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Aucun des deux soleils de la planète Tatooine n’était déjà à son zénith, et pourtant la température était déjà invivable, transformant la petite ville de colons en une véritable fournaise. La plupart des espèces humanoïdes des environs s’étaient mises à l’abri, recherchant de l’ombre et de la fraîcheur dans la cantina la plus proche, tandis que celles qui étaient dotées d’un métabolisme capable de résister à ces conditions allaient et venaient d’un pas pressé. C’est à ce moment qu’une navette à la coque métallique d’un gris clair, qui reflétait de façon particulièrement intense les rayons de lumière, entra en trombe dans l’atmosphère de la planète-désert, se dirigeant vers une plateforme libre du statioport. L’engin, qui n’était de toute évidence pas tout neuf, et qui avait du vivre plus d’un voyage intergalactique auparavant, entreprit de descendre paresseusement vers le sol, soulevant un nuage de poussière et sable ocre, avant d’enfin se poser dans un grincement inquiétant des trains d’atterrissage. La rampe d’accès s’abaissa, déversant un flot de passagers aux allures diverses et variés, la plupart n’ayant pas l’air recommandables pour un sou.

Un togruta plutôt imposant, vêtu d’un large manteau de tissu brun, tout à fait banal, sortit à son tour, inspectant les alentours en affichant un air à la fois suspicieux et pensif. Un instant plus tard, un personnage reptilien, bien plus grand encore et portant le même vêtement (dans des dimensions adaptées, bien entendu), s’extirpa à son tour du vaisseau, sa langue fourchue dardant hors de ses lèvres alors qu’il gouttait à la chaleur ambiante, qui semblait lui plaire infiniment plus qu’à l’originaire de Shili. Ces deux individus, qui contrastaient somme toute fort peu avec le reste des voyageurs du vaisseau de transport, se trouvaient en fait être, aussi étrange que cela puisse paraître, des Jedis. S’ils n’étaient venus sur Tatooine avec un appareil appartenant à l’Ordre, et s’ils n’étaient pas habillés de tenues traditionnelles Jedis c’est justement parce qu’ils se donnaient du mal pour passer inaperçus. En effet, le duo était en train de mener une enquête pour le compte du Conseil, ou du sénat plutôt, vu que l’Ordre avait récemment perdu son autonomie et son indépendance, et n’était plus qu’un jouet aux mains des sénateurs… Une enquête qui avait finit par les mener en dehors des frontières de la République, en territoire Hutt, d’où le camouflage dont ils s’étaient munis.

Un peu plus d’une semaine plus tôt, les services anti-fraude de la République s’étaient rendus compte que des crédits contrefaits, d’excellente facture, et donc très difficiles à distinguer des véritables crédits, circulaient sur le marché. Ils avaient d’abord tenté de retrouver eux-mêmes les coupables, mais s’étaient vite retrouvés à piétiner et à tourner en rond, car il semblait clair que les responsables étaient des professionnels qui ne laissaient pas d’indices derrière eux. Le sénat avait donc exigé du Conseil des Jedis qu’ils envoient une équipe en mission, afin qu’ils mettent la main sur les malfrats… Et c’est ainsi que le tandem nouvellement formé, composé du Chevalier Aldan Navalan, et de son padawan Ragath, un barabel s’étaient retrouvés à vadrouiller d’abord dans les rues de Coruscant, avant de finir ici. D’après les éléments dont ils disposaient, ils étaient un peu près certains de pouvoir retrouver sur cette planète aride des indices très importants qui les avanceraient énormément dans leur investigation. Ils savaient où chercher, mais par contre, n’avaient encore aucune idée de par où commencer…

Levant les yeux vers son padawan, qui le suivait de près, le Chevalier lança :

-Nous allons commencer par enquêter dans la cantina, c’est généralement là que l’on peut trouver le plus de renseignements intéressants… Et cela me permettra de me mettre à l’ombre avant que je ne meure de chaud, également…

Aussitôt, il se fraya un chemin pour sortir du statioport, puis se dirigea à grand pas vers la cantina. Il était ravi de cette mission, car cela lui donnait bon nombre d’opportunités pour faire découvrir à Ragath pas mal de choses, et ainsi avancer dans sa formation, mais d’un autre côté, il ne se réjouissait pas de se retrouver perdu en dehors des frontières de la République, sur un rocher brûlant perdu dans l’espace. La dernière fois qu’il était sortit du territoire républicain, cela s’était assez mal terminé pour lui,…

Plus vite cette partie de l’enquête serait terminée, mieux ce serait donc.

