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    « Qui ça ? »

    « Maître Alyria Von. Plus communément appelée la Main brisée. »


Valerion parcourut encore un instant les informations que lui présentait Telkhar sur le datapad, puis rendit l’objet à son attaché parlementaire.

    « Mi-hapienne, mi-echani ? »


Telkhar eut un sourire qui en disait long sur ses pensées, amenant le sénateur à lever les yeux au ciel.

    « Tu ferais mieux de te trouver une femme au lieu de rêver… »


Le juriste se renfrogna, décidé à ne pas se laisser faire.

    « Si je travaillais moins pour vous et que vous me laissiez un peu de temps libre… »

    « Du temps libre ? Tu rigoles ? Nous sommes en guerre, mon cher assistant… »

    « Pas tant que le Sénat ne vote pas en ce sens ! Et le gouvernement met tout en œuvre pour que les sénateurs votent dans le sens voulu… »

    « Des incapables, ce gouvernement est composé d’incapables. Arnor, Rejliidic… Pas étonnant que les Sith aient remporté si facilement la bataille sur Artorias. Ce qu'il faudrait c'est un autre gouvernement... A l'heure où nous parlons les fonderies et les docks orbitaux de l'ensemble du territoire républicain devraient tourner à plein régime. Des nationalisations devraient déjà avoir été réalisées, et la République aurait déjà dû imposer un contrôle drastique des prix de certaines denrées... Toute la machine économique doit être tournée vers l’anéantissement de l'Empire Sith. »

    « Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, sénateur, mais vos collègues... »

    « Je sais... Ils semblent incapables de comprendre par eux-même que les ressources économiques de la République sont bien plus importantes que celles de cet "empire". Les Sith savent que la République est un territoire immense et qu'il ne sera pas aisé à conquérir. Ils ont besoin de temps, et Arnor se propose de leur en offrir. »

    « Et votre souper, hier soir, qu'est-ce que cela a donné? »

    « Le Général Tel'kasan et l'Amiral Thilandril semblent être d'accord avec moi... Mais ils ne forment pas l'ensemble de l'Etat-Major, cela ne vaut donc que ce que ça vaut... Ceci dit, ça m'étonnerait que tous les hauts-officiers soient satisfaits de la situation actuelle. Arnor et les Jedi leur ont piqué leurs fonctions sur Artorias et on a vu ce que ça a donné. Il serait temps que les Jedi se contentent de traquer les Sith, parce que même ça ils n'en sont visiblement plus capables. »

    « Évitez de tenir de tels propos face à Maître Von... Vous venez ici pour saluer l'effort Jedi mené sur Artorias. »

    « La politesse... Quelle bonne blague quand même! Si ces types en bure avaient un tant soit peu bougé leurs miches, la bataille d'Artorias n'aurait pas eu lieu. Et Helana serait encore en vie. »


Un silence pesant s'installa dans le speeder. Et cette circulation qui n'avançait pas...

    « La Main brisée? »

    « Oui... Elle a perdu sa main dans un combat contre un Sith sur Roona, apparemment. Mais d'après ce que j'ai trouvé ici et là, cela n'a pas diminué ses talents de bretteuse. »


Enfin, le speeder arriva au Sénat et y laissa le représentant artorien et son compagnon. Valerion avait été étonné que le rendez-vous ait lieu au Sénat, mais Telkhar l'avait informé que le père d'Alyria Von avait travaillé dans ces locaux de longues années durant. Malgré les paroles peu agréables que Valerion avait prononcé à l'égard des membres de l'Ordre, il n'avait ni haine ni mépris à l'égard de ces religieux. Le Sénateur d'Artorias n'avait jamais contesté le rôle prépondérant des Jedi dans la lutte contre les Sith, mais il voyait dans l'octroi de fonctions militaires aux Jedi une dérive dangereuse. Au même titre que l'usurpation de fonctions militaires par un homme politique. Pour le reste... le prince artorien avait pu rencontrer quelques Jedi lors de l'évacuation des Artoriens, et ces derniers lui avaient paru très professionnels.

    « Comment me trouves-tu, Telkhar? »


Surpris, l'attaché parlementaire regarda son employeur avec une lueur d'incompréhension dans les yeux. Ils passèrent devant un groupe de sénateurs que Valerion prit le temps de saluer puis d'une voix irritée celui-ci reprit :

    « Hé bien, alors? »


Telkhar déglutit, décidément peu à l'aise avec ce genre de questions. Valerion soupira, expliquant les raisons de cette question étonnamment personnelle.

    « Je ne te pose pas cette question parce que je voudrais t'épouser. Ou parce que j'aimerais séduire cette Alyria Von. C'est une Jedi. Et je suis toujours en deuil. Mais je ne tiens pas à ressembler au dernier des pécores devant une dame distinguée. »

    « Ma foi, sénateur Scalia, vous portez la tunique noire marquant votre deuil. Sobriété mais élégance, deuil mais prestance. Les seuls bijoux que vous portez sont le collier de la Maison Scalia, en or et portant en son centre un magnifique rubis, et votre... alliance. Votre coupe est fraîche et pour votre âge, quarante-deux, vous me semblez encore plutôt bel homme. Des exercices physiques réguliers vous ont maintenu en excellente forme. Vous respirez la santé, tous les sénateurs ne peuvent pas en dire autant, certainement pas le groupe de vioques que nous venons de croiser. »


Valerion sourit, appréciant les commentaires élogieux de son camarade. Avec humour il lança à son ami :

    « N'exagère pas niveau flatteries, Telkhar. Ceci dit, tu as raison : ce Sénat semble rempli de vieilles loques craintives. Au fait, tu as réfléchi à l'idée que j'avais évoquée? »

    « Un suffrage universel direct au Sénat? L'idée me semble judicieuse, des élections quadriennales ou quinquennales me semblent être une parfaite façon de créer de la stabilité et un véritable engouement populaire pour l'institution sénatoriale. Mais les sénateurs... jamais ils ne soutiendront un tel projet. »

    « Convaincre le gouvernement n'est pas impossible, par contre. Enfin, dans l'immédiat il ne faut pas trop espérer et le principal pour l'instant est d'être nommé à la présidence de la Commission à la Sécurité Intérieure. »

    « Il vous faudra des soutiens au Sénat... »

    « Et je les trouverai Telkhar, je les trouverai... Ce poste va être clé, que le Sénat déclare la guerre aux Sith ou non. Nous aurons besoin d'informations sur l'Empire et si je suis nommé président je ne manquerais pas d'assurer au ministère des fonds supplémentaires. Et puis, tu sais comme moi que les commissions sont le véritable lieu du pouvoir, bien plus que ces ministères qui doivent sans cesse composer avec les décisions des comités. Il me faut ce poste. »

    « Et les Jedis dans tout ça? »

    « Quoi les Jedis? »

    « Ils pourraient être des alliés utiles pour atteindre votre objectif. Si des espions sont envoyés en territoire Sith, il y aura forcément des Jedis parmi eux. Ils ont tout intérêt à ce que la présidence de la commission ne leur mette pas des bâtons dans les roues... »

    « Ce n'est pas une mauvaise idée... mais nous verrons bien. Ah, te voici ma fille !»

Sortant des appartements sénatoriaux de Valerion, une belle adolescente aux cheveux noirs s’avança vers l’Artorien et son attaché coruscanti. Agathe venait tout juste d’avoir quinze ans, déjà se formait une femme qui promettait d’être belle. Les cheveux coupés courts dans un style assez garçon-manqué, la fille du Sénateur avait deux yeux bleus pétillants de malice. Une bouche aux lèvres fines et rouges laissait entrevoir de belles dents blanches. Comme son père et sa mère, Agathe exécutait quotidiennement des exercices physiques qui lui offraient un corps fin mais musclé. L’héritière de la Maison, voilà qui était Agathe Constance Scalia.
Les trois individus se mirent en route vers les appartements où allait se dérouler la rencontre. Valerion se doutait qu’Helena n’aurait pas apprécié que leur fille l’accompagne ainsi… Elle y aurait vu une sorte d’instrumentalisation. Mais Helena n’était plus et Valerion tenait à ce que sa fille s’habitue aux mœurs imposées par le pouvoir. Déjà, il avait pris la peine de lui expliquer ce qu’il entendait réserver à Neyo Galfridiaan… Agathe n’avait pas paru choquée ou bouleversée et cela avait satisfait son père. Il tenait à ce que sa fille soit prête à commettre les mêmes actes pour assurer la gloire de la Famille Scalia. Appauvrie, méprisée, celle-ci allait se relever et prendrait ce qui lui revenait : le trône d’Artorias. Pour le reste… si Valerion n’y parvenait pas, Agathe devait pouvoir assurer la montée en puissance des Scalia.
L'un des nombreux agents de service du Sénat les fit entrer, les annonçant auprès de leur hôte.

Valerion arriva dans les lieux et... fut ébloui. Alyria Von était une femme d'une extrême beauté. Une chevelure étincelante, des yeux d'un vert brillant, un corps élancé mais entraîné et prêt pour le combat... ne venaient interrompre ce portait flagorneur qu'une cicatrice traversant le visage de l’œil gauche au menton et des gants immaculés dont l'un cachait la célèbre main robotique. Deux défauts physiques importants qui démontraient que la Jedi n'était pas juste une belle femme, mais aussi une véritable guerrière. En prime, Valerion avait lu qu'elle n'était pas mauvaise diplomate... Devant des qualités qui déjà séduisaient le prince artorien, celui-ci se méfia avec l'instinct de l'homme politique.

