Korgan Kessel
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J -3, centre de commandement des Forces Spéciales, planète Carida.

« Repos soldats » lance le Colonel Mishido alors que je me lève au garde-à-vous, en même temps par l'intégralité des hommes réunis dans la salle de briefing. J'ai beau souvent jouer aux grandes gueules, et critiquer les ordres de mes supérieurs, j'en reste pas moins un soldat discipliné. D'autant plus que Mishido a su, sur Artorias, gagner mon respect. Après cette mission suicide, c'est aussi lui qui m'a sauvé le cul en recommandant aux Major-Généraux de m'intégrer aux forces spéciales. Sans lui, j'aurais jamais retrouvé mon grade, j'aurais sûrement été viré de l'armée. Ouais, je lui en dois toujours une. Parce que chez les connards de civils, soit j'aurais mal tourné, soit je me serais tiré une balle entre les deux orbites.

Sans jeter un regard aux troufions, il monte sur l'estrade, face au pupitre où se trouve les commandes de l'holoprojecteur. Il pianote dessus quelques instants. Moi, je repose mon cul sur ma chaise, comme le font tous les autres. Je mâchouille frénétiquement un cure-dent. On va dire que les blabla c'est pas ma tasse de thé. Je vais me faire chier, comme d'hab, je le sais... On va avoir encore le droit à tout un speech de deux heures trente pour une opération secrète à la con. Ça va être quoi cette fois ? Je soupire, vraiment dépité et déprimé. Vivement que je ré-embarque vers ma nouvelle affectation. Moi ce que j'aime, c'est l'action !

Alors que je déplace une nouvelle fois le cure-dent à coup de langue, enfin quelque chose se passe : l'holoprojecteur s'allume et nous affiche une région de l'espace Républicain. J'ai encore jamais mis les pieds dans ce coin, mais j'sens que ça va pas tarder. Mishido ouvre sa gueule :

« Secteur Médirian, a proximité du Système Chorios.

Les services du Renseignement ont eu l'information qu'une ancienne station spatiale désaffectée est devenu l'une des plaques tournantes du trafic d'arme dans la région. Depuis la ratification du traité de paix avec l'Empire Sith... »
A la mention de celui-ci, plusieurs grognements se font entendre, dont le mien. « ... cette partie de la frontière est devenu un véritable bruyère pour les contrebandiers en tout genre.

Le Haut-commandement fait de la pacification de cette nouvelle frontière une priorité absolue. Pour les besoins de cette opération, vous serez transférés dès la fin de ce briefing vers notre avant-poste logistique sur Centares. Là bas, vous rejoindrez la flotte d'interception chargée de prendre d'assaut la station spatiale. Les objectifs sont simple : capturer le maximum de contrebandiers afin que nous puissions les interroger et démanteler leurs réseaux. Le haut-commandement ne souhaite pas que cette opération vire au bain de sang, je vous demande de garder la tête froide et ne tuer que si vous n'avez d'autres solutions. D'après le Renseignement cette station a été désarmée au moment de sa mise au rebut. Il s'agissait d'une aire de ravitaillement civile, qui n'a jamais été lourdement armée. Pour cette raison, nous nous attendons à une faible résistance. Toutefois, le haut-commandement ne souhaite prendre aucun risques... Et c'est là que les Forces Spéciales interviendront. »


Blablablabla... On va enfin passer aux choses sérieuses ?

« Notre unité sera divisée en deux escouades. Major Talinski, vous prendrez la tête de l'escouade Krayt, Caporal Kessel, celle de l'escouade Rancor. »

Je lève les yeux, surpris. Je m'attendais vraiment pas à ça. Et puis j'me dis... Si on ne met en tête, c'est que ca sent le roussi. Ils vont me demander encore quelque chose d'improbable...

« Au cours de la mission, vous répondrez directement aux ordres de l'Amirale Brid, elle supervisera les opérations sur le terrain... » Je fronce des sourcils. On va vraiment être sous les ordres d'une femme ? Putain fait chier ! « ... Le plan d'action préliminaire est lui aussi très simple : »

L'image sur l'holoprojecteur change. Cette fois elle affiche une simulation tactique. Les points rouges c'est les méchants, les verts les gentils...

« La flotte d'interception, composée de deux hammerhead et d'une frégate se positionnera autour de la station afin de pouvoir neutraliser tous les vaisseaux qui tenteraient de s'échapper. Pendant la phase d'approche, plusieurs navettes d'assaut seront déployées, escortées par des escadrons de chasseurs légers, afin d'aborder la station. Le gros des forces, plusieurs bataillons de l'armée régulière, sécurisera les hangars. Il est fort probable que le premier réflexe des trafiquants soit de fuir en embarquant à bord de leurs vaisseaux. Si nous agissons assez rapidement, nous pourrons les prendre de vitesse. »

C'est du boulot pour soldat lambda tout ça... Pourquoi avoir besoin de nous ? Ah ! Voilà enfin la réponse... Et comme je m'y attendais, elle ne me plaît pas.

« Les escouades Rancor et Krayt auront des objectifs différents. Pour éviter toute surprise, vos ordres seront de prendre contrôle et de tenir deux zones vitales de la station. Krayt, vous foncerez au centre des communications. Faites les taire le plus vite possible, qu'ils ne puisse organiser la moindre résistance, ou la moindre tentative de forçage de blocus. Rancor, vous devrez vous frayer un chemin jusqu'au coeur de la station, afin de sécuriser l'ordinateur central. Une fois celui-ci sécurisé, ils nous sera aisé de prendre le contrôle total des systèmes. »

C'est une blague ! Autant nous lâcher à poil dans un désert ! On sera quoi ? Dix types à tout casser ! Et voilà qu'il faut nous rendre dans les tréfonds de cette station en piteux état, le tout en évitant les mauvaises rencontres... Et sans aucun appui puisque nous seront largement derrière les lignes ennemis ? Le pire, c'est que je suis pas au bout de mes surprises.

« Krayt, votre approche sera la plus simple. Tandis que le gros des navettes se dirigera vers les hangars, la votre devra s'arrimer à la base des antennes de communications ventrale de la station. Sauf restructuration majeure de celle-ci, ce qui est peu probable, le cœur névralgique des communications se trouve un pont au dessus. Rancor... Quant à vous... Il vous faudra vous arrimer ici » Il montre une zone sans grand intéret. « Et découper le blindage. De l'autre coté se trouve une cage de turbo-élévateurs. Vous devrez descendre en rappel jusqu'à la section dix-huit. Et... »

Je n'écoute plus le reste, dépité. Ça sent vraiment le piège à cons quand même. J'espère vraiment que le haut-commandement sait ce qu'il fait. Parce que je vois déjà une blinde de pépins susceptibles de faire capoter la mission. Mais je crois que le pire c'est de se dire que pendant toute la descente, on sera suspendu à un fil fixé à un vaisseaux lui même amarré à la coque de la station. Franchement ça craint. J'ai jamais aimé les missions spatiales. Putain ça m'emmerde grave. Je hoche la tête, la mine mauvaise. C'est pour ça que Mishido m'a mis à la tête de l'escouade Rancor : il lui fallait une tête brûlée. Ouais, je gueule intérieurement... Mais bon, je sais aussi que je l'accomplirai sa mission. Trop bon trop con.

Une demi-heure plus tard, on embarque pour Centares.


H -30 minutes. Hyperespace.

Et voilà. J'ai le cul posé dans cette foutu navette de classe oblivion. Je vérifie mon harnais. Serré comme il faut. J'en suis pas à mon premier assaut, et je sais que, quoi qu'il arrive, ca va secouer. Vaut mieux être bien accroché si on veut pas manger l'une des parois, ou bien faire un smack à l'un de ses hommes. Ça la foutrait mal. En parlant de ça, je regarde les gars à qui on m'a confié le vie. Ils sont huit. C'est pas des bleus. La moitié est dans les Forces Spéciales depuis plus longtemps que moi.

« Paré les gars ? »

Ils me regardent sans trop rien dire. Ouais, moi aussi j'ai une putain de boule au ventre, comme avant chaque mission. La dernière demi-heure avant l'action, c'est toujours la pire. Je ferme les yeux et essaye de faire passer le temps le plus vite possible... C'est pas gagné.



H -3 secondes.

« Sortie de l'hyper-espace dans trois... Deux... Un.... »

La coque vibre. Secousse caractéristique. Je serre les dents : c'est parti. Nous, depuis trente minutes, on a pas bougé, toujours assis sur nos sièges, en deux rangées adossées à la carlingue. Au dessus de la porte d'accès au cockpit de la navette, un holo-écran nous affiche les données du terrain. Après quelques instants de silence, une voix féminine brise l'ambiance.

« Ici l'Amirale Brid, à bord du croiseur Délivrance. Nous avons reçu l'ordre d'inspecter vos cargaisons. Veuillez déposer vos armes et ne nous opposer aucune résistance. Dans le cas contraire, nous avons l'ordre d'ouvrir le feu. »

Même une gamine de six ans n'aurait pas flippé devant une voix aussi sexy. Depuis que l'armée accepte les femmes à des postes de commandement, tout part en couilles... Drôle d'expression dans ce contexte. Aucune réponse. Un silence morbide. Sur l'écran tactique, j'observe la flotte se déployer. Les trois vaisseaux de ligne encerclent la station. Toujours aucun mouvement. Étrange. Les Renseignement se seraient-ils gourés ?

« Ici l'Amiral Brid. Nous allons envoyer nos hommes à bord. Veuillez coopérer, et tout se passera pour le mieux... »

Putain, tant que t'y es, annonce leur la couleur de ton string ma cocotte ! C'est quoi cette statégie qui consiste à dire tout ce qu'on va faire à l'ennemi ? Elle a quel age cette greluche sérieux ? Je parie qu'elle a été pistonnée à ce grade et qu'elle n'a jamais participé à de vraies opérations sur le terrain.

Crissement de métal. Le navette décolle. Nous sommes envoyés sur le front, c'est parti ! Mais au moment ou l'on quitte hangar, mes craintes me donnent raison. Soudain, le silence ambiant se transforme en un orage assourdissant. La navette fait une embardée, je manque de rendre mon petit-dej. Je peste. Faut pas être sorti d'une école militaire pour comprendre ce qui se passe : on nous tire dessus ! Un feu nourri ! De colère, je fais un truc complètement fou : je déboucle mon harnais et fonce vers le cockpit voir ce qui se passe... L'espace est zébré de tirs rouges et verts. Je suis obligé de plisser les yeux...

« Putain, heureusement qu'on nous avait dit qu'ils ne seraient pas armés ! »

Au moment où je lâche cette phrase, l'un des aurek d'escorte explose, touché par les tirs de suppression. Les débris viennent pleuvoir sur notre bouclier. Le pilote me répond, concentré sur ses instruments.

« Accrochez-vous, manœuvre d'évitement ! »

J'ai beau avoir été prevenu, je manque de m'éclater la gueule. Je m'accroche de toutes mes forces à un filet. Mes phalanges blanchissent.

« Ca va le faire ! » lâche le pilote dans une euphorie que je trouve malsaine. Tous des tarés ces branleurs de manches. J'entends plusieurs bruits sourds, probablement d'autres vaisseaux qui volent en éclats. Soudain un flash lumineux m'aveugle, toute la navette tremble. Une déflagration. Lorsque je les ré-ouvre, plusieurs sections de la station sont en flammes. Le pilote pense à voix haute :

« On va profiter de cette salve de torpilles pour passer sous leurs défenses. »

Nouvelle manœuvre. Je grimace, trop con de m'être détaché surtout pour voir un spectacle pyrotechnique sans grande importance. Les nôtres ont ripostés à coup de torpilles. Plusieurs sections de la plate-forme ont été vaporisées, probablement là où se trouvaient des pièces d'artillerie laser. L'autre conne nous annonce alors :

« L'opération continue ! On suit le plan ! Débarquement imminent ! A tous les escorteurs ! Attention, nous détectons plusieurs signatures légères. Des chasseurs probablement ! »

Je fronce des sourcils. Ces types sont quand même bien équipés pour un simple bande de trafiquants d'armes. L'enfer dure encore une trentaine de secondes. Notre pilote est un bon, faut le reconnaitre. Il profite des angles morts laissés par les salves de torpilles pour nous approcher de la coque. Rien à signaler. A cette distance de quelques mètres, notre signature radar est couverte par cette de la station, y'a peu de chance qu'un chasseur nous tombe dessus. Il coupe les propulseurs et amorce la manœuvre d’arrimage. Je retourne à l'arrière.

« Go, go, go ! Bougez vous le fion les gars, on y va ! »

En leur beuglant ça, je récupère mon fusil, solidement attaché à l'un des râteliers. Je fais signe à Murdock d'ouvrir la trappe. Il s’exécute. Celle-ci révèle la portion de coque à découper. De sa ceinture, il détache son cutter-laser et l'active. Ce truc ressemblerait presque à un sabrelaser, en beaucoup moins dangereux... En moins d'une minute, la découpe est faite. Un bon coup de botte, et le morceau vaguement circulaire dégringole dans la cage de turbo-élévateurs au dessous. Je m'avance.

C'est moi l'boss aujourd'hui, donc je passe devant. J'accroche solidement mon fusil blaster dans mon dos, avant d'arrimer magnétiquement mon filin à la coque de la navette. Sans un mot je me jette dans le vide, tête la première. Dans mon dos, l'enrouleur siffle tandis que les freins intégrés régulent ma vitesse de descente. Quand on y pense, c'est assez rudimentaire comme matos... Mais personne a jamais rien inventé d'aussi fiable. Tout en progressant, je récupère mon pistolet blaster, dans son holster à ma cuisse. C'est pour ça que je descends toujours la tête la première quand je passe devant : y'a rien de mieux pour canarder en cas de pépin. Derrière moi, j'entends d'autres sifflements, j'ai pas besoin de relever la tête pour savoir que les huit autres m’emboîtent le pas.

Après quelques mètres, il fait totalement noir. L'éclairage à l'intérieur de la navette ne suffit largement pas à illuminer ce conduit qui traverse pratiquement de part en part la quarantaine de ponts composant la station. D'un pression de la paume, j'active la lampe torche attaché sur mon épaule gauche. La lumière blanche projette des ombres qui auraient fait pisser dans leur froc pas mal de monde. Il fait froid ici, et la pressurisation n'est pas terrible. Faut dire, c'est pas une pièce à vivre, les systèmes vitaux sont réglés au minimum dans ce genre d'endroit, pour réduire la consommation en énergie. Faut se dépêcher, ou je vais chopper des engelures doublées d'une migraine causée par le faible taux en oxygène.

Mais alors que je passe le quatrième palier, tout bascule.

Un bruit assourdissant me brise les oreilles. J'ai même pas le temps de lever les yeux que je tombe comme un gros sac à merde. Le filin vient de lâcher ! L'entrée de la cage, au dessus, s'est transformée en une impressionnante boule de feu. Putain de merde ! Je pige immédiatement ce qui se passe : Notre navette vient d'être pulvérisée ! Le souffle de l'explosion me rattrape et me broie les tympans. Je tombe de plus en plus vite. L'adrénaline me brûle les veines... Y'a toujours des cons pour dire que dans ces moments là, on voit sa vie défiler. Franchement, c'est des grosses conneries. Je vois juste un trou noir sans fond, et des parois de plus en plus rapides défiler de chaque coté. Y'a pas le temps de tortiller du cul pour chier droit, je réagis. D'un geste rendu vif par l'urgence de la situation, j'agrippe le mousqueton magnétique de secours. Ouais, y'a un mec moins con que les autres qui a invité ce truc là. Je l'active et le jette contre la paroi la plus proche. Il s'y colle. Aussitôt le filin se tend, manquant de me rompre le dos. Je suis projeté à une vitesse hallucinante contre la cloison de duracier. Je la bouffe à plein dents. J'ai un goût de sang dans la bouche. J'entends plus qu'un bourdonnement, la souffle m'a grillé l'audition. Je sais pas si mes gars ont réussis à s'accrocher... Je ne vois plus rien. Putain !

Suspendu à mon filin, comme une mouche à merde à une toile, je tourne sur moi même. La lampe torche est H.S... Brisée par le choc. Mes yeux s'habituent à la pénombre. Je distingue une sorte de fissure dans le mur d'en face... Non ! C'est pas une fissure, mais une jointure ! La vache ! J'ai le cul bordé de nouilles ! J'ai été stoppé juste au dessus d'un palier : devant moi, en contrebas, des portes closes. J'attrape une grenade collante et la jette. Elle adhère à la paroi. Elle clignote, puis explose. J'ai juste le temps de présenter mon dos au feu d'artifice pour ne pas être blessé par les débris rougeoyants. Le fusil, toujours accroché au même endroit, me fait office de bouclier... Enfin presque. J'y laisse l'arrière de mon futal : un trou laisse à présent apparaitre mon calçeon à fleur. J'ai plusieurs coupures aux mollets, sans gravité. C'est toujours mieux que de crever là. Sans perdre une seconde, je me retourne. La lumière m'aveugle, mais j'ai pas trop milles solutions. Je prends appuis sur le mur derrière moi et me propulse. J’atterris sans aucune grâce sur le palier, toujours aveuglé. Je détache immédiatement le filin, récupère mon fusil et tente de joindre mes coéquipiers par radio. Elle est H.S. elle aussi. Je me rends aussi compte que j'ai lâché mon pistolet au moment de l'explosion. Fait chier !

Encore une mission de merde ! Putain, je les accumule ces derniers temps ! J'aurais mieux fait de retourner à la vie civile ! Je peste, seul, au milieu d'une station ennemi dont je ne connais pas l'architecture. Un bruit de soufflerie me fait soudain froid dans le dos. Je réalise l'impensable. Maintenant que la navette est en lambeaux, la cage d'ascenseur s'ouvre directement sur le vide spatial ! Une alarme résonne. Un capteur a dû détecter la dépressurisation. Si je me bouge pas le cul, je vais me retrouver coincé et y rester. Je m'élance et dévale le couloir au pas de course. Une porte se referme devant moi, descendant du plafond. Je me jette au dessous et roule. Elle touche le sol juste derrière moi. Je suis sauf, c'était moins une. Je me redresse, aux aguets.

J'avance. Un pas, puis deux, prudemment. J'entends toujours rien, mes oreilles siffles... Ca me fou les boules : il pourrait y avoir un troupeau de bantha qui me chargent dessus que je ne les entendraient pas venir.

Soudain je distingue une ombre mouvante, plus loin. Comme je suis encore géné par la luminosité crue, je réfléchis pas. De toute façon les trucs intellectuels ca n'a jamais été mon truc :

Je tire.
Lloyd Hope
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La route commerciale perlémienne était probablement devenue la plus intéressante au cours de ces derniers mois. Coincée entre l'Empire Sith et l'Espace Hutt, la mince branche Républicaine qui se faufilait jusqu'à Mon Calamari flirtait chaque jour avec le risque, et le commerce survivait au gré des rebondissements politiques de la galaxie. Et qui disait risque, disait argent à se faire !

Lloyd et son capitaine Mat' avaient vite compris l'intérêt de se rapprocher de cette zone : plusieurs mois après l'apparition de l'Empire et malgré les restrictions Républicaines, des articles de contrebande circulaient entre Empire, République et Espace Hutt, on ne savait trop comment. Lloyd supposait que les Hutts étaient largement responsables d'une telle facilité, et qu'ils arrosaient grassement quelques fonctionnaires républicains pour ne pas avoir de problème.

