Dalla s’était réveillée avec un mal de tête carabiné. Elle avait encore rêvé de Larna.
Pourtant, c’était devenu de plus en plus rare depuis son retour au Temple. Comme si revenir auprès des jedi, après 5 ans sur Dubrava, rendait l’absence de son ancienne maître moins douloureuse.

Enfin, sauf cette nuit…

Dalla soupira. Elle essaya de méditer, mais le visage de Larna s’imposait sans cesse à son esprit.

Elle essaya de faire quelques mouvements de sabre. Elle avait téléchargé un document sur la Forme V du combat au sabre laser. Mais elle était bien trop énervée et fébrile pour s’entraîner à une forme de combat aussi violente.

Alors elle se rabattit sur la meilleure façon qu’elle connaissait de se détendre les nerfs et l’esprit : aller tripatouiller un moteur.

Elle fit un rapide passage sous la douche sonique, enfila son pantalon renforcé aux genoux et un débardeur noir, et fila au hangar à speeders. Après, bien sûr, un rapide passage au réfectoire, où elle attrapa un thé vert et une part de clafoutis au meiloorun.

Sans surprise, arrivée au hangar, elle trouva 6D, occupé sur (enfin, plutôt sous) l’une des dizaines d’épaves que l’Ordre récupérait pour essayer de reconstituer un semblant de flotte.

-Besoin d’un coup de main ?
-Ah ! Dalla ! T’as pas de padawans à…

Il eut l’air de réfléchir quelques instants à ce qu’elle pouvait bien faire faire aux padawans pendant les cours.

-...à instruire ? finit-il par dire, prudemment.
-Pas aujourd’hui. Pas de prof absent, pas de copies à corriger, pas besoin de moi…

Cela ne la dérageait pas tellement de servir de bouche trou. Elle avait encore un peu de mal à savoir ce qu’elle voulait faire exactement pour l’Ordre. Réparer des moteurs ? Enseigner ? Faire les commandes de thé ?

Autrefois, elle voulait être jedi consulaire et régler les conflits dans la République.
C'était avant Grendo S'orn, avant la Diaspora, avant la mort de Larna, avant Dubrava et le garage de Kark.
Aujourd’hui, elle avait été chassée de la République, en même temps que les autres jedi.
Elle hésitait entre deux postures. Affronter les ennemis de l’Ordre – et Force savait qu’ils étaient nombreux – ou protéger ceux de l’Ordre qui avaient survécu.

Une hésitation qu’elle ne réglerait, de toute évidence, pas aujourd’hui.

Elle suivit donc les indications de 6D et se dirigea vers un petit moto-speeder qui gisait dans un coin.

Elle était à mi-chemin, quand elle aperçut, du coin de l’œil, une petite ombre au milieu des pièces détachées.

Un jawa.

Ou plutôt, une jawa, a priori.

Elle avait encore entendu la Maître jedi Ludaïla Kolophen parlé d’elle hier soir ! Et pas en bien. Maître Ludaïla Kolophen, qui enseignait le mando’a et l’histoire militaire, était connue pour être à la fois stricte et très critique sur ses élèves. Elle n’appréciait pas qu’on remette en cause ses méthodes, et encore moins qu’on déroge aux règles millénaires de l’Ordre. C’était une excellente professeure, et une grande connaisseuse de l’art de la guerre, mais qu’est-ce qu’elle pouvait être casse-pied. Comme collègue autant que comme enseignante !

Dalla avait donc tendance à envisager cette petite jawa avec bienveillance et bonhomie. Elle s’appelait Kaylistderequelque chose. Cela avait l’air d’être un sacré numéro.

Dalla hésita un instant. Elle jeta un coup d’œil au moto-speeder. Pratique pour les missions solos, avait dit 6D. Idéal pour qu’un jedi rejoigne discrètement un astroport…
Mais elle changea de trajectoire et vint se planter à quelques pas de la jeune jawa. L’Ordre pouvait bien attendre son moto-speeder quelques minutes de plus !

-Bonjour, jeune padawan ! s’exclama Dalla, se gardant bien de se hasarder à prononcer le nom de l’apprentie. Qu’est-ce que tu fais de beau ?