    « Maître Alyria Von, c'est pour moi un honneur et une joie de vous rencontrer. Je me permets de vous présenter ma tendre fille, Agathe Scalia. Elle tenait tellement à vous voir de ses propres yeux que je n’ai pu lui refuser… J’espère que vous me pardonnerez cette faiblesse toute paternelle. »
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Alyria Von parcourut du regard les murs décorés avec soin mais sans excès et l'ameublement confortable sans fioritures inutiles. Tout dans ce lieu respirait le goût de son défunt père, et c'était presque comme si son fantôme était encore présent, même après toutes ces années. Fascinée malgré elle, la trentenaire laissa traîner ses yeux tout autour d'elle, dans cet environnement à la fois étranger et terriblement familier. Rien ne semblait avoir changé depuis sa petite enfance, ou peut-être que son esprit lui jouait des tours, à reconstruire des souvenirs flous et lointains en fonction de son émotion du moment.

A la mort de son père, Alyria avait évidemment reçu ses possessions en héritage, dont cet appartement de fonction au Sénat, tout du moins tant qu'un successeur ne serait pas nommé. Mais personne n'avait repris le poste de son géniteur, et la jeune femme ne désirant pas revenir là où ce dernier avait rendu son dernier soupir, avait immédiatement fait savoir au Conseil Jedi qu'elle laissait à la disposition de l'Ordre cet appartement, donnant au personnel la consigne de maintenir les pièces propres, et rien de plus. Quelle ironie de penser qu'elle était ici à présent sur ordre direct de ce même Conseil afin de recevoir le sénateur d'Artorias.

Il était des plus inhabituels que les Jedis envoient une autre personne qu'un consulaire pour une telle mission, mais les circonstances étaient des plus particulières. Valerion Scallia était le représentant d'un peuple pour lequel les Jedis avaient lutté, et perdu bon nombre des leurs. Du reste, il était connu pour ses positions bellicistes envers le nouvel Empire, chose éminemment compréhensible au regard de ce qu'il avait traversé, mais qui n'allait pas forcément dans le sens de la position des adeptes du côté Lumineux. Sans compter le fait que malgré ses affirmations répétées sur son respect envers l'Ordre, le sénateur n'avait pas tenu tout le temps des propos aussi amènes, comme en témoignait ses récentes interviews.

Autant dire donc que la surprise avait été grande quand une sollicitation d'entretien pour remercier les Jedis de leur effort de guerre était parvenue au Temple. Il fallait choisir un interlocuteur qui convienne et évite de trop indisposer le politicien. L'équation était donc la suivante : trouver un individu suffisamment diplomate, qui réussirait à partir avec un a priori favorable ou au moins pas trop défavorable aux yeux de l'artorien. L'idée d'envoyer quelqu'un ayant combattu sur Artorias avait donc germé rapidement, et parmi ceux ayant joué un rôle sur le terrain et assez haut dans la hiérarchie pour manifester l'attention que portait l'Ordre au sénateur et à même de mener une discussion politique, le nom d'Alyria circula rapidement. C'était un maître, une maître d'armes, connue pour ses qualités martiales et son commandement sur Artorias et qui s'était fait remarquer à plusieurs reprises pour son calme et ses capacités de négociation : la candidate idéale en somme, celle qui avait l'avantage de correspondre à ces critères et d'être disponible immédiatement, puisqu'elle venait de se remettre complètement de sa blessure au visage.

Dire qu'Alyria avait été surprise d'un tel ordre de mission était cependant un bel euphémisme. En ces temps de guerre larvée, elle pensait que sa place était plutôt auprès des padawans à former les jeunes ou alors sur le terrain, mais il semblait que la politique ne veuille décidément pas lâcher celle qui aurait dû y faire carrière. On échappait pas à ses origines, même avec une bure de Jedi.

En tout cas, la proposition du sénateur l'étonnait. Il devait y avoir hutt sous roche, ou alors elle ne comprenait plus rien à la politique... D'ailleurs, la discrétion d'une telle entrevue ne pouvait qu'accréditer cette impression. Il allait falloir être suffisamment fine pour décrypter le vrai du faux dans tout cela et comprendre les réelles motivations de politicien, voir peut-être s'en faire un allié, après tout, une personne détestant les Siths pouvait trouver un terrain d'entente avec les Jedis...

Afin de calmer la nervosité qui montait, Alyria s'ouvrit à la Force et entama une méditation bienfaisante qui eut le mérite de la détendre parfaitement. Le léger remous dans la Force autant que l'annonce de l'arrivée de son hôte mit fin à sa transe, et la bretteuse se leva pour accueillir le sénateur, qui n'était apparemment pas venu seul d'ailleurs, si Alyria en croyait la présence d'une jeune fille d'environ quinze ans à ses côtés. Le lien filial était évident : même chevelure noire, même maintien... Élancée et de belle tournure, l'adolescente promettait de devenir une belle femme, et ses yeux pétillants rappelèrent un bref instant à la maître d'armes un regard semblable, perdu dans les tréfonds de ses souvenirs mais jamais oublié, qu'elle ne cesserait sans doute jamais d'aimer, malgré le deuil et les années passées.

Chassant ces pensées de sa tête, Alyria se composa en un rien de temps un sourire amical, et fit signe à ses invités d'entrer. Le sénateur la salua en premier, et la jeune femme répondit avec la même politesse :

« Mes respects, Sénateur, sachez que le plaisir de cette rencontre est tout à fait partagé. Je vous en prie asseyez-vous, ajouta-t-elle en désignant de sa main gantée la table derrière elle, nous serons bien plus à l'aise. »

Une fois tout le monde installé, Alyria en profita pour détailler son vis-à-vis. Malgré le deuil et les événements récents, le sénateur avait bel allure, elle ne pouvait le nier, et possédait une certaine prestance. En fait, ils ne devaient pas avoir plus de dix ans d'écart, mais le noir et les traits creusés donnaient à l'homme une allure plus mûre.

La gardienne se demandait bien pourquoi l'artorien avait tenu à emmener avec lui sa fille. Etait-ce pour l'attendrir ? La mettre à l'aise en rendant le cadre encore moins formel ? Alyria aurait bien été incapable de le dire, mais son naturel l'emporta, et se tournant vers l'adolescente, elle déclara :

« Qui pourrais vous en vouloir pour avoir céder aux demandes de votre fille ? La persuasion dont sont capables les enfants est une des forces les plus impressionnantes de la galaxie, à mon humble avis. Cependant, je crains de décevoir un tel enthousiasme : en fait, je suis une personne parfaitement normale, quoique dotée d'un don pour la mécanique à faire pâlir le vaisseau le plus proche. Oui, c'est sans doute le trait le plus extraordinaire que je possède. » finit-elle sur un ton léger, désireuse de dérider cette enfant bien sérieuse et de la mettre un peu à l'aise elle aussi.

Ce n'était pas de la fausse modestie. Alyria n'avait pas le lien avec la force le plus profond de l'Ordre, ni une puissance physique impressionnante. Elle était vive et agile, certes, mais considérait que seul son travail acharné était responsable de sa position aujourd'hui. La jeune femme avait toujours du mal à croire en sa nomination au rang de maître, considérant que des personnes beaucoup plus sages étaient de simples chevaliers.

Reprenant son habituel ton calme et modulé, Alyria reprit la parole de sa voix grave :

« En tout cas, je suis ravie de faire votre connaissance, jeune fille, ainsi que celle de votre père. Cette entrevue ne pourra que renforcer les liens entre Artorias et l'Ordre Jedi, déjà tout à fait positif. D'ailleurs, j'espère que votre installation sur Aargau se passe bien, Sénateur, même si je ne doute pas de la volonté de votre peuple à vouloir se reconstruire le plus vite possible. »

Pas de doute, en termes de verbiage diplomatique, la jeune femme n'avait pas trop perdu la main, toute son éducation ressortant sans peine dans ses discours parfaitement calibrés. Puis, décidant que les politesses avaient suffisamment duré, Alyria se lança dans le cœur du sujet :

« Nous avons été favorablement surpris de votre demande d'entretien, croyez-le bien, Sénateur, vous avez toute mon attention. »


L'invitation à parler était facile à deviner, cependant, pour parfaire son masque d'hôte irréprochable, Alyria fit signe à un membre du personnel qui déposa bientôt sur la table des boissons fraîches et une collation légère. L'entrevue pouvait commencer sous les meilleures auspices.
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Agathe avait souri à l'écoute des paroles de la Jedi. Cette femme lui plaisait déjà. En un sens elle lui rappelait sa mère, cette Helena que Valerion avait tant aimée et qu'il avait rencontrée lors de ses études militaires sur Carida. La mère d'Agathe avait été une femme de caractère, née pour commander les hommes. Désormais, elle n'était plus qu'un souvenir douloureux pour les êtres qui l'avaient tant adorée.

La jeune fille ne cessait de faire des cauchemars dans lesquels elle revoyait sans cesse les mêmes images et les mêmes sons : bruit assourdissant, flammes, toits et murs s'effondrant... Sans l'intervention de son père, Agathe n'aurait pu se trouver dans cet appartement coruscanti, en train de siroter un Fruit Fizz. Cela n'avait fait que décupler l'admiration qu'elle avait déjà pour son géniteur. Une admiration qui n'aveuglait pas pour autant Agathe. Elle savait que son père était prêt à commettre des actes terribles pour arriver à ses fins. Il lui avait parlé de ce qu'il réservait à Neyo Galfridiaan et cela lui avait fait froid dans le dos. D'un autre côté... elle tenait tout autant que lui à ce que la Maison Scalia s'élève et comprenait déjà le plaisir que pouvait procurer le pouvoir.

