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Alita T. Drummer
Alita T. Drummer
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Chercher une aiguille dans une meule de foin illustrait à la perfection l’idée qu’Alita avait du secret. Certains enfermaient les leurs à double-tour, dans des coffres ultra-sécurisés, d’autres les dissimulaient aux yeux de tous. Alita, elle, préférait les noyer dans le chaos, car le désordre ne possédait aucune faille. A part le hasard, mais quelles étaient les chances qu’un gang d'illettrés ou qu’une bande de ferrailleurs bourrus tombent sur une clé dotée d’un millier d’informations scientifiques cryptées, et confidentielles.
Vraiment, qu’avait-elle à craindre ?
Que la Chureca lui gobât tout rond son bien, à jamais.
A entendre les vrombissements inquiétants d’El Culo, elle douta de son plan infaillible. L’appréhension masqua les odeurs putrides et les relents de misère et si elle suait, ce n’était certainement pas à cause de la chaleur écrasante, voilée de moiteur, qui plombait l’atmosphère du quartier.
Le temps jouait contre elle. A tout moment, l’horrible tuyau pouvait aspirer son précieux bien. L’occasion de le récupérer ne se présenterait plus une fois les prochaines heures passées.

Désolé, Tove, mais t’connais les bails, maugréa un dévaronien, dans un huttese nasillard.
Non, non, je t’ai payé pour qu’aujourd’hui, à cette heure, tu m’emmènes dans la zone convoitée. Et, genre, là, ce n’est plus possible ? s’indigna-t-elle, usant du même langage, le seul valable sur Nar Shaddaa.
Lui, était derrière son stand de vieilles ferrailles, une corne en moins, des haillons en guise de protection contre les poussières ferriques.  
Décidément il ne réalisait pas l’immense catastrophe qu’elle était en train de vivre.
La zone, bordel, est contrôlée par un gang désormais et s’tu vas là-bas, tu vas te faire égorger. Moi en tout cas, j’ai deux femmes et six enfants, j’prends pas le risque.

Fichu polygame. En dehors du fait que le destin mettait non pas un partenaire de vie, mais deux sur le chemin des uns et zéro sur le chemin des autres, le sien en l’occurence, il se montrait d’une lâcheté inacceptable.
Savait-il qu’elle avait passé des mois à observer le fonctionnement de la Chureca, calculant les activités d’El Culo, étudiant les mécanismes, pannes et irrégularités comprises pour en arriver là ? Non, bien sûr. Monsieur se débinait après l’avoir délesté d’une bien belle somme d’argent.

Comment j’y vais ? insista-t-elle. Avec ou sans toi, j’y vais comment ?
Bah, t’y vas pas.
Dans le lointain, une détonation vibra.
Sa nuque se couvra d’un voile humide, glacial.
Ils sont en train de tout faire sauter pour atteindre les vieilles couches, expliqua-t-il avec la flegme d’un guide touristique.  
Rha, mais j’y crois pas !

Le sang vrilla à ses tempes ; l’énervement échauffa sa peau sèche.
Si ces idiots détruisaient la clé, ou pire, mettaient la main dessus… Quoiqu’elle avait camouflé l’unité de data dans la carcasse d’un droïde sans valeur, enfoui dans un point précis de la décharge qu’un gang de demeurés faisait voler en éclats. Les probabilités étaient encore de son côté, pour peu qu’elle atteignît la zone en un seul morceau. Dans le flot erratique de ses pensées, elle se surprit à regretter la présence de Jóska, abandonné dans un niveau supérieur. L’environnement de la décharge aurait broyé son odorat sensible : elle n’avait pas eu le luxe de prendre ce risque, pas même avec un masque filtrant.
Il fallait se débrouiller seule, ce dont elle avait parfaitement l’habitude.

D’un autre côté, y’a moyen de moyenner.
Non, elle n’avait plus un crédit vaillant en poche puisqu’elle avait remis sa carte à Jóska afin qu’il s’en sortît de son côté.
— Je t’ai déjà payé assez la dernière fois.
Bouah, avec l’inflation.
Oui, c’est ça, tu sais quoi, je vais faire fermer ta ferraille. J’ai des copains chez les Hutt, tenta-t-elle en relevant le menton.
Aucun Hutt descend ici, tu rêves.
C’est ce qu’on verra, grinça-t-elle alors qu’elle reculait.
Ouais, ouais.
Faudra pas te plaindre ! s’écria-t-elle en tournant les talons, le corps aussi raide qu’un mur de plastacier.
Le sort s’acharnant, elle ne pouvait pas non plus compter sur Pi, laissé aux côtés de Jóska. Ce dernier en avait bien plus besoin qu’elle. Prévoyante, elle sortit un datapad de sa veste en cuir souple, examina les plans du niveau, mit à contribution sa mémoire, et se prépara à marcher longtemps, très longtemps, au milieu d’une fange d’acier et de déchets.