Les armes, en particulier, étaient de la marchandise de choix, qui se revendait à prix d'or soit à l'intérieur de l'Empire, soit côté République à proximité des frontières avec les Sith. Des armes, de toutes façons, ça se revendait toujours bien.
Le Soleil Vert, lui, n'avait pas vocation à tremper de ce genre de magouilles. Mat' était plutôt du genre à faire des trucs légaux, et Lloyd n'y voyait pas d'inconvénient particulier... Mais parfois, il fallait faire de petites exceptions. Surtout lorsqu'ils n'étaient pas les acheteurs ni les revendeurs, qu'il n'y avait pas trop de contrat ailleurs et que les prix étaient élevés pour une simple surveillance de cargaison.

C'était dans ce cadre qu'ils avaient rejoint une station désaffectée, située approximativement entre la Roue et Sy Myrth, un secteur que le mécano ne connaissait guère. Il n'était pas encore non plus trop près de l'Empire pour que ça le rendît nerveux, et il avait confiance en les capacités de Mat' pour leur négocier une bonne rémunération.

Tout s'était légèrement compliqué sur place, cependant... Et évidemment, Mat' était occupée à négocier dans le vaisseau de l’employeur, ce qui laissait Lloyd avec les pépins sur les bras. Il s'était retrouvé dans une salle dont les baies vitrées surplombaient un immense hangar. En contrebas, de la marchandise était entassée sur des centaines de mètres. Une véritable plate-forme commerciale... Clandestine et explosive. Mais pour le moment, Lloyd n'avait pas vraiment le temps d'admirer le paysage.

- C'étaient soixante-deux caisses,
s'agaçait-il en faisant des grands gestes avec les bras à l'attention du Gran qui semblait parler un Basic rudement approximatif.
- Quatre-vingt six, répéta obstinément l'extraterrestre en pointant le chargement du doigt. Quatre-vingt six sur le contrat.
- C'est impossible ! s'énerva Lloyd. On n'a tout simplement pas la place pour plus de soixante-dix caisses, on n'aurait jamais accepté un contrat comme ça. On a été payés pour soixante-deux caisses et on n'en embarquera pas une de plus !

Et évidemment, c'était Mat' qui était en possession du contrat, pas Lloyd ! Il lui démangeait d'attraper les protubérances qui servaient d'yeux aux Gran et d'en faire des nœuds pour lui clouer le bec.

- Pas de chargement partiel,
reprit l'extraterrestre sans se démonter. Quatre-vingt six ou zéro caisses !

Cette fois, ça y était ! Il allait lui écraser son poing dans la figure et...

- ALERTE CODE ROUGE. EVACUATION IMMINENTE. ALERTE CODE ROUGE.

La voix robotique avait coupé court à toutes les négociations sur les hangars au nord de la station. Des cris éclatèrent ici et là et Lloyd chercha des yeux l'anomalie. Rien dans ce hangar ne semblait être un danger imminent, mais il entendait "république" et "attaque" parmi les beuglements des contrebandiers dont certains couraient en tous sens, parfois armés. Une brusque confusion avait éclaté dans la station comme si une bulle de savon avait jusque là protégé Lloyd des remous de milliers de personnes en panique.
Lorsqu'il se retourna vers son interlocuteur, bien sûr, le Gran avait tout simplement disparu. Il avait pris la poudre d'escampette en laissant Lloyd dans la salle de réunion rudimentaire et sur le quai les quatre-vingt six caisses. Autant dire que Lloyd pouvait dire adieu à la marchandise, il n'aurait certainement pas le temps ni de trouver ses caisses dans ce vaste foutoir, ni de les embarquer ! De toute façon, si la République le coinçait, mieux valait pour lui qu'il ne se trimbalât pas des tonnes d'armes de contrebande...

Lloyd suivit le mouvement et s'échappa de la pièce lui aussi. Il lui fallait rejoindre le quai où était arrimé le Soleil Vert et il se maudit de n'avoir pas fait un peu plus attention aux couloirs qu'il avait emprunté pour venir jusqu'ici. Dans les allées métalliques, les humains et les extra-terrestres se bousculaient en tout sens, et leurs voix étaient parfois couvertes par d'étranges crissements et lointaines explosions. En un sens, le Hapan avait vaguement l'impression de revivre Flydon Maxima. Sauf que cette fois il n'avait que sa peau à sauver, ce serait un poil plus simple... a priori.

De mémoire, il parcourut au pas de course les couloirs qui le ramènerait vers le vaisseau de Mat'. Il fallait espérer que leur petit bijou ne soit pas endommagé dans l'affaire.
Peu à peu, les contrebandiers qu'il croisait se firent plus rares, et seules des alarmes accompagnaient sa course folle. Une voix dans les haut-parleurs annonçait parfois une dépressurisation dans un secteur de la station, parfois ordonnait la désactivation des portes automatiques d'autres zones. Des explosions se rapprochèrent. On entendit également des tirs - ce n'était donc pas une simple descente de vérification ; la République avait envoyé du lourd ! Même s'il arrivait à atteindre le vaisseau, comment ferait-il pour ne pas être détruit dès qu'il quitterait le quai ? Le Hapan chassa cette pensée désagréable : à chaque instant suffisait son problème, et retrouver sa route était vraiment le plus urgent !

Une explosion retentit. Un peu trop près. Lloyd ralentit le pas et entreprit de se mettre à vérifier à chaque angle de couloir où il allait s'engager. Mais il ne découvrit rien d'autre qu'une fumée noire qui s'accumulait aux plafonds. Voilà qui ne lui disait rien de bon ! Mais comme il ne croisait plus personne, il reprit de la vitesse...

Grave erreur : à quelques mètres, alors qu'il déboulait au pas de course à une intersection et interrompait momentanément sa course pour choisir sa prochaine direction, un tir de blaster siffla avant de lui érafler la cuisse, entaillant tissus et peau à la fois. Sans réfléchir, Lloyd se jeta dans la direction opposée pour mettre entre son assaillant et lui quelques épaisseurs de métal.

- Et merde ! grogna-t-il en sentant le sang chaud couler à l'intérieur de son pantalon. Y'a vraiment que des troufions de l'armée pour tirer dans le tas sans savoir qui est l'ennemi !

Fébrilement, il attrapa le blaster accroché à sa ceinture et l'arma avant de revenir à l'angle du couloir, sans risquer de se montrer. Evidemment, il fallait que l'ennemi ait décidé de se placer entre lui et son vaisseau. Il avait vraiment toujours une poisse monumentale !

Il se pencha brièvement et arrosa le couloir de plusieurs salves de tir de blaster. La fumée l'empêchait de bien voir sur qui il tirait. Il fallait espérer qu'ils étaient au moins pas trop nombreux. Pourquoi ne prenait-il pas les précautions de Jake, qui se baladait toujours avec une ou deux grenades sur lui ? A moins que... !

Lloyd rebroussa chemin au pas de course. Il dut repasser dans la zone dangereuse où il s'était fait tirer dessus, mais il sprinta pour éviter d'être touché de nouveau. Puis il remonta le long d'un escalier qu'il pensait donner sur une zone de marchandise... Ils vendaient tous des armes ici, hein ? Il devrait pouvoir trouver de quoi occuper la République pendant quelques minutes le temps de se faufiler, alors !

Le Hapan s'engouffra dans une salle mal éclairée qui ressemblait à un entrepôt mal entretenu. Ici, encore des caisses. Des milliers de caisses.
Il zigzagua pour semer d'éventuels poursuivants et s'enfonça dans le labyrinthe créé par les colonnes de marchandises.
Korgan Kessel
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Je tire. Une salve de lasers s'échappe du canon de mon arme... Dans la précipitation, j'ai pas le temps de viser. Je crois faire mouche, mais l'autre ne bronche pas ! Il disparaît à l'autre extrémité du couloir en forme de « T ». Je peste... Au moins il risque pas de revenir celui-là. Je baisse ma garde et fronce des sourcils, l'air pensif. Ouais, c'est un truc dont j'ai pas vraiment l'habitude, c'est pour ça que j'ai l'air de souffrir.

J'me dis, trop tard, que j'ai peut-être fait une connerie... J'sais même pas ce que je viens de canarder... Ami, ennemi, neutre ? Putain, fait chier... C'est tellement plus simple quand les opérations sont bien préparées. Là, franchement, c'est du grand n'importe quoi. J'me dis que de toute façon, vu où je me trouve, je risque pas de tomber sur un pote, à part ceux de mon escouade, s'il s'en sont tirés. Après ce que je viens de subir, j'ai pas tellement envie de faire dans la dentelle. Je tire d'abord et je réfléchis après. C'est bien mieux que l'inverse. De toute manière, un mec qui se carapate comme ça... C'est forcément qu'il à un truc à se reprocher non ? C'est nous les gentils, hein... Faut pas inverser les rôles.

Gentil ouais, mais un gentil complètement paumé. Je soupire... J'fais quoi maintenant ? Je sais même pas où je dois aller... Je fais un pas... Lorsque je capte un mouvement, droit devant. J'ai même pas le temps de lever mon arme !

« Enfoir... »

Pas le temps de terminer cette phrase poétique. Je me jette au sol. Plusieurs lasers me passent juste au dessus de la tête, putain ça sent le roussi, au sens propre ! Par chance, l'éclairage est pourrave, et la fumée des explosions n'arrange en rien la visibilité. Il tire forcément à l'aveugle, sans quoi il m'aurait déjà troué la peau ! Et pas qu'une fois.... Fort de cette réflexion, je roule sur le coté, jusqu'à la cloison. Je préfère éviter de rester en plein milieu. Allongé sur le ventre, j'épaule mon arme... A ton tour de goutter à mes bastos, mon coco ! Mais au moment ou j'écrase la détente, je le vois qui file ! L'enculé ! Je le rate.

« Reviens ici, espèce de... »

D'un bond, j'me redresse et lui emboîte le pas... Au pas de course. Il va le payer ! J'ai pas fait deux mouvements que je grimace de douleur... Mon épaule me lance, j'ai pas besoin de tourner la tête pour piger qu'un moins un de ses tirs à fait mouche. Mon armure a absorbé une partie de l’énergie... Mais j'ose pas imaginer la gueule de mes chairs là dessous, dans le genre bouillie informe à moitié carbonisée... Mais c'est rien par rapport à ce que je vais lui faire si je le rattrape...

Je vire à gauche, sur ses talons, juste le temps de voir son ombre disparaître à l'intersection suivante. Je lève mon arme et tire. Aucune chance de le toucher, mais au moins il sait que je suis juste derrière lui. Je lui fou la pression. Pas par plaisir, mais pour le pousser à commettre une erreur. Je fonce à nouveau, tourne dans le même couloir... Pour me retrouver nez-à-nez avec un escalier métallique. Il monte, je monte. Sans ralentir, je lève les yeux et distingue ses semelles un palier plus haut. Je tire encore, toujours sans succès. Je sens que mes tirs le pertube... Je vais le rattraper !

J’accélère encore... Les marches : je les bouffe pas quatre par quatre, mais six par six. J'ai rarement couru aussi vite. Ma respiration fait autant de bruits que mes bottes qui claquent sur le métal à chaque pas. Mes muscles sont en feu. J'ai qu'une chose ne tête : le chopper, et lui faire regretter d'être venu au monde. J'arrive au palier suivant. Instant d'hésitation. Je tends l’oreille : pas un bruit. Il est forcément passé par là. Dans le cas contraire, je l'entendrais encore monter. Je fonce, droit devant... Mais au bout d'une dizaine de mètres, je stoppe ma course, net. Surpris. J'ouvre de grands yeux, bouche bée, complètement essoufflé.

La vache ! C'est quoi tout ce bordel ? On dirait une sorte d’entrepôt. Des caisses partout, empilées les unes sur les autres. Un vrai labyrinthe... Ici comme ailleurs, l'éclairage date d'un autre age, on n'y vois pas grand chose. Je grimasse. Ça pue le piège à plein nez ! Aussitôt cette réflexion faite, je me jette derrière la première caisse à porté. J'suis pas assez con pour me faire canarder une seconde fois en moins de cinq minutes ! Prudent, je passe juste la tête, derrière le viseur de mon arme. J'hésite. Plutôt crever que faire demi-tour. Je soupire. En plus faut que j'arrive à chopper un gars capable de me dire où est l'ordinateur central de la station. Putain, j'ai pas le choix...

Quelque chose bouge ! Entre ceux caisses, une ombre. Je réfléchi toujours pas. Je tire. Mais, a peine ai-je écrasé la détente que je me rends compte de ma putain d'erreur...

Comme au ralenti, j'vois les lasers verts fendre l'air avant d'éventrer une caisse en bois portant un énorme logo « matière explosive ». Je vous laisse imaginer la suite : elle explose.

La déflagration est monumentale. J'ai beau être derrière une caisse, je la prends en pleine gueule. Je suis catapulté en arrière. Je m'éclate contre une paroi derrière. Le choc est si violent que j'en ai le souffle coupé. Je tombe à genou, désorienté. Un terrifiant grondement me fait aussitôt froid dans le dos... Non pas un grondement, plutôt une succession et juxtapositions de craquements. Je relève les yeux : la pile de caisse derrière laquelle je me planquais vacille dans ma direction. Putain de... Pas le temps de terminer cette pensée. Je me relève et me jette sur le coté. L'instant suivant, dans un barouf apocalyptique, plusieurs centaines de tonnes de métal s'écrasent là où je me trouvais...

Je réalise alors que le chaos est loin d'être terminé. L'amoncellement de caisses en tout genre vient de se transformer en un véritable jeu de domino, risquant d'écraser tout ce qui se trouve au dessous... Et même plus.

Un craquement encore plus impressionnant que les autres me fait grincer des dents. J'suis encore à quatre pattes, cherchant à me redresser... Lorsque le sol se dérobe alors sous mes pieds. Je suis déséquilibré, je bascule, roule, me cogne la tête, m’érafle en de multiples endroits sur les débris coupants.

Lorsque ma dégringolade s'arrête, la station semble soudain être plongée dans un silence morbide. Je suis à demi-enseveli, sonné, la tête qui tourne. J'ai mal partout. Qu'est-ce qui... J'y vois rien, noir total : les plombs ont sautés... D'un geste colérique, je me dégage comme je peux. Je porte la main à ma cuisse. Dans une poche, j'ai toujours deux ou trois torches. J'en récupère une, l'allume, et la balance le plus loin possible. Elle décrit une magnifique parabole au dessus de ma tête...

Non... Pas possible...

La lumière rougeoyante révèle un énorme trou béant. Je pige alors ce qui vient de se passer : sous le poids des caisses, et probablement fragilité par l'explosion, le sol a cédé... Tout comme celui du niveau au-dessous, et celui d'encore au-dessous... A vu de nez, on a du traverser, quelque chose comme trois ou quatre niveaux... J'y crois pas. J'ai du bol de m'en tirer qu'avec quelques égratignures ! La torche retombe un peu plus loin, éclairant brièvement le champ de débris qui m'entoure. Puis s'éteint. Noir total. Silence total.

Je me redresse prudemment... Qu'est-ce que... Il me faut plusieurs secondes pour me rappeler ce que je viens foutre ici. Mon arme ! Où est-elle merde ? Je tombe à genou et tâtonne autour de moi... Au passage je récolte d'autres coupures. Rien. Elle n'est pas là. Merde, merde, merde. Par désespoir, je tente d'allumer ma radio. Toujours hors-service. Bon... Faut voir le bon coté des choses... Ça risque pas d'être pire...

ALERTE DE NIVEAU 3 ! ALERTE DE NIVEAU 3 ! DEFAILLANCE DES SYSTEMES DE SURVIE. ALLUMAGE DE L'ECLAIRAGE DE SECOURS. ATTENTION, COUPURE DE LA GRAVITE ARTIFICELLE DANS 3... 2...

Comme quoi... Faut jamais dire jamais... J'ai même plus la force de pester... Je suis dépité. Complètement dépité. En même temps, j'me dis... Avec tout ce que je viens connement de faire exploser, j'ai que ce que je mérite...
Lloyd Hope
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Spoiler:


Lloyd ne courait plus, il volait littéralement. Dans la précipitation, il se mangea bruyamment le coin d'une ou deux caisses mais continua à zigzaguer à toutes jambes sans se retourner. C'était qu'il avait entendu des lasers siffler à quelques centimètres à plusieurs reprises ! Mais merde, pourquoi est-ce que la République lui en voulait à lui tout personnellement ?! Bon ok, elle avait quelques petites raisons valables, mais de là à transpercer une station spatiale et à se mettre à lui courir après pour lui trouer la peau comme s'il était l'ennemi numéro un de la République, ils exagéraient un peu quand même !

Lui traversa l'esprit qu'il n'en savait rien, si c'était vraiment la République. Ce pouvait tout autant être l'Empire qui venait faire le plein d'armes sans traçabilité, ou même des Hutts - ceux sans poncho, les moins hologéniques - venus régler quelques comptes avec le patron de la station, et dans ce cas ils avaient tout simplement décidé d'exterminer tout le monde. Peu importait la raison, au fond : il était sacrément mal barré.

Lloyd réalisait brusquement le propre bruit de ses bottes et de sa respiration haletante l'empêchait de percevoir les sons produits par ses poursuivants. S'ils tiraient dans le tas, il les imaginait mal être d'une discrétion irréaprochable. Lui, avec son entraînement de Sith, avait peut-être une chance minuscule de les battre à ce jeu-là. Le Hapan s'astreignit donc au silence. Mais l'air lui brûlait les bronches tandis qu'il essayait de respirer sans bruit. Il poursuivit sa course à pas de loup, essayant d'être imprévisible quant au chemin choisi.

Visiblement, l'adversaire avait décidé de la fermer lui aussi. Impossible de le localiser... Les minutes s'égrenèrent, lancinantes. Lloyd n'osait croire qu'ils avaient abandonné la chasse. En plus, il ne trouvait aucune autre issue que par celle où il était entrée. Il était fait comme un gizka, à moins qu'il n'arrivât à ruser...

Lentement, il retourna, en empruntant prudemment d'autres chemins, vers l'entrée de l'entrepôt. A chaque angle, il écoutait, vérifiait qu'aucune silhouette ne se découpait sous le mauvais éclairage, avant de trottiner sans bruit vers l'angle suivant. Mais merde, où est-ce qu'ils étaient passés ?!

Il perçut le canon rond de l'ennemi beaucoup trop tard : il était déjà engagé dans l'allée lorsqu'il réalisa qu'il était en ligne de mire. Sans réfléchir, Lloyd plongea de côté pour se mettre à l'abri, momentanément fier d'avoir su éviter le tir. L'instant suivant, il regrettait presque n'avoir pas personnellement recueilli le trait laser.

Ah, il voulait de la lumière et une bonne diversion ? S'il existait un Dieu dans cette galaxie, il l'avait entendu ! La déflagration éclaira superbement de multiples débris volant de toute part pendant que Lloyd fut projeté contre un mur. il eut à peine le temps de mettre les mains devant pour ne pas se fendre le crâne contre la paroi de métal. Il glissa contre elle, douloureusement égaré, cherchant à tâtons son arme qu'il avait perdu sous l'effet de la surprise. Une chaleur et une odeur de plastique fondu lui léchait le visage tandis qu'à quatre pattes, il cherchait son blaster autour de lui. Il posait les yeux dessus quand un nouveau grondement l'alerta que ce n'était pas fini : à quelques mètres de là, une grande pile de caisses s'effondrait avec fracas. Lloyd pensa un bref instant que c'était le moment idéal pour prendre la poudre d'escampette, et il attrapa son blaster en se relevant. Il pensait courir pour s'éloigner le plus possible de la position où on avait failli lui trouer la peau lorsque plusieurs colonnes de caisses, vacillantes, se mirent à s'effondrer elles aussi.

