Dalla Tellura
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Kyks Verra sirotait son verre de kir togruta. Ce n’était pas le meilleur qu’il ait bu de sa vie, mais il n’avait pas eu à le payer, ce qui compensait largement l’arrière-goût sirupeux. Son client avait payé deux consommations avant de partir, Kyks comptait bien en profiter.

Il s’était installé dans son coin habituel, à portée d’œil de la scène, à portée d’oreille de la coursive de service.

C’était son job, après tout, d’avoir les yeux et les oreilles qui traînent. Une sorte de détective. Un collecteur d’informations, qui les vendaient au plus offrant. Un chasseur d’informations.
Ça sonnait mieux qu’indic, balance, ou mouchard.

Donc il laissait traîner ses yeux et ses oreilles. Il n’était pas sûr de retirer beaucoup d’infos utiles, mais au moins le spectacle était intéressant. On ne venait pas au Double Horn Strip Club pour la qualité des cocktails ou de la musique.

-Tu sais au début j’étais pas sûre, continuait la voix provenant de la coursive de service.

Kyks avait identifié la voix comme celle de la danseuse de tout à l’heure. Jolies jambes, jolies hanches, jolies fesses, jolis seins, jolis lekku. Et la peau aussi rouge que son kir. Elle devait occuper la dernière loge, celle du bout de la coursive. Les murs n’étaient pas insonorisés et elle parlait fort. En conversation holophonique avec une collègue, a priori. Une certaine Betsy, ou quelque chose comme cela.

-Finalement je lui ai fait le coup de « Tu es le premier depuis la mort de mon mari ».

Éclat de rire cynique

-Il a allongé de deux cent crédits !

Kyks l’imaginait enlever ses collants, les yeux braqués sur les jambes vertes et bleues qui battaient la mesure sur la scène.

-Tu sais, je commence à penser à la suite… Je viens d’avoir 27 ans, et on sait très bien comment cette bande de mynocks nous traite quand on entre dans cet âge-là… Alors je prépare le terrain. Je vais passer en douceur de la jeune première à la jeune veuve éplorée et laissée dans la misère. Ça a un succès fou ! C’est le scénario de la moitié des holo-films de Kemi Molrow !


Kyks commençait à se lasser. A vrai dire, quand elles commencèrent à échanger des conseils sur le traitement des infections urinaires, il avala la fin de son kir et s’apprêta à se lever, quand il entendit le genre de phrase qui retenait toujours son attention :

-Attends, faut que je te laisse, Tu-Sais-Qui essaie de me joindre…


Il y eut un petit moment de silence, puis la fille reprit, d’un ton pincé :

-J’ai pas envie de te causer, je te l’ai déjà dit.

-…
-Fous moi la paix, c’est fini entre nous, faut que je te le dise combien de fois ?

Un ex, donc. Moins intéressant que ce qu’on pouvait espérer. A moins que ce soit un richard marié et plein aux as ?

-Je veux plus te voir, tu en as assez fait !
-…
-Oh, vous les jedi, vous êtes tous pareils !

Oh...
OH !
Un jedi
Voilà qui était bien plus intéressant que prévu…

-Je te préviens, si tu te pointes demain, je te défonce la gueule.

Elle raccrocha dans un biiip rageur.

Un jedi… Kyks connaissait plusieurs personnes qui seraient ravies d’avoir des infos sur un jedi…
Pas gêné, le gars, en tout cas. Même, si bien sûr, depuis que la République les avait foutus à la porte, on voyait de plus en plus de ces sorciers hautains jeter leur vœu de célibat à la flotte, bien sûr…

Kyks sourit. Il connaissait justement un chasseur de prime spécialisé dans les jedi. Voilà un kir gratuit qui allait lui rapporter gros…


Le lendemain


Dalla sortit son comlink dès qu’elle eut posé le pied sur la terre ferme. Enfin, sur le tarmac du spatioport.