Elle s'étonnait toujours que son paternel ait requis sa présence en ces lieux. Il n'avait jamais eu l'habitude de la mêler à son travail... Quoi qu'il en soit, elle était ravie de se trouver face à une Jedi au nom célèbre. Si Valerion n'avait pas dit l'entière vérité à Alyria Von, du moins n'avait-il pas totalement menti. Agathe rêvait de voir un jour cette personnalité, connue pour ses faits d'armes. La cicatrice faciale et le cliquetis de la main robotique prouvaient que Maître Von n'avait pas usurpé sa réputation. Elle avait longtemps rêvé de devenir Jedi, de manier un sabre laser et d'utiliser la Force... Mais Agathe restait une adolescente, et les contraintes philosophiques imposées par l'Ordre lui paraissaient bien pesantes. Suivre les pas de sa mère et faire une carrière militaire, voilà qui lui convenait mieux. Ou alors une carrière politique... Elle s'estimait trop jeune pour envisager les choses à si long terme, même son père ne semblait pas l'entendre de cette oreille.

Valerion, lui, se félicitait d'avoir amené sa fille. Elle était son unique enfant, la seule héritière de la lignée séculaire des Scalia. Sur elle reposait l'histoire d'une grande maison noble d'Artorias, dont plusieurs membres avaient occupé des fonctions de premier plan au sein des institutions royales. Aujourd'hui, les Scalia allaient devoir viser plus haut s'ils voulaient survivre dans la jungle politique. Agathe n'avait que quinze ans, mais il fallait qu'elle se prépare dès à présent à conquérir et exercer des pouvoirs importants. Le sénateur artorien espérait également attendrir la Jedi et établir un contact plus informel. Il doutait que la simple présence d'une jeune fille puisse émouvoir une guerrière mais... on ne perdait rien à essayer !

"Une personne parfaitement normale". Valerion en doutait franchement. Tout le monde n'était pas Maître Jedi à trente-trois ans, et tout le monde n'avait pas perdu un bras dans un combat contre un Sith... Ceci dit, Alyria Von semblait parfaitement sincère et cette modestie était tout à son honneur. Cela faisait peu de temps que Valerion siégeait à la Rotonde mais il savait déjà que de nombreux sénateurs aimaient se complaire dans une arrogance des plus vulgaires.

Des boissons furent amenées et le sénateur artorien constata avec plaisir qu'on lui avait préparé un "cooler coruscanti", un excellent cocktail mêlant vin et fruits. Rien n'était plus horrible que de se rendre à un rendez-vous où l'hôte ne servait que des boissons sans alcools... Cette pensée rendit Valerion quelque peu honteux. Avait-il à ce point besoin d'alcool? Ne pouvait-il s'en passer? Il ne buvait presque plus rien d'autre depuis les évènements d'Artorias. Le sénateur ne se considérait pas comme alcoolique, mais le malade n'était-il jamais le seul à s'estimer parfaitement sain? Une gorgée du cocktail suffit à dissiper les inquiétudes de Valerion : peu importait. L'important consistait à ce que son penchant pour la boisson ne soit pas remarqué.

Les lieux étaient richement décorés, mais sans ostentation. Une baie vitrée offrait aux individus une vue imprenable sur le District Sénatorial. Toutes ces grandes vitres… Valerion en avait assez de la manie des architectes coruscantis de vouloir toujours offrir la même chose : l’horizon grisâtre de la planète-capitale. L’artorien avait, au départ, été charmé. Désormais, il ne cessait de constater le manque d’imagination des bâtisseurs. Fallait-il vraiment que chaque tour puisse scruter les autres ? Tout le monde s’observait sans se voir, c’était d’un risible… Tous ces buildings sans inventivité lui rappelaient à quel point Artorias avait été un lieu de finesse et d’élégance, un lieu où luxe et beauté se rencontraient pour se marier harmonieusement. La capitale et ses plages de sable fin le long de la Grande Mer, les magnifiques manoirs de marbre blanc, les allées aérées où les amoureux aimaient se balader durant les longues soirées d’été…

Le sénateur se doutait qu’il n’était pas prêt de revoir Artorias. Et ce qu’il y verrait ne lui plairait guère. Tandis qu’ici… Valerion était bien dépité qu’Alyria Von soit une Jedi. Elle aurait fait une excellente politicienne, bien meilleure que lui. Elle avait le sens de la formule diplomatique alors que son point fort, à lui, résidait dans la force et le choc de ses paroles. Mais pas que…
    « J’ai lu tant de choses sur vos exploits, Maître Von ! Votre vie semble si trépidante ! J’espère pouvoir un jour me regarder dans le miroir et avoir pour moi autant d’estime que j’en ai pour vous. »

Un sourire en coin apparut sur le visage de Valerion. Sa fille n’était pas une idiote, loin de là. Agathe allait devoir maîtriser le blabla politicard pour s’assurer une place au soleil. Cela commençait dès maintenant.
Le sénateur artorien afficha un sourire des plus paternels à l’égard de son adorable fille puis répondit à la représentante Jedi.
    « L’aide apportée par les Jedi a été capitale pour le peuple artorien. Il me semble tout naturel de venir vous assurer de l’immense gratitude que chaque Artorien ressent envers l’Ordre Jedi. Nous avons tous perdu énormément dans ce carnage. »

Valerion prit la main de son adolescente, père et fille se regardèrent un instant. Le sénateur eut un sourire triste. Agathe porta son regard sur ses chaussures, réprimant des larmes authentiques. Le chagrin que ressentait Valerion comme sa fille n’avait rien de feint. Pour le coup, il était inutile de jouer la comédie.
    « J’ ai perdu une épouse formidable, mais aussi de la famille, des amis, des connaissances… Si nous sommes en vie, c’est en grande partie grâce à votre vaillance et celle de vos homologues, Maître Von. Les caisses du gouvernement le permettraient, je serais ravi de pouvoir assurer à l’Ordre un soutien financier. Mais comme vous pouvez aisément l’imaginer, Artorias est incapable de faire un tel geste. Tant que je siégerai au Sénat, le gouvernement artorien n’oubliera jamais les sacrifices que vous avez réalisés pour nous ! »

Valerion but une gorgée de son cocktail et le déposa sur la petite tablette située à côté de son fauteuil. Il ne s’y trompait pas : ses quelques paroles amènes n’effaceraient pas ses propos du Nieb Numb Show. Ce qu’il prévoyait pour la suite changerait plus sûrement la donne. Et quel homme politique se laissait tromper par le discours d’un autre politicien ?
    « Vous avez pu voir, comme moi, la barbarie dont sont capables les Sith. Ils m’ont marqué psychiquement comme ils vous ont marqué physiquement. »

Sa main s’était levée et l’index pointa la cicatrice de la Jedi. Aucune vulgarité dans ce geste, seulement la force du constat.
    « Beaucoup de personnes se trompent sur mon combat, Maître Von. Les aveugles ne voient en moins qu’un revanchard, un animal blessé souhaitant mordre une dernière fois son agresseur. Je soutiens la guerre non pas sur base de sentiments, mais sur base de faits. »

Valerion prit une pistache. Il ouvrit celle-ci avec délicatesse et avala le fruit sec.
    « En réalité, ma position n’est guère différente que celle des Jedi. Vous ne faites pas la guerre par plaisir, vous ne combattez pas pour la gloire ou pour l’argent. Mais parce qu’il le faut. Vos sabre-lasers sont des armes dangereuses, mais vous ne vous en servez que lorsque c’est nécessaire.
    Il en va de même pour moi. Certes, je n’ai pas de sabre-laser. Mais j’ai une voix au Sénat et, ajoutée à d’autres, cela peut faire la différence. Ce traité est une vaste mascarade, vous le savez aussi bien que moi. Les Sith proposant la paix ? Une simple stratégie de la Dame Noire pour semer le trouble et la peur, gagner du temps et devenir assez puissante pour écraser la République. Vous avez vu les corps sans vie, vous avez vu les flammes, vous avez vu les massacres. Cette paix est sentimentalement intolérable pour les Artoriens, mais elle est aussi matériellement inadmissible pour la République. Ce traité porte en lui le germe de la discorde entre le centre et les périphéries de la République. La Ligue des Mondes Périphériques est un premier et dangereux signal. »

C’était le moins qu’on puisse dire. Ragda Rejliidic, soupçonné de haute trahison, filmé en pleine discussion avec Darth Ynnitatch, venait de créer un nouveau parti. Une création faible ressemblant fort à une ultime défense… et pourtant ! Si les sénateurs du Noyau votaient en faveur du traité, Valerion ne doutait pas du succès soudain que connaîtrait la Ligue. La création de forces militaires par celle-ci était déjà un élément assez inquiétant. L’inaction d’Halussius Arnor ne l’était pas moins.
    « Je crois que sur bien des points les Artoriens et les Jedi pourraient trouver des éléments de convergence. »

Les Artoriens… sous-entendu le sénateur Valerion Scalia !
    « Nous n’avons pas pu sauver beaucoup de choses… Mais le gouvernement m’a envoyé ceci d’Aargau. »

Telkhar s’avança et plaça dans les mains du Sénateur un magnifique coffret en ébène. Valerion s’avança au bout de son fauteuil puis présenta le coffret à Alyria Von. L’Artorien n’eut qu’à appuyer sur les pressions placées sur les côtés de la cassette pour que s’ouvre celle-ci. Un magnifique collier resplendissait, soigneusement posé sur un petit coussin de velours vert. Le bijou était entièrement fait de chaînes en or associées les unes aux autres. Au centre, un magnifique saphir distribuait ses reflets vers la magnifique chevelure de la Jedi.
    « Le Collier de l’Ordre de la Couronne d’Artorias. Un nom bien pompeux pour un joyau si délicat. »

