Halussius Arnor
Halussius Arnor
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Un léger glissement d’air se fit entendre dans le hall d’accueil de la Chancellerie. Ce bruit au combien familier annonçait l’ouverture prochaine des portes grises nuancées de violets du turbolift. Baria Gree ne s’inquiétait pas outre mesure de savoir qui allait en sortir, dans la mesure où il était destiné à l’usage d’une personne bien particulière.

C’est donc sans surprise aucune que Baria vit le Chancelier Suprême quitter l’appareil. Bien que d’espèce différente, Baria ne pouvait s’empêcher de trouver au Jedi un certain charme, qui ne la laissait guère indifférente. D’autant plus qu’il était toujours aimable et avait toujours un mot gentil pour elle… comme pour tous ceux qui travaillaient avec lui d’ailleurs. Le jeune homme s’approcha d’elle et commença à la questionner sur les nouvelles des dernières heures. Bien que faisant preuve d’un grand professionnalisme, les yeux étoilés de la rodienne ne quittait pas Halussius. Rien n’était à signaler, mis à part les demandes ordinaires de rendez-vous. Le chancelier resta un moment, pour échanger quelques amabilités puis il prit la direction de son bureau. C’est avec un regard charmé et complétement dénuée d’objectivité qu’elle observa le jeune homme passer les portes de son office.

Halussius traversa alors toute la pièce pour afin de s’asseoir à son bureau noir. Il commençait peu à peu à prendre ces marques. Si la décoration de son prédécesseur avait été totalement retiré, Halussius n’avait pas manifesté un quelconque besoin de personnalisé celle d’origine… A ceci prêt, qu’Halussius était un grand amateur de végétation. Il avait toujours apprécié, depuis aussi loin qu’il puisse se souvenir, le monde végétal. C’est pourquoi il avait demandé s’il était possible de disposer ici et là quelques plantes ou petits arbustes, de manière discrète, afin d’optimiser au mieux son environnement de travail.

Lorsqu’il s’assit, Halussius activa le système informatique de son bureau. Tablettes tactiles, holo-écrans et la console centrale, sortirent rapidement des compartiments les dissimulant et s’activèrent. Halussius commença alors à rédiger quelques notes. Il sortait juste d’une réunion avec le Haut commandement. Une réunion importante pour l’avenir.

C’est alors que Rasaak pénétra dans la pièce. Halussius, tout en continuant d’écrire, jeta un œil sur le secrétaire général. Il avait les bras chargés de datablocs… Halussius savait ce que cela signifiait et qu’il allait devoir s’adonner à l’activité qu’il trouvait la moins intéressante de sa fonction… La séance des signatures.

Il y avait tellement de documents que le jeune homme n’avait matériellement pas le temps de les lire tous, tant et si bien qu’il ne savait pas, la plus part du temps, ce qu’il signait. En cela, la confiance qu’il avait en son secrétaire général était primordiale, car c’est lui qui faisait office de filtre en décidant ce qui devait être signé par le Chancelier et ce qui pouvait être délégué à des subalternes, en dehors des documents devant obligatoirement être signés par lui.

Au bout du quinzième databloc sur lequel Halussius posait son emprunte, un nom lui revint en mémoire. Il interpella alors Rasaak.


 « Dites-moi, Rasaak, auriez-vous entendu parler d’un certain Baltus Needa ? »

Halussius se permettait de poser la question car Rasaak était connu dans toute l’administration républicaine pour ne jamais oublier un visage, ni le nom qui lui était attribué… Du moins, pour ce qui est des services travaillant régulièrement avec la Chancellerie.

 « Baltus Needa ? Ce nom ne me dit rien, Excellence. Je devrais le connaître ? »

 « Il s’agit de l’homme à qui on a confié une partie de l’enquête sur l’attaque de l’an passé. C’est lui qui a réussi à mettre en évidence certaines irrégularités flagrantes, notamment financières, dans les affaires de certains responsables de l’armée et de la flotte. Il fait partie de l’inspection générale des services administratifs. On dit qu’il est redouté de tous les administrateurs car aucunes irrégularités ou incohérences ne lui échappent. Je pensais que vous pouviez le connaître. »

Le front du togruta plissa légèrement. Il éprouvait une gêne certaine de ne pas savoir qui était cet homme apparemment connu et surtout de manquer si ouvertement à sa réputation de physionomiste confirmé. Halussius perçu le malaise du secrétaire. Il s’interrompit alors et fixa Rasaak.

 « Allons, je vous en prie. Ne vous formalisez pas. Même vous, vous ne pouvez pas connaître tout le monde. »

Visiblement un peu piqué, Rasaak continua de déverser les datablocs à Halussius.