Elle n’était pas fière d’elle. Pas du tout.
Mais elle était inquiète, d’accord ?
Bien sûr, elle devrait laisser à sa sœur le temps qui lui fallait pour se remettre de la mort de son connard de mari, et le temps qu’il lui fallait aussi pour admettre que Dalla avait fait ce qu’elle pouvait et que ce n’était pas sa faute si elle n’avait pas réussi à le sauver…
Mais elle s’inquiétait.
Elle avait appris que plusieurs jeunes femmes avaient récemment disparues sur Nar Shaddaa… Pour réapparaître quelques semaines plus tard dans divers mondes de l’espace hutt, sous la forme de cadavres…
Alors, oui, quand Nassa lui avait dit de ne pas venir, qu’elle ne voulait plus la voir, Dalla aurait sûrement dû respecter son libre arbitre, la traiter en adulte responsable et libre de ses actions.
Mais les adultes responsables ne partaient pas vivre sur Nar Shaddaa sur un coup de tête !

Elle composa trois fois le numéro de Nassa avant que celle-ci daigne lui répondre.

-Qu’est-ce que t’as pas compris dans « fous-moi la paix » ?
-Je m’inquiète Nassa, je te l’ai dit, il y a eu plusieurs…
-Plusieurs meufs enlevées, tuées, violentées, je sais tout ça, tu me l’as déjà dit. Et moi je t’ai dit de me lâcher les lekku ! J’en ai marre que tu… Oh ! Karabast ! Le fils de hutt !
-Qu… Quoi ?
-Non, mais je RÊVE !

Dalla s’était immobilisée au milieu du grand hall du spatioport, essayant de comprendre ce qui se passait. Elle entendait maintenant des bruits confus à l’autre bout du comlink. Des jurons étouffés, une respiration saccadée, des chocs assourdis, assez réguliers, comme… Un bruit de course ?

Quelqu’un était en train de pourchasser Nassa ! Elle courait pour échapper à son agresseur !

-Oh Kriff ! Il m’a fait péter mon talon ! Ces bébés m’ont coûté 300 crédits ! Il va me le payer !
-Nassa ? Nassa ! Où es-tu ? Qu’est-ce que ?

Dalla continua à parler plusieurs minutes avant de se rendre compte que Nassa avait coupé la communication. Ou, en tout cas, que la communication avait été coupée…

Dalla sentit son sang se glacer. On pourchassait sa sœur ! Quelqu’un cherchait à lui faire du mal.

Alors, oui, elle n’aurait peut-être pas dû implanter un mouchard dans le comlink de sa sœur, avant de rentrer au Temple, le lendemain de la mort de son mari.

N’empêche que grâce à ça, elle pouvait savoir où était sa sœur, elle pouvait suivre sa course dans les rues de Nar Shaddaa. Elle pouvait courir à son secours, et lui éviter de connaître le même sort que ces pauvres malheureuses !


Kyks avait un instant perdu la twi’lek, mais sa connaissance du quartier et du réseau de caméras de surveillance lui avait permis de vite la retrouver.
Le chasseur de primes qu’il avait contacté lui avait demandé de vérifier la présence de jedi. Il n’allait pas se déplacer pour des rumeurs. Kyks n’avait eu aucun mal à reconstituer l’emploi du temps de la twi’lek -une certaine Mme Erisko – entre service de nuit dans une boite et rendez-vous post prandial chez le manucure.

Elle avait dévié de son trajet prévu -pour retrouver le jedi vraisemblablement. Kyks la retrouva dans une petite cour en friche. Le jedi était là avec elle.
Elle lui hurlait dessus, le frappant avec sa chaussure gauche, qu’elle avait retirée.

-Espèce de fils de hutt, infâme gundark ! Comment tu as pu oser me faire ça, à moi !

Kyks s’était attendu à voir quelqu’un de plus âgé. Il avait du mal à croire que quelqu’un d’aussi jeune et d’aussi gringalet ait pu séduire une femme comme cette Madame Erisko. Mais bon, avec les jedi, il fallait s’attendre à tout.
N’empêche qu’il avait dû bien l’accrocher, la twi’lek, si elle réagissait avec autant de rage.
Sacré veinard…

Kyks, toujours dissimulé trois rues plus loin, prit une holo-image du jedi et l’envoya à son client. Il écouta vaguement la twi’lek qui continuait de hurler. Il crut l’entendre parler de « ses bébés », et de ce que le jedi leur avait fait… Il l’avait foutue en cloque ? Toujours les mêmes qui avaient de la chance avec les filles…

Mais bon, maintenant qu’il avait envoyé confirmation au chasseur de primes, il n’avait plus qu’à attendre que celui-ci ait tué le jedi, ou l’ait capturé, découpé en rondelles ou quoi que ce soit qu’il ait prévu de faire. Il recevrait alors son petit pécule. De quoi se payer un meilleur kir. Et peut-être même une danseuse ou deux.


