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" Tu lui répètes ça, c'est tout ce qu'on te demande. Et en échange, l'un de ses sabres sera à toi. "

Borrosk parlait beaucoup trop près de la Nautolan pour que celle-ci y trouve le moindre confort. Les lèvres à quelques centimètres de la peau de son visage, son haleine lui rentrant violemment dans les narines, il s'amusa de la difficulté qu'avait Tzao à haleter sous la menace d'un sabre.

La lame, rouge sang, grondait à l'horizontale sous le menton pointue de l'apprentie piégée, dangereusement près de sa peau verdâtre couverte de mucus malodorant. Les créatures amphibiennes toléraient généralement mal l’aridité inhospitalière de l'atmosphère de Korriban.


" Alors ? Dépêches-toi de répondre, furoncle de Rancor ! Ton odeur me donne envie de vomir. J'ai déjà embrassé des Rodiennes ayant meilleure haleine dans les bas-fonds de Nar Shaada ! "

Le jappement agressif de l'humain, Krell, ne fit rien pour motiver Tzao, laquelle passait alternativement de l'un à l'autre de son regard orangé.

" Qu'est-ce qui me dit que vous ne me tuerez pas aussi après, pour couvrir vos traces ? "

Laissant Krell s'esclaffer bruyamment (sans pour autant dévier sa lame d'un pouce), le Bothan expliqua de son insupportable ton de proxénète libidineux :

" C'est pour ça que le rendez-vous n'aura pas lieu au sein de l'académie, mais en-dehors. La colonie de Dreshdae regorge de sorties de secours, et on ne pourra pas te couper tous les accès. T'auras qu'à fuir. Très vite. "

La native de Glee Anselm consulta les expressions attentives des deux élèves siths qui lui étaient tombés dessus à l'orée d'un couloir, la tractant sous la menace d'un sabre jusqu'à un coin désert, pour lui offrir une alléchante proposition : participer à l'assassinat de Zora Shaar-lâ, celle que la Dame Noire avait choisi pour disciple. Son rôle consistait à guider l'humaine jusqu'à l'endroit où ses deux complices l'attaqueraient. À trois contre un, le risque de défaite paraissait anecdotique.

" Elle ne gobera jamais votre histoire... "

" Sans doute pas... Mais elle gobera que deux imbéciles veulent lui faire la peau, ont cherché à t'enrôler et que tu te proposes de l'aider à nous éliminer. Sauf que si Zora nous inquiète suffisamment pour qu'on veuille l'attaquer à plusieurs, c'est pas ton cas, princesse. Même si tu la secondait, Krell et moi vous surpasserions toujours. Donc soit tu suis le plan établi et tu repars avec un sabre-laser gratuit, soit tu joues à la plus fine et, au mieux, tu sauveras la peau d'une petite prétentieuse xénophobe qui ne te le revaudra pas."

Le premier des arguments qu'ils lui avaient assénée pour la convaincre : Zora considérait apparemment que les non-humains n'étaient pas égaux aux humains, et méritaient au mieux de devenir leurs esclaves serviles. De l'ostracisme. Venant de la part de l'élève d'une non-humaine, cela aurait pu prêter à sourire. Mais les siths aimaient rarement leurs mentors. La haine stimulait (et de loin) plus l'apprentissage que l'affection.
La délation, comme Tzao l'avait compris toute seule, constituait un pari risqué. Pour elle, qui ne vivait sur Korriban que depuis un an, impossible de savoir avec précision quels siths étaient favorables à Ynnitach, et qui complotaient contre elle. Avertir un supérieur de l'académie qu'on allait attenter à la vie de Zora, c'était espérer que l'intéressé n'apporterait pas secrètement son aide aux assassins en couvrant l'acte séditieux. Non sans tuer la gênante cafteuse. De plus, les rapporteurs n'avaient jamais très bonne presse. Et il fallait l'avouer, l'offre séduisait la Nautolan. Une tâche simple et facile, qui ne l'engagerait que peu, et qui se terminerait vraisemblablement bien pour elle, à condition qu'elle planifie convenablement son plan de sortie.


" Sa mort va vous attirer des problèmes, vous en avez conscience ? "

Lassé par l'hésitation à rallonge de la créature aquatique, Krell soupira en levant les yeux au plafond, s'exclamant d'un ton faussement surpris :

" Zut alors, on y avait pas pensé ! Borrosk, quels abrutis fils de Gamorréens nous sommes ! "

Éloignant son sabre de son interlocutrice, il débita aigrement :

" T'auras remarqué qu'on a attendu que la Dame Noire parte en vadrouille sur Dromund Kaas pour agir ? Et ensuite, on ne parlera pas tout de suite de la mort de cette Chutah , seulement de sa disparition. Mademoiselle s'isole souvent de nous autres, les apprentis de base, pour s'entraîner en solitaire. Les gens croiront qu'elle a refait le coup. D'où le rendez-vous hors de l'académie. Des tas de témoins verront Miss Parfaite sortir, et, ne la voyant pas revenir, penseront qu'elle s'en est allée méditer auprès des tombeaux des seigneurs siths, ou qu'elle fait un pèlerinage dans le désert... Peu importe. On en viendra à envisager sa mort qu'après un certain temps, et à ce moment-là, plus rien ne pourra nous rattacher à son décès. Tout ce qu'ils découvriront en retrouvant le corps, c'est qu'elle a été tuée par la lame d'un sabre-laser. Autant dire que n'importe quel apprenti aurait pu faire le coup, et vu l'impopularité de Zora, impossible de réduire le nombre de suspects en fonction de ses ennemis. Alors ? "

Si elle refusait, Tzao devinait que le duo d'apprentis siths iraient faire leur proposition ailleurs, et elle refusait de laisser à un autre cette chance. Plissant les paupières, elle marqua son accord par une dernière question :

" Donnez-moi l'emplacement du rendez-vous. "

" La deuxième ruelle de la grande place, quand on tourne le dos au spatioport. Dis-lui de venir au crépuscule. "

" Tu ne le regretteras pas, ma jolie. "

Adossée au mur pierreux et poussiéreux, la nouvelle complice de Krell et Borrosk observa l'humain et son comparse Bothan s'éloigner en s'insérant dans un couloir adjacent, un sourire victorieux naissant sur leurs lèvres.

" Ils tenteront de me tuer aussi. "  Comprit-elle, sa main droite jouant nerveusement avec le cuir épais de sa ceinture.

Le tissus de ses vêtements lui collait à la peau, l'étouffant presque tandis qu'elle partait à la recherche de la jeune humaine aux cheveux châtains, qui arborait à l'épaule un supplément d'armure en guise de trophée. Sillonner les couloirs étroits et traitres de Korriban n'amusaient pas du tout la Nautolan, même si leur tiédeur restait préférable à la fournaise extérieure.

Tzao ne savait pas exactement ce que les deux résidents de Korriban avaient contre Zora, mais ne pas voir de complots se monter pour éliminer la favorite de la Dame Noire aurait été autrement plus surprenant. Du reste, elle comptait bien tirer profit de la situation, en dénonçant les deux futurs meurtriers à Ynnitach en personne. Et si on lui demandait pourquoi elle n'avait rien fait pour sauver l'humaine de l'assassinat, la réponse de la Nautolan sortirait, toute prête :


" Si elle est morte, c'est qu'elle n'était pas assez maline pour sentir venir le traquenard, et ne méritait donc pas sa place. "

Satisfaite, la malveillante utilisatrice de la Force ramena l'un de ses tentacules en arrière, et explora longuement les multiples salles et dortoirs de l'académie, ses pensées toutes tournées vers ce qu'elle pourrait faire une fois son sabre acquis. Fini, le temps où on pouvait la menacer d'une lame brandie ; armée, elle saurait se défendre, et repousser les intimidations. Sortir vivante de la colonie ne lui semblait pas si insurmontable, étant donné qu'elle pourrait influer sur le déroulement de l'affrontement pour ménager le camps le plus défavorisé et s'assurer que le combat s'achèverait sur un ex-æquo. L'unique enjeu consistait donc à persuader Zora de faire le déplacement. Et avec un peu de chance, le texte que Borrosk lui avait soufflée suffirait à motiver l'humaine aux deux sabres à se jeter dans la gueule du loup.

Au terme d'une heure passablement irritante, Tzao aperçut la silhouette qu'elle cherchait, non loin des dortoirs. S'avançant jusqu'à une distance non-menaçante, elle attaqua d'emblée :


" J'ai un message, pour toi, de la part de Borrosk et Krell. Ils ont quelque-chose que tu convoites... Une relique sith, qu'ils ont ramenée de mission. Un holocron sur le Brouillard de l'Ombre. Ils sont prêts à te le céder, moyennant payement bien sûr. Si tu es intéressée, il faut que tu les retrouves, ce soir, pour discuter du prix. Ils amèneront l'holocron, pour que tu puisses en attester l'authenticité. "

Cela devait être la première fois que les deux apprenties s'adressaient la parole, et quel échange ! Un dialogue purement formel, dépourvu de salutation ou de politesses et autres formes de remplissage verbal qu'affectaient si chèrement les jedis. Mais que pouvaient-elles se dire, à cette occasion ? Parler d'alliance ? Ni l'une ni l'autre n'y croirait. Se dire à quel point chacune détestait l'autre ? Les siths n'étaient pas avares d'évidences. Parler pour ne rien dire menait à la perte. Surtout sur Korriban, où tout ce qui permettait d'économiser sa salive était bienvenue.
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Cela faisait presque une semaine que Zora ne sortait plus de sa chambre et tentait de percer les secrets du brouillard de l'ombre. Si elle avait bien entendu pensé que maîtriser ce pouvoir lui prendrait du temps, force était de constater qu'elle n'avait pas imaginé à quel point. Résignée et fatiguée, l'apprentie avait décidé de sortir de son environnement volontairement clos pour se balader un peu dans l'académie. Une manière de se changer un peu les idées, respirer un air différent et croiser quelques têtes connues ou non.

Elle entama un vaste tour du centre de formation Sith et s'arrêta quelques instants sur l'une des passerelles surplombant une salle d'entraînement au sabre laser ou une dizaine de jeunes apprenaient à maîtriser les subtilités de son art. L'humaine eut droit aux habituels regards envieux ou haineux qu'elle évita soigneusement, habituée désormais à ces manifestations qui allaient de pair avec son rang. Être l'apprentie de la Dame Noire apportait son lot d'avantages, bien sur, mais également une poignée de désavantage...

Zora quitta la passerelle après quelques longues minutes d'observation assidue puis s'enfonça plus profondément dans l'académie. Elle évita soigneusement les couloirs sombres menant aux salles de cours théoriques, véritables goulots d'étranglement ou les apprentis avaient l'habitude de disparaître ou se faire assassiner, puis prit une nouvelle fois la direction de ses quartiers. L'apprentissage du côté obscur demandait de la rigueur et de la volonté et elle avait déjà perdu beaucoup trop de temps à flâner ainsi dans l'académie. Il était plus que temps de se replonger dans l'étude du brouillard de l'ombre et laisser ceux qu'elle n'arrivait pas à qualifier de "camarades" à leurs occupations sans intérêt. C'est donc d'un pas décidé et gracile qu'elle emprunta un turboascenseur pour rejoindre l'étage adéquat.

Elle avait à peine fait une dizaine de mètres dans le couloir partiellement éclairé menant aux dortoirs qu'elle décela une présence dans la Force qui s'approchait d'elle. L'humaine stoppa immédiatement sa progression et se raidit, portant presque naturellement une main sur l'un de ses sabres aux manches incurvés accrochés à sa ceinture. Pourtant la Nautolan qui apparaissait ne semblait pas animée d'intentions meurtrières et s'arrêta prudemment à une distance raisonnable d'elle. Quelque chose dans l'attitude de la nouvelle arrivante suggérait que c'était bien l'humaine qu'elle cherchait et cela se confirma lorsqu'elle lui transmis d'emblée un message de Krell et Borrosk. Zora leva un sourcil sceptique en dévisageant l'amphibienne tout en se demandant pourquoi les deux apprentis qu'elle avait doublés quelques mois plus tôt avec l'aide de Van semblaient désormais vouloir faire preuve d'altruisme à son égard. Était-ce uniquement pour les crédits qu'ils étaient prêts à lui fournir un holocron qui, comme par hasard, traitait du brouillard de l'ombre?

*Et moi qui pensais que j'avais pris toutes les précautions nécessaires pour que l'on ne sache pas que j'étudiais ce pouvoir...* songea-t-elle avec une pointe d'irritation.