Cette fois, il ne put retenir un cri de surprise lorsque interrompant sa course et freinant des quatre fers, il manqua de se faire écraser sous les débris de métal.

Débris ? Non ! Des armes ! Tellement d'armes ! Le paradis de la contrebande s'étalait devant ses pieds ! Lloyd n'avait plus qu'à se servir et à canarder tout ce qui...

Nouveau craquement déchirant l'air, et les armes commencèrent à glisser devant lui, comme si un trou les aspirait sous le sol. Il ne comprenait plus rien. Les explosions et l'effondrement, est-ce que ça avait pu causer une faille dans le sol de ce niveau ? Sous l'effet du poids que contenait le niveau, le sol de métal sembla brusquement céder, se déchirant en de multiples endroits tandis que Lloyd battait l'air des bras dans l'espoir de se raccrocher à quelque chose. Mais il ne trouva rien et l'instant suivaint, il sentit la pente du sol trop élevée pour tenir debout. Il fut entraîné dans une chute sur quelques mètres, au milieu de flingues flambant neufs. Lorsqu'il atterit parmi elle sur des débris inégaux, il eut la pensée folle qu'à tout instant une détente pouvait être pressé et lui griller la cervelle - mais non, les armes se vendaient toujours déchargées, les munitions à part. Il avait même été bête de penser pouvoir sans servir si facilement.

Les lumières avaient cédé, elles aussi, et il se retrouvait enseveli dans une obscurité fumeuse. Sa cheville avait été tordue à un moment donné, un de ses bras s'était rapé de tout son long contre du métal tranchant et il sentait aussi une douleur au-dessus de l'oreille, probablement un coup qu'il avait pris dans sa chute. Il tenta de se dégager de la montagne de métal mais le bruit qu'il faisait dans ce silence morbide lui faisait l'effet d'une alarme hurlant "l'intrus est là !" alors même qu'il ne savait guère si les républicains avaient survécu.

Et puis, dans l'obscurité, une lueur rouge s'alluma soudain à une petite trentaine de mètres en contrebas. Lloyd afficha des yeux ronds comme des planètes tandis qu'il réalisait : l'ennemi aussi avait survécu, et il signalait sa position encore mieux que lui, en utilisant une torche de secours. Il était con ou... Il pouvait le dégommer, là tout de suite !

... S'il avait su où était son blaster. Il n'avait aucune chance de le retrouver dans ce foutoir. Il avait bien son sabre laser mais... et ses pouvoirs de force... oui, il lui suffirait d'absorber la vie de ce pauvre malheureux qui ne saurait même pas ce qui était en train de lui arriver...

Pendant l'hésitation de Lloyd, la torche s'éteignit, mais il garda son regard braqué dans la direction. Puis la voix retentit de nouveau : systèmes de survie en danger ? Voilà qui était encore moins que tout ce qui s'était passé jusqu'ici !

L'éclairage de secours, blanc et par endroits aveuglants, se déclencha dans une série de "clac!" sonores. Lloyd resta immobile, espérant naïvement se fondre dans la montagne de métal si jamais l'ennemi tournait la tête dans sa direction. Les yeux du Hapan roulaient dans leurs orbites tandis qu'il espérait apercevoir quelque part son petit blaster. Le retrouverait-il jamais ? Il y avait bien là d'énormes fusils à énergie, mais sans munition, il ne servait totalement à rien. Quant au républicain en armure, il y avait fort à parier qu'il avait des armes de secours dissimulées dans son armure ! Sa seule chance était d'arriver à le prendre de vitesse...

Se décidant brusquement, Lloyd dégagea ses jambes avec fracas. Sa cheville le faisait souffrir le martyr mais il l'ignora. Dès qu'il fut à peu près libéré, il se jeta dans la direction du militaire et dévala les quelques mètres qui les séparaient dans un mélange de course sautillante et de glissades qui auraient pu être fort comiques si leur situation n'avait pas été critique. Dès qu'il fut à portée, le Hapan se jeta sur le Républicain, lui enfonçant avec un rugissement de guerre son casque sur le crâne pour le gêner et s'attachant ensuite à lui arracher ce qu'il avait dans les mains sans regarder ce dont il s'agissait.

- Ah tu m'as cherché, pauv'con ! Ben tu m'as trouvé maint'nant !
lui cracha-t-il à la figure, comme pour se donner le courage du désespoir.

Il avait pourtant peu de chances de sortir indemne du corps à corps, il s'en rendait compte maintenant qu'il réalisait comment l'armure du militaire était épaisse et ne lui permettrait ni de lui enfoncer un bout de métal tranchant dans la gorge, ni de lui tordre le cou. Mais ils ne se débattirent que quelques secondes : les débris se murent à nouveau subitement sous leurs pieds, et Lloyd perdit l'équilibre. Il s'accrocha sans réfléchir à l'armure du militaire qui fut entraîné dans la chute.

Comme un couple d'insectes forniquant, ils dévalèrent la montagne de métal, cahotant et vrillant. A un moment, Lloyd sentit le casque du républicain lui percuter le front (volontairement ou non ?) et il se demanda s'il n'allait pas perdre conscience sous l'effet de la douleur. Mais ce monde tournoyant lui donnait plutôt la nausée. Lloyd songea momentanément que si le républicain lui survivait, il espérait au moins avant de mourir pouvoir lui dégueulasser son armure un peu trop rutilante à son goût par un mets des plus odorants. Sincère et sans rancune.
Korgan Kessel
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Je me redresse, titubant. Gout de sang dans la bouche... Je crache des glaires cramoisies. Mes muscles me lancent. Je retire mon casque et laisse tomber mollement à mes pieds. Je chancelle, ma vision se trouble. Quelque chose m'aveugle... Un filet de sang dégouline d'une plaie sur mon front. Je l'essuie d'un revers de main.

« Tu vas regretter d'être né mon pote... »

Mes poings se referment sur le col de l’abruti qui m'a sauté dessus. Il ne se défend pas, sonné. Je grimace et serre les dents. En temps normal je l'aurais soulevé d'un seul bras, comme un gros sac à merde. Mais là, même des deux, j'en chie. Mon armure est en miette, perforée, arrachée, brûlées en des dizaines d'endroits. Partout où ma chair est à nue, des plaies sanguinolentes tâche mon uniforme. Je suis dans un de ces états...

Et tout ça à cause de ce connard de première ! Putain, j'étais jamais tombé sur un barge comme lui ! Il aurait pu lâcher l'affaire, hein ! Mais non ! Ce con me saute dessus ! Putain, on aurait pu y rester tous les deux ! Sérieux ça sert à quoi ? Quel con ! Complètement suicidaire le mec ! J'y crois pas !

Je le soulève du sol, poids mort, jusqu'à ce que sa tête arrive au niveau de mes épaules. Sans casque, la chute l'a complètement sonné. Vu de l'extérieur on doit avoir l'air plus que pathétique, tous les deux, couverts de coupures... Quand je me serai occupé de son cas, même sa mère devra faire test ADN pour le reconnaître...


ATTENTION : COUPURE DE LA GRATIVE ARTICIELLE !


Le sol de dérobe sous mes pieds ! La station se met à tournoyer... Je perds tous mes repères. Mon estomac se noue... Il me faut plus d'une seconde pour piger...

Gravité zéro !

Autour de nous, l'anarchie est totale. Des armes, des débris, des caisses énormes flottent partout, s'entrechoquent, dégueulant leur contenu qui part en vrille dans toutes les directions. Par réflexe, je m'agrippe encore plus fort à l'autre abruti. Je peste. Tout ça c'est de sa faute ! Putain, je vais me le faire... Je vais me le... Mon sang ne fait qu'un tour : je frappe.

Un coup de boule suivi d'un coup de genou dans l'estomac. Je lui crache au visage. Je le tiens fermement, à m'en faire blanchir les phalanges. Notre course devient chaotiques, le tournoiement frénétique. Tout s’accélère. Tout tourne trop vite, le sol, les murs, le plafonds. Des objets en tout genre nous percutent de plus en plus violemment, mais je ne lâche rien. Un coup de poing, un deuxième. J'y mets toute ma hargne... Lorsque soudain, quelque chose me cogne à l'arrière du crâne. Le choc me sonne. Je lâche mon punching-ball. Nous sommes catapultés loin l'un de l'autre.

Mon crane bourdonne. Tout tourne trop vite, je ne comprends plus rien. Quelque chose se rapproche... Une cloison ?! Mon épaule la percute de plein fouet, puis tout le reste de mon corps. Je gerbe du sang.


ATTENTION REACTIVATION DE LA GRAVITE ARTIFICIELLE DANS TRENTE SECONDES


Je lève les yeux. Des caisses de centaines de tonnes flottent partout au dessus. J'ai pas besoin de faire des calculs savants pour comprendre ce qui va se passer si la gravité est réactivée... Putain, c'est la merde ! Je dois sortir de là !

Je m’apprête à me propulser en prenant appuie sur la cloison lorsque j'ai hésite. Mon regard se pose sur le connard qui flotte, visiblement inconscient, un peu plus loin. Putain, je peux pas le laisser là ! Ok, il m'a tiré dessus l'enflure... Mais moi aussi, non ? En plus j'ai besoin d'info pou terminer cette mission... J'peux pas laisser crever mon unique chance d'en avoir ! Je bande les muscles de mes jambes... Et me propulse dans sa direction. Lancé à pleine vitesse, je l'attrape in extremis. Incapable de changer de direction, je m'éclate comme une merde sur une caisse en bois qui s’éventre sous le choc. A l'intérieur des mines soniques...


ATTENTION REACTIVATION DE LA GRAVITE ARTIFICIELLE DANS DIX SECONDES


Y'a plus le temps. J'ai pas le choix... Je dois improviser... Mon cerveau se déconnecte, mode réflexe :

Je choppe l'une des mines et l'active. Je la balance de toutes mes forces. Elle explose. Le souffle nous catapulte comme une balle dans le canon d'un révolver. La chaleur du souffle me brûle la peau du visage et les sourcils.


ATTENTION REACTIVATION DE LA GRAVITE ARTIFICIELLE DANS TROIS... DEUX... UN... REACTIVATION !


Là, c'est le drame. Notre belle course rectiligne vire à la parabole alors que la pesanteur reprend ses droits. Dans un fracas indescriptible, des centaines de tonnes de matériels s'écrasent en sol, dévalent les pentes des ponts arrachés. Paniqué, je cherche à m'agripper à la première chose qui passe, avant de retomber lourdement...

Et c'est comme ça, que l'instant suivant, je me suis retrouvé suspendu dans le vide. La main droite crispée sur un morceau de tuyauterie... La main gauche toujours solidement refermée sur le col de mon adversaire, en dessous de moi. Crissement métallique. Je descend d'un coup de plusieurs centimètres... Je pige que le tuyau va pas tenir bien longtemps, surtout avec nos deux poids... Putain de merde ! Trop bon, trop con ! J'aurais mieux fait de me tirer alors que j'en avais encore le temps ! Nouveau crissement, je descend encore. Merde, merde, merde...

Je regarde, impuissant, le vide sous mes pieds ballants. Y'a quatre ponts éventrés. Ça représente une chute de plus de vingt mètres... Dit comme ça, c'est peut sembler pas énorme... Mais vu d'ici... Surtout avec tous ces débris aussi coupants que de lames de rasoirs... Je pourrais essayer de chopper mon grappin magnétique dans mon dos, mais pour ça, faudrait que je lâche l'autre type... Je lui laisse une ultime chance : je le secoue :

« Réveille toi putain ! Déconne pas mec, j't'ai pas cogné aussi fort ! »
Lloyd Hope
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Les explosions, le sang, les coups… Tout ça, ça n’avait certainement été qu’un vilain cauchemar. D’ailleurs, Lloyd se sentait flotter dans son sommeil. S’il n’avait pas eu cette drôle de nausée, il se serait senti bien, dans sa réalité, loin de son mauvais rêve. Bientôt, Mat’ allait le réveiller car il serait temps d’atterrir quelque part. A moins que ce ne soit pour un petit câlin sur leur couchette étroite et…

- OUMPF !


PUTAIN DE CAUCHEMAR A LA CON ! Lloyd ne savait pas s’il avait plus mal au visage qu’au ventre, mais en tout cas son estomac avait crié défaite. Il avait un drôle de goût dans la bouche, et devant ses yeux flottait un étrange amas de…

Lloyd lâcha un cri en apercevant la tête ensanglantée du type qui se tenait derrière son nuage de vomis. L’autre avait l’air de lui en vouloir à mort. Ils se débattirent maladroitement, peu efficacement dans leur flottement incongru. Pourquoi est-ce qu’ils flottaient, au juste ?! Bon sang, il avait loupé quelque chose, se fustigea le Hapan en essayant tant bien que mal d’éviter de nouveaux coups de la brute qui s’agrippait à lui. Mais sa tête lui tournait qu’il sentait qu’il allait de nouveau sombrer. Et puis il vit arriver le gros morceau de métal sur l’arrière du crâne du militaire et se dit que le sort déciderait de qui vivrait ou ne vivrait pas.

- Réveille-toi putain ! Déconne pas mec, j’t’ai pas cogné aussi fort !

- Hein ?

L’étau qui lui étreignait la poitrine était douloureux, et en rouvrant les yeux – une vision floue qu’il n’arrivait pas à interpréter – il porta ses mains au métal sur son torse. Mais c’était… un bras !
Lloyd revint à lui dans un brusque sursaut. Ce qui eut pour effet de faire plier un peu plus la tuyauterie au-dessus d’eux.

- MAIS AH ! QU’EST-CE QU’ON FOUT LA !
beugla-t-il, effrayé.

Le Hapan se concentra un bref instant sur sa respiration. Allons, allons, la Force pourrait peut-être lui permettre d’amortir le choc. Mais il avait à peine l’énergie de se cramponner à ce bras en armure – terriblement glissant, pourrait-il réellement recourir à ses pouvoirs ? Mieux valait pas trop y compter…
Lloyd leva les yeux au-dessus de lui. Le type était pas dans un super état, lui non plus. Mais il était bien rembourré. Eventuellement, si Lloyd s’arrangeait pour qu’il tombe sous lui, il amortirait un peu le choc. Bon c’était pas très sympa, mais quand il s’agissait de vivre…
Hé mais, pourquoi le tenait-il au juste, alors qu’il essayait par tous les moyens de le buter quelques minutes plus tôt ?

- Dis donc, t’as changé d’avis ? J’ai cru comprendre que tu voulais ma peau y’a deux minutes, mais j’ai p’t’être mal interprété, hein !

Ok, c’était pas tout à fait le moment de faire de l’ironie. Jake avait eu cette drôle d’influence sur lui d’essayer de faire de l’humour dans les pires moments. Sauf que là, il n’avait pas envie de rire. C’étaient ces abrutis de Républicains qui les avaient mis dans un pétrin pareil, à eux de les en tirer, maintenant ! Sauf que quand il s’agissait de compter sur la République… Lloyd avait déjà suffisamment été déçu pour savoir qu’il fallait pas mettre sa vie entre leurs mains !

- Bon alors, primo, tu lâches pas ton tuyau. Deuxio, je vais essayer de… grimper. Alors tu te tiens tranquille.

Plus facile à dire qu’à faire ! Pourquoi est-ce que leurs armures étaient si glissantes, au juste ? Il avait l’impression de s’agripper à un savon ! La rotation fut délicate, déjà, car il fallait qu’il soit ventre contre le militaire et non dos contre lui. Il s’aida de ses pieds et de ses mains, douuucement… Et à chaque mouvement le tuyau grinçait un peu plus fort. Lloyd craignait de le voir céder trop vite… Il eut encore l’envie d’utiliser la Force, mais il serait grillé et peut-être fiché par la République alors… Mais bon, mourir anonyme, c’était complètement con, aussi.

Lloyd se trouva bientôt la tête à la hauteur de l’épaule du type. Le visage si proche qu’il sentait l’odeur du sang qui commençait à sécher, et celle de la transpiration sous les couches protectrices du militaire.
Le face à face – littéral – ne dura heureusement guère longtemps. A tâtons, et suivant les indications du républicain, Lloyd parvint à décrocher le grappin. Voilà. Maintenant, il suffisait de l’activer et de le lancer adroitement à une poutre solide près d’eux.

Lloyd visa, mais la fatigue et le sang lui troublait ses perceptions. Parfois, la poutre se dédoublait. Bon. Ils n’étaient plus à une minute près, autant prendre son temps…

- Un… deux… TROIS !


Lloyd pressa le bouton et le grappin partit comme une flèche.


(Jet de dextérité pour bien viser !)
(RÉUSSI !)
Le Masque de la Force
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Korgan Kessel
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Le grappin : le meilleur ami du soldat. Faut croire qu'à chaque fois qu'un truc merde, que ça dégénère, que je passe à deux doigts d'y laisser ma peau... Ce machin me sauve les miches. Enfin, cette fois c'est pas le mien, mais celui de l'autre abruti que j'ai coursé comme un débile. A se demander lequel est le plus con des deux. Le con, ou le con qui le suit ? Une phrase philosophique qu'aurait pu sortir un vieux ermite Jedi.

Je laisse le type me grimper dessus. Une sensation qui me donne envie de lui bourrer le pif à grand coup de bottes. Mais je serre les dents et je reste calme. Il en chie, et c'est compréhensif. Nos armures de combat n'ont jamais été conçues pour ce genre de truc, au contraire même... Elles sont plutôt faites pour réduire les prises possibles au corps à corps...

« Putain dépêche toi ! »

Je lâche ça entre mes lèvres. Bah ouais merde ! Il pourrait se bouger son cul ! J'suis presque à bout de force... Je vais pas tenir encore très longtemps... Enfin il tire. La pointe du grappin se fiche dans une large poutre à quelques mètres. J'vois aussitôt où il veut en venir, et je prends immédiatement les choses en mains. Dans un ultime effort, je choppe de ma seconde main le filin, et lâche tout le reste. La gravité fait le reste.

Suspendus comme des araignées à notre fil, on décrit un superbe arc de cercle. J'ai déjà fais ça plus d'une fois, à l’entraînement. Je tends les jambes, en avant, pour nous donner plus de vitesse... Faudrait pas qu'on loupe l'objectif hein ! Je passe mon bras autour de la taille de l'autre abruti, pour lui bien faire comprendre qui commande. De toute manière il a pas trop le choix. J'suis bien plus lourd que lui, il aurait aucun moyen de nous porter tous les deux. Et puis... J'ai pas tellement envie qu'il se fasse la malle le saligot, j'ai sué eau et sang pour le chopper celui là ! Et j'sais toujours pas qui il est et ce qu'il fou là !

