Au-delà des apparences, Darth Toren, qui était, certes, une brute épaisse, admirait l'histoire des anciens Sith. Beaucoup aurait pu juger cela comme une perte de temps, mais celui que certains adeptes du côté Obscur appelait dorénavant "le boucher" n'était pas enclin à s'attarder sur le jugement d'autrui.
Ainsi, par une nuit froide comme la mort sur Korriban, alors qu'il rentrait de Trandosha où il avait établi les prémices d'un avant-post Sith, et où il avait, une nouvelle fois, semé la mort et la destruction, Toren se dirigea vers le Tombeau du grand Ajunta Pall.
Ce qui avait poussé Toren a choisir ce tombeau plutôt que l'un des trois autres présents dans la Vallée des Seigneurs Noirs, c'était le fait qu'Ajunta Pall, en fin de compte, avait approximativement suivit le même chemin que lui, et qu'il pouvait enfin se reconnaître dans une figure emblématique du passé.
Bien entendu, nombre de Jedi avaient au fil des siècles tourné le dos à l'Ordre et embrassé le Côté Obscur. Mais peu d'entre eux trouvèrent la rédemption. A vrai dire, Toren ne cherchait pas la rédemption comme Ajunta Pall l'avait fait, il estimait que ce n'était rien de plus qu'une preuve de faiblesse élémentaire. Néanmoins, Ajunta Pall était probablement l'un des seuls grands Sith dont l'histoire ne mentionne pas qu'il ait été trahi.

C'était ce à quoi Darth Toren aspirait : Pour l'instant, il n'avait aucun pouvoir décisionnel, mais quand ce serait le cas, il n'espérait ne pas avoir à être trahi par des jeunes imbéciles un peu trop opportunistes, tout comme il avait trahi lui même le Seigneur Sith qui l'avait reformé deux ans auparavant.

Ainsi, Toren avait élu domicile dans le tombeau d'Ajunta Pall. Devant l'endroit où demeurait la poussière des os de celui-ci, il médita un long moment. Grâce à la Force, il voyait ce qui se passait à l'extérieur, et lorsqu'il vit quelques intrépides apprentis se diriger vers le tombeau, il y dressa un champ de force pour éviter toute perturbation.

Toren aimait la solitude, mais pas la solitude auquel un Jedi pouvait aspirer : il affectionnait une solitude comme celle d'Ajunta Pall dans son tombeau, il admirait la mort, et au fond, il savait que c'était la seule chose à laquelle il pouvait encore aspirer. Il trouvait un plaisir dans le fait de tuer, oui, mais il savait que quand son heure serait venue, il ne la fuirai pas, car si il méprisait la plupart des vivants, il adulait les morts, estimant qu'ils avaient beaucoup plus de mérite que ceux qui jouissaient encore d'une vie insignifiante. Ainsi, il se surprit lui même à n'avoir aucune haine envers le Maître Jedi qui l'avait formé, étant donné qu'il était mort depuis bien longtemps.

Le Sith voulait une guerre, une guerre où des millions de vivants seraient contraints de rejoindre l'au-delà, une guerre totale, où l'Ordre Jedi tout comme l'Ordre Sith sombreraient. Une dernière bataille qui aurait raison de ces structures ancestrales, mais qui, pour Toren, n'avait en réalité peu de valeur. Certes, il respectait l'Ordre Sith car il y était affilé, mais la seule raison qui motivait ce respect était le souhait nihiliste de voir un jour la galaxie en proie aux flammes destructrices.

- Une guerre où les esclaves de la vie deviendraient les serviteurs de la mort, avant de devenir la mort elle-même. répondit-il à ses propres pensées.

- Et vous mourrez tous dans d'abominables souffrances, que vous le vouliez ou non, vous entendrez les hurlements des vivants, vous supporterez le lourd tribu de l'affront sur les planètes, et vous porterez tous le fardeau de leurs âmes jusque dans la mort, si bien que la Galaxie elle-même se consumera, et votre précieux souvenir avec !

Tels furent les mots remplis de haine de Darth Toren. Ses yeux, qui avaient virés à l'orange, laissèrent tomber quelques larmes et il s'effondra sur la tombe d'Ajunta Pall, son sabre laser allumé, tout en émettant des petits gémissements comparables à des pleurs.
Son âme était torturée au plus haut point. Il n'imaginait pas que le Côté Obscur de la Force puisse corrompre à ce point une âme comme la sienne. Se relevant tant bien que mal, il éteignit son sabre, ouvrit le tombeau et s'assit à l'intérieur. Il fit disparaître le champ de force à l'entrée des galeries du tombeau, signe que sa méditation était terminée. Jusqu'à lors, il ne s'était jamais surpris en train d'émettre une telle haine...si bien que, sa personnalité schizophrénique aidant, il se mit à se raisonner lui-même, en se persuadant d'arrêter et de sortir de ce tombeau. Ainsi, il quitta la salle, le cœur serré, et dans sa tourmente, il sentit une énergie étrange qui venait de derrière lui, mais lorsqu'il se retourna, il ne vit que l'obscurité.
C'est alors que, continuant son chemin, un esprit blanc se dressa devant lui et prononça les mots suivants :

- Cela faisait longtemps.

- Seriez-vous le vieil Ajunta Pall hantant sa propre tombe ? répondit Toren.

- Toi, étranger, pourquoi as-tu pénétré dans ce lieu...maudit ? demanda l'esprit qui se trouvait effectivement être celui d'Ajunta Pall.

- Parce que je suis maudit. Est-ce un prétexte suffisant ?

- Alors, si tu es maudit, c'est que le Côté Obscur est toujours là...

- J'ai fais en sorte de ranimer la flamme obscure assoupie. Vous avez échouez, le domaine sacré de votre éternel repos est de nouveau corrompu. répondit Toren avec une pointe de sarcasme.

- Je ne parlais pas de ce lieu en particulier, je demandais...si la Galaxie...n'était plus victime des Sith.

- Comme je vous l'ai dit, vous avez échoué. Toren fit alors un geste du bras qui fit disparaître l'esprit d'Ajunta Pall dans une sorte d'aura mystique.

Lorsque Toren quitta le tombeau, il était en fait déçu de ne pas avoir pu continuer une discussion construite avec l'ancien Seigneur Noir des Sith, mais ce regret s'estompa rapidement au profit d'un sentiment de fierté hautain typique du comportement Sith. Le Boucher observa l'horizon de la Vallée, avec un air relativement sombre. Son envie, son besoin de tuer refaisait surface et il fallait qu'il assouvisse cette soif. Nul doute qu'il se dirigea vers l'Académie pour voir si les Seigneurs présents ne pouvaient lui confier une traque...