Plus que la possibilité que les deux imbéciles aient pu mettre la main sur un holocron et qu'ils décident de le lui vendre malgré la haine qu'ils lui portaient, Zora était étonnée qu'ils choisissent une non-humaine pour lui transmettre leur proposition. Ils savaient parfaitement qu'elle ne portait pas les espèces étrangères dans son coeur et la première conclusion logique qui s'imposa à l'esprit de l'apprentie de Darth Ynnitach fut qu'ils l'avaient envoyée en bizutage, espérant peut-être qu'elle la tue ou, du moins, qu'elle lui fasse passer un mauvais quart d'heure. Mais Krell et Borrosk étaient des imbéciles, certes, mais pas assez intelligents pour échafauder ce genre de mauvais tour...

- "Vraiment?" répondit-elle enfin de sa voix douce habituelle. "Et ils n'ont pas trouvé mieux qu'une... tête de pieuvre pour me transmettre le message?"

Une question purement rhétorique qui en disait long sur le dégoût que la jeune femme portait aux non-humains. Et si ce n'était pas assez clair, le regard ébène empli de dédain qu'elle darda sur la Nautolan était assez équivoque. Zora s'attarda un instant sur les tatouages rouges faciaux de l'amphibienne puis sur ses yeux jaunes orangés, le tout en tentant de faire abstraction de l'odeur de saumâtre qu'elle dégageait et en réfléchissant à toute vitesse à ce que cette "proposition" induisait. Krell et Borrosk voulaient comme par hasard une rencontre de nuit et souhaitaient donc l'attirer à l'endroit qu'ils avaient choisis, quand ils l'avaient choisis. Si cela pouvait trahir une certaine prudence de leur part, ça impliquait également une certaine forme de duplicité. Rien d'étonnant jusque là, ils étaient sur Korriban après tout. Mais Zora avait vécu suffisamment sur Korriban pour savoir que les bonnes intentions n'existaient pas et que l'entraide entre apprentis était pratiquement aussi inexistante que l'honnêteté sur Nar Shaddaa. Si l'on ajoutait à cela le fait que les deux vendeurs souhaitaient ardemment se venger pour l'histoire des Hssiss et on avait toutes les composantes d'un traquenard malhabilement orchestré...

Il y avait quelques mois de ça, Zora aurait activé ses armes et renvoyé la tête de la Nautolan dans une boite à Krell et Borrosk. Mais les enseignements de la Dame Noire avaient porté leurs fruits et l'humaine avait compris qu'il fallait parfois manipuler ses ennemis et les forcer à agir selon ses souhaits plutôt que de se contenter de leur ôter la vie. Des pantins étaient toujours plus utiles que des cadavres...

*S'ils veulent jouer, alors jouons!* décida-t-elle en adoptant une attitude sinon détendue à défaut d'être amicale.

D'autant plus qu'ils pouvaient très bien avoir cet holocron en leur possession. Comment, pourquoi, ce seraient des réponses qu'elle obtiendrait plus tard. Pour le moment seul comptait le fait qu'on lui offrait la possibilité d'avoir à sa portée deux ennemis tout en lui faisant miroiter une possible avancée dans sa maîtrise du pouvoir de l'ombre. S'il s'agissait bien d'un piège, comme elle le pensait, alors elle n'aurait qu'à se débarrasser de ces imbéciles. Et si la proposition était sincère, alors elle gagnerait un holocron. Quoi qu'il se passe, elle serait gagnante...

- "Très bien!" répondit-elle finalement. "Tu peux leur dire que j'accepte leurs conditions. Qu'ils me disent simplement où et quand et je serai là! Néanmoins..."

Zora fit un pas en direction de la nautolan sans esquisser le moindre geste qui aurait pu exprimer une intention violente. Si elle était pratiquement certaine des intentions de Krell et Borrosk, l'humaine avait en revanche plus de mal à comprendre quel rôle son interlocutrice endossait dans l'histoire. Avait-elle été forcé de transmettre ce message? S'agissait-il simplement d'une opportuniste à qui l'on avait promis une quelconque récompense en échange de son aide? Était-elle, au contraire, celle qui tirerait son épingle du jeu une fois cette rencontre terminée? Le fait qu'elle puisse jouer sur les deux tableaux était probable. Pas évident, mais probable.

- "Néanmoins je suis curieuse de savoir pourquoi ils t'ont mêlée à cette histoire et pourquoi tu as accepté de me transmettre ce message alors que nous ne nous sommes jamais parlées avant aujourd'hui. Ho, ce n'est pas la peine de répondre tu sais. Tu me répondrais de toute façon ce que je souhaite entendre et certainement pas la vérité. Je ne t'en veux pas... Les choses sont ainsi faites sur Korriban. Néanmoins laisse-moi te rappeler un détail: si cette rencontre devait cacher quelque chose de... disons... moins agréable que l'achat d'un holocron, tu serais la première à en supporter les conséquences. Si tu as... oublié de me dire certaines choses que je devrais savoir, je n'ose que trop te conseiller de le faire maintenant!" l'avertit-elle.

Zora laissa un instant de silence planer pour laisser le temps à son interlocutrice de réagir avant de finalement terminer la conversation en tournant les talons pour rejoindre ses quartiers, les sens en alerte pour prévenir toute attaque de la Nautolan.

- "Retrouve-moi une demi-heure avant l'heure de rendez-vous à l'entrée de l'académie. Tu me mèneras toi-même au lieu de rencontre..." ajouta-t-elle avant de disparaître au détour d'un couloir sombre.

Une manière comme une autre de s'assurer qu'elle l'aurait à l’œil pendant ce fameux échange. Et même si cela rajoutait possiblement un troisième adversaire à l'équation, Zora avait une idée derrière la tête pour équilibrer davantage la balance en sa faveur...


===== Quelques minutes avant minuit, le soir même =====

Zora attendait à l'entrée de l'académie, flanquée de quatre soldats Sith chargés en tant normal de la sécurité du centre de formation. Leur choix n'avait pas été fait au hasard: ils étaient reconnus pour leur fidélité à la Dame Noire ou, du moins, au rang qu'elle représentait. Et l'humaine, en tant qu'extension de la volonté de Darth Ynnitach, n'avait eu aucune peine à les enrôler pour l'accompagner au lieu de rendez-vous. Elle avait reçu quelques heures plus tôt la localisation du point d'échange, à savoir la colonie de Dreshdae. Et cela avait achevé de la convaincre que le choix du lieu cachait bien plus qu'une simple vente d'holocron. La présence des soldats, si elle ne permettrait pas à l'humaine de faire pencher la balance en sa faveur en cas d'affrontement, lui ferait gagner suffisamment de temps pour faire face à ses adversaires. Où, le cas échéant, pour fuir.

L'apprentie tourna la tête lorsqu'un bruit de pas attira son attention. Elle adressa ensuite un regard entendu à la Nautolan qui venait d'apparaître:

- "Et bien après le rôle de messagère voila que tu endosses celui de guide! Allons, ne faisons pas attendre ce duo d'imbéciles!"

Zora se fendit d'un geste équivoque de la main pour "inviter" la non-humaine à prendre la tête du petit groupe. Là où l'humaine pourrait garder un œil sur elle tout en évitant de lui tourner le dos...



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La première réponse de Zora donna le ton. Du mépris, frelaté d'un relent musqué de racisme primaire. Le genre auquel Tzao n'aurait pas prêté la moindre attention, s'il ne s'y était pas dissimulé une lutte tacite pour savoir qui prendrait l'ascendance, dans cette nouvelle relation.

" J'étais le choix le plus logique, puisque je suis l'une des rares qui consente encore à t'approcher sans essayer de te tuer immédiatement, et probablement la seule capable de retranscrire de mémoire un message de plus de trois mots. "  Contra l'amphibienne en sentant peser sur elle le regard scrutateur de l'humaine, qui n'avait apparemment jamais rencontré de Nautolan d'aussi près.

Moins d'une minute s'était écoulée, et l'orpheline ne regrettait déjà pas d'avoir accepté de participer à l'assassinat de l'apprentie de la Dame Noire. L'air hautain et supérieur qui transpirait de sa peau rosâtre parsemée d'affreux poils marrons stimulait sa soif de violence, et ses instincts grégaires ne la trompaient guère. Comme tous ceux de sa race, l'état d'esprit de Tzao reflétait instinctivement celui de son interlocuteur ; apaisé s'il était calme, bouillonnant s'il était provocateur. Face à Zora, des envies de meurtre l'envahirent, avant qu'elle ne bloque cette pulsion d'un grincement de dents. Aussi insupportable que la sith soit, elle n'en restait pas moins plus puissante que l'amphibienne aux tatouages rouges, et inattaquable... Pour le moment.


" Il faut absolument que je la persuade de venir ce soir... "  Résolut-elle intérieurement en anticipant sur la méfiance dont ne tarderait pas à faire preuve son aînée de Nar Shaada.

La meilleure manière de procéder constituerait sans doute à vendre la mèche. Laisser entendre à la pimbêche que Krell et Borrosk comptaient l'attaquer, puis parler alliance de circonstance, et lui suggérer de retourner la situation à leur avantage, en partageant les bénéfices. Zora avait à y gagner d'abattre deux agaçants rivaux, et Tzao en profiterait pour soulager l'une des deux dépouilles de son sabre. Un instant, la Nautolan regretta que cet entretien ne se déroule pas sous l'eau. Ses tentacules lui auraient alors permis d'analyser précisément les émotions agitant la petite tête de l'insupportable apprentie d'Ynnitach, et l'avantage aurait été de son côté. Hors de l'eau, et surtout sur un monde désertique, les humains tiraient profit d'une meilleure endurance à la chaleur et à la déshydratation pour réfléchir sans difficultés.

À la stupéfaction de la messagère, l'écervelée parut avaler sans sourciller le mensonge malhabilement tissé par les deux comploteurs, son visage affichant une expression clairement intéressée.


" Comment pareille idiote a-t-elle pu survivre aussi longtemps ? "

Un frémissement moqueur anima la bouche de la cadette, avant de disparaître. Se pouvait-il que l'appât agité sous le museau de la jeune femme ait abattu sa réticence avec la puissance d'une masse hydraulique ? Le nom de Brouillard de l'Ombre n'évoquait pas grand-chose à Tzao, exception faite de sa connotation clairement obscure. Mais il ne pouvait pas s'agir d'un pouvoir rarissime ; jamais deux apprentis siths ne seraient parvenus à mettre la main sur un tel artéfact sans aide. La valeur de cet holocron pour Zora ne pouvait reposer sur sa rareté, plutôt sur un besoin lui étant propre, personnel. Visiblement, Krell et Borrosk n'agissaient pas au hasard ; leur nouvelle acolyte en vint même à se demander comment ils s'y étaient  pris pour cerner ainsi l'apprentie qui, rappelons-le, passait beaucoup de temps isolée.

L'intéressée opéra alors un curieux manège. Acceptant le marché proposé, elle voulut d'abord que les vendeurs lui indiquent eux-même le lieu et le moment de la rencontre, avant de s'avancer d'un pas symbolique pour proférer une mise en garde à sa cadette aux tentacules luisants. Plus perspicace que ne le croyait la Nautolan, Zora offrit une dernière chance à son interlocutrice pour revenir sur son communiqué, signe évident qu'elle débordait de soupçons. Découvrant la disciple d'Ynnitach sous un jour plus menaçant et intimidant, l'orpheline constata que l'humaine s'en tirait remarquablement bien, puisqu'un frisson glacé lui caressa amoureusement le dos à l'issue de l'avertissement.


" Rétorques quelque-chose ! Ne la laisse pas sentir que tu as peur. "  S'encouragea-t-elle mentalement pour se sortir du mutisme qui menaçait de lui sceller la langue aux gencives.

Défiant du regard la sale prétentieuse, Tzao lâcha, en exhibant un visage artificiellement neutre :


" Maintenant que tu me le dis, c'est vrai que je pense avoir oublié de te dire quelque-chose que tu devrais savoir... Ceux que les humains surnomment têtes de pieuvre, ce sont les Quarrens, pas les Nautolans. Révises tes classiques, si tu tiens réellement à faire dans l'insulte raciale. "

Derrière son attitude bravache, Tzao sentit son cœur battre à tout rompre. Elle regrettait déjà son ton provocateur, qui pouvait lui valoir une mise à mort immédiate face à une sith mal lunée. Seul son bon sens l'empêcha de se rétracter derechef. Zora ne la tuerait pas tant qu'elle ignorerait où et quand le marché devait avoir lieu. Cette pensée, la jeune apprentie se la répéta mentalement pour exorciser la terreur lui empoignant l'estomac, et transformer son angoisse en colère, une émotion bien plus utile pour la disciple du côté obscur, qui réfléchissait déjà à ce qu'elle rétorquerait lorsque l'humaine de Nar Shaada lui redemanderait les détails de la rencontre. Or, peut-être parce qu'elle avait senti l'agressivité de son interlocutrice, la peste aux cheveux châtain enterra l'idée de se rendre seule au rendez-vous, ordonnant à l'amphibienne de jouer les guides comme si la chose allait de soi. Et pour ménager son effet, l'exécrable princesse de Korriban tourna sans délai les talons, retournant bien sûr à des affaires primordiales, et privant Tzao de son droit de réponse.