Enfin, la vitesse nous propulse jusqu'à une ouverture béante. La porte par laquelle on est entré dans cette connerie d'entrepôt avant que tout se mette à nous tomber sur la gueule... Je lâche le filin et ressert ma poigne sur mon prisonnier. On décolle. Un magnifique vol plané. Mes pieds touchent le sol, on bascule en avant, je fais une roulade... Et me réceptionne sur les genoux. Je peux enfin souffler ! Retour pratiquement à la case départ. Mais au lieu d'apprécier l'instant, je me redresse et me retourne, face à l'autre type :

« T'es en état d'arrestation mon pote. Et cherche même pas à te défendre cette fois, sinon je te garantis que tu vas avoir des problèmes. T'es qu'une enflure, inverse pas les rôles ! J'suis du bon coté de la barrière moi. Le seul y'a essayé de tuer l'autre c'est toi mec ! Moi j'visais que les jambes hein. De toute façon, quand je vois un type qui court pour essayer de se barrer alors que les forces armées sont là pour ramener l'ordre, j'me dis que le type est pas net ! »

Logique imparable ! Dans tes dents minus !

« J'sais pas qui t'es, et j'en ai rien à foutre. Mais ta seule chance de t'en tirer, c'est de coopérer. Il se passe ici des trafics à la con... Et je compte bien y mettre un terme. T'as cas commencer par me raconter ce que tu sais de cette putain de station... »
Lloyd Hope
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Leurs acrobaties aériennes semblèrent s’éterniser, mais Lloyd s’accrochait avec ferveur à la fois au cordon et à la fois à l’armure de son compagnon de mésaventure. Il fallait dire qu’il n’avait vraiment pas envie de mourir connement dans les bras d’un soldat républicain sans cervelle. Le type le maintenait si fortement contre lui qu’il en avait du mal à respirer. Qu’est-ce qu’il croyait, qu’il allait s’envoler ?

Malheureusement, l’issue de leur rencontre semblait vouée à une seule fin : l’arrestation de Lloyd, au moins temporaire. Il ne pouvait décemment pas briser la nuque du soldat. Si jamais une caméra avait filmé leur artistique valse aérienne, il aurait l’armée républicaine aux fesses pendant un bon bout de temps. Et il n’avait vraiment pas besoin de ça en ce moment.

Leurs ébats prirent fin lorsque le soldat lâcha le filin et qu’ils s’écrasèrent lourdement dans l’entrée d’un couloir enfumé. Le militaire tomba à genoux tandis que Lloyd dérapa et tomba à plat ventre. Il jura lorsqu’il sentit que l’une de ses côtes avait très mal pris la chute. A moins que ce ne soit la poigne de l’autre lumière…
A peine avait-il roulé sur le dos en gémissant que le génie en question se met à beugler. A demi couché, Lloyd lève ses mains devant lui, paumes ouvertes pour montrer qu’il se rendait.

- T’es jamais fatigué, toi, hein ?

Lloyd se remit en position assise avant de se contorsionner pour se remettre debout sans utiliser ses mains, toujours offerte à son délicat interlocuteur. Quel connard.

- Viser les jambes ? Tu te fous de ma gueule, tu tirais au hasard, on n’y voyait que dalle !! Et quand y’a des types qui percent les murs de la station en menaçant de tout dépressuriser, effectivement je suis pas con, je file à la corellienne !

Le sang battait aux tempes du Hapan, la colère alimentant une bouffée de chaleur. Ses joues étaient encore roses de l’effort qu’ils avaient fourni pour se tirer d’affaire. Ils étaient en vie, et ça lui suffisait même pas, à cet imbécile ? Lloyd ouvrit la bouche pour expliciter plus clairement ce qu’il pensait de l’armée républicaine avant de la refermer aussitôt.
Non, il n’allait pas perdre son temps avec un balourd de cette trempe, quand même. A tous les coups, il se retrouverait sous les barreaux pour « lésion à la sensibilité d’un agent de la république » ou un truc du même acabit. Et là, il aurait tout gagné.
Lloyd ferma les yeux, laissa échapper un long soupir pour se maîtriser. Il ne voulait pas savoir qui il était ? Très bien, il n’avait pas spécialement envie de lui en parler de toute manière. Puis il rouvrit les yeux pour observer le soldat sous sa visière, en partie tâchée de sang. Son sang à *lui*, bordel. Cette brute lui avait défoncé le crâne. A quoi est-ce qu’il devait ressembler maintenant !
Tant bien que mal, il tâcha de se concentrer malgré tout sur le regard du soldat. Aucune lueur d’intelligence ne semblait briller au fond de ces petits yeux noirs récalcitrants. A moins que la perception de Lloyd ne fût quelque peu influencée par le mauvais départ que leur relation avait pris ? Bon. L’avantage avec les cons, c’est qu’il fallait pas avoir fait l’université d’Arkania pour les convaincre.

- Ok ok, je coopère, fit-il avec toute la bonne volonté du monde dans la voix. C’est une station où des marchandises de contrebande sont entreposées. Il s’y fait des transactions pas très nettes. Bon, de là à tout faire sauter, quand même…

C’est vrai quoi, ils auraient pas pu envoyer un huissier ? Avec l’Empire et tout le bordel, la République devenait complètement parano. Et pour que celui-là lui crée pas d’emmerdes et qu’il puisse récupérer son vaisseau, il allait falloir qu’il fasse preuve d’un peu d’honnêteté. Un peu seulement, faut pas déconner.

- Je suis juste un pilote d’une petite corvette moi, je suis venu pour voir si c’était intéressant. Mais bon, j’ai rien eu le temps d’embarquer !

La faute à ce fichu Gran qui avait voulu lui faire passer des vessies pour des lanternes. Au moins n’avait-il rien embarqué à bord. Pas de preuve, pas de procès, non ?
Il haussa les épaules, vaguement goguenard.

- Voilà, c’est tout ce que j’sais. J’peux y aller maintenant, chef ? Ou vous voulez qu’on saccage un peu mieux le reste de la station ?

Il n’avait pas pu s’empêcher de le railler un peu. Il sentait déjà qu’il allait le regretter.
Korgan Kessel
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« Ouais les jambes ! J'sais encore où je vise merde ! A moins que t'es les couilles au niveau des genoux, où que tu t'amuses à te carapater en faisant le poirier... Tu risquais pas grand chose mon pote : faudrait peut-être que tu penses à réfléchir de temps en temps hein ? »

Ca c'est de l'insulte ! Surtout venant d'un mec comme moi... Et toc, dans les dents le blanc bec ! T'as les boules, t'as les glandes... T'as les crottes de nez qui pendent ! Après ça, il cause, il passe aux aveux. Moi, bah, j'écoute. En fait, j'écoute que d'une oreille. En même temps que le pti con ouvre sa grande gueule, je me demande comment je vais sortir de là... Résumé de la situation : j'ai perdu contact avec mon escouade, avec le reste de la République. J'suis paumé en plein cœur d'une station ennemi qui part en lambeaux. Y'a qu'une chose qui est sûre : c'est que le commandant à merdé grave : nos fouines ont largement sous estimé les défenses de ces connards ! J'sais pas si c'est le coup d'indépendants, des impériaux, ou même des Hutts... Ça me fait une belle jambe ! La réalité est là, devant mes putains de yeux : cruelle comme une vieille pute. J'suis dans la merde. Seul, enfin presque. J'ai un abruti à gérer maintenant. Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire de lui... Je compte pas abandonner ma mission : sécuriser l'ordinateur central ! Si y'a une chance que mes gars s'en soient tirés, ils se regrouperont là bas.

« Au moins j'vois que t'es un type raisonnable mon pote ! Mais fait gaffe quand tu l'avoues hein... Faudrait pas te tromper de cible. Les méchants, c'est pas nous. Ouais, y'a des trucs louches qui se passent ici, nous on est juste venu rétablir l'ordre. Moi j'y peux rien si tes connards de copains ont ouvert le feu sur nous. C'est eux qui ont foutu la merde ici, inverse pas les rôles... Alors t'as deux solutions : Soit t'es avec moi, soit t'es contre moi... »

Moi ? Ouais j'suis BAC+4 diplomate. Faut pas déconner : J'suis un gars pragmatique. Je tortille jamais du coup pour chier droit. Quand on me dit fonce, j'avance en ligne droite. Ouais, c'est ma philosophie de vie. Alors, du coup, j'suis pas du genre à apprécier les surprises. Généralement, quand un type me dit « surprise !!! » je lui fou mon poing dans la gueule. Quand on est, comme moi, souvent sous le feu ennemi... On sait couvrir ses arrières... Pendant que je parle, je plonge discrétos la main gauche dans l'une des poches de ma ceinture tactique. Mes doigts se referment sur une paire de menottes. Des bonnes vieilles menottes mécaniques, comme ils savaient si bien en faire avant. Jamais rien trouvé de plus solide, et fiable. Je vais pas le rater le coco... Ami ou ennemi... J'ai pas le temps de me faire une opinion. Du coup, pas question de me prendre la tête avec ça. Surtout qu'il m'a finalement pas raconté grand chose...

[Jet de d'agilité, pour passer d'un geste vif et rapide, les menottes aux poignets de Lloyd - REUSSITE]

Le pauvre type ne voit pas le coup venir. Faut dire, ce geste, je le maîtrise à la perfection. C'est comme ça dans l'armée : quand on est pas sur le terrain, on passe ses journées à s’entraîner, à se perfectionner. Surtout que moi... Bah, j'suis pas du genre franchement sociable. J'préfère passer mes soirées à menotter des mannequins ou à leur tirer dessus plutôt que de faire la tournée des bars avec les autres. Bref, sans me vanter, j'suis un bon. C'est pas de la frime, c'est des centaines d'heures d’entraînement qui parlent.

Et toc, de ce geste vif et rapide, je referme la première des deux menottes sur son poignet le plus proche, le gauche. Il a même pas le temps de baisser les yeux ou de tourner la tête que la seconde se referme sur le mien.

Nous voilà menotter ensemble...

« Va pas te taper un vieux trip à la BDSM mon pote, t'es vraiment pas mon genre. »

Je lui lâche un petit sourire moqueur. Ouais, quand faut se la péter, je gère aussi.

« Voit ça comme une sorte... d'assurance : l'assurance que tu ne feras pas une connerie que tu regretteras quand j'aurais le dos tourné. Parce que bon... J't'ai déjà vu détaller comme un ptit lapinou une fois, j'compte pas que ça se reproduise. Pigé ? »

Voilà un problème de moins à gérer, maintenant il me reste plus qu'à...

Soudain, un bruit de course. Bottes qui claquent sans ménagement sur le duracier. Je lève les yeux. Mais j'ai pas le temps de faire autre chose. Alors que je m'étais déjà dit plus d'une fois que ça ne pouvait pas être pire... La situation dégénère encore. Trois silhouettes apparaissent à l'angle du couloir. J'suis pas raciste, enfin si quand même, mais voilà suffit de les voir pour comprendre : des putains de mercenaires non-humains. Ils déboulent comme des tarés, bifurquent dans notre direction, avant de s'arrêter net en nous voyant. Visiblement surpris. La seconde suivante, ils épaulent leur fusils et nous canardent ! Putain de merde ! Mes réflexes nous sauvent la vie : Je me jette sur le coté, emportant Lloyd avec moi, pour nous mettre à couvert dans une minuscule alcôve.

« Putain de... »

Les tirs pleuvent. Certains s'écrasent sur le mur juste au dessus de nos têtes. Des copeaux métalliques en fusion nous pleuvent dessus. Je parle même pas de l'odeur irritante de l'ozone surchauffé... Fait chier !

« Bouge pas... Je vais... »

Je plonge ma main dans ma ceinture tactique pour en ressortir en catastrophe avec la clé des menottes... Mais dans cette espace réduit, le moindre geste met une partie de mon corps à découvert. Et comme un con, quand je récupère la petit clé, j'écarte un peu trop la main... Un laser rouge me la fauche immédiatement ! Putain, mon sang ne fait qu'un tour. Je lâche un juron, et la secoue devant moi, contre ma poitrine. Elle fume encore. Par chance mes gants de combat ont absorbés l'énergie du tir. J'ai encore tous mes doigts, même si l'extrémité des gants ont fondus, révélant mes chairs rougies déjà cloquées. Bien-sur c'était ma main droite... Ma main directrice... Celle avec laquelle je tire d'habitude... Putain ! Et la clé ?! Vaporisée par la tir ! Merde ! Sérieux ?!

Les tirs ne s'arrêtent pas ! Ces connards vont découper les murs à coup de lasers pour pouvoir nous toucher ou quoi ?! Fait chier ! Je plonge ma main gauche, la seule valide, dans mon holster pour récupérer mon blaster. Menottée à celle de Lloyd, je grimace. Sa main passe à quelques centimètres de mes couilles. Ok, j'ai une coque bien épaisse dessus... Mais quand même... Je déteste cette soudaine proximité putain ! je peux presque senti son souffle chaud sur ma nuque... Je vais gerber ! Enfin, je choppe mon arme... Mais reste une seconde dubitatif. Plaqué contre le mur de l’alcôve, serré contre ce blanc bec, j'suis pas en position pour tirer de la main gauche, surtout avec la menotte dessus. Fait chier, j'ai pas le choix !

Je regarde mon compagnon d'infortune dans les yeux et lui colle l'arme dans sa main libre : la droite. Et lui dit :

« Joue pas au con, ou on est mort tous les deux. J'espère que tu sais viser mon pote... »
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Réussite de la mort qui tue !
Lloyd Hope
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Lloyd ouvrit grand la bouche et la referma. Pendant un bref instant, il crut que la Force lui faisait une farce. Mais non, le type était on ne peut plus sérieux. Le Hapan se mordit la lèvre pour ne pas rétorquer au militaire ce qu'il pensait de leurs capacités de leurs cerveaux respectifs. Il ne put toutefois s'empêcher de faire la grimace quant à la suite du discours du soldat.

- Rétablir l'ordre ?
répéta-t-il en affichant un étonnement surjoué. En démolissant tout ?

Ils avaient une drôle de façon de rétablir l'ordre, ces militaires ! Comment ils avaient fait au juste pour réussir à sauvegarder le traité avec l'Empire avec des zigotos pareils, on se le demandait ! Lloyd avait toujours les paumes de ses mains devant lui, et les agita quelque peu pour rappeler sa position au soldat. Il fallait lui expliquer tout doucement, c'était bien plus sûr.

- Moi ? Bien sûr que je suis avec toi ! Moi je veux juste pas qu'on m'troue la cervelle Si t'as pas l'intention de m'descendre, c'est bon, je suis avec toi.

Et voilà, le tour était joué ! Il allait sûrement le laisser partir mainten...

Ah non. Ni une, ni deux, le Hapan se retrouva avec le poignet gauche menotté. Il laissa échapper un énorme soupir.

- Mais hé ! Si je suis de ton côté, pourquoi tu me menottes !

Lloyd avait failli l'appeler « ducon » mais il se retint. A la place, il grimaça un sourire contrit pour répondre à la fine blague du soldat.

Brusquement, le son des bottes piétinantes parvint à leurs oreilles et Lloyd fit volte-face en se contorsionnant à cause de son poignet menotté. Des aliens lourdement armés... Par réflexe, Lloyd essaya de porter sa main à sa ceinture pour attraper son blaster mais ce fut un échec cuisant : d'une part il n'avait plus de blaster, et d'autre part le soldat plongeait déjà sur le côté. Lloyd sentit la menotte lui écorcher le poignet tandis qu'elle l'emportait dans une étroite alcôve, où il se ratatina sur le mercenaire en trébuchant.

- P'tain de...

Le son des tirs de blaster qui s'écrasaient autour d'eux étouffa son exclamation. Il se remit sur ses pieds avec difficulté. Pourquoi ce con de militaire avait-il attaché leurs deux mains gauches ?? Ils ne pouvaient même pas courir dans le même sens dans cette configuration !

- Faut changer d'main !
hurla-t-il pour couvrir les tirs. C'est pas possible comme ça !

Heureusement, pour une fois le soldat tâcha de faire preuve de lucidité. Lloyd sentit le soulagement dans sa poitrine lorsqu'il vit la clé s'élever et... qu'un tir de blaster la dégomma avec la main du militaire au passage. Mais merde, quelle poisse ! Paniqué, Lloyd se baissa pour chercher la clé des yeux à terre, mais il n'y en avait aucune trace. Où était c'te fichue...

De nouveaux tirs les frôlèrent et Lloyd se tassa de nouveau dans l'alcôve en jurant. Le plus flippant, c'était que le militaire avait une grosse armure : au pire, les tirs de blaster ricocheraient sur son casque ou son plastron. Mais si c'était lui qui prenait, il aurait juste un beau trou dans la peau. Il se serait bien mis derrière le militaire mais cet imbécile le forçait à se coller contre lui de face en farfouillant dans son holster. L'instant suivant, Lloyd se retrouva avec le blaster dans la main droite, côté coursive.

- HEIN ?! Lui hurla-t-il, furieux, en revenant se coller contre lui pour éviter de nouveau tir. Tu plaisantes là ? Je vais pas me faire griller pour toi mon pote, c'toi qui a l'armure et moi j'suis gaucher !!

Un tir de blaster frôla le dos de Lloyd, découpant son tshirt et brûlant la surface de sa peau. Le Hapan laissa échapper un cri de colère et de douleur, le blaster toujours levé dans la main. Il avait bien envie de riposter mais avec sa main droite, ce serait peine perdue. Alors entre deux tirs, il passa de l'autre côté du soldat en retenant son souffle. Maintenant, c'était lui qui était le plus prêt des assaillants, et le militaire n'allait sûrement pas apprécier son petit plan. Mais au moins auraient-ils une chance de toucher ces aliens !

- Accroupi !

Lloyd fit passer le blaster dans sa main gauche et, de sa main libre, poussa le militaire devant lui. L'instant suivant, il se plaçait derrière lui, penché au-dessus de son épaule. Leurs deux mains gauches se levèrent près de l'oreille du militaire quand il visa leurs adversaires.

Trois tirs successifs, un pour chacune des cibles.

[Trois jets de dextérité : deux ratés un réussi !]


Les deux premiers tirs frôlèrent les aliens sans les toucher. Le troisième reçut le tir dans la gorge et s'effondra aussitôt. Enragés, les deux premiers redoublèrent d'efforts pour les abattre. Lloyd et son partenaire replongèrent à l'abri de l'alcôve mais trop tard : un tir atteignit l'armure du soldat et un autre transperça l'épaule droite du Hapan, lui arrachant un cri de douleur. Il suffoqua en tenant sa position pour rester à l'abri, le blaster toujours à la main, pelotonné contre le militaire dont l'armure sentait désormais le roussi. Sans même le regarder, il sentait venir la consternation de son imbécile de partenaire.

- Mais merde c'pas ma faute, s'expliqua-t-il aussi sec en criant. J't'ai dit qu'j'étais qu'un pilote !

Mais en son for intérieur, il se maudissait. Ces années à faire le mécano, ça l'avait ramolli. Il ne tirait même plus correctement. Qu'il en rate un, ok, mais deux ?! Au moins, il n'avait pas grillé sa couverture. Le soldat aurait trouvé ça louche s'il avait fait un carton plein...

- Ecoute, on s'en sortira pas comme ça, elle est où cette putain d'clé ??

De nouveaux tirs de blasters les frôlèrent ricochèrent sur les parois de la coursive. L'épaule du Hapan le lançait, lui arrachant des grimaces de douleur. Mais le soldat allait le détacher, sûrement très vite. Elle avait dû tout simplement tomber, hein ? Là, quelque part...
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Korgan Kessel
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« Et moi j'suis droitier, put.... »

J'ai pas l'temps finir cette putain de phrase, qu'avec une rapidité de concertante, l'autre neuneu passe à l'acte. Je vois rien venir. Il me choppe par le bras, me fait sortir du couvert. Un tir frôle ma tête ! Si j'avais pas des années d’entraînement dans les guibolles, j'aurais sûrement refait la déco du fond de mon slip. Mais qu'est-ce que c'est que ce bor...

