Halussius Arnor
Halussius Arnor
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A chaque regard croisé, Halussius lisait la même expression sur les visages. Le soulagement. Cela commença sur le croiseur de Darth Ynnitach. Le capitaine Nexis, commandant de la garde sénatoriale, affublé pour l'occasion de simples vêtements civil, fut le premier... Il y en eu encore plus lorsque le Chancelier débarqua sur le sol métallique du pont d'envol du Défiance. Le jeune homme était lui aussi soulagé au plus profond de son être d'être à bord du vaisseau. Les derniers jours ayant été plus qu'éprouvant pour lui... et encore plus pour nombre d'individus.

Le commandant du vaisseau, le Grand amiral Fyrd, avait généreusement proposé que le Chancelier s'installe dans ses quartiers personnels le temps du voyage jusqu'à Coruscant, afin qu'il puisse prendre du repos. Une offre que le Jedi accepta volontiers.

Le corps d'Halussius était libre et en bonne santé. Par précaution, les médecins du bord avaient insisté pour que le Chancelier soit examiné afin de s'assurer que leur confrères Sith avaient bien exercés leur office, et pour s'assurer également que le cerveau du jeune homme était encore vierge de toutes sortes de technologie intrusive...

Son corps était libre, mais son esprit... Accablé et tourmenté... Les yeux fermés, tandis qu'il était allongé sur la table de l'holo-scan médical de l'unité médicale, Halussius ne pouvait s'empêcher d'entendre encore, dans la Force, les échos de la terreur et de la détresse ressenties par les artoriens... Mort, souffrance, désespoir... Le Jedi les percevait pleinement... Il en fut toujours ainsi pour Halussius. Tout au long de sa formation son maître lui avait enseigné à affiner sa perception de la Force, à déceler les émotions transmises par elle, à en contrôler l'intensité, à juguler leur force afin d'en rester maître et de ne pas se laisser submerger. Les médecins républicains n'avaient rien diagnostiqués d'anormal. De leurs avis même, le travail de réparation effectué par les Sith à son endroit témoignait d'un savoir faire certain et d'une grande habileté. « Visiblement, les Sith tenaient vraiment ce que vous restiez en vie et en bonne santé » lui confia même le médecin-chef.

Halussius n'était cependant pas dupe. La bienveillance des Sith n'était que stratégique... une bienveillance bien vite oubliée à l'encontre des autres prisonniers et des indigènes.

Sur la passerelle de commandement, l'équipage s’affairait à rendre le vaisseau aussi performant que possible afin de retourner lu plus vite possible dans l'espace du Noyau et sur Coruscant. L'anonymat et la discrétion n'étaient plus à l’ordre du jour pour le Défiance. Aussitôt que le Haut commandement et le Sénat furent prévenus que le Chancelier suprême était à bord du croiseur de guerre, un plan de navigation spécial fut transmit aux opérateurs du croiseur prévoyant une route sécurisée jusqu'à Coruscant. Les choses n'avaient pas été faite à moitié. Certaines voies de navigation hyper-spatiales étaient partiellement fermées pour l'occasion. Là où le plan prévoyait que le Défiance devait quitter l'hyper-espace afin de corriger sa trajectoire, une flotte des vaisseaux de guerre stationnait dans la zone pour assurer un maximum de sécurité. Les forteresses, les avant-postes et les stations militaires de la République suivaient le signal émis par la balise du Défiance avec une particulière attention. Une flotte composée de frégates et de corvettes suivait même, en secret, le même plan de navigation du Défiance afin de palier à toutes menaces inattendues.

Après un peu plus d'une heure d'examen, Halussius se retira de l'unité médicale pour se rendre, non pas dans les appartements de Fyrd, mais dans la salle de commandement, sorte de salle de réunion stratégique. Le bref séjour dans l'infirmerie parurent comme des vacances pour le jeune homme. Les choses sérieuses allaient se poursuivre. Seulement une quinzaine de jours s'étaient écoulés depuis que l'on avait reçu le signal de détresse d'Artorias... Quinze jours durant lesquels ils s'étaient passés plus de chose qu'en une année de mandature... Quinze jours qui allaient changer à jamais le visage de la galaxie.

La délégation sénatoriale ne tarda pas à le rejoindre dans la salle, ainsi que Ragda. La tension était visiblement perceptible entre tous les individus présent... Bail Rannis semblait volontairement éviter de croiser le regard de Ragda. La tension entre eux deux étaient encore plus intense. Tous attendaient des explications les uns des autres...

Les portes de la salle de réunion restèrent closes pendant plusieurs heures. Parfaitement insonorisé, les gardes ou les membres d'équipage passant non loin de la pièce ne pouvaient dire si les choses se passaient bien... A dire vrai, aucuns d'eux n'avaient même envie de le savoir... cette réunion se jouait sur le terrain de la politique... un terrain que tous étaient bien heureux de ne jamais emprunter... La création de l'Union loyaliste, l'interception de la communication entre Ragda et Darth Ynnitach, le comportement de Ragda en tant que ministre spécial d'Etat, les accusations qui pouvaient peser sur lui, l'apaisement avec Corellia etc... Halussius fut mis au courant de tout... C'est alors que le ton commença subitement à s'emballer entre les sénateurs et Ragda... Un emportement soudain qui n'eut pour seul conséquence que de susciter une réaction tout aussi brusque de la part d'Halussius, qui se surpris à devoir faire preuve d'autorité. Le moment propice pour mettre fin à la réunion... et renvoyé chacun dans son compartiment respectif. Visiblement excédé, Halussius fut le premier à quitter la salle pour se rendre dans les quartiers de Fyrd.


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Seul. Halussius était enfin seul. Le capitaine Nexis assurait personnellement la sécurité et la tranquillité des quartiers du Chancelier. Halussius lui avait donné l'ordre expresse de veiller à ce qu'il ne soit pas dérangé, sous aucun prétexte. Cette solitude, Halussius en avait littéralement besoin. Psychologiquement... moralement...

Calmement, le jeune homme retira sa longue veste de costume. Le visage perturbé, le front plissé, Halussius posa sa veste délicatement sur le rebord de la couche de Fyrd. Son cœur était lourd... Il avait mal... terriblement mal. Nonchalamment, le Jedi s'assit sur le sol froid, appuyant son dos contre une des cloisons, croisant ses jambes de manière à ramener ses genoux prêt de sa poitrine, posant ses bras croisés sur eux... baissant la tête afin de poser son front sur ses bras.

Halussius se revoyait tel qu'il était dans les heures les plus sombres de son enfance... Alors qu'il était encore un novice... Un novice peu habile, maniant le sabre-laser avec lourdeur et maladresse... Un novice dont personne ne voulait... Un novice plein d'angoisses, de tristesse et de souffrance...

Un silence parfait régnait dans la pièce... parfait jusqu'à ce que des murmures commence à se faire entendre... Des murmures à peine perceptibles, comme étouffés... Renfrogné sur lui même, Halussius laissait aller sa poitrine à des spasmes plus ou moins rapprochés et plus ou moins intenses. Les murmures ne provenait que d'un seul endroit, que d'une seule personne... lui.

Tous les derniers événements, et leurs lots d'atrocités, se bousculaient dans l'esprit d'Halussius... Les vaisseaux de sa flotte en train d'exploser les uns après les autres... Le visage du jeune enseigne Linell manœuvrant le Hammerhead consentant ainsi au plus grand des sacrifices... Un sacrifice qu'Halussius n'oublierai jamais. Relevant légèrement la tête afin de respirer un air un peu plus frais, Halussius posa sa tête en arrière contre la paroi. Ses yeux étaient rougeoyant, irrités par le flot des larmes qui se déversaient.

Il avait échoué... N'ayant pas réussi à mener ses forces à la victoire, il venait d'affaiblir la République en abandonnant aux impériaux des milliards de vie qui ne demandaient rien à personne. Les intrigues se multipliant au Sénat. Il avait échoué en tant que Chancelier. N'ayant pas réussi à décelé l'influence du côté obscur, Halussius s'était laissé envahir par ses sentiments en se précipitant dans le piège que la Dame sombre lui avait préparé. Il avait échoué en tant que Jedi. N'ayant pas su protéger son monde d'origine, n'ayant pas su protéger l'héritage laissé par ses parents, par sa famille, Halussius avait échoué en tant que fils. Il ne savait plus à qui faire confiance... ni même s'il pouvait avoir confiance en lui même.

Le jeune homme sentait son cœur se serrer de plus en plus fort... quasiment jusqu'au point de rupture. Il n'y avait pourtant aucun présence sombre ou obscur dans les environs... Halussius était seul avec lui même... L'esprit d'Halussius se brouillait de plus en plus, il se laissait véritablement submerger par ses émotions... il n'avait plus la force de lutter contre, de les maintenir. Son état avait des répercutions dans le Force, cela se manifestait physiquement... perturbant le système d'éclairage des quartiers de Fyrd qui vacilla fortement avant de s'éteindre complètement... Halussius n'y avait même pas fait attention.