Le corps fourbu, les muscles rongés de courbatures, et un joli point de côté plus tard, Alita atteignit finalement sa destination. La zone Est, que les marauds pillaient de tout leur saoul, sous le ronronnement vigilant d’El Culo. Elle rangea son datapad, inspira l’air vicié de la décharge sous les cris et les tremblements.
Ne restait plus qu’à mettre la main sur la carcasse du droïde et pour cela, elle avait prévu un plan puisqu’elle avait installé un traceur dernière génération sur la dépouille de métal. Une technologie qui ne souffrait pas du magnétisme, de la chaleur, ou des coups environnants. A son poignet, le détecteur, qui balayait les alentours et lui renvoyait une trace du robot détruit.

Hé là, toi t'es pas d'ici. La zone est réservée aux Populos, vociféra une twi’lek armée jusqu’aux lekkus.
En plein sur sa route.
Je viens voir mon petit copain, improvisa-t-elle.
Ce qui eut le mérite de décrocher la mâchoire de sa vis-à-vis qui s’était probablement attendu à tout, sauf à cette justification.
C’est qui ? grogna-t-elle.
Un beau brun, un peu ténébreux, avec des yeux mystérieux, et des muscles…
J’veux un nom !
Alita frémit, expulsée de sa rêverie.
Un nom, un nom.
Vite, il fallait un nom.
Mads.
Mads était un nom courant. Du moins, l’espérait-elle.
Connais pas, fais demi-tour ou je te bute.
Non ! J’ai confondu avec mon ex, rectifia-t-elle nerveusement. En fait, Mads était mon ex, on a rompu il y a quelques jours parce que j’avais rencontré ce type là, des… Populos.
Quel nom de gang ridicule.
La twi’Lek plissa des yeux, la main sur son arme, le doute profondément inscrit sur sa figure bleutée.
Vraiment, je connais pas son nom ! Je l’appelle mon coeur, mon chéri, mon bantha en sucre.
Beurk, grimaça la Twi’lek.
Oui, beurk. Que ne ferait-on pas pour… enfin, la fin justifiait les moyens.
C’est pas Ignace par hasard ? Il nous bassine avec sa nouvelle nana.
Oui, oui ! Voilà.
Mhh, j’vais l’appeler pour être sûre.
La poisse ! Cette satanée Twi’Lek n’avait-elle pas une once de naïveté ?
Pour couronner le tout, la Twi’lek activa son comlink sans la lâcher du regard. Alita chercha, malgré tout, une issue, car quand le dénommé Ignace comprendrait que c’était la supercherie du siècle... Elle déglutit.
Réfléchis, Alita.
Ouais, Ignace, y’a ta nana, soupira la Twi’Lek.
Quoi ? Je suis occupé, fais-la entrer, répliqua une voix masculine, à l’autre bout de la communication.
D’un geste bref, la Twi’Lek lui indiqua de passer.

Alita remarqua d’autres silhouettes, plus ou moins armées : barres de fer, blaster douteux, armes tranchantes. Il y avait même un droïde de sécurité, létale, à la carrosserie vulgairement peinte aux couleurs des Populos, supposait-elle. De l’orangé vif, avec quelques touches de bleu. Le choix était artistiquement, et esthétiquement, discutable, mais elle préféra ne pas s’attarder à l’entrée de la zone, longea plutôt une grande rue aux abords de la décharge dont les bâtiments faisaient bien pitié à voir. Elle releva sa manche, jeta un œil discret au récepteur.
Rien. Elle devait encore être trop loin.

Elle examina autour d’elle, découvrit des ombres proches de l'extinction. Les habitants de ce bout de quartier : les traits tirés, figés par l’insalubrité et le manque de lumière, la peur accrochée aux figures émaciées. Parmi eux, des âmes plus vigoureuses se disputaient l’espace, vermines criminelles, bariolées d’orange et de bleus, le regard fier et… un peu menaçant. Elle pria pour que l’Ignace ne fût pas l’un d’entre eux. Il était plutôt évident que personne ne la reconnaîtrait ici puisqu’elle n’était pas du coin. Avec ses joues rondes de républicaine bien nourrie, et ses vêtements propres, ce n’était qu’une question de temps avant que les problèmes ne surgissent.

