La Force
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[Célébration : sujet commun Empire] Célébration des Morts 617f6810


Le ciel de Dromund Kaas est noir, chargé de nuages, mais le ciel pourtant est plus clément que d’ordinaire : cette fois, pas de pluie, seulement un air frais réchauffé par les machines et les milliers d’âmes réunies sur le parvis du Palais Impérial de la capitale. Encadrées par les drapeaux Sith, symbole noir sur fond carmin, les rues qui conduisent à l’impressionnant édifice sont bondées de dévots : voilà bien des années désormais que le Clergé Sith a œuvré à raviver les croyances des peuples pour les faire converger vers ce culte de l’Impératrice. Tous espèrent l’apercevoir, elle ou son époux, mais le Prince Asmodan n’a guère autant de popularité que la magnifique Darth Hope. Devant l’engouement que la Célébration des Morts suscite cette année, des écrans ont été installés tout autour du palais, pour les milliers de pauvres âmes qui n’auront, bien sûr, pas l’opportunité d’entrer dans le périmètre de sécurité installé par l’Armée Impériale.

Seuls les privilégiés ont accès au parvis, ainsi qu’aux grands halls de réception. Sur le parvis, des militaires de la Marine, des Forces Terrestres, mais aussi des centaines de robes rouges représentant les prêtres et prêtresses Sith, s’alignent en rangs parfaitement organisés : et pour cause, un impair lors d’une cérémonie officielle est généralement fortement sanctionné dans l’Empire. De plus, les hommes et femmes sélectionnés pour apparaître dans les rangs l’ont été après des milliers de candidatures : il s’agit d’un honneur pour un soldat, comme pour une prêtresse, d’être désigné pour monter la garde d’honneur des époux à la tête de l’Empire, malgré les heures douloureuses d’immobilité que cela implique.

A l’abri des éléments, les halls accueillant les invités de marque donnent une vue directe sur cet alignement sans faille d’âmes dévouées à l’Empire. Y sont attendus, pour démontrer leur respect non seulement à l’Impératrice, mais aussi au Clergé Sith, organisateur de ces célébrations, les plus éminentes personnalités de l’Empire : membres du Conseil Noir, Moffs gérant les différentes planètes de l’Empire, Seigneurs Sith ayant le vent en poupe… Mais aussi quelques personnes supplémentaires : pour des faits d’armes héroïques ou des œuvres de charité singulières, quelques mortels sont admis exceptionnellement dans le Grand Salon pour se mêler, chance unique, aux personnalités célèbres de l’Empire.

Le long du grand hall illuminé de lustres mettant en valeur les sempiternels drapeaux rouges de l’Empire, des tables ont été dressées, où les bouchées sont alignées avec la même rigueur que les soldats sur le parvis, et personne n’a encore osé y toucher. Des membres du Clergé, reconnaissables à leurs robes pourpres, se mêlent aux uniformes sombres de l’Armée et aux toges noires des Sith. Quelques robes et costumes d’apparat, signalant la présence de l’aristocratie des planètes impériales, détonnent parfois dans leurs couleurs originales, mais l’ambiance reste feutrée.

Tout le monde attend le début de la cérémonie, un verre à la main : aujourd’hui, ils vont voir l’Impératrice, peut-être même trinqueront-ils avec elle, pour faire honneur aux morts pour l’Empire. L’une des rares occasions où l’Armée Impériale communie formellement avec le Clergé Sith, ces deux branches inséparables et pourtant sempiternellement en rivalité…
Darth Yrlion
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Célèbration des morts


Du haut de son balcon, Valtus avait l’âme admirative pour l’organisation au cordeau réalisé par les autorités spirituelles de l’Empire. Sa présence même sur le balcon signifiait au monde entier qu’il était supérieur d’un point de vue hiérarchique à toute cette foule dévote et embrigadée. Pourtant, en l'observant, le Sith ressentait comme une sorte de sentiment d’humilité.

Alors que son verre était pratiquement vide, Ipas s’approcha de son maître pour l’échanger par un autre mieux rempli. Comme prévu par le protocole, les dignitaires de haut rang comme Valtus étaient autorisés à se faire accompagner par un esclave.


- Approche un instant, Ipas.

Le twi’lek s'exécuta et s’approcha du Sith dont le regard était toujours pointé vers la foule.