Verra venait d’envoyer la confirmation. Le jedi était bien venu. Tant mieux…
Enfin, "jedi". Vue l’holo-image, il  devait plutôt s’agir d’un padawan… Tant mieux. Le travail serait plus facile qu’avec un vrai jedi adulte.
A condition, que tout soit réglé avant que son maître ne débarque à son secours, bien sûr...
Coda Jago
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La soirée puait l’acide et le kérosène bon marché. Adossé à un mur, Coda regardait les passants par dessus ses contrefaçons de lunettes solaires, les mains enfoncées dans les poches de sa veste de speedy-biker trop grande. Non loin de lui, un vendeur à la sauvette envoya une giclée d’huile sur les pains de protéines qui grillaient sur sa plancha, et un nuage noir aux odeurs de graisse rance vint envahir le trottoir. Coda grimaça. Il allait encore puer le graillon pendant des jours.

Il poussa soudain un murmure surpris, alors qu’il tirait de sa poche une dragée rouge vif, protégée par un emballage crissant et multicolore. Quelle chatte ! Le bonbon avait vu des jours meilleurs, il avait fondu plusieurs fois et s’était figé dans un amas collant de sucre et de plastique, mais cela n’arrêta en rien Coda. D’un geste habile, il déshabilla la friandise pour se l’envoyer dans le bec. Une décharge acide et édulcorée vint parcourir ses neurones, comme un coup de fouet. On en oublierait presque la puanteur du coin.

Ça n’était pas pour le plaisir des sens que Coda faisait la plante verte dans l’une des artères secondaires du district Gam. Il était là pour observer sans être vu, ce qu’il faisait à la perfection, son cargo délavé se fondant parfaitement avec le mur derrière lui, son nez nonchalamment baissé sur l’écran d’un communicateur qui avait déjà trois modèles de retard.
C’était le soir de la semaine où les ouvriers et les étudiants des districts voisins venaient claquer leur paie dans l’alcool et les putes, où les hommes d’affaire des niveaux supérieurs se planquaient derrière leurs vitres teintées pour venir retrouver leurs maîtresses au love hotel gigantesque et décrépit qui faisait la fortune et la réputation du quartier. Toute la populace, les poches gonflées de crédit, qui se retrouvaient tous à grouiller dans les rues surpeuplées du Gam, si c’était pas l’aubaine, ça ! Coda contemplait les passant comme un magnat obèse choisissait le homard à qui il allait faire sa fête. Lui, le grand type qui portait des bagues à chaque doigt de ses quatre mains ? Ou la vieille à l’air perdu qui s’était probablement trompée d’arrêt en descendant de son aero-bus ?

La solution s’imposa à lui dans un éclair de latex tendu à l’extrême, qui le laissa bouche bée. La twi’lek remontait la rue à grands pas dans sa combi ultra moulante. Ça débordait de partout, et ça n’était pas pour déplaire. Coda rattrapa de justesse sa pastille qui avait failli lui tomber de la bouche, et feignit d’être absorbé par le stand de pains de protéines au moment où la twi’lek lui passa sous le nez. Sous le caoutchouc gémissant à deux doigts de craquer, il nota la poitrine rembourrée, et les fesses rembourrées, et enfin le sac à main rembourré.
Le sang qui avait quitté momentanément son cerveau reprit sa place en un éclair, alors qu’il se décollait du mur pour venir emboîter le pas à sa cible, les yeux fixés sur le balancement hypnotisant des hanches de la donzelle. Se mêlant à un groupe de jeunes malandrins bruyants, il accéléra et dépassa la twi’lek, pour s’arrêter un peu plus loin, faisant mine d’observer la vitrine d’un revendeur de comlink d’occasion. Du coin de l’oeil, il voyait la fille beugler, en communication avec on ne savait qui.

