Darth Yrlion
# Ce lien qui nous unis [Ft Gary Kovani] - Lun 13 Nov 2023 - 14:20
Ce lien qui nous unis
Artorias - Des années plus tôt - 21.563
Des traits rouges déchiraient le ciel noir qui couvrait la capitale du royaume depuis l’aube. Tirés depuis les croiseurs en orbites, chaque impact faisait trembler le sol tandis que les pièces d’artilleries et les soldats regroupés de la Défense Artorienne et de la République s’efforçaient de maintenir les légions impériales à distance. Malgré les pertes, les soldats de l’Empire restaient déterminés, aidés par les guerriers Sith qui brandissaient leur sabre-laser, avançant sans crainte, convaincus de leur victoire imminente.
Valtus stoppa un instant sa progression afin d’observer la ligne de défense aux abords du Capitole. Le sabre-laser pointé vers le sol, le jeune apprenti releva de son autre main gantée la capuche qui couvrait sa tête, révélant une longue chevelure brune parfaitement lisse ainsi qu’un regard concentré. Les défenses paraissaient bien établies et infranchissables, chaque vague de droïds de guerre était systématiquement et méticuleusement anéanties. Les hautes murailles, vestiges de la cité antique, mêlant habillement pierres et métaux à haute résistance, permettaient aux pièces d’artilleries positionnées en hauteur t’interrompre presque immédiatement chaque approche. Néanmoins, Valtus avait remarqué une chose. La lenteur des défenseurs. Certes, les droïds de guerre n’étaient pas les modèles les plus rapides et leur faible mobilité était un réel handicap en la circonstance, mais c’est comme si les défenseurs sous-estimaient la puissance et le nombre des attaquants, comptant sur un effet d’épuisement et de lassitude. Peut-être qu’ils s’attendaient à recevoir des renforts… Si tel était le cas, leur attente ne serait récompensée que par la déception. Peut-être ne le savaient-ils pas du fait du brouillage des communications, mais les forces impériales dominaient. Aux dernières nouvelles, la flotte républicaine était en déroute, son vaisseau-amiral détruit et le Chancelier suprême, présent en personne, en fuite à la surface de la planète. Sa capture faisait même l’objet d’un ordre prioritaire. Aucune aide ne viendrait donc et même s’ils étaient inférieurs en nombre pour le moment, ce n’était qu’une question de temps avant que les légions impériales n’affluent.
Un autre Sith arriva aux côtés de Valtus. Plus grand en taille et plus imposant en carrure, il portait une armure plus lourde et plus massive que la sienne, en partie dissimulée par une bure sombre. Son sabre-laser était rangé, accroché à son ceinturon. Le visage dissimulé par son casque intégral empêchait de voir ses traits, mais les bras croisés sur sa poitrine laissait deviner une certaine passivité de sa part. Valtus se tourna vers son imposant homologue.
- Pacem ! Je commençais à me demander quand tu te joindrais enfin à nous…
Le casque intégral de Pacem se divisa alors en plusieurs parties avant de disparaître et de laisser enfin apparaître son visage. Son visage semblait encore plus juvénile que celui de Valtus, ses yeux étaient pleinement imprégnés par le Côté obscur et ses cheveux rasés lui donnaient cependant une certaine maturité. L’effet était amplifié par la cicatrice qui courait le long de sa joue gauche depuis le menton jusqu’à la tempe. Pourtant, il était plus âgé que lui d’une dizaine d’années environ.
- Tout vient à point qui sait attendre, Valtus. La bataille sera glorieuse et la victoire éclatante, mon ami. Les forces adverses ont beau être plus nombreuses, nos légions sont prêtes à se battre jusqu’à la mort et sont galvanisées, car tous nos soldats savent que c’est un grand jour pour eux et pour nous ! Aujourd’hui, l’Empire renaît !
Se battre jusqu’à la mort… Valtus espérait bien ne pas devoir en arriver là. Il avait encore bien trop de choses à faire, bien trop de secrets à découvrir… même si pour le moment, il n’avait en tête que de réussir la mission que son maître lui avait confiée : Récupérer les données des Archives royales. Pacem avait sa propre mission lui aussi. Leurs deux maîtres respectifs étaient en bons termes, sans pour autant être des alliés. Par conséquent, même s’ils étaient des rivaux, comme tous Sith qui se respectent, ils n’étaient pas des adversaires. À dire vrai, une certaine estime était née entre eux lorsqu’ils étaient sur Korriban. Ils faisaient alors partie du même groupe d’acolytes et n’avaient presque rien en commun, leur personnalité était diamétralement opposée, et pourtant… ils se respectaient et trouvaient même cette nouvelle collaboration “intéressante”. Cette relative proximité n’était peut-être pas due au hasard en vérité. Bien des choses chez Pacem lui rappelait Alec… Dans ses gestes, dans ses expressions… Insidieusement, les sentiments qu’il avait toujours pour son défunt Grand amour l’influençaient toujours.
L’artillerie républicaine venait de frapper à nouveau. Les vibrations du sol tremblant se propagèrent dans tout le corps de Valtus et de Pacem.
- Enfin de l’audace !
Pacem semblait se réjouir. Cette fois, les charges d’artillerie n’avaient pas frappé les lignes de droïds de guerre, mais les régiments de soldats en ordre de bataille, à la limite du camp impérial.
- Il y a quelque chose de nouveau… Est-ce que tu le perçois aussi ?
Tous deux fixaient le même point au loin sans pour autant observer quelque chose de précis. Leurs sens étaient en ébullition suite à la perturbation qui venait de secouer la Force. La République n’était pas venue avec ses seules forces, l’Ordre Jedi aussi était de la partie et un de leur membre venait de faire son entrée. Impossible pour aucun d’eux de déterminer s’il s’agissait d’un maître ou d’un chevalier, néanmoins il n’y avait aucun doute sur la puissance de sa connexion avec la Force. Pacem empoigna rapidement ses macro-jumelles et se mit en quête de trouver ce mystérieux nouveau venu. Après quelques instants à scruter les lignes de défenses, le guerrier se focalisa sur un individu en particulier qui marchait au milieu des officiers.
- Bien… Voici donc notre “perturbation”... Qu’est-ce que tu en penses ?
À son tour, Valtus pris les macro-jumelles et observa l’individu concerné. Il avait à peine la trentaine, les cheveux mi-longs, une barbe de trois jours, la tenue de combat qu’il portait lui donnait une carrure imposante, mais Valtus devinait sans mal que même sans elle, l’homme était plutôt bien fait de sa personne.
- Il est tout à fait à mon goût…
Pacem soupira d’un air amusé. Même si la réponse ne le surprenait pas en soi, il en attendait une autre en la circonstance.
- Valtus….
- Trop vieux pour être un Padawan… Trop jeune pour être un Maître… Aucun toutou à tresse qui le suit à la trace… A priori, c’est un Chevalier.[/i]
La langue de Valtus passa lentement et discrètement le long de sa lèvre supérieur. Son attirance charnelle pour celui qui venait de devenir l’ennemi numéro un n’était ni feinte, ni surjouée. Il était même bienvenu. Le désir soudain qu’il ressentait n’avait pas échappé au Côté obscur qui était en lui. Il s’abreuvait de cette émotion avec avidité, profitant de cela pour alimenter la sombre flamme ardente qui brûlait en lui, matérialisant ainsi une interprétation possible du Code Sith : “Par la passion, j’ai la puissance.”
Soudain, comme des hurlements stridents se firent entendre au loin dans le ciel. Une escadrille de bombardiers était en approche. La forme de leurs ailes en “X” parfaitement reconnaissable signifiait que la bataille entrait dans une nouvelle phase, en faveur des Siths. Valtus et Pacem remirent leurs casques ainsi que leurs capuches… Brandissant leurs lames rouges devant eux, ils donnèrent le signal conjoint de l’assaut.
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Sigil - De nos jours - 21.583
Le “Trône Sigillaire” n’était pas seulement un simple fauteuil massif et ouvragé par les plus talentueux artisans de Sigil. Il était également le symbole du pouvoir royal. Le folklore arguait qu’il fut fabriqué jadis pour Marka Ragnos et qu’il fut “donné” par lui en héritage au premier souverain de Sigil lorsqu’il instaura la monarchie. Valtus ne croyait en rien à ses histoires, bonnes pour les dévots et les esprits faibles réceptifs à la propagande. Il se moquait bien des origines de ce qui, en toute objectivité, n’était qu’un meuble remplaçable par un autre au besoin. Relique d’un passé lointain ou bien création plus récente, tout ce qui lui importait, c'était l’image qu’il renvoyait lorsqu’il l’occupait.