Dalla grimaça presque immédiatement en s’entendant. C’était exactement le genre de remarques idiotes qui l’agaçaient quand elle était elle-même padawan. « Qu’est-ce que tu fabriques de beau ? » Comme si le « beau » était l’aurek et le zerek de la vie d’un padawan…

Quand était-elle devenue une vieille kriffante ? Une personne qui sortait de pareilles platitudes ?
Une adulte, en fait…

-Je m'appelle Dalla Tellura. Je file souvent un coup de main ici, mais je donne parfois aussi des cours aux initiés... de huttese, notamment... Tu parles un peu cette langue ?

Si, comme Dalla pensait se le rappeler, la petite jawa avait grandi sur Tatooine, elle devait au moins maitriser quelques rudiments de cette langue, dans laquelle les 3/4 des échanges commerciaux se faisaient, dans ce coin de l'espace hutt.

Ce matin je me suis réveillée de bonne humeur. Je me suis mise à lire : « Comment devenir un Jawa guerrier . » écrit par Furfuracéecolus .  La meilleure partie c'est quand il explique comment tuer un Tusken et ma deuxième partie préférée est celle ou il repêche les clés de son speeder dans un Sarlacc .J'aimerai bien tester les mêmes expériences avec le robot de ma pire ennemie: Débile. C'est pas son vrai nom, son vrai nom c'est Moisie . Non je blague c'est Sdage. Je la déteste , elle est débile, elle est moche , elle sert à rien.

Pendant qu'elle dormait dans le dortoir, je lui ai piqué son robot mal foutu. En tout cas elle sait vraiment pas faire les robots. Et je suis partie dans le hangar avec lui. J'étais en train de voler quelques pièces détachées dans un gros sac et là j'entends un « Bonjour... »

Ça me fait sursauter et du coup je plonge dans la pile de pièces détachées pour me cacher car je n'ai pas le droit d'être ici. Puis, je sors ma tête de la pile et répond :

« Je trie les pièces détachées et je règle mon robot pour que les jedis puissent l'utiliser dans une mission »

-Je m'appelle Dalla Tellura. Je file souvent un coup de main ici, mais je donne parfois aussi des cours aux initiés... de huttese, notamment... Tu parles un peu cette langue ?

Je l'ai vu une fois dans un couloir, elle me fait penser à un choux de Tatooine bleu et j'aime que les choux jaunes de Tatooine.

« Peut-être ben qu'oui, peut-être ben qu'non !»
Ça me rappelle ce que j'ai lu dans le livre de Furfuracéecolus. Dans une ville très loin, sur une autre planète, tout le monde parle comme ça et ça me fais rire.

« Et toi qu'est ce que tu fais là avec tes tentacules sur la tête ? »

Dalla retint un sourire devant la réaction de la jeune jawa. Elle s’efforça ensuite de garder une expression neutre, comme si discuter avec une tête émergeant d’une pile de pièces détachées était on ne peut plus normal.

-Ça me semble un bon programme ! Et c’est vrai que nous avons bien besoin de droïdes efficaces et…

Elle grimaça.

-… fonctionnels…

La pile de pièces n’était pas très haute (« le patron n’est pas riche » comme disait Kark), et la tête de la padawan arrivait à peu près au niveau des genoux de Dalla, ce qui n’était ni très confortable ni très propice à la discussion.
Dalla s’accroupit donc face à la padawan, diminuant considérablement l’écart de hauteur entre leurs yeux – ou ce qu’elle pouvait voir des yeux de son interlocutrice, dissimulés dans la pénombre de sa capuche.

-Alors tu sais fabriquer les droïdes ? C’est plutôt impressionnant pour ton âge !

Elle était sur le point de faire une remarque sur les capacités des jawas, mais elle se retint. C’était sûrement raciste…

« Peut-être ben qu'oui, peut-être ben qu'non !»
-Je vois… secret militaire, peut-être ? murmura-t-elle d’un ton faussement conspirateur. J’ai appris le huttese quand j’avais ton âge. On le parlait un peu sur Ryloth, ma planète natale. Alors j’ai décidé de l’apprendre. Nous étions sur Ondéron et Coruscant, à l’époque. Tu le sais sûrement ?