 « Quoi qu’il en soit, un homme aussi efficace aurait déjà dû se hisser au sommet de la hiérarchie. »

 « Précisément ! Il semble qu’il ait refusé toute sorte de promotion afin de pouvoir continuer à exercer dans son service. C’est rare de trouver des individus ayant autant à cœur l’intérêt général…  Mis à part vous bien sûr !»

 « Me tromperai-je, Excellence, en pensant que vous avez dans l’idée de lui soumettre une promotion, que cette fois-ci, il ne pourrait pas refuser ? »

Halussius esquissa un petit sourire immédiatement. Il était assez impressionné par la perspicacité du togruta. Il venait enfin de signer le dernier databloc. Il dit alors.

 « Cela ce pourrait bien… Faites le convoquer à la Chancellerie, j’aimerais m’entretenir avec lui auparavant. Mais surtout ne précisez pas que c’est moi qui veux le voir. »

 « Je m’en occupe de suite, Excellence. »

Rasaak reprit alors tous ces datablocs et quitta le bureau. Halussius quant à lui, reprit sa prise de note.

***

Baltus Needa n’avait rien d’impressionnant. Il devait être un peu plus âgé que le Chancelier, mais toujours dans la trentaine. Il mesurait prêt d’un mètre soixante-treize, avait les traits avenants, les cheveux blond et les yeux bleus, d’une profondeur telle que son interlocuteur ne pouvait qu’être déstabilisé, comme s’il pouvait littéralement lire en lui.

Baltus était de ce genre de fonctionnaires à qui on ne pouvait proposer de pot de vin ou bien d’arrangements quelconques. Il était même vivement conseillé de ne jamais envisager cette idée… Baltus ne faisait pas son travail pour les honneurs, ni pour le plaisir ou pour le pouvoir. Non. Lui était animé d’autre chose.

La conviction. C’est par conviction qu’il avait fait toutes les études nécessaire pour en arriver à ce poste. C’est par conviction encore, qu’il refusait toutes les promotions qu’on lui proposait et c’est par conviction et sens du devoir qu’il n’hésitait pas à être implacable et déterminé dans sa tâche. Ce qui lui valait bien des surnoms…

Needa n’était pas du tout certain de rencontrer le Chancelier en personne. Au mieux, verrait-il un conseiller ou un membre du cabinet prétendant parler au nom de son Excellence. Combien de personnes pouvaient d’ailleurs prétendre avoir vu le Chancelier en personne, hormis les sénateurs qui, eux, pouvaient le voir chaque jour. Certes, tout le monde connaissait le visage du Chancelier actuel, du moins sur Coruscant et sur les mondes du noyau les plus proches.

De son point de vue, peu importait que le dirigeant de la République soit un Jedi ou non, tant qu’il exerce sa fonction correctement, dans la mesure de ce que l’on peut attendre d’un politicien.

Needa patientait dans un corridor large et espacé d’un des hauts niveaux du Sénat. Après un temps relativement court, il fut introduit dans une pièce de taille moyenne, meublé dans un style que commun à l’ensemble de l’institution. Un homme attendait, plus jeune que lui, assis sur un fauteuil autour d’une table rectangulaire, la tête apparemment soutenu par une main. Needa ne pouvait distinguer précisément les traits de l’individu. En effet, la large baie vitrée située derrière l’homme laissait entrer une lumière particulièrement intense en plein de le visage de Baltus.

Baltus s’étonna qu’un fonctionnaire puisse adopter une attitude si dégagée, si décontractée. Il avait déjà pu constater à de nombreuses reprises que les hauts fonctionnaires de la République, particulièrement ceux de la Chancellerie, avaient en permanence l’air grave, comme si le poids de la galaxie toute entière reposait sur leurs épaules. Il ne savait pas dans quelle mesure il devait avoir l’air impressionné. Il préféra garder le silence et laisser l’homme commencer la conversation. Ce qu’il ne tarda pas à faire.


 «  Je présume que vous êtes Baltus Needa, n’est-ce pas ? »

 « Oui, monsieur. »

Le jeune homme retira sa main de dessous sa tête. Comme un sourire semblait se dessiner sur son visage.

 « C’est curieux ce que vous dites. La plus part des gens qui me côtoient disent « Excellence ». Mais cela ne me dérange pas du tout de déroger au protocole… bien au contraire ! Et puis nous sommes entre nous. Je vous en prie asseyez-vous donc, monsieur Needa. »

C’est à la moitié des propos que Baltus fut saisi d’un flash. Il s’adressait au Chancelier suprême, ce qui lui coupa le souffle. Le soleil continuant sa course, ces rayons s’étaient faits subitement moins intense dans la pièce, révélant parfaitement les traits du Chancelier. Baltus ne bougeait pas. Le Chancelier commença alors à froncer les sourcils, l’air dubitatif et interrogateur.