À l’occurrence, l’image était imposante. Vêtu de ses habits royaux et coiffé de sa couronne, Valtus incarnait sa fonction à la perfection. Noble posture, regard profond et voix suave étaient de mise. Toute la mise en scène, tout le décorum pensé et mis en place pour faire paraître le souverain plus grand que grand et plus noble que noble était superflu en ce qui concerne Valtus. Beaucoup des nobles présents dans la salle du trône et qui avaient connu jadis ses parents reconnaissaient en lui l’aura de son père et l’élégant charisme de sa mère. C’est lui qui avait convoqué tous les nobles et les notables de Sigil en ce jour, renouant ainsi avec cette tradition ancienne, mise en ban depuis le règne de son grand-père, qu’était l’Adresse du Trône. Cette cérémonie officielle, suivant un protocole rigoureux, était utilisé autrefois par les monarques pour faire connaître et acter de façon solennelle, à toute la noblesse, une grande décision.
Néanmoins, si à l’époque tous les membres des grandes familles étaient présents à cette époque, Valtus avait opté pour un nombre d’individus moindre. Seuls les membres du Synode et les chefs des autres familles nobles ou leurs représentants se trouvaient devant le trône. Balt et lui échangeaient encore quelques mots lorsque Valtus fit un geste de la main. Une mélodie brève se fit entendre et qui se répéta trois fois. Balt avait repris sa place parmi ses semblables. Valtus lui, observa un à un une dernière fois les nobles présents avant de se lever et de prendre la parole.
- Seigneurs de Sigil, je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation…
Du haut de son observatoire en trompe-l'œil, Ipas observait la scène. Il sourit lorsqu’il entendit cette pirouette politique employée par Valtus. Invitation ? Non. Tous avaient été convoqués sans la moindre possibilité d’esquive… Il observait les uns, les autres et écoutaient son maître avec admiration. Adepte du beau langage, le monarque faisait l’éloge de la noblesse de Sigil, de la prospérité du Royaume et des implications de ses futurs nouvelles fonctions au sein du Conseil Noir. À un moment, son regard se posa sur Balt, le cousin de Valtus et président du Synode, le conseil des grandes familles. Il semblait concentré et serein, fixant presque constamment le sol, comme s’il connaissait déjà à l’avance le discours que Valtus était en train de prononcer.
... C’est pourquoi j’établis ce jour la nouvelle charge d’Intendant général du Royaume qui aura la lourde responsabilité d’administrer et gérer les affaires courantes de Sigil en mon absence. C’est une tâche complexe, exigeante, qui demande une implication totale et impose une fidélité sans faille envers le Trône et Sigil…
Pour la première fois depuis le début de l’allocution, le regard de Balt se dirigea vers Valtus. Ipas cru même apercevoir chez lui une profonde inspiration.
... Parce qu'il a démontré à mainte reprise combien son cœur battait pour Sigil, en récompense pour son aide précieuse lors de la guerre contre l’Usurpateur et pour son soutient indéfectible envers le Trône, je nomme à cette fonction le Prince Balt de la Maison Teneb, qui continuera à exercer ses fonctions à la tête du Synode.
Respecter son autorité, c’est obéir au Trône. La contester, c’est s’opposer au Trône… Et se rendre coupable de trahison envers moi.
Que cela soit écrit et proclamé à tous.
Il y eut encore quelques mises en garde et mots d’encouragement de la part de Valtus avant qu’il ne lève la séance et ne quitte la pièce pour rejoindre ses appartements privés. Ipas se mit immédiatement en route pour le rejoindre.
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A peine avait-il franchi les portes de sa chambre que Valtus agita ses mains au niveau de sa tête et le long de son manteau royal. Aussitôt, la couronne posée sur sa tête flotta dans les airs pour rejoindre son support d’exposition. De même, les attaches de son manteau se dénouèrent afin de laisser le vêtement quitter ses épaules pour aller se poser sur un porte-manteau sépcial.
Il prit une profonde inspiration et étira ses bras au-dessus de sa tête. Balt arriva quelques instants plus tard.
- Beau discours. Clair et concis… Mais je pensais que tu allais en profiter pour aborder la question du clonage ? Aurais-tu renoncé finalement ?
- En aucune façon… J’ai simplement considéré que ce sujet méritait une allocution à part entière. D’autant plus que les détails ne sont pas encore totalement réglés. Ce jour t’appartient, mon cousin, et rien ne saurait éclipser ta gloire. Profites en comme il se doit.
À présent, va. Je te rejoindrai très vite, dès que j’aurais réglé quelques affaires ici.
Un banquet était effectivement organisé en l’honneur de Balt et de ses nouvelles fonctions. Une fois que Balt fut parti, Ipas se retira à son tour pour laisser Valtus seul. Se servant un verre, le Sith se mit à parler.
- L’avez-vous retrouvé ?
Le maître-espion de Valtus quitta le coin sombre qu’il occupait déjà avant qu’il ne revienne de la salle du trône. Il avait un datapad à la main.
- Nous avons fouillé les registres carcéraux de la République et il n’apparaît nulle part…
- Les condamnés à mort ?
- Nous avons vérifié aussi et là encore… aucune trace de lui.
- Un seigneur Sith ne disparaît pas comme ça ! Et le Renseignement impérial ?
- Notre contact sur Dromund Kaas ne semble pas s’émouvoir de sa disparition. Officiellement, le Seigneur Pacem est considéré comme disparut lors de la prise du Capitole sur Artorias. Peut-être que si vous faisiez valoir votre nouvelle position au Conseil noir…
Valtus commençait à fulminer. Disparut ? Certes… mais les paroles de son maître-espion sonnait comme un abandon… Quant à la question de faire valoir sa position de Conseiller noir pour obtenir des informations, il s’y refusait pour le moment. Pourtant, nul doute que cela arrangerait les choses…
Le datapad du maître-espion affiche alors une notification annonçant la réception d’un message.
- Intéressant…
- Quoi donc ?
- Notre contact du Renseignement impérial… Il vient d’envoyer un message curieux. Il ne mentionne qu’une planète : Batuu et ajoute ce commentaire : Prison Jedi.
Ce qu’il venait d’entendre laissait Valtus songeur. Pianotant sur son datapad, le maître-espion était en train de vérifier les informations connues sur Batuu. Rien dans les banques de données de l’Égide, il se contenta donc des données en libre accès de l’Holonet.
- Une “ prison Jedi ” ? Serait-ce seulement possible…
- Nous n’avons aucune information pertinente sur cette planète, Majesté. Un ancien comptoir commercial d’avant la Grande guerre de l’Hyper-espace tout au plus… Elle est à la frontière de l’Espace sauvage et de la Bordure extérieure, mais n’est pas dans la République.
- Je vous remercie, maître-espion. Vous pouvez retourner à vos occupations, nous reverrons cette affaire plus tard.
S’il ne voulait pas faire plus appel aux Renseignements de l’Empire, Valtus devait trouver des informations ailleurs… auprès de quelqu’un d’autre… S’approchant de son bureau, Valtus activa sa console personnelle de travail. S’assurant d’avoir activé un haut niveau de cryptage, il composa un message et l’envoya aussitôt.
Extrait du message :
- Spoiler:
- /// Besoin d'informations /*/ Batuu. Prison Jedi. Confirmation ? /*/ Pacem Darcos. Prisonnier. Confirmation ? /*/ URGENT /*/ LIEU DE RDV A FIXER POUR REMISE EN PERSONNE \\\
Valtus n’avait pas besoin d’en dire davantage, ni de faire mention du destinataire ou de l’expéditeur. Une seule personne dans l’univers pouvait recevoir ce message.
Gary Kovani
# Re: Ce lien qui nous unis [Ft Gary Kovani] - Dim 19 Nov 2023 - 20:02
« Señor Prospero… » Je me laisse glisser en arrière, sur le fauteuil jadis confortable. Il ne l’est plus depuis longtemps. La barre rigide qui soutient l’assise, dépouillée de sa mousse moelleuse, m’oppresse le coccyx. Mais je fais bonne figure. Je souris. « Vos sous-entendus me frappent en plein corazon, mi amigo ! » Je bascule mon poids d’une fesse à l’autre, pour tromper mon système nerveux, et me permettre de rester assis encore quelques minutes de plus. Je me dandine, comme un type mal à l’aise… C’est probablement cette interprétation qui pousse le ventripotent Dévaronien à prolonger les négociations. « Nous avions convenu d’un prix, un accord verbal… » Il balaie mes arguments d’un geste rageur :
« C’était il y a trois jours ! Vous savez ce que c’est… L’inflation, la loi de l’offre et de la demande, la fluctuation des loyers lié à la tension accrue du marché de l’immobilier depuis que… »
Je me relève d’un coup, mes deux poings frappent surement le bois artificiel du bureau rafistolé. Un geste suffisamment autoritaire pour lui couper la chique. Il me balade ! Il joue avec mes nerfs ! Mon ombre écrase la silhouette pourtant massive de l’homme d’affaires. Il recule le buste, et baisse légèrement la tête pour me menacer de ses cornes ébréchées. Réaction réflexe, inconsciente d’un Dévanorien qui se sent menacé. Un langage corporel inscrit dans son patrimoine génétique depuis des temps immémoriaux. Je profite de la brèche ouverte dans son assurance pour repasser à l’offensive :
« Des bâtiments insalubres comme les votre, il y a dans tout le quartier ! Si tirez trop sur la corde, j’annule notre accord. D’autres accepterons sans hésiter la somme que je propose ! » Le coup de pression fait un flop. Il se reprend aussitôt, bras croisés sur la poitrine, large sourire amusé aux lèvres.