Il se tourna à nouveau vers Ragath :

-Et n’oublie pas, nous devons passer inaperçus… Il est préférable pour nous que l’on ne se rende pas compte que nous sommes des Jedis, surtout en ces temps troublés…
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[HRP]Je pense qu'avec ce retard, les compteurs ont été remis à zéro Wink[/HRP]

Quitter l'habitacle étouffant de la navette interstellaire fut pour Ragath un instant d'intense plaisir. Tandis que la rampe dévoilait avec une lenteur presque exagérée le paysage morne et éblouissant de Tatooine, le grand saurien s'empressa d'inhaler les senteurs rocailleuses du désert environnant, goûtant l'air d'un rapide mouvement de sa langue bifide pour y récolter les fragrances si sobres et si exotiques de la pierre chauffée. Sa peau écailleuse rêvait de sentir les rayons lumineux des astres jumeaux, véritable source d'énergie pour les organismes à sang froid comme les Barabels. Néanmoins, mieux valait prendre garde. Contrairement aux sangs chauds, les reptiliens étaient incapables de transpirer. Aussi, passé un certain stade, la chaleur absorbée par leur peau ne pouvait plus être convertie en énergie, et se transformait en une brûlure comparable à du fer chauffé à blanc appliqué sur toute la surface du corps. Par précaution, le colosse au yeux ophidiens ramena la capuche de son manteau de toile grossière sur son crâne nu.

Son maître lui avait quelques jours plus tôt annoncé que le Sénat, nouvellement aux commandes de l'Académie Jedie, avait enjoint cette dernière à réaliser une enquête concernant de faux crédits républicains circulants au sein des marchés galactiques. Les difficultés rencontrées par les autorités de la République avaient incitées les sénateurs à faire appel aux compétences de jedis, plus à même d'après eux à identifier les faussaires. De bonne grâce, le Conseil avait attribué cette mission à maître Navalan et à son padawan. Le tandem, peu aidé par l'absence d'éléments du dossier, s'était en premier lieu rendu au cœur de la République, sur Coruscant, avant de repartir pour une destination ô combien plus excentrée : Tatooine.

L'aspirant jedi pivota brièvement la tête, jetant un discret coup d’œil en direction des autres passagers. Au sein de la foule hétéroclite et bruyante, il distingua vaguement deux jawas tapis dans un coin qui dialoguaient à voix basse dans l'idoine de leur peuple, surveillés par un Twi'lek à la carnation violette. A une longueur de bras, un Bith visiblement anxieux agrippait sa valise en trépignant sur place, baissant les yeux lorsque son regard croisa celui de Ragath. Une forte poussée au niveau du dos annonça au saurien que la passerelle était finalement dépliée, et le jeune mâle n'eut alors d'autre choix que de se laisser porter par la marée humanoïde jaillissant de la structure métallique usée. Son mentor ouvrit la voie, ce qui permit au pupille de ne pas se perdre dans la mêlée bigarrée qui se déversait par à-coups sur le sol sableux de Tatooine. Jouant de ses musculeuses épaules, le natif de Barab I serpenta entre les passagers pressés, prenant bien garde à ne pas se faire détrousser par quelque tire-laine noyé dans la masse remuante du spatioport.


* Nous y voilà : Tatooine. Territoire des Hutts, et épicentre d'un trafic de crédits républicains. On peut dire qu'ici au moins, l'heure n'est pas aux faux-semblants... * Déduisit le Barabel en avisant l'expression austère de la majorité des passants.

Sur Coruscant, maître Navalan et lui-même s'étaient retrouvés plusieurs fois face à des énergumènes fielleux, à la langue bien pendue et avec lesquels ils avaient dû palabrer pendant d'interminables heures pour parvenir à démêler le vrai du faux. Leur quête d'informations s'était presque apparentée à une longue et morne partie de pêche, où patience et vigilance déterminaient la réussite de l'entreprise. La situation avait pris un tout autre tournant à partir de l'instant où le tandem s'était embarqué comme simples voyageurs dans une navette pour la planète des déserts de sable. Rien qu'en apercevant l'état du véhicule et l'allure générale des autres passagers, Ragath en avait déduit que la suite des événements se déroulerait sur un tableau moins subtil. Son impression se confirmait de minute en minute, à présent. Et en dépit de son manque de connaissances sur les Hutts, il devinait aisément qu'il ne s'agissait pas de créatures pacifiques.