Quand elle ne fut qu’à quelques mètres de lui, il se détacha de la vitrine pour faire face à la twi’lek, trop concentrée sur son embrouille pour le remarquer.

Il la bouscula.
Sa main vint lui attraper le bras, comme pour l’empêcher de tomber et la maintenir à flot, tandis que sa seconde pogne venait se refermer sur la lanière du sac. Le simili-cuir glissa tout naturellement, guidé par les mains expertes du détrousseur.

En une seconde, tout était terminé. La twi’lek n’avait même pas dû sentir une caresse. Et le temps qu’elle se retourne et que Coda entende son cri courroucé, il s’était faufilé entre les passants, sa prise avalée par les pans de sa veste trop ample.

C’était comme voler une sucette à un môme. Simple, et tout aussi délicieux. Un jeu d’enfant, vraiment. Vraiment ?

Un coup d’oeil par dessus son épaule lui appris que la sardine à laquelle il s’était attaquée était plutôt du genre moule accrochée à son cul. Mierda, sérieusement ? Il fallait qu’il tombe sur la seule pute qui n’avait pas envie de rentrer auprès de son daddy en saisissant ce terrible larcin, affront ultime, traumatisme psychologique véritable comme excuse pour obtenir un nouveau jouet ?

Coda se mit à courir. De toute façon, tout le monde s’en foutait, ils avaient autre chose à faire de leur soirée que de tendre la jambe pour venir entraver sa course. Tout ce qui’l avait à faire, c’était de semer la folle. Prendre à gauche, ici. Descendre l’escalier, là. Tourner encore à gauche, puis se réfugier chez Toni…

Les yeux écarquillés, l’esprit en alerte, Coda dû arrêter sa course brusquement. Merde, qu’est-ce qu’avait foutu Toni ? Là où se trouvait avant la misérable échoppe du prêteur sur gage, il n’y avait plus qu’un vieux terrain poussiéreux, couvert de déchets, où les mauvaises herbes venaient reprendre leur droit.

Vite. Un plan. Demi-tour.

Si l’escarpin qui lui frôla le crâne ne l’en dissuada pas immédiatement, la poigne qui vint l’attraper au col s’en chargea. Avec un grognement étranglé, Coda tenta de se défaire de cette prise, bien plus forte qu’il n’aurait pensé. Un coup sec vint lui brûler la tempe, et il se débattit comme un beau diable dans l’eau bénite, griffant et mordant tout ce qui passait à sa portée, tentant d’atteindre le canif qu’il gardait dans sa poche intérieure, en vain.

C’était faire face à un ouragan. Coda leva les bras au dessus de sa tête pour se protéger de la pluie de coup qui s’abattait sur sa figure. « Aïe ! Arrête , zorra sucia ! » cria-t-il. Dans un dernier effort, il profita d’une accalmie d’une seconde pour relever la tête, et cracher le bonbon qu’il avait toujours à la bouche en plein visage de son attaquante, visant l’oeil. Il n’atteignit que le front, mais le cri de dégoût qui s’ensuivit fut suffisant pour qu’il parvienne à se soustraire à l’attaque.

Haletant, il tituba en arrière, se frottant la tête d’une main, l’autre serrant le sac à main volé. « Connasse ! Tu m’as arraché toute une mèche ! » hurla-t-il en sentant avec horreur le trou dans sa chevelure. « J’vais te démolir ! Tu crois que j’vais m’retenir parce que t’es une femme ?! Et ferme ta boîte à queue, ça sert à rien d’geuler ! » gueulait-il, gesticulant dans tous les sens en brandissant le sac à main.

Et soudain, le sac à main explosa.

Des gerbes de faux cuir et de molleton volèrent dans les airs, tandis que Coda lâchait sa prise avec un cri d’horreur. Le sac tomba sur le sol, désormais orné d’un trou aux bords brûlé qui exhalait une odeur de plastique fondu.

