Emalia Kira
Emalia Kira
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Emalia était restée interdite devant l’effusion de joie et d’enthousiasme de sa petite fille, avant d’esquisser un sourire rassuré. Visiblement, ce monsieur Darinson n’avait pas dû faire de mal à Milésya, sinon elle aurait éclaté en sanglots. Ah ! Quelle frayeur terrible elle avait pu lui faire ! Elle avait plus tôt réfléchi à ce que pourrait être une punition adaptée à l’importance de la bêtise qu’était sa fugue dans Coronet, mais la voir ainsi revenue à un état de petite fille enjouée et en bonne santé lui rappelait tellement tout ce qu’elle aurait pu perdre qu’elle avait décidé de repousser ce problème à plus tard. Mieux valait profiter de Milésya avant qu’il ne soit trop tard…

- Oui, monsieur Darinson voyage avec nous,
répondit calmement la jeune mère. Il ne faisait pas bon pour lui rester sur Corellia. Quant à moi, j’avais besoin d’être sûre qu’il n’était pas responsable de ta disparition. Alors nous l’avons emmené, et il va pouvoir se reposer.

Bonne excuse pour empêcher Milésya trop le côtoyer, par ailleurs. Il n’était pas question qu’il ait une mauvaise influence sur elle. Non pas qu’elle le crût mal intentionné, mais il n’était pas question qu’une petite princesse comme elle se mette à répéter les mots et gestes grossiers utilisés par les basses couches de la société de Corellia.

Accompagnées de la nourrice, la petite famille royale quitta donc la chambre de Milésya pour se diriger au fond du vaisseau, où le mercenaire avait été remisé loin du luxe de leurs petits appartements de voyage. Question de sécurité, bien sûr, mais peut-être un peu aussi pour ne pas oublier qu’il ne faisait pas parti du même monde. C’était une habitude familiale, de toutes façons, que de se mettre à l’écart en tout temps pour mieux montrer sa supériorité. A tel point que c’en était tout naturel pour la jeune Reine. Et pourtant, cela ne lui semblait pas suffisant. Les minces parois du vaisseau et les quelques gardes qui l’habitaient avec eux lui semblaient être un bien fin rempart contre un mercenaire armé qui se rebellerait. Mais elle avait choisi de lui faire confiance… Et il avait été doux avec Milésya, visiblement. Cela au moins lui permettait de se rassurer un peu.
Mira passerait devant.

Les retrouvailles furent teintées de joie et d’hésitation à la fois. A croire que Milésya avait presque eu plus de plaisir à rencontrer ce monsieur Darinson que son propre père… C’était tant mieux, vu l’espérance de vie du duc Gordon.

- Allons allons, Milésya,
fit sa mère, mais elle avait un sourire taquin. Un peu de tenue.

Elle fit la moue en entendant l’excuse du mercenaire. Tombé dans les escaliers ? S’il croyait qu’il convaincrait une petite fille avisée avec un mensonge de cet acabit, c’était raté. Elle aurait pu lui donner quelques cours de comédie, pour la peine… Mais non, mieux valait garder ses talents d’actrice à son propre service, c’était bien plus utile.

Toujours cette insolence charmeuse, en tout cas. Malheureusement pour lui, les contusions de sa tête n’en faisaient pas vraiment un étalon de premier choix. Pour le moment.

- Je vois que vous avez le moral, monsieur Darinson, vos blessures n’en guériront que plus vite,
répondit-elle sans réfléchir.

Le genre de banalités qu’elle débitait dans les soirées mondaines, avec une absence totale d’intérêt pour le sujet. C’était devenu aussi facile que de respirer. Si ça avait été un homme riche et influent, elle aurait ajouté un air minaudant et un battement de cils, mais elle se contenta de croiser les bras et d’appuyer son épaule contre l’encadrement de la porte automatique, restée ouverte pour que les gardes puissent intervenir, au cas où. Mira se tenait à ses côtés, intimidée, mais elle tenait toujours fermement la main de l’enfant. Emalia fit un signe de tête à la nourrice ; elle pouvait la lâcher. Le mercenaire n’avait visiblement rien à gagner à s’en prendre à la petite fille –qui, soit dit en passant, était bien trop mignonne à ses yeux pour provoquer la haine de quiconque, non ?

- Hé bien, j’ai comme l’impression que je ne peux pas vous accuser de grand-chose d’autre que d’avoir essayé d’engraisser ma fille à coups de hamburgers, mmh ?


Avoir un coupable l’aurait quand même bien arrangé. Elle ne savait pas très bien ce qu’elle allait raconter à la presse. Que monsieur Darinson avait été pris pour un kidnapper mais qu’il avait rapporté l’enfant ? Pas très théâtral. Qu’il l’avait sauvée d’un kidnapping affreux ? Mieux, mais les lauriers lui reviendraient à lui… Bah, elle y penserait plus tard. Si ça tombe, elle s’en sortirait avec un remerciement chaleureux des autorités de Coronet pour avoir fait du bon travail. Ce qui ne manquerait pas de rendre fier le duc Gordon…

La Reine soupira en contemplant sa fille, animée par la joie de retrouver un ami. Elle se sentait presque étrangère à cette scène, c’était une étrange sensation. Pourquoi sa pauvre princesse s’intéressait-elle à ce genre de personnage dégoûtant ? Un peu plus et elle aurait parié qu’il ne savait pas tenir correctement une fourchette et un verre de champagne Alderaanien. C’était justement peut-être ce côté sauvage qui le rendait attrayant…
Mais elle se reprit : c’était un vil mercenaire, rien de plus.

- Êtes-vous corellien, monsieur Darinson ?


Sur le ton de la conversation. Sauf que pour une fois, c’était une question dont la réponse l’intéressait vaguement : elle verrait vite s’il avait une quelconque fidélité aux grands de Coronet… comme le duc Gordon.
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Mira lâcha la main de l'enfant à contrecœur. Éprouvée par cette histoire épouvantable de princesse perdue, elle avait regardé des heures durant la robe de la fillette, dont les gouttelettes rouges avaient attirés son œil attentif et suscités autant d'inquiétude que de questions. Bien qu'il était manifeste que l'héritière du trône d'Ondéron n'avait pas été blessée, la question primordiale pour l'employée était de savoir d'où ce sang avait bien pu provenir. Tourmentée par la vision de l'homme que les agents de la Corsec avait arrêté dans les rues avec sa protégée, elle avait été estomaquée de savoir que la Reine Emalia l'avait embarqué à bord. N'était-il pas dément de laisser un individu pareil si proche de sa petite victime ? N'était-il pas tout aussi fou de laisser approcher l'enfant du danger, et de la ramener près de son "nouvel ami", tout en sachant qu'il pouvait s'agir d'un dangereux criminel ?