* …...Ne laisse pas ton cœur être juge de tes actions.....*

Dans ses sanglots intérieurs, Halussius perçut cette phrase... comme prononcée par une voix venue des profondeurs de la Force... Une voix qu'il avait déjà entendu dans un rêve étrange lors de sa captivité... Une voix vraiment très familière. Ne sachant pas pourquoi, Halussius se sentait étrangement apaisé et en confiance à son écoute... La phrase se répéta à nouveau.

* …...Ne laisse pas ton cœur être juge de tes actions..... Tu te condamnera alors plus durement encore que le plus sévère des juges...... *

Halussius ne se demandait même pas s'il était en train d'halluciner ou si son esprit était tellement accablé qu'il commençait à défaillir. Non. Ne sachant pourquoi, il était convaincu de la réalité de la situation... Il se laissa aller à répondre.

* Mais n'est ce pas le cœur qui guide nos actes ? *

*....... Ton cœur fait naître les sentiments qui vont influencer tes actions...... Tes actions qui sont uniquement commandées par ton esprit, ta raison, ton intelligence et ta sagesse...... Ton cœur peut être le plus grand des alliés, mais aussi le plus terrible des ennemis......

…... Qui pourrait te reprocher ce que tu ressens en ce moment...... Ce que tu as vécu en si peux te temps aurait ébranlé n'importe quel individu, si solide soit-il..... Ne l'oublie pas, mon vieil ami..... Un Jedi n'est pas un être hors-norme...... Un Jedi est un reste un individu ordinaire avec ses forces et ses faiblesses..... A ceci prêt qu'il a en lui le don de communiquer, de comprendre, d'interagir avec la Force..... Cela ne lui donne qu'un avantage de plus mais qui ne fait pas de lui un sur-homme......*


* Comment faire dans ce cas ? *

*....... La réponse est déjà en toi, mon vieil ami ….... Il te faudra la trouver toi même …..... Je peux t'assurer que tu l'a trouvera ........ Rappel toi ce que maître Seyk'la nous a dit un jour ........ Pourquoi est ce qu'il nous faut parfois tomber ? *..........

* Afin de pouvoir apprendre à se relever *

* …..... Afin de pouvoir apprendre à se relever ….....*

La phrase fut prononcée par les deux voix en même temps... Sans crier gars, le cœur d'Halussius se relâcha peu à peu... faisant peu à peu redescendre la tension de tout son corps. Un long moment se passa alors où Halussius resta silencieux... La voix, la présence que celle-ci manifestait était toujours présente.

* Et à présent ? *

* ….... La vie va se poursuivre ........ Et tu te relèvera …..... *

La voix commença peu à peu à se faire plus faible plus diffuse... mais avant que la présence ne disparaisse totalement, Halussius pu percevoir ces mots qui raisonnèrent.

*.......... Ils........ sont …..... fier de nous …...... *

Une dernière larme coula le long du visage d'Halussius tant ces mots étaient lourds de sens pour lui... C'est alors que la Force sembla s'agiter quelque peu, s'infiltrant dans son esprit... Le chaos de ses réflexions semblait soudainement plier face au puissant fluide... rétablissant l'équilibre... Une image et une parole attirèrent alors toute son attention... L'image, celle de l'enseigne Linell.... Halussius ne l'avait vu que par l'hologramme et pourtant son visage était parfaitement naturel et réel... La parole, celle lui disant « Ne laisser pas la République s'effondrer ». Le cœur d'Halussius était un peu plus paisible... Il était touché par les mots du jeune militaire. Il avait commis de grandes erreurs... des erreurs lourdes de conséquence... mais il restait encore des choses à faire.... Il pouvait réparer ou bien atténuer certaines choses... L'éclairage de la pièce se rétablit de lui même tout à coup.

Halussius encore un peu troublé néanmoins, ce releva doucement, plein de courbatures tant il avait contracté ses muscles dans sa détresse. Il se dirigea vers le petit endroit des quartiers aménagés en salle d'eau qui comprenait tout le nécessaire pour l'hygiène. Halussius se passa de l'eau sur le visage, afin de se rafraîchir un peu, cela avait toujours eut de l'effet sur son mental. Il se décida ensuite à prendre une douche. Une longue douche, remplissant la pièce d'une épaisse vapeur d'eau... Une douche durant laquelle Halussius se remit à penser à la suite des événements, et aux affaires politique... Les choses devaient être mise au clair avec le Hutt. Principalement entre eux deux... Il ne s'agissait pas seulement de Rejliidic et Arnor, du ministre et du Chancelier. Non. Halussius avait nommé Ragda à un ministère aussi important pour une bonne raison... qui ne tient qu'à lui, en dehors de toute considération partisane ou politique... Halussius percevait que l'un comme l'autre allait devoir s'expliquer...


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Halussius était debout devant le hublot de la salle de réunion... celle qu'il avait précédemment quitté. Halussius ne portait pas sa veste d'apparat, seulement un petit gilet mettant bien en valeur sa chemise sombre. Les portes de la salle étaient grandes ouvertes, deux gardes sénatoriaux prenant place de chaque côté. Halussius avait fait savoir qu'il souhaitait discuter avec son ministre... seul à seul... au risque de froisser les sénateurs présents à bord.

Lorsque le Jedi perçu la présence du Hutt qui venait d'enter dans la pièce, il se retourna vers lui sans rien dire... Le regard d'Halussius était toujours amical, mais cependant un peu plus réservé qu'avant.
Ragda Rejliidic
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Le pseudo débriefing avait été une caricature. D'un coté de la table, les Sénateurs n'avaient eu de cesse que d'enfoncer l'ex Ministre Spécial, tandis que de l'autre le Hutt s'était usé en explications, en justifications... Le ton était monté rapidement, pour ne jamais redescendre... Une bataille d’ego, voilà ce qu'avait été cette réunion... Une bataille d’ego, et non une mise à plat objective des événements passés...
 
C'était donc avec un arrière-goût amer dans la bouche que le Hutt avait observé le Chancelier perdre son calme avant de s’éclipser... Après tout ce qu'il venait de subir, voilà qu'il se retrouvait à la tête d'un groupe d'individus prêt à s’entre-déchirer... A cause de tous ces abrutis de Sénateurs ! Rannis en tête ! Celui là, il ne payait rien pour attendre...
 
Sans un mot, sans un signe, le Hutt avait lui aussi quitté la pièce, prenant bien soin de laisser le Chancelier disparaître dans les coursives menant à ses quartiers improvisés avant de lui emboîter le pas. Mieux valait l'éviter quelques temps. Perché sur son chariot répulseur, Ragda planait à quelques centimètres du plastacier des couloirs étroits du navire de guerre. Il avançait lentement... Très lentement, perdu dans ses pensées. Tout s'était si bien passés au début de sa prise de fonction exceptionnelle... Comment tout avait pu dégénérer aussi rapidement ? Comment avait-il pu tomber si bas ?!
 
Comme se faisant l'écho de ses noires pensées, le Hutt observait les membres d'équipage détourner le regard à son passage. Quelques heures plus tôt, avant l'arrivée de la délégation du Sénat, leur attitude avait été tout autre... Voilà qu'il passait du statu de haut dignitaire politique, à qui on devait le respect et la politesse, à celui de personnage douteux, qu'il valait mieux ignorer. L'armée et la politique avait cela en commun : lorsqu'une personne tombait en disgrâce, il valait mieux l'éviter, au risque de se retrouver éclaboussé par erreur...
 
Après des pérégrinations d'un bon quart d'heure, Ragda passa la paume de sa main devant la commande de la porte des quartiers qui lui avaient été réservés. Dans un sifflement caractéristique, la porte glissa sur le coté offrant à son regard une vision qui habituellement l'apaisait... Aujourd'hui il n'en était rien.
 
Compte tenu de son gabarit, et de ses besoins, le Hutt ne pouvait loger dans les appartements normalement réservés aux haut dignitaires. Sur un navire de guerre, chaque parcelle d'espace était optimisée. Il ne faillait pas oublier que le vaisseau était avant tout une arme, et non un véhicule destiné au confort de ses passagers. Alors que les services du Renseignement avaient chargés les appareils espions dans les soutes réquisitionnées, Ragda s'était approprié la passerelle d'observation secondaire, situés à la proue du navire, dans les ponts inférieures. Ainsi devant ses yeux se déployait le corridor surréaliste de l'hyperespace, au travers de l'imposante baie vitrée. Alors qu'il laissait son esprit divaguer, comme hypnotisé par ce kaléidoscope aux couleurs bleu violacées, Ragda coupa l'alimentation de son chariot pour en descendre. Il soupira.
 