D’un geste, Coda plongea sa main dans sa veste, mais c’était déjà trop tard. Un bruit de ferraille roula à sa droite, puis une autre explosion retentit. Immédiatement, l’air s’emplit d’une fumée noire et âcre, épaisse et poivrée, qui étrangla Coda, et d’après ce qu’il entendait, la txi’lek également. Les yeux pleins de larme, il tenta de se couvrir le visage, mais un coup dans les côtes le plia en deux, immédiatement suivi par une main qui venait lui couvrir la bouche et l’entraîner en arrière. « MMMMMHMLHH ! » tenta-t-il d’hurler, en s’étouffant à moitié, mais la prise était dure comme du fer. Il sentit qu’on le traînait alors qu’il se débattait, mais l’air commençait à lui manquer.

Il allait crever comme ça ?
Dalla Tellura
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Nassa était folle de rage. Ce petit merdeux, dont le sale nez humain dégouttait encore de morve, s’était permis de lui tirer son sac, à cause de ça elle avait fichu en l’air sa nouvelle paire de chaussures préférées, et maintenant il se permettait de l’insulter !

Ce n’était bien sûr pas la première fois qu’on l’insultait - Nassa était une femme, une twi’lek, et son métier l’avait souvent confrontée à des gens désinhibés par l’alcool et le mépris qu’ils avaient pour elles et ses collègues…
Mais l’audace de ce petit avorton…

Comme si les choses n’avaient pas été assez difficiles comme cela, depuis la mort de Gred… Bien sûr, elle avait eu l’or prélevé sur son cadavre pour déménager et se lancer sur Nar Shaddaa, mais le fric filait si vite…

-Euuurk ! laissa-t-elle échapper en sentant… quelque chose lui percuter le front, juste à la naissance du lekku.

Trop lourd pour être un crachat, qu’est-ce que…

Elle fut soulagée de voir qu’il ne s’agissait que d’un genre de pastille… Elle avait déjà reçu bien pire en pleine tête…

-Parc’que tu crois que les femmes sont moins solides que les avortons dans ton genre ? T’as intérêt à pas m’énerver davantage, parce sinon, c’est la tienne de qu…

Une explosion complètement inattendue lui coupa la parole. Nassa reçut de nouveaux projectiles sur le front. Et sur le nez, et sur le ventre et dans le décolleté, partout. Des morceaux de simili cuir, un demi-tube de gloss, trois pastilles pour l’haleine (sèches, celles-ci) et sa carte flambant neuve de membre du Syndicat des Travailleureuses de l’Entertainement et du Sexe.

-Que…

Son sac…

-Mon s…

Mais le monde autour d’elle vira au cauchemar…


Dalla approchait. Elle le sentait dans la Force autant qu’elle le voyait sur l’écran de son datapad. Le point représentant le mouchard dans le comlink de Nassa s’était immobilisé depuis un certain temps, et elle n’aimait pas ça…

Quand soudain, une explosion retentit à quelques distances devant elle… Dans l’exacte direction où devait se trouver Nassa.

Dalla se figea une fraction de seconde.
Le point représentant le mouchard avait disparu de l’écran de son datapad.

Elle reprit sa course, plus vite encore que précédemment, faisant appel à la Force pour soutenir ses muscles et ses poumons.

Une autre explosion retentit. Cela ne correspondait pas du tout aux descriptions des meurtres qu’elle avait lues, mais ce n’était en rien rassurant pour autant !

Arrivée à une intersection, elle sauta lestement sur le speeder qui bloquait la voie, entraînant un déluge d’imprécation de la part du chauffeur, qu’elle ignora complètement, et bondit de l’autre côté de la rue. Elle se réceptionna sans problème sur le trottoir, mais sentit la raideur caractéristique dans sa cheville, qui se manifestait dès qu’elle tirait trop sur les ligaments qui lui restaient.

Elle continua sa course et déboucha enfin dans l’espace où devait se trouver sa sœur, ou au moins son comlink.

On ne voyait absolument rien si ce n’est une épaisse fumée noire.

Dalla ne prit pas le temps de réfléchir, ou même de ralentir, et fonça dans la fumée.
Elle sentait la présence de Nassa dans la Force.
Vivante, mais dans une sorte de stupeur… En état de choc, sûrement…

-Nassa !

La fumée commençait à se dissiper, et Dalla distinguait une silhouette, penchée vers l’avant, qui lui tournait le dos. Elle continuait de s’approcher quand la silhouette se redressa vivement et fit un mouvement pour échapper à… Nassa ?