Mais voilà : Mira était coupable. Mira, son amour passionné pour le précepteur... ce dernier avait d'ailleurs été repris mais tout aussi privé de salaire qu'elle. Et qui avait désormais pour mission de ne plus quitter l'enfant des yeux une seule seconde, sous peine d'ennuis plus graves encore que tout ceux qu'elle avait pu connaitre. Dans ces conditions, elle ne pouvait assurément pas contrer sa redoutable patronne. En temps normal, elle avait déjà du mal à ne pas finir liquéfiée sur place - et aujourd'hui, plus que d'habitude, la nourrice ne pouvait certainement pas passer outre ses décisions. C'était ainsi que malgré sa désapprobation silencieuse, elle avait conduit l'enfant dans les coursives ; puis que, pétrifiée, elle avait dévisagé l'homme qui avait retenu son innocente petite princesse pendant des heures. Mais Milésya avait l'air de ne pas le redouter - ce qui, finalement, ne la rassurait pas plus que ça... l'enfant avait cinq ans, et oubliait facilement ses amitiés comme ses inimitiés.

Mais peut-être que, finalement, pouvait-elle poser directement la question qui la taraudait tant ? Que s'était-il passé pendant ces longues heures, entre l'adulte et l'enfant ?

Milésya Kira, elle, ne s’embarrassait pas de telles questions. Ravie, enchantée de revoir son grand ami, elle se retrouvait un peu déconcertée de le voir dans un état pareil. Pourquoi le médecin ne venait-il pas le soigner comme on le faisait toujours lorsqu'elle était blessée ? Pourquoi l'avait-on emmené dans la salle où avait résonné tant de cris ? Pourquoi Jack semblait-il si différent de tout son entourage ?
Les questions tournoyaient dans sa tête sans qu'elle songeât seulement à les exprimer ; lorsque tout s'effaça devant une bouffée de satisfaction. Son nouvel ami et sauveur venait de se lever, pour lui caresser la joue, et lui parlait d'une voix rauque mais gentille. Elle pouffa, essaya de caresser maladroitement la joue de son interlocuteur, puis pinça les lèvres. "Se tenir tranquille" voulait dire qu'elle ne se conduisait pas en princesse, qu'il fallait qu'elle se tienne plus droite et qu'elle arrête de parler - acte incroyablement difficile qu'elle n'exécuta que quelques minutes, le temps à sa mère de parler un peu avec le criminel en fuite. Il était tombé dans l'escalier ? C'était étrange. Elle était déjà tombée dans les escaliers, mais jamais elle n'avait été blessée. Avec tout ça, il avait dû en tomber plusieurs, des escaliers !

Brusquement, l'idée lui vint que le monstre dans la salle fermée du poste de police lui avait certainement causé les blessures qui le défigurait. Incapable de savoir pourquoi on lui mentait, la fillette prit un air grave, puis s'avança, en prenant soin de se tenir droite pour impressionner sa mère. Bien sur, elle oubliait un peu qu'il était difficile d'avoir l'air digne dans une chemise de nuit, et qu'elle avait plutôt l'air d'imiter un pantin qui ne pouvait plier les genoux ; mais la bonne volonté y était, car l'enfant ne voulait certainement décevoir personne.

- "Jack ? Est-ce que c'est le monstre à la Corsec qui t'as fait mal ? Ou l'autre monstre, le méchant du restaurant ? Mère avait peur que tu sois responsable de ma disparition. Je n'aime pas être enlevée."

Si la fillette ignorait souvent la conversation des adultes pour s'imposer - une princesse pouvait se le permettre, et surtout une princesse très gâtée - ce n'était cependant pas le cas de la togruta ; mais ses coeurs firent un tel bond dans sa poitrine qu'elle s'avança aussitôt, coupant la parole une deuxième fois à sa royale patronne.

- "Peut-on savoir de quoi Milésya parle t-elle ?! Est-ce cet homme dont le sang tâche sa robe ? Que s'est-il passé ?!"

Sur les dents, Mira ne se rendit pas compte du sursaut de la petite fille, ni de son regard interrogateur ; et encore moins du silence glacé d'Emalia Kira, Reine d'Ondéron...
Jake Darinson
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Jake, dans ses sobre habits civil de couleur sombre, se tenait à coté de la jeune princesse, tout sourire. Quel royale visite! Peut être qu'on aurait un peu de reconnaissance envers lui? Que l'on viendrait enfin reconnaître qu'il avait fait quelque chose de bien une fois dans sa vie? Rien n'était moins sur, il n'avait été aux yeux de tous qu'un petit raté qu'on s'était empresse de jeter en prison. Pourtant, le jeune mercenaire avait bon fond, seulement les personnes qui le constataient ne couraient pas les rues. Et bien, ce ne fut pas vraiment le cas. Le jeune homme regardait la souveraine, elle se contentait de rester là, dans la pièce, le visage fermé son attitude hautaine, presque dégoulinante comme de la guimauve. Il un instant, alors que la reine prit la parole. Engraisser sa fille ? Elle était bien bonne celle là ! Mais malgré cette petite discutions Jake voyait bien que d'un certain sens, elle se forçait à lui parler, le regard ailleurs, sa divine majesté accoudée sur le montant de la porte, près de son éventuel échappatoire si jamais il devenait incontrôlable, balivernes ! Quoique....

Semblant retrouver un soupçon d’intérêt pour son interlocuteur, la reine lui demanda ses origines.

Le mercenaire, plissant les yeux se contentât de répondre :

''Est-ce que c'est vraiment important ?''

Il fit une légère pause se rapprochant dangereusement de la royale souveraine.

''Je suis de partout et de nul part à la fois, comme si mes origines pouvaient bien vous intéresser majesté. Trêve de faux semblants, vous vous en fichez comme de votre première paire d'escarpins.''

A légère distance, Jake la fixât de ses yeux émeraude, un regard à lui vriller littéralement la cervelle.

Mais le jeune homme se rendait compte qu'il jouait un jeu dangereux. Il ne devait pas avec la reine dépasser la limite être insolent oui, mais ne pas trop remettre en cause son autorité en publique, trouver le juste milieux, agir intelligemment !