" D'un autre côté, c'est préférable... Mieux vaut que je sois présente du début à la fin pour pouvoir intervenir au meilleur moment... Et maintenant, repérage ! "

Sans perdre plus de temps, la créature aquatique se précipita vers le hangar de l'académie, afin d'y récupérer une motojet. Les sorties jusqu'à la colonie n'attireraient pas l'attention tant que le soleil de la planète continuerait de briller haut dans le ciel rougeâtre du monde d'origine des siths. Mieux valait profiter de cet anonymat tant qu'il fonctionnerait. Enfourchant le véhicule, la native de Glee Anselm mit les gaz, s'élançant à vitesse modérée jusqu'aux étendues désertiques environnant l'établissement de pierre millénaire. Mal-à-l'aise sur l'engin, qui combinait célérité et manque de sécurité, la Nautolan n'osa pas ouvrir à fond la propulsion, se contentant de la mi-vitesse tout le long de son court voyage jusqu'au hameau des colons. Son trajet, quoique bref, en fut cependant légèrement rallongé, et donc plus pénible, la chaleur ne mollissant pas vraiment au cours de l'après-midi. Grincheuse et d'une humeur aussi bouillonnante que son sang porté à ébullition par le climat désertique, la jeune sensible délaissa sa motojet à l'ombre d'un hangar décrépi, déterminée à localiser rapidement la grande place de cette parodie de village.

" Elle a accepté, pas vrai ? "

Surgissant de nulle-part, les deux compères Bothan et humain bloquèrent le passage de leur complice à la peau couverte de mucus censé la garder humide. Malmenée par la chaleur, la Nautolan ne prit pas la peine de penser, s'écriant à voix haute :

" Mais... Comment est-ce que vous faites, à la fin, pour jaillir comme ça sans que je vous sente venir ? "

Ricanant d'un air sarcastique, Krell parada :

" C'est le Voile de Force. T'en fais pas, tu finiras par apprendre ce pouvoir, toi aussi... Si quelqu'un décides de s'intéresser à toi un jour, et si tu ne meures pas avant. "

Borrosk lança un regard équivoque à la messagère, qui estima plus sage de ne pas le faire attendre trop longtemps :

" Oui, elle a accepté. J'ignore comment vous vous y êtes pris tous les deux pour savoir ça, mais l'holocron l'a aussitôt intéressée. Je crois même que ce croisement de Hutt et de Wookie n'a pratiquement pas réfléchi avant de signifier son accord. Elle a sauté à pieds joins dans le piège, l'idiote."

Les deux mâles se coulèrent une œillade complice, savourant sans doute le fruit de leurs efforts conjoins pour dénicher l'attrait puissant qu’exerçait le Brouillard de l'Ombre sur Zora. Grimaçant son sourire le plus sardonique, Krell grinça :

" Zora n'est pas aussi futée qu'elle voudrait bien nous le faire croire. Borrosk et moi avons vite compris de quelle façon la neutraliser. "

De sa voix veloutée, le Bothan ponctua la fin de l'échange par un :

" On va aiguiser un peu son appétit en lui indiquant que la rencontre se fera à la colonie. Sois sur place ce soir, si tu veux jouer les charognards. "

Le reste de la journée, Tzao le passa à arpenter la colonie de Dreshdae, ses bottes frottant durement sur ses articulations sensibles, ses glandes sudoripares se vidant jusqu'à leur extrême limite pour la prémunir d'une déshydratation mortelle. Les résidents, tous emmitouflés dans de larges bandes d'étoffes pour se protéger du sable, ne lui prêtèrent pas attention. Leur quotidien de misère suffisait déjà à occuper la moindre de leurs pensées. Récupérer sa motojet, la Nautolan retourna à l'académie tandis que le crépuscule commençait à s'amorcer, l'anticipation de sa jubilation à venir provoquant un geyser fourmillant dans ses membres. Dopée à l'excitation, l'amphibienne s'oublia au point d'enclencher la vitesse maximale de son véhicule, plongeant dans un tourbillon coloré plus proche de la bouillie de lumières qu'autre chose. Rafraîchie par le contact des vents tièdes nés de l'accélération, son premier acte en arrivant à l'édifice des adeptes du côté obscur fut néanmoins d'aller boire des litres d'eau poussiéreuse, reconstituant ses réserves durant le laps de temps qu'il lui restait à patienter avant de pouvoir mener l'apprentie d'Ynnitach à une mort certaine.

Tandis que l'étoile principale du système Horuset déclinait à l'horizon, l'orpheline de Glee Anselm chemina silencieusement jusqu'à l'entrée principale de l'académie, pour y rejoindre l'humaine qu'elle haïssait le plus actuellement, flanquée de quatre soldats en arme et armure.


" Évidemment ! Les princesses ne sortent jamais sans leurs chevaliers servants. Qui s'imaginerait le contraire ! "

La phrase lui glaça le cerveau, coupant son inspiration et manquant de la faire s'immobiliser complètement.

" Qui s'imaginerait le contraire, en effet... "

Dans leur message, Krell et Borrosk n'avaient absolument pas exigé de leur potentielle acheteuse qu'elle vienne seule. Oubli de leur part ? Difficilement vraisemblable, tant ils paraissaient avoir porté de minutie à ce traquenard.

" On dirait que Zora n'est pas la seule, à se croire plus intelligente qu'elle ne l'est réellement ! "  Décida de penser un peu paresseusement la Nautolan, en répondant au regard de son aînée par une indifférence altière. L'état de grâce de cette insupportable provocatrice connaissait à présent le même crépuscule que la surface de Korriban où siégeait l'académie... À ceci près que pour l'humaine, il serait définitif.

" Alors c'est ça, être l'apprentie de la Dame Noire ? Pouvoir claquer des doigts, et s'adjoindre la protection de soldats supposés veiller à nos intérêts stratégiques ? Comme ce doit être plaisant, de s'autoriser ainsi les exigences les plus farfelues sans craindre d'essuyer un refus... Je vois pourquoi tout le monde envie cette position. "

Quittant des yeux l'escorte, qu'elle étudiait sous toutes les coutures avec un air gourmand, la guide aux tatouages rouges ajouta, avec un regard en coin :

" Espérons simplement que les deux imbéciles n'y voient pas une tentative de ta part pour leur dérober l'holocron sans les payer... "

Sur cette remarque, la meneuse du groupe ouvrit la voie vers la colonie, dont le relief tassé et fatigué, comme lassé de devoir supporter les tempêtes de sable, s'ébauchait vaillamment dans le lointain. Refusant de faire la conversation à la fille de Nar Shaada, Tzao économisa son souffle et sa salive pour le trajet, imprimant une allure volontairement soutenue à la troupe composée aux deux-tiers de soldats. Son pas allègre s'expliquait aussi par son impatience : il lui tardait de mener Zora dans la fosse aux Tuk'atas (même si la présence des porte-blasters l'obligerait à prendre une part active dans le combat). L'affrontement présentait une issue moins certaine, mais avec l'effet de semi-surprise, le camp donné gagnant restait selon l'amphibienne celui des trois apprentis. Incapable de se retenir d'y penser, la malveillante sensible loucha avidement sur les deux sabres accrochés à la ceinture de sa future victime indirecte, se demandant lequel des deux elle choisirait de récupérer, et commençant déjà à chercher lequel semblait être en meilleur état.

Après ce qui lui parut être une éternité, la guide pénétra sur la grande place (un nom très abusif, selon la Nautolan) de la colonie. Fidèle aux directives reçues, elle orienta son déplacement vers les ruelles donnant sur le spatioport, tandis que dans la voute céleste ensanglantée, la première étoile s'allumait. Dépassant sans un regard la première artère transversale, Tzao s'immisça sans accélérer dans la seconde, dont elle connaissait déjà l'aspect et les embranchements pour les avoir relevés plus tôt dans la journée. Pour l'heure, le passage paraissait désert. Mais elle ne douta pas qu'une fois note prise des difficultés avec lesquelles ils auraient à composer, Krell et Borrosk sortiraient de leur cachette, sabre au clair, de toute évidence.


" Voilà ! Nous sommes arrivés à destination. "  Claironna quasiment la native de Glee Anselm, qui n'en pouvait plus d'attendre le début des réjouissances. En bonne guide qu'elle prétendait être, celle-ci prétendit rester jusqu'à la survenue des deux vendeurs. D'impatience, l’extrémité de ses tentacules ondoyaient de manière chaotique, frémissant en prévision de ce qui suivrait bientôt.

La révélation lui vint finalement, alors même qu'elle se serait déjà manifestée à une personne vive d'esprit lors de l'échange de regard complice entre Krell et Borrosk, ou en découvrant que Zora n'avait pas hésité à se doter d'une escouade de protection. Trop tard pour rattraper la situation, Tzao fit le lien entre les incohérences relevées par son bon sens, déduisant la cruelle évidence.


" Ils ne viendront pas... Ils n'avaient jamais prévu de venir. Dès qu'ils ont su que leur principale ennemie serait ce soir à la colonie, ces deux traîtres ont compris qu'ils auraient les coudées franches, et n'ont pas cherché à en savoir plus. Quoi que Zora fasse, tant qu'elle s'éloignait de l'académie, ils étaient gagnants. "

Cela soulevait d'autres questions, comme par-exemple pourquoi avoir monté ce subterfuge ? Krell et Borrosk voulaient-ils s'introduire dans les quartiers de l'apprentie pourlui dérober un objet de sa possession ? Ou bien l'empêcher d'intervenir pendant qu'ils tueraient un allié de cette disciple d'Ynnitach ? Des questions pertinentes, mais que Tzao trouva sur le coup particulièrement moins importantes que : comment se tirer de là ? Quatre soldats sith, plus une apprentie, soit cinq individus qui ne manqueraient pas de se montrer très hostiles lorsqu'ils comprendraient que la Nautolan les avaient fait marcher. Zora avait été très claire, sur ce qui attendrait l'amphibienne pour le cas où le rendez-vous s'avérait être une escroquerie. Lentement, sa paire d'yeux incandescents évalua ses chances de survie si elle décidait comme ça, spontanément, de s'enfuir à toutes jambes pendant qu'elle le pouvait encore. Naturellement, militaires oblige, l'escorte de Zora s'était déployée pour couvrir, à eux quatre, trois-cent soixante degrés de visibilité. Où qu'elle aille, au moins l'un des guetteurs la verrait. Et l'orpheline en mauvaise posture ne comptait pas tourner le dos à un soldat armé d'un fusil blaster ayant une ligne de vue dégagée sur sa personne. Autant raccrocher le sabre tout de suite, et devenir cible pour champs de tir professionnelle. Le pire étant qu'aucun des pouvoirs qu'elle maîtrisait un tant soit peu ne pouvait l'aider, dans la situation. Impossible d'étrangler cinq personnes en même temps ; quant à les sonner d'une même utilisation de la Télékinésie, c'était croire aux miracles.

" Fais quelque-chose, bougre d'idiote ! Si tu attends encore, tu es morte ! "

Inhalant la potentielle dernière bouffée d'air de sa courte existence, la meneuse menée en bateau s'écria, en pointant l'une des extrémités de la ruelle :

" Ah ! Les voici enfin ! " Et, sur cette piètre diversion, la sensible n'ayant plus grand-chose à perdre s'élança plus vite qu'elle n'avait jamais couru dans l'une des ruelles les plus étriqués de la pseudo-ville, sans une œillade en arrière. Si la Force était avec elle, le premier tir la raterait. Il suffisait qu'elle ne pense pas trop fort au soldat qui, dans son dos, accolerait l’œil à son viseur, ajustant calmement la réticule sur la nuque de la fuyarde, avant d'enfoncer froidement la gâchette.