« Si mes logements sont insalubres, pourquoi vouloir me les acheter, mi amigo ? Allez donc voir la concurrence si ça vous amuse… Mais le fait est que vous m’avez contacté le premier, et donc j’en déduis que c’est mon immeuble que vous voulez… Et si vous le voulez vraiment, il va falloir faire un effort. Un pequeño esfuerzo, gringo… »
J’ai envie de sauter par-dessus l’épave qui me sert de bureau, glané dans la décharge, pour serrer entre mes deux mains son cou de taureau. Mais je ne suis pas de ceux qui succombent aussi facilement à leurs pulsions. Je soupire. ]i]« Nous sommes parti sur de mauvaises base, señor Prospero, laissez-moi vous expliquer clairement la situation. Un autre stimcafé ? »[/i] Il fait non de la tête, esquivant avec habileté l’un des pièges les plus anciens utilisés par les négociateurs : pousser son interlocuteur à dire « oui » plusieurs fois d’affilé. Chaque répétition rend la négation plus difficile : un biais cognitif parmi tant d’autres. Prospero n’est pas né de la dernière ouverture d’El Culo. Je hausse les épaules, et m’en ressers un, qui refroidit lentement dans la cafetière ébréchée. Encore de la récupération. Tout ici, ou presque, vient de la décharge. Du matériel obsolète jeté par Jika Tech. Mais avec un peu d’imagination et de savoir-faire, tout se répare où se réutilise. C’est devenu la spécialité des habitants du quartier. Je porte le liquide tiède à mes lèvres, tout en ouvrant de l’autre main un tiroir. Propero se raidit, craignant peut-être que j’en sorte un flingue. Mais ce n’est pas mon genre. Pendant quelques instants, j’hésite à user de la Force pour le convaincre… Mais j’ai encore un semblant d’éthique. J’extrait du tiroir une carte de visite minimaliste. Aucun sigle ou logo. Seulement quatre lettres, un acronyme explicité en dessous, en plus petit et italique. Je la lui tends. Il la prend curieux.
« Joie, Epanouissement et Développement Individuel. Je représente cette fondation humanitaire. Elle a effectivement choisi votre immeuble pour s’installer dans le quartier » En acronyme c’est donne : J. E. D. I. Haha, c’est mes idées sont tellement géniales. « Ces gens sont sérieux. Ils déjà commencé à distribuer du matériel médical à la clinique de la señora Kessigen situé à l’étage du dessous. Un homme aussi bien renseigné que vous n’a pas pu le manquer. » Son sourcil s’arque, je peux presque entendre ses pensées : il est sceptique, pourquoi quelqu’un irait dépenser le moindre crédit ici. Dans quel but ? Rien n’est jamais gratuit. Et il a raison. J’entre dans son jeu. Seule option pour obtenir son assentiment. « Son but est de… développer le quartier. Santé, service d’aide à la personne, services de proximité. Ils ambitionnent de faire reculer la pauvreté et l’insécurité. Pourquoi ? Je vais être franc : vous n’êtes pas assez sot pour croire que tout ceci est gratuit. Simple calcul pécunier. C’est toujours comme ça que ça marche. D’ici quelques mois, une année tout au plus, l’évolution positive du quartier va faire remonter en flèche les prix de l’immobiliser. D’autres investisseurs se jetteront sur ces nouvelles opportunités. Cercle vertueux hautement rentable. Alors, réfléchissez, mi amigo : si vous me vendez aujourd’hui cet immeuble, au prix du marché actuel : vous tirerez, dans peu de temps, une énorme plus-value sur tous vos autres biens. Voyez cela comme… un investissement avisé. Et je sais que vous êtes un homme d’affaires avisé, qui sait flairer les opportunités… »
Deux heures plus tard,
Je me masse les tempes. J’ai la migraine. Prospero a été difficile, plus que prévu… Mais nous sommes parvenus à un accord. Sur l’écran de mon datapad s’affiche le titre de propriété de l’immeuble juxtaposant la clinique de Jesaëlle. Tout est à refaire à l’intérieur. La carcasse n’est plus qu’une ruine sans eau courante ni electricité… Mais ce bâtiment sera le point de départ d’une installation sérieuse et durable de l’Ordre sur Nar Shaddaa. Au cœur d’un secteur qui mérite, plus que les autres, de bénéficier de l’altruisme et de la sagesse millénaire des Jedi. J’aimerais y voir le signe d’un renouveau… Mais le chemin est trop long et sinueux pour déjà se féliciter… Lorsque le Conseil saura que j’ai utilisé les crédits volés à deux gangs pour financer cette acquisition, je risque de passer un sale quart d’heure… Mais ce n’est que justice : ces malfrats rançonnent les commerçants, escroquent les citoyens vulnérables. Cet argent leur sera rendu, sous forme de services utiles à tous…
Un argumentaire un peu bancal qu’il va falloir que je travaille encore un peu..
Au moment où je sombre dans mes songes éveillés, un message prioritaire illumine mon datapad. Le rouge vif indique sans l’ombre d’un doute un codage ultra sécuritaire. Je sais déjà qui en est l’expéditeur. Darth Yrlion. Valtus. S’il prend le risque de me contacter de la sorte, c’est que l’affaire est urgente, vitale. Malgré le haut niveau de cryptage, quasi inviolable, les messages électroniques restent une brèche. Ils peuvent être interceptés, clonés, détournés…
Je presse d’un index curieux sur l’accusé de réception. Aussitôt l’algorithme préalablement installé dans un sous-dossier discret commence la lecture du cryptable. Les caractères spéciaux et autres formes géométriques prennent lentement la forme de lettres.
Batuu. Prison Jedi. Pacem Darcos. Je relis une dizaine de fois des lignes carmines, comme si le code cachait un autre code. Mais non. La demande est ce qu’elle parait être. Il ne s’agit pas d’un autre subterfuge. Enfin je crois. Batuu ? Oui ce monde m’évoque des souvenirs. Mais certainement pas ceux d’une prison Jedi. Un autre drame a eu lieu là-bas. Il y a vingt ans, aux premières heures de la nouvelle guerre contre l’Empire Sith ressuscité.
Mes doigts hésitent. Ils ne sont que les témoins des doutes qui polluent mes pensées. Batuu a été frappé du sceau du secret. Un TabouLes archives concernant ce monde ont toutes été détruites. Pour que cette histoire, et ses protagonistes, soient oubliés. Il n’y a rien de pire que l’oubli. Je soupire. Tous les Jedi de ma génération connaissent cette histoire. Mais personne n’en parle, comme si elle n’avait jamais existé. La prochaine vague de Jedi ignorera tout d’elle.
J’hésite donc. Je pourrais soutenir que je ne connais rien de ce monde… Mais Valtus finira à un moment ou à un autre par en apprendre plus. Il comprendra que je lui ai menti. Parler d’un monde tabou n’aura que très peu de conséquences de toute manière… Alors je passe finalement aux aveux, après avoir méticuleusement mesuré les pours et les contres. :
// Batuu. Ancien avant-poste Jedi. Perdu peu après Artorias. Aucune prison Jedi répertoriée à ma connaissance. // Les Jedi ne gardent pas de prisonniers… Ils les remettent aux autorités compétentes. Je continue sur ma lancée, maintenant que j’ai ouvert la boite de Pandore, il me faut aller jusqu’au bout : // Batuu est frappée d’un Tabou. Il est interdit de s’y rendre. D’anciens Jedi y ont fondé une secte. Ils ont renié l’Ordre et la République après la défaite d’Artorias. Des fanatiques lumineux aussi dangereux que des adeptes de l’ombre. Ils ont massacré ceux qu’ils jugeaient indigne de leur dogme. Ils ont été excommuniés. // J’en ai déjà trop dit. Je secoue lentement la tête. Ces faits remontes aux premières heures de la guerre. Le contrecoup de la perte d’Artorias, le traumatisme causé par la résurgence des Sith. Trop sûrs de nous, nous n’avions pu prévoir leur retour. Tout comme nous n’avons pas capable de voir venir le revirement du Chancelier S’orn.