Milésya la petite princesse quand à elle, donnait l'impression de se retenir d'être contente. Puis, glissant les yeux lentement sur la nourrice, qui avait l'air timide et coincée, le jeune homme commençait à se questionner grandement. Était-ce lui ? ou tout le monde avait l'air d'avoir un bâton de plus d'un mètre dans le derrière? Jake, qui commençait à les regarder lentement tour à tour, se demandant qui allait bouger en premier. Et légèrement excédé par l'ambiance lourde, le mercenaire se décidât à mettre une cigarette entre ses lèvres, sans toutefois l'allumer, après tout on allait pas le mettre en prison pour si peu, pas vrais ?

Ce fut finalement la petite fille qui vint briser la glace, venant saisir sa main de ses doigts potelés pour le faire descendre à sa hauteur, ce qu'il fit, posant un genoux à terre, avec un petit sourire accroché aux lèvres.

''Qu'est ce que Jake peut faire pour toi ma jolie ?''

"Jack ? Est-ce que c'est le monstre à la Corsec qui t'as fait mal ? Ou l'autre monstre, le méchant du restaurant ? Mère avait peur que tu sois responsable de ma disparition. Je n'aime pas être enlevée."

Demandât la jeune fille avec tout son aplomb princier. Lui souriant doucement l'homme lui dit presque dans un murmure :

''Oui il y'avait un monstre à la Corsec je n'ai pas voulu te le dire pour ne pas te faire peur, il était grand avec une énorme moustache ! Et oui c'est lui qui m'a fait ça... et puis tu sais bien que je t'aurais jamais fais de mal, pas vrais ? ''

Souriant de nouveau, le jeune homme passât sa main solide de guerrier sur la tête de la jeune fille lui caressant doucement les cheveux au passage avant de se relever. La nourrice ouvrit la bouche à son tour faisant sursauter tout le monde y comprit la petite, peut être aurait elle du rester silencieuse ?

"Peut-on savoir de quoi Milésya parle t-elle ?! Est-ce cet homme dont le sang tâche sa robe ? Que s'est-il passé ?!"

La Togruta regardât Jake se relever, celui ci s’approchât d'elle, touchant presque son nez du sien, penchant la tête sur le coté pour la regarder. Et il lui répondit d'une voix douce presque suave, il lui chuchotait presque, pour que Milésya ne puisse pas entendre:

''Les taches, c’était la cervelle du 'monsieur' qui à voulu s'en prendre à la petite, j'ai jugé utile de lui faire sauter le crane pour sauver la princesse, aurais-je eu tord ?''

Le mercenaire fit un clin d’œil à la nourrice, lui souriant, puis se décollât, la laissant légèrement en état de choc. Elle ne devait pas avoir l'habitude de voir ce genre de personne, et surtout s’imaginer la petite chérie, dans cette situation, recouverte d'un amas de matière grise et de sang répandue sur sa robe.

Puis tournant les talons vers son lit, le mercenaire s’étirât, tendant ses muscles dans une avalanche de craquement d'articulations. Faisant quelques pas en rond dans sa cabine, tout le monde semblait l'observer, ce qui le mettait un peu mal à l'aise. Jake n'aimait pas être le centre d’intérêt, il avait certes eu son heure de gloire, même si sa gloire s’était résumer à se faire battre encore plus, et pour rien... Le jeune homme se décidât donc à s'approcher de la Reine, mains dans les poches cigarette encore éteinte à la bouche, et lui sourit à son tour.

''Est-ce que c'est bien nécessaire tout ce monde ?''

Jake regardât la nourrice et les gardes puis continuât.

''Je vous ai dit que j'allais rester tranquille, pas la peine de s'encombrer avec tout ces gens. J'ai pas grand chose pour moi, mais au moins, je tiens parole.''

Il vint croiser les bras et poser son épaule près de celle de la souveraine, prenant légèrement la même position qu'elle, une telle proximité commençant à rendre nerveux les gardes du corps.

Jake, le jeune mercenaire la regardât quelques instants, sans animosité, d'une façon tout à fait neutre, sans rien dire. Un nouveau sourire illuminât son visage, puis, il reprit la parole.

''Alors Majesté, vu que j'ai sauvé la vie de Milésya, quel est la suite des événements pour moi ?''
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La Reine haussa les épaules, sans répondre. Vraiment important ? Oui et non. Non, en fait, c’était juste pour cerner un peu mieux le personnage et ses intérêts, mais elle trouverait d’autres moyens d’en savoir un peu plus sur lui. Quant aux détails émouvants de son histoire et du paysage qui l’avait vu naître, elle s’en fichait comme d’une guigne.
Mais la justesse de l’allusion à ses premiers escarpins la surprit. Elle se mit brusquement à rire.

- Ha ha !
s’esclaffa-t-elle, espiègle. Ne sous-estimez pas l’importance que revêtaient pour moi mes premiers escarpins. Mais vous avez de l’humour, monsieur Darinson.

Oui, il était drôle. Il était rare qu’on la fasse véritablement rire, habituée qu’elle était à glousser en entendant les traits d’esprits ridicules des grands sénateurs. En cela, le mercenaire marquait un point. Même si probablement, la Reine aurait été plus attristée de salir ses premiers escarpins que d’être privée de connaître l’histoire de cet homme. Mais chacun vivait dans son monde, c’était ainsi.

Milésya brisa un peu l’étrangeté de la situation, en s’approchant du mercenaire. Monstre ? Sa fille avait toujours eu une imagination débordante. Cela pourrait lui être utile à l’âge adulte, songea la royale mère, mais pour le moment, cela lui faisait plutôt débiter des inepties. Mais au moins, la petite Milésya savait se rappeler –du moins, la plupart du temps- le rôle et la place qui étaient les siens.
Ce qui n’était visiblement pas le cas de la nourrice.

La Reine foudroya Mira du regard. Cette potiche d’habitude muette allait-elle se permettre de venir mettre son grain de cervelle idiot dans ses affaires en pareil moment ?

- Vous voyez bien que cet homme ne lui a rien fait, Mira,
grinça-t-elle froidement.

Elle aurait bien ajouté « petite idiote » mais elle s’était retenue de justesse. Ils n’étaient pas en privé, dans le palais. Si elles avaient été en tête à tête, elle ne se serait pas gênée, et la nourrice le savait parfaitement. Elle s’était tue, interdite, ratatinée sur elle-même. Elle était partagée entre la crainte de sa maîtresse et l’incertitude de la situation de l’enfant –mais Emalia l’ignora royalement.

- Excusez-la ; la nourrice de Milésya est un peu nerveuse,
fit-elle à l’adresse de Darinson, un peu sur le même ton qu’elle aurait chassé une mouche un peu trop envahissante.

