Darth Yrlion
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Artorias - Des années plus tôt - 21.563


Des traits rouges déchiraient le ciel noir qui couvrait la capitale du royaume depuis l’aube. Tirés depuis les croiseurs en orbites, chaque impact faisait trembler le sol tandis que les pièces d’artilleries et les soldats regroupés de la Défense Artorienne et de la République s’efforçaient de maintenir les légions impériales à distance. Malgré les pertes, les soldats de l’Empire restaient déterminés, aidés par les guerriers Sith qui brandissaient leur sabre-laser, avançant sans crainte, convaincus de leur victoire imminente.

Valtus stoppa un instant sa progression afin d’observer la ligne de défense aux abords du Capitole. Le sabre-laser pointé vers le sol, le jeune apprenti releva de son autre main gantée la capuche qui couvrait sa tête, révélant une longue chevelure brune parfaitement lisse ainsi qu’un regard concentré. Les défenses paraissaient bien établies et infranchissables, chaque vague de droïds de guerre était systématiquement et méticuleusement anéanties. Les hautes murailles, vestiges de la cité antique, mêlant habillement pierres et métaux à haute résistance, permettaient aux pièces d’artilleries positionnées en hauteur t’interrompre presque immédiatement chaque approche. Néanmoins, Valtus avait remarqué une chose. La lenteur des défenseurs. Certes, les droïds de guerre n’étaient pas les modèles les plus rapides et leur faible mobilité était un réel handicap en la circonstance, mais c’est comme si les défenseurs sous-estimaient la puissance et le nombre des attaquants, comptant sur un effet d’épuisement et de lassitude. Peut-être qu’ils s’attendaient à recevoir des renforts… Si tel était le cas, leur attente ne serait récompensée que par la déception. Peut-être ne le savaient-ils pas du fait du brouillage des communications, mais les forces impériales dominaient. Aux dernières nouvelles, la flotte républicaine était en déroute, son vaisseau-amiral détruit et le Chancelier suprême, présent en personne, en fuite à la surface de la planète. Sa capture faisait même l’objet d’un ordre prioritaire. Aucune aide ne viendrait donc et même s’ils étaient inférieurs en nombre pour le moment, ce n’était qu’une question de temps avant que les légions impériales n’affluent.

Un autre Sith arriva aux côtés de Valtus. Plus grand en taille et plus imposant en carrure, il portait une armure plus lourde et plus massive que la sienne, en partie dissimulée par une bure sombre. Son sabre-laser était rangé, accroché à son ceinturon. Le visage dissimulé par son casque intégral empêchait de voir ses traits, mais les bras croisés sur sa poitrine laissait deviner une certaine passivité de sa part. Valtus se tourna vers son imposant homologue.


- Pacem ! Je commençais à me demander quand tu te joindrais enfin à nous…

Le casque intégral de Pacem se divisa alors en plusieurs parties avant de disparaître et de laisser enfin apparaître son visage. Son visage semblait encore plus juvénile que celui de Valtus, ses yeux étaient pleinement imprégnés par le Côté obscur et ses cheveux rasés lui donnaient cependant une certaine maturité. L’effet était amplifié par la cicatrice qui courait le long de sa joue gauche depuis le menton jusqu’à la tempe. Pourtant, il était plus âgé que lui d’une dizaine d’années environ.

- Tout vient à point qui sait attendre, Valtus. La bataille sera glorieuse et la victoire éclatante, mon ami. Les forces adverses ont beau être plus nombreuses, nos légions sont prêtes à se battre jusqu’à la mort et sont galvanisées, car tous nos soldats savent que c’est un grand jour pour eux et pour nous ! Aujourd’hui, l’Empire renaît !

Se battre jusqu’à la mort… Valtus espérait bien ne pas devoir en arriver là. Il avait encore bien trop de choses à faire, bien trop de secrets à découvrir… même si pour le moment, il n’avait en tête que de réussir la mission que son maître lui avait confiée : Récupérer les données des Archives royales. Pacem avait sa propre mission lui aussi. Leurs deux maîtres respectifs étaient en bons termes, sans pour autant être des alliés. Par conséquent, même s’ils étaient des rivaux, comme tous Sith qui se respectent, ils n’étaient pas des adversaires. À dire vrai, une certaine estime était née entre eux lorsqu’ils étaient sur Korriban. Ils faisaient alors partie du même groupe d’acolytes et n’avaient presque rien en commun, leur personnalité était diamétralement opposée, et pourtant… ils se respectaient et trouvaient même cette nouvelle collaboration “intéressante”. Cette relative proximité n’était peut-être pas due au hasard en vérité. Bien des choses chez Pacem lui rappelait Alec… Dans ses gestes, dans ses expressions… Insidieusement, les sentiments qu’il avait toujours pour son défunt Grand amour l’influençaient toujours.

L’artillerie républicaine venait de frapper à nouveau. Les vibrations du sol tremblant se propagèrent dans tout le corps de Valtus et de Pacem.


- Enfin de l’audace !

Pacem semblait se réjouir. Cette fois, les charges d’artillerie n’avaient pas frappé les lignes de droïds de guerre, mais les régiments de soldats en ordre de bataille, à la limite du camp impérial.

- Il y a quelque chose de nouveau… Est-ce que tu le perçois aussi ?

Tous deux fixaient le même point au loin sans pour autant observer quelque chose de précis. Leurs sens étaient en ébullition suite à la perturbation qui venait de secouer la Force. La République n’était pas venue avec ses seules forces, l’Ordre Jedi aussi était de la partie et un de leur membre venait de faire son entrée. Impossible pour aucun d’eux de déterminer s’il s’agissait d’un maître ou d’un chevalier, néanmoins il n’y avait aucun doute sur la puissance de sa connexion avec la Force. Pacem empoigna rapidement ses macro-jumelles et se mit en quête de trouver ce mystérieux nouveau venu. Après quelques instants à scruter les lignes de défenses, le guerrier se focalisa sur un individu en particulier qui marchait au milieu des officiers.

- Bien… Voici donc notre “perturbation”... Qu’est-ce que tu en penses ?

À son tour, Valtus pris les macro-jumelles et observa l’individu concerné. Il avait à peine la trentaine, les cheveux mi-longs, une barbe de trois jours, la tenue de combat qu’il portait lui donnait une carrure imposante, mais Valtus devinait sans mal que même sans elle, l’homme était plutôt bien fait de sa personne.

- Il est tout à fait à mon goût…

Pacem soupira d’un air amusé. Même si la réponse ne le surprenait pas en soi, il en attendait une autre en la circonstance.

- Valtus….

- Trop vieux pour être un Padawan… Trop jeune pour être un Maître… Aucun toutou à tresse qui le suit à la trace… A priori, c’est un Chevalier.[/i]

La langue de Valtus passa lentement et discrètement le long de sa lèvre supérieur. Son attirance charnelle pour celui qui venait de devenir l’ennemi numéro un n’était ni feinte, ni surjouée. Il était même bienvenu. Le désir soudain qu’il ressentait n’avait pas échappé au Côté obscur qui était en lui. Il s’abreuvait de cette émotion avec avidité, profitant de cela pour alimenter la sombre flamme ardente qui brûlait en lui, matérialisant ainsi une interprétation possible du Code Sith : “Par la passion, j’ai la puissance.”

Soudain, comme des hurlements stridents se firent entendre au loin dans le ciel. Une escadrille de bombardiers était en approche. La forme de leurs ailes en “X” parfaitement reconnaissable signifiait que la bataille entrait dans une nouvelle phase, en faveur des Siths. Valtus et Pacem remirent leurs casques ainsi que leurs capuches… Brandissant leurs lames rouges devant eux, ils donnèrent le signal conjoint de l’assaut.



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Sigil - De nos jours - 21.583


Le “Trône Sigillaire” n’était pas seulement un simple fauteuil massif et ouvragé par les plus talentueux artisans de Sigil. Il était également le symbole du pouvoir royal. Le folklore arguait qu’il fut fabriqué jadis pour Marka Ragnos et qu’il fut “donné” par lui en héritage au premier souverain de Sigil lorsqu’il instaura la monarchie. Valtus ne croyait en rien à ses histoires, bonnes pour les dévots et les esprits faibles réceptifs à la propagande. Il se moquait bien des origines de ce qui, en toute objectivité, n’était qu’un meuble remplaçable par un autre au besoin. Relique d’un passé lointain ou bien création plus récente, tout ce qui lui importait, c'était l’image qu’il renvoyait lorsqu’il l’occupait.

À l’occurrence, l’image était imposante. Vêtu de ses habits royaux et coiffé de sa couronne, Valtus incarnait sa fonction à la perfection. Noble posture, regard profond et voix suave étaient de mise. Toute la mise en scène, tout le décorum pensé et mis en place pour faire paraître le souverain plus grand que grand et plus noble que noble était superflu en ce qui concerne Valtus. Beaucoup des nobles présents dans la salle du trône et qui avaient connu jadis ses parents reconnaissaient en lui l’aura de son père et l’élégant charisme de sa mère. C’est lui qui avait convoqué tous les nobles et les notables de Sigil en ce jour, renouant ainsi avec cette tradition ancienne, mise en ban depuis le règne de son grand-père, qu’était l’Adresse du Trône. Cette cérémonie officielle, suivant un protocole rigoureux, était utilisé autrefois par les monarques pour faire connaître et acter de façon solennelle, à toute la noblesse, une grande décision.

Néanmoins, si à l’époque tous les membres des grandes familles étaient présents à cette époque, Valtus avait opté pour un nombre d’individus moindre. Seuls les membres du Synode et les chefs des autres familles nobles ou leurs représentants se trouvaient devant le trône. Balt et lui échangeaient encore quelques mots lorsque Valtus fit un geste de la main. Une mélodie brève se fit entendre et qui se répéta trois fois. Balt avait repris sa place parmi ses semblables. Valtus lui, observa un à un une dernière fois les nobles présents avant de se lever et de prendre la parole.


- Seigneurs de Sigil, je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation…

Du haut de son observatoire en trompe-l'œil, Ipas observait la scène. Il sourit lorsqu’il entendit cette pirouette politique employée par Valtus. Invitation ? Non. Tous avaient été convoqués sans la moindre possibilité d’esquive… Il observait les uns, les autres et écoutaient son maître avec admiration. Adepte du beau langage, le monarque faisait l’éloge de la noblesse de Sigil, de la prospérité du Royaume et des implications de ses futurs nouvelles fonctions au sein du Conseil Noir. À un moment, son regard se posa sur Balt, le cousin de Valtus et président du Synode, le conseil des grandes familles. Il semblait concentré et serein, fixant presque constamment le sol, comme s’il connaissait déjà à l’avance le discours que Valtus était en train de prononcer.

... C’est pourquoi j’établis ce jour la nouvelle charge d’Intendant général du Royaume qui aura la lourde responsabilité d’administrer et gérer les affaires courantes de Sigil en mon absence. C’est une tâche complexe, exigeante, qui demande une implication totale et impose une fidélité sans faille envers le Trône et Sigil…

Pour la première fois depuis le début de l’allocution, le regard de Balt se dirigea vers Valtus. Ipas cru même apercevoir chez lui une profonde inspiration.

... Parce qu'il a démontré à mainte reprise combien son cœur battait pour Sigil, en récompense pour son aide précieuse lors de la guerre contre l’Usurpateur et pour son soutient indéfectible envers le Trône, je nomme à cette fonction le Prince Balt de la Maison Teneb, qui continuera à exercer ses fonctions à la tête du Synode.

Respecter son autorité, c’est obéir au Trône. La contester, c’est s’opposer au Trône… Et se rendre coupable de trahison envers moi.

Que cela soit écrit et proclamé à tous.


Il y eut encore quelques mises en garde et mots d’encouragement de la part de Valtus avant qu’il ne lève la séance et ne quitte la pièce pour rejoindre ses appartements privés. Ipas se mit immédiatement en route pour le rejoindre.


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A peine avait-il franchi les portes de sa chambre que Valtus agita ses mains au niveau de sa tête et le long de son manteau royal. Aussitôt, la couronne posée sur sa tête flotta dans les airs pour rejoindre son support d’exposition. De même, les attaches de son manteau se dénouèrent afin de laisser le vêtement quitter ses épaules pour aller se poser sur un porte-manteau sépcial.

Il prit une profonde inspiration et étira ses bras au-dessus de sa tête. Balt arriva quelques instants plus tard.


- Beau discours. Clair et concis… Mais je pensais que tu allais en profiter pour aborder la question du clonage ? Aurais-tu renoncé finalement ?