- Accroupi !

L'ordre est clair, le timbre de voix autoritaire. J'suis tellement perturbé par la manœuvre suicidaire que mon corps réagit bien avant mon esprit : mes jambes se plient, j'obéis. La seconde suivante, le blaster repose pratiquement sur mon épaule... D'autres tirs nous frôlent, l'un deux vient même s'écraser sur la plaque pectorale de mon armure. Une odeur de cramé mon remonte aux narines, mais j'ai pas l'loisir de baisser les yeux pour mater à quoi ça ressemble. J'suis là, comme face à une mort certaine... Putain, qu'est-ce que j'ai bien pu faire aux divinités de cette galaxie pour mériter pareil sort ?! Fait chier ! J'aurais jamais du courir après ce blanc bec !

Trois détonations. Si mon tympan gauche n'est pas crevé, c'est un miracle. Les trois lasers franchissent l'espace nous séparant de nos assaillants en une fraction de secondes. Deux ratent leur cible. Le troisième fait mouche. On aurait pu croire que la mort d'un de leur pote aurait fait réfléchir à deux fois ces débiles, mais non. Le répit est seulement d'une fraction de secondes. Roulement d'yeux. Leur pote est touché à la gorge. Rictus de colère... Et c'est reparti de plus belle. Mon super copain d'infortune et moi arrivons à la même conclusion instinctive : SAUVE QUI PEUT ! Tel un seul homme, en même temps y'a pas trop le choix vu les circonstances, on se jette comme deux grosses merdes sur le coté. Retour à la case départ. Sauf que cette fois une vive douleur m'arrache un gémissement. Je baisse les yeux. Putain de merde, un autre tir vient de m'atteindre. A la cuisse cette fois... C'est pas joli-joli à voir... Mais j'ai vu pire. L'en faut plus pour me faire peur, bien plus.

« Pilote hein ? C'est ça ouais... »

Ouais, c'est tout ce que je trouve à répondre. Je hurle pour me faire entendre.

« La clé, la clé... Putain t'es aveugle ou t'es demeuré ! Ils l'ont vaporisé ces abrutis ! Et me regarde pas comme ça, c'est pas ma faute merde ! »


Bah ouais c'est vrai quoi, j'ai jamais demandé à personne de vaporiser cette putain de clé ! J'suis pas madame Irma, j'peux pas tout prévoir !

« Écoutes, c'est pas le plus important. Mes potes ont des doubles, faut juste les retrouver... Mais avant ça... »


Je plonge ma main libre dans l'une des poches de ma ceinture tactique. Fait chier. Je voulais garder ça qu'en cas d'extrême nécessité... Mais en même temps, c'est déjà pas mal extrême comme situation, non ? Mes doigts se referment sur un objet cylindrique.

« Baisse la tête ! Va y avoir du grabuge ! »

Je balance aussitôt ma trouvaille, à l'aveuglette, sans même passer la tête pour ajuster mon lancé.

« GRENADE !! »


L'instant suivant : BOOM. Le souffle de l'explosion m'arrache l'air des poumons. Un membre sanguinolent, séparé hâtivement de son propriétaire, traverse notre champ de vision avant de finir mollement sa course quelques mètres plus loin, après une jolie glissade. Il laisse derrière lui une magnifique traînée cramoisie... Mais j'ai pas vraiment le temps d'observer les détails. Bien que sonné, je me redresse aussitôt. Faut bouger et vite ! Rapide coup d'oeil sur le blanc-bec. Lui aussi a été amoché, mais rien de bien grave, pas de quoi pleurer sa mère.

Je passe ma tête à l'angle, prudent... Sait-on jamais... Mais tout ce que je vois c'est une large zone carbonisée au milieu du couloir. Y'a des morceaux de chairs, membres, lambeaux informes, un peu partout, au sol, sur les murs, et même au plafond. J'remarque les restes d'une tête qui roule encore, tout au fond. C'est pas beau à voir, j'me demande si mon nouveau pote a les couilles pour survivre à de genre de spectacle, c'est qu'un putain de branleur de manche après tout...

« Bouge ton cul ! La voie est libre ! »

Je fonce aussitôt... Et là, je me rends compte d'une évidence : Pas moyen de courir avec la manière dont j'ai posé les menottes. J'suis stoppé net dans mon élan. Le gros doute. Et merde. J'suis si con que ça ? Non, pas possible... Putain. Coup d'oeil à gauche, à droite. Que des couloirs. J'avais quand même pas porter ces abruti sur mes épaules ou dans mes bras quoi !

Soudain mes yeux se posent sur un engin, posé là à une dizaine de mètres de la zone d'explosion. Il a l'air intact bien qu'éclaboussé de restes non-humains. J'suis pas une grosse tête de technicien à la con... Mais j'vois immédiatement qu'il s'agit d'une sorte de petit chariot répulseur pour la manutention. Y'a un poste de pilotage rudimentaire, et un plateau à l'arrière.

« Pilote hein ? Et bien j'vais avoir un job à la mesure de tes compétence mon pote ! »

Ni une ni deux, je choppe l'andouille par la taille, pour le passer sur mon épaule, comme un gros sac de ciment, ou une pucelle qu'on enlève. J'cherche même pas à savoir s'il proteste ou se débat. J'ai bien plus de force que lui de toute façon. Et moi, quand j'suis focalisé sur un truc... Bah j'suis focalisé quoi. Je pars immédiatement en sprint. Pas une seconde à perdre, y'en a peut-être d'autres des abrutis pareils dans les recoins de cette station ! C'est même fort probable ! Et comme c'était ma dernière grenade... Autant pas traîner.

Il me faut une quinzaine d'enjambée. Un moment je manque de me viander en glissant sur les reste d'une main. Je dérape, tandis que ma botte l'écrase dans un bruit spongieux des plus dégeux. Je pose l'andouille sur le siège, et monte comme je le peux juste derrière, sur le plateau. La chaine des menottes est bien trop courte pour se genre d'exercice, je manque de me fouler le poignet. Il en résulte une position à la con, pas confortable pour un sou, allongé sur le ventre, un bras tendu vers mon part'naire.

« Aller ! Fonce ! Go ! Go ! Go ! »


Et comme je sens bien la remarque acerbe arriver :

« C'est toi l'pilote, c'est toi qu'a l'sens de l'orientation hein ! Trouve la putain de sortie ! »


Comme si on pouvait parler de sortie à bord d'une station spatiale dérivant dans l'espace...

« J'sais pas moi... Les hangars pas exemple ! Et avant que tu l'ouvres... Pas la peine de gueuler, c'était ma dernière grenade, j'voulais pas l'utiliser avant d'être sur de ne plus avoir le choix ! Et puis... Voit ça comme un genre de test : au moins j'sais que t'es pas avec ces connards maintenant... Promis, dès que je retrouve une clé, je te libère... »


Ou pas. C'est surement pas moi qui déciderait à ce moment là... J'suis qu'un troufion après tout, j'fais ce qu'on m'dit !
Lloyd Hope
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- QUOI ?! PAS LE PLUS IMPORTANT ? Ha mais oui, si tes potes ont des doubles, TOUT VA BIEN ! Faut juste qu’on les trouve, si tant est qu’ils soient pas VAPORISES EUX AUSSI !

VAPORISEE ? Mais qu’est-ce que la Force avait contre lui aujourd’hui, c’était pas croyable !! Il allait rester menotté à vie au soldat le plus con de l’armée républicaine !
De rage, Lloyd frappa le sol à côté d’eux de son poing libre.

- MERDE, MERDE, ET MERDE !


Son épaule le lançait douloureusement et il s’était écorché la main avec ces conneries ! Cette fois, ça y était. Le soldat lui avait fait atteindre un point de non-retour. Lloyd avait pas été remonté comme ça depuis au moins dix ans, quand il fallait qu’il se batte contre d’autres têtes brûlées dans les arènes de l’Académie de Korriban. S’il avait pas eu si mal, il aurait tenté d’étrangler le militaire, là, tout de suite. Mais après, se trainer une masse de 150 kilos armure comprise, ça aurait été plus que compliqué. Mais est-ce que c’était pas mieux que rien, vu que l’autre pleurnichait maintenant à cause de sa cuisse ? S’il pouvait pas courir, ils étaient comme morts.

Dans un éclair d’intelligence inattendu, toutefois, le militaire sortit une… grenade ? Lloyd se ratatina désordonnément derrière Korgan en espérant que cela ferait rempart contre d’éventuels débris. La seconde suivante à peine, une déflagration retentit et fit vibrer le sol du couloir où ils se trouvaient. Une sensation de chaleur intense lécha la peau du Hapan tandis que celui-ci priait pour que le sol ne se dérobe pas sous leurs pieds une seconde fois : il n’était pas prêt à jouer une nouvelle fois aux acrobates, et encore moins maintenant qu’il était lié au militaire.

L’imbécile recommença d’ailleurs à faire des siennes en se jetant dans la coursive, Lloyd sur ses talons, bras gauche en avant dans une étrange démarche visant à pas se prendre l’armure du militaire en pleine face.

- Mais attends pauv’con tu vois bien qu’on peut pas courir comme ça !


Ils s’immobilisèrent tous les deux et Lloyd constata avec soulagement que la petite lueur qui brillait dans l’œil du militaire à travers sa visière plus très claire devait annoncer qu’il avait enfin compris leur situation : menottés, ils étaient incapables de détaler de cette manière.
Ce qui se passa ensuite acheva toutefois de décontenancer le Hapan. Le militaire lui raconta un truc incompréhensible sur ses compétences tandis qu’il se retrouva jeté comme un sac de pommes de terre en travers de l’épaule du soldat.

- AÏE ! MAIS. JE. SUIS. Blessé. Putain…


Inutile de faire entendre raison à ce connard, c’était vraiment pas possible. Renversé tête à l’envers, Lloyd serra les dents pour maîtriser la douleur dans son épaule que l’autre malmenait dans sa course pataude. Dans son champ de vision : les jambes courtes du militaire en armure et les traînées de sang et morceaux de chair, de tissu et de métal mélangés : tout ce qui restait de leurs adversaires. Remué comme ça, le Hapan sentit un haut le cœur lui soulever les tripes et il dût déglutir à plusieurs reprises pour ne pas dégobiller. Heureusement, il eut une petite distraction lorsqu’à la faveur d’un balancement un peu plus violent que les autres, il aperçut le motif du recours à ses talents de « pilote » : un char de manutention.

- Oh le con.


Ces machins devaient aller à un grand maximum de cinquante kilomètres à l’heure. Il espérait vraiment fuir avec ça ?!
Hé bien oui : l’instant suivant, Lloyd se retrouva le cul planté sur le siège, sa main gauche près de l’oreille pendant que l’autre coquille creuse grimpait bruyamment sur le plateau. Pendant ce temps, le Hapan observait les commandes en constatant avec soulagement que c’était… Bien moins compliqué qu’un vaisseau.

- Bon, c’est dans mes cordes, ça va. Mais par contre j’ai quand même b’soin d’mes deux mains !

Sans ménagement, Lloyd tira sur sa main gauche pour la ramener près des commandes. Il dut toutefois si reprendre à deux fois, aidé de sa main droite, pour faire glisser le gars en armure sur le plateau avec un crissement désagréable aux oreilles. Quand il put enfin démarrer leur élégant petit char, le casque du militaire était collé sous son aisselle. Vraiment, quelle idée lumineuse…
Lloyd enclencha le petit levier de vitesse à sa droite et l’appareil se lança en avant dans une fulgurante vitesse : environ 10 km/h.

- Bon, on passe par où ? Dans tous les cas t’as le temps de piquer un petit somme, on sera pas arrivés au hangar avant demain j’pense…

En attendant, Lloyd était bien infichu de savoir quel couloir emprunter pour rejoindre son vaisseau. Il avait un vague sens de l’orientation, mais celui-ci avait été mis à mal par toutes leurs petites aventures. Voyant que le militaire mettait trop de temps à répondre – la question posée devait être trop compliquée – il passa les vitesses supérieures du char et s’engouffra dans une coursive à la modique allure de 30 puis 40 km/h environ. Le char cahota en roulant sur les restes d’adversaires carbonisés, mais heureusement l’appareil était monté sur chenilles mécaniques, ce qui leur permettait de faire fi de ce genre d’obstacles, qui eux ressortaient élégamment écrabouillés et striés de jolies lignes régulières.

- On fait quoi si on rencontre quelqu’un ? T’en as d’autres des grenades ?

Franchement, il était occupé à … « piloter », et le militaire avait une main fichue en l’air. S’ils étaient attaqués, ils étaient faits comme des gizkas. A moins qu’il laisse les commandes au soldat, mais c’était même pas dit qu’il saurait le commander correctement.

La question ne se posa pas : leur couloir conduisait à un amas de ferraille qui bouchait totalement le passage. Lloyd tenta de rentrer dedans, le bras mécanique de l’appareil de maintenance droit devant pour voir s’ils ne pouvaient pas passer au travers, mais ils ne parvinrent qu’à se ratatiner contre l’obstacle, avec la tête du militaire qui se rapprochait de plus en plus désagréablement des commandes. Maintenant, il avait la tête de l’autre sur un genou. Pourvu que personne ne les voit comme ça, ou on allait penser que le militaire était occupé à lui faire des cochonneries…

Lloyd passa la marche arrière et… Oh surprise, elle était rudement rapide.

- Hé ! Ca marche vachement bien dans ce sens ! Le mécanisme doit être enrayé, c’est pour ça qu’il avance pas vite quand on avance… Parfait, on va y aller à reculons ! T’es prêt ?

En remontant la coursive, il revint à un carrefour où il put faire faire un demi-tour à l’appareil. Tout en se contorsionnant pour regarder derrière lui et piloter en même temps en mode miroir, il réemprunta une nouvelle coursive, en espérant qu’ils auraient plus de chance avec celle-ci. Cette fois le vent faisait jouer les mèches enduites de sueur de Lloyd et les virages manquaient une fois sur deux de détrôner le militaire de son plateau chancelant.

C’était trop beau pour être vrai, bien sûr, et ils se retrouvèrent de nouveau bloqués par un effondrement de la structure. Lloyd arrêta la machine, toujours la tête du militaire sous le coude. Ce couloir-ci était encadré de parois vitrées, qui donnait une bonne visibilité sur ce qui s’apparentait à une large salle de tri. C’était certainement pas loin des hangars, s’ils retrouvaient enfin leurs marchandises !
Lloyd leva son bras gauche et chercha l’autre sous sa visière pour voir si l’autre était encore en vie.

- Ça va la boîte de conserve ? On s'est pas évanoui ? Bon, écoute, regarde pas trop, je vais être obligé de foncer dans le verre pour sortir d'ici. Accroche-toi, ça va secouer un peu !

Lloyd repartit en avant pour prendre de l’élan, puis passa la vitesse arrière la plus rapide pour foncer dans la vitrine… Le plateau allait percuter le premier. Avec un peu de chance, tête de nœud aurait le réflexe de replier les jambes, sinon il allait traverser le verre à pieds joints. Qu’est-ce qu’il allait faire s’il tuait le soldat ? Si seulement il avait son sabre laser sur lui, il aurait pu découper le bras pour pas avoir à transporter tout le corps du militaire au bout de sa menotte… Ah mais non, qu’il était bête. Avec un sabre laser il pouvait directement couper la menotte.

Par réflexe, juste avant l’impact, Lloyd se vautra dans son siège pour que le dossier le protège quelque peu de l’impact…
Korgan Kessel
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« Rancor deux à Rancor leader ! Rancor leader ?! Putain ! On capte plus rien ! »

« Attention ! »

Une salve de lasers s’écrase contre le mur, juste derrière le groupe de soldats des forces spéciales. Les gars, plongent de côté, pour se mettre à couvert derrière des débris. L’un d’eux lâche un râle de douleur, la jambe fauchée. L’armure, déjà amochée, a cédée sous l’assaut des rayons énergétiques, révélant les chairs carbonisée du mollet. Le type tombe au sol, incapable de se planquer. D’autres tirs le frôlent. Mais ses compagnons d’armes, entraînés, réagissent avec célérité. Deux se redressent pour canarder l’adversaire, tandis qu’un troisième, arme en bandoulière, se précipite sur son camarade blessé pour le traîner à couvert.

« Ca va aller ? »

L’autre peste et répond :

« A ton avis ? Putain fait chier »

Il tente tant bien que mal de distinguer l’étendu de ses blessures. Difficile de se contorsionner en armure de combat. Il essaye de poser le pied au sol, mais lâche aussitôt un rictus indescriptible.

« Ce qui est sur, c’est que c’est fini les sprints… »

« Tant que tu peux encore te servir de tes mains… On va te porter, t’inquiète ! »

Les tirs pleuvent, soudain Rancor deux hurle !

« Grenade ! Couvrez-moi ! »

Aussitôt, il enjambe la barricade de débris pour foncer droit sur l’objet cylindrique lancé contre eux. La grenade décrit une belle courbe parabolique, avant de rebondir lourdement sur le sol… Elle roule. Rancor deux fonce dessus… Et shoot dedans. Un putain de coup de pied digne d’un joueur professionnel de Hutt ball. L’engin explosif est dévié : retour à l’envoyeur. Le Républicain se jette au sol. Pendant ce temps ses collègues tirent sans discontinuer sur l’ennemi pour le forcer à l’immobilisme. Le grenade explose, et avec elle plusieurs mercenaires.

« Go go go ! »

Tel un seul homme, l’escouade passe à l’action. Fusil blaster en main, ils progressent au pas de course, remontent le couloir, tout en canardant sur tout ce qui a le malheur de bouger : un bras, une tête… Les lasers, précis, mortels, fusent. Passé l’effet de surprise, l’entrainement redonne aux hommes des réflexes surhumains.

Trente secondes plus tard, la coursive est jonchée d’une dizaine de cadavres. Le chaos fait place à un silence pesant. Rancor deux se retourne. Il tente de recontacter son commandant, sur une fréquence d’urgence :

« Rancor deux à croiseur Délivrance ! Me recevez-vous ?! »

Seuls des interférences lui répondent.

« Putain de merde… »

Ses yeux se posent sur ses hommes. Ils sont six, couverts de sang, de crasse, de traces laissées par les tirs et l’enfer qu’ils viennent de vivre… L’un d’eux est blessé à la jambe, mais hors de question de l’abandonner. Un de ses camarades l’aide à se tenir debout, bras par-dessus l’épaule. Il soupire. Coupé du commandent et de Rancor Leader, il n’a d’autre choix que de prendre une grave décision :

« Mission annulée les gars. On évacue les lieux. »

En face les mines se décomposent. Personne n’aime pas. Mais merde ! Depuis le début tout va de travers ! La résistance inattendue des trafiquants, la destruction de leur transport pendant la descente en rappel… Rancor Leader qui manque à l'appel... Et après, l’explosion d’une partie de la station, juste au-dessus de leur tête ! Au moins, cette soudaine confusion fut à leur avantage, sans quoi, ils auraient été cueillis par l’ennemi depuis des lustres.