 « Quelque chose ne va pas ? Il ne vous arrivera rien vous savez. »

Baltus s’assit, sans voix. Ne lâchant pas le Chancelier du regard. Il n’arrivait même pas à répondre.

 « La conversation va très vite se compliquer si vous ne prononcez aucunes paroles. Mon ami, détendez-vous… Oubliez un peu nos positions respectives. Pas de protocole ! On est d’accord ? »

 « Comme vous voudrez, Excellence. »

 « Allons, on vient de dire que l’on oubliait le protocole… Vous savez ce n’est si souvent que cela arrive… autant pour vous que pour moi… autant en profiter. On est d’accord ? »

 « Oui, monsieur. »

 « On progresse ! Mais un simple « oui » sera parfait. »

Halussius fixait Baltus dans les yeux. Son regard était vif et intéressé. Il finit par dire.

 « Comment allez-vous ? »

La question était déconcertante de simplicité. Baltus ne sut pas quoi répondre de prime abord, tant il était pris de stupeur. Le chancelier l’aurait fait venir au Sénat pour lui demander comment il allait ? Comme font deux amis qui se rencontrent pour boire un verre ? C’est alors qu’il comprit que cette question n’avait pour d’autre effet que de « rompre la glace » et d’instaurer une atmosphère sereine et plus détendue. Baltus, esquissa un petit sourire gêné.

 « Plutôt bien, dans la mesure où je rencontre le Chancelier de la République. »

 «  Ah oui ? Et quelle impression vous en avez ? »

Baltus était complétement décontenancé. Il ne savait plus quoi répondre. Halussius le remarqua sur son visage. Baltus cherchait désespérément a trouver une réponse et surtout où voulait en venir le Chancelier avec cette question. Après un moment d’hésitation, il décida de jouer le jeu.

 « Je dirai qu’il est… surprenant. »

Halussius sourit largement à la réponse de Needa. Il bougea sur son fauteuil pour se rassoir comme il faut. La matière de l’assise avait tendance à le faire glisser.

 « Surprenant… vous n’avez encore rien vu ! Malgré tout je suis ravi d’avoir obtenu de vous un sourire. J’imagine que la seule chose que vous avez à l’esprit est de savoir ce que vous faites ici…
Et bien je vais encore vous surprendre monsieur Needa. J’ai décidé de vous nommer à la tête de la nouvelle Direction Républicaine du Renseignement. »


L’effet fut immédiat sur le visage de Baltus. Il était devenu blafard. Un flot de questions commença à naître et à saturer l’esprit du fonctionnaire. La DRR… Pourquoi lui ? Surtout, pourquoi vouloir a tout pris le déloger de son service ?

 « Ex…Excusez-moi, pourquoi ? »

 « L’enquête que vous avez mené ces derniers mois, nous a permis de confondre un certain nombre de traitres au sein des forces armées de la République… des individus plus ou moins liés à l’attaque survenue ici même l’année passée. J’ai lu intégralement votre rapport d’enquête et j’ai été impressionné par votre professionnalisme et votre sens du détail. Vous êtes, je le crains, devenu trop efficace pour rester simplement dans votre service. »

Baltus avait repris quelques couleurs et ses esprits.

 « Si vous me connaissez, vous savez surement que j’ai toujours refusé les promotions que l’on me proposait… parfois de très bonnes promotions. J’aime mon travail, j’aime ce que je fais… »

 « Je comprends parfaitement, mais pourquoi pensez-vous qu’en acceptant une promotion cela vous coupera définitivement du terrain ? »

 « L’observation… Cela ne m’intéresse pas de finir chef de service ou même responsable dans un cabinet ministériel. Là où je suis j’ai vraiment l’impression de faire quelque chose, d’être utile à la République. Paradez dans les diners ou les réceptions officielles cela ne m’intéressa pas. »

 « Je vois… Peut-être devriez-vous voir les choses d’un autre point de vue ? Ce que je vous propose, ce n’est pas la direction d’un quelconque service de la lourde administration républicaine…

Ce que je vous propose, c’est de prendre la direction de l’outil, qui vous permettra d’accomplir encore mieux votre travail. De l’outil qui vous permettra d’être encore plus utile à la République. Certes, vous aurez les obligations qui vont avec le niveau du poste, mais l’essentiel de votre travail sera d’enquêter.