// Mais si tu comptes te rendre là-bas, tu auras besoin d’un guide. Compte sur moi. // C’est la malsaine curiosité qui transpire de mon esprit, qui écrit ces mots numériques. Que sont devenus ces anciens Jedi ? Isolé sur leur monde à la limite de l’espace connu ?
« C’était il y a trois jours ! Vous savez ce que c’est… L’inflation, la loi de l’offre et de la demande, la fluctuation des loyers lié à la tension accrue du marché de l’immobilier depuis que… »
Je me relève d’un coup, mes deux poings frappent surement le bois artificiel du bureau rafistolé. Un geste suffisamment autoritaire pour lui couper la chique. Il me balade ! Il joue avec mes nerfs ! Mon ombre écrase la silhouette pourtant massive de l’homme d’affaires. Il recule le buste, et baisse légèrement la tête pour me menacer de ses cornes ébréchées. Réaction réflexe, inconsciente d’un Dévanorien qui se sent menacé. Un langage corporel inscrit dans son patrimoine génétique depuis des temps immémoriaux. Je profite de la brèche ouverte dans son assurance pour repasser à l’offensive :
« Des bâtiments insalubres comme les votre, il y a dans tout le quartier ! Si tirez trop sur la corde, j’annule notre accord. D’autres accepterons sans hésiter la somme que je propose ! » Le coup de pression fait un flop. Il se reprend aussitôt, bras croisés sur la poitrine, large sourire amusé aux lèvres.
« Si mes logements sont insalubres, pourquoi vouloir me les acheter, mi amigo ? Allez donc voir la concurrence si ça vous amuse… Mais le fait est que vous m’avez contacté le premier, et donc j’en déduis que c’est mon immeuble que vous voulez… Et si vous le voulez vraiment, il va falloir faire un effort. Un pequeño esfuerzo, gringo… »
J’ai envie de sauter par-dessus l’épave qui me sert de bureau, glané dans la décharge, pour serrer entre mes deux mains son cou de taureau. Mais je ne suis pas de ceux qui succombent aussi facilement à leurs pulsions. Je soupire. ]i]« Nous sommes parti sur de mauvaises base, señor Prospero, laissez-moi vous expliquer clairement la situation. Un autre stimcafé ? »[/i] Il fait non de la tête, esquivant avec habileté l’un des pièges les plus anciens utilisés par les négociateurs : pousser son interlocuteur à dire « oui » plusieurs fois d’affilé. Chaque répétition rend la négation plus difficile : un biais cognitif parmi tant d’autres. Prospero n’est pas né de la dernière ouverture d’El Culo. Je hausse les épaules, et m’en ressers un, qui refroidit lentement dans la cafetière ébréchée. Encore de la récupération. Tout ici, ou presque, vient de la décharge. Du matériel obsolète jeté par Jika Tech. Mais avec un peu d’imagination et de savoir-faire, tout se répare où se réutilise. C’est devenu la spécialité des habitants du quartier. Je porte le liquide tiède à mes lèvres, tout en ouvrant de l’autre main un tiroir. Propero se raidit, craignant peut-être que j’en sorte un flingue. Mais ce n’est pas mon genre. Pendant quelques instants, j’hésite à user de la Force pour le convaincre… Mais j’ai encore un semblant d’éthique. J’extrait du tiroir une carte de visite minimaliste. Aucun sigle ou logo. Seulement quatre lettres, un acronyme explicité en dessous, en plus petit et italique. Je la lui tends. Il la prend curieux.
« Joie, Epanouissement et Développement Individuel. Je représente cette fondation humanitaire. Elle a effectivement choisi votre immeuble pour s’installer dans le quartier » En acronyme c’est donne : J. E. D. I. Haha, c’est mes idées sont tellement géniales. « Ces gens sont sérieux. Ils déjà commencé à distribuer du matériel médical à la clinique de la señora Kessigen situé à l’étage du dessous. Un homme aussi bien renseigné que vous n’a pas pu le manquer. » Son sourcil s’arque, je peux presque entendre ses pensées : il est sceptique, pourquoi quelqu’un irait dépenser le moindre crédit ici. Dans quel but ? Rien n’est jamais gratuit. Et il a raison. J’entre dans son jeu. Seule option pour obtenir son assentiment. « Son but est de… développer le quartier. Santé, service d’aide à la personne, services de proximité. Ils ambitionnent de faire reculer la pauvreté et l’insécurité. Pourquoi ? Je vais être franc : vous n’êtes pas assez sot pour croire que tout ceci est gratuit. Simple calcul pécunier. C’est toujours comme ça que ça marche. D’ici quelques mois, une année tout au plus, l’évolution positive du quartier va faire remonter en flèche les prix de l’immobiliser. D’autres investisseurs se jetteront sur ces nouvelles opportunités. Cercle vertueux hautement rentable. Alors, réfléchissez, mi amigo : si vous me vendez aujourd’hui cet immeuble, au prix du marché actuel : vous tirerez, dans peu de temps, une énorme plus-value sur tous vos autres biens. Voyez cela comme… un investissement avisé. Et je sais que vous êtes un homme d’affaires avisé, qui sait flairer les opportunités… »
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Deux heures plus tard,
Je me masse les tempes. J’ai la migraine. Prospero a été difficile, plus que prévu… Mais nous sommes parvenus à un accord. Sur l’écran de mon datapad s’affiche le titre de propriété de l’immeuble juxtaposant la clinique de Jesaëlle. Tout est à refaire à l’intérieur. La carcasse n’est plus qu’une ruine sans eau courante ni electricité… Mais ce bâtiment sera le point de départ d’une installation sérieuse et durable de l’Ordre sur Nar Shaddaa. Au cœur d’un secteur qui mérite, plus que les autres, de bénéficier de l’altruisme et de la sagesse millénaire des Jedi. J’aimerais y voir le signe d’un renouveau… Mais le chemin est trop long et sinueux pour déjà se féliciter… Lorsque le Conseil saura que j’ai utilisé les crédits volés à deux gangs pour financer cette acquisition, je risque de passer un sale quart d’heure… Mais ce n’est que justice : ces malfrats rançonnent les commerçants, escroquent les citoyens vulnérables. Cet argent leur sera rendu, sous forme de services utiles à tous…
Un argumentaire un peu bancal qu’il va falloir que je travaille encore un peu..
Au moment où je sombre dans mes songes éveillés, un message prioritaire illumine mon datapad. Le rouge vif indique sans l’ombre d’un doute un codage ultra sécuritaire. Je sais déjà qui en est l’expéditeur. Darth Yrlion. Valtus. S’il prend le risque de me contacter de la sorte, c’est que l’affaire est urgente, vitale. Malgré le haut niveau de cryptage, quasi inviolable, les messages électroniques restent une brèche. Ils peuvent être interceptés, clonés, détournés…
Je presse d’un index curieux sur l’accusé de réception. Aussitôt l’algorithme préalablement installé dans un sous-dossier discret commence la lecture du cryptable. Les caractères spéciaux et autres formes géométriques prennent lentement la forme de lettres.
Batuu. Prison Jedi. Pacem Darcos. Je relis une dizaine de fois des lignes carmines, comme si le code cachait un autre code. Mais non. La demande est ce qu’elle parait être. Il ne s’agit pas d’un autre subterfuge. Enfin je crois. Batuu ? Oui ce monde m’évoque des souvenirs. Mais certainement pas ceux d’une prison Jedi. Un autre drame a eu lieu là-bas. Il y a vingt ans, aux premières heures de la nouvelle guerre contre l’Empire Sith ressuscité.
Mes doigts hésitent. Ils ne sont que les témoins des doutes qui polluent mes pensées. Batuu a été frappé du sceau du secret. Un TabouLes archives concernant ce monde ont toutes été détruites. Pour que cette histoire, et ses protagonistes, soient oubliés. Il n’y a rien de pire que l’oubli. Je soupire. Tous les Jedi de ma génération connaissent cette histoire. Mais personne n’en parle, comme si elle n’avait jamais existé. La prochaine vague de Jedi ignorera tout d’elle.