Pour sa part, elle était désormais convaincue. Dommage qu’Aleema ne soit pas dans le coin pour évaluer l’homme. Ca avait l’air le genre à pouvoir faire bien des basses des hommes pour des crédits : téméraire, compétent et pas trop copain avec les autorités. Pourtant, sa conseillère aurait bien été utile pour juger s’il pouvait ou non être embauché. D’un autre côté, Aleema n’était pas là et il fallait bien qu’elle se débrouille pour prendre une décision. Et amadouer l’homme, sans que tout ça n’ait l’air trop sale.

De nouveau, elle ne put s’empêcher de rire légèrement. Alors comme ça le pauvre était mal à l’aise ? Elle se méfiait tout de même, la dernière fois qu’il s’était approchée autant d’elle, dans la prison de Coronet, il lui avait fait terriblement honte pour une fichue cigarette. Elle ne se laisserait pas avoir deux fois et resta immobile. Une odeur de tabac froid lui montait aux narines, mais elle se retint de grimacer.

Quelques secondes s’écoulèrent, les gardes nerveux semblant attendre un ordre de leur Reine. Décidément, songea-t-elle, s’il comptait rester si près… Ce n’était pas très commode. Soit ce type n’avait vraiment aucune notion des distances personnelles en vigueur dans les hautes sphères de la société, soit… Il le faisait exprès. La Reine ne savait plus très bien si cela lui plaisait ou la dérangeait, alors elle évita la question et s’écarta elle-même du pan de mur qui les soutenaient tous les deux pour se diriger vers sa fille.

Zut. Elle avait perdu, encore une fois, à ce petit jeu. Elle n’en avait pas l’habitude, mais inutile de se laisser démonter. C’était elle la Reine, et elle faisait ce qu’elle voulait. Et puis, si ça tombait, le mercenaire ne réalisait même pas ce qu’il faisait. De leur côté, les gardes s’étaient légèrement détendus. D’un geste du menton, Emalia fit signe à Mira qu’elle pouvait s’en aller et la Togruta, morose, accepta à contre cœur de se retirer en silence.

- Je vous remercie pour le service que vous m’avez rendu,
fit-elle, distante mais aimable. Les gardes continueront à patrouiller dans le vaisseau jusqu’à Ondéron, cependant, ils sont payés pour cela. Une fois au palais, j’imagine que Milésya sera heureuse si nous vous offrons l’hospitalité quelques jours.

Elle baissa son regard complice vers sa fille qui ne manquerait certainement pas de rayonner de joie –faisant à merveille fonctionner son petit discours. Milésya était une arme redoutable dès lors qu’il s’agissait de convaincre, c’était au moins la troisième fois qu’elle en faisait l’expérience en quelques jours. Ah, ce qu’elles seraient puissantes lorsqu’elles formeraient un véritable duo politique !
Mais monsieur Darinson avait beau être insolent, il n’était pas idiot. Les cris de joie d’une enfant ne lui suffirait peut-être pas.

- Mais ce n’est qu’un minimum que je puisse vous offrir comme récompense,
reprit la Reine sur un ton mesuré, au regard de la protection de la princesse. Alors…

Comment tourner les choses ? Il ne fallait pas qu’elle ait l’air d’avoir besoin de lui, sinon, il gagnerait encore. Et c’était hors de question. S’il voulait s’en aller, c’était quand il voulait, de toutes façons !

- Hé bien, si vous cherchez des crédits, disons… Si vous savez souvent faire preuve d’autant de témérité, monsieur Darinson, je suis à même de négocier de bons contrats. Mais bien sûr, vous avez peut-être hâte de retrouver votre liberté.

Emalia, ou comment faire croire à un homme qu’on lui offre une faveur tout en valorisant ses idéaux. Et monsieur Darinson avait tout l’air d’un oiseau casse-cou épris de liberté, la Reine en aurait mis sa main au feu. Ou alors, il jouait rudement bien son jeu. Restera, restera pas…

La souveraine feignit l’indifférence en attendant sa réponse et prit dans sa main celle de la petite fille, prête à lui dire qu’il faudrait laisser son ami se reposer. Mais avant, elle voulait avoir une certitude…
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Bien accrochée à la main de Mère, l'enfant ne comprenait plus très bien la situation.

Elle avait tout d'abord été extrêmement satisfaite de savoir qu'elle avait eu raison sur les monstres. Il n'y avait rien de mieux au monde que de savoir que l'on avait eu raison ; surtout lorsqu'on s'était beaucoup de peine pour imaginer ce qui avait pu se passer. Dotée d'une forte imagination nourrie par les dizaines d'histoires qu'elle exigeait chaque jour et qu'elle commençait à lire par elle-même, Milésya ne pouvait cependant envisager que sa réalité n'était que le pâle reflet simplifié d'une affaire complexe qu'elle avait elle-même engendrée par son imprudence ; aussi ressentit-elle un fort sentiment d'enthousiasme que la caresse du mercenaire ne fit que décupler. Entière dans ses sentiments, elle adressait encore un sourire rayonnant à son sauveur que sa nourrice interrogeait le mercenaire. Bien que peu intéressée par la réponse - la jeune princesse ondéronnienne ne comprenait pas encore bien cette nécessité qu'avait les adultes à tout savoir - elle était suffisamment grande et avisée pour saisir immédiatement la tension installée.

Levant sa tête encadrée de boucles brunes en désordre, elle alla se placer d'elle-même près des gardes. Elle avait l'habitude de ces hommes qui lui faisaient des sourires, des grimaces discrètes qui la faisait toujours rire, et des courbettes qu'elle imitait sous les regards approbatifs de ses précepteurs. Source de sécurité depuis sa naissance, ces soldats armés constituaient pour elle une barrière magique où le mal ne pouvait entrer - et encore moins le malaise.
Un peu rassurée par leur présence, elle imita maladroitement sa mère sans savoir pourquoi lorsque cette dernière se mit à rire. Le mercenaire avait un peu raison : il y avait beaucoup de monde et comme il était fort, il n'y avait pas de danger possible ! Mais Mère s'était déplacée d'elle-même, et malgré la présence de la "barrière magique", la fillette continuait à percevoir une tension de plus en plus forte. La Reine d'Ondéron s'exprimait avec le ton qu'elle avait toujours lorsqu'elle était fâchée contre sa fille, sauf que ses propos ne correspondaient pas vraiment à la réalité de ce qu'elle percevait inconsciemment. Que se passait-il ? Etait-ce important dans la politique ? Tout cela dépassait les facultés intellectuelles de la minuscule altesse, bien encore incapable de saisir des nuances aussi fines. Il ne restait qu'à se réjouir de la présence du mercenaire quelques jours au palais. Encouragée par la mine réjouie de sa génitrice, Milésya Kira en profita pour sautiller, les yeux brillants d'anticipation.