Psst, toi, eh toi ! l’interpella un homme, plutôt jeune, qui se mit en tête de la suivre.
Elle secoua la tête, fit mine de ne pas comprendre le huttese dont il usait, rentra la tête dans les épaules.
Oh ! s’impatienta-t-il en lui attrapant le bras, avant de braquer un couteau sous sa gorge.
Son coeur arrêta de battre une courte seconde.
T’es nouvelle ici ? T’as des choses de valeur ? marmonna-t-il en descendant sa lame vers les poches de sa veste.
Non, je viens voir Ignace, articula-t-elle sans parvenir à pondérer les tremblements de sa voix.
L’inconnu blêmit, desserra sa poigne.
Tu lui veux quoi à Ignace ?
C’est... mon petit ami.
Il la relâcha immédiatement comme s’il venait d’être foudroyé sur place.
Attends, t’es la nana d’Ignace ?
Ahm… oui.
Devait-elle sourire ? Elle le fit, pour empêcher ses dents de s’entrechoquer. La nervosité picotait l'extrémité de ses doigts.
Le bougre l’évalua, les yeux ronds, la bouche entrouverte.
Quoi ? N’était-elle pas assez bien pour cet Ignace ?
Il serait pas content que tu te balades toute seule ici. Je vais t’amener à la cantina, et te surveiller.
Pas du tout ! C’est lui qui a dit que je pouvais entrer.
Eh les gars, la nana du chef est là !
A son tour, elle sentit le sang quitter ses joues, eut soudainement froid et chaud en même temps.
Comment cela, le chef ?

Bientôt, on s’attroupa autour d’elle, puis on la bouscula. Le type, ou un autre, lui reprit le bras, et la tira vers la façade d’un immeuble à demi-effondré. Au rez-de-chaussée, l’enseigne d’une cantina tenait vaillamment bon. Elle freina des deux pieds, tenta de résister, fut projetée à l’intérieur sans ménagement. Trébuchant sur une marche, elle se rattrapa in extremis à la première table venue, laissa ses yeux s’habituer à la pénombre des lieux. Sous les néons blafards, aux couleurs sales, la salle se révélait exigu, mais suffisamment spacieuse pour accueillir une vingtaine d’individus.
Ici, plus qu’à l’extérieur, l’odeur rance était insupportable : un affreux mélange d’alcool, de sueur et… de nourriture ?
Elle plaqua sa manche contre son nez, entendit la faible vibration du récepteur.
La clé !

Assis-toi, on va faire connaissance, lui ordonna-t-on.
Une pression sur l’épaule suffit à la contraindre. Une paire de mains poussa un verre rempli de… Elle grimaça, renonça à deviner le breuvage.
T’es mieux ici. Le quartier est plus trop sûr depuis qu’El Angel sin rosto vient fourrer le nez dans nos affaires.
Encore un nom à dormir debout.
Elle se garda bien de répliquer qu’eux-mêmes ne contribuaient pas à rendre le quartier plus sécuritaire ; se contenta d’un soupir de dégoût. L’affreuse odeur de la boisson lui retournait l’estomac. Hors de question qu’elle en bût une seule goutte.
Dans ce tourbillon de senteurs aberrantes, elle se remercia d’avoir tenu Jóska loin, très loin de la décharge.
Je vais vomir, avertit-elle.
Ils reculèrent comme un seul homme.
Elle feignit un haut-le-coeur bruyant, et ils s’éloignèrent davantage.
Sans réfléchir, elle quitta son siège et se rua dehors.
Les cris la poursuivirent.
Elle tourna dans une ruelle, puis une autre.
Bon sang, où était le chemin de la décharge ?



Gary Kovani
Gary Kovani
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Chacun sait que la nature a horreur du vide. Toute niche écologique libérée est immédiatement occupée. Par une espèce préexistante ou une nouvelle, qui s’est spécialement adaptée. Mais ce qu’on oublie, parfois, c’est que nature, aussi, ne partage pas. Deux créatures dans la même niche ? A la fin il n’en restera qu’une.

Et comme Nar Shaddaa est un concentré dense, épais, claustrophobique de tout ce que la nature produit de pire… CQFD.

Je soupire, juché sur une poutrelle esseulée, ultime vestige du squelette d’acier riveté qui composait jadis l’un des piliers soutenant le niveau supérieur. Un passé lointain, où les habitants du quartier pouvaient encore contempler les volutes de pollutions aériennes massées en nuages nauséabond. La frontière mouvante qui sépare les bas-fonds des niveaux supérieurs. Elle fluctue avec la pression atmosphérique, la chaleur et l’humidité. Ceux qui vivent à sa lisière ont la bonne ou mauvaise surprise de fréquenter le monde du dessus ou l’enfer en dessous, selon les caprices de la météo détraquée par la suractivité industrielle et criminelle. Ici, dans la Décharge, la Chureca, les petites gens ne se posent pas ce genre de questions. Leur vue se limite aux fondations de la giga-usine de Jika Tech posée juste au-dessus de leur tête, qui obstrue autant leur horizon que leurs espoirs. L’ascenseur social est inexistant, coupé par cette barrière physique infranchissable sans prendre des chemins de traverse tortueux. Sauf, peut-être, à réussir un coup d’éclat particulièrement impressionnant : c’est ce qui pousse tous les jeunes désœuvrés à rejoindre les gangs. Ils sont en quête d’un nom, d’une réputation qui leur permettrait de gravir les niveaux, de rejoindre un crime mieux organisé, plus proche des sommets. Ecrire son nom dans l’Histoire. Devenir une Légende. Peine perdue. Là-haut, personne n’entend parler des faits d’armes d’une bande de gamins crasseux. Personne ne s’y intéresse. Sauf lorsqu’un Seigneur du crime cherche de la chair à canon bon marché pour un coup foireux. Des jobs plus proches de l’abattage rituel que du casse du siècle.