J’hésite donc. Je pourrais soutenir que je ne connais rien de ce monde… Mais Valtus finira à un moment ou à un autre par en apprendre plus. Il comprendra que je lui ai menti. Parler d’un monde tabou n’aura que très peu de conséquences de toute manière… Alors je passe finalement aux aveux, après avoir méticuleusement mesuré les pours et les contres. :
// Batuu. Ancien avant-poste Jedi. Perdu peu après Artorias. Aucune prison Jedi répertoriée à ma connaissance. // Les Jedi ne gardent pas de prisonniers… Ils les remettent aux autorités compétentes. Je continue sur ma lancée, maintenant que j’ai ouvert la boite de Pandore, il me faut aller jusqu’au bout : // Batuu est frappée d’un Tabou. Il est interdit de s’y rendre. D’anciens Jedi y ont fondé une secte. Ils ont renié l’Ordre et la République après la défaite d’Artorias. Des fanatiques lumineux aussi dangereux que des adeptes de l’ombre. Ils ont massacré ceux qu’ils jugeaient indigne de leur dogme. Ils ont été excommuniés. // J’en ai déjà trop dit. Je secoue lentement la tête. Ces faits remontes aux premières heures de la guerre. Le contrecoup de la perte d’Artorias, le traumatisme causé par la résurgence des Sith. Trop sûrs de nous, nous n’avions pu prévoir leur retour. Tout comme nous n’avons pas capable de voir venir le revirement du Chancelier S’orn.
// Mais si tu comptes te rendre là-bas, tu auras besoin d’un guide. Compte sur moi. // C’est la malsaine curiosité qui transpire de mon esprit, qui écrit ces mots numériques. Que sont devenus ces anciens Jedi ? Isolé sur leur monde à la limite de l’espace connu ?
Darth Yrlion
# Re: Ce lien qui nous unis [Ft Gary Kovani] - Mer 29 Nov 2023 - 11:42
Ce lien qui nous unis
Artorias - Prise du Capitole - 21.563
L’efficacité des bombardiers était redoutable. Les pièces d’artilleries avaient volé en éclat dès le premier passage, obligeant les défenseurs à se replier dans le Capitole et dégageant la voie aux légions Sith. Les forces de Valtus et Pacem entrèrent en trombe dans le hall et fendirent la masse ennemie encore sous le choc avec une facilité déconcertante.
Pacem plongea la lame rouge de son sabre-laser dans le torse d’un soldat artorien. Il ne la retira pas de suite, laissant cette dernière chauffer et bruler les chaires de sa victime. En appelant à la Force, il projeta violemment le cadavre sur un groupe d’artilleurs qui tentait de fuir. Ils roulèrent sur le sol sous le choc. Sans attendre, il se rua sur eux et se déchaina, frappant avec son sabre avec une force irrésistible.
De son côté, Valtus faisait preuve de moins de sauvagerie, mais à travers lui, le Côté obscur se déchainait. Les éclairs de Force qu’il invoquait étaient aussi foudroyants que redoutables et ne laissait aucune chance à ses victimes. La pression de Force employée par lui pour briser le corps de ses adversaires ne laissait là encore aucune chance de survie.
Partout autour d’eux, les survivants agonisants hurlaient dans l’indifférence totale des troupes impériales qui continuaient leur avancée. Les deux Sith prenaient plaisir à se battre ainsi. Le Côté obscur était à son plein potentiel et inondait les alentours. Au plus profond de Valtus, la flamme sombre qui l’animait s’était changé en un brasier incandescent.
Cependant, quelque chose ne collait pas. Tous deux finirent par se rejoindre pour discuter l’espace d’un instant.
- Où est passé le Jedi ?!
- Je perçois toujours sa présence… mais il ne se montre pas.
- Il laisse mourir ses soldats, ça ne ressemble pas aux manières de l’Ordre. De plus, nous avançons un peu trop facilement à mon goût…
- Tu penses à un piège ?
Faisant preuve d’un réflexe sur-humain, Pacem brandit son sabre-laser pour dévier un tir de blaster qui leur était destiné. Le malheureux à l’origine du tir n’eu pas le temps de réagir que sa tête était séparée de son corps.
- Je ne sais pas, mais si c’est le cas… alors précipitons-nous dedans !
Valtus était moins enthousiaste que son camarade. Si c’était bien dans un piège dans lequel ils se précipitaient, il voulait prendre un minimum de précaution.
C’est comme une puanteur vive qui agressa Pacem et Valtus lorsqu’ils pénétrèrent dans la salle du conseil du Capitole. La Lumière inondait la place et celui qu’ils cherchaient était là. Habillé d’une armure de combat et drapé dans sa bure marron, Akar Oburn toisait les deux Sith avec un certain mépris.
- J’ai rarement vu pareille sauvagerie…
Pacem s’inclina légèrement comme pour le remercier pour ce qu’il considérait comme étant un compliment.
... La République et l’Ordre Jedi ne laisseront jamais les Ténèbres revenir !
Pacem s’esclaffa.
- Si prévisible… Hélas, tu as un speeder de retard, Jedi. Ce jour glorieux marque le retour non seulement des Sith et de notre empire, mais aussi le retour de l’ordre et de la justice. Nous attendons ce moment depuis si longtemps… Ton Ordre et ta chère République tomberont !
Oburn s’avança d’un pas lourd, activant son sabre-laser à lame double verte.
- Je vous écraserai aussi aisément qu’un insecte…
- Vermine de Jedi !
- Vermine de Jedi !
L’intensité du combat qui s'ensuivit était à la hauteur de la détermination des combattants. Alors que les lames s’entrechoquaient, une escouade de commandos de la République se mit en position autour d’eux…
______________________________________________________
Bakura - De nos jours - 21.583
Le StarGazer était le genre de cantina qui offrait à la fois divertissement et discrétion à ceux qui en avaient besoin. Située dans la banlieue reculée de Salis D’aar, la capitale de la planète, l’établissement était trop éloigné pour susciter l’intérêt des forces de sécurités locales. L’endroit parfait du point de vue de Valtus pour une rencontre discrète entre un seigneur Sith et un Jedi en exil. La réponse favorable qu’il avait reçue quelques semaines plus tôt de la part de Gary avait poussé Valtus à aller plus avant et lui donner rendez-vous pour discuter de vive voix.
Assis à une table relativement tranquille, Valtus buvait un verre de whisky correllien tout en profitant de l’ambiance musicale plutôt agréable pour un bouge de ce genre. Il observait toute la foule alentour. Des pilotes de cargos, des manutentionnaires, des agriculteurs, des ouvriers… Tout le spectre social laborieux était représenté. Les yeux du Sith allaient et venaient, s’attardant parfois sur des personnages séduisants, le poussant presque à céder à la tentation.
Alors qu’il buvait son verre, il sentit une présence dans la Force. Quelques instants plus tard, Gary prit place en face de lui. Il ne l’avait pas vu arriver. Valtus termina de boire son whisky.
- Tu as une mine affreuse… L’Ordre ne nourrit donc plus ses membres ?
Voyant l’arrivée d’un nouveau client, le droïd-serveur s’approcha pour demande à Gary ce qu’il voulait boire. Valtus en profita pour reprendre un verre.
- Cela faisait longtemps. Comment vont les choses sur Tatooine ?
Gary Kovani
# Re: Ce lien qui nous unis [Ft Gary Kovani] - Mar 12 Déc 2023 - 12:33
Batuu - Des années plus tôt - 21.563
« J’ai un visuel. Je transmets les images. Terminé. »
A cette distance, elles manquent certainement de précisions. Mais j’espère qu’elles feront l’affaire. Car je suis de plus en plus mal à l’aise. Assaillit par de sombres pressentiments. A l’horizon se découpe un vieil édifice en forme de dôme, semblable à une demi-sphère bardées de hautes antennes, niché au milieu d’une forêt tempérée inextricable. Malgré sa situation géographique isolée, il est dans le collimateur de l’Ordre Jedi depuis que des Renégats l’ont pris d’assaut pour en faire leur quartier général. Le couperet tombe :
« Il va falloir se rapprocher, même l’IA du vaisseau est incapable de cartographier le périmètre défensif. » Je peste intérieurement. Seul un grognement à peine audible passe la barrière de mes lèvres serrées, desséchées par la tension qui habite mon être depuis que je foule l’humus. Machinalement, range les jumelles connectées au systèmes du croiseur Jedi dans l’écrin de cuir qui pend à ma ceinture. L’ennemi ignore que nous sommes là. En théorie. L’Entropie des étoiles, est sorti en hyperespace à la limite du système solaire, bien au-delà des capteurs atmosphériques. Il a mis presque une semaine, seulement mu par l’inertie de sa sortie hyperspatiale, la plupart des systèmes éteints, pour se lover dans l’ombre de Destra, la plus grosse des deux lunes Batuu. J’ai rejoint le sol à bord d’une capsule de sauvetage monoplace. Depuis je crapahute.