- "Oh oui ! Jack, tu vas rester avec nous ! Je vais pouvoir te montrer ma chambre. Et il y a des jardins. On va pouvoir s'amuser tous les deux, tu verras ! Je te montrerai tout ce que tu veux ! Je vous remercie, Mère !"

Vivement, l'enfant en profita pour déposer un baiser "élégant" sur le dos de la main de de sa mère la Reine, avant de se presser légèrement contre elle.

Déjà, son petit cerveau s'était focalisé sur autre chose - comment faire plaisir à Jack. Et elle imaginait tant de choses - lire, regarder avec lui les holos-films, et manger des burgers ! Ils allaient se salir, ça allait être amusant ! Drôlement amusant ! Puis une autre idée émergea de la cervelle enfantine. Jack Darinson était compétent. Ce terme semblait s'adresser aux personnes adultes qui travaillaient bien ; et plus tard, lorsque la petite fille serait Reine à son tour, elle aurait une foule de gens compétents. Ses gardes à elle, et Jack serait le meilleur. Il en serait le capitaine !

Très excitée de sa "brillante" idée, la fillette serra fortement la main de sa mère, fixa tout le monde d'un air très sérieux et s'avança d'un pas.

-"Jack pourrait devenir le capitaine de ma garde personnelle. Oui, la garde personnelle de la future reine Milésya Kira ! Mère..."

De son regard enfantin et décidé, la petite fille regarda la Reine avec des yeux candides.

- "Je voudrais des gardes à moi, Mère. Et Jack sera leur capitaine. Est-ce que vous voulez bien m'en donner ?"

Quelle merveilleuse idée ! Particulièrement fière, l'enfant bombait son torse recouvert d'une chemise de nuit infantile ; et se tenait très droite, la bouche entrouverte, un sourire naïf dessiné sur un visage encore rond.
Mère allait forcément dire oui, et Jack se révélerait très honoré. Après, elle lui offrirait quelque chose, car on offrait toujours quelque chose lorsque l'on sacrait quelqu'un dans une fonction. C'était finalement très simple. La situation redevenait limpide !
Jake Darinson
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Jack écoutait patiemment la souveraine parler. Son petit rapprochement physique dont elle s'était habillement soustraite l'avait fait sourire à pleine dents. Ha les femmes... Il n'en connaissait pas un gros rayon sur le sujet, probablement parce qu'il était trop occupé à bourlinguer dans les quatre coins de la galaxie, mais il était sûr d'une chose, les femmes, peu importe d'où elle venaient, et peu importe leur classe sociale, aimait les mauvais garçons, c'était comme ça, enfin...normalement! Souriant toujours, Jack le mercenaire, qui s'était quelques secondes plus tôt collé près d'elle, très conscient de ce qu'il faisait, écoutait toujours sa majesté. Voila à présent qu'elle le remerciait. Le jeune mercenaire se dit soudain, qu'elle ne devait pas vraiment avoir le choix et faire contre mauvaise fortune bon cœur, enfin en apparence tout du moins... Mais contre toutes attentes il n'en rajoutât pas, se contentant de laisser échapper de ses lèvres un léger: "J'ai fais ce qui me semblait juste." Pas de fioritures, après tout c'était vraiment ça, il avait lié quelques liens d'amitié avec la jeune princesse et surtout quel personne pouvait laisser une petite fille toute seule? Certainement pas lui, Jack avait son code de l'honneur bien propre. Il incluait entre autre, sauver les petites princesses et faire exploser la tête de ceux qui les kidnappaient, ça tombait plutôt bien. Puis alors qu'il l'observait toujours, droite et charismatique comme pas deux, elle lui dit qu'il pouvait profiter de son hospitalité quelques jours, ce qu'il ferait sans se faire prier! L'hospitalité d'une Reine, comment refuser tel proposition, Jack était bien loin d'être fou! Et, à pattes de velours, elle lui fit une proposition. Haha! Cela le surprit mais il ne laissât rien paraitre. Son petit numéro avait probablement amusé la galerie et prouvé qu'il était quelqu'un que l'on pouvait clairement définir comme: suicidaire. Après tout, c'était le cas... Bon, il n'était pas suicidaire au sens propre du terme, mais il avait apprit à ne pas se laisser faire, cela lui avait attiré des problèmes par le passé, et il y'avait même pas si longtemps que ça. Le mercenaire l'écoutait donc parler, sa cigarette pas encore allumée à la bouche, bras croisés et l'air naturellement nonchalant, qui lui donnait son charme habituel.

''Hé bien, si vous cherchez des crédits, disons… Si vous savez souvent faire preuve d’autant de témérité, monsieur Darinson, je suis à même de négocier de bons contrats. Mais bien sûr, vous avez peut-être hâte de retrouver votre liberté.''

Jack restât un instant sans répondre puis, se décollant finalement du mur d'un coup de hanche contre la cloison métallique:

"Si je comprends bien...Majesté... Vous avez ni plus ni moins besoin que de quelqu'un qui se salisse les main pour vous et qui nettoie votre linge sale? Vulgairement parlant il va de sois...."

Un sourire accroché aux lèvres, il la regardait, se rapprochant d'elle et de la petite Milésya qui vint visser sa petite main boudinée d'enfant dans celle de sa mère.

"Et bien j'accepte, et pour ce qui est de mon envie de liberté... voila une chose dont nous parlerons peu être une autre fois Reine...disons que pour le moment je resterais à votre disposition...ne vivant pas d'amour et d'eau fraiche, vous vous en doutez, j'ai le corps comme un champ de bataille, même si j'ai que 23 ans, mais je suis loin d'être foutu.."

Alors que la Reine, toujours aussi charismatique allait lui répondre, la petite princesse partageât à tout le monde sa joie de retrouver son ami, ce qui le fit sourire, et rire à la fois. Voila une fraicheur de sentiments qui ne le laissait pas indifférent. Après tout il aimait beaucoup cette petite, et il se voyait déjà faire quelques tours pendable avec elle, juste pour faire rager maman, bien entendu et cela il devait se l'avouer, lui procurerait le plus grand bonheur. Puis contre toute attentes, la petite fille aux cheveux bruns ébouriffés par sa courte sieste, lançât sa géniale proposition à l'assemblée, quelque peu interloquée, notre jeune mercenaire également...

"Jack pourrait devenir le capitaine de ma garde personnelle. Oui, la garde personnelle de la future reine Milésya Kira ! Mère..."