- Mon seigneur ?

- Qu’est ce que cette foule ainsi rassemblée t'inspire ?

Ipas ne s’attendait pas à ce genre de questionnement. Ce n’était pas son rôle de penser à ce genre de chose. Quand bien même, il se le permettrai, ici, sur Dromund Kaas, les murs avaient non seulement des oreilles mais aussi la capacité de savoir ce que vous pensez. Il ne voulait pas prendre le risque de mettre son maître dans l’embarras d’une quelconque manière.

- Je… je ne sais pas… mon seigneur.

Valtus fronça légèrement les sourcils tant la réponse négative et rapide de son serviteur le surpris. Tenté d’en savoir plus, le Sith ne chercha cependant pas plus loin.

- Un Empire capable mobiliser autant de dévos et une Impératrice rassemblant sur sa seule personne autant de fidèles méritent respect, déférence et dévouement. Toi et moi sommes des privilégiés comparés à eux. Oui, même toi, d’une certaine manière, tu leur est supérieur, même si ta liberté ne t'appartient pas.

Le Sith marqua une pause pour boire une gorgée de boisson. Ipas, quant à lui, ne savait pas comment interpréter les mots de son seigneur, ni comment il devait se les approprier. Valtus observait toujours la foule parfaitement ordonnée ainsi que la foule de bados qui se massaient à l’extérieur du périmètre de sécurité.

- Profites de cette journée, Ipas. Aujourd’hui, et pour cette seule journée, l’Empire rends hommage à tous ses morts, même ceux qui étaient esclaves.

Quelques instants plus tard, les instruments de musique retentirent à nouveau dans tout le Grand Hall de recéption. Une nouvelle vague d’invités de marques étaient sur le point de déferler.

Spoiler:

A chaque nouveau venu, un droïd de protocole annonçait haut et fort les tritres, les qualités ou le rang de la personnalité qui faisait son entrée.

- Son Excellence, le Grand Moff Gidéon Harper ...

Valtus avait quitté son balcon pour revenir et réintégrer le spectacle des mondanités. Depuis qu’il était devenu Conseiller noir, son influence et son cercle de connaissances n’avaient fait que croître de façon exponentielle. Contrairement à Sigil, où il pouvait se permettre d’être sélectif, ici sur Dormund Kaas, il n’avait pas le choix que d’entretenir des liens même avec des personnes pour lesquelles il n’avait aucune espèce d’once de respect et de considération. C’est pouquoi à peine avait-il remis les pieds dans le sérail qu’il fut accablé de solicitations en tout genre.

Le monarque jouait le jeu avec une redoutable efficience, son jeu d’acteur étaient travaillé et maitrisé à la perfection. Au milieu de toute cette foule, Valtus observait restait néanmoins à l’affut d’un évènement ou bien d’un individu qui pourrait susciter un intérêt nouveau.

Mais que ce soit dans la foule extérieure ou bien dans les salons feutrés des notables impériaux, tous se demandaient si la rumeur allait se confirmer et si l'Impératrice les honoreraient tous de sa présence.





Lloyd Hope
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- Monsieur le Castellan, le protocole ne prévoit pas que...
- Je passerai les troupes en revue moi-même, vous dis-je !

Un membre éminent du Clergé Sith vêtu de son plus beau costume d'apparat, cousu de fils rouges et brillants, grimaça un sourire en s'inclinant brièvement devant Lloyd Hope. La pluie avait cessé, et un vent chaud balayait le parvis entre les rangs parfaitement alignés de soldats et de prêtres. Plusieurs émissaires avaient sans succès tenté de dissuader le Castellan de descendre jusqu'ici : de nombreuses répétitions avaient permis d'organiser le défilé dans une parfaite coordination, et tous les soldats alignés savaient qu'ils devraient attendre encore une heure au moins avant que n'apparût l'Impératrice accompagnée du Prince Asmodan. La sécurité du couple de monarques était d'une extrême importance mais paraissait parfaitement maîtrisée - pourtant, Lloyd Hope, dans une humeur sombre, n'avait eu de cesse de les questionner sur tout un tas de détails qui leur paraissaient insignifiants. Les militaires s'étaient pliés à ses ordres, peu habitués à le voir si rigide, mais les membres du Clergé avaient eu du mal à changer leur plan en l'accueillant là où il n'avait pas la primeur : le Clergé n'était certainement pas dirigé par le maître des armées et il devinait, sous les regards que certains s'échangeaient, que sortir des champs de prédilection lui valait un courroux qu'aucun n'oserait toutefois exprimer dans l'instant présent. Evidemment, le Cardinal ruerait certainement dans les brancards contre lui à la prochaine réunion à huis-clos du Conseil Noir, et les autres lui donneraient raison ; y compris l'Impératrice elle-même, il le savait. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'outrepasser ainsi ses fonctions.