Dalla croyait se rappeler que le parcours de la jawa était un peu particulier  (comme s’il y avait encore des parcours « classiques » depuis la Diaspora !), elle n’était pas sûre de ce qu’elle savait ou non de l’histoire, y compris récente, de l’Ordre

« Et toi qu'est ce que tu fais là avec tes tentacules sur la tête ? »

Dalla eut un sursaut. Un peu violent comme façon de s’adresser à son aînée, mais bon. Patience et bienveillance…

-Et bien, tout d’abord, ce ne sont pas exactement des tentacules. Enfin…

Elle ne se sentait pas en état de partir sur un cours de biologie twi’lek, d’autant que ce n’était vraiment pas sa discipline de spécialité…

-On parle plutôt de lekku. Quant à la raison de ma présence ici, eh bien, comme toi, je suis venue travailler pour le bien de l’Ordre !

Elle réajusta sa position, parce qu’elle commençait à avoir les cuisses qui tiraient.

-Je ne m’y connais pas beaucoup en droïdes, par contre, je me défends avec les speeders. Je suis venue réparer le moto-speeder, là-bas.

Elle le désigna de la main.

-J’aime bien bidouiller des moteurs… Ça m’aide à faire le tri dans mes pensées… Tu sais… Pendant que mes mains s’agitent, mon cerveau cogite… Ça te fait ça, toi aussi ?

Elle hésita un instant.

-J’ai repensé à ma Maître, cette nuit. Elle est morte pendant la Diaspora, comme beaucoup des nôtres… C’était une grande pilote. J’ai l’impression d’être un peu proche d’elle, le nez dans un moteur…

Elle pencha la tête sur le côté, songeuse.

-Tu as un Maître, je crois ? Je ne me rappelle plus son nom.

Pourquoi parler de speeder lui avait fait penser au maître de la jawa ?

-D’ailleurs, je ne suis pas sûre de connaître le tien, non plus…

Enfin, elle l’avait su, mais elle en avait oublié la moitié, et elle n’était absolument pas sûre de la prononciation. Elle aurait dû demander à Maître Vassk. C’était lui, l’expert en langage jawa.
En tout cas, ce n'était ni très poli ni très pédagogique de dire à un padawan qu'on avait oublié son nom... Ou bien était-ce juste honteux de ne pas réussir à le prononcer ?

« Moi aussi j'aime trifouiller les moteurs. » Je repense à ma maman qui est mort de maladie, mais je n'ai pas envie d'en parler. « Mon maître s'appelle Elogue Dascau et moi c'est Kay... » Razébolus Junior (mon robot), me coupe la parole :

« Elle est en train de faire des expériences ! » Je lui saute dessus pour qu'il arrête de parler, mais j'ai oublié que c'était un robot : mettre mes mains sur sa bouche ne l'empêche pas de parler :


« Sur le robot de Sdage, sa pire ennemie ! Elle le programme pour combattre un Tusken, et pêcher dans un Sarlaac. Comme dans son livre préféré »

Je fais la grimace. Je vais me faire fâcher... Et je suis en colère, Razébolus est un traître, il faut absolument que je trouve un moyen de le faire mentir, comme moi. Il dit toujours la vérité, ça m'énerve.

D'un coup , j'ai une ampoule qui s'illumine dans ma tête : je sais comment le faire mentir !
« RAZEBOLUS AU PIED ! » Il arriva sans faire d'histoires.
« Mens et tu auras des piles de bonbons ! »
« NON ! ».Comme il m'avais bien énervé , je lui ai donné une grosse fessée et trois coups de pied.

« Moi aussi j'aime trifouiller les moteurs. »

Dalla sourit, mais elle sentit soudain une impression étrange… de la tristesse peut-être ? C’était étrange, alors que la padawan parlait de quelque chose qu’elle aimait…

Dalla s’apprêtait à dire qu’elle voyait qui était Maître Dascau, puisqu’elle avait aidé à réparer son speeder il y a peu de temps, mais un petit droïde haut comme trois jogans prit la parole :

-Elle est en train de faire des expériences ! 

-Oh ! C’est très bien de faire des expériences, remarqua Dalla, un peu interloquée par la réaction de « Kay ». C’est la base de tout progrès techn…

-Sur le robot de Sdage, sa pire ennemie ! Elle le programme pour combattre un Tusken, et pêcher dans un Sarlaac. Comme dans son livre préféré
-Oh.

Elle comprenait soudain bien mieux la réaction de la jawa.

-Eh bien… Combattre un tusken peut être une bonne idée. Enfin, si jamais on est attaqués !

Il ne fallait pas non plus que les padawans ou leurs droïdes commencent à s’en prendre aux tuskens qui ne leur avaient rien fait. Ils étaient des jedi, pas des sith ! Ils cherchaient à défendre la paix !