Il restât légèrement bloqué, voir même buggué, elle lui avait déjà dit cela lorsqu'elle était perdue, mais il était presque sure que c'était des paroles en l'air, des paroles de petite fille qui cherchait désespérément un quelconque soutien ou repère...Ne sachant trop quoi dire.

''C'est pas que je dises non....mais...."

Le jeune mercenaire se contentât de regarder la Souveraine d'un air interrogateur...
Emalia Kira
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L’enthousiasme de la petite fille adoucissait la scène, et, étrangement, calmait un peu les gardes non loin. C’était un pouvoir que Milésya n’aurait peut-être pas toujours, mais la Reine saurait en profiter avant qu’il ne se dissipe. Le seul hic, c’était que l’enthousiasme de la petite fille serait forcément déçu à un moment ou à un autre : ce monsieur Darinson n’avait rien d’un homme qui aimerait se prélasser longtemps dans son palais, c’était évident. Il s’envolerait du nid comme un oiseau de proie pour aller courir à la chasse aux crédits, loin du monde enfantin de la petite princesse. Sans compter qu’il ne devait sûrement pas trépigner d’envie de rencontrer une à une toutes les peluches -dont le nombre devait au moins égaler la quantité de courtisans à la Cour d’Ondéron- même si la Reine s’avouait être étonnée de l’attention qu’il portait à l’enfant. Y avait-il un cœur attendri derrière cette façade de cicatrices ? Et ce sourire, légèrement moqueur… Confuse, Emalia ne savait si elle devait se montrer charmée et risquer de paraître idiote et ou se montrer offusquée et risquer de paraître coincée. N’optant ni pour l’un ni pour l’autre, elle resta stoïque. Jouer la carte du mystère lui avait sauvé la mise bien des fois.

Mais elle ne put s’empêcher de grimacer lorsqu’il évoqua le linge sale. Son nez se froissa comme une petite fille aurait senti une odeur de chou à la place de ses bonbons préférés.

- Allons,
fit-elle avec retenue, mais elle ne trouva rien à ajouter.

Et puis, soudain, il avait accepté. Elle n’avait pas aimé qu’il sous-entende qu’elle ait de mauvaises actions à effectuer devant sa fille. Mais lui mieux que personne devait savoir que l’univers n’était pas uniquement fait de gentils projets et de câlins diplomatiques. La politique était un jeu beaucoup plus subtil, que Milésya apprendrait bien vite. Mais pour l’heure, elle était très jeune et heureusement, Emalia estimait qu’elle n’avait pas du comprendre les expressions inhabituelles qu’avait employé le mercenaire.
Elle se fit la réflexion que de toute façon, il pouvait sûrement transposer toutes ses propres phrases en versions vulgaires. Soit. L’important, c’était qu’il comprenait ce qu’elle disait, même s’ils ne parlaient pas tout à fait le même langage.

23 ans ? Voilà qui était surprenant. La Reine lui aurait donné au moins cinq ans de plus. Il fallait dire que son état ne l’avantageait pas tout à fait mais c’était aussi révélateur de la vie dure qu’il avait dû mener, loin des paillettes et murmures de sa cour. C’allait être un autre monde, pour lui, le palais d’Ondéron. Rien que de penser au décalage qu’il y aurait entre lui et le reste des courtisans, et d’imaginer les mines horrifiées de certains d’entre eux lorsqu’il s’assiérait à la grande tablée du soir avec ses mauvaises manières, la Reine ne put s’empêcher de sourire. Elle croisa le regard de Jake avant de regarder Milésya, toujours un bon prétexte à ses mines amusées –inutile de faire croire à monsieur Darinson qu’elle se moquait de lui.

Emalia soupira à la demande de sa fille, comme si c’était avec une tristesse folle qu’elle allait décevoir sa petite princesse.

- Ah, monsieur Darinson aimerait sûrement, ma petite Milésya, mais il faut une formation très spéciale pour être un garde royal. Et puis il faut… Tout un tas de beaux vêtements, de la réputation dans Iziz…


Bien sûr, cela n’allait pas faire plaisir à la petite, et la Reine anticipa la grimace que ferait sûrement l’enfant. Mais au moins, elle avait sauvé la mise à Jake qui ne savait que répondre.

- Mais !
fit-elle soudain en levant un doigt enthousiaste pour empêcher la jeune princesse de rester sur une note triste, je suis certaine que monsieur Darinson veillera sur les méchants qui pourraient s’infiltrer au palais le temps de son séjour. Un garde royal secret, c’est encore mieux, car personne ne se méfiera de lui !

En se baissant pour embrasser sa petite fille sur le front, Emalia adressa un discret clin d’œil au mercenaire : ce rôle n’était pas sérieux, c’était seulement pour amuser l’enfant et la faire rêver un peu –elle en avait bien besoin. Mais c’était peut-être aussi s’enquérir discrètement de la complicité qu’ils pouvaient partager… Lui et l’enfant, ou lui et la Reine ?


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L'enfant se tortilla un peu sur place. Bien au chaud dans ses pantoufles roses et dans sa robe de nuit à la mièvrerie infantile, la main serrée dans celle de sa mère si chérie, entourée de gardes familiers et de son tout nouvel ami, elle se sentait fortement en sécurité et en confiance. Elle n'avait pas vraiment conscience de la scène atypique qu'elle avait bien involontairement provoquée en se perdant ainsi dans les rues de Corellia, et, finalement, il lui semblait tout naturel que Jack et sa mère deviennent amis. Même si elle n'avait jamais vu personne parler comme Jack à la maison, sur Ondéron ! Mère, bien sur, était bien plus jolie que Jake - mais lui semblait si gentil et parlait d'une si drôle de façon, que la petite ne pouvait concevoir que ce n'était pas par jeu. A moins que ce ne soit du code secret... auquel cas, elle voulait être dans la confidence, elle aussi. Après tout, elle était l'héritière du trône, elle avait le droit de savoir ! Même, elle ne dirait rien de rien. Sauf peut-être à sa peluche préférée... ou à ses nourrices. Mais ces dernières ne comptaient pas vraiment, pour les secrets !