Lorsqu'il sortit sous le ciel sombre de Dromund Kaas, pourtant, les rangées de soldats et de prêtres ne cillèrent pas. Il leur importait pas d'être scrutés par un officier ou un autre, dusse-t-il être le plus haut officier de l'Armée Impériale : ils étaient là pour honorer l'Impératrice et les longues heures déjà écoulées dans cette position les avaient endurcis d'une étrange manière.

Les bottes de Lloyd Hope le portèrent au-devant des rangs, qu'il observa d'un oeil incisif. Derrière lui trottinait un petit homme en toge qu'un prêtre avait envoyé à la suite du Castellan, probablement pour vérifier que le militaire ne changerait rien à ce qu'avait décidé le protocole officiel.
Dès qu'il sentit le vent chaud sur ses joues, et ses jambes se dégourdir sous la cadence régulière qu'il s'imposait en passant les troupes en revue, un drôle d'apaisement l'atteignit. En mouvement, il pouvait réfléchir.

Là-haut, dans les halls de réception, les personnalités arrivaient certainement déjà au compte-goutte, se saluant chaleureusement. On discuterait certainement de l'actualité, on prendrait des nouvelles, puis on s'impatienterait : quand l'Impératrice apparaîtrait-elle ? Quelle tenue porterait-elle ? Ce qu'ils formaient un beau couple, avec le Prince Asmodan.

Marcher, marcher, marcher.

Le Castellan ne trouva rien à redire. Les tenues étaient parfaites. Les espaces entre chaque soldat, chaque prêtresse, aussi. L'angle de leur visage, l'absence de leurs regards. Au grand soulagement du dévôt qui le suivait à petits pas pressés, mais aussi du prêtre qui les vit revenir, le cheminement du Castellan n'avait conduit à aucun incident, aucun changement de dernière minute, mais l'exercice inattendu avait duré presqu'une demi-heure.

Lloyd avait marché lentement. A l'aller, puis au retour.

Au rythme présumé des pas du couple dominant. Il avait mis seize minutes pour traverser le parvis dans un sens, et dix-sept minutes dans l'autre, quand il avait passé en revue l'autre côté, un peu plus lentement.

Dix-sept minutes.

Combien de diables pourraient l'atteindre, lorsqu'elle traverserait, à découvert et pendant dix-sept minutes, une marée de supposés dévôts ? Ils avaient beau avoir été choisis soigneusement, ils avaient beau être entourés de milliers d'âmes qui l'abattrait sur le champ s'il s'en prenait à l'Impératrice, un traître pouvait être là, parmi ces rangées d'âmes identiques.

- Satisfait, Seigneur Omìros ? fit mielleusement le Grand Prêtre à son retour, mais Lloyd ne lui répondit que par une oeillade courroucée.






Loin de la nervosité de ceux qui travaillaient à l'organisation de l'évènement, le hall d'accueil qui donnaient accès aux balcons était animé d'une tranquille efferverscence : les silhouettes rivalisaient d'élégance. Le noir et le pourpre étaient récurrents, mais quelques convives avaient osé des couleurs plus vives pour honorer les morts de l'Empire - s'attirant le jugement du regard éteint du Castellan, certainement, mais probablement aussi l'oeil de l'Impératrice, si elle daignait venir trinquer avec eux. Lloyd Hope, quant à lui, avait revêtu son uniforme militaire de cérémonie. Il ne portait jamais la bure des Sith, mais son sabre laser était accroché à sa ceinture aussi certainement que celui des autres Sith ici présents était dissimulé ici par une cape pourpre, là par une manche sombre. La présence de ces armes n'étaient pas rares dans la haute communauté impériale ; avoir une arme et l'exhiber était un signe de pouvoir, d'un certain statut social que les Sith valorisaient ; qu'ils eussent hérité ou mérité d'avoir accédé à cette sphère, chacun arborait de quoi montrer qu'il appartenait autant qu'un autre à cette cour de l'Impératrice.
La plupart des visages étaient joyeux. Des verres étaient servis et quelques personnes trinquaient.

