse ondéronnienne.
Après tout, elle n'était qu'une petite fille ... et n'était pas sa redoutable patronne, dont les colères étaient légendaires lorsque ses subordonnés commettaient des bévues. Il était d'ailleurs prévu, de source sûre, qu'elle prenne la place de l'actuel sénateur - principalement à cause de la décision malheureuse du Sénat de livrer Ondéron aux siths dans une trentaine d'années.
Il se détendit donc un peu, saluant le garde du corps de l'enfant, et en avançant deux sièges confortables, idéalement situés au milieu de son propre bureau afin d'assurer une vue optimale à la jeune héritière de son monde.

D'une voix plus légère, il ajouta d'un ton badin :

- "D'ailleurs, j'ai reçu il y a dix minutes un paquet à votre intention, princesse. Sûrement un petit présent de sa Majesté la Reine votre mère... le droïde va ouvrir le paquet, s'il vous en plait. Ce serait dommage d'abimer des petites mains comme les vôtres, votre Altesse. Puis-je ?
- Bien sur, monsieur ... Heréa. Vous êtes très aimable", répondit-elle de sa voix flûtée.

Puis, comme un droïde s'affairait sur son paquet, ce fut finalement Jake qui intervint pour dérouler le plan prévu à l'avance.

- "Monsieur Heréa, vous seriez aimable d'apporter des rafraichissements à son Altesse. Elle a fait un long voyage depuis Ondéron et elle est très fatiguée. N'oubliez pas d'apporter du jus de Juma chaud, avec des pailles."

Levant un sourcil, l'assistant du sénateur jeta un coup d’œil à la minuscule silhouette empêtrée dans sa robe blanche encore immaculée, qui hocha la tête de l'air le plus convaincu qu'elle pu. Après tout, elle ne mentait pas, elle manipulait, ce qui était apparemment une différence très subtile dans le monde de la politique, mais notable, car "dans le monde complexe de la politique", on avait le droit.
Sur ce, il se leva - en gardant ses pensées pour lui ("quelle enfant pourrie gâtée !") - et disparut dans les couloirs d'un pas alerte.

Quant à Milésya et Jake, si la première s'occupa d'extraire la caméra qui bipa en sortant de son emballage en poussant un petit cri de ravissement naïf, le second s'occupait d'approcher le droïde traducteur.

- "Active les répulseurs et préviens le Président de la Rotonde que Ondéron demande la parole.
- Oui, monsieur."

De rouge, le clignotant signalant que la nacelle était arrimée passa au vert, signe qu'elle pouvait désormais flotter sur ses répulseurs, et que la parole était effectivement donnée à sa planète.
L'enfant ouvrit de grands yeux ronds, tandis que la petite plateforme s'élevait silencieusement dans le vide, et se plaçait tout près de celle du Président de la Rotonde, au milieu de la très vaste salle du gouvernement galactique de la République.
La jeune princesse fixa son datapad rose grand ouvert au milieu du bureau aux formes aériennes, avant de se lever, sous les murmures généraux des différents sénateurs qui semblaient plutôt interloqués, alors qu'une voix s'éleva - un brin paniqué, un brin amusé - sur le canal privé d'Ondéron.

- "Votre Altesse, demander la parole au Sénat n'est pas un jeu. Je suppose que... votre ami a quelque chose à transmettre de la part de votre Mère ?

La jeune gorge déglutit.

- Je dois transmettre le message moi-même, car je suis la princesse héritière d'Ondéron."

Son cœur battait désormais à tout rompre. Sa bouche était toute sèche, et la terreur tordait ses entrailles. De grosses larmes embuèrent brusquement sa vue parfaite, avant qu'elle ne les essuie d'un air plutôt boudeur. Si Mère faisait de la politique, Milésya pouvait également en faire ! Surtout qu'elle devait sauver sa planète. Il suffisait de lire son discours. Oui... c'était cela. Juste lire son discours tout préparé, et oublier ce vide effrayant sous elle. Néanmoins, ce fut une main assez tremblante qui alla se loger dans celle, plus puissante, de Jake à ses côtés.
Papa-Jake la protègerait toujours. Absolument, et rien ne pouvait lui arriver en sa présence.

Dans le micro, sa voix semblait frêle, peu assurée. Extrêmement enfantine.