« On ne peut pas continuer comme ça. On se replie, faut qu’on trouve le hangar le plus proche. »

Il fait signe à ses gars d’avancer dans une direction, il prend la tête. Il n’a aucune idée de sa position, mais il ne veut pas montrer ses doutes à ses hommes. Ils avancent lentement, prudemment, surveillant leurs arrières tout autant que les coudes et les intersections qu’ils traversent. Finalement, après plusieurs minutes, ils tombent sur une petite pièce rectangulaire, blindée de terminaux électroniques. Un poste de contrôle ? Peut-être. Rancor deux ordonne à Rancor quatre, l’expert numérique du groupe :

« T’as une minute. »

Il fait signe aux autres de se déployer autour de la porte, et dans plusieurs alcôves proches, pour couvrir le périmètre et éviter les mauvaises surprises.

« Essaye de voir si tu peux craquer quelque chose… Putain j’sais pas… Si t’arrives à avoir une carte, ou à te brancher sur leur réseau de caméras, qu’on puisse définir un itinéraire. »

Le type passe son arme en bandouillère, remonte la visière de son casque, retire ses gants… Et se met au travail, sans même prendre le temps de se dégotter un siège. Debout il pianote sur le clavier holographique.

« Je crois que j’ai quelque chose... »

Du doigt, il pointe quelque chose sur l’écran. Rancor deux recule de sa position de guet pour venir voir. L’écran affiche plusieurs images retransmises par des caméras.

« Y’a plus que quatre caméras intactes dans notre secteur. Regarde, si on prend à gauche à la prochaine intersection, on arrive sur un centre de tri, là tu vois le… Attend c’est quoi ça ?! »

Une ombre traverse à vive allure le champ de vision d’une seconde caméra. Rancor quatre pianote, change l’angle de vue. Un engin de maintenance, qui se déplace en marche arrière ?! Soudain Rancor leader beugle, gros doigt posé sur l’écran :

« Putain, c’est une armure républicain ?? Tu peux pas zoomer ?! »

« Négatif, attend, ils arrivent dans notre direction… Je peux passer sur une autre caméra. »


Il s’exécute. L’image change. L’engin passe juste sous leurs yeux… Le duo de militaire en reste bouche bée, Rancor leader s’exclame, incrédule :

« Hein ? C’est quoi ce bordel ? Il lui taille une pipe ou quoi ?! Merde, c’est Rancor Leader ?! »

« Je… On dirait… Ils sont dans un couloir parallèle au notre, on devrait pouvoir les rejoindre si on fonce… »

« Ok ! Go go go ! Vous avez entendu les gars ! On y va ! »


***

Au même instant, à bord du chariot de manutention,

« Ralentis merde ! T’es complètement malade putain ! »

C’est n’importe quoi ! La tête sur les genoux de l’autre blanc-bec, je dois me contorsionner pour essayer de comprendre ce qui se passe. Tout ce que je vois, c’est le décor défiler à une vitesse ahurissante… Putain, alors peut-être que le gars lui, il a l’impression de se trainer à force de piloter des coucous spatiaux… Mais moi, compte tenu de l’étroitesse de ces putains de corridors, j’fais vraiment pas le malin ! Cet enfoiré a intérêt a pas faire de conneries ! Vu ma position, j’serai le premier à morfler ! J’ouvre la gueule pour lancer un autre chapelet d’injures incluant les activités professionnelles de la mère de cet abruti, lorsque je suis coupé par ses injonctions. Hein quoi ? Foncer dans du verre ?

« Arrête toi ! Arrête toi putain de meeeerde ! »

Mais c’est déjà trop tard ! Par réflexe, je me recroqueville, tente de me raccrocher à ce que je peux. Mais en fait y’a pas vraiment de prises… Le choc est d’une violence inouïe, le cul de l’appareil frappe de plein fouet la vitre de plastacier. L’inertie m’arrache au plateau du chariot. Vol plané. Tel un boulet de canon tiré à plein puissance, je traverse, les pieds en avant la paroi éventrée. Les arrêtes coupantes déchiquettent mon armure de combat. Plusieurs éclats, aussi tranchantes que des lames de rasoirs me lacèrent les chairs au-dessous. Mon poignet manque de se rompre, tandis que l’autre andouille, est emporté avec moi. Il est littéralement arraché de son siège, en arrière, entraîné à ma suite par la paire de menotte visiblement à l’épreuve de ce genre de chocs. Je retombe lourdement au sol, dans les débris acérés, glisse, roule, termine mon roulé-boulé éclaté contre une cloison solide qui répond par un « ch’bong » sonore. L’autre blanc-bec : même histoire : sauf qu’il finit sa course en s’encastrant dans ma colonne vertébrale, façon sodomie à sec, au verre pilé. Je lâche un râle de douleur tandis que tout l’air de mes poumons est expulsé sous le choc. Puis le calme revient… Un putain de flottement qui ne semble plus jamais vouloir se finir. Je sens l’enfoiré derrière qui trésaille… Au moins il est vivant, putain pas envie de me taper un poids mort. Péniblement, je tente de me remettre sur pied. J’ai mal partout, le dos en compote, l’impression de m’être roulé sur du papier abrasif. J’ai la tête lourde, l’estomac en vrac… Mais cette sensation de malaise disparaît rapidement. L’adrénaline fait son œuvre. Je recouvre mes sens. Je me remet sur pieds. J’aide l’autre enfoiré à se redresser, sans ménagement.

« T’es vraiment un abruti, sans déconner ! Tu pensais à quoi ?! T’aurais pu nous faire tuer merde ! Comme si on n’avait pas assez d’emmerde comme ça ! Putain, tout est vraiment ta faute ! Si depuis le début tu t’étais rendu, y aurait jamais eu toute cette merde ! Franchement, t’es une plaie ! »

Soudain des bruits de course précipitée me coupent la chique. Réflexes de survie. Je fais volte-face, choppe mon blaster, me plaque contre le mur, prêt à tirer. Lorsque l’a première ombre sort de l’angle, mon doigt presse la détente. Mais la fraction de seconde suivante, mon œil identifie clairement les couleurs républicaines. Je lève le canon de l’arme. Le rayon mortel qui s’en échappe s’écrase dans le plafond, juste au-dessus de l’escouade Rancor. Les gars, sur le qui-vive, passent aussitôt en position de combat. J’me retrouve avec sept fusils braqués sur la gueule… Mais j’ai jamais été aussi heureux de toute ma vie…

« Oh putain, vous tombez à pique… »

Rancor deux lâche un rire narquois. Il relève sa visière, puis fait mine de s'essuyer la commissure des lèvres en me lançant :

« C’est bon ? T’as eu le temps de finir ? Il t’en reste un peu là ! »

J’mets dix bonnes secondes à piger le truc. Face à ma gueule d’ahuri, tous les gars explosent de dire… Je tente de…

« Ne me dites pas que vous… »

« Ouais si, on a tout vu sur les caméras… Tu t’es trouvé une copine hein ? T'es un tombeur... »

« Très drôle… »


J’suis dépité, j’ai même pas la force de lui coller mon poing dans la gueule. Alors du coup il enchaine :

« Oh merde ! On avait même pas vu les menottes ! Tu donnes dans le BDSM gay alors ? Et ben… On verra plus jamais le Caporal Kessel de la même façon… haha… »

« Ta gueule Moriss, tu pousses le bouchon un peu trop loin là hein. T’as pas autre chose à foutre que de raconter des putains de conneries ? Sans dec’ les gars… Vous faites chi... »

Les retrouvailles sont rapidement interrompues. De nouveaux bruits de bottes claquent dans les coursives. Je fais signe à l’escouade d’avancer. Ouais, j’ai repris le commandement. On fonce se planquer derrière les énormes tapis roulants qui trient et acheminent des caisses tout aussi imposantes vers les diverses plateformes d’échanges. Tout le monde a recouvré son sérieux. Je traîne le dénommé Lloyd avec moi. Alors que je suis en position, je lance à Moriss :

« C'est bon, t'as fini, tu me file les clés des menottes maintenant ?! »

L'autre me jette un regard d'ahuri. Oh putain, j'ai un mauvais pressentiment... Il me fait :

« Quelles menottes ? Quoi, tu veux dire que... Bah heu... Non, personne en a pris d'autres dans l'escouade, c'était pas au planning que de faire des prisonniers tu vois... »

Je lève les yeux au ciel... Putain, c'est ma journée... Je regarde Lloyd, l'air désabusé... Les bruits de pas se rapprochement rapidement. Je lui file mon pistolet, choppe celui dans le holster de rancor quatre à coté. Je lâche entre mes lèvres pincées à l'attention du blanc-bec :

« Si tu fais pas le con, on va sortir de cette foutue station en moins de temps qu'il ne le faut pour dire... FEU A VOLONTÉ ! »

Une dizaine de silhouettes sortent du couloir pile à ce moment. Surprises, elle n'ont pas le temps de se mettre à couvert. Mon droit presse la détente, imité par tous les gars de l'escouade. Un déluge de feu s’abat sur l'ennemi...
Lloyd Hope
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- Nan mais j't'assure, d'habitude mes idées marchent vachement mieux, grinça le Hapan entre ses dents tandis que son corps endolori avait littéralement épousé les formes du dos de l'armure de Korgan.

Ils venaient tous deux de traverser le trou béant causé par le chariot dans le verre. Lloyd avait cru pouvoir encaisser le choc depuis la machine... Mais c'était sans compter l'autre con incapable de se cramponner : emporté par le poids de son armure, le soldat avait fait un vol plané et emporté au bout de son bras son prisonnier : en plus de l'élongation qu'il venait de se faire à être ainsi violemment emporté par un bras, Lloyd lui n'avait pas eu d'armure pour le protéger des débris et des pointes effilées du plastacier qui lui avaient entaillé la peau sur plusieurs centimètres sur tout le corps. Rien de trop grave, mais ses vêtements étaient lacérés comme si un animal enragé avait fait ses griffes sur lui. Du sang perlait ça et là, sur son front, sa joue, ses épaules, son torse et ses jambes. Mais surtout, il ne sentait plus son épaule gauche.

Pendant le militaire l'aidait à se relever en beuglant – incapable de garder le silence deux minutes celui-là, hein ! - Lloyd essayait tant bien que mal de replacer son bras correctement, mais la douleur était à la limite du supportable.

- Mec arrête, j'crois qu'tu m'as déboîté l'épaule, là, j'peux plus...

Il ne put terminer sa phrase, le soldat s'élançait en position de combat, son blaster braqué devant lui en emportant une fois encore le bras douloureux de Lloyd. Celui-ci entendit un désagréable « crac » dans ses os et n'hésita pas à hurler de douleur.

- AAAAH ! MAIS PUTAIN MAIS QUEL CON !

En plus de ça, le soldat avait finalement tiré au plafond parce que les nouveaux arrivants n'étaient autres que ses petits copains. En les voyant arriver, Lloyd manqua de défaillir de désespoir : super, maintenant au lieu d'avoir un génie dans les pattes il en avait sept. Et dire qu'il avait pensé que sa situation ne pouvait pas être pire...

Lloyd n'écouta que d'une oreille les blagues douteuses des camarades du Caporal Kessel tandis qu'il tentait tant bien que mal de trouver une position dans laquelle son bras le faisait moins souffrir. Surtout : ne pas leur adresser la parole. Ne pas prendre le risque d'être en relation directe avec un deuxième militaire de cet acabit. Un seul suffisait amplement.

L'instant suivant, nouveau rebondissement : d'autres types arrivaient, et vu la réaction des militaires, c'étaient pas leurs petits copains. Lloyd étouffa de nouvelles insultes à l'attention de Korgan à cause de la douleur. Mais ce n'était rien à côté de ce qui se présentait : le fameux Moriss n'avait pas de clés pour les menottes. Lloyd crut qu'il allait pleurer.

- Non mais ho, c'est une blague, c'est ça ? En fait, vous me faites une caméra cachée, hein ? Dites-moi ?

Moriss n'eut pas le temps de répondre, et obéit sans attendre à son supérieur. Parce que son soldat à lui, c'était le chef ? Putain, il était vraiment mal barré... Il récupéra le flingue qu'on lui avait donné en grimaçant et se mit en position comme les autres. Mais ayant besoin de ménager son bras toujours accroché à celui du militaire, il monta à califourchon sur lui et se plaqua contre l'armure du soldat.
L'instant suivant, les ennemis entrèrent et un déluge de tirs de lasers les canardèrent. Trois tombèrent directement tandis que les autres plongèrent derrière des obstacles pour se dissimuler. Un petit groupe repartir en arrière et referma les portes avec des cris désordonnés. C'était une bande de devaroniens qui gueulaient dans un langage inconnu. Il n'était tout de façon pas difficile de comprendre que les militaires se faisaient copieusement insulter. Les dévaroniens ne mirent pas longtemps à réussir à riposter, et ce fut au tour de l'équipe du Caporal Kessel de fondre sous les tirs des adversaires. Lloyd roula au sol à côté de son compagnon le temps d'éviter les tirs. De l'autre côté du Hapan, Moriss se décala vite fait comme pour ne pas toucher Lloyd.

- Ben qu'est-ce qui s'passe,
lui cria le prisonnier en ricanant, t'aimes pas que j'fasse des câlins à ton supérieur ?! Va falloir t'habituer, lui et moi on est comme qui dirait inséparables maintenant !

Le dénommé Moriss leva les yeux au ciel sous sa visière avant de se remettre en position de tir. Lloyd se retourna donc vers son copain de menottes.

- Bon, ils nous ramènent en sécurité tes copains après ça ?


Nouvelle salve puis léger silence, Lloyd en profita pour grimper de nouveau à califourchon sur le militaire et mitrailler les devaroniens. Un supplémentaire avait roulé hors de sa cachette, touché en pleine tête, et il fut bientôt rejoint par un autre. Plus que deux types et ils étaient débarrassés de la première vague. Plutôt efficaces, ces mercenaires...
Mais avant qu'ils aient pu terminer le travail, les deux dévaroniens lancèrent une grenade fumigène et profitèrent de la confusion pour battre en retraite. La fumée épaisse et violine envahit la pièce, et Lloyd se mit à tousser. Putain, il était le seul qui avait pas de casque pour se protéger. Ils avaient un pote mort sur qui il pouvait emprunter ça ? Bon, il valait peut-être mieux pas leur demander.

- -Hé Moriss !
Cria Lloyd. C'est quoi le plan pour sortir ?

Le militaire croisa le regard de son caporal.

- Rancor Leader, on pensait rejoindre le hangar le plus proche et trouver de quoi battre en retraite, mais c'est toi l'patron !
- Ah, donc, y'a pas de plan, et c'est lui le patron. Mais tout va bien alors !

Lloyd se prit la tête dans sa main libre avant de prendre une grande inspiration. Surtout garder son calme. Et son bras, s'il y arrivait malgré l'autre qui arrêtait pas de gigoter.

- Bon, mon vaisseau est au hangar D4. S'il a pas été détruit par une autre descente de pachydermes, j'peux peut-être nous tirer de là entiers...

Il avait peut-être même à bord de l'outillage pour le séparer définitivement de Rancor en chef ! Bon, ça le faisait rudement chier de faire monter à bord du Soleil Vert une équipe de connards qui allaient tout bousiller avec leurs grosses armures, mais maintenant qu'il avait été vu sur les caméras en si bonne compagnie, il n'avait plus trop le choix.

Le plan n'eut pas le temps d'être approuvé par Rancor en chef que déjà la double porte se rouvrait pour vomir une nouvelle équipe de dévaroniens. Et cette fois, il n'y avait plus l'effet de surprise : les gars étaient armés jusqu'aux dents.

- A COUVERT !

Une pluie de tirs les ensevelit, défonçant certains des obstacles derrière lesquels l'équipe militaire se dissimulait. Rancor trois – à moins que ce ne fut rancor quatre ? Ils avaient tous la même gueule avec leurs armures – reçut un morceau de métal qui s'était décroché du plafond et qui fendit son casque. Etourdi, il glissa entre les jambes de ses confrères. L'instant suivant, mus par leur volonté de vengeance toute l'équipe des rancors ripostait avec rage et les blasters chauffèrent à l'unisson. Lloyd reprit sa position à cheval sur le caporal en constatant qu'il commençait à s'habituer à cette position...

- ON PEUT PAS RESTER ICI ETERNELLEMENT RANCOR EN CHEF !
Cria-t-il au casque derrière lequel il dissimulait son propre visage pour s'éviter un tir dans le front. VA FALLOIR FONCER DANS LE TAS DES QU'ON A UNE OUVERTURE, SINON ON EST FAITS COMME DES RATS WOMPS !

Et cette fois, à califourchon, il avait une chance de pas se ramasser la gueule. Finalement, après tous ces essais, ils avaient trouvé la position idéale pour être efficaces !
Korgan Kessel
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Les tirent fusent, ça beugle dans tous les sens.
 
« Josh’ est touché ! » 
« A couvert ! » 
« A’arwa kasaz bowko ! » 
« Qu’est-ce qu’ils racontent ces connards?! » 
« Qu’ils veulent te la mettre dans le… » 

 
 
Je me jette sur le côté, entraînant avec moi le blanc-bec toujours menotté. Je tente de me redresser, rapidement, pour riposter, mais impossible ! Rah ! Et l’autre discute avec Moriss ! Putain, je crois rêver ! Je commence à perde patience... Écran de fumée. Les tirs faiblissent. Lorsque je sors la tête pour analyser la situation, plusieurs me frôlent le sommetdu casque. Réflexe, je me baisse, lâchant un putain de chapelet d'insultes fleuries. La pièce rectangulaire, jonchée de débris de verre après nos acrobaties, est pratiquement coupée en deux par une énorme machine, équipée d’un tapis roulant. Du matos de tri, sûrement pour aider au chargement et déchargement des marchandises de contrebande. A part l'issue d'où débarquent nos adversaires, et celle pratiquée dans la cloison vitrée, seule une porte est visible, dans notre dos. D'ici, elle semble plus que verrouillée, équipée d'un pavé numérique qui clignote en rouge, à intervalle régulier. Mais mes réflexions sont rapidement coupées. Le blondinet me saute dessus. Je tire aussitôt sur les menottes pour le faire redescendre… Me faire grimper dessus par des mecs, c'est pas vraiment mon délire...
 
« Arrête de gigoter, putain ! J'peux pas réfléchir ! » 
 
Mais c’est qu’il me les gonfle ! C’est pas possible ! Il a la bougeotte ou quoi ?! Les échanges reprennent, de plus en plus nourris, à mesure que la vapeur violine se dissipe. L'écran de fumée n'a pas été très profitable à nos adversaires. Plusieurs sont fauchés dans leur élan alors qu'ils tentent de changer de couvert, pour passer derrière le tapis roulant. J'me dis : ils sont quand même cons ces devanoriens, tout le monde sait que les engins spatiaux sont équipés de systèmes d’aspiration et de recyclage d’air… Qui limitent, par définition, l’efficacité des grenades fumigènes... Et c’est là que le blanc-bec l’ouvre encore… Je fulmine. Sans dec', il la ferme jamais ?!
 
Malgré mon attitude revêche, en mode bon gros connard de bidasse qu’a pas envie de se laisser marcher sur les rangers, je cogite à donf. Ouais, ça m’arrive de temps en temps, qu’est-ce vous croyez bande de cons. Le hangar D4 ? Aucune idée d'où il se trouve... Mais faut bien commencer par quelque chose... Je grimace, j'aime pas sa manière de la ramener pour un rien. Va falloir qu'il apprenne la discipline militaire ce petit gars... On la ferme et on obéit ! Gardant ces pensées pour moi, parce que c'est déjà assez tendu comme ça, je fais :

« Ok, on va... » 
 
Et là, c'est le drame. Les renforts déboulent. Tout le monde se jette à terre. Le déluge de feu devient insoutenable... Mais je garde la tête froide, c'est pas ma première mission. Et v'la que blanc bac l'ouvre encore... C'est la fois de trop. Trop c'est trop comme disait ma mère, quoi qu'elle parlait du nombre de passe quotidienne à cette époque. Bref. Je beugle, pour couvrir les hurlements des projectiles :

« TA GUEULE ! LAISSE FAIRE LES PRO ! » 

Sérieux il se prend pour qui ?! Rapide coup d’œil sur l'équipe. Six est sonné, vilain coup sur le coin de la gueule, mais il est opé. Trois est amoché, le mollet cramé. Les autres ont l'air à peu prêt en état... Ca va le faire. Rapidement, les pièces du plan de contre-attaque se mettent en place. Ouais, parce la meilleure des défenses c'est l'attaque, quoi qu'il arrive.. Je fais signe à Rancor quatre, lui désigne, du pouce, la porte verrouillée de l'autre coté. Elle a l'air solide, blindée, même mieux : pressurisée. J'me dis : c'est notre porte de sortie de crise. Il hoche la tête. Rien n'est jamais pressurisé par hasard, héhé.

Je lève la main. Pas un mot. Tous les hommes se recroquevillent derrière leurs couverts mis à rude épreuve. Doigts écartés, Cinq... Je replie un doigt... Quatre... Un second... Trois...

En face, les mercenaires ont une seconde d'hésitation. Plus aucune réponse. Les tirs faiblissent, ils se déplacement, tente de nous encercler. Deux... Leurs bottes claquent lourdement sur le sol... Un... Ils approchent, prennent des risques pour venir nous cueillir... Je ferme le poing.

Tel un seul homme, tous les gars de l'escouade se redressent, debout, et ouvrent le feu à l'unisson. Une attitude qui frise le suicide collectif. Mais l'effet de surprise est garanti. Y'a rien de plus flippant que de voir un bataillon d'armures de combat vous faire face d'un coup. L'ennemi n'a pas le temps de réagir. Ceux qui se déplaçaient sont déchiquetés sur pattes, les autres ont le réflexe de reculer, pour se mettent à couvert. On reprend l'avantage... Mais en infériorité numérique, tout le monde sait que ce n'est que pour quelques secondes.

En réalité, tous les hommes ne se sont pas mis à tirer. Rancor Quatre, suivant les ordres silencieux, s'élance, mode sprint final, vers la porte blindée. En moins de dix pas, il bouffe la distance, termine sa course en glissade, alors que la riposte adverse reprend. Plusieurs tirs le frôlent.... Ses pieds claquent contre la cloison, il se redresse d'un bond. Il plaque sa paume contre le pavé numérique, un objet circulaire se met à clignoter... Il se jette sur le coté. J'ai juste le temps de dire à Lloyd :

« Accroche toi bien aux menottes, mon pote... »

Dans mon ton, aucun humour, ni même sarcasme. Je le dis avec sérieux, froideur, comme un conseil vital prodigué pour sauver une vide.

La charge explose. Charge EMP. L'électronique de la porte rend l'âme. Le verrou magnétique saute. Grincement tonitruant. Les gonds se déforment. Le crissement du métal couvre les déflagrations. En face, un type se met à hurler quelque chose... Mais c'est trop tard. La porte cède, aspirée par le vide spatial de l'autre coté. L'enfer se déchaîne alors.

Dépressurisation violente. L'air est expulsé vers l'extérieur avec une force incroyable. Tout se met à trembler. Les objets non fixés au sol sont immédiatement propulsé dans l'espace. Même les lourdes caisses derrières lesquelles nous nous plaquons se mette à glisser, laissant derrière elle des gerbes d'étincelles aussitôt soufflées par l'appel d'air... Mais l'escouade elle, est immobile, sereine. C'est la magie des semelles magnétiques. Devant c'est l'anarchie. Même le son est particulièrement absorbé, que le vent siffle à nos oreilles, les hurlements nous brisent les tympans. Plusieurs mercenaires sont aussitôt éjectés dans le vide, d'autres s’accrochent comme ils le peuvent, lâchant même leurs armes.... Les cadavres j'en parle même pas : le ménage est fait en une fraction de secondes.

Mais Rancor est impitoyable. Et ne laisse pas un travail inachevé. Les fusils d'assaut, solidement ancrés contre leurs épaules de leurs propriétaires, canardent sans relâche tous ce qui a le malheur de gigoter dans leur champ de vision. C'est l'hécatombe. Les mercenaires, lâchent prise un à un...

Et moi dans cette histoire ? Bah moi, je vais être franc et clair : j'en chie grave. J'suis loin de profiter du spectacle en me gaussant de mon génie tactique. Le blanc-bec, qui ne porte évidemment aucune armure de combat, ne doit sa survie qu'à la paire de menottes. Tendues, à m'en charcuter les chairs du poignet malgré l'armure de combat pourtant rigide, leur solidité est mise à rude épreuve. Il est ballotté, de gauche à droite, manque même de se manger plusieurs objets transformés en projectiles. Je fais pas le malin. Clairement pas. Je serre les dents, lâche ma putain d'arme pour le maintenir de mes deux mains... Mais mes bottes ne sont pas prévues pour soutenir un tel effort. Dans un grincement à vous faire sauter l'émail des dents, elles glissent lentement mais sûrement sur le métal froid et lisse du pont... Sous mon casque, je décoche un sourire forcé, même s'il ne le voit pas, et lâche :

« Accroche toi !! Ça va le faire !! Je gère !! Enfin... Je crois...»


Mais le doute m’envahit soudain. D'expérience, j'sais que tous les vaisseaux sont équipés de systèmes de secours, pour éviter justement de genre de défaillance... Genre, j'sais pas : des volets hermétiques coulissants... Les secondes passent, aussi longueurs que des quart d'heure, mais rien. La dépressurisation continue son oeuvre folle. Craquement sinistre. La parroi vitrée amochée précédemment menace de se rompre : d'impresionnantes fissures en formes d'étoiles se forment sur le verre. Là j'me dis... Putain, on va y rester ! S'il lâche, on va se faire littéralement déchiqueter par des tessons aussi coupant que des lames de poignards mandaloriens... Merde ! Pourquoi rien ne se passe ?! C'est abrutis ont quand même pas trafiqué cette station au point de... Je grimace de plus en plus, tous les muscles et tendus du poignet mis à rude épreuve...

Lorsque soudain, Lloyd retombe lourdement, face contre sol. Le changement est si violent, que je vois rien venir, il m'emporte avec lui, manquant de me plier les genoux dans le mauvais sens, les semelles toujours collées au pont. Je lâche un râle de douleur, mais reste parfaitement conscient de la situation. Entre mes lèvres serrées, je lance un :

« Go go go ! On fonce ! »

Les mercenaires sont sonnés, déboussolés. Bien plus que nous. C'est maintenant ou jamais : on les achève. Je relève les yeux, tout en aidant un Lloyd en piteux étant à se redresser. Une sorte de mousse extensive obstrue le sas. Balancée par des gicleurs plaqués dans l’encadrement de la porte. Un procédé de secours d'un autre temps, dont je doute sérieusement de la solidité. Certainement pas à l'épreuve d'une rafale de lasers. Ça ressemble plus à un répit de quelques minutes qu'à une réelle solution... Bref, faut qu'on bouge !

Entraînée, l'escouade déverrouille ses semelles, progresse rapidement vers l'ennemi qui peine à reprendre ses esprits. Formation, arc de cercle. Ils n'ont aucune chance. La résistance est quasi-nulle. Ceux qui ont encore assez de jugeote pour piger le truc se cassent aussitôt, enfin pour ceux qui arrivent à faire plus de deux pas sans finir transformés en passoire fumante. Dans mes bras musclés, je porte Lloyd, façon jeune mariés juste avant la nuit de noce. Je chasse aussitôt cette pensée.

« Ils vont revenir »

Je tourne la tête vers Rancor deux.

« Ouais clair, et cette fois, on aura aucun joker. »

Fini les petites surprises. Je mate la double porte. Même pas en rêve, ils doivent nous attendre. Je mate la vitre défoncée, dont les éclats ont été balayés par la décompression... Revenir sur nos pas ? Putain j'aime pas ça... Mais si on a pas le choix, alors...

Soudain mes yeux se posent sur les commandes de l'énorme machine de tri. Par miracle elles semblent intactes. Une ampoule s'allume sous mon crane. Merde, j'ai vraiment des idées de dingue aujourd'hui. Je me jette dessus, pose Lloyd sur le tapis roulant. Y'a une sorte de... commutateur. Je le tourne. Les voyants passent au vert... Grincements. Les rouleaux crissent. Mais l'ensemble se met en branle. Le bruit est assourdissant... Je saute à coté de mon prisonnier. De toute façon, c'est pas comme si on pouvait s'éloigner l'un de l'autre...

« On décroche ! Rendez-vous de l'autre coté ! »

Aux aguets, armes levées vers les autres issues, les Rancors prennent place dernière nous. J'ai mal partout, mon poignet est HS. Je vire mon gant et grimace : la peau est violacée autour de la menotte, j'ose même pas imaginer la gueule des tendons sous la peau. Mais je hausse les épaules : j'ai vu pire. C'est pas ça qui va me faire tourner le d'oeil.

Face à nous, le tapis roulant s'engouffre dans une ouverture carrée, obstruée par des lamelles de plastiques souples, opaques, qui nous interdisent de voir ce qui se trame de l'autre coté. En espérant que ce ne soit pas... Je sais pas... Genre un incinérateur automatique... Non, c'est impossible, hein ? Hein ! N'est-ce pas ?! Pour détendre l'atmosphère, je fais à mon prisonnier :

« Je te l'avais bien dit : je gère... Avoue, tu l'as pas vu venir celle là, haha ! »

Je tourne la tête, mate mon escouade avachie, les jambes recroquevillées, sur le tapis roulant... Putain, qu'est ce qu'on a l'air fin, tous, à la queue leu-leu... Heureusement que le ridicule ne tue pas !
Lloyd Hope
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Laisser faire les pros ? Pour se faire sauter la cervelle ? Rancor en chef pouvait toujours causer, Lloyd n'était pas prêt à mettre sa vie entre ses mains... Sauf que lorsque les militaires passèrent en mode langage des signes, il sût que ça allait être difficile de se coordonner facilement. Le hapan jeta un œil vers la porte pressurisée désignée par Rancor en chef, qui illustra ensuite un compte à rebours tandis que les militaires se recroquevillèrent sur eux-mêmes en cessant de riposter. L'effet fut déstabilisant pour les mercenaires, mais un bref instant seulement : arrivé à zéro, Lloyd faillit s'élancer vers la porte – sinon pourquoi le compte à rebours, mais il fut freiné dans son élan par Rancor en chef, lui aussi debout, jambes écartés et torse bombé comme dans un vieil holofilm style Droidcop. Dans le même temps, un des militaires en périphérie du champ de vision du hapan s'était élancé vers la porte : après une brève glissade, bébé rancor sortit un objet circulaire à fixer au sol.

- Oh non...

Pas le temps de faire une réponse plus élaboré au conseil de Rancor en chef. Sauf que le résultat fut pire que ce à quoi Lloyd s'attendait : non seulement une grosse explosion, mais ensuite l'aspiration folle de la dépressurisation de la pièce. Lloyd eut à peine le temps se cramponner des deux mains au bras du militaire que tout le décor de la pièce semblait se déformer et se décrocher pour s'échapper : les corps des mercenaires volèrent, des caisses entières se renversèrent avant de suivre le même chemin. Un bref instant, Lloyd se mit à paniquer. Que faire ? La Force ? Il se prit un objet non identifié dans la figure mais tâcha d'ignorer la douleur et la peur pour réfléchir. Refermer la porte à l'aide de la Force ? Sans comprendre pourquoi, cependant, il réalisa vite que les militaires tenaient bien en place sur les deux jambes. Miracle ? Il y réfléchirait plus tard. Il n'y avait rien d'autre à faire que s'agripper comme un fou à Rancor en chef. Toute son équipe continuait à canarder la zone dans un vacarme assourdissant.
Et puis soudain, Lloyd réalisa que l'oxygène se raréfiait. Est-ce que ces connards avaient des casques pressurisés et pas lui ??? Il voulut crier, mais sa gorge ne parvenait plus à avaler une goulée d'air, et il se contenta d'ouvrir la bouche et de la refermer, comme un poisson dans l'océan de Manaan, alors que son corps était baloté de gauche et de droite.

De nouveaux sons se firent entendre, plus inquiétants : la structure de la station était-elle en train de craquer ? Lloyd eut des larmes aux yeux – certainement à cause de l'air fou qu'il se prenait en plein visage – lorsqu'il songea au fait qu'il allait mourir asphyxié grâce à une bande de troufions républicains ayant fait un trou dans la station. Et dire qu'il avait envisagé d'accueillir à bord de son vaisseau une équipe pareille ! Le Soleil Vert allait tout simplement être détruit lorsque la station imploserait. Ou bien il serait piqué par un dévaronien ou confisqué par d'autres équipes républicaines. Peu importait : il avait échoué dans toutes ses promesses faites à Mat'. Il allait être incapable d'aller la chercher, et même pas capable de garder un œil sur leur petit bijou. Jake allait peut-être le chercher, ou penser qu'il s'était tiré avec le vaisseau. C'était pas son style, merde, il aurait bien aimé dire au revoir ! Des étoiles dansèrent devant ses yeux. Le manque d'oxygène allait emporter sa conscience.

Pourtant, il sentit brusquement, son corps de nouveau attiré vers le sol, et il s'y écrasa la figure contre le métal. C'était aussi douloureux que le bruit de son nez écrabouillé le laissait présager. Putain, ça voulait dire que la pièce était de nouveau pressurisée ! Toujours plaqué contre le sol, il ouvrit grand la bouche en espérant faire venir à lui l'oxygène, mais celui-ci mit plusieurs minutes à les atteindre. Quand enfin il put avaler une goulée d'air, le militaire le remettait debout avec violence. Cette fois, il n'avait même plus la force de protester. Il ouvrit les yeux sur la silhouette de Rancor en chef qui se mettait en action, avec dans son champ de vision une vague auréole rouge. Ah oui, son nez écrabouillé. Ca devait pas être beau à voir.

Rancor se mit à courir en beuglant quelque chose d'incompréhensible et Lloyd suivit maladroitement. Il ne cessait de déraper, de chanceler dans les pas du militaire malgré la concentration qu'il essayait d'y mettre. Vu l'efficacité – totalement absente – de l'essai, Rancor en chef changea de stratégie et se mit à porter Lloyd. Pour un peu, le Hapan en était presque content. Enfin, s'il oubliait que le traitement qu'il venait de subir était une « faveur » du militaire pour lui sauver la peau, ce qui est bien entendu hors de question. Mais bon, il n'était plus en état de dire quoique ce soit de toute façon, alors il se laissa porter, les yeux dans le vague, les bras essayant toujours de se cramponner au militaire. Qui savait s'ils allaient pas recommencer le coup de la dépressurisation ? Il serait pas sûr d'y survivre une deuxième fois.

Lloyd sentit le militaire s'immobiliser, puis se retrouva brusquement jeté sur une surface dure. Putain, ce que son nez lui faisait mal.

- Oh putain, oh putain... geignit-il en se rendant compte qu'il avait retrouvé, avec l'oxygène, sa voix. C'est bon j'ai compris, j'abdique, ok... J'beux rentrer baintenant sibouplé...

Il était sur un tapis roulant. L'horreur. Comment tout ça allait finir ? Bientôt, des grincements se firent entendre et le militaire le rejoignit. Il voulait quoi ? Une dernière étreinte avant de mourir ? Il aurait préféré embrasser Mat', mais il était aussi vrai que c'était toujours mieux que de mourir seul. Il ne savait plus très bien de toute façon qui était le militaire avec qui il avait passé ces dernières heures. Un vieux pote qui avait rejoint l'armée ? Sûrement pas. Une rencontre de fortune alors ? Il avait jamais été gai mais... Tout s'embrouillait dans sa tête de toute façon. L'important, c'était de profiter de ses derniers instants de vie. Lloyd passa sa main libre autour du torse de Rancor en chef et le serra contre lui.

- C'est gentil d'aboir essayé d'nous sauber,
balbutia-t-il, du sang dégoulinant de sa bouche.

La fin du tunnel approche, elle est noire et carrée au lieu d'être ronde et lumineuse. Il avait toujours su que la mort racontée par les mystiques d'ici et d'ailleurs n'avait rien à voir avec la réalité. Bah, il n'aurait plus le temps de leur dire maintenant. L'autre militaire gigota dans les bras de Lloyd et lui dit quelque chose qu'il ne fut pas sûr d'avoir bien saisi.

- Hein ? Ah nan, j'l'abais pas bu b'nir, j'pensais bourir exécuté par un Sith...

Il n'était pas censé raconter ces choses-là. Mais est-ce que ça avait encore une importance, maintenant qu'il allait mourir ? Le carré noir les avala, mais la conscience de Lloyd ne le quitta pas. Il entendait des sons étranges, des mécanismes, et ils se retrouvèrent balottés de droite et de gauche. Il avait l'impression d'être une valise dans un astroport. Le reste de l'équipe chuchotait derrière eux. C'était bien de pas vivre tout ce processus tout seul.

- T'sais, fit Lloyd en se tournant vers le casque dans lequel il ne discernait rien, j't'en beux pas braibent braibent en fait. 'Fin j'beux dire, t'étais là pour faire ton boulot, bon boi c'pas si simple, pour gagner d'l'argent j'poubais pas trop trop faire la fine bouche... Ah tiens boilà, on arribe.

Carré lumineux. Ok, il avait cru que la mort c'était le premier carré noir mais c'était qu'une première étape, autant pour lui.

Le paradis – ou l'enfer, ou la salle du jugement, bref – ressemble vachement à un autre hangar de la station. Le cerveau de Lloyd élabora une vague théorie selon laquelle le mort revoyait pour l'éternité des images du lieu qu'il hantait en reniflant des odeurs de bâton de la mort. Quelle joyeuse coïncidence, ça devait être pour ça qu'on les appelait comme ça...

Ils passèrent à travers le carré. Le militaire eut la présence d'esprit de s'attendre à devoir se réceptionner, mais pas Lloyd qui fut surpris de sentir que son corps existait toujours, qu'il sentait la gravité artificielle l'attirer, et qu'il traversait encore d'autres matières rigides histoire de bien finir de lui éclater la gueule. Ca sentait maintenant le bâton de la mort à plein nez. Lloyd se redressa sur ses jambes flageolantes pour constater qu'ils étaient tombés dans une salle où s'entreposaient les cartons remplis de drogue. Ce qui voulait dire... Qu'il était vivant !
Lloyd voulut lever les bras pour s'exclamer de joie, mais la douleur de son épaule et la résistance de la main du militaire toujours accrochée à la sienne l'arrêta dans son geste. Il était de toute façon toujours en état de choc pour parler convenablement. Son esprit n'arrivait pas bien à formuler des phrases. Tant pis. Il se contenta de regarder joyeusement autour de lui – les vapeurs des bâtons de la mort devaient y être pour quelque chose – avant de reconnaître une vitre. Oui ! Il s'était trouvé devant quelques heures plutôt ! Il ignora les conversations des militaires et entreprit de se diriger vers la fameuse vitre en tirant sur son poing pour que la charge suivît derrière lui.

- Hé ! Hé ! J'reconnais cet endroit ! J'étais là tout à l'heure, ça beut dire que bon baisseau est pas loin !

Il chancela en descendant des caisses, puis rata une marche et s'effondra peu élégamment sur le sol, une main retenue en l'air par la menotte. Un autre militaire était descendu plus vite que lui et se pencha sur son visage tuméfié. Il parlait mais Lloyd ne comprenait pas bien. Au bout de la troisième fois que le rancor beuglait sa question, il finit par comprendre qu'on lui demandait par où il pensait qu'il fallait aller.

Il se mit à réfléchir. C'était dur de réfléchir quand l'odeur des bâtons de la mort vous chatouiller les narines et vous donnait envie de rire. Le casque du type en face de lui était fêlé. La fêlure faisait une drôle de forme. Comme un oiseau. Ou non, comme un gizka en train de sauter ! D'un certain point de vue, ça ressemblait un peu à la silhouette de rancor en chef suspendu dans le vide dans la salle où la gravité n'avait plus existé, un peu plus tôt dans la soirée. Ils s'étaient vraiment amusés comme des p'tits fous ce soir !

Lloyd se mit à rire, le buste secoué par des éclats incontrôlables.

- Ho ho, pardon, c'est juste... T'as Rancor en chef sur la bitrine. Hein ? Nan j'sais pas par où c'est, me soubiens plus. Bais t'as une bonne gueule comme ça, hoho !

Il ressentit un choc brusque dans la figure et étouffa un cri d'indignation en comprenant qu'on venait de lui en coller une.

- Pff, on peut bêbe plus rigoler un peu ici...
Korgan Kessel
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« État de choc post-traumatique… Ses réponses sont incohérentes. » 

Le diagnostique du « doc » me fait soupirer. Genre j'aurais pu le faire moi-même hein. Je secoue la tête dépité. Putain on avait pas besoin de ça... Je m'avance, tente l'ultime remède à ce genre de pétage de plomb : une bonne grosse mandale.... Mais l'effet est loin d'être celui escompté. Chiotte. L'espace d'un instant, ça me démange de lui en remettre une... J'sais pas... Juste pour être sûr que... Mais sa gueule est déjà dans un de ces états... Et quelque part c'est ma faute alors bon... J'me dis que c'est peut-être pas nécessaire d'en ajouter. Raaah, ces civils... Je le soulève, pose son cul sur une caisse. L'odeur qu'elle dégage ne laisse aucun doute quant à son contenu. Des bâtons de la mort. L'une de mes premières affections, avant de rejoindre le corps des Forces Spéciales, sur Ryloth consistait à renforcer les forces de sécurité locales : de l'anti-gang façon musclée et testostérone. C'est là que j'ai pigé que j'étais taillé pour ce genre de conneries... Bref. On va dire que je m'y connais pas mal en drogues et autres saloperies depuis ce temps. L'odeur de ces machins n'aide pas le blanc-bec à reprendre ses esprits. Faut qu'on dégage est vite. Parce que sinon ça risque de tous nous taper sur le système dans peu de temps.

Je me tourne vers mes hommes. Un à un ils descendent du tapis roulant. C'est pas ce que j'appellerai la grande forme, mais ça pourrait être bien pire ! Armures éraflées, déformées par les tirs d'énergies, elles portent les stigmates de la batailles. Rancor Trois est touché à la jambe, au niveau du mollet. Il boite, s'appuie sur Rancor quatre pour se déplacer. D'autres ont reçus des chocs à la tête, violent. Casques fendus, visières étoilées. Mais rien de dramatique. Pour le moment...

« Allez ! On se bouge ! »

Grognements. Les gars sont essoufflés, fatigués. Leurs nerfs sont mis à rude épreuves. Mais ces types sont des pros. Je bouge, ils me suivent. On sort de la pièce... Faute d'autre solution, j'ai passé Lloyd par dessus mon épaule, comme un sac à patates. Pistolet en main, j'ouvre la voie, montre l'exemple. Ici tout est calme, trop. Un couloir. On le remonte. Après quelques minutes de course prudente, sens aux aguets, on est stoppé net par une épaisse porte blindée. J'pige mieux pourquoi tout est aussi... silencieux.

« On est isolé du reste de la station. »

J'sais pas si c'est le résultat de la bataille, de la dépressurisation, ou même de la soute à munition que j'ai connement fait sauter... Mais voilà, tout cette section de la station est coupée du reste. Hermétiquement... Et bien-sur, personne n'a le matos pour découper ce genre de blindage triple épaisseur. Le pire, c'est que j'ai aucun moyen de savoir ce qui se trouve derrière. Le Hangar ? Ou bien on est en train de revenir sur nos pas ?! Faute d'idées, je lance :

« Pause les gars ! Une minute. »

A la seconde où j'dis ça, les cliquetis métalliques s’entremêlent. Réflexe du bidasse de base : quand t'as quinze secondes devant toi, bah tu changes ton chargeur. Moi non plus j'suis pas au top de la forme, faut le reconnaître. Vision trouble, sueur collée sur tout le corps, j'ai même les mains qui tremblent. Autant dire que ma visée n'a plus rien de celle d'un tireur d'élite. Et la faute à qui hein ? La faute à cet abruti que j'ai coursé comme un con dans cette station de merde ! Pfff. Je le pose au sol, sans ménagement, adossé à la cloison qui nous obstrue la route. Je lui choppe la gueule, dans mon énorme paluche et la lui secoue. De l'index de l'autre main, je cogne sur le sommet de son crane :

« Hého, y'a quelqu'un ?! Les connexions se font ?!»

Son regard se pose sur moi... J'sens direct que ça va pas le faire...

« J'te laisse trente secondes mon pote. Trente secondes pour reprendre tes esprits et me dire où c'est que se trouve ton putain de vaisseau ! »

J'ai envie de cogner sur les murs... Mais pour le bien de l'escouade, j'préfères garder mes sentiments bien au fond. Les gars doivent garder confiance, croire que le plan est tracé dans ma tête. Sinon ils vont cogiter bêtement, et on va tous se faire descendre. Je croise le regard de Rancor deux. Signe de tête. Il approche. On s'écarte du groupe, pendant que les gourdes d'eau et de stimulants s'échangent. J'lui demande, à voix basse :

« Toujours aucune nouvelle du Délivrance ? »

« Négatif Caporal. L’ennemi brouille les communications. Putain, les renseignements se sont sacrément chiés dessus… Paye ta mission de routine… Ils sont sacrément bien armés ces gars. » 

« Tu m’ôtes les mots de la bouche. J’sais pas ce qui se passe ici, mais on a pas à faire à des indépendants qui font du trafic d’arme et de drogue pour se remplir les poches… y’a un putain de gros poisson derrière… » 

« L’Empire ? » 
 
« Je pense à rien… Ça pourrait être tout autant les Hutt ou ta grand-mère… J’laisse à nos grosses têtes le soin de faire le tri… Pour le moment tout ce qui compte : c’est sortir de là ! » 

« Ouais… Mais on n’a aucune idée de ce qui se passe dehors… Et si les nôtres s’étaient repliés… » 

« C’est pour ça qu’… »
 

Je jette un coup d’œil à Lloyd et le désigne du doigt 
 
« … qu’on va emprunter son vaisseau, pour se casser d'ici. » 

« J’aime pas ça… On risque de faire canarder de tous les côtés dès la sortie du hangar… » 

« Parce que t’as une meilleure idée ?! » 

« On devrait sécuriser le couloir. C'est un cul-de-sac, y'a qu'une seule voix d'accès et… » 

« Et quoi ? Attendre des renforts ? Qu'on nous ouvre la porte ? Qu'on nous exfiltre ? Laisse tomber, on est seuls. Faut qu'on improvise... » 

« Ok… »
 

J’sens bien qu’il est pas motivé. Pas du tout même. Clair que ce genre de plan n'est pas fait pour tous les soldats. Foncer vers l’inconnu, sans ordres clairs, sans renseignements, sans personne pour vous couvrir les miches. Même pour les FS, c'est du hardcore. Mais moi, c'est pas ça qui me fera chier dans mon benne. A croire que je suis vraiment taillé pour ce genre d'emmerdes. Coup d’œil au gars. Armes en mains, ils sont prêts à repartir. Nickel. Pour le principe je balance un :

« Escouade, au rapport ! » 

« Deux, me reste deux chargeurs » 
« Trois, a part ma jambe explosée… » 
« Quatre, RAS ! » 
« Cinq, j'ai du de chargeur de rab ! » 
« Six, casque fissuré, mais le reste est OK » 


« Ok les gars. Quatre, six, filez un chargeur chacun à cinq. Qui s'y connaît un peu en trucs électroniques ?! » 

Rancor quatre lève la main. J'lui fais signe d'approcher et lui désigne un panneau de contrôle, encastré dans le mur à coté de la porte blindée.

« Ok, essaye de voir si tu peux bidouiller ça, le temps que notre nouveau copain se rappelle où il a fichu son putain de rafiot... »

Sans perdre la moindre seconde, il passe son fusil en bandoulière, retire ses gants à l'aide de ses dents, et commence à trifouiller les câbles.

« Les autres, en couverture. »

L'escouade se déploie. Moitié à gauche, moitié à droite. Les plus avancés se couchent. Derrière les gars sont accroupis. De cette manière, impossible de tirer sur un pote sans le vouloir. Si un mec se pointe à l'angle de notre couloir, il sera instantanément criblés de tirs. Bref. Je choppe Lloyd par le col pour le forcer à se mettre de bout :

« C'est bon ? T'as de nouveau parmi nous ?! Bon, tu disais ? Tu reconnais le coin ? Il est où ton vaisseau merde ! Sérieux, si tu déconnes, je t'abandonne là... »

Ouais, ou pas. Parce que bon, j'suis toujours menotté à lui quoi... Vie de merde hein. S'il répond pas, faudrait trouver un plan B.. B comme heu... « Bah ! On verra bien ce que ça donnera... »
Lloyd Hope
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Tout tournait et secouait le hapan comme pour lui faire rejeter le repas qu'il n'avait pas pris. A chaque sursaut – soit à chaque pas du sergent – Lloyd avait l'impression que les restes de son nez disloqué allait s'arracher de son visage. Dans tous les cas, ça faisait un mal de chien. La tête à l'envers, il sentait le sang remonter dans ses narines et venir obstruer ses sinus, sensation fort désagréable.

- Aaaahhhrrr...

Il avait essayé de dire quelque chose, mais ne savait plus très bien quoi. Ca avait un rapport avec la course du militaire, probablement. Mais sa bouche voulait pas bien articuler des mots, visiblement, aussi laissa-t-il tomber. Il entendit les ordres de rancor en chef sans vraiment comprendre le problème, mais enfin il fut remis à l'endroit. Les coulées de sang se mirent à changer de sens. C'était tout aussi douloureux, en fait. Surtout quand la paluche de l'autre militaire vint le secouer un peu plus.

- Oooorrrrch... M'pait baaal...

Et en plus, le type attendit même pas sa réponse. De sa main libre, Lloyd s'essuya les yeux – du sang avait coulé et commençait à sécher sur ses paupières - juste à temps pour voir que le militaire voulait s'éloigner avec l'un de ses hommes. Le Hapan fut trainé sur quelques centimètres par la menotte en tâchant de ménager son épaule. Il tâcha de tendre l'oreille, mais encore une fois il ne comprit rien. C'était vraiment pas très limpide tout ça... Il avait envie de demander s'ils allaient bientôt le relâcher car il avait quelques trucs à faire, mais il se retint, ayant encore en mémoire la claque qu'il s'était prise quelques minutes plutôt.
Soudain, rancor en chef demanda à chacun de se mettre au rapport, et Lloyd les écouta s'exécuter, surpris.

- Heu... Sept, j'bais pas très bien, balbutia-t-il à voix basse, ne sachant pas spécialement s'il devait se manifester ou non.

Ca n'avait l'air d'avoir aucune espèce d'importance, puisque le militaire revint vite s'intéresser à lui et le remit debout en l'attrapant par le col.

- Ouh la, ho, hé, doucebent, hein. J'suis pas en sucre bais quand bêbe.

Lloyd laissa échapper un gros soupir, puis fit l'effort de regarder autour de lui. Alors, oui, il était passé par-là au début de cette journée maudite. Censément, s'il était capable de faire le chemin inverse de celui qui l'avait conduit à ces évènements de malheur... Il retrouverait donc son vaisseau. Oui voilà, son vaisseau, ça c'était un bon truc sur lequel se concentrer.

- Alors, déclara-t-il dans un soudain accès de confiance. Je be suis stationné sur le quai quatre-bingt cinq èbe. C'est pacile à retrouver, une pois dans les hangars c'est indiqué. Il suppit juste de pranchir cette porte.

La fameuse porte blindée. Lloyd coula un regard vers le rancor qui s'était agenouillé. Il trifouillait les câbles et arracha au hapan une grimace de dédain.

- Il s'est bis au tricot, ton copain ? interrogea-t-il en ricanant, mais il arrêta aussitôt – rire ça faisait sacrément mal au nez.
- Parce que tu saurais faire mieux, troufion ? s'énerva rancor 4 sans daigner lui accorder un regard.
- Bah ouais, c'est quand bêbe bon bétier.

Il fallut quelques secondes aux militaires pour comprendre, visiblement. C'était peut-être la prononciation qui posait problème. Puis Rancor 4 jeta un regard interrogateur à son supérieur hiérarchique, dont Lloyd essayait de se tenir à l'écart – autant que c'était possible avec leurs menottes – de peur de se prendre une nouvelle torgnole.

- Baisse ces câbles et occupe-toi juste de la carte qui gère l'interpace... Nan, baisse le câblage, j't'ai pas dit de le descendre !
- Ben je le baisse !!
- BAIS NAN JE BEUX DIRE BAISSE LES TRANQUILLES !
- C'EST CE QUE JE FAIS !
- NAN J'AI DIT BAISSE COMME BAISSE TOMBER, T'ES DUR DE LA PEUILLE OU QUOI ?!
- OH JE VAIS TE BAISSER LA GUEULE MOI TU VAS VOIR !

Et bim, un hématome de plus. Des étoiles dansèrent devant les yeux du hapan et il se demanda si un morceau de son nez ne s'était pas fait la malle au passage. Au point où il en était, de toutes façons... Qu'est-ce qu'ils pouvaient être cons ces militaires. Rien dans le cerveau, tout dans le muscle. C'était pourtant pas compliqué !

- Ok ok c'est bon je bais le paire...

Lloyd chancela puis se laissa glisser devant le panneau d'ouverture dont les entrailles avaient été dévoilées par rancor au sang chaud et aux oreilles bouchées. Le hapan dut trifouiller la zone pour pouvoir atteindre les circuits qui géraient l'interface, et dût tenter plusieurs manipulations avant de parvenir à obtenir l'effet désiré. Soudain, une sonnerie stridente retentit, ayant pour effet de faire bondir sur leurs pieds les militaires stressés par la surprise. Des cylindres de métal se matérialisèrent au plafond, aussitôt visés par les rancors pensant qu'ils allaient être canardés par des tourelles...

… Mais de simples jets d'eau les aspergèrent. Lloyd grimaça un sourire qu'il ravala aussitôt – le nez – avant de vérifier si la porte s'était déverrouillée.

- Boilà, expliqua-t-il au rancor en chef. J'ai enclenché l'alerte incendie, cobbe ça les issues de secours debraient se déberrouiller. Bon du coup on a un peu d'eau, mais ça bous pera pas de bal, bu bos gueules...

HOP RÉFLEXE mouvement de tête en arrière ! A force de s'en prendre, on finissait par apprendre à les éviter ! A moins que rancor en chef n'eût pas saisi l'allusion.

- Bon par contre la porte s'est pas déberrouillée en pait, annonça-t-il avec un petit sourire – petit et bref, c'est bizarre parce que j'étais sûr que ça barcherait... Bais peut-être qu'ils ont calibré ça pour que la porte ponctionne en coupe-peu.

Moment de flottement, seulement perturbé par le bruit des gouttes qui étaient projetées sur les armures abimées des militaires.

- Coupe-peu ça beut dire comme un obstacle au peu, pour l'empêcher de passer tu bois, pensa-t-il bon d'ajouter, vu que le militaire n'était pas très très fûté. Bais t'inquiète pas je bais trouber un autre boyen...

Lloyd se repencha sur le panneau de commandes, annulant ses précédentes manipulations pour que les jets d'eau, au moins, fussent coupés. Etrangement, il sentait que c'était important pour sa survie. Et au moment où ils s'arrêtèrent, il y eut simultanément un bip et un voyant vert apparut près de la porte blindé.

- Oh ! Bah boilà c'est déberrouillé, du coup ça a annulé le déberrouillage d'abant haha, on a du bol quand bêbe, hein.

Il fut remis sur ses jambes flageôlantes dans les secondes qui suivirent, sans grand ménagement. La porte blindée s'ouvrit... Sur les hangars qui avaient été totalement désertés. La zone était restée pressurisée – ou bien avait été représsurisée ? - et ils se contentèrent de courir le long des travées. Enfin, Lloyd aperçut le Soleil Vert. Toutes les caisses étaient déchargées. Il n'avait plus qu'à s'envoler ! Ah oui, non, il fallait qu'il les emmenât avec lui, merde. Bon... Il laisserait la marchandise de contrebande au sol. Hors de questions d'emmener des preuves à charge.

- Bienbenue dans bon humble debeure, croassa-t-il en déverrouillant la passerelle qui aussitôt descendit avec lenteur. Paites attention à pas glisser...

Ces salopiauds allaient fiche de l'eau partout dans son beau vaisseau tout neuf. Enfin repeint comme s'il était neuf.

- Bon alors c'est boi qui pilote, hein. J'ai des outils dans la rebise, on ba pouboir trancher ça, ajouta-t-il en levant la main – et celle de Korgan simultanément.

Le militaire ne refusa pas, et tous les deux s'enfoncèrent dans les entrailles du petit vaisseau. Il n'avait rien de luxueux – Jake avait laissé traîner ses chaussettes sales – mais c'était un soulagement de pouvoir s'asseoir dans la petite pièce qui lui servait d'atelier et de pouvoir enfin attraper une pince. Il disposa les deux lames coupantes autour de la chaîne qui les reliait tous les deux – ça demandait une certaine contorsion – puis hésita avant de la trancher. Ils étaient enfin seuls, loin de la bande de rancors déchaînés et mouillés comme des chiens kaths sous la pluie. Lloyd adressa au militaire un regard intense.

- Ecoute, il paut que je te dise. C'était dur, tout ce qu'on a bécu ensemble ce soir. Bais c'était aussi exceptionnel. Et je... Je suis pier de l'aboir bécu à tes côtés. Braibent, c'est cobbe si j'abais rencontré un genre d'âbe soeur bais pas pareil tu vois. Enpin bon, je suis content que t'aies surbécu, et que j'ai surbécu aussi. C'est ça la bie, c'est beau. Tu tapes fort quand bêbe des pois je dois te dire, tu bois, c'est pour que tu t'abéliores plus tard. Mais braibent, je suis content d'être tombé sur toi, bon prère.

Il lâcha la pince, ayant oublié qu'il fallait la trancher, et tenta de prendre rancor en chef dans ses bras.

C'était la fin, il le savait. Et il aimait bien faire ses au revoir proprement.
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