Dantooine. Une planète agricole, si insignifiante désormais. Il était difficile d'imaginer qu'elle avait été le théâtre d'évènements qui avaient façonnés la galaxie. Que les ruines qui la jonchaient avaient été une enclave Jedi au sein de laquelle des légendes comme Bastila Shan avaient été formées. Que l'empire Sith avait porté un coup presque fatal à l'ordre. Mais c'était il y a bien longtemps, une époque presque oubliée, effacée par la prospérité répugnante de la république et de ses laquais. Mais ce n'était pas pour son histoire que la planète avait attiré Darth Shakaxhi. Non, ce qui l'intéressait était d'ordre bien plus pratique. Il y avait une grotte regorgeant de cristaux de toutes sortes, des cristaux dont il avait besoin pour terminer l'un de ses projets, le plus urgent d'entre eux à ses yeux. Il était arrivé plus tôt dans la matinée, accompagné uniquement du droïde pilote qui ne quittait jamais le vaisseau de son ancien maître.

Trouver la grotte fut facile. C'était un lieu dans lequel la Force était puissante, le genre d'endroit vers lesquels le zélosien était sans cesse attiré depuis qu'il était devenu l'agent du chaos qu'il était désormais. Cette caverne était faite de tunnels étranges, sombres et humides, infestés de créatures dont Shakaxhi ignorait le nom, mais suffisamment agressives pour qu'il s'en méfie, préférant les tuer sans prendre de risque à l'aide de ses sabres. Au début la chose fut aisée, il parvenait à surprendre les bêtes une par une. Mais rapidement, en s'enfonçant dans les ténèbres de la caverne, elles se firent plus nombreuses, plus organisées aussi. Le combat devenait intense, risqué également. Il s'en rendit compte en usant de la force pour dévier le dard d'une des bêtes et le faire se planter dans une autre. La créature ainsi blessée se mit alors à s'affaiblir progressivement.

"Du poison... hahahahahAHAHAHAHAHAH"

Son rire faisait presque trembler les murs, et les insectes démesurés commencèrent à se faire moins insistants, certains fuyant même dans les méandres de la grotte. Mais cette fuite n'était pas provoquée par la Force, elle résultait d'un facteur bien plus simple, primaire, l'instinct de survie. Un instinct déclenché autant par le rire du dément que par ses mouvements erratiques et rendus mortels par les deux sabres laser qu'il maniait. En tout et pour tout, il lui fallut une demi-heure pour arriver enfin dans la cavité renfermant les cristaux. Il y en avait des dizaines, partout, sur les parois, dépassant du sol, du plafond. C'était un endroit magnifique, et dans lequel la Force semblait omniprésente. Darth Shakaxhi y passa plus d'une heure, laissant ses mains trainer sur la roche qui l'entourait, laissant son esprit effleurer les cristaux et la façon unique dont la Force agissait sûr chacun d'entre eux. C'était presque une sorte de rituel, d'échange quasi charnel. Il restait silencieux comme il l'était rarement, s'abandonnant aux sensations que lui procurait cet endroit, et y laissant, peut-être, un peu de son empreinte. Mais il ne faisait pas que contempler, non, c'était autre chose, comme si par le biais de cet étrange comportement, il laissait les cristaux le choisir, déterminer lequel d'entre eux lui serait le plus lié. Ce fut comme si la Force elle même lui faisait activer son sabre à lame violette, comme si elle guidait son bras alors qu'il enfonçait le faisceau lumineux dans la roche, la découpant avec une précision remarquable, jusqu'à ce que le cristal s'en détache et qu'il le fasse flotter jusqu'à sa main libre. La pierre était d'un vert presque aussi sombre que celui des yeux du Sith, de ses cheveux aussi. Et en son cœur le zélosien distingua des stries noires, comme si la couleur avait refusé de s'imprimer totalement, ou que le côté obscur avait commencé à l'envahir. C'était un spécimen magnifique, du moins pour le seigneur fou, la dernière pièce à son chef d'œuvre. Il avait passé l'année entière à procrastiner quant à la construction de son arme, repoussant sans cesse l'acquisition de la dernière pièce. C'était étrange d'ailleurs d'avoir tant fait trainer les choses pour lui qui n'était d'ordinaire pas porté sur la procrastination.