Je n’étais où déjà ? Oui. La nature.

Chassez un gang, un autre occupe aussitôt le territoire. Jusqu’à ce qu’un autre s’y installe aussi, et que la guerre éclate. Je déglutis péniblement, un gout amer dans la bouche : celui de la vacuité de mes actes. Les Y’tar Ggatar ont quitté le secteur. Le gang de la Blanche est dissous… Mais les habitants n’ont même pas eu le temps de souffler, qu’un nouvel acteur impose déjà sa loi : Les Populos. Débarqués de nulle part, ils sont parvenus à contrôler tout le district en quelques jours seulement. Il faut dire que la population locale, blasée, ne cherche plus à résister. A quoi bon ? Il suffit de suivre les règles, se baisser les yeux, et de payer le tribut exigé. Argent contre protection. Un grand classique.

Sauf que les Populos, confiants et nombreux, bousculent les règles tacites du quartier. Ils ont monté des check-points sur les axes principaux, ces rues insalubres à peine plus larges que les autres. Ils interdisent aux habitants et autres ferrailleurs amateurs d’approcher d’El Culo. La colère gronde, contenue mais déjà sourde. Car il s’agit du seul gagne-pain de la plupart des pauvres gens. Le Populos ont entrepris de lourds travaux d’excavation. Ils dynamitent, creusent, forent la montagne de déchets entassés sous l’anus de Jika. Au risque de déstabiliser la structure de toute la plateforme. Un non-sens… Qui s’explique seulement s’ils cherchent quelque chose en particulier. Mais quoi ?

La question m’intrigue autant qu’elle m’inquiète… Mais cette interrogation s’étouffe derrière ma crainte que la grogne se gonfle jusqu’à la révolte populaire. Il en résulterait un bain de sang, des incendies, des exactions… Un climat apocalyptique qui mettrait en péril la sécurité de la clinique de Jesaëlle, dispensaire Jedi qui cache sa véritable identité. Je m’y refuse… Mais mes vaines initiatives n’ont fait que renforcer leur présence. Ils sont plus organisés que je ne l’avais estimé.

Il ne me reste qu’une ultime solution : Ignace doit disparaitre, sans laisser de traces. S’il s’évanouie dans la nature, ses lieutenants s’entre-déchireront pour la couronne.

C’est pour cela que, ce soir, je porte les vêtements d’El Angel Sin Rostro. L’ange sans visage. Imperméable sombre, chemise noire, pantalon ébène. Ma silhouette se fond dans les ombres omniprésentes, à ces niveaux où la lumière naturelle n’est qu’un doux fantasme. Je dois mon titre à la cagoule, large chaussette de tissu, qui dévore mon visage, ma tête entière. Sans l’aide de la Force, elle serait un véritable handicap, obstruant mon champ de vision de ses mailles de tissus dilatées par l’arête de mon nez. Mais avec l’aide de ma précieuse alliée, je suis aussi alerte que n’importe quel individu. Plus même. Car je ne me laisse distraire par les illusions que parfois formule le cerveau, interprétant de manière douteuse les jeux d’ombre et de lumière.

Je saute sur le toit suivant. Celui d’un édifice grêlé de tirs de blaster. Certains sont peut-être contemporains des dernières guerres mandaloriennes. Son enchevêtrement de tôle a été rénové il y peu, comme l’atteste les rares piques de rouilles causées par l’humidité ambiante, étouffante. Dessous, se trouve l’une des cantines réquisitionnées par les Populos. Un bouge infâme dont la spécialité n’est autre que la bière de champignons. Ils poussent partout. Dans la décharge, sous les pierres, entre les doigts de pieds du patron. Récolté, râpés, macérés… Ils deviennent le pire breuvage jamais inventé dans toute la galaxie. Mais comme avec tout, on finit par s’y habituer. Le palais se désensibilise. Probablement encore un mécanisme de survie hérité de nos lointains ancêtres primitifs. Pour nous épargner de vomir à chaque rasade. Les gars du coin n’ont rien d’autre à siroter pour espérer noyer leurs démons dans l’alcool.