- Mesdames et messieurs les sénateurs, je suis la Princesse Milésia Kira, héritière de la planète Ondéron. Je viens devant vous... parce que j'ai récemment appris la situation d'Ondéron. Je ne parle pas au nom de Mère, la Reine d'Ondéron, mais en mon nom propre, puisqu'elle est souffrante actuellement."

L'enfant soupira dans le micro, oubliant complètement la caméra flottante qui filmait ses moindres gestes, imperturbable à ses côtés.

- "Dans trente ans, les siths viendront sur ma planète."

Une nouvelle pause angoissée. Milésya de la maison Kira avait mal au ventre. Elle avait mal à la tête et sa bouche s'asséchait de seconde en seconde. La tête lui tourna une seconde, et elle se redressa un peu, très droite, ses épaules un peu élevées par rapport au reste de son corps.
Le discours tout écrit était impossible à lire. Vite, elle repoussa le petit écran, et fixa une tête sympathique au hasard parmi les sénateurs, pour se raccrocher à quelque chose.

- "Les siths vont venir dans trente ans, et ma planète toute entière sera dévastée. Les siths sont très méchants. Nous appartenons à la République. Nous sommes les jedis, nous sommes une planète de Jedi. Chez nous, ils sont Ondéron, comme je suis Ondéron. Mon précepteur m'a appris que Korriban représentait les vilains siths, ceux qui sont méchants. Mais nous, nous sommes les Jedis. Les gentils. La République a dû se tromper. Je suis sûre que c'est juste une erreur, et c'est pour ça que je viens ici. Je dois sauver Ondéron, les personnes dans la rue. Les Jedis aussi. parce que je connais beaucoup de padawans et de Jedis. Je viens souvent au Temple en Visite. Et lorsque Mère n'est pas là, je suis leur protectrice, à toute la planète. Parce que je serai Reine quand les siths viendront. Nous sommes de la République, et nous ne voulons pas partir de la République."

La petite fille haleta quelques secondes dans le micro, reprise d'un sentiment de pure terreur. Ses joues légèrement rebondies n'étaient plus que deux tâches rouges vifs sur sa peau pâle, et elle inspira bruyamment pour se calmer une nouvelle fois. Les vertiges s'accentuèrent un peu, et elle s'accrocha un peu au bureau pour se maintenir.

- "Nous demandons votre aide, et l'aide de la Galaxie. Aidez-nous, parce que vous aiderez le symbole même de la République."

En gros, elle avait dit l'essentiel du discours qu'elle avait écrit avec les autres adultes. Parfaitement sincère, les yeux brillant d'une innocence parfaite, elle osa un sourire hésitant, avant de se laisser tomber sur son siège. Elle avait mal aux muscles. Elle était au bord de la crise...
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Alors voilà, ça ressemble à ça, le Sénat. Mouais... Pas transcendant. Une énorme excroissance sphérique, plantée au cœur d'une esplanade toute grise. Non, clairement, c'est très laid. Enfin bon, je ne suis pas payée à regarder la déco...

Pour mon premier reportage, Wallace Walter, mon tout nouveau boss, le chef du service de politologie dans Galactic Holonews, a décidé de m'envoyer directement sur le terrain. «Bon, bon, bon...», m'a-t-il dit de sa grosse voix de brute. «On va commencer soft, pour le moment, okay ? Petite séance sénatoriale plutôt pépère, sans grand enjeu politique, histoire de vous mettre un peu dans le bain. Il va vous falloir un peu de temps, pour assimiler les têtes de tout le monde. Enfin... De toutes manières, là-dedans, on entend toujours les mêmes grandes gueules, même sur les affaires les moins importantes : Rejliidic, Janos, Keyiën... Si au moins l'un de ces trois-là ne l'ouvre pas, vous l'aurez, votre scoop.» Et là, il a rigolé.

J'ai donc pris le premier speeder de fonction venu, et je me suis mise en route pour le Sénat. À mes côtés, comme toujours depuis maintenant trois ans, CZ-66, mon droïde sonde, ma petite boule connectée 24 heures sur 24 à l'holonews, qui me filme et me photographie tout ce qui bouge.

«N'hésite pas à prendre des images du bâtiment. Ça peut toujours être utile.»

«Couic ! Bien enregistré, Lucrecia.»