Bref, le chemin de retour fut bien moins agité, le Sith ne croisant plus que les cadavres des créatures qu'il avait déjà massacré. Comme si elles n'avaient été qu'une épreuve sur le chemin le menant à son nouveau cristal. La journée était, jusque là du moins, plus que satisfaisante. Et bientôt elle s'améliorerait encore. Il lui avait fallut sortir à l'air libre pour le sentir. C'était quelque chose de léger, de bien trop régulier dans la Force. Une empreinte que seul un Jedi pouvait propager. Oui, l'un de ses anciens frères était ici, seul. Ainsi il pourrait s'amuser, que ce soit dans les mots ou les actes. Mais encore fallait-il le trouver...

Il écoutait. Debout, les yeux fermés, devant l'entrée de la grotte, Darth Shakaxhi écoutait. Il ne cherchait aucun son, non, il écoutait la Force. Cette amie à qui parfois la folie donnait une voix immatérielle, imperceptible, mais dont lui comprenait les mots imprononcés. Et ce qu'elle disait lui plaisait. Elle lui rappelait sa contemplation quasi-mystique dans la caverne, et cet instant, juste avant que le cristal ne le choisisse, où sans qu'il ne s'en aperçoive, la même présence l'avait effleuré. Mais alors ce n'était pas lui qui l'avait sentit, mais bien l'autre qui était venu à lui. Le Jedi, car c'était un Jedi, savait que le zélosien était sur Dantooine. Et si il n'avait pas fuit c'était donc qu'il l'attendait, là quelque part. Non, pas quelque part, à l'ancienne enclave Jedi.

"Et forcément je suis à pied... Note pour plus tard : récupérer un airspeeder dans les prises de mes petits gars."

Ses petits gars c'étaient le clan de pirate qu'il avait asservit quelques semaines plus tôt. Déjà, de 4 vaisseaux, la flotte était passé à une dizaine. C'étaient, pour le moment, principalement des petits chasseurs, mais à ce rythme il pourrait bientôt les mener à l'assaut d'un vaisseau de la république, ou mieux encore, d'une société privée. Cette dernière solution était la moins ambitieuse, mais la plus sûre, et ça, malgré sa témérité apparente, Shakaxhi en était conscient.

Mais là n'est pas le sujet du jour. Le zélosien traversait les plaines de Dantooine d'un pas vif, suivant ce fil invisible que la Force tendait entre le Jedi et lui. Cette rencontre allait avoir lieu, c'était une certitude, la Force le voulait, tout comme le Sith. Il courait d'ailleurs plus qu'il ne marchait, laissant les rayons du soleil de la planète faire son œuvre sur lui, le revigorant, effaçant la fatigue accumulée par le voyage et le combat dans la grotte. C'était là un des avantages de sa race, la photosynthèse. Le soleil était sa principale source d'énergie. Le soucis était qu'il s'en privait la plupart du temps, affaiblissant ainsi son corps. Si il s'était installé sur Dantooine plutôt que Korriban, ses bras auraient eut la puissance que sa carrure laissait supposer, et son corps supporterait bien mieux la fatigue et les blessures. Mais il s'en moquait au fond, la puissance physique ne comptait pas quand on avait la Force avec soit, et puis il n'avait jamais rien perdu de son agilité, et c'était bien là ce qui importait.

Enfin il était devant l'enclave. Il était indéniable que cet endroit avait dut être majestueux avant sa destruction. Un véritable havre de paix et de connaissances. Mais c'était il y a fort longtemps, avant que le chaos ne fasse valoir ses droits.

Entrer ne fut pas bien difficile, après tout dégager une entrée était un jeu d'enfant pour un seigneur Sith. Ainsi Darth Shakaxhi était désormais dans ce qui avait été la coure de l'enclave, faisant face à un arbre imposant, qui donnait envie de le détruire, ne serait-ce que pour briser ce qu'il représentait, la survivance de l'ordre Jedi. Mais il pourrait le faire plus tard. La seule envie qui comptait, la seule question qui importait, c'était...

"Jediiii. Petitpetitpetit... où es-tuuuu ? Papa est rentré à la maison."