- En aucune façon… J’ai simplement considéré que ce sujet méritait une allocution à part entière. D’autant plus que les détails ne sont pas encore totalement réglés. Ce jour t’appartient, mon cousin, et rien ne saurait éclipser ta gloire. Profites en comme il se doit.

À présent, va. Je te rejoindrai très vite, dès que j’aurais réglé quelques affaires ici.


Un banquet était effectivement organisé en l’honneur de Balt et de ses nouvelles fonctions. Une fois que Balt fut parti, Ipas se retira à son tour pour laisser Valtus seul. Se servant un verre, le Sith se mit à parler.

- L’avez-vous retrouvé ?

Le maître-espion de Valtus quitta le coin sombre qu’il occupait déjà avant qu’il ne revienne de la salle du trône. Il avait un datapad à la main.

- Nous avons fouillé les registres carcéraux de la République et il n’apparaît nulle part…

- Les condamnés à mort ?

- Nous avons vérifié aussi et là encore… aucune trace de lui.

- Un seigneur Sith ne disparaît pas comme ça ! Et le Renseignement impérial ?

- Notre contact sur Dromund Kaas ne semble pas s’émouvoir de sa disparition. Officiellement, le Seigneur Pacem est considéré comme disparut lors de la prise du Capitole sur Artorias. Peut-être que si vous faisiez valoir votre nouvelle position au Conseil noir…

Valtus commençait à fulminer. Disparut ? Certes… mais les paroles de son maître-espion sonnait comme un abandon… Quant à la question de faire valoir sa position de Conseiller noir pour obtenir des informations, il s’y refusait pour le moment. Pourtant, nul doute que cela arrangerait les choses…

Le datapad du maître-espion affiche alors une notification annonçant la réception d’un message.


- Intéressant…

- Quoi donc ?

- Notre contact du Renseignement impérial… Il vient d’envoyer un message curieux. Il ne mentionne qu’une planète : Batuu et ajoute ce commentaire : Prison Jedi.

Ce qu’il venait d’entendre laissait Valtus songeur. Pianotant sur son datapad, le maître-espion était en train de vérifier les informations connues sur Batuu. Rien dans les banques de données de l’Égide, il se contenta donc des données en libre accès de l’Holonet.

- Une “ prison Jedi ” ? Serait-ce seulement possible…

- Nous n’avons aucune information pertinente sur cette planète, Majesté. Un ancien comptoir commercial d’avant la Grande guerre de l’Hyper-espace tout au plus… Elle est à la frontière de l’Espace sauvage et de la Bordure extérieure, mais n’est pas dans la République.

- Je vous remercie, maître-espion. Vous pouvez retourner à vos occupations, nous reverrons cette affaire plus tard.

S’il ne voulait pas faire plus appel aux Renseignements de l’Empire, Valtus devait trouver des informations ailleurs… auprès de quelqu’un d’autre… S’approchant de son bureau, Valtus activa sa console personnelle de travail. S’assurant d’avoir activé un haut niveau de cryptage, il composa un message et l’envoya aussitôt.

Extrait du message :

Spoiler:

Valtus n’avait pas besoin d’en dire davantage, ni de faire mention du destinataire ou de l’expéditeur. Une seule personne dans l’univers pouvait recevoir ce message.




Gary Kovani
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« Señor Prospero… » Je me laisse glisser en arrière, sur le fauteuil jadis confortable. Il ne l’est plus depuis longtemps. La barre rigide qui soutient l’assise, dépouillée de sa mousse moelleuse, m’oppresse le coccyx. Mais je fais bonne figure. Je souris. « Vos sous-entendus me frappent en plein corazon, mi amigo ! » Je bascule mon poids d’une fesse à l’autre, pour tromper mon système nerveux, et me permettre de rester assis encore quelques minutes de plus. Je me dandine, comme un type mal à l’aise… C’est probablement cette interprétation qui pousse le ventripotent Dévaronien à prolonger les négociations. « Nous avions convenu d’un prix, un accord verbal… » Il balaie mes arguments d’un geste rageur :

« C’était il y a trois jours ! Vous savez ce que c’est… L’inflation, la loi de l’offre et de la demande, la fluctuation des loyers lié à la tension accrue du marché de l’immobilier depuis que… »

Je me relève d’un coup, mes deux poings frappent surement le bois artificiel du bureau rafistolé. Un geste suffisamment autoritaire pour lui couper la chique. Il me balade ! Il joue avec mes nerfs ! Mon ombre écrase la silhouette pourtant massive de l’homme d’affaires. Il recule le buste, et baisse légèrement la tête pour me menacer de ses cornes ébréchées. Réaction réflexe, inconsciente d’un Dévanorien qui se sent menacé. Un langage corporel inscrit dans son patrimoine génétique depuis des temps immémoriaux. Je profite de la brèche ouverte dans son assurance pour repasser à l’offensive :

« Des bâtiments insalubres comme les votre, il y a dans tout le quartier ! Si tirez trop sur la corde, j’annule notre accord. D’autres accepterons sans hésiter la somme que je propose ! » Le coup de pression fait un flop. Il se reprend aussitôt, bras croisés sur la poitrine, large sourire amusé aux lèvres.

« Si mes logements sont insalubres, pourquoi vouloir me les acheter, mi amigo ? Allez donc voir la concurrence si ça vous amuse… Mais le fait est que vous m’avez contacté le premier, et donc j’en déduis que c’est mon immeuble que vous voulez… Et si vous le voulez vraiment, il va falloir faire un effort. Un pequeño esfuerzo, gringo… »

J’ai envie de sauter par-dessus l’épave qui me sert de bureau, glané dans la décharge, pour serrer entre mes deux mains son cou de taureau. Mais je ne suis pas de ceux qui succombent aussi facilement à leurs pulsions. Je soupire. ]i]« Nous sommes parti sur de mauvaises base, señor Prospero, laissez-moi vous expliquer clairement la situation. Un autre stimcafé ? »[/i] Il fait non de la tête, esquivant avec habileté l’un des pièges les plus anciens utilisés par les négociateurs : pousser son interlocuteur à dire « oui » plusieurs fois d’affilé. Chaque répétition rend la négation plus difficile : un biais cognitif parmi tant d’autres. Prospero n’est pas né de la dernière ouverture d’El Culo. Je hausse les épaules, et m’en ressers un, qui refroidit lentement dans la cafetière ébréchée. Encore de la récupération. Tout ici, ou presque, vient de la décharge. Du matériel obsolète jeté par Jika Tech. Mais avec un peu d’imagination et de savoir-faire, tout se répare où se réutilise. C’est devenu la spécialité des habitants du quartier. Je porte le liquide tiède à mes lèvres, tout en ouvrant de l’autre main un tiroir. Propero se raidit, craignant peut-être que j’en sorte un flingue. Mais ce n’est pas mon genre. Pendant quelques instants, j’hésite à user de la Force pour le convaincre… Mais j’ai encore un semblant d’éthique. J’extrait du tiroir une carte de visite minimaliste. Aucun sigle ou logo. Seulement quatre lettres, un acronyme explicité en dessous, en plus petit et italique. Je la lui tends. Il la prend curieux.

« Joie, Epanouissement et Développement Individuel. Je représente cette fondation humanitaire. Elle a effectivement choisi votre immeuble pour s’installer dans le quartier » En acronyme c’est donne : J. E. D. I. Haha, c’est mes idées sont tellement géniales. « Ces gens sont sérieux. Ils déjà commencé à distribuer du matériel médical à la clinique de la señora Kessigen situé à l’étage du dessous. Un homme aussi bien renseigné que vous n’a pas pu le manquer. » Son sourcil s’arque, je peux presque entendre ses pensées : il est sceptique, pourquoi quelqu’un irait dépenser le moindre crédit ici. Dans quel but ? Rien n’est jamais gratuit. Et il a raison. J’entre dans son jeu. Seule option pour obtenir son assentiment. « Son but est de… développer le quartier. Santé, service d’aide à la personne, services de proximité. Ils ambitionnent de faire reculer la pauvreté et l’insécurité. Pourquoi ? Je vais être franc : vous n’êtes pas assez sot pour croire que tout ceci est gratuit. Simple calcul pécunier. C’est toujours comme ça que ça marche. D’ici quelques mois, une année tout au plus, l’évolution positive du quartier va faire remonter en flèche les prix de l’immobiliser. D’autres investisseurs se jetteront sur ces nouvelles opportunités. Cercle vertueux hautement rentable. Alors, réfléchissez, mi amigo : si vous me vendez aujourd’hui cet immeuble, au prix du marché actuel : vous tirerez, dans peu de temps, une énorme plus-value sur tous vos autres biens. Voyez cela comme… un investissement avisé. Et je sais que vous êtes un homme d’affaires avisé, qui sait flairer les opportunités… »

****

Deux heures plus tard,

Je me masse les tempes. J’ai la migraine. Prospero a été difficile, plus que prévu… Mais nous sommes parvenus à un accord. Sur l’écran de mon datapad s’affiche le titre de propriété de l’immeuble juxtaposant la clinique de Jesaëlle. Tout est à refaire à l’intérieur. La carcasse n’est plus qu’une ruine sans eau courante ni electricité… Mais ce bâtiment sera le point de départ d’une installation sérieuse et durable de l’Ordre sur Nar Shaddaa. Au cœur d’un secteur qui mérite, plus que les autres, de bénéficier de l’altruisme et de la sagesse millénaire des Jedi. J’aimerais y voir le signe d’un renouveau… Mais le chemin est trop long et sinueux pour déjà se féliciter… Lorsque le Conseil saura que j’ai utilisé les crédits volés à deux gangs pour financer cette acquisition, je risque de passer un sale quart d’heure… Mais ce n’est que justice : ces malfrats rançonnent les commerçants, escroquent les citoyens vulnérables. Cet argent leur sera rendu, sous forme de services utiles à tous…

Un argumentaire un peu bancal qu’il va falloir que je travaille encore un peu..

Au moment où je sombre dans mes songes éveillés, un message prioritaire illumine mon datapad. Le rouge vif indique sans l’ombre d’un doute un codage ultra sécuritaire. Je sais déjà qui en est l’expéditeur. Darth Yrlion. Valtus. S’il prend le risque de me contacter de la sorte, c’est que l’affaire est urgente, vitale. Malgré le haut niveau de cryptage, quasi inviolable, les messages électroniques restent une brèche. Ils peuvent être interceptés, clonés, détournés…

Je presse d’un index curieux sur l’accusé de réception. Aussitôt l’algorithme préalablement installé dans un sous-dossier discret commence la lecture du cryptable. Les caractères spéciaux et autres formes géométriques prennent lentement la forme de lettres.

Batuu. Prison Jedi. Pacem Darcos. Je relis une dizaine de fois des lignes carmines, comme si le code cachait un autre code. Mais non. La demande est ce qu’elle parait être. Il ne s’agit pas d’un autre subterfuge. Enfin je crois. Batuu ? Oui ce monde m’évoque des souvenirs. Mais certainement pas ceux d’une prison Jedi. Un autre drame a eu lieu là-bas. Il y a vingt ans, aux premières heures de la nouvelle guerre contre l’Empire Sith ressuscité.
Mes doigts hésitent. Ils ne sont que les témoins des doutes qui polluent mes pensées. Batuu a été frappé du sceau du secret. Un TabouLes archives concernant ce monde ont toutes été détruites. Pour que cette histoire, et ses protagonistes, soient oubliés. Il n’y a rien de pire que l’oubli. Je soupire. Tous les Jedi de ma génération connaissent cette histoire. Mais personne n’en parle, comme si elle n’avait jamais existé. La prochaine vague de Jedi ignorera tout d’elle.

J’hésite donc. Je pourrais soutenir que je ne connais rien de ce monde… Mais Valtus finira à un moment ou à un autre par en apprendre plus. Il comprendra que je lui ai menti. Parler d’un monde tabou n’aura que très peu de conséquences de toute manière… Alors je passe finalement aux aveux, après avoir méticuleusement mesuré les pours et les contres. :

// Batuu. Ancien avant-poste Jedi. Perdu peu après Artorias. Aucune prison Jedi répertoriée à ma connaissance. // Les Jedi ne gardent pas de prisonniers… Ils les remettent aux autorités compétentes. Je continue sur ma lancée, maintenant que j’ai ouvert la boite de Pandore, il me faut aller jusqu’au bout : // Batuu est frappée d’un Tabou. Il est interdit de s’y rendre. D’anciens Jedi y ont fondé une secte. Ils ont renié l’Ordre et la République après la défaite d’Artorias. Des fanatiques lumineux aussi dangereux que des adeptes de l’ombre. Ils ont massacré ceux qu’ils jugeaient indigne de leur dogme. Ils ont été excommuniés. // J’en ai déjà trop dit. Je secoue lentement la tête. Ces faits remontes aux premières heures de la guerre. Le contrecoup de la perte d’Artorias, le traumatisme causé par la résurgence des Sith. Trop sûrs de nous, nous n’avions pu prévoir leur retour. Tout comme nous n’avons pas capable de voir venir le revirement du Chancelier S’orn.