Le Togruta qui le devançait indiqua à son padawan la marche à suivre. N'ayant pas l'habitude d'enquêter, le grand saurien suivit comme une ombre son supérieur, réagissant par un demi-sourire à la dernière remarque du jedi à la peau rouge :


« Allons allons, maître, ce n'est pas très sérieux. Nous sommes à peine arrivés et vous n'aspirez déjà qu'à prendre un verre à la cantina ? »

L'objectif était de rester incognito, mais le natif de Barab I considéra qu'appeler Aldan « maître » n'éveillerait pas trop les soupçons. De ce qu'il avait lu à la bibliothèque et sur l'Holonet, la bordure extérieure constituait le terroir de prédilection du commerce d'esclaves (entre autres des ressources illégales disponibles à l'achat). Aussi pouvait-on sans difficultés croire que le grand Barabel n'était que le garde du corps d'un riche marchand de Shili venu faire de nouvelles acquisitions.

Apparemment très à l'aise pour s'orienter au sein de l'agglomération, maître Navalan suivit un chemin connu de lui seul, secondé par son padawan savourant la chaleur ambiante et les échos de mille conversations entretenues dans autant de langages différents. On voyait toutes sortes d'espèces marchander, dialoguer ou grignoter à l'ombre d'échoppes ; traversant les artères principales, d'improbables montures ou bêtes de somme charriaient leur contenu d'un bout à l'autre de la petite citée en mugissant, laissant dans leur sillage des relents musqués peu ragoûtants. L'aspirant jedi écailleux sentit qu'il aurait pu s’asseoir et contempler ce défilé incessant des jours durant sans s'ennuyer le moins du monde. Tout était si différent d'Ondéron, à la fois moins esthétique et plus rustique, plus
réel, moins aseptisé.

« Effectivement, il vaudrait mieux pour nous de faire profil bas. Il n'y a qu'à regarder autour de soi pour comprendre que, sur cette planète, toute figure d'autorité sera mal accueillie. Ici, il n'y a pas de gouvernement, ni de police : nous n'avons croisé aucun soldat en faction pour surveiller les allées et venues du spatioport. Chacun est tenu de veiller à sa propre sécurité, et ceux qui n'en sont pas capables subissent la loi des autres. » La voix du jeune padawan s'assombrit lorsqu'il aperçut un marchand Duros en retrait, tête baissée. Son étale subissait le pillage sans vergogne d'un trio de Swokes Swoles dans l'indifférence générale.

* Concentre-toi ! Ignore-les ! Tu ne peux pas résoudre tous les problèmes de la galaxie, et intervenir maintenant ruinerait ta couverture ainsi que celle de maître Navalan. Focalise plutôt ton esprit sur l'enquête * S'admonesta Ragath en s'efforçant de ne plus regarder à sa droite. Pour évacuer un peu de sa frustration, il serra aussi fort que possible ses poings, et siffla longuement entre ses dents en prenant bien garde à ne pas faire trop de bruit.

La cantina, installée à proximité du spatioport pour des raisons bien peu innocentes, rappelait un siphon aspirant tout ce qui passait à sa portée. L'architecture simpliste et hémisphérique du bâtiment ne dépareillait pas des structures avoisinantes, si bien que le débit de boisson se fondait intégralement dans le décor épuré et poussiéreux des lieux. Un semblant de mélodie entraînante parvenait à portée d'ouïe pour qui savait prêter l'oreille, avec en fond sonore les brouhahas de discutions de bar. Des badauds de toute provenance se laissaient happer en direction de l'entrée marquée d'un panneau sur lequel figurait le nom de l'enseigne.


* Le Tokku's Bar * Lut le Barabel en déchiffrant les caractères à demi effacés.

Son mentor avait déjà un pied posé sur le perron de la cantina, et s'apprêtait à franchir le seuil de l'établissement. Ils allaient entrer dans le vif du sujet, et à partir de cet instant, la concentration et la discrétion seraient de mise. Toutefois, incapable de s'en empêcher, le natif de Barab I se retourna une dernière fois, le temps d’apercevoir le marchand Duros rassembler piteusement les restes épargnés de sa marchandise pour former un semblant d'étale. Il se fit volontairement bousculer par un passant, qui poursuivit sa route en lâchant un rire gras. Le pauvre commerçant s'épousseta mollement, avant de s'affaler à proximité de son petit tas de marchandises.
Les mâchoires crispées, le regard dur, Ragath rejoignit maître Navalan au Tokkus Bar, luttant à grande peine pour ne pas laisser sa colère le submerger.
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