Alors... Comment on fait, pour pouvoir rentrer dans ce bazar ? Ah, okay ! Les journalistes ont une entrée particulière, tout en haut de cette espèce de champignon post-industriel. Je suis donc les indications que mon véhicule reçoit automatiquement du service de sécurité et me pose sur la plate-forme ad hoc. À mon étonnement, je constate qu'assez peu de journalistes ont l'air présents. Pas palpitante, la séance ? Le genre d'info avec quoi on ne peut pas faire le buzz ? Ça doit être ça, ouais...

Hum... Comme je m'y attendais, c'est déjà bien le bordel, en fait... Avant de rentrer, il faut passer par tout un sas de sécurité, portails, et autres trucs du genre, afin de vérifier si par hasard vous ne seriez pas un terroriste amateur, désireux de tout faire péter dans un grand boum. En l'occurrence, ce n'est pas mon cas, même si la gueule architecturale de ce bâtiment le mériterait peut-être bien, ce grand boum. Je laisse à regret mon blaster à un soldat avec une bonne tête de brute de décoffrage, tandis qu'un autre pas plus subtil passe CZ-66 limite à tabac. Puis, une fois que c'en est fait, nous pouvons (enfin !) rentrer.

Alors, là, par contre, c'est stylé. Autant l'extérieur est franchement dégueu, autant l'intérieur en vaut le détour. Ce qui est marrant, d'un côté, c'est que je l'ai déjà vu des centaines de fois, le Sénat. Dans les reportages, sur les holo-photos... Mais en vrai, tout prend une autre dimension, une autre texture. Alors que le dehors se trouve rehaussé par les représentations officielles, le dedans y perd beaucoup de sa splendeur. La magie de l'information, ça. Enfin bref...

Je m'approche du bord et contemple toutes ces rangées de nacelles, ainsi que les occupants qui s'y accumulent petit à petit. À cette heure, ça s'agite lentement mais sûrement, on sent dans les airs une espèce d'excitation électrique, d'émulation frénétique, et je dois bien avouer que ça me plaît. Il y en a vraiment pour tous les goûts : pêle-mêle, voilà un fouilli inimaginable de cultures, de races, d'habits, de langages, une bonne grosse bouillie difforme et bigarrée. Ce si petit, ce si vaste monde de la Rotonde : un écosystème à part entière ; un bon gros bordel auquel les lois du protocole ajoutent tout de même un semblant d'ordre. Mais rien à faire : tout cette frénésie, ça pue la corruption et les magouilles à plein nez ; pour acquérir l'honneur de trôner sur sa petite nacelle, chaque sénateur doit avoir une longue carrière dans les lattes ; mais parce que ça ne suffit pas - et en matière d'ambition, ça ne suffit jamais -, on sent aussi que cette place-là, sur la nacelle, n'est elle-même qu'un tremplin pour un rang plus prestigieux encore : celui du milieu, le siège où seules les fesses suprêmes du Chancelier ont le droit de se prélasser. Et avec la venue des élections, autant jeter un morceau de sucre au milieu d'une fourmilière...

«Vous êtes nouvelle, vous...»

Je me retourne et identifie d'où vient cette voix.

«On se connaît ?»

Un Togruta assez âgé, avec un petit sourire bienveillant. Il a l'air plutôt sympa, mais dans ce monde, j'ai appris à n'accorder ma confiance à personne. En tout cas, la relative agressivité de ma réponse ne le fait pas flancher.

«Pas encore, mais ça ne saurait tarder...»

Je le considère un instant d'un œil méfiant. Il me tend la main. Je n'ai d'autre choix que de la lui serrer.

«Jeff Stephens.», dit-il sans rien perdre de son apparente cordialité. «Journaliste au Coruscant Herald.»

Oh... La concurrence, ça. Le principal journal à vraiment opposer à Galactic Holonews un tant soit peu d'émulation.

«Lucrecia Graciozi. Journaliste chez vos pires rivaux, pour vous servir.»

Et j'accompagne cette réponse d'un petit sourire narquois. Mais lui ne fléchit pas pour autant, et conserve toute sa courtoisie.

«Oh... Galactic Holonews, hein ? Ils embauchent très jeune, dites-donc. Moi qui croyais que leurs bureaux étaient remplis de politologues vieux jeu...»