Lloyd Hope s'efforça de saluer poliment, d'un mouvement de tête, quelques éminents aristocrates qu'il avait déjà rencontré - ou tout simplement les personnes qui le saluaient, même s'il arrivait qu'il n'eût aucune idée de qui il pouvait bien s'agir. Une seule chose l'obsédait : qui parmi eux pouvaient tenter un acte héroïque de trahison ?

Pas ici, pas de cette façon, ne cessait de lui souffler sa raison, et pour cause : si quoique ce fût était tenté, ce n'était certainement pas un Sith qui tirerait son sabre au clair. Ici les risques étaient différents de ceux qu'elle encourait sur le parvis.

- Je vous sers, Seigneur ?
- Mmh.

Il avait acquiecé d'un grognement. Un esclave twi'lek vêtu d'une simple toge grise pour le différencier, comme les autres esclaves, des convives qu'il convenait de soigner, se hâta de prélever sur le plateau d'un droïde un verre et une bouteille ; le liquide était d'un bleu pétillant, et moussa dans la coupe dont le Castellan se saisit avant de s'éloigner vers les balcons.

Etrangement, il aperçut et reconnut Ipas avant d'identifier la silhouette de Valtus. Lloyd eut un dernier regard circulaire pour la salle autour d'eux, et comme par dépit, accepta d'abandonner momentanément la tâche stérile qu'il s'était donné : faire en sorte que rien ne pût atteindre l'Impératrice. A la place, il devrait faire comme tout un chacun ici : trinquer, sourire, parler.

Sans entrain, il s'achemina aux côtés du Maître des Forges.

- Seigneur Valtus, salua-t-il pour signaler sa présence, et il leva son verre entre eux, en signe de célébration silencieuse. Ravi de voir un visage allié.

Il porta le verre à ses lèvres, et avala le contenu de son verre d'un seul trait.
Darth Yrlion
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Célèbration des morts


”Tout vient à point qui sait attendre” comme disait le dicton issu de la sagesse populaire si éloigné de la réalité des problématiques des élites dirigeantes… Pourtant, lorsque Lloyd s’approcha de Valtus pour le saluer, le monarque de Sigil ne put que reconnaître la véracité de cet adage. Tout en levant son verre en signe de bonne entente avec le Castellan Noir, Valtus lui répondit.

- Seigneur Lloyd, c’est un plaisir partagé.

Valtus n’eut même pas à dire où faire quoi que ce soit, Ipas se retira à bonne distance pour ne pas interférer dans la discussion qui venait de s’ouvrir. À présent qu’il l’avait identifiée et mémorisée, l’aura de Lloyd était reconnaissable entre mille pour le sigilien, à travers la Force. Elle était aussi froide que sur le plan physique, aussi redoutable et aussi attirante, à quelques égards. Lorsqu’il avait appris sa nomination au Conseil Noir, Valtus était loin d’imaginer trouver en son sein un Sith de la trempe de Lloyd. Tout en dégustant volontairement son verre, Valtus l’observait discrètement sous toutes les coutures, à travers la Force. Non pas pour le sonder dans le but d’infiltrer son esprit, pour le dominer ou l’intimider… non… il voulait tout simplement l’admirer.

- Quelle incroyable réception… Je devrais certainement vous féliciter, car assurer la sécurité de pareille manifestation ne doit pas être une tâche aisée… Et pourtant…

Son observation dans la Force venait de lui révéler ce qui ressemblait à un début d’inquiétude ou du moins de contrariété chez son homologue.

- Et pourtant, malgré la bonne tenue et la perfection affichée de cette réception, il semblerait que quelque chose vienne vous contrarier. N'est-ce pas ?

De tous les convives que Valtus avait croisés ou bien salués, Lloyd était le premier à avoir bu son verre, toutefois bien rempli, d’une seule gorgée. Valtus lui-même ne s’adonnait à cela que lorsqu’il était contrarié, qu’il cherchait à se contenir ou bien lorsqu’il était en pleine réflexion.