Seule comptait la course. Les sons criés lui parvinrent comme au travers d'un casque isolant de pilote de module, sa vision se troubla tout en devenant étonnamment précise pour certains détails (l'effet imprévisible de l'adrénaline) et surtout, Tzao eut le sentiment que son corps agissait des années avant qu'elle n'y pense. Elle sauta par-dessus un conteneur couché avant d'avoir enregistré qu'il se trouvait sur son chemin, avala en un sprint fulgurant une centaine de mètres sans se sentir essoufflée, et prit appui sur un mur pour rebondir et opérer un virage à angle droit le plus naturellement du monde. L'athlétique sith connut une fugace, mais merveilleuse impression d'invincibilité... Avant que le nombre n'ait raison de sa connaissance du terrain. Percutée de plein fouet sur son flanc gauche, elle se sentit rouler au sol, ramassant sur sa peau collante des millions de gravillons, du sable et quelques détritus. S’apercevant brutalement qu'elle était à bout de souffle, Tzao haleta, les poumons en feu, tandis qu'une voix masculine hélait le reste de ses poursuivants. Deux paires de bras la redressèrent, tout en la forçant à demeurer agenouillée sur le sol pour éviter qu'elle ne recommence à courir. Deux blasters se braquèrent sentencieusement sur la tête de la Nautolan.


[HRP : Je laisse à ton inépuisable créativité le loisir de décider de quelle façon réagit Zora. Torture et châtiments corporels autorisés :fouet:   ]
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Zora se contenta d'un vague regard à la Nautolan lorsque celle-ci lui fit remarquer avec ironie les avantages d'être au service de la Dame Noire. De la jalousie? Un sens certain pour agacer les gens? L'humaine s'en fichait au fond tant que cette apprentie la menait à destination. Elle n'était cependant pas prête à subir les sarcasmes de sa guide improvisée pendant le trajet. Et lorsque la non-humaine lui fit remarquer que Krell et Borrosk pouvaient mal interpréter la présence des gardes Zora tourna un regard sévère dans sa direction:

- "Parce que tu penses sincèrement que j'avais l'intention de les payer de toute façon?" glissa-t-elle en se fendant d'un sourire malsain. "Maintenant ferme-là et avance!"

Le trajet se déroula dans un silence émaillé périodiquement par les cris de la faune de Korriban. L'humaine se questionna plusieurs fois sur les intentions réelles de la nautolan, allant même jusqu'à se demander si Krell et Borrosk étaient réellement impliqués et s'il ne s'agissait que d'une pitoyable tentative pour tenter de l'assassiner. Sans sabre laser Zora voyait cependant mal comment sa guide comptait s'y prendre. Dès lors il semblait plutôt logique qu'elle la menait dans un piège et comptait sur d'autres pour faire le sale travail. La présence des deux abrutis prenait donc tout son sens. L'holocron n'avait jamais été un appât. Pourtant si la nautolan pensait qu'elle leur servait Zora sur un plateau d'argent elle semblait avoir occulté l'autre possibilité: que ce soit elle qui livre Krell et Borrosk à l'humaine dans une situation adéquate.  L'apprentie fut néanmoins impressionnée par l'audace de la non-humaine et fut désagréablement surprise de se trouver un point commun avec elle.

Le voyage sembla bien plus long qu'il ne le fut en réalité et Zora accueillit l'annonce de leur guide avec plaisir lorsqu'elle lui signala qu'ils étaient arrivés. L'humaine observa les environs avec calme tout en évaluant les endroits d'où pouvait surgir le danger. Puis elle étendit sa perception dans la Force pour détecter les éventuelles personnes à proximité. Pour l'heure il n'y avait que les soldats et la nautolane ce qui indiquait qu'ils étaient en avance. Ou qu'il s'agissait bien d'un piège...

- "J'espère pour toi que je ne perds pas mon temps!" menaça-t-elle tout en croisant les bras.

Personne ne se soucierait du cadavre d'une nautolane abandonné dans les ruelles de la colonie. Et pour l'académie ce ne serait pas une grande perte non plus puisqu'il semblait que la non-humaine n'avait pas encore été capable de construire son sabre. Deux bonnes raisons supplémentaires de s'en débarrasser si jamais les choses venaient à prendre une tournure inattendue...

- "Ah! Les voici enfin!" cria soudainement l'amphibienne en pointant l'une des extrémités de la ruelle.

Zora tourna le regard dans la direction indiquée, ne voyant rien. Le bruit de course qui résonna dans son dos lui indiqua que sa guide venait de prendre la fuite et s'était donc fichue d'elle. L'apprentie se retourna et indiqua aux gardes la fuyarde d'un léger signe de la tête:

- "Ramenez-la moi en vie!"

La non-humaine ne pouvait de toute façon pas courir bien loin et elles seraient amenées à se recroiser à l'académie ou ailleurs si jamais elle arrivait à prendre la fuite. La nautolan ne représentait rien ou presque et son intérêt était plus que discutable. L'humaine avait d'ailleurs prit soin d'emmener les quatre soldats pour s'occuper d'elle si jamais elle devait affronter Krell et Borrosk. Sans sabre-laser elle représentait une menace négligeable. Non, ce qui inquiétait davantage Zora et la poussait d'ailleurs à rester sur place et à laisser les soldats se préoccuper de la nautolan, c'étaient bien les deux supposés vendeurs d'holocron. L'humaine se savait supérieure si elle les affrontait séparément mais contre les deux à la fois...

*Qui ne risque rien n'a rien!* se dit-elle en imaginant les bénéfices de leur mort.

L'apprentie attira ses sabres dans ses paumes d'une injonction mentale et se prépara à repousser un assaut qui devait être imminent. Mais les secondes puis les minutes s'égrainèrent sans que rien ne se passe. Surprise et un brin perplexe, Zora se résolu à rejoindre les gardes qui avaient capturés la nautolane d'après les cris qu'elle pouvait entendre. La jeune femme les suivit pour retrouver la non-humaine à genoux. Deux soldats pointaient leurs armes sur sa tempe tandis que les deux autres restaient en retrait en face d'elle, prêts à intervenir en cas de besoin.  L'humaine toisa un instant sa guide et leva la main comme pour lui donner une claque en revers. Mais l'idée de toucher l'amphibienne la révulsa et elle rebaissa doucement son bras:

- "Soldat?" glissa-t-elle

L'un des hommes s'avança et abattit sa crosse sur le dos de l'apprentie agenouillée, évitant ainsi à Zora le déplaisir de toucher une sous-race. Cette dernière attendit quelque seconde que la nautolan reprenne ses esprit avant de prendre la parole d'une voix parfaitement calme:

- "Je ne vois que deux possibilités qui pourraient expliquer ce qu'il vient de se passer: soit tu es complètement stupide et tu as envie de mourir malgré les avertissements que j'ai eu la courtoisie de t'adresser, soit tu t'es faite avoir par des apprentis plus intelligents que toi! Dans les deux cas tu es une abrutie j'en ai bien peur..."

Une abrutie qui pouvait malgré tout représenter un avantage... Si Zora appréciait la première hypothèse elle était parfaitement consciente que c'était la deuxième la plus plausible. Mais quelles que soient les raisons qui avaient pu pousser d'autres apprentis à l'éloigner de l'académie, puisqu'il semblait maintenant évident qu'aucun danger n'était finalement à craindre à la colonie, il n'en était pas moins évident que la nautolan y avait participé et, donc, comploté pour lui faire du tort. Un acte qui méritait forcément un châtiment...

- "Quoiqu'il en soit tu as choisi le mauvais camp et tu as échoué. Tu veux savoir ce qu'il y a de mieux dans le fait d'être l'apprentie de la Dame Noire? Le plaisir de pouvoir écraser tous les autres dans leurs pathétiques et répétitives tentatives pour me prendre ma place!"

L'humaine leva la main devant elle et des éclairs bleutés se mirent à crépiter le long de sa paume avant de se concentrer sur ses doigts puis jaillirent en direction du torse de la nautolan. Les gardes la lâchèrent juste à temps pour éviter de se faire toucher eux-aussi avant de se ressaisir de la captive. Zora activa l'un de ses sabres et glissa l'extrémité écarlate de la lame sous la gorge de la non-humaine:

- "Donne-moi une seule bonne raison de t'épargner!" murmura-t-elle avec ennui. "Et je te conseille d'être convaincante; tu as épuisé mon quota de confiance..."

Et par "raison", Zora parlait évidemment d'informations sur la mission suicide qu'on lui avait confiée. L'humaine fit un signe de tête à l'un des gardes et un second coup de crosse vint percuter la joue de la nautolane, histoire de la motiver à cracher ce qu'elle savait...

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Depuis sa position basse, et tandis que le sol rocailleux, poussiéreux et aride de Dreshdae s'imbibait au contact de sa peau pour devenir une boue épaisse, Tzao vit approcher sa poursuivante humaine, sabres en main. Les deux soldats qui la braquaient se tenaient prêts à l'exécuter si elle faisait mine de se relever, l'obligeant donc à attendre sagement que son exécutrice vienne nonchalamment caler ses lames de chaque côté de son cou avant de séparer sa tête d'amphibienne du reste de son corps épuisé. La luminosité décroissante du crépuscule sur Korriban para d'orangé et de rouge toute la ruelle, saturant de teintes chaudes le lieu où Tzao allait mourir, les tons sanguins du couchant préfigurant l'acte décisif que Zora avait décidé d'accomplir elle-même.

" Ne supplies pas. Ceux qui supplient ne sont pas dignes d'être épargnés. Sois une sith ; comportes-toi en tant que telle. " Dans le contexte de son décès imminent, les paroles de son ancienne maîtresse lui revinrent avec netteté.

Pas comme une présence réconfortante, ceci dit. Le timbre aigre et moqueur de Salma résonna dans l'esprit de son ex-disciple comme une vibro-lame chauffée à blanc, s'insérant lentement dans son encéphale. La Togruta, qui ne croyait plus depuis longtemps en sa jeune recrue, aurait probablement adoré voir la Nautolan périr ainsi, agenouillée et défaite par sa propre incompétence. L'apprentie d'Ynnitach amorça un mouvement, feignant de vouloir gifler sa benjamine, avant de rejeter l'idée. Comme la princesse ne se salissant pas les mains qu'elle croyait être, Zora pria l'un de ses chevaliers servants de porter l'estocade à sa place. Même en se préparant au choc, Tzao ne put retenir entre ses dents un bref cri de douleur lorsqu'une masse s'abattit violemment dans son dos, au niveau des omoplates. Propulsée vers l'avant, elle s'affala sans pouvoir user de ses mains pour amortir sa chute, et son visage rencontra brutalement le sable collant.


" Relèves-toi ! " S'ordonna-t-elle mentalement, l'injonction semblait venir de son mentor passée autant que de ses propres cordes vocales.

Le faciès maculé de sable, ses yeux irrités par la poussière qui s'y était insinuée, Tzao papillonna farouchement des paupières et secoua la tête telle un bantha désorienté, avant de réussir enfin à ajuster à nouveau son regard au niveau des yeux méprisants de son interlocutrice. Cette dernière, sûre de son avantage, s'autorisa un court moment de vantardise, insultant au passage l'intelligence de sa guide au teint olivâtre qui respirait plus fort qu'un Rancor en pleine traversée du désert. L'air de ses poumons étant trop précieux pour être dilapidé, la native de Glee Anselm se garda bien de corriger Zora sur un point finalement très accessoire : elle n'avait jamais compté prendre sa place.


" Mais Borrosk et Krell pourraient bien avoir cette ambition, eux. "  Songea-t-elle dans un bref moment de lucidité, avant de réaliser que sa survie importait plus que de tirer les petits complots tramés par ses deux soi-disant complices.

Comme pour l'aider à se ressaisir, Zora fit étalage de sa maîtrise très supérieure du côté obscur en invoquant un Éclair de Force, pouvoir que l'amphibienne pensait uniquement accessible aux siths confirmés. Peut-être l'éclair de l'humaine n'infligeait-il pas autant de souffrances que celui d'un authentique seigneur sith, mais cela n'empêcha pas chaque fibre du corps de la victime de s'arquer. Tendue à en faire craquer ses nerfs et ses os, la Nautolan perdit le compte des secondes, son cerveau harcelé par des messages de souffrance provenant de partout à la fois. Mordant dans ses lèvres pour ne pas gémir, elle demeura complètement paralysée à l'issue de cet avant-goût électrisant, si bien que les soldats siths n'eurent pas un effort à fournir pour l'immobiliser à nouveau. Tétanisée par la décharge, Tzao ne put que loucher sur la lame rouge s'allongeant paresseusement en direction de sa gorge, dans un rugissement de cellule énergétique activée.