Je me rapproche un peu et lui adresse un regard un peu espiègle, ce regard qui en a fait enrager plus d'un.

«Peut-être que je suis exception...»

Sur ce, les micros se mettent à hurler d'un coup : «La Présidence donne la parole à la commission sénatoriale d'Ondéron.» Ah... Enfin... Je me remets vis-à-vis de la barrière, les coudes calés contre la petite tige métallique qui surplombe le muret, pour regarder attentivement la scène.

Et là, à ma grande surprise, se joue l'un des trucs les plus dingues de tout ce que j'ai pu voir sur le Sénat, et pourtant, Dieu sait si je m'en suis déjà enfilés, des reportages, communications, et autres trucs du genre - d'ailleurs, si Dieu n'existe pas, moi, je ne le sais que trop bien, pour en avoir bavé. Bref, bonne grosse bizarrerie WTF : sur la nacelle, se trouve une gamine. Rien que ça, en soi : déjà qu'un droïde-sonde tout ce qu'il y a de journalistique doit passer des tas de trucs de sécurité, alors une gosse...

«Couic ! C'est la fille de la Reine d'Ondéron, dynastie Kira.», m'explique CZ-66.

Okay. Certains choses s'éclairent. Mais enfin bon... Déjà que toutes ces têtes de politiciens ne sont franchement pas évidentes à retenir, si en plus il faut y mêler la petite famille...

Puis, comme si la dose d'inattendu n'était pas en soi suffisante, voilà que la petite princesse se met à prendre la parole comme une grande, et à sortir, devant un public totalement abasourdi, un bon petit discours politique sur la situation de sa planète face à l'Empire Sith. Wahou... Si ce n'est pas un scoop d'enfer, ça, je renonce à ma carrière de journaliste.

Comme une grande... Le problème est bien là, en attendant : comme une grande, ou avec l'aide d'un grand ? Et si oui, avec l'aide de quel grand ? Parce que bon, je ne suis sûrement pas la seule à me le dire : un truc pareil, ça doit forcément être un coup monté. On imagine mal une gamine décider toute seule de faire mumuse avec un coup médiatique d'une telle ampleur comme on donnerait la fessée à une méchante poupée. Okay, quand j'étais gamine, je ne pense pas que parler devant une assemblée pleine à craquer m'aurait plus effrayé que ça (et vu mon caractère, je me dis à présent que si j'avais été de sang royal, on aurait eu affaire à une vraie tyrannie). Mais la volonté ne suffit pas : il faut des soutiens, des gens qui vous font passer les contrôles de sécurité... Alors qui ? Qui tirait les ficelles de cette charmante marionnette princière ?

Autre question, connexe de toute manière : dans quel intérêt ? Certaines rumeurs courent que la mère de cette petite désire devenir sénatrice, et les plus hardis parlent même d'une candidature à la chancellerie. Bon... J'attends de voir, moi. Mais dans tous les cas, je me demande vraiment si ce coup d'éclat ne risque pas de desservir la Reine Kira... Et si cette hypothèse est bonne, c'est du côté de ses ennemis qu'il va falloir fouiner.

Bon, beaucoup de spéculations, mais une certitude : je vais tirer cette affaire au clair.

«Couic ! Communication avec Wallace Walter, Lucrecia.»

«Ah oui. Passe-le moi.»

CZ-66 projette alors une petite tête de Twi'lek boursouflé sous forme holographique.

«Putain, boss ! Vous avez vu ça ?»

«Ouais ! Pour un début, vous faites fort, vous. Bon, maintenant, démerdez-vous pour avoir une interview en exclusivité. Et essayez de me dénicher celui qui a téléguidé cette gamine. Je veux que Galactic Holonews soit le premier à diffuser le pourquoi du comment.»

«Vous inquiétez pas. C'était mon intention...»
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Une honte. C'était une honte. A-t-on jamais vu une enfant prendre la parole au Sénat ? L'Ordre l'exigeait : seul un adulte compétent, élu ou nommé suivant les lois de sa planète d'origine, pouvait prétendre s'exprimer dans cette assemblée. Qu'un autre individu prît la parole, voilà qui, en soi, était déjà inadmissible, mais de surcroît, une jeune demoiselle, encore bien loin de la maturité...