A la fois, il se sentait soulagé, et extrêmement stressé par le retour d'Halussius aux commandes de la République. Soulagé parce qu'il pouvait enfin sentir le poids des responsabilités se libérer de ses épaules, parce qu'il pouvait enfin extirper son esprit de l’étau des machinations complexes avec lesquelles il jouait ces derniers temps.... Mais stressé également... Stressé par ce que l'heure des explications, et du jugement approchait à grand pas. Évidemment qu'il mentirait, qu'il inventerait de nouvelles manigances pour s'en sortir... Mais voilà que, depuis des lustres, le Hutt se trouvait dans le doute, face à l'inconnue d'un avenir incertain... Familièrement, il se demandait à quelle sauce le Sénat, et les institutions politiques, allaient bien pouvoir le manger...
 
Il soupira une nouvelle fois, expulsant ainsi une partie de ses interrogations. Avec la pratique quasi permanente des intrigues, la grosse limace avait au moins retenu une leçon : Rien ne servait de créer des plans sur des hypothèses. Dans l'état, le mieux à faire était encore de se détendre, de se libérer l'esprit... Et surtout de faire le point sur la situation actuelle. Pour le reste, il verrait en temps voulu, une fois arrivé sur Coruscant.
 
Dans cette optique, le Hutt quitta son poncho. Puis commença à remplir d'eau la large baignoire qu'il avait fait installer sur la passerelle. Fouillant dans ses affaires, il récupéra une flacon contenant un étrange liquide visqueux et verdâtre. Il le déboucha pour en viser son contenu dans l'écume générée par le filet d'eau du système de remplissage. Immédiatement, toute la pièce fut envahie d'un épais brouillard malodorant, qui ne manquait pas de rappeler l'intérieur des titanesques usines de retraitement des déchets de Coruscant. Le visiteur aurait en effet pu facilement croire que derrière cet épais mur de vapeur se dissimulait un tas d'immondices en pleine décomposition... Des relents acides pour les narines que Ragda, en tout bon Hutt, affectionnait particulièrement.
 
Sans autre forme de procès, la limace se plongea tout entière dans l'eau devenue verdâtre et visqueuse... Quel réconfort... Ragda sentait tous les muscles de son corps se détendre alors que l'acidité du bain lui rongeait les peaux mortes coincées entre ses multiples bourrelets de chairs et de graisse. Un tel traitement aurait été quasi fatal pour un être humain... Dans les meilleurs des cas, il s'en serait tiré avec une putréfactions des couches superficielles de l'épiderme, ainsi que de ses tendres muqueuses... Mais pour le Hutt, ce bain était un véritable délice, un luxe qu'il n'avait plus eu le temps de s'offrir depuis... Au moins quinze jours...
 
Les journées avaient été si chargées que ces quelques jours lui semblaient des mois entiers... Et une question s'imposa à son esprit détendu : Comment était-il tombé aussi bas ?
 
Ragda ferma les yeux pour s’enfouir dans ses pensées. La République, les Sith... Halussius, Ynnitach... Tout n'avait été qu'un drôle de jeu. Un jeu avec lequel il se brûlait soudainement les doigts. Il avait été idiot, voilà tout : idiot et imprudent.
 
Ragda avait toujours été obsédé par deux choses : l'argent et le pouvoir... Son argent il le tirait de son casino, sur Bakura, ainsi que de ses activités illégales de trafiquant d'informations sensibles... Pour le pouvoir, il misait sur sa réussite politique. Toutes ses actions, tous ses choix, toutes ces décisions n'avaient été dictées que par cette lubie : celle d’acquérir le plus de pouvoir, le plus de notoriété. La République n'avait été qu'un outil... Évidemment, Ragda affectionnait les principes même de la République, cette liberté, cette égalité qui étaient accordées à tous les citoyens. Sans ces principes fondamentaux, il lui aurait été impossible de gravir aussi rapidement les échelons.
 
Au fond de lui, le Hutt ne pouvait s'empêcher de penser que la République, telle qu'elle existait aujourd'hui, devait être réformée, modifiée, détruite... Afin d'évoluer vers un système plus moderne, plus fiable, plus adapté à l'immensité et la pluralité de la galaxie d'aujourd'hui... Tout en conservant ces principes de base, bien entendu.
 
Le Hutt soupira une nouvelle fois. Lors de ses rapides échanges avec la Dame Noire des Sith, sur Nar Shaddaa, il avait cru lire en elle une volonté similaire à la sienne, même si ses méthodes différait des siennes... Là où il misait sur la manipulation politique, cette dernière préparait un tour de force militaire. Il n'avait d'ailleurs pas été surpris lorsque cette dernière lui avait annoncé ses plans, concernant Artorias...
 
Mais maintenant, il ne savait plus trop quoi penser. Il avait été idiot de s'allier avec elle, avec du recul. Elle s'était servie de lui comme d'un pion, dans l'unique but de restaurer la gloire passée de son vieil empire, aussi vieux et sclérosé que la République qu'il cherchait à réformer. Échanger un dinosaure pour un autre n'était pas la solution... Il avait réellement cru que cette Ynnitach aborderait les négociations différemment... Il avait tellement espéré qu'elle joue son jeu... Mais non, au lieu de cela, elle s'était contenté de parler de crédits et de territoires... Etait-il le seul, dans cette galaxie à vouloir abattre les anciens systèmes, pour en faire émerger des nouveaux ? Etait-il le seul a vouloir d'une galaxie unifiée sous une même bannière, ni République, ni Sith, ni Jedi... Devait-il se considérer comme un utopiste ? Seul les idiots croyaient aux utopies...
 
C'était cela son rêve : une galaxie unifiée dans laquelle le libéralisme et les libertés individuelles lui permettrait de tirer toutes les ficelles qu'il désirerait...
 
Et pour le coup, avec l'Empire Sith, il s'était mis le doigt dans l’œil jusqu'au coude !
 
Maintenant qu'il repensait à ses manigances avec Ynnitach, Ragda reconsidéra son attitude vis à vis d'Halussius... Le Chancelier Arnor. Lui aussi au début, il ne l'avait considéré comme un outil, un outil de son ascension politique... Au début...
 
Seulement ses sentiments avaient beaucoup évolués depuis leur première rencontre. Ragda ne pouvait s'empêcher de ressentir une forme de loyauté envers cet homme qu'il considérait comme courageux, capable, et qui n'avait pas peur de se mouiller lors des réunions du Sénat, en affirmant avec volonté ses souhaits et ses avis... Tout l'inverse de lui en réalité : Halussius était un homme intègre et honnête... Et réussir politiquement avec ces « défauts » relevait de l'exploit...
 
Ragda devait le reconnaître : il n'avait pas envie de nuire à l'homme sous les habits du Chancelier... Il l'avait défendu bec et ongle face à l'agitateur Keyïen... Certes il défendait également son propre « cul » dans l'affaire, mais il n'avait jamais simulé sa loyauté, ou sa foi en Halussius... Et c'était peut-être ce qui avait convaincu ses confrères, ainsi que l'opinion publique...
 
« Tu es dans une sacré merde mon vieux... » lâcha pour lui même le Hutt. Cette introspection le déconcertait. Dans le feu de l'action, il n'avait pas eu le temps de se poser pour rassembler ses pensées et faire le point sur ses motivations et ses actions... La vérité dépassait l'entendement tant il se trouvait à présent dans une situation inconfortable, son esprit tiraillé par des contradictions difficilement solvables...
 
Ragda se laissa couler un peu plus dans son bain... Que faire à présent ? Il allait tout nier bien évidemment... L'heure ne serait jamais à la franchise et aux révélations... Personne ne devait savoir la vérité... Il lui faudrait mentir comme jamais, détourner la réalité, la distordre avec habileté afin de paraître honnête, de jouer la victime alors qu'il était le bourreau... Et pour cela il lui faudrait user d'une énergie prodigieuse... Alors autant se prélasser aussi longtemps que possible dans ce bain avant de faire le grand saut, sur Coruscant.
 
Malheureusement, l’accalmie fut de très courte durée. Un sous-officier des communications internes lui fit savoir, par l'intermédiaire de l'interphone de ses quartiers, que le Chancelier Arnor le convoquait... Convocation qui n'étonna pas le Hutt : cette entrevue était inévitable... Et il préférait autant aborder les sujets sensibles dans le relatif calme de ce voyage de retour. Une fois arrivé à destination, la spirale infernale de la politique reprendrait de plus belle.
 
Rapidement, Ragda s'extirpa de son bain afin de se sécher. Il appliqua sur sa peau un produit gras qui lubrifiait son corps tout en dissimulant aux nez sensibles des autres espèces les relents acres de ses sécrétions naturelles. Et après avoir largement aéré la pièce via le système de recyclage de l'air, il se décida pour une tenue très sobre, un poncho simple, de couleur noir, au col en « V » brodé d'arabesques argentées. Pour le coup, on aurait presque pu le croire parti pour un enterrement...
 