« Je vais faire ce que je peux. Mais je ne promets rien. » Chaque signal pourrait trahir ma position. Certes, au milieu de la nature sauvage, le risque d’être intercepté par un équipement d’écoute à balayage larges fréquences est faible. Mais je ne veux prendre aucun risque. En cas de pépin la cavalerie ne débarquera pas avant une demi-heure, au mieux. Alors je suis précis et concis. Phrase courtes, entrecoupées de silences. A chacun d’eux, le modulateur intelligent bascule sur une nouvelle fréquence, suivant les instructions complexes de l’algorithme militaire chargé sur les systèmes de communication du vaisseau. Matos dernier cri. Mais je doute que nous le gardions longtemps. La République va, tôt ou tard, nous le reprendre pour son effort de guerre. Stop ! Reste Focus Gary. Concentre-toi sur l’instant présent.
Approcher d’une enclave tenue par des utilisateurs chevronnés de la Force n’est pas une mince affaire. La moindre perturbation dans la faune ou la flore locale pourrait les alerter. J’inspire longuement. Je calme ma respiration, tente de noyer mon aura dans son environnement. Je ne dois pas paraitre plus signifiant qu’un vulgaire insecte rampant. L’agent de liaison resté sur le pont interprète mon sarcasme comme une question, il y répond :
« Leur brouillage est impressionnant. » Je soupçonne l’usage de technologies de pointes couplées à des pouvoirs nés de la Force. J’ai déjà vu ce genre de pratique à l’œuvre : un petit groupe de Jedi qui entrent en méditation, associent leurs talents respectifs pour perturber les ondes électromagnétiques de leur environnement. Mais je n’ai jamais été confronté à une telle maitrise. Que ce soit depuis ma position avancée, ou depuis l’orbite, aucun capteur n’est en mesure d’afficher des relevés optiques, thermiques ou magnétiques fiables. Nous ignorons tous de ce qui se passe là-bas. « Si l’on veut des données exploitable, va falloir s’approcher à moins de cent mètres de la source des perturbations. » A cette distance, je pourrais leur faire une description si précise qu’ils n’auront plus besoin de ces foutues images. Je secoue la tête. Je risque ma vie pour garnir de photos un dossier qui prendra la poussière dans les Archives Jedi. Ou qui servira de preuves légales si jamais la situation dégénère et que la République demande des comptes. Ce qui est peu probable. La Chancellerie est vacante depuis la capture d’Halussius Arnor par l’Empire ressuscité sur Artorias. Son Ministre de l’Economie, un Hutt, Ragda Rejliidic, ne s’intéresse nullement aux problèmes internes de l’Ordre. Il est trop occupé à profiter des pleins pouvoirs qu’il s’est octroyé pour gérer la situation dramatique dans laquelle la galaxie tout entière est soudainement plongée.
Je me mets en branle. Je ne puis user de la Force pour écarter lianes, branches basses et buissons ronceux. Ils me détecteraient. Alors je progresse lentement, laborieusement. Mais d’un pas leste : mes mouvements ne génèrent plus de bruits que les bourrasques qui s’engouffrent dans les hautes frondaisons. La nature sauvage est terriblement bruyante. Elle couvre le crissement des feuilles mortes sous mes semelles. Cet antique avant-poste Jedi avait presque disparu des cartes galactiques avant que les Renégats ne se l’approprient. Depuis, c’est le silence radio. Nous n’avons aucune idée de leur nombre, de leurs moyens, des armes et technologies qu’ils ont dérobés à l’armée Républicaine pendant la déroute d’Artorias. De ce fait, le Conseil n’ose intervenir. Ils espèrent peut-être encore parvenir à une issue pacifique. Un fantasme irréaliste. Leur leader charismatique a éliminé lui-même son padawan, après qu’il ait alerté les Jedi des intentions de son Maitre.
La forêt est dense, difficilement praticable. Les plus hauts arbres se parent déjà d’ocre et d’ors. La saison froide approche. Chaque coup de vent déclenche une pluie de feuilles mortes. Cette végétation n’a rien à voir avec celle d’Ondéron. Batuu est un monde paisible, commun, sans intérêt stratégique. Exceptés pour ceux qui y font escale avant de s’enfoncer dans les profondeurs inexplorées de l’Espace sauvage. Cette pensée m’évoque une question :
« Toujours aucune nouvelle des gars de l’explocorp sur place ? » Il restait dans l’avant-poste une poignée d’auxiliaires Jedi du groupe d’exploration galactique, chargés de cartographier les frontières de la République. Avant que l’Empire ne se révèle, nous pensions naïvement que les menaces ne pouvaient que venir de l’extérieur. Sordide erreur. Je ravale ma frustration.
« Négatif. Rien de nouveau. » Je soupire. Ils sont soit été exterminés, soit pris en otage. Une raison de plus pour ne pas agir sans disposer de toutes les cartes. Une pression sur mes épaules qui s’intensifie encore.
« Ok. Je passe en silence radio. Un bip toutes les dix minutes. Si je manque un signal, déclarez-moi comme disparu… »
« Reçu. Que la Force soit avec vous. »
« Ouais, je vais en avoir besoin… »
De nos jours, Bakura,
« T’es sérieux ? » Je me laisse glisser en arrière sur la banquette, bras croisés sur la poitrine, l’air renfrogné « Tu me fais traverser la moitié de la galaxie, transiter par la République… Je prends d’énormes risques pour toi… Et tout ce que tu trouves à me dire : c’est que j’ai une sale gueule ?! » Je congédie le Droïde. Je n’ai ni faim ni soif. Mon dernier paquet de crackers remonte à une demi-heure. Le prochain attend dans l’une des profondes poche de ma veste de mécano. Sans y regarder de trop prêt, je ressemble à l’un de ces mécaniciens du spatioport venu décompresser dans une cantina de banlieue avant de regagner son foyer, où ses enfants insupportables et sa femme intransigeante l’attendent de pied ferme pour partager avec lui toutes les péripéties d’une journée semblable à toutes celles déjà vécues depuis dix ans. Sauf que je ne bois rien. Non. Il m’a coupé la soif l’autre avec ses remarques désobligeantes…
« C’est sûr que, moi, je n’ai pas une armée de serviteurs pour me pouponner du matin au soir. » Je soupire. La frustration et la fatigue ont raison de ma retenue. La migraine tonne déjà à mes tempes. L’espace de quelques instants, j’ai oublié à qui je m’adresse : un Seigneur Sith. Malgré ce lien qui nous unis, il n’en reste pas moins un être dangereux, capable de me briser en une fraction de seconde. Il ne faudrait pas que je pousse le bouchon trop loin… Je me redresse, étire mes épaules et me fais craquer la nuque d’un mouvement brusque de la tête.
« Ouais, ok. Il se pourrait que je sois un peu sur les nerfs. » Je passe aux aveux. Ce ne sont pas vraiment des excuses pour mon manque flagrant de politesses… Je ne lui en ferai pas. Je plonge la main dans une poche, pour en ressortir un boitier sombre. Cylindrique, moins de dix centimètres de hauteur. Son socle magnétique porte les traces profondes laissées par mon pied-de-biche. « J’ai trouvé ça, fixé sous mon vaisseau, avant de décoller. » J’ai été trop négligeant ! « C’est un traceur. Quelqu’un me piste… Et je ne sais pas vraiment depuis quand. Il faut dire que j’ai pas mal bourlingué ces derniers mois… Espace Hutt, République, Empire… Mais ça n’a pas l’air d’une conception impériale. Vous êtes du genre à coller votre logo sur toutes les pièces. » Je soupçonne la Sénatrice Vestali. Si je me triballe l’appareil sous la coque depuis la mission sur Khorm… Bordel. Je le fais rouler sur la table. Il achève sa courte entre les mains du Seigneur Sith. « Dis-moi que ce n’est pas toi… » En vérité, il peut bien faire ce qu’il veut : je n’ai aucune autorité sur lui, c’est certain. Mais nous avions convenu d’une sorte d’accord tacite. Dans mes souvenirs tout du moins. Chacun de son coté, quelques échanges d’informations. Mutuellement avantageux. Pas de coups de pute. Mais peut-être que les Sith n’ont pas la même définition que moi des coups de pute.
Dès qu’il pose les mains sur le traceur, je le sais. Je le sens. Non, ce n’est pas lui. Une partie de la tension accumulée s’évapore. Je secoue la tête :
« Laisse tomber. » Je tends la main pour le récupérer, puis enchaine « Tatooine, je n’y ai pas mis les pieds depuis des mois pour être honnête. Ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent là-bas. L’avenir de l’Ordre ne se trouve pas une cette boule de sable irradiée paumée au fin fond de l’espace Hutt. » Je ne lui en dis pas plus. J’ai comme l’intuition qu’il sait déjà tout. Il me garde à l’œil. Il a peut-être même une taupe dans le quartier de la Décharge, sur Nar Shaddaa, pour lui reporter chacun de mes faits et gestes, comme ces acquisitions immobilières que j’effectue en puisant dans ma caisse noire. J’y laisse toutes mes économies.
Je pose les coudes sur la table, et lui décoche un grand sourire.