// Mais si tu comptes te rendre là-bas, tu auras besoin d’un guide. Compte sur moi. // C’est la malsaine curiosité qui transpire de mon esprit, qui écrit ces mots numériques. Que sont devenus ces anciens Jedi ? Isolé sur leur monde à la limite de l’espace connu ?
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Artorias - Prise du Capitole - 21.563


L’efficacité des bombardiers était redoutable. Les pièces d’artilleries avaient volé en éclat dès le premier passage, obligeant les défenseurs à se replier dans le Capitole et dégageant la voie aux légions Sith. Les forces de Valtus et Pacem entrèrent en trombe dans le hall et fendirent la masse ennemie encore sous le choc avec une facilité déconcertante.

Pacem plongea la lame rouge de son sabre-laser dans le torse d’un soldat artorien. Il ne la retira pas de suite, laissant cette dernière chauffer et bruler les chaires de sa victime. En appelant à la Force, il projeta violemment le cadavre sur un groupe d’artilleurs qui tentait de fuir. Ils roulèrent sur le sol sous le choc. Sans attendre, il se rua sur eux et se déchaina, frappant avec son sabre avec une force irrésistible.

De son côté, Valtus faisait preuve de moins de sauvagerie, mais à travers lui, le Côté obscur se déchainait. Les éclairs de Force qu’il invoquait étaient aussi foudroyants que redoutables et ne laissait aucune chance à ses victimes. La pression de Force employée par lui pour briser le corps de ses adversaires ne laissait là encore aucune chance de survie.

Partout autour d’eux, les survivants agonisants hurlaient dans l’indifférence totale des troupes impériales qui continuaient leur avancée. Les deux Sith prenaient plaisir à se battre ainsi. Le Côté obscur était à son plein potentiel et inondait les alentours. Au plus profond de Valtus, la flamme sombre qui l’animait s’était changé en un brasier incandescent.

Cependant, quelque chose ne collait pas. Tous deux finirent par se rejoindre pour discuter l’espace d’un instant.


- Où est passé le Jedi ?!

- Je perçois toujours sa présence… mais il ne se montre pas.

- Il laisse mourir ses soldats, ça ne ressemble pas aux manières de l’Ordre. De plus, nous avançons un peu trop facilement à mon goût…

- Tu penses à un piège ?

Faisant preuve d’un réflexe sur-humain, Pacem brandit son sabre-laser pour dévier un tir de blaster qui leur était destiné. Le malheureux à l’origine du tir n’eu pas le temps de réagir que sa tête était séparée de son corps.

- Je ne sais pas, mais si c’est le cas… alors précipitons-nous dedans !

Valtus était moins enthousiaste que son camarade. Si c’était bien dans un piège dans lequel ils se précipitaient, il voulait prendre un minimum de précaution.

C’est comme une puanteur vive qui agressa Pacem et Valtus lorsqu’ils pénétrèrent dans la salle du conseil du Capitole. La Lumière inondait la place et celui qu’ils cherchaient était là. Habillé d’une armure de combat et drapé dans sa bure marron, Akar Oburn toisait les deux Sith avec un certain mépris.


- J’ai rarement vu pareille sauvagerie…

Pacem s’inclina légèrement comme pour le remercier pour ce qu’il considérait comme étant un compliment.

... La République et l’Ordre Jedi ne laisseront jamais les Ténèbres revenir !

Pacem s’esclaffa.

- Si prévisible… Hélas, tu as un speeder de retard, Jedi. Ce jour glorieux marque le retour non seulement des Sith et de notre empire, mais aussi le retour de l’ordre et de la justice. Nous attendons ce moment depuis si longtemps… Ton Ordre et ta chère République tomberont !

Oburn s’avança d’un pas lourd, activant son sabre-laser à lame double verte.

- Je vous écraserai aussi aisément qu’un insecte…

- Vermine de Jedi !

- Vermine de Jedi !

L’intensité du combat qui s'ensuivit était à la hauteur de la détermination des combattants. Alors que les lames s’entrechoquaient, une escouade de commandos de la République se mit en position autour d’eux…

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Bakura - De nos jours - 21.583

Le StarGazer était le genre de cantina qui offrait à la fois divertissement et discrétion à ceux qui en avaient besoin. Située dans la banlieue reculée de Salis D’aar, la capitale de la planète, l’établissement était trop éloigné pour susciter l’intérêt des forces de sécurités locales. L’endroit parfait du point de vue de Valtus pour une rencontre discrète entre un seigneur Sith et un Jedi en exil. La réponse favorable qu’il avait reçue quelques semaines plus tôt de la part de Gary avait poussé Valtus à aller plus avant et lui donner rendez-vous pour discuter de vive voix.

Assis à une table relativement tranquille, Valtus buvait un verre de whisky correllien tout en profitant de l’ambiance musicale plutôt agréable pour un bouge de ce genre. Il observait toute la foule alentour. Des pilotes de cargos, des manutentionnaires, des agriculteurs, des ouvriers…  Tout le spectre social laborieux était représenté. Les yeux du Sith allaient et venaient, s’attardant parfois sur des personnages séduisants, le poussant presque à céder à la tentation.

Alors qu’il buvait son verre, il sentit une présence dans la Force. Quelques instants plus tard, Gary prit place en face de lui. Il ne l’avait pas vu arriver. Valtus termina de boire son whisky.


- Tu as une mine affreuse… L’Ordre ne nourrit donc plus ses membres ?

Voyant l’arrivée d’un nouveau client, le droïd-serveur s’approcha pour demande à Gary ce qu’il voulait boire. Valtus en profita pour reprendre un verre.

- Cela faisait longtemps. Comment vont les choses sur Tatooine ?




Gary Kovani
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Batuu - Des années plus tôt - 21.563

« J’ai un visuel. Je transmets les images. Terminé. »

A cette distance, elles manquent certainement de précisions. Mais j’espère qu’elles feront l’affaire. Car je suis de plus en plus mal à l’aise. Assaillit par de sombres pressentiments. A l’horizon se découpe un vieil édifice en forme de dôme, semblable à une demi-sphère bardées de hautes antennes, niché au milieu d’une forêt tempérée inextricable. Malgré sa situation géographique isolée, il est dans le collimateur de l’Ordre Jedi depuis que des Renégats l’ont pris d’assaut pour en faire leur quartier général. Le couperet tombe :

« Il va falloir se rapprocher, même l’IA du vaisseau est incapable de cartographier le périmètre défensif. » Je peste intérieurement. Seul un grognement à peine audible passe la barrière de mes lèvres serrées, desséchées par la tension qui habite mon être depuis que je foule l’humus. Machinalement, range les jumelles connectées au systèmes du croiseur Jedi dans l’écrin de cuir qui pend à ma ceinture. L’ennemi ignore que nous sommes là. En théorie. L’Entropie des étoiles, est sorti en hyperespace à la limite du système solaire, bien au-delà des capteurs atmosphériques. Il a mis presque une semaine, seulement mu par l’inertie de sa sortie hyperspatiale, la plupart des systèmes éteints, pour se lover dans l’ombre de Destra, la plus grosse des deux lunes Batuu. J’ai rejoint le sol à bord d’une capsule de sauvetage monoplace. Depuis je crapahute.

« Je vais faire ce que je peux. Mais je ne promets rien. » Chaque signal pourrait trahir ma position. Certes, au milieu de la nature sauvage, le risque d’être intercepté par un équipement d’écoute à balayage larges fréquences est faible. Mais je ne veux prendre aucun risque. En cas de pépin la cavalerie ne débarquera pas avant une demi-heure, au mieux. Alors je suis précis et concis. Phrase courtes, entrecoupées de silences. A chacun d’eux, le modulateur intelligent bascule sur une nouvelle fréquence, suivant les instructions complexes de l’algorithme militaire chargé sur les systèmes de communication du vaisseau. Matos dernier cri. Mais je doute que nous le gardions longtemps. La République va, tôt ou tard, nous le reprendre pour son effort de guerre. Stop ! Reste Focus Gary. Concentre-toi sur l’instant présent.

Approcher d’une enclave tenue par des utilisateurs chevronnés de la Force n’est pas une mince affaire. La moindre perturbation dans la faune ou la flore locale pourrait les alerter. J’inspire longuement. Je calme ma respiration, tente de noyer mon aura dans son environnement. Je ne dois pas paraitre plus signifiant qu’un vulgaire insecte rampant. L’agent de liaison resté sur le pont interprète mon sarcasme comme une question, il y répond :

« Leur brouillage est impressionnant. » Je soupçonne l’usage de technologies de pointes couplées à des pouvoirs nés de la Force. J’ai déjà vu ce genre de pratique à l’œuvre : un petit groupe de Jedi qui entrent en méditation, associent leurs talents respectifs pour perturber les ondes électromagnétiques de leur environnement. Mais je n’ai jamais été confronté à une telle maitrise. Que ce soit depuis ma position avancée, ou depuis l’orbite, aucun capteur n’est en mesure d’afficher des relevés optiques, thermiques ou magnétiques fiables. Nous ignorons tous de ce qui se passe là-bas. « Si l’on veut des données exploitable, va falloir s’approcher à moins de cent mètres de la source des perturbations. » A cette distance, je pourrais leur faire une description si précise qu’ils n’auront plus besoin de ces foutues images. Je secoue la tête. Je risque ma vie pour garnir de photos un dossier qui prendra la poussière dans les Archives Jedi. Ou qui servira de preuves légales si jamais la situation dégénère et que la République demande des comptes. Ce qui est peu probable. La Chancellerie est vacante depuis la capture d’Halussius Arnor par l’Empire ressuscité sur Artorias. Son Ministre de l’Economie, un Hutt, Ragda Rejliidic, ne s’intéresse nullement aux problèmes internes de l’Ordre. Il est trop occupé à profiter des pleins pouvoirs qu’il s’est octroyé pour gérer la situation dramatique dans laquelle la galaxie tout entière est soudainement plongée.

Je me mets en branle. Je ne puis user de la Force pour écarter lianes, branches basses et buissons ronceux. Ils me détecteraient. Alors je progresse lentement, laborieusement. Mais d’un pas leste : mes mouvements ne génèrent plus de bruits que les bourrasques qui s’engouffrent dans les hautes frondaisons. La nature sauvage est terriblement bruyante. Elle couvre le crissement des feuilles mortes sous mes semelles. Cet antique avant-poste Jedi avait presque disparu des cartes galactiques avant que les Renégats ne se l’approprient. Depuis, c’est le silence radio. Nous n’avons aucune idée de leur nombre, de leurs moyens, des armes et technologies qu’ils ont dérobés à l’armée Républicaine pendant la déroute d’Artorias. De ce fait, le Conseil n’ose intervenir. Ils espèrent peut-être encore parvenir à une issue pacifique. Un fantasme irréaliste. Leur leader charismatique a éliminé lui-même son padawan, après qu’il ait alerté les Jedi des intentions de son Maitre.

La forêt est dense, difficilement praticable. Les plus hauts arbres se parent déjà d’ocre et d’ors. La saison froide approche. Chaque coup de vent déclenche une pluie de feuilles mortes. Cette végétation n’a rien à voir avec celle d’Ondéron. Batuu est un monde paisible, commun, sans intérêt stratégique. Exceptés pour ceux qui y font escale avant de s’enfoncer dans les profondeurs inexplorées de l’Espace sauvage. Cette pensée m’évoque une question :

« Toujours aucune nouvelle des gars de l’explocorp sur place ? » Il restait dans l’avant-poste une poignée d’auxiliaires Jedi du groupe d’exploration galactique, chargés de cartographier les frontières de la République. Avant que l’Empire ne se révèle, nous pensions naïvement que les menaces ne pouvaient que venir de l’extérieur. Sordide erreur. Je ravale ma frustration.

« Négatif. Rien de nouveau. » Je soupire. Ils sont soit été exterminés, soit pris en otage. Une raison de plus pour ne pas agir sans disposer de toutes les cartes. Une pression sur mes épaules qui s’intensifie encore.