Valerion plaça la cassette dans les mains de la Maître Jedi, avec douceur mais sans donner le choix à Alyria.
    « Avant que vous ne me disiez que vous n’avez pas mérité cet objet, ce qui est faux, laissez-moi vous dire ceci. Il ne reste que très peu de ces décorations, réservées aux étrangers ayant accompli des actions d’une grande importance pour le Royaume. Vous pensez sans doute que c’est perdre beaucoup d’argent que d’offrir un tel bijou. Mais nous ne pouvons vendre ces joyaux, ni les détruire. Ces objets ne peuvent servir que d’offrandes, et nul Artorien n’aurait l’idée d’en tirer le moindre prix. Rares sont ceux qui ont reçu de tels colliers. Le Roi lui-même intervient dans la décision. »

Le Sénateur d’Artorias se leva et fit signe à Telkhar de s’avancer. Dans le coffret, se trouvait un miroir. L’attaché parlementaire le positionna correctement puis Valerion s’adressa à Alyria Von d’une voix douce et apaisante, charmeuse :
    « Si vous permettez ? Ce serait bien triste de laisser ce collier dans son étui… »

Le Sénateur d’Artorias sourit, présentant des dents soigneusement entretenues. La Maître Jedi n’avait guère le choix, un présent pareil ne se refusait pas. En même temps, Valerion n’entendait pas acheter la Jedi, ce qu’il savait impossible. Il espérait, toutefois, que ce geste fort diplomatiquement permette d’accroître les liens entre Artorias et l’Ordre d’un point de vue formel. Pour le côté informel… l’entrevue ne faisait que commencer !
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Tendant la main vers le plateau de denrées devant elle, Alyria s’empara avec délicatesse d’un verre et sirota sa boisson, qu’elle avait choisi sans alcool, préférant garder la tête froide au vu de la conversation qui s’amorçait, et sirota son coktail aux fruits tout en écoutant attentivement son interlocuteur parler. L’homme était éloquent, la maîtresse d’armes devait l’admettre, avec le verbe haut et l’empathie facile, sans compter que son discours était calibré pour son interlocutrice, qui en admira l’habileté.
 
L’intervention de la fille du sénateur la fit sourire, mais c’était un sourire un peu triste, mélancolique, celui qu’elle arborait souvent quand on lui parlait de ses exploits passés. Alyria se disait souvent qu’elle avait plus perdu que gagné au cours de sa vie : combien de morts parce qu’elle était arrivée trop tard pour arrêter tel ou tel crime, combien de sacrifices pour atteindre son but avait-elle dû consentir, et pour combien d’échecs ? Trop, à n’en pas douter. Mais elle l’avait fait par devoir, et pour que des jeunes gens grandissent en rêvant à des actions héroïques sans en connaître le prix : c’était sans doute mieux ainsi. Au fond d’elle-même, la trentenaire ne pouvait s’empêcher de penser que pour la jeune Agathe Scalia, mieux valait qu’elle n’ait pas à vivre le genre d’existence qu’elle-même menait depuis sa plus tendre enfance. 

Et pourtant, comme le fit remarquer le Sénateur dans un moment particulièrement touchant de son discours, qui sonnait pour le coup extrêmement juste, lui et sa fille, et même tout leur peuple, avait déjà souffert avec l’invasion sith de leur planète. Comment leur en vouloir ? Alyria sentait le bouillonnement de son interlocuteur, sa haine des siths, son désir de venger ses concitoyens. Quand bien même le tourbillon de la Force autour de l’homme n’eut pas été un indice suffisant, les sentiments de Valerion Scalia étaient lisibles dans son ton et son élan passionné. Elle pouvait le comprendre, c’était évident. De là à le cautionner, c’était une toute autre affaire.

 
Une fois encore, le sénateur révéla toute son habileté en l’associant à son discours en pointant leurs pertes mutuelles causées par les siths. Alyria aurait eu du mal à le nier : l’empreinte des serviteurs du côté obscur était présente, marquée au fer rouge dans sa chair, et même, bien qu’enfouie au plus profond de sa mémoire et murée par une barrière mentale de dégoût et d’horreur, dans son cœur. L’espace d’un bref instant, dans sa jeunesse, elle avait senti le goût, l’attrait du côté d’obscur, et pour quoi ? La vengeance, la haine, le désir de justice, l’amour… La jeune femme avait expérimenté cela, et en avait vu les conséquences. Elle connaissait les risques intimement, et savait que seules les décisions rationnelles, non mues par les sentiments violents, pouvaient amener à la paix. Cependant, l’expliquer à quelqu’un de non sensible à la Force ne l’aiderait pas du tout, mais elle gardait dans un coin de son esprit cette pensée, comme une boussole pour savoir où aller dans cette conversation qui s’annonçait capitale et dangereuse.
 
La position du sénateur Scalia sur le traité de Coruscant ne la surprit guère. Il était de notoriété publique qu’il s’y était opposé avec une vigueur impressionnante, et avait été un des plus ardents partisans de sa censure avant le vote. Ce dernier passé, ce qui signait donc son échec politique, Alyria n’avait pas été surprise de le voir présenter sa candidature au poste de Chancelier Suprême. Quoi de mieux pour renégocier une loi à laquelle on est farouchement opposé que de briguer la plus haute magistrature de la République ? Le mouvement était aisé, le pourquoi de ce dernier évident. Et il cherchait des appuis.
 


Quand Alyria entendit dire que les Jedis et son peuple pouvait trouver un terrain d’entente, elle sut que son instinct ne l’avait pas trompé. Cependant, quelle ne fut pas sa surprise en voyant l’extraordinaire collier qu’il sortit de son écrin pour le placer devant elle. Le saphir au milieu était tout simplement d’une pureté hypnotique, la jeune femme avait l’impression que son visage se reflétait entièrement dedans tant il était d’une finesse sans égale. C’était un présent d’une valeur inestimable, mais dont elle perçut trop tard le caractère dangereux, en voyant l’attaché parlementaire se positionner devant elle avec un miroir. Il n’espérait quand même pas… ? Si apparemment, et c’est à ce moment-là qu’Alyria se décida à prendre la parole. D’un geste vif, mais néanmoins suffisamment calculé pour qu’il ne paraisse pas empressé, elle mit la main sur le dos de la cassette et dit de sa voix de velours en s’adressant à l’attaché :
 
« Nul besoin de miroir pour contempler l’éclat de cet œuvre d’art, je crois que sa pureté naturelle suffit tout simplement à éblouir cette pièce. »
 
Puis, se tournant vers Valerion Scalia, elle continua :
 
« Sachez, Sénateur, que ce présent revêt une valeur inestimable à mes yeux et à ceux de l’Ordre, et que je vous remercie, en mon nom propre et en qualité de représentante de l’Ordre Jedi. Je veillerais personnellement à le présenter aux membres du Conseil et à ceux de notre Ordre ayant combattu sur Artorias, afin de montrer à tous la reconnaissance et la bonté que vous nous témoignez. »
 
Tout était évidemment dans le double remerciement, qui permettait à Alyria de ne pas se laisser enfermer dans la sphère personnelle et de rappeler sa qualité d’émissaire de l’Ordre, sans compter qu’à son avis, nombre d’autres Jedis avaient fait preuve d’un grand courage sur Artoriais, et il n’était que justice qu’ils voient leur efforts reconnus, et pour certains leur sacrifice honoré. Changeant soudainement de ton, passant du formel et froid verbiage diplomatique à une tonalité plus personnelle, Alyria déclara :
 
« Vous savez Sénateur, j’ai toujours servi mon Ordre pour m’assurer que les habitants de la galaxie puissent vivre dans la paix. En tant que Jedi, c’est à la fois notre devoir et notre fardeau, que de nous assurer que par nos actions, le moins de personnes possibles soient mises en danger. En quelque sorte, j’espère que pour accéder à la reconnaissance de ses pairs, votre fille n’aura à compter que sur son intelligence, et non à faire parler les armes comme j’ai pu être amenée à le faire au cours de mon existence. Cela amène sans doute, hélas, plus de regrets que d’estime. 
 
L’attaque d’Artorias fut une tragédie humaine, c’est l’évidence la plus absolue. Nous autres, Jedis, avons payé un lourd tribut, mais moins lourd que celui de votre peuple. C’est vrai, j’ai vu les agissements des siths, et j’en garde, comme vous l’avez pointé, un souvenir des plus… marquants. » fit la jeune femme avec une pointe d’humour.
 