« J’imagine que l’emploi du temps du nouveau Maitre des Forges est millimétré. » Oui, moi aussi j’ai fait mes devoirs. « Que tu ne peux pas t’esquiver bien longtemps à tes obligations sans éveiller les soupçons de l’Impératrice et de tout ceux qui rêvent de prendre ta place au premier faux pas. Ne tournons pas autour du pot alors. Pourquoi tu t’intéresses à Batuu ? C’est quoi cette histoire de Prison… » Je manque de prononcer le mot Jedi. Mais je me ravise lorsque le droïde revient avec le nouveau verre de Valtus. « Finalement je vais prendre un soda énergisant. » Entre temps, je me suis décidé. Mes cernes, sombres et gonflées, attestent de mon manque de sommeil. Depuis nos échanges, des visions et des souvenirs de Batuu m’assaillent. Je les avais chassés au plus profond de mon subconscient. Ils remontent à présent.
« Nous avons du Rancor Head, du RedWamp, du Galatic Rockstar et de la XenoMonster… »
« Qu’importe. RedWamp ira très bien. »
« Tout de suite, monsieur. » Dit-il, avant de s’éloigner en claudiquant légèrement. Le servomoteur de sa jambe gauche commence à faiblir, je parie que le patron attend le dernier moment pour lui changer. Un type qui rogne sur le budget, même si cela nuit à sa réputation. Je comprends le choix de Valtus. Les patrons de cet acabit se laissent aisément corrompre par quelques pots de vins. Personne ne viendra nous déranger.
« Bref. On en était où ? Ah oui, tu allais tout me dire. »
« J’ai un visuel. Je transmets les images. Terminé. »
A cette distance, elles manquent certainement de précisions. Mais j’espère qu’elles feront l’affaire. Car je suis de plus en plus mal à l’aise. Assaillit par de sombres pressentiments. A l’horizon se découpe un vieil édifice en forme de dôme, semblable à une demi-sphère bardées de hautes antennes, niché au milieu d’une forêt tempérée inextricable. Malgré sa situation géographique isolée, il est dans le collimateur de l’Ordre Jedi depuis que des Renégats l’ont pris d’assaut pour en faire leur quartier général. Le couperet tombe :
« Il va falloir se rapprocher, même l’IA du vaisseau est incapable de cartographier le périmètre défensif. » Je peste intérieurement. Seul un grognement à peine audible passe la barrière de mes lèvres serrées, desséchées par la tension qui habite mon être depuis que je foule l’humus. Machinalement, range les jumelles connectées au systèmes du croiseur Jedi dans l’écrin de cuir qui pend à ma ceinture. L’ennemi ignore que nous sommes là. En théorie. L’Entropie des étoiles, est sorti en hyperespace à la limite du système solaire, bien au-delà des capteurs atmosphériques. Il a mis presque une semaine, seulement mu par l’inertie de sa sortie hyperspatiale, la plupart des systèmes éteints, pour se lover dans l’ombre de Destra, la plus grosse des deux lunes Batuu. J’ai rejoint le sol à bord d’une capsule de sauvetage monoplace. Depuis je crapahute.
« Je vais faire ce que je peux. Mais je ne promets rien. » Chaque signal pourrait trahir ma position. Certes, au milieu de la nature sauvage, le risque d’être intercepté par un équipement d’écoute à balayage larges fréquences est faible. Mais je ne veux prendre aucun risque. En cas de pépin la cavalerie ne débarquera pas avant une demi-heure, au mieux. Alors je suis précis et concis. Phrase courtes, entrecoupées de silences. A chacun d’eux, le modulateur intelligent bascule sur une nouvelle fréquence, suivant les instructions complexes de l’algorithme militaire chargé sur les systèmes de communication du vaisseau. Matos dernier cri. Mais je doute que nous le gardions longtemps. La République va, tôt ou tard, nous le reprendre pour son effort de guerre. Stop ! Reste Focus Gary. Concentre-toi sur l’instant présent.
Approcher d’une enclave tenue par des utilisateurs chevronnés de la Force n’est pas une mince affaire. La moindre perturbation dans la faune ou la flore locale pourrait les alerter. J’inspire longuement. Je calme ma respiration, tente de noyer mon aura dans son environnement. Je ne dois pas paraitre plus signifiant qu’un vulgaire insecte rampant. L’agent de liaison resté sur le pont interprète mon sarcasme comme une question, il y répond :
« Leur brouillage est impressionnant. » Je soupçonne l’usage de technologies de pointes couplées à des pouvoirs nés de la Force. J’ai déjà vu ce genre de pratique à l’œuvre : un petit groupe de Jedi qui entrent en méditation, associent leurs talents respectifs pour perturber les ondes électromagnétiques de leur environnement. Mais je n’ai jamais été confronté à une telle maitrise. Que ce soit depuis ma position avancée, ou depuis l’orbite, aucun capteur n’est en mesure d’afficher des relevés optiques, thermiques ou magnétiques fiables. Nous ignorons tous de ce qui se passe là-bas. « Si l’on veut des données exploitable, va falloir s’approcher à moins de cent mètres de la source des perturbations. » A cette distance, je pourrais leur faire une description si précise qu’ils n’auront plus besoin de ces foutues images. Je secoue la tête. Je risque ma vie pour garnir de photos un dossier qui prendra la poussière dans les Archives Jedi. Ou qui servira de preuves légales si jamais la situation dégénère et que la République demande des comptes. Ce qui est peu probable. La Chancellerie est vacante depuis la capture d’Halussius Arnor par l’Empire ressuscité sur Artorias. Son Ministre de l’Economie, un Hutt, Ragda Rejliidic, ne s’intéresse nullement aux problèmes internes de l’Ordre. Il est trop occupé à profiter des pleins pouvoirs qu’il s’est octroyé pour gérer la situation dramatique dans laquelle la galaxie tout entière est soudainement plongée.
Je me mets en branle. Je ne puis user de la Force pour écarter lianes, branches basses et buissons ronceux. Ils me détecteraient. Alors je progresse lentement, laborieusement. Mais d’un pas leste : mes mouvements ne génèrent plus de bruits que les bourrasques qui s’engouffrent dans les hautes frondaisons. La nature sauvage est terriblement bruyante. Elle couvre le crissement des feuilles mortes sous mes semelles. Cet antique avant-poste Jedi avait presque disparu des cartes galactiques avant que les Renégats ne se l’approprient. Depuis, c’est le silence radio. Nous n’avons aucune idée de leur nombre, de leurs moyens, des armes et technologies qu’ils ont dérobés à l’armée Républicaine pendant la déroute d’Artorias. De ce fait, le Conseil n’ose intervenir. Ils espèrent peut-être encore parvenir à une issue pacifique. Un fantasme irréaliste. Leur leader charismatique a éliminé lui-même son padawan, après qu’il ait alerté les Jedi des intentions de son Maitre.
La forêt est dense, difficilement praticable. Les plus hauts arbres se parent déjà d’ocre et d’ors. La saison froide approche. Chaque coup de vent déclenche une pluie de feuilles mortes. Cette végétation n’a rien à voir avec celle d’Ondéron. Batuu est un monde paisible, commun, sans intérêt stratégique. Exceptés pour ceux qui y font escale avant de s’enfoncer dans les profondeurs inexplorées de l’Espace sauvage. Cette pensée m’évoque une question :
« Toujours aucune nouvelle des gars de l’explocorp sur place ? » Il restait dans l’avant-poste une poignée d’auxiliaires Jedi du groupe d’exploration galactique, chargés de cartographier les frontières de la République. Avant que l’Empire ne se révèle, nous pensions naïvement que les menaces ne pouvaient que venir de l’extérieur. Sordide erreur. Je ravale ma frustration.
« Négatif. Rien de nouveau. » Je soupire. Ils sont soit été exterminés, soit pris en otage. Une raison de plus pour ne pas agir sans disposer de toutes les cartes. Une pression sur mes épaules qui s’intensifie encore.