Une dizaine de minutes plus tard, Ragda entra dans les quartiers réservés au Chancelier. Il lui rendit un regard neutre, même si son visage, après ces quelques instants de détente, accusait de la fatigue accumulée depuis ces quinzes derniers jours où il n'avait pratiquement pas dormi. Seuls les stimulants intellectuels qu'il s'injectait toutes les deux heures lui permettait de tenir le coup. Comme la meilleure des défenses résidait dans l'attaque, Ragda ouvrit la bouche le premier :
 
« Chancelier Arnor... » commença t'il en faisant dériver lentement son chariot répulseur dans la petite pièce, afin de se dégager de l'encadrure de la porte d'entrée. Il continua ensuite sur ce même ton, posé mais non sans quelques notes de lassitude « ... Lorsque je vous regarde... J'ai l'impression que nous nous sommes quittés il y a des mois... Tant de choses ont évoluées en si peu de temps... » Il marqua une pause puis repris « Il en va de même pour notre première rencontre... Vous en souvenez vous ? Je venais tout juste de poser le pied sur Corsucant pour ma prise de fonction sénatoriale ? Tout cela me semble si lointain... Lorsque je fouille dans ma mémoire, j'ai l'impression d'y voir d'autres personnes tant nous avons changés depuis... » Il soupira « Rien n'a été facile des derniers temps... »
 
Ragda tout en parlant avait quitté le Chancelier des yeux, préférant adopter une attitude moins directe. Son regard dérivait dans le vague au fil des souvenirs qu'il rappelait à sa mémoire. Mais après ces derniers mots, le Hutt releva sa tête hideuse puis demanda subitement :
 
« Pourquoi moi ? » Cette question lui rongeait l'esprit depuis le premier jour... Mais il n'avait jamais eu l'audace de la poser, de peur d'entendre les vérités sous-jacentes « Pourquoi m'avoir choisi comme Ministre ? Je veux dire... Il était évident qu'un membre de mon espèce ne laisserait pas l'opinion indifférente... J'ai toujours eu la sensation d'être épié, comme si chacune de mes actions devait s'interpréter comme une tentative d'outrepasser mes fonctions... Comme si je n'étais qu'un criminel en col blanc... Avec ce mandat spécial, l'abcès a fini par éclater... Dites le moi franchement... Pourquoi m'avez-vous proposé aussi subitement un poste au gouvernement ? »
Halussius Arnor
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Seuls, les deux politiciens s'observaient mutuellement. Halussius était volontairement resté silencieux. Ragda prenant la parole, il lui laissait ainsi la primeur d'engager cette conversation confidentielle que le Chancelier espérait riche en confidences.

Tous deux paraissaient pleinement éprouvés et le Jedi rejoignait son ministre sur ce point... Pour l'un comme pour l'autre, quelque chose avait changé en eux. De la maturité, de l'épuisement, une trop grande solicitation, un épuisement nerveux... personne ne pouvait savoir avec exactitude à quoi cela pouvait correspondre. Peut-être un subtil mélange de tous cela à la fois.

Halussius acquiessa de la tête et laissa échapper un léger sourire lorsque le Hutt mentionna leur première rencontre. Halussius n'était alors en fonction que depuis une ou deux semaines à peine. Son gouvernement n'était encore pas entièrement constitué, il était à cette époque encore loin d'imaginer la vie éprouvante que devait supporter le Chancelier suprême. A cette époque il était encore habité d'une certaine forme de naïveté...

« Pourquoi moi ? » La question posée par Ragda sonnait véritablement le début de la conversation entre les deux individus. Tandis que Ragda posait sa question, Halussius reporta son regard vers l'hypnotisant spectacle de l'hyper-espace tout en écoutant le Hutt. À peine Ragda eut-il terminé sa phrase que le Chancelier lui répondit aussitôt.


 « Parce que je vous faisait confiance... »

Le Jedi garda le silence quelques secondes à peine, mais qui juste après de telles paroles pouvaient paraître comme une éternité autant pour l'un que pour l'autre.

 « Je me souviendrai toujours de ce que mon maître m'a dit lorsque la nouvelle de mon élection nous est parvenue sur Ondéron. Il m'a dit « Maintenant que tu es Chancelier suprême, tu vas te découvrir un nombre impressionants de relations, de connaissances et même de bons et grands amis... La politique est un monde changeant, Halussius, n'est confiance en rien... surtout en personne. »

Ces mots, n'ont jamais cessé de raisonner dans mon esprit, bien que je les jugeais trop extrêmes. Et en dépit des circonstances qui donne raison à mon maître, je continue de croire que l'on peut toujours faire confiance à quelqu'un, même en tant que Chancelier suprême. »


Halussius cessa d'observer les nuances de bleus courant tout autour du vaisseau et fixa Ragda dans les yeux.

 « Je vous ai choisis parce que je crois fermement, au plus profond de moi, que vous valez mieux que ce lui que vous voulez devenir... Par votre exemple, je voulais montrer à tous que les Hutt valaient mieux que la réputation qu'on leur fait dans toute la galaxie... Je voulais montrer à tous que l'on ne pouvait pas juger quelqu'un uniquement sur son appartenance à telle espèce... Mais uniquement sur son travail, sur son dévouement.... Que chacun pouvait réussir grâce à son mérite.

Je voulais vous donner l'occasion de montrer à tous le meilleur de vous-même... »


Halussius marque une pause et reprit aussitôt.

 « Biensûr, vous vous dîtes que j'y trouvais certainement mon compte... Que vous êtiez véritablement l'un des seuls sénateurs à prendre parti ouvertement pour mon mandat... Ce qui n'est pas faux... Mais, je vous ai choisi. Ne croyez pas que cela a été une mince affaire... Il y avait des centaines de candidats tous aussi compétents les uns que les autres, des haut-fonctionnaires de qualités, qui, pour certains, ont travaillés toute leur vie pour pouvoir espérer atteindre un jour ce poste... Nombre de mes conseillers étaient en désaccord avec mon choix... Mais je vous ai choisi.

Qui sommes-nous, vous et moi ? Vous êtes un Hutt, je suis un Jedi... Chacun membre d'un groupe minoritaire et décrié au sein de l'opinion... Moi Chancelier suprême et vous à la tête d'un des plus grands ministères de la République... Nous avions l'occasion de tordre le coup à toutes les idées reçues... montrer ce que chacun de nous pouvais faire de mieux... donner le meilleur de nous-même pour la République et pour ses peuples.

Et je veux toujours croire à cela ! Toujours croire que cela est possible ! »


Halussius fixa alors plus grandement encore Ragda dans les yeux. Il s'inclina afin de poser ses deux mains sur la table, les bras bien tendus.

 « Maintenant, dites moi, sincèrement, honnêtement, est-ce que j'ai eus tors de contredire le conseil de mon maître.... et de vous faire confiance ? »
Ragda Rejliidic
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Ragda fronça le pli de peau qui lui servait de sourcils. Il s'attendait à toutes les réponses sauf à celle-là... La confiance... Le Hutt crut même que le Chancelier se moquait de lui...

« Vous êtes sérieux Halussius ? » demanda t'il familièrement, immédiatement après que ce dernier lui ait posé son ultime question. « Vous m'avez choisi pour une question de confiance ? » Ragda n'arrivait pas à en croire ses oreilles... « Comment pouvez-vous accorder aussi facilement votre confiance à quelqu'un ? Lorsque vous m'avez proposé ce poste de Ministre, nous nous connaissions à peine... »

Ragda ne voulait pas se montrer condescendant, ou moralisateur... Il réagissait seulement par réflexe, choqué par cette notion de confiance qu'il arrivait difficilement à concevoir. Lui, même après des années, ne l'accordait à personne. Il s'agissait là d'une expression primitive de son instinct de survie... Ne jamais faire confiance à personne, ne jamais croire personne, ne jamais tourner le dos à personne... Il n'y avait que dans ces conditions que l'on évitait toutes les mauvaises surprises et que l'on pouvait protéger soi même ses arrières.

Halussius était soit très naïf, soit franchement immature, pour donner ainsi sa confiance à un parfait inconnu. Dans un cas comme dans l'autre, il jouait un jeu très dangereux, pour lui même... Cette révélation éclaira la personnalité du Chancelier sous un autre angle : Sous la carapace du Jedi entraîné et placide se dissimulait un esprit téméraire, peut-être suicidaire... Ce qui expliquait également la manière dont celui-ci avait réagit aux menaces de la Dame Noire !

Ragda ouvrit à nouveau sa large bouche, mais la referma aussitôt. Il ne fallait pas se laisser emporter pour des questions aussi personnelles. Halussius restait quelqu'un d'extrêmement intelligent, et il n'aurait pas été étonné si ce dernier lui avait tenu ces propos seulement pour lui délier la langue. Surtout en ces heures graves, il lui fallait rester maître de ses paroles.

