Tatooïne, encore une fois. Maudite planète faite de sable et de rocher, un caillou aride exposé à une chaleur qui avait le don de taper sur le système d’une certaine contrebandière… Depuis son dernier passage sur cette planète et ses déboires qui en avaient suivi avec un Jedi, Siobhan avait une raison de plus pour décréter que décidément, ce caillou brûlant lui était tout simplement insupportable. D’autant plus que depuis, elle sentait le vent tourner légèrement en sa défaveur au sein de l’organisation à laquelle elle était rattachée. Quelque chose avait été flairé malgré ses précautions, son double-jeu et ses intentions ne feraient plus illusion bien longtemps.
En pareilles circonstances, il ne fallait pas tarder à retourner sa veste pour de bon, comme ce que s'apprétait à faire la jeune femme. On lui avait susurré à l’oreille un prix et un lieu, tel un mot doux, et les deux s’étaient violemment heurté comme un coup de tonnerre. Mais finalement, c’était l’appât du gain qui l’avait emporté. Et quel énorme appât ! Celui-ci compensait plus que ce que lui coûtait l’effort de remettre les pieds sur Tatooïne. Mais surtout, avec pareille somme, elle allait enfin pouvoir se faire la malle. Adieu, bon vent, hasta la vista baby ! Et bonjour à la liberté et l’indépendance. Qu’importait ce qu’elle allait devoir faire, son choix avait été fait à l’instant même où on l’avait appâté par l’argent.

La jeune femme était en retard. C’était que malgré tout, revenir sur ici lui était agaçant, même s’il était question de Mos Espa cette fois-ci. Et elle s’était quelque peu égarée en chemin, une fois en ville, ce qu’elle se garderait bien de dire, préférant un mensonge éhonté ou une provocation plutôt que reconnaître qu’elle possédait un sens de l’orientation quasi inexistant. Habillée comme toujours de façon pratique quoique négligée, blaster et vibrocouteau en vue, l’individu qui gardait l’entrée de la demeure du Hutt chez lequel elle se rendait n’avait pas intérêt à l’irriter s’il voulait arriver au terme de la journée en un seul morceau.

Un Hutt oui, voilà à quoi elle en était réduite. La jeune femme ne les appréciait que peu, mais qu’importe au fond quel était celui qui tenait la bourse tant qu’il lui donnait bien le compte juste une fois que leur mission serait terminée.

« J’viens pour le taf proposé par Soko. »

Sa langue avait failli fourcher, « Soko » devenant « La larve galactique ». Mais faire un trait d’humour que cette bande de gardes armés jusqu’aux dents n’auraient pas saisi n’était peut-être pas la meilleure chose à faire, quand bien même ils ne lui faisaient ni chaud ni froid. Elle fut contrainte de patienter cinq bonnes minutes avant que l’autorisation d’entrer ne lui soit donnée et qu’un garde la guide puis la laisse seule dans ce qui devait être une salle d’attente.

« Putain, ça me plaît pas ça… »

Peut-être aurait-elle dû faire l’effort d’arriver à l’heure. Cela ne l’aurait guère étonné qu’on la fasse attendre l’équivalent de son temps de retard, peut-être même plus. Certains clients se révélaient parfois assez facétieux pour jouer ce jeu-là, elle en avait déjà fait les frais. N’ayant rien à faire pour passer le temps, elle s’adossa à un mur, debout, et patienta. Un homme pour le moins baraqué et grand qu’elle prit d’abord pour l’un des nombreux hommes de main au service du Hutt arriva finalement dans la même salle. Elle se rendit compte de sa méprise lorsqu’on les fit presque aussitôt entrer tous deux sur la terrasse où se trouvait leur potentiel employeur : Soko le Hutt.

« Ouais ouais, salut… Et si on passait directement aux choses sérieuses en zappant les mondanités ? »