Halussius Arnor
Halussius Arnor
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Le Whitestar Hotel, célèbre hôtel-restaurant d’Ocean Island, un quartier résidentiel comptant des tours et des immeubles parmi les plus huppés de Coruscant. L’endroit était décoré sobrement mais avec luxe et raffinement. Les lambris vernis, perm-acier brossé, assises en cuir de baleinodon et éclairages tamisés offraient une ambiance feutrée parfaite qui pour qui voulait trouver un peu de calme.

La musique, proche du jazz, jouée par le petit orchestre droïd animait la salle destinée à servir la clientèle lors des repas. Une salle adjacente faisait plus office de petit salon, avec ses larges banquettes en cuir incrustées, son bar ovale et son grand comptoir. Un lieu idéal pour les rendez-vous de courtes durées ou les petites entrevues rapides.

Rasaak avait quitté sa charge de secrétaire général un peu plus tôt que d’ordinaire ce jour-là. Depuis quelques années, il avait prit l’habitude de venir directement ici après avoir quitté le Sénat, de s’asseoir sur l’une des banquettes confortables en cuir et de commander un cocktail Millenium, fameuse boisson qui avait fait la réputation de la maison et dont la recette était précieusement gardée.

Mais ce n’était pas un jour comme les autres. Ce soir, il n’était pas seul. En face de lui, se trouvait assis sur un fauteuil ample un homme, un humain d’une cinquantaine d’années à peine. Son visage commençait à souffrir des marques du temps, arborant un certain nombre de rides notamment sur les côtés des yeux et sur le front. L’homme n’en était pas moins pourvu d’un charme certain qui ne manquait pas d’attirer l’attention de nombreuses dames. Han Kavanaugt était son nom. Les deux hommes discutaient depuis peu de temps tout en buvant chacun le fameux cocktail. Cela faisait presque deux ans qu’ils ne s’étaient pas rencontrer. Une longue période s’il en est pour qui partage une amitié longue de plus de vingt ans.


 « Tu sais, j’imagine que ça n’a pas été facile à comprendre… mais il fallait que je parte, que je fasse le point. Yhsanne disparut, tout le reste n’avait plus de sens.»

 « Tu n’as pas à te justifier. On a tous été surpris, ça à été tellement rapide. Je pouvais parfaitement comprendre que tu veuilles partir. Salona, elle, a eu plus de mal. »

 « Je sais… Elle considérait que j’étais le seul responsable, trop absorber par la boîte, les affaires… je ne m’étais même pas rendu compte que sa mère était malade… Elle me reprochait de ne pas m’être assez occupé d’elle et lorsque je m’en suis rendu compte et que j’ai voulu me rattraper, il était trop tard… Avec le recul, je ne peux pas vraiment lui donner tord. »

 « C’est vrai que tu étais très occupé… trop peut être. Mais arrêtes de ressasser le passé, tu te fais du mal. »

Rasaak observait Han. Ses yeux rougis par l’émotion commençaient à devenir un peu plus brillant que d’ordinaire. Le sujet était plutôt sensible.

Son histoire n’avait rien d’extraordinaire, une histoire comme des milliers de personnes pouvaient en vivre dans la galaxie. Homme très intelligent et talentueux, Han avait fait fortune dans le domaine de la communication et des relations publiques, notamment en conseillant les politiciens et en s’occupant de leurs campagnes. Nombreux sont ceux qui, partant de rien, se trouvaient aujourd’hui à des postes de très hautes responsabilités grâce au conseil de Kavanaugt et de son équipe, pour peu qu’ils aient un peu de talent. Il avait d’autant plus de mérite, qu’il prenait toujours un grand soin à rester à sa place de conseil et veillait toujours à ne pas prendre part à des manœuvres et autres complots. Il ne franchissait jamais la ligne rouge. Mais à être trop talentueux et absorbé par son travail, Han en était venu à s’éloigner de plus en plus longtemps de sa femme et de sa fille. Sans qu’il le sache, sa femme contracta une maladie rare, très rare, que même les plus grands spécialistes de la République ne pouvaient guérir. Yshanne souffrait en silence de sa maladie et surtout de l’absence de son époux qu’elle aimait tant. Lorsqu’Han apprit que son épouse était malade. Il arrêta immédiatement son activité mais il était bien trop tard… Yshanne mourut très peu de temps après. Ce fut un déchirement pour Han et pour sa fille. Cette dernière le rendant en partie responsable de la mort précipité de sa mère, une grande dispute éclata entre eux. Se sentant coupable, sa fille refusant de lui adresser la parole, Han décida de vendre sa société et de partir loin du Noyau. Nul ne sait ce qui se passa durant ces deux années et nul ne le saura, mais il était décidé à revenir.