Quelle déception. Après ses dernières rencontre avec les Jedi, Darth Shakaxhi s'était attendu à jouer à cache-cache. Il s'était fait à cette idée, s'était même préparé à en ressentir un certain plaisir. Mais celui-là n'était pas comme ceux de Coruscant. Il était d'un calme surprenant, redoutable. Il n'avait pas cherché à fuir, loin de là. Dès les mots du zélosien prononcé il avait fait son apparition, comme tombant du ciel comme seuls les utilisateurs de la Force savaient le faire. Et il était là, impassible face au seigneur Sith, l'interrogeant même d'emblée, s'adressant à lui sans mots, mais effleurant la surface de son esprit dérangé. La démarche était amusante, l'individu tout entier l'était, provoquant chez l'étrange personnage obscur un sourire malsain.

"Seigneur fou ? Quelqu'un t'aurait donc parlé de moi Jedi ? Qui est donc le vilain petit cafteur ? Bah, ça n'a aucune importance."

D'un geste il dégagea légèrement le pan droit de sa bure, révélant la poignée de l'un de ses sabre, celui à lame violette, celui qui le suivait depuis bien avant sa renaissance. Et tout en faisant cela il avança de trois petits pas vers son futur adversaire, car il ne faisait nul doute que ces deux là allaient s'affronter.

"Ce que je fais ici hein ? Mais je fais preuve de politesse voyons. J'ai sentit la présence d'un illustre Jedi, il était tout naturel que je vienne lui présenter mes respects n'est-ce pas ? Huhuhuhihihouuuu."

Shakaxhi posa alors son regard sur la main du Jedi, celle qui se tenait prête à dégainer son arme. Ce garçon n'était pas un guerrier, pas un comme le zélosien l'était, cela se voyait. Mais à sa manière il l'était plus que la plupart des autres Jedi. Il avait un cœur de combattant, de chevalier dans le sens le plus noble du terme. Il n'y avait pas encore eut de passe d'arme entre eux, et pourtant le Sith respectait se Jedi déjà bien plus que ceux qu'il avait déjà défait par le passé, même ceux qui avaient faillit le battre.

"Mais si je suis poli toi tu ne l'ai pas vraiment. Ce sont de bien vilains mots que tu me dis là. Putride et sombre. Moi qui je suis que joie et couleurs, moi qui suis si plein de vie. Vraiment, ça me blesse. Je crois qu'il va falloir que je te rende la pareille maintenant."

Et ce disant il posa à son tour la main sur la poignée de son sabre, imitant à la perfection la position du Jedi, jusqu'à la sévérité de son regard. Il n'y avait toujours que ses lèvres qui différaient, tordues en ce sourire dément qui semblait ne demander qu'à se transformer en un rire qui ne le serait certainement pas moins.

"La tension est à son comble, les deux adversaires s'observent, recherchant une faille chez l'autre. Mais notre ami Jedi aura-t-il le cran de saisir sa chance et d'attaquer le Sith avant que celui-ci ne le prive de tout espoir de victoire ? Mesdames et messieurs, le suspens est au plus haut. Mais...que se passe-t-il ? Le Sith raille son adversaire ? N'aurait-il donc peur de rien ?'

Et enfin il éclata de rire, comme si tout ceci n'était qu'une vaste plaisanterie, un rire qui faisait désormais trembler plus d'un Jedi, un rire qui s'accrochait à l'esprit comme les réminiscences d'un cauchemar d'enfance. Oui, c'était le croquemitaine, le grand méchant loup, la vieille sorcière, la méchante belle mère. C'était le mal qui rodait dans les contes pour enfant, mais à la différence des contes, il semblait ne pas pouvoir y avoir de fin heureuse avec ce vilain là.

Le Sith observait et écoutait le Jedi avec attention, intensité même. Ce garçon dégageait quelque chose d'étrange, de rare. Plus qu'un Jedi il semblait être l'incarnation de ce qu'ils devaient être. Droit, juste, certainement bon. En résumé, dans l'erreur. Et ces mots qu'il prononçait par l'esprit, qu'il pensait être si juste. Il devait être de ceux qui pensent que tout les Sith se valent, que tous sont motivés par les même rêves de gloire et de puissance. C'était un trait récurent chez les Jedi, une chose dont s'amusait Darth Shakaxhi. Cet homme si plein de certitudes et qui pensait avoir compris l'ampleur de ce qu'était le zélosien sans en avoir ne serait-ce qu'effleuré la surface, le briser serait un plaisir, un cadeau que faisait la Force au seigneur fou.