« Ok. Je passe en silence radio. Un bip toutes les dix minutes. Si je manque un signal, déclarez-moi comme disparu… »
« Reçu. Que la Force soit avec vous. »
« Ouais, je vais en avoir besoin… »



****


De nos jours, Bakura,

« T’es sérieux ? » Je me laisse glisser en arrière sur la banquette, bras croisés sur la poitrine, l’air renfrogné « Tu me fais traverser la moitié de la galaxie, transiter par la République… Je prends d’énormes risques pour toi… Et tout ce que tu trouves à me dire : c’est que j’ai une sale gueule ?! » Je congédie le Droïde. Je n’ai ni faim ni soif. Mon dernier paquet de crackers remonte à une demi-heure. Le prochain attend dans l’une des profondes poche de ma veste de mécano. Sans y regarder de trop prêt, je ressemble à l’un de ces mécaniciens du spatioport venu décompresser dans une cantina de banlieue avant de regagner son foyer, où ses enfants insupportables et sa femme intransigeante l’attendent de pied ferme pour partager avec lui toutes les péripéties d’une journée semblable à toutes celles déjà vécues depuis dix ans. Sauf que je ne bois rien. Non. Il m’a coupé la soif l’autre avec ses remarques désobligeantes…

« C’est sûr que, moi, je n’ai pas une armée de serviteurs pour me pouponner du matin au soir. » Je soupire. La frustration et la fatigue ont raison de ma retenue. La migraine tonne déjà à mes tempes. L’espace de quelques instants, j’ai oublié à qui je m’adresse : un Seigneur Sith. Malgré ce lien qui nous unis, il n’en reste pas moins un être dangereux, capable de me briser en une fraction de seconde. Il ne faudrait pas que je pousse le bouchon trop loin… Je me redresse, étire mes épaules et me fais craquer la nuque d’un mouvement brusque de la tête.

« Ouais, ok. Il se pourrait que je sois un peu sur les nerfs. » Je passe aux aveux. Ce ne sont pas vraiment des excuses pour mon manque flagrant de politesses… Je ne lui en ferai pas. Je plonge la main dans une poche, pour en ressortir un boitier sombre. Cylindrique, moins de dix centimètres de hauteur. Son socle magnétique porte les traces profondes laissées par mon pied-de-biche. « J’ai trouvé ça, fixé sous mon vaisseau, avant de décoller. » J’ai été trop négligeant ! « C’est un traceur. Quelqu’un me piste… Et je ne sais pas vraiment depuis quand. Il faut dire que j’ai pas mal bourlingué ces derniers mois… Espace Hutt, République, Empire… Mais ça n’a pas l’air d’une conception impériale. Vous êtes du genre à coller votre logo sur toutes les pièces. » Je soupçonne la Sénatrice Vestali. Si je me triballe l’appareil sous la coque depuis la mission sur Khorm… Bordel. Je le fais rouler sur la table. Il achève sa courte entre les mains du Seigneur Sith. « Dis-moi que ce n’est pas toi… » En vérité, il peut bien faire ce qu’il veut : je n’ai aucune autorité sur lui, c’est certain. Mais nous avions convenu d’une sorte d’accord tacite. Dans mes souvenirs tout du moins. Chacun de son coté, quelques échanges d’informations. Mutuellement avantageux. Pas de coups de pute. Mais peut-être que les Sith n’ont pas la même définition que moi des coups de pute.

Dès qu’il pose les mains sur le traceur, je le sais. Je le sens. Non, ce n’est pas lui. Une partie de la tension accumulée s’évapore. Je secoue la tête :

« Laisse tomber. » Je tends la main pour le récupérer, puis enchaine « Tatooine, je n’y ai pas mis les pieds depuis des mois pour être honnête. Ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent là-bas. L’avenir de l’Ordre ne se trouve pas une cette boule de sable irradiée paumée au fin fond de l’espace Hutt. » Je ne lui en dis pas plus. J’ai comme l’intuition qu’il sait déjà tout. Il me garde à l’œil. Il a peut-être même une taupe dans le quartier de la Décharge, sur Nar Shaddaa, pour lui reporter chacun de mes faits et gestes, comme ces acquisitions immobilières que j’effectue en puisant dans ma caisse noire. J’y laisse toutes mes économies.

Je pose les coudes sur la table, et lui décoche un grand sourire.

« J’imagine que l’emploi du temps du nouveau Maitre des Forges est millimétré. » Oui, moi aussi j’ai fait mes devoirs. « Que tu ne peux pas t’esquiver bien longtemps à tes obligations sans éveiller les soupçons de l’Impératrice et de tout ceux qui rêvent de prendre ta place au premier faux pas. Ne tournons pas autour du pot alors. Pourquoi tu t’intéresses à Batuu ? C’est quoi cette histoire de Prison… » Je manque de prononcer le mot Jedi. Mais je me ravise lorsque le droïde revient avec le nouveau verre de Valtus. « Finalement je vais prendre un soda énergisant. » Entre temps, je me suis décidé. Mes cernes, sombres et gonflées, attestent de mon manque de sommeil. Depuis nos échanges, des visions et des souvenirs de Batuu m’assaillent. Je les avais chassés au plus profond de mon subconscient. Ils remontent à présent.

« Nous avons du Rancor Head, du RedWamp, du Galatic Rockstar et de la XenoMonster… »
« Qu’importe. RedWamp ira très bien. »
« Tout de suite, monsieur. » Dit-il, avant de s’éloigner en claudiquant légèrement. Le servomoteur de sa jambe gauche commence à faiblir, je parie que le patron attend le dernier moment pour lui changer. Un type qui rogne sur le budget, même si cela nuit à sa réputation. Je comprends le choix de Valtus. Les patrons de cet acabit se laissent aisément corrompre par quelques pots de vins. Personne ne viendra nous déranger.

« Bref. On en était où ? Ah oui, tu allais tout me dire. »
Darth Yrlion
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Alors que le droïd s’éloignait dans un cliquetis léger, mais bien audible, Valtus sourit. Le mouvement d’humeur de Gary l’amusait clairement. Ce n’était pas un amusement malsain et malin cependant, non. C’était presque affectueux, tout comme la petite provocation relative à sa figure. Revoir le Jedi le ferait devenir… sentimental ? C’était un sentiment et une attitude avec lesquels Valtus aimait jouer en vérité.

- Je ne peux que te confirmer que ce traceur n’est pas de Sigil. Mais ça ne ressemble pas non plus à un appareil de conception impérial...

Valtus doutait fortement que les services de Renseignements de l’Empire s’intéressent à Gary. Après tout, il n’était “rien, ni personne”, un simple chevalier marginal, d’après ce que le Sith avait compris. Il ne valait pas le coup de mobiliser personnels et matériels… Ce n’était pas l’avis du monarque.

- Je peux demander à mes services d’où provient le traceur si tu veux… mais à ta place, je tournerais mes recherches sur mes anciens alliés… mais pas seulement les “anciens”.

Distiller le doute, n’était-ce pas la manière des Siths ? Valtus était non seulement en train d’insinuer que le traceur avait été placé par la République, mais il ouvrait la porte à cette possibilité que le Conseil Jedi lui-même l’ait fait. Après tout, Gary se décrivait lui-même comme un “marginal” qui s’attirait souvent les foudres des Maîtres. C’est ce qui faisait son charme et son intérêt pour Valtus.

Le droïd ne mit pas longtemps pour revenir avec les boissons qu’ils avaient commandées. D’un œil furtif, Valtus observa le comptoir pour s’assurer de l’attitude du patron. Un duo de baroudeurs nautolans assez mal habillés et bourrus s’approchèrent de la table qui se trouvait juste à côté de celle où les deux compères étaient installés. Valtus avait donné une assez forte somme d’argent au tenancier pour s’assurer d’être tranquille et de ne pas être dérangé par ce genre d’individus. Alors qu’ils allaient s’asseoir, le patron leur cria sans ménagement d’aller s’installer ailleurs. Les nautolans protestèrent d’abord avant de se résigner lorsque le patron leur promis une tournée offerte. Lui et Valtus échangèrent un regard, l’un approbateur, l’autre interrogateur. Le Sith leva alors son verre comme pour trinquer avec le Jedi mais sans concrétiser le geste avant de boire une gorgée de whisky.


- Je cherche quelqu’un, un de mes semblables. Nous avons fait nos armes ensemble lors de la bataille d’Artorias. Il est porté disparu depuis que les forces républicaines et Jedis se sont retirées de la planète.

Le Renseignement impérial ne possède aucune information pertinente sur lui, si ce n’est Battu. Pour nous, cette planète est référencée comme un monde utilisé comme prison par les Jedis. Une prison serait secrète, hors de la juridiction et de la connaissance même du Sénat. C’est tout ce que j’ai réussi à savoir.


Valtus porta à nouveau son verre à ses lèvres, comme si aborder le sujet déclenchait chez lui une soif soudaine. Son regard était d’un sérieux tranchant. L’affaire était très sérieuse pour lui. Peut-être trop ?

- J’ai été très étonné de ton retour de message, je dois dire. Une secte ? Des Jedis fanatiques ? Le Conseil aurait laissé faire sans rien dire ?

Il n’en avait pas dit plus sur Pacem, pour le moment. Mais il voyait déjà poindre dans le regard de Gary cette étincelle familière annonçant qu’il allait chercher à en savoir plus



Gary Kovani
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« Un de tes semblables ? » J’arque un sourcil interrogateur, alors mon sourire espiègle s’étire, sans retenue. Le terme m’intrigue. Pourquoi choisir ce mot ? Il n’a rien d’hasardeux ni de fortuit. Valtus opère avec langage comme un chirurgien avec un scalpel. Net, précis, tranchant, voir mortel. Chaque synonyme renferme en son cœur ses nuances propres. Un semblable n’est pas exactement un homologue ou un proche… Je suis convaincu qu’il me tend un perche. Je la saisis sans hésiter :

« J’ignorais qu’un Seigneur Sith, souverain incontesté, membre du Conseil Noir pouvait encore considérer un autre être vivant comme son semblable… » Qui peut-il bien rechercher ? Une personne suffisamment importante à ses yeux et son cœur pour, faute d’autres options, user de son joker imprévisible : moi. Un acte désespéré ? Possible. Ou alors n’est-ce qu’une excuse fallacieuse pour prendre un verre en agréable compagnie, loin des tumultes de la galaxie. Non. Ce n’est pas son genre. S’il voulait seulement me voir, il aurait été direct. Il nous aurait arrangé une… entrevue. En terrain neutre. Que je me serai efforcé de repousser encore et encore pour le laisser mariner un peu. Un Gary, ça se mérite. S’il a une qualité que j’apprécie chez lui : c’est justement cette facilité à aller droit au but, sans tourner autour du pot, tout en prenant soin de conserver ses secrets. Le savoir est le pouvoir comme disent certains. Un adage dont le Roi de Sigil s’est fait l’avatar.

Avant de répliquer, je m’assure que les importuns se sont suffisamment éloignés. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à être… écoutées. Surtout ici, sur Bakura. Un monde très périphérique de la galaxie, mais officiellement Républicain. Ni lui ni moi n’avons rien à faire ici. J’ignore pourquoi il a tenu à ce que nous nous y rencontrions. Par excès de discrétion ? Les oreilles des espions impériaux ne portent-elles donc pas jusqu’ici ? Ou bien y a-t-il un rapport entre Batuu et Bakura ? Le seul que j’entrevois, c’est un concours de circonstance : nous avons perdu contact avec Batuu peu après Artorias, lorsque le Chancelier Jedi Arnor était aux mains de l’Impératrice. Pendant cette période de troubles, l’être aux commandes n’était autre que le Hutt Rejliidic, Sénateur de Bakura. Des questions sans réponse qui n’ont pour le moment aucune importance. Je me laisse encore un peu plus glisser sur la banquette confortable. Je récupère le traceur et le fourre dans l’une des larges poches de mon pantalon de mécano :

« Laisser tomber pour le traceur. J’ai déjà ma petite idée… Et non, mon bon ami… Je sais très bien ce que tu essaies de faire : ça ne vient pas de mes… Semblables » Clin d’œil. « S’ils voulaient me pister, ce qu’ils font peut-être déjà… Ils installeraient un sous-logiciel espion directement dans le noyau informatique de mon vaisseau. Lors d’une révision de routine par exemple. Nos techniciens ont toutes les accréditations pour le faire sans laisser la moindre trace de leur passage. Ils n’ont pas besoin de ces… gadget. Si tu veux mon avis, c’est de l’amateurisme, mais avec une matériel de pro. Le responsable a décidé à la dernière minute de me faire suivre, sans avoir accès à mes systèmes. Alors il a fait avec ce dont il disposait sur le moment. Une bonne grosse verrue chromée. » Je me sens tellement con de ne l’avoir remarqué plus tôt. Tssss. C’est Zyra. J’en suis de plus en plus convaincu. Le traceur est bien trop sophistiqué pour le matériel bas de gamme, de contrefaçon, que l’on trouve le plus souvent dans l’Espace Hutt. Même les équipements « tombés du cargo » ne sont pas aussi… neuf. Bref. J’agite un bras pour clore le sujet. Hors contexte. Puis je m’enfile cul sec la moitié de la canette de RedWamp apportée entre temps. Sa fraicheur salvatrice me ravive les entrailles. Je peux suivre en temps réel, pendant quelques secondes, le trajet du liquide dans mon œsophage, mon estomac. Les fines bulles acides finissent par s’agglomérer, pour remonter. Je laisse échapper un rot discret, entre mes lèvres pincées. Je suis face à un tyran tout puissant, ça force la retenue non ?