" Ça y est, je suis morte. "

À demie consciente de ce qui allait se jouer, la prisonnière aux prunelles d'un jaune incandescent haleta, s'attendant à être interrompue dans sa respiration à chaque seconde. Sans courage ni couardise, elle guettait l'instant fatidique, simplement trop anesthésiée par la rapidité avec laquelle sa vie lui échappait pour réagir d'une façon ou d'une autre. Or, par chance, son aînée à la longue chevelure souhaitait comprendre dans le détails ce qui s'était produit avant d'éliminer l'intermédiaire aux tentacules couverts de crasse. Un rictus hargneux fit frémir la commissure des lèvres de la morte en sursis.

" Si elle s'imagine que je vais lui donner toutes les cartes en main, elle va attendre longtemps. "

De ses années auprès d'une Togruta sith, Tzao avait retenu une leçon importante : on ne survivait pas chez les partisans du côté obscur en demandant pardon, grâce ou en comptant sur la miséricorde. Seuls les faibles, ceux que les siths abhorraient, se reposaient sur de tels espoirs creux. Les forts se débrouillaient pour conserver l'avantage, prendre en main leur existence, sans jamais s'en remettre à autrui. Si elle collaborait et obtempérait à la demande de Zora, la Nautolan perdrait toute valeur aux yeux de cette dernière, scellant son destin. Soit elle mourrait pour avoir refusé de se plier à un ordre direct, soit elle mourrait après s'être comportée une ultime fois comme une imbécile naïve.

Sanctionnée pour le temps qu'elle mettait à se décider, Tzao écopa d'un nouveau coup. Plus qu'explicite, la frappe témoigna du total désintérêt qu'avait l'humaine pour sa prisonnière. Déséquilibrée par le choc au visage, l'amphibienne aurait en effet aisément pu s'ôter la vie en s'effondrant sur le sabre allumé qui la maintenait immobile. Accompagnant de son mieux le choc, elle cabra donc les lombaires pour rester le menton au-dessus de la lame rubicond, sa pommette meurtrie la brûlant déjà d'un futur hématome. D'un débit saccadé, la réponse que l'on exigeait de l'aspirante vint finalement.


" Arrête... Un peu... Ton petit numéro... On sait... Toutes les deux... Que tu ne comptes pas me laisser vivre. "

Déglutir lui donna l'impression d'avaler un sac de rochers d'une traite, mais il lui fallait obligatoirement poursuivre, pour plaider sa cause. Survivre importait plus que tout. Les forts survivaient.

" Si je te confie ce que tu ne sais pas déjà, je perdrais la seule chose qui donne encore un peu de valeur à ma vie, pour toi, et tu pourras me tuer sans remords ni regrets. Toute abrutie que tu me croies, je n'en suis pas moins réaliste. "

Sans qu'elle ne s'y attende réellement, l'orphelin de Glee Anselm sentit une colère noire remonter en elle, à l'instar d'une tempête de sable s'annonçant. Naturellement, en comprenant qu'elle mourrait seule, ce soir, à Dreshdae, la peur l'avait envahie, puis la résignation. Mais l'évolution de son état d'esprit ne s'était pas arrêté là. Poursuivant son cheminement, il en arrivait à présent à la rage. La rage de s'être faite manipulée, instrumentalisée telle une flûte entre les doigts experts d'un Bith mélomane ; la rage d'avoir subi tout ce temps les enseignements opaques et abscons d'une insupportable Togruta en se répétant qu'un jour, ses pouvoirs seraient siens ; la rage d'être agenouillée face à une bougresse que la Nautolan détestait autant qu'elle la détestait. Le brasier de son ressentiment enfla en elle, chassant la perspective d'accueillir la mort en souriant. Secouant sa crinière épaisse, Tzao grogna :

" Si tu me tues, tu ne serviras pas tes intérêts, mais ceux de Krell et de Borrosk. Ce sont sans doute deux faibles, mais en unissant leurs efforts, ils sont parvenus à t'amener ici. Tu croies réellement que leur plan s'arrêtera à ça ? T'éloigner de l'académie, avec moi pour lot de consolation ?  Son timbre cessa de témoigner son incrédulité.  Regardons les choses en face : ils se doutaient que tu m’exécuterais une fois l'illusion du rendez-vous dissipée. Tout comme ils se doutaient que l'idée d'obtenir un holocron t’appâterait. Continues à agir comme ils l'espèrent, et à ton retour à l'académie, je ne doute pas qu'une surprise nouvelle t'attendra... Une surprise fatale.  Insinua-t-elle sans plus de précisions, sachant que l'humaine se chargerait très bien toute seule d'imaginer les pires pièges.   Si tu veux reprendre efficacement l'ascendance et neutraliser deux gêneurs, il faut que tu agisses de façon imprévisible. "

S'interrompant, l'oratrice s'autocensura. Certes, elle voulait que Zora décide de la laisser vivre, mais si l'idée venait d'elle, jamais la pimbêche ne s'y fierait. Elle croirait probablement à un autre coup tordu, et achèverait la Nautolan uniquement pour éliminer d'une équation complexe un facteur au rôle impossible à appréhender. Mâchoires serrées, l'orphelin poursuivit dans sa tête la partie de son monologue qu'elle n'oserait jamais formuler à voix haute, car beaucoup trop prétentieux.

" Je souhaiterais te voir gisante à mes pieds, « princesse » de Korriban. Ne te détrompes-pas là-dessus. Mais en ce moment, il y a deux élèves que j'adorerais encore plus tuer moi-même. Confie-moi l'un de tes sabres, j'irais les tuer pour nous deux, et tant pis si je meure en essayant. En cas de réussite, je te rendrais même ta lame, une fois la besogne accomplie. "

Aucune chance que Zora accepte. Ce scénario l'obligeait à donner une arme potentiellement létale à une sith ayant déjà tenté de la tromper, qui pourrait ensuite s'enfuir avec un sabre gratuit et avertir Krell ainsi que Borrosk du danger. Même si l'apprentie d'Ynnitach lui avait entièrement fait confiance, les chances d'obtenir une réponse favorable auraient  tout de même été minces. Et les deux siths se haïssaient cordialement. Non, mieux valait parler à la jeune femme un langage qu'elle comprendrait naturellement.

" Utilise-moi comme appât. En tant que non-humaine, je ne dois pas valoir plus pour toi, et, de surcroit, tu connais déjà mes compétences dans ce domaine. "

Un véritable sourire que Tzao ne put retenir s'étala sur ses lèvres tuméfiées. Voilà donc le point fort qu'elle cherchait à mettre en valeur : sa faculté innée à servir les intérêts d'autrui au détriment de sa propre sécurité ! Lamentable... Mais paradoxalement, probablement le meilleur argument à invoquer face à une personne aussi dure à convaincre que Zora. Poursuivant sur sa lancée, la Nautolan étaya :

" En me voyant revenir vivante à l'académie, Krell et Borrosk seront sur leurs gardes et ne se risqueront pas à suivre leur plan initial. Je ne les pense pas assez crétins pour penser que j'ai pu te tuer, surtout que je n'aurais aucune preuve à fournir pour les inciter à croire une hypothèse aussi farfelue. Mais ils chercheront à me contacter, pour comprendre ce qui s'est passé. Peut-être qu'ils me tueront après... C'est d'ailleurs très logique : s'ils me voient revenir vivante, ils penseront que nous nous sommes alliées, et donc je serais une ennemie à abattre, pour eux. L'essentiel, c'est qu'ils se mettent à douter d'eux-même, qu'ils réalisent que la situation leur échappe. Ainsi, ils ne bénéficieront plus de leur coup d'avance, et tu auras toute latitude pour t'en débarrasser à ta convenance."

L'obscurité emmitouflant Dreshdae dans un sarrau de noirceur obligea finalement les soldats sith à allumer la luma fixée à leurs blasters. Prise dans les champs de lumière, la créature aquatique considéra l'ombre féminine de sa geôlière, qui, elle, restait sous le couvert de la nuit, son sabre toujours prêt à commettre sa sanglante exécution.

" Mais je mourrai avec joie dès ce soir, si cela te condamne à périr des mains de ces deux mâles. "  Pensa-t-elle si fort qu'un instant, la native de Glee Anselm crut être capable de télépathie.

Son expression, ainsi que les plis de détermination marquant son front glabre, ne pouvaient en tout cas pas être interprétés différemment. De toutes les émotions tourbillonnant en son sein, le dégoût et la colère que lui inspiraient la prétentieuse protégée de la Dame Noire supplantaient largement le reste, dévorant sa peur de la mort et l'humiliation de sa condition sous un brasier rugissant d'acrimonies.
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L'humaine écouta le plaidoyer de la nautolane avec une indifférence feinte tout en réfléchissant à ce qu'elle proposait. Si Zora n'avait pas interrompu ce charabia plus tôt c'est parce qu'il fallait bien reconnaître que la non-humaine n'était pas sans intérêt. Elle était audacieuse, rusée et ambitieuse. Des qualités qu'elle-même appréciait, du moins lorsque l'on n'essayait pas de les retourner contre elle. L'apprentie de Darth Ynnitach resta un instant silencieuse, évaluant la captive qui lui proposait de l'aider à se débarrasser de Krell et Borrosk. La proposition n'était pas mauvaise, loin de là, mais elle était malgré tout trop altruiste pour qu'elle soit réelle. Tzao souhaitait uniquement sauver sa peau et pour ça elle était prête à promettre monts et merveilles à celle qui tenait sa vie dans le creux de ses mains. Comme la majorité des habitants de la galaxie, en somme. Comment lui en vouloir?

- "Je vois..." glissa finalement l'humaine. "Il se pourrait bien que je t'aie mal jaugée tout à l'heure finalement..."

Zora lui tourna le dos un instant et posa son regard ébène sur le soleil de Korriban qui agonisait entre les cimes des montagnes, dans le lointain.

- "Ta proposition suit une logique qu'il m'est difficile de remettre en cause. Mais tu pars un peu trop du principe que j'aurai besoin de toi pour me débarrasser de Krell et Borrosk." reprit-elle en se retournant vers la non-humaine avant de reprendre d'une voix doucereuse. "Ce qui n'est absolument pas le cas!"

Ou, plutôt, pas exactement le cas... Zora était pratiquement convaincue de pouvoir se débarrasser de ces deux gêneurs seule si toutefois elle devait en arriver à cette extrémité. Mais il fallait bien reconnaître que la nautolane avait marqué un point en lui faisant remarquer que si elle restait en vie et revenait à l'académie, les plans de Krell et Borrosk en seraient probablement contrariés. Et cette perspective était vraiment tentante, ne serait-ce que pour le plaisir qu'elle en tirerait. Garder la non-humaine dans l'équation ne rendrait les choses que plus intéressantes finalement. Restait toujours le problème de base: comment faire confiance à une personne qui avait tenté de vous duper quelques minutes plus tôt?

*La réponse est plutôt simple; tu ne peux pas...* songea-t-elle en se passant une main sur le menton. *Mais est-ce que tu as réellement besoin de pouvoir la croire?*

La nautolane avait été dupée par le duo d'opportunistes et la logique commandait qu'elle veuille également s'en venger. A moins qu'il ne s'agisse que d'une ruse de plus pour rester en vie ou tout simplement une autre composante d'un plan tordu visant à l'éliminer. Toutes ces inconnues rendaient ce jeu parfaitement passionnant au final. Dès lors, pourquoi ne pas le prolonger un peu? Une fois que Krell et Borrosk seraient éliminés rien ne l'empêcherait de se débarrasser de Tzao. La perspective de laisser les pions ouvrir le bal avant de porter l'estocade finale était une idée des plus séduisantes.

- "Mettons que je passe sur les conseils que tu crois utiles de me donner malgré ta situation et que je ferme les yeux sur ton arrogance. Imaginons aussi que je te laisse vivre alors que tu as tenté de me trahir il y a quelques instants! Qu'est-ce que j'aurais à gagner dans tout ça? La perspective d'avoir un... comment tu dis déjà? Ha oui... Un appât? Ne le prends pas mal mais j'ai pu voir tout à l'heure tout l'étendu de ton... talent pour ce qui est de tenir ce rôle!"

L'apprentie lâcha un léger rire aussi franc qu'amusé, la situation tournant vraiment au ridicule. Les avantages ne valaient en aucun cas les inconvénients. Pourtant Tzao ne représentait pas à proprement parler un danger et la tuer n'avancerait guère l'humaine. Vivante, en revanche, elle pouvait se montre utile. Quelques temps du moins. Après... Et bien après Zora aurait tout le temps de revenir sur sa décision et infliger à la nautolane le châtiment qu'elle méritait pour sa duplicité. En attendant...