-Par contre, pour le sarlaac, je pense qu’il vaut mieux éviter.

Elle frissonna. C’était vraiment une créature horrible ! Béante, sans merci… Une créature qui avait, d’une certaine façon, la gravité à son service.

-Qu’est-ce que c’est comme livre ? Je connais très peu la littérature tatooinienne…

A vrai dire, le matin même elle était encore persuadée qu’il n’y avait pas de littérature tatooinienne.

-Et dis-moi, Sdage, c’est une padawan aussi, c’est ça ?

Le nom lui disait quelque chose. Elle avait peut-être corrigé une de ses copies.

-Les expériences c’est bien, mais il faut aussi respecter un minimum la propriété d’autrui…

Oh ! Si Kark l’entendait dire une chose pareille…

-Même si en tant que padawan vous n’êtes pas tellement censées avoir de propriétés privées…

Dalla croisa les bras.

-Que vous vous occupiez de droïdes, c’est bien, mais rappelez-vous que l’attachement matériel est prohibé pour les jedi.

Cette formulation était au mieux trop complexe pour les padawans, au pire trop doctrinaire.

-Notre rôle est d’aider les autres, ajouta-t-elle, espérant expliquer les choses de façon plus simple et surtout plus pertinente.

Son but était de convaincre la padawan du bien fondé de ces règles, pas de la braquer contre elles…

-Pas de nous approprier des biens qui pourraient servir à d’autres. Regarde cette Sdage. Si elle considère ce droïde comme lui appartenant, elle risque de prendre personnellement, avec des sentiments négatifs, le fait que tu abîmes ou cherche à abîmer son droïde. En le jetant dans un sarlaac, tout ça… Elle risque de se mettre en colère, d’avoir du chagrin…

Ce qui la rendrait vulnérable au côté obscur.

-Non seulement ce n’est pas gentil pour elle, mais ça risque de l’empêcher, elle-même, de faire le bien.

Dalla réfléchit un instant à ce qu’elle venait de dire.

-Je sais pas si j’ai été très claire ?

Dalla sursauta quand « Kay » se mit à frapper son droïde. Enfin, le droïde qui l’accompagnait. Bref.

-Eh ! Oh ! Du calme ! Tu va l’abîmer !

Que cherchait-elle à faire ? Il ne devait même pas ressentir la douleur !

Dalla attrapa le droïde d’une main, tout en tendant l’autre, paume ouverte devant elle, vers Kay, comme elle l’aurait fait devant un animal énervé.

-Attends, pourquoi tu lui proposes des bonbons ?

Est-ce que les bonbons fondaient à l’intérieur d’un droïde s’il essayait de les avaler ? Dalla imagina un sac de sucreries se transformer en caramel bouillant, noyant les circuits du droïde.

-C’est… pour lui faire peur ?

-Attends, pourquoi tu lui proposes des bonbons ?

« Bah parce que les bonbons c'est bon! »

-C’est… pour lui faire peur ?

« Bah non c'est pour qu'il les mange.» La question m'étonne. Les bonbons c'est comestible, tout le monde aime ça non ? Qui a peur des bonbons ? Razébolus junior adore les bonbons, même si ça lui colle aux composants ! Enfin je crois. Il n'a peut-être jamais osé les refuser. Soudain mon ventre gargouille. J'ai faim. Impossible de penser à autre chose.

« Je dois y allez à plus ! ». Et je pars en courant avant que mon estomac tombe dans mes talons. Mon droïde, qui a toujours un speeder de retard, salue la Jedi :

« Bonjour moi c'est Razébolus junior et je... » Il m'agace ! « Viens sac à patates ! » Il demande alors, en augmentant le volume pour que je puisse l'entendre de l'autre coté du couloir menant au réfectoire : « On peut inviter Dalla à venir à la cantine ? » «  Les robots de nos jours... » Je soupire. C'est alors que je dit d'une voix rauque « Oui.. Oui... ». J'ai trop faim pour discuter, je pourrais accepter n'importe quoi. Comme me jeter dans un sarlacc s'il y avait quelque chose à manger au fond. Je lui fais signe de nous suivre. Je les laisse me rattraper en ralant sur leur lenteur lorsqu'une idée me vient : et si j'entrainais Dalla dans une de mes bêtises ?! Je deviendrai la star de la classe à coup sur !