Dès que l'œil artificiel de Lord Janos eut identifié dans cette dernière la personne de Milésya Kira, fille de la Souveraine d'Ondéron, le sénateur d'Aargau se leva de son siège. Il abandonna les documents qu'il lisait - il s'agissait d'une missive aux membres du Rassemblement Républicain concernant la future candidature de Valérion Scalia - et n'accorda sa concentration qu'à cette... cette absurdité, cet affront aux lois de la République ! Autour de lui, d'autres politiciens s'étaient levés aussi. On entendait çà et là des exclamations intempestives :
«C'est une honte !» «Faites-la taire !» Janos lui-même se serait écrié s'il n'avait pas jugé ce type d'attitude tout à fait impoli.

À la place, le dos légèrement voûté, les poings sur les rebords de sa nacelle, il écouta attentivement ce que la jeune princesse avait à leur déclarer. Paradoxalement, c'était là un discours construit, respectueux d'un certain Ordre, sans rien qui parût excessivement puéril. Rien d'enfantin... Janos en conclut immédiatement qu'elle devait être manipulée, qu'on l'avait incitée à prendre la parole. Le contraire paraissait totalement improbable. Cependant, la première idée du Lord ne fut pas de percer le pourquoi de cette affaire. Fondamentalement, il s'en moquait éperdument. Pour l'heure, sa seule préoccupation fut de corriger le chaos que cette invraisemblable intervention avait suscitée dans la Rotonde.

Pour s'assurer d'être le premier à l'obtenir, il s'empressa donc de réclamer la parole bien avant que la princesse eût achevé son discours. À sa droite, Shadley, son suppléant, regarda le sénateur agir, d'un œil amusé.


«Mazette ! On risque d'en entendre parler, de cette affaire. Vous comptez parler de manipulation, je suppose...»

Lord Janos se tourna vers son second et le considéra d'un œil froid et impénétrable.

«Non. Ce n'est pas mon rôle. Je vais me contenter d'inviter publiquement la commission sénatoriale d'Ondéron à démissionner.»

«Inviter publiquement... Rien que ça.»

«Et offrir à notre chère Reine Kira l'occasion de briguer la fonction de sénateur, par la même occasion.»

De l'amusement, le regard de Shadley passa au cynisme. Celui-ci allait répondre, quand la nacelle se souleva d'un coup et commença à viroleter à travers la Rotonde. On entendit l'Orateur sénatorial déclamer la sentence protocolaire :

«La Présidence donne la parole à Lord Côme Janos, sénateur d'Aargau.»

Janos dévisagea un instant l'assemblée, avant de déclarer :

«Sénateurs ! Je n'ai ni la compétence, ni l'envie de savoir qui est à l'origine de cette farce. Pas pour l'heure, tout au moins. Je le devine bien : tous, vous avez dû vous dire, comme moi-même : quelqu'un a poussé cette jeune demoiselle à commettre l'infamie qui est la sienne. Mais ne nous humilions pas davantage en poussant l'audace jusqu'à demander à la princesse Kira pour quelle raison elle a prononcé ce discours. Nous sommes ici dans une assemblée délibérative, pas dans les bureaux de police d'une holo-série B. Le Sénat n'est pas là pour jouer aux interrogatoires, et je doute qu'un esprit d'enfant soit en mesure de faire face au déluge de questions que nous souhaiterions lui poser. Conservons donc toute la dignité qui doit être la nôtre : je comprends que vos esprits aient pu s'échauffer, je comprends que vous désiriez vous lever et blâmer à grands cris la scène qui vient de se jouer sous nos yeux. Mais n'oubliez jamais que vous avez été élus pour représenter un peuple, une planète, un système : que penseraient ceux dont vous êtes les représentants, si vous vous abaissiez à mener une enquête, ici, sur place, dans un lieu où nous sommes censés discuter des projets de loi, et décider ensemble de la meilleur gestion à donner à la République ?»

Le Lord fit une courte pause, puis reprit sur une nouvelle idée.

«Vous vous demandez sûrement où je désire en venir. Eh bien, c'est très simple. Je ne vais vous poser qu'une question, une simple question : si nous analysons la loi, si nous relisons la Constitution, que pouvons-nous faire dans une situation pareille ? Rien. Quels sont notre pouvoir, notre marge d'action ? Quelles sont nos prérogatives ? Nous n'en avons pas. Ce n'est pas à nous d'enquêter sur cette affaire.