"Je sais que malgré tes croyances seuls quelques rares élus deviennent illustres, et que la majorité dont tu fais partie sombre dans l'oublie, et cela chez les Jedi comme chez les Sith. Par chance je ne suis ni l'un ni l'autre, et un peu des deux à la fois. Je suis au dessus de tout cela, au dessus de la gloire, des idéaux dérisoires. Mais tu t'en doutes au fond de toi, tu le ressens jusque dans tes entrailles même si ton esprit veut te convaincre du contraire. Je suis quelque chose que tu n'a jamais affronté, que tu ne peux pas surmonter."

Lorsque l'humain sortit son arme, déploya sa lame, Shakaxhi lui ne bougea pas d'un pouce, plein d'une confiance qui le perdrait peut-être, à moins qu'elle soit justifiée. Mais il s'avança un peu plus encore, n'était plus séparer du Jedi que par la longueur de sa lame, et quelques centimètres supplémentaires, juste avant que celui-ci ne lui ordonne d'abandonner.

"HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHouuuuuuuu."

Son éclat de rire fut immédiat, spontané et sincère. En un instant les larmes lui étaient montées aux yeux. Son hilarité lui avait fait quitté sa position de combat, s'appuyant des deux mains sur ses genoux pour ne pas s'effondrer en riant.

"houuuuu...tant de...hihihiiiiii...houuu une...huhu...seconde."

Dit-il en levant le doigt pour signifier au Jedi de faire une pause. Il prit quelques grandes inspirations, se redressant enfin.

"Toi tu es impayable... Pour la peine je t'accorde une faveur. Je ne sortirais mon sabre qu'après ton premier coup. Profites en, c'est pas le genre de cadeau que je fais souvent."

Et, droit comme un i, les mains sur les hanches, il attendit patiemment que le chevalier Jedi attaque enfin.

"Quoi ? Tu... c'est pas drôle..."

Le Jedi venait de ranger son sabre, délaissant le combat, retirant au seigneur fou l'occasion de s'amuser un peu. C'était injuste, déplacé. Pareille attitude était inacceptable, complétement déplacée. Où était donc passée la bonne vieille rivalité entre les Jedi et les Sith ? Et l'honneur du combat ? N'y avait-il donc plus rien de sacré pour dans cette galaxie ? Déjà sur Coruscant, ils s'y étaient mit à trois contre lui, délaissant toute notion d'honneur et de justice. Et là, celui-ci fuyait le combat sous couvert de fierté. Ah moins que... Oui, il s'arrêtait. Darth Shakaxhi ne se retourna pas pour lui faire face, laissant son adversaire peser le pour et le contre, et lancer, comme il le lui avait promit, le premier assaut. Mais le zélosien fut surpris. Il s'était attendu à un coup de sabre, mais il n'en fut rien. À la place il sentit l'humain concentrer la Force, et échouer. Ce qui aurait dût être une vague de Force ne fut qu'un léger souffle dans son dos. Un souffle qui le fit se retourner enfin pour faire face à son adversaire.

"C'est tout ? Tout ce manège pour ça ?"

Il sortit alors son arme, déployant, d'une pression du pouce, la lame de lumière violette. Il n'avait étrangement aucune garde, se contentant de tenir son arme le long de son corps, la pointe vers le sol, légèrement inclinée sur le côté. Il faisait légèrement tourner la poignée dans sa main, un coup à gauche, un coup à droite, observant la lumière vive de l'arme.

"Il serait bon à partir de maintenant que tu me vouvoie. Après tout c'est la coutume lorsque l'on s'adresse à quelqu'un de supérieur non ?"

Et sans ajouter un mot il commença sa danse, remuant souplement le poignet droit pour faire tournoyer le sabre laser avant de le lâcher dans son dos, faisant un rapide mouvement de pivot pour le récupérer de la main gauche et finir son tour sur lui même en frappant le Jedi d'un mouvement horizontal, au niveau des épaules. Et au moment de l'impacte, de la lame contre, et bien ce qu'elle rencontrerait, il déploya la Force également, faisant en sorte que le choc provoque la chute du Jedi à l'aide de la télékinésie. L'assaut fit sans appel. Et Shakaxhi éclata à nouveau d'un rire dément.