L'humaine fit un signe de tête explicite aux soldats et ces derniers relâchèrent leur emprise sur la captive avant de reculer de quelques pas, gardant néanmoins toujours leurs armes braquées sur son dos.

- "Ta mort serait distrayante mais celles de Krell et Borrosk le seraient davantage encore. En d'autres termes tu peux partir du principe que ton retour à la Force n'est pas pour tout de suite. Mais..." fit-elle en marquant une pause avant de s'agenouiller face à la non-humaine pour se mettre à sa hauteur. "Mais ne fais pas l'erreur de prendre ce geste de... disons... compassion pour un acte de faiblesse. Si tu restes en vie c'est uniquement parce que tu as su mettre en avant des arguments qui donnent encore une certaine valeur à ta vie."

*Et parce que je n'ai pas encore le fin mot de l'histoire et que je veux savoir exactement le rôle que tu as joué dans ce piège grossier avant de te tuer...* ajouta-t-elle pour elle-même.

- "Maintenant lève-toi et fais ce que tu as à faire avec ces imbéciles!" ajouta-t-elle avec un signe nonchalant de la main.

Zora attendit patiemment que son homologue décide de s'en aller. Puis lorsque cette dernière fit mine de s'écarter comme demandé pour retourner au centre de formation, l'humaine reprit la parole:

- "Ho, encore une petite chose..." glissa-t-elle de sa voix doucereuse. "J'ai bien peur d'avoir oublié le plus important!"

Les gardes se jetèrent sur la nautolane dans l'espace exigu et lui saisirent les poignets tandis que deux autres lui bloquèrent le chemin en la mettant en joue avec leurs blasters. Zora activa l'un de ses sabres et frappa un coup précis à hauteur de dos de la non-humaine, lacérant ses vêtements et sa peau. La blessure n'était pas mortelle ni incapacitante mais avait au moins le mérite d'être parfaitement visible et de générer une dose de douleur suffisante. L'humaine fit rapidement le tour de la nautolane et lui saisit la gorge avec l'une de ses mains, oubliant pour un temps le dégoût que lui inspirait la peau de l'amphibienne.

- "Essaie encore une seule fois de me duper et je te garantis que ce sera la dernière!" fit-elle distinctement avant de la relâcher. "Maintenant va!"

Les gardes se reculèrent également tout en restant vigilants et Zora croisa les bras en toisant la non-humaine, prête à la suivre à quelques centaines de mètres et à régler une bonne fois pour toute le cas de Krell et Borrosk. Une affaire qu'elle n'avait que trop longtemps laissé en suspens...
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" La tuer ne suffira pas... "

Cette résolution envahissait chaque parcelle de la Nautolan, menaçant de submerger son esprit et de la vider de toute autre pensée cohérente. Elle avait vaguement consciente de marcher seule, dans le désert sans fins de Korriban, faiblement éclairée par une voûte étoilée à l'éclat famélique. Sa peau assoiffée frémissait au moindre contact d'une brise à présent beaucoup trop froide pour rester agréable, et malgré tout aussi sèche que la pierre. Son dos la lançait insupportablement, lui arrachant goutte après goutte des larmes de douleur, et rendant pénible chaque pas qu'elle posait sur le sol.

" Je veux l'humilier. La rabaisser plus bas que terre, la priver de tout ce qu'elle possède. L'obliger à me supplier de la tuer... "

Uniquement alimentée en énergie par la rage en fusion du côté obscur, Tzao regagnait le temple sith à marche forcée, après avoir été prétendument épargnée par Zora. Cette dernière, qui avait presque faillit reconnaître à sa prisonnière l'ombre d'une qualité (un moment de fatigue, sans doute), piétina encore un peu l'ego de l'orpheline sous couvert de clarifier les choses, avant de la relâcher pour un sort à peine plus enviable : retourner à l'académie y trouver Krell et Borrosk. Officiellement, l'humain affirmait s'être laissée convaincre par les arguments avancés par Tzao, mais celle-ci devina sans mal que l'apprentie d'Ynnitach optait juste pour une méthode d'assassinat indirecte. Ses deux rivaux lui évitaient d'avoir à se salir les mains pour abattre une non-humaine.

" Elle croit que je vais gentiment me présenter à Krell et Borrosk ? Leur présenter obligeamment ma nuque dans un coin sombre ? "

La règle numéro un chez les siths : être prête à tout pour survivre. Mentir, tromper, manipuler, et trahir. La fille de Glee Anselm ne savait pas comment elle s'en tirerait une fois de retour à l'académie. Elle s'estimait déjà douée pour avoir échappé à une exécution immédiate à Dreshdae, et tint compte du fait qu'entre les murs du centre de formation sith, sa mise à mort serait plus compliquée à orchestrée. Toutefois, son avenir proche ne lui réservait aucune partie de plaisir : Krell, Borrosk, Zora... Trois apprentis (et non des moindres) devaient à présent la juger plus utile morte que vivante, même si sur le papier, l'humaine ne possédait pas de raisons solides pour souhaiter son décès... À condition que Tzao adopte un profil bas et ne cherche pas à se venger trop ouvertement.

" Mon seul espoir, c'est de semer la zizanie entre Krell et Borrosk pour qu'ils s’annihilent entre eux, puis d'aller dire à Zora que j'ai réglé son problème en échange d'un effacement d'ardoise. "

Dubitative, l'apprentie sans sabre rejeta l'idée aussi vite qu'elle lui était venue. Semer la discorde entre les deux mâles tenait quasiment du miracle, si elle choisissait d'en être l'instigatrice ; de plus, quant bien même elle réussirait, Zora pourrait tout de même décider de l'abattre en considérant qu'une Nautolan capable d'amener deux siths à s'entre-tuer constituait une trop grande menace pour être ignorée. Seuls les imbéciles attachés à la notion d'honneur se refusaient à exécuter quelqu'un juste parce qu'il leur avait rendu un service.

" Quand elle m'a relâchée... Avant de me frapper... Elle a dit quelque-chose... "

S'immergeant à contre-cœur dans le souvenir récent, l'adepte du côté obscur retourna mentalement à ces longues minutes durant lesquelles elle avait tenu sa langue, attendant de savoir si oui ou non son existence s'achèverait, en fin de compte, agenouillée et face à une petite peste indigeste qui avait été jusqu'à s'agenouiller à son niveau (insigne honneur !). La phrase qu'elle avait prononcée en ordonnant sa relaxe pouvait être interprétée de différentes manières, notamment comme « va donc retrouver tes complices ». Zora supposait-elle que Krell et Borrosk avaient tout planifié, que l'amphibienne suivait des consignes très précises ?

" Ça n'a aucun sens... Je dois commencer à perdre ma concentration à cause de la douleur... D'ailleurs, ça empire : j'entends des sons, à présent. "

Confuse, la voyageuse en pleine traversée du désert s'immobilisa, chancelante. Le manque d'eau lui allait mal au teint, la plaie cautérisée de son dos encore à vif ne faisant qu'accroître sa détresse. Le cerveau débordant de messages de souffrance, la native de Glee Anselm crut un moment que les lointains vrombissements lui parvenant n'étaient que des hallucinations auditives... Jusqu'à ce que des phares transpercent l'horizon pour la prendre dans leurs faisceaux, et que trois formes oblongues ne fusent à grande vitesse droit sur sa personne.

" Des motojets. "  Comprit tardivement Tzao, groggy.

Les véhicules décélérèrent abruptement pour s'arrêter face à elle. Levant une main devant son visage, l'apprentie sith plissa les paupières, discernant approximativement deux silhouettes en armure, chacune juchée sur une motojet. Le troisième individu, après avoir poussé un juron, sauta à terre, et s'avança pour considérer d'un œil noir la résidente de l'académie. De taille moyenne, ce Zabrak cornu et intimidant examina d'un air farouche Tzao, qui l'identifia comme Dark Zaggin. Un instructeur sith.


" Apprentie Vebd... Vous me semblez bien vivante, pour une morte. "

Pétrifiée, l'intéressée interpréta cette affirmation comme l'annonce du châtiment que le professeur comptait lui infliger : la peine capitale.

" La mort ? Pour avoir été prise en vadrouille après le couvre-feu ? "

" Tournez-vous, apprentie. "

À regrets, la jeune sensible s’exécuta, se répétant mentalement que si on avait voulu la tuer en guise de punition, ce serait déjà fait. Une main peu complaisante délimita le relief de sa cicatrice, lui causant de nouvelles étincelles de douleur qui la firent siffler entre ses dents. Riant au ralenti, Dark Zaggin vint se camper face à son élève.

" Voilà qui vous servira d'aide-mémoire, apprentie Vebd. Je vais à présent vous poser une simple question : auriez-vous par hasard tué l'apprentie Shaar-là ? "

" Quoi ? "  Incapable de suivre, Tzao ne dissimula pas son incompréhension, ses yeux orangés s'embuant sous l'effet de sa concentration déclinante.

" On est venu me trouver, cette nuit, pour m'annoncer que Zora Shaar-lâ, l'apprentie de la Dame Noire, vous avait assassinée. La preuve en étant que je trouverai votre cadavre dans la colonie de Dreshdae. Or, vous êtes ici, devant moi, et bien vivante. Si je me fie à ce qu'on est venu me dire, l'apprentie Shaar-lâ a essayé de vous tuer... Et, contre toute attente, vous lui auriez survécu. Ce qui expliquerait votre blessure dans le dos. Alors ? "

" Krell et Borrosk ! Les sales petits chiens Kraths ! Ils voulaient que Zora me tue pour qu'on prenne en flagrant délit l'humaine. Les meurtres n'étant pas autorisés au sein de l'académie, Zora aurait été sévèrement punie... Les idiots. C'était donc uniquement pour discréditer un peu une rivale, qu'ils ont pris tous ces risques ?"

Le moment était mal choisi pour laisser son esprit divaguer. Tzao disposait de moins d'une minute de réflexion pour analyser la situation et en tirer profit. Le mieux à faire étant d'empêcher Zaggin d'aller jusqu'à Dreshdae, pour que Zora ne puisse pas comprendre elle aussi. S'inspirant de la vérité, elle improvisa :

" En fait, seigneur, c'est Krell qui m'a infligé cette blessure, pour m'obliger à aller l'attendre à Dreshdae. Je n'ai pas compris pourquoi il m'envoyait là-bas, mais je peux au moins vous affirmer une chose : Zora Shaar-lâ n'y est pas. "

Une gifle magistrale la cueillit à la joue, l'envoyant rouler au sol une fois de plus.

" Ne me mens pas !  Rugit le Zabrak.   Je peux sentir que tu me mens, petite écervelée. Ma maîtrise du côté obscur t'empêche de m'abuser avec pareilles sornettes. Je sais que Zora est là-bas, puisque tu cherches à me le dissimuler... Mais ce n'est pas le plus important. Pas dans l'immédiat. "

Se relevant laborieusement, l'amphibienne fut soulevée par les aisselles et installée sur une motojet. Au travers d'un brouillard de semi-conscience, elle sentit le vent lui fouetter le visage tandis qu'on la rapatriait à grande vitesse à l'académie de Korriban. Incapable de déterminer ce qui l'attendrait sur place, elle profita de ce court répit pour se reposer, avant d'être tirée de son début de sommeil d'une rude bourrade entre les côtes.

" Lèves-toi, paresseuse !  Chancelante, Tzao s'exécuta maladroitement, découvrant les trois motojets alignées à proximité du centre de formation construit dans la pierre.   Va me chercher Krell et Borrosk. Dis-leur que s'ils viennent me voir de leur plein gré, leur punition pour s'être moqué de moi sera "

Sur ce sinistre sous-entendu, l'instructeur tourna les talons dans un claquement de cape, retournant à ses quartiers où il comptait visiblement attendre pendant un délai raisonnablement court que viennent se présenter à lui les deux apprentis. Choisissant de ne pas aller les averti, Tzao prit immédiatement la direction de sa chambre, prévoyant de faire un crochet vers la cantine pour y dénicher de quoi se désaltérer et de quoi manger. Tant pis pour les deux imbéciles ! Ils diraient ne pas avoir été mis au courant, mais Zaggin ne les croirait sûrement pas. De toute façon, elle n'irait pas volontairement trouver deux élèves pour leur annoncer que leur plan avait échoué par sa faute et qu'un professeur comptait bien leur faire passer le goût des complots maladroitement exécutés. Plutôt brûler ses bures et courir se jeter nues aux bras des jedis.
Enfilant un couloir parsemé d'alcôves, Tzao arrivait à sa chambre lorsqu'une voix l'interpella dans son dos.