« Ok. Je passe en silence radio. Un bip toutes les dix minutes. Si je manque un signal, déclarez-moi comme disparu… »
« Reçu. Que la Force soit avec vous. »
« Ouais, je vais en avoir besoin… »
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De nos jours, Bakura,
« T’es sérieux ? » Je me laisse glisser en arrière sur la banquette, bras croisés sur la poitrine, l’air renfrogné « Tu me fais traverser la moitié de la galaxie, transiter par la République… Je prends d’énormes risques pour toi… Et tout ce que tu trouves à me dire : c’est que j’ai une sale gueule ?! » Je congédie le Droïde. Je n’ai ni faim ni soif. Mon dernier paquet de crackers remonte à une demi-heure. Le prochain attend dans l’une des profondes poche de ma veste de mécano. Sans y regarder de trop prêt, je ressemble à l’un de ces mécaniciens du spatioport venu décompresser dans une cantina de banlieue avant de regagner son foyer, où ses enfants insupportables et sa femme intransigeante l’attendent de pied ferme pour partager avec lui toutes les péripéties d’une journée semblable à toutes celles déjà vécues depuis dix ans. Sauf que je ne bois rien. Non. Il m’a coupé la soif l’autre avec ses remarques désobligeantes…
« C’est sûr que, moi, je n’ai pas une armée de serviteurs pour me pouponner du matin au soir. » Je soupire. La frustration et la fatigue ont raison de ma retenue. La migraine tonne déjà à mes tempes. L’espace de quelques instants, j’ai oublié à qui je m’adresse : un Seigneur Sith. Malgré ce lien qui nous unis, il n’en reste pas moins un être dangereux, capable de me briser en une fraction de seconde. Il ne faudrait pas que je pousse le bouchon trop loin… Je me redresse, étire mes épaules et me fais craquer la nuque d’un mouvement brusque de la tête.
« Ouais, ok. Il se pourrait que je sois un peu sur les nerfs. » Je passe aux aveux. Ce ne sont pas vraiment des excuses pour mon manque flagrant de politesses… Je ne lui en ferai pas. Je plonge la main dans une poche, pour en ressortir un boitier sombre. Cylindrique, moins de dix centimètres de hauteur. Son socle magnétique porte les traces profondes laissées par mon pied-de-biche. « J’ai trouvé ça, fixé sous mon vaisseau, avant de décoller. » J’ai été trop négligeant ! « C’est un traceur. Quelqu’un me piste… Et je ne sais pas vraiment depuis quand. Il faut dire que j’ai pas mal bourlingué ces derniers mois… Espace Hutt, République, Empire… Mais ça n’a pas l’air d’une conception impériale. Vous êtes du genre à coller votre logo sur toutes les pièces. » Je soupçonne la Sénatrice Vestali. Si je me triballe l’appareil sous la coque depuis la mission sur Khorm… Bordel. Je le fais rouler sur la table. Il achève sa courte entre les mains du Seigneur Sith. « Dis-moi que ce n’est pas toi… » En vérité, il peut bien faire ce qu’il veut : je n’ai aucune autorité sur lui, c’est certain. Mais nous avions convenu d’une sorte d’accord tacite. Dans mes souvenirs tout du moins. Chacun de son coté, quelques échanges d’informations. Mutuellement avantageux. Pas de coups de pute. Mais peut-être que les Sith n’ont pas la même définition que moi des coups de pute.
Dès qu’il pose les mains sur le traceur, je le sais. Je le sens. Non, ce n’est pas lui. Une partie de la tension accumulée s’évapore. Je secoue la tête :
« Laisse tomber. » Je tends la main pour le récupérer, puis enchaine « Tatooine, je n’y ai pas mis les pieds depuis des mois pour être honnête. Ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent là-bas. L’avenir de l’Ordre ne se trouve pas une cette boule de sable irradiée paumée au fin fond de l’espace Hutt. » Je ne lui en dis pas plus. J’ai comme l’intuition qu’il sait déjà tout. Il me garde à l’œil. Il a peut-être même une taupe dans le quartier de la Décharge, sur Nar Shaddaa, pour lui reporter chacun de mes faits et gestes, comme ces acquisitions immobilières que j’effectue en puisant dans ma caisse noire. J’y laisse toutes mes économies.
Je pose les coudes sur la table, et lui décoche un grand sourire.
« J’imagine que l’emploi du temps du nouveau Maitre des Forges est millimétré. » Oui, moi aussi j’ai fait mes devoirs. « Que tu ne peux pas t’esquiver bien longtemps à tes obligations sans éveiller les soupçons de l’Impératrice et de tout ceux qui rêvent de prendre ta place au premier faux pas. Ne tournons pas autour du pot alors. Pourquoi tu t’intéresses à Batuu ? C’est quoi cette histoire de Prison… » Je manque de prononcer le mot Jedi. Mais je me ravise lorsque le droïde revient avec le nouveau verre de Valtus. « Finalement je vais prendre un soda énergisant. » Entre temps, je me suis décidé. Mes cernes, sombres et gonflées, attestent de mon manque de sommeil. Depuis nos échanges, des visions et des souvenirs de Batuu m’assaillent. Je les avais chassés au plus profond de mon subconscient. Ils remontent à présent.
« Nous avons du Rancor Head, du RedWamp, du Galatic Rockstar et de la XenoMonster… »
« Qu’importe. RedWamp ira très bien. »
« Tout de suite, monsieur. » Dit-il, avant de s’éloigner en claudiquant légèrement. Le servomoteur de sa jambe gauche commence à faiblir, je parie que le patron attend le dernier moment pour lui changer. Un type qui rogne sur le budget, même si cela nuit à sa réputation. Je comprends le choix de Valtus. Les patrons de cet acabit se laissent aisément corrompre par quelques pots de vins. Personne ne viendra nous déranger.
« Bref. On en était où ? Ah oui, tu allais tout me dire. »
Darth Yrlion
# Re: Ce lien qui nous unis [Ft Gary Kovani] - Mer 20 Déc 2023 - 16:54
Ce lien qui nous unis
Alors que le droïd s’éloignait dans un cliquetis léger, mais bien audible, Valtus sourit. Le mouvement d’humeur de Gary l’amusait clairement. Ce n’était pas un amusement malsain et malin cependant, non. C’était presque affectueux, tout comme la petite provocation relative à sa figure. Revoir le Jedi le ferait devenir… sentimental ? C’était un sentiment et une attitude avec lesquels Valtus aimait jouer en vérité.
- Je ne peux que te confirmer que ce traceur n’est pas de Sigil. Mais ça ne ressemble pas non plus à un appareil de conception impérial...
Valtus doutait fortement que les services de Renseignements de l’Empire s’intéressent à Gary. Après tout, il n’était “rien, ni personne”, un simple chevalier marginal, d’après ce que le Sith avait compris. Il ne valait pas le coup de mobiliser personnels et matériels… Ce n’était pas l’avis du monarque.
- Je peux demander à mes services d’où provient le traceur si tu veux… mais à ta place, je tournerais mes recherches sur mes anciens alliés… mais pas seulement les “anciens”.
Distiller le doute, n’était-ce pas la manière des Siths ? Valtus était non seulement en train d’insinuer que le traceur avait été placé par la République, mais il ouvrait la porte à cette possibilité que le Conseil Jedi lui-même l’ait fait. Après tout, Gary se décrivait lui-même comme un “marginal” qui s’attirait souvent les foudres des Maîtres. C’est ce qui faisait son charme et son intérêt pour Valtus.
Le droïd ne mit pas longtemps pour revenir avec les boissons qu’ils avaient commandées. D’un œil furtif, Valtus observa le comptoir pour s’assurer de l’attitude du patron. Un duo de baroudeurs nautolans assez mal habillés et bourrus s’approchèrent de la table qui se trouvait juste à côté de celle où les deux compères étaient installés. Valtus avait donné une assez forte somme d’argent au tenancier pour s’assurer d’être tranquille et de ne pas être dérangé par ce genre d’individus. Alors qu’ils allaient s’asseoir, le patron leur cria sans ménagement d’aller s’installer ailleurs. Les nautolans protestèrent d’abord avant de se résigner lorsque le patron leur promis une tournée offerte. Lui et Valtus échangèrent un regard, l’un approbateur, l’autre interrogateur. Le Sith leva alors son verre comme pour trinquer avec le Jedi mais sans concrétiser le geste avant de boire une gorgée de whisky.
- Je cherche quelqu’un, un de mes semblables. Nous avons fait nos armes ensemble lors de la bataille d’Artorias. Il est porté disparu depuis que les forces républicaines et Jedis se sont retirées de la planète.
Le Renseignement impérial ne possède aucune information pertinente sur lui, si ce n’est Battu. Pour nous, cette planète est référencée comme un monde utilisé comme prison par les Jedis. Une prison serait secrète, hors de la juridiction et de la connaissance même du Sénat. C’est tout ce que j’ai réussi à savoir.
Valtus porta à nouveau son verre à ses lèvres, comme si aborder le sujet déclenchait chez lui une soif soudaine. Son regard était d’un sérieux tranchant. L’affaire était très sérieuse pour lui. Peut-être trop ?
- J’ai été très étonné de ton retour de message, je dois dire. Une secte ? Des Jedis fanatiques ? Le Conseil aurait laissé faire sans rien dire ?
Il n’en avait pas dit plus sur Pacem, pour le moment. Mais il voyait déjà poindre dans le regard de Gary cette étincelle familière annonçant qu’il allait chercher à en savoir plus