Enfin... pour le moment, les phrases codées n'étaient pas très importantes, décida t-elle dans sa petite cervelle déconcentrée. Ce qui comptait vraiment, c'était de mettre ses pri-o-ri-tés, dixit le plus sérieux de ses précepteurs. Et sa priorité était bien sur ledit Jake, que Mère venait de lui refuser comme capitaine de ses gardes. Oh, oh, ce n'était pas juste ! L'injustice de la décision prit soudain la fillette gâtée à la gorge, dont le visage se décomposa nettement, comme si elle allait se mettre à pleurer. Des beaux vêtements ? D'accord, Jake n'avait pas des beaux vêtements, mais elle demanderait à ses nourrice, et on lui donnerait... et puis, et puis, la réputation ? Cela non plus, ce n'était pas très grave. Parce que le peuple et les courtisans, eh bien, ils devaient obéir sans discuter aux ordres de la Reine ! C'était ainsi, et pas autrement. Pas autrement, et non ! Et l'enfant, trop jeune pour ne pas être réellement naïve, allait prendre la parole d'une voix un peu geignarde - le manque de sommeil n'arrangeant pas son humeur parfois lunatique, lorsque la Reine reprit la parole.

Et sa mauvaise humeur s'envola comme par magie.

Un garde royal secret ?! L'idée rocambolesque parut parfaitement logique à la petite fille, qui savait déjà que sa mère avait ses propres espions. Son petit visage encadré de boucles brunes rosit, et malgré sa grande envie de paraitre aussi digne que la Reine, Milésya s'exclama d'une voix rendue aigüe par l'enthousiasme perdu et aussitôt retrouvé :

- "Oh, mère, oui ! Oui, ce sera le garde secret de Milésya, et ... et... personne ne se méfiera de lui. Et je le paierai sur ma cassette, chère mère. Mon garde, à moi toute seule !"

Ses yeux sombres tombèrent sur les gardes, qui lui rendirent son sourire éclatant et franc avec un attendrissement certain. Et une réflexion s'infiltra dans ses pensées encore un peu éclatées par la joie vivace qu'elle éprouvait si fortement, à l'instar de toutes ses autres émotions : si Jake était son garde secret, alors il fallait prévenir les gardes de ne rien dire, eux aussi. Sinon, mère devrait les mettre au cachot !
Quittant alors la main de la Reine d'Ondéron, elle s'avança d'un pas résolu vers les gardes qui se penchèrent légèrement pour l'écouter, tout en essayant de garder une mine des plus sérieuses :

- "Messieurs, Jake est mon capitaine secret. Il ne faut rien dire. C'est le secret-défense, alors si vous parlez... je vous mettrai en prison."

Elle les menaça du doigt en l'agitant, pour bien montrer qu'elle était sérieuse, puis, d'une sautillement surexcité, s'approcha du jeune mercenaire balafré, pour déclamer d'une voix dont la gravité et la jeunesse mêlée donnait un mélange à la vérité très comique :

- "Jake, tu es maintenant mon capitaine de la garde secret. Tu dois me jurer fidélité et honneur. Enfin, loyauté. Les Dieux sont témoins que tu ne devras pas te parjurer, où ma vengeance sera terrible !"

Très droite et décidée, elle attendait désormais sa réponse. Et si d'aucuns pouvaient penser qu'elle était en plein jeu, ils n'étaient pas forcément loin du compte. Mais qui pouvait dire où s'arrêtait le jeu et où commençait la réalité pour une enfant de cinq ans ? Personne, et encore moins l'intéressée elle-même... Surtout lorsque cette dernière était une vraie princesse.
Jake Darinson
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La jeune reine commençait à donner des explications ou plutôt des excuses à Milésya. Avoir une formation très spéciale? Des habits de luxe? De la réputation? Jake fronçât les sourcils, manifestement le jeune homme trouvait ces propos un brin réducteur. Il n'avait pas de formations soit, mais le mercenaire était convaincu qu'il pourrait battre n'importe quel gardes du corps de la reine à plat de couture. Des habits propres? Nan sans déconner? Il était évident qu'il affectionnait plus que tout au monde de se promener dans la rue en ayant l'air d'un clodo. Qu'on lui donne de l'argent il changerait sa garde robe sans aucuns soucis, un beau costard noir et une cravate également noire, assortit à une paire de lunette? Il n'avait rien contre ça, et puis, c'était la classe. Pour ce qui était de la réputation, il en avait une, pas très bonne d'ailleurs, mais qu'importe? Jake se disait souvent qu'il valait mieux être précédé de sa réputation. Quand les gens avaient peur de lui, le mercenaire de son coté avait toujours une longueur d'avance sur eux. Les bras croisés, biceps et muscles des avants bras saillants, Jake écoutait, patient, un sourire d'apparat coincé sur le visage, ses lèvres toujours refermées sur sa cigarette pas encore allumée.
Ayant cessé d'écouter la reine, Jake se contentait de l'observer de ses yeux émeraude. Il observait ses manières, ses mains avec ses ongles finement manucurés, sa coiffure si parfaite, ne dépassant en rien sur sa nuque nue d'une couleur pale, divinement nacrée. Il se surprit à imaginer la royale poitrine sous ses habits, un sourire illuminant le coin de sa bouche. Le mercenaire en arrivât à une conclusion inéluctable, elle était physiquement parfaite, du moins pour ses critères bien à lui. Pour résumer sa beauté, Jake se dit simplement que c'était normal, que c'était une reine.
Mais la perfection n'existait cependant pas dans l'esprit du jeune homme, tout ça ne devait être qu'apparence, comme toujours chez sa majestés. Et puis cette façon qu'elle avait de relever le menton sans arrêt, grand dieux que ça l'énervait, cela l'énervait à un tel point qu'il adorait ça, putain, quel femme. Jake aurait bien passé l'éternité empalé sur un tisonnier, comme une vulgaire brochette humaine au dessus du feu de l'enfer pour passer ne serait, que cinq minutes avec elle. Enfin... cinq minutes, non fallait pas déconner... Au moins une heure, là ça serait un bon deal.
Son sourire s'agrandît alors qu'il la matait toujours, même si elle ne disait rien, impossible que cela échappe à la souveraine vision.

La reine parlait à sa jeune princesse, lui expliquant habilement que Jake resterait un peu, l'art sacré de faire croire des choses aux enfants, appuyé par un léger clin d’œil au mercenaire. Un clin d’œil qui voulait un peu dire: "Ce sera notre secret, entre vous et moi jeune homme.."
Son sempiternel sourire au lèvre Jake répondit en en renvoyant également un à la reine d'Ondéron.