Voici ce que je vous propose à la place. Aujourd'hui, la commission sénatoriale d'Ondéron vient de s'humilier publiquement, sous nos yeux, et devant les caméras. Elle nous a montré qu'elle n'était pas digne de la fonction qui lui revient. Je vous invite donc, sénateurs, à frapper d'opprobre les responsables, même indirects, de cette affaire. C'est le salaire qui lui revient, et si notre rang ne nous offre aucun autre pouvoir que celui de la pression, n'hésitons pas un seul instant à nous en saisir, car notre cause est légitime. Je suggère que le Sénat soutienne officiellement la démission de la commission d'Ondéron, à titre exclusivement consultatif. Bien entendu, la décision finale reviendra aux autorités ondéronniennes, en conformité avec les lois qui régissent leur système planétaire.»


Janos avait conscience qu'une telle proposition pouvait paraître audacieuse : il n'était pas bien loin d'outrepasser ses propres fonctions, et en parlant de "pouvoir de pression", il ne s'en cachait qu'à peine.

«Ne croyez pas que je fasse preuve de cynisme en vous parlant de la sorte. Fondamentalement, il ne m'importe nullement que tel ou tel individu soit sénateur d'Ondéron. Aucun lien politique ne me relie à cette commission sénatoriale ; ce n'est pas comme si celle-ci appartenait au Rassemblement Républicain et que je désirais y placer une nouvelle tête plus conforme à mes idéaux, ou qu'elle avait adhéré à la L.M.P. et que je voulais affaiblir mes opposants. Non ! J'agis dans le plus grand désintérêt ! J'agis en toute neutralité ! Ce que je défends maintenant transcende de loin tous les antagonismes et clivages habituels. Je vous parle au nom de la République : l'institution-même du Sénat encourt le risque d'être entachée si nous ne rétorquons pas, dans la limite permise par les lois. Aux yeux des citoyens que vous représentez, désirez-vous que l'on vous décrie comme des sénateurs qui ont laissé une enfant parler à leur place ? Pour quoi passerions-nous ? Et il n'en va pas seulement de notre réputation personnelle : il en va également du prestige sénatorial et de l'intégrité de la République.»

Fin du discours. La nacelle fit marche arrière et alla s'enclaver dans l'assemblée. Shadley se tourna de nouveau vers le Lord sans cacher sa curiosité.

«Une simple question, sénateur : c'était dans les plans de la Reine Kira, ça ?» 

Le suppléant était l'un des rares individus dans l'entourage de Janos à avoir été mis au courant de l'accord secret que ce dernier avait passé avec Rejliidic. D'où sa question.

«Je n'en ai aucune idée, en fait. Si oui, ce sera la toute première fois de ma carrière que j'aurais été un pion dans la main d'autrui.»

«Ou qu'un pion se sera servi de la main d'autrui pour gagner...»

Les deux hommes s'échangèrent un regard entendu.
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"Eh bien, eh bien, la séance ordinaire du Sénat sombre bien vite dans l'extraordinaire", marmonna le Jedi en observant le... quel était le mot ? Le manège ? Le cirque ?

Une gamine haute comme deux pommes un quart venant déblatérer des âneries devant la grande assemblée d'hommes, de femmes et d'autres entités - hem - respectables et - double hem - respectés, venant effrontément leur dire comment faire leur travail. C'était du moins ainsi, semblait-il, que les politiciens prenaient la chose. Et pouvait-on les en blâmer ? Qui apprécie de se faire critiquer par une enfant ?
Eh bien, un Jedi, déjà. Mais après tout, les Jedis ne sont pas des gens. Ce sont... ben, des Jedis. Et les Jedis, tout comme certaines organisations, avaient un droit de parole au Sénat qu'il était grand temps de mettre à contribution.

Aussi le corellien appuya-t-il sur son propre bouton en y ajoutant un petit commentaire pour expliquer sa demande, et patienta-t-il sagement sur sa plateforme, avec des regards discrets des deux chevaliers consulaires qui l'accompagnaient. Peu de sénateurs allaient être autorisés à parler avant qu'on ne classe l'affaire, on ne pouvait pas laisser des centaines de diplomates s'épancher sur l'outrage qui avait été fait. Il s'en remit donc à la Force qui, si elle l'estimait nécessaire, lui donnerait l'occasion d'agir.