Dans le courant de la conversation, un Grand Moff s’approcha pour saluer les deux Conseillers Noirs. La déférence qu’il manifestait à leur égard était exemplaire, cependant, contre toute attente, l’homme aux cheveux grisonnants et à l’uniforme impeccable, semblait s’attarder comme pour prendre part à la conversation en commençant par complimenter son supérieur, Hope.


- Seigneur Omiros, avez-vous reçu ma demande d’audience au sujet de la nouvelle organisation de la Quatrième flotte sectorielle ? Bien que mon aide de camp affirme avoir transmis en personne la demande à la Castellerie, l’absence de réponse me fait m’interroger sur la véracité de ses propos et de ses compétences… Le redéploiement le long de la frontière prêt de Dathomir me semble…

Valtus ne comptait en rien intervenir. Il observait à la fois cet Amiral confiant en sa propre personne et dans l’à-propos de son intervention alors qu’il venait d’interrompre sans y avoir été invité deux Seigneurs Siths, membres du Conseil Noir, mais aussi Lloyd. Connaissant le caractère de ce dernier, Valtus avait hâte de voir comment il allait réagir.





Lloyd Hope
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Lloyd Hope fit danser le verre vide entre ses doigts gantés de noir, tandis que son regard vaquait sombrement sur les rangées de soldats et de prêtres et prêtresses alignés en contrebas. Il avait émis un souffle bref, les lèvres pincées.

- Vous me féliciterez lorsque cette soirée se sera terminée sans encombre, dit-il sobrement, sans détacher ses yeux du spectacle immobile qui leur faisait face.

Le propos était peut-être dit froidement, mais il n'était en aucun cas hostile ; le Castellan ne faisait que partager à demi-mot l'objet obsessionnel de ses pensées. Cela suffisait certainement à répondre à la seconde question du Seigneur de Sigil. Lloyd tourna vers son homologue un regard aigu, le temps de l'observer. Valtus, comparé à lui, semblait être parfaitement à l'aise en ces lieux. En monarque expérimenté, il se tenait là comme complètement détendu, et pourtant le Castellan savait pertinemment qu'il ne s'agissait que d'une apparence ; comme tout Sith, il était certainement sur ses gardes. La différence avec Lloyd était tout simplement que Valtus avait un jeu d'acteur qui pouvait varier d'un registre à l'autre ; le Castellan, lui, n'avait pas été surnommé le Chien pour ses humeurs joviales. On ne le voyait jamais sourire, et sa raideur trahissait son manque d'appréciation d'une telle cérémonie, au contraire du Seigneur de Sigil. L'un et l'autre postés sur ce balcon, toutefois, représentaient tout le paradoxe que contenait l'Empire : la finesse de la diplomatie et des traditions aux côtés de la brutalité des Armées.

Et le moff qui se joignit tranquillement à eux s'attira le regard lent du Castellan, sourcilleux. Un instant, Lloyd fut tenté de lui adresser une remarque acide sur la façon dont on vérifiait l'origine de ses doutes sur ses hommes avant de s'en référer à l'autorité ultime, mais Dana lui avait maintes fois rappelé que ses façons brusques n'étaient guère aidantes dans sa gestion de tous ces dirigeants de planètes. Bien qu'il représentait une main de fer, l'Impératrice était le velour qui devait recouvrir chacun des actes internes de l'Empire, et il se retint donc de parler trop vite en s'humectant les lèvres.

L'Empire comptait non loin d'une centaine de systèmes, mondes et stations significatives, représentées par autant de ces technocrates au col serré dont Lloyd se défiait. Ils étaient souvent à l'image de cet homme : d'un certain âge, imbus de leur personne, assurés de leur légitimité, parfois même trahissaient une opulence dont ils abusaient - du moins selon le jugement sévère du Castellan. Mais ils étaient utiles, car il se tramait entre eux des jeux d'alliance et de pouvoir dont se servait habilement l'Impératrice des Sith.

- J'ai bien reçu votre demande d'audience, Moff Kolroz, le coupa-t-il en déviant son regard de nouveau vers le parvis immobile. Et je ne vois pas en quoi je devrais m'empresser de discuter avec vous de la Quatrième Flotte, qui opère exactement selon les ordres qu'elle a reçu.