 « Solana m’a dit que vous vous étiez revu ? Elle était très contente, tu sais. »

Han fut surpris de prime abord, puis esquissa un grand sourire.

 « Elle m’a dit que vous aviez gardé le contact… Ce n’est pas encore l’amour fou entre nous, mais on se reparle, c’est déjà ça. »

Rasaak avait un visage compatissant. Han but alors une gorgée du cocktail, son visage semblait un peu moins triste. Les deux amis poursuivirent alors leur conversation pendant un certain temps. C’est alors que Rasaak, après avoir porté son verre jusqu’à ces lèvres, dit.

 « Enfin, voilà… Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Pour le moment, je ne me sens pas encore de remonter une entreprise… Il faut que je reprenne mes marques. »

 « C’est certain… Mais tel que je te connais, tu ne resteras pas sans rien faire très longtemps et puis lorsque la nouvelle du retour du grand Kavanaugt va se savoir… »

 « Peut être… on verra bien. »

 « A ce propos, j’aurais besoin de ton avis. J’ai un ami qui vient d’être nommé à un poste assez important et qui aurait besoin de deux ou trois petits conseils. »

Rasaak remarque alors que les yeux de Han fixaient quelque chose derrière lui.

 « Ce ne serait pas lui par hasard ? »

Rasaak se tourna alors. Un holo-projecteur était en train de diffuser un reportage sur les actualités du Sénat, avec le Chancelier Arnor comme sujet principal. Les remarques ne lui étaient pas vraiment défavorables, mais n’allaient pas non plus dans le sens de son action. Rasaak sourit.

 « Ton avis ? »

Han fixait le reportage montrant le chancelier en train de faire une intervention devant la Chambre. Après un instant, il ramena ses mains devant lui et les croisa.

 « C’est un idéaliste, plein de fougue, de détermination. Il est jeune, cela donne une image nouvelle de la fonction, ça apporte un peu de fraicheur. Il est plutôt bon orateur. On voit qu’il sait ce qu’il fait et surtout ce qu’il veut. Il ne fait pas trop d’erreurs pour le moment… »

 « A t’entendre, on dirait qu’il est parfait ! »

 « Je n’ai pas dit ça. J’ai dit qu’il ne commettait pas trop d’erreurs, pour le moment. L’important est qu’il fasse de bonnes erreurs, des erreurs qu’il pourra reprendre à son avantage et retourner contre ses opposants. »

Han continua ainsi pendant quelques minutes. Rasaak l’écoutait avec attention, il redécouvrait avec bonheur, le talent dont pouvait faire preuve son meilleur ami. Lorsqu’il eut apparemment terminé, il sourit.

 « Je te retrouve. Donc tu es partant ? »

Han fixa Rasaak dans les yeux.

 « Je ne sais pas. Faire en sorte de faire élire quelqu’un, c’est une chose. Le conseiller une fois qu’il est au pouvoir, s’en est une autre. Ca implique de faire trop de politique, à mon goût. Et j’en ai eut une mauvaise expérience.»

 « Encore une fois, c’est du passé. Je ne le connais que depuis peu de temps, mais je peux t’assurer qu’il n’est pas de ce genre là… Tu l’as dit toi-même, c’est un idéaliste et c’est un Jedi, ne l’oublie pas, le pouvoir ne l’intéresse pas.

 « Au départ, ce sont tous, toujours, des idéalistes. Ils seraient prêt à casser la baraque, à bousculer les codes, à aller à remonter le courant pour mettre en place leur politique. A cet instant, ce qui compte c’est leur politique et comment la mettre en œuvre. Seulement avec le temps, très rapidement en vérité, ils se rendent compte que c’est plus difficile à faire qu’il ne le pensait. Alors ils négocient, ils font des compromis. Rien de mal à cela, après tout, le compromis, c’est l’essence même de la politique. Mais très vite, les compromis se transforment en magouilles et en tractations à mesure que la prochaine élection approche et cela dans un seul but… conserver le pouvoir. »

Han était plutôt amer… Si la mort de sa femme avait précipité sa décision de disparaître et laisser sa vie derrière lui, ce n’était pas la seule raison. Peu avant qu’il décide de partir, Han avait accepté de prendre en charge la communication d’un consul, chef d’Etat d’un des nombreux mondes de la Bordure Intérieure. Ce n’était pas seulement un simple contrat comme un autre, Han s’était laisser véritablement convaincre par les idées et la personnalité de l’individu. Tout ce passa comme il l’avait décrit auparavant. Les choses se dégradèrent… le pouvoir commença à monter à la tête du consul à tel point qu’il usa des plus viles manœuvres afin de se maintenir au pouvoir, n’hésitant pas à fomenter un mensonge d’Etat pour assurer sa réélection. Han le vécut comme une trahison, une trahison qui le marque encore aujourd’hui.