« Me faire confiance... » répondit-il enfin, hésitant. Le « Oui » lui brûlait les lèvres, mais cette réponse, trop facile, n'aurait été que trop suspecte. « Oui et non » déclara-il soudain, après ces une demi minute d'un lourd silence. Il continua rapidement, ne laissant pas au Chancelier la possibilité d'interpréter ses paroles :

« En politique, vous le savez aussi bien que moi, il ne faut faire confiance à personne. Votre Maître est un homme sage. Jusqu'à présent nous étions dans la même équipe, nous avions des objectifs et une feuille de route commune... Tout deux nous voulions réformer cette vieille république, la transformer, la préparer pour l'avenir. »

Il marqua une nouvelle pause avant de prendre : « Mais demain ? Où serons nous ? » Tout en posant cette question, la limace plongea son regard orangé dans celui du Chancelier, comme pour prouver qu'il parlait avec honnêteté. « Regardez comme nous avons changé en si peu de temps... Un jour ou l'autre nos opinions divergeront... C'est la vie politique qui est ainsi. Nous finissons toujours par voir nos convictions évoluer... Au point de devenir incompatibles. Les plus proches collaborateurs peuvent devenir du jour au lendemain les pires ennemis politiques. Les prochaines semaines seront déterminantes pour nous deux.» conclut-il, flegmatique.

Comment Halussius allait-il prendre ces mots ? Il s'agissait pourtant d'une vérité que seul un idiot pouvait ignorer... Ragda jouait la carte de la pseudo-honêteté, et c'était évidemment bien calculé.

« Néanmoins, sur un plan plus personnel... » continua t-il sur un ton moins froid, un demi sourire aux coins de ses lèvres inexistantes « J'ai beaucoup de respect pour vous Halussius. Lorsque je vous regarde, j'ai l'impression de me voir dans un miroir déformant. » Était-ce un compliment ou une insulte ?! Ragda s’expliqua :

« Si tous les Hutt sont si... véreux, ce n'est pas un hasard... Nous avons la fourberie dans le sang. C'est également dans le mien, le nier serait mentir... Comme inscrit dans mes gènes, et exacerbée par une éducation perverse que j'ai subie toute ma jeunesse. Je dois... Je dois lutter tous les jours contre moi-même pour rester dans le droit chemin...

Tout semble si facile pour vous en comparaison. Vous êtes une personne droite, intègre, honnête, qui dit les choses comme elle le pense. C'est pour cela que je vous respecte Halussius. Et c'est également pour cela que j'ai jusqu'à présent marché volontiers dans vos pas.»


Cette tirade était tant un méli-mélo de vérités et de mensonges entremêlés que, même si le Jedi avait su lire dans son esprit, il aurait eu du mal à discerner. Le Hutt se sentait tout de même sur un terrain glissant, alors il tenta de retourner la question à l'envoyeur :

« Et vous Halussius, puis-je toujours vous faire confiance ? » demanda t-il sur un ton très neutre, ne voulant pas donner l'impression de juger prématurément son interlocuteur. « Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie... Mais vous avez été battu, humilié, capturé... Vous avez sur la conscience de bien mauvaises choses... Et je ne parle même pas de ceux qui ont tenté de vous poignarder dans le dos au Sénat pendant votre absence. » Il était un peu dur, oui. Mais comme à son habitude, Ragda n'aimait pas mettre des gants lorsque cela n'était pas absolument nécessaire. Il fallait être direct pour pousser le Chancelier à se révéler :

« Beaucoup auraient craqués, vous non. Du moins en apparence... Beaucoup n'hésiteront pas à remettre en doute vos dires, vos actions, votre santé mentale même... Certains douteront à présent de votre intégrité. Quelque uns iront même jusqu'à dire que vous êtes devenu un agent de l'ennemi, brisé et « reprogrammé » par la magie Sith... »

Il était très dur oui.

« J'étais présent lors des négociations. Je vous défendrai bec et ongles si nécessaire... Mais puis-je toujours vous faire confiance ? Etes-vous toujours le même ? Puis-je compter sur votre soutien lorsque la tourmente me rattrapera ? »

En tout parlant, Ragda s'était subtilement rapproché de son interlocuteur, profitant de la hauteur de son chariot répulseur pour donner plus de poids à ses mots.
Halussius Arnor
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Le Chancelier inspira profondement avant qu'un sourire se dessine sur ses lèvres. Halussius avait parfaitement entendu les propos de son ministre. Des propos révélateurs de son point de vue. Le Hutt et lui se faisait face, les orbites rondes et massives de Ragda le fixaient... Le Hutt devait faire au moins trois têtes de plus que lui et arborait une épaisseur deux fois plus imposante que la sienne. Halussius était comme un petit garçon face à un rocher.

Le jedi n'était guère impressioné. Lui aussi fixait son intermocuteur dans les yeux, soutenant son regard, comme cherchant à transpercer au plus profond de son âme.


 « Je vois que vous n'avez rien perdu de votre de votre talent. Vous renversez la situation avec habileté en jetant le doute sur ma propre intégrité. Je n'en attendais pas moins de vous ! »

Tout ce que le ministre avait dit à propos des doutes que certains allaient avoir à son encontre, Halussius y avait déjà pensé et bien qu'il n'ait pas encore à l'esprit de stratégie bien définie en réponse à ces doutes, il était bien prêt à les affronter et les renverser.

 « Je ne peux vous en vouloir... mais sachez que les ruses et les manipulations que les utilisateurs de la Force peuvent utiliser sur les autres personnes pour les convaincre de leur obéir sont totalement sans effets sur un autre utilisateur de la Force... C'est une imminuté naturelle que l'on ne peut contrer. »

Des propos que le Jedi savait évidemment faux... Certaines techniques et manipulations de la Force permettaient à celui sachant les utiliser de manipuler et de plier à sa volonté l'esprit d'un Jedi ou d'un Sith. Mais que pouvait savoir le Hutt de ces choses...

 « J'ai vu mon monde brûler, je vais vu nos vaisseaux exploser les uns après les autres, j'ai vu nos soldats mourir et se sacrifier pour que je vive, pour que la République ne reste pas exangue d'un chef... j'ai vu mon peuple se faire massacrer sous mes yeux, simplement pour le plaisir. S'il y a bien un homme qui ne porte pas les Siths dans son cœur, c'est moi...

Alors je ne vous permes pas, ainsi qu'à quiconque, de remettre mon intégrité en cause ! Insinuer que je sois devenu un agent des Sith est une insulte, c'est bafouer ce pourquoi nos soldats se sont battus ! »


Le ton d'Halussius avait changé. Il était plus déterminé, plus dur.

 « Pour l'heure ce n'est pas... mon... intégrité qui est en cause... »

Halussius insista fortement sur le mot « mon »... montrant ainsi fermement qu'il entendait bien replacer le débat sur son sujet d'origine. Un recadrage en règle.

 « Ragda, je vous sais assez intelligent pour ne pas faire l'erreur de me prendre pour un naïf... Pensez-vous vraiment que je sois aveugle !? »

Le regard d'Halussius s'était posé à nouveau sur son ministre, levant légèrement les sourcils d'un air interrogatif.

 « Je sais que vous êtes impliqués de près ou de loin dans certaines affaires sensibles... je le sais depuis le début. Je sais que vous êtes animé d'une ambition hors norme et d'un goût prononcé pour le pouvoir. Votre insistance à vouloir devenir Vice-chancelier en était une manifestation plus qu'évidente.

Pourtant, j'ai fait le choix de voir au-delà de cela, j'ai fait le choix de... prendre ce risque... parce que je pensais qu'un individu de votre carrure, de votre parcours, n'était pas si mauvais que cela... et qu'en lui donnant du crédit, il était possible de faire en sorte que le meilleur de lui prenne le pas sur ce le mauvais. 

Vous ne le savez pas, mais je vous couvre de mon autorité depuis le début... Sans cela, vous seriez déjà entre les mains de la justice. »


Halussius parlait avec une force et une conviction assez grande... Ses propos étaient volontairement flous... Il savait qu'il basait ses propos sur du bluff... Le but étant de pousser Ragda dans ces retranchements, de le déstabiliser afin de faire ressortir la vérité. Halussius avait un avantage... En tant que Chancelier suprême, il avait accès à certaines informations confidentielles. Chose que Ragda savait et sur laquelle Halussius voulait jouer jusqu'à un certain point.

 « C'est bien votre intégrité qui est en cause ! Et c'est plutôt mal venu de votre part que de me demander si vous pouvez compter sur moi... Enfin Ragda, ce n'est pas une petite accusation qui pèse sur vous ! Vous risquez d'être accusé de haute trahison et de complot envers la République !

Votre place ne vous suffisait-elle pas ? En tant que ministre de l'économie vous êtiez le personnage le plus important de la République après le ministre de la Défense et moi ! Bon sang ! Vous êtiez responsable des finances de la République ! Même moi, en tant que Chancelier suprême, je ne peux rien faire sans l'aval de votre ministère ! »


Halussius baissa un instant la tête, témoignant d'un certain regret. Le plus marquant était certainement qu'Halussius n'haussait pratiquement pas le ton, bien qu'il marquait certaines phrases.Il poursuivit avec un ton différent, un ton laissant penser à de la confidence.

 « Lors de ma captivité... j'ai eu une discussion avec Darth Ynnitach sur la raison de son action contre Artorias... et sur les soutiens qu'elle aurait reçu.»