Je profite de l’ombre épaisse projetée par la façade pour descendre le long d’une gouttière. Ses fixations oxydées ne m’inspirent rien de bon. Je m’active, pour atterrir lestement sur le balconnet d’une chambre du dernier étage. Elle est inoccupée, poussiéreuse. Quelques excréments humains jonchent le béton de mon nouveau promontoire. J’imagine que les sanitaires sont depuis longtemps hors d’usage à l’intérieur… Alors les rares occupants font ce qu’ils peuvent. J’ignore l’odeur infecte. J’ai assez roulé ma bosse dans des coins similaires pour, moi aussi, avoir développé les mécanismes de survie des locaux.

J’hésite encore sur la marche à suivre. Sur la manière dont je pourrais découvrir la planque d’Ignace… Alors, soudain, trente mètres sous mes pieds, j’entends le martèlement d’une paire de botte trop pressée pour échapper à ma curiosité. Silhouette féminine. Quelque chose détonne chez elle. Une prestance muselée que je ne saurais exprimer par des mots ou des pensées cohérentes. Une sensation. Comme lorsque quelque chose cloche mais qu’on ne sait mettre le doigt sur le pourquoi du comment.

Qui est-elle ?

Alita T. Drummer
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La poursuivait-on encore ?
A en juger les vociférations, les pas empressés, oui. Ces bougres formaient une meute de limiers chaotiques. Elle les entendait se disperser, puis se rassembler comme un essaim aveugle. Que lui voulaient-ils bon sang ? Elle réalisa que courir ne ferait qu’épuiser ses ressources. D’un bon maladroit, elle sauta sur un container poubelle, attrapa d’une poignée ferme le premier barreau d’une échelle de maintenance et… grimpa, le souffle heurté.
Un grognement lui échappa quand l’effort devint trop vampirisant. Elle leva les yeux, remarqua un balcon aussi proche que sur le point de s’effondrer, tenta tout de même sa chance.
La tôle brinquebalante protesta lorsqu’elle lui imposa son poids.
Une œillade en contrebas lui confirma que les Populos, eux, couraient toujours. Ils ne l’avaient pas vue s’échapper en hauteur.
Tant mieux.
Le geste fébrile, elle remonta sa manche, observa le récepteur, décela une pulsation. Faible. Irrégulière. Bien présente. Le radar pointait le Nord qu’elle sonda avec sérieux. Là-bas, une partie de la décharge tremblait sous les opérations d’excavation. EL Culo, indifférent aux explosions, se régalait des débris en tout genre qu’elles généraient. Un courant d’air - elle ne pouvait pas vraiment qualifier le phénomène de vent - charrié par une ventilation vétuste brassait les odeurs infectes.
Et maintenant ?  
Le quartier, jusqu’aux abords de la décharge, était quadrillé par les hommes de cet Ignace.
Elle s’accroupit pour se mettre davantage à couvert et fit le point sur sa situation. D’un autre côté, ne pouvait-elle pas inverser la tendance ? Après tout, elle était la femme du chef ! Ces crétins devraient plutôt lui obéir si… Elle avait l'autorité adéquate, ce dont elle était profondément dépourvue.
Dans un soupir agacé, elle se frictionna le visage d’une paume nerveuse.
Un moyen devait exister.
C’est là qu’elle le vit ; lui aussi perché, sur un balcon proche.
Un hurluberlu avec une cagoule, ressemblant fort à une chaussette étirée - pour ne pas dire autre chose, et des vêtements aussi noirs que devait l’être son âme ? D’où sortait-elle pareille impression ? En tous les cas, pas d’orangé, ni de bleu. Pas un populos. Mais qui ou quoi donc ? Un pauvre fou ?
Mieux valait ne pas attirer son attention même si… leurs regards venaient de se croiser.
Un tremblement, plus fort que les précédents, ébranla l’édifice. L’explosion dans la décharge s’était répercutée jusqu’à eux.
Un craquement inquiétant attira son oreille.
Là, juste sous ses pieds, la tôle se déroba.
Elle chuta, un cri de surprise coincé dans la gorge.
D’au moins deux étages.
Anticipa déjà la fracture nette d’une dizaine de ses os.
Elle percuta une masse ferme, deux bras l’entourèrent farouchement sous des acclamations admiratives.
La classe, Ignace ! scanda une voix enrouée.
Tu l’as retrouvée !
Pashang fong.
Elle cligna des yeux, découvrit l’homme qui la portait dans ses bras : le visage barré d’une cicatrice hideuse. En retour, il darda son regard blanc sur elle.
Ce n’était définitivement pas le beau brun auquel elle avait rêvé.
Ahm… salut ? souffla-t-elle d’une toute petite voix.
Sans un mot, il la reposa à terre. Avait-il compris la supercherie ? Sans aucun doute. Sous son uniforme bariolé, il dégageait le charisme des criminels.
Pourquoi t’es là ? questionna-t-il, le ton patibulaire.
La clé, la clé, la clé.
Tu… me manquais ? tenta-t-elle.
Voilà.
C’en était fini d'elle.
Il allait probablement lui arracher la tête.
Peut-être la torturer un peu avant et…
Il souffla du nez.
Je t’avais dit pas de pas venir. Pas ici, grogna-t-il.
Elle recula d’un pas, franchement surprise.
La prenait-il vraiment pour sa petite amie ? N’avait-il jamais vu la tête de cette dernière ? C’était…
Elle bloqua un rire nerveux, inspira une fois, puis deux.
On en parlera plus tard, to comprendo ? Grizo va veiller sur toi pendant que je finis le taff.
Grizo, un autre Twi’lek de la bande, bougonna un assentiment.
Personne la touche Griz’, ordonna Ignace avant d’indiquer aux autres une direction, probablement celle de la décharge où les explosions retentissaient toujours.
Au dernier moment, Ignace se ravisa, revint sur ses pas.
Ah ! Enfin, il s’était rendu compte qu’elle n’était pas…
Il écrasa un baiser rude contre ses lèvres, lui enserra la taille d'un bras trop possessif.
Elle lutta contre le réflexe de le repousser, très probablement grâce à son instinct de survie.
Plus tard, promit-il.
Et il quitta la zone.