J’ai besoin de quelqu’un de votre envergure, qui a votre détermination, vos capacités et votre zèle à la tête de ce service. C’est primordial pour la République. »


Les arguments avancés par le Chancelier avaient pour mérite d’intriguer Baltus. Il est vrai que jusqu’alors, les propositions qu’on lui avait faites n’étaient guère intéressantes car le coupant définitivement de sa mission d’investigation. En somme, on lui proposait un rôle de « super-enquêteur ». La proposition du Chancelier commençait peu à peu à faire son chemin dans l’esprit de Baltus tout comme la possibilité de l’accepter.

 « Très bien… Admettons que j’accepte. Je ne prétends pas m’y connaître dans la matière… Non, en fait je n’y connais rien du tout… mais le renseignement est plutôt une activité militaire, n’est-ce pas ? Comment un civil pourrait avoir une quelconque autorité sur des militaires ? »

 « Je ne me fais aucuns soucis la dessus. Je sais que vous êtes capable de vous faire obéir quand il le faut. Et puis, malgré tout, il ne faut pas sous-estimer la force que peut avoir une signature sur un ordre de nomination ! J’ajouterai encore, que les services de renseignements, sans être totalement civil, ce n’est pas non plus totalement l’armée. Et ça le sera de moins en moins…

La crise que nous avons vécue l’année passée à montrer que la République souffrait de graves défauts. Vous avez déjà contribué à éliminer certains de ces défauts… Je vous propose à présent de continuer, ensemble, dans cette voie et de vous en donner les moyens.

Comprenez bien que, malgré tout ce que l’on peut dire à mon sujet, je n’ai qu’une seule chose à cœur, la sécurité de la République, comme vous.

Etes-vous prêt à saisir cette opportunité ?


Baltus avait ramené ses mains devant lui, posées sur la table et croisées. Il fixait le Chancelier, il ne le quittait pas des yeux. Halussius faisait de même. Le temps passait et rien ne se passait. Baltus prit alors une inspira.

 « J’accepte. »

***

Needa avait encore peine à croire de ce qui était en train de lui arriver. Ce matin encore, il n’était que Baltus Needa, enquêteur à l’inspection générale de l’administration, matricule N543028G-X4, et voilà qu’il marchait sur le sol pourpre du bureau du Chancelier suprême Arnor, en tant que responsable des services secrets de la République. Un changement total de situation et de vie.

Baltus prit place dans un des fauteuils situé devant le bureau noir du Chancelier, à son invitation, lui ayant pris place sur son fauteuil.


 « Je me réjouis d’avance de notre coopération. Je sais que vous ferez du très bon travail. »

 « Vous pouvez me faire confiance, Excellence. »

Halussius sourit à la mention de son titre protocolaire. Mais il devait bien admettre que les circonstances avaient changées. Un rapport plus protocolaire, plus hiérarchique devait s’installer naturellement.

 « A présent que vous êtes directeur général de la DRR, je vais vous éclairer sur ce que j’attends de vous et de vos services.  »

Baltus adopta alors une posture particulièrement concentrée.

 « Nous savons de manière certaine que les Sith sont de retour dans la galaxie. Nous savons aussi qu’ils ont réussi à infiltrer une partie de l’administration… »

Halussius tendit alors un datapad à Baltus. Ce dernier le prit et le consulta à l’invitation du Chancelier. Trois individus étaient mentionnés dessus.

 « Nous les soupçons d’être des Sith ou bien d’être liés à eux. Il me faut absolument des preuves afin de pouvoir les confondre devant le Sénat et la justice. »

Baltus acquiesça.

 « L’une de ces personnes semble liée à une entreprise dont je n’avais jamais entendu parler avant la campagne, la corporation Symbiosis, qui doit avoir son siège sur Arkania. Je veux tout savoir sur cette entreprise.

De plus, si les Sith sont de retour, cela veut dire qu’une ou plusieurs des planètes de leur ancien empire connaissent un regain d’activité… Il me semble donc intéressant que nous sachions ce qui s’y passe, notamment sur Korriban. Je veux savoir d’où est originaire cette flotte qui a attaqué Coruscant. »


Halussius continua à donner des instructions à Baltus, un certain nombre de priorités qui allaient l’occuper pendant des mois.

 « Je suis conscient que cela fait beaucoup de choses. Mais vous disposerez de tous les moyens financiers, techniques et humains pour les mener à bien. »

Baltus etHalussius poursuivirent la conversation une bonne heure encore avant de finalement se séparer. Halussius observa Baltus quitter son bureau. Il avait une bonne impression à son propos, une impression qui faisait écho dans la Force. De Baltus Needa allait dépendre le sort de beaucoup.
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