 « Pas lui… »

 « Et pourquoi pas ? Parce que c’est un Jedi ? Démocrates, libéraux, conservateurs, populistes, fédéralistes, Sith ou Jedi, un jour ou l’autre, ils finissent tous par prendre goût au pouvoir.»

 « Ce qui s’est passé sur Corolis est à vomir, mais ils ne sont pas tous comme ça, lui n’est pas comme ça. Voilà plus de vingt ans que je suis au Sénat, dix ans de que je suis le secrétaire de la Chancellerie et lui seul à réussi à me convaincre. Ne me demande pas pourquoi, je ne saurai l’expliquer. Mais j’ai envi de qu’il réussisse. Il doit réussir. »

Kavanaugt observait Rasaak. Un instant, il crut se retrouver des années en arrière, au temps où Rasaak et lui étaient sur les bancs de l’université et où ils se lançaient dans des discussions politiques sans fin, tournant parfois même à la prise de bec. L’influence que les deux hommes pouvaient avoir l’un sur l’autre n’était pas à négliger. L’avis de l’un avait toujours un impact sur la décision de l’autre.

 « Ce n’est pas seulement pour lui, que je le soutiens et que je te demande aujourd’hui de l’aider, c’est aussi pour la République. Depuis l’attaque du Sénat, la situation se dégrade de jours en jours. La République est de plus en plus remise en question, les souverainistes gagnent de plus en plus d’influence au Sénat en dépit de l’élection du Chancelier. Des planètes importantes et influentes sont en train de vaciller… 

Tu l’as dit, le Chancelier est jeune, mais ce n’est pas un amateur, malgré le fait qu’il soit un Jedi. Il a assez de savoir en politique pour sans sortir pour le moment. Mais le Sénat est comme un vaste océan peuplé de poissons carnivores. Pour le moment, il arrive à composer, mais les gros poissons n’ont pas encore fait surface. Ceux là, ils sont attirés par le goût du sang. Au moindre signe de faiblesse, ils n’hésiteront pas à le mordre et ils le feront bientôt. Il ne sera pas de taille contre eux.

Il a les mains trop fines et délicates pour les plonger dans la mélasse. Et d’ailleurs, même s’il le pouvait il ne le ferai pas.»


 « En somme, c’est nous qui devrions plonger nos mains à sa place… pour qu’elles restent propres.»

 « Exactement. Et j’ajouterai qu’on lui montre comment se les nettoyer au cas où il devrait quand même se les salir, pour qu’il reste irréprochable.»

 « Personne n’est irréprochable, surtout en politique… pas même un Jedi.

Han s’enfonça alors dans son fauteuil et resta silencieux un moment. Son regard se porta à nouveau sur l’hologramme du Chancelier. C’était un dilemme pour lui, en sus d’un challenge pour lui. Il avait déjà jouer dans la cour des grandes, mais s’il acceptait de devenir le conseiller du Chancelier, il jouerait dans la cour des très grands.

 « En somme, en conseillant le Chancelier, tu me demandes de gérer la campagne et d’assurer la promotion de la République… »

C’est alors que Rasaak, qui observait le regard de son ami, perçu dans ses yeux une lueur bien familière. Han se avança alors.

 «… Pour être franc, j’avais pensé à un endroit plus tranquille que le Sénat pour rempiler. »

Le visage de Rasaak s’illumina alors. Sans, demander son avis à Han, il commanda deux autres cocktails pour l’évènement.

 « C’est bien que tu ai accepté. Tu ne le regretteras pas. »

 « On verra bien, c’est un peu trop tôt pour le dire. Par contre, hors de question que je commence quoi que se soit sans l’avoir rencontré avant. Il faut que je discute avec lui pour le faire une meilleure idée de son personnage… après seulement on pourra commencer à discuter de ce que l’on peut faire. C’est un Jedi, j’imagine donc qu’il y a très peu d’informations sur lui, mais il faudrait que je puisse voir tout ce qui à été dit sur lui dans la presse depuis son élection et surtout lors de la campagne. J’ai entendu dire qu’avant d’être élu, il était le représentant de l’Ordre Jedi au Sénat, il faudrait que j’en sache un peu plus sur les circonstances de cette nomination, de ce qu’il a fait. »

 « C’est bon de te retrouver, mon ami. Je te fournirai ce dont tu as besoin et je t’arrangerai un rendez-vous dans la semaine. Mais je peux déjà te donner quelques infos. »

Un droïd apporta alors les deux cocktails précédemment commandés. Han se saisi d’une coupe pour en boire une gorgée.

 « Je suis tout ouï. »
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