Puis la petite fille ayant manifestement digéré les paroles de sa Reine de mère explosât littéralement de joie, ce qui eu pour effet de faire sourire le jeune homme dont les lèvres laissèrent échapper un léger rire. Quel petite incroyable, Jake se demandait si tout les enfants étaient comme elle ? Si c’était le cas, il serait presque prêt à en avoir un jour, enfin si toutefois il vivait assez vieux pour, ce qui n’était vraiment pas garantit, au moins il était honnête avec lui même...Mais pour l'heure, il était bien loin de cette préoccupation procréatrice.Ceci étant, la phrase de la petite princesse tournait dans la tête du mercenaire, qui ne savait toujours pas quoi répondre, cependant, la dernière phrase de la petite ressemblait presque à une cérémonie officielle:

"Jake, tu es maintenant mon capitaine de la garde secret. Tu dois me jurer fidélité et honneur. Enfin, loyauté. Les Dieux sont témoins que tu ne devras pas te parjurer, où ma vengeance sera terrible !"
Le jeune Jake enlevât la cigarette d'entre ses lèvres et avançât d'un pas presque solennel. Se penchant lentement en avant au dessus de la petite fille, le regarde émeraude chaud et intense, pas de doutes, cela devait l'impressionner. Puis il plaçât son poing fermé contre son cœur et prononçât ces quelques mots :

''En tant que capitaine de la garde secret, je vous jure fidélité, honneur et loyauté !''


Sa main quittât lentement son torse et vint caresser la chevelure ébouriffée de la jeune princesse encore quelque peu endormie. Même s'il avait dit cela un petit sourire accroché au visage, il tiendrait sa parole. Jake l'avait sauvé une fois, et il serait prêt à le faire autant de fois que nécessaire. Même si il savait qu'on tenterait de le manipuler grâce à se qu'il pouvait ressentait pour cette petite, le mercenaire était sur d'une chose, un jour il reviendrait, et il tiendrait cette promesse. La promesse qu'une enfant, une petite princesse lui avait demandé un jour. Relevant ses yeux émeraude vers la mère de Milésya, Jake sourit une fois de plus :

''Et bien voilà une affaire de réglé majesté. Validez vous ma dette d'honneur ? Et par pitié ne m'appelez plus monsieur Darinson, j'ai presque l'impression d'être quelqu'un d'important... appelez moi Jake, ça me va très bien comme ça... ''

Jake Darinson le jeune fugitif, tueur, méchant garçon, ne l’était peut être pas autant qu'il voulait le laisser croire.







Emalia Kira
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La crise avait été évitée de justesse, se dit la Reine. Elle ne s’inquiétait pas le moins du monde de voir sa fille si capricieuse. Elle se souvenait parfaitement de sa propre enfance –et d’à quel point elle avait pu être une véritable terreur, par moments. C’était le comportement normal d’un enfant au sang chaud pour elle, et cela montrait bien toute la vigueur qu’aurait sa princesse à diriger la planète. Prometteuse, cette petite. Elle savait obtenir ce qu’elle désirait. Même si ce n’était pas toujours très reluisant…

… Comme ce mercenaire. Non pas qu’il ne fut pas séduisant –ses muscles témoignaient de sa force physique et les cicatrices donnaient un caractère évident à son visage qui sans elle, aurait été commun- mais il n’avait pas la classe que l’on prêtait à une garde royale. En réalité, il fallait bien l’avouer, les gardes royaux étaient bons pour la parade et parfois pour la stratégie, mais ce n’étaient pas non plus des gros durs à cuire. Ils étaient là autant pour embellir la royauté que pour dissuader vaguement une attaque à l’encontre de la famille royale d’Ondéron. Alors, du coup, ils n’apprenaient pas grand-chose tous les jours… Monsieur Darinson, lui, devait en avoir vu de toutes les couleurs. Il devait être efficace, mais jamais on ne comprendrait qu’il fasse partie de son entourage.
La Reine rencontra le regard de l’homme au terme de ces réflexions. Il arborait un sourire large, un peu trop franc à son goût, et elle se sentit brusquement mal à l’aise. Qu’avait-il en tête pour lui faire ce genre de grimaces odieuses ? Il voulait son holo ou bien ? Mais elle n’eut pas à se poser la question plus longtemps, car la petite princesse passait à l’instant au plus sérieux de sa cérémonie : le garde royal secret devait prêter serment.

Emalia passa ses doigts dans les boucles un peu emmêlés de Milésya en écoutant tendrement ses projets secrets, et ne put s’empêcher de pouffer lorsqu’elle constata que le mercenaire se prêtait au jeu avec un sérieux qui rendait la scène rocambolesque. Les gardes aussi s’étaient montrés sérieux, mais c’était surtout qu’ils n’osaient pas rire devant leur sévère souveraine. Ils restèrent silencieux –comme presque toujours, en réalité.

La Reine eut un soupir agréable devant le contentement de sa petite fille, avant d’être prise de court par la demande du mercenaire. Ne plus l’appeler Monsieur Darinson, mais Jake ? Mais enfin, ils n’étaient pas intimes ! Que répondre ? Ah voilà ce qui l’agaçait chez ce bonhomme, il n’avait aucun respect pour les mœurs du type « comment se comporter avec une Reine » et il la mettait de ce fait dans des situations face auxquelles elle ne savait comment réagir –elle qui avait toujours réponse à tout dans les dîners mondains ! Se faire systématiquement désaçornner comme cela était fort désagréable ! D’un côté elle n’avait pas envie d’être désagréable avec lui, d’un autre elle devait garder une certaine distance royale même devant sa fille et ses gardes.

- Hum,
toussota-t-elle tandis que ses yeux cherchèrent un instant une prise intéressante autour du mercenaire. Hé bien, oui, voilà, je valide votre dette d’honneur.

Oh, et puis zut, il la faisait se sentir ridicule. C’était insolent.

Elle planta de nouveau ses yeux dans les siens sans sourire, un peu comme pour dire « ah mais non, je ne me laisse pas avoir comme ça, moi, pas du tout ». Puis la Reine reprit sa fille par la main en se penchant avec dignité –mais pas trop, quand même, sinon il aurait eu une vue un peu trop plongeante sur son décolleté- et se redressa ensuite de tout son but et visage.

- Bien, Milésya a besoin de sommeil pour rester une princesse d’honneur, elle aussi,
déclara-t-elle avec un sérieux un peu trop surjoué pour être naturel. Nous allons vous laisser tranquille, maintenant, en espérant que vous pourrez vous reposer un peu, et nous aussi. Dis au revoir, ma chérie.

Les gardes s’écartèrent respectueusement en comprenant qu’il faudrait laisser passer la mère et l’enfant dès lors que les au revoir seraient dits. Les deux Ondéronniennes quittèrent la chambre spartiate du mercenaire et la Reine sentit qu’elle devait peut-être elle aussi conclure leur conversation.

- Nous nous reverrons au palais,
se laissa-t-elle dire d’une voix un peu moins impérieuse que d’ordinaire, comme par lassitude. Merci pour votre aide…

Et elle se retourna dans un froissement feutré de tissus soyeux.

- … Monsieur Jake.



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