Je chuchote alors à Razébolus junior quelques mots. Il s'écrie : « NON ! ».Je reste perplexe. Pourquoi refuse-t-il soudainement de m'obéir ? Je le fixe de mes petits yeux rouges tant que je sens le regard de Dalla et des passants se braquer sur moi. « Razébolus junior est un trouillard. Il a peur de sortir du Temple... Mais, toi, Dalla, après manger, est-ce tu pourrais m'emmener en ville pour troquer des pièces détachées ? »

-Mais… les bonbons sont… éventuellement bons pour les êtres organiques, mais les droïdes sont… mécaniques… ils ne…

Elle se rappelait très bien l’état du moteur du speeder qu’un ithorien un peu illuminé leur avait un jour apporté, à Kark et elle. Quand ils lui avaient expliqué qu’il fallait changer entièrement le moteur, l’ithorien avait expliqué qu’il ne comprenait pas, il chouchoutait toujours son speeder, il lui donnait toujours un petit sucre après une grosse course.

Kark et Dalla avaient échangé un regard mi terrifié mi amusé, puis ils avaient expliqué à l’ithorien qu’un speeder n’était pas fathier…

-Le sucre, surtout quand il chauffe n’est p…

Mais la petite jawa avait déjà filé… Dalla la suivit des yeux, vaguement prise de cours, puis elle se tourna vers le fameux droïde, qui en était encore aux présentations. Enfin qui essayait de se présenter, mais qui fut, lui aussi, interrompu par la padawan.

Dalla se releva pendant que le droïde rejoignait sa maîtresse. Les padawans…

Elle était partagée entre le soulagement que cette conversation absurde soit finie, et la frustration de ne pas avoir pu réellement établir de lien avec la petite jawa. Bien sûr, elle savait qu’il était parfois difficile de faire entendre raison aux apprentis, voire même de leur transmettre un quelconque savoir…
Elle se demanda si c’était la même chose avec sa génération. Elle était pratiquement sûre de n’avoir jamais réagi de cette façon aux enseignements de ses aînés. Mais, bon… elle était plutôt une padawan sage et studieuse. Pas vraiment représentatrice de tous les initiés…

Son attention se reporta sur l’incongru duo en entendant le droïde protester.

L’instinct de Dalla lui criait à gorge déployée que la proposition de Kaylist’O était une très mauvaise idée, un piège éhonté, une catastrophe que n’importe quel non sensitif pouvait prévoir.

Mais… c’était aussi le rôle des adultes de guider les plus jeunes. De les conseiller, de les laisser faire leurs erreurs sans se mettre en danger.

Dalla était presque complètement sûre que Kaylist’O avait une idée derrière la tête.

Mais elle ne voulait pas être une de ces adultes rigides, braqués sur leurs préjugés qui refusent d’écouter les enfants et de les traiter en êtres pensants et dignes de respect.

-C’est pour ton droïde que tu cherches des pièces détachées ?

Elle observa « Razébolus junior ». Y avait-il eu un Razébolus senior ?

-Tu sais que les padawans ne sont pas censés quitter le Temple sans une bonne raison… Et je ne suis pas sûre que le conseil considère que chercher des pièces détachées soit une raison suffisante…

Dalla se demanda soudain si la petite voulait retourner en ville parce que sa vie d’avant le Temple lui manquait…

-En soi, je ne suis pas opposée à l’idée de t’emmener faire une excursion hors du Temple, mais… Je veux être sûre que…

... tu ne bousilles pas notre speeder comme tu as bousillé celui de ton maître...

-... que tu projettes cette excursion pour de bonnes raisons…

« Euh … c'est ...euh que que m.. ma vie s.. sur le sable brûlant m... me manque. » balbutiais - je « Puis si tu t’inquiètes de toutes façons, ça va aller et comme dirait Razébolus senior (le robot de mon daron ) t'inquiètes Albert je gére ! »

Mais peut-être que entrainer Dalla dans une de mes bétises était une grosse erreur .Puis après tout elle ne pouvait sûrement pas comprendre vu que c’était une adulte. Par contre là, je ne mentais pas , mon ancienne  vie me manquait (un petit peu ) . Je pouvais toujours sortir ma carte joker pour la convaincre.

« Est ce que tu sais garder un secret ? »

Je me mis sur la pointe des pieds pour lui dire.