" T'as foutu quoi ? "

Sans surprises, Krell et Borrosk l'immobilisèrent à l'abri des regards, ostensiblement nerveux et hargneux.

" On vient de voir revenir Zaggin... Sauf que c'était pas toi qu'il était censé ramener, mais Zora ! "

" Oui, puisque j'étais supposée mourir là-bas. "

Le ton était froid et dégagé, mais intérieurement, la Nautolan sentit revenir son angoisse de la mort. Le Bothan lui flanqua un coup de coude entre les omoplates, en plein sur sa cicatrice à vif.

" Tu la boucle, je réfléchis. "

" Y'a quoi à réfléchir ? On est foutu ! Zaggin va vouloir nous punir pour l'avoir envoyé sur une fausse piste, il comprendra qu'on voulait mettre le meurtre de la poulpe sur le dos de Zora et fera remonter l'info jusqu'à Ynnitach. On va être grillés à l'académie ! Zora pourra venir nous tuer quand elle le voudra, les profs fermeront les yeux avec joie sur notre décès. Moi, je dis, on bute celle-là pendant qu'on le peut, et on dit que l'idée venait d'elle. "

" La ferme, j'ai dit !  Respirant lourdement, Borrosk murmura dans sa barbe pendant que son cerveau fonctionnait à plein régime, son complice se mordant les lèvres pour ne plus intervenir. Claquant des doigts, il secoua sans ménagement la troisième membre de la coalition.   Hey, toi ! Vous êtes allés comment jusqu'à Dreshdae ? "

" À pieds. "

" C'est ce que j'espérais !  Se réjouit le Bothan d'un ton de nouveau confiant.   Zaggin t'a ramenée en motojet, ce qui signifie que Zora est toujours là-bas, probablement en train de revenir vers nous. Si on se dépêche, et en prenant chacun une motojet, on pourra l'intercepter avant qu'elle ne parvienne ici... Maintenant, question importante : est-ce qu'elle est seule ? "

L'urgence obscurcissait apparemment les perceptions du Bothan, le pressant d'agir sans lui laisser le temps de réellement analyser la situation. Sautant sur l'occasion, Tzao n'hésita pas à l'induire en erreur.

" Oui. "

" Alors c'est parfait ! On va y aller à trois contre une, pour ne prendre aucun risque. "  Décida-t-il sur un apparent coup de tête, provoquant la stupéfaction de son partenaire.

" Quoi ? On l'emmène, elle ? Mais elle est pas digne de confiance ! Elle a marchandé avec Zora pour obtenir un sursis. Qui te dit qu'elle a pas promis de nous amener à l'apprentie d'Ynnitach sur un plateau ? "

" Tzao a dit à Zora ce qu'elle avait à lui promettre pour rester en vie, rien de plus. Et même en faisant ça, elle a écopé d'une jolie marque. Rien de tel pour te donner envie de te venger... Et pour faire ça, elle a besoin de nous. En plus, je te l'ai déjà dit : si elle nous trahit, Zora la tuera aussi, pour faire bonne mesure. Et franchement, je préfère avoir cette chose puante à portée de main tant qu'on aura pas réglé cette histoire. Au pire, elle prendra des coups à notre place."

" Mouais... Enfin, ça implique qu'on fasse attendre Zaggin... Il va nous le faire payer au centuple. "

" Tu choisis : la pire séance de torture de ta vie avec un Zabrak, ou attendre gentiment que Zora revienne te tuer."

L'orpheline de Glee Anselm n'en revenait pas de bénéficier d'une telle chance : elle allait pouvoir se venger des deux idiots en les menant à l'abattoir, comme une paire de stupides porcs Zuccas. Il lui suffisait de les accompagner en motojet jusqu'à Zora et ses gardes, puis de se replier le temps que les combats cessent, et l'académie compterait deux insupportables vantards en moins. Tzao pourrait également en profiter pour récupérer le sabre de l'un des deux comploteurs. Tout ça sans avoir à se salir les mains. Et, du point de vue de la disciple d'Ynnitach, elle demeurerait une novice trop peu dangereuse pour devoir être éliminée. La conclusion idéale d'un enfer dans lequel elle s'était naïvement jetée.

Le trio, porté par les ailes de la nuit, s'empara précipitamment des motojets en attente d'être ramenées au hangar par un droïde de maintenance. Forcée de prendre la tête de l'expédition, la Nautolan enfourcha le véhicule à demie remise de ses émotions, et retrouva la platitude insipide du désert sans le moindre enthousiasme, la froideur de la nuit devenant minute après minute plus prégnante.


" Nos motojets sont équipées de blasters longue portée. Pas très puissants, mais suffisants pour abattre en plusieurs passages un groupe de cinq individus. Et à part Zora, aucun ne peut se protéger des tirs. Si je ne fais rien, peu importera l'escorte de Zora : Krell et Borrosk se contenteront de rester à distance et d'abattre les soldats avant de fondre sur la survivante."

Dès que le groupe de la jeune fille de Nar Shaada serait en vue, les hostilités s'ouvriraient, Krell et Borrosk comprenant que Tzao avait menti en affirmant que l'humaine serait seule. Peut-être tenteraient-ils même de s'éloigner de la Nautolan à compter de ce moment. L'amphibienne manquait de temps pour affiner sa stratégie, les motojets engloutissant la distance séparant l'académie de Dreshdae à une célérité impressionnante. Faute de mieux, elle avança les doigts sur les commandes, pour se préparer à tirer, prévoyant de s'arrêter brutalement avant d'ouvrir le feu sur ses deux accompagnateurs continuant d'avancer. Entretemps, cinq formes pointèrent sur la ligne d'horizon.

" Maintenant ! "

Braquant à fond, l'orpheline de Glee Anselm se sentit partir en avant, propulsée par son poids décuplé, et banda ses muscles pour ne pas être éjectée de selle. Comme prévu, Krell fila droit, constituant une cible parfaite pour Tzao, qui lui expédia une rafale. Touché au moteur, l'humain n'eut que le temps de sauter en vol avant que sa motojet ne s'écrase au sol pour exploser. Borrosk, malheureusement, témoigna de davantage de clairvoyance. Averti par une perturbation dans la Force, le Bothan s'était calqué sur la Nautolan, se prémunissant de sa tentative d'assassinat.

" Espèce de stupide truie Gamorréenne ! Tu viens de tous nous condamner à mort ! "  Braya-t-il en dégainant son sabre d'un mouvement rageur.

Zora et ses hommes atteindraient Krell bien avant de pouvoir la rejoindre et de l'aider à se défendre de Borrosk. Si elle attendait, le Bothan l'abattrait sans hésiter. Se couchant sur sa motojet, l'apprentie désarmée rouvrit les gaz, cherchant à mettre le plus de distance entre elle et son agresseur, qui l'arrosa de rafales tout en vomissant des injures. Guidé par le côté obscur, Borrosk pulvérisa presque aussitôt les systèmes de guidage du véhicule de la jeune sensible, dont l'appareil piqua du nez derechef. Imitant Krell, Tzao bondit rejoindre le sable granuleux du désert, incapable de maintenir le cap de sa machine lancée à pleine vitesse. Elle se reçut difficilement à terre, roulant et dégringolant avant de récupérer une station assise. La tête lui tournait encore lorsque la guide improvisée fut rejointe par son poursuivant, toujours monté sur sa motojet et la lame au clair.

" Je t'aurais pas laissée vivre de toute façon, mais là, tu m'emmerdes vraiment. On va avoir du mal à buter l'animal de compagnie d'Ynnitach, à cause de ton idiotie. Enfin bon... Au moins, je vais avoir le plaisir de t'éliminer moi-même... À la base, Krell devait le faire, mais bon, je suis certain qu'il ne m'en voudra pas. "

Invoquant la Force, l'adepte du côté obscur profita du répit laissé par le petit monologue de son assaillant pour rassembler sa volonté et soumettre Borrosk à une poigne d'étranglement. Détectant l'assaut, ce dernier neutralisa l'attaque de Force en faisant appel à ses propres ressources, puis porta une botte destinée à trancher en dos la cible de l'épaule à la hanche opposée. Esquivant en se jetant sous le sabre, la créature aquatique tressaillit en sentant l'épée lui sectionner plusieurs tentacules. Les appendices, organes devenant sensoriels une fois sous l'eau, étaient très vascularisés. Aussi l'amputation provoqua-t-elle un impressionnant jet de sang brunâtre dans l'obscurité de la nuit avant que la cautérisation n'ait lieu.

" AAAAARGH ! "

Souriant largement, l'apprenti Bothan avança tranquillement jusqu'à sa cible totalement démunie qui haletait, ruisselante de larmes, dos au sol et environnée par des bouts de tentacules racornis. La fin minable d'une minable disciple sur Korriban.

" NON ! "

Refusant d'être achevée par la lie de l'académie, l'orpheline connut l'un de ses rares moments de réelle fusion avec le côté obscur. Ouvrant grand des yeux injectés de sang, elle puisa dans ses humiliations, dans ses souffrances et dans son ressentiment pour convertir l'ensemble de ces émotions en une unique colère, aussi brûlante et dévorante d'un feu de forêt en saison sèche. Volcanique, sa liaison avec la Force se démultiplia un bref instant. Saisissant sa chance, elle réitéra sa tentative pour étrangler Borrosk, mettant tout son cœur dans sa manœuvre. Croyant ne rien craindre, l'élève se contenta de neutraliser l'attaque de la même manière que précédemment. À sa propre stupeur, sa protection ploya comme du papier sous le torrent de puissance commandée par Tzao. Saisi à la gorge, il se sentit monter en l'air, pharynx et larynx comprimés à mort. Cédant à la panique, il lâcha son arme pour porter les mains à son cou, crachant et râlant dans une lutte désespérée pour respirer. Consciente qu'elle ne pourrait jamais maintenir sa concentration assez longtemps pour le tuer ainsi, Tzao fondit sur le sabre-laser, mettant fin à la tourmente de Borrosk, qui tomba au sol et toussa, les voies respiratoires fortement irritées.

" Ne jamais hésiter lorsque l'on veut tuer quelqu'un. "   Se remémorra l'aspirante sans professeur, en se dépêchant de décapiter proprement le Bothan d'un geste parfaitement vertical.

Tenant le manche à deux mains, elle grelota en reprenant conscience du froid qui menaçait de la submerger, éteignit le sabre après avoir cherché le bouton d'activation à tâtons (bouton que son pouce avait trouvé d'instinct quelques secondes plus tôt) puis se laissa tomber à terre. Son dos lui faisait mal. Ses muscles la lançaient de nouveau. Elle se sentait poisseuse, vannée et à bout de souffle. Surtout, ses tentacules tranchés lui vrillaient les tempes de douleur. Ils repousseraient, certes, mais pas avant un bon mois. D'ici là, Tzao arborerait aux yeux de tous des stigmates de son inexpérience en matière d'alliances.
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Zora désirait laisser du temps à Tzao pour rejoindre l'académie avant de se mettre en route et en profitait pour méditer à l'endroit-même où l'amphibienne avait été capturée. Les quatre soldaient formaient un carré défensif autours d'elle et se demandaient sans doute quand l'apprentie déciderait de rentrer tout en se gardant de le lui demander. L'humaine, quant à elle, laissait la Force couler en elle comme une rivière placide tout en songeant à ce qu'il venait de se passer quelques minutes plus tôt avec l'amphibienne. Les jeux de pouvoir et d'influence avaient toujours existé à l'académie mais ces derniers temps ils devenaient de plus en plus vicieux. Ca augmentait bien entendu l'intérêt de la chose mais ça la rendait néanmoins plus dangereuse...

*Et lorsque trois parties s'affrontent la moindre erreur peut-être fatale...* songea-t-elle en rouvrant les yeux.

Krell et Borrosk étaient ses ennemis, c'était évident. Mais qu'en était-il de Tzao à l'heure actuelle? Zora était consciente qu'elle devait lui en vouloir et se sentir humiliée pour ce qui s'était passé à Dreshdae mais elle avait également été trompée par le duo d'apprentis. Et si l'humaine lui avait laissé la vie sauve, les deux autres espéraient bien la condamner à mort. Mais dans quel but? Que pouvaient-ils bien tirer de la mort de la Nautolane? Et, surtout, pourquoi échafauder un plan aussi compliqué pour s'en débarrasser?