« Je suis étonné que tu sois étonné. » Je hausse les épaules, un éclair de malice illumine mon regard insistant. Qui aime bien taquine bien. « L’Ordre Jedi a bien des millénaires d’existence. C’est un peu comme une grande famille nombreuse : les secrets sont légion. Tu ne fais quand même pas parti des naïfs qui croient aux grands et beaux discours officiels sur la pureté, la probité et tout le tralala non ? L’Ordre Jedi a sa part d’ombre. Des frictions internes. Des dissensions. Des schismes. Tout ce que tu connais de la Force est né d’un de ces schisme. C’est ainsi. Il est arrivé plus d’une fois qu’un Jedi, ou un groupe de Jedi, prennent la tangente. Le rôle des Ombre Jedi n’est pas seulement le traquer les adeptes du coté Obscur. Souvent l’ennemi vient de l’intérieur… » Je me rends compte que, malgré moi, je dépeins un tableau très sombre de l’Ordre Jedi. Un pessimisme que j’évite usuellement d’étaler au grand jour. Je me surprends… Et soupire. Encore une fois, la puissante aura de mon interlocuteur aura eu raison de mes barrières mentales. Sa flamme sombre rampe dans les recoins les plus reculés de mon esprit. Mes démons, mes doutes, mes frustrations en profitent pour remonter subrepticement à la surface. En prendre conscience, c’est déjà y résister. Mais c’est que ce jeu est à double tranchant. Je devine ma lumière l’influencer en retour. Une danse métaphysique, qui flue et reflue. Qui unit nos âmes depuis que nous nous sommes ouverts l’un à l’autre pour résister aux pouvoirs de l’Artéfact Rakata. Un lien contre-nature, qui prend forme lorsque nous sommes proches. Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes. Voilà qui justifie tant de secrets, et une destination aussi lointaine : personne, dans son camp comme dans le mien, ne doit jamais le découvrir.

« Mais la plupart du temps tout se passe très bien, je te rassure. Nous avons aussi de formidables Jedi Consulaires capables d’apaiser les tensions, et de trouver des terrains d’entente entre toutes ces petites factions qui s’assemble et de dissolvent au rythme des conflits qui émaillent notre histoire galactique. Considérer l’Ordre Jedi comme un monument monolithique, monobloc serait une erreur terrible… » La précision sonne un avertissement doucereux. L’Ordre n’est pas un titan aux pieds d’argile que l’on peut facilement abattre. C’est un assemblage excessivement complexe d’âmes diverses et variées qui se recombinent perpétuellement. Tout comme on ne peut éradiquer l’obscurité, la lumière perdurera, malgré et contre toutes les menaces internes ou externes. C’est seulement en cela que nos deux factions respectives sont semblables. Aux antipodes d’une seule et même incarnation : celle de la Force.

« Mais oui. En résumé : le Conseil n’a pas fait grand-chose pour Batuu. Nous avions d’autres… Préoccupations. Avec tes semblables de l’époque. Une guerre commencée par une tonitruante déroute. Quelques Jedi borderline n’étaient pas sur la liste des priorités. Nous avions un Empire tout entier à pourfendre. Et depuis… Bah… Il y a eu plus grave à gérer. » Je me perds dans mes pensées, le regard dans la vague. Le termine « prison » est revenu entre les lèvres appétissantes du Seigneur Sith. Mécaniquement, je secoue lentement la tête et reprend :

« Je ne sais pas d’où tes informations sortent : ce monde n’a jamais été une prison. Je peux te le garantir… Du moins de l’époque où nous y avions un avant-poste vers l’espace sauvage. Cette secte, L’Ordre Solaire de la Force, s’y est retranchée. Ils n’ont plus fait parler d’eux depuis que le Conseil les a… Ostracisés. Une bande de fanatiques convaincus qu’il fallait prendre l’ascendant sur la République : un coup d’état. Pour eux, seul un Empire de Lumière pouvait lutter et vaincre ton Empire des Ténèbres. Evidemment, ils n’en ont jamais eu les moyens de leurs ambitions. J’avais presque oublié cette histoire » Un odieux mensonge. Violence. Mort. Tout ça pour quoi ? Ces extrémistes voulaient continuer la lutte, coûte que coûte, même si cela devait signifier l’exécution du Chancelier Arnor, et le sacrifice d’une génération entière de Jedi. « Je te parie qu’il n’y a rien là-bas. Il se sont phagocytés, dispersés, ou que sais-je. Il ne reste sur Batuu qu’un sordide passé inutile à remuer au milieu de vieilles ruines abandonnées. Tu devrais laisser tomber. »
Darth Yrlion
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Un sourire légèrement narquois se dessina sur les lèvres de Valtus lorsque Gary évoqua l’existence et le rôle des Ombres Jedis.

- Naïf ? moi ? Haha… Mon cher ami, je n’ignore rien de l’hypocrisie et des faux semblants de l’Ordre Jedi. La preuve, vous aussi, vous avez votre version de l’inquisition en la personne des Ombres Jedis. Leur existence même est un non-sens au regard de vos enseignements. La toute-puissance de la Lumière ? La preuve que l’obscurité est utile…

Le monarque avait compris depuis longtemps que les Siths et les Jedis avaient plus en commun qu’ils ne voulaient l’admettre. Mais philosopher sur leurs ordres respectifs, bien que tentant, n’était pas l’objet de la rencontre. Valtus bu d’un trait son verre avant de reprendre.

- Les informations dont je dispose ne sont pas datées, hélas. Mais… cela ne veut pas dire pour autant qu’elles soient erronées. Tu viens toi-même de le dire, le Conseil avait d’autres chats à fouetter à l’époque… mais qu’en est-il aujourd’hui ? D’après ce que tu viens de me dire, l’Ordre n’a plus de nouvelle de cette secte depuis des années… La défaite d’Artorias a été rude pour la République et pour les Jedis. Comment le Conseil peut-il être certains que l’Ordre solaire se soit dispersé ?

La victoire de l’Empire sur Artorias avait été éclatante à l’époque. Yrlion s’en souvenait comme si c’était hier.

- Si ces “renégats” étaient aussi fanatiques… aussi convaincu de la nécessité d’un coup d’Etat dans la République. Crois-tu vraiment que les conséquences du Traité d’Artorais et de la guerre qui s'ensuivit les aient apaisés ? Beaucoup de Jedis ont été troublés déjà à l’époque et combien d’autres depuis que la République vous a renié et exilé ?

Et puis, sans vouloir être blessant ou te rabaisser… Si le Conseil des Jedis avait bel et bien mis en place une prison secrète, crois-tu que l’information serait référencée dans les Archives ? Ou bien qu’il ait pris si peu de précautions pour qu’un simple Chevalier puisse découvrir son existence ?


Il laissa un temps de pause. La réaction de Gary commençait à l’intriguer, comme si le Jedi cherchait à éloigner ou oublier le nom de cette planète. Pour la première fois depuis que la conversation avait débuté, Valtus commença à sonder l’esprit de son confrère tout en poursuivant.

- Laisser tomber ? À quel moment, depuis notre première rencontre, je t’ai laissé l’impression que “renoncer” était dans mes habitudes ?

Il marqua à nouveau une pause et fixa Gary droit dans les yeux comme pour bien marquer ce qu’il allait dire par la suite.

- Et puis… je ne suis pas n’importe quel Sith… Tu serais étonné du nombre que personne à qui j’accorde ma considération… Toi-même, mon adversaire héréditaire, je ne te l’accorde pas ?

Il leva la main en direction du droïd et fit un geste qui permit à ce dernier de comprendre d’apporter un nouveau verre à la table.

- Pacem Darcos en fait également partie… Nous avons pris le Capitole d’Artorias ensemble… et je l’ai vu de mes yeux être enlevés par des Jedis alors qu’il était inconscient. Malgré toutes mes tentatives, je n’arrive pas à savoir à travers la Force s’il est mort ou vivant… Les années ont passé, les seules bribes qui persistent de lui dans la Force sont sur Artorias. J’ai senti sa présence passée là-bas… mais pas de sa mort.

Et s’il est toujours en vie, je ne compte pas l’abandonné…





Gary Kovani
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Batuu - Des années plus tôt - 21.563,

« En position. » Les deux mots s’échappent de ma gorge asséchée par la tension, en un murmure rauque à peine audible. Mon cœur bat la chamade, le stress est à son paroxysme. Je ne suis plus qu’à une centaine de mètres de l’objectif, à deux enjambée seulement de la lisière de la Jungle, défrichée sans ménagement. La végétation s’arrête net, puis commence une terre battue par le passage incessant des véhicules sentinelles qui surveillent le périmètre. Ma voix est probablement intensifiée par l’électronique, puisque personne ne me demande de me répéter. Depuis le sommet de l’arbre sur lequel je suis juché, lové entre les épaisses frondaisons, j’ai un vue imprenable. A coté de moi, un couple d’oiseaux exotiques couve tranquillement leur unique œuf. J’ai tant réduit mon aura dans la Force que je ne suis pour eux rien de plus menaçant qu’un insecte aux proportions étonnantes, mais qui n’éveillent nullement leur instinct de préservation. La sueur coule abondement sur mon front. Il fait lourd, certes, et moite, oui. Mais c’est surtout l’effort permanent pour maintenir mon insignifiance dans la trame invisible de la Force qui puise jusqu’au tarissement dans mes réserves mentales et physiques. Un effort que je ne peux briser. Au risque de révéler ma présence aux anciens Jedi qui s’activent en contrebas, dans la clairière… Ou d’apeurer la faune. Une volée d’oiseaux trahirait à coup sur ma position.

Geste lents, mesurés. Je plonge la main droite dans l’étui, et braque les jumelles intelligentes sur l’objectif. Un vaisseau sombre, posé au pied de la structure en forme de dôme. Il est bardé d’antennes et de paraboles. Une corvette « AWACS » de classe Reconnaissance. Matériel haut de gamme que ces enfoirés ont dérobé lors de la débâcle d’Artorias. Les garnitures intérieurs sont encore, très probablement, mouchetées du sang des soldats Républicains victime de la traitrise de ceux qu’ils pensaient leurs alliés. Dans mon oreille, une voix tonne. Je sursaute presque :

« Acquisition des données en cours… » énonce sans intonation l’opérateur de bord, bien au chaud dans le siège confortable du croiseur planqué en orbite. Pendant ce temps, je continue de balayer la zone avec mes jumelles. L’affichage intelligent encadre de rectangles fluorescents les cibles potentielles. Elles apparaissent en bleu neutre pour le moment, ni amies ni ennemies, faute d’ordres. L’Ordre solaire ne s’est pas contenté d’arraisonner et de détourner une seule corvette. Le tarmac improvisé, d’herbes mal taillées et de monticules boueux écrasés par une multitudes de bottes furieuses, est occupé par une dizaine de véhicules. La canonnière Kuati est la plus impressionnante. Large, ventrue. Ses moteurs surdimensionnés lui offrent des capacités de manœuvre et d’interception qui font pâlir d’inquiétude les timoniers de vaisseaux de plus gros tonnage. Il y a aussi une poignée de chasseurs, deux transports de troupe et un char d’assaut répulseur, affublé d’une tourelle plasma rutilante. Impressionnant de mon point de vue… Mais clairement insuffisant compte tenue de leurs ambitions avouées : celle de se couper de l’Ordre Jedi pour continuer la guerre et défaire l’Empire Sith, quel qu’en soit le coût et les moyens. Je réprime un soupire. L’appel des armes et du sang aura eu raison de leur mesure, celle qu’impose le code Jedi lorsque l’on prend le recul nécessaire pour le lire et l’appliquer.