Halussius qui venait de s'asseoir sur un fauteuil regarda faxi son regard sur la table de réunion tout en continuant à parler. Se stoppant, il croisa ses mains sur la table, devant lui et pris un ton très calme en s'adressant au Hutt.

 « Elle m'a affirmée des choses... certaines qui ne m'ont guère surprises, mais d'autres... auxquelles je ne m'attendais pas. Je veux l'entendre de votre bouche, Ragda...

Je vous repose une fois encore la question... Ais-je eu tors de vous faire confiance ?


Ragda Rejliidic
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Ragda leva les yeux au ciel, visiblement agacé. Tout en reculant son chariot répulseur pour prendre un peu de distance, il replongea son regard globuleux dans celui du Chancelier Arnor. Pour une fois qu'il tentait de faire preuve de franchise, ses mots se retournaient contre lui...
 
« Je ne cherche pas à éluder la question ! Je cherche seulement à vous faire comprendre ma vision du mot « confiance »... Sinon ma réponse ne vous servira à rien... »
 
Il pris une grande respiration, puis lâcha :
 
« Depuis le premier jour je n'ai cessé de vous exposer le fond de ma pensée, sans langue de bois... J'ai toujours été dans votre sillage, à vous défendre lorsque vous étiez attaqué ou mis en porte-à-faux au Sénat, ou dans les médias. J'ai été le seul, oui le seul, à m'opposer ouvertement au Sénateur Corellien lorsque celui-ci menaçait notre République de division ! Où étaient ceux qui aujourd'hui se prétendent vos plus fidèles alliés, ceux là même qui ont signés cette mascarade d'Union loyaliste... » Dans sa voix tonnait quelques notes de colère, comme si la question, répétée, l'avait un tantinet vexé... Et c'était bien le cas.
 
« Si vous êtes ici, devant moi, c'est entièrement de mon fait ! J'ai volontairement court-circuité le Sénat pour vous sortir de ce merdier avant qu'une nouvelle élection soit imposée ! Dans le cas contraire, la République aurait sombrée dans une nouvelle guerre, et vous n'auriez plus eu aucune valeur aux yeux de vos geôliers ! J'ai risqué ma vie ET ma carrière pour vous sortir de ce navire prison ! Alors merde ! Oui, vous avez tout à fait eu raison de me faire confiance ! »
 
Les joues du Hutt arborait une teint vert foncé, tirant presque sur le kaki, preuve de la tension que l'énorme limasse peinait à dissimuler. En réalité cet énervement ne résultat pas seulement de la question d'Halussius, bien au contraire, puisque celle-ci était tout à faire logique... C'était plutôt les sous-entendus du Chancelier... Que savait-il exactement ? Qu'est-ce que la dame noire avait bien pu lui dire ?! L'espace d'une seconde, un terrible doute lui noua les entrailles... Puis son esprit logique repris le dessus. Si Halussius avait réellement eu des preuves, il ne serait pas ici à s'expliquer, mais plutôt dans la soute, enchaîné et gardé en attendant son jugement en comparution immédiatement pour haute trahison... Il éprouvait des doutes, normal...
 
« Je veux bien croire que c'est seulement votre autorité qui pousse le Sénateur Ranis à me laisser en liberté à bord du Défiance... » plaisanta t-il, soudain, adoptant un ton plus léger.
 
Halussius n'avait rien sur lui. Enfin rien qui ne datait de l'époque précédent l'attaque d'Artorias. E.V.A. lui avait donné un accès aux données les plus confidentielles avant le débat, et c'était l'une des premières choses qu'il avait cherché... D'ailleurs il faudrait prochainement qu'il explique pourquoi il avait tenté de pirater les serveurs sécurisés de la Chancellerie... Et merde, tous les problèmes tombaient d'un coup, tel un couperet au dessus de son large cou boudiné.
 
« Vous avez pris un risque avec moi... Mais j'en ai pris tout autant avec vous. Après votre élection, beaucoup ne croyaient pas en vous ! Souvenez vous ! Vous étiez le jeune parvenu, un Jedi de surcroîts... Moi aussi j'ai pris le risque de croire en vous, de croire en votre vision, de croire en vos réformes.» Il exagérait un peu, oui... « J'ai toujours adopté des méthodes qui jouaient avec les limites de la légalité, vous l'avez toujours su ET cautionné... Il est trop tard pour me le reprocher à présent, alors que cela vous arrangeait plutôt pas mal, lorsqu'il s'agissait de saper en sous-marin la crédibilité de Ion par exemple ! » Il faisait référence à leur campagne de contrôles fiscaux lancée sur plusieurs mondes cibles, dont Corellia et Kuat. « Alors oui, je comprends vos doutes après ce que vous venez de vivre, et ce qu'on dit les autres sur ma personne... Mais merde, j'ai fais tout ce que je pouvais pour vous sauver, et pour garder la République en un seul morceau... Vous pourriez au moins m'accorder le bénéfice du doute. Si les autres m'attaquent de la sorte, avec tant de rage, c'est parce qu'ils réagissent comme des gamins ! Il sont mécontent d'avoir été ignorés, alors que dans les textes, rien ne m'obligeait à les informer de mes opérations... Le Sénat ne dirige pas cette République tout de même ! Ils sont vexés, se sont ligués contre moi, et ont décidés de manipuler les faits pour me faire tomber... N'entrez pas dans leur jeu Halussius... »
 
Le Hutt croisa ses petits bras sur son énorme poitrine. Cette fois sa voix laissait transparaître une certaine lassitude... Oui, il était parfaitement conscient de ce qu'il risquait... Mais Halussius ne devait pas oublier quelque chose :
 
« Je sais très bien ce que je risque, Halussius... Je ne pense plus qu'à ça ! Mais demain, lorsque ces requins affamés se seront jetés sur mon corps, qui sera leur prochaine victime ? VOUS. J'ai fais tout mon possible pour justifier vos actions, votre départ pour Artorias... J'ai fais mon possible pour maintenir la République unie derrière vous... Mais, vous aussi, vous devrez répondre de vos actes, aussi justifiés soient-ils... Un seul bouc émissaire ne leur sera pas suffisant... Surtout quand ils découvriront ce que nous avons donné aux Sith pour échapper à cette guerre, qui, dans la théorie, n'était pas perdue d'avance... » déclara-t-il, d'une traite, sans même respirer, sans l'ombre d'un mensonge cette fois. Lui même avait du mal à savoir ou cette tirade allait le conduire, dans son argumentaire désespéré pour dissoudre les doutes du Chancelier. Celui-ci devait prendre conscience, que d'une manière ou d'une autre, ils étaient liés dans cette affaire. S'ils ne se serraient pas les coudes, ils tomberaient tous les deux...
 
Ragda enchaîna sur un autre instant de franchise non feinte :
 
« Je ne l'ai jamais nié, Halussius, je suis un opportuniste doublé d'un ambitieux. Comme tous les Sénateurs de la rotonde ! Méfiez vous plutôt de ceux qui nient cette vérité évidente ! » Il pensait à Bail Rannis. « Regardez où cette prise de fonction exceptionnelle, reçue à la volée, dans des conditions dramatiques, m'a menée ! Franchement, je m'en serais bien passé... Je suis quelqu'un de très patient, si je voulais réellement votre place, j'attendrais les prochaines élections en pointant du doigt les conséquences tragiques de vos actions... Si j'avais réellement été habité des intentions dont vous m'accusez, j'aurais laissé pourrir la situation, j'aurais attendu les élections anticipées, et je me serai démerdé pour me faire élire ! Si j'ai insisté pour obtenir le rôle de Vice-Chancelier, c'est uniquement pour ne pas prendre le risque de voir ce poste vacant le temps d'une élection, en plein milieu d'une guerre...

Si j'ai agis comme j'ai agis ces dernières semaines... Si j'ai joué avec les limites, si j'ai donné l'impression d'outrepasser mes prérogatives, c'est pour une seule et unique raison...

... Pour vous sortir de cet enfer. »

 
A nouveau le regard du Hutt se fit plus dur.
 
« Si vous cherchez des coupables, regardez plutôt du coté de ceux qui ont ouvertement cherchés à vous nuire. Ne trouvez-vous pas la coïncidence un peu forte : Le Sénateur Këyien qui se met à brandir le spectre de la division quelques jours avant l'attaque des Sith ? Ou bien cette Sénatrice de Kuat qui a utilisée la force contre moi ?! Une Sith celle là, je suis intimement convaincu, même si je n'ai aucune preuve !