La twi’lek rouge, serrée dans une combi noire sur laquelle Dalla s’abstiendrait de porter le moindre jugement, fonçait, escarpin en main, vers un… droïde assassin HK quelque chose ?

Instinctivement, Dalla lança une poussée de Force pour éloigner Nassa d’une mort certaine.

Ce ne fut qu’à ce moment qu’elle remarqua une troisième silhouette, vautrée aux pieds du droïde. Sa présence dans la Force était un peu confuse, ce qui était assez compréhensible si la personne subissait une attaque d’un droïde assassin.

Celui-ci se pencha vers la silhouette vautrée à terre, l’attrapa par le col et entama de se relever. Dalla ne savait pas qui était la personne au sol que le droïde tenait. Elle ne savait pas ce que le droïde cherchait à lui faire, ni à qui appartenait ce droïde.

Mais elle savait que Nassa avait voulu attaquer le droïde, que l’aura de la personne au sol n’irradiait pas la joie de vivre et la sérénité, et que de toutes les personnes présentes, un droïde assassin était le plus susceptible d’avoir causé les explosions qu’elle avait entendues.

Alors elle sortit son sabre et décapita le droïde, puis trancha la tête en deux d’un nouveau coup de sabre avant qu’elle soit tombée au sol. Le corps du droïde resta un instant debout, et Dalla se demanda si c’était le genre de modèle qui avait le processeur implanté ailleurs que dans leur tête et pouvaient continuer à fonctionner sans celle-ci, mais le corps finit par tomber à son tour, emporté vers l'avant par son poids.

Dalla tenta de dévier la chute du droïde pour éviter que son corps n’écrase la personne au sol, tout en se précipitant vers Nassa.

Sa sœur était assise un peu plus loin, n’ayant pas bougé depuis que Dalla l’avait fait tomber sur ses fesses d’une poussée de Force.

-Ce truc a fait exploser mon sac ! murmura Nassa,les yeux exorbités.
-Tu vas bien ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
-Il a balancé une BOMBE sur mon sac ! bredouillait Nassa, les yeux dans le vague.

Elle devait être encore sous le choc. Il était fréquent que des gens en état de choc se focalisent sur des choses aussi insignifiantes qu’un sac à main…
Nassa ne semblait pas blessée physiquement Dalla se demanda néanmoins distraitement pourquoi il y avait une pastille bleue au fond de son décolleté.

Dalla regarda autour d’elle. Pas âme qui vive, en dehors d’eux trois. Rien d’étonnant à cela, qui taperait un sprint en direction de deux explosions dans un coin mal famé de Nar Shaddaa ? A part elle, bien entendu…

Elle se tourna vers la personne toujours à terre. Un humain, visiblement. Pas très vieux. A sa connaissance, il n’y avait eu que des femmes, victimes du mystérieux tueur. Il avait peut-être tenté de porter secours à Nassa quand elle s’était fait agresser ?

Après une dernière pression réconfortante sur l’épaule de Nassa, elle s’approcha de lui.

-Ça va, mon grand ?

Elle examina ensuite le corps du droïde. C’était bien un droïde assassin, mais elle n’aurait pas su dire son modèle. D’autant qu’il avait visiblement était amélioré par son propriétaire. Système com intégré, quelques armes suspectes sur les bras, plaques renforcées sur le torse.

Dalla se figea. Est-ce que…

Elle inspecta la plaque en question. Ce n’était quand même pas…

Elle regarda de nouveau autour d’elle. Toujours personne. Elle alluma une nouvelle fois son sabre et en passa la pointe le long de la plaque.

Rien.
Pas une trace, pas une égratignure.

Si elle avait attaqué le droïde par l’avant, ils seraient peut-être morts tous les trois à cet instant.

Un blindage en cortosis. Un des seuls métaux résistant aux sabres lasers. Vu son prix, seuls ceux qui s’attendaient affronter des jedi s’en équipaient…

Elle avait un très mauvais pressentiment...


Il posa tranquillement son vaisseau, avant de visionner une deuxième fois les images que son droïde lui avait envoyées quelques minutes auparavant, avant de rendre l’âme.

Le padawan, l’assaut -pathétique - de la twi’lek, et ce mouvement de recul étrange.