© Laueee
Gary Kovani
Gary Kovani
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Une explosion, dans la décharge, plus puissante que les précédentes, se répercute en de multiples secousses, en un concert de gémissement métalliques assourdissant. Mon perchoir émet une plainte d’agonie, alors que le béton se fissure. Je me précipite dans la chambre attenante, par la baie depuis longtemps privée de ses vitres. Lorsque les vibrations se dissipent enfin, aussi violentes que fugaces, je ne peux que constater, impuissant, l’étendu des dégâts. Le balcon supporte encore son propre poids uniquement grâce aux tiges d’aciers, maintenant apparentes, qui maillent la chape émiettée. Je doute qu’il soit encore en mesure de résister au miens, et encore moins survivre à l’impulsion requise pour me permettre de regagner les toits. A l’horizon, des nappes de poussières s’échappent de toute le quartier : des édifices en fin de vie qui ont succombé à la déflagration. Je secoue la tête. Quel gâchis. Inquiet, je porte mon bracelet comlink à mes lèvres :

« Gun’trouck ? Ca va ? Rien de cassé ? » Les dix secondes d’attente sont interminables. La jeune Jedi Caamasi me répond enfin. « Oui Gary. Tout va bien ici. Plus de peur que de mal. On a un peu de matériel cassé… Mais aucun blessé. Le Dispensaire était vide, heureusement… » Je souffle, soulagé. Mais mon sang ne fait qu’un tour. Je peine à réprimer la sourde colère qui tambourine aux portes de ma conscience murée derrière la discipline que tous les Jedi se doivent de s’imposer pour ne pas y sombrer… Les Populos doivent partir. D’une manière ou d’une autre. « Ok, merci Gun’trouck. T’as encore du réseau ? Tu saurais faire des recherches sur Ignace, le chef des Populos ? Il se fait appeler Ignace la Menace aussi. Il me faut tout ce que tu peux trouver… »
« Heu… Oui… Tous les systèmes redémarrent là. Je te contacte dès que j’ai un truc intéressant… Terminé. »

Fini de la jouer solo. Je vais avoir besoin des maigres ressources du BRJD transférées sur Nar Shaddaa pour m’aider à stopper ces enflures. Je dois découvrir pourquoi Ignace creuse dans la Décharge…

Je suis stoppé dans mes réflexions par des bruits de pas. Des bottes qui claquent sans ménagement dans l’étroite cage d’escaliers. Les cloisons sont si fines que j’entends presque le type penser. Silencieusement, ne pouvant plus utiliser le balcon pour remonter, je glisse jusqu’à la porte de la chambre. Un panneau de bois remoulu, boursoufflé et dévorés, à sa base, par je ne sais quels parasites. La fente crénelée laisse passer la lumière artificielle des néons du couloir. Je me love sur le côté, et écoute. Une première porte grince, puis une autre. Je devine une inspection des dégâts. Par deux fois, le gars peste. Des mots inintelligibles, mais dont le ton ne laisse place au doute. Ils doivent être importants.