Elle avait planté le décor de son discours, il fallait maintenant en arriver aux faits. Elle reprit une gorgée de sa boisson, et continua sur sa lancée :
 
« Cependant, pour être franche, en l’état actuel, vous n’êtes pas sans savoir que l’Ordre, ainsi qu’un certain nombre de vos collègues au Sénat, soutiennent la paix. Ce n’est pas une décision prise dans une sorte de naïveté béate. Nous connaissons les ravages du côté obscur, parfois plus intimement que nous le souhaiterions. »
 
Son visage s’assombrit. Soudain, des flashs d’une certaine scène lui revinrent en mémoire : le sang versé, le corps égorgé d’Yrine par terre, et la haine, si dure, si profonde, si intense… Non, elle ne devait pas se laisser déconcentrer ainsi. Alyria se concentra un instant, laissant la Force l’envahir de sa chaleur bienfaisante, avant de reprendre :
 
« C’est pour cela qu’en l’état actuel des choses, nous savons qu’une guerre ouverte équivaudrait à un suicide. Nous ignorons tout des forces dont dispose ce nouvel empire sith, et les nôtres ont subi un sérieux revers. Mais nous n’allons pas rester les bras croisés. Comme vous le savez sans doute, l’Ordre a lancé une vaste entreprise pour rebâtir le temple de Coruscant. Voilà un projet, qui, j’en suis sûre, ne manquera pas d’attirer votre attention, car ainsi, nous édifions nos forces et d’autre part, mener à bien ce projet sera une victoire symbolique contre l’emprise de terreur des siths. »
 

Au moins, le message avait le mérite d’être clair, en tout cas Alyria l’espérait. Une attaque frontale ne servirait à rien. Se reconstruire, enquêter, et apporter l’espoir aux citoyens de la République, voilà qui était un programme simple, et qui, sans aller dans le sens belliciste du sénateur, avait le mérite de pouvoir l’intéresser. Surtout, qu’il fallait bien l’avouer, la jeune femme avait un peu tourné sa présentation dans ce sens, qui correspondait plus à ses propres vues qu’à celles de tous les membres de l’Ordre. Mais cela, Valerion Scalia n’avait pas besoin de la savoir… 
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Résistante. Valerion aimait les femmes de cette trempe, elles lui donnaient l'impression de retrouver son terrain favori : le champ de bataille. L'art de la séduction était-il vraiment différent de l'art de la guerre? Probablement pas. Sauf qu'en face, le sénateur artorien avait affaire une Jedi. Rien de plus frileux et glacé qu'une Jedi... Pour ajouter aux difficultés, celle-ci était une guerrière, une personne maîtrisant donc pleinement l'art fin et délicat de la lutte... Connaissait-elle toutefois les armes d'un sénateur? Rien n'était moins sûr. Valerion aimait rappeler que les Sith étaient les êtres les plus dangereux de la galaxie. En réalité, il estimait qu'une classe d'individus bien plus effrayante existait : celle des politiciens. Tromperie, fourberie, complots, machinations... Au sein de son propre parti pouvait se cacher le traître. Des hommes - et des femmes - de cette trempe, Valerion en côtoyait tous les jours au Sénat. Il avait fini par bien les connaître, grâce à son poste de chef de groupe au Sénat.

Bref, Maître Alyria Von résistait. Au merveilleux collier contenant en son centre un saphir? A la bonne entente diplomatique entre Artorias et l'Ordre? Non. Elle résistait à la suavité langoureuse des paroles de Valerion, répondant avec une justesse diplomatique caressant l'oreille du sénateur. Ce n'était décidément pas une femme ordinaire, bien que l'Artorien n'ait jamais soupçonné qu'elle le fut. Avec intelligence, Alyria Von arriva à présenter la position de l'Ordre Jedi sur la question de la guerre entre la République et l'Empire. Valerion doutait qu'il y ait unanimité à ce sujet au sein de l'Ordre Jedi, mais le Sénat n'avait eu besoin que d'une majorité pour ratifier honteusement le mal-nommé "traité d'Artorias". Il suffisait qu'une majorité semblable se retrouve au sein de l'Ordre. Valerion s'exprimait courtoisement avec Maître Von. Il n'avait pas besoin de se faire des ennemis parmi les Jedi. Son respect à l'égard de l'Ordre restait toutefois des plus relatifs... Après tout, comment pouvait-on avoir réellement confiance en un Ordre arrachant en toute légalité des enfants à leurs familles, un Ordre ayant fourni quantité de Sith au cours de son histoire, un Ordre incapable d'avoir vu la menace qui avait surpris la galaxie entière sur Artorias? Au lieu de venir s'expliquer de leurs échecs devant une commission sénatoriale, les Jedi continuaient leur train-train quotidien, guère préoccupés par une remise en cause de leurs méthodes.

Agathe bailla discrètement. Les paroles de la Jedi l'intéressaient au plus haut point, mais il commençait à se faire tard.

    « Je crois qu'il est temps pour toi d'aller te coucher... »
dit Valerion avec douceur.

Sa candidature à la chancellerie était désormais connue de tous. Probablement, nombreux devaient être les personnes imaginant que c'était la chose la plus précieuse pour Valerion Scalia : la fonction de Chancelier Suprême! Pourtant, le prince artorien accordait, dans son coeur et dans son esprit, une place infiniment plus importante à Agathe. Elle était tout ce qui subsistait de l'amour qui l'avait uni à sa mère magnifique. Agathe était le fruit d'un amour passionné et un peu de cette passion persistait dans l'amour de ce père pour sa fille.

Avec le charme d'une fille n'étant plus tout à fait une enfant, sans être déjà une adolescente, Agathe Scalia embrassa son père et alla offrir à Maître Von sa petite menotte. Sous le regard attentionné de Telkhar, la fille du sénateur quitta les lieux en gratifiant son géniteur d'un discret clin d'oeil.

    « Y a-t-il plus belle chose que d’avoir des enfants ? J’ai toujours eu de la peine à comprendre ceux qui ne souhaitaient pas donner la vie. »


Une pique à l’égard de la Jedi qu’était Alyria ? Non, mais une façon comme une autre de tenter de la déstabiliser. Après tout, n’était-il pas paradoxal que les Jedi refusent l’amour et ses productions alors même qu’ils arrachaient légalement des enfants à leurs parents pour en faire l’éducation? La législation en la matière changerait fondamentalement si Valerion atteignait le sommet de l’Etat. Permettre à l’Ordre de prendre des bambins à leurs parents sans que ceux-ci ne puissent s’y opposer était cruel.

    « Ne croyez-vous pas qu’un changement serait bienvenu, concernant le recrutement des jeunes Jedi ? Oh, cela ne concerne pas vraiment notre entrevue… Mais, voyez-vous, je n’ai jamais compris pour quelles raisons l’Ordre avait la faculté d’enlever à leurs parents de jeunes être humains. Obtenir l’autorisation des géniteurs serait plus… [i]humain[/i ]. Sans compter que l’Ordre gagnerait en respectabilité au sein de la population.

    Mais je m’égare ! »


Valerion se resservit un verre de vin. Rouge. La bouteille laissée sur la table basse était un grand cru de Naboo. Avec adresse, le sénateur servit un verre qu’il offrit à la représentante Jedi, plongeant ses yeux dans ceux, verts et profonds, de son interlocutrice. Et quelle chevelure ! Celle-ci semblait flamboyer, touche de couleur éclatante dans cette pièce grise typique de Coruscant. Il lui semblait qu’Alyria Von était une source de chaleur emplissant les lieux de sa forte présence. Reportant son attention sur sa boisson, Valerion porta celle-ci à ses lèvres et savoura l’amertume du liquide.

    « Comme il est curieux d’apprécier tant un fluide dont la couleur ressemble à ce point au sang… »


Le prince artorien posa son verre et sortit un paquet de cigarettes et un briquet d’une de ses poches intérieures. Par des gestes précis à force d’être mécaniques, il alluma sa cigarette et, fermant les yeux, inspira un instant la fumée délicieuse et mortelle. Puis, avec galanterie, il proposa à la demoiselle de fumer avec lui.

    « Le tabac est excellent. Il vient d’Artorias. »


Faisant tomber un mégot dans un cendrier, Valerion entreprit de répondre sur la position pacifiste que lui avait présentée Maître Von.

    « Allons, Maître Von, n’essayez pas de me faire croire l’improbable. L’Ordre Jedi soutient la paix ? Votre Conseil n’a, pourtant, encore rien déclaré d’aussi univoque. Votre position est moins éloignée de la mienne que ce que vous pensez. Vous parlez de se préparer, de connaître les forces de l’ennemi… Ais-je jamais dit autre chose que cela ? Peut-être avez-vous pris connaissance de mon programme ? Vous avez, alors, du constater que l’élément premier est la renégociation du traité. La guerre n’est que l’ultime option, la dernière solution. Mais il faut cesser de se leurrer, la paix telle qu’exigée au travers de ce traité n’est qu’un armistice temporaire. Céder les territoires frontaliers de la République ? Livrer Onderon à l’Empire ? Ce n’est pas là une proposition de paix faite à la République, mais une déclaration de guerre. Et je m’étonne de voir les ennemis du Côté Obscur si prompts à livrer des citoyens républicains à un Empire Sith, fondé sur la haine et la tyrannie… »


La pique était bien réelle.

    « Les Sith n’accepteront jamais un accord honnête pour la paix. Mais la renégociation donnera le temps nécessaire à la République pour se préparer. Grands travaux défensifs à nos frontières, construction dans tous les chantiers navals de la République de flottes militaires, création de routes hyperespaces réservées à nos flottes et armées, envoi d’espions dans tout l’Empire, déstabilisation interne de celui-ci, prise de contact avec les Sith ennemis d’Ynnitatch… Tout cela doit être fait, de façon urgente. Mais je n’irai jamais devant les Citoyens de la République en leur disant que la paix est nécessaire, sans jamais dire que c’est pour mieux préparer la guerre ! C’est ce que fait Emalia Kira. Je veux avoir l’honnêteté de dire aux Citoyens que l’Empire est un danger contre lequel nous devons nous armer et nous préparer. Je leur dirai la vérité en les prévenant que la guerre est une possibilité. »


Valerion aspira une bouffée de cigarette, jouant avec celle-ci entre ses doigts. Tout, dans la femme qui était à son opposé, l’intriguait et l’attirait. Malgré les différences politiques, malgré les différences de fonction, il sentait qu’Alyria n’était peut-être pas une Jedi semblable à la plupart des membres de son Ordre. C’était une combattante et, comme tout soldat, elle avait vu des choses que l’on ne pouvait oublier. La méditation seule ne pouvait remédier aux souffrances intérieures de cette femme aussi séduisante que dangereuse.