Et puis, quelque soient les propos de cette Dame Noire, c'est sa parole contre la mienne...  Qui préférez-vous croire ? Votre Ministre qui vous a toujours soutenu, ou cette femme qui n'a cherché qu'à vous nuire personnellement, au nom d'idéaux vieux de centaines d'années ?! Elle cherche à nous diviser... Et oui... Je vous trouverais bien naïf si vous tombiez dans ce grotesque piège. »

 
Après ces tirades, le visage du Hutt se décontracta enfin... Il avait sur dire ce qui pesait sur son petit cœur encerclée de graisse. Il soupira :
 
« Halussius... Je n'ai pas envie d'envenimer nos relations, et je préférais garder ma hargne pour ceux qui la méritent, ceux qui m'ont poignardés dans le dos. Vos doutes sont légitimes... Mais ne m'accusez pas avant d'avoir entendu ma version des faits. Si après ceux-ci, le doute subsiste chez vous... Alors je... Je... Je démissionnerai de ma fonction de Ministre. » annonça t'il à voix basse, presque dans un murmure. Avant de reprendre, tapant du point sur sa paume ouverte : « Mais ne me jugez pas à la légère... Parce que le pire est encore devant nous... La guerre a été évitée, mais pour combien de temps ? Il nous faudra lever de nouveaux impôts de guerre, motiver financièrement les mondes à produire des vaisseaux et des armes... Il faudra relancer l'économie, le nerf de la guerre. Pour toutes ces missions, vous aurez besoin de moi... Alors, s'il vous plait, ne laissez par le doute obscurcir votre jugement... A mes yeux, votre jugement vaut bien plus que ceux de ces crétins de Sénateurs !»
Halussius Arnor
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Le regard fermé d’Halussius ne changea pas d’un pouce tout au long de la réplique de son ministre. C’était là une particularité du jeune homme. Il savait rester impassible, même si au fond de lui, il éprouvait des émotions bien différentes.

Halussius écouta avec une grande attention le Hutt. Ces propos étaient pour le moins pertinents. Pour la première fois de sa vie, Halussius ne savait quoi penser, comme désappointé. Il était un Jedi… Ragda était un Hutt… En telle situation, le jeune homme aurait sans doute fait appel à la Force afin de sonder l’esprit de son interlocuteur, de chercher un signe quelconque de duplicité, de mal honnêteté. Chose qui lui était simplement impossible face à Ragda, fort de son immunité naturelle.

Le ton commençait à monter entre les deux hommes. Assis dans son fauteuil, Halussius se surpris à serrer parfois son poing droit, sorte de réflexe physique trahissant une vive réaction de colère ou d’agacement qu’il s’efforçait au mieux de refreiner. A la fin de l’intervention de Ragda, Halussius ferma un instant les yeux, prenant subitement conscience de la situation. Il soupira légèrement, par le nez.


« C’est donc ça, la politique… »

Ces mots étaient sortis de la bouche du jeune homme non sans une certaine résignation, un certain regret…

« Vous venez de dire des choses très justes, Ragda… Des choses, qui, je m’en rends compte malheureusement, sont très vraies. Je ne souhaite pas que nos relations s’enveniment, Ragda. Je cherche juste à comprendre.

Pourquoi les sénateurs ont subitement décidés de se constituer en un bloc majoritaire au Sénat, pourquoi ils ont pris la peine de venir à bord Défiance… pourquoi ils vous menacent de l’accusation de conspiration contre la République… »


Son regard se tourna vers Ragda. Un regard qui n’avait plus rien de dur. Un regard peiné.

« Mettez-vous à ma place, Ragda… Depuis que je suis entré au Sénat, avant même que je ne sois élu Chancelier suprême, on cherche à me nuire. Depuis que je suis à la tête de la République, la moitié de la Rotonde est pendue à mes basques, cherchant à me saigner. L’autre moitié restant en retrait, laissant faire les autres… mais prête à bondir lorsque l’occasion se présentera. Il est alors difficile, dans cette situation, de jauger à qui l’on peut se fier.

Je veux bien admettre que je suis naïf, ou du moins, souffre d’une certaine forme de naïveté, mais je ne suis pas un imbécile pour autant. Je sais très bien que dans une telle situation, la division est encore la meilleure arme qui puisse être utilisé, que ce soit par les sénateurs ou par les Sith… »


Le jeune homme resta un moment pensif, quelques secondes, avant de reprendre.

« Peut-être ai-je été trop le Chancelier que je « voulais » être… et pas celui que je « devais » être… Cela va changer. »

Ayant détourné auparavant son regard, Halussius se leva alors et se tourna à nouveau vers le Hutt.

« Pour le moment, il est hors de question pour vous de démissionner… Vous avez toujours été compétent, et comme vous l’avez dit, ce qui nous attends sur Coruscant à notre arrivée risque de faire passer ces négociations pour un week-end à la plage…

Vous m’avez demandez, tout à l’heure, si vous pouviez compter sur moi, lorsque la tourmente vous rattraperai… Vous le pouvez. »


Spoiler:
Ragda Rejliidic
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Ragda s'était attendu à beaucoup de choses... Il avait échafaudé des dizaines de plans d'attaques et de replis, il avait préparé des centaines de mensonges plus éhontés les uns que les autres... Il avait cru tout ancipier... Sauf ce retournement de situation.
 
Halussius capitulait... Il acceptait, du moins en apparence, ses explications. Était-ce un piège ? Ou bien était-il simplement las de toutes ces discussions ? Ragda misait plutôt sur la seconde solution. Mais comme il n'était pas Hutt à risquer sa peau inutilement, il décida également de prendre en compte la première possibilité... Et lâcher l'affaire, se satisfaire de cette situation l'aurait rendu des plus suspects. Aussi, décida t-il de continuer sur la même lancée faussement franche :
 
« Chancelier... Halussius... J'ai été un peu dur avec vous... Je... Je suis sur la défensive. Je vous remercie de la confiance que vous m'accordez encore, vous n'aurez pas à la regretter... » commença t-il, sur un ton des plus amical. « Et au nom de cette confiance, je vous dois toute la vérité... » Il repris :
 
« Comme je vous l'ai dit lors des négociations, ce n'est pas la première fois que je rencontre cette Dame Noire. Vous souvenez-vous de la mission diplomatique sur Nar Shaddaa à laquelle vous avez demandé que je me joigne ? Je ne sais par quel procédé occulte, cette femme s'est introduite sur notre transport, se faisant passer pour une diplomate. En réalité elle n'était là que pour envenimer les relations entre la République et les Hutt, défendant ses propres intérêts. Avec du recul, je pense qu'elle surtout était là pour tâter le terrain, et s'assurer les Hutt ne risquaient pas de nous aider en cas de conflit plus étendu.

Je n'avais aucune idée de l'identité de cette personnage jusqu'à ce que la Jedi nous accompagnant, Maitre Mi je crois, nous révèle la connaître. C'est à ce moment que j'ai pris conscience que nous avions été infiltré par une Sith... Mais... Mais jamais je n'aurais imaginé que derrière cette femme inquiétante se cachait un Empire, un machine de guerre prêt à nous sauter à la gorge... Ce qui explique que je n'ai pas vraiment prêté attention à cette dernière... Je la voyais plutôt comme un membre isolé d'un vieil Ordre qui vouait plus de rancœurs aux Jedi qu'à la République.

Ce fut ma première erreur. »

 
Ragda marqua une pause. Bien sur il ne parlait pas des petits entretiens privés qu'il avait eu avec la Sith, ni de l'attention qu'ils s'étaient portés mutuellement. A cette époque, Ragda n'éprouvait aucune loyauté envers Halussius, et il avait vu en cette femme un pion avec lequel il pouvait jouer pour gravir les échelons politiques. Évidemment, il s'était planté. IL avait été le pion, et non l'inverse. Cette femme n'avait souhaité que se venger de la République, et ses plans ne tenaient absolument pas compte des ambitions du Hutt.
 
« Ensuite... Lorsque vous êtes partis pour Artorias... J'ai... J'ai paniqué en voyant la situation dégénérer » avoua t-il à demi-mot. « Personne n'était préparé... J'ai essayé de prendre les opérations en main, tandis qu'un vent de défi soufflait sur le Sénat... » Il pesta : « Vous allez dire que j'ai les Sénateurs dans mon collimateurs... Mais c'est vrai. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ! Aujourd'hui, Rannis et compagnie font les fier en vous exhibant, triomphant, mais lorsque la tempête soufflait sur la rotonde, qu'un certain Ion Keyiën était aux commandes de vos détracteurs, aucun d'eux n'a ouvert la bouche, même s'il n'en pensait peut-être pas moins. Le Sénat nous a trahi, par deux fois. C'est inacceptable... Et je commence même à me dire que les réformes constitutionnelles du Sénateur Janos seraient bien méritées, si vous voyez où je veux en venir...»
 
Quelle ironie. Remettre sur le tapis les propositions de Janos, alors que celui-ci commençait tout juste à gagner en influence dans le camps des loyalistes.
 
« Mais ceci est un autre sujet... » Il hésita, comme pour recomposer ses pensées, puis continua, sur un ton neutre, celui d'un narrateur plutôt que d'une personne cherchant à convaincre :
 
« Donc j'ai paniqué. Il me fallait réagir, mais je n'avais aucun moyen de répondre efficacement...