- "Contactez l'académie!" ordonna-t-elle à l'un des gardes en se redressant souplement. "Qu'ils nous envoient un speeder dans les plus brefs délais!"

La jeune femme avait ordonné de couper les communications avant le départ de l'académie. Une manière de s'arranger qu'ils ne seraient pas dérangés pendant une éventuelle transaction tout en gardant sous la main la possibilité de communiquer avec le centre de formation Sith en cas de besoin. Et comme elle ne comptait pas se retaper une marche dans le désert en pleine nuit pour rentrer...

Mais contre toute attente une communication entra dès que l'appareil fut réactivé, avant même que le soldat puisse contacter l'académie. La voix de l'officier Zaggin, reconnaissable à son timbre déplaisant, s'éleva rapidement dans la nuit fraîche de Dreshdae.

- "Ici Zaggin! Apprentie Shaar-lâ, est-ce que vous me recevez?"

Zora adopta un air sceptique en se demandant ce que cet imbécile lui voulait à une heure aussi avancée. Est-ce que Tzao avait décidé de se plaindre? Non, c'était beaucoup trop lâche, même pour elle...

- "Ici Zaggin! Apprentie Shaar-lâ, est-ce que vous me recevez?" répéta la voix.

- "Je vous reçois, oui!" intervint l'apprentie.

- "Vous êtes... en vie?"

Zora fronça les sourcils en se demandant s'il se moquait d'elle ou si la surprise dans sa voix était sincère. Finalement Tzao avait peut-être décidé de raconter à tout le monde qu'elle l'avait tué. Elle aurait au moins un court moment de gloire avant de mourir. Oui, c'était possible...

- "Vous vous essayez à l'humour Zaggin?" répondit-elle froidement.

Un court silence suivit la remarque avant que la voix de l'officier ne se fasse à nouveau entendre.

- "C'est que.. nous avons eu vent de rumeurs concernant votre mort! Nous avons attrapé l'apprentie Vebd et nous avons cru qu'elle vous avait tué."

- "Vebd?" releva-t-elle.

- "Tzao Vebd oui! Une nautolane qui..."

- "Je sais parfaitement qui c'est! Et vous avez cru qu'elle m'avait tuée?" coupa l'humaine sur un ton suffisant. "Je n'ai pas le temps pour vos imbécilités Zaggin! J'ai besoin d'un speeder immédiatement!"

Zora fit signe au soldat de couper la communication et laissa Zaggin se débrouiller pour trouver où lui envoyer le speeder. Décidément la soirée devenait franchement pénible. Si la rumeur de sa mort se propageait dans l'académie elle le ferait payer très chèrement à son instigateur. Hors de question que Tzao soit d'une manière ou d'une autre liée à elle...

Remontée et vexée, l'humaine se résolut à rentrer à pied et prit la direction de l'académie. La marche se déroula en silence les dix premières minutes jusqu'à ce qu'un bruit de motojet se mette à s'amplifier dans la nuit de Korriban. Le groupe s'arrêta et les soldats se déployèrent en un semblant de position défensive. Les choses se passèrent ensuite très vite...

L'une des motojets ouvrit le feu sur l'autre et la toucha de plein fouet, envoyant son occupant dans les airs même s'il parvint à contrôler sa chute. Le troisième véhicule se lança alors à la poursuite du premier et s'éloignèrent du site de l'accident. Zora plissa les yeux et reconnut presque immédiatement Krell. Dans ce cas ce ne pouvait être que Tzao qui avait ouvert le feu sur lui. Décidément cette nautolane se révélait pleine de surprise...

- "Celui-ci est à moi!" indiqua simplement l'humaine à ses soldats.

La jeune femme attira ses sabres dans ses mains et se mit à marcher puis courir en direction de Krell qui reprenait rapidement ses esprits. Lorsqu'il la vit arriver il activa son sabre et se mit en position défensive, prêt à recevoir l'assaut de l'apprentie d'Ynnitach. Cette dernière bondit et activa également ses armes avant de frapper deux coups en se réceptionnant devant son adversaire. Un balet lumineux s'engagea quelques instants avant que Krell ne rompe le combat.

- "Tu vas crever! La chienne d'Ynnitach ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir!" cracha-t-il.

- "La chienne d'Ynnitach? C'est ce que tu as trouvé de mieux?" s'amusa-t-elle.

Le combat reprit rapidement et Zora laissa son adversaire, plus massif qu'elle, prendre l'avantage et se fatiguer en frappant comme un sourd. Et lorsque inévitablement sa garde s'ouvrit la jeune humaine ne se fit pas prier pour s'y engouffrer. La lame écarlate perfora le flanc de son adversaire et ressortit dans son dos. Il tenta une dernière frappe haineuse de son sabre mais Zora la repoussa de sa seconde arme avant de l'enfoncer dans le ventre de Krell.

- "Et toi? Quel souvenir laisseras-tu à l'académie?" lui susurra-t-elle à l'oreille alors que la vie le quittait.

La réponse était évidente: aucun... L'apprentie sourit et désactiva ses lames écarlates lorsque le corps tomba à terre et s'en désintéressa presque immédiatement. La mort de Krell était une bonne chose mais le travail n'était pas pour autant terminé. Tzao et celui qui devait être Borrosk étaient encore dans les parages...

L'un des soldats lui indiqua l'endroit où une autre motojet avait explosé et le groupe se hâta de rejoindre le lieu de l'accident. En y parvenant ils trouvèrent Tzao qui tenait un sabre à deux mains et le cadavre du bothan. Le regard de Zora passa de l'une à l'autre, étonnée de trouver le corps de Borrosk et non celui de la nautolane. Encore un point pour elle... Les soldats pointèrent leurs armes sur l'amphibienne mais l'humaine les coupa dans leur élan d'un geste de la main.

- "Quelles sont tes intentions maintenant?" demanda-t-elle à sa vis-à-vis armée. "Tu veux me faire la peau? Si c'est le cas je t'affronterai seule à seule, sans l'aide des soldats. Mais pour aujourd'hui je suppose que ça suffit, non?"

La retenue de Zora pouvait être perçue comme de la faiblesse et elle en était consciente. Mais la nautolane était talentueuse et avoir Vaëlen comme seul allié à l'académie risquait bien de ne plus suffire comme le prouvait la tentative d'assassinat de ce soir. Restait à savoir si l'idée lui semblait supportable...
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[HRP : Ceci est un post de pseudo-conclusion, avec possibilité de poursuite si tu désires discuter plus longuement avec l'effrontée de Glee Anselm   Wink]

Impossible pour Tzao de savoir combien de temps elle resta au sol, à chercher sa respiration, ses mains serrant le sabre volé à Borrosk avec la dernière énergie, un voile rouge devant les yeux à cause de la douleur permanente. Être allongée sur le dos, appuyée sur la blessure laissée par le sabre de Zora, la mettait au supplice, mais ses muscles refusaient de bouger, et son cerveau peinait à endiguer le flot de messages de douleurs émis par tout son organisme. Les articulations figées, les membres lourds, la sensible Nautolan ferma les paupières, juste une seconde.. Pour être tirée de sa torpeur par l'écho de pas s'approchant de sa position en crissant sur le sable. Un petit groupe, d'après les sons, moins d'une dizaine.

"Zora et ses chevaliers servants. Ils viennent pour m'achever !"  Crut l'orpheline vulnérable, trop lasse et vidée de ses forces pour réfléchir froidement.

L’imminence de son dernier combat lui fouetta les sangs, lui redonnant assez de volonté pour lui permettre de se relever pesamment en allumant son sabre, qu'elle plaça de biais, en garde haute, pour dévier plus facilement les tirs qui ne tarderaient plus à la prendre pour cible. Ses tentacules sectionnés ne grésillaient plus, mais conservaient une coloration noirâtre révulsante, dont seule l'odeur égalait l'atrocité. Tzao sentit confusément qu'elle ne pourrait plus rassembler assez d'énergie pour invoquer une nouvelle poigne de Force, ses deux précédentes utilisations ayant consommées quasiment toutes ses réserves. Mal en point, l'amphibienne se garda de trop laisser paraître sa défaillance, fléchissant légèrement ses appuis tout en balayant des yeux les cinq individus installés face à elle. Un soulagement de courte durée l'envahit lorsque la disciple d'Ynnitach signala à ses hommes de ne pas ouvrir le feu... Pas tout de suite, en tout cas. Le reste de la déclaration de Zora aspira les cendres de détermination de sa cadette à la peau couleur lichen, qui surveilla d'un œil nerveux l'humaine. Si celle-ci invitait la Nautolan à l'affronter en duel, ce n'était certainement pas par esprit de loyauté. La jeune femme avait dû voir Tzao exécuter Borrosk, deviner que la proche-humaine glabre n'avait pas eu le temps de s'habituer à sa nouvelle arme, et  comprendre que l'écart de niveau entre les deux apprenties lui assurerait une victoire facile, même en un contre un. Lui offrant une porte de sortie (peut-être parce qu'elle savait que la créature aquatique ne représentait plus la moindre menace), Zora n'eut pas à patienter trop longtemps avant d'obtenir sa réponse.

Désactivant son sabre, l'adepte du côté obscur haussa les épaules, avant de tendre l'épée de lumière pour la mettre en évidence.


" J'ai obtenu de Krell et Borrosk ce qu'ils m'avaient promise, leur mort constituant un bonus imprévu mais non-négligeable. Si on m'interroge à ce sujet, je prétendrai ne pas les avoir revu de la nuit. L'absence de deux motojets dont les débris joncheront le désert, ainsi que leurs cadavres rongés par les charognards de Korriban valideront la thèse d'une tentative de fuite par deux apprentis cherchant à échapper à une séance de torture par Zaggin. Les instructeurs de l'académie n'iront pas jusqu'à ouvrir une enquête. "

Le froid s'intensifiant à la disparition du Soleil de ce monde aride accéléra le retour des capacités cognitives élémentaires de l'orpheline poisseuse et couverte de poussière, qui, en se passant une main sur le front pour rajouter plus de crasse qu'elle n'en enlevait, poursuivit d'un timbre cru :

" Tu dois vraiment prendre mon peuple pour une sous-race particulièrement attardée, si tu penses qu'un simple engagement verbal me persuadera de ta bonne foi. Je suis aussi une sith, au cas où cela t'aurait échappé. Tout comme toi, je me contrefiche de l'honneur. Seul le fait de rester en vie m'est important. Alors réserves tes offres de combat singulier aux jedis, il n'y a qu'eux pour gober ça. Pour ma part, je rentre aux dortoirs, tâcher de récupérer un peu pour ne pas trop traîner la patte demain."

Des trois motojets initialement emmenées vers Dreshdae, seule une, celle de Borrosk, fonctionnait toujours. Sentant tous les regards y converger, Tzao s'en approcha lentement, puisant dans des trésors d'endurance pour réussir à présenter une argumentation tenant vaguement la route alors que ses paupières menaçaient de s'écrouler et que son cerveau fonctionnait au ralenti.

" Il me semble que je suis la seule ici à pouvoir prendre cet appareil... À moins que tous tes gardes aient du sang Terellien dans les veines, vous ne pourrez pas monter tous les cinq sur la motojet. Je n'accepterai pour ma part pas de te laisser partir en m'abandonnant seule à quatre soldats sith n'ayant aucune raison de m'obéir. Et ne mentionnons pas l'éventualité qu'un de ces quatre... Individus s'en aille. Je pense t'avoir infligée ma présence de sale... Comment as-tu dis ? "Tête de pieuvre" ? Assez longtemps, Zora. Loin de moi l'envie de t'incommoder plus. Sa majesté l'apprentie de la Dame Noire n'aura qu'à claquer des doigts pour qu'on la raccompagne sans délai en speeder insonorisé et climatisé pendant que moi, anonyme élève noyée dans la masse, ferai le voyage du retour dans le confort inexistant et la sécurité tout relative d'une motojet de seconde main. "

Lorsque sa réponse avait commencé à passer sur la pente glissante de l'ironie grinçante et très mal dosée, Tzao n'avait pas su s'arrêter. Même le vif "souvenir" grand format s'étalant dans son dos de ce qu'il rapportait de mal parler à Zora ne pu suffire à freiner sa langue, l'épuisement et le mal de crâne conspirant pour ôter toute prudence ou instinct de survie à la Nautolan lésée de plusieurs tentacules. Le sabre accroché à sa ceinture lui conférait peut-être un sentiment excessif de sécurité... En tout cas, si l'humaine changeait d'avis et décidait d'abattre l'amphibienne, les chances que Tzao en réchappent frôlaient le zéro abyssal.
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