"Maître, est-ce bien raisonnable de nous mêler de tout ceci ? souffla l'un des consulaires. Nous risquons de nous couvrir de ridicule.
- Plus que ces dernières années ? D'autant que le ridicule est déjà consommé, à entendre le Sénat."

Les plaintes et les interjections avaient très rapidement fusé, bien évidemment. L'outrage distingué était pour ainsi dire l'état naturel d'un diplomate. Et si l'intervention très hâtive du sénateur Janos avait un peu baissé le volume, ce n'était que pour en augmenter le nombre. "Démission d'Ondéron !" scandait le sénateur d'une planète d'un autre quadrant, suivi par ses alliés politiques. "... nous ne pouvons en effet tolérer une telle ingérence, Iktotch exige le vote pour mettre un terme rapide à ce scandale et revenir à l'essentiel" déclara le sénateur actuellement à la parole avant de se draper dans une dignité de bon aloi et revenir au sein du Sénat sous les applaudissements.

Le Jedi avait remarqué, un sourire aux lèvres, que tous les représentants ne se récriaient pas. Une part non négligeable quoiqu'assez faible restait assis et silencieux, l'air morose ou paniqué. De petites planètes, avec moins de poids politique malgré l'égalité officielle de tous devant le Sénat. De potentielles victimes futures, qui pourraient bien se retrouver sacrifiées, comme Ondéron. Une poignée de dignitaires tentaient de se faire entendre, mais comment percer à travers les rugissements unis des trois quarts de la République ?
Une bonne métaphore du contexte spatiopolitique actuel, à vrai dire.

Le chariot du maître Jedi frémit tandis qu'il flotta doucement vers le centre de l'assemblée, les deux consulaires immobiles à ses côtés et parés de l'air sérieux et distingué de circonstance. La Force avait donc voté.

"La Présidence donne la parole au maître Jedi Berryl, conseiller de l'Ordre."

Et encore une vague de plaintes, évidemment. Le Jedi leva les mains en signe d'apaisement. Son aura de calme qui s'étendit doucement à travers la gigantesque salle n'était pas de trop, le temps que le silence revienne.

"Mesdames et messieurs les sénateurs, ceci n'est pas une autre farce. Je ne vous prendrai que quelques minutes de votre précieux temps, minutes qui auraient de toutes façons, nous l'avons tous compris je pense, été utilisées pour appuyer le surréalisme de la situation." Les mains à nouveau glissées dans ses amples manches, le maître repris : "Le rôle des Jedis a de tout temps été l'arbitrage des conflits entre parties galactiques, et c'est à ce titre que je me tiens devant vous, afin de préserver la dignité de cette noble assemblée en vous conseillant de mon mieux pour résoudre le problème au plus vite et sans heurts."

Bon, la partie délicate était finie, celle où juste une portion du Sénat le huait. Maintenant, on entamait la partie vraiment acrobatique. Le Jedi déplaça légèrement la plateforme pour lui faire décrire un arc de cercle qui englobait le reste du Sénat - ce qui prenait un certain temps. Mais il ne fallait pas se relâcher maintenant, au risque de tomber au milieu du panier de crabes. Que la Force l'en préserve, puisqu'elle avait jugé bon de l'autoriser à s'y risquer.

"Vos réclamations sont justifiées. Vous vous sentez légitimement bafoués. Cependant, l'êtes-vous vraiment ? Comme l'a souligné le sénateur Janos, ce n'est ni le lieu, ni l'heure pour creuser cette affaire ; nous ne pouvons donc juger que ce que nous voyons, indépendamment des soupçons que nous avons. Et que pouvons-nous voir ?" D'une main, le Jedi désigna la petite princesse sur son chariot, centre de toutes les attentions. Le corellien lui offrit discrètement un sourire amusé avant de reprendre à l'adresse de l'assemblée : "Ce n'est pas une simple petite fille qui s'est glissée ici pour défier votre autorité. Nous parlons de l'héritière d'une planète qui a jugé nécessaire d'endosser son rôle de porte-parole de son peuple pour se soumettre à votre autorité. Malgré son jeune âge, elle a fait preuve de la sensibilité politique et humaine que chacun de vous possédez en tant que représentants de vos mondes. Malgré ses craintes, elle s'est exprimée sans faillir. Malgré ses erreurs, c'est une future dirigeante qui se tient fièrement devant vous.
Cette princesse a accompli son devoir, votre devoir : faire entendre la voix de son peuple. Quel sénateur pourrait la blâmer pour cela ? Où est l'affront, quand votre travail acharné pour garantir la sécurité de la République inspire même les plus jeunes à suivre vos pas ?
"