"Houuuuhouuu... ça doit faire mal ça... J'aimerais pas être à ta place petit."

Et sans raison, aucune, il se mit à sautiller sur place, comme un enfant excité devant un cadeau d'anniversaire qu'il aurait attendu depuis toujours. Le combat était maintenant entamé, et le seigneur fou comptait bien en profiter.

Décidément voir un Jedi s'écrouler à ses pieds était un spectacle dont il ne se lassait jamais. Oh bien sûr la même chose avec le commun des mortels l'amusait, mais un Jedi c'était une saveur particulière. Ces gens là étaient considérés comme des héros, ou du moins ils l'avaient été. Leur situation était plus précaire désormais, mais ils sauraient se remettre sur pied, ils l'avaient toujours sut. C'était un des traits des Jedi, le ténacité, la survivance. Mais en ce jour cela importait peu, et déjà celui-ci se relevait pour défier le seigneur Sith d'un regard qui plut beaucoup à ce dernier. C'était les yeux d'un véritable combattant qui le fixaient, brulants d'une détermination renouvelée et annonciatrice de merveilleux moments. Il en vint même à parler à voix haute pour la première fois, comme un ultime défi lancé au mal qui le menaçait.

"Ouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiiiiiii. Enfin ! C'est bien mieux. Du défi, de la détermination, de la fermeté. Ça c'est un Jedi !"

Il s'arrêta alors de sautiller, faisant repasser rapidement son sabre dans la main droite, avec sur les lèvres un sourire en coin, bien moins malsain que précédemment. Il jubilait, mais cette jubilation propre aux guerriers par nature, ceux qui se nourrissaient de combats, grandissaient à travers eux. Oui, il était de ceux-là, tout comme il était de ceux qui se plongent à cœur perdu dans la Force.

"Donc, première leçon donnée, tu n'es rien. Pas plus influant qu'un insecte entre les mains perverses d'un enfant capricieux."

Il marqua une pause, observant la position défensive de son adversaire, la façon dont la Force se compactait autour de lui pour le protéger des coups.

"Deuxième leçon, la Force ne te sert pas, elle ne sert personne. Elle se contente de venir parfois en aide à ceux qui la servent le mieux. Et celui entre tous qui la sert le mieux, c'est moi."

Il n'eut pas un mouvement, pas même un muscle qui se contracte, simplement son esprit se liant à la Force, et se resserrant peu à peu sur la gorge du Jedi. Du moins c'était ce qu'il désirait, restait à savoir si la Force l'appuierait, accomplirait cet acte pour lui.

Il résistait ? Vraiment ? Lorsque Shakaxhi sentit le jedi déjouer son action sur la Force il ne put retenir un léger râle de frustration. La concentration n'avait jamais été son fort, et utiliser ce type de pouvoir en nécessitait énormément. Mais il ne commettrait pas deux fois la même erreur. Un jour il lui faudrait compenser ce handicap, apprendre à se focaliser sur ses objectifs plutôt que de toujours se dissiper. Oui, il travaillerait là-dessus, mais plus tard. Pour le moment il avait toujours une leçon à donner à ce Jedi, ce jedi qui prenait ses aises un peu trop rapidement. Il en venait même à titiller le seigneur fou, clamant être le meilleur disciple de la Force, prétendant même reconnaître en lui l'un de ses ancien frères Jedi. Mais le zélosien n'eut guère le temps de répondre aux questions de l'humain, celui-ci n'attendant pas une seconde de plus avant de monter à l'assaut.

Le mouvement effectué appartenait à la forme de combat Jedi la plus impressionnante, du moins visuellement, le Ataru. Ce garçon était un bon bretteur, il savait quand utiliser quelle forme, il savait comment effectuer les mouvements avec grâce et précision. Mais Darth Shakaxhi était un maitre dans l'art du maniement du sabre laser, certains l'avaient même appeler un génie dans ce domaine. Cette forme il en connaissait les forces, mais aussi les failles. Il y avait trois manières de défaire ce coup avec certitude. La première était de bloquer le corps de l'assaillant grâce à la télékinésie. La seconde de simplement le frapper durant son saut. Et la troisième... Et bien celle là n'appartenait qu'aux esprits les plus dérangés, qu'à lui en somme. Comme l'image d 'un miroir il reproduisit le même mouvement que son adversaire, dans le but que leurs lames se rencontrent à mi-chemin.