De l’index, je presse le bouton de la vision thermique. Le panorama se modifie aussitôt, en tâches grossières virant du bleu frigide au rouge incandescent. Il y a cinq silhouettes vaguement humaine à l’intérieur de la corvette. Recroquevillées, ou à genou. Elles se tiennent proches les unes des autres, comme si elles jouaient à un stupide jeu enfantin, en ronde. Ce sont eux les responsables : les ex-Jedi qui ont associés leurs pouvoirs pour décupler les performances du système de brouillage de l’AWACS en perturbant les ondes électromagnétiques et interdire le scan du secteur. Une question me taraude : ont-ils uni leur effort depuis la prise de contrôle de la base de l’ExploCorps… Ou bien savent-ils que nous sommes ici ? Un terrible frisson me parcours l’échine : et si nous avions un traitre à bord ?

« Négatif Ombre-7. Il va falloir encore s’approcher. » Sérieux ?! « Nous avons pu identifier les vaisseaux. Confirmation reçue de la base de données Républicaine : matériel déclaré perdu ou volé pendant la retraite d’Artorias… Mais aucun signal n’a pu passer les murs de l’avant-poste. La pierre est trop épaisse. Nous devons avoir confirmation de la présence et de l’état de santé des otages avant d’entamer l’opération… » Intérieurement je peste. Evidemment. S’ils pouvaient avoir confirmation que les otages ont été exécutés, ils n’auraient cas vitrifié la zone pour réduire à néant la menace séditieuse… Non. Ils ne le feront jamais. Ils enverront plutôt un contingent de Gardien pour capturer les renégats, et les convaincre de regagner nos rangs. Je grommelle un :

« Bien reçu. »

Quelques minutes s’écoulent encore. Le dôme n’a qu’une seule entrée. Assez large pour y faire entrer un vaisseau de taille moyenne. Elle dissimule probablement un hangar que les renégats préfèrent ne pas utiliser, pour être en mesure de décamper rapidement le cas échéant. Il va falloir que je m’y introduise…


****

De nos jours, Bakura,

Sourire crispé. Mon regard se fait plus sombre l’espace d’un instant. Une pointe d’exaspération, d’agacement peut-être, que je réprime une fraction de seconde trop tardivement. Je secoue lentement la tête :

« Tes préjugés hâtifs te desservent. L’ombre n’est que la projection de la lumière sur un obstacle. Elle n’a rien à voir avec l’obscurité. Juges-tu le jardinier qui coupe une branche malade pour sauver le buisson, comme un être aux intentions mauvaises ? Non. Le maintien de l’Ordre nécessite parfois de sacrifier un membre nécrosé. En ultime recours évidemment. C’est tragique, mais nécessaire. Il n’y a dans ce geste aucune fourberie, aucune noirceur. Seulement l’expression d’un pragmatisme amoral auquel sont formées les Ombres pour, justement, ne pas succomber à l’appel de l’obscurité. L'ordre demande des règles et des sacrifies. Sinon c'est l'anarchie. Mais je doute qu’un Sith puisse le comprendre. » Je m’efforce de sourire, pour museler les mots qui gravissent déjà ma gorge. J’ai envie de lui répondre, taquin, quelque peu acerbe peut-être, que nous sommes tous le naïf de quelqu’un : et que lui-même l’a été suffisamment pour que je le dupe sur Phindar. Mais il serait suicidaire de remuer le couteau dans cette plaie purulente qui gangrène notre relation bancale et contre-nature. Je ne dois pas oublier que je me tiens face à un Seigneur Sith dont les pouvoirs dépassent terriblement les miens. Je décide donc de clore le sujet avant qu’il ne s’imbibe de trop de passion :

« Mais bref. Revenons à l’ordre du jour. Nous pourrions nous quereller éternellement sur ces principes philosophiques tant nos enseignements, et notre conception de l’univers, divergent. » Lentement ma main glisse sur la table, jusqu’à s’approche de celle du souverain.

« C’est justement parce que je sais que tu ne renonceras pas, que je te le demande. » Mon regard se perd dans le siens. « Nul ne peut savoir ce qui t’attend là-bas. Il est probable que l’Ordre Solaire ait périclité. Il n’a plus fait parler de lui depuis le traité d’Artorias. Mais peut-être que ce monde abrite devenu une prison, et que tout cela n’est qu’une coïncidence. » Je n’y crois pas une seule seconde. « Si c’est le cas, ce n’est pas du fait de l’Ordre Jedi… La République peut-être ? » Foncer droit dans l’inconnu. Je l’ai fait bien trop souvent. Une attitude suicidaire que je ne lui connaissais pas. « Ce Pacem compte beaucoup pour toi… Même après toutes ces années.» est-ce une pointe de jalousie qui darde aux commissures de mes mots ? Non. Absolument pas. « Alors montre-moi. » Cette fois ma main, nue, se pose sur la sienne. Peau contre peau. Un contact qui m’arrache un frisson alors que nos aura s’unissent. Malgré mes barrières mentales, les émotions contradictoires, débridées par l’obscurité, assaillent mon esprit. Je ferme les yeux pour me concentrer et me surélever au-dessus de ce raz-de-marée. Se rend-t ’il compte du pouvoir qu’il à sur moi ? A quel point je suis prêt à succomber à ses charmes ? J’ai toujours eu un gout douteux pour les relations impossibles.

« Montre-moi. Artorias. Ouvre ton esprit que je puisse y lire tes souvenirs. Le moment où Pacem a été capturé sous tes yeux. Si mon intuition est juste, alors je te révèlerai absolument tout ce que je sais sur Batuu. Car j’y étais : le jour où l’Ordre Jedi a abandonné ce monde. »
Darth Yrlion
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Artorias - Salle du Conseil du Capitole - 21.563


L’affrontement était rude. Les forces impériales s’étaient jointes à la mêlée peu de temps après l’arrivée des commandos républicains. Les tirs de blasters filaient. Pacem venait de bondir en fendant l’air avec son sabre-laser. Le premier coup tailla en pièce un républicain sans autre forme de procès. À quelques mètres de là, Valtus éventra un autre soldat du cou jusqu’au bas-ventre. Les commandos de la République étaient combatifs et puissants, mais ils finirent par être abattus comme des bêtes sauvages.

Répondant à l’avertissement de la Force, Pacem effectua un tour sur lui-même afin de parer l’attaque du Jedi. Les deux lames s’entrechoquèrent. Le Sith dégagea son adversaire avec vigueur, ce dernier le frappant au visage en représailles. La violence du coup fit reculer Pacem de deux pas en arrière. À quelques mètres de là, Valtus lança une onde de Force qui projeta leur adversaire à plusieurs mètres.


- NON ! Il est à moi !! Moi seul !!!

Cela sonnait comme un avertissement pour Valtus. Les yeux incandescents du guerrier Sith témoignaient de l’intensité de sa connexion avec le Côté obscur. Valtus percevait cela dans la Force, l’aura sombre de son allié irradiait sa puissance. Il voulait en découdre seul, comme s’il en faisait une affaire personnelle. Pacem s’élança en direction du Jedi. Il se jeta en glissant sur le sol lisse de marbre mauve comme pour passer entre les jambes d’Oburn. Le Jedi esquiva en sautant tandis que Pacem se relevait d’un bon grâce à la Force. Les deux adversaires retombèrent sur leurs pieds, face à face, faisant vrombir et s’entrechoquer leurs lames. Le cœur de l’un et de l’autre battait la chamade, chacun cherchant à imposer sa volonté. Valtus et les soldats impériaux survivants ne pouvaient qu’être des spectateurs de ce combat redoutable. La lame du Jedi réussit à frapper l’armure lourde de Pacem au niveau du buste. Il tressaillit un instant, mais la douleur ne fit que doubler sa rage. Le Côté obscur affluait en lui tel un torrent ravageur. Les esquives du Jedi se faisaient de plus en plus lentes tandis que son visage se crispait. Il percevait lui aussi cette obscurité atteindre son paroxysme.

- Le Côté obscur est puissant en toi… Mais cela ne t’apportera pas la victoire.

- Tu te défends vaillamment, Jedi, mais cela ne te sauvera pas.

Le front de Pacem perlait de sueur, son souffle lui brûlait presque les poumons. Il commanda alors à la Force de se concentrer dans sa jambe jusqu’à la plante de son pied. C’est alors qu’il frappa le sol fortement, libérant une onde de Force qui fit trembler toute la pièce. Déstabilisé, le Jedi mobilisa ses forces pour rester debout, se mettant ainsi à la merci de son adversaire. Valtus resta debout en usant de la Force pour maintenir sa stabilité. Mais il sentait quelque chose d’étrange chez le Jedi. Sa soudaine faiblesse était bien trop rapide, bien trop évidente… Une perturbation lui parvint alors dans la Force. Une menace approchait. Pacem était tellement impliqué dans son duel qu’il ne l’avait même pas perçu.

Alors que Oburn était totalement vulnérable, Pacem s’avança vers lui, le regard jubilatoire. Brandissant ses mains au-dessus de sa tête pour assener le coup fatal qui lui assurerait la victoire, le Sith commença à marmonner quelques paroles que Valtus ne put entendre. Il eut juste le temps de voir le Jedi sourire l’espace d’un instant avant qu’un flash aveuglant ne saisisse toute la pièce.

La sensation était horrible. Ses yeux le brûlaient, sa vision était totalement troublée. Ses oreilles bourdonnaient. Allongé au sol, il était incapable de bouger. Ce n’est que lorsque les renforts impériaux arrivèrent pour le sauver qu’il reprit légèrement connaissance. Il y avait des échanges de tirs. Tandis que Valtus était évacué par des soldats impériaux, sa vision se stabilisa suffisamment pour qu’il puisse voir Pacem, inconscient, se faire évacuer par un groupe de trois Jedis dont Oburn, sous la protection d’une escouade de soldats républicains.


Bakura - De nos jours - 21.583

Les doigts gracieux de Valtus glissèrent doucement de ceux de Gary lorsqu’il retira sa main. Sa peau douce et bien entretenue tranchait avec celle de Gary, typique d’un baroudeur, plus rugueuse et abimée. Le Sith venait de lui montrer le dernier moment où Pacem et lui avait été ensemble.

Son cœur avait accéléré et sa peau frissonnait sur tout son corps. Ce n’était pas le fait de se remémorer ce moment qui provoquait tant d'émois en lui. Dès que sa main avait touché celle de Gary, il avait été submergé par un torrent de Lumière, que seul un Jedi peut contenir, et  d’autres sentiments. Le frisson qui parcourait tout son être et provoquait comme une bouffée de chaleur soudaine signifiait qu’un sentiment en particulier était à l’œuvre… le désir. Mais ce n’était pas envers Pacem qu’il ressentait cela…

Pendant quelques secondes, Valtus regarda Gary dans les yeux, le temps de comprendre ce qui se passait en lui. Etait-ce seulement possible ? Lui ? Éprouver du désir pour ce Jedi mal appris et tenant plus du vagabond que du “noble Chevalier”. Ce même désir, il l’éprouvait aussi pour Pacem. Puis, il reprit le fil de la discussion…


- Voilà tout ce dont je me souviens… Ce sont bien des Jedis qui l’ont capturé...

A cet instant, Valtus était submergé par une multitude de sentiments et de ressentis divergents. Une certaine tristesse, de la déception, de la colère... Autant de choses qui faisaient affluer le Côté obscur en lui, sans qu'il ne puisse rien y faire et sans même qu'il ne s'en rend compte, au point même de faire légèrement vaciller la lampe d'ambiance de leur table. Le fait qu'un Jedi se trouvait justement en face de lui n'était peut-être pas étranger eu phénomène.



Gary Kovani
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Mon sourire se fige en un rictus trop froid pour feindre l’indifférence. Indifférence au poids morbide du passé, au poids de l’ambiguïté du présent, au poids de l’incertitude de l’avenir. Un sourire crispé donc.