Le chariot se recentra. Berryl était calme, comme toujours, mais il ne serait pas fâché une fois tout ceci terminé. Les deux consulaires tenaient parfaitement leur rôle, leurs visages impassibles ne révélant pas la moindre once de doute quand aux dires de leur supérieur.

"Si inconvenance il y a, ce n'est pas dans l'intention mais dans la manière. Et en cela, une punition est en effet requise car les règles du jeu doivent être respectées. Pour autant, en filigrane derrière cette requête d'apparence naïve se cachent les craintes d'un monde encore républicain qui cherche du soutien. Votre soutien. Il s'agit de réaffirmer la volonté de la République de ne jamais baisser les bras, quel que soit le temps ou l'effort que cela prendra, comme cette assemblée le fait quotidiennement pour Ondéron, pour Aargau, pour Bakura, pour Iktotch et pour chacun des mondes de la République. Et de demander un peu de confiance pour pouvoir consacrer ce temps et ces efforts."

Le Jedi bleu se tourna afin de fixer la petite princesse pour sa dernière tirade, droit dans les yeux. Avec un minimum de chance, ça la clouerait sur place un moment, juste histoire de ne pas envenimer la situation davantage. Avec un maximum de chance, l'enfant était vraiment venue d'elle-même et comprendrait qu'il valait mieux se taire pour l'instant.

"Il s'agit de dire : "Nous vous avons entendu. Nous nous battons toujours pour vous. Mais laissez-nous faire.""

Puis il inclina brièvement la tête. La scène devait très bien rendre aux holocaméras. Ah bah, il allait vite pouvoir le constater, ainsi que le reste de la galaxie, nul doute. Se retournant à nouveau vers le Sénat, le corellien conclu rapidement.

"Honorables membres du Sénat, je vous prie humblement de faire preuve de votre efficacité habituelle en ne poussant pas davantage cette affaire qui vous a déjà coûté bien trop de temps, et en laissant le soin à Ondéron de sanctionner avec toute la sévérité requise l'audace de cette jeune fille et de quiconque a pu lui apporter de l'aide. Si certains d'entre-vous s'estiment toujours lésés par les propos d'une enfant, coupons court au débat en excluant Ondéron de cette session du Sénat en guise d'avertissement, et que la séance reprenne au plus vite.
En retour, la princesse s'engagera à se soumettre sans condition à cette sanction et revenir plus tard, plus expérimentée et instruite des protocoles à respecter, afin de présenter à nouveau et de manière convenable ses arguments, prouvant par là même le bien-fondé de votre clémence.
Que la dignité de tous s'en voie ainsi préservée, dans les valeurs d'ordre, de respect et d'unité qui ont fondé notre République. Je vous remercie de votre attention.
"

Le Jedi salua de la tête tandis que son chariot retournait s'ancrer, en apparence indifférent aux réactions de l'assemblée. Est-ce que son petit laïus avait touché le cœur des sénateurs ? Encore fallait-ils qu'ils en aie un. Est-ce que certains oseraient admettre publiquement être une bande d'emwhulb grincheux et sans cœur prêts à écraser sans vergogne une fillette sans défense au nom de leur réputation ? Voilà la question intéressante que le maître avait posé.
Berryl sentait d'autres questions aux lèvres des consulaires près de lui, même sans qu'ils les prononcent. De bons diplomates, vraiment.

"Parce qu'il est bon de rappeler au Sénat qu'il sert les populations et non lui-même. Parce que c'est une cause juste. Parce qu'il s'agit d'une future dirigeante qui est déjà extraordinaire. Et parce qu'un Jedi n'abandonne jamais un innocent en difficulté." répondit-il dans un sourire, les mains dans les manches en observant la suite des événements.
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