C'est alors que j'ai commis ma deuxième erreur. J'ai... Hmmm »
Il semblait soudain très gêné, ce qui n'était pas un sentiment feint cette fois. « J'ai tenté de pirater les serveurs de la Chancellerie, afin d'avoir à disposition toutes les données vitales pour agir. Mais j'ai échoué : E.V.A. m'a pris la main dans le sac... » Autant tout avouer. Cette histoire lui retomberait de toute manière sur la gueule. Au moins, de cette manière, il pouvait espérer la clémence du Chancelier. « Mais j'ai tout de même su lui faire entendre raison, et elle m'a alors confié un accès temporaire aux données sensibles. C'est alors que j'ai pris la décision de vous contacter afin de déclencher cette session extraordinaire. A laquelle la quasi totalité des Sénateurs ont répondus. »
 
Ragda marqua une pause dans son récit. Il gardait le regard bas, préférant éviter celui de son interlocuteur.
 
« Et comme je l'avais prévu, le Sénateur Keyiën n'a pas résisté à l’appât. Il a cherché à vous discréditer, à me discréditer, à discréditer nos réformes, à mettre en doute votre santé mentale, ou vos motivations... Et j'ai lutté. J'ai lutté corps et âme pour vous défendre, pour défendre notre politique, pour défendre votre choix de partir en personne sur le champ de bataille... » Il souriait en se remémorant ces débats cinglants. « J'ai écrasé le Sénateur de Corellia... Depuis notre altercation, il n'a presque plus fait parler de lui... Il reviendra en force, je ne m'inquiète pas... Mais pour l'heure, nous en sommes soulagés. »
 
Le Hutt repris sa respiration, puis continua, plus tristement :
 
« A peine cette page était-elle tournée que j'ai appris pour vous... Pour notre flotte... Nous avions échoués... J'ai alors pris la décision de tout révéler au grand public, espérant évoluer sur la vague de succès que je venais de remporter... Mais c'était sans compter sur l'intervention impromptue de la Sénatrice de Kuat. Il est vrai que j'ai un peu... menti ce jour là. Si j'ai été si rapidement nommé Ministre Spécial, c'est aussi parce que j'ai poussé dans cette direction. Mais l'heure était grave, et il ne fallait pas laisser une seule seconde la République décapitée ! Si les Sith avaient continués leur percée, comment aurions-nous pu riposter ?

Je pense que ce fut ma troisième erreur. Cette précipitation a laisser un goût amer dans la bouche de beaucoup de nos Sénateurs... Et la Sénatrice de Kuat a même été jusqu'à pratiquer sa sorcellerie Sith sur ma personne ! Je n'ai bien sur aucune preuve... Mais j'en suis persuadé... Comment expliquer autrement que je me sois étranglé tout seul ? Faute de moyen de riposte, j'ai simulé un malaise, tout en dardant un index accusateur sur celle-ci. Contre toute attente, mon malaise a suscité un élan de soutient de la part de nos citoyens... Et j'en ai alors profité pour accélérer le mouvement. Il fallait que je vous retrouve, que je vous ramène... Et ce dans les plus brefs délais. »

 
Ragda esquiva volontairement le passage où il avait demandé avec insistance le poste de Vice Chancelier à Halussius, alors que celui-ci avait réussi à transmettre un message de détresse depuis la surface d'Artorias. Mieux valait ne pas remuer le couteau dans la plaie... Surtout qu'à ce moment, si Halussius avait accepté... Il aurait peut-être hésité à aller le secourir...
 
« Croyez moi Halussius... J'ai fais tout ce que j'ai pu pour maintenir l'ordre et la République en un seul morceau. Alors, certes, mes méthodes sont discutables, mais les résultats sont là. Vous êtes libre, la guerre est évitée, et la Sénat est plus soudé que jamais... Même si c'est contre moi. » Il soupira.
 
« Ma quatrième et dernière erreur a été de faire passer votre retour avant tout le reste. J'ai volontairement court-circuité le Sénat, et ce parce que je n'avais aucune confiance en eux pour agir avec célérité.

La Dame Noire m'a contactée directement. Lorsque j'ai découvert sa réelle identité, j'ai été tout à la fois horrifié et soulagé. Horrifié parce que si j'avais été plus perspicace à l'époque de la mission sur Nar Shaddaa, j'aurais peut-être pu comprendre ce qui était en train de se tramer... Et soulagé, parce que je savais cette personne capable de négocier... Elle était loin des Sith sanguinaires et dénués de sentiments que l'on nous décrit dans les holofilms d'action. Je me suis dis... Oui, j'ai une chance de sortir de tout ce merdier par la voie diplomatique... Mais encore fallait-il que le Sénat me suive.

Or, je savais vos détracteurs prêt à bloquer les débats, afin de vous destituer... Tout comme je savais que les Sith avaient infiltrés nos institutions, comme en témoigne les pouvoirs de la Sénatrice de Kuat. Pour ces deux raisons, je ne pouvais faire confiance à aucun d'eux. Si la nouvelle s'était répandue, que vous étiez en vie, et que je voulais négocier avec l'ennemi, il nous aurait fallu des mois pour parvenir à un accord avec le Sénat... Temps dont nous ne disposions pas... Puisque comme je vous l'ai déjà dit, je craignais que l'ennemi ne vous exécute une fois le temps légal maximum de votre absence dépassé... Il me fallait agir vite...

Alors je me suis tourné vers le Haut commandement. Pourquoi ? Parce que vous l'aviez déjà nettoyé de toute mauvaise influence après l'attaque de Coruscant, lors de votre prise de fonction. Je savais pouvoir compter sur eux... Et sur leur discrétion... Il est bien connu que la politique et l'armée ne fait pas bon ménage...

Entre temps, je ne sais trop comment, tout s'est ébruité, la Sénat a certainement mal pris la chose, et conclu à une potentielle trahison de ma part... Et nous y voilà. »

 
Ragda soupira une nouvelle fois.
 
« Telle est ma version des faits. J'avais réservé ces grands discours pour mon éventuel interrogatoire, ou procès... Je ne sais pas trop ce qui m'attend une fois de retour sur Coruscant. Les procédures vont certainement prendre des semaines, voir des années... Et personne ne saurait prédire les conclusions de celles-ci. Bref, il me tenait à cœur de vous expliciter tout ceci moi même, de vive voix. Je vous remercie encore une fois pour votre confiance... Et je tiens à ajouter que, quoi qu'il arrive, je ne compte ni démissionner de mon rôle de Ministre de l’Économie, ni de celui de Sénateur de Bakura. Tant que je ne serais pas officiellement déclaré coupable par la Cour Suprême, il est hors de question que je quitte mes fonctions ! Cela ferait trop plaisir à mes détracteurs ! »
 
Après ce laïus, Ragda aurait pu se taire, et laisser le soin au Chancelier de lui répondre. Mais quelque chose le poussa à aller plus loin... Il lui fallait vider son sac, et surtout, dissiper tout risque de malentendu. Les événements allaient de précipiter une fois de retour sur Coruscant, et qui sait s'il aurait de nouveau l'occasion de parler avec le Chancelier en face à face ?
 
« Halussius... Lorsque j'ai dit que nos chemins politiques allaient peut-être se séparer dans un avenir proche... J'ai été direct dans mes propos... Je vous ai blessé... Je ne suis pas du genre à enrober mes opinions de belles paroles inutiles... » Il hésitait. « Mais il faut me comprendre. Vos plus fidèles alliés, ces loyalistes, ont décidés de mettre ma tête au sommet d'une pique... Comment allons nous pouvoir passer outre ? A un moment ou un autre, il vous faudra faire un choix... Eux ou moi... A moins que vous ne trouviez d'ici là une solution qui satisfera tout le monde. » Cette fois, il n'y avait strictement plus l'ombre d'un mensonge dans ces propos. « Et puis...  J'ai beaucoup réfléchi ces dernières heures. Et je crois qu'il est temps que je mette en œuvre un projet qui me tient à cœur depuis plusieurs années. Je vais monter un parti politique, ou du moins, une union de Sénateurs... J'ai trop souvent vu les mondes les plus éloignés du noyau subir les conséquences des réformes et des lois, faute de poids suffisant au Sénat pour se défendre. Les termes du traités sont une preuve de plus...

Attention, je ne remet pas en question le traité. Je pense sincèrement que vu les circonstances, vous n'aviez d'autre choix, et je suis prêt à vous défendre. Mais il est aussi temps pour ces mondes extérieurs de gagner en influence... Et pour cela il va falloir les unir sous une même bannière. C'est ce que je compte faire... Si j'y arrive, compte tenu de ma nouvelle popularité... Mais avec cette bonne cause, peut-être arriverais-je à me racheter aux yeux de mes confrères...

J'appellerai ce mouvement : La Ligue des Mondes Périphériques... »

 
Ragda était plutôt satisfait de lui. Avec un peu de recul, il n'avait pas vraiment menti... Il avait seulement omis de préciser quelques détails, tout en distordant ou sortant de contexte certains faits tout à fait véridiques. Pas si mal...
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