    « Dans cette perspective, l’Ordre Jedi a un rôle central à jouer. Votre Ordre est allé d’échec en échec : incapacité à détecter les Sith avant qu’ils ne se fassent remarqués, échec militaire sur Artorias, situation abracadabrante sur Flydon Maxima… Sans oublier que l’incapable Chancelier Arnor est lui-même un Jedi. Ne prenez pas mal ce que je viens de vous dire. Ce sont là de purs faits. Je reconnais aisément que la République est elle-même défaillante, et c’est bien pour cela que je présente un projet ambitieux de réformes institutionnelles. Malgré tous ses défauts, l’Ordre Jedi n’en demeure pas moins l’outil le plus adéquat dans la lutte contre les Sith. Espionnage, infiltration, protection de hauts dignitaires et j’en passe… L’Ordre a les compétences nécessaires pour faire face au danger que représente l’Empire. Pour ces raisons, je souhaite que les relations entre la République et l’Ordre Jedi fassent l’objet d’une législation efficace. Des situations comme celles d’Artorias et Flydon Maxima, où les Jedi ont pris le commandement des forces armées, doivent cesser. L’Armée de la République a une hiérarchie et dispose en suffisance d’officiers de qualité. Les Jedi défendent la République et, par conséquent, doivent en respecter les lois. Cela ne sera possible que si les instances républicaines et l’Ordre arrivent à collaborer de façon plus étroite et efficace. Cela passe, entre autre, par la nomination par le Conseil d’un Maître servant de lien permanent entre le Gouvernement et le Conseil. Ce serait une proposition, parmi d’autres, que je ferais au Conseil si le Sénat me faisait l’honneur d’être le prochain Chancelier Suprême. »


Et, chère Alyria, pourquoi pas vous à ce poste ? pensa Valerion en faisant découvrir sa belle dentition.
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Généralement, une fois que les deux parties d’une négociation ont exposé leurs opinions, la bataille des mots commence afin de faire flancher l’adversaire, de le contraindre ou de le convaincre. Malgré la cordialité de leurs échanges, Alyria ne doutait pas que la conversation allait à présent prendre un tour peut-être moins policé. Après les mondanités, place au vrai discours, et au vu du visage impassible de son interlocuteur pendant qu’elle s’exprimait, la jedi ne doutait guère du résultat à attendre : donner au sénateur une fenêtre de tir pour contrer sa position pacifiste. C’était évident, comme un jeu du chat et de la souris en version feutrée dans un appartement de Coruscant, où les mots sont des cachettes habiles.
 
Comme pour souligner ce passage, son vis-à-vis décida de faire comprendre à sa fille qu’il était temps de se coucher, faisant ainsi comprendre à la jedi que les discussions plus sérieuses allaient sans doute débuter. Se levant afin de saluer l’héritière de Valérion, Alyria lui serra la main, prenant bien soin de se positionner de façon à utiliser son membre valide, car elle trouvait que le contraire eut été quelque peu impoli, pour ne pas dire désagréable pour une enfant encore jeune. Puis elle se rassit avec souplesse, croisant ses jambes musclées mais fines devant elle, dans une posture paraissant bien plus détendue qu’elle ne l’était réellement.
 
Sirotant la fin de son verre pendant qu’Agathe Scalia quittait la pièce sous les yeux de son père, Alyria se demanda par où le sénateur allait démarrer les hostilités. Et elle ne fut pas déçue de la réponse qui était apparemment immédiatement. La maîtresse d’armes était habituée à ce genre d’insinuations, beaucoup de personnes ne comprenaient pas le renoncement de l’immense majorité des jedis au bonheur de fonder une famille. Pourtant, si elle devait être honnête avec elle-même, la jeune femme devait avouer que pour le coup, la question ne lui avait jamais traversé l’esprit. Elle avait un certain nombre de regrets dans sa vie, mais ne pas porter d’enfant n’en était pas franchement un. Depuis sa plus tendre enfance, la trentenaire avait voué sa vie à l’art de la guerre, que ce soit sous l’œil attentif de son militaire de père ou plus tard au Temple. Bref, n’eût-elle pas été sensible à la Force que le résultat aurait sans doute été sensiblement le même : Alyria Von n’était pas le genre de femme qui vivait pour mettre au monde une descendance, ce n’était ni dans son caractère, ni dans son choix de vie. Aussi, elle répondit avec douceur, guère affectée par la remarque, d’une voix un peu mystérieuse, le tout agrémenté d’un sourire affable :
 
« Parfois, nous devons renoncer à certaines choses pour en connaître le prix. »
 
C’était parfaitement vrai au demeurant. Les jedis connaissaient la valeur de l’amour, de la famille, parce que nombre d’entre eux y renonçaient volontairement, préférant sacrifier leur vie personnelle pour s’assurer que d’autres aient la chance d’en avoir une. Une belle vision selon Alyria, aussi difficile à mettre en œuvre que délicate à comprendre pour ceux n’ayant pas été confrontée à ce choix. Mais c’était la voie qu’elle avait choisie, autant que la Force l’avait choisie elle pour pouvoir la manier.
 
Cependant, Valérion Scalia continua sur sa lancée familiale, et son interlocutrice comprit enfin les raisons d’une pareille introduction. Elle savait que certaines voix s’élevaient pour remettre en cause les méthodes des jedis, et, de la manière la plus polie dont elle était capable, la maîtresse allait devoir justifier une politique souvent comprise, mais absolument nécessaire.
 
« Au risque de vous décevoir, Sénateur, je ne le crois pas, mais pour des raisons que je vais m’empresser de vous exposer, et je suis certaine qu’un partisan de l’ordre comme vous, si j’en juge par votre adhésion au Rassemblement Républicain, ne me contredira pas une fois que vous aurez une vision plus complète de la vérité à ce sujet.
 
Vous évoquez des enlèvements, et je sens en-là votre fibre paternelle s’exprimer, ce que je comprends tout à fait, même si en réalité ce sont simplement des opérations destinées à protéger des enfants d’eux-mêmes et leurs entourages. Voyez-vous, ce n’est pas par gaité de cœur que l’Ordre accueille ceux sensibles à la Force en les séparant, du moins physiquement, de leur environnement familial. C’est une nécessité, une sécurité. La sensibilité à la Force permet d’effectuer des choses admirables : soigner les corps et les esprits, protéger des populations… Mais ce n’est possible que grâce à un contrôle constant et à un entraînement long et rigoureux. Laisser un enfant à la merci de ses dons, c’est prendre le risque qu’involontairement, lorsque soumis à la colère ou à la peur, des émotions courantes pendant l’enfance, ce n’est pas à un père de famille que je vais apprendre ce genre de choses, il blesse d’autres personnes, ou bien lui-même. Et croyez-moi, les exemples abondent de ces tragédies humaines, dans les systèmes où nous ne pouvons pas toujours intervenir à temps.
 
Alors certes, une autorisation donnerait peut-être un sentiment de confort à certaines parents, mais dites-moi, que faire si, pour une raison ou pour une autre, d’un point de vue sentimental parfaitement compréhensible par ailleurs, un couple refuse que son enfant entame sa formation au Temple ? Prendre le risque que dans un risque de rage enfantine, il brûle sa maison, blesse d’autres enfants, voir ses propres parents ? Qui accusera-t-on alors de négligence, sinon les jedis, coupables de ne pas avoir convaincu des parents de laisser leurs enfants, voir même le gouvernement ayant proposé une telle mesure ?
 
Du reste, je tiens à rappeler, même si vous ne l’ignorez pas, que les cas dans lesquels la force doit être employée lorsque l’un des nôtres se présente pour recueillir un enfant sont extrêmement rares, et souvent le fruit de parents qui voient plus le départ d’un héritier potentiel qu’autre chose. C’est hélas, une triste vérité.
 
J’ai moi-même quelques fois ramené des enfants au Temple, presque toujours suite à un contact demandé par des parents suite à une manifestation du don de leur fils ou de leur fille. Ils comprennent les dangers inhérents à ce type de pouvoir, et nous font confiance pour permettre à leur progéniture de s’épanouir dans la voie que la Force a tracée pour eux. Notre méthode est un moindre mal, je puis vous l’assurer, eu égard à certains précédents pour le moins fâcheux. »
 
Se taisant après cette petite tirade, Alyria se cala plus confortablement dans son siège, estimant avoir fait preuve de suffisamment de tact pour opposer une fin de recevoir tout ce qu’il y avait de plus argumenté à Valérion Scalia. Essayant d’adoucir un peu son discours, elle ajouta :
 
« Vous savez, Sénateur, je parle d’expérience. Je suis arrivée au Temple âgée d’à peine huit ans. Dire que ce fut facile de s’adapter à un tout nouvel environnement ? Je mentirais en le disant. Mais est-ce que ce fut une épreuve insurmontable ? Si c’était le cas, je ne serais pas devant vous, à converser dans les appartements de feu mon père. En effet, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas physiquement avec nos familles que nous les oublions. Certains initiés communiquent de temps en temps avec leurs parents, nous leur rappelons simplement que l’attachement trop marqué a souvent des conséquences fâcheuses. Mais les empêcher de se tenir au courant des naissances, promotions, décès et autres événements familiaux ? Non. Nous ne les coupons pas du monde, contrairement à ce que certains pensent. Certains d’entre nous, sans frères ni sœurs, héritons de nos parents, et nous nous arrangeons le plus souvent pour que les biens familiaux soient transmis ou correctement administrés. Les jedis ne sont pas des ermites. 
 