Le mouvement fut presque parfait, et seul le retard, dut au temps de réaction du zélosien, permit à la lame du Jedi de lui effleurer la joue, y laissant une fine ligne brulée. De nouveau ils étaient face à face, le Sith souriant toujours, passant son pouce gauche sur la fine blessure qu'il venait de recevoir.

"Pas mal... mais tu n'as pas écouté. Je ne suis pas plus Jedi qui Sith, pas plus bon que mauvais. Je suis comme la Force, un chaos sans chaînes qui s'agrandit toujours."

Et à peine eut-il finit sa phrase qu'il attaqua de nouveau, faisant tourner son sabre une fois avant de lancer un assaut avec la pointe, visant clairement le poignet droit de l'adversaire. Il ne cherchait pas à le tuer, ça se voyait, mais bel et bien à le mettre hors d'état de combattre, pour pouvoir s'entretenir avec lui, envahir son esprit pour y semer la première graine de la folie.

En voyant son adversaire poser un genou à terre Darth Shakaxhi ne put retenir ce rire malsain, naviguant entre le rire hystérique de la folie et celui si innocent de l'enfance. Car c'était un peu ce qui était désormais, un grand enfant dont le terrain de jeux était la galaxie tout entière, et dont les jeux étaient faits de manipulation, de sang et d'explosion. C'était peut-être ça le plus dérangeant chez le zélosien. Il était certes imprégné du côté obscur, mais les vagues d'émotions qu'il dégageait n'avaient rien à voir avec celles des autres Sith. Il ne ressentait pas de haine, il n'était pas animé par la cupidité, parfois il ressentait de la colère, certes, mais pas en cet instant. Il n'était que joie, amusement, plaisir. Si les émotions avaient été des couleurs, il aurait été un tableau composé d'explosion de couleurs vives, l'œuvre d'un enfant.
Et ce rire, ce rire entêtant, oppressant même, qui semblait emplir l'air comme un nuage épais, presque visqueux.

"Tu reconnais donc ma s..."

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, déjà le Jedi déployait la Force en une vague solide qui déferlait sur lui. D'un réflexe, il leva le bras gauche, tentant de manipuler la Force pour renvoyer la vague de Force sur l'humain. Une belle tentative, qui n'eut pour résultat que de projeter le seigneur fou en arrière, son corps subissant toute la puissance de l'attaque Jedi. Ce ne fut que grâce à son agilité, et la chance, qu'il parvint à éviter la chute. Mais à son tour, il avait posé un genou à terre, tout comme son adversaire un instant plus tôt.

"Un partout la balle au centre..."

Marmonna-t-il pour lui même avant de se mettre à courir vers l'ennemi, son sabre légèrement en arrière de lui. Sa course n'était pas droite, mais en serpentin, fondant sur sa proie comme un prédateur. Et lorsqu'il fut à portée de lame, il frappa d'un coup vertical, du haut vers le bas. Mais au moment où les deux lames de lumières allaient se rencontrer, d'un simple mouvement du pouce sur le variateur de son sabre, il en réduisit la taille, son sabre laser évitant celui du Jedi, avant qu'il ne la rallonge de nouveau. Le faisceau de lumière solide traversa alors la chair et les os de l'avant-bras droit du Jedi comme s’il avait été fait de beurre, dégageant instantanément une odeur âpre, désagréable pour beaucoup, celle de la chair brûlée, cautérisée.

D'un petit bond, Darth Shakaxhi recula pour contempler son œuvre, pour voir ce bout de corps tomber au sol comme un simple morceau de viande. Il se mit alors à ricaner, puis rire franchement.

"Houuuu ça doit piquer ça. On oublie si facilement à quel point le corps est une chose fragile. Houuhiiiihahahahahahaaaaa. Je ne m’attendais pas à ça. J'adore ma vie, pas toi ?"