Il avait eu des doutes, bien sûr, en voyant la réaction – ou plutôt l’absence de réaction du padawan face à l’attaque du droïde.

Mais il savait reconnaître une poussée de Force quand il en voyait une.
Il mit l’holovid sur pause, juste avant que la caméra ne tombe en même temps que la tête du droïde.

Oui. C’était bien une lame de sabre laser dont l’éclat vert avait soudainement parcouru le coin inférieur de l’écran.

Un consulaire, donc... les moins forts au combat, généralement...
Coda Jago
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La scène déjà obscurcie par l’épaisse fumée noire du gaz étrangleur perdait doucement le peu de couleurs qui lui restait, alors que Coda sentait ses mouvement perdre malgré lui en force. Ses mains ne trouvaient aucune prise sur les bras lisses et glacés de son agresseur, ses doigts glissant encore et encore sur la surface chromée. Ses cervicales grinçaient douloureusement sous la pression, à deux doigts de céder. Il se demanda simplement si la twi’lek s’élançait furieusement vers lui pour l’aider, ou pour aider son agresseur à finir le boulot, avant qu’elle ne soit brutalement éjectée hors de son champ de vision.

Bien fait, pensa-t-il de manière très ironique.

Et soudain, le souffle brûlant d’un laser lui effleura le crâne, accompagné d’un brusque relâchement de la pression autour de son cou. Sans le bras métallique pour le retenir, Coda chuta lentement en avant, à genoux d’abord, puis face la première contre le sol, sans faire le moindre effort pour amortir sa chute. Il s’étala sur le béton poussiéreux avec l’allure et le bruit d’un paquet de linge sale.

Il resta ainsi, au bord de l’inconscience, ses yeux vaseux posés sur les deux femmes qui se connaissaient manifestement. Il y avait la prostituée, bien sûr. Et l’autre. L’autre, il ne la connaissait pas, ce qui n’était pas particulièrement incongru étant donné le nombre de têtes de pines qui venaient faire du tourisme anonyme et scabreux dans le coin. Mais en vérité, elle n’avait pas vraiment la tête d’une touriste. Ni d’une locale, maintenant qu’il y réfléchissait. Coda chercha des yeux un emblème qui pourrait lui indiquer à quel gang local elle appartenait, un écusson, un tatouage, quelque chose, mais il ne distingua rien. Une indépendante, donc ? Qui se lancerait comme elle l’a fait sur les lieux d’une explosion ? Coda y croyait moyennement.

Mierda, elle s’approchait. Peut-être qu’elle l’avait vu l’observer et qu’elle pensait qu’il la matait. Peut-être qu’elle regrettait d’avoir sauvé son petit cul de pervers et qu’elle se demandait s’il n’y avait pas moyen de lui tordre le coup et de faire passer ça pour l’oeuvre du droïde.

Mais non. Elle lui adressa seulement une remarque emplie de bienveillance, qui laissa Coda interdit. Mon grand ? ? Elle le prenait pour un gosse de cinq ans ou quoi ? D’accord, il n’était pas très grand, et ses vêtements trop larges devaient probablement le faire passer pour plus petit qu’il n’était actuellement, mais tout de même… Elle se foutait de sa gueule.

Coda se redressa finalement, cracha par terre la poussière qui lui asséchait la bouche, en direction de la twi’lek rouge, tout en lui adressant un regard le plus noir possible. Il n’avait pas oublié le trou qu’il avait dans le crâne, et se promettait de lui rendre la monnaie de sa pièce. Bon, il avait peut-être un peu abusé avec ses compliments fleuris. Mais c’était elle qui avait commencé, en le frappant. Même si techniquement, il avait commencé en lui volant son sac. Mais on allait pas en vouloir à un pauvre gars qui voulait simplement gagner sa croûte, quand même, si ?

Il épousseta ses vêtements pour se donner l’air un peu plus présentable, tout en observant discrètement les alentours à la recherche d’une issue de secours par laquelle il pourrait rapidement disparaître. Il nota une porte rouillée qui donnait sur le bâtiment voisin, mais vu le regard que leur jetait le propriétaire depuis l’entrebaillement de son volet mécanique, probablement qu’il était prêt à accueillir n’importe quel intrus d’une salve de tirs de bienvenue.
Il nota également une évacuation qui, il le savait, menait droit vers les égouts, ainsi qu’une ouverture dans le grillage qui se situait au fond du terrain, assez petite pour faire passer son petit gabarit sans trop de problème, tout en peinant ses éventuels poursuivants.