Pour beaucoup, nous participons à l’éducation des plus jeunes, et quand un maître décide de prendre un padawan, un lien filial se crée souvent entre les deux. Nous créons nos propres liens familiaux et affectifs, comme tout un chacun. »
 
Alyria espérait fortement avoir fait comprendre son point de vue au sénateur, qui ne sembla guère insister davantage. Valérion Scalia lui proposa un verre de vin, qu’elle accepta sans toutefois y toucher, sacrifiant aux apparences sans pour autant s’y plonger totalement. La remarque du sénateur la fit sourire, et elle répondit avec un brin d’humour :
 
« Si tout ce qui était de couleur rouge était interdit, croyez-bien que j’aurais sans doute quelques difficultés à m’adapter. »
 
Difficile en effet d’échapper à la flamboyance de sa chevelure, qui semblait attirer le regard du sénateur. Alyria avait l’habitude que son physique lui vaille quelques coups d’oeils appréciateurs de la part de ses interlocuteurs… et interlocutrices d’ailleurs, aussi elle ne se formalisa pas de cet intérêt. C’était dans la nature humaine.
 
Cependant, elle dût refuser le tabac que lui proposa l’homme avec un sourire qui se voulait contrit :
 
« Je ne doute pas de la qualité de ce tabac, en tout cas si j’en crois les nombreux spots médiatiques passant en boucle sur Coruscant. Mais je ne fume pas, navrée. »
 
Maintenant allait pouvoir commencer le véritable débat, cette petite discussion n’ayant été qu’un amuse-bouche. Toute personne ayant un peu écouté Valérion Scalia depuis l’attaque d’Artorias savait précisément quel était son but : la vengeance contre les siths et l’abrogation du traité. Concentrée sur les paroles du candidat à la chancellerie, elle écouta sans mot dire son développement, son sourire affable ne trahissant jamais ses émotions, comme un masque diplomatique qu’elle avait appris à porter dans ce genre de cas, de manière à montrer à son vis-à-vis que ses remarques plus ou moins piquantes n’avaient pas de prise sur elle. De temps en temps, Alyria devait avouer que l’entraînement jedi visant à maîtriser ses sentiments avait des avantages.
 
Après une attaque en règle de la position qu’elle avait exposée, le candidat lui exposa son programme, en profitant de cela pour adresser une pique à l’adresse de sa rivale pour la magistrature suprême, avant d’en arriver à un point intéressant : sa vision des relations entre l’Ordre et la République. Autant dire que sur cette partie-là, Alyria retrouva sans particulièrement apprécier la chose le sénateur du Nieb-Nieb show et ses déclarations peu amènes envers les jedis. Elle demeura néanmoins impassible, ses yeux émeraudes se contentant de fixer son interlocuteur de leur lueur perçante. La maîtresse d’armes n’était pas une électrice à convaincre, et la riposte n’allait pas tarder à arriver, toujours avec cette politesse glacée qui la caractérisait, héritage de sa mère hapienne, sans doute. Se redressant un peu sur son siège, et commença à parler, prenant garde de contrôler les inflexions de sa voix grave :
 
«  L’Ordre ne fait que soutenir la mise en place des décisions du Chancelier Arnor. Pour le reste, je ne suis pas au Conseil, et ne peut effectivement pas donner une position qui n’existe pas encore, je me contente de statuer un fait entériné par les positions précédentes de l’Ordre lors de la négociation du traité et les événements ayant suivi. De toute façon pour le reste, les jedis restent neutres sur les décisions politiques. Nous exprimons tout au plus un avis, que les représentants de la galaxie sont libres de suivre ou non, à leurs risques et périls. »
 
Difficile de faire plus technocratique comme entrée en la matière, mais Alyria espérait ne commettre aucun impair. Sans compter qu’un langage aussi policé permettait souvent de faire passer également quelques commentaires peu amènes sur la logique de son adversaire, ce qui était précisément le cas de sa toute première phrase. Tout était dans l’enrobage. Poursuivant avec calme, Alyria aborda alors le cœur du problème :
 
« Comme toute citoyenne avertie de cette République, j’ai écouté votre discours programmatique, ainsi que celui de votre adversaire. Vous voulez tout deux renégocier le traité, ce que je comprends, vos propositions se rejoignent sur de nombreux plans… Sénateur, nous savons tous les deux pertinemment que la seule opposition de fond entre vous deux est une affaire de tempérament, de présentation de vos opinions. C’est le jeu politique, et c’est parfaitement normal. La danse des soutiens entre vos deux personnes le prouve sans mal. »
 
Par cette petite phrase, Alyria venait de faire poliment comprendre à son interlocuteur que toute discussion visant à calomnier sa rivale allait se heurter à un mur. Contrairement à certains au sein même de l’Ordre, la trentenaire avait une vision dépassionnée de la politique, presque analytique. Son esprit curieux aimait regarder les débats, les ambitions s’écraser les unes contre les autres. Son initiation à l’art de la politique s’était fait dès le berceau, et elle en avait gardé un avis intéressé, mais profondément pragmatique, neutre.
 
« Cependant, je vous rejoins sur un point : au final peu importe qui succédera au chancelier Arnor, qui soit dit en passant, a tenté de stabiliser une situation désastreuse et n’a pas hésité à envoyer toutes nos forces à votre secours malgré les risques et mériterait sans doute un peu plus de considérations… Sans compter, que, si je ne me trompe pas, le traité est davantage l’œuvre de Ragda Redjilic, qui vient de se déclarer pour vous. »
 
Au jeu des petites phrases, Alyria Von n’était pas forcément la plus mauvaise, et si elle répugnait à les employer dans le cadre amical ou bien encore au sein du Temple, elle n’allait pas se priver de pointer les contradictions de son interlocuteur, comme il l’avait fait pour celles de son Ordre. Un prêté pour un rendu, en somme. Continuant sur sa lancée sans se départir de son sourire, Alyria déclara :
 
« C’est pour cela que de toute façon, finalement, peu importe ce que nous autres jedis pensons à ce sujet. Ce qui compte, c’est ce qui se passera après l’élection, et je suis entièrement d’accord avec vous en ce qui concerne le renforcement de la coopération entre l’Ordre et la Chancellerie. Cependant, je me dois d’apporter un bémol dû à mon expérience du terrain, notamment sur Artorias. Les jedis ne prennent pas toujours le commandement des troupes de la République. Au contraire, ce sont bien souvent les officiers militaires qui après concertation avec nos membres et une analyse de la situation s’il y a le temps pour le faire, décident ou non de remettre le commandement à l’un des nôtres. Et si nous sommes au milieu d’une bataille, vous savez, les grades importent peu : les soldats suivent la personne la plus haut gradée près d’eux ou capable de les sortir vivants de l’ornière dans laquelle ils sont. C’est ce qui m’est arrivée sur Artorias, justement, et je pense que le résultat fut plutôt satisfaisant, notamment au vu des circonstances. D’autres de mes compagnons jedis se sont mis aux services des généraux de la République. Au milieu des tirs, vous faîtes au mieux, et je vous offre là un avis issu directement de mon expérience : légiférer ainsi ne servirait qu’à ralentir un peu plus nos forces armées alors que nous devons montrer rapidité et efficacité.
 
Néanmoins, peut-être un terrain d’entente peut être trouvé par l’intermédiaire de ce relais entre Jedis et instances républicaines, comme vous venez de le suggérer. Ainsi, les commandements remonteraient jusqu’à une instance neutre à même de s’organiser efficacement et de coordonner nos différentes unités. Cela pourrait-il convenir ? Si c’est le cas, vous aurez mon entier soutien auprès de l’Ordre pour mettre en place une telle mesure. »
 
Désirant s’éloigner un temps du registre guerrier, histoire de surprendre un peu son interlocuteur, Alyria conclut d’un ton plus léger :
 

« Pardonnez ma curiosité sénateur, mais vous avez beaucoup parlé dans votre discours programmatique, au demeurant intéressant n’en doutez pas, de traités, de réformes institutionnelles… Mais j’aimerais savoir quels sont vos projets en termes de cultures, d’arts, de santé, d’agriculture… Après tout, ces domaines souvent oubliés sont vitaux pour le bon développement de la République et de ses habitants, et j’avoue que j’aimerais avoir votre point de vue sur ces questions. C’est un intérêt purement personnel, mais j’apprécie avoir une vue d’ensemble en politique. Et rares sont les citoyens à avoir l’opportunité de discuter posément avec l’un des deux candidats à la chancellerie, alors autant en profiter, n’est-ce pas ? »
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Quelle curieuse demoiselle que cette Alyria Von... Décidément, elle surprenait agréablement Valerion Scalia. Les Guerriers Jedi avaient une réputation, disons, mitigée : excellents combattants mais pauvres esprits. La semi-happienne qui faisait face à Valerion avait, clairement, toute sa tête et une connaissance subtile du langage politicien. Elle s'était adressée au sénateur artorien en affichant des positions claires et inébranlables, sans pour autant pêcher par manque de politesse ou par des remarques agressives. Cela ne surprit qu'à moitié le prince Scalia, un guerrier doit pouvoir conserver son sang-froid en toute situation. Curieusement, il apparaît que rester calme face à un discours est parfois bien plus difficile qu'au cours d'un combat. Lorsque Valerion avait sauvé sa fille des flammes Sith, il n'avait pas réfléchi : il avait agi. Helena était morte, réduite en cendres. Mais, sur le coup, l'entraînement militaire de Valerion avait prouvé son efficacité : se fixer un objectif, sauver sa fille, et l'atteindre par tous les moyens possibles, en évacuant les éléments inutiles.