« Hier soir, j'ai decidé de réparer de speeder de mon maitre que j'ai cassé il y a un petit bout de temps. Sauf qu'il me manque 18 pièces qu'on a pas dans le Temple mais que je peux trouver au marché.Tu veux bien m'aider ? » chuchotais-je dans son oreille.

Dalla ne se laissa pas décontenancer par la mention de cet « Albert », dont elle n’avait jamais entendu parler.

Petite, elle n’avait jamais eu le mal du pays, s’étant toujours sentie plus chez elle dans l’Ordre que chez ses parents, mais elle avait souvent senti l’absence de sa sœur jumelle. Et surtout, depuis la Diaspora, elle comprenait ce que ressentait les exilés… Ou les apprentis arrachés par l’Ordre à un foyer qui leur manquait…

Dalla pencha la tête sur le côté, en regardant la petite padawan qui regrettait son ancienne vie.

Pourquoi n’avait-elle pas éprouvé ce mal du pays, que ressentaient tant d’initiés ? Évidemment, elle était plus jeune que ne l’était la jawa quand elle était arrivée au Temple…

Dalla hocha la tête. Garder un secret… oui… elle avait vécu 5 ans en cachant à presque tout le monde qu’elle était une jedi…

Dalla se pencha en avant quand la petite monta sur la pointe des pieds. Elle ne put retenir un petit sourire à la mention du speeder cassé.

-Ce ne serait pas plus simple de demander directement à ton maître de te les rapporter ou de t’emmener ?

Mais Dalla avait été padawan autrefois, elle se rappelait ce qu’elle ressentait quand elle avait raté quelque chose, la peur de décevoir sa Maître…

-Bon, d’accord, padawan… Va manger un morceau et retrouve moi ici dans quarante minutes tout pile !

Elle se redressa.

-Mais… ajouta-t-elle avant que la petite ait eu le temps de s’éloigner, il faudra que tu sois sérieuse et suives mes indications. Tu sais que c’est tout le Temple qui est menacé si nous attirons trop l’attention dehors !

Elle préféra ne pas trop repenser à sa première mission sur Tatooine, avec Gary Kovani, et tout le bazar qui s’en était suivi… Fais ce que je dis, pas ce que je fais…

-Garde bien cela en tête !

Elle resta un instant immobile après le départ de la jawa et de son droïde. Tant pis pour le moto-speeder de 6D. Il pouvait bien attendre. Les apprentis passaient avant les machines !

Dalla se dirigea à pas lents vers sa cellule. Devait-elle prévenir le Maître de Kaylist’O qu’elle emmenait son apprentie en vadrouille ? La jedi responsable qu’elle était devenue lui disait oui, mai la petite Dalla qui avait oublié d’aller superviser la réparation de l’hyperdrive du vaisseau de Larna lui disait non, avec les mêmes yeux tristes que Kaylist’O tout à l’heure.

Dalla soupira et opta pour une demie-mesure. Elle rédigea un message à l’intention de Maître Dascau, mais l’envoya à Brien, avec la consigne suivante :


Dans sa cellule, elle attrapa quelques rations, quelques crédits. Elle jugea inutile de se changer – sa tenue habituelle de mécano était la plus adaptée pour aller faire du shopping de pièces détachées. De quoi montrer qu’il n’était pas utile d’essayer de la rouler, sans attirer trop l’attention.

Puis, elle retenta une petite méditation. Quelque chose lui disait qu’elle aurait besoin d’être calme et reposée pour leur petite virée.

Sa petit discussion avec la padawan semblait avoir dissipé une partie de ses difficultés de tout à l’heure : elle parvint à méditer un bon quart d’heure, avant de retourner au hangar.

Brien avait répondu à son message :


Suivait une liste d’un peu plus de 2-3 trucs.

D6 la laissa réquisitionner un vieux speeder qu’elle avait d’ailleurs plus qu’en partie retapé. Elle chargea le speeder de 2 outres d’eau.

Puis elle attendit la petite, en songeant à cette autre fois où elle s’était tenue dans ce même hangar pour une expédition de ravitaillement. Cela ferait bientôt un an, maintenant. Kovani l’avait prise sous son aile à sa sortie de l’infirmerie. Et maintenant, c’était elle qui prenait une padawan sous son aile. C’était assez représentatif du tournant qu’avait pris sa vie…

Et puis, après tout, la petite n’avait « que » 18 pièces à récupérer...