« C’était la guerre… » Les mots glissent entre mes lèvres, en un murmure à peine audible, comme une pensée annoncée à voix haute, sans même s’en rendre compte. Une fausse justification qui prétend expliquer les actes horribles perpétrés, par les deux camps, lors de ces années sombres. Je reprends, plus fort : « Bon nombre de Jedi, de Sith, et de simples soldats n’ont jamais été retrouvés… S’accrocher au passé empêche d’avancer. De penser à l’avenir, aux nouvelles… opportunités. »

Je frissonne à mon tour, et parviens, au prix d’un éclair de volonté insoupçonné, à me détacher de la douce étreinte de Valtus. Ma main s’échappe de la sienne. Mais la sensation de sa peau sur la mienne persiste encore. Elle s’évapore lentement, alors qu’une part de moi la regrette déjà, m’ordonne d’y revenir. Mais les meilleurs plaisirs ne sont-ils pas ceux que l’on se refuse ? Le masochisme, l’autodestruction, ça me connait. J’inspire profondément, expire lentement. Raclement de gorge. Autant de subterfuges qui m’offrent le temps nécessaire pour m’en défaire :


« Laisse-moi un instant, que j’examine tes souvenirs. » Souvenirs. Le terme est bien trop faible pour décrire ce flot de sensations qui a traversé mon esprit à l’unisson du sien. Pendant cette fraction de seconde, qui m’a paru durer d’interminables minutes, j’ai été projeté, esprit et âme, dans son passé. Du moins, dans les fragments que ses neurones conversent jalousement. Ils sont d’une netteté qui trahit la profondeur du sillon raviné dans sa mémoire. Une peine dont il ne parvient à se défaire totalement, malgré les années. A travers yeux, à travers le filtre de ses émotions, j’ai goûté à son obscurité, senti mon âme s’y engloutir. Pendant cet infime instant, j’étais une copie déformée du jeune Valtus, ambitieux, déterminé à faire ses preuves sur le champ de bataille pour satisfaire son maitre autant que sa soif de vengeance. J’ai embrassé tout cette… passion, pour ce Pacem. Un prénom qui à présent porte un visage, et une palette de sentiments décalqués sur les miennes. Ma boussole intérieure s’affole. Mes certitudes se brisent. Derrière toute cette noirceur se dissimulaient des émotions certes débridées, mais d’une pureté difficile à expliquer. J’ai cru discerner les miettes d’un amour en devenir, au-delà de l’attirance animale. Je ne sais plus quoi en penser… Peut-être ai-je juste senti l’écho de mes propres sentiments ? Je ferme finalement les yeux, pour m’éloigner du sujet de mes tergiversations silencieuses :

La Force m’a offert bien des dons. Dont la capacité à visualiser, mentalement, les instants gravés dans ma mémoire. Pour mieux les décrypter, les décortiquer, les disséqués avec une précision quasi-chirurgicale. J’en extrait les plus maigres indices, pour m’aider à résoudre les énigmes abandonnées dans le sillage des Jedi disparus. Les souvenirs de Valtus, à présents miens, dansent dans mon esprit, encore imprégnés de leurs émotions parasites. Mais cette fois, je ne vois plus au travers des yeux du jeune Valtus. Je suis un spectre invisible qui déambule librement sur le champ de bataille, évènement depuis longtemps révolu. Je m’en détache donc. Prends le recul physique et mental nécessaire pour chercher les détails miraculeusement sauvegardés par son inconscient. Le cerveau est une mécanique si complexe… Et magnifique.

Lorsque j’ouvre les yeux, une mois d’une minute plus tard, j’ai mes réponses. Celles qui me suffisent. Je recule le buste pour m’adonner sur la banquette inconfortable. Pose décontractée. Celle du détective sur le point de révéler l’auteur du crime parfait que personne ne soupçonnait jusque-là :

« Effectivement, mon bon ami : il y a un lien entre nos deux histoires. » Mon sourire s’étire, amusé, satisfait. Malgré le tragique qui pèse sur nos âmes, j’en suis presque… Heureux. Heureux de lier ma tumultueuse histoire personnelle à celle du Seigneur Sith séquestrateur de mes pensées. Je libère la bride de mes pulsions. Ma main, peut-être un peu trop vite, s’élance de nouveau à l’assaut de la sienne. Elle l’enserre, avec fermeté. Ses doigts agiles, sa peau douce et tiède se love dans ma paume plus rugueuse, couleur du miel. « A mon tour… »

****

Le soleil décline à l’horizon. Boule orangée qui teinte l’azur d’or et de rose. Les minces nuages s’étirent comme des rubans, soumis aux vents déchainés de la haute atmosphère. Ils zèbrent de gris clair et d’albâtre cotonneux le crépuscule étincelant. La raison affronte soudainement ma passion. Dichotomie intérieure, champ de bataille silencieux. Pourquoi faut-il que l’horreur absolue soit surlignée d’une fresque aussi pure ?

D’un revers de manche, j’essuis la larme qui s’échappe de la commissure crispée de ma paupière gauche. Avachi au sol, ventre contre l’herbe, lové dans la cape de camouflage qui me dissimule aux yeux de ceux qui n’y regarde pas de trop prêt. J’ai attendu que l’activité décline, avec l’heure tardive, pour m’infiltrer dans le périmètre détenu belliqueusement par les traites de l’Ordre solaire. J’ai rampé. Comme un insecte. Une progression lente, sans anicroche, jusqu’à… Jusqu’à…

Je parviens finalement à me détacher du panorama magnifique. Mon regard s’écrase, rattrapé par la gravité, sur la déchirure de terre labourée : une fosse commune au fond de laquelle pourrissent les corps désarticulés d’une trentaine d’âme fauchées. Quelques mottes de terre dissimulent péniblement leur silhouettes. Les charognards et les intempéries les ont suffisamment malmenées pour qu’en jaillissent bras, jambes et têtes. Un magma de membres semblables à un monstre multicéphale vomis par un cauchemar.

Je dois user de toute mon self-contrôle pour réprimer mes sentiments les plus sombres. Colère, haine, tristesse aussi. Pour y parvenir, je braque mon regard sur ces corps. Je les fixe. Les grave dans ma mémoire. Pour qu’ils ne soient jamais oubliés. Mon cerveau sera la sépulture qu’ils n’auront probablement jamais. La plupart sont des soldats. Ils n’ont même pas pris la peine de les débarrasser de leurs armures de combat lardées de profondes entailles lasers. Tués de face, de dos. Coups de sabres, aucun doutes. Sans honneur ou retenue. Un abattage rituel, sur l’autel cérémoniel du schisme idéologique. Les spalières boueuses portent toujours aussi fièrement les armes de leur compagnie. Forces Spéciales. Celles qui accompagnaient le contingent de Jedi avant qu’ils ne retournent leur veste et décrète les fidèles Républicaines ennemis.

« Vous avez ce qu'il vous faut ? » Les mots s’arrachent difficilement à mes cordes vocales. Voix rendue rauque par la sécheresse physique autant que mentale. Une grésillement imperceptible me réponds. Preuve que je suis toujours en contact avec le vaisseau. Mais le silence s’étire, de longues secondes. Lourd de sens. Enfin l’opératrice le déchire. Sa voix froide, aussi tranchante qu’un couteau de combat, démontre tout l’effort dont elle fait preuve pour faire taire ses émotions :

« Affirmatif. La reconnaissance faciale confirme l’identité des soldats disparus… » Elle hésite. « Mais aucun des corps ne correspond à la description de nos Jedi de l’explocorp. » Dois-je m’en réjouir ? Mieux vaut-il mourir ainsi, fauché par un sabre-laser, ou pourrir depuis des semaines dans une geôle, seulement pour retenir le bras vengeurs de l’Ordre Jedi ? « Nous avons ce qu’il nous faut. Rendez-vous au point d’extraction Alpha. »

Avant de rebrousser chemin, je m’abandonne à l’observation, une ultime fois, du dôme jadis avant-poste Jedi, dernier endroit sûre avant les frontières inexplorées de notre petit coin de galaxie. Derrière les épais murs de pierre, plus vieux que n’importe lequel de nos Jedi, l’obscurité étend ses tentacules invisibles. Là-bas, la Force vibre d’une pulsion malsaine. Ceux que nous considérions comme nos frères et sœurs ont abandonné plus que nos préceptes : ils se sont débarrassés de ce qui leur restait d’humanité, pour devenir les avatars de la guerre, semeurs de mort. Croyant œuvrer pour la Lumières, ils ne font qu’étendre l’étreinte glaciale des ténèbres. Ils sont perdus. Je le sens… Mais je devine que le Conseil Jedi, en ces temps de trouble, tentera d’étouffer l’affaire. Après tout, qu’est-ce qui différencie vraiment un Jedi d’un Sith aux yeux du commun des mortels, insensible à ses arcanes, qui dirige la République ? La couleur d’un sabre ? La teinte d’une robe ? Si la peur de voir ses alliés devenir des ennemis de l’intérieur se répandait, alors tout ce que nous avons construit depuis des millénaires s’effondrerait…

****

J’hésite quelques instants. Un gout amer au fond de ma gorge : celui du gâchis causé par l’exode. Prévisible depuis la résurgence de l’Empire Sith. Mes cordes vocales nouées refusent de m’obéir. Je détourne mon regard de Valtus pour le plonger dans le fond de la cannette déjà vide. Mais le malaise se dissipe rapidement.

« Tu as remarqué ? Les armoiries sur les spalières des soldats massacrés ? Elles sont identiques à celles de tes souvenirs. Douzième régiment des dragons spatioportés. Une escouade de marines vétérans qui accompagnait les Jedi sur le front. Déploiement en profondeurs, premiers contacts. Des durs à cuire. » Il connait déjà la suite. Alors je continue avec les évidences : « Ceux qui ont survécus au choc d’Artorias ont été décimés. Par l’Ordre Solaire de la Force, comme tu as pu le voir. » Je marque un silence, puis change de sujet :

« Le Jedi qui emmené Pacem… » Je prononce son prénom avec une telle facilité. Il m’est devenu presque… Familier. « Il s’agit d’Akar Oburn. Un gardien Jedi renommé pour ses prouesses martiales, pour ses talents d’escrimeur, plus que pour sa subtilité. Et figure toi… Qu’il fût – ou est encore – l’un des lieutenants fondateurs de l’Ordre Solaire… Sur Batuu.»

Une conclusion, j’en suis persuadé, que le Seigneur Valtus touchait de l’esprit avant même que mes mots ne gravissent ses nerfs auditifs.

« Tes renseignements ont peut-être du sens, finalement… Mais je le répète : personne n’a la moindre idée de ce nous attends là-bas. » Oui. Nous. C’est sorti tout seul… Et je n’ai aucune envie de corriger ce lapsus révélateur. « Celui que tu as perdu n’est probablement plus. Et s’il y est encore, es-tu certain de vouloir faire face à ce qu’il est devenu ? Tu n’es certainement pas du genre à croire aveuglément aux happy ends. Tu ne trouveras sur Batuu que mort, déception, et remords refoulés depuis toutes ces années… Mais peut-être cherches-tu plus à mettre fin à ton deuil qu’à retrouver ton vieil ami… Quoi qu’il en soit. Je t’accompagne. » Ce n’est pas une requête. Moi aussi j’ai des comptes à régler sur cette maudite planète.
Darth Yrlion
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Orbite d’Artorias - Passerelle du Compadium - 21.563

Le genou à terre et le regard pointé vers le sol, Valtus présentait ses respects à son seigneur et maître, Darth Corthus. Depuis la passerelle de son vaisseau, le puissant Sith observait la surface d’Artorias qui semblait si paisible. Le Côté obscur affluait cependant de toutes parts et se déversait sur l’innocente planète conquise par le nouvel Empire Sith. Les âmes de milliers d’individus raisonnaient de souffrance, de peur et de désespoir à travers la Force. Corthus avait les yeux fermés et se délectait de cette macabre pareille symphonie.

[Corthus]- Est-ce que tu les perçois aussi, mon apprenti ?

Toujours le regard bas, Valtus les percevait également. Son esprit était pleinement ouvert à la Force et au Côté obscur après ce qu’il avait perpétré sur Artorias. Les cris, les craquements et les détonations, il les entendait encore. L’odeur des chaires calcinées par la lame de son sabre persistait encore dans ses narines, tout comme celle du sang séché qui imprégnait ses vêtements souillés.

[Valtus]- Oui, mon maître. Aujourd’hui, le Côté obscur est triomphant et il se repaît avec envie de ce misérable monde.

[Corthus]- Merveilleux.

Corthus ouvrit alors les yeux et se tourna vers son apprenti. Il fit quelques pas vers lui d’un pas léger, en laissant ses mains derrières le dos.

[Corthus]- Je suis content de toi, Valtus. Tu as brillamment rempli les objectifs que je t’avais demandé d’atteindre lors de cette bataille. Mon investissement à ton égard commence à porter ses fruits. Tu fais honneur aux Sith et au Côté obscur !

D’aucun accueillerait ses paroles avec satisfaction, les laissant directement nourrir leur orgueil personnel, encrant un peu plus encore leur relation avec le Côté obscur. On ne pouvait nier que ce n’était pas le cas de Valtus, mais une partie de lui pensait à Pacem. Une chose que Corthus ne manqua pas de remarquer.