Le Granf Moff eut une moue déçue, et il éleva brièvement son verre comme pour appuyer son argumentaire.

- Hé bien, justement, j'allais vous l'expliquer, répondit-il avec déférence dans la voix, mais aussi un certain aplomb qui le conduisit à parler vite - comme s'il voulait jeter là tout ce qu'il pouvait, tant qu'il avait une chance de se faire entendre. Je disais donc, le redéploiement le long de la frontière prêt de Dathomir me semble prématuré. Voyez-vous, le système Axxila est truffé de pirates, ce qui met à mal les transports de cargos industriels, qui, comme vous le savez, sont une ressource économique importante d'Axxila et une manne pour l'industrie de l'Empire !

Le Castellan se tourna lentement vers le Grand Moff, un regard curieux s'attardant sur le visage de l'homme.

- Voulez-vous dire, Moff Kolroz, que vous laissez sévir la criminalité dans votre système au point que l'Armée devrait en prendre le contrôle ?

Le Moff blêmit et entrouvrit ses lèvres, hébété.

- N-non, Seigneur Omiros, protesta-t-il, mais sa récrimination resta un instant lettre morte.

On entendit quelques rires au loin, qui tranchaient avec le silence qui s'était installé dans cet échange de regards. Il n'y avait qu'une seule autre façon dont Lloyd savait traiter les individus qui l'agaçaient : s'il ne devait faire preuve d'animosité, alors il jouait avec, à la manière d'un félin ne daignant pas rompre le cou d'une proie. Sans joie, mais avec une pugnacité particulière.

- Ce n'est pas la première fois que j'entends parler de cette délinquance spatiale autour d'Axxila, reprit lentement le Castellan. Pourtant, des moyens vous ont été donnés pour étudier le problème, n'est-ce pas ?
- Oui, Seigneur, c'était il y a deux ans déjà, et...
- Et d'où viennent majoritairement ces criminels ?
- Hé bien, hé bien...

Le Castellan leva un index, jouant faussement de se rappeler subitement.

- Ah oui, je me souviens de ces rapports. Axxila elle-même. Voilà d'où vient cette délinquance. Qui en est responsable ?
- AH ! Seigneur, c'est un sujet très complexe, répliqua le Moff, qui parut voir là une opportunité de se plaindre de sa situation. Il y a de nombreux gangs qui datent des premières années de l'Empire, du temps où il s'était mis en place un réseau de contrebande vers la République - ces réseaux ponctionnaient certaines mines pour faire sortir du minerai vers Agamar. Mais depuis, nous avons renforcé fortement le contrôle de la production des mines et ces réseaux ont été asséchés. Ils ont alors commencé à se faire la guerre entre eux. Au lieu de réduire la violence, cela a produit d'autres formes plus désespérés d'agissements, d'où cet éclatement des cargos de transport vers de la piraterie !
- Joli exposé d'histoire, Moff. Mais je vous demande qui est responsable de la sécurité de ce système ?
- Hé bien, hé bien... C'est bien évidemment le gouverneur du secteur, c'est-à-dire moi bien sûr, mais... c'est-à-dire que la présence de la flotte à proximité avait considérablement dissuadé les attaques à proximité !

Le Castellan fit dévier un regard las vers son confrère. Valtus était resté silencieux tout ce temps.

- Mais vous parlez aux parfaits interlocuteurs, Moff Kolroz. Le Seigneur Yrlion se souciant certainement grandement de ce que cette criminalité d'Axxila pourrait entraver l'approvisionnement de l'industrie impériale, je suis sûr qu'il partage désormais mes grandes inquiétudes quant à la gestion de ce système, n'est-ce pas ?

Le questionnement, adressé à Valtus, surjouait légèrement une dramatisation de la situation, qui fut suffisante néanmoins pour que le Moff commençât à comprendre qu'il se fourrait dans un piège propre aux Sith, qu'aucun de ses confrères n'auraient eu le cran de déclencher en s'immisçant dans une conversation entre deux membres du Conseil Noir.
Le Moff Kolroz recula d'un pas, soudain silencieux, tandis que son regard allait d'un Sith à l'autre.
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