Une ombre s’arrête devant ma porte. Crissement d’une serrure méritant un bon coup de lubrifiant. Elle s’ouvre. Le panneau s’abat sur ma silhouette plaquée contre le mur. Je me retrouve derrière, dissimulé. Il entre. Un Dévaronien. Il y a une grosse communauté de Dévaronien dans le quartier. Ils sont propriétaire de la plupart des échoppes miteuses et hotels pourris. Impossible de vivre ici sans faire affaire avec eux… Et mieux vaut pas se le mettre à dos. Il s’avance de quelques pas, et se fige devant le balcon en ruine :

« Fait chier ! Ils commencent à me gonfler ces enfoirés ! » Il volte-face, sans me remarquer, et hurle comme un démon : « BARNABUS ! RAMENE TON CUL ICI ! »

L’intéressé met une longue minute à venir. Pendant ce temps le Dévaronien, patron des lieux au vue de son attitude, ramasse le mobilier renversé, brisé. Je suis lové dans les ombres, je respire à peine. Je musèle mon aura dans la Force, pour devenir aussi insignifiant qu’un insecte. Enfin Barnabus débarque. Look de loubard, avec sa veste des Populos, son pantalon en cuir et ses mitaines bardées de pointes acérées. Je suis convaincu que ce n’est pas qu’une question d’esthétique. Lui aussi transpire la colère. Mais bien plus froide et meurtrière. Il croise les bras sur sa poitrine. Ses grandes lunettes de soleil dévorent ses traits. Sous sa masse de cheveux longs tenus par un bandana orange, je ne distingue que son épaisse moustache.

« Primo, tu vas commencer par changer de ton, Toulouse la loose. Tu gueules encore une fois pour m’appeler, et je te jure que je te démonte la cara. Claro ? »

Le Dévanorien ronge son frein, mais dispose d’assez d’intelligence pour ne pas relever la provocation.

« J’aime mieux ça. Bon c’est quoi ton problème ? »
« C’est quoi mon problème ?! »
Il manque d’exploser à nouveau, mais se retient de justesse. « Mon problème ?! Tu as vu l’état de mes chambres ! Vos magouilles sont en train de détruire tout le quartier ! »

Barnabus baisse ses lunettes, et mate autour de lui. Il hausse les épaules.

« Moi j’vois pas la différence. Ton hôtel est aussi dégueulasse qu’avant. Tu devrais même nous remercier… Les secousses ça décolle les tâches tenaces… » Il ricane, mais reprend aussitôt son sérieux. Il avance sur son interlocuteur pour lui poser un index menaçant sur la poitrine. « On va être muy claro Estùpido. Tu me fais oui de la cabeza si tu comprends. Parce que si tu ne comprends pas, je t’en colle une. Ok ? » Toulouse hoche la tête devant le point serré bardé de pointes. « Ké. Tu vois, la situation est muy simple : Le quartier est à nous. C’est Ignace le Boss. Personne d’autre. Donc si t’es encore dans le coin, c’est parce que les Populos le veulent bien. Tu l’ouvres un peu trop, tu dis un truc qui me plait pas, et tu dégages. Les deux pieds devant. Claro ? » Le proprio hoche la tête. « Tu t’es gavé de crédits depuis que mes potes et moi on a choisi ton établissement pour y boire des coups hein ? Ça t’allait bien hein ? Et tu viens me faire chier maintenant ?! Ingrat ! » Il crache. Il lève le bras. Le Dévaronien se recroqueville. Mais le poing ne s’abat pas. J’ai bondi de ma cachette.

La tranche de ma main s’écrase sur la nuque du Populos. Claquement mat, de la peau contre la peau. Un choc rude, décuplé par une vague de Force ciblée. Barbanus s’effondre aussitôt, comme un immeuble sapé à sa base pour une habile équipe de démolisseurs. Le Dévanorien recule d’un pas et se fige, la surprise gravé sur ses traits anguleux. Il laisse échapper un :

« Madre ! » Il se ressaisit rapidement. « Angel sin rostro ! » Il baisse les yeux sur Barnabus, que je déleste déjà de son blouson criard. « Vous faites quoi ?! Vous allez me faire tuer ! » La surprise s’évapore sous les rayons ardents d’une peur flamboyante. Je me relève, et avise l’état du blouson : il est nickel, presque neuf. Barnabus en prenait vraiment soin. Je secoue la tête :

« Il n’est pas mort. Seulement sonné. Attache-le solidement quelque part… Ou acheve-le. A ta guise, compadre. Je vais m’occuper personnellement d’Ignace. Il ne passera pas la nuit. »
« C’est n’importe quoi ! Depuis votre arrivée dans le quartier, tout va de mal en pis ! D’abord la guerre de gang entre La Blanche et les Y’tar Ggata. Ils ont mis le quartier à feu et à sang… Jusqu’à ce que les Populos débarquent. Non, Angel. Restez en dehors de tout ça ! On se débrouillait très bien sans vous et votre… satanée chaussette sur la gueule ! » Je ne travaille ni pour la gloire, ni la reconnaissance des locaux. Mais ces mots me piquent au cœur. Suis-je un apprenti sorcier qui ne mesure pas l’ampleur de ses sorts ? Peut-être qu’en voulait aider le quartier, j’ai détruit le fragile équilibre qui permettait à ses gens de survivre. Non. J’ai confiance en la Force pour prendre les bonnes décisions.
« Regarde autour de toi Toulouse. Si je n’arrête pas Ignace maintenant, il ne restera bientôt plus aucun quartier à défendre. » Mon argument fait mouche. Le coin a beau est pourri, c’est chez lui. « Les Populos n’en ont rien à faire de La Chureca, et de ses habitants. Ils réprimeront la grogne dans le sang.

Vous n’avez pas d’autre choix de me laisser agir. Sinon il ne restera de ce quartier que des tâches de sangs sur des immeubles en ruines. »


Lorsque Toulouse disparaît enfin, en tirant Barnabus derrière lui, je referme simplement la porte… Et commence à me changer. Je retire ma longue veste sombre, et enfin celle des Populos. J’arrache ma chaussette, que je roule en boule. Je l’abandonne ici, avec tout ce qui pourrait me trahir : la veste sombre, le pied de biche. Mon flingue est assez passe-partout pour que je puisse le conserver. L’air frai, saturés des miasmes qui s’échappent de la Décharge toute proche, me fouette le visage. Je dois bouger, et vite. Hors de question qu’un gars comme Toulouse me voit ainsi. Sinon je suis grillé. Les Dévaroniens sont pires que des commères corélliennes.

Je rouvre la porte. Le couloir est désert. Sans attendre, je me précipite vers l’issue de secours, une porte battante qui ne s’ouvre que de l’intérieur, et qui donne directement sur une échelle permettant d’évacuer l’immeuble. Vu son état, on a surement plus de chance de survivre à un incendie à l’intérieur… M’enfin. Je saisis l’acier rouillé à pleine main et me laisse glisser dessus comme le ferait un pompier. En quelques secondes seulement je suis au niveau de la rue, dans une arrière-cour bondée de bennes à ordures. Les déchets que même les habitants du secteur ne veulent pas. Dans la rue, je suis rapidement interpellé par un Populos anonyme, qui se balade seul. Il me siffle, sourcils froncés.

« Hé… » Qu’il me fait en guise de salutations distinguées. « Tu sors d’où toi ? Ta gueule me dit rien. » La confiance règne hein ? C'est sur qu'avec ma face de miel, difficile de passer totalement inaperçu. Je hausse les épaules. Ce n'est pas la première fois que j'infiltre ce genre de milieu.

« Je viens d’être recruté par Barnabus. Hier… »
« Depuis quand on recrute des gars du coin ? »
« J’en sais rien moi. En plus j’suis pas du coin. Mais t’as cas demander à Barnabus si tu m’crois pas. M’enfin. Il est d’une humeur de chien depuis que cette gonzesse s’est fait la malle. »
Il m’observe de la tête aux pieds. Son cerveau émoussé est saturé de questions contradictoires. Mais l’une d’elles s’impose assez vite : comment pourrais-je avoir un manteau des Populos flambant neuf si j’avais pas été recruté récemment ? Et puis, emmerder Barnabus pour si peu, c’est une tentative de suicide assistée…
« Ouais, m’étonnes pas. C’est la meuf d’Ignace. T’y crois toi ? Barnabus doit être en pétard que ses gars aient commencé à l’asticoter avant de la laisser filer comme ça… Toucher à la meuf du Boss, t’imagine ? Même Barnabus risque de le payer cher… » Quelques pièces du puzzle d’assemblent. La copine du chef ? Hmmm. Une part de moi, celle qui régit mon intuition, refuse de le croire. J’ignore pourquoi. Juste une feeling.
« Il est même venu la chercher lui-même ! J’te jure ! » Je fronce de sourcils. Serait-elle se qu’elle prétend être ?
« C’est chaud ouais ! Merde ! Ils sont parti par où ? » L’autre me désigne la rue crasseuse qui tire en ligne droite jusqu’à la Décharge.
« Retour direct du QG ! »
« On ferait mieux de se tirer avant que Barnabus fasse payer ça à ses gars… »
« Tu l’as dit ! Moi j’me taille ! C'est open-bar chez Momo ce soir, je vais y cuver toute la nuit... »


Dans les rues, les lâches ont la vie longue. Proverbe des bas-fonds. D’autres diraient : avant de jouer au héros, vérifie que t’as pas une cible dans le dos. J’inspire, cogite encore quelques secondes, puis me décide : va pour la Décharge. Ignace est ma cible. Il est là-bas. CQFD. Mais l’ombre galopante de cette femme m’intrigue toujours. Quelque chose cloche, je le sens. Une odeur d’intrigue surpasse celle des poubelles.
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