[Valtus]- Vous m’honorez, mon maître.

[Corthus]- Et pourtant…

Cette dernière réplique focalisa toute l’attention du sigilien…

[Corthus]- Je remarque qu’il est toujours aussi difficile pour toi de masquer tes pensées et tes émotions. Elles te trahissent… Oublie l’apprenti de Darth Yor… Pacem était un Sith prometteur, mais il n’a pas su se montrer digne du Côté obscur, sinon il aurait pris le dessus sur ses adversaires ! Il était faible… et… les faibles doivent périr.

Les mains de Valtus se crispèrent soudainement. La culpabilité de ne pas avoir réussi à aider Pacem lors de cette embuscade sournoise tendue par les Jedis ne l’affectait pas t’en que cela. Encore que… mais l’idée même que son maître puisse considérer son frère d’armes comme un faible embrasait la colère de Valtus. Pacem était meilleur combattant que lui à bien des niveaux. Il avait plus d’expérience, plus d’allant et plus d’affinité avec le Côté obscur. Et puis…

Corthus observait son apprenti avec curiosité. Serait-ce autre chose que de l’admiration qu’il percevait en lui à propos de Pacem ? Cette possibilité ne lui déplaisait pas en vérité. L’apprentissage des voies du Côté obscur passait par maintes directions… Les affinités de Valtus pour l’amour et la passion étaient plus que particulières. Il ne releva donc pas.


[Corthus]- Quoi qu’il en soit, tu as montré que tu avais l’étoffe d’un véritable Sith ! Je sais que je suis exigent avec toi, mais ce n’est que pour te rendre plus fort…

[Valtus]- Votre enseignement est à nul autre pareil, mon maître, et je suis fier d’être votre apprenti.

[Corthus]- Seigneur Valtus, apprêtez-vous à recevoir votre récompense pour votre fidélité et votre dévotion envers le Côté obscur !

Le maître Sith étendit son bras fin vers l’avant et libéra un éclair de Force qui alla crépiter dans l’air avant frapper Valtus de plein fouet. Le jeune homme, totalement surpris, n’eut pas l’occasion de former une bulle de protection grâce à la Force. Ses membres se mirent à trembler, se figer et son sang à bouillonner. Toutes ses chaires devinrent brûlantes, comme sur le point de s’enflammer. Les tremblements qui s’emparaient de lui étaient complétement incontrôlables et chaotiques. Corthus restait impassible devant la torture qu’il infligeait à son apprenti qui dura cependant quelques dizaines de secondes seulement. Fébrile, Valtus peina à reprendre son souffle et bouger les muscles de sa mâchoire pour articuler quelques mots.

[Valtus]- Mai… pppoouu… pppouuurquoi ?!

[Corthus]- Ne prends pas cela pour une trahison ou une duperie de ma part. J’ai dit que tu méritais une récompense… ceci en est vraiment une. Il s’agit même d’un cadeau, en réalité.

Valtus n’en croyait pas ses oreilles. Son maître se moquait-il de lui ? Ils n’avaient pas la même notion de “récompense” visiblement.

[Corthus]- Sur Korriban, on vous a appris à lancer des éclairs de Force. Mais ce n’était qu’une version bridée, simplement destinée à tester votre potentiel. Les véritables éclairs de Force demandent plus qu’une simple connaissance théorique. Un Jedi suffisamment puissant dans la Force pourra produire un ersatz des éclairs que nous les Sith pouvons lancer, mais jamais, il ne pourra rendre infirme, tuer ou bien transformer physiquement sa victime… Pour cela, il faut une connexion profonde avec le Côté obscur et surtout un rejet total de compassion, corollaire d’une volonté inébranlable d’infliger autant de souffrance…

La douleur de Valtus l’empêchait de répliquer et même de se relever.

[Corthus]- En étant destinataire de ce pouvoir que je détiens, ton corps absorbe son énergie redoutable propre au Côté obscur et ainsi… je te le transmets. Saisis-tu ?

Le manque de réponse de la part de Valtus lui valut une nouvelle décharge. Pour Corthus, Valtus manquait clairement de réactivité. La puissance de la décharge qu’il lui avait envoyée précédemment était nettement en deçà de ce qu’il était capable de faire.

[Corthus]- Accueille ce pouvoir !! Ouvre-toi au Côté obscur !

La décharge était plus douloureuse que la première. Le corps de Valtus était tendu comme jamais auparavant. Il n’y avait plus rien, juste la chaleur brûlante qui s’était emparé de lui. Corthus poursuivait son office en augmentant la puissance des éclairs par le pouvoir de sa volonté. De son point de vue, il ne s’agissait pas du tout d’un acte de torture. La sincérité de son geste était réelle. Il transmettait réellement du pouvoir à son apprenti qui ne semblait toujours pas prêt à l’accueillir. Il arrêta une nouvelle fois.

[Corthus]- Me serais-je trompé ? Aurais-je été trop enthousiaste à ton sujet ? Trop généreux ? Trop… faible… ?

Dans son esprit se mit à raisonner son mantra. Les faibles doivent périr. Ou du moins, appliqué à lui-même, ce qui rendait faible devait périr. Les éclairs firent vibrer l’air à nouveau en direction de Valtus. Cette fois, Corthus ne faisait preuve d’aucune retenue et libérait son plein pouvoir obscur.

La douleur était encore pire qu’avant pour le jeune homme, mais son corps y répondait différemment. Inconsciemment, il avait pris en compte les mots de son maître. Il s’ouvrait au Côté obscur et le laissait l’envahir. L’énergie des éclairs gravait ses chaires comme au fer rouge et s’implantait en elles.


[Corthus]- Tu le sais, Valtus. Les faibles doivent périr.

Le Côté obscur pleinement en lui, Valtus commença à se servir de la douleur pour se redresser. Bien qu’il ne lui ait pas dit sur le moment, dans l’esprit du jeune homme raisonnait la voix de son maître répétant inlassablement : “Tu es un faible… tu es un faible…” De la douleur découla bientôt une colère intense et profonde… qu’il commença à tourner vers Corthus.

[Corthus]- Oui ! Utilise ta colère ! Focalise-la sur celui que tu veux faire souffrir autant qu’il te fait souffrir !

Quelques instants après la disparition des éclairs de Corthus, le corps de Valtus continua à se contracter. Ses yeux étaient d’un orange intense. Les contractures se muèrent en spasmes et, spontanément, les mains de Valtus se levèrent et libérèrent un puissant éclair en direction du seigneur Sith. Il l’absorba simplement dans la paume de sa main.

[Corthus]- Bien !! Ahahah ! Très bien ! Tu n’es peut-être pas si faible que cela !

Pointant son regard vers lui, Valtus réussi enfin à se remettre debout et, percevant toujours la pleine puissance du Côté obscur en lui, tendit en un instant ses deux mains pour libérer une décharge de foudre encore plus puissance. Cette fois, Corthus fut presque pris de cours et dégaina son sabre-laser pour se protéger. Les éclairs de Valtus léchaient littéralement la lame rouge qui crépitait de toutes parts. Le Maître Sith observait avec une fascination avide l’énergie ainsi libérée par son apprenti. Il percevait cette puissance brute qui ne semblait pas trouver de fin.

Valtus n’avait toujours rien dit, mais son regard était encore plus expressif que les mots. Corthus le laissa faire jusqu’à qu’il s’arrête d’épuisement, c'est-à-dire pendant une petite minute. Il désactiva son sabre. Le maître et l’apprenti se regardèrent alors dans le blanc des yeux. L’un mue par la colère et la souffrance, l’autre prenant conscience de ce qu’il venait réellement de donner.


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Bakura - De nos jours - 21.583

La musique soudainement très rythmée de la cantina tire Valtus de ses songes suite à l’échange de souvenirs. Sa main était toujours dans celle de Gary, attirant ainsi son regard. Le portrait avait de quoi surprendre. Un Jedi… un Sith… main dans la main, au sens propre comme au figuré. Vatlus ne se l’expliquait toujours pas, ce lien qui existait entre eux. Là où un de ses semblables aurait déjà décapité Gary, Valtus lui prenait presque un certain plaisir à être en sa compagnie. Il retira finalement sa main de la sienne, mais pas d’un geste brut. Ce n’était pas la première fois qu’ils entraient dans l’esprit de l’un et de l’autre… Cette “non-animosité” existante entre eux serait une conséquence de ces échanges ? La personnalité de l’un imprimant à chaque fois un fragment dans la personnalité de l’autre ? Valtus y réfléchirait plus tard…

Les détails qu’il avait perçus dans les souvenirs du Jedi étaient précis. Valtus avait imprimé dans son esprit tous les détails des personnes qu’il avait pu voir au travers des yeux de Gary. Notamment un… Akar Oburn.


- Tu m’accompagnes ?

Valtus plongeait ses yeux dans ceux de Gary. Ce n’était pas simplement l’altruisme ou l’amitié qui motivait impérieusement le Jedi. Valtus percevait qu’il y avait autre chose sans vraiment savoir quoi. Gary avait appris de leurs rencontres passées. Son esprit semblait bien préparé à repousser toute intrusion intempestive. Il sourit.

- Soit… Mais qui te dit que j’ai envie de supporter ta présence ?

Les narines de Valtus se levèrent ostensiblement pour souligner l’odeur peu fraîche que le Jedi dégageait subtilement.

- Mort… Déception… remords refoulés… Le paradis pour tout bon Sith qui se respecte ! Je sais exactement ce que je vais chercher là-bas, mon bon ami. Que je le trouve ou non n’a pas d’importance en vérité…

Valtus détourna les yeux un instant dans le vague. Il eut un moment d’hésitation. Son regard exprima soudainement comme de la douceur avant qu’il ne se change, en une fraction de seconde, en un regard sombre.

- Peu importe ce que je trouverai sur cette planète, Gary. Mais moi, j’y apporte la mort et la vengeance. Prends bien conscience de cela…

Il sourit alors, adoptant une posture plus légère et un regard plus neutre.

- Quoi qu’il en soit, si tu veux toujours m’accompagner… tu vas devoir prendre une douche… une longue et savonneuse… douche ! Il est hors de question que je fasse le trajet avec toi, dans cet état-là…

Une navette de type impériale, mais sans aucun emblème, ni aucune armoirie, attendait sur l’une des plateformes du spatioport situé à une quinzaine de minutes de marche du Stargazer. Il n’y avait aucun pilote, ni aucun garde. Valtus s’installa aux commandes tandis que Gary prenait place à ses côtés. Il n’était pas disposé à le dire, mais Valtus était content d’être à nouveau en affaire avec le Jedi. Après quelques instants, la navette s’envola en direction de l’orbite planétaire. Une fois à distance de saut, la navette entra dans l’hyper-espace et y resta pendant une dizaine de minutes. Dès le retour en espace conventionnel, Valtus activa le transpondeur de la navette. L’engin avait réapparu devant une lune en partie fracturée autour d’une géante gazeuse. La trajectoire que le Sith empruntait conduisait directement vers la lune, plus précisément dans l’espace entre l’astre encore solide et la partie qui s’en était détaché. Là, un croiseur modernisé de classe Interdictor patientait. Il était frappé du blason de Sigil.

La navette s’engouffra dans l’un des hangars où la garde royale s’était mis en place pour accueillir Valtus. La présence du Jedi à ces côtés suscitait de silencieuses interrogations, mais c’est comme si les gardes de Valtus, eux aussi, commençaient à s’habituer à Gary. Quand bien même, il suffirait d’une simple pensée de la part de leur monarque pour que les gardes le mettent en pièce dans la seconde.

Toujours prêt à remplir son rôle consciencieusement, Ipas, l’esclave et intendant de Valtus, se rapprocha de lui rapidement.


- Ipas ! Notre ami que voici est notre invité. Tu te souviens de lui, je suppose ? Il a grand besoin de se “rafraîchir” et de se changer et… tout le reste. Assure-toi qu’il ne manque de rien.

- Oui, mon seigneur.

L’attitude de Valtus était complétement différente. Sa posture était plus sûre, plus majestueuse et impérieuse que lorsqu’il était dans la cantina. Ici, il était chez lui, où tout le monde lui obéissait au doigt et à l’œil. Il se tourna vers Gary.

- J’espère que tu ne m’en voudras pas… Faute de t’avoir comme invité sur Sigil, tu seras mon invité à bord de ce vaisseau.

Quelques minutes plus tard, le croiseur quittait sa position. Sur la passerelle, les navi-composants calculaient déjà une route sécurisée. Lorsque tous les paramètres furent pris en compte et la trajectoire déterminée, le croiseur entra en hyper-espace, direction Battu.



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