Mais toutes ses envies de fuir s’évanouir lorsqu’il aperçut la femme sortir son arme pour inspecter le droïde dépecé qui s’étalait au sol. Deux choses. D’une, le blindage du droïde qui valait une petite fortune s’il parvenait à en récupérer les pièces. De deux… le sabre. C’était la première fois qu’il en voyait un vrai, si on omettait la relique du vieux receleur Mojan’g, qui aimait bien s’inventer une vie en racontant aux gamins son passé de Jedi, puis de Sith, puis de chasseur de prime déchu qui devait désormais se planquer au fond du vingt-neuvième district après avoir vu la moitié de la Galaxie mettre sa tête à prix.

La femme devenait soudainement très intéressante. Presque assez pour lui faire sortir de la tête qu’il venait de se faire attaquer par un droïde assassin couvert d’un blindage censé résister à n’importe quel arme laser. C’était elle que le droïde visait !

Mais dans ce cas là, pourquoi l’avait-il attaqué, lui ? Détraqué ? Impossible, ces petites bêtes utilisaient des logiciels de reconnaissances capables de distinguer une fourmi d’une autre, et il n’avait pas vraiment la même tête que la twi’lek. Et s’il avait simplement attaqué la première chose à sa portée, c’est la twi’lek rouge qu’il aurait dû attraper, pas lui.

Coda perdit soudainement une teinte en réalisant que les chances pour qu’il ait bien été la cible du droïde frôlaient les quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Pourquoi lui ? « Pourquoi moi ? » balbutia-t-il en observant la porteuse de sabre. « J’ai rien fait. » anônna-t-il, plus par habitude qu’autre chose, tout en commençant à se mordiller l’ongle du pouce pour trouver une solution. Puis, il remit ses lunettes solaires -qui s’étaient un peu tordues lors de sa rencontre avec le sol- et se coula vers le droïde inerte, et plus particulièrement vers la femme qu’il supposait être jedi. Il supposait, car il n’avait appris que récemment que le sabre ne faisait pas le jedi, contrairement à ce que le vieux Mojan’g avait passé sa vie à raconter.

D’un petit signe de la main, Coda lui fit signe de se rapprocher, comme pour la mette dans la confidence. Il tourna bien le dos à la danseuse, et mit sa main sur le côté de sa bouche pour éviter qu’elle n’entende ce qu’il raconte. « Tu l’as trouvé où ? » murmura-t-il en baissant furtivement les iris sur le sabre qu’elle tenait à la main. « Si c’est un vrai, tu ferais mieux de dégager d’ici fissa, parce que tous les voleurs du coin vont vouloir te l’arracher. » continua-t-il, sans préciser qu’il faisait absolument partie de ces filous. « Moi, en tous cas, j’me casse. J’ai pas envie de tomber sur un autre comme ça, et je ne sais pas pourquoi ils en ont après moi, donc… peut-être à cause de l’autre folle. »

Il jeta un regard en coin à sa némésis du jour, avant d’attraper le cadavre du droïde et de commencer à le traîner péniblement en direction de la bouche d’égouts. Il avait bien l’intention de récupérer tout ce qu’il pouvait dessus. Arrivé près de la plaque, il sortit un tournevis multifonctions de l’une de ses nombreuses poches et s’appliqua à la dévisser.

Une fois le passage ouvert, il se pencha sur le droïde pour le faire basculer à travers l’ouverture, et après quelques seconde, un fracas métallique retentit, signe que le colis était arrivé à destination. Coda s’essuya les mains sur son pantalon, avant de s’engouffrer à son tour dans le passage. Puis se ressortir sa tête pour dévisager les deux femmes. « Vous venez ou pas ? Va y en avoir d’autres. Si vous restez, refermez derrière moi. Sayonara ! » s’exclama-t-il avant de se laisser glisser le long de l’échelle, jusqu’en bas.  
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