Le raisonnement de la Jedi se tenait parfaitement, concernant les enfants sensibles à la Force. Valerion était un père, et comme tel il ne pouvait imaginer que des inconnus aient ainsi le droit de pouvoir lui prendre la fille, si elle possédait un "don" qu'il ne pouvait comprendre. Mais le militaire et le législateur en Valerion Scalia, devaient reconnaître que la situation actuelle était celle de la Raison.

    « Je me rallie à votre position, Maître Von. »


Le sénateur avait dit cela sur un ton nonchalant, reposant son verre de vin sur la table basse et continuant de fumer négligemment.

    « Oui, je rejoins votre propos. Mieux vaut prévenir que guérir, n'est-ce pas? Vous voudriez m'enlever ma fille, voyez-vous, je ferais probablement tout pour vous en empêcher. Comment un père pourrait-il admettre qu'on puisse lui ôter la chose qu'il a de plus précieuse au monde? »


Il tira sur sa cigarette, fixant le beau visage régulier de la Jedi, fronçant les sourcils. Il n'y avait rien à répondre.

    « Pour autant, j'admets que la solution de raison revient à mettre ces êtres sensibles à la Force dans vos... couvents. »


L'Artorien avait prononcé ce dernier mot avec un sourire amusé, blagueur. A la remarque caustique d'Alyria sur la cigarette, le sénateur ne put s'empêcher de rire avec franchise.

    « Vous marquez un point, Maître Von... Je suis sans doute une victime de la publicité! Pour ma défense, je dois tout de même préciser que je ne pourrai plus goûter un aussi bon tabac avant un bon moment! Il provient d'Artorias et, comme vous le savez, il y a peu de chances pour que l'Empire Sith tienne à m'envoyer le meilleur tabac de la Bordure Extérieure. »


D'un geste brutal, il écrasa sa cigarette dans un cendrier de cristal, objet ouvragé et élégant. Il prit son verre et huma l'arôme délicat du vin naboo. Il respira l'odeur de la vengeance et de la passion.

    « Vous n'avez pas tort, sans avoir tout à fait raison. Je vous concède qu'Emalia Kira et moi nous rejoignons sur un point capital : le désir de renégocier le traité d'Artorias. Pour le reste... Les médias ont trop occulté un élément pourtant fondamental : la situation économique, la question sociale. La Reine Kira prône une forme de conservatisme : restons-en à la situation actuelle. Ca, je ne peux l'accepter. »


Le sénateur Scalia reposa son verre. Ayant un besoin compulsif de faire quelque chose de ses mains, il reprit une cigarette pour faire, inlassablement, les mêmes gestes.

    « On parle beaucoup de l'arrivisme politique, des alliances d'un temps, des tromperies, des fourberies, des trahisons, des alliances... A raison, tout cela existe. Je suis un sénateur, et comme tous mes collègues je dois faire des compromis, m'allier à des gens que je n'apprécie guère, et faire de personnes estimables des ennemis jurés. Cela implique-t-il que ma parole ne vaut rien? Que je n'ai pas d'idéaux à poursuivre? Non. Nous ne pouvons accepter la situation sociale actuelle. Des individus travaillant pour rien, exploités par des grandes industries, une économie financière à la taille exorbitante, des syndicats niés voire réprimés, une concurrence scandaleuse entre les mondes de la République... Les sénateurs vivent plus que confortablement, et il me semble que les Jedi, malgré leur austérité, n'ont pas à se plaindre sur le plan matériel. Cela nous fait trop souvent oublier les conditions miséreuses dans lesquelles vivent des milliards de personnes. Ne fut-ce qu'ici, sur Coruscant! Le problème social est la lame de fonds de notre époque, si nous ne mettons pas aujourd'hui en place un système durable de Sécurité Sociale nous allons avec certitude dans un mur. Si une guerre survient, comment la République pourra-t-elle demander à ses citoyens de la défendre, elle qui n'a rien fait pour les protéger? »


Valerion s'était enflammé, accompagnant ses phrases de gestes vifs, marquant involontairement la croyance en ce qu'il affirmait. Il sourit à l'adresse de son invitée, conscient de s'être lancé sans le vouloir dans un discours de conviction politique.

    « C'est pour cela que je n'apprécie guère que l'on assimile mon programme à celui de dame Kira. Certes, nous avons des points de convergence. Il est heureux de voir que la Reine d'Onderon ne souhaite pas livrer sa propre planète à l'Empire Sith. Mais mon adversaire traite-t-elle des problèmes sociaux? Propose-t-elle une révision constitutionnelle pour accroître notre démocratie et stabiliser nos institutions? Non. On peut bien entendu soutenir le programme de Dame Kira, mais concédez qu'il diffère, en certains points importants, du mien. »


Aucune agressivité, mais un ton ferme et décisif. Un instant, le regard de Valerion fut attiré par les lumières scintillant de la nuit coruscanti, sa bouche expirant la fumée de la cigarette. Dommage que la Jedi ne fume pas, cela lui aurait fait un compagnon de vice.

    « Sur Flydon Maxima, j'ai vu Maître Tianesli prendre le contrôle de nos flottes. Tant qu'à prendre unilatéralement le pouvoir, il me semble qu'il aurait pu aller au bout du raisonnement et en profiter pour empêcher toute entrée et sortie de la station spatiale, coinçant l'Impératrice. Une tentative risquée mais qui, en cas de succès, aurait mis fin au règne de l'Impératrice. Voyez-vous, le problème c'est que Maître Tianesli n'avait pas de légitimité militaire, il a du s'imposer avec force et n'a obtenu qu'un pouvoir précaire ne lui permettant pas de faire preuve d'audace. La situation dans laquelle nous nous trouvons est celle d'un flou juridique. Il ne satisfait pas nos Armées et je doute qu'il bénéfice réellement à l'Ordre Jedi, qui verrait ses prérogatives clairement définies s'il existait un cadre légal clair. Si le Sénat me fait l'honneur de m'élire, il conviendra de négocier avec le Conseil de l'Ordre Jedi un accord qui, transposé législativement, permettra d'assurer des bases saines de coopération entre la République et l'Ordre. »


Valerion acheva son verre mais ne se resservit pas. Le salon était agréable ; il y faisait chaud et les fauteuils étaient agréables, doux et bien formés. Les lieux étaient apaisants et donnaient à Valerion l'impression d'être "chez lui". Ce n'était pas Artorias, ce n'était pas le manoir de la Famille Scalia. Mais c'était un endroit a priori sûr, où vivaient Valerion, Agathe et son précieux assistant, Telkhar Melk'an. Peu à peu, le sénateur d'Artorias avait réussi à accepter la perte d'Helena, son épouse adorée. Les cauchemars ne disparaissaient pas, évidemment. Ils réveillaient Valerion en plein milieu de la nuit, suant et horrifié, les larmes coulant le long de ses joues. Le chagrin ne disparaissait pas mais le temps faisait lentement son oeuvre, il n'était plus affligé en permanence. Il pouvait même imaginer une existence future avec une éventuelle compagne. Qui? L'avenir le dirait, pour autant qu'il lui laisse le temps de faire autre chose que travailler...

    « Ah, l'art et la culture! Vous avez raison de souligner ce point. »


Le prince artorien apprécia que ces sujets soient abordés. On n'en parlait guère au cours de la campagne et il comprenait que la mi-happienne tienne à les soulever.

    « L'art a une place prépondérante à jouer dans notre société. Le piano que vous voyez dans cette pièce n'est pas un simple élément de décor! J'ai eu la chance de recevoir une éducation de noble artorien et il m'a fallu pratiquer la musique. Quant à la littérature, elle a égayé bien des moments de ma vie. La culture est intimement liée à la question sociale qui agite notre République... Il faudrait que les musées soient plus accessibles, parfois plus nombreux... On peut imaginer des projets multiples. Est-ce pour autant le rôle du Gouvernement de la République de s'intéresser directement à ces questions? Je ne le crois pas. Vous allez dire que je reviens à mes réformes institutionnelles... mais c'est précisément parce qu'elles abordent ce sujet : je veux donner aux entités fédérées la pleine compétence en matière d'enseignement et de culture. La République ne s'est pas fondée autour d'une culture centrale, unique. Elle s'est fondée sur des valeurs universelles et des cultures diverses. Centraliser ces matières, c'est courir le risque d'uniformiser ce qui ne peut l'être, d'éteindre la diversité. Je plaide pour une plus grande accessibilité de la culture, pour une véritable initiation dès le plus jeune âge aux arts. Mais on ne peut tout faire. C'est aux gouvernements et parlements des entités fédérées de faire leurs choix... A l'inverse de la santé, par exemple, qui concerne l'ensemble de la République : une maladie présente un caractère dangereux, peu importe le monde sur lequel elle frappe, ou votre race.

    Mais le temps passe... et nous parlons d'art sans en profiter! Alors, taisons-nous un instant et évadons-nous de Coruscant! »


Décidément, le vin rouge donnait au sénateur des velléités de poète du dimanche! Avec joie, Valerion vint s'installer devant le piano et, pour quelques minutes, cessa